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1. la 7 troisi me prise qu un d cor de studio Si Rohmer limite son quipe de tournage 5 personnes je suppose que c est qu il partage avec Godard Rivette et quelques autres la m me horreur du cin ma des d m nageurs L av nement d un peu de singularit dans un film est presque toujours le fait d un renoncement volontaire une part de ma trise elle est r serv e ceux qui poss dent sur leur film la v ritable ma trise celle qui leur donne aussi le droit de ne pas tout devoir ma triser C est dire le plus souvent aux plus pauvres ou aux plus r sistants au plus est lourde la responsabilit conomique qui p se sur la fabrication d un film au plus est grande la pression sur le cin aste pour qu il se transforme en simple ex cu tant de son programme et qu il renonce cette perte consentie de ma trise qui laisse parfois sa chance au caillou Les v ritables auteurs d aujourd hui sont rarement les cin astes qui g rent ja lousement leur ma trise qui essaient de perp tuer les signes de leur autorit d un film l autre ou d ex cuter frileusement leurs propres programmes Ce serait plut t ceux qui pr f rent remettre en jeu leur titre d auteur chaque nouveau film en risquant leur ma trise dans la confrontation de leur programme avec la singularit des choses ceux qui reprennent chaque film leur combat bras le corps avec le monde et avec le cin ma en prenant le parti
2. par voie de cons quence rapprocher notre combat de celui des jeunes cin mas r volutionnaires avec lesquels notre situation au Qu bec nous met en contact d une fa on privil gi e n 1 pp 7 9 Ainsi une des caract ristiques fondamentales de Champ Libre fut elle de recher cher constamment une articulation entre th orie cin matographique et pratique cri tique p dagogique de diffusion et d animation de films de production Il en est r sult pour l essentiel la recherche effr n e et tendue de deux l ments cl a la n cessit d une ligne politique et id ologique globale de commandement orien tation et direction b la prise en charge du cin ma du film comme outil de conscientisation de son r le id ologique instrumental Ces deux axes au point de d part enrichissants et constructifs deviendront rapide ment les facteurs de base de la r duction du r le de Champ Libre ventuellement de sa liquidation Faut il voir dans cette volution n gative celle du marxisme l ninisme lui m me Faisons un peu de zoom in Les Champ Libre 1 et 2 empruntent principalement au marxisme aux th ories de Brecht sur le cin ma surtout mais aussi la s miologie et aux th ories de la commu nication Le num ro 2 pr cise d j qu il faut une d marche globale th orique politique id ologique que nous assistons de plus en plus au Qu bec une cristallisation con flictuelle de
3. Le niveau de la familiarit et de la normalit est souvent moyennement lev tandis que saillance et complexit sont la plupart du temps faibles Nous avons compil l ensemble des r sultats obtenus pour les 96 longs m trages de fiction tudi s et tabli les moyennes On en retrouvera la repr sentation graphique dans le tableau qui suit NIVEAU MOYEN DES DIVERSES STRUCTURES DANS 96 LONGS M TRAGES CIN MATOGRAPHIQUES DE FICTION ANALYSES tr s fort fort moyen faible tr s faible ih a NU NA KL KU Ra OS S SE NT S SE EE E g S P S S S Oe ay S x D C 9 S 96 longs m trages c est beaucoup mais c est en m me temps tr s peu par rapport l ensemble de l oeuvre cin matographique Il n est donc pas question de sugg rer que le spectre que constitue ce tableau repr sente celui du cin ma dans son ensemble Il n en constitue pas moins un utile outil d analyse et de comparaison sur la cin ma tographiabilit d une oeuvre avant r alisation et permet de sugg rer certains correc tifs apporter dans la strat gie de traitement 1 Newcomb T M Manuel de Psychologie sociale Paris 2 Clynes M Emotion Its Parameters and Measurement Raven Press 1974 Clynes M Sentics The Touch of Emotion New York Doubleday 1974 3 Kohler W Psychologie de la forme Paris Gallimard Id es 1964 Guillaume P Psychologie de la forme Flammarion 4 Moles A Th orie de l Information
4. par des conglom rats ayant d autres int r ts que les seules industries culturelles de m me toujours aux USA l mergence de cin astes ind pendants et le nouveau cin ma am ricain En Europe la mont e du nouveau cin ma allemand et la consolidation de la gauche communiste italienne dans le cin ma pro gressiste Au Qu bec Champ Libre a rat d analyser et de suivre la rupture dans le cin ma avec l homog n it progressiste nationale des ann es 60 et l mergence du contr le d tat f d ral provincial sur le cin ma commercial ce qui laissait une marge r duite au cin ma progressiste de diverses all geances Dans le m me ordre d id e la mont e de la vid o l g re a t ignor e comme alternative audiovisuelle ainsi que l mergence des diverses coop ratives de production dans les principales r gions du Canada Sans compter que Champ Libre par ailleurs si d vou aux int r ts des travailleurs travailleuses n ait pas song cr er des liens avec le syndica lisme du cin ma et de la vid o La ligne politique de Champ Libre au lieu d clairer ces ph nom nes les car tait au contraire au profit d une activit cin matographique plus strictement propa gandiste et utilitaire et s loignait ainsi du r le que la revue s tait fix au point de d part qui avait t bien re u et jug utile autant ici qu l tranger Aujourd hui que les d bats et l analy
5. un certain nombre de projets cul turels se rappeler les m saventures du livre blanc de Lapalme l heure est d autres projets plus conomiques il doit aussi se battre sur le front nationaliste et fait face des scissions Par ailleurs le mouvement nationalise aussi prend de l ampleur parmi les cin astes On dit maintenant que le gouvernement qu b cois doit tre le premier res ponsable du cin ma qu b cois sans pourtant nier au f d ral un r le r el Comme le constate Fernand Dansereau en novembre 1967 L APC a vu grandir graduellement pour elle m me un probl me bien particulier celui d avoir faire un choix entre deux th ories diff rentes une qui tend situer tout notre avenir avec le gouvernement de Qu bec et l autre qui tend jouer sur les deux tableaux L ensemble de ces probl mes a engendr un dernier probl me son tour savoir que la fatigue et l abandon se sont install s un peu partout et qu il est devenu de plus en plus difficile de faire quelque chose Rapports des cin astes qu b cois avec le gouvernement f d ral Dans ce texte Dansereau fait aussi le bilan de la participation de APC au Conseil canadien des or ganismes de cin ma Il parle au nom de l ex cutif Il diagnostique les probl mes de l 4 PC depuis 1966 Sa conclusion l ex cutif d missionne et recommande la dissolu tion de A PC parce qu elle n est plus n cessaire et qu il ne r gne plus de coh
6. tatiques et l gislatives et finalement celle de la r alit socio conomique qu b coise en g n ral J esp re avoir pu rendre cela sinon vident du moins un peu plus clair Pierre V ronneau Louise Carri re John Roston Fran ois Dupuis les participants l atelier Le cin ma la profession les institutions 1 Allusion aux contradictions entre les cin astes du priv et du gouvernement noter que d s 1965 Michael Spencer et Fernand Cadieux avaient crit pour le Comit interminist riel sur le d veloppement possible d une industrie du long m trage au Canada un rapport qui menait le gouvernement jeter l ann e suivante les premiers jalons de ce qui deviendra la SDICC 29 La politique qu b coise en mati re de cin ma 1966 1985 le l gislateur et la production par Francois Dupuis 9 expos de Fran ois Dupuis prit une forme diff rente de celle des autres conf renciers Il pr para une chronologie de 10 pages disponible la Cin ma th que retra ant les interventions du l gislateur en mati re de cin ma et rappe lant les principales revendications des associations professionnelles de 1966 1983 Son expos consista commenter et mettre en relief les diff rents faits relat s dans sa chronologie l aide de celle ci et des enregistrements de ses in terventions nous avons recompos un texte qui indique les lignes de force de son discours Les mot
7. 10 mile Benveniste op cit tome 1 p 241 11 Ibid tome II p 82 On a pris la libert pour adapter les propositions de Benveniste aux ph nom nes narratifs d ajouter les mentions entre crochets 12 Op cit p 306 13 Projet qui est selon Bazin de d pouiller l entreprise cin matographique de toute trace d intervention artistique Qu est ce que le cin ma IV Une esth tique de la R alit le n o r alisme Paris Editions du Cerf 1962 p 148 14 C est entre autre ce que nous avons tent de d montrer dans notre th se de doctorat non publi e R cit scriptural r cit th tral r cit filmique prol go m nes une th orie narratologique du cin ma Paris Universit de la Sorbonne Nouvelle 1983 On pourra aussi se reporter nos articles Narration et monstra tion Hors Cadre no 2 Universit de Paris VIII para tre en mars 1984 et Film r cit narration le cin ma des fr res Lumi re Iris vol 11 no 1 Paris ditions Analeph para tre en avril 1984 15 Roman Gubern David Wark Griffith et l articulation cin matographique Les Cahiers de la Cin math que Perpignan no 17 d cembre 1975 p 8 16 Il existe au moins une exception importante les plans r unis pour r aliser ce qu il est convenu d appeler l arr t pour substitution truc par arr t de la cam ra dont M li s par exemple tait particuli rement friand 17 G rard
8. En 1975 76 la SDICC prit sa charge 65 du co t de production des 18 films qu elle aida L industrie priv e seulement 35 La solution f d rale ce probl me fut de mettre en place la possibilit de d duire 100 du co t de capital d un film Comme pr vu cet abri fiscal suscita de nombreux investissements du secteur priv D s 1979 la production annuelle grimpa 56 longs m trages N anmoins ce ph nom ne s av ra tr s temporaire cause de la combi naison d un certain nombre de facteurs qu il faut examiner en d tail parce qu ils ont toujours une influence importante sur le d veloppement de l industrie cin matogra phique canadienne Les encouragements fiscaux attir rent l attention de nombreux entrepreneurs qui y voyaient une possibilit de gagner rapidement de l argent Ils touchaient des hono raires sur le budget total du film que celui ci fasse ou non de l argent Pour organiser les d tails financiers de chaque op ration ces entrepreneurs invit rent des avocats et des courtiers qui imput rent aussi leurs honoraires substantiels au budget des films Les pauvres investisseurs qui finan aient ces budgets gonfl s taient souvent des m decins ou des dentistes absolument ignares de l industrie cin matographique et des risques qu on y encourrait La SDICC aurait pu jouer un r le positif en protestant pu Cin aste producteur critique professeur John Roston est directeur associ de l In
9. actualisation de la capacit du sens signifier En effet ce n est qu la toute fin du r cit qu on peut consid rer que tous les l ments du sens sont en place dans le syst me C est donc dire que dans le syst me du r cit le sens en m me temps qu il est port la connaissance du spectateur s articule par le biais de la narrativit c est dire par l entremise de l articulation du r cit en une succession de segments d action ou de situations narratives mm 0 Carole Laure dans MARIA CHAPDELAINE le dire le vivre l agir 39 photo Pierre Dury Or cette articulation narrative qui est en m me temps une articulation du sens doit n cessairement reposer sur une certaine structure parce que pour reprendre les mots de Hans Georg Gadamer dans son essai V rit et M thode Tout mouvement du conna tre est ordonn C est ce fait par dessus tout autre qui permet un ensem ble de spectateurs d arriver d chiffrer et comprendre le r cit du moins dans sa g n ralit pour remonter au sens Il est donc une structure du r cit qui reste rep rable dans l nonc Cette struc ture serait d ailleurs pr existante sa manifestation dans le r cit C est du moins ce que l on peut conclure des travaux de l anthropologue am ricain Edward T Hall no tamment dans son essai Le langage silencieux C est pourquoi on la consid re comme une structure logiqu
10. disposition et un degr d auto organisation sp cifiques 3 la dur e de l objet ou de son exposition 4 la fr quence avec laquelle il se produit 5 la masse de l objet 6 son mode d existence L incertitude On vous pr sente un objet de connaissance et on vous demande de l identifier vous formulez des hypoth ses d identification mais soit cause de leur trop grand nombre soit cause de leur quiprobabilit vous tes incapable den choisir une plut t qu une autre Au sens de la communication vous tes incertain En communi cation en effet l incertitude est l incapacit pour le r cepteur de choisir entre diverses hypoth ses pour identifier un objet de communication L incertitude est d autant plus forte que le nombre d hypoth ses est grand ou que des hypoth ses sont quiprobables 50 m me s il n y en a que deux L information pour sa part est ce qui r duit l incer titude Cette notion d incertitude est si fondamentale la communication qu il n y a pas communication s il n y a pas incertitude Les recherches que jai conduites en ce domaine m ont en effet permis de constater qu metteur et r cepteur sont sym triques l un par rapport l autre c est dire que le r cepteur est comme l image de l met teur vue dans un miroir c est dire renvers e Soulignons en passant qu il s agit d une sym trie analogue celle qu il y a entre nos deux mains
11. est donc la probabilit que le sujet le r cepteur ait t expos l objet le message Remarquons enfin que la question de la familiarit se pose aussi bien quant au type de traitement formel utilis que quant au contenu du message La normalit du message Suivant l adage la premi re chose que l homme fait c est de se donner des insti tutions Et la seconde C est den tre prisonnier On constate en effet que depuis toujours l homme a senti le besoin sans doute pour assurer sa survie et celle de son esp ce de s entourer d une certaine r gularit et d tablir cet effet de fa on plus ou moins formelle certaines r gles pour atteindre les buts qu il poursuit Si certaines de ces r gles sont tr s construites et dict es de fa on formelle comme les lois d autres ne le sont pas et se traduisent plut t sous la forme d usages ou de coutumes C est ainsi que se sont install es progressivement et de fa on la plupart du temps assez durable des sortes de fa on de faire des sortes de normes qui r sultent de consensus plus ou moins partag s ou plus ou moins formels et qui traduisent les men talit s Le mot norme doit videmment tre pris dans son sens le plus large Il recouvre les notions d usages de traditions de coutumes de modes de convenances de r gles et de lois Ces normes jouent un r le fort important pour la soci t puisqu elles lui procu rent une sort
12. ou encore le leader spirituel Mais c est le domaine de la production qui mobilise surtout l nergie de l A PC Les m moires aux gouvernements qu b cois et canadien se terminent une nuance pr s par la m me phrase LA PC exhorte les pouvoirs publics le Gouvernement du Qu bec faire en sorte que naisse enfin au Canada dans un climat de libert et de comp tition une industrie de long m trage dont le dynamisme sera la hauteur des perspectives conomiques et culturelles de notre pays du Canada fran ais Tout est l Le salut des cin astes passe par l industrie priv e L ONF doit se garder de devenir par ses mobiles de base un agent comp titif l gard des producteurs ind pendants Radio Canada doit se tourner vers l industrie priv e pour sa production de films Le Canada doit aller de l avant avec ses accords de coproduction il vient d en signer un avec la France et privil gier l Europe Dans tout cela le r le de l tat est de soutenir de prot ger de stimuler mais non de comp titionner Le cr ateur doit avoir les moyens de prot ger sa libert de d velopper sa sensibilit d utiliser les magi s du son et de l image pour traduire les aspirations de sa soci t de pouvoir exercer son in telligence en d pit des contraintes sociales et mercantiles Tout a sous l empire de l entreprise priv e par e cette poque de toutes les vertus se rappeler les
13. r elle de formalisation Cin ma th orie lectures no sp cial de la Revue d Esth tique Paris Klincksieck 1978 p 129 143 4 Hans Georg Gadamer V rit et m thode les grandes lignes d une herm neutique philosophique Paris Seuil 1976 Collection L ordre philosophique p 257 5 Edouard T Hall Le langage silencieux Paris Mame 1973 42 Histoire et discours au cin ma par Andr Gaudreault L e titre de cet essai ne peut que rappeler un article de Christian Metz Histoire discours Note sur deux voyeurismes publi il y a quelque temps d j Il s agissait l vraisemblablement de la premi re application au domaine du cin ma des cat gories benvenistiennes Plusieurs auteurs ont depuis fait a et l r f rence ces cat gories en rapport avec le cin ma mais on est loin du compte si l on consid re le nombre l ampleur et l amplitude des applications au champ strictement litt raire On pourra penser qu une telle situation est redevable la difficult ventuelle d appli quer un mode d expression non linguistique un mod le d interpr tation formul partir d une probl matique fonci rement linguistique Il n est certes pas facile d iden tifier si m me il le faut l quivalent cin matographique des shifters ou des d icti ques de la langue Il n est pas non plus facile de jauger avec exactitude les diverses modulations temporelles
14. rentes tapes de la gen se d un film tendent en jecter le caillou et r duire tou jours plus la part de singularit et d accidentel qui pourrait rester dans le film Chaque professionnel qui intervient dans cette fabrication a sa r putation d fendre et il n est pas question pour lui de laisser le moindre grain de sable ou le moindre bruit ternir sa valeur marchande Toutes les normes techniques plus ou moins implicites vont tou jours dans le m me sens de l ex cution la plus lisse possible d un programme id ale ment homog ne o la singularit comme asp rit n a pas sa place Et cette lutte ne date pas d aujourd hui Rossellini n a jamais cess pendant toute sa carri re de vili pender cette maniaquerie des professionnels du cin ma qui ne laisse aucune chance l accident aux petites choses qu on a sous la main Alors que pour lui il s agissait au contraire d en profiter d tre un bon voleur de profiter de tout accident Chaque faute de diction disait il devient utile Le montage tout particuli rement travaille massivement je dirais presque par nature r duire ce qu il reste malgr tout de singularit d accidents de choses qui ont r ussi se faire remarquer dans les plans tels qu on peut les voir la projection des rushes dans l tat brut o ils sortent de la cam ra o ils sont encore un peu caillou Le montage a toujours tendance ta
15. selon moi dans la mesure o l on se situe au seul point de vue de l intertextualit du film c est dire au niveau des rapports de structuration syntaxique et s mantique entre le texte d origine et le texte d arriv e le film Mais il faut convenir que les deux textes gardent leur autonomie puisqu une fois le processus d adaptation enclench le film se construit en une production de sens au tonome que l on doit consid rer comme un discours nouveau diff rent du texte d ori Esther Pelletier fut charg e d enseignement en sc narisation l Universit Laval et pr pare un doctorat sur la sc narisation aux universit s Laval et Sorbonne Nouvelle 37 gine Le film d adaptation acquiert une valeur propre au m me titre que le film origi nal et d ailleurs au m me titre que le texte litt raire dont il est issu puisqu il s rige en un syst me autonome C est pour cette raison que l tude du processus d adap tation doit pour tre productive se faire sur la base du respect de l autonomie de chacun des textes envisag s le texte litt raire et le film L tude comparative aura alors pour fonction d tablir les ressemblances et les diff rences entre les m canismes qui pr sident l organisation des deux processus de cr ation l un litt raire l autre ci n matographique l inverse le film original est souvent consid r comme tel du fait que la vision de l nonciateur
16. sion tr s forte entre les cin astes Suite ce rapport pr sent en assembl e g n rale le 20 novembre les membres de lA PC d cident de la tenue d un congr s du cin ma qu b cois qui a lieu les 13 et 14 janvier 1968 Lors de ce congr s le cin ma qu b cois dans son entier est discut Mais une journ e compl te est consacr e au besoin d une association professionnelle Les textes qui demeurent des discours qui furent prononc s seraient citer en entier Quelques exemples donneront le ton Nous nous sommes aper us que notre associa tion professionnelle ne fonctionnait pas bien Le nombre de ses membres diminuait On l accusait d tre une chapelle Il devenait extr mement difficile de lui faire rendre des services avec efficacit Ni l un ni l autre de nos deux gouvernements n a donn suite aux projets de lois d aide qui tra nent depuis quatre ou cinq ans L industrie livre un combat mortel pour s tablir Cl ment Perron Mot d ouverture L ampleur du mal dont souffre APC et tout le milieu cin matographique nous est davantage apparue lorsque certains d entre nous fatigu s de faire les marioles et de tourner vide ont d cid de faire face la situation et de s interroger vraiment sur cette association devenue le cercueil de nos illusions A cause de certaines circons tances cause d un certain tat d esprit qui gangr ne le milieu le pouvoir r el qu a vait notre
17. vision Pour assurer que le message soit bien compris et per u nous devons donc y ajouter d autres l ments que des seules informations ces l ments suppl mentaires constituent ce qu on appelle de la redondance La redondance est donc l utilisation pour permettre une compr hension maximale du message d l ments en exc s par rapport la quantit requise strictement pour exprimer le message Autrement dit on pourrait exprimer le message avec beaucoup moins d l ments mais pour le faire comprendre on en ajoute en suppl ment On consid re g n ralement qu il y a deux types de redondance celle qui permet de pr dire ce qui s en vient donner le plan d un expos au d but du message par exemple et qu on appelle redondance protensive et celle qui permet de relier l infor mation re ue celle que l on a d j et que l on appelle la redondance r tensive Il ne faut surtout pas confondre redondance et r p tition Si la r p tition est une forme de redondance il en existe beaucoup d autres formes comme tablissement de rapports de sym trie de correspondance ou d analogie entre des objets pr jug s st r otypes tabous conventions sociales rites et rituels mentalit s etc peuvent aussi constituer une forme de redondance les exemples ou les applications pratiques gale ment La liste serait longue si on voulait la rendre exhaustive Ajoutons que les moyens de communication qui ont
18. 24 HEURES OU PLUS de Groulx tant censur D autre part en lan ant une de ses productions le film ON A RAISON DE SE R VOLTER le CIP Champ Libre fera les remarques suivantes Il nous semblait important de produire un film sur les luttes ouvri res au Qu bec susceptible de faire avancer la conscience politique des travailleurs Les seuls films politiques produits jusqu ici par nos cin astes qu b cois d fendent soit des id es syndicalistes Les gars de Lapalme soit des id es p quistes La richesse des autres humanistes Le m pris n aura qu un temps ou fatalistes On est au coton Nous voulions donc faire un film qui serve d outil de propagande Mobi lisation f vrier 1974 Enfin on remarque mieux aujourd hui l absence de souci dans Champ Libre de courants dans le cin ma comme le f minisme les droits nationaux les droits autoch tones les rapports entre le subjectif et le politique Tout au plus dans le no 4 p 22 est il fait mention de th mes venir sur les luttes en logement habitation les luttes des Noirs des Indiens la lutte de lib ration des femmes dans la mesure o ces luttes doivent tre li es la lutte de la classe ouvri re soulign par CL Malgr ces d fauts et limitations que peut on retirer de l exp rience de Champ Libre 1 Un souci de lier l analyse de tous les aspects du ph nom ne cin ma films d au tres activit e
19. Attendons de voir AU PAYS DE ZOM de Gilles Groulx Gilles Groulx ENTRE TU ET VOUS Julio Cortazar dans Marelle pas oublier que tu es toi et que je suis moi Angoisses la mienne la sienne les n tres fondant mon estime pour Bu uel Bu uel je peux bien le parler tant celui ci que je suis Tu l entends tant celle ci ou celui ci que tu es Pr cis ment Bu uel Et ainsi de suite Sans fin La mort En vivre Sans fin Julio Cortazar Marelle ditions Gallimard Et Hermann Broch La mort de Virgile Malcolm Lowry Au dessus du volcan Bu uel y travailla renon a On pourrait tout recommencer Avec qui tant moi moi et toi toi Guignol au moyen de simulacres sp cifiques toutes les sortes du show busi ness dans tous les champs culturels Ou trag die Mais je m imagine sur quelles cimes pour que me parcoure ce sentir que personne ne saisira ironie et autovivisection Et le parlant de quels ab mes je me sers pour ne rien risquer en ne risquant que moi Que a fait mal Et cette mis re qui me rive impuissance et son hyst rie En rire En rire Allez ricanez Et ainsi de suite Nathalie Sarraute d testerait la phrase pr c dente Comme Bu uel filme apr s Keaton et Murnau Comme filment Straub Huillet et Akerman et Syberberg Quant Godemuche attendons PR NOM CARMEN Si c tait ce que depuis t
20. Institution culturelle qu est le cin ma le sc nario ne prend son sens qu en tant rattach un film fait C est pourquoi m me s il serait fort int ressant d analyser en soi le sc nario Jai d cid de ne prendre en compte que le film qui au contraire du sc nario fait figure de syst me achev re u et d chiffr par un auditoire Par ailleurs Jai d aussi res treindre mon analyse une partie du r cit soit celle du d but du roman et du film dont j expose la segmentation plus loin Le syst me du r cit Ind pendamment l un de l autre le roman et le film de fiction peuvent tre con us comme des syst mes c est dire comme des ensembles autonomes constitu s d l ments distinctifs subordonn s une constante interaction Ainsi le syst me ro manesque et le syst me filmique s rigent ils en partie sur la base du r seau de rela tions entre les personnages et les situations qui voluent dans le temps et dans l espace de la di g se repr sent e Ces l ments sont si intimement li s que comme la th orie des syst mes nous l enseigne d s que l un d eux varie cela entra ne une modification des autres l ments et m me du syst me entier 38 Par ailleurs si le roman et le film sont d abord consid r s dans leur entit comme des syst mes globaux et autonomes ils n en comportent pas moins galement des sous syst mes par exemple les interactions entre deux ou plusie
21. S il doit avoir comp tition parmi ceux qui demandent des bourses il doit aussi en avoir parmi ceux qui en attribuent Le gouvernement devrait y penser deux fois avant de favoriser la mise sur pied de grosses compagnies de production Comme je l ai soulign soit que celles ci produisent des films de masse de pi tre qualit soit qu elles demandent des subven tions pour survivre Le gouvernement se verra oblig de supporter ces compagnies pour que des techniciens y conservent leur emploi tout en ayant peu de contr le sur la production de ces compagnies elles deviendront les Maislin Transports de l industrie cin matographique Les salles ne dispara tront pas Les films qui leur sont destin s continueront exercer une profonde influence culturelle M me si depuis longtemps il convient d aider la production pour la t l vision il faudrait revoir les initiatives r centes pour quilibrer les ressources disponibles pour les deux march s Aucun des deux ne devrait dominer l autre Dans le march des salles les distributeurs et les exploitants se partagent les profits Seul le distributeur s arroge une part disproportionn e des profits g n r s par les locomotives hollywoodiennes qui font d normes profits Au Qu bec la loi 109 stipule que jusqu 10 de ces profits doivent tre investis dans la production qu b coise Il s agit l d une innovation importante mais il reste aussi voir si les distri but
22. association est syst matiquement d truit par le comportement de certains membres qui ont choisi de jouer les francs tireurs au profit de leurs int r ts personnels en n h sitant pas d truire l image de 4PC Qu bec comme Ottawa Mais un mal ne vient jamais sans qu un autre l accompagne Mais la situation globale du cin ma et des cin astes qu b cois est encore plus d sesp rante qu en 1962 Perron Introduction 24 Inop rantes dans les d buts de APC les contradictions qui annihilent nos efforts aujourd hui sont dues paradoxalement deux causes contraires l volution malgr tout du milieu cin matographique et l immobilisme des gouvernements Si PAPC en est arriv e ne plus repr senter personne c est tout simplement qu elle n arrive plus faire la synth se de tout ce qu elle doit repr senter cr er des politi ques qui satisfont aux int r ts contradictoires de ses membres Il faut se rendre compte que les probl mes constitutionnels et nationaux p sent bien plus que l on pense sur les politiques de l 4 PC Que l heure des choix est maintenant in vitable Qu une association ne peut survivre des divisions internes aussi fondamentales Nous sommes tellement divis s et diff rents que nous ne pouvons aller nulle part Qu apr s cinq ans le temps d une r valuation est venue et que c est l le sens de notre d mission de ce soir Perron Essai de con
23. cin ma a travesti le r el filmique en r el social a quasi institutionnalis une motivation socio di g tique qui a symboliquement bloqu toute autre intervention Ce qui est embarrassant pour certains nous semble tout fait fascinant Cette forclusion analytique par un rejet primordial du signifiant cin matographique obs truant inconsciemment la voie une th orie structurale formelle peut nous conduire de nouvelles recherches Elle nous indique nous conseille gr ce ce d saveu cette d n gation de d laisser cette frontalit critique du reflet ou non et nous incite plut t en tudier les r sistances Qui r sistent quoi Je disais donc pratique comme direct et th orie comme fiction pour formuler l hypoth se que nous vivons profond ment cette dichotomie L exp rience pratique et cin matographique nous le d montre Nous osons m me croire que la lev e de l auto censure th orique pourrait fort bien correspondre une mont e de la fiction et vice versa N est il pas enfin temps de lever la barre des ternelles dualit s structurales de les faire circuler dialectiquement car si la fois elles s opposent elles r pondent l une de l autre Il en est ainsi de la nature de la culture de l int rieur de l ext rieur du mascu lin du f minin du M me de l Autre du documentaire de la fiction de la pratique et de la th orie La th orie analytique tant faite en par
24. comme l avait fait l Espa gnol Bu uel en ce qu il a de plus vital la cr ation pour et par sa critique aucune th orie ici envisageable Bien malin qui pourrait dire quoi pr c de l autre de la critique pour ne rien dire ou de la cr ation d arts sans plus aucune substance Ce qu il faut dire puisque c est vivre qui est en jeu C est ce que Bu uel ne cesse de parler Aucune th orie ne pouvant le prendre en compte en rendre compte comment th oriser la consumation de soi dans le discours s non ant cr ation d un art autonome qui parle l tre aux prises avec son faire cet tre en son non tre La grande question en suspens au terme de ce survol bien trop sommaire d une oeuvre in puisable pour l esprit question qui vaut bien s r pour mon propre blouissement ce seul dernier mot ne pr te t il pas lui m me s interroger Bu uel se vouloir le plus scandaleux des mystificateurs ne s est il pas mystifi lui m me J abandonnerais volontiers le probl me aux th oriciens qui m int ressent ne m int ressent aucunement les marchands et leurs plus serviles serviteurs les critiques pour n en rien dire N tait ce probl me que ce probl me ne laisse aucune prise quelque th orie que ce soit Et ainsi de suite 19 Et tant mieux si il en est qui pensent Gilles Groulx le Lynx inquiet au scandale pour le Qu bec d aujourd hui qu est le fait Gilles Groulx
25. communication narrative Pour ce faire il faut consid rer le r cit tout r cit comme une r alit deux faces Une oeuvre narrative film roman ou autre r sulterait ainsi d une tension entre deux p les d une part l univers di g tique le monde racont et d autre part l agent organisateur de ce monde l instance racontante Tout r cit serait donc modul partir de ces deux p les et serait ainsi le lieu potentiel d un privil ge accord l un des deux p les sur l autre Tout r cit est la fois un discours le discours d une instance racontante et une histoire l histoire du monde racont Lorsque le r cit donne pr s ance au monde racont il se situe plut t du c t de l histoire alors que lorsqu il donne pr s ance l instance racontante il se situe plut t du c t du discours Un r cit est histoire plut t que discours lorsqu il permet une plus grande mergence du monde racont et il est discours plut t qu histoire lorsqu il permet au contraire une plus grande mergence de l instance racontante Dans le premiers cas Les v ne ments sont pos s comme ils se sont produits mesure qu ils apparaissent l horizon de l histoire Personne ne parle ici les v nements semblent se raconter eux m mes Dans le deuxi me cas le locuteur le narrateur l agent organisateur du r cit s approprie l appareil formel de la langue l appareil de communicat
26. d ral dans le domaine du cin ma Dupuis rappelle que depuis lors il y a toujours eu querelle entre Qu bec et Ottawa quant au partage des pouvoirs il cite l intervention de Pierre Laporte en 1967 alors dans l opposition Si nous voulons que dans le domaine culturel le gouvernement cesse de se payer de mots il aurait pu et d intervenir dans le domaine du long m trage Huit mois plus tard en mars 1968 Daniel Johnson protestera contre l intervention d Ottawa plupart des associations du secteur production ont toujours demand au fil des ans le rapatriement du cin ma dans le giron qu b cois il d plore que cet aspect semble mis de c t avec la loi 109 Durant 10 ans le milieu du cin ma se battit pour obtenir une loi sur le cin ma Il publia des m moires travailla des projets se structura de plus en plus en associations professionnelles sp cia lis es alla m me jusqu occuper en novembre d cembre 1974 le Bureau de surveillance La loi vit le jour en juin 1975 et avec elle l Institut qu b cois du R alisateur et monteur Fran ois Dupuis collabore galement la revue Format Cin ma et fut pr sident du Syndicat national du cin ma cin ma Une nouvelle d cennie s ouvre Elle est marqu e par des conflits entre le Syndicat national du cin ma et l Asso ciation des producteurs de films du Qu bec par des r actions diff rentes au r le de l ZQC par l lection du PQ et par l i
27. dans tel autre Sans jamais penser que je pourrais arriver trouver ni toutes les r ponses ni des r ponses d finitives ces comment et ces pourquoi j ai tent n anmoins d amorcer certaines voies de solutions J en suis arriv penser comme bien d autres d ailleurs que Il y a dans le rapport entre l auteur le r alisateur le metteur en sc ne et le specta teur quelque chose qui transcende ou qui est premier si l on veut ou ant rieur au m dium lui m me Ce quelque chose c tait le Message Devant des messages aussi diff rents que ceux dont je parlais il y a un instant qu est ce qui agit dans le message Je suis donc parti de l hypoth se qui aujourd hui semble fort banale mais qui l poque ne l tait gu re qu il y a dans le message quelque chose qui transcende le strict aspect s mantique le sens nonc et qui agit sur le spectateur pour l ame ner d coder continuer ou cesser de le faire ou recommencer son d codage s il l a interrompu En raffinant un peu on pourrait dire il y a plus que le sens ou si l on veut intime ment tress travers le sens le contenu l nonciateur exp die autre chose qui inte ragit sur le spectateur pour faire en sorte que la communication se maintienne jus qu au bout ou pas Avant de continuer il n est peut tre pas inutile de faire un bref rappel Il est demand du spectateur des comportements se
28. de Friedrich Wilhelm Nietzsche Et Montaigne Et Sartre et Duras Et Ce que voient les oiseaux dans L re du soup on et Esth tique et Mon petit et Eh bien quoi c est un dingue dans L usage de la parole par Nathalie Sarraute Et Robert Musil et Malcolm Lowry et Roger Vailland et Roland Barthes Ici et ailleurs parle Jean Luc Godard Inutile de questionner mon sens critique sans pr sence de ces pr sences et Ces lignes ne sont que quelques unes d un ensemble bien plus multiple des semai nes de travail Peut tre retour sur la guerre en Espagne de 1936 39 o je sens prendre racine mon devenir commenc peut tre avec l affaire Dreyfus en France fin du 19e si cle et d but du 20e M entendre mot mot Et dans tous les pluriels que chaque mot sous entend Saluer Luis Bu uel 22 f vrier 1900 29 juillet 1983 trente trois films en me parlant Il ne s agit pas de dire quel film est bon et quel mauvais Mais de dire le plus in Animateur du Centre d art de l lys e de 1959 1962 homme de radio et d criture Patrick Straram participe comme critique de cin ma de nombreuses revues et a publi plusieurs ouvra ges 17 tens ment possible pourquoi et comment tel film me fait jouir et tel pas Tel tre ici aujourd hui je Sur un mur chez moi une photo de Bu uel entre celles de Pedro Rubio Dumont l Asociacion Espa ola d
29. de donner au cin ma la place que lui ac cordent les nations culturellement d velopp es Pierre V ronneau est responsable de la recherche et des publications la Cin math que qu b coise enseigne le cin ma l Universit Concordia et pr pare un doctorat en histoire sujet cin ma 21 On le voit en ces ann es de r volution tranguille ce n est pas le dynamisme gul manque un art trop longtemps touff se r veille et se dresse Ceux qui y travaillent ont des id es larges globales g n reuses utopiques Ils ont une vision de leur m tier de leur place professionnelle de l importance de leur art et au del de leurs objectifs corporatistes visent un ensemble plus large l tablissement d une cin matographie nationale qui se con oit toujours cette poque lesagienne l int rieur et b n ficiant du concours de l tat canadien Voici donc au plan cin matographique l ann e 1963 bien lanc e C est un hasard mais qu il est merveilleux que cette ann e l sortent les si bien nomm s A TOUT PRENDRE et POUR LA SUITE DU MONDE ce sont des titres d poque qui r v lent tout de la p riode sur tous les plans politique cin matographique natio nal personnel Il faut se rappeler aussi un peu ce qui s est pass en 1963 pour bien comprendre tout le dynamisme de ces ann es un dynamisme qui dura cing ans et qu on n a pas revu depuis Cette ann e l on organise dans le cadre du Fest
30. de parler Luis Bu el Homme de des discours Sans discours pas de th orie Je parle Bu uel en me parlant Comme il se parle en filmant Nos d marches sont elles en apparence oppos es l une l autre Pour moi c est Bur el que parlent ses films je ne peux le parler qu en me parlant Bu uel et moi et les autres Mise en abyme Bu uel vit et l expose en l explorant un besoin d sir ontologique de libert Le sentir de la mort Un d go t le plus lucide pour toute id e d un dieu ou id al et pour tout clerg ou parti s en r clamant Le vouloir une critique la plus sainement sub versive de tout totalitarisme de tout dogmatisme de tout sectarisme et surtout si il est de surcro t litiste F tes souveraines avec toutes et tous Solitude Pr gnance de Bunuel l anarchie Bu uel un nouveau r alisme se d sirant radicalement et pleinement diff rence Henri Lefebvre Que chacun d couvre pour la prendre en charge en usant de ses moyens la langue les oeuvres le style sa diff rence Marguerite Duras Vous ne regardez plus Vous ne regardez plus rien Vous fermez les yeux pour vous retrouver dans votre diff rence dans votre mort Vous regardez la maladie de votre vie la maladie de la mort Au moyen de fictions d un style lui seul Bu uel filme sa maladie de la mort et ce sont pour moi documents propos de vivre de sentir sa mort ce qui m incite vivre plus que toute t
31. de seules unit s grammaticales que l on jugeait d un texte pour savoir s il se rangeait sous la cat gorie du discours ou sous celle de l histoire shifters d ictiques ou temps des verbes Il s agissait de saisir comment un nonciateur marquait ou ne marquait pas de sa pr sence son nonc La question de savoir s il tait narrateur ou pas s il s agissait ou non d une nonciation narrative ne se posait pas comme telle Si jamais tel ou tel texte tait prof r par un narrateur il s agissait seulement de juger de son activit discursive en tant qu nonciateur en tant qu utilisateur d une langue plut t que raconteur d une histoire C est G rard Genette qui dans un deuxi me temps a ouvert une nouvelle voie en soumettant une deu xi me analyse un passage du Gambara de Balzac qui avait servi Benveniste comme exemple de pure histoire Genette fut amen conclure que le texte en question re celait certains l ments h t rog nes relevant au contraire selon lui de l ordre du dis cours Pour arriver d montrer son propos Genette dut d passer le niveau des seules unit s grammaticales et tenir compte de la nature narrative du texte envisag Il en vint ainsi montrer comment certains segments du texte de Gambara affichaient le ca Andr Gaudreault enseigne le cin ma l Universit Laval et a publi plusieurs ouvrages et arti cles sur le cin ma Son doctorat portait sur
32. doute tout aussi d terminant qu on songe par exemple aux relations metteur r cepteur ou aux relations canal r cepteur Je me limiterai cependant envisager dans cet article seulement les structures de relations message r cepteur 48 Fran ois Baby et Andr Gaudreault Nous allons maintenant dire un mot de chacune des principales structures d acti vation du r cepteur La centralit du message Tout ce qui nous entoure ne nous touche pas de la m me fa on et avec la m me intensit Il y a en effet des choses qui nous laissent parfaitement indiff rents d autres qui nous touchent indirectement et au contraire d autres qui sont au centre m me de nos pr occupations et qui nous touchent donc tr s vivement Dans le langage courant on dira que certaines choses nous int ressent plus que d autres En communication on dira que certains messages sont plus int ressants que d autres Ce qui pose probl me c est justement le terme int ressant car il est trop vague et trop flou pour d crire le ph nom ne de la distance psychologique avec suf fisamment de rigueur et de pr cision La psychologie sociale fait appel cet gard un concept beaucoup plus utile et que nous retenons celui de la centralit d un objet La centralit d signe la distance psychologique qui s pare un sujet d un objet quelconque ou encore la capacit d un objet de motiver un sujet Plus une chose sera ps
33. et perception esth tique Paris Deno l et Gonthier 1972 Moles A Art et ordinateur Paris Casterman 1971 54 Num ros d j parus l John Grierson 10 11 Barth lemy Amengual Pierre V ronneau Vaclav Tille Pierre V ronneau Raymond Borde Juan Chacon Rosaura Revueltas Pierre V ronneau Louise Beaudet Raymond Borde Madeleine Fournier Renaud Pierre V ronneau Georges M li s Acte du colloque de La Rochelle RAPPORT SUR LES ACTIVIT S CIN MATOGRAPHIQUES DU GOUVERNEMENT CANADIEN JUIN 1938 PR VERT DU CIN MA LE SUCC S EST AU FILM PARLANT FRAN AIS LE CIN MA L OFFICE NATIONAL DU FILM L ENFANT MARTYR AUTOUR DU FILM LE SEL DE LA TERRE CIN MA DE L POQUE DUPLESSISTE CHARLES R BOWERS CRITS SUR LE CIN MA PROPOS SUR LES VUES ANIM ES CRITURES DE PIERRE PERRAULT Essentiellement inscrite dans une perspective historique cette collection vise docu menter ou enrichir les d marches et les recherches qui se poursuivent ici ou l tranger R impression d crits rares ou puis s publication de textes historiques qui dorment en archives tudes et t moignages sur l histoire du cin ma nationale ou internationale tels sont LES DOSSIERS DE LA CIN MATH QUE ISBN 2 89207 025 2
34. le film s adresse directement au spectateur et lui dit The film will consist of single words presented one after another to construct sen tences and hopefully this is where you come in to convey meanings Plus loin il insiste sur le caract re absolu de sa conscience cr atrice This belongs to every body et So what is important is not this but how this is used Or on sait que cette probl matique du spectateur est la condition essentielle de toute performance SO IS THIS s adresse un spectateur non conditionn l entra ne l aide du comique suscit par ses proc d s vivre une exp rience Quant aux autres spectateurs susceptibles de regret the lack of in dept semiological analysis in this film and note that the vocabu lary used is quite basic il les oriente avec force ruses et d placements de fa on quasi perverse cet tat de perception vierge un tat sauvage en quelque sorte pour reprendre un terme et une probl matique chers Dominique Noguez la suite de Mikel Dufrenne et d Andr Breton Ce point de vue s loigne des codes du cin ma narratif classique ce cin ma du plan qui cherche cr er l effet fiction importance de la narration codes de l ana logie perceptive impression de r alit effacement du travail sur le signifiant et l nonciation au profit de la di g se Il s loigne aussi des codes du documentaire qui consistent tra
35. les m mes En juin 65 elle s allie m me deux associations canadiennes anglaises la Society of Filmmakers et la Director s Guild pour demander l tablissement d un centre canadien de la cin mato graphie En fait on a l impression qu en 65 et en 66 APC vit sur son souffle de 63 et ses m moires de f vrier mars 1964 Elle en reprendra des extraits en ao t 65 dans l APC Journal publi l occasion du 6e FIFM o elle fait circuler notamment une p tition d aide au cin ma C en sera de larges extraits qui seront repris en mars juin 1966 dans la revue Libert D ailleurs Jacques Bobet constate dans l ditorial de ce num ro Faire une mise au point sur la situation du cin ma au Canada au printemps de 1966 c est d couvrir que les derniers v nements constructifs marquants datent en fait de 1963 64 Non pas qu il ne se soit rien pass depuis loin de l mais parce que les efforts des deux derni res ann es ont t en un sens des efforts pour ne pas perdre pied ou m me pour rattraper le niveau artistique et l lan de ces ann es l On peut dire que les cin astes ont fait leur m tier et plus que leur m tier En ce moment ils pi tinent ce qui est un gaspillage ridicule dans ce pays o le cin ma s affirmait avec tant de force et d originalit En fait nous sommes cette poque en face d un certain back lash On sait d j que le gouvernement Lesage avait mis le hol
36. par rapport au contexte g n ral auquel il appartient ou un contexte auquel nous d cidons de le ramener En communication le message est videmment tributaire des m mes ph no m nes Un message nous frappe d autant plus qu il se distingue soit par son contenu soit par son traitement formel du contexte g n ral auquel il appartient ou de celui auquel le communicateur ou le r cepteur le reportent La saillance d un message est donc le degr d exsurgence du message contenu ou forme par rapport au contexte g n ral de r f rence ou encore le degr de diff renciation entre le message et le contexte de r f rence On voit tout de suite l importance fondamentale que rev t le choix du contexte g n ral de r f rence et la responsabilit qui incombe en cette mati re au communi cateur Il peut volontairement ou non tronquer compl tement la saillance v ritable d un v nement en choisissant un contexte de r f rence plut t qu un autre et en l im posant au r cepteur La saillance du message se mesure partir des points suivants 1 l existence d un contour pr cis pour l objet ou l v nement c est dire une zone de discontinuit ou de rupture entre l objet de connaissance et son support 2 l existence d une texture particuli re dans l objet c est dire l existence l int rieur de l objet d l ments perceptibles qui ont un agencement une dimension une
37. s agit de concr tiser tout cela M me si le plus difficile semble t il soit de s entendre sur l appellation exacte de l association des allures d meute dira Godbout on r ussit se mettre d accord sur des choses plus fondamentales comme les statuts et les repr sentants Ainsi sont membres actifs les personnes d ment re connues par l Association comme cr ateurs de cin ma qui ont particip profession nellement la cr ation artistique de films dans les quatre derni res ann es art 12 Fait int ressant on prend la peine de sp cifier la composition du comit de direction pour qu y soient repr sent es quitablement l industrie priv e et l industrie gouverne mentale sic ONF R C OFQ Claude Jutra en est lu le premier pr sident L association se propose deux trains de mesures court terme de publier un r pertoire de ses ressources humaines d enqu ter sur les conditions de travail de ses membres d organiser des d bats entre cin astes de pr senter de leurs films de rece voir les cin astes trangers de passage long terme d encourager l dification d une l gislation tendant d velopper l industrie du cin ma de conseiller les organismes publics d encourager la formation d archives de cin ma de veiller assurer des pro grammes d enseignement de cin ma tous les niveaux d tudier la question des droits d auteur de films enfin et somme toute
38. structure pour l ensemble de l oeuvre Ainsi on aura une sorte de spectre des structures d activation du r cepteur dans l oeuvre tudi e qui nous permet de situer avec suffisamment de pr cision le niveau moyen de chacune des structures Nous l avons fait pour plus de 96 longs m trages de fiction qui vont de MA NUIT CHEZ MAUD THE TOWERING INFERNO et STAR WARS en passant par des oeuvres de Bunuel Bergman Fellini Godard Resnais etc et plusieurs autres r alisateurs am ricains La m thode consistait utiliser une chelle six points qui va de tr s fort nul d valuer le niveau de chaque structure toutes les 20 secondes puis de faire le total et de diviser par le nombre de lectures pour chaque structure ce qui nous permettait en quelque sorte d obtenir une moyenne pour l ensemble de l oeuvre Si l on retrouve chez chaque auteur certains spectres caract ristiques Fellini a par exemple un niveau extr mement lev de symbolisation et de redondance etc de m me que pour les divers genres auxquels appartenaient les films tudi s le cin ma 53 de catastrophe poss de en g n ral un taux exceptionnellement lev de centralit un fait semble se d gager on retrouve d j travers ces oeuvres certaines constantes Le niveau de la centralit et de l incertitude est en g n ral tr s lev tandis que celui de la redondance et de la symbolisation est g n ralement lev
39. un Goya de Maria Casar s d un portrait de Cervantes 50 ans le 12 janvier prochain cherche emploi Dire comme circule en moi que sa philosophie fasse d couvrir Sartre l anarchie en son tre et qu il entrevoie d s 1939 que l envie de mettre son doigt dans un trou du cul chez l enfant est ontologique d abord sexuelle ce qu elle devient ensuite videm ment apr s seulement Dire comme circule en moi que Barthes en sens inverse mais identique apr s essais critiques aspire plaisir du texte Voici pour moi l essentiel Que je sens la plupart refouler Pour moi une exigence pr alable go t de vivre et go t pour tout ce qui vit cu riosit et attention Au moyen desquelles je me d couvre adh rer de plus en plus l oeuvre de Bu uel parce que d abord elle questionne et expose la morale Sans aucun souci de th orie Parce que sans aucun souci de th orie Que l acte cr ateur soit libre Sans morale pas de critique critique menant th orie Sans critique toutes les censures d cident commencer par celles qu on s inflige soi m me soi m me s an antissant sous pr texte de se prot ger Aujourd hui ici bien plus pouvantablement que partout ailleurs o a fonc tionne aussi critique pour v ritables motifs et mobiles parler pour ne rien dire Soit tel magazine ou telle t l mission pr tendant s adresser au plus grand nombre pour camoufler un seul but le
40. verront dans ces pr sentations un signe de l parpillement des pens es au Qu bec d autres la richesse des d marches en mouvement d autres l clatement des diff rents discours th oriques et l incompatibilit des approches historique socio logique existentialiste ou s miologique voire m me la mort ou le d passement de chacune d elles Il n tait pas de notre ressort de trancher Juxtaposer faire conna tre d blayer l horizon permettre la conqu te de nouveaux espaces et finalement faire reconna tre par qui de droit la pertinence et la validit des recherches et des tudes en cours au Qu bec telles taient les motivations de l ex cutif de l AQEC qui vous propose en collaboration avec la Cin math que qu b coise de partager cette r flexion par la pu blication de ces actes Alain Bergala pr sentant FAUX FUYANTS de lui m me et Jean Pierre Limosin photo Pierre V ronneau Le paradoxe du caillou par Alain Bergala P un caillou au hasard comme celui que Godard filmait dans WEEK END si je me souviens bien c est la fois la chose la plus insignifiante et la plus singuli re au monde Dans son insignifiance m me je parle l d un caillou qui n est ni l arme du crime ni un signe sur le chemin du petit Poucet bref dun caillou qui ne sert rien dans l histoire ce caillou n est semblable aucun autre Il est unique au monde et il ne vaut rien M rite t il d tre fil
41. Genette Figures III p 193 Rappelons cependant que Genette utilise cette expression pour caract riser le monologue int rieur ou discours imm diat 18 Alain Bergala Initiation la s miologie du r cit en images Paris Ligue fran aise de l enseignement et de l ducation permanente 1977 p 34 19 Christian Metz article cit p 301 20 Alain Bergala op cit p 39 46 Les structures d activation du r cepteur contenues dans le film par Francois Baby S l tude de l nonciation a constitu et constitue toujours un mode d tude remarquablement f cond des oeuvres cin matographiques il n en demeure pas moins qu elle laisse de c t d entr e de jeu je dirais m me par d finition une di mension fort importante de l oeuvre ce que le spectateur fait de cette nonciation comment il la re oit comment il la traite et ce qu il en reste ou si l on veut ce qu elle est devenue quand le processus de d codage et de traitement est termin et pourquoi il en est ainsi partir de 1969 jai commenc tudier certains aspects du ph nom ne pour tenter d arriver une compr hension et une explication techniquement satisfaisante du constat que l on peut faire tous les jours de l adh sion ou du refus d adh sion du spectateur au processus de d codage d un film pendant sa projection Pourquoi est ce que dans tel cas le processus fonctionne et pourquoi ne fonctionne t il pas
42. LIL I LES DOSSIERS DE LA CINEMATHEQUE Num ro 12 CINEMATHEQUE Num ro 12 Le cin ma th orie et discours Actes du colloque de l Association qu b coise des tudes cin matographiques CINEMATH QUE QUEBECOISE MUSEE DU CINEMA Responsable de la publication Pierre V ronneau Le conseil d administration de l Association qu b coise des tudes cin matographiques qui se chargea de l organisation du pr sent colloque tait compos de Louise Carri re pr sidente Denis Bellemare vice pr sident Esther Pelletier tr sori re Pierre V ronneau secr taire et Jean Daniel Lafond responsable du colloque Nous tenons remercier Le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada qui a rendu possible la r alisation du colloque de l Association qu b coise des tudes cin matographiques Le Consulat de France Qu bec qui a permis la venue du cin aste et th oricien Alain Bergala Le Festival international du nouveau cin ma pour avoir contribu la pr sentation de FAUX FUYANTS Tous les participants au colloque intervenants et mod rateurs Estelle Lafond qui a enregistr tous les expos s et les interventions du public Cette publication a b n fici de l aide du Conseil des Arts du Canada En couverture Luis Bu uel durant le tournage de son film THE YOUNG ONE blues clair salut l anar Conception graphique Andr e Brochu Composition et impression
43. Les Presses Solidaires Copyright La Cin math que qu b coise 1984 335 boul de Maisonneuve est Montr al Qu bec H2X IKI T l 514 842 9763 D p t l gal Biblioth que nationale du Qu bec Premier trimestre 1984 ISBN 2 89207 025 2 2 Pr sentation E n convoquant du 28 au 30 octobre 1983 son deuxi me colloque qui portait sur le th me Le cin ma th orie et discours l Association qu b coise des tudes cin mato graphiques d sirait t moigner des r centes recherches en cin ma au Qu bec tout autant que de faire un peu le point sur la r volution th orique de ces derni res d cennies dans la recherche et la lecture cin matographiques Pour atteindre ces objec tifs nous avions organis trois ateliers th matiques 1 Les discours analytiques et critiques 2 Le cin ma la profession les institutions 3 Les pratiques d criture et les choix des r cits Le premier atelier devait stimuler la r flexion sur la n cessit th orique hier et aujourd hui ici ou l tranger Rappeler notre pass critique en mesurer la di mension analytique et questionner nos pratiques th oriques s av rait urgent En effet il s est amorc depuis quelques ann es un certain renouveau de la recherche ceci malgr l absence de revues pol miques en cin ma Plusieurs chercheurs d siraient renouer avec les exp riences et les acquis du pass Par ailleurs il fallait r pondre un courant qu on pourr
44. Notre main gauche est sym trique par rapport la droite mais il n existe aucune position qui permette de les superposer et qu elles co ncident parfaitement metteur et r cepteur sont donc les deux p les d un syst me de communication et ils fonctionnent un peu comme les deux p les d une prise de courant qui ont une po larit diff rente Lun met de l information tandis que l autre le r cepteur met de l incertitude et l une et l autre sont aussi indispensables au fonctionnement d un sys t me de communication que les p les positif et n gatif le sont pour faire fonctionner un syst me lectrique S il n y a pas incertitude il n y a pas communication non plus qu il n y a informa tion Pour mettre le syst me en marche le communicateur doit donc d abord susciter ou provoquer chez le r cepteur la production d incertitude et l entretenir tout au long de l acte de communication On comprendra cependant qu il ne saurait s agir de n im porte quelle incertitude Il doit en effet s agir d incertitude portant sur les sujets perti nents au message de fa on ce qu elle puisse tre effectivement r duite par l infor mation contenue dans ce message Une trop forte quantit d incertitude non perti nente risque en effet de perturber le fonctionnement du syst me et m me de le faire tomber en panne en amenant le r cepteur d crocher Pour assurer la poursuite de ce double objecti
45. Une r flexion sur le langage Lorsque le film parle des dimensions des mots il pr cise ce qui suit The de cision has been made to concentrate on the distinctive capacity of film to structure time the word as individual unit of writing the frame as the smallest unit of film Puis apr s un intervalle color il ajoute In this film writing is lighting Japanese Il pr sente donc une concat nation explicite le mot et le plan quivalent de la lu mi re D terminer le nombre de plans dans SO IS THIS appara t d s lors comme une op ration insens e que l analyste se propose quand m me d entreprendre esp rant peut tre pouvoir y d ployer une grande syntagmatique Jusqu la reprise d une partie du film une tr s grande vitesse il y a 1201 mots auxquels il faut ajouter le nombre quivalent d intervalles ce qui nous conduit 2402 plans Par la suite il n y a pas v ritablement d intervalles et lorsqu ils apparaissent ils occupent la place des mots manquants Si on ajoute donc encore 1201 plans on obtient le chiffre 3603 La suite du film comporte 661 mots en consid rant bien entendu les syllabes de la phrase Some where o ver comme autant de mots ce qui produit avec les inter valles 1322 nouveaux plans Nous obtenons donc le nouveau chiffre 4925 ces plans il faudrait ajouter la lumi re blanche qui tient la place d un mot et aussi son inter valle la suite des mots isol s ce
46. a de soi le droit au filmage Wenders dix ans et huit films apr s L ANGOISSE continue d fendre ce droit Dans un entretien il va m me jusqu dire que c est le plus important au cin ma des choses qui ont le droit de se faire remarquer Et ce moment l il sait de quoi il parle puisqu il vient de passer trois ans de sa vie faire son HAMMETT dans l autre syst me celui o c est le prix ant rieur des choses et des acteurs et lui seul qui leur donne le droit au filmage Le paradoxe du caillou mine de rien divise le cin ma en deux D un c t les films o le cin aste laisse certaines choses le droit de sortir du chaos du bruit et de se faire remarquer pour elles m mes De l autre les films o le travail se fait si loin de la confusion des choses dans une atmosph re d j rar fi e et st rilis e que l on peut tre s r qu aucune singularit ne pourra y advenir en cours de route tout est d j si soigneusement s lectionn et appr t avant filmage que l on retrouvera la sortie du film les ingr dients qu on y a mis et jamais quelle horreur le moindre caillou dans les lentilles La singularit d un visage mais ceci vaut videmment pour les films n a rien voir avec la perfection ce n est m me pas sa beaut qui est de l ordre de l harmonie ds code mais le plus souvent une petite anomalie une subtile dissym trie une l g re disproportion ou encore
47. a ou la t l vision ne visent pas transmettre des messages qui ne contiendraient que de l information De tels messages seraient en effet beaucoup trop lourds supporter pour l auditoire et la limite quasi impossibles d chiffrer Ces syst mes visent plut t transmettre des messages qui seront compris par les auditoires atteints Dans cette optique les messages les plus faciles comprendre seraient ceux dont le degr de familiarit serait le plus lev possible On le r alise tout de suite ce pendant de tels messages seraient videmment totalement d pourvus d int r t Les communicateurs qui utilisent ces deux syst mes tentent donc de construire des messages qui se situent entre ces deux extr mes suffisamment d originalit pour tre int ressants et une quantit limit e d information pour les rendre compr hensi bles 52 Un message comportant un maximum d information risguerait fort de ne pas at teindre son but pour d autres raisons Le bruit ou les distorsions introduites par les moyens de diffusion en arriveraient vite couvrir des parties plus ou moins impor tantes du message et ces parties seraient irr m diablement perdues puisque rien dans ce type de message n est pr vu pour contrebalancer ce genre de pertes Le t l spectateur serait aussi tr s expos perdre un message t l visuel puisqu il risque con tinuellement d tre perturb par son entourage lorsqu il coute la t l
48. a signification au cin ma tome 2 Paris Klincksieck 1972 p 60 2 Birgit Pelzer La Performance ou l int grale des quivoques Performance Text e s amp Documents Actes du colloque Performance et Multidisciplinarit Postmodernisme Sous la direction de Chantal Pontbriand Montr al d Para chute 1981 p 28 3 Dominique Noguez loge du cin ma exp rimental D finitions jalons perspectives Paris Centre Georges Pompidou 1979 p 18 4 Ces propos ont t auparavant d velopp s dans Les Blank rencontre Werner Herzog Parachute no 31 t 1983 p 38 39 5 Roger Odin Mise en phase d phasage et performativit nonciation et cin ma Communications no 38 d du Seuil 1983 p 235 6 Voir ce sujet Dominique Chateau Texte et discours dans le film Voir entendre Revue d Esth tique no 4 1976 Paris U G E 10 18 1116 p 121 139 7 Voir ce sujet Ginette Michaud Fragment et dictionnaire Autour de l criture ab c daire de Barthes tudes fran aises 18 3 f vrier 1983 Les Presses de l Universit de Montr al 8 Dans Michael Snow Parachute no 29 hiver 1983 p 40 Bruce Elder commente suivant l analyse de Derrida les passages du film concernant la primaut et la se condarit de l oeuvre Il analyse aussi de fa on particuli re la probl matique du temps dans SO IS THIS chacun des mots pr sent s isol ment contenant du d j pass et de l ve
49. ait qualifier d anti intellectualiste qui remet en question la va lidit des pratiques th oriques et conduit l appauvrissement g n ral des analyses Le deuxi me atelier cherchait d gager de quelles mani res les institutions cin matographiques sont porteuses de discours et de points de vue th oriques pour arriver saisir comment les diff rentes politiques cin matographiques influencent le d velop pement des films On n glige trop souvent de faire la relation entre le discours des associations professionnelles les politiques gouvernementales et la production con cr te d une poque donn e et il nous a sembl int ressant de baliser un peu cette r fle xion l occasion de cet atelier Le troisi me voulait permettre de faire conna tre autour de l axe pratiques d critures choix des r cits l tat des recherches sur le cin ma telles qu elles s effec tuent aujourd hui Autour d exemples vari s et diff rents les uns des autres il nous a t permis de discerner un certain nombre de tendances analytiques actuellement en cours au Qu bec Ces ateliers furent d entr e de jeu mis en perspective par la communication d Alain Bergala et la pr sentation de son film qui r v laient non seulement une r fle xion pertinente sur le cin ma et une r alisation tout fait singuli re mais aussi per mettaient d tablir de fa on dynamique l articulation entre la th orie et la pratique et de me
50. ant d ann es je pense et D abord densit s pr alables aux sens gu alors elles s exigent et g n rent Je parle en un lieu auquel convergent toutes les th ories o nulle th orie n a plus lieu ternel retour Ainsi parle Zarathoustraram ravi Voir pour un sens critique jalons balises des ann es de notes de fiches de mises en rapports d tablissements de listes de travail pour y vair clair dans me sentir libre en toutes mes contingences angoisses et rires Cin ma th orie et discours J ai parl Luis Bu uel en me parlant moi Salut Panar Salud Hasta la vista Blues clair Salut Gitan Django Reinhardt Salut Javier Krahe qui salue Bu uel dans son disque Aparejo de Fortuna CBS S 253851 16 octobre 1983 16 heures 16 octobre 1970 Loi des Mesures de Guerre au Qu bec je me souviens cinq heures du matin arr t puis dix huit jours en prison 20 L Association professionnelle des cin astes par Pierre V ronneau S e souvient on de l importance de l ann e 1962 dans l histoire de notre cin ma cette poque le cin ma qu b cois en dehors de l ONF a n existe pas Mais l ONF a bouge La production canadienne fran aise comme on disait alors s affirme de plus en plus au plan de la production au plan de la qualit au plan des revendi cations On ne veut plus tre confin au sein d une quipe fran aise on veut obtenir
51. argeur de vue exig e pensons ces deux citations fort connues C est un film juste oui c est juste un film laquelle j ajouterais juste ment c est un film et le cin ma oui mais plus que le cin ma Et pris au mot le mot ces deux nonc s pourtant riches au d part peuvent nous conduire en deux p les extr mes de l analyse la f tichisation ou l occultation du travail du signifiant La pertinence d une analyse la pousse bien d marquer son intervention dans un syst me textuel singulier le film et dans l ensemble d un champ signifiant le cin ma Il faut alors en saisir toute l ampleur comme fait de langage les syst mes d articulation le composant perception nomination iconique symbolique la narra tion et puis enfin ses mati res et formes d expression sp cifiquement cin matogra phiques Sans privil gier outre mesure une grille th orique l on peut percevoir la fragilit de certaines analyses qui ne mettent pas en circulation ne tiennent pas compte ou tout simplement ignorent le travail des diff rents codes Denis Bellemare est professeur de cin ma l Universit du Qu bec Chicoutimi et l Uni versit Laval Un article de Jean Paul Simon dans a Cin ma n 18 nous claire sur les diff rents niveaux d analyse nous en pr cise les pertinences et les domaines Cette s rie d limite le corpus tudi en laborant les distinctions entre fait rilmique l
52. aurait une version fran aise le film glisse lui m me vers le fran ais une suite de dix mots isol s a t t fait d atteindre le chiffre vingt sept Le titre lui m me entra ne le film dans une perspective ambigu impensable Sp cialiste de Perrault de Jodorowski et du cin ma exp rimental Michel Larouche enseigne le cin ma l Universit de Montr al 32 selon un point de vue classique l identit entre le titre du film et le film dans sa tota lit est sugg r e Il faut d abord noter l absence de g n rique et de titre d ment pr cis s Le film commence par la phrase suivante This is the title of the film Apr s avoir annonc que le film durera deux heures Michael Snow ajoute how do you know this isn t lying Plus loin l auteur crit In case you are getting restless this film long title isn t it Le choix de SO IS THIS pour identifier le film provient du passage suivant In 1979 Drew Morey made a film titled This is the title of my film Since this is not his film and the this in his title cannot possibly refer to this this his title is not the title of this film and hence the author Michael Snow of this film decided to retain this title and to include the foregoing reference to this issue in this film This is still the title of this film So is this Le titre se pr sente donc comme tant le mot this de m me que tous les mots du film synecdoque qui devient m
53. clusion Du congr s de 68 sortira un certain nombre d id es la cr ation du Conseil qu b cois pour la diffusion du cin ma le souhait d institutionnaliser la F d ration qu b coise de l industrie du cin ma qui regroupe six associations et le maintien d une A PC revue et corrig e pour laquelle on proposera une nouvelle constitution et un nouveau nom l Association professionnelle des cin astes du Qu bec qui devrait re grouper toute personne qui contribue la fabrication et la diffusion d un film Un tel largissement de d finition permettra d accro tre le membership jusqu 250 personnes Sous la houlette de R M L ger TAPCO parut reprendre de la vigueur Notre but n est pas de suivre ici cette nouvelle association Rappelons seu lement pour m moire qu en mai 71 l APCQ fit para tre son c l bre manifeste auquel j ai fait allusion tant t qu en juin on d battit du sabordement de l APCQ au profit d une association de r alisateurs qu en mars 1972 la question de la r orientation se posait encore et qu en 1973 l ARFQ verra le jour La boucle tait boucl e dix ans coul s le milieu du cin ma divis selon ses int r ts professionnels selon ses int r ts conomiques selon ses int r ts nationaux L unanimit des d buts n avait pu r sister toutes ces pressions L volution de TA PC et des associations en g n ral s articula celle de la production des mesures
54. d un mode d expression fond sur des images en mouvement qui ont comme premi re caract ristique comme on l a souvent fait remarquer de sembler se pr senter comme un ternel pr sent Shifters d ictiques et modulation temporelle tels sont en effet les param tres par lesquels Benveniste a choisi d tablir son distinguo Mais il est une autre fa on d envisager le probl me de l nonciation pour re prendre les termes du titre de l article de Jost surtout si l on a devant soi un texte nar ratif qu il soit scriptural ou filmique Pour ce faire il faut accepter de penser la di chotomie benvenistienne entre histoire et discours pr cis ment comme non di chotomique la suite de ce qu a nagu re propos Tzvetan Todorov C est partir de cette autre fa on d envisager le probl me de l nonciation que nous nous appliquerons d montrer l ventuelle utilit de ces cat gories pour une compr hension des fonde ments narratifs de l expression filmique Il convient de consid rer en tout premier lieu l volution qu a subie la th orie de Benveniste depuis qu elle a t nonc e dans des articles devenus c l bres depuis Les cat gories d histoire et de discours ont t appliqu es au tout d but l aspect stricte ment linguistique de l nonciation peu importe d ailleurs qu elle ait t ou non narra tive C est en fonction de la nature
55. d le texte Le film de Michael Snow est constitu de mots et de signes de ponctuation pour construire des phrases En pr sentant ainsi le d roulement lin aire et continu de l criture alphab tique SO IS THIS se pr sente d abord comme un texte film Mais la d signation des paragraphes New paragraph Third paragraph This is the start of a new peragraph etc fait de ce texte film une r f rence aux l ments cons titutifs de l criture Autrement dit l ordre r gulateur impos par l alphabet devient mati re r flexion travers le conditionnement de la lecture L ensemble des nonc s en paragraphes successifs recr e un bien trange univers fictionnel le film se raconte lui m me parle de ses pr curseurs des im possibilit s d application de la censure manifeste le d sir d tre compris par le plus grand nombre possible de personnes dit qu il y aura une version fran aise etc A cette narration insolite qui vacue la repr sentation s ajoute la pratique g n ralis e du mensonge d s le d but il est pr cis que le film durera deux heures alors qu il ne comporte que quarante trois minutes l auteur affirme qu il va raconter sa vie franchement pour en rester ensuite ce propos il dit qu il va r p ter diff rentes vitesses la m me phrase quatre fois pour ne le faire que trois fois il pr sente un sixi me paragraphe puis un cinqui me apr s avoir affirm qu il y
56. de la singularit contre la tentation de plus en plus grande d un cin ma o les choses les acteurs et les motions sont d j devenus eux m mes leurs propres fant mes ou leurs doubles publicitaires Et c est plus dans les traces de ce combat o ils ont pris le parti de seconder le monde que dans l originalit ou la ma trise de leur programme qu un Godard un Pialat un Eustache un Bresson un Rohmer se r v lent dans leurs qualit s singuli res de cin astes la fa on du ten nisman qui sait bien que c est dans la rencontre effective d un partenaire singulier qu il fera la preuve et l preuve aussi bien aux autres qu lui m me de ses qualit s et de ses d fauts et pas en renvoyant les balles programm es par une machine lancer ni dans un match truqu Pour Godard sans doute l auteur fran ais le plus exemplaire quant cette remise en jeu permanente la r alisation de chaque nouveau film est v cue comme une catas trophe au sens tymologique de bouleversement du programme de l id e du film id al catastrophe dont il essaie de sauver quelques restes mais quels restes en atterrissant sans trop de casse dans une plan te cin ma o tant d autres cin astes se contentent de conduire leurs films dans les rails qu on leur a trac s ou qu ils croient tre trac s Mais revenons pour terminer la question qui se pose crucialement aujourd hui au public dans ses rap
57. e a aussi comme propri t d tre bas sur la re pr sentation figurative et qu il oriente de fa on univoque par le fait d une d signation pr cise la vision du spectateur sur l ext riorit des personnages et leur milieu ambiant l information sur les personnages acquiert lors de son apparition l cran et donc de sa r ception par le spectateur une importance aussi grande pour les personnages principaux que pour les personnages secondaires et n cessite un aussi grand effort de d chiffrement de la part du spectateur En effet devant la mise en sc ne que Carle effectue de la rencontre de Fran ois Paris et Maria ou devant celle de la rencontre de Fran ois Paradis avec l employ e des postes qui il offre un cadeau le spectateur re oit toute l information un m me niveau surtout en d but de r cit o la hi rarchie des divers l ments d information ne s est pas encore pr cis e la lumi re de ce qui vient d tre dit il m appara t que Carle et Fournier n ont peut tre pas suffisamment tenu compte du medium cin matographique au cours de leur travail d adaptation du moins en ce qui a trait cette premi re partie du r cit En effet en plus d avoir install d s le tout d but et en un seul bloc monolithique tr 41 lignes d action qui servent pr senter une multitude de personnages ils se voient tr s bient t pris d velopper ces personnages en un tr s court laps de temps e
58. e a priori qui pr existe l nonc et qui ne se d voile qu une fois mise en situation d nonciation nonc Cette structure organis e en trois paliers d articulation devient l assise d un mod le d analyse consid r comme scientifique dans la mesure o il se distingue de son objet le r cit romanesque ou le r cit cin matographique et qu il est fond sur des concepts op ratoires abstraits les niveaux d articulation de la structure permettant d une part de d couper la ligne d action du r cit en traits pertinents et distinctifs que je nommerai segments d action et d autre part de poser des hypoth ses qui sont v ri fiables dans l objet d analyse Ainsi la ligne d action pr suppose t elle un plan de d veloppement sur lequel elle prend son tendue pour faire jaillir le sens Le plan de d veloppement de l action est donc en m me temps un plan de d veloppement du sens et est constitu de segments imbriqu s les uns dans les autres articul s et hi rarchis s en 3 niveasx celui du pattern troisi me niveau d articulation celui du set deuxi me niveau d articulation et celui de l isolat premier niveau non articul J emprunte cet appareil conceptuel a la fois Edward T Hall qui l a expos dans le cadre d une anthropologie du langage et Fran ois Baby qui l a transpos e dans le champ du cin ma Pour les besoins de ma d monstration je me r f rerai uniquemen
59. e de s curisation provenant de la pr visibilit des ph nom nes et qu elles tendent accro tre le soutien social entre les individus Ces normes se rapportent presque tous les secteurs de l activit humaine Certaines visent les comportements d autres les croyances d autres les con naissances etc et si l on peut dire qu elles voluent avec le temps la plupart du temps c est plut t lentement qu elles progressent Le message lui m me met videmment en cause la question des normes et le r cepteur ne tardera pas valuer si le contenu ou le traitement formel utilis corres pond aux normes ou aux usages La normalit du message est donc la correspondance plus ou moins grande du message contenu ou traitement formel avec la norme l usage ou la fa on de faire couramment utilis s ou accept s Il en va en communication de la normalit comme de la familiarit avec ce pendant une tol rance moins grande du r cepteur pour ce qui va trop l encontre de la norme Cela provient sans doute du fait que l atteinte aux normes rejoint tr s vite les structures d attitudes de l individu et que comme s il s agit de noeuds vitaux du comportement particuli rement stables l individu se sent beaucoup plus rapidement atteint par l anormalit que par la nouveaut La quantit de redondance contenue dans le message Des syst mes de communication comme le cin m
60. e film comme occurence mat rielle et le fait cin matographique le cin ma comme institu tion Les tudes du filmique cin matographique couvrent l ensemble des l ments qui dans le film caract risent le cin ma Ici se distinguent codes sp cifiques non sp cifiques s y exprime une s miotique filmique L histoire des formes styles et r gimes d nonciation s y greffent et y chevauchent analyse textuelle th ories du cin ma une psychanalyse du signifiant institu Film et cin ma ne se rencontrent pas toujours dans la m me sph re de signifi cation Autrement dit le film ne fait pas toujours son cin ma et il n en est pas pour le moins signifiant Ainsi repr sentation discours id ologie narratologie iconologie ne peuvent tre r duits des l ments ext rieurs nous clairant sur le film puisqu ils l articulent le structurent Ces codes non sp cifiques n tant pas du langage cin matographique ap partiennent expriment le fait filmique Est filmique alors tout ce qui le constitue et n en est pas moins cin matogra phique parce que ses degr s de sp cificit sont moindres Toutes les tudes sur l infrastructure cin matographique sous ses divers aspects production diffusion exploitation les crits sur les auteurs les mouvements cin matographiques l ensemble des sociologies du cin ma se regroupent sous le cin matographique non filmique Ce vaste ensemble touche autant des
61. e initiative gouverne mentale se produit au moment o la production atteint un niveau tr s bas Quels que soient les probl mes qui confrontent l industrie cin matographique canadienne le gouvernement a toujours mis l accent sur le nombre des productions Pour lui la quan tit vient en premier et la qualit en second Malheureusement m me si l accroisse ment temporaire de la production fut un des r sultats des initiatives gouvernemen tales celles ci n ont pas cr un niveau de qualit soutenu Nous n avons donc pas pu observer une politique cin matographique f d rale qui se concentrerait pleinement sur les probl mes du contenu et de la qualit La SDICC fut cr e pour soutenir et promouvoir le d veloppement d une industrie du long m trage au Canada Elle commen a par appuyer la production de longs m trages sans se pr occuper de leur contenu On pouvait produire plusieurs films de sexploitation pourvu que leurs profits servent au financement d oeuvres de qualit Il fallait tablir en priorit des compagnies de production aux reins solides Mais cette th orie achoppa au fait que les films de sexploitation ne g n r rent pas les fortunes pr vues Au contraire ils firent na tre de nombreuses plaintes pour mauvais usage de fonds publics Mais lorsque la SDICC essaya de choisir des projets plus res pectables elle perdit syst matiquement de l argent et les investisseurs s vanouirent dans la brume
62. e sens il y a d autres l ments qui agissent sur le r cepteur et l am nent entreprendre les divers comportements d ac quisition et de d codage du message et y pers v rer tout au long de l acte de com munication En d autres termes le message contient bien de l information et de la redondance mais aussi autre chose des l ments qui ont pour effet d activer ou d nergiser le r cepteur et de le maintenir dans cet tat tout au long du d roulement du message Ces l ments sont videmment v hicul s par le contenu mais ils sont nous allons le voir d une nature bien diff rente Nous avons donn ces l ments le nom de structure d activation du r cepteur car il s agit v ritablement de structures contenues dans le message Ces structures sont organis es suivant deux dimensions La premi re est parall le au message On re trouve en effet ces structures tout au long du message de fa on tr s organis e et suivant des r gles qui gouvernent les relations entre chacun de leurs l ments consti tutifs La seconde dimension est perpendiculaire au message et va dans le sens message r cepteur L aussi nous retrouvons un faisceau continu de relations organis es entre les l ments constitutifs de ces structures et le r cepteur Soulignons avant d aller plus loin que les relations message r cepteur ne sont videmment pas les seules en jeu et qu il y en a d autres qui jouent un r le sans
63. e si la SDICC s tait donn de vagues consignes quant l emploi de Canadiens le gouvernement dut introduire un syst me de points pour s assurer que des Canadiens seraient effectivement engag s la plupart des postes importants Ces mesures furent renforcies r cemment pour tre s r que des Ca nadiens contr laient r ellement la production de films r alis s avec l aide directe ou indirecte du gouvernement M me si ce syst me de points est un acquis important il ne contribue en rien solutionner l ternel probl me du contenu des films Les Ca nadiens ne produisent pas automatiquement des films de qualit ni des films qu on re conna t l vidence comme canadiens et encore moins des films qui font des profits Le syst me de pointage assure l emploi de Canadiens c est une mesure conomique I ne fait pas de doute que le f d ral veut la mise sur pied d une industrie cin matogra phique nationale au sens o des Canadiens sont engag s pour r aliser des films Par contre il n est pas clair du tout que les politiques gouvernementales am lioreront la qualit des films qui sont produits C est avec ce probl me l esprit que cette ann e fut cr le Fonds de d velop pement pour la production d missions canadiennes La SDICC administre ce nouveau programme d aide aux missions de t l vision pour enfants de vari t s et dramatiques Pour tablir des compagnies solides on se tourne do
64. en se cr ant Bu uel irr ductible toute th orie puisque c est de l appropriation du moi dans tous les d bordements d chirants d passements qu il s agit L tre et son n ant L art exis tentialisme Cr ation dionysiaque dans les pous illes prom th ennes avec son enfer curieux de et attentif l Autre et l impossibilit d une entente Proposition th orique conteurs du r el entier de la modernit Franz Kafka et Luis Bufiuel Flux nomadismes Comme dirait Gilles Deleuze Dans l exil dans l errance l id e fixe utiliser les conventions qu elles s clatent elles m mes L ordre le ce qui va de soi les mythologies les cultes Au point des b ances s cr t es des paniques infus es Par la copie conforme la faire pulv riser ses g nes dominants le monstre Et alors parvenir un authentique du sujet dans ce qui est Ainsi devenir Comme Kafka Bu uel ne montre que ce qui est phobies et fables avec Pour dire l indicible de l tre Ici citer Hans J rgen Syberberg Ici saluons enfin ensemble Robert Daudelin le H pha stos blue monk et Claude Chamberlan le Jupiter jubilant puisque c est la Ci n math que qu b coise que je d couvre les premiers films de Syberberg dont je vais voir pour la premi re fois le PARSIFAL pendant le douzi me Festival international du nouveau cin ma de Montr al En quelques jours et nuits je lis Parsifal No
65. ent l assembler aux autres seg ments d j retenus C est ce qui agit sur lui dans le message que nous allons tenter de voir maintenant du moins un certain nombre d l ments du message qui agissent sur lui Nous laisserons de c t videmment tous les l ments agissant sur le spectateur et qui viendraient de l metteur directement du m dium ou des autres spectateurs qui entourent notre r cepteur pour nous contenter de saisir certains l ments de l inter action message spectateur qui activent le spectateur et le gardent occup au d codage s mantique et la synth se du message Il faut bien se rappeler qu un syst me de communication comme le cin ma est d une extraordinaire fragilit il est sens cesse menac de tomber en panne car tout moment le spectateur peut toujours se d brancher et se retirer Pour que l on obtienne la synth se du message par le r cepteur il faut non seule ment qu il entreprenne et maintienne les comportements de nature cognitive cit s pr c demment mais aussi toute une s rie d autres comportements de natures tr s di verses Alors se pose la question pourquoi le r cepteur fait il cela et continue t il de le faire pendant toute la projection Une des avenues de r ponse que nous avons voulu explorer repose sur l hypoth se que le message contient plus que son contenu strictement s mantique Outre le sens ou je devrais dire plus exactement travers l
66. es choses et c est d elle toujours que tu devras repartir La musique et la litt rature travaill ient sur un mat riau d j chiffr d j d gag de la rumeur cacophonique et du grouillement du monde Le ci n aste seul aurait construire ses messages et ses jeux de signes partir de cette singu larit irr ductible des corps des choses concr tes Il serait contraint de les discerner une une dans le chaos du monde o aucun corps n est jamais identique un autre o chaque caillou est unique avec ses instruments de reconnaissance lui la cam ra et le magn tophone Un Bresson ou un Godard ne l ont jamais oubli mais on pour rait aussi bien citer Pialat ou Wenders Pourtant dans le combat entre le cin ma comme mise en formes et le chaos du monde on pourrait dire pour paraphraser Kafka qu il est de moins en moins de ci n astes qui secondent le monde Paradoxalement ce sont pourtant ceux qui ont au jourd hui le plus de chances de sauver le cin ma de son devenir ex cution de programmes standards et de se sauver en tant qu auteurs Si ce n est pas le cin aste qui seconde le monde il n y aura personne d autre pour le faire dans un processus la fabrication du film o rien ne fait plus peur que ce qui pourrait chapper au programme ou lui faire obstacle le bruit l accident le caillou qui insiste pour se faire remarquer Toutes les forces qui entrent en jeu dans les diff
67. es se r alignent pour le travail militant poli tique et la production diffusion de films de propagande 14 Cette analyse ou ce reproche aux films de n tre pas sur des positions r volu tionnaires marxistes l ninistes a conduit deux cons quences de taille 1 l crasement radical et sectaire du cin ma qu b cois politique et progressiste 2 le rejet ou la mise de c t de plusieurs tendances ou th mes dans les cin mas qu b cois et trangers progressistes D j dans le premier num ro c est LE M PRIS N AURA QU UN TEMPS qui subira l autopsie La d marche du film y est il expliqu a n glig de rendre visible la lutte de classes pourtant inscrite dans certains propos de travailleurs et a plac au premier plan des pr occupations humanistes qui l ont masqu e La valeur du M PRIS en d finitive d pend de son utilisation Le film doit tre montr son importance historique l exige mais il faut le prolonger par un d bat C est donc bien en termes d utilit qu il faut le voir p 74 Ce point de vue se continue dans le no 2 pour tre utile la classe laborieuse il ne suffit pas p 86 et jusqu au no 4 dans la fiche du film Ce dernier num ro d ailleurs fait le m me sort aux GARS DE LAPALME ainsi qu FAUT ALLER PARMI LE MONDE POUR LE SAVOIR dont on jauge mal qu il est un des rares films qu b cois l poque parler de la Crise d octobre
68. eurs hollywoodiens r ussiront bloquer cette l gislation au moyen de recours ju ridiques ou d un boycottage du march qu b cois De toute mani re les distributeurs hollywoodiens poss dent une longue exp rience sur la fa on de prot ger leurs revenus de par le monde m me dans les pays qui imposent un s v re contr le des changes Malheureusement le Qu bec ne repr sente que 20 du march canadien Il vaudrait mieux que les gouvernements provincial et f d ral concertent leurs efforts Pour la majorit des films distribu s en salles l exploitant conserve au moins la moiti des profits C est ce niveau que le gouvernement f d ral peut agir effica cement Famous Players est en vente S il est acquis par des Canadiens on ne peut en attendre rien de mieux que ce qui s est pass avec Odeon Mais le gouvernement devrait songer s rieusement acqu rir 50 de Famous Players Les revenus qu il tire rait de sa part de propri t pourraient servir subventionner un certain nombre de petites salles qui font partie des grands complexes multi salles qui appartiennent Famous Players Ces petites salles pourraient pr senter des films canadiens exclusi vement Elles pourraient accueillir les surplus des grandes salles En cas de succ s d un 30 film canadien celui ci pourrait tre transf r dans une salle plus grande l int rieur du m me complexe sans n cessit de modifier la publicit On assurerait ain
69. f production continue d incertitude pertinente le communicateur doit d s le d part cr er une incertitude chez le r cepteur et l entretenir tout au long de l acte de communication par le d roulement d un axe d incertitude pr cis et d fini En d autres termes le message doit tre construit comme une succession de r ponses quelques grandes questions sous jacentes qui lui serviront d pine dorsale Il ne doit pas oublier non plus que d s qu il n y a plus d incertitude chez le r cep teur la communication cesse Il doit donc veiller ce que le r cepteur n obtienne pas les r ponses cherch es trop pr matur ment dans le message o que s il les obtient il doit cr er de nouvelles incertitudes sans tarder Le communicateur dispose cet effet de trois m thodes principales 1 annuler une certitude existant d j chez le r cepteur 2 amener le r cepteur ramener l avant plan une incertitude latente qui existait d j dans son esprit mais qu il n avait pas forc ment pr sente l esprit au moment de l acte de communication 3 r unir un certain nombre d l ments certains mais dont la r union est elle con joncturale La familiarit avec le message En communication l incertitude dont nous avons parl pr c demment est en quelque sorte une forme de perturbation appliqu e l quilibre cognitif du r cepteur Ces perturbations ou ces menaces am neront rapidement le
70. griefs des cin astes contre l ONF Comme le disait en avril Cot Une industrie du cin ma ne cr e pas n cessairement des chefs d oeuvre mais elle en est la chance c est pour cela qu elle est n cessaire videmment on peut s tonner d une telle na vet mais il ne faut pas oublier qu en 64 il s agissait de cr er une alternative pour que s panouissent les possibilit s multiples que les Groulx Carle Jutra Lamothe Godbout etc por taient en eux 23 Cette revendication de APC est remise de l avant d ann e en ann e de pr sident en pr sident Godbout Perron Mais les d ceptions guettent l Association Le combat qu elle m ne d s 1964 pour que l industrie priv e qu b coise recueille une miette des retomb es cin matographiques de l Expo 67 se solde par un chec total presque tout va l tranger et en Ontario Plus profond ment de par ses orientations globales APC ne semble pas plusieurs un bon outil de d fense professionnelle par ailleurs ses r glements limitent l acc s de nombreux techniciens les moins cr a teurs il va sans dire En 1964 le Syndicat g n ral du cin ma qui devient le SGCT en 1965 voit le jour et est con u l origine pour repr senter autant l ONF que le priv En 1966 les producteurs fondent l APFQ Progressivement l 4PC devient de fait une association de r alisateurs Au fil des ans toutefois ses revendications demeurent
71. h orie impossible sans sentir la motivant Claude L vesque Le puits d ternit dans L tranget du texte ditions vlb et Union g n rale d ditions collection 10 18 1256 Rien ni personne ne peut s approprier et ma triser le Dehors le replier et le circonscrire dans le concept il est ce qui toujours s exclut de tout discours ce qui toujours diff re de se pr senter dans la pure parole tant cela m me qui ouvre l espace n cessaire tout discours et toute exp rience Claude L vesque 18 Citations informations et nommer Par exemple la Bertolt Brecht Dans Bufiuel que hante le mythe de l andro gyne s amorcent pour moi Claire Lejeune Juliet Berto Paule Baillargeon Jamais un symbole jamais un slogan dans un film de Bu uel qui travaille comme un entomologiste et un chirurgien saisir et s exposer l me Po sie la plus in carn e ne rien d voiler que ce qui existe fantasmes compris dans la d mesure de sa dissolution son devenir Rien que ce qui est et les ab mes du moi s y forgeant en s y di sloquant Rire du labyrinthe o se faire tre seulement montrer par la fa on de le montrer le moi dans le monde de son exclusion De L GE DOR et TERRE SANS PAIN LE CHARME DISCRET DE LA BOURGEOISIE et CET OBSCUR OBJET DU D SIR un m me cri et son clat de rire de r sistance quelque loi que ce soit tous les multiples d une critique
72. i res livraisons furent publi es par et avec le C I P Comit d Information Politique fond en 1969 devint plus tard le Cin ma d information politique Malgr qu on lui ait souvent reproch d tre inaccessible aux ouvriers et aux pro l taires Champ Libre n a jamais cach sa composition de petits bourgeois pro gressistes ni sa destination aux intellectuels petits bourgeois Qcin astes cin philes tudiants animateurs professeurs surtout les progressistes et les militants qui ten taient de se lier aux travailleurs de rejoindre par la lutte id ologique certaines couches de travailleurs n 3 pp 6 8 Critique de cin ma membre de la r daction de Format Cin ma professeur au Coll ge Montmo rency R al La Rochelle pr pare l Universit de Grenoble un doctorat sur une industrie cultu relle celle du disque 13 Rappelons les objectifs de base de Champ Libre a ses d buts 1 prendre la mesure d un certain nombre de films faire conna tre ces films essentiels souvent occult s par la distribution 2 faire participer la critique qu b coise aux efforts r cents pour constituer une th orie et une p dagogie du cin ma et en particulier pour mettre en lumi re le ca ract re id ologique des films et leur r le politique 3 analyser ventuellement d noncer tous les rouages de l organisation du cin ma instrument et miroir par excellence de la domination conomique et culturelle
73. i ternels prototypes d une compulsion de r p tition plus qu historique la mesure de notre r sistance m morielle La th orie pourrait tre alors une transgression d une pratique bloqu e 1 Octave Mannoni a n emp che pas d exister Paris d du Seuil 1983 2 Parenth se de Denis Bellemare 12 L exp rience de la revue Champ Libre par R al La Rochelle E pr parant cette intervention sur l histoire de Champ Libre Jai re d couvert que en 1972 je m tais fait critiqu d avoir des positions tiers mondistes plut t que marxistes l ninistes que j avais parl avec Gilbert Maggi de la situation politique du cin ma qu b cois et du cin ma qu b cois tout court en me contentant de pleurer sur mon sort et sur celui du monde et de r ver la soci t id ale utopique la quelle j aspirais Qui plus est mon texte s avouait d embl e sur des positions tiers mondistes Cette critique venait de Champ Libre n 3 p 17 m me peine un an apr s que le directeur de Cin ma Qu bec de son c t m tiquetait plut t comme d autres de marxiste sorti de S quences Cette anecdote montre que vu sous un certain angle le marxisme th orique et pratique de Champ Libre a toujours paru net entier monolithique Cependant y regarder de plus pr s et avec le recul on peut noter que l exp rience de Champ Libre a subi en deux ans des transforma
74. ifeste dans leurs m moires Mais auparavant il faut aussi rappeler que 1964 c est l ann e de la grande crise des cin astes qu b cois l ONF que cinq d entre eux publieront dans Parti Pris des textes d non ant l impossibilit de faire li brement des films l ONF et de traduire tous les domaines d int r ts du Qu bec Les pr occupations de ces cin astes se refl teront d une mani re ou d une autre dans les m moires de TAPC En effet Tan 64 pour APC c est celui des m moires Quatre en fait que j nu m re par ordre chronologique F vrier M moire pr sent au Secr taire d tat du Canada vingt deux raisons pour lesquelles le gouvernement du Canada doit favoriser la cr ation d une industrie de cin ma de long m trage au Canada et s inqui ter des cons quences conomiques et culturelles de l tat actuel de la distribution et de l exploitation des films F vrier Mesures que l APC recommande au gouvernement du Canada pour favoriser le d veloppement d une industrie du cin ma de long m trage conform ment aux int r ts conomiques et culturels du pays Mars M moire pr sent au premier mi nistre du Qu bec mesures d ensemble que APC recommande au gouvernement du Qu bec pour favoriser le d veloppement d une industrie du cin ma de long m trage con form ment aux int r ts conomiques et culturels de la population Octobre M moire pr sent par APC au Comit de la radiodiffusio
75. ifs de ma recherche et le sens que je lui ai donn m ont amen faire l inventaire et mettre en relation les m moires et les multiples positions du milieu ci n matographique qui ont balis les nombreux parcours qu adopt rent les gouver nements du Qu bec pour en arriver la loi 109 sur le cin ma Si jai consacr mes re cherches au secteur de la production secteur qui comprend aussi bien les r alisateurs que les producteurs les techniciens que les com diens ou les maisons de services c est que j ai le sentiment profond que c est de la production que sont issues la plupart des pressions qui auront amen le gouvernement l gif rer sur le cin ma et que les sec teurs de la distribution et de l exploitation se sont toujours retranch s dans une quel conque forme de r sistance l intervention gouvernementale D autre part il m appa raissait important de souligner les multiples contradictions qui existent entre les diff rents partenaires du secteur de la production contradictions qui ont toujours eues tendance tre n glig es secondaris es voire m me occult es cause des positions dominantes de la distribution et de l exploitation dans un domaine qui rel ve de l duca tion et de la culture Dupuis note que la La cr ation de la Soci t de d ve loppement de l industrie cin matogra phique canadienne en 1967 marque un pas majeur dans l intervention du gouver nement f
76. iller le caillou le polir pour qu il puisse prendre sagement sa place c t des autres devenu enfin semblable aux autres dans une s rie que le mixage et l talonnage s efforceront de rendre toujours plus homog ne Le tournage est donc le seul moment dans ce processus de fabrication o quelque chose de singulier ait l occasion de pouvoir s inscrire dans le film avec quelque chance d y rester en bout de cha ne S il faut donc insister sur le filmage c est qu il n est pas d autre tape de son travail o le cin aste soit en tat de pouvoir seconder le monde au lieu d tre l ex cutant de son propre programme de film Reste qu il y a beaucoup de tournages o l on est s r au premier coup d oeil que le caillou n a aucune chance a se juge au premier coup d oeil Dans un entretien la radio Jean Fran ois St venin parlait propos de PASSION de ces tournages de d m nageurs dont Godard a horreur o la pr paration de chaque plan ressemble plus un d m nagement ravageur qu la mise en place des conditions d une capta tion v ritable Et les d m nageurs ont horreur des cailloux qui ne sont pas inscrits dans le devis St venin parlait de cette fameuse troisi me prise dans les tournages en ext rieurs r els qu il a baptis e la prise d apr s la fin du monde force de s agiter de crier et de d m nager la rue la plus passante devient aussi vide et artificielle
77. ilm ne couvrait pas ses frais Il n y avait pas de P re No l On dit m me que depuis lors plusieurs de ces producteurs instantan s craignent de rendre visite un dentiste M me si le gouvernement resserra ses r glements pour pr venir les abus vidents son action vint trop tard Maintenant les investissements priv s dans l industrie cin matographique proviennent g n ralement de quelques professionnels qui connaissent les risques qu ils prennent et pour qui les encouragements fiscaux sont secondaires Au f d ral l amortissement du co t de capital a maintenant t r duit 50 pour la premi re ann e et 50 pour la seconde Au Qu bec les effets de cette mesure ont t compens s par la volont du gouvernement de hausser 150 l investissement d ductible Cela cr era peut tre un engouement passager pour la production cin ma tographique qu b coise mais aura peu d influence long terme Les films devront faire des profits que ce soit au guichet ou par des avances gouvernementales pour attirer l avenir l investissement priv Le cauchemar des d ductions fiscales a mis en lumi re une importante question de politique En plus des probl mes d j d crits le gouvernement f d ral a d couvert que laiss s eux m mes dans l industrie cin matographique les entrepreneurs tendaient simultan ment engager le plus souvent possible des trangers et cacher l origine canadienne des films M m
78. ilmiques Ainsi du cin ma d construit du film dysnarratif etc qui fonctionnent plein sous le r gime du discours laissant avec peine transpara tre l histoire d un monde racont qui ne se donne pas le moindre air d autonomie Le r gime de l histoire pour ne prendre qu un exemple c est le cin ma d une cer taine part des n o r alistes italiens dont le projet un des projets est de ne recourir au montage que dans les cas o cela s av re absolument n cessaire alors que le r gime du discours c est une certaine part du cin ma sovi tique qui n h site pas arr ter le 44 flux narratif de l histoire pour permettre l irruption intempestive de l instance racon tante qui s affiche par ses commentaires ventuellement ironiques les harpes d OC TOBRE sur le monde racont Tout ce qui pr c de s applique tout aussi bien moyennant quelques ajustements tout message narratif quelle que soit la ou les mati re s d expression mise s en jeu Il est cependant un aspect du probl me qui reste sp cifique la narration filmique et par lequel le cin ma ou plut t le r cit filmique se diff rencie des autres arts nar ratifs C est que le film se pr sente ontologiquement pour reprendre un terme cher Bazin comme le r sultat d une tension dialectique continuelle entre l histoire et le dis cours en raison de la nature m me des relations de cons cution d images constitut
79. imer avec d infinies pr cautions mais d liminer tout prix la v ritable singularit Le message publici taire Jen parle ici comme d un mod le parfait d ex cution de programme vers lequel lorgne tout un pan du cin ma d aujourd hui ne c l bre jamais la singularit du corps ou de l objet dont il met en sc ne la fausse piphanie car cette singularit renverrait chaque spectateur sa propre unicit l angoisse de son propre d sir mais elle met en sc ne au contraire le fait qu il est imm diatement reconnu comme d sirable par les autres la limite par tous nous d livrant ainsi des errements et de la solitude du choix d objet La v ritable singularit n a jamais eu contrairement aux standards programm s la vertu de rassembler de faire communier le plus grand nombre Ce n est pas une valeur euphorisante ce n est m me pas une valeur du tout Elle est toujours affaire d affect et de jugement eux m mes singuliers Et c est peut tre ce qui fait peur au spectateur d aujourd hui qui ne va plus au cin ma pour s y risquer une exp rience un tant soit peu personnelle pour ne pas dire existentielle mais pour se couler au mieux dans une motion ou un plaisir standards dont il sait qu il ne l affecteront pas en pro fondeur Car ce n est peut tre pas tellement d incuriosit qu il s agit mais d un v ri table refus si le public d aujourd hui se refuse aux films de la sing
80. interaction entre les personnages principaux les Chapdelaine Fran ois Paradis Eutrope Gagnon Par ailleurs ce premier segment narratif qui met aussi en sc ne certains personnages secondaires et d crit certains lieux g ographiques et la nature environnante permet de situer au passage le milieu dans lequel volueront les person nages principaux Le langage crit ordonne tous ces l ments en succession et le lecteur les d couvre un la suite des autres la fin de ce premier segment d action tous les personnages principaux sont en place bien qu on ait peu d information leur sujet et la relance du r cit est assur e par la visite prochaine de Fran ois Paradis attendu chez les Chapdelaine En ce qui a trait l adaptation cin matographique les premiers segments d ac tion acqui rent une assez grande importance proportionnelle puisqu ils constituent pr s d un quart du film soit 24 minutes L action qui est passablement transform e par rapport celle de la premi re partie du roman de H mon subit donc un genre d extension dont la fonction principale est de pr senter d s l abord les personnages et le milieu dans lequel ils volueront En effet l entrelacement des trois lignes d action permet de donner aux spectateurs une tr s grande quantit d information relative aux personnages principaux et m me aux personnages secondaires le spectateur est ainsi rapidement fix sur leur physique leur ide
81. ion narra tive et nonce sa position de locuteur de narrateur D o le sch ma suivant MONDE RACONT INSTANCE RACONTANTE histoire discours j C X Chaque l ment d un film et en fait de toute autre forme narrative est r v la teur d un des p les de la tension qui donne naissance au r cit et fournit de l infor mation soit sur le monde racont soit sur l instance racontante Aussi est il possible par exemple de raconter une histoire l histoire du monde racont en faisant en sorte que l autre p le de la tension narrative l instance racontante qui pourtant est l ori gine de la communication narrative soit pratiquement absente en apparence du moins du message narratif Tel est le cas par exemple de ce que l on a appel le cin ma de la transparence et dont Bazin s est fait l ardent d fenseur ainsi nomm parce que pr cis ment l instance racontante pourtant situ e entre le spectateur et le monde racont choisit de s invisibiliser au maximum de devenir transparente le spectateur voit le monde racont travers elle sans la voir C est le r gne du r gime de l histoire pour reprendre une expression de Metz Dans d autres cas l oppos l instance racontante choisit de r gler son degr d mergence de telle sorte qu elle s affiche de mani re relativement intempestive comme origine illocutionnaire des nonc s narratifs f
82. is celle de Laura Chapdelaine aux f tes du Nouvel An et enfin au choix d un mari pour Maria Cette technique du montage altern est aussi utilis e au tout d but du r cit filmi que alors que Fournier et Carle ont choisi de pr senter trois lignes d action qui se d veloppent parall lement et constituent trois patterns d action distincts 1 lattente du retour de Maria P ribonka par sa famille 2 le retour du camp de Fran ois Paradis et des b cherons 3 le voyage de retour de Maria sur le Lac Saint Jean Ces trois lignes d action convergent vers un seul et m me lieu P ribonka et le specta teur est en mesure de pr sumer de leur convergence ventuelle L action du d but du roman s chafaude diff remment puisqu elle n est consti tu e que d un seul pattern d action le retour de Maria P ribonka Le narrateur om niscient du roman oriente le r cit sur l interaction entre Maria et son p re venu l ac cueillir au village de P ribonka Alors que le film met l accent sur les trois patterns l attente le retour de Maria le retour de Fran ois le roman nous pr sente Maria son arriv e Qui plus est la rencontre avec Fran ois Paradis bien qu essentielle pour la poursuite du r cit roma nesque est beaucoup plus discr te que dans le film Elle est trait e de fa on beaucoup plus incidentelle quasiment fortuite ce stade du r cit romanesque l action privil 40 gie l
83. ival du film de Montr al troisi me dition le premier festival du cin ma canadien une ini tiative importante qui permet notre cin ma d avoir pignon sur rue en fran ais au contraire des Canadian Film Awards et qui devrait en favoriser la compr hension et l appr ciation Cette ann e l galement plusieurs cin astes actifs au sein de l APC fondent Connaissance du cin ma l embryon de la Cin math que qu b coise une preuve s il en est besoin que le cin ma qu b cois ne se voulait pas ferm sur lui m me et sur son pr sent mais ouvert au monde entier cf le r le du FIFM et la culture ci n matographique Cette ann e l aussi le Conseil d orientation conomique du Qu bec publiait un m moire en 5 volumes sur le cin ma Cin ma et culture tude cri tique et statistique du cin ma mondial L industrie du cin ma au Canada et au Qu bec Rapport sur le projet de classification Esquisse d un plan pour la cr ation d une indus trie de long m trage au Qu bec une s rie due beaucoup l inspiration et la plume d Arthur Lamothe et Guy L Cot une s rie d une importance fondamentale pour comprendre le milieu cin matographique qu b cois sous la r volution tranquille Cette ann e l Andr Gu rin prend la direction du Bureau de censure et de l Office du film de la province de Qu bec ce qui marque d abord un premier regroupement des services administratifs cin matographiques du gouver
84. ives du cin ma Si bien qu il peut tre justifi d avancer que le r cit filmique est le produit de deux couches narratives superpos es relativement ind pendantes l un de l autre On parle de cons cution d images deux niveaux diff rents au cin ma la succession des photogrammes qui donne naissance au plan et la succession des plans qui donne naissance la s quence ou au syntagme Roman Gubern a choisi d appeler la pre mi re articulation entre photogramme et photogramme et la deuxi me arti culation entre plan et plan Chacune de ces deux articulations au sens non linguis tique du terme est le produit de deux op rations distinctes au cin ma le tournage pour la premi re et le montage pour la deuxi me D o le sch ma suivant DOUBLE ARTICULATION AU CIN MA om m kam E m m i om mm o E E E E E aE a a E a 4 et i 4 A A bal 4 t E KEH k E R K g ti pi 4 4 4 4 4 4 1 articulation entre photogramme et photogramme 2 articulation entre plan et plan collure Or chacune de ces articulations produit un effet diff rent au niveau de la r cep tion spectatorielle Dans les conditions de r ception telles que mises en place par l Ins titution cin matographique et sauf accident de parcours ou encore volont expresse de la part de l instance de production du film l articulation entre photogramme et photogramme est absolument invisible e
85. jours vivant Comme Socrate le film remet en question les formes de communication qui conservent un caract re d objet dont l criture la peinture le cin ma La transgression que SO IS THIS fait de toutes normes afin d voluer vers le performatif r pond cette coh rence et pro clame par induction la n cessit de nouvelles formes de communication pour un monde en mutation Il rejoint l opinion de Jodorowsky qui refusant toute forme de pens e aristot licienne cite Korzybsky Le langage ce sont les cartes de la r alit mais nous utilisons de vieilles cartes Ce n est pas le territoire Il correspond la pens e de nombreux praticiens et th oriciens qui oeuvrent dans le champ de l art d au jourd hui Dire des films exp rimentaux qu ils sont des oeuvres de la th orie filmique la fois pure et appliqu e est la fois vrai et faux lorsqu on tudie SO IS THIS Cette proposition achoppe la croyance que la validit d une th orie se reconna t son uni versalit Si on rejette l empirisme philosophique et qu on admet des niveaux d intelli gibilit tout un r seau de corr lations se tisse travers le film l gard duquel on peut d s lors parler de th orie Mais il faut toujours garder l esprit que dans le cin ma exp rimental on ne peut parler que de th ories des cin mas photo Pierre V ronneau Esther Pelletier Michel Larouche 1 Christian Metz Essais sur l
86. les r seaux de t l vision Dans le cas des r seaux priv s il ne serait pas surprenant de constater que les lues poss dent des liens avec ceux ci ou peuvent d une fa on ou d une autre leur rendre des services Donc tous les probl mes qu on conna t vont demeurer les m mes Dans le cas de CBC et Radio Canada ces so ci t s pourront recevoir une aide gouvernementale directe condition qu elles l inves tissent dans la production priv e Autrement dit cette nouvelle entente permet seule ment aux r seaux publics et la SDICC de se renvoyer mutuellement le bl me pour tout probl me qui surgira En orientant sa politique du film vers la t l vision le gouvernement a au moins commenc se poser le probl me de la distribution En 1975 certains ont fait bri ve ment l effort d ouvrir leurs salles aux films canadiens Famous Players et Odeon ac cept rent volontairement de pr senter quatre semaines par ann es du cin ma ca nadien Famous Players tenta de respecter cette entente mais Odeon fit peine un effort ironiquement l acquisition d Odeon par des int r ts canadiens se solda par l limination de ce minuscule effort Cette exp rience aurait d profiter au gouver nement canadien Il aurait d comprendre que l entreprise priv e est mle princi palement par la recherche de profits et que chacun de ses gestes se mesure son effet sur le profit La propri t canadienne n entra ne pas automatique
87. m Le paradoxe du caillou hante plus d un film moderne Vers la fin de L AN GOISSE DU GARDIEN DE BUT AU MOMENT DU P NALTY Joseph Bloch rencontre un huissier qui est en train de dresser un proc s verbal de saisie Il en profite pour sortir de sa poche un caillou qu il a ramass dieu sait o et demande l huissier s il vaut quelque chose L autre prend sa question tr s au s rieux et se met lui expli quer comment il reconna t les objets Quand je vois un objet par exemple une machine laver que je dois saisir et que je ne connais pas encore Jen demande le prix Quand je revois l objet je ne le reconnais pas son aspect ext rieur les touches des dif f rents programmes par exemple mais toujours la somme que l objet co tait quand je l ai vu pour la premi re fois Je me souviens bien du prix Ainsi je reconnais chaque objet Mesur cette aune le caillou de Bloch tout singulier qu il soit ne vaut videmment rien du tout et m me pas la pellicule qu il a fallu pour le filmer Il y a de plus en plus de cin astes qui raisonnent comme l huissier et ne reconnaissent les choses filmables les fictions les acteurs les d cors qu au prix qu elles ont ant rieurement au filmage On aurait dit dans une poque pas si lointaine la valeur d change encore que la singularit v ritable des choses chappe aussi leur valeur d usage Ces cin astes l refuseront toujours au caillou a v
88. me de l objet Au del du texte le film Le spectateur se voit ainsi confront une logique id ographique par la cr ation d un nouveau rapport du mot l espace Les mots sont photographi s pour remplir l cran dans le sens des coordonn es verticales horizontales de cette fa on les di mensions des lettres changent selon que le nombre de lettres dans le mot varie Mais le mot attenuated appara t encore plus petit que ne l exige cette logique et le mot big plus gros Quant au mot Braille dans la liste des mots isol s il occupe la partie sup rieure droite de l cran Les mots sont en g n ral s par s par des inter valles dont la dur e varie selon des lois qui ob issent tant t aux n cessit s de la lecture les intervalles sont plus longs entre les phrases que les mots tant t la qualit de ce qui est dit ainsi les intervalles entre les mots formant l expression word after word sont tr s courts alors que celui qui suit l expression on the screen est particuli rement long Et lorsque pr s des deux premiers tiers des nonc s sont repris une tr s grande vitesse la plupart des mots se suivent l un l autre directement sans intervalles La dur e de chaque mot r pond bien entendu la m me logique Pour ne citer que quelques exemples les mots late et Warning sont pr sent s plus longtemps que ne l exige leur lecture alors que les mots Priority is e
89. ment la subordi nation des imp ratifs de profits quelque id al national mon avis on a accumul assez d erreurs depuis 15 ans pour en tirer quelques le ons L aide gouvernementale devrait tre attribu e chaque film pour des raisons artistiques ou des raisons conomiques mais non pour les deux S il arrive qu un film subventionn pour des motifs conomiques se r v le un succ s artistique tant mieux R ciproquement il serait merveilleux que des films de qualit fassent des recettes et cr ent des emplois N anmoins le gouvernement devrait faire la distinction entre ces deux sortes d aide Ainsi il serait facile de d terminer les priorit s qui s appliquent tel film en particulier et quelle aulne l valuer apr s coup Qu un film soit aid pour des raisons conomiques ou artistiques je crois que ces d cisions devraient tre prises par un individu plut t que par un comit Je crois que les comit s ont tendance choisir les projets soumis par des cin astes tablis qui tombent dans la moyenne Les comit s liminent les pires projets mais se m fient des projets les plus innovateurs et ceux soumis par les jeunes cin astes Si elle veut se d velopper et grandir il faut que notre industrie cin matographique innove Si des indi vidus prennent des d cisions responsables il devrait en avoir plusieurs qui oeuvrent de fa on ind pendante pour qu on puisse confronter leurs choix ult rieurement
90. mpression de l ARFQ qu elle aussi est et on attend une politique coh rente de la cin matographie au Qu bec C est en octobre 1978 qu est publi Vers une poli tique du cin ma au Qu bec et c est en d cembre qua lieu la conf rence socio conomique sectorielle sur les industries culturelles au pouvoir Durant deux ans on demande On retrouve dans le livre bleu un certain nombre de propositions billetterie na tionale visa dont le co t varierait selon le nombre de spectateurs etc qui ne verront pas le jour cause des contradictions existant dans le milieu Le SNC lors de son premier congr s de mai 75 avait exig le pr l vement de 30 du profit net r alis au Qu bec par les films trangers et demand des mesures de contingentement du temps cran En mars 79 il r it ra ces demandes on voulait que les profits des Am ricains soient r investis au Qu bec Le SNC trouvait que la formule des visas tait un moyen pour toucher les majors et nous f mes les premiers dire a Les r alisateurs ont em barqu par la suite Les producteurs ont t plus r ticents car ils s occupaient moins de culture que d argent Il faut dire que ce sont le SNC et TARFO qui ont toujours maintenu des exigences culturelles sur la question cin matographique relles Les attitudes du milieu face la CECA varient face au rapport qu elle remet en juin 82 aussi Exactement un an plus tard la loi 109 sur le cin ma es
91. n Michael Snow so it s him Vers le spectateur D s le d but SO IS THIS s adresse directement au spectateur Il l avertit qu partir du d roulement lin aire conventionnel de l criture le film va d boucher sur autre chose Perhaps after a while this word after word system will change into so mething else et que cet autre chose se situe au niveau du processus d nonciation Well take this s word for it this is the way it s going to be Effectivement en uti lisant la r f rentialit de fa on circulaire ou en spirale la faveur d une d rive g n ra lis e SO IS THIS r alise l effet performatif le processus de l nonciation l empor tant la fois sur l nonciateur cin ma narratif classique et l nonc films de Duras Syberberg Schroeter Straub etc Toute parole dit Birgit Pelzer acquiert au del de son sens une certaine force d nonciation Or lacte plus pr cis ment performatif constitue l nonciation par excellence justement en tant que l nonciation est toujours en exc s sur l nonc Un tel exc s le fait pr cis ment acte 34 Coh rent avec l effet performatif qu il suscite le film ne se contente pas d orien ter le spectateur raisonner le syst me d une oeuvre se disloquant par m thode il ram ne la signification fondamentale de l oeuvre un processus l mentaire de per ception D s la troisi me phrase
92. n est m diatis e qu une seule fois sous forme cin matographique Cependant du point de vue de l intertextualit c est dire du point de vue des rap ports entre le film et les syst mes de r f rence qui lui sont externes la vision de l non ciateur v hicul e par le film issu du sc nario de cr ation n est en fait elle aussi qu une autre forme d adaptation puisqu elle proc de de la transcription des syst mes de repr sentations que la soci t produit L nonciateur adapte en quelque sorte les repr sentations collectives d une communaut culturelle donn e en une vision particu li re la sienne Ces quelques pr cisions me permettent maintenant 1 de relativiser la dichotomie sc nario d adaptation sc nario de cr ation puisque comme je viens de le d montrer ces deux instances interviennent de fa on conco mitante dans la proc dure de l nonciation 2 d axer ma recherche sur les ph nom nes d adaptation cin matographique vers l tude comparative des lois de structuration des diff rents syst mes mis en rela tion dans l acte de cr ation d un film tant donn le cadre restreint de cette analyse je ne pr tends pas me livrer une tude susceptible d puiser tous les l ments de structuration constitutifs d un sys t me cin matographique et d un syst me litt raire Je me limiterai tout au plus l analyse de la structure globale des deux syst mes ce qui me
93. n 1964 c est aussi l ann e o le nouveau pr sident Guy L Cot prononce une s rie de communications qui reprennent en r sum le contenu des m moires Que disent ils 22 Rassurez vous je ne vais pas les r sumer ce serait trop long Seulement indiguer leurs principales revendications Une chose est claire et tient en entier dans le titre du premier m moire de f vrier on se bat pour le long m trage pour l industrie et contre les structures actuelles de distribution et d exploitation des films Pour parvenir ces fins on revendique peu pr s la m me chose Qu bec et Ottawa par exemple ici une Direction g n rale des industries du cin ma et l un Centre canadien de cin ma tographie ici et l des mesures de taxes de contingentement de fonds de soutien etc Bref on ne s enfarge pas dans les querelles de juridiction On en prend acte Plus fondamentalement en ce qui concerne la distribution et l exploitation on r clame la canadianisation des entreprises une mesure qui ne verra le jour qu en partie avec la loi qu b coise de 1983 de toute mani re la d nonciation des int r ts am ricains sera un des leitmotive des renvendications de l APC une ligne de d marcation entre ses membres une ligne de rupture donc qui aboutira en 1971 avec le manifeste de l 4 PCQ Le cin ma un autre visage du Qu bec colonis des nonc s politiques plus radicaux impossibles envisager dans APC h t rocli
94. naison des plans entre eux Le syst me filmique poss de ainsi comme on le sait la propri t de placer le spectateur dans une situation o il doit absorber une masse importante d information dans un laps de temps restreint sans que celui ci n ait aucun contr le sur le d bit de la transmission de l information Il s agit l d une situation inverse celle dans laquelle est plac le lecteur du roman qui peut pour sa part contr ler sa guise le d bit de la communi cation Dans la premi re partie du film de Carle l information est fort abondante Elle est livr e aux spectateurs en trois masses distinctes que ceux ci doivent absorber pour reconstruire les trois lignes d action Cette information est non seulement abondante en termes de quantit mais elle est galement surcharg e de donn es d ordres diff rents qui contribuent la hi rarchisation de l information Non seulement le specta teur doit il absorber l information sur les personnages principaux Maria le p re Fran ois Paradis Eutrope et les liens qui les unissent de m me que leur milieu d ap partenance mais il doit aussi faire l effort d ingurgiter toute l information qui est donn e propos d un certain nombre de personnages secondaires les enfants Chapde laine le cur le crieur le marchand g n ral employ e des postes l aubergiste Yami de Fran ois Paradis le cuisinier du chantier etc Or comme le syst me filmiqu
95. nement mais surtout indique une volont de proc der des r formes structurelles en profondeur Gu rin se mettra d ailleurs rapidement l ouvrage et publiera deux textes qui indiqueront le sens de ses actions futures et surtout celui de sa pens e fonci rement nationale et lib rale L tat et la censure et Loi sur le cin ma ce dernier texte surtout crit en collaboration avec Marc Lalonde fort impliqu dans le cin ma cette poque revendiquait notamment la cr ation d un Centre cin matographique du Qu bec une id e qui sera reprise par APE Si Jai rappel tous ces v nements et tous ces faits c est pour bien indiquer gue la fondation de APC s inscrivait dans une dynamique plus large en tait le produit l alimentait tout en y tant partie prenante et qu on ne saurait en aucune mani re couper l un de l autre pas plus que cet ensemble ne saurait tre isol du contexte socio politique o il s inscrivait tant il est vrai que tout produit de l activit sociale est mat riau historique r v lateur et qu il se doit d tre tudi comme tel L ann e 1964 est donc celle de la mise en place et de la r flexion En un an le membership atteint plus de 100 personnes la moiti provenant de l ONF et la majo rit oeuvrant dans le court m trage Mais le but de tous ou presque c est le long m trage de fiction Cette volont imprime une partie des r flexions de l APC telle qu elle se man
96. nergy passent rapidement ainsi que la phrase suivante This means this you think this we see this they use this De m me que la fiction qui se noue par la suite des nonc s s ouvre la duplicit g n ralis e la repr sentation se faisant labyrinthe les encha nements typographiques cr ent travers un discontinu discursif des glissements s mantiques rendant la configuration impossible d limiter C est en direction d un autre des vases commu niquants que SO IS THIS oriente le spectateur la couleur D abord en lettres blanches sur fond noir SO IS THIS volue ensuite vers la couleur son apparition permettant de raccorder de nouveaux parcours structurels in ternes Ce sont les rapports de couleurs qui signifient dit Metz l instar de Mitry Chaque oeuvre d art doit donc tablir ses propres homologies signifiantes et ceci en rapport troit avec sa di g se du moins dans les arts de repr sentation o la couleur est toujours couleur de quelque chose Un jeu de couleurs qui tournerait l art pur ne pourrait qu installer dans un film restant par ailleurs narratif une bifidation du sens pr judiciable l unit organique de l oeuvre puisque les significations de l intrigue continueraient faire s rie c t des agencements color s Dans SO IS THIS au contraire cette bifidation du sens devient indispensable l unit organique de l oeuvre qui fonctionne par la c
97. nifestes dans les crits d ici La r sistance nous enfonce dans plus de r sistance encore Il en r sulte une p riode de relative stagnation Mais en apparence car de l int rieur a travaille S ex prime une sorte de force compulsive de rap tition caractarisae par l attraction qu e 11 xercent les prototypes inconscients Car cette motivation socio di g tique dont je parlais plus haut et que j appelle le corps ordinaire du cin ma qu b cois oppos au corps bloqu des ann es 44 53 et au corps fictif en devenir d passe les simples mesures socio conomiques Il faut d passer la surface textuelle du film pour entrevoir l imaginaire induit dans notre r el filmique qui n est pas aussi r aliste que l on croit Ce qui importe donc au th oricien c est non seulement ce qui se renferme dans la t te des r alisateurs mais aussi ce qui survient entre lui l analyste spectateur et le film Maud Mannoni parle dun am nagement de l espace qui autorise le passage de la parole d un lieu un autre dans la th orie comme fiction Et je compl te En arriver cr er ce lieu de production o deux langages la th orie le film se croisent s entrecroisent se m lent avec mais aussi au dessus d un principe des r ali t s Que l imaginaire et le r el r pondent l un de l autre pour un accomplissement une sortie symbolique de laquelle d autres lieux seront possibles par del ces semp
98. nir d o l clatement de la notion de pr sent 9 Voir ce sujet Bruce Elder Redefining Experimental Film Postmodernist Practice in Canada Parachute no 27 t 1982 p 4 9 10 No l Simsolo Alexandro Jodorowsky entretien Cin ma 74 no 184 p 85 11 Voir ce sujet Dominique Noguez Th orie s du ou des cin ma s Cin mas de la modernit films th ories Paris Klincksieck 1981 p 41 55 36 Texte litt raire et adaptation cin matographique la rencontre de deux syst mes par Esther Pelletier 9 histoire du cin ma nous enseigne que d s les premiers temps de son existence le cin matographe ou le kin toscope ne s engageaient pas de mani re unilat rale sur la voie du genre narratif Toutefois les propri t s de repr sentation figurative spatiale et temporelle de l appareil de base ont rapidement et largement contribu faire en sorte que le cin ma emprunte bient t la voie narrative et plus sp cifiquement celle de la narration fictionnelle qui est encore aujourd hui le mode de repr sentation domi nant au sein de la production mondiale Pendant longtemps les th oriciens du cin ma les critiques et de fa on g n rale les divers intervenants au sein du discours m ta cin matographique ont tabl sur la fameuse dichotomie entre les modes de repr sentation fictionnel et documentaire Ce pendant le discours th orique et critique des dix derni res a
99. nn es ayant permis de d finir avec plus de pr cision les notions et concepts de narrativit de repr sentation de r alisme de fiction de r alit et de r cit on est plus en mesure aujourd hui de d montrer l extr me mouvance des limites de chacun des deux modes qui font appel le plus souvent aux m mes param tres sans que l on puisse arriver leur impartir avec assurance des mat riaux et des techniques qui leur seraient irr ductiblement sp cifi ques A la lumi re de ce nouvel clairage on peut aujourd hui affirmer que le foss entre le narratif et le non narratif ou entre la fiction et le documentaire par exemple s est progressivement r tr ci un autre niveau celui de la sc narisation on remarque que l Institution cultu relle cin matographique a favoris une autre dichotomie qui elle aussi a la vie dure Il s agit de la distinction au sein des seuls films de fiction entre le film d adaptation et le film original Cette distinction s est impos e non sans raison d ailleurs partir de consid rations relatives au processus de mise en forme du film Dans le premier cas celui du sc nario d adaptation le film est consid r comme la r criture sous forme proprement cin matographique d une forme premi re litt raire celle l Dans le second cas le film est r put avoir t enti rement cr de toute pi ce en une forme premi re et unique Cette distinction reste pertinente
100. nq Les sexploiteurs 2 Le clerge 3 Le Gouvernement qu b cois 4 Le Gouvernement f d ral 5 La profession cin matographique 1 Les sexploiteurs Ce sont tous ceux qui sont li s direc tement la production du type de films pr sentement en cau se r alisateurs sc naristes com diens dans la plupart des cas et surtout bien sur les soci t s de production et de distribution qui investissent et assurent la production et la dif a de ces projets dans l unique but de faire grossir leur capital La complicit est ici totale et peut on croire g n ralement bien assum e Il n y a pas comme aimerait nous le faire croire le sc nariste de PILE OU FACE des com diens talentueux et respect s ou encore comme l crit le r a lisateur du m me film de projet moralisant Il n y a ici qu une assembl e d individus int ress s faire des gros sous et rapidement Et s il y avait encore des doutes ce sujet on pourrait toujours citer les r centes confessions repentan tes du pere d APRES SKI sursaut d indignation de ses paroissiens pour r affirmer son autorit et amasser du capital politique mais il le fait sans tenir compte des forces en presence avec m me un certain gout pour le spectacle fournissant par le fait m me l occa sion au pouvoir policier de se manifester et aux sexploiteurs de faire encore plus d argent Ce clerg d autre part qu il soi
101. ns quence l analyse comparative d un roman et de sa r criture sous la forme d un film doit s axer sur l tude des l ments constitutifs des deux syst mes narratifs en cause syst mes qui peuvent hypoth tiquement se rejoindre plus facile ment sur le plan de l organisation des v nements et de la modulation temporelle et spatiale par exemple d pendamment du type de r cit mais qui se d marquent nette ment l un de l autre au niveau des mati res de l expression qui prennent en charge la transmission du r cit J examinerai donc le roman et le film MARIA CHAPDE LAINE en fonction de ces deux param tres rep rables dans les deux syst mes la seg mentation du r cit et l utilisation des mati res de l expression La segmentation du r cit l organisation de l action Le syst me du r cit qu il soit de type romanesque ou cin matographique est une production de sens qui s organise au fur et mesure que se d veloppent et s articulent des s ries d v nements ou situations narratives L ensemble de ces v nements ou si tuations narratives forme ce qu il est convenu d appeler la ligne d action Chaque si tuation se modifie par l entremise d une s rie de transformations plus ou moins sensi bles qui sont en grande partie g n r es par les jeux d interaction entre les person nages ce qui m ne peu peu le r cit sa conclusion C est ce processus de modifi cations qui contribue l
102. ntit leur personnalit et poss de certains indices sur leur psychologie de m me que sur les liens qu ils entretiennent les uns avec les autres De plus cette extension du r cit apporte simultan ment l information sur les personnages des donn es pr cises quant au continuum spatio temporel et au milieu dans lesquels se d velopperont les divers v nements du r cit Or alors que dans le r cit litt raire l information est livr e au compte gouttes et lin airement en raison pr cis ment du medium linguistique qui oblige une mission successive des l ments du message dans le r cit cin matographique les l ments d information se pr sentent deux niveaux imbriqu s l un dans l autre e premier niveau par une s rie de couches simultan es dans un seul plan e deuxi me niveau par une succession de couches simultan es que cr e le montage des plans En effet par le jeu des entrecoupements et des superpositions des mati res de l expression le cin ma permet la livraison polyphonique au sens de Barthes d in formations regroup es en divers ensembles Un segment tr s court d un film peut livrer une multitude d informations sur un ou plusieurs personnages sur l espace dans lequel ils voluent sur leur milieu physique ou psychologique et sur la temporalit dans laquelle se d roule l action Ces informations peuvent figurer simultan ment dans un seul plan et se multiplier par la combi
103. ntre ceux qui ne seront jamais que des ex cutants ta lentueux ou pas l n est pas le probl me d un programme f t il le leur et ceux qui dans n importe quel syst me de production et avec n importe quels moyens techno logiques l encore ce n est pas le probl me r ussissent imprimer leur film cette singularit par o ce film leur ressemble et ne ressemble qu eux serait ce par sa boi terie Car la singularit d un film qui est aujourd hui le noeud de la question de l au teur au cin ma c est souvent une certaine boiterie quoi l on reconna t le pas inimi table d un cin aste dont lui m me n est pas forc ment tout fait conscient incapable qu il est de marcher autrement et dont je dirais qu elle est par essence ce qui ne saurait v ritablement se programmer On pourrait d finir cette boiterie comme ce qui peut venir infl chir d voyer ou carr ment faire obstacle comme accident ou comme chec la r alisation en tant que bonne ex cution du programme C est ce qui fait toute la diff rence entre la singu larit et l originalit Un caillou ne saurait tre original L originalit est affaire de codes et de modes c est une valeur qui se d mon tise tr s vite mais c est une valeur La singularit n est pas une valeur le caillou est unique au monde et il ne vaut rien La v ritable singularit c est ce reste irr ductible qui refuse de passer au travers du
104. oduire lil lusion de continuit de telle fa on que le fil des v nements donne l impression de se d rouler lui m me contin ment 1 Initialement publi dans un ensemble en hommage mile Benveniste Langue discours soci t Pour mile Benveniste sous la direction de Julia Kristeva Jean Claude Milner et Nicolas Ruwet Paris Seuil 1975 p 301 306 Repris dans Christian Metz Le Signifiant imaginaire Paris U G E 1977 2 Ainsi Fran ois Jost par exemple dans Discours cin matographique narration deux fa ons d envisager le probl me de l nonciation La Th orie du film sous la direction de Jacques Aumont et Jean Louis Leutrat Paris A batros 1980 p 121 131 3 Shifters ou embrayeurs Les embrayeurs sont une classe de mots dont le sens varie avec la situation ces mots n ayant pas de r f rence propre dans la langue ne re oivent un r f rent que lorsqu ils sont inclus dans un message Jean Dubois et alii Dictionnaire de linguistique Paris Larousse 1973 p 184 4 D ictiques On appelle d ictique tout l ment linguistique qui dans un nonc fait r f rence 1 la situation dans laquelle cet nonc est produit 2 au moment de l nonc temps et aspect du verbe 3 au sujet parlant moda lisation ainsi les d monstratifs les adverbes de lieu et de temps les pronoms personnels les articles sont des d ictiques ils constituent les aspec
105. ois personnel lement que lorsque nous les vivons symboliquement par l impression de r alit comme dans un film ou une mission de t l vision par exemple elles provoquent l aussi chez nous un stress dont l intensit est caract ristique de la situation v cue symboli quement Ce stress est sans doute aussi un facteur d activation du r cepteur J ai en trepris des recherches pour v rifier cette hypoth se et il sera int ressant d en conna tre les r sultats Il faut rappeler une distinction importante faite par certains psychologues au sujet des motivations chez l humain On distingue souvent deux types de motivations les motivations dites primaires et les motivations secondaires 49 photo Pierre V ronneau Les motivations dites primaires sont celles que l on peut consid rer comme inn es ou plus exactement quasi inn es chez l homme En d autres termes elles sont tellement li es la nature m me de l homme qu elles agissent chez la quasi totalit des tres humains elles sont universelles Tels sont par exemple l app tit visc ral la compl mentarit sexuelle la sup riorit sur autrui la reconnaissance sociale etc Les motivations secondaires sont elles au contraire acquises par voie d appren tissage elles sont le r sultat de l influence d une culture ou d une soci t sur lindi vidu Tels sont par exemple la beaut l honneur le patriotisme etc Il n est pas rare que des m
106. on op r e par la pr minence de la parole sur l image dans le cin ma de Marguerite Duras pr serve l effet fiction c est le commentaire qui cr e la di g se et provoque le transfert perceptif au lieu d images ayant un faible degr de r alit L HOMME ATLANTIQUE repr sente une tentative ultime dans cette perspective D autres cin astes comme Straub Syberberg Schroeter en lib rant la parole de sa double fonction r aliste et narrative en lui donnant une dominante iconique la force persuasive et lyrique l emportant sur la situation dramatique ont d lin aris le signifiant filmique op rant d s lors une transgression plus fondamentale L nonc chez ces cin astes que l on qualifie de cin astes du texte l emporte sur l non ciateur cin ma narratif classique Mais lorsque c est l nonciation qui appara t en exc s la fois sur l nonciateur et l nonc les possibilit s de d construction appa raissent plus grandes encore C est dans cette direction qu a travaill Michael Snow dans RAMEAU S NEPHEW BY DIDEROT THANX TO DENNIS YOUNG BY WILMA SCHOEN chacune des 24 parties de ce film de 285 min pr sentant une le on sur la parole Mais SO IS THIS son plus r cent film atteint selon ce point de vue un sommet la parole et l image ne font d sormais plus qu un et la transgression des r gles du cin ma classique appara t cette fois enti re D abor
107. onfrontation transversale de signifiants afin de d gager un hors champ signifi Dans SO IS THIS la pr sence de caract res jaun tres sur fond vert cr e une al ternance syst matique avec les lettres blanches sur fond noir qui demeurent toutefois plus importantes quantitativement cette ordonnance de base il faut ajouter d autres utilisations de la couleur les mots Since this is not his film and the this in 33 his title cannot possibly refer to this laissent appara tre de nombreuses couleurs une partie du texte concernant la pr sence possible de Michael Snow lors de la pr sen tation du film appara t en lettres blanches sur un fond noir tr s accentu comparative ment aux autres nonc s quelques unes des phrases traitant de la censure se pr sen tent en lettres de couleur orange sur fond noir au sein d nonc s en caract res blancs sur fond noir des mots affichent une diff rence comme length et capitals en lettres jaun tres sur fond vert un endroit un intervalle laisse appara tre une couleur bleue intervalle des mots 532 et 533 puis un autre endroit une couleur bleue puis orange intervalle des mots 605 et 606 dans la partie tr s color e du film qui consiste en une reprise d nonc s une tr s grande vitesse les intervalles ont en fait remplac les mots manquants Cette utilisation de la couleur cr e un parcours curieusement autonome la pr sence de la coule
108. otivations secondaires soient en fait des motivations primaires revisit es et transform es par une culture sp cifique La centralit du message sera donc d autant plus lev e que le message se rap porte aux motivations dites primaires Elle sera plus lev e aussi s il se rapporte di rectement aux objectifs de ces motivations plut t qu aux moyens prendre pour y arriver qui eux sont de nature plus directement culturelle La saillance Il nous arrive d tre frapp s par certains objets de connaissance qui se pr sen tent nous Nous dirons alors qu ils sont remarquables parce que certaines de leurs propri t s les imposent notre attention en leur permettant de cr er sur nous une im pression plus ou moins vive Si des termes comme frappants ou remarquables sont utiles dans la vie cou rante ils ne nous apportent gu re de lumi re pour comprendre davantage pourquoi nous les avons per us d une mani re telle qu il nous semblait justifi de les qualifier de cette fa on Voyons d un peu plus pr s ce qui se passe Plusieurs raisons peuvent faire qu un objet de connaissance attire notre attention Il peut par exemple pr senter des diff rences sensibles par rapport d autres objets que nous connaissons et auxquels nous le comparons qu il s agisse d ailleurs d objets de m me nature ou non Il peut d un autre c t pr senter des diff rences tout aussi sensibles
109. permettra du moins je l esp re d apporter certaines pr cisions sur l adaptation cin matographique Pour les besoins de ma d monstration j ai choisi d analyser l adaptation r cente de MARIA CHAPDELAINE faite par Guy Fournier et Gilles Carle Il s agira de v rifier quantitativement et qualitativement la nature des emprunts et retranchements effectu s par les deux adaptateurs lors du travail qu ils ont effectu partir du roman de Louis H mon Enfin j aimerais ajouter qu apr s la lecture du sc nario Jai d prendre la d cision de travailler uniquement sur les rapports entre le roman initial et le film dans sa version pour les salles de cin ma Il est deux raisons pour lesquelles jai d m as treindre ce choix 1 l tude exhaustive des nombreux liens entre le roman le sc nario et le film ne pouvait se faire dans le cadre restreint de cette analyse De toute fa on l objectif que je poursuis n est pas d esquisser ici une th orie de l adaptation cin matogra phique mais plut t de tirer quelques conclusions relatives au mode de fonc tionnement de deux syst mes en co pr sence 2 le sc nario est une tape interm diaire entre le roman et le film S il acquiert une valeur du point de vue de la g n ration du sens au cin ma il n a pas pour autant de valeur intrins que du moins partir d un point de vue pragmatique bas sur la r ception de l nonc cin matographique Pour l
110. plus gros tirage ou la plus grosse cote d coute avec pour mod les ce qui se fait ailleurs de plus pornographique pour une soci t de plus en plus pornographique sans critique sans culture Soit l indigence du st r otype sous pr texte de politique ou de s miologie quoi conformer un commentaire au sujet alors subsidiairis pour tenter toujours de s approprier un micro pouvoir sans criti quer sinon entre fervents et fabricants un Syst me que programment et forcent consommer des Pouvoirs qui nous annulent De toutes les fa ons dans les cas d ex tr mes limites peu importent les nuances parler pour ne rien dire Plus de critique possible Pour que resurgisse un devenir possible sans devenir pas d tre comment imaginer besoin et d sir d un discours le plus cr atif bien plus que th orie sans objet sans discours Tout totalitarisme commence par moi M assujettir l Autre Puis l Autre de l Autre Puis toujours tous les autres de tous les autres C est mon assujettissement qu aboutit mon totalitarisme Seul renversement radical possible sentir pleinement et oeuvrer pour que si il n y a pas ego trip il y a power trip Montrer le monde tel qu il est avec le plus de scrupuleuse vigilance pour y ins crire en son enti ret la d mesure d un je voulant s y consumer devenir tout totali tarisme incompatible avec une d mesure des je en devenir Le cin ma th orie et discours J ai d sir
111. points n vralgiques comme constitution de sens du cin ma que ses piph nom nes Toutefois certains crits centrifugeurs du fait filmique bloquent le travail du signifiant en le r duisant un d calque de l expression socio conomique id ologique Cette transparence mim tise le sens risque de le simuler plut t que de le stimuler et fait cran l cran lui m me comme ventuel producteur Il n est pas inh rent au cin matographique non filmique d tre transparent quasi m taphysique toutefois les territoires qu il enjambe multiplient les difficult s d analyse et peuvent nous loigner de notre objet filmique Les diff rents crits qu b cois sur le cin ma se sont souvent log s cette ensel gne D fenseurs ou damnateurs du cin ma qu b cois le sont pour des raisons extra cin matographiques quelquefois les m mes N alimentant pas un nouveau discours th orique cette attitude a tendance homog n iser le cin ma qu b cois Et pour ainsi dire les films nous filent sous les yeux Pratique th orie comme direct fiction Il est fascinant de constater l existence d une histoire parall le de nos discours th oriques sur le cin ma et notre pratique cin matographique G rard Depardieu et Marguerite Duras dans LE CAMION pratique comme direct et th orie comme fiction 10 Nous avons soulign plus haut laxe analytique du cin matographique non filmique privil gi Nos crit
112. ports avec cette singularit qui nous semble le propre des v rita bles auteurs de cin ma mais qui est visiblement contre courant du devenir programme de la plupart des productions des images et des sons d aujourd hui Il est vrai qu il est dans la vocation normale des programmes et des programmateurs de cin ma de tendre vers toujours plus d universalit et que le propre de toute singula rit est d opposer de la r sistance cette vis e d universalit de parcelliser ce public que l industrie du cin ma voudrait unanime Mais ce cin ma de la singularit avait r ussi se constituer un public partiel il est vrai cultiv curieux mais qui suffisait en faire un cin ma viable et une alternative importante peut tre historiquement la seule au cin ma vis e universelle des Am ricains C est ce minimum de public qui est en train de lui faire d faut au point que ce cin ma d auteur au sens o on l entend ici risque d tre condamn court terme devenir un cin ma de laboratoire qui se fera lou du public ce qui n est jamais bon pour le cin ma m me s il arrive se faire Lorsque Wenders parle de ces choses qui ont le droit de se faire remarquer il n est pas tr s loin du Jean Renoir qui d clarait Je crois que c est la r gle num ro un en art quel que soit l art C est de permettre aux l ments de l entourage de vous con qu rir et puis apr s a on arrive peu
113. probablement le fait que la pr s ance donn e au dire sur l agir ait tendance se perp tuer tout au long du r cit jusqu la toute fin En effet le r cit focalise d s le d but sur les troubles motifs prouv s par Maria et sur son d sir croissant d tablir une relation amoureuse avec Fran ois Paradis Le d fi tait de taille mais on peut avancer qu il n a sans doute pas t relev sa juste mesure Quoi de plus difficile au cin ma que de parvenir visualiser rendre compte par le biais de l agir des probl mes motifs qui justement poussent au non agir On peut certes y parvenir mais tel n est pas le cas ici D autant plus que le d fi en question est surd termin par le fait que l objet du d sir de Maria Fran ois Paradis m me s il est bel et bien pr sent dans l univers di g tique est absent des lieux physiques habit s par Maria La conjonction du non agir et de l absence voil je pense le probl me sp cifi que que posait l adaptation du roman de H mon Le non agir l angoisse l absence l ennui sont des abstractions difficilement re pr sentables par le biais d un medium iconique Ce ne sont pas des actions mais des tats Bien s r Carle et Fournier en ont t conscients et ont d avoir recours di verses techniques comme la voix off et l criture de lettres par exemple pour essayer de donner vie leur personnage enferm e dans un milieu clos et loign e de
114. qui nous reporte 4927 plans Il faudrait aussi pr ciser que les mots held repeated et filmed sont entrecoup s de cartons noirs ce qui cr e un certain clignotement et multiplie en cons quence le nombre de plans qu apr s la fin du texte des cartons color s dont il est impossible de d terminer l qui valence en plans ont remplac les mots que l amorce fait partie du film etc S il ny a pas de syntagmatique possible de SO IS THIS c est parce que ce film ne fonctionne pas partir du plan Il ne rel ve pas non plus du cin ma du photogramme Kubelka et les repr sentants de ce que Sitney appelle le film structurel ni du cin ma de la pho tographie LA JET E de Chris Marker f Transgression extr me SO IS THIS ne s enferme dans aucune th orie Il se rattache cependant l esprit qui anime les textes de Barthes et de Jacques Derrida la tendance actuelle de l art qualifi e de post modernisme Les derni res phrases de SO IS THIS sont une citation du PH DRE de Platon You know Phaedrus that s the strange thing about writing which makes it truly ana logous to painting The painters products stand before us as though they were alive 39 but if you guestion them they maintain a most majestic silence Socrate remet en question l criture caract ris e par la distance Tabsence voire l incommunicabilit Il d fend au contraire le propos oral qui demeure tou
115. r cepteur adopter cer tains comportements de nature exploratoire pour lui permettre de revenir l tat d quilibre cognitif Mais la question n est pas aussi simple qu elle peut en avoir l air Si le r cepteur ne retrouve pas dans le message suffisamment d l ments qui lui sont familiers pour lui permettre de le d coder ou pour lui permettre de rattacher les nouvelles con naissances acquises des structures existantes en d autres termes si le message con tient trop d l ments originaux il lui para tra inintelligible Le r cepteur se d bran chera alors rapidement du syst me pour se soustraire la source de trop grand malaise ou d ins curit trop forte que devient lacte de communication Par ailleurs un message trop riche en l ments d j connus entra nera lui aussi un d branchement du syst me car toute communication pr suppose incertitude Le message doit donc tre un heureux partage ou dosage entre originalit et fami liarit Tout le probl me vient de ce que nous ne poss dons pas l heure actuelle de r gles de partage pr cis entre ces deux types d l ments 51 Le concept de nouveaut est d un usage difficile en communication car ce qui est nouveau pour une partie de l auditoire ne l est pas forc ment pour une autre etc C est pourquoi il nous appara t plus utile de lui substituer le concept de familia rit du r cepteur avec le message Dans ce cas ci la familiarit
116. r navant vers la t l vision comme base d op rations Les salles de cin ma deviennent un enjeu se condaire dans la production du film canadien L aide f d rale sera orient e princi palement vers des films qui tout en tant destin s aux salles peuvent s assurer d un temps d antenne de haute coute M me si la SDICC administre ce fonds la res ponsabilit de l industrie cin matographique canadienne de sa qualit et de sa quan tit revient maintenant aux r seaux de t l vision Jusqu ce jour les producteurs priv s d missions de t l vision devaient vendre leurs produits l tranger pour quilibrer leur budget Les r seaux canadiens priv s et publics ne couvraient qu une partie des co ts Les r seaux priv s achetaient une bonne part de leur programmation des taux d escompte l tranger CBC et Radio Canada produisaient plusieurs missions canadiennes mais leur co t incombait aux contribuables Que va t il se passer maintenant La SDICC semble croire que les missions produites avec son aide g n reront des profits Si tel est le cas ces missions devront tre vendues l tranger et les producteurs du priv seront tent s de jouer le m me jeu et d engager des vedettes trang res comme ce fut le cas avec les longs m trages Si l on croit que ces missions ne g n reront pas de profits le programme devient une aide directe aux compagnies 29 priv es choisies par
117. r Salut Panar par Patrick Straram le bison ravi 1 Patrick Straram le Bison ravi blues clair salut l anar la fi vre monte l aurore libert en ce jardin ange journal Tout ce que je parle toujours s intitule blues clair et comporte toujours images et ou musiques Ici une musique que me d couvre Denis Bellemare qui me pr te une bande merci pour tout Denis Bellemare Javier Krahe un chanteur madril ne d au jourd hui un anarchiste Javier Krahe au tableau derri re l orateur pour un sens critique jalons balises une quintessence pour moi du Texte filmique Buster Keaton Murnau Godard Straub Huillet Duras Akerman cin astes dont le Texte m est le plus proche ou dont je me sens le plus proche Gr millon Visconti Mankiewicz Joseph Leo Marker Angelopoulos Syberberg une plus haute pointe d argent du Texte filmique pour moi le m tal pas le capital si n cessaire et si n daee la production de films Lang Dreyer Mizoguchi Hawks Bu uel Welles autres cin astes au Texte fondamental dans lequel je m investis le plus pleinement Cukor Ophuls Tati Rivette Groulx Allio suivent vingt deux autres noms pour moi essentiels de Cocteau et Bresson puis Anto nioni et Ray Nicholas Norman McLaren et Victor Erice et Inutile de questionner mon sens critique si il n y a pas pr sence sans cesse lire et lire voir et entendre et voir et entendre pr sence
118. recours plus d un m dium comme c est le cas du cin ma ou de la t l vision ont l avantage de pouvoir faire de la redondance non seulement l int rieur de chaque m dium redondance entre la parole la musique et le bruit par exemple mais aussi d utiliser un m dium comme support de l autre Autres structures du message Il y a au moins trois autres structures dont il nous faut souligner l existence Pour ne pas allonger ind ment cet article nous nous contenterons de les d finir sommai rement d autant plus qu elles jouent un r le souvent moins d terminant que les pr c dentes Le degr de symbolisation du message c est le degr de codage du message par rapport la pr sence ou l absence dans le message des codes utilis s La pr gnance c est la capacit d un message d impr gner l esprit par rapport au tout plut t que par rapport ses divers l ments constitutifs La complexit du message c est la plus ou moins grande pr visibilit du message et de ses l ments constitutifs Cette structure est fondamentalement reli e l in certitude la familiarit et la redondance Applications possibles M me si nous ne poss dons pas d chelles encore tr s pr cises on peut malgr tout en arriver valuer le niveau atteint par chacune de ces structures tout au cours d un film toutes les 20 secondes par exemple puis de faire la moyenne de chaque
119. s penchent du c t institutionnel un cin ma national et son expression l int rieur de diff rents organismes du contenu les diverses th mati ques de la sociologie du cin ma le cin ma et les ouvriers et les femmes et les gais Cette constatation ne r fute absolument pas la qualit de certains de ces crits Nous voulons vous rappeler notre questionnement de d part quelle s part s de la th orie peut vent clairer ou occulter quelle s part s du film du cin ma L vidence des forces en place ne doit pas nous cacher des points aveugles Autant la pr sence que l absence de certains l ments analytiques donnent du relief au gaufrier th orique construit et construire crits et cin ma ont pratiqu une politique semblable de la transcription de la reproduction du recensement Ils ont savamment balay toute la carte de nos r alit s sociales S y jumellent et s y entrecroisent en une identification sp culaire sid rante les m mes formes d criture d un r pertoire sonore et iconique monter et montrer d un dictionnaire et d une histoire du cin ma tablir Cette obsession archiviste n a d gal que cette pr sence physique irr futable ne plus jamais nier d un cin ma scellant tout jamais le stade du miroir comme forma tion d un Je collectif Toutefois cette inscription dans le direct de la prise de vue dans le vif de l criture a annul cet cran entre nous et le
120. s positions domination lib ration bourgeoisie travailleurs capitalisme socialisme Finalement participer une transformation implique une connaissance exacte des normes au nom desquelles la majorit va effectuer cette transformation n 2 pp 8 9 C est en fait le no 3 qui marque la rupture plus radicale Un bilan critique serr de l ann e 71 rejette les pr occupations politiques floues ant rieures l clectisme th orique de la revue pour s aligner sur des positions th oriques justes v rita blement marxistes la direction r volutionnaire de la classe ouvri re par un parti marxiste l niniste et le travail pour riger un tel parti partir de ces bases sont rejet s tour tour les points de vue subjectivistes le tiers mondisme sans distinction de classe l id ologie nationaliste et toutes les s quelles d guis es d un arri re fond non critiqu d anti colonialisme culturel pp 11 15 Un des termes de ce raisonnement on s en doute c est le r le assign au film au cin ma qu b cois Un film n exprime jamais directement une r alit donn e mais un point de vue de classe sur cette r alit Quel point de vue de classe de la r alit le cin ma dit gu b cois exprime t il Voil la question politique poser au cin ma qu b cois la question de L nine Tolsto Quel film qu b cois jusqu ici a exprim le point de vue de la cla
121. s que la seule pratique de la critique Par exemple production distri bution diffusion animation d bats 2 Essayer d quilibrer l ensemble de ces activit s entre le cin ma qu b cois pro gressiste et d autres cin mas trangers semblables ponge iore r AY Tah f IKJ 15 3 Au niveau plus strictement de l analyse a de tendre saisir le cin ma et l audiovisuel par le biais du d montage comme disait Brecht de tous les aspects des processus de production b de chercher constamment mettre en lumi re les contenus id ologiques politi ques des films C est dans son premier num ro que Champ Libre a le mieux r ussi ce pro gramme dans la mesure o les objectifs et les moyens d analyse taient la fois pro gressistes et pluralistes et o le champ de recherche tait bien centr sur les divers ph nom nes de la composante culturelle cin ma Ce sont ces caract ristiques qui se sont r tr cies partir du num ro 2 au d tri ment d une ligne politique plus univoque et de la recherche de films devant servir d instruments id ologiques de cette ligne politique On r duisait ainsi la richesse des ph nom nes du cin ma tout en ne gardant de quelques films que leur fonction poli tique utilitaire Ainsi Champ Libre a progressivement et radicalement cess d analyser les grandes mutations des ann es 70 dans le cin ma Par exemple les effets des achats aux USA des majors
122. se sont t nus et presque inexistants dans le cin ma et autour de lui on mesure mieux peut tre le r le et le poids qu a pu avoir Champ Libre dans le bouillonnement des id es des actions des films des d buts des ann es 70 Bien s r on peut se rassurer que Champ Libre se soit teint et aussi Strat gie et apr s ces revues plus tard le mouvement marxiste avec son dogmatisme son secta risme Mais Cin ma Qu bec aussi s est arr t Devant ce rappel je pense encore l expression de Gordon Lefebvre de collapsus g n ral dans le m me num ro cit de Spirale octobre 1983 Il est dommage en tout cas qu cause des limites de Champ Libre puis de son extinction certains faits du cin ma au Qu bec ce moment l et apr s n aient pas re u toute l attention m rit e Je pense aux films de Maurice Bulbulian au film de Groulx 24 HEURES OU PLUS et son interdiction aux films f ministes de Soci t Nouvelle plus tard aux exp riences diverses de Carrefour International du G I V et du Vid ographe des films de Lamothe sur les Montagnais du C A C et des Rencon tres Internationales d UNE SEMAINE DANS LA VIE DE CAMARADES puis de VOS RISQUES ET P RILS des activit s de Vid o Femmes de Cin ma Libre des Films du Cr puscule etc Champ Libre fut un moment une forme et une des id ologies de cet ensemble pro gressiste des ann es 70 dont il sera utile un jour de faire la synth se 16 Blues clai
123. si la pr sence du cin ma canadien dans les salles d exclusivit des centres villes un co t minimal Les films qu b cois seraient convenablement diffus s ailleurs au Canada et r ciproquement Cette id e n est peut tre pas facile mettre en pratique mais quel impact elle pourrait avoir sur ce que nous voyons dans nos cin mas La politique cin matographique canadienne a encore un long chemin parcourir Si J ai critiqu Qu bec et Ottawa ce n est pas parce que je pense que la situation soit sans espoir Toutefois une politique implique des objectifs sp cifiques qui doivent reposer sur une id e claire du genre d industrie cin matographique que nous voulons et sur nos raisons pour qu elle soit ainsi Il n existe pas de solutions miracles qu on peut importer de l tranger nous de trouver nos solutions nos probl mes traduction Pierre V ronneau Un public nombreux et attentif lors de l atelier sur Les pratiques d criture et les choix des r cits 31 photo Pierre V ronneau SO IS THIS la transgression des th ories par Michel Larouche film de Michael Snow s inscrit dans cette tendance r cente du cin ma exp rimental qui consiste d velopper les possibilit s de l expression verbale au cin ma On conna t la place de Marguerite Duras en ce domaine Elle a su rendre sou veraine l expression verbale rest e sujette dans le cin ma narratif classique Mais la transgressi
124. situant en deux temps fort diff rents avant lacte de communication et pendant l acte lui m me Certaines formes de com Fran ois Baby est professeur l Universit Laval et compte plusieurs textes son actif Il s est pench particuli rement sur le probl me de l adaptation cin matographique abordant notam ment le film IXE 13 Ses recherches r centes portent sur la psychologie la communication et le cin ma 47 munication font m me intervenir un troisi me temps apr s la communication c est le cas de la publicit par exemple Avant l acte il lui est demand d ouvrir le poste ou de se rendre au cin ma et pour cela bien des actes sont souvent n cessaires Ici c est difficilement le message lui m me qui agit directement mais plut t ce qu on en dit la pub la qualit de l nonciateur la c l brit plus ou moins grande de l auteur l aversion ou l estime que l on voue ceux qui interpr tent le message etc Pendant l acte lui m me les comportements demand s sont au moins de deux ordres 1 d abord ceux qui permettent au spectateur de se brancher physiquement au sys t me ou de rester branch l attention le fait de regarder d couter etc 2 ceux qui lui font entreprendre la synth se du message partir de son propre pr acquis en se servant du message comme d un manuel d instructions qui lui dit quel segment de son pr acquis cognitif prendre et comm
125. son caract re concert si peu soit il son caract re discursif Elle est discours avant d tre histoire et elle en dit fina lement toujours plus sur l instance racontante que sur le monde racont Son opacit a maintes fois t remarqu e le montage le plus narratif est toujours discours acte d nonciation m me lorsqu il est mis au service du r cit le plus transparent Mais l on sait quel destin fera conna tre l Institution cin matographique l arti culation entre plan et plan Dans les termes d mile Benveniste le film traditionnel se donne comme histoire non comme discours Il est pourtant discours si on le r f re aux intentions du ci n aste aux influences qu il exerce sur le public etc mais le propre de ce discours l et le principe m me de son efficacit comme discours est justement d effacer les marques d nonciation et de se d guiser en histoire 45 Pour se d guiser en histoire le film doit se pr senter sans marques d nonciation La premi re marque qu il aura effacer ce sera pr cis ment la marque que laisse tout changement de plan C est ce qui explique que la tendance dominante de la pratique du montage favorise les raccords qui l instar de ce qui pr vaut dans le cas de l arti culation entre photogramme et photogramme donnent l articulation entre plan et plan un caract re de fluidit et de souplesse qui seule serait capable de pr
126. son objet de d sir Mais tout cela n est pas tr s convainquant Cela dit et pour conclure en fermant la boucle il me semble que le pi ge dans lequel sont tomb s Carle et Fournier est caract ristique d une attitude assez fr quente face l adaptation On a souvent le r flexe d adapter strictement certains textes litt raires qui ne se pr tent pas toujours un tel exercice Bien s r les deux adaptateurs ont pris plusieurs libert s par rapport au texte litt raire ici et l dans leur sc nario mais leur volont de fid lit s est je pense montr e trop grande puisque le sujet de MARIA CHAPDELAINE fond sur le non agir et l absence appara t id al pour un cin ma de type durasien par exemple m me si la facture de l oeuvre crite reste finale ment pour sa part des plus classiques Il faut peut tre voir en cela une preuve de ce que j avan ais plus haut savoir qu il serait peut tre temps de consid rer l adap tation partir du medium vers lequel on se dirige le cin ma plut t qu partir du medium de d part le litt raire et ainsi tenir compte de l autonomie respective des deux syst mes 1 Voir ce sujet P Watzlawick J Helmick Beavin D Jackson Une logique de la communication Paris Seuil 1972 p 123 2 Ibid p 121 et 122 3 Voir ce sujet Christian Metz L tude s miologique du langage cin matographique quelle distance en sommes nous d une possibilit
127. sse ouvri re Assur ment la liste n est pas longue Nous trouvons l je crois le fondement th orique de la r duction du cin ma un r le instrumental outil au service d une ligne politique ainsi que du nouveau r le que s assigne le collectif Champ Libre CIP dagir maintenant prioritairement au niveau des groupes de travailleurs et militants et secondairement au niveau des intellectuels progressistes et tudiants p 22 Pas tonnant alors que le no 4 de Champ Libre on l ait voulu d lib r ment uti litaire La critique vise en d finitive servir d instrument d analyse au service d une part de pratiques de diffusion de films militants d autre part de productions filmiques qui servent aux luttes des travailleurs parce qu elles refl tent leur point de vue sur ces luttes Une critique qui n est pas relay e par des pratiques concr tes de lutte est toujours id aliste et politiquement erron e p 17 De plus le no 4 qui se partage en catalogue de films pouvant servir la conscien tisation politique et en instrument de formation th orique marxiste l niniste est il ainsi oblig d aboutir la constatation d un vide celui de l inexistence de films servant ouvertement les int r ts de la classe ouvri re et des couches sociales exploi t es p 21 Devant une telle analyse il sera logique que le travail d une revue de cin ma devienne caduc et que les membr
128. structional Communications Centre de l Universit McGill 28 bliquement et en soulignant le fait qu une industrie ne devrait pas s tablir sur des budgets gonfl s et la soif de profits rapides d entrepreneurs sans scrupules Au con traire elle alimenta le feu en fournissant du financement int rimaire quiconque poss dait les bonnes relations dans les cercles financiers Certains avocats et experts de la finance trouv rent la combine si lucrative qu ils d cid rent de devenir eux m mes producteurs Cette explosion soudaine de la production cr a sur papier seule ment une industrie cin matographique Derri re les apparences aucune substance En effet le gouvernement s tait d mis de toute responsabilit au profit du secteur priv en ce qui concerne la qualit des films en esp rant qu une fois solidement tablies les compagnies s orienteraient vers une production de meilleure qualit Mal heureusement la majorit de ces producteurs instantan s poss daient peu ou prou d exp rience en production Personnellement ils firent de l argent mais non leurs films et les investisseurs perdirent une fortune En une nuit ces maisons de production champignons disparurent Les films firent rarement leurs frais surtout avec leurs budgets gonfl s pour couvrir des salaires et des honoraires exhorbitants Trop tard les investisseurs r alis rent qu en d pit de la d duction de 100 ils per draient de l argent si le f
129. t tre les conqu rir mais il faut d abord qu ils vous conqui rent Il faut d abord tre passif avant d tre actif S il y a un cin aste qui a toujours pris le parti de la singularit contre le programme contre le bleu d archi tecte qu il ha ssait tant c est bien Jean Renoir qui n a jamais r sist enrayer son propre programme de film par amour d un d tail ou d un corps singulier Mais m me chez Renoir les films qui ont eu un certain succ s public au moment de leur sortie sont ses films les plus programm s Le spectateur de cin ma est de plus en plus enclin aimer le programme et la parodie publicitaire des choses en lieu et place du filmage des choses elles m mes dans leur singularit concr te Les chances du caillou se r duisent de jour en jour Mais rien n est plus t tu ni patient qu un caillou D sirs de th ories par Denis Bellemare RE premi re communication se situe dans le cadre du premier grand colloque d une association qu b coise sp cialis e en tudes cin matographiques Elle veut tablir les validit s des pratiques th oriques Elle ne se veut pas une articulation d un point th orique particulier pr cis Elle d sire plut t envisager les attitudes d montrer les postures prendre les positions analytiques d finir afin d activer les tudes et les recherches en cin ma La th orie occulte le film La th orie occulte le film cet
130. t adopt e Janvier 1981 le gouvernement forme la Commission d tude sur le cin ma et l audiovisuel Report au pouvoir quelques mois plus tard le PQ retourne le cin ma aux Affaires cultu J aimerais y aller de quelques consid rations sur la loi 109 Elle r pond une des attentes majeures du secteur de la production pris dans son ensemble dans la mesure o les dispositions sur les permis de distribution s attaquent de fa on signifi cative aux monopoles trangers qui nous dominent d abord en leur retirant une partie du march mais principalement en obligeant tous les distributeurs investir dans la production de films qu b cois un pourcentage de leurs revenus Cette disposition de la loi constitue la r ponse du gouvernement du Qu bec 20 ans de luttes Cela va cr er de l emploi faire l affaire des techniciens et des maisons de services Je me pose des questions en ce qui a trait aux r alisateurs car j ai l impression que ce sera la tendance commerciale celle culturelle ou pas qui co te cher qui a de gros budgets qui sera renforc e car les distributeurs pourront r investir dans les films de leur choix et non pas dans le fonds d aide administr par la Soci t g n rale du cin ma On risque donc de se retrouver tr s court terme avec un cin ma hollywoodien qui va tr s bien fonc tionner D autre part au contraire de l ancien ZQC les membres de la SGC sont nomm s par le ministre et le milie
131. t au troisi me niveau de la structure du r cit c est dire le niveau des patterns ou segments qui cor respondent aux grands ensembles ou mouvements de l action du r cit Il est remar quer que cette segmentation ne correspond en aucun cas aux chapitres du roman ni aux s quences du film Chapitres et s quences sont en fait des divisions qui ne sont pas toujours pertinentes au point de vue narratologique Au contraire la division en pat terns tire sa pertinence du fait qu elle permet de s parer les unes des autres les unit s d action compl tes et autonomes qui font avancer le r cit vers sa finalit en m me temps que le sens se structure et se d voile aux spectateurs MARIA CHAPDELAINE syst me litt raire et syst me de l adaptation cin matographique Tout au long du parcours narratif la segmentation du r cit de Fournier Carle diff re sensiblement de celle du r cit de H mon En effet la structure de l action du r cit romanesque comprend quatorze patterns d action autonomes alors qu on en re trouve onze dans le r cit cin matographique A la lumi re du parall lisme entre les deux r cits on constate que lors du passage du roman au film 1 L action s est consid rablement dilat e au d but du r cit ce que j analyserai tout de suite apr s 2 qu au contraire l action s est passablement r tr cie vers la fin du film soutenue par un montage altern o on assiste la mort de Fran ois Parad
132. t choisissent de le faire sur le mode du dire plut t que sur le mode du vivre on aura probablement remarqu que la plupart des personnages sinon tous dans le film se font conna tre par le biais de leur dire sur leur propre agir ou sur l agir des autres plut t que par le biais de l agir m me Dans MARIA CHAPDELAINE on ne voit pas les personnages vivre on les voit au contraire dire ce qu ils vivent et raconter leur agir Ce qui n est pas le propre du type de cin ma que Ca le et Fournier ont adopt Il est fr quent que dans un roman les personnages se racontent I va de soi que le medium linguistique ne peut permettre aux personnages d agir comme tel Mais au cin ma tant donn es les ma ti res de l expression dont bien s r les images mouvantes l Institution a toujours fa voris une narration bas e sur l agir des personnages Seuls quelques cin astes dont pour ne prendre que quelques exemples Rao l Ru z et Marguerite Duras se sont engag produire un cin ma que l on pourrait appeler le cin ma du non agir mais il s agit l d une forme de films sp cifique qui au contraire du type de cin ma adopt par Carle Fournier met l accent sur le discours plut t que sur l histoire au sens de Benve niste Le probl me que je soul ve ici est d autant plus crucial dans le cas pr sent que le th me principal du roman de H mon n en est pas un qui est apte g n rer l action C est ce qui explique
133. t de type aristocratique Desmarais Bonneville ou ouvrier Lavoie r agit b tement en autorit l s e qui a besoin face aux nouveaux pouvoirs financiers qu b cois de r affirmer sa puissance Il ne se ma nifeste donc au nom d aucun consensus et sans souci des con s quences politiques et sociales qui peuvent r sulter de ces j r miades Dans ce combat d arriere garde le mot est du Journalis te de LA PRESSE le clerge ne d fend que ses int r ts en p ril contre la petite bourgeoisie qui s est maintenant d ta chee de lui pour mieux instaurer sa domination 3 Le Gouvernement qu b cois Le Gouvernement qu be cois en l occurrence ce sont les ministres J r me Choquette Justice et Fran ois Cloutier Affaires culturelles L un est droite c est ce qu on diti et dirige un ministere puissant l autre est lib ral c est lui qui l a dit et dans ce d bat forte ment tributaire des initiatives du Ministre de la Justice Choquette qui repr sente la loi et l ordre est l alli du cler Qu est ce que PA P C Q L Association professionnelle des cin astes du Qu bec est tions de professionnels du ci Qu on ne vienne donc plus nous parler d art l expression personnelle ou de cin ma ou encore moins de go t du public propos de ces gens l 2 Le clerg C est dans le cas pr sent quelques repr sen tants d un pouvoir en d clin le p re Desmarais ou d j folkloris le frere Bonneville
134. t transparente C est une articulation non marqu e la transitivit et au silence quasi ontologiques Au contraire et tout aussi ontologiquement sinon plus l articulation entre plan et plan est elle toujours d j marqu e et non silencieuse Elle reste sensible m me lorsque tout a t mis en oeuvre au niveau de l instance racontante pour l invisibiliser au maximum Si ces deux arti culations sont fondamentalement discontinues seule la premi re peut arriver resti tuer une continuit qui semble naturelle sauf si l on soumet le film un r gime de consommation non pr vu par l Institution ainsi de l analyste qui visionne un film sur une table de montage Au contraire l articulation de plan plan est et restera tou jours sensible Les plans restent toujours des unit s discr tes m me si certaines prati ques de montage ont comme objectif de r duire au silence maximal l articulation qui les r unit Pour revenir la th orie de Benveniste il nous appara t vident que l articulation entre photogramme et photogramme se situe carr ment du c t de l histoire c est dire du c t du monde racont et qu elle laisse transpara tre bien peu de choses en tant qu articulation concernant l instance racontante Elle semble en effet pour re prendre les termes de Genette mancip fe de tout patronage narratif l oppos l articulation entre plan et plan affiche toujours d j
135. tamis 6 des codes et des modes qui r siste au programme un poids mort dans l avanc e du r cit Dans la mesure o elle est toujours affaire de d tails et de rencontres hasardeuses la singularit ne saurait tre int gr e un programme sauf tre mim e puisqu elle en est par d finition l accident et l chec L originalit se d mon tise tr s vite ce qui tait original hier peut devenir banal ou vieillot aujourd hui Ce qui est r ellement singulier reste singulier LA NUIT DU CHASSEUR GERTRUD LA R GLE DU JEU le sont autant aujourd hui qu au jour de leur sortie car la singularit n est pas recyclable On ne peut rien faire de la boiterie d un autre sinon s exposer au ridicule et l ind cence de l imiter Aussi bien les oeuvres les plus singuli res du cin ma aujourd hui celle d un Godard ou d un Bresson sont celles dont il n y a pas grand chose h riter sinon du respect qu un cin aste se doit lui m me en tant qu artiste et qui est loin d tre aujourd hui la chose du monde la plus partag e jusques et y compris dans sa boiterie sa part de b tise ses culs de sac et ses erreurs Le cin ma est ontologiquement un art de la singularit Et sans doute croyait elle bien faire la f e qui s est pench e sur le berceau du cin ma sa naissance en pronon ant l oracle qui devait le distinguer des autres arts du temps Tu auras faire avec la singularit d
136. te de 1964 manifeste de PA P C Q Le cin ma autre visage du Qu bec colonis N D L R Le texte qui suit tente de faire le point sur les venements cin matographiques qu b cois des derni res semaines Il a t pr par par des membres de l Association professionnelle des cin astes du Qu bec et endoss par l ex cutif de cette association Il constitue par cons quent un document de premier ordre sur ces venements est une tape importante dans l histoire du jeune cin ma qu b cois d une communaut ouvriere Mgr Lavoie qui profite dun SITUATION ACTUELLE Depuis quelques jours la question de la censure cinemato graphique occupe nouveau la premi re page de nos jour naux Or ce d bat se passe dans une confusion totale d cla rations et contre d clarations conf rences de presse et t l grammes s appuient se r pondent et se contredisent minis tres de l Etat et ministres du culte commer ants du cin ma et cin astes se scandalisent s inqui tent et se r confortent Les journalistes sp cialis s ne s y retrouvent m me plus et se refusant tout travail d analyse se contentent de publier les t l grammes et les d clarations LE DEVOIR MONTRE AL STAR QUEBEC PRESSE MONTREAL MATIN ou au mieux nous r sumer la situation LA PRESSE Or qu en est il au juste De qui et de quoi s agit il En d au tres termes quelles sont les forces les groupes en pr sence Il y en a ci
137. te phrase a presque pris un statut l gendaire L on pourrait aussi bien r torquer que son manque l annule Nous pr f rons plut t ce questionnement quelle s part s de la th orie peut vent clairer ou occulter quelle s partie s du film du cin ma Theoria en grec action d observer de contempler Theorein observer regarder con templer Les th ores taient ceux qui allaient consulter les oracles Dans le dispositif cin matographique n est il pas un lieu critique d j investi consciemment ou non dans une dynamique th orique d un sch ma de communication o le r cepteur peut devenir lui aussi un producteur de sens plut t que d tre passivement produit comme specta teur Est souvent th oricien l autre qui parle en nous pour nous jamais soi Se pose peut tre alors la question du discours de l autre de l espace qu il produit du sens qu il prend et qu on lui refuse en niant le fait th orie l effet th orie Premier mythe balayer l exhaustivit et l absence de point de vue de l analyse L h t rog n it des codes tant le pendant structural de la singularit ontologique dont parlait M Bergala La pluricodicit du langage cin matographique ses sp cifi cit s multiples ses divers r gimes d nonciation font enfin obstacle un discours id aliste transparent absolutiste voire totalisant sur le 7e art m me magnifiant sur l audiovisuel Et poir souligner la l
138. tes sur un film de Hans J rgen Syberberg collection Cahiers du cin ma ditions Galli mard o il y a aussi La rampe de Serge Daney que je lis une premi re fois en une journ e le 24 juillet dont je tiens moi la lecture pour absolument indispensable la lecture maintenant de quelque film que ce soit comme je tiens moi la lecture de son livre par Syberberg pour indispensable la lecture de son film collection Cahiers du cin ma ditions Gallimard et j y lis dans Parsifal la vie na t de la tension d t elle aller jusqu la rupture Celui qui ne va pas jusqu aux limites ici aussi est perdu dut vivre dans l clat de rire que sa vision inaccomplie et la v rit inaccomplissable faisait d verser sur lui o est le sens demandent ils D au tant plus que dans la rage de leur pens e sans identit ils ne sont gu re entra n s le trouver Hans J rgen Syberberg Mais qu est ce que nous faisons Syberberg Bu uel moi avant tout Nietzsche sinon chercher et parler des sens ce que nous existons endurons toujours menac s par tous les pi ges nous d abord et toute th orie et ainsi de suite blues clair On peut voir dans le cin ma de Syberberg comme un rejet du cin ma de Bu uel Mais les notes crites par le cin aste allemand me semblent dire assez qui n aurait rien vu Hiroshima que Syberberg continue si autrement
139. tie d une toffe imaginaire elle peut 1 contribuer l laboration de la fiction La r sistance Le c t un peu tra tre de la th orie fait nous en m fier Ce trop comme pas assez nous balance de la rigidit la plus sur mo que au laxisme le plus facile Ce que l on ga gnerait dans un sens on le perdrait dans l autre On en redoute le dogme dont la fonc tion serait d tre vraie Nous attendons de la th orie qu elle soit applicable mais sa moindre faillibilit nous la laissons tomber Tout est pr texte pour retomber dans l impressionnisme le plus mar cageux L on cherche alors pr server son sens des r alit s L on veut travailler dans les codes admis et au moindre d centrement th orique semble poindre la menace La th orie la fiction risqueraient de nous r v ler ce qu on ne veut pas savoir Le probl me de la v rit de l interpr tation n est pas pos On constate simple ment qu elle a un sens qui n apparaissait pas dans le texte manifeste Ce qu on cherche ce n est pas comme Descartes le vrai mais le sens j ajou terais du sens Or il s agit de quelque chose de plus par le sens nous avons acc s au d sir et nous d couvrirons comment le d sir est le ma tre et le metteur en sc ne et du 1 sens et du non sens i e du sens et du refoulement Ainsi notre r sistance correspond bien une fonction d fensive d o l importance des ma
140. tions importantes des remue m nages en profondeur Aujourd hui le mouvement marxiste l niniste est enterr Et plus encore puisque r cemment dans Spirale octobre 1983 Gordon Lefebvre note au Qu bec la fois le d crochage du p quisme triomphant et du marxisme l ninisme orphelin de Mao la vision est la m me ou le produit du m me loignement Elle est cr pusculaire et conduit la liquidation Y aurait il un rapport entre l essoufflement du politique et du cin ma au Qu bec Tel n tait pas toutefois le cas au d but des ann es 70 et Champ Libre appara t au moment o le cin ma qu b cois politique conna t sa p riode la plus productive C est sous cet clairage qu il peut tre int ressant de d crire bri vement l exp rience th o rique et critique de Champ Libre de m me que sa place dans la pratique cin matogra phique au Qu bec Je ne donne qu une esquisse bien s r puisqu il faudra un jour de tout ce mouve ment politique culturel qui s tend sur plus de 10 ans et dans lequel Champ Libre s inscrit faire une tude plus syst matique Champ Libre voulut d abord s appeler Cin ma Qu bec et remplir le vide laiss par la fin d Objectif en 1967 n 1 p 7 Deux premiers num ros parurent en juillet et d cembre 71 chez Hurtubise HMH dans la collection Les Cahiers du Qu bec En novembre 72 un 3e num ro puis un 4e le dernier au printemps 73 Ces deux dern
141. to nymie par l utilisation du concept selon lequel la source du texte peut aussi tre non pas l auteur mais le film lui m me how do you know this isn t lying Ce caract re auto r f rentiel du film se voit accentu par la forte pr sence de termes indiciels dont le r f rent est relatif la place de leur nonciation comme here et now et bien s r this Ce dernier terme ressort encore davantage dans la version acc l r e la suite des mots Lets look back Ainsi la phrase suivante this is to convey This This as say signifier d j tronqu e devient This is This This signifier en liminant les mots quasi illisibles Le film pr sente donc le paradoxe d une structure d centr e d hi rarchis e Les mots peuvent en g n ral se lier en phrases Mais le film pr sente un endroit une liste de vingt sept mots isol s qualifi s de ten solo words de m me que des mots vulgaires qui apparaissent entre des mots cons cutifs lorsqu il est question de censure cet cart s ajoute la phrase suivante d coup e non pas en mots mais en syllabes Some where o ver the rain bow skies are blue Le lecteur de SO IS THIS la faveur d un balancement entre le continu et le discontinu qui l emm ne s attacher des proc dures locales sans les rapporter un centre devient tr s vite spectateur entra n vers la texture le grain m
142. ts indiciels du langage Ibid p 137 5 On pourra se reporter entre autres Les relations de temps dans le verbe fran ais et De la subjectivit dans le langage parus dans le premier tome de Probl mes de linguistique g n rale Paris Gallimard 1966 Voir aussi et surtout L appareil formel de l nonciation dans le deuxi me tome du m me ouvrage 6 Voir Fronti res du r cit Communications 8 Paris Seuil 1966 p 159ss Article repris dans Figures II Paris Seuil 1969 Dans son analyse du passage de Gambara Genette montre comment la moindre observation g n rale le moindre adjectif un peu plus que descriptif la plus discr te comparaison le plus modeste peut tre la plus inoffensive des articulations logiques introduisent dans la trame de l histoire un type de parole qui lui est tranger et comme r fractaire p 162 7 Ibid p 161 Ici comme dans la note pr c dente nous nous sommes permis de remplacer le mot r cit utilis par Genette par histoire entre crochets On sait que r cit au sens pr cis o Genette l entend ici est l quivalent de his toire et qu il n a alors pas le sens d oeuvre narrative 8 Tzvetan Todorov Les cat gories du r cit litt raire Communications 8 p 126 9 Catherine Kerbrat Orecchioni L nonciation de la subjectivit dans le langage Paris Armand Colin 1980 p 170
143. ttre en lumi re comment ils peuvent s alimenter mutuellement Le public fut galement mis contribution et la centaine de participants qui assista activement aux trois jours que dura le colloque permit aux intervenants de d velopper davantage leur pens e ou de mesurer certaines distances entre leurs pr occu pations ou approches et celles de l assembl e Tous ces d bats furent enregistr s et nous aurions bien voulu en publier de larges extraits si des contraintes ditoriales ne nous en avaient emp ch s Ils existent n anmoins sur bande pour le b n fice de quel ques chercheurs intr pides ou de curieux courageux Il reste certes poursuivre ce retour sur l histoire des institutions et de la critique cin matographique au Qu bec Les discours th oriques dans L cran S quences Ob jectif Cin ma Qu bec jusqu aux plus r centes interventions de Format Cin ma et de 24 images m riteraient une attention critique poursuivre aussi cette mise jour du r le des politiques desindividus et des moyens qui ont frein ou stimul le cin ma au Qu bec approfondir la recherche m thodologique pour non seulement d couvrir les signes cach s du discours filmique et ses proc d s de continuit ou de discontinuit mais galement contribuer l closion d un milieu fertile et propice la poursuite d une telle entreprise lequel faciliterait les changes sur le plan national et interna tional Certains
144. u n a rien dire On peut craindre qu une direction par des fonctionnaires ou par le gouvernement pourrait affecter le d veloppement de notre cin ma La loi 109 ne va pas r gler tous nos probl mes Il faudrait notamment que les cin astes apprennent ne pas toujours et uniquement d pendre de l tat Il faudrait se regrouper davantage pour pr senter des projets et produire Le fait qu il n y ait qu une seule coop rative de production l ACPAV me d s me Pourquoi du c t des jeunes ne voit on pas de nouveaux regroupements L avenir est l Il faut ouvrir des pistes nouvelles 27 La politique cin matographique f d rale de 1968 1983 par John Roston L division des juridictions entre les gouvernements provinciaux et f d ral a toujours amen ce dernier s occuper de la production des films plut t que de leur dis tribution Depuis 1968 en ce domaine le f d ral a initi trois politiques majeures La premi re fut la cr ation de la Soci t de d veloppement de l industrie cin matogra phique canadienne en 1968 la seconde en 1975 la possibilit d amortir 100 du co t de capital et la derni re en 1983 l tablissement du Fonds de d veloppement pour la production d missions canadiennes On nous promet depuis 1972 une politique cin matographique globale mais on attend toujours Durant ce temps l tout ce qu on peut faire c est d examiner les d marches ant rieures Chaqu
145. ularit c est peut tre qu il sait beaucoup plus qu il ne croit quelle exp rience de spectateur l attend avec ces films l et que de cette exp rience l il ne veut plus Car ce public sait confus ment que chaque chose ou chaque corps r ellement sin gulier qui appara t sur un cran nous renvoie son unicit c est dire notre soli tude et notre diff rence irr ductible en face de lui autant dire l impossible ach ve ment du programme et la mort Gombrowicz parle quelque part dans son Journal de cette angoisse face aux choses en soi qui nous plongent dans le d sespoir de la soli tude on se retrouve seul face la chose et la chose est crasante Le v ritable tat des choses est dans leur singularit irr ductible et le cin ma est sans doute l art le mieux plac pour la capter mais devant elle le spectateur est forc ment amen faire l exp rience d un tat d abandon et de solitude dont de plus en plus il ne veut rien savoir lorsqu il va au cin ma et qui est le v ritable sujet du film de Wim Wenders qui a justement pour titre L TAT DES CHOSES Consid rons que dans la cr ation de tout film il y a une part de programme l id e du film son projet son sc nario etc et une part de r alisation le moment o le film se fait r ellement s inscrit dans de la mati re que le cin aste travaille au tournage au montage au mixage Il y aura toujours un foss e
146. un d tail qui se fait discr tement remarquer parce qu il a R alisateur de courts et longs m trages critique professeur Alain Bergala est membre de la r daction des Cahiers du cin ma et a publi plusieurs livres sur le cin ma et la photographie l air de d sob ir l ordre qui a programm ce visage La singularit est toujours une entrave l ex cution parfaite du programme une anomalie La perfection dont Renoir disait qu elle engendre in vitablement l ennui ne saurait tol rer la v ritable singularit qui est toujours un embryon de monstruosit Sa limite c est la fadeur du visage du mannequin dont on peut admirer un instant la parfaite ex cution mais que l on oublie aussit t tourn e la page du magazine Si la singularit est quasiment par essence une offense l harmonie au pro gramme au consensus esth tique c est pourtant d elle dont on se souvient et c est d elle dont on peut tomber amoureux dans un visage ou une d marche Mais du m me coup c est de ce trait singulier que peut venir l aversion c est cause de lui que l on peut aussi se mettre d tester un visage La singularit n a jamais fait bon m nage avec la recherche du consensus il est dans sa nature de s exposer une appr ciation ou un d sir lui m me hasardeux et singulier dans tous les cas impossible pr venir ou programmer Les publicitaires lont bien compris qui se contentent de m
147. une structure de production ind pendante Bref le cin ma qu b cois et ses cin astes s affirment au del des diff rences au del des divergences dans cette unit en qu te de force d un groupe dynamique qui voit devant lui les obstacles et veut les surmonter Un des gestes auxquels on songe pour mat rialiser ces volont s c est de re grouper les cin astes en une association professionnelle qui serait somme toute la pre mi re r ellement cin matographique au Qu bec l automne 1962 sept cin astes de l ONF Beaudet Dufaux Giraldeau Godbout Jobin Martin Perron forment un comit provisoire en vue de former une association de cin astes Une premi re assem bl e g n rale d information a lieu le 13 novembre 61 personnes y assistent Deux faits en ressortent On pr f re quasiment l unanimit se constituer en association pro fessionnelle plut t qu en syndicat La question nationale s imprime d s lors par le rejet de la dimension canadienne de l association proposition de Claude Fournier et la cons cration du caract re fran ais de l association Le 5 f vrier 1963 les cin astes se r unissent une nouvelle fois Ils sentent tous le besoin de r pondre collectivement aux probl mes qui les confrontent individuellement dans l exercice de leurs nombreux m tiers Depuis quelques mois une centaine chaque fois ils se sont r unis pour pr ciser leurs besoins et leurs revendications Maintenant il
148. une th orie narratologique du cin ma 43 ract re concert l aspect discursif de la narration comment certains indices d voi laient et attestaient la pr sence au dessus de l histoire racont e sinon d un noncia teur en tant que tel du moins d une quelconque instance responsable de l organisation des signifiants narratifs et capable par exemple de porter des jugements sur l univers di g tiques constitutif du r cit produit Il en vint ainsi conclure que les essences de l histoire et du discours ne se trouvent presque jamais l tat pur dans aucun texte il y a presque toujours une certaine proportion d histoire dans le discours une certaine dose de discours dans histoire di Mais il est une autre fa on plus fonctionnelle croyons nous d envisager la ques tion Il s agit de pousser la logique de l analyse de Genette et de consid rer comme le fait Todorov dans le m me num ro de Communications que Poeuvre litt raire a deux aspects elle est en m me temps une histoire et un discours C est ainsi qu il devient possible de laisser tomber toute vell it de ventilation en deux sous ensembles disjoints de l ensemble des productions discursives attest es qui finit bient t par appara tre comme un exercice vain C est par ce biais qu il nous appara t productif de chercher cerner avec pr cision les divers modes du r cit les divers r gimes de
149. ur ne correspond pas avec le d but et la fin des phrases et la tenta tive d tablir des quivalences s mantiques achoppe L volution progressive du film dans une orientation minimaliste consiste lib rer la couleur de son support pour la ramener sa signification premi re selon laquelle elle est fonction des propri t s physiques de la lumi re longueur d onde et de sa diffusion Aussi la couleur appara t elle tant t en aplat tant t en jets lumineux et parler de la liste des vingt sept mots isol s pr sent s vers la fin du film devient aussi mensonger que de dire qu il s agit de ten solo words apr s le vingt septi me en effet une lumi re blanche appara t soudainement sur le fond noir pour laisser place aux mots What is this This is it Tout calcul devient d s lors impossible le film lui m me se voyant ramen de l es pace du temps et de la lumi re Les derniers mots du film sont les suivants This film will seem to stop la phrase ne comportant pas de point donc inachev e di verses couleurs prenant la place des mots suivies par l amorce elle m me puis le fais ceau lumineux apr s la fin de l amorce etc Le fonctionnement du film partir du fini qu impose sa r alisation tend vers le non fini Dans cette logique une note au projec tionniste accompagne le film sur laquelle on peut lire Let film run completely through projector including end leader with lamp o
150. urs personnages peuvent tre consid r es comme des sous syst mes Or ces sous syst mes sont per m ables au changement du fait qu ils ont subir tout au long du r cit fictionnel de plus ou moins nombreuses et importantes transformations En ce sens le syst me ro manesque et le syst me filmique doivent tre compris comme des syst mes ouverts c est dire perm ables au changement En outre si l on veut comparer deux syst mes il convient d identifier en premier lieu ce qu ils ont en commun Or le roman et le film de fiction ont ceci de commun qu ils sont tous les deux des moyens d expression caract re narratif ou si l on veut de l ordre du r cit Par narratif il faut entendre qui raconte une histoire et par r cit un discours narratif comportant des personnages qui accomplissent des actions Cependant si le roman et le film de fiction sont tous les deux des r cits l un et l autre se distinguent nettement au niveau de la mise en forme du r cit Tous deux en effet ne mettent pas en oeuvre les m mes mati res de l expression au sens de Hjem slev En effet le roman est livr par le truchement d une seule mati re de l ex pression la langue tandis que le film de fiction et tous les films en g n ral peut faire appel cinq mati res de l expression comme l a d montr C Metz les images les paroles les mentions crites les bruits et la musique En co
151. vers toute une rh torique du signifiant essayer de contourner le pro bl me fondamental du d codage du film et de la d rive s mantique esth tiques qui vont de l empirisme dans les documentaires traditionnels au point de vue d une analyse politique de la r alit jusqu la tendance plus r cente du cin ma ethno graphique d intervention qui consiste r aliser des films qui encadrent leur lecture SO IS THIS n existe que par son spectateur sujet tout percevant pour reprendre l expression de Metz et il pousse la limite cette donn e fondamentale du cin ma trop souvent occult e en pr sentant la subjectivit comme donn e ma tresse La lecture performative soul ve encore plus de difficult s que la lecture fiction nelle dit Roger Odin Elle pose en effet le probl me de l institution permettant le fonctionnement d une telle lecture mais surtout le probl me plus fondamental de l in vestissement imaginaire son va et vient entre l indicible et le contr lable SO IS THIS tout en cherchant obtenir du spectateur cette lecture performative pose en m me temps le probl me de la production des significations et permet aussi sans con tradiction une analyse dans le cadre de la pr sente institution cin matographique Il appara t comme une oeuvre de demain pour des spectateurs d aujourd hui A ce titre il donne des pistes de r flexion pour une remise en question du langage
152. ychologiquement proche de nous ou plus elle sera susceptible de nous motiver et plus on dira que son degr de centralit est lev et inversement Cet objet peut tre proche de nous ou nous motiver d abord parce que dans la r alit elle nous est effectivement reli e directement nos proches par exemple mais tel n est pas toujours le cas Il suffit que par suite d un ph nom ne quelconque nous la consid rions comme reli e directement nous m me si dans la r alit elle ne l est pas Les m canismes qui peuvent intervenir alors pour susciter une telle valuation de notre part sont divers et complexes qu il s agisse par exemple de ph nom nes de per ception ou encore de m canismes plus proprement psychologiques identification projection etc Peuvent aussi intervenir les phnom nes d crits par Clynes qui a mis en lumi re le fait que lorsque nous percevons chez quelqu un m me inconsciemment des micro ou macro comportements engendr s par une motion qu il ressent vraiment nous nous mettons alors ressentir la m me motion que lui Il n est pas impossible non plus qu interviennent dans l tablissement d un lien symbolique certains m ca nismes apparent s au stress Rappelons ce sujet les travaux men s r cemment aux Etats Unis et qui montrent que diverses situations de la vie courante d c s mariage perte d emploi etc cr ent chez nous des niveaux de stress d finis Je cr

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