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1. i EN NON SS Ve Qs N N SENSATIONS FORTES I fi NS SUIVRE LES OMBRES Di ROBERTSON A STURTEVANT A tous les scribes et artistes pratiquants de la magie par qui ces esprits se sont manifest s Ainsi William S Burrouhgs introduit Les cit s de la nuit carlate en invoquant les divinit s obscures et saluant ceux par qui elles se sont manifest es S il y a un maitre des ombres c est celui que j invoque Et je parlerai de ceux par qui son esprit s est manifest Les montreurs d ombres Ils sont ici Robertson qui eut com merce avec les fant mes Castle qui sema la panique Hollywood Hitchcock qui fit de sa perversion un art le cin ma Waters dont la carri re est d di e aux marginaux de ce monde et enfin Sturtevant qui r v la tout cela dans une uvre conceptuelle Tous ont cherch provoquer des sensations chez le spectateur Englob es sous le terme de sensations fortes ces sensations sont d abord du c t de la peur puis se m lent au plaisir et toutes passent principalement par le visuel le scopique Le mot sensation volue surtout au 18 si cle o appara t l expression faire sensation Si l on peut faire sensation il semblerait qu il y ait un art de la sensation avec un d veloppement de techniques qui permettraient d prouver cette sensation La lanterne magique aussi appel e lanterne de peur en est un exemple Il y a quelque2. la cabine de projection L apparition du squelette dans la salle coincidait avec celle du m me squelette dans le film PERCEPTO Le Percepto apparu avec la sortie de The Tingler 1959 consid r comme l uvre majeure de Castle Quand les victimes du Tingler crient de peur VOUS aussi vous ressentirez chacune de ces sensations choc gr ce au Percepto la derni re invention tech nique qui terrifie frapper les crans 17 John Waters op cit p 27 ci dessus le Tingler organisme imag inaire de la taille de la colonne vert brale de la victime ci dessous gauche couverture du manuel d instructions destin aux cin mas distribuant The Tingler droite photo illustrant l installation du syst me lec trique sous le si ge de cin ma THE PERCEPTO FOR N 18 MANUAL wW y Le mot tingler est un nom d riv de tingling le pi cotement The Tingling sensation est donc la sensation de picotement que provoque la peur ici mat rialis e par le Tingler C est un animal trange qui grandit le long de la colonne vert brale au moment d une forte angoisse jusqu l touffement Le seul moyen de ne pas mourir de peur est de crier comme il est annonc avant le film Le cri paralyserait le Tingler Le public est donc invit se
3. l ch er crier tant qu il peut ou veut puisqu il en va de sa vie Similaire l appareil qui sert provoquer un passage de courant lectrique de faible puissance quand on serre la main le Percepto se composait de petits moteurs install s sous les si ges des cin mas activ s par des op rateurs de projection au moment pr cis o le public tait terrifi Lorsque les spectateurs sentaient bouger leur derri re la salle clatait en un rugissement infernal Alors que j tais assis vivre le miracle du Percepto j tais convaincu qu il tait possible qu il y ait de l Art dans le cin ma TESTING FOR ALTERNATE PLACEMENT OF MOTORS ILLUSION O L Illusion O tait un dispositif optique permettant de voir les 13 fant mes du film 73 ghosts 1960 Sous la forme de lunettes de deux couleurs variante des lunettes 3D elles ont une fonction sp cifique expliqu e dans la pr sentation de Castle de son film Do you believe in ghosts demande d abord Castle Selon la r ponse le specta teur utilisera soit la partie rouge permettant de voir les fant mes pour ceux qui y croient soit la partie bleue pour ceux qui n y croient pas et ne les verront donc pas 19 La Cin math que Fran aise dossier de presse r trospec tive William Castle du 19 juin au 2 ao t 2009 20 Beaucoup d autres de ses inventions ne port rent pas de noms Notam
4. serait le texte d un signifiant de d sir qui hante l invention du cin ma Jean Louis Baudry dans son texte Le dispositif approches m taphysiques de l impression de r alit In Communication 23 1975 p 63 27 Pour lui si l homme a invent le cin ma ou a contribu son invention c est parce qu il avait un d sir Un d sir nous disons bien une forme de satisfaction perdue que son dispositif aurait pour but de retrouver d une mani re ou d une autre et m me jusqu la simu ler et dont il semble que l impression e r alit soit la cl Le succ s de cette invention en a t et en a est la preuve LA PENS E TAPE A L IL Nous avons vu un premier niveau de ressem blance entre le spectateur et ce qu il reconna t sur l cran un alter ego Et nous avons un deuxi me niveau de res semblance la m taphore de l appareil psychique humain par le dispositif cin ma cf Jean Louis Baudry Cette ressemblance est du m me ordre que celle de la camera obscura avec la vision humaine En effet la cr ation de la camera obscura n a t possible que gr ce l avanc e des connaissances concernant l optique et la perception des sens au 16 si cle L tude des croquis de Leonard de Vinci sur l optique montre d ailleurs une planche comparative d un il en coupe transversale et d un bus te d homme dont le syst me de vision dessin est celu
5. Press Pour Sturtevant qui il est arriv d incarner Beuys autant que Duchamp ou Dillinger la r p tition est sombre et comique elle d tient le secret de nos morts et de nos vies aussi Phrase qui rappelle et d passe le lien que fait Marie Jos Mondzain entre l image et la mort L image est du m me tissu que les fant mes et de la m me eau que la libert La vie est le tissage des ombres faite of the same stuff as our dreams are made of disait Hamlet Dire cela ce n est pas douter de la vie ou de la libert mais bien au contraire ne plus douter de la vie des ombres ni de la libert de ceux qui ont commerce avec elles Sans images sans fant mes nous sommes priv s de la m moire des morts et de notre propre mortalit L image seule fait lien avec la mort Et r p t e elle en d voile le secret Sturtevant en r pliquant l image d voile un secret in trins que celle ci On pourrait avancer que la r plique n est qu une translation math matique point par point Une projection sans ombre Ou bien avec un autre type d ombre Et Sturtevant serait notre troisi me montreuse d ombre Comme le bouclier de Pers e refl ta l image de la Gor gone et permit au h ros d chapper la p trification par le regard d doubler une image est un moyen de surmonter celle ci John Waters nous claire Le r alisateur et l artiste sont en effet amis Sturtevant crivit m
6. chose de l ordre du sensationnel de l extraordinaire dans la sensation Le mot volue vers celui de fantastique Le mot grec fantasein qui signifie imaginer est l origine de fantastique fantasme fant me et fantascope l outil du pr cin ma que nous tudierons On peut dire qu il y a une tradition de la modernit qui est une tradition de la sensation forte du go t des spectateurs pour ce qui donne des sensations fortes Le cin ma est au 20 si cle le m dium privil gi pour la cr ation de ces sensations Nous nous attacherons plus particuli rement la peur et nous tudierons 3 ce qui la provoque Car il semblerait que la cause ne soit pas celle qu on croit lorsqu on regarde les premi res projections des fr res Lumiere Les r alisateurs William Castle et Alfred Hitchcock forment le couple embl matique de cette tude Si aujourd hui le second d passe de loin le premier en reconnaissance ils ont autrefois t souvent confondus puisqu ils poursuivaient le m me but faire hurler le spectateur Le premier pour arriver ses fins d veloppe nombre de techniques et trucs qui augmentent la projection de ses films par univers hors image proche de celui des fantasmagores Le second se concentre sur toutes les possibilit s qu offre le medium cin ma et r ussi provoquer un sentiment qui d passe la peur l angoisse Nous chercherons alors la source de cette ang
7. d mence Psycho le trajet vers l effroi passerait il par la suspension questionne Lydie Decobert dans son livre L escalier dans le cin ma d Alfred Hitchcock Une dyna mique de l effroi Car l escalier est un l ment architectural suspendu mais au del de cela tymologiquement l anglicisme sus pense emprunt au mot suspens d signe l tat de ce qui est suspendu soit une attente angoiss e ou le moment qui suscite ce sentiment Cet effet du cin ma a t interrog de nombreuses repri ses et notamment par la philosophe de l image Marie Jo s Mondzain dans mages suivre De la poursuite au cin ma et ailleurs Elle y met en exergue tout d abord la place de l inconscient des h ros dans les films de Hitch cock alors que le spectateur est encore conscient Le suspense est le savoir anticip du spectateur lorsque le spectateur a une longueur d avance sur l v nement Sans qu il soit conscient c est le h ros qui d clen che le m canisme fatal et ga se passe pratiquement tou jours en dehors de lui La mise en route de m canisme pr c de son d sir conscient L inconscient ex cute avant la conscience Il s agit d un d sir secret le v u est r a lis avant que le h ros l exprime Hitchcock prend ainsi la figure d un ordonnateur des perversions celles de ses personnages mais auxquelles les spectateurs prennent part On pourrait comparer le my
8. de la douche illustrant le film Psycho droite photomontage ex trait du manuel d utilisation d un public qui assisterait au film The Tingler images embl matiques dans les deux cas pour la concentration de 1 motion sur l cran et en face pour l importance du public pr dominant sur l image du film 21 Hitchcock propos de Psycho cit par Emmanuel Siety lors du Cours de Cin ma au Fo rum des Images sur Le Go t de la peur 6 mars 2009 24 En 1961 un an apr s Psycho Castle r alise Homicidal Il y a trop de ressemblances dans le sc nario pour que ce soit un hasard Ce n en est d ailleurs pas un Castle a de mand aux membres de son fan club ce qu ils pensaient du film de Hitchcock et les r ponses tant positives si cela les d rangerait de voir un film semblable Ainsi la version de Castle sur le th me du travesti tait cens e tre une am lioration de Psycho D un autre c t le succ s de Psycho l poque fut en partie d la technique publicitaire C est ainsi que per sonne n tait accept dans la salle une fois le film com menc Et cette mani re d aborder le public est bien la m me que celle de Castle lui qui consid rait la salle de projection et le cin ma m me comme le prolongement de ses films Mais les ann es oubli rent Castle alors que Psycho bien au del de sa technique publicitaire reste une ceuvre cin matographique majeure Le
9. exemple la r p tition est l acte de projeter un invisible une seconde fois afin de rendre visible ce qu il contenait de non observable C est x renare SONDE a sala co pee ae SOS Les montreurs d ombre que nous avons rencontr tout au long de cette pis er nt Si PTE estee SN ee 14 ont fait r agir le spectateur au travers de sensations fortes Les formes qu ont pris leurs do s c at m A PARRA susa sa T dispositifs sont leur mani re m taphoriques de l attente des specateurs A ee ia HI P 1a capacit peut tre de toucher la chose iR nh 3 l volution de ses connaissances tant dans le domaine des sciences experimenta n pa RR Be Rant e est rechercher l essence abe dans le domaine des sciences humaines l homme tente semble t il d appr hen je le de 1a realit telle qu elle n appara t PER aea id r el Mais ne tente t il pas de le figurer le plus fid lement possible pour S s en d lit La r p tition viendrait d voiler cela elle d passerait sser Instaurer une distance qui lui permette d annihiler ses craintes Toutes ces te inventions ou techniques agissent comme des moyens d ext rioriser la peur Elles per mettent de d sacraliser la mort en la rendant vivante en la revelani Ainsi Sturtevant da sua are ie ae atando l infrastructure avec sa forme d su te de train fant me et ses r pliques d uvres de grands artistes ai Su canina pigli PE 1a s inscrit dans cette lign e avec toutefoi
10. fortes du spectateur qu il aurait chou Voil la base du cin ma selon J r me Prieur pour l op position fantascope praxinoscope et voil la voie que je vais suivre ici Pour la suite il est inutile de parler de M li s qui fut le Magicien de l Ecran le Jules Verne du Cin ma et m me le Roi de la Fantasmagorie car la simple pro jection d un train arrivant en gare suffit cr er un mou vement de panique dans le public lors de la projection du film des fr res Lumi re en 1896 L Arriv e d un train en gare de La Ciotat Le public eut peur que le train ne fasse irruption dans la salle de projection Le train est le spectacle le plus mouvant qu on puisse r ver sur le quai employ s et voyageurs attendent Le voici Vous le voyez arriver grossir gagner de la vitesse il semble sortir de la toile s lancer vers vous des dames en chair et en os se reculent d horreur tant la v rit est foudroyante L intention des bien nomm s fr res Lumi re n tait pour tant pas de terrifier mais le fait est l les gens ont cru au cin ma Le r flexe de se rassurer en se disant C est du cin ma c est dire ce n est pas la r alit est venu plus tard Et peu peu le public a pris go t ce jeu du fais moi peur Comportement h rit des s ances de fan tascope Pas dans l imagerie diabolique pas dans la peur du d moniaque mais dans la peur suscit e par le m
11. p 878 Donata Pesenti Campagnoni citant Athanasius Kircher op cit p 769 dans Les arts de l hallucination Page ouver te ed Presses de la Sorbonne Nouvelle 2001 p 129 J r me Prieur parlant au nom de Robertson dans son film documentaire Vivement le ci n ma diffus sur Arte le 26 d cembre 2011 Les gravures sont extraites d Arch ologie du Cin ma C W Ceram ed Plon 1966 Art trompeur l optique conduit le spectateur aux fron tigres d un monde aux traits hallucinatoires et veut insinuer en lui des doutes quant ses facult s de per ception cause de l garement provoqu par la vision d une ombre ayant l apparence de la r alit et cause de la perte des coordonn es spatio temporelles cr es par la merveilleuse repr sentation de toute image dans une chambre noire ou dans le silence de la nuit profonde Grand succ s sans cesse r appropri la lanterne magi que voyagera travers l Europe et le monde pendant plus d un si cle dans la cour du roi Frederik III Co penhague avec Paul Phillidor en Allemagne qui ajouta la lampe Argand pour une plus forte puissance de projec tion avec Johann Georg Schr pfer qui projeta sur cran de fum e jusqu son volution la plus significative sous la forme du Fantascope de Robertson Je n ai pass ma vie qu une seule chose jouer avec la peur La mienne Celle des autres La p
12. sujet m importe peu les personnages m impor tent peu ce qui m importe c est que l assemblage des morceaux de films la photographie la bande sonore et tout ce qui est purement technique pouvaient faire hurler le public Pourquoi et comment cette dimension technique exclusi vement cin matographique parvient toucher le public faire remonter en lui des angoisses Voil la question qui fait appara tre l ambivalence de ce cin ma sensations fortes Entre ce qui est de l ordre du proc d technique et ce qui est de l ordre du r v lateur de l enfoui au c ur du spectateur un humain avec son inconscient les images savamment agenc es peuvent cr er un sentiment de ter reur suivant des m canismes qui semblent bien tre psy chologiques Hitchcock a effectivement mani les outils propres au cin aste pour faire peur son public le montage la com position des plans etc Il fera m me preuve d une grande ing niosit technique pour amener le public la sensation qu il veut faire ressentir Tel le jeu de cam ra avec zoom pour la sc ne de vertige dans l escalier de Vertigo L escalier serait d ailleurs em bl matique d une dynamique de l effroi chez Hitch cock selon Lydie Decobert Cet escalier ou structure en marches est investi d une telle puissance qu il prend l aspect d une v ritable machinerie Vertigo moins que son arr t brutal ne nous plonge dans un univers de
13. base d une lampe g n ralement hui le tait ajout un syst me pour glisser une image sur plaque et une lentille Et pas n importe quelle image L astronome hollandais Christiaan Huygens mit au point cette lanterne de peur dans son laboratoire d astro nomie La Haye et la premi re image qu il projeta en 1659 fut un squelette sur fond noir une image de la mort brandissant sa faux un sablier dans l autre main e Beuel T 3 z Y Hugs x e pa L c Mi ST HA LA N En allumant ainsi l image du Diable provoquant la crainte de Dieu dans le public le pere Athanasius Kircher a mis la lanterne magique au service du propagatio fidei j suite Et c est principalement sur ces bases th ologiques et soulignons le effrayantes que s est construit l ensem ble des inventions qui dit on m neront au cin ma Il y a dans ces projections la lanterne magique la cr ation d une illusion par un syst me optique l apparition d ombres proches du r el du moins reconnaissables m me si fantastiques avec l isolement des spectateurs du reste du monde dans l obscurit et le silence Ces l ments r currents cr ent un environnement privil gi pour provoquer des sensations chez le spectateur Athanasius Kircher Ars ma gna lucis et umbrae 1646 Rome Projection du Diable in Gu liemo Jacobo s Gravesande Physices elementa mathema tica Genf 1748
14. ces figures ef froyables diff rents personnages cin matographiques et artistiques Le mort vivant n est autre que Frankenstein les bras tendus du zombie se l vent vers le public La femme vulgaire boudin e execute une reprise de la sc ne culte de Pink Flamigo de John Waters dans laquelle le travesti Divine acteur le plus d go tant de l histoire du cin ma mange les excr ments d un caniche ces figu res du cin ma vient s ajouter celle de l art contemporain la reprise par un automate de la performance du peintre Painter 1995 de McCarthy dans laquelle il se tranche les doigts la t te grommelante sur une table est celle du portrait avec une t te dans une morgue With Dead Head 1981 de Damien Hirst Le spectateur apr s un ou plusieurs tours reconna t Au del de sa propre r trospective Strurtevant cr e une attraction r trospective de l art contemporain et du ci n ma Alors non cela ne fait pas peur bien que tous les ingr dients habituels soient pr sents moins que ces in gr dients ne soient pas ceux que l on croit Rappelons nous ce que l on a vu pr c demment avec Castle D ailleurs Sturtevant comme celui ci convoque l univers forain Mais il y a l un plus que second degr propre l artiste que l on comprend mieux gr ce au reste de l exposition Car cette partie en apparence entertainement n est que la moiti de la r trospective L
15. e l il c est la traduction approximative du titre The Razzle Dazzle of Thinking de la r trospective d Elaine Sturtevant au Mus e d art moderne de Paris en 2010 du 5 f vrier au 25 avril Cette exposition s orga nisait autour de deux parties une r trospective et un v ritable train fant me sp cialement con u pour l occa am la grande lign e classique des trains fant mes fo rains celui de Sturtevant devenu installation s intitule House of Horrors La Maison des Horreurs Le visiteur est invit prendre place bord d une des trois petites voiturettes deux places Puis le train s branle passe la porte en carton p te d une fa ade digne d une reproduc tion d un ch teau des Carpates avec squelettes et t tes de mort Puis l obscurit les bruitages A un rythme tr s lent le spectateur est amen rencontrer sur son chemin des sc nettes telles que un personnage au gros nez se tranchant les doigts sur une table un mort vivant une t te d homme d capit pos e sur une autre table des hommes encapuchonn s une femme plut t vul gaire quatre pat tes au dessus d une crotte et pour finir un squelette sur gissant Ce petit tour ne dure pas plus de trois minutes sa sortie le spectateur se voit remettre un autocollant o est inscrite cette d n gation M me pas peur Effectivement cela ne fait pas peur Mais le spectateur plus ou moins initi a pu reconna tre dans
16. e http www laternamagica fr 41 FIG EN huit exemplaires sur papier pulp avec couverture s rigraphi e n 0 8 Sensations fortes Suivre les ombres de Robertson Sturtevant Rapha lle Serre Villa Arson 2013
17. e reste est consacr ses uvres vid o et ses r pliques d uvres d artiste qui lui ont t contemporains On y retrouve les pi ces ma tresses de Duchamp mais aussi la Chaise et coin de graisse de Beuys des graffitis de Keith Haring et les Flowers de Warhol The Razzle Dazzle of Thinking nous invite quelque chose de l ordre de l exp rience senso rielle principalement visuelle voir optique Comme une impression de d j vu ou m me de d j v cu d crite par Ana s Lepage sur Paris Art tant ces uvres d passent le simple leurre de la m moire et agissent di rectement sur la sensation Les r pliques ne sont pas des copies vides offertes au regard mais des uvres dont la pr sence unique a t restaur e Et les vid os o toujours Uy Un Carole Boulb s Art Press n 366 p 86 Marie Jos Mondzain op cit p 65 quelque chose ripe zappe et d rape semblent reproduire ce mouvement du cerveau qui s arr tant une fraction de seconde r interpr te l instant pr sent comme arrivant de nouveau Pi geant les sens les uvres de Sturtevant cr ent l illusion non pas de voir double mais de vivre nouveau L uvre de Sturtevant ne peut tre limit e l aspect entertainement du train fant me ni m me celui de l appropriation mais d gage une impression un doute plus profond Et c est ce que conclut Carole Boulb s dans son article pour Art
18. eur la peur du vide et du gouffre du noir La peur de ses propres d mons Le plaisir d avoir peur Le plaisir de se faire peur N est ce pas ce que vous appelez aujourd hui le cin ma De son vrai nom Etienne Gaspard Robert n Li ge en 1763 abb reconverti dans les diableries il est le cr ateur au 18 si cle d un syst me de projection d images adapt de la lanterne magique laquelle il ra joute des roulettes et un cran de projection Cette lan terne optique mont e sur des pieds roulettes lorsqu il projette une image lui permet de feindre un mouvement ou un changement d chelle L cran un rideau de percale s pare le fantascope du public qui est plong dans les t n bres Pr cis ment le 23 d cembre 1798 pres de la place Vend me dans un clo tre des Capucins des spectateurs furent convi s se rendre dans la chapelle d saffect e de puis la R volution Ils durent traverser le cimeti re puis un couloir aux peintures fantastiques un Salon de Phy sique contenant miroirs d formants et anamorphoses o la femme invisible attendait qu on lui pose quelques questions Des exp riences de physique exp rimentale telles que galvanisme ou magn tisme introduisaient les projections Robertson pr tendait y faire appara tre les morts et les absents S il ne pouvait pas faire revenir les morts il pouvait du moins projeter l image de la mort Rega
19. eur du moins cela reste hors champ Pas de monstre pas de gore juste la cr ation de sensations terrifiantes dont la source est invisible et dont le r alisateur est le seul maitre La source est aussi invisible qu elle touche en fait l inconscient Le cin ma en tant que dispositif apparait comme une m taphore de la psych humaine nous dit Jean Louis Baudry dans son texte Le dispositif approches m taphysiques de l impression de r alit texte dans lequel il rapproche le cin ma de l all gorie de la caverne de Platon et de Freud Les historiens du cin ma vouloir en d terrer le pre mier anc tre n en finissent pas de plonger dans une pr histoire sans cesse plus fournie De la lanterne magique en praxinoscope et th tre optique jusqu la camera oscura mesure que les fouilles s enrichissent de nou veaux objets et d inventions de toutes sortes le d sarroi on le sent augmente Mais si le cin ma tait bien l effet d un d sir inh rent la structuration du psychisme com ment en dater les premi res bauches La caverne de Platon y est compar e formellement au ci n ma obscurit de la caverne de la salle passivit des esclaves des spectateurs ombres images projet es de vant eux sur l cran la paroi par la lumi re d un feu un projecteur plac derri re eux Ce rapprochement permet Jean Louis Baudry de penser que ce mythe aux origines de la pens e occidentale
20. i d une camera obscura Ce dispositif d enregistrement du r el tait un agrandissement du fonctionnement de l oeil L onard de Vinci coupe transversale d oeil gauche un homme droite integr un globe occulaire agrandit et fait fonction de camera obscura dessin la main 1 si cle Biblioth que de L institut de France Paris Robert Hooke Perspective box 1680 homme avec une camera obscura portative anonyme The Post Humous works Londres 1705 in Film ist und Als ob in der Kunst Staatliche Kunsthalle Baden Baden ed Bilstein Winzen 2005 p 126 Les Arts de l hallucination op cit p 112 les machines d optique comme m taphores de l esprit Idem p 122 123 32 Par analogie la chambre noire et la boite cr nienne permettent de visuali ser en un lieu physique le processus deformationdes images dans le cerveau D s la fin du 17 me si cle l ancienne camera obscura prend les di mensions d une machine d optique portable petite et maniable La chambre noire peut tre m taphorique du pro cessus de perception de la r alit ext rieure et plus g n ralement du processus cognitif Plus tard la lanterne magique quitte l aspect introspec tif de la camera obscura images projet es l int rieur de soi Elle y ajoute de mani re compl mentaire une projection Projection de l esprit vers l ext rieur de soi Ce n est pl
21. ibu aux avanc es techniques et id ologiques qui permettront le cin ma mile Reynaud est presque un si cle apr s Robertson le cr ateur du Praxinoscope D abord construite partir d une bo te biscuit cette invention reprenait galement le principe de la lanterne magique Elle volua vers le th tre optique qui comprenait une image peinte sur bande celluloid cr ant ainsi l illusion de mouvement sur fond de d cors fixes gr ce des jeux de miroirs raison de deux s ances de Pantomimes lumineuses par jour au Cabinet fantastique du Mus e Gr vin Reynaud attira 500 000 spectateurs de 1892 1900 avec de cour tes historiettes charmantes Un bon bock 1888 1889 Le Clown et ses chiens 1890 Pauvre Pierrot 1891 Un r ve au coin du feu 1893 et Autour d une cabine 1893 1894 Mais Emile Reynaud h las a eu peur Il a eu peur de faire peur Pas d histoire de diable et de fant mes Pas d histoire de vie et de mort Pas de sensation forte mi le Reynaud n a pas su prendre les spectateurs bras le corps Bient t s en sera fini de son th tre optique qui dispara tra quelques semaines avant l exposition univer selle de 1900 Il casse m me son invention et la jette dans la Seine avec la plupart des bobines Il n a pas eu le succ s qu il esp rait pour son praxinoscope aux sc nes gentillettes Ce serait donc parce qu Emile Reynaud n a pas jou avec les sensations
22. k Qui lui se concentre sur l image Castle partage avec Hitchcock le go t de l esth tique pur e de la t l vision le noir et blanc la banalit des lieux d une Am rique provinciale des d cors simplissi mes des personnages sans qualit s souvent anim s par de bas instincts et d ignobles pulsions telles l avidit la peur la frustration sexuelle Mais Castle serait le ver sant d cadent de Hitchcock une p riode o le cin ma hollywoodien classique est lui m me arriv son terme C est en cette p riode de d clin hollywoodien que sort en 1960 Psycho de Hitchcock consid r e comme l uvre s minale du cin ma de terreur moderne Psycho est le film pivot de cette tude entre fantasma gories et d bordement de l image dans l art contempo rain En ce sens Hitchcock forme avec Castle un couple embl matique Cette affiche annonce la projec tion de Psycho et de Homicidal comme un combat entre les deux ma tres du suspense Du c t de Psycho il est crit regardez les depuis le d but allusion au fait qu il tait interdit d entrer en retard dans la salle Et du c t de Ho micidal on trouve le Fright break un autre tour de Castle Ce temps de pause 45 secon des avant le d nouement du film laissait le choix au spec tateur de rester ou non suivant son degr s de bravoure Double page suivante gauche la photo significa tive de la sc ne
23. me ce po me son propos Je veux voir John Waters Chaque vendredi l heure du cocktail Pour parler avec lui des raisons pour lesquelles Il aime les criminels C est John Waters qui pointe cet aspect de montreuse d ombre dans le travail de Sturtevant dans une Inter view pour le catalogue de la r trospective Sturtevant La fin seulement de l interview est cit e car c est le moment o tout se dit Interviewer D accord merci beaucoup John John Waters Un instant Essayons de d passer l art Quand je parle du contraire d une beaut hollywoo dienne que je photographie et que je filme c est une ma ni re de faire voir de fa on diff rente Et cela se rappro che bien que relevant de consid rations diff rentes de l limination par Sturtevant du voir pour vous ame ner ailleurs la recherche de l infrastructure De ce qu on ne peut pas voir Comme dans Peyton Place Les plaisirs de l enfer quand au moment o quelque chose de sexy tait imminent je coupais syst matique ment pour revenir l image du second plan ce qui rame nait cet intervalle au premier plan Et le rendait plus sexy m me si ce n tait rien d autre que des plans de coupe Ce qui n est pas montr ce que Sturtevant qualifierait de dissimul cela devient la grain de sable l l ment sale la poussi re Cela fonctionne de deux mani res la r p tition et le non p
24. ment celles qui concernent la communica tion le marketing Voici par exemple le texte d une bande annonce d un film dans laquelle William Castle lui m me alarme les specta teurs Votre attention s il vous plait Pour chaque moment de suspense du film Macabre la vie de chacun dans cette salle de cin ma sera assur e par Lloyd s de Londres pour un montant de mille dollars pour mort par peur N anmoins m me Lloyd s de Londres ne garantira pas cette somme pour les personnes pr sentant des faiblesses ou pour tout suicide d un membre de l audience Ainsi il use de bandes annonces alarmantes d infirmie res l entr e de la salle pour prendre le pouls des spec tateurs les plus fragiles risquant soit disant de mourir de peur de certificats d indemnisation pour mort par peur jusqu au vote du public pendant la s ance pour d terminer la fin du film pour Mr Sardonicus en 1961 noter que le public n a jamais pargn le m chant bienque Castle ait r alis deux fins Castle fait preuve de grande ing niosit en ce qui concer ne l interactivit avec le public Peut tre au point de ne pouvoir s en passer Et c est sans doute en cela qu il ne fut pas reconnu en tant que cin aste Compte tenu de l importance que prend ce qui est hors image il est tr s proche des s ances macabres que l on a voqu es pr c demment Cela en fait l oppos de son contempo rain Alfred Hitchcoc
25. oisse Ce qui tout naturellement nous entra nera dans les m andres de la psychologie humaine Car Hitchcock en montreur d ombres joue avec le conscient et l inconscient du spectateur Hitchcock lui n a pas recours au monstre ni aux effusions de sang comme dans le genre gore Lors d une s ance de cin ma si nous ne pouvons vraiment comprendre la source de l angoisse ressentie nous pouvons toutefois essayer de mettre en exergue le travail psychique du spectateur Et nous verrons que le dispositif cin ma est nous semble t il la mat ria lisation m taphorique du psychisme humain Tout comme au 17 la camera obscura fut calqu e sur le fonctionnement de l il S il semble que l on atteigne avec Hitchcock le point culminant du cin ma sensation de nouveaux clairages depuis ont t ap port s par l art contemporain notamment par l uvre conceptuelle de Sturtevant Ses r pliques d doublements du r el questionnent l impression de r el La sensation alors provoqu e n est ni la peur ni le plaisir ni l angoisse Son oeuvre incite la pens e car elle r v le le caract re illusoire de l impression de r alit LA LANTERNE DE PEUR LE FANTASCOPE ET LES FR RES LUMI RE COMME R ALISATEURS DE FILMS D HORREUR Les principes de la laterna magica ou lanterne magique sont connus depuis 1646 gr ce l ouvrage Ars magna lucis et umbrae du p re j suite Athanasius Kircher Sur la
26. oncentr e sur ce qui a t provoqu chez le public voulu ou non par ces premiers op rateurs met en lumi re ce premier paradoxe ce qui fait peur at tire Mais ce qui fait peur et donc ce qui pla t potentiellement n est pas forc ment ce que l on croit Ce qui effraie c est le mouvement indicateur de vie Le pouvoir de donner la vie des images par la projection pouvoir d un Prom th e moderne c est cela qui terrifie CASTLE Vs HITCHCOCK Chez William Castle r alisateur am ricain des ann es cinquante qui a une approche du public vrai semblablement h rit e de Robertson on retrouve l uni vers hors image constitu de toutes les inventions qui agr mentent les projections de ses films John Waters autre r alisateur am ricain mais plus contemporain tout aussi outsider fut fortement marqu puis influenc par Castle ce Roi des trucs Dans son autobiographie qui n est pas sortie en France Crackpot The obsessions of John Waters il consacre une partie du chapitre Whate ver happened to Showmanship 2 qu est il arriv la cr ativit William Castle Oubliez Ed Wood Oubliez Georges Romero William John Waters Crackpot The Castle tait le meilleur William Castle tait Dieu obsessions of John Waters ed Scribner 1986 Le cycle des films d pouvante de Castle s ouvre en 1958 avec Macabre La plupart de ses histoires d crivent des mises en sc ne mo
27. ouve ment et l impression de r alit qui en d coule in Le m morial des Vosges 25 juin 1896 la suite d une pro jection Epinal cit par Jacques Rittaud Huti net dans Les arts de l halluci nation Presses de la Sorbonne Nouvelle 2001 p 145 Le public p trifi la vue de la Gorgone sur l cran Die angst des publikum als Lumi re seinen film zeigte La peur du public quand Lumi re montra son film terre non cui te de Fischli et Weiss de 1981 une des 200 pi ces environ constituant Pl tzlich diese bersicht Soudain cette vue d ensemble Somme model e des v nements marquant de l humanit La repr sentation de la peur du public y a sa place et renvoie aux gravures t moignant des s ances maca bres 11 Prom th e moderne emprunte le terme Mary Shelley qui crivit d ailleurs Frankenstein en 1816 apr s avoir lu un recueil de contes d horreur allemands intitul Fantasmagoriana 12 Cr er des sensations principalement de peur tait ouver tement annonc par Robertson lors de ses s ances maca bres La peur n tait pas provoqu e par la seule image mais par tout un ensemble d attraction et de mise en am biance que nous appellerons le hors image En opposant fantascope et praxinoscope deux inventions parmi d autres dans ce qui est appel le pr cin ma et en allant au del de la consid ration technique de cette vo lution notre tude c
28. r sent l absence Il s agit de rechercher comme Sturtevant pourrait le dire la totalit obscure et dangereuse des structures et comme le diraient mes tar s d amis toutes les conneries les enculages et tout ce qui se passe dans ce bas monde Le r alisateur rapproche sa mani re de faire voir qu il qualifie de diff rente de l limination du voir de Stur tevant liminer le voir c est annoncer une mort de l image du moins son d passement Or si on consid re l image comme s minale de l effroi ce serait un an an tissement de l angoisse M me pas peur Mais pour Elaine Sturtevant The Razzle Dazzle of Thinking Mus e d Art moderne de la Ville de Paris 2010 37 nous emmener ailleurs comme le dit John Waters Les images que cr ent Sturtevant sont autres puisqu elles re produisent un r el j existant Ainsi comme dans la tradition p dagogique d Aristote on apprend toujours quelque chose en regardant une image car devant elle on d veloppe une activit intellectuelle de reconsid ration du r el de comparaison entre le mod le et son imitation De la m me fa on la r p tition chez Sturte vant et les plans de coupe chez John Waters ont pour effet de mettre nue une infrastructure que l on ne peut habi tuellement pas voir Cela reviendrait tout logiquement rendre visible ce qui ne devrait pas tre observable Ce qui sort du sensible devient sensible Par
29. rbides Ce sont des fictions criminelles o les coupables font in vitablement appel des simula cres des mises en sc ne Le spectacle fait ainsi partie int grante de r cits con us comme des trompe l ceil pour le spectateur comme pour les personnages Son int r t pour les machinations est sans doute l origine de cette qualit un go t acquis selon Castle lui m me la vision des Diaboliques d Henri Georges Clouzot Castle est ain si comme les propres protagonistes de ses films occup monter des stratag mes destin s faire peur rappelle la Cin math que Fran aise lors de sa r trospective du 19 juin au 2 ao t 2009 Parmi ces stratag mes les plus connus et les plus inven tifs sont Emergo Percepto et Illusion O Chacun cr ant une sensation toute nouvelle chez le spectateur 15 Idem p 26 Photo documentant le moment du passage du squelette au dessus des spectateurs Notons que ceux ci semblent plus rire aux clats qu tre terroris s par cette apparition EMERGO Le systeme Emergo fut d velopp pour le film House on Haunted Hill 1959 Une grande boite noire a t install e dans chaque salle pr s de l cran A un certain moment de la projection le dessus de la boite s ouvrait et un squelette en plas tique de trois m tres de long tenu par des fils survolait le public jusqu
30. rdez bien ce qui vous attend tous un jour souvenez vous des fantas magories Il aurait pu rajouter memento mori Au del des images fantastiques projet es ce qui effrayait tait leur mise en mouvement L animation des yeux sur une t te de monstre le battement des ailes d une chim re t te de mort Tout cela pr c d de l univers hors image qui introduisait la s ance soulignait le caract re r aliste Anim s ces monstres prenaient vie Et rappelait au spectateur sa mortalit Etienne Gaspard Robert M moires r cr atifs scientifiques et anecdotiques d un physi cien a ronaute 1831 1833 Langres Caf Climat Editeur 1985 Les plaques peintes du fantas cope celles ci et page suivan te sont visibles anim es sur le site d archives de la Cin ma th que Fran aise http www laternamagica fr J r me Prieur op cit 10 Vivement le cin ma diffus sur Arte le soir du 26 d cembre 2011 est un film documentaire de plus sur l ar ch ologie du cin ma Celui ci de J r me Prieur diff re cependant de tous les autres car le r alisateur narrateur s adresse aux t l spectateurs en parlant au nom de Ro bertson J r me Prieur a pris le parti de l ombre et du spectaculaire pour parler du pr cin ma Il y parle galement du fran ais Emile Reynaud dans un registre tout autre que celui de Robertson n ayant en commun avec lui que d avoir contr
31. rle du metteur en sc ne projectionniste comme d un montreur d ombre en r f rence au film ponyme d Arthur Robinson 1923 Dans ce film sous titr Une hallucination nocturne l inconscient est r v l par l interm diaire des ombres Le montreur d ombre est le passeur entre les deux mondes entre deux r gimes d images projet es et r elles Il est toujours film isol ment en plan serr grand ordonnateur des d pravations imaginaires de l assembl e Cette description du Montreur d ombre pourrait tre m taphorique du cin ma d Hitchcock dans sa capacit repr senter nos d mons int rieurs Psycho marque un tournant majeur du cin ma am ricain Le mal n est plus l ennemi tranger ou le mal venu d ailleurs mais il est dans les entrailles de la maison plus pr cis ment au sein m me de la famille Deux extr mes encadreraient ainsi Psycho d une part La F line Tourneur 1942 dont l h ro ne migr e d Europe de l Est ne parvient pas chapper la mal diction des femmes de son vil lage d origine savoir qu elle se transforme en f roce f lin la nuit et tue sous cette forme et d autre part Ro semary s Baby Polanski 1968 o une jeune am ricaine Rosemary enfante le fils de Satan C est le passage dont parle Jean Baptiste Thoret lorsque l Autre prend le vi sage du M me lorsque le familier devient un environne ment anxiog ne Hitchcock comme le
32. s une dimension suppl mentaire En icono Poe T pata Hitchcock utilise la peur provenant claste elle permet de douter du r el et de notre impression de r alit de l ing nierie mais la d passe nous l avons vu pr c Alors Burroughs poursuit RIEN N EST VRAI TOUT EST PERMIS demment pour cr er l angoisse le resserrement L an goisse elle convoque l inconscient car c est ce qui n est pas visible Le domaine de l inconscient hypoth se freu dienne est bel et bien le point unificateur l hypercentre fonctionnel de l infrastructure hitehcockienne Rendre visible cet inconscient tuerait l effet propre au cin ma de Hitchcock Ce serait possible si le travail de Sturtevant appartenait non pas l art contemporain mais au cin ma Elle d passe la confrontation entre Hitchcock et Castle De fait si Hitchcock a su d passer l ing nierie il s est fait d passer lui m me son tour par l ing nierie de Sturtevant car 39 SOURCES BIBLIOGRAPHIE BAUDRY Jean Louis Le dispositif In Communication 23 1975 pp 56 72 BOULB S Carole Art Press n 366 BURROUGHS William S Les cit s de la nuit carlate Invocation p 15 ed Christian Bourgeois 1981 i CERAM C W Arch ologie du cin ma ed Plon R publique F d rale Allemande 1966 DECOBERT Lydie L escalier dans le cinema d Alfred Hitchcock Une dynamique de l effroi Champ
33. s Grecs a plac le curseur de la pers cution au c ur de la famille En psychologie c est le Unheimlich de Freud qui porte en lui le Heimlich Le familier se m tamorphose en tranget menacante Il se peut que les filiations voqu es ne soient pas si sim ples Et comme dans le cas de la filiation pr cin ma Cin ma qu elles ne soient pas si formelles Si Castle fit preuve de g nie cr atif il est rest trop proche de la forme fantasmagorique Un si cle et demi plus tard le public n a pas suivi l effet la sensation n y taient plus Alors que le cin ma disons pur et on attribue ce cin ma au r alisateur Hitchcock puisqu il le revendiqua sut r veiller la peur du spectateur non comme au temps des premiers films mais en allant au del Castle n a pu se s parer du hors image et de ce fait se mit hors cin ma Par contre Hitchcock r duisit le hors image au seul dispositif cin matographique Toute la technique propre au cin ma est l cran Il n a besoin de rien d autre Cela produit une inqui tante tran get ou plut t cf Heimlich une inqui tante proximit Ce qui est projet l cran contient l essence m me de l angoisse La construction de l ensemble des images selon les techniques cin matographiques montage pho tographie musique etc cr e la sensation forte Si c est de l ordre du visuel on ne voit cependant pas ce qui fait p
34. s Visuels ed L Harmattan 2008 6 MANIGLIER Patrice La perspective du Diable figuration de l espace et philosophie de la Renaissance Rosemary s Baby Villa Arson ed Actes Sud 2010 MONDZAIN Marie Jos Images suivre De la poursuite au cin ma et ailleurs ed Bayard 2011 PA NI Dominique L Attrait de l ombre ed Yellow Now 2008 ROBERT Etienne Gaspard M moires r cr atifs scientifiques et anecdotiques d un physicien a ronaute 1831 1833 Langres Caf Climat Editeur 1985 THORET Jean Baptiste Le cin ma am ricain des ann es 1970 Essais Cahiers du Cin ma Paris 2006 VATERS John Majareta Las obsesiones del autor de Pink Flamingo Contra senas ed Anagrama Barcelona 2011 ti 5 OUVRAGES COLLECTIFS CATALOGUES Film ist und Als ob in der kunst Staatliche Kunsthalle Baden Baden ed Bilstein Winzen 2005 H Les arts de l hallucination sous la direction de Donata Pesenti Campagnoni et Paolo Tortonese Page ouverte ed Presses de la Sorbonne Nouvelle 2001 Sturtevant The Razzle Dazzle of Thinking ed Mus e d Art moderne de la Ville de Paris 2011 AUTRE J r me Prieur Vivement le cin ma prod Arte France et Melisande Films sur Arte le 26 d cembre 2011 a 22h25 52min Emmanuel Siety Le Go t de la peur Cours de Cin ma au Forum des Images 6 mars 2009 Archives de la Cin math que Fran ais
35. the des Oiseaux avec ces l gendes qui bricolent une po tique de la violence en nous faisant savoir que l ordre social repose sur le volcan non teint de nos d sirs incestueux et criminels Le geste ci n matographique a donc de ce fait valeur de rationalit double titre il est exactitude des engrenages pens s par l ing nieur de la narration mais aussi machinerie rituelle du chaman qui fait appara tre les d mons et fait office de r gulateur divin La rigueur de Hitchcock est double comme tout grand artiste du cin ma il est un artificier de la croyance Lydie Decobert L escalier dans le cin ma d Alfred Hitch cock Une dynamique de l ef froi Champs Visuels ed L Harmattan 2008 Marie Jos Mondzain dans Images suivre De la pour suite au cin ma et ailleurs ed Bayard 2011 Idem p 161 Marie Jos Mon dzain voque le film de 1963 Birds 25 Dominique Pa ni L Attrait de l ombre ed Yellow Now 2008 Jean Baptiste Thoret in Le ci n ma am ricain des ann es 1970 Essais Cahiers du Cin ma Paris 2006 p 317 Marie Jos Mondzain op cit p 138 Idem p 191 C est cette figure de chaman qui fait appara tre les d mons qui nous int resse maintenant en ce qu elle rappelle les fantasmagores et ouvre le champ de la m taphysique Dans son ouvrage L Attrait de l ombre Do minique Pa ni ancien directeur de la cin math que fran aise pa
36. us seulement un outil d enregistrement bas sur l avanc e des sciences mais une machine optique caract re illusoire Les images y sont trompeuses et hal lucinatoires Le sens d illusion appara t du reste dans toute sa riches se de significations si on tient compte du contexte histo rique o na t la machine marqu par l esth tique baro que Comme d autres mirobolants appareils d optique la lanterne magique devient cette poque le v hicule d un monde d apparences un monde qui en derni re instance n est rien d autre que le t moignage de la grandeur et de la puissance divine justement travers la d couverte du caract re illusoire de la r alit humaine Les dispositifs de visions sont diff rentes poques vo cateurs du fonctionnement humain du physiologique op tique et perception dans la boite cr nienne au psychique dispositif cin ma et m canisme psychique freudien Chacun de ces dispositifs fait r f rence d une mani re ou d une autre 1 impression de r alit L homme a vou lu se rapprocher au plus pr s de sa perception de la r alit Parfois en maltraitant celle ci Une artiste comme Stur tevant l chelle de son travail r flexif sur l art contem porains ouvre le questionnement sur cette perception du E r el En effet on peut dire qu elle fait partie de ceux qui xmaltraitent la r alit puisqu elle la r plique La pens e tap
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