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1. Compte rendu Entre subjectif et distancie Ouvrage recense Sophie Calle Les vraies histoires de Sophie Cille Museum Fridericianum Cassel 8 avril 21 mai 2000 Hamburger bahnhof Werk Raum 1 Teresa Hubbard et Alexander Birchlcr Remy Markowitsch 14 avril 21 mai 2000 par Maite Vissault ETC n 51 2000 p 68 72 Pour citer ce compte rendu utiliser l adresse suivante http id erudit org iderudit 35754ac Note les regles d criture des r f rences bibliographiques peuvent varier selon les differents domaines du savoir Ce document est prot g par la loi sur le droit d auteur L utilisation des services d Erudit y compris la reproduction est assujettie a sa politique d utilisation que vous pouvez consulter l URI https apropos erudit org fr usagers politique dutilisation rudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif compos de l Universit de Montr al l Universit Laval et l Universit du Qu bec a Montreal Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche rudit offre des services d dition num rique de documents scientifiques depuis 1998 Pour communiquer avec les responsables d rudit info erudit org Document t l charg le 16 novembre 2015 11 59 ENTRE SUBJECTIF ET DISTANCIE Sophie Calle Les vraies histoires de Sophie Calle Museum Fridericianum Cassel 8 avril 21 mai 2000 Hamburger Bahnhof Werk Raum 1 Teresa Hubbard et Alexander Birchler Remy M2. des cham bres d hotel ou les cadeaux d anniversaire entass s dans leur vitrine sont des documents empruntes au monde le temps de r aliser une ceuvre d art autant de lieux ou les objets t moignent d histoires et de rencontres singuli res en transit ainsi soustraits a l anonymat par la capacit qu a l art de creer de l exemplaire m me ph m re La trace laiss e par les v nements sur les objets fossilis e par la trans formation en document raconte mieux par effet de n gatif la poesie de la presence au monde la substance meme des choses que les v nements ou objets eux m mes Cette capacit de la trace se charger de la m moire des actes et en recracher le sens et entre les mains de Calle le texte et la photographie sont bien deux proc d s de l em preinte sera le th me privil gi de plusieurs tra vaux comme Fant mes 1990 et Last Seen 1991 portraits d uvres d art disparues ou d plac es ou encore Die Entiernung The Detachment 1996 contant l histoire malheureuse des monuments de l ex RDA d boulonn s et d truits parce qu ils n appartiennent plus l histoire collective du pr sent mais l histoire devenue uniquement une affaire priv e d un pass symbolique r volu Les photographies de Calle sont les documents analyti ques d un tat donn du r el qui accompagn es de l gendes et commentaires deviennent les t moins d une r alit historique caract re priv L
3. arkowitsch 14 avril 21 mai 2000 sa maniere Sophie Calle construit de petites histoires du quotidien provoque des rencontres singuli res mene enquetes et filatures joue dif f rents roles au gre des sc narios tout en restant elle m me et en faisant participer a son insu un public ignorant comme autant de figurants improvises Des ses premiers travaux pho tographiques elle se penche sur le caract re des liens sociaux leur capacite a construire finalement l identit des individus bien plus que tout autre type de patronyme Debutee en 1978 sa premiere serie Les tombes est constitu e de photographies de grand format presque de taille humaine prises dans un cimeti re de Californie et repr sentant des tombes et steles sur lesquelles on dechiffre diverses inscriptions g n riques grav es dans la pierre comme autant de sentences Mother Father Brother Ces mots froidement r p t s par la photographie don nent la mesure de leur origine collective et rappel lent la volont tenace et anachronique qu a l huma nite de faire appartenir les morts a la communaute des vivants En r coltant les signes de ces identit s fragment es laiss s la surface des choses par les histoires individuelles et le travail des m moires collectives Calle se met en quete de son ombre traquant les traces laiss es par les v nements sur les choses les attitudes les lieux dans tout ce que le r el a nous
4. aux ditions Actes Sud accompagnait une exposition de Centre national de la photographie de Paris Sophie Calle arlisto ou DUDE O ONES ires dans al echon eragon son row sous cela m me forme narative Une version anglaise de doubesjeum ihe en au Po yl Auster Sophie Calle Double Came longan Violette Eq F 1 6 1 1 1 1 5 E Cara de r gie du eu pr ce Ge dues JEUN Paris Aches Sud 1 Gea Ca 5 pe So si m 2 1 F oone Calle Goom Handbook New York mode d emploi Poris Actes Sud 1994 p 17 Bilan glabal du Gorham Handbook o coria be ur mh i E E F rer NE SE CH mog goonies el Ge commentor1es piulol presente LOTS En ator it camel de 025 O BR exposes Enies gumes lo Hamburger Bahnhof en pendant lo s rie Ch tel ordonn e alla ja mani re plus syst molique et rigoureuse Les modes de pr sento hon des documents dons l exposition plus que dans les livres diff rent d une s rie loutre selon le mode de r alisation l id e et le qualit du mat riel pr sent Lo presentation sotloche oins Di 1 roci du projel
5. e r el est ici charg de perte et d absence mais justement parce qu il est trait comme trace de quelque chose et puissance d vocation il donne l artiste une matiere un sujet sur laquelle elle echataude ses uvres qui se perdraient dans le pur mythe sans cette capacite qu ont les objets de raconter des histoires MAITE VISSAULT Sophie Calle r alisa en 178 une uvre intityl e l ombre r sullot des echerches d un d tective engog par l orligte pour la poursuivre 1 see i d anniversaire fut termin e por l artiste en 1993 Que if ga en E J El compart Tines doni ume Ne en qu Ge Com ISIH fr 1 Mers 9 HE de ontemplatit Paris Frank Pa De 8 CT non i i 1 am ods D de io culture n aulomne p EC El tae ne ty Be eo toner 195 Seth Siegeloub exposoll New Cl TENSE de York un qu fait kasuh L Weiner ort j concepue aval hope l HON BEDEST la Barry D Huebler Us radicole entretien avec Sophie Calle le Monde 11 septembre est kalt allusion au litre r v lateur de la r trospective premi re du genre en Allemagne pr sent e qu Museum Fridericionum de Cassel Les raies histoires de Sophie Calle Ce proc d est unlise l extr me dons la s rie des R cits cutobiograch 5 ques r alis e en 1988 89 Ce coltret publi
6. is pas de sociologie C est la poesie du lieu qui m int resse le jeu entre une absence et un lit qui a t occup le fait d apprendre qu un homme emporte avec lui la chemise de nuit de sa femme pour l avoir cote de lui Je pense que mon travail fait plus r ver que r fl chir L artiste nous donne voir le r sultat ou la m moire de ses investigations des documents des archives photographies et textes associ s mais confines dans leurs espaces propres comme autant de chapitres d histoires tir es du r cit inachev des vraies vies de Sophie Calle Ces v ritables inventions autobio graphiques sont construites comme les pisodes d un polar ou d une chronique journalistique melant t moignages et pi ces convictions fuite et pour suite appropriation et distanciation Calle cultive les contrastes entre notamment une representation froide et technique et un contenu personnel et subjectif mais distanci et instaure ainsi des frag ments d nigmes irritantes pour le spectateur qui se trouve etre le voyeur et meme par projection le commanditaire involontaire de ces enquetes sur la vie priv e des etres et des choses Pour cela elle utilise l espace public comme terrain d action c est a dire qu elle applique un environnement social pr existant et conventionn l anniversaire le ci metiere les rues le carnet d adresse l hotel les espaces publics et heux de vie une r gle une lo
7. l simple et personnelle ce qu elle appelle aussi un rituel de m me nature que son sujet Ainsi mele t elle constamment fiction et r alit tout en pr servant ambiguite et la qualit de leurs processus ou lans respectifs Cette fa on de proc der est au c ur de doubles eux exposition et ouvrage compose d un coffret de six livres publi en 19987 n s d un change avec Paul Auster l occasion d un projet paru 1992 L viathan qui raconte l histoire de Maria et dont les d buts s inspirent largement des exp riences bien r elles de Sophie Chaque petit livre de doubles jeux commence par La r gle du jeu o Calle raconte d criture lui des sous le nom de comment Maria lui a emprunt ses aventures L h tel le rituel d anniversaire les panoplies le carnet d adresse Suite V nitienne et comment 4 s duite par ce double elle a d cid de jouer avec le roman de Paul Auster et de meler a son tour et sa fa on fiction et r alit L auteur am ricain lui donna ainsi l occasion de s octroyer le cadeau d une double personnalit d une nouvelle identit et elle ne tardera pas s accaparer certaines man es de Maria r gime chromatique et journ es d di es une lettre de l alphabet comme pr texte la realisation de nouvelles uvres faisant ainsi d finitivement entrer la r alit dans la fiction transformant le roman en autobiographie Elle put ainsi se servir d une fictio
8. n ayant d j son existence r elle propre et en partie ind pendante pour la faire entrer dans son univers lui cr er une nouvelle identit et devenir par ce biais a la fois auteur et acteur de son propre roman De plus tenant enfin la possibilite de se construire un nouveau personnage sans lacher le bout d elle meme l artiste demandera l crivain de lui concevoir une scenario sur mesure il lui concoc tera le Gotham Handbook Manuel d instructions l usage personnel de C concernant la fa on d embellir la vie New York a sa demande Je me demande commentera t elle s Paul Auster a trouv l id e de ces instructions concernant la fa on d embellir la vie New York en tudiant les douze etapes d un programme des Alcooliques Ano nymes ou bien s il s est inspir de condamnations des peines d utilit publique a Peu importe j ai le devoir d ob ir Si j accom plis cette mission peut tre 11 01173 10 en r com pense la fiction que je lui ai demand e Ob issante Calle commence de nouvelles aventures sapproprie ainsi un lieu public l angle des rues Greenwich et Harrison une cabine t l phonique qu elle embellit pour en faire un leu convivial distribue des sourires sandwiches cigarettes et con sophie Calle leninDenkmal 1996 Photographie A gt sch si n G 11 versations aux passants et prend quel
9. ques photos Bilan global 125 sourires donn s pour 72 sourires re us 22 sandwiches accept s pour 10 refus 8 paquets de cigarettes accept s pour refus 154 minutes de conversation nous informe le cartel en fin d exposition En r unissant ses aventures dans de petits livres relies en coffret l artiste perturbe des travaux qui aurait pu sembler motiv s par un simple jeu conceptuel fa on Land Art en milieu social par son histoire person nelle et ses interpretations laissant basculer Pobjecti vit du concept dans la subjectivit de la perception et de la narration Cet aspect inscrit son travail dans la ign e des uvres d artistes contemporains pr oc cupes par la mise en sc ne du moi tels qu Annette Messager Cindy Sherman ou encore J rgen Klauke pour n en citer que quelques uns bien que Calle ne joue pas tant sur sa propre repr sentation physique en tant que protagoniste et introduise dans ses uvres une tension singuli re entre concept et performance document et histoire ce qui donne son travail une coloration particuli re Ses uvres sont plut t les modes d emploi des diff rentes ma m res de Jouer ou de se livrer aux destins en faisant de l art Elles se nourrissent de la mati re fragmen taire du r el d une histoire pr t e aux objets pour ancrer l auteur et son uvre dans le monde objec tif du v cu La cabine t l phonique d cor e du Gotham Handbook comme le d sordre
10. r v ler de nous m mes Ainsi en 1980 elle d cide d inviter a chaque anniversaire autant de convives dont un inconnu quelle re oit ann es apres ann es et d accumuler les cadeaux offerts dans des vitrines sans en user En 1983 elle se fait engager dans un hotel venitien en tant que femme de chambre et photographie a chaque passage les effets et autres signes laiss s par les occupants des chambres Associ es aux commentaires de l artiste les photographies en noir et blanc de meme facture descriptive et lapidaire que les textes sagement encadr es attestent plus qu elles n illustrent la r a lite de ces intimit s en latence et font basculer leur sujet par l usage des procedures syst matiques de l enqu te dans la cat gorie des preuves anonymes Ici comme le d crit Frank Popper pour l art con ceptuel dont Calle est sans conteste la digne hen tiere Le concept sous forme de diagramme de photographie ou de d finition lexicale se substitue a la chose et c est lui qui s exhibe cette difference pres que le concept a pris les traits de Vartiste et endoss sa fantaisie Ce que je fais n est pas un manuel de savoir mieux vivre mais une po sie Quand je fais une filature je m int resse aux regards comment les gens voient Quand je me fais embaucher dans un h tel pour d couvrir les objets personnels des clients je ne cherche pas en tirer des conclusions sur l emploi du pyjama je ne fa
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