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1. on regarde comme le fait Lebel le nombre de personnes par demeure la diminution est beaucoup plus nette D apr s nous cette baisse qui s observe entre les deux recensements peut s expliquer par le fait que les recenseurs de 1901 ont eu plus tendance consid rer les personnes louant une pi ce ou une partie de la demeure comme des m nages part enti re Ce qui a pour effet d abaisser sensiblement le nombre de per sonnes par demeure Cette hypoth se abonde dans le sens de ce qu observe Choko 1980 55 qui note que de 1891 1901 il y a eu une tendance la diminution de l entassement au sein des m nages Cette analyse des d finitions donn es aux demeures et aux m nages jointe l observation des principaux r sultats qui en sont issus indique qu entre les deux recensements il y a continuit Cela dit cette constance n exclut pas de l g res variations dans l interpr tation des directives En une d cennie la composition du groupe de personnes apparent es ou non qui se joignent au chef et son unit conjugale familiale s est modifi e Nous ne pouvons pas savoir pour l instant si les processus d identifica tion des chefs aux personnes h berg es ont pu voluer entre les deux dates Est il possible qu entre les deux moments certaines personnes aient t identifi es diff remment L hypoth se est peut tre h tive mais il semble qu un noyau dur de pensionnaires et parents se forme autour
2. Bor al 368 p CANADA Minist re de l Agriculture 1902 Quatri me recensement du Canada 1901 volume 1 population Ottawa S E Dawson 513 p CANADA Department of Agriculture Census Branch 1901 Fourth Census of Canada 1901 Instructions to Officers Ottawa s CANADA D partement de l Agriculture Division du recensement 1891 Manuel contenant l Acte du recensement et les instructions aux officiers employ s faire le troisi me recensement du Canada 1891 Ottawa Brown Chamberlain 28 p CANADA Royal Commission 1889 Report of the Royal Commission on the Rela tions of Capital and Labor in Canada Evidence Quebec Ottawa Printed for the Queen s Printer and Controller of Stationery 1 507 p CANADA Commission Royale d enqu te 1888 Commission Royale d enqu te sur les rapports qui existent entre le capital et le travail au Canada T moignages Qu bec Ottawa Imprimeur de la Reine 1 534 p CHOKO M H 1980 Crises du logement Montr al 1860 1939 Laval ditions coop ratives Albert Saint Michel 284 p CROSS G et P SHERGOLD 1986 The Family Economy and the Market Wages and Residence of Pennsylvania Women in the 1890 s Journal of Family His tory 11 3 245 265 DARROCH G 2007 Families Fostering and Flying Coop Lessons in Liberal Cul tural Formation 1871 1901 dans E W SAGER and P BASKERVILL dirs House hold Counts Canadian Households and Families in 1901 T
3. Elle assure la stabilit et l ordre social en h bergeant parents et pensionnaires Selon ces tudes deux groupes de personnes sont h berg s les pension naires et les parents Cette distinction est pour le moins importante pour les historiens de la famille dans la mesure o elle renvoie diff rentes formes Universit des sciences et technologies de Lille et Institut national d tudes d mo graphiques France 1 L auteure tient remercier les valuateurs anonymes pour les remarques pertinentes qui lui ont t faites 62 VIVRE EN FAMILLE OU EN PENSION d h bergement et d organisations r sidentielles Implicitement il est entendu qu h berger des parents t moigne d une solidarit familiale issue d une culture rurale qui perdurerait en contexte urbain Au contraire h berger des pension naires est pr sent comme un ph nom ne nouveau et typiquement urbain Il consisterait faire un usage commercial de l espace r sidentiel Cross et Shergold 1986 par exemple lorsqu ils tudient les choix r sidentiels oppo sent la vie en famille la vie en pension Dans le premier cas c est l conomie familiale qui r git les choix r sidentiels Dans le second la logique sous jacente l organisation du m nage s apparente celle de l conomie de march D laissons les motivations des m nages pour regarder d un peu plus pr s celles des personnes h berg es Les quelques historiens qui
4. Laval 141 p LASLETT P 1972 Introduction The History of the Family dans P LASLETT dir Household and Family in Past Time Cambridge Cambridge University Press 1 89 96 VIVRE EN FAMILLE OU EN PENSION LAUZON G 1992 Cohabitation et d m nagements en milieu ouvrier montr a lais essai de r interpr tation partir du cas du village Saint Augustin 1871 1881 Revue d histoire de l Am rique fran aise 46 1 115 142 LEBEL A 1983 Les facteurs du d veloppement urbain dans G H DAGNEAU dir La ville de Qu bec histoire municipale tome 4 de la Conf d ration la charte de 1929 Qu bec La Soci t historique de Qu bec p 31 47 LINTEAU P A R DUROCHER et J C ROBERT 1989 Histoire du Qu bec contempo rain tome 1 de la Conf d ration la crise 1867 1929 Montr al Bor al 758 p LORTIE S A 1968 1904 Compositeur typographe de Qu bec Canada Am rique du Nord salari la semaine dans le syst me des engagements volon taires permanents d apr s les renseignements recueillis sur les lieux en 1903 Paysans et ouvriers d autrefois les Cahiers de l institut d histoire Sainte Foy Les Presses de l Universit Laval 79 149 MEDJUCK S 1980 The Importance of Boarding for the Structure of the House hold in Nineteenth Century Moncton New Brunswick and Hamilton Canada West Histoire sociale Social History 13 25 207 213 MEYEROWITZ J 1991
5. Women Adrift Independent Wage Earners in Chicago 1880 1930 Chicago University of Chicago Press 224 p MODELL J et T K HAREVEN 1973 Urbanization and the Malleable Household An Examination of Boarding and Lodging in American Families Journal of Marriage and the Family 35 3 467 492 OLSON S 1996 Le peuplement de Montr al dans M B LANGER et S COURVILLE dirs Population et territoire Sainte Foy Les Presses de l Universit Laval 81 94 WALL R 1983 Introduction dans R Wall dir Family Forms in Historic Europe Cambridge Cambridge University Press 1 63 Warr R 1978 The Age of Leaving Home Journal of Family History 3 181 202 War R 1972 Mean Household Size in England From Printed Sources dans P LASLETT dirs Household and Family in Past Time Cambridge Cambridge University Press 159 203 ABSTRACT Val rie LAFLAMME A great number of moralists around the twentieth century criticize the idea that boarders are being hosted within private households sharing accommodation and meals They argue that this could be interpreted as the disintegrating of family support networks This article esta blishes comparisons between boarders and hosted family members looking at their respective specificities and taking into account their being recorded in private households in Quebec during the Canadian census of 1891 and of 1901 The comparison shall attempt to raise the atte
6. la construction sera compt e comme deux maisons Canada 1901 xviii Comme en 1891 la porte d entr e donnant directement sur la rue est P l ment qui distingue les demeures les unes des autres Ce ne sont pas les portes des logements La d finition donn e la demeure en 1891 est claire sur ce point elle est d finie comme telle lorsqu une entr e donne directe ment sur la rue La porte est ici l ment distinctif Les r cents travaux portant sur la structure des m nages et sur la coha bitation sugg rent qu un remaniement des cat gories de recensement per mette de fournir un aper u pr cis des modes de r sidence Ce remaniement propos par Lauzon 1992 viterait la sur valuation du nombre de familles qui cohabitent Ainsi d montre t il que la cat gorie famille des recensements donne un meilleur aper u de la cohabitation des groupes domestiques que celle de demeure Cette diff rente mani re d appr hender la famille ou le m nage per met d expliquer ou du moins de nuancer le paradoxe soulev par Lebel Dans son analyse des donn es agr g es des recensements de 1861 et de 1911 pour la ville de Qu bec Lebel observe qu en 1911 les familles habitent plu t t seules leurs unit s d habitation il faut comprendre la demeure alors qu en 1861 elles la partageaient l inverse de cette tendance Lebel 1983 41 constate une l vation relative de la taille des familles qui passe de 3 2 en 1861
7. nage sous la forme de cercles concentriques Au centre se trouve la famille nucl aire entour e d un premier cercle consti tu par la parent l ext rieur enfin sont plac s les pensionnaires Cette conception est porteuse d un jugement moral qui induit un certain nombre de caract ristiques et de comportements dans la relation aux chefs de m nage En comparant les membres additionnels apparent s aux 70 VIVRE EN FAMILLE OU EN PENSION pensionnaires nous nous obligeons consid rer ces deux derniers groupes comme deux entit s sans en inf rer des comportements particuliers qui d couleraient d une approche hi rarchis e des personnes h berg es au sein du m nage Il est aussi n cessaire d introduire une dimension dia chronique dans notre comparaison afin de mieux comprendre l volution du rapport quantitatif entre ces deux groupes 2 2 Les liens de parent des h berg s Puisque les liens des habitants des m nages sont tablis dans le recense ment partir du chef nous regroupons toutes les personnes ayant un lien de parent et qui ne font pas partie de l unit conjugale familiale du chef sous le vocable de parent Selon ce regroupement les membres de la fratrie c est dire les fr res s urs beaux fr res et belles s urs sont les membres de la parent qui se joignent le plus souvent au m nage Ils sont plus nombreux dans la ville si l on consid re la distribution des types de relation
8. 27 6 En excluant les pensionnaires et les membres de la parent Source Exploitation des donn es du recensement de 1901 PHSVQ CIEQ Il se peut que ces strat gies soient rendues possibles gr ce aux affinit s ethniques et religieuses Les pensionnaires et les membres additionnels apparent s peuvent se distinguer dans leur appartenance aux trois princi paux groupes ethno religieux Mais une r partition des pensionnaires et de la parent selon qu ils soient catholiques fran ais irlandais catholiques ou anglais non catholiques r v le qu ils se retrouvent dans des proportions VAL RIE LAFLAMME 85 similaires celles de la population totale Ainsi le fait d tre d une certaine origine et d une certaine confession ne joue par sur le fait d tre recens en tant que pensionnaire ou en tant que membre de la parent 3 4 Le m tier comme contrainte la mani re d habiter En 1888 Mary Buchanan contrema tresse de la buanderie de l H tel Rus sell est appel e t moigner devant la Commission Royale d enqu te sur les rapports qui existent entre le capital et le travail au Canada En r ponse aux questions que lui posent les commissaires Mary Buchanan nous apprend que les treize vingt employ es qu elle a sous sa charge sont pay es de cinquante soixante cents par jour Les commissaires poursui vent leur interrogatoire M Kerwin Ne pensez vous pas que c est un ouvrage bien p nible pour d
9. 5 4 en 1911 L auteure explique ce paradoxe par l conomie saison ni re de la ville qui fait appel une population rurale des r gions avoisi nantes D apr s Lebel des familles install es titre provisoire ont ainsi pu tre comptabilis es L auteure envisage aussi que les campagnes natalistes du clerg et celles des hygi nistes aient port fruit en faisant augmenter la taille des familles Lebel 1983 45 80 VIVRE EN FAMILLE OU EN PENSION Nos donn es bien qu elles ne concernent que les recensements de 1891 et de 1901 montrent qu il y a bel et bien comme le voit Lebel une diminu tion du nombre de familles par demeure Dans l ensemble on passe de 1 42 1 12 famille par demeure Ces r sultats plut t que d tre interpr t s comme une att nuation de la pratique de cohabitation de familles au sein d un m me m nage doivent tre compris comme une baisse du nombre de m nages r unis au sein d une m me demeure Demeure qui rappelons le est d finie par la porte donnant acc s sur la rue noter que la baisse est plus nette dans le district de Qu bec Est o elle passe de 1 65 familles par demeure en 1891 1 1 en 1901 Ce district se caract rise par un nombre important de petites maisons construites la h te par les ouvriers Pour ce qui concerne la taille des familles nos r sultats indiquent que dans l ensemble elle demeure stable de 5 36 personnes en 1891 5 34 en 1901 Mais si l
10. Reid 2001 57 Le recensement en tant qu acte de projection publique est le produit d une interaction subtile entre le m tier tel que demand par le recenseur et l identit de la personne recens e D s lors nous ne pouvons VAL RIE LAFLAMME 87 pas nous servir de ces donn es sans tre attentive au vocabulaire choisi par la source Utilis s avec pr caution deux indicateurs des ressources peuvent toutefois tre tudi s le fait d occuper ou non un emploi et le type de profession exerc e par ceux qui d clarent une profession a Les limites des d clarations de m tier La r partition des h berg s selon leur sexe et le fait qu ils d clarent ou non une profession est r v latrice des distinctions ayant pu exister selon les statuts d emploi En 1891 tout comme en 1901 trois parentes sur quatre ne d clarent pas de profession 75 9 et 76 8 Les femmes pensionnaires ont un profil diff rent le tiers 36 2 d entre elles d clarent un m tier au moment du recensement de 1891 et en 1901 cette proportion s l ve pr s d une sur deux 50 9 La th se de Glasco voulant que les femmes les plus vuln rables soient celles qui sont le plus h berg es par leur famille semble tre ici confirm e Les femmes qui travaillent prennent plus pen sion et les femmes qui ne d clarent pas de profession sont plus des membres additionnelles apparent es En tenant compte du fait que ces derni res sont sou
11. ailleurs M Armstrong Si elles avaient une pension payer recevraient elles de meilleurs gages Mary Buchanan Non je ne le pense pas Nous pouvons les avoir pour ce prix Canada 1888 915 917 86 VIVRE EN FAMILLE OU EN PENSION Ce passage est l un des rares t moignages de cette enqu te o il est question des conditions de logement des ouvriers Il est int ressant de sou ligner que les commissaires distinguent les personnes qui vivent en pen sion de celles qui sont h berg es par leur famille Comme nous pouvons le voir par le t moignage de Mary Buchanan du moins dans le cas des jeunes ouvri res les salaires gagn s semblent avoir une incidence sur les choix r sidentiels Le m tier appara t ici comme la premi re contrainte la mani re d habiter Inversement les conditions de logement ont une influence sur la mani re de travailler John McCartney contrema tre dans une manufac ture de lainage et r sident de Sherbrooke dit aux commissaires de la m me enqu te que les employ s prenant pension sont de meilleurs tra vailleurs puisqu ils doivent gagner plus d argent que ceux qui restent la maison Pour lui les ouvriers pensionnaires se comportent diff remment de ceux vivant en famille puisque leurs besoins sont diff rents Il explique aux commissaires que le salaire de l ouvrier est variable Il y a une grande diff rence parmi les tisserands certains sont tr s attentifs Quinze ou seize
12. baisse de f condit Mais Qu bec ce n est pas le cas Henripin 1989 51 y voit une curiosit puisque dans la plupart des grandes villes du Qu bec les taux de f condit diminuaient la fin du xiIx si cle Si alors la croissance est faible il fait nul doute que c est en raison de P migration Or m me si la population totale de la ville n a pas connu de forte croissance sa r partition et sa composition se sont modifi es De la comparaison l int rieur de chacun des districts entre 1871 et 1901 se d gage la diminution de la population dans le district Qu bec Ouest la quasi stagnation du district Qu bec Centre et la forte croissance du district Qu bec Est tableau 1 M me si les districts de recensement ne correspon dent pas parfaitement aux principaux secteurs de la ville ce premier aper u permet de conclure que la population de la vieille ville Qu bec Ouest diminue que celle de la Basse Ville Qu bec Centre augmente peu et que celle des faubourgs Qu bec Est est en pleine croissance L augmentation de la population de la ville de Qu bec se fait dans les quar tiers o la population fran aise est dominante et surtout dans les quartiers dits ouvriers Au tournant du si cle Qu bec est une ville francis e TABLEAU 1 Population de Qu bec par district de recensement et taux de crois sance 1871 1901 ANN ES DE QU BEC QU BEC QU BEC RECENSEMENT EST CENTRE OUEST TOTAL 1871 28 305 1
13. de hou sekeeping Par cette nouvelle d finition du m nage les pensionnaires et les familles sous louant une pi ce ou un lit ne sont pas consid r s comme des m nages ind pendants N oublions pas que des pensionnaires ont pu tre saisis comme des occupants de plein droit de leur logement En effet cette directive laisse au recenseur une importante marge de man uvre pour trancher dans les cas complexes Fait int ressant signaler en 1931 toute r f rence au partage du pot et du feu est enlev e de la d finition du m nage Cela a pour cons quence VAL RIE LAFLAMME 79 nous dit Bradbury 2000 214 d occulter tout indice du travail domes tique des femmes que de tels concepts v hiculent Ainsi on ancre la biolo gie plut t que le partage de la consommation et de l espace comme marqueur des fronti res familiales On passe d une approche de la famille dont le r le est d assurer la subsistance une famille devant assurer priori tairement le logement c La demeure Comme nous le disions pr c demment les m nages et les familles sont regroup s dans les demeures Pour le recensement de 1901 la demeure serait Toute construction qui abrite un tre humain est une maison et si elle n a qu une entr e elle compte seulement comme une habitation n importe le nombre de familles qu elle abrite mais si elle a deux portes de devant ou portes principales conduisant dans des appartements s par s
14. de la crise que vit la ville Drouin 1990 97 dit m me que s il y a augmentation de la population la fin du xiIx si cle c est l annexion et le d veloppement de l industrie manufacturi re qui la fournissent L migration est un facteur important de la faible croissance de la popu lation En raison des transformations conomiques qu elle conna t Qu bec a une faible capacit d attraction et de r tention de sa population Nombreux sont les habitants de la ville priv s de leur gagne pain qui quittent Qu bec en direction d autres villes de la province ou encore en direction des tats Unis La perte du r le de capitale canadienne peu avant la Conf d ration contribue aussi faire partir des politiciens des fonctionnaires et des riches n gociants 9 Il est int ressant de remarquer comme le font Linteau et al 1989 104 qu la m me p riode la population urbaine de la province augmente de 140 6 VAL RIE LAFLAMME 67 britanniques L lite anglophone laisse un vide consid rable ce d part s ajoute celui des militaires britanniques qui plient bagage en 1871 De ce fait Qu bec subit une perte s che de 3 000 salari s la solde de la m tropole un citadin sur 15 qui du jour au lendemain cesse de se loger de se nourrir et de se v tir au b n fice de la ville Lebel 1989 35 Une autre hypoth se habituellement avanc e pour expliquer la faible croissance d une population serait la
15. des quels se trouvent des personnes dont le statut peut changer selon les moments et selon les interlocuteurs C est comme s il tait clair que cer taines personnes taient en tout temps pensionnaires ou membres addi tionnels apparent s mais que d autres pouvaient se d placer entre un mode d h bergement et un autre ou encore tre identifi es diff remment selon les circonstances Il semble aussi qu entre 1891 et 1901 la d finition de ce qu est un pensionnaire se raffermit Les statuts des h berg s au sein VAL RIE LAFLAMME 81 des m nages se clarifieraient ils Assisterions nous un renforcement de la cellule familiale qui rapprocherait les apparent s 3 Pensionnaires et parents similitudes et diff rences Une analyse des diff rences et des ressemblances des pensionnaires et des membres de la parent permet de mieux cerner leur r le et leur impor tance au sein du m nage Pour ce faire nous passons en revue les caract ristiques socio d mographiques le sexe l ge les lieux de naissance et la mobilit ainsi que les appartenances aux principaux groupes ethno reli gieux Cela permet de v rifier nos hypoth ses sur la pertinence de la dis tinction de ces deux groupes 3 1 Une parent largement f minine La composition des deux groupes varie selon le sexe Qu bec les deux tiers des membres additionnels apparent s sont de sexe f minin en 1891 66 comme en 1901 69 Pour les femmes p
16. es La seconde argumentation sugg re que les deux groupes les membres apparent s et les pensionnaires soient distincts Medjuck 1980 compare les caract ristiques des pensionnaires celles de la parent se joignant aux m nages recens s en 1851 et en 1861 dans les villes de Moncton et de Hamil ton Elle conclut que les pensionnaires sont essentiellement de jeunes hommes c libataires actifs sur le march du travail Pour l auteure ceux qui r sident au sein de leur famille sont soit tr s jeunes soit tr s vieux surtout des femmes et moins actifs sur le march du travail Glasco 1978 rejoint cette position en insistant sur le caract re vuln rable des personnes h berg es au sein de leur famille loign e Pour les immigrants dans la ville VAL RIE LAFLAMME 63 de Boston que Glasco tudie l h bergement en famille tait accessible tous mais utilis uniquement par ceux incapables de prendre pension ailleurs Ces remarques permettent d introduire la question du choix d habiter en pension plusieurs reprises et dans des contextes diff rents un d laisse ment de l h bergement en famille au profit d un h bergement en tant que pensionnaires est not Par exemple il semble que les jeunes qui taient auparavant ceux qui cohabitaient le plus avec des chefs apparent s pr f rent prendre pension ailleurs plut t que d habiter avec leurs familles tendues Modell et Hareven 1973 472 Dans des t
17. est l inverse en 1901 D un recensement l autre le nombre de pensionnaires diminue l g rement et passe de 3 388 3 024 On remarque par contre une nette augmentation de la parent qui se joint au m nage on compte 1 981 membres de la parent en 1891 et 3 416 en 1901 Alors qu en 1891 les pen sionnaires repr sentent les deux tiers des personnes h berg es en 1901 ils n en repr sentent que la moiti Pris comme tels ces chiffres indiquent que les solidarit s v hicul es par la famille sont en croissance On pourrait en d duire que les comporte ments d h bergement voluent D un recensement l autre la pratique de cohabiter avec de la parent se serait substitu e l accueil de pension naires Cette conclusion est h tive dans la mesure o elle occulte les fac teurs culturels conomiques et l gislatifs ayant influenc cette pratique L analyse de notre source laisse penser qu une modification dans la mani re d identifier ces personnes h berg es expliquerait cette baisse 74 VIVRE EN FAMILLE OU EN PENSION du nombre de m nages avec des pensionnaires et cette augmentation inversement proportionnelle de ceux qui cohabitent avec des apparent s Il est probable que la mani re de saisir ces comportements ait vari 2 4 Questions de d finitions Comme nous l voquions en introduction le choix de prendre pension est une pratique interpr t e et comprise de multiples fa ons d une
18. f Saint Vallier Saint Pierre Saint Jean Saint Sauveur Palais Montcalm Saint Roch Champlain Banlieue N D de Qu bec Jacques Cartier TT Banlieue Sud 1200 1000 800 600 800 E parent pens Sources Exploitation des donn es des recensements de 1891 et de 1901 PHSVQ CIEQ 1000 1200 Le quartier Saint Sauveur par exemple voit sa population de pension naires diminuer en 1901 pour devenir inf rieure celle de la parent alors qu en 1891 elle tait plus importante Il en est de m me et encore plus nettement dans le sous district Jacques Cartier Dans les sous districts Saint Jean et Saint Louis la population des pensionnaires augmente en 1891 alors que la population de la parent reste plus ou moins stable De mani re g n rale il semble qu l int rieur de chaque sous district il y ait eu un accroissement du nombre de personnes identifi es comme membres de la parent Bien entendu des modifications du tissu urbain 19 En 1891 il y a 440 membres de la parent et 550 pensionnaires En 1901 on recense 537 membres de la parent et 309 pensionnaires 76 VIVRE EN FAMILLE OU EN PENSION peuvent tre la raison de certains carts N anmoins ce rapide test indique que le r le des recenseurs dans la saisie des relations au chef n est pas exclure D apr s les informations dont nous disposons ils auraient cherch en 1901 plus qu en 1891 inscrire les me
19. fr re en compagnie de leur m re Elles ont ensuite quitt la maison de leur fr re pour prendre pension d abord s par ment puis ensemble S par es l une et l autre des s urs ont d tenu leur propre logement De tels exemples nous obligent reprendre la question de la dichotomie vivre en famille vivre en pension 5 L abb Lortie tait le patronyme de Phil as Gr ce aux informations qu il rapporte nous avons pu retrouver la famille tudi e dans les annuaires de villes actes d tat civil et dans les recensements Il ne fait aucun doute qu il est ici question de la famille Drolet habitant au 22 rue D ligny 6 Liste nominative du recensement de 1891 Qu bec Centre sous district Saint Jean division 2 79 11 7 Liste nominative du recensement de 1901 Qu bec Est sous district Saint Roch division 7 7 23 7 28 8 BMS Qu bec Annuaires Boulanger et Marcotte pour les ann es 1901 1906 VAL RIE LAFLAMME 65 Le pr sent article veut cerner les caract ristiques des pensionnaires et celles des personnes apparent es qui se joignent aux m nages au moment des recensements canadiens de 1891 et de 1901 dans la ville de Qu bec Cette analyse est n cessaire pour mieux comprendre les motivations r si dentielles de ces deux groupes Elle permet de v rifier la suppos e opposi tion entre vivre en famille et vivre en pension De mani re plus g n rale l objectif est de mettre de lavant les
20. part des travaux de la maison elles doivent tre d sign es comme VAL RIE LAFLAMME 89 n ayant pas de profession sp ciale par le signe il en est de m me des enfants Les femmes ayant une occupation sp ciale comme celle de coutu ri re de commis d employ e de manufacture doivent tre d sign es selon le cas Canada 1891 19 En 1901 la directive reste la m me ceci pr s qu elle pr cise qu une femme ou autres personnes charge si elles ne font qu effectuer du travail domestique ne doivent pas tre consid r es comme occupant une profession Canada 1901 xx Les membres de la parent ne d clarant pas d activit encore plus que les pensionnaires dans la m me situation participent certainement aux activit s m nag res Cela explique qu autant de femmes apparent es au chef ne d clarent pas de professions Elles sont occup es travailler la maison En entretenant le domicile elles permettent par contre aux autres membres du m nage des hommes surtout de poursuivre leurs activit s qui sont plus probablement d clar es d Les m tiers des apparent s Pour ce qui concerne le m tier d clar tableau 6 les membres addi tionnels apparent s se trouvant au sein des m nages de Qu bec se diff ren cient selon leur sexe et aussi selon leur lien avec le chef D apr s les recensements les parents de sexe f minin occupent tr s peu une profes sion 7 1 en 1891 et 5 6 en 1901 a
21. r seaux d accueil ayant pu se d ployer lors du partage de la r sidence L ensemble de cette d marche nous am ne r fl chir la signification de la notion d h bergement tant chez les contemporains que chez les historiens de la famille Une br ve mise en contexte de la ville de Qu bec est d abord n cessaire Dans un second temps nous pr sentons la m thodologie utilis e pour cer ner les pensionnaires et les membres apparent s Nous regardons dans un troisi me temps plus attentivement les liens de parent des membres de la famille h berg s partir des recensements nous cherchons v rifier le suppos d laissement des parents au profit des pensionnaires Cette d marche nous conduit reconsid rer quelques probl mes pos s par l utili sation des recensements pour capter les populations flottantes Sont ensuite compar es les principales caract ristiques socio d mographiques des pen sionnaires et des membres additionnels apparent s Enfin nous valuons le r le jou par les variables conomiques sur les choix de r sidences 1 L conomie et la population de la ville de Qu bec La ville de Qu bec a longtemps tir profit de sa situation g ographique qui faisait d elle la seule ville portuaire d Am rique du Nord 1 000 kilom tres l int rieur du continent Son port et ses activit s navales furent les moteurs de l conomie et les principaux p les d attraction de la main d uvre D
22. se sont pench s sur la question des pensionnaires ont des avis assez oppos s sur ce qui les diff rencie des parents qui se joignent aux m nages Selon les carac t ristiques tudi es certains historiens minimisent les diff rences alors que d autres les accentuent La premi re th se avance que les pensionnaires ont v cu dans des condi tions analogues celles des parents h berg s On dit des pensionnaires qu ils cherchent aupr s de leur famille d accueil la famille qu ils ont laiss e C est ce que Modell et Hareven ainsi que Katz 1975 nomment la famille substi tut Dans le m me ordre d id es Baskerville 2001 333 pr sente les pen sionnaires comme des extensions de la famille Il entend ainsi que les affinit s sont nombreuses entre les pensionnaires et ceux qui les h bergent D apr s Baskerville encore cela d montre que les pensionnaires r affirment plut t qu branlent les valeurs des familles Dans cette logique l individu prenant pension ne s isole pas puisqu il entre en relation avec une famille autre que la sienne D une certaine mani re le ph nom ne des pension naires en milieu urbain en p riode industrielle s apparenterait celui des life cycle servants observ d j en milieu rural et en p riode pr indus trielle Wall 1978 1983 tre log titre de pensionnaire serait le prolonge ment de pratiques familiales de solidarit et d change solidement ancr
23. 6 14 2 8 3 6 5 15 2 16 4 9 1 8 0 60 ans et plus 20 8 28 3 12 4 24 4 18 4 29 5 9 5 22 4 Total 100 0 100 0 100 0 100 0 100 0 100 0 100 0 100 0 Total N 1745 1305 1500 672 1418 2356 1600 1058 Sources Exploitation des donn es des recensements de 1891 et de 1901 PHSVQ CIEQ Contrairement ce qu ont observ Medjuck 1980 dans le cas des villes de Moncton et d Hamilton au milieu du si cle et Glasco 1978 pour la ville de Boston en 1850 dans la ville de Qu bec les pensionnaires et la parent se distinguent moins dans leur r partition selon l ge On observe simplement que les plus jeunes et les plus vieux sont l g rement plus nom breux tre apparent s au m nage plut t que pensionnaires Dans les ges moyens les pensionnaires sont par contre plus nombreux Ce qui semble 21 Des remarques analogues sont faites par Darroch 2007 qui tudie un chantillon national des m nages canadiens en 1901 22 Quand des donn es sont manquantes pour caract riser certains pensionnaires ou membres de la parent ce qui est le cas ici ils n ont pas t inclus dans les calculs Ce qui explique que les effectifs ne soient pas les m mes d un tableau l autre VAL RIE LAFLAMME 83 confirmer l id e que l h bergement est une pratique temporaire qui s op re selon des modalit s diff rentes L hypoth se de la coexistence de modes d h bergement vari s semble se v rifier Au vu des r sultat
24. 8 188 13 206 59 699 1881 31 900 17 898 12 648 62 446 1891 36 200 17 649 9 241 63 090 1901 39 325 20 366 9 149 68 840 Variation 1871 1901 38 93 11 97 30 72 15 31 Source Canada Agriculture Canada 1902 Quatri me recensement du Canada 1901 volume 1 popu lation p 5 10 titre indicatif en 1871 les personnes d origine britannique repr sentent 30 5 de la population de la ville de Qu bec et en 1901 seulement 15 7 Au m me moment la population d origine canadienne fran aise cro t pour passer de 68 5 82 8 Drouin 1990 110 68 VIVRE EN FAMILLE OU EN PENSION Le Qu bec dans son ensemble attire peu d immigrants internationaux dans les derni res d cennies du xix si cle Dans la ville m me de Qu bec cette tendance est encore plus marqu e en 1871 87 6 de la population tait n e dans la province et cette proportion augmente en 1901 pour atteindre 95 5 Drouin 1990 110 C est donc dire qu entre 1871 et 1901 la proportion de la population de la ville de Qu bec n e l ext rieur de la province a diminu de 64 La province au complet conna t cette p riode de forts mouvements de population Les habitants des campagnes se d placent de plus en plus vers la ville soit temporairement pour y tra vailler soit pour s y installer La ville de Qu bec est un foyer d appel pour plusieurs ruraux de l Est de la province Blanchard 1935 239 2 Accueillir sa f
25. I eruUua wWww erudit org Article Vivre en famille ou en pension strat gies r sidentielles et r seaux d accueil Val rie Laflamme Cahiers qu b cois de d mographie vol 37 n 1 2008 p 61 96 Pour citer cet article utiliser l information suivante URI http id erudit org iderudit 029640ar DOI 10 7202 029640ar Note les r gles d criture des r f rences bibliographiques peuvent varier selon les diff rents domaines du savoir Ce document est prot g par la loi sur le droit d auteur L utilisation des services d rudit y compris la reproduction est assujettie sa politique d utilisation que vous pouvez consulter l URI https apropos erudit org fr usagers politique dutilisation rudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif compos de l Universit de Montr al l Universit Laval et l Universit du Qu bec Montr al II a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche rudit offre des services d dition num rique de documents scientifiques depuis 1998 Pour communiquer avec les responsables d rudit info erudit org Document t l charg le 17 novembre 2015 12 33 Cahiers qu b cois de d mographie Vol 37 n 1 Printemps 2008 p 61 96 Vivre en famille ou en pension strat gies r sidentielles et r seaux d accueil VAL RIE LAFLAMME Nombreux sont les moralistes du tournant du xx si cle qui critiquent la pr sence de pension nair
26. NSION TABLEAU 6 Proportion de la parent g e de 15 ans ou plus d clarant un m tier selon le sexe Qu bec 1891 et 1901 RELATION AVEC LE CHEF 1891 1901 F MININ MASCULIN F MININ MASCULIN Fr res et s urs 35 7 85 9 33 2 86 2 sous effectif 512 184 1004 376 Parents 7 1 62 15 5 6 48 5 sous effectif 353 177 629 206 Neveux et ni ces 30 2 79 6 36 7 83 0 sous effectif 96 49 191 94 Petits enfants 40 9 66 7 279 643 sous effectif 20 51 37 42 Oncles et tantes i i 102 8 3 57 9 sous effectif 27 4 84 19 Cousins 33 3 88 9 30 4 80 0 sous effectif 21 9 46 20 Grands parents f 9 1909 5 56 49 sous effectif 8 1 18 5 Gendres et belles filles 182 34 9 19 89 7 sous effectif 88 83 114 68 Sources Exploitation des donn es des recensements de 1891 et de 1901 PHSVQ CIEQ 3 5 Des parents moins qualifi s Le dernier indice que peut nous offrir le recensement sur le statut socio conomique des personnes h berg es concerne les cat gories socio professionnelles tableau 7 De mani re g n rale la comparaison des cat gories socio professionnelles laisse entrevoir que les pensionnaires occupent plus fr quemment des emplois qualifi s et non manuels que les membres additionnels apparent s Les carts ne sont toutefois pas tr s marqu s Les femmes pensionnaires m me si elles sont aussi tr s pr sentes dans la cat gorie des cont
27. activit secondaire est de tenir pension c Le travail des femmes Les crits sur la mati re sont unanimes on peut difficilement avoir acc s au travail f minin par les recensements de la seconde moiti du xIx si cle Griffin Cohen 1988 130 132 par exemple avance que les recense ments sous estiment grandement le nombre total de femmes occupant des m tiers de teneuses de pension et de blanchisseuses en juger par les instructions donn es aux recenseurs la notion de travail est restrictive dans la mesure o elle ne tient compte que du travail salari qui constitue le premier moyen de subsistance On peut supposer qu il y a eu un r el sous enregistrement lorsqu il est question du travail des femmes Comme l a montr Bradbury 1995 dans le cas des ouvriers montr alais de la seconde moiti du x1x si cle le travail f minin chappe en grande partie aux d finitions qu en donnent les recensements Les ins tructions donn es aux recenseurs en sont la preuve On pose la question des m tiers non pas pour faire conna tre le travail effectu mais pour conna tre le rang la profession ou le m tier Ainsi les m tiers d clar s dans les recensements sont sociaux et non productifs Les instructions donn es explicitent clairement la forme du travail devant tre d clar e Regardons les instructions donn es en 1891 Quand ce qui regarde les femmes moins qu elles maient une occupation dis tincte
28. ait peut tre plus ais de parler de cohabitation Nous nous expliquons Lorsqu un chef de m nage donne au recenseur les informations sur les membres de son m nage et dit avoir des pensionnaires il est plus ou moins entendu qu un certain rapport contractuel est instaur entre eux qu il soit financier ou non Mais lorsque les membres de la parent se retrouvent dans le m nage peu d informations nous permettent de conna tre l entente pass e et de d duire que le chef accueille chez lui son fr re ou sa s ur par exemple Les donn es fournies dans les recensements ne suffisent pas comprendre la complexit des arrangements r sidentiels Comparer pensionnaires et membres additionnels apparent s la parent au sein des m nages pour mieux conna tre les formes d h berge ment en milieu urbain ici Qu bec n est pourtant pas inutile Cela se jus tifie pour deux raisons D abord nous voulons poursuivre la tradition instaur e par les historiens de la famille qui usent de cette comparaison pour mieux distinguer les deux groupes Nous pourrons ainsi mettre la situation de la ville de Qu bec en regard des tudes d j produites Ensuite la comparaison permet de consid rer ces deux groupes comme deux populations quivalentes c est dire de ne pas les consid rer a priori comme issues de contextes diff rents Selon nous les historiens ont trop souvent consid r l organisation r sidentielle au sein du m
29. amille ou des trangers La population des pensionnaires et des membres additionnels apparent s a t extraite des bases de donn es des recensements de 1891 et de 1901 en fonction de la relation qu ont ces personnes avec le chef de m nage Les pensionnaires sont d sign s comme tels par le chef de m nage En ce qui concerne le groupe des membres additionnels apparent s il est construit par le rassemblement de diverses relations initialement d clar es Ceux que nous appelons les membres additionnels apparent s ont un lien de parent de sang ou d alliance avec le chef et ne sont pas les enfants ou les conjoints Autrement dit toute personne qui ne fait pas partie de l unit conjugale familiale telle que d crite par Laslett 1972 29 et qui est appa rent e est un membre additionnel apparent 21 La notion d h bergement Quelques mises en garde s av rent n cessaires quant aux limites impos es par notre objet d tude La premi re limite est li e la d finition de l h bergement Comme le pr cisent Bonvalet et Leli vre 2000 19 cette d fi nition est mall able et d pend largement du contexte la situation d h berg n est pas une r alit factuelle simple car elle rel ve de la percep tion que les acteurs impliqu s en ont Nous ne devons pas perdre de vue 11 Par souci de simplification et d all gement du texte nous utilisons de mani re indistincte le terme parent et membre ad
30. ans la p riode qui nous int resse la ville de Qu bec a connu de profondes mutations tant dans son tissu social que dans ses activit s co nomiques Le d part de la garnison son exclusion des principaux r seaux ferroviaires la diminution des activit s portuaires et de la construction navale sont autant de facteurs qui ont contribu la r orientation de la ville dans les derni res d cennies du XIx si cle De 1871 1921 la ville de Qu bec passe du deuxi me au septi me rang des villes les plus importantes du Canada Blanchard 1935 Elle subit non sans heurts le remaniement de son conomie et peine passer de l re commerciale l re industrielle Linteau et al 989 174 Malgr le fait que Qu bec ait connu une p riode de relative stagnation au moment o la plu part des grandes villes nord am ricaines taient en pleine expansion la 66 VIVRE EN FAMILLE OU EN PENSION p riode postconf d rative repr sente un moment charni re de son his toire La ville de Qu bec s est industrialis e mais un rythme et d une mani re diff rente de l sa sp cificit Profitant d une main d uvre abondante peu qualifi e et bon mar ch profitant aussi des grands espaces lib r s par les chantiers maritimes nombreux sont les investisseurs qui s implantent Qu bec Les p les de reconversion de l conomie sont des activit s d j existantes qui prennent de l ampleur C est le cas de la
31. antes Comme nous l avons vu pr c demment Qu bec est justement une ville qui se caract rise par une forte migration des populations rurales des r gions avoisinantes Nous devrions donc observer une hausse des membres de la parent pr sents au sein des m nages Les donn es extraites des recensements de 1891 et de 1901 semblent confirmer cette hypoth se tableau 2 En 1891 et en 1901 les pensionnaires repr sentent 6 et 5 de la population totale de la ville et se retrouvent respectivement dans 18 et 12 des m nages Aux m mes moments les membres additionnels appa rent s repr sentent 4 et 5 de la population de la ville et se retrouvent dans 11 et 18 des m nages En d autres termes dans trois m nages sur dix le chef cohabite soit avec un membre de sa parent soit avec un pen sionnaire 17 Autre bien videmment que les ventuels membres de l unit conjugale familiale pouse fils et filles Nous avons exclu du calcul de la population totale de la ville les individus vivant au sein de m nages institutionnels tels que les couvents h pi taux et prisons Il est possible pour un chef de m nage d tre accompagn la fois d un membre de sa parent et d un pensionnaire En enlevant les doublons la pro portion est sensiblement la m me puisque le nombre de chefs qui h bergent au sens o nous l entendons est de 27 VAL RIE LAFLAMME 73 TABLEAU 2 Quelques chiffres sur les m nage
32. au chef de m nage D un recensement l autre dans la ville de Qu bec les personnes ayant une relation de fr re ou de s ur ou de beau fr re et de belle s ur avec le chef de m nage repr sentent 37 et 42 des membres additionnels apparent s Une fois sur quatre 27 en 1891 et 24 en 1901 ce sont des parents ou beaux parents du chef qui se trou vent dans un m nage en tant que membres additionnels apparent s Sui vent ensuite loin derri re les neveux et ni ces 12 en 1891 et 13 en 1901 De nombreux auteurs indiquent qu il tait pratique courante pour les m nages et surtout pour les jeunes couples avec des enfants en bas ge de prendre chez eux une s ur ou une cousine pour aider au travail de la maisonn e Olson 1996 84 Prenons l exemple de Napol on Veilleux un commis de magasin g de 34 ans et de sa conjointe de 38 ans Euglaie Ce couple a quatre enfants Pierre Henri Alexandre et Ir ne g s de 5 mois 5 ans Ils habitent avec Marie une s ur c libataire de Napol on g e de 34 ans qui travaille comme couturi re Nous pouvons supposer que la famille Veilleux voit sa qualit de vie s accro tre en h bergeant la s ur de Napol on contribution au paiement du loyer la garde des enfants la pr paration des repas notamment Mais nous ne pouvons pas exclure la possibilit que le service soit r ciproque et que Marie b n ficie de la pen sion dans sa famille et profi
33. bres additionnels apparent s il est de 32 et 35 ans 82 VIVRE EN FAMILLE OU EN PENSION et f minin se trouvent dans des tranches d ge diff rentes Il en est de m me pour la parent Le tiers des femmes et la moiti des hommes pen sionnaires sont g s de 15 29 ans M me si elle est tr s pr sente dans cette tranche d ge la parent se distribue autrement En effet les hommes et les femmes de la parent sont presque autant sinon plus pr sents dans la tranche d ge des 60 ans et plus qu ils le sont dans la tranche d ge des 15 29 ans En comparant les distributions selon l ge des pensionnaires et des membres de la parent nous voyons que cette derni re tend plus vers les extr mes Les tr s jeunes et les plus g s vivent dans des m nages o ils sont apparent s Ce qui semble confirmer l hypoth se de Medjuck 1980 209 voulant que les membres additionnels apparent s jeunes et g s soient essentiellement ceux issus d une unit conjugale familiale dissoute TABLEAU 4 R partition des pensionnaires et des membres additionnels apparent s selon le sexe et l ge Qu bec 1891 et 1901 1891 1901 GROUPE D GES F MININ MASCULIN F MININ MASCULIN PENS PARENT PENS PARENT PENS PARENT PENS PARENT o 14 ans 8 5 13 9 10 1 21 4 5 2 9 9 6 5 21 6 15 29 ans 33 5 27 4 49 3 33 6 38 0 26 4 53 9 33 2 30 44 ans 21 6 16 2 19 9 14 1 23 2 17 8 21 0 14 8 45 59 ans 15
34. comparaison des types de m tier montre que les pension naires et les membres de la parent n ont pas les m mes m tiers M me si les carts ne permettent pas de parler de deux mondes part nous voyons tout de m me que les pensionnaires hommes comme femmes ont des m tiers plus qualifi s et plus r mun rateurs que les membres de la parent Ce qui laisse supposer que le m tier peut avoir une incidence sur le statut d h bergement d tenu Il rel ve donc d un choix CONCLUSION Deux tendances se dessinent D abord les mani res d habiter sont sexu es Les hommes et les femmes ne vivent pas dans les m mes conditions Les femmes sont plut t h berg es en tant que parentes et les hommes en tant que pensionnaires Mais cette observation est fragmentaire L essai de typo logie parce qu il insiste sur la fr quence des v nements masque une grande vari t de cas particuliers et exceptionnels L utilisation stricte d une typologie du pensionnaire et des membres apparent s a pour effet de mettre de lavant des cas qui r pondent des crit res fonctionnels sinon une approche concentrique des relations au sein du m nage Le centre du m nage serait occup par l unit conjugale familiale auquel se joindrait un premier cercle occup par les membres additionnels apparent s puis la p riph rie les pensionnaires Cette approche est cependant trop construite pour rendre compte d une r alit certainement moin
35. crits les num ros de famille ou de m nages visit s est la m me N anmoins cette distinction peut s interpr ter comme un souci de clarifier des situations ambigu s C est comme si diverses r alit s taient reconnues mais qu il leur tait tout de m me demand de se conformer la r alit unique que l on cherche saisir En 1901 la directive donn e aux recenseurs pour d terminer ce que sont une famille et un m nage est la suivante Dans le sens restreint de l expression une famille se compose de parents et de fils et de filles vivant ensemble en communaut mais dans un sens plus large elle peut comprendre les parents et serviteurs Un m nage peut comprendre toutes personnes vivant en commun qu elles soient ou non unies par les liens du sang mais dont un de leur membre occupe ordinai rement la position de chef Mais les c libataires vivants seuls qui ont une habitation sp ciale et tiennent leurs propre m nage doivent aussi tre consid r s comme m nages D autres qui vivent seuls tels que ceux qui louent des chambres et ne font que coucher dans la maison seront com pris dans la liste des m nages chez qui ils logent bien qu ils prennent leurs repas ailleurs Canada 1901 12 Ainsi le principe f d rateur de la famille ou du m nage est le partage du feu et non plus du pot Il importe de noter que la version anglaise des instructions est plus explicite sur ce point puisqu il est question
36. d entre eux vivent avec leurs parents et n ont pas de pension payer alors ils ne travaillent pas autant D autres travaillent mieux que les autres dix heures de travail avec certains quivalent plus de douze heures avec d autres Canada 1889 1192 Pr sent comme un choix pour les jeunes travailleurs par les t moins la Commission d enqu te prendre pension a aussi t vu comme tel pour les quelques moralistes canadiens de l poque qui s expriment sur la ques tion Les livres d tiquette et de bonne tenue de maison s ils reconnaissent que certains pr f rent vivre en pension plut t que de vivre chez soi lPexpression est fr quente n h sitent pas d plorer qu une personne ne tienne pas maison si elle est en mesure de le faire Quand on a les moyens seules la paresse l oisivet et la vanit expliquent que l on accepte de ne pas vivre dans ses meubles Mais quelles sont justement les ressources des per sonnes qui vivent en famille ou en pension L utilisation des donn es de recensements pour tudier les ressources disponibles des personnes h berg es n est pas sans poser de probl mes Dans les recensements la question du traitement des informations four nies quant au travail est pineuse dans la mesure o la symbolique du tra vail d passe le cadre du travail lui m me Il touche aussi la question du statut social des revenus et du r le au sein de la famille Inwood et
37. ditionnel apparent Lorsque l expres sion fr res et s urs est employ e elle d signe aussi les beaux fr res et les belles s urs Il en est de m me pour les beaux parents qui sont inclus dor navant dans l expression parents Les probl mes m thodologiques pos s par la variable relation avec le chef de m nage ont t par ailleurs explicit s Laflamme 2002 2004 ch 1 VAL RIE LAFLAMME 69 l aspect arbitraire de la d signation de ce statut tout comme nous ne devons pas oublier que c est le sens qu en donnent les acteurs qui qualifie la situation d h bergement D j en 1972 en tablissant les bases d une analyse syst matique des structures des m nages Laslett 1972 35 note qu entre parent et pensionnaire la fronti re n est pas toujours tanche Dans le m me ouvrage Wall 1972 166 s empresse par contre de pr ciser que l incertitude quant ces cas ne doit pas tre exag r e La limite la plus vidente de notre m thodologie serait d assimiler ceux que nous appelons les membres additionnels apparent s des per sonnes h berg es c est dire qui re oivent l hospitalit S il est ais de dire des pensionnaires qu ils sont h berg s puisque a priori ils sont accueillis dans un m nage d j constitu et qu ils paient pour avoir droit au logement et la nourriture qui leur sont fournis il n en est pas de m me pour les membres additionnels apparent s Il ser
38. du m nage que donnait le recensement tait sujette plu sieurs complications et correspondait rarement la r alit Notre analyse confirme qu il faut appr hender les familles et les m nages qui se d gagent des recensements avec pr caution dans la mesure o l on a demand une r alit complexe et multidimensionnelle de se conformer des d finitions la fois floues et restrictives L ambigu t des d finitions et la difficult discerner la cat gorie famille de la cat gorie demeure ont donn lieu diverses interpr tations Et ce tant chez les recenseurs de l poque que chez les historiens Comme le r sume Gossage 1999 196 Pun des d bats continuels en histoire de la famille au Canada consiste savoir laquelle des deux cat gories des recen sements du xIx si cle la demeure ou la famille correspond le mieux au groupe domestique cohabitant La distinction entre la demeure et la famille est importante dans le cas o les m nages sont complexes ou qu ils accueillent des pensionnaires Elle l est d autant plus en milieu urbain o les r sidences prennent souvent la forme de duplex et de triplex et o la population est largement locataire Les d finitions de la famille et du m nage donn es par les recense ments sont souvent synonymes Le manuel d instructions donn es aux recenseurs en 1891 d finit ainsi une famille Une famille dans le sens attach ce mot aux fins du recensem
39. e l int rieur des cat gories socio professionnelles Si oui cela voudrait dire que la pension offre des avantages suppl mentaires h bergement au sein d un m nage apparent Il peut s agir d une adresse personnelle d une ind pen dance plus marqu e ou encore d une libert ou d un anonymat plus facile pr server Mais plus simplement la pension offre peut tre un avantage ponctuel et personnel qui r pond un besoin particulier un moment pr cis de l existence des personnes concern es Reconstruire l histoire et les trajectoires de certains pensionnaires permettrait de r pondre ces quelques interrogations 94 VIVRE EN FAMILLE OU EN PENSION BIBLIOGRAPHIE DES OUVRAGES CIT S ANDERSON M 1996 Approaches to the History of the Western Family 1500 1914 Cambridge Cambridge University Press 88 p BASKERVILLE P 2001 Familiar Strangers Urban Families with Boarders Canada 1901 Social Science History 25 3 321 346 BONVALET C et LELI VRE 2000 La mesure de l h bergement dans C L VY VROELANT dir Logements de passage formes normes exp riences Paris L Harmattan 19 34 BRADBURY B 2000 Single Parenthood in the Past Historical Methods A Jour nal of Quantitative and Interdisciplinary History 33 4 211 217 BRADBURY B 1995 Familles ouvri res Montr al ge genre et survie quotidienne pendant la phase d industrialisation Montr al
40. ecensement de 1901 Qu bec Centre sous district Notre Dame de Qu bec 18 34 18 36 16 Liste nominative du recensement de 1901 Qu bec Est sous district Saint Roch division 11 11 09 11 10 72 VIVRE EN FAMILLE OU EN PENSION 2 3 Plus de parents moins de pensionnaires la fin du xIx si cle plusieurs auteurs ont observ une augmentation de la pr sence des pensionnaires au sein des m nages et au m me moment une diminution du nombre de personnes apparent es s y joignant Tout comme Katz 1975 et Anderson 1996 le font pour les villes d Hamilton et de Lancashire Angleterre Bradbury 1995 85 sugg re qu Montr al le faible nombre de membres apparent s dans le m nage puisse tre d une certaine distanciation g ographique de la parent C est dire que loignement r duit les possibilit s d h bergement Pour sa part Hareven 2000 12 93 94 value au long du xIx si cle et au d but du xx entre le tiers et la moiti des m nages h bergent des pensionnaires un moment ou un autre Pour la m me p riode moins d un cinqui me des m nages h berge des parents Une tendance g n rale conduirait ainsi les m nages accueillir moins de parent et plus de pensionnaires Un b mol est tout de m me apport par Hareven 1982 une croissance importante des m nages qui h bergent de la parent serait constat e dans les villes qui atti rent des populations rurales des r gions avoisin
41. ecenseur d faut de savoir comment le chef de m nage d crit lui m me ses relations avec les membres de son m nage dans la mesure bien videm ment o une personne se proclame chef nous pouvons chercher voir comment le recenseur a pu interf rer dans la saisie des r ponses obtenues Pour mieux conna tre le r le d interm diaire du recenseur nous emprun tons Higgs 1987 64 65 sa technique qui consiste comparer les don 18 Une premi re version de l analyse des d finitions et de l usage de la demeure et du m nage appara t dans Laflamme 2000 ch 2 VAL RIE LAFLAMME 75 n es agr g es par districts de recensement Pour affiner notre analyse nous travaillons ici chelle des sous districts plut t que des districts Certes les sous districts de recensement couvrent des secteurs de la ville peu comparables Ce n est pas la diff rence entre les sous districts qui nous int resse ici mais la diff rence l int rieur de ceux ci d un recensement Pautre Gr ce cette r partition il appara t que les pensionnaires et les membres de la parent sont in galement recens s comme tels d un recen sement l autre graphique 1 GRAPHIQUE 1 Pensionnaires et membres additionnels apparent s selon leur sous district de recensement 1891 et 1901 NEN KALIL EDSN A RAGE DS KI En AW K RNY RY KK KR RALLIL RANS rnst RINES 19q1 Saint Louis
42. eignement ont t h berg es par leur fr re qui leur donna le logement et la nourriture pendant dix huit mois Et ce semble devoir pr ciser l auteur sans exiger aucune r tribu tion Les deux s urs une fois repos es reprirent leur classe et se mirent en pension Lortie 1968 1904 98 En quittant la maison de Stanislas les s urs se s parent pour des raisons que nous ignorons Si nous perdons de vue Malvina nous retrouvons par contre M lina dans le recensement de 1891 M lina tout en exer ant son m tier d institutrice travaille comme domestique dans la famille de Narcisse Blanchard Au moment du recensement de 1901 les deux s urs se retrouvent nouveau Toujours c libataires et institutrices Malvina et M lina sont log es en tant que pensionnaires par Godias et Mathilda Bureau M lina encore institu trice demeure ensuite seule jusqu son d c s en 1905 Malvina devenue modiste vit seule elle aussi jusqu son mariage en 1903 Les parcours r sidentiels des s urs Malvina et M lina Drolet mon trent bien la mall abilit et surtout la fluidit des organisations r siden tielles Il met surtout en vidence le caract re temporaire et non exclusif des statuts d tenus par les habitants de Qu bec au cours d une vie Ceux ci ont pu circuler entre diverses formes d h bergement Malvina et M lina ont habit avec leur m re Apr s quoi elles ont t h berg es par leur
43. emple donn des s urs Malvina et M lina Drolet puisqu il fait appel plusieurs sources nous permet de mieux conna tre les trajec toires des h berg s et redonne la vie en pension son caract re fluide Les r sultats de Glasco confirment cette fluidit Dans la ville de Buffalo au milieu du xix si cle le parcours type de l immigrant arriv en ville est marqu par un va et vient entre l installation en famille et la vie en pen sion Ces deux r sidences se trouvent par ailleurs souvent proximit Pune de l autre Nous nous trouvons en face de la coexistence de deux mani res d habiter et non d une opposition L hypoth se d une exclusivit n est pas r aliste Il importe finalement de comprendre lh bergement comme un syst me dans lequel diverses formes se pr sentent et travers lequel tout un chacun peut circuler librement Si les caract ristiques socio d mographiques des personnes cherchant un logement ne d terminent pas la mani re d habiter d autres facteurs sont peut tre plus d terminants Le niveau socio conomique intervient de fa on plus tranch e Le m tier comme nous l avons dit a une incidence sur le statut d h bergement d tenu Mais cette constatation ne doit pas nous faire oublier la question du choix Le choix d un type d h bergement rel ve t il seulement d un niveau de vie La pratique de la pension appa remment plus ch re s adresse t elle la frange la plus favoris
44. ensionnaires cette proportion est environ un sur deux 53 5 en 1891 et 46 9 en 1901 Mais les carts ne sont pas aussi marqu s dans la ville de Qu bec qu Moncton Dans cette ville en 1851 et en 1861 la m me comparaison a t effectu e plus de quatre pensionnaires sur cinq sont des hommes alors que les membres de la parent sont de sexe f minin trois fois sur quatre Medjuck 1980 210 On doit par contre remarquer qu Qu bec les ratios homme femme restent les m mes de 1891 1901 pour les membres additionnels alors que pour les pen sionnaires la proportion varie de sept points de pourcentage 3 2 Les r partitions d ge La moyenne d ge est l g rement plus lev e pour les membres additionnels apparent s que pour les pensionnaires tableau 4 en 1891 et 1901 elle est de 38 et 40 ans pour les premiers et de 35 et 34 ans pour les seconds La dispersion pour les parents est sup rieure celle des pensionnaires Comme nous pou vons le voir au tableau 4 derri re ces moyennes se cachent des divergences Nous remarquons d abord que la r partition selon l ge varie forte ment en fonction du sexe et du statut Les pensionnaires de sexe masculin 20 Pour les pensionnaires l cart la moyenne est de 21 ans en 1891 et de 19 ans en 1901 alors qu il est de 24 et 25 ans pour la parent en 1891 et 1901 L ge m dian des pensionnaires est de 29 ans en 1891 et de 28 ans en 1901 Dans le cas des mem
45. ent Les hommes pensionnaires sont en mouvement dans 54 des cas Pour les femmes cette proportion s l ve 49 Chez les membres de la parent le taux est le m me peu importe le sexe S il est vrai que l h bergement au sein d un m nage parent a pour fonction de faciliter l int gration la ville cette mani re d habiter n est pas exclusivement r serv e aux nouveaux arrivants Les habitants de Qu bec cohabitent tout autant avec un chef qui leur est apparent que ceux qui sont arriv s depuis peu Qu bec Vivre avec un parent est une fa on d ha biter la ville accessible ceux qui connaissent d j la ville Cette pratique n est pas caract ristique d une population fra chement arriv e depuis sa campagne natale Par cons quent la ville permet aux relations familiales de se d ployer Ses habitants d veloppent des strat gies d entraide et de solidarit sp cifiques au milieu urbain TABLEAU 5 Calcul de la population en mouvement parmi les pensionnaires les chefs de m nage qui h bergent des pensionnaires et le reste de la population de Qu bec 1901 z POPULATION CRIT RES DE S LECTION PENSIONNAIRES PARENT A TOTALE Arriv s apr s 1894 100 34 409 N s en milieu rural au Canada 1446 1209 15 543 N s en milieu urbain dans une autre province 19 25 156 Population en mouvement N 1565 1268 16 108 Population totale 3 024 3 416 58 358 Population en mouvement 51 7 37 1
46. ent peut n tre compos e que d une seule personne vivant seule et d autre part d un nombre quelconque de personnes vivant ensemble sous le m me toit et nourries la m me cui sine Canada 1891 5 Ainsi en 1891 la famille est d finie comme Pen semble de personnes vivant sous le m me toit qui partagent le pot et participent l entretien du m nage En anglais on parlera de housekee ping Il est reconnu qu au sein d une demeure il peut y avoir plusieurs m nages Le m nage plut t que d tre consid r comme un sous ensemble de la famille est ici con u comme une agglom ration de familles 78 VIVRE EN FAMILLE OU EN PENSION Autrement dit pour les organisateurs du recensement la famille est un sous ensemble du m nage En 1901 les d finitions donn es la famille ou au m nage ainsi qu la demeure se font plus pr cises Ainsi le recensement de 1901 va t il distin guer la famille du m nage La famille est entendue au sens organique ou nucl aire et peut ventuellement comprendre la parent du chef et les domestiques Le m nage quant lui inclut les personnes avec ou sans liens de parent vivant en communaut Il y a ici une volont de normali ser la primaut de la famille nucl aire Par contre si les familles et les m nages sont distingu s l un de l autre dans les instructions en 1901 il semble que cela soit sans grand effet dans la mesure o la colonne o sont ins
47. eprise les recensements ne donnent qu une image partielle des m tiers occup s la pluriactivit et le travail des femmes sont des formes de travail largement occult es 88 VIVRE EN FAMILLE OU EN PENSION b La pluriactivit M me si les instructions donn es aux recenseurs deviennent plus pr cises de 1891 1901 le sens reste le m me l activit principale est celle qui doit tre d clar e En 1891 l instruction relative la saisie des professions est la suivante La profession le m tier ou l occupation doivent tre aussi inscrits tels que donn s l num rateur Quand deux professions sont pratiqu es par la m me personne on peut les inscrire toutes deux ou n en inscrire qu une selon l avis de la personne elle m me Canada 1891 13 14 Si en 1891 les instructions laissent une certaine marge de man uvre l enqu t qui il revient de choisir sa ou ses professions en 1901 il n en est plus ainsi la profession qu il doit d clarer au recenseur est la principale Ainsi il est crit La premi re ou principale occupation est la seule qui devra tre inscrite c est dire celle dont d pend principale ment la condition de vie et dont sont principalement d riv s les gages moluments ou revenus Canada 1901 xix La pluriactivit pourtant importante dans une conomie industrielle et urbaine est d s lors dissi mul e On pense par exemple aux personnes dont l
48. ermes semblables Meyerowitz 1991 xviii explique que les jeunes femmes d laissent graduellement les ambiances familiales et cherchent plut t tablir des liens moins perma nents et plus contractuels que les relations au sein de la famille Trois l ments essentiels ressortent de cette argumentation D abord pour Meyerowitz Modell et Hareven les pensionnaires sont jeunes Ensuite et c est sur quoi nous insistons il est entendu que les personnes qui ne sont pas h berg es par des parents sont n cessairement accueillies par des tran gers c est dire par des gens avec lesquels il ny a pas d affinit pr alable la cohabitation Hoch et Slayton 1989 35 par exemple avancent que ceux qui prennent pension sont sans famille ou bien la rejettent Cette supposi tion permet de conclure que les liens entre les pensionnaires et ceux qui les h bergent se r duisent des fonctions purement conomiques Une telle conception de l h bergement implique qu il y ait choix Mais il semble que le choix de vivre en pension soit exclusif c est dire qu il s oppose la vie en famille Le premier choix excluant n cessairement l autre Con ue ainsi la pension est pr sent e comme une forme de r si dence en opposition avec d autres modes de logement Cette pr sentation ne permet pas d envisager le passage r gulier entre la pension et la famille la compl mentarit et la continuit des deux for
49. es jeunes femmes consid rant qu elles n ont que trois piastres par semaine pour se nourrir et se v tir Mary Buchanan Je ne sais pas Elles aiment beaucoup mieux travailler la buanderie que d aller en service Les filles qui sont d charg es lau tomne ch ment jusqu au printemps et nous reviennent alors M Kerwin Ce n est pas la question Ne pensez vous pas qu il est bien p nible pour ces filles d tres oblig es de travailler tout le temps dans une buanderie pour trois piastres la semaine Mary Buchanan Je suppose que cela d pend de ce qu elles ont payer pour leur pension Je suppose que c est bien p nible M Armstrong Savez vous et pouvez vous nous dire la moyenne du prix de la pension que ces jeunes femmes ont payer Mary Buchanan vrai dire je ne le sais pas Je connais des places qui tiennent des pensionnaires pour huit piastres par mois M Armstrong Cette pension comprend elle la chambre coucher Mary Buchanan Oui M Armstrong Et n y a t il qu un lit par chambre Mary Buchanan Je sais qu ils ont chacun sa chambre M Armstrong Pour deux piastres la semaine Mary Buchanan Oui M Armstrong Ces filles qui travaillent la buanderie vivent elles avec leurs familles ou pensionnent elles ailleurs Mary Buchanan Je pense qu elles sont toutes dans leurs familles Je n en connais pas qui pensionnent
50. es payant pour tre log s et nourris au sein des m nages priv s Ce serait le signe de la d sagr gation des r seaux familiaux d entraide Cet article compare les caract ristiques des pensionnaires celles des personnes apparent es qui se joignent aux m nages de la ville de Qu bec au moment des recensements canadiens de 1891 et 1901 La comparaison cherche mettre de l avant les r seaux de solidarit ayant pu se d ployer par le partage de la r sidence Elle a aussi pour objectif de v rifier le suppos d laissement de l h bergement des parents au profit des pensionnaires Cette d marche permet de revoir quelques probl mes pos s par luti lisation des recensements pour capter ces populations flottantes English abstract p 96 es historiens travaillant sur la famille en milieu urbain en p riode L industrielle ont mis en avant le caract re mall able de la structure et de la taille des m nages maintes reprises le va et vient des pensionnaires personnes qui paient pour que leur soient fournis nourriture et logement et des parents loign s au sein du m nage est voqu pour mettre en vi dence cette mall abilit Modell et Hareven 1973 auteurs d un article d sormais classique sur la question montrent quel point l accueil chez soi de parents ou de pensionnaires est une pratique courante Dans un contexte de migration urbaine et d industrialisation la famille appara t comme un lieu et une structure
51. fabrication de chaussures et un moindre degr du textile Les industries laiti re et m tallurgique sont en croissance continue On compte aussi Qu bec la fin du xix si cle des manufac tures de fabrication de meubles de m tal de fourrure de tabac d impri merie d alimentation de confection de sacs et de bo tes en papier Blanchard 1935 228 231 Les activit s portuaires et navales m me si elles sont en baisse continuent d tre d importants moteurs de l conomie Le statut nouvellement acquis de capitale provinciale attire aussi son lot de personnels administratifs Bref la fin du si cle Qu bec devient une ville industrialis e avec une conomie diversifi e La caract ristique la plus marquante qui se d gage de l observation de la population de la ville de Qu bec est sans contredit sa faible croissance de 1871 1901 la population cro t de 15 31 Rassemblant 22 de la popu lation urbaine de la province en 1871 la ville de Qu bec n en regroupe que 10 5 en 1901 Linteau et al 1989 174 En observant comme le fait Lebel 1983 34 les indices de croissance des grandes villes nord am ricaines de 1831 1921 force est de constater que la ville de Qu bec conna t le plus mauvais bilan d mographique du pays D s 1831 Qu bec compar e Montr al conna t une croissance inf rieure Nettement plus marqu e compter de 1861 cette faible croissance serait un sympt me
52. lors que les hommes travaillent envi ron une fois sur deux Les s urs et belles s urs des chefs de m nage ont une profession une fois sur trois Pour les fr res et beaux fr res c est le cas quatre fois sur cinq Le cinqui me des belles filles et neuf gendres sur dix d clarent travailler L effectif des grands parents et des oncles et tantes est trop faible pour permettre quelque conclusion que ce soit Les neveux et ni ces cousins et cousines de sexe f minin travaillent plus d une fois sur trois et ceux de sexe masculin environ trois fois sur quatre Au vu de ces r sultats deux tendances g n rales se d gagent la parent proche du chef c est dire les fr res et s urs les gendres et belles filles et les parents se divisent en deux groupes in galement r partis selon leur sexe ceux qui d clarent occuper une profession et ceux qui n en d clarent pas l inverse les parents loign s nous entendons par l les cousins et cousines et les neveux et ni ces ont beaucoup plus souvent une profession Ce plus fort degr d activit des parents loign s peut s ex pliquer par la distance affective qu ils ont avec les chefs de m nages Seraient ils de ceux qui peuvent tout aussi bien tre pensionnaires ou h berg s en famille Dans tous les cas leur mode de vie ne semble pas li au fait qu ils aient un lien de parent avec le chef de m nage chez qui ils logent 90 VIVRE EN FAMILLE OU EN PE
53. mbres des m nages comme appa rent s au chef plut t que comme pensionnaires Un autre moyen d valuer si l interpr tation des relations qu ont les membres aux chefs des individus a chang consiste comparer la propor tion des pensionnaires et des membres additionnels apparent s partageant leur patronyme avec le chef tableau 3 TABLEAU 3 Partage du patronyme des pensionnaires et de la parent avec le chef de m nage Qu bec 1891 et 1901 PENSIONNAIRES PARENT PARTAGE OU NON DU PATRONYME AVEC 1891 1901 1891 1901 LE CHEF DE M NAGE N N N N M me nom 555 17 0 280 9 5 621 33 0 1575 A7 0 Diff rent nom 2730 83 0 2 673 90 5 1262 67 0 1808 53 0 Total 3 289 100 0 2953 100 0 1883 100 0 3 383 100 0 Sources Exploitation des donn es des recensements de 1891 et 1901 PHSVQ CIEQ En majorit les pensionnaires et les membres de la parent ne parta gent pas leur patronyme avec le chef du m nage o ils sont recens s Des carts s observent par contre d une sous population l autre et l int rieur de ces sous populations d un recensement l autre De 1891 1901 la proportion de pensionnaires partageant son nom de famille avec le chef de m nage diminue de sept points de pourcentage Mais d un recensement Pautre ils ont plus de quatre fois sur cinq un patronyme diff rent de celui du chef du m nage Alors que la proportion de pensionnaires partageant son patrony
54. me diminue de 1891 1901 l inverse se produit pour les membres additionnels apparent s Pr s du tiers des parents ont le m me nom que leur chef en 1891 et environ la moiti seraient dans la m me situation en 1901 D un moment l autre l cart est de 14 points de pour centage b Le m nage la famille ou l institution Dans les op rations de recension de la population au Canada le m nage la famille ou l institution sont les premi res unit s regroupant les individus Les individus une fois regroup s en fonction du m nage de la famille ou de l institution sont rassembl s dans la demeure dans laquelle ils VAL RIE LAFLAMME 77 habitent Il y a ici comme dans les autres recensements du xIx si cle une volont de r int grer les comportements sociaux dans un cadre qui d passe l individu et qui l inscrit l int rieur d un m nage ou d une famille La famille est ainsi une unit r sidentielle conomique et sociale o sont partag s l espace et la nourriture En principe ce sont les partages de l espace et de la consommation qui d limitent les m nages Bradbury 2000 212 Pour Wall la question de la d finition du m nage est par contre pro bl matique dans l Angleterre urbaine du xIx si cle D apr s lui la multi plicit des modes de sous location a cr un monde de pensionnaires plus ou moins ind pendants du m nage principal Encore d apr s Wall 1983 8 la d finition
55. mes de logement Prenons l exemple de la famille de Phil as Drolet qui nous est rap port par l abb Stanislas Lortie disciple de Le Play Phil as Drolet habite 2 La p riodisation utilis e par Modell et Hareven pour arriver une telle conclusion n est pas explicite 3 La situation est nuancer dans le cas des pensionnaires de Qu bec Si la moiti de ce groupe est g e de 15 34 ans on ne peut n gliger le fait qu un pensionnaire sur cinq soit g de 50 ans et plus Laflamme 2007 41 42 4 Fr d ric Le Play consid r comme l un des pr curseurs de la sociologie fran aise a publi en 1855 une enqu te aujourd hui classique sur les ouvriers europ ens Un peu partout dans le monde des enqu tes monographiques du m me style ont t effec tu es Traditionnellement les monographies d crivent l environnement le cadre social dans lequel se trouve la famille la cellule de la famille enqu t e est aussi d crite de m me que son budget 64 VIVRE EN FAMILLE OU EN PENSION le quartier Saint Jean de la ville de Qu bec avec sa femme ses quatre enfants ses deux s urs institutrices ainsi que sa m re Ils cohabitent dans un appartement compos de quatre pi ces et d un grenier Les deux s urs Malvina et M lina et la m re se partagent une des chambres coucher La m re de Phil as reste chez son fils jusqu sa mort en 1901 Les s urs nous raconte Lortie fatigu es de l ens
56. nt Roch parta gent aussi une r sidence Ces s urs g es de 46 et 27 ans sont toutes deux c libataires et exercent le m tier de couturi re l une en travaillant la mai son et l autre en travaillant en manufacture Dans ce cas l a n e est d cla r e chef et la cadette bien entendu est recens e comme tant sa s ur Peut on r ellement parler de Z lia Ouellet de Mary et meline Shaw comme tant des s urs h berg es c est dire des personnes log es de mani re temporaire Le traitement statistique ici effectu puisqu il est transversal occulte l ventuelle r ciprocit des changes pouvant s effec tuer dans le temps 13 l instar de Peter Laslett 1972 20 par m nages tendus nous entendons une unit conjugale familiale et un ou plusieurs parents de cette unit conjugale C est le lien au chef de m nage d clar dans le recensement qui permet de d terminer si une personne est ou non apparent e Pour m moire une unit conjugale familiale peut se pr senter sous quatre formes un couple sans enfant un couple avec enfants un veuf avec ses enfants et une veuve avec ses enfants 14 Les fr res et s urs se trouvent dans 56 4 des cas au sein de m nages familles tendues ou multiples Fait non n gligeable 43 6 des fr res et s urs ainsi d tec t s vivent avec un chef leur fr re ou s ur sans qu une unit conjugale familiale soit form e 15 Liste nominative du r
57. ntion on social aid networks that may have developed through the sharing of accommoda tion and households It shall also pay particular attention to the individual s presumed interest for boarding at the expense of family housing This analysis shall then point out to the current problems met with when using a census to record those identified as the shifting populations
58. oronto University of Toronto Press 197 246 DROUIN F 1990 La population urbaine de Qu bec 1795 1971 origines et autres caract ristiques Cahiers qu b cois de d mographie 19 1 95 112 FLEURY C 2000 Les classes d Erikson Golthorpe et Portecarero EGP rapport technique sur l utilisation et l int gration des codes EGP dans le recensement de 1851 1871 et 1901 Document de travail programme de recherche Transi tions d mographiques et urbanisation le cas de la ville de Qu bec 1871 1901 FCAR n 99 EN 0063 www phsvq cieq ulaval ca Bases VAL RIE LAFLAMME 95 GLASCO L A 1978 Migration and Adjustment in the Nineteenth Century City Occupation Properties and Household Structure of Native Born Whites Buf falo New York 1855 dans T K HAREVEN et M A VINOVSKIS dirs Family and Population in Nineteenth Century America Princeton Princeton Univer sity Press 154 178 Goopy J 2001 La famille en Europe Paris ditions du Seuil 283 p GOSSAGE P 1999 Families in Transition Industry and Population in Nineteenth Century Saint Hyacinthe Montr al Kingston McGill Queen s University Press 299 p Griffin COHEN M 1988 Women s Work Markets and Economic Development in Nineteenth Century Ontario Toronto University of Toronto Press 258 p HAREVEN T K 2000 Families History and Social Change Boulder Westview Press 374 p HAREVEN T K 1982 The Family Time and Indu
59. r sultats montrent que ceux qui vivent avec leur parent sont sou vent originaires de Qu bec et ont une connaissance pr alable de la ville En cela nos r sultats contredisent hypoth se d Hareven selon laquelle dans les villes qui attirent une population rurale des r gions avoisinantes le nombre de m nages h bergeant de la parent serait en hausse Est il possible que les r seaux de connaissances des pensionnaires ori ginaires du milieu rural soient plus distendus Les pensionnaires arrivant la ville sont ils h berg s par des personnes qui leur sont plus loign es et qui du coup les identifieraient plus facilement comme pensionnaires que comme membres de la parent Les pensionnaires tant r put s mobiles on peut v rifier s ils se distin guent des membres additionnels de la parent Les parents sont la fois 23 Nous appliquons ici la m thodologie mise au point par Baskerville 2001 qui consiste identifier les personnes qu il qualifie de people on the move 84 VIVRE EN FAMILLE OU EN PENSION moins mobiles que les pensionnaires et plus mobiles que le reste de la population tableau 5 En effet un peu plus du tiers des membres de la parent sont soit arriv s au Canada apr s 1894 soit n s en milieu rural soit n s en milieu urbain dans une autre province que le Qu bec Cette mobi lit telle que nous la calculons ne varie gu re selon le sexe des pension naires et des membres de la par
60. rema tres techniciens et travailleurs manuels qualifi s 39 en 1891 et 37 en 1901 sont r parties plus quitablement que leurs cons urs habitant au sein de leur famille Notamment les femmes pensionnaires sont plus pr sentes dans la classe des employ s non 24 La classification ici appliqu e est une version adapt e par Michel De S ve des classes d Erikson Goldthorpe et Portecarero EGP Voir ce sujet le rapport r dig par Fleury 2000 VAL RIE LAFLAMME 91 manuels Il en est de m me pour les hommes pensionnaires qui semblent occuper des emplois plus qualifi s que les membres additionnels apparen t s Puisque les employ s non qualifi s et les travailleurs manuels gagnent g n ralement moins nous pouvons supposer que des raisons financi res les am nent cohabiter avec leur famille TABLEAU 7 Cat gories socio professionnelles des pensionnaires et des membres additionnels apparent s d clarant une profession et g s de 15 ans et plus Qu bec 1891 et 1901 CAT GORIES 1891 1901 SOCIO F MININ MASCULIN F MININ MASCULIN PROFESSIONNELLES PENS PARENT PENS PARENT PENS PARENT PENS PARENT Classe des services sup rieure et 5 9 5 2 9 6 3 9 6 4 4 1 9 5 6 5 inf rieure 1 11 Classe des employ s non manuels Illab 20 7 133 19 9 10 3 21 3 15 4 20 3 17 0 Sous classe des petits entrepreneurs IVab 14 5 15 5 5 9 6 4 9 7 18 1 5 5 73 Contrema tres techniciens inf
61. rieurs et travailleurs manuels qualifi s V VI 39 2 37 3 29 1 32 2 36 5 36 2 27 7 33 3 Sous classe des travailleurs manuels semi 13 4 18 5 21 3 30 8 16 3 12 6 18 2 21 0 et non qualifi s Vila Ind termin 6 4 10 3 14 2 16 3 9 8 13 6 18 7 15 0 Total 100 100 100 100 100 100 100 100 Total N 581 271 1172 435 661 492 1355 619 Sources Exploitation des donn es des recensements de 1891 et de 1901 PHSVQ CIEQ En somme le fait de d clarer un m tier varie fortement d abord selon le sexe ensuite selon le rapport qu ont les h berg s avec le chef Cepen dant il ne faut pas assimiler ceux qui ne d clarent pas de m tier des inac tifs Les pensionnaires et les membres de la parent ont t croyons nous rarement h berg s sans contrepartie Ces changes de services bien qu ils chappent au regard du recensement ont jou un r le essentiel dans Por ganisation des m nages Pensons par exemple Suzan et Rose Byron deux 92 VIVRE EN FAMILLE OU EN PENSION c libataires g es de 32 et 28 ans qui sont les s urs de John le chef Pen dant que leur p re Joseph et leur fr re John travaillent comme finisseur de soulier et picier et pendant que leur neveu et leur ni ce vont l cole elles s occupent de la maison Leur contribution au m nage bien qu elle ne soit pas financi re permet justement aux autres membres de pour suivre leurs activit s Enfin la
62. s deux types d h berg s semblent se mettrent en vidence ceux pour lesquels la question ne se pose pas savoir s ils seront h berg s en tant que pension naires ou en tant que membres additionnels apparent s et ceux qui circu lent librement entre l h bergement par la famille et la prise de pension 3 3 Une pratique d urbains et de Qu b cois Les pensionnaires et les membres additionnels apparent s sont n s plus de neuf fois sur dix dans la province de Qu bec Cela confirme nouveau qu la fin du xix si cle la ville de Qu bec est de moins en moins un lieu d accueil pour les migrants internationaux Les autres lieux de naissance ont des effectifs trop faibles pour nous permettre d en tirer quelques conclusions Dans le cas des pensionnaires et des membres additionnels apparent s recens s en 1901 des donn es plus d taill es peuvent tre obtenues sur la r gion de naissance Les pensionnaires sont autant n s en milieu rural qu en milieu urbain 52 2 contre 47 8 Les membres additionnels apparent s sont deux fois sur trois n s en milieu urbain Ce qui tonne l g rement dans la mesure o Goody 2001 189 crit que le premier d placement des ruraux vers la ville se fait par les r seaux familiaux C est aussi la famille qui fourni rait le premier logement Selon ce raisonnement les ruraux seraient plus nombreux Qu bec vivre en tant que membres additionnels apparent s Or nos
63. s de Qu bec dans lesquels sont h ber g s des pensionnaires et de la parent 1891 et 1901 D TAILS DES M NAGES DE QU BEC 1891 1901 Population habitant en m nages priv s 56 406 65 825 Nombre de m nages 11 679 12 845 z F r 2053 1570 M nages h bergeant des pensionnaires soit 17 58 soit 12 22 A 730 602 M nages avec plus d un pensionnaire soit 6 25 soit 4 69 A 2 z 1309 2290 M nages h bergeant de la parent Sdit 11 21 Soit 17 83 P A 428 679 M nages avec plus d un membre de la parent soit 3 66 soit 5 29 Sources Exploitation des donn es des recensements de 1891 et de 1901 PHSVQ CIEQ Il est int ressant de remarquer qu au sein de la population de Qu bec la proportion de pensionnaires et de membres additionnels apparent s recens s en 1891 et en 1901 reste stable La proportion de m nages qui les h bergent varie par contre entre ces dates Le pourcentage des m nages dans lesquels nous retrouvons des pensionnaires diminue de six points entre 1891 et 1901 Dans le cas des m nages h bergeant des membres de la parent il augmente de sept points Autrement dit Qu bec au d but de la p riode tudi e les pensionnaires se trouvent r partis dans un plus grand nombre de m nages Au contraire les m nages avec des membres de la parent sont plus observ s en 1901 qu en 1891 En chiffres absolus les pensionnaires sont plus nombreux en 1891 que la parent C
64. s ordonn e La seconde tendance qui se d gage de cette comparaison permet de remettre en cause la pertinence de la dichotomie vivre en pension vivre en famille On constate que de nombreuses personnes circulent entre les deux formes d h bergement De m me nous avons vu que les caract ristiques des pensionnaires et de la parent se recoupent souvent Nous ne pouvons pas parler de deux mondes clos Ces deux formes d h bergement coexistent et communiquent l une avec l autre L h bergement est un syst me fluide 25 Liste nominative du recensement de 1901 Qu bec Est sous district Jacques Cartier division 11 15 40 15 45 VAL RIE LAFLAMME 93 Les distinctions vivre en famille vivre en pension et parents pensionnaires ont t plus marqu es a posteriori par ceux qui se sont int ress s aux structures familiales Qu bec les contemporains de la fin du xIx si cle n avaient pas conscience de l existence de deux syst mes d h bergement ni de deux populations distinctes On voit que la situation d h bergement rel ve de la perception qu en ont les acteurs impliqu s Notre analyse ne permet pas de capter les divers sens donn s l h ber gement puisqu elle repose sur une seule et unique source le recensement Elle est galement limit e dans la mesure o elle donne acc s aux h berg s au moment pr cis o ils sont h berg s que ce soit en 1891 ou en 1901 Au contraire l ex
65. source l autre l image qui nous en est donn e varie Elle fluctue aussi dans le temps Pour ce qui est des recensements les d finitions donn es trois concepts doivent tre prises en compte En plus de la question pos e sur les relations qu ont les individus avec le chef de m nage les mani res de d fi nir le m nage la famille ou l institution ainsi que la demeure demandent tre tudi es Chacune leur mani re ces d finitions ont influ sur les r sultats que nous obtenons Dans tous les cas la fronti re entre la famille biologique et les autres membres du m nage devient plus tranch e du recensement de 1891 celui de 1901 Cela explique en partie que le nombre de membres de la parent s l ve au moment o s affaiblit le nombre de pensionnaires a Retour sur la relation avec le chef de m nage Comme nous l avons vu en d tail par ailleurs Laflamme 2004 2007 les directives donn es aux recenseurs concernant la saisie des relations des individus au chef de m nage sont semblables d un recensement l autre Mais toutes deux sont lacunaires et n informent pas r ellement sur les moyens de d finir un pensionnaire De la m me mani re la d finition de la relation de membres apparent s n est pas explicite O se trouvait la fronti re entre membres additionnels apparent s et pensionnaires Elle variait probablement selon le regard port la fois par le chef de m nage et par le r
66. strial Time The Relationship Bet ween the Family and the Work in a New England Community Cambridge Cambridge University Press 474 p HENRIPIN J 1989 Na tre ou ne pas tre Qu bec Institut qu b cois de recherche sur la culture 141 p HIGGs E 1987 Women Occupations and Work in the Nineteenth Century Cen suses History Workshop A Journal of Socialist and Feminist Historians 23 59 80 INwWoop K et R REID 2001 Gender and Occupational Identity in a Canadian Census Historical Methods A Journal of Quantitative and Interdisciplinary History 34 2 57 70 Kartz M B 1975 The People of Hamilton Canada West Family and Class in a Mid Nineteenth Century City Cambridge Harvard University Press 381 p LAFLAMME V 2007 Vivre en ville et prendre pension Qu bec aux XIX et xx si cles Paris L Harmattan 317 p LAFLAMME V 2004 Vivre en pension h bergement logement famille et r seaux de sociabilit Qu bec au tournant du xX si cle Th se de doctorat cole des hautes tudes en sciences sociales 509 p LAFLAMME V 2002 Partir pour la ville tude des caract ristiques des pension naires dans la ville de Qu bec au tournant du xx si cle Revue d histoire de l Am rique fran aise 55 3 407 425 LAFLAMME V 2000 Familles et modes de r sidence en milieu urbain qu b cois en p riode industrielle le cas de la ville de Qu bec 1901 M moire de ma trise Universit
67. te d un environnement familial 12 Liste nominative du recensement de 1901 Qu bec Est sous district Saint Roch division 10 2 18 2 24 VAL RIE LAFLAMME 71 Par contre croire que l h bergement d un parent est une simple ques tion de calcul rationnel serait simpliste Il serait tout aussi exag r d imagi ner partir des informations fournies par les recensements que les arrangements domestiques profitaient l un plut t qu l autre Gossage 1999 127 Aussi il convient d viter de raisonner en fonction d unit conjugale familiale Ainsi par exemple les lat raux sont plus pr sents dans la ville mais moins fr quemment rep r s au sein de m nages tendus Certes leur pr sence dans les m nages familles tendues ou multiples est importante Mais on ne peut n gliger qu ils habitent aussi en grande partie au sein de m nages dans lesquels il n y a pas d unit conjugale familiale C est le cas des fr res et s urs Shaw tous trois c libataires qui habitent ensemble au moment du recensement de 1901 dans la banlieue Notre Dame de Qu bec William g de 60 ans est patron d une quincaillerie C est lui qui est identifi comme le chef du m nage qu il partage avec ses deux s urs meline et Mary g es respectivement de 57 et 62 ans toutes deux ne d clarent pas de profession mais disent avoir le statut d em ploy e Les s urs Apoline et Z lia Ouellet du quartier Sai
68. vent plus jeunes ou plus g es que les femmes pension naires ce r sultat se comprend bien Il correspond une tape du cycle de vie o les femmes lorsqu elles sont jeunes sont plus nombreuses tra vailler et alors vivre en pension Toutefois nous ne pouvons n gliger le fait que pr s du quart des femmes vivant en famille travaillent aussi Nous y reviendrons Les hommes qu ils soient parents ou pensionnaires occupent plus de trois fois sur quatre une profession En 1891 et 1901 quatre pensionnaires sur cinq d clarent travailler 86 6 et 90 3 de m me que trois quarts des parents h berg s 78 0 en 1891 et 74 6 en 1901 Notons aussi que d un recensement l autre la proportion de pen sionnaires qui d clarent occuper une profession quel que soit leur sexe est en hausse Ces donn es vont dans le sens de notre hypoth se que la popu lation des pensionnaires devient de plus en plus un groupe distinct Le cas des pensionnaires qui ne d clarent pas de profession laisse per plexe Comment paient ils leur pension Il est possible qu ils aient obtenu leur g te en change de services ou encore qu ils soient rentiers Mais ces r sultats mettent de l avant le fait que les recensements se sont surtout int ress s aux activit s formelles aux m tiers identifi s et reconnus Une conomie informelle semble tre pass e travers les maillons des recense ments Comme il a t montr plus d une r

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