JEUX TEXTUELS AVEC LE TEMPS DES ACTIONS
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1. auteur singularise cette phase c est pour des raisons qui ne sont pas r f rentielles et nous sommes ramen s au statut fictionnel du texte pour tenter d en rendre compte 11 Sur ce type d analyse pr dicative cf Denhi re 1984 32 40 Fran ois 1991 Dans ce qui suit X est mis pour actant non sp cifi p pour pied g d gauche droit 12 Dans la version fran aise hisser dont le s mantisme inclut une notion d effort et un franchissement de limite est une sur traduction locale de l action exprim e par se lo hace seguir C NOYAU Jeux textuels avec le temps Cort zar A ce point nous voquerons nouveau notre analyse des proc s dans la nouvelle de Carpentier Viaje a la semilla propos des tentatives de repr sentation par le langage d une temporalit invers e Nous y observions que le lexique des actions fournit des unit s simples pour des paquets de micro comportements munis d une identit intentionnelle le but qu ils atteignent Il est donc impossible de les inverser temporellement sous peine de dissoudre les rep res permettant d identifier les actions ex Los cirios crecieron lentamente Cuando recobraron su tama o los apag una monja apartando una lumbre cf Noyau 1992 Apr s la r p tition ad libitum des s quences d actions ci dessus comment es nous en arrivons la fin de l escalier Se sale de ella f cilmente con un ligero golpe de2. de cette derni re marche puisqu une action est requise pour en annuler l effet Ce que confirme le dernier segment prospectif del que no se mover hasta el momento del descenso qui de la m me fa on suscite l inf rence que l immobilit attendue d pend du respect de la proc dure expos e Nous retournerons l effet de ce passage sur l interpr tation du texte dans la section suivante Structure temporelle des Instructions Achevons notre analyse de la structuration temporelle de ces instructions par un examen de la configuration temporelle globale telle qu elle se dessine travers l interpr tation s mantique des nonc s Comment se groupent les micro actions dont nous avons analys ci dessus les relations mutuelles Si comme nous l avons vu il ne s agit pas d une pure succession lin aire d actions plac es toutes sur le m me plan nous pouvons nous demander quelle est l organisation complexe ou 13 Ici aussi comme dans le discours narratif le proc d rh torique post hoc ergo propter hoc est l uvre C NOYAU Jeux textuels avec le temps Cort zar hi rarchis e de la structure temporelle de la macro action monter un escalier selon ce texte En suivant Klein amp Stutterheim 1987 Stutterheim amp Klein 1989 on consid rera que d un point de vue conceptuel la trame ou structure principale d un texte structur est constitu e par les propositions qui r ponden
3. dication se la hace seguir gt simultan it ou comme ici succession imm diate soit par l ordre s quentiel d nonciation entre deux proc s pr diqu s se recoge y se la hace seguir succession La macro action est d finie par l atteinte de l tat final de la s quence le pied est pos sur la marche suivante On s merveille de la minutie avec laquelle l auteur nous fait voir comme en un ralenti cin matographique les tapes du d roulement de la macro action premi re vue l effet de ralenti semble na tre du contraste entre cette description atomis e et les modes de conceptualisation usuels de cette action Mais quels sont les principes qui gouvernent ces modes usuels C est ce que nous allons tenter d lucider dans ce qui suit ce qui nous am nera nous interroger sur les raisons des choix que le locuteur peut effectuer quant la segmentation d une macro action en actions plus petites dans son discours et sur leur hi rarchisation Comme le remarque Baudet 1990 du point de vue des repr sentations mentales les actions sont des abstractions de s quences d activit s et d v nements et comprennent la pr sence d une cause volontaire intentionnelle de variation L action implique un agent un anim ayant des connaissances et des croyances sur la causalit de l action Y a t il des d coupages naturels vidents d une macro action en ses composantes Q
4. lecteur tout se passe ici l inverse de l effet romanesque qui engage le lecteur mod le se comporter comme si les entit s d sign es le monde 12 C NOYAU Jeux textuels avec le temps Cort zar voqu lui taient familiers Ici le lecteur est engag se comporter comme si les entit s d sign es et le petit monde voqu lui taient trangers Cort zar nous propose dans ces Instructions par des moyens diff rents de ceux qu il met en uvre dans ses textes narratifs un nouvel exercice d tranget Il y a d doublement de la conscience le lecteur tel qu il est avec ses connaissances du monde voqu par le texte se trouve tranger au lecteur impliqu par le texte plac lui dans la position d un novice total par rapport l action complexe faisant l objet du texte et somm de regarder comme des r alit s inconnues les entit s et actions voqu es Les instructions comme figure litt raire Au del ces instructions constituent un pastiche d une forme textuelle normative par accentuation de ses traits typiques L auteur sollicite ainsi la connivence du lecteur avec sa r volte contre les discours normatifs ces discours ayant pour fonction d inculquer des aspects du monde consid r comme valide par l instance dominant le discours et qui divisent les individus en deux classes ceux suppos s savoir et ceux suppos s ignorer En absolutisant les proc dures le comment pour lesquelles
5. par exemple nager est privil gi par rapport aux superordonn s se d placer ou bouger Ces apports ne suffisent cependant pas expliquer quels principes influent sur l organisation interne en micro actions des macro actions de notre texte par exemple ici le d coupage d un mouvement complet de passage d un pied une nouvelle marche A nsi la repr sentation de la s quence initiale cf ci dessus en micro propositions s mantiques serait la suivante lever X pied droit poser X p d lever X p gauche amener la hauteur de X p g p d faire suivre p g poser p g 2e marche reposer sur p g marche Notons que la premi re sous s quence celle qui concerne le pied droit est segment e un niveau moindre deux actions que la deuxi me quatre actions ce qui semble premi re vue contraire la progression harmonieuse de l information tant donn les points communs entre les deux La seconde est cependant l g rement diff rente voire plus complexe tant donn la n cessit pour le pied gauche de franchir deux hauteurs de marche Sa pr sentation selon une telle segmentation permettrait sans aucun doute de pr venir l individu totalement novice en mati re d escaliers contre la b vue de poser le pied droit et le pied gauche sur la m me marche Ici il nous faut faire intervenir un autre l ment pour serrer de plus pr s le choix de segmentation de la macro actio
6. partie pos e sur le degr on l ve la partie correspondante gauche et l amenant la hauteur du pied on la fait suivre jusqu la poser sur la seconde marche parvenu de cette fa on la deuxi me marche l suffit de r p ter alternativement ces deux mouvements N wamo aaa SDD 16 P 12 C NOYAU Jeux textuels avec le temps Cort zar i jusqu atteindre le haut de l escalier j onen sort facilement k avec un l ger coup de talon quile fixe sa place m d o il ne bougera plus jusqu au moment de redescendre 5 on commence Une fois ladite partie pos e sur le degr Arriv la deuxi me marche On en sort jusqu la poser sur la deuxi me marche apr s quoi jusqu se retrouver en haut de l escalier 17
7. privil gi es dans tous leurs tats Psychologie Fran aise 36 2 119 128 CORT ZAR Julio 1986 1984 Entretiens avec Omar Prego Paris Folio essais DENHI RE Guy 1984 Il tait une fois Compr hension et souvenir de r cits Lille Presses Universitaires de Lille DENHI RE Guy amp Serge BAUDET 1989 Cognitive psychology and text processing from text representation to text world Semiotica 77 1 3 271 293 DENHI RE Guy amp Serge BAUDET 1991 Lecture compr hension de texte et science cognitive Paris Presses Universitaires de France ECO Umberto 1992 Les limites de l interpr tation Paris Grasset 406 p FRAN OIS Jacques 1988 CHANGEMENT CAUSATION ACTION Trois cat gories fondamentales de la description s mantique du lexique verbal Gen ve Droz FRAN OIS Jacques 1990 Classement s mantique des pr dications et m thode psycholinguistique d analyse propositionnelle Langages 100 13 32 FRAN OIS Jacques 1991 La pertinence linguistique des repr sentations propositionnelles de la s mantique cognitive S miotiques 1 1 69 80 JENNY Laurent 1990 Figuralit et communication TLE 8 automne 77 87 KLEIN Wolfgang 1988 Frame of analysis Chap 2 de BHARDWAJ M DIETRICH R amp C NOYAU eds Second language acquisition by adult immigrants Final report Vol V Temporality Strasbourg European Science Foundation KLEIN Wolfgang para tre Time in language ms Nim gue Max Planck I
8. que l on atteindra le but d clar du texte on montera l escalier Notons le caract re exemplaire de ces instructions la minutieuse d finition pr alable de la notion cl celle de marche ou degr celle des accessoires indispensables l effectuation les pieds enfin l explicitation et la d composition minutieuse des gestes accomplir entre l tat de d part et l tat d arriv e En quoi y a t il ici transgression par rapport au type textuel adopt Serait ce seulement par le fait de consacrer des instructions une action complexe certes mais qui est ma tris e et automatis e d s l enfance dans nos civilisations d hier et d aujourd hui o il existe des escaliers En termes pragmatiques est ce le fait de transgresser la r gle d informativit de Grice ne sois pas plus informatif que ce qui est n cessaire donc le principe de pertinence en entreprenant d inculquer ce qui est savoir faire tr s partag La comp tence des locuteurs comprend la capacit reconna tre les types de textes c est dire de passer de la s quence des propositions L effet provient plus pr cis ment du contraste entre la dur e sp cifi e impliquant un contr le intentionnel de l activit de pleurer et ce que nous savons de cette activit dans le monde ordinaire C NOYAU Jeux textuels avec le temps Cort zar successives qui le constituent la figure le texte comme un tout orient vers une fin et argumenta
9. qui un jour se mit souffrir du poignet Alors s ouvre un nouveau sursis les arbres d plient leurs feuilles Les pleurs apparus on se couvrira par biens ance le visage Commencez par casser tous le miroirs de la maison Instructions pour chanter Penses y bien lorsqu on t offre une montre Pr ambule aux instructions pour remonter une montre D abord on cherchera l emplacement de toutes les fontaines Instructions pour tuer des fourmis Rome Dur e moyenne des pleurs trois minutes 15 P 6 P 7 P 9 P 11 C NOYAU Jeux textuels avec le temps Cort zar tournez vers vous m me votre imagination et si cela vous est impossible pour avoir pris l habitude de croire au monde ext rieur Instructions pour pleurer Tout le monde a certainement remarqu d j que le sol parfois se plie de telle fa on qu une partie monte angle droit avec le plan du parquet et que la partie suivante redevient parall le ce premier plan cela pour donner naissance une nouvelle perpendiculaire op ration qui se r p te en spirale ou en ligne bris e jusqu des hauteurs extr mement variables En se penchant et en posant la main gauche sur une des parties verticales et la droite sur la partie horizontale correspondante on est en possession momentan e d une marche ou degr Chacune de ces marches form e comme on le voit de deux l ments se situe un pe
10. tal n que la fija en su sitio del que no se mover hasta el momento del descenso La s quence ultime menant au but consiste en une action pr diqu e repr sentation privil gi e faisant l objet de la pr dication la derni re de toutes Se sale de ella accompagn e de l action de rang inf rieur au moyen de laquelle elle doit tre accomplie relation exprim e par la pr position instrumentale con con un ligero golpe de tal n cette derni re action concourant un autre but subalterne que la fija en su sitio Et c est comme une pr cision sur cette position fixe de l escalier que la proposition relative au futur stipule l immobilit attendue del que no se mover hasta el momento del descenso Examinons de plus pr s l interpr tation temporelle de ces derniers l ments La relation entre se sale de ella et con un ligero golpe de tal n est du type moyen utilis but atteint qui implique par inf rence que l action de mobiliser le moyen pr c de l atteinte du but ici cons cution imm diate de par nos connaissances du monde Il en est de m me pour la paire con un ligero golpe de tal n que la fija en su sitio c est dire que l action con un ligero golpe de tal n concourt la fois un but principal qui est le but final assign au sch ma d action et un but secondaire non annonc auparavant par inf rence la mention de ce but subsidiaire laisse supposer une instabilit ou mobilit
11. JEUX TEXTUELS AVEC LE TEMPS DES ACTIONS MANUAL DE INSTRUCCIONES DE JULIO CORT ZAR Paru dans J Stolidi ed 1994 Recherches en Linguistique Hispanique Aix Presses de l Universit de Provence 281 300 Colette NOYAU Universit Paris X Nanterre et GdR 113 C N R S cnoyau u paris10 fr Ce travail s inscrit dans une s rie d tudes linguistiques qui abordent du point de vue des structures temporelles plusieurs ensembles de textes litt raires brefs cuentos nouvelles po mes en prose ayant en commun la caract ristique de faire jouer de jouer avec la dimension temporelle Il s agissait au d part d prouver dans des conditions extr mes les m canismes de r f renciation et en particulier de la r f renciation temporelle dans les textes qui constituent l objet central de mon travail Au point de d part de ces tudes se trouve la conviction qu il n y a pas de fronti re sacr e entre le quotidien et le litt raire que les textes mettent toujours en uvre des processus s mantiques impliquant une activit interpr tative complexe qui associe connaissances langagi res sur les formes de la langue et les formes textuelles et connaissances ou croyances sur le monde Ces processus conduisent la formation d hypoth ses sur les mondes repr sent s par les textes et sur les buts des textes hypoth ses elles m mes confirm es renforc es ou infirm es modifi es au fil du texte Une linguistique dimen
12. ant de la situation initiale l entit escalier Le caract re virtuel de l objet d crit est marqu explicitement par con frecuencia au d but et la fin par la d nomination du composant type pelda o o escal n enfin par l indication de sa fonction trasladar de una planta baja a un primer piso Ce passage constitue un incipit typique des instructions sur des dispositifs techniques dans lesquelles l identit et la fonction des composants doivent tre tablies avant d exposer les op rations dont ils font l objet Cependant les proc s de chacune des propositions minimales qui le constituent tout en d signant des propri t s stables et m me d finitoires d un objet sont exprim s par des expressions verbales compatibles Cf Noyau 1990 C NOYAU Jeux textuels avec le temps Cort zar avec une interpr tation comme proc s d actions dynamiques et effectuables par un agent causateur ce que confirme le terme conducta qui reprend comme hyperd signation tous les proc s pr c dents Nadie habr dejado de observar que con frecuencia el suelo se pliega de manera tal que una parte sube en ngulo recto con el plano del suelo y luego la parte siguiente se coloca paralela a este plano para dar paso a una nueva perpendicular conducta que se repite en espiral o en l nea quebrada hasta alturas sumamente variables Agach ndose y poniendo la mano izquierda en una de las partes v
13. ci nous avons vu que la dimension temporelle de successivit si elle repr sente le mode de base de la mise en relation entre actions s accompagne de proc s li s aux premi res par des relations causales et des relations moyen but proc s qui sont en g n ral non pas pr diqu s mais plac s dans la d pendance d une pr dication d action elle m me ins r e dans un sch ma de succession temporelle Or c est dans l tablissement de ces liens secondaires que le scripteur a plac les signes de son arbitraire qui font de ces instructions des instructions pour rire causalit s irr elles buts qui n en sont pas De la r f renciation au processus interpr tatif La communication litt raire se caract rise en suivant Schmidt 1978 a du point de vue de la communication par la fictivation des r les de communication donc par une d pragmatisation ainsi ces instructions sont prendre comme un simulacre nous y reviendrons au suivant b du point de vue de l objet de communication par la polyfonctionnalit qui est vis e par les auteurs et attendue par les r cepteurs Elle consiste d une part lever la densit d organisation des composantes textuelles et par l organiser des mondes intensionnels de telle mani re que les r cepteurs puissent en faire des lectures polyvalentes d autre part guider les r actions des r cepteurs Cette polyfonctionnalit est accomplie au moyen d un e
14. cial context Amsterdam North Holland 39 76 VAN DIJK Teun 1977 Text and context London Longman Trad espagnole Texto y contexto Sem ntica y pragm tica del discurso Madrid C tedra 1984 14 C NOYAU Jeux textuels avec le temps Cort zar monter l escalier 1 re marche marche n 1 r it rations lever P 3 P 4 jusqu pos soulever l amener lefaire le placer r p ter coup de suivre talon arriv se trouver sort Les pleurs apparus on se couvrira par biens ance le visage en se servant de ses deux mains la paume tourn e vers l int rieur limitons nous la mani re correcte de pleurer que nous d finissons comme des pleurs qui ne tournent pas au scandale n1 n insultent le sourire de leur parall le et maladroite ressemblance lt traduit par nous gt l En se penchant et en posant la main gauche sur une des parties verticales et la droite sur la partie horizontale correspondante on est en possession momentan e d une marche ou degr Due Si vous entendez mais cela ne se produira que plus tard quelque chose comme un paysage plong dans la peur je crois que vous serez sur la bonne voie Instructions pour chanter Si un lecteur d bouche sur cette page quand sonnent trois heures il meurt Le m decin a fini de vous ausculter il vous rassure On conna t le cas d un voyageur de commerce
15. e si l on suivait les instructions on pourrait atteindre le but vis ou conformer sa conduite au comportement type expliqu 2 Julio CORT ZAR Historias de cronopios y de famas Buenos Aires ed Minotauro 1969 Manual de instrucciones pp 9 29 Trad fr Laure Bataillon Cronopes et fameux Paris Gallimard 1977 3 Le parcours va d une interpr tation s mantique une interpr tation critique au sens de Eco 1992 C NOYAU Jeux textuels avec le temps Cort zar Tlegado el llanto se tapar con decoro el rostro usando ambas manos con la palma hacia adentro Presque tous ces textes comprennent en outre un arri re plan explicatif qui fournit la d finition de certains comportements voqu s ou donne des conseils sur la meilleure fa on de r aliser les actions ateng monos a la manera correcta de llorar entendiendo por esto un llanto que no ingrese en el esc ndalo ni que insulte a la sonrisa con su paralela y torpe semejanza ou encore pr sente au n ophyte les accessoires les l ments mat riels avec lesquels il doit se familiariser pour r aliser le sch ma d action avec succ s Agach ndose y poniendo la mano izquierda en una de las partes verticales y la derecha en la horizontal correspondiente se est en posesi n moment nea de un pelda o o escal n Cada uno de estos pelda os formados como se ve por dos elementos se sit a un tanto m s arriba y m s adelante que el anterior principio q
16. el ce qui y est d crit est alors non un ensemble d entit s objets personnages lieux mais un ensemble organis d actions mentionn es selon un certain parcours dans la lin arit du texte qui sont comprendre comme effectuables selon un ordonnancement donn Nous reviendrons plus bas sur les modes d organisation s mantique et en particulier temporelle d une action complexe En ce qui concerne la dimension nonciative de ces discours normatifs on rel ve parmi les textes de cet ensemble une diversit de positions nonciatives et notamment de modes d insertion dans le temps De l nonc d un sch ma d actions types trait de fa on impersonnelle et atemporelle Le lecteur trouvera en annexe une traduction fran aise des citations 4 Cf Levelt 1982 propos du processus de lin arisation dans le passage des repr sentations mentales au texte C NOYAU Jeux textuels avec le temps Cort zar s n s Llegado el llanto se tapar con decoro el rostro Instrucciones para llorar aux directives adress es personnellement au lecteur avec divers degr s de familiarit ss gt A 5 Empiece por romper los espejos de su casa Instrucciones para cantar ou bien Piensa en esto cuando te regalan un reloj Pre mbulo a las instrucciones para dar cuerda al reloj en passant par la formulation d un projet auquel scripteur et lecteur sont associ s Primero buscaremos la orientaci
17. ente donc comme suit se comienza por levantar esa parte se recoge la parte equivalente se la hace seguir basta repetir alternadamente se sale de ella O1 amp ND On voit qu une partie des actions du sch ma d ex cution n apparaissent pas ici elles sont ins r es dans la d pendance de ces pr dications principales Il va nous falloir d crire les relations entre les premi res et les autres A cet effet reprenons les parties instructionnelles du texte en les segmentant en proc s d action localisables dans le temps les uns par rapport aux autres se la hace seguir hasta colocarla en el segundo pelda o 1 a se comienza por levantar esa parte del cuerpo 2 b puesta en el primer pelda o dicha parte c se recoge la parte equivalente de la izquierda 3 d yllev ndola a la altura del pie e f 14 T tant entendu non comme un intervalle temporel singulier situ par rapport au moment de la parole temporalit absolue mais comme un intervalle temporel d fini situ relativement aux autres intervalles temporels du sch ma d x cution total temporalit relative et P d signant l op rateur individu virtuel 15 C est ce qui fait que la trame d un texte instructionnel peut tre nonc e l infinitif et sans sujet explicite le pr suppos du topique n ayant pas besoin d tre explicit 10 C NOYAU Jeux textuels avec le temps Cort zar llegado en esta forma al segundo pelda o basta repe
18. erticales y la derecha en la horizontal correspondiente se est en posesi n moment nea de un pelda o o escal n Cada uno de estos pelda os formados como se ve por dos elementos se sit a un tanto m s arriba y m s adelante que el anterior principio que da sentido a la escalera ya que cualquier otra combinaci n producir a formas quiz s m s bellas o pintorecas pero incapaces de trasladar de una planta baja a un primer piso On ne peut s emp cher d voquer le parall lisme avec la fa on dont Carpentier d crit dans Viaje a la semilla les diff rents proc s de la d molition d une maison par des actions dont les objets affect s sont les sujets estompant ainsi le clivage entre les r gnes des entit s anim es et inanim es Notons que la traduction fran aise ne restitue que partiellement ces choix et qu elle r duit donc quelque peu la polyisotopie m nag e par le scripteur se plie monte sont des quivalents fid les du traitement des relations spatiales comme des actions effectu es par des entit s dot es d intentionalit mais redevient parall le donner naissance op ration qui se r p te n ont pas la m me vertu Apr s la description de la position de d part face l escalier voici maintenant le corps central des instructions Le comportement complexe d crit y fait l objet d une segmentation en actions effectuables par le sujet que l on instruit quels sont les princ
19. est requise une conformit au mod le sans laisser place aux questions sur le pourquoi ce qui ferait appel une instance de l individu comme source de ses motivations et de ses comportements dot d intentionalit ce texte rend imm diatement perceptible le caract re mouvant et questionnable des fronti res entre comportements r gis par des normes et libert de l action humaine On peut alors consid rer que ce texte illustre la conception de la figuralit propos e par Jenny 1990 pour qui au del de la conception usuelle fond e sur la notion d impressions partag es l enjeu subjectif propre la figuralit comme re figuration est la fois de r valuer la langue red crire le monde s individuer comme sujet 17 Ce que Cort zar th orise lui m me propos du cuento Cf notre commentaire de ses positions dans notre tude sur les r cits oniriques de B alu 1989 13 C NOYAU Jeux textuels avec le temps Cort zar R F RENCES ADAM Jean Michel 1987 Types de s quences textuelles l mentaires Pratiques 56 54 79 ADAM Jean Michel 1991 El ments de linguistique textuelle Th orie et pratique de l analyse textuelle Bruxelles Mardaga BAUDET Serge 1990 Repr sentations cognitives d tat d v nement et d action Langages 100 45 64 BERRIOT Karine 1988 C rtazar le magicien Paris Presses de la Renaissance CORDIER Fran oise 1991 Les repr sentations
20. inal d un module et tat initial du module suivant c est pourquoi la structuration en nonc s et la structuration cognitive en repr sentations de proc s ne peuvent pas tre strictement homologues Jusqu ici dans cette analyse des relations temporelles au niveau des micro actions et de leur organisation en une macro structure d action nous nous sommes born s consid rer la dimension temporelle faisant comme si celle ci constituait le seul principe d organisation du texte Or les travaux de psychologie cognitive sur le traitement de textes instructionnels par des sujets novices ou experts dans le domaine consid r ont montr que ces textes pouvaient pr senter les dispositifs ou syst mes d action selon trois grands principes d organisation une organisation 16 Ou explicatifs de dispositifs complexes 11 C NOYAU Jeux textuels avec le temps Cort zar temporelle ou causale ou t l ologique Denhi re amp Baudet 1989 S il est vrai que Instrucciones para subir una escalera est un texte organis principalement de fa on temporelle voyons la place ventuelle qu y jouent les deux autres principes d organisation Le lien entre relation temporelle relation cause cons quence et relation moyen but est troit lorsqu il s agit d action complexe finalis e comme ici Cependant ou c est pourquoi il est rare qu un texte r el soit r alis exclusivement selon l un de ces trois modes d organisation I
21. ipes de cette segmentation Apr s la description pr cise de la posture de d part est d taill e la proc dure de l ascension proprement dite Un premier nonc est consacr la lev e d un premier l ment mobile le pied droit Le second nonc regroupe dans une construction complexe l ensemble des micro actions accomplir pour un mouvement de base complet Puesta en el primer pelda o dicha parte que para abreviar llamaremos pie se recoge la parte equivalente de la izquierda tambi n Ilamada pie pero que no ha de confundirse con el pie antes citado y Ilev ndola a la altura del pie se la hace seguir hasta colocarla en el pe FEER segundo pelda o con lo cual en ste descansar el pie y en el primero descansar el pie Ce fragment peut son tour tre analys comme une s quence d actions ou macro action prise entre un tat initial le r sultat de l action 1 et un tat final con lo cual en ste descansar el pie y en el primero descansar el pie Le traitement 7 Cf notre tude sous presse reprise dans Noyau 1992 volume II 8 L auteur y reviendra quelques ann es plus tard dans un autre texte dominante instructionnelle M s sobre escaleras in ltimo round p 222 sq o il explique comment monter un escalier reculons et les avantages qu on y trouve Nous laissons de c t les jeux sur la r f rence aux entit s d finition avant de donner l tiq
22. ire une repr sentation du petit monde voqu par le texte pour y greffer d autres l ments de signification et exploiter la polyfonctionnalit constitutive du texte en tant qu objet de communication litt raire cf Schmidt 1979 Examinons dans ce cadre g n ral comment fonctionne la r f rence aux proc s Voyons notamment quels choix sont faits dans la fa on de d composer et de recomposer l action complexe en l ments constitutifs agenc s selon une certaine configuration relationnelle Ici intervient un double titre la dimension temporelle Les proc s constituant un comportement complexe sont caract ris s par leur temporalit interne leurs caract ristiques intrins ques au regard du temps dur e cl ture homog n it ou changement et externe les relations entre proc s dans le temps On s appuie ici sur un mod le g n ral de s mantique vis e cognitive d crivant la repr sentation des proc s construite par les sujets interpr tant un texte partir des cat gories fondamentales d tat d v nement d action d intention et de causalit Denhi re et Baudet 1991 et caract risant les types de proc s selon un inventaire de traits de constitution temporelle Klein 1988 para tre et participative Fran ois 1990 dont on introduira les l ments n cessaires mesure de leur intervention dans le commentaire Examinons la premi re partie de ces instructions qui d crit un l ment import
23. les certitudes qui nous fixent une r alit pens e et structur e par des repr sentations h rit es traverse toute l uvre de Cort zar Il semble que je sois n pour ne pas accepter les choses telles qu elles me sont donn es Entretiens avec Omar Prego 37 Et il revient fr quemment sur la necessit de pratiquer le d paysement pour s ouvrir d autres fa ons d appr hender les choses de s exercer la porosit De ce point de vue on peut comprendre qu un genre textuel aussi normatif que les instructions ait suscit sa cr ativit d capante Dans le m me recueil galement avant la partie centrale o sont mis en sc ne les Cronopes ces tres m s par la sensibilit et les Fameux ces autres tres m s par l intelligence rationnelle la section Ocupaciones raras comprend plusieurs autres textes qui d crivent des actions ou activit s de fa on normative Ainsi Posatigres par exemple voque les d lib rations et exp rimentations sur la meilleure fa on d effectuer el posado de los tigres Dire de faire pourquoi ici Et pour ce qui nous concerne en particulier quel est le r le de la dimension temporelle dans l effet produit par ces textes Nous montrerons dans les pages qui suivent comment un traitement subtil du temps des actions est au c ur de la sensation d tranget qu ils suscitent L un des textes de ce Manuel d instructions Instrucciones para subir una e
24. n L action selon la conceptualisation de Searle suppose une intention qui est cause de l action donc une relation causale entre un v nement mental et un mouvement physique Searle 1985 A une intention complexe correspondra une suite d actions mais il y a un niveau inf rieur en de a duquel les choses changent de nature le niveau de l action de base d finie par Searle comme suit en suivant Baudet 1990 A est une action de base pour un agent S ssi S est capable d accomplir des actions de type A et peut avoir l intention de faire une action de type A sans avoir l intention de faire une autre action au moyen de laquelle il a l intention de faire A On constate alors que m me en envisageant des pr cautions l intention d un sujet totalement novice Cort zar pousse la segmentation de la macro action au del de la limite En effet il est peu vraisemblable de concevoir que l agent m me novice invit suivre les instructions ait l intention d accomplir pour elle m me l action faire suivre p de la hauteur de la premi re marche se la hace seguir apr s avoir accompli l action amener la hauteur de p p et avant d accomplir l action poser p 2e marche De fait le crit re de la causalit intentionnelle semble ici absent puisque c est une phase interm diaire in vitable et sans fronti res naturelles dans la trajectoire du mouvement entre amener la hauteur de p d et poser sur 2e marche Si l
25. n de las fuentes Instrucciones para matar hormigas en Roma Enfin la d construction des normes est effectu e selon plusieurs modalit s par la sp cification quelque peu maniaque de contraintes minutieuses Duraci n media del llanto tres minutos par l introduction de liens bizarres entre situations dirija la imaginaci n hacia usted mismo y si esto le resulta imposible por haber contra do el h bito de creer en el mundo exterior Instrucciones para llorar ou plus globalement par l diction de consignes sur des actions qui dans le monde que nous connaissons ne sont pas soumises la volont des sujets Instrucciones para llorar Les instructions et leur r f rencialit comment monter un escalier Voyons maintenant comment se pr sente Instrucciones para subir una escalera Nous envisageons d abord ce texte au niveau global du point de vue de sa macro structure s mantique van Dijk 1977 Puis nous examinons la fa on dont au niveau micro structurel s op re la r f rence des proc s ins r s dans une structure temporelle Du point de vue s mantique une structure s quentielle instructionnelle comprend une suite d actes ordonn s chronologiquement et deux tats l Etat initial et l Etat final Dans l ensemble de textes du Manuel voici un texte premi re vue des plus classiques des plus conformes au genre Si l on suit les instructions donn es la lettre il semble
26. nsemble de propri t s textuelles signifiantes structurales localisables tous les niveaux de constitution du texte devant pouvoir tre reconnues par le r cepteur Ces propri t s conduis ent rendre possibles des lectures diff rentes des constituants textuels eux m mes de leurs relations entre eux et avec l ensemble du texte ainsi que de l ensemble du texte et elles doivent tre valu es comme litt rairement signifiantes L organisation de la r f renciation telle que nous l avons d crite dans ce qui pr c de aboutit bien faire de ce texte un objet polyfonctionnel Le respect de surface des r gles du genre instructionnel est associ un double travail de remise en cause des habitudes de pens e et des savoirs touchant la r f renciation D une part la segmentation des macro actions en proc s brouille l identification des actions en perturbant les rep res de causalit et d intentionnalit induisant ainsi envisager que ces rep res ne vont pas de soi et que l trange est au c ur du familier D autre part le jeu sur la compl mentarit entre l explicite et ce qui est laiss au travail inf rentiel fait du r cepteur un jouet de l arbitraire du sujet suppos savoir et suppos savoir ce que l autre sait ou ignore le lecteur devient l otage d une situation didactique mim e Pour ce qui est des instructions contenues dans le texte et visant guider le travail interpr tatif du
27. nstitut f r Psycholinguistik KLEIN Wolfgang amp Christiane von STUTTERHEIM 1987 Quaestio und referenzielle Bewegung in Erz hlungen Linguistische Berichte 109 163 183 LEGROS Denis 1991 Le traitement du texte po tique Psychologie Fran aise 36 2 187 195 LEVELT W 1982 The speaker s linearization problem Philological Transactions of the Royal Society in London Series B 295 305 315 NOYAU Colette 1989 Le bruit du temps Marcel B alu et le r cit onirique Le Fran ais Aujourd hui 87 septembre 25 34 NOYAU Colette 1992 Le temps retourn Viaje a la semilla de Alejo Carpentier Dans G Luquet ed Actes du 4e Colloque de Linguistique Hispanique Presses de l Universit de Limoges NOYAU Colette 1992 La temporalit dans le discours narratif construction du r cit construction de la langue Th se d habilitation 2 vol 2 vol annexes Universit Paris 8 RASTIER Fran ois 1989 Sens et textualit Paris Hachette Universit 287 p SCHMIDT Siegfried 1978 La communication litt raire In Strat gies discursives Actes du Colloque du Centre de Recherches Linguistiques et S miologiques de Lyon Presses Universitaires de Lyon 19 32 SEARLE John 1985 Du cerveau au savoir Paris Hermann coll Savoir 143 p STUTTERHEIM Ch von amp W KLEIN 1989 Referential movement in descriptive and narrative discourse In R DIETRICH amp C F GRAUMANN eds Language processing in so
28. scalera nous para t tre non d un point de vue th matique mais de par sa construction fondamentale de nature mettre en jeu l un des aspects fondamentaux de la conception du temps les relations entre temporalit et causalit Nous l analysons en nous appuyant sur une th orie s mantique du temps et de l action Fran ois 1986 pour comprendre le dispositif interpr tatif offert par l auteur la description de ce dispositif devant selon nous pr c der l analyse finalit litt raire C est ce qui nous permettra ensuite d envisager la signification de cette figure des instructions r currente chez Cort zar telle qu elle est r alis e dans ces Instructions pour monter un escalier dans son fonctionnement litt raire Situons d abord bri vement le texte qui nous occupe dans l ensemble de textes brefs du Manuel d instructions Malgr leur groupement et leur titre les relations de ces petits textes avec le genre textuel qu on peut appeler instructionnel qui assume la fonction DIRE DE FAIRE propos d actions complexes planifi es cf Adam 1991 sont diverses Ces textes pr sentent en effet plusieurs variantes du point de vue de l organisation textuelle se rattachent plusieurs sous genres du type de texte d crivant des actions mod les Certains d entre eux semblent se conformer de tr s pr s aux r gles du genre le sch ma d action complexe s y trouve d crit de telle sorte qu
29. sion textuelle et pragmatique dont l objectif est de d finir les conditions linguistiques de l interpr tation cf Rastier 1989 devrait permettre de mettre en lumi re certains de ces processus L objectif de cette s rie d tudes sur la temporalit dans des textes litt raires est double D abord du point de vue r f rentiel il s agit de rendre compte des proc dures langagi res mises en uvre pour inviter le lecteur un parcours dans des mondes o le temps fonctionne autrement que dans l exp rience ordinaire faisant ainsi du temps un mat riau du fantastique Ces carts m mes sont r v lateurs des caract ristiques s mantiques de la dimension temporelle telle qu elle est repr sent e dans le langage et telle qu elle structure les textes Ensuite et en nous appuyant sur les conclusions de l analyse linguistique proprement dite nous pourrons nous interroger sur le temps des actions comme mat riau de figure litt raire Merci Denis Legros pour sa relecture attentive d une version ant rieure de ce texte 1 Cf Noyau 1989 1992 C NOYAU Jeux textuels avec le temps Cort zar Les textes prescriptifs dans la fiction Manual de instrucciones L ensemble de textes qui ouvre le recueil de Cort zar Historias de cronopios y de famas et qui est regroup sous le titre de Manual de instrucciones s offre comme une occasion de se livrer un jeu tr s particulier Le souci de d construire
30. t une question sous jacente la question de base du texte laquelle chaque nonc de la trame donne une r ponse partielle selon une progression telle que la r ponse compl te la question de base sera donn e avec le dernier nonc Cette question de base contraint la structure linguistique de la trame du texte en pr cisant ce qui dans chacun des nonc s de la trame appartiendra toujours d un point de vue conceptuel au topique de l nonc ce qui est pr suppos et ce qui appartiendra son focus ce qui est pos par l nonc Pour ce qui est du type de texte instructions r alis dans des contextes situationnels divers sous forme par exemple de recettes de cuisine notices d utilisation modes d emploi instructions de d pannage etc la question de base est quelle action ex cute t on au moment T et la question sous jacente chaque nonc successif apr s l nonc initial de la trame sera du type quelle action ex cute P T1 Chaque nonc de la trame sp cifie un moment en question intervalle d fini sur lequel porte la pr dication Le fopique des nonc s de la trame comprendra l intervalle temporel d fini situ apr s celui de l nonc pr c dent de la trame et le fait que la pr dication soit une action effectu e par l actant P Le focus des nonc s de la trame sp cifiera l action La trame de ces instructions form e par les pr dications autonomes se pr s
31. tir alternadamente los movimientos hasta encontrarse en el final de la escalera se sale de ella f cilmente con un ligero golpe de tal n que la fija en su sitio m del que no se mover hasta el momento del descenso r T 50 On peut partir de ces segments construire un sch ma de l organisation de la macro action en actions monter l escalier 1 re marche marche n 1 r it rations jusqu lever pos soulever l amener lefaire le placer r p ter coup de suivre talon arriv se trouver sort On constate que l organisation en nonc s ne co ncide pas totalement avec l organisation hi rarchis e en modules d actions mais on observe des marques textuelles qui valident la repr sentation hi rarchique ici propos e Chaque module 1 re marche marche n 1 r it rations sortie se trouve clairement d limit temporellement le segment commen ant par l indication de l tat initial constituant la borne initiale de l intervalle temporel dans lequel il s ex cute se comienza lt tat initial premier gt Puesta en el pelda o dicha parte Llegado al segundo pelda o Se sale de ella et une exception pr s il se cl t par l indication de la situation finale atteinte en r alisant le module tat final hasta colocarla en el 20 pelda o con lo cual hasta encontrarse con el final de la escalera avec une relation de co r f rence donc de chevauchement temporel entre tat f
32. tivement au sens de Adam 1991 Cette reconnaissance qui est ici un donn de d part vu le titre m me du recueil et du texte cr e chez le lecteur une s rie d attentes sur le texte sa macro structure s mantique et sa fonction pragmatique qui orientent l interpr tation Or les contenus d actions voqu s dans ce Manuel d instructions concernent des comportements normalement non inculqu s comme pleurer ou non inculqu s par des textes comme monter un escalier ou bien ils concernent des activit s dont l utilit d acquisition est peu vidente tuer des fourmis Rome ou bien encore ils s appuient sur l objectif actionnel d clar remonter la montre pour inculquer autre chose dans ce dernier cas une attitude face au temps et la mort L effet de d familiarisation qui en r sulte confirme que ces instructions ont un caract re proprement fictionnel caract re d j postul de par le contrat de communication de ce livre d histoires Une lecture informative est exclue ces instructions sont prendre globalement comme m taphoriques ce qui d clenche des processus d interpr tation non purement r f rentiels propres au texte litt raire cf Legros 1991 concernant l tude psycholinguistique des sp cificit s du traitement du texte po tique Mais les processus interpr tatifs ne s affranchissent pas pour autant de la lettre du texte et de la fonction r f rentielle le lecteur a d abord se constru
33. u est ce qu une action Et tout d abord quels pr d coupages des comportements complexes nous propose le lexique L auteur a bien eu recours sauf dans un cas hace seguir o causation et mouvement sont exprim s analytiquement des lex mes simples r f rant donc des actions st r otypiques cat goris es de fa on privil gi e par la langue Les tudes r centes sur les repr sentations privil gi es effectu es par Cordier 1991 montrent que la repr sentation privil gi e d un v nement ou d une action est son tat final ou r sultant par ex pour traverser une rivi re le fait de se trouver sur l autre berge et que dans la repr sentation d un sch ma d action complexe l action privil gi e est la derni re de la s quence ma s les actions initiale et interm diaires de la s quence ne sont affect es d aucun effet de privil ge Enfin des recherches portant sur le niveau de base ou niveau d abstraction privil gi pour cat goriser une entit ou un proc s cf Cordier ibid montrent que celui ci est 10 Au sens de la th orie de l intentionalit Cf Searle 1985 et la pr sentation de la th orie de l Intentionalit de l action dans Baudet 1990 C NOYAU Jeux textuels avec le temps Cort zar le niveau le plus sp cifique celui o le nombre des propri t s attribu es la cat gorie augmente tr s nettement par rapport aux superordonn s
34. u plus haut et un peu plus avant que la pr c dente principe qui donne un sens l escalier vu que toute autre combinaison produirait des formes peut tre plus belles ou plus pittoresques mais incapables de vous transporter d un rez de chauss e un premier tage Une fois ladite partie que nous appellerons pied pour abr ger pos e sur le degr on l ve la partie correspondante gauche appel e aussi pied mais qu il ne faut pas confondre avec le pied mentionn plus haut et apr s l avoir amen e la hauteur du premier pied on la hisse encore un peu pour la poser sur la deuxi me marche o le pied pourra enfin se reposer tandis que sur la premi re le pied repose d j pos e on monte en l amenant lt fraduit par nous gt on monte et on la fait suivre lt fraduit par nous gt une nonne teint un cierge en en loignant une flamme lt fraduit par nous gt On en sort facilement avec un l ger coup de talon pour bien fixer la marche et l emp cher de bouger jusqu ce que l on redescende avec un l ger coup de talon qui la fixe sa place d o elle ne bougera plus jusqu au moment de redescendre lt traduit par nous gt on commence par lever cette partie on remonte la partie correspondante on la fait suivre il suffit de r p ter alternativement on en sort O D on commence par lever cette partie du corps une fois ladite
35. ue da sentido a la escalera L nonciateur assume m me parfois une position didactique en joignant des encouragements ses explications c pilye p RTE 7 Si oye algo como un paisaje sumido en el miedo creo que estar bien encaminado Instrucciones para cantar Certains autres de ces textes en revanche sont plus difficilement rattachables au genre des instructions Ainsi Instrucciones ejemplos sobre la forma de tener miedo est il un inventaire dominante narrative de situations virtuelles Si un lector desemboca en esa p gina a las tres de la tarde muere de situations type El m dico termina de examinarnos y nos tranquiliza et de situations singuli res valeur exemplaire Se sabe de un viajante de comercio a quien le empez a doler la mu eca mais rien n y indique une mani re de faire ou quoi faire Enfin m me dans les textes relevant globalement du genre des instructions celles ci sont entrecoup es de digressions au regard de l action vis e comme dans Instrucciones para dar cuerda al reloj Ahora se abre otro plazo los rboles despliegan sus hojas Le discours injonctif instructionnel cf Adam 1987 1991 est un discours d action planifi e du point de vue r f rentiel et un discours normatif du point de vue de la prise en charge modale Il peut tre consid r comme une variante de texte descriptif au regard du mouvement r f renti
36. uetage du pied maintien de l expression dans sa formulation g n rique associ e la d finition ce qui interdit les proc d s grammaticaux de co r f renciation des repr sentants individualis s de l entit type mais permet une correspondance de surface avec la syntaxe et la rh torique typiques des instructions donc un effet de pastiche C NOYAU Jeux textuels avec le temps Cort zar actanciel est y sans malice l agent effectuateur s il est g n rique ce qu indique le r fl chi impersonnel reste clairement tabli dans son statut de sujet intentionnel contr lant des actions tout au long du corps central Cela s observe l inventaire des lex mes d action causatrice de mouvement utilis s qui supposent typiquement un sujet intentionnel puesta se recoge Ilevando hace seguir colocar Les caract ristiques de ces proc s sont en cons quence uniment dynamique changement causation cf Fran ois 1990 Cette s quence d actions est pr sent e dans une structure morpho syntaxique hi rarchis e sp cifiant des relations temporelles soit par la flexion verbale et la d pendance syntaxique puesta participe pass verbe d action causatrice tat r sultatif d pendant syntaxiquement du proc s de la pr dication se recoge gt succession imm diate Ilev ndola g rondif proc s en cours d pendant syntaxiquement du proc s de la pr
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