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Des sujets prémonitoires et déconcertants

1. Le deuxi me sc nario est celui de la fuite en avant circulez y a rien voir Cela a t le cas de la premi re crise de la vache folle alors gu au contraire il s agit de comprendre ce qui s est pass lors de cette crise et de celles qui ont suivi m me si cet exercice est dou loureux Le troisi me sc nario est celui de la co construction de la coop ration la m diation interac tion la contractualisation Dans ce cas la question pos e est la suivante Vagriculteur devenu minoritaire doit certes accepter de coop rer mais que devient il dans un d bat o il p se si peu Je pense toutefois qu il reste essentiel au d bat Un d bat sur les paysans sans les paysans n a pas lieu d tre Dans cette confrontation au bon sens du terme des repr sentations comment l agriculture aura non seu lement droit de parole mais sera t elle amen e prendre la parole et s exprimer dans les d bats qui la concernent Comment la soci t va l int grer dans ces d bats qui sont aussi parfois des conflits d int r ts ou des enjeux de pouvoir Saluons le fait qu Marciac il y ait beaucoup d agriculteurs et que le d bat ne se r duise pas des chercheurs Il ya de plus en plus d initiatives comme celle ci mais il reste des initiatives totalement divergentes avec des d bats par exemple sur le bien tre animal sans un seul leveur invit s exprimer De m me que des agri 2
2. G rard Lopez a mis en lumi re ces dipj rents enseignements ostalgie C est le pre mier mot qui vient en t te la lecture des r ponses effectu es par les sond s la premi re question de l enqu te Quelle image avez vous aujourd hui de l agriculture En clair il y a l un attachement profond une imagerie bucolique et traditionnelle de l agriculture assortie de valeurs fondamentales telles que la g n rosit nourrici re ou la pr servation de la beaut natu relle Des perceptions qui connais sent une double dimension l une tr s affective et sensorielle est bas e sur nos racines l origine de la vie le bien tre le bonheur et la douceur L autre tr s patrimoniale rassemble en une m me fiert nationale notre terre nos paysages nos paysans notre gastronomie C est la lumi re de ces visions que Von comprend mieux la r ponse la deuxi me question pos e Quelle est selon vous la marque de produit alimentaire la plus proche de l agriculture Une interrogation agriculture une sorte de d ni du progr s Fran ais qui laisse perplexes 40 des Fran ais incapables de citer quoi que ce soit et laquelle 30 r pondent non pas par des marques mais par des mentions de qualit telles que les labels le bio ou encore par des aliments g n riques comme les pro duits laitiers Comme si finale ment pr cise G rard Lopez il exi
3. Ca res semble rien a Qu est ce tu m fais manger l Ca m int resse moi d le savoir C est ma question Victor maugr ant C est ta ques tion c est ta question J veux bien gu ce soit ta question il l a dit d si gnant R mi Mer mais si on peut pas les lever normalement au chaud les tuer comme il faut vivants pour les rendre morts et si en plus tu veux pas bouffer des trucs que j ai trans form qu est ce qu il te reste Lili Eh be Victor sentencieux Eh b c est un probl me de soci t cher ami il va falloir que tu r fl chisses C est pas moi de le r gler le probl me Moi je t offre tout Je suis le p re nourri cier nom de Dieu Je nourris tout le monde et voil comment tu me remercies Lili C est qu avec tous ces publici taires qui me mettent des d sirs de partout je sais plus ce que je veux moi C est vrai quoi Victor grave Tu sais comment a va finir Lili inqui te Comment a va finir Victor croisant ses mains dans le dos il commence arpenter grands pas la tribune de long en large Y a trois possibilit s trois sc narios Premier sc nario le combat tous deux mettent des casques et se battent coups d p es face face tout en par lant Victor Je suis agriculteur Lili Je suis la soci t Pollueur crado Victor Voyez je suis diabolis il a une fourche de Satan Salauds Regarde moi comme je suis
4. Ensuite le lien au politique nous particip une meilleure mise en d Et les neuj cercles de discussion 2VOnS parl de la n o ruralit un 0 oe pon cette planchaient sur le th me suivant mot qui a t repris en 1968 par les 9e dition ils se sont d roul s au o r volutionnaires mais aussi par cours des deux matin es de Quels sont nos images et nos imaginaires P tain et le gouvernement de Vichy l Universit Dans un premier temps de l agriculture et ont fait des restitutions M me chose avec le paysage que pour recenser et analyser les images l ensemble du public Ce sont ces micros Gambetta avait mis en avant dans le et les imaginaires que chacun a de comptes rendus qui sont reproduits ci dessous cadre d un projet politique de diver l agriculture quels que soient son Une mati re premi re qui a largement sit paysag re destin augmenter la m tier et son origine Et le nourri les d bats et les interventions capacit de production et ancrer la Des cercles vertueux lendemain pour r fl chir la mani re dont ces repr sentations sont mises en uvre dans les changes conomiques Dispers s ombre des platanes neuf groupes ont ainsi t constitu s m lant agriculteurs universitaires chercheurs artistes psychologues ou repr sentants d association au gr des hasards et impliquant chaque fois un animateur et un rapporteur On se pr sente on rapproc
5. IRRUPTION DE BATACLOWN 44 Sac de n uds RESTITUTION DES TABLES RONDES 45 Aller vers le r el maintenir du r ve REACTIONS 49 N aurions nous pas manqu un peu d audace CONFERENCE 51 Neuf paradoxes et quatre pistes par Bertrand Hervieu 55 CLOTURE Les actes de l Universit d Et de l Innovation Rurale sont con us et r dig s par la Mission d Anima tion des Agrobiosciences MAA et dit s avec le soutien financier de la Communaut de Communes Bastides et Vallons Directeur de la MAA Jean Claude Flamant Directeur de la publica tion Jean Marie Guilloux R daction Val rie P an Sylvie Berthier Mise en page et photo gravure Nuances du Sud Imprimeur Parchemins du Midi Mission d Animation des Agrobiosciences ENFA BP 38 31 321 Castanet Tolosan Cedex T l 05 62 88 14 50 Fax 05 62 88 14 51 Mel barbace agrobiosciences com Site web www agrobiosciences org L Universit d Et de l Innovation Rurale Des sujets pr monitoires et d concertants epuis sa cr ation l Universit Et de l Innovation Rurale qui f tera son 10 anniversaire en 2004 se donne pour objectif d instruire les questionnements qui pr occupent le monde rural et la soci t Des inter rogations souvent extr mement sensibles qui tradui sent depuis quelques ann es le d sarroi des agriculteurs la complexit des enjeux les dynamiques singuli res du monde rural ainsi que la n cessit d apporter
6. aussi d cident seuls de la mani re dont s organise la consommation Com ment faire dans ce contexte pour ne pas se sentir d poss d Certains sont puissants syndicalement et par viennent influencer l Etat et notamment la mani re dont sont distribu es les subventions D autres boycottent la grande distribution en nouant un contact direct avec le consommateur et en jouant sur la qualit A ceci pr s que cette derni re strat gie ne permet pas de nourrir la plan te Surtout il existe bon nombre d agriculteurs qui sont dans une posture m diane ils ne peuvent ni influencer l Etat ni chapper la grande distribution Et l je com prends qu il y ait beaucoup de frus tration Une perte de vue des r alit s Jean Pierre Estrampes ma tre de conf rences l Ecole Architec ture de Montpellier Je commencerais par une interroga ton je me demande si les mythes que nourrit notre pays propos de l agriculture ne sont pas constitutifs de ce malaise qui existe entre la France et ses paysans entre la France et son territoire Je ne sais pas si vous vous souvenez d un feuille ton r cent Garonne Bon nombre de gens de la r gion ont approuv l id e d une s rie qui parlait de ce pays En fait il s agissait d une his toire caricaturale opposant le grand Satan un promoteur immobilier aux paysans dont on allait prendre les terres Apparemment cela n a mu p
7. galement le cas jus qu un certain point entre le pro fessionnel et son client par exemple le boucher et la cuisini re qui cuit la viande Mais cette cha ne de connaissance est bien imparfaite Pas seulement du fait de la transfor mation du produit au long de la cha ne des changes et de la lon gueur de celle ci mais aussi du fait qu chaque tape les op rations de production sont complexes et mobi lisent des ressources invisibles des autres points de la cha ne Aujour d hui que sait on par exemple de la fabrication d une automobile alors que le garagiste du village ne sait plus la r parer que des automates font les r glages et que des blocs complets sont chang s si un d faut survient D une fa on g n rale les activit s de production sont com plexes et font appel des savoirs diversifi s abstraits et de domaines multiples sait on que les viticul teurs de Saint Emilion g rent la vigne cep par cep en enregistrant toutes les op rations par GPS Contrairement aux multiples appa rences finalement insaisissables autrement que par exp rience sin guli re de ce qui est le produit chang ou le produit des changes les ic nes offrent une repr sentation transcendante et glo bale mais elles sont tant ambiva lentes que contradictoires Le groupe local de pr paration a pos la question pourquoi les images de l agriculture d aujour d hui sont celles des ann es cin
8. tion productive Au contraire je suis convaincu que cette derni re reste au c ur des repr sentations En revanche le hiatus r side dans les modes de production Le point cl r side dans l incompatibilit entre la repr sentation d une agri culture pure ou originelle et l id e de Se universit d t de l innovation rurale l 5 l entr e en matier UN SONDAGE EXCLUSIF DE BVA Il y a pour l de la part des Pas pacile de conna tre l tat de l opinion publique sur l agriculture aujourd hui prise dans le miroir souvent d jormant des m dias D o l id e de commander l institut de sondage BVA de mener Quand le sage montre dont chaque facette repr sente un une enqu te en amont de l Universit d Et la lune l imb cile regarde attribut donn Certains c t s brille sur les images spontan es de l agriculture P gt A pha ront e d vs Di A aR sa proximit ou non et le niveau de confiance sure hiatus fracture Serait il quel endroit et de quel c t l on se gt zig q q Men les 11 et 12 juillet 2003 aupr s technologie En clair l agriculture chercheur Inra Kamel Assoua c est serait un domaine d exclusion du dans les symboliques plurielles que progr s technique et du progr s r siderait le lien social Peut on social car il n entra nerait qu une admettre l existence d une notion de d gradation des aliments symbolique plusieurs dime
9. agriculture s interrogent les agri culteurs Et si oui la faute en revient elle aux interm diaires qui ne dispenseraient pas une bonne image Dans ce cas des contre pouvoirs sont peut tre inventer et nous esp rons que cette universit y contribuera l appartient aux consommateurs de prendre l initiative d un changement Ce que les consommateurs pointent en premier lieu Nos propres contradictions Telle cette exigence d authenticit et de naturel qui nous fait parfois oublier les r gles sani taires que nous exigeons par ailleurs Normal nous sommes en fait une poque charni re en mati re d agri culture et d alimentation une g n ration de consommateurs est n e avant la guerre quand la France tait agricole 70 Elle a donc v cu la campagne a gard le go t des pro duits faits maison A contrario une autre g n ration la plus jeune n a connu que la vie citadine Pour elle l entr e en matier de trois groupes locaux de r flexion un poulet est une viande en bar quette dans un rayon de supermar ch Tuer un poulet le plumer et le pr parer rel ve du roman d aven ture Tuer le cochon devient un acte criminel Et les produits de la ferme tiennent du mythe Qui a raison O est la v rit Certainement entre les deux La confiance du consommateur a toujours t li e la proximit et la relation humaine C est pourquoi les gra
10. agriculture et de coop ratives Dernier point le lien avec les autres acteurs les industries agro alimen taires et les consommateurs Cer tains ont trouv que nous enfilions les poncifs comme des perles et au regard du propos de M Lahlou qui dit qu une id e fait partie d un co syst me d id es la question qu on peut se poser et c est l un avis per sonnel est la suivante peut on par ler d image de l agriculture sans parler de celles des autres acteurs celle des industries agro alimen taires des consommateurs etc ga lement porteuses de beaucoup de poncifs Cercle 8 Rapporteur Jean Pierre Estrampes Les Fran ais veulent la f te agricole sans le travail Notre d bat a t extr mement courtois Nous avons d marr sur limage de agriculteur travers les repr sentations donn es par les conseils g n raux et les comit s de tourisme tr s archa ques et rassu rantes notons que ce n est pas le cas des institutions du Gers Nous avons parl alors des agriculteurs jouant le r le d objets transitionnels pour la soci t fran aise pour la gu rir sans doute de son archa sme de ses difficult s accepter la moder nit Nous avons galement voqu ce retour positif de agriculteur avec les f tes mais en oubliant que les f tes taient la suite d un labeur puisant Il semblerait que les Fran ais veulent la f te agricole sans l
11. c est celui des agriculteurs pour les agricul teurs qui ont le sentiment d tre sur la d fensive Ils sont fiers des progr s qu ils ont fait accomplir leur sec teur et en m me temps choqu s de Vingratitude que leur manifeste le reste de la soci t Enfin durant ces changes une phrase forte est venue de agriculteur qui faisait partie de notre groupe Il faut un imaginaire r aliste Pour que la technicit assure la production et que la tradition assure la vente Cercle 4 Rapporteur Karine Tavernier De beaux paysages mus ipi s o l on ne voit pas asriculteur Dans ce groupe tr s quilibr moi ti agriculteur moiti non agricul teur il s est d gag de nos discussions une grande diff rence entre l image m diatique de l agri culture et l image d une agriculture r elle Prenons l image de agricul teur v hicul e dans les m dias et notamment dans les publicit s dont agribusiness et la grande distribu tion sont l origine on y voit de beaux paysages verdoyants un peu mus ifi s patrimonialis s dans les quels finalement on distingue tr s peu d agriculteurs En revanche les animaux ont une place importante mais sans qu on voie la mort Autre image de l activit agricole v hicu l e par les m dias celle d une acti vit naturelle avec une certaine puret et o l intervention humaine est quasiment absente Tout semble d c
12. chelle plan taire alors que la demande totale reste plus ou moins stable A titre anec dotique j ai r cemment mang du quinoa en provenance d Am rique latine achet dans une grande sur face Pamiers Ce jour l je n ai pas consomm de bl Dernier point on n a pas parl de la production agricole dans les villes qui est tr s importante Jakarta par exemple au moment de la crise le prix des denr es alimentaires a aug ment de 70 ce qui correspond un rationnement conomique puisque les gens ne pouvaient plus les acheter Le gouvernement a donc encourag la population produire dans leur jardin pour viter de mou rir de faim C est galement ce qui se passe aussi en Russie o 65 des Russes en ville ont un jardin Jean Pierre Estrampes Je crois que le plus souvent les agri culteurs aiment leur m tier mais ces personnes passionn es vivent mal certaines interrogations de la soci t qu ils comprennent plus ou moins Depuis la naissance de l humanit la mission de l agriculture est de r pondre aux aspirations de base de la soci t et ce sera ainsi jusqu la fin Ceci dit quand on est trop sou vent mis en cause qu on est trop secou on commence douter de sa passion Il y a du blues dans agri culture aujourd hui Des gens quit Se universit d t de l innovation rurale 49 images valeurs d changes tent le m tier 35 40 ans et quand ces gens
13. classer pour proposer en quarante minutes une conclusion Avec tout le talent qu on lui conna t Bertrand Hervieu le pr sident de l Inra d m le l ind m lable Pas un bruissement sous le chapiteau Le ton est pos le propos grave Dans le joisonnement de cette Universit il a rep r neuj paradoxes comme autant de marches vers l intelligence comme une exigence de compr hension et le repus de simplipier Mais l homme ne saurait s arr ter l et nous livre quatre pistes de r jlexion pour avancer Et pr vient que ce soient les scientipiques les agriculteurs les politiques ou les citoyens personne ne saurait chapper aux d bats en perspective si l on veut recomposer un projet pour nos agricultures L un des enjeux majeurs que les paysans du Sud cessent de mourir Bi l s agit donc pour moi de d m ler l indem lable de distinguer et de classer Je me suis impr gn de vos propos durant ces deux jour n es Je vais essayer maintenant de presser ponge que j ai tent d tre en ne citant personne pour vous citer tous Cette conclusion sera la suite d une lente et collec tive maturation sur nos mondes perdus sur nos identit s bris es J ai ressenti ces d bats tr s convi viaux mais non d tach s d une certaine tristesse Au fond nous sommes peut tre encore dans ce que j appellerais notre impossible deuil de la France paysanne Ce deuil tant impossible vo
14. d espace La r alit est bien s r tout autre si l on prend les statistiques INSEE les zones agglom r es en France occupent moins de 10 de la surface natio nale totale Je pr cise que par zone agglom r e l INSEE entend une zone construite sur au moins quatre hectares s par s d au moins 200 m tres des autres zones construites C est une d finition assez large qui inclut de grandes zones rurales Il reste donc au minimum 90 du ter ritoire national qui n est pas urba nis Ce qui ne refl te pas vous admettrez une p nurie de terres rurales qu il conviendrait de d fendre En fait il me semble que nous allons rencontrer le probl me inverse comment g rer cette immensit de territoire Comment en est on arriv une telle perte de vue des r alit s et que peu vent r pondre des lieux de r flexion comme celui l mais aussi les sp cialistes de l INSEE et les profes sionnels de la recherche de l urbanisme Je ne vois qu une expli cation il y a dans notre pays une coupure historique entre le monde de la recherche de l universit et le monde de la politique C est une tra dition ancienne qui prend sa source au Moyen Age au moment o l Uni versit fran aise s est construite en autonomie par rapport au pouvoir politique Au cours des si cles cette ind pendance de l Universit est devenue constitutive de la culture fran aise A tel point qu il a fallu que l
15. diaire entre les agriculteurs et la soci t C est un peu sa d finition son r le social Elle repose sur des groupes mais elle ne se limite pas aux groupes professionnels locaux ou aux coop ratives Bon nombre de questions qui ont t d battues dans les tables rondes d hier tournaient autour de la place et de l volution de la pro fession Y a t il un largissement de la profession Est ce que le territoire et l cologie font partie des questions qui se posent la profession au del de la celle de d fendre les produits leur image et leur march Jusqu o d ailleurs la collectivit profession nelle peut d fendre l image des pro duits sur les march s J tais r cemment une rencontre entre des chambres d agriculture et l Inra et j tais animateur du groupe sur la ma trise de la qualit une des questions qui se posait aux agents consulaires pr sents tait la sui vante jusqu o accompagner les agriculteurs dans cette d marche commerciale Le commercial est il collectif Le collectif se r sume t il l information qu on peut recueillir sur le march et au contr le ou la cr ation des images Cet largissement de la profession va t il plus vers le commercial avec une prise en compte de la multi fonctionnalit autour des th mes de l am nagement rural Ou bien au contraire y a t il un clatement de la profession est ce que la notion m me de la professio
16. gatives En revanche la recherche de la ren contre avec mon paysan mon produit est la mode Il n emp che que cela ne doit pas nous faire oublier que la question de la d mo cratie reste pos e plus que jamais a dit l un des participants En fait en terme de repr sentation nous avons constat un grand cart entre celle de Vagriculteur pollueur empoison neur gaspilleur et le d sir d une campagne idyllique dans laquelle Vagriculteur doit jouer le r le du prince du charmant et du jardinier Cercle 6 Rapporteur Alain Lefebvre Passer d une solidarit subie une solidarit voulue L ambiance tait sympathique et les id es int ressantes malgr un handicap quasi insurmontable ab sence de repr sentation f minine dans le groupe rires Deux mots cl s peuvent r sumer nos changes d abord le mot entreprise entrepreneur L agriculteur est un chef d entreprise il doit savoir mobi liser des comp tences fortes et nom breuses pour des missions contradictoires voire ind termin es Cette dimension entrepreneuriale a t jug e ambigu car elle met ac cent sur le m tier alors que agri culteur est aussi au centre d un certain choix de vie 1 8 l 9e universit d t de l innovation rurale l agriculture en repr sentation Deuxi me mot fort l tranger Celui qui arrive dans le monde rural Un tranger porteur d innovation d ac tivit
17. haute tech nologie souffrent d un d ficit sym bolique elles peinent produire du sens Du moins elles n en fournis sent pas d autre gu autor f renc la technigue et le produit Comme nous avons besoin de sens pour exis ter ce d ni trouve un lieu propice dans la figure du paysan Nous nous tournons assur ment vers l endroit qui lui en a donn le plus celui qui est suppos nous nourrir tre notre origine et nous int grer dans la nature la fa onner en se laissant fa onner par elle l agriculture si proche de m re nature Je vous invite consid rer l agriculteur comme un tre qui prouve les conflits culturels que projette une soci t en difficult sur sa cr ature la figure du paysan Beaucoup de propos d agriculteurs que j ai enten dus relevaient d une souffrance s approchant pour un psychologue d une crise identitaire qui para t sourdement marteler Nous ne sommes pas ce que vous Croyez que nous sommes Nous ne voulons pas tre ou vous laisser dire ce que vous voulez que nous soyons etc Pour ma part je n entends que cela depuis ce matin Pourquoi le paysan est il devenu un enjeu symbolique Pourquoi porte t il une fracture culturelle amen e par l ensemble de notre soci t Trois grands types de repr senta tions ont travers les discussions qui sont autant de fa ons de penser les rapports entre urbanit ruralit science nature tech
18. t plus positives plus transpa rentes avec des informations sur la r alit de l agriculture aujour hui Enfin sur le paysage nos avis taient plus partag s Certains disant qu il y a du ma s partout d autres affirmant au contraire une mosa que Cela dit nous avons constat qu il n y avait pas d organisation collective sur ce point Au final nous avons conclu que l agriculteur est un acteur mais que les conseilleurs ne sont pas les payeurs Se universit d t de l innovation rurale 1 g l agriculture en repr sentation REACTIONS 6 ao t Retour Sur Images Charg s d introduire le sujet en d but de matin e Catherine Boyer Durrieu G rard Lopez et Saadi Lahlou taient invit s r agir aux restitutions des cercles de discussion Un retour d images suivi d une mise en d bat avec l ensemble du public onneur aux femmes c est Catherine Boyer Durrieu qui r agit la premi re aux comptes rendus des diff rents cercles de discussion Ce qu elle en retient La n cessit de replacer lhu main au c ur des repr sentations de l agriculture D autant qu en la mati re les agriculteurs b n ficient d un atout consid rable dont peu de pro fessions disposent un capital sym pathie Ils font partie du mythe collectif Ils incarnent l identit col lective Il faut que leur passion et leur g n rosit s expriment Malheureu sement il r
19. toujours pas de femmes Trois id es ont t d battues Premi rement il conviendrait de tenter de ma triser la communication Nous avons signal en particulier le passage d une com munication portant directement sur le produit ou sur les lieux de produc tion vers ceux et celles qui produi sent Avec des risques de ces d placements le b ret c est bien mais attention la folklorisation Evi tons le surcro t de tradition Par ailleurs sur la communication des produits il faudrait insister sur le tra vail effectu les process les tech niques utilis es mais d une mani re g n rale m fions nous de la versati lit des images surtout lorsqu elles portent sur emballage le consom mateur est un individu fragile et sur tout inconstant Deuxi me id e il ne faut pas s enfer mer dans les ruses et les pi ges de la communication Les dysfonctionne ments des fili res agroalimentaires sont bien souvent issus de toute autre chose que du marketing et de la publicit Ainsi les 30 40 de marge sur les produits frais dans les hypers contrastent curieusement avec les 2 consentis sur les produits de la soci t Ricard Nous avons not ce sujet l importance des consommateurs organis s collectivement pour aider la prise de conscience et au d ve loppement d attitudes nouvelles vis vis des producteurs ainsi qu au changement de comportement des consommateurs individuels Troi s
20. Le paradoxe de la moiti du monde Dans la foul e s impose le deuxi me paradoxe celui de la moiti du monde Si la culture dominante de la fin du xxe et de ce xxe si cle com men ant est bien une culture urbaine si la croissance et la litto ralisation des zones urbaines sont un fait dominant il n emp che que une fois encore la moiti du monde est constitu e de paysans Et ce paradoxe de la moiti du monde veut que l o les paysans sont majoritaires ils sont silencieux et que l o ils existent comme force sociale ils sont minoritaires et les Se universit d t de l innovation rurale 51 images valeurs d changes seuls pouvoir parler la face du monde de l ensemble de cette pay sannerie mondiale Le paradoxe est aussi au c ur de la paysannerie mondiale dans des termes qui n ont jamais t aussi exacerb s commencer par le paradoxe de la parole Ajoutons cela que cette urbanisation s accompagne d une agriculture urbaine prise dans un grand cart entre le jardin familial d un c t et l agriculture de firmes de l autre Les cas de l Inde de la Chine et du Br sil sont les plus grandes illustrations de cette agri culture urbaine qui n est plus fami liale qui n a jamais t paysanne qui est abstraite capitalistique et coup e d lib r ment du monde agricole Le paradoxe de la singularit Le troisi me paradoxe est celui de la singularit Le mo
21. agriculteurs Nous sommes par tis de l image donn e ce matin par le consommateur qui a voqu une exploitation dont le propri taire fai sait de aligot et des productions sur prenantes pour certains Avec un c t archa que qui ne d plaisait pas et c t une repr sentation un peu plus moderne demand e par le consommateur mais qui exige en m me temps de l authenticit Et nous nous sommes demand s si l addition de archaisme et de hy gi ne ne pouvaient pas produire une image un peu plus moderne Sur les modes de production nous avons r alis que dans l imaginaire de beaucoup d entre nous une exploitation de petite dimension produit par d finition de la qualit A l inverse ce qui est industriel serait mauvais Dans le m me ordre d esprit les agriculteurs d plorent d avoir justifier en permanence le fait qu ils produisent finalement de bonnes choses Sur le comportement du consom mateur certains ont dit que celui ci tait fortement influenc par les m dias qui organisent la consom mation D autres pensent que cette communication est voulue par les patrons et les politiques pour mettre sous tutelle les consommateurs Ensuite nous nous sommes deman d s pourquoi la soci t aurait le droit d voluer et pas l agriculture En fait il y a une demande de r ciprocit les agriculteurs s adaptent ce qui est moderne Pourquoi les consom mateurs n essaient pa
22. agriculture Et cela vient de loin Mais regardez o on en est a leur a compl tement chapp aux agriculteurs Pour assurer la fonction de f condit aujourd hui il ya VInra S rieuse ment il y a toute une s rie d experts de m diations dont la plus impor tante est celle du march et qui assu rent une certaine reproduction de l ordre des choses avec des difficul t s voire des checs Mais il y a aussi toute une s rie d institutions entre Vagriculteur et la soci t qui assu rent les deux fonctions politique et symbolique de la profession Est ce que actuellement la crise de la profession est une crise des ima ginaires Comment reconstruire tout cela Il n y a pas que les agri culteurs en cause Nous avons dit que c tait la soci t qui se posait ces questions En fait les questions de communi cation se posent au niveau de tous les interm diaires au niveau du march comment informer les consommateurs au niveau de la recherche au niveau des m dias au niveau des animateurs des lus locaux La deuxi me crise de la vache folle a quand m me t atti s e par les maires qui ont d cid de supprimer la viande de b uf des cantines Ils ont jou de fait de par leur position institutionnelle un r le d interm diaire entre les parents utilisant le service cantine et le march et aussi dans le d veloppe ment d un mouvement de refus des con
23. article de Tzvetan Todorov dans le magazine Sciences Humaines d octobre 2002 Etre seul cest ne plus tre L agriculture un m tier ou un tat Alain Deshayes ancien responsable du d veloppement des biotechnolo gies v g tales Inra Je voudrais insister sur des paradoxes que vous N D L R R mi Mer n avez pas sou lev s Vous avez dit gue agriculture n est pas une activit comme les autres qu il est craindre que le consommateur ne voie plus agri culteur derri re le produit et que les agriculteurs sont fiers de leur m tier Pour rester sur ces seuls points est ce que vraiment l agriculture n est pas un m tier comme les autres Je pense la sant l ducation Ces domaines me semblent avoir eux aussi leur sp cificit Deuxi me remarque que je sache l agriculture n est pas un m tier que l on choisit J aurais tendance dire que c est un tat Il y a une sorte de fatalit c est crit je vais reprendre la ferme de mon p re Enfin en termes de pro duits lorsqu on ach te une voiture voit on la sueur de l ouvrier Cela dit je reconnais qu il y a des probl mes sp cifiques l agriculture mais je crains gu force de vouloir souligner les particularit s d une profession qui repr sente aujourd hui moins de 900 000 personnes on oublie des mil lions d autres personnes Remi Mer Le m tier agricole est quand m me de plu
24. compagnie Bataclown qui subtilement ont mis en sc ne les id es exprim es ont jou le r le de r v lateur et de miroir de nos d bats instaurant une salutaire prise de distance T moignages contradictions paradoxes motions pers pectives analyses C est par la mise en discussion tou jours en mouvement que des avanc es s op rent des sauts qualitatifs sont franchis pour conduire parfois d autres questionnements Par ce document nous sommes heureux de vous don ner lire les contenus de l exp rience de cette ann e qui contribue faire progresser largement ce laboratoire d id es gu est devenue l Universit d Et amp de Marciac La Mission d Animation des Agrobiosciences La Communaut de Communes Bastides et Vallons du Gers 9e universit d t de l innovation rurale 1 ge TREE EN MATIERE lls avaient pr par le sujet chacun de leur c t les uns Toulouse d autres Marciac ou Paris Il y eut d abord les trois groupes de r flexion agriculteurs du Gers consommateurs de Midi Pyr n es et enseignants de l Ecole Nationale de Formation Agronomique la res titution de leur travail propos en ouverture de cette 9e Universit d Et a jou pleinement le r le d entr e en mati re De m me le forum lectronique mis en place d s le printemps par la Mission Agrobiosciences et la Mission environnement Soci t ou encore les r sultats d un sondage exclusif men
25. consommateur et ce deux niveaux une ducation d ordre g n ral qui passe par des voies tr s classiques et une duca tion des jeunes g n rations avec notamment l exemple des repas bio la cantine pour les coles du Gers ou le travail d information r alis dans un certain nombre de fermes aupr s des consommateurs ou encore dans le cadre des march s de plein vent il s agit l de participer la fabrica tion d une autre image du produit Dernier point quelles le ons en tirer pour les agriculteurs Il faut d abord s adresser plut t la raison intel ligence des consommateurs et donc faire preuve d ducation D autre part il y a la d marche marketing classique et l un d entre nous a vo qu une action r alis e lors du der nier festival de Mirande avec des montgolfi res sponsoris es par les poulets de Lou Une d marche tr s co teuse mais qui semble bien fonc tionner puisque gu actuellement ils sont les premiers vendeurs de pou lets fermiers en France Cela dit les agriculteurs doivent ils rentrer dans ce type de promotion Faut il aller se battre avec les armes du marketing pour transformer l image du produit Nous en avons conclu qu il fallait plu t t travailler sur un autre registre et sur l ducation Cercle 6 Rapporteur Alain Lefebvre Attention la polklorisation Le handicap de notre cercle vous le savez d j c est qu il ne comporte
26. d t de l innovation rurale images de l agriculture et surtout il nous a appel reconna tre les dis tances culturelles si je puis dire ainsi c est dire l loignement r el entre producteur et consommateur l comme ailleurs qui fait que la recherche d une vraie relation est aussi de l ordre du mythe qui peut tre un mythe socialement dange TEUX Saadi Lahlou a clair pour nous le r le des repr sentations mentales en soulignant qu elles ont une r alit psychologique et sont les v hicules de notre connaissance du monde en s articulant dans change social Les repr sentations gui ontun caract re social ne se transforment pas ais ment Il reste un d calage entre usage dia lectique de la notion de repr senta tion que font les sciences sociales rappel es fort propos et la fa on dont nous tous nous parlons disons moins d tach e lorsque nous vo quons globalement cette crise iden titaire agricole Nous en parlons alors en mobilisant des repr sentations plut t monolithiques pour leur opposer une vision tout aussi mono lithique mais il est bien l gitime que notre vision soit ainsi arm e de pas sion Parce que nous aimerions agir il ne faudrait cependant pas rame ner cette question un probl me de communication ou de marketing Dans cet essai de synth se de la jour n e hier j aborderai quatre points En premier je voudrais pr ciser mon im
27. de position officielles un coin plus secret de coupable nostalgie C est l image du laboureur celle abon damment exploit e par le r gime de Vichy qui ensemence le sol avec son soc Cette ic ne id ologique du p tainisme d signe le monde agricole comme l espace de la r v lation des r alit s immanentes Rappelez vous La terre elle ne ment pas Cette terre ternelle indestructible qui va nous dire lorsque nous sommes ga r s ce que sont en v rit les choses Sachez que dans les contacts cultu rels nous rencontrons exactement les m mes ph nom nes lorsque les individus d une culture assignent aux individus d une autre culture la place symbolique de la nature de l authen ticit de la v rit En fait qu il s agisse de l tat p tainiste l gard du pay san ou du touriste gard de l au tochtone il s agit toujours d un regard surplombant et manipulateur assorti d un puissant m pris visant au ser vice d une cause assigner une place particuli re agriculteur Sous les apparences d une revalorisation il POINT DE VUE 6 ao t Patrick Denoux mage brouille l image du Je s agit le plus souvent d un regard de domination et inf odation Puis vient un second ensemble de repr sentations peu voqu qui conduirait une forme de ghetto sa tion et d enfermement du monde agricole dans des r serves Il consiste le j
28. de s accro tre Ce n est pas sans cons quences Je suis responsable d un abattoir Avant la crise de la vache folle nous d pensions 20 000 F par an pour li miner nos d chets sains aujour d hui il en faut 700 000 R sultat nous devons conomiser sur les charges acheter des machines et r duire le personnel La r alit quo tidienne c est celle l Que peut elle face l motion irrationalit Les scientifiques ont eu beau nous dire et nous redire qu il n y a pas de prion dans le muscle a n a pas suffi faire tomber la fi vre Pourtant je me souviens de la r flexion d un vieux voisin Le catari on conna t a depuis qu on a des vaches Ce n est rien d autre que la vache folle Sauf gu avant quand une vache tombait les paysans lui coupaient la t te ils la jetaient et mangeaient la viande Le bon sens paysan avait d j d couvert qu il ny a pas de prion dans le muscle Et pendant ce temps Mme Gillot Secr taire d Etat la sant annon ait une catastrophe extraordinaire On nous a dit que la vache folle tuait Effectivement elle a tu des agriculteurs Il y a eu huit suicides en six mois en Aveyron m me si on le sait un suicide n est pas d qu un seul facteur C est vrai il y a eu aussi 5 morts de la mala die de Creutzfeldt Jacob Depuis plus un Tra abilit et proximit Et puis on a d couvert la tra abilit et avec elle qu
29. des civilisations qu un ph nom ne aussi lourd aussi massif se d ploie non seulement dans un groupe mais dans des soci t s enti res Ce qui est nou veau en ce d but de xxIe si cle ce n est pas la malnutrition c est que pr s de la moiti de l humanit vit dans cet tat d abondance d in souciance et d ignorance par rap port l alimentation A mes yeux cest le ph nom ne de civilisation le plus radical et je pense que cette rupture n est pas dig r e car elle n a pas t aval e elle n a pas t dite pas comprise pas nomm e l aussi comme s il y avait une sorte de culpabilit avoir atteint ce que des civilisations plurimill naires se sont chin atteindre sans jamais y parvenir Et nous surtout en Europe avons atteint assez tran quillement dans la paix en plus Ce paradoxe de l abondance est celui d une deuxi me douleur puisgu au moment o nous prenons conscience de cette abondance nous mesurons aussi que ceux qui sont encore dans le souci la famine et la malnutrition sont pour les 3 4 des paysans Ce n est pas si facile g rer D s lors que nous ayons de tels carts de telles tensions et de telles difficult s concevoir et mobiliser nos imaginaires d une fa on construite ne m tonne pas L inverse serait tonnant Le paradoxe du changement Le neuvi me paradoxe est bien s r celui du changement Il est tr s frap pant dans les p
30. des mondes dans lesquels nous ne comprenons pas ce que nous utilisons Ensuite une autre personne a d plor que les gens qui s occupent du vivant les chercheurs et les agri culteurs aient t incapables de pro duire leur propre imaginaire ils ont subi l imaginaire industriel qu ils pla quent parfois sur le mod le de la ges tion du vivant Enfin nous avons abord la ques tion du monopole des agriculteurs dans la production de la nourriture Une partie des personnes pr sentes a rappel l importance des jardins et de la production agricole dans les villes et qu on ne pouvait pas laisser de c t ces petites activit s qui m me minoritaires conomique ment constituent un contact r el entre les humains et le vivant Quant la symbolique une per sonne a eu une parole forte qui sera notre conclusion une soci t qui n a plus de symboles se meurt Cercle 8 Rapporteur Jean Pierre Estrampes Une nature la Walt Disney Notre cercle a t rejoint aujourd hui par un agriculteur du Gers qui nous a apport un t moignage diff rent notamment en termes de transmis sion Il ne s est pas situ dans al ternative que nous avions pos savoir y aura t il encore des agricul teurs demain pour exprimer plut t cette remarque les agriculteurs seront dans un monde de produc tion entrepreneuriale et la r duc tion venir portera peut tre sur le nombre d agriculteurs mais auss
31. elle on passe imm diate ment de l acte de cr ation li l image de l agriculture au produit la frite Il faut reconstruire cet espace entre l acte et la frite En suivant Bachelard la force des po tes est d clairer notre imaginaire mat riel J ai parl des images pour faire sentir encore plus ce qu a dit Saadi Lahlou propos du temps des changements l imagination se transforme en des mill naires Peut tre si la p riode actuelle est celle d un loignement c est d un loignement du travail et de la mati re dont il s agit Pour Bache lard dans les ann es 1940 Rien de plus clair pour classer les volon t s que les mati res travaill es de main d homme R veries de la Volont p 11 dont d ailleurs fait partie la page blanche Le travail aujourd hui y compris le travail de Vagriculteur repose moins sur des perceptions mat rielles directes mais sur des informations Pour conclure sur les images qui ne sont ni vraies ni fausses je dirais qu un travail sur les images construites est tout autant l gitime On parlera alors plut t de signes et c est le domaine de la s miologie Les repr sentations qui mobilisent images et signes nous ont t pr sent es du point de vue de la psychologie et de l anthropologie Ces repr sentations servent essen tiellement communiquer et c est par la communication que l on peut dire qu elles sont s
32. et irra tionnel du comportement de chacun des acteurs que ce soit le produc Se universit d t de l innovation rurale 45 images valeurs d changes teur ou le consommateur Sachant que le circuit court rassure et que les images influencent les d cisions A partir de l ont merg les remar ques suivantes Premi re contrainte le cadre spatial s est largi Nous sommes pass s du local au r gional puis l Europe et c est cette chelle qu aujourd hui les d cisions se prennent dans un cadre d incerti tude Deuxi me point le droit est imp ra tif Il s agit d int grer les normes dans l acte de produire et nous avons l un outil le cahier des charges qui permet de fixer le cadre de la qua lit avec un a priori la qualit Le troisi me point est celui de l thique Derri re chaque produit il y a une image mais il y a aussi des pratiques diversifi es et les questions d thique qui se posent au monde agricole sont au c ur de la soci t puisqu elles concernent entre autres le vivant Quatri me point le socialement acceptable nous sommes aujour d hui dans l imp ratif de produire ce qui est socialement l gitime et agri culteur doit constamment justifier son mode de production Cinqui me point l conomie il existe un cart entre l intention d achat et l acte r el du consomma teur ce qui montre que m me sion cherche vacuer la dimension co nomiq
33. il fait un geste du plat de la main et juste avant gu y ait le paf je la prends et crac h h Tu vas man ger ici petit tu vas voir les produits de la ferme On va faire une grillade Lili Mais de quelles poules tu parles l Victor Tiens tu vois j en ai une l il sort de la valise un poulet d plum en plastique Tu vois c est un cher cheur Inra que j ai fait beaucoup couver et un moment il a s ch alors on va le manger Lili faisant une moue de d go t J vais pas bouffer a moi C est d gueulasse Ca ressemble m me pas un carr de poisson i r GES Victor M enfin c est du vivant enfin je veux dire c tait du vivant Lili Ah non moi j bouffe pas a J veux pas m faire empoisonner Victor Eh oh mes poules elles sont pas bien trait es les poulets tu les bouffes pas guand ils sont morts Un petit civet de li vre a te va Tu le verrais pas le li vre Bouge pas Il sort de sa valise un bouquet de fleurs qu il lui tend Regarde et hop Voil un petit civet de li vre Lili Oh tu me prends pour un con Victor Go te tu vas voir Lili Attention hein Faut pas m prendre pour un con Owest ce que c est gu a Victor Eh b j ai pris quelques mol cules d ADN du lapin je les ai mis dans la plante et voil Quand elle pousse a fait un civet de lapin C est une plante transg nigue lapi neuse Lili P tain c est d gueulasse
34. image Le mot repr sentation nous a galement amen parler de Dieu car la repr sentation est un concept qui doit tre valid par le r el Or Dieu est une repr sentation qui n a jamais t valid e et qui pourtant a permis de fa onner le monde D o le fait qu il faut tre tr s vigilant dans l utilisation des mots car la n gligence quant leur sens peut conduire la manipulation et des d rives Nous avons galement cit Confucius Gouverner c est rendre aux mots leur sens partag Mais le sens volue Autrefois cam pagne tait synonyme de ruralit c tait clair R publique Troisi me point pourquoi la ques tion de l image se pose t elle pour la ruralit et pas pour le milieu ouvrier Parce que c est le lien au vivant et que nous refusons que ce qui nous nourrit soit li aux groupes finan ciers Le vivant est li l affectif Enfin nous avons constat que nos images sont troubl es par l invasion du marketing qui nous inonde Il y a l une perte de rep res qui explique les contradictions y compris le d ca lage qui existe entre les r ponses des consommateurs au sondage BVA et leurs comportements r els Nous en avons conclu que le marketing s adresse au d sir alors que agri culteur s adressait autrefois au besoin Cercle 2 Rapporteur Christiane Pieters Faut il organiser la nostalgie Notre groupe m lait agriculteurs et non
35. inscrit le paysan dans cette vision Il nourrit les hommes partir de la terre C est une vision plut t maternelle de la terre une terre m re Mais de l autre c t la terre peut galement tre per ue comme un pays un sol une nation et un patrimoine ce qui vient du p re nous avons l une terre p re Etl encore le paysan qui occupe le sol qui a terriblement d fendu au moment de la guerre de 14 18 se confond avec la patrie D une cer taine mani re on a l un travailleur de la terre un agriculteur un pay san qui est le tenant pour tout un chacun la fois d une terre m re et d une terre p re Aujourd hui le rapport de l agri culteur la terre a chang et la soci t s en trouve d stabilis e dans son lien au monde paysan Si Von regarde le rapport la terre nourrici re il existe plusieurs vo lutions notables la fonction de pro duction s est intensifi e et la pr servation de la terre est mise mal par l ajout de produits chi miques et la m canisation De m me le lien charnel que le pay san incarne de fa on mythique avec la terre s est distendu travers les remembrements extension des exploitations etle partage avec le public symbolique ou r el En r ac tion gu exprime la soci t Une demande de s curit sanitaire face une terre nourrici re attaqu e la garantie de l origine des produits et bient t le soin et la sant tra ver
36. juste la campagne en vacances Victor saluant les trois intervenants la tribune qui sont plac s devant trois toiles peintes figurant des por traits agricultrices et d agricul 1 2 9e universit d t de l innovation rurale teurs Vous tes d j coll s devant les repr sentations vous T as vu Lili a c est typique y a des repr senta tions et paf les sp cialistes font cran applaudissements Lili Ce qui est tr s dur avec les repr sentations c est qu y a des repr sentations et des interpr ta tions des repr sentations C est beaucoup beaucoup de travail Victor En tout cas j vais te dire ya un truc qui ma choqu hein Parce que regarde ces repr sentations il d signe les toiles les hommes qu est ce qu ils font Regarde un fain ant et un communiste Lili En revanche il y a une tr s belle n o rurale Elle a la jupe l g rement ouverte Victor a c est un Parisien qui l a peinte Bon allez on est l pour bosser On vient faire la synth se Ah mais y a un probl me de place sur cette tribune G Lopez se l ve alors et s appr te quitter discr tement la tri bune Ah non restez l On vient faire la ferme et on a besoin des animaux Lili Donc je suis la citadine et je suis une publicitaire en vacances La la la Mais o sont donc pass s les pay sans Je vais la recherche de ma chambre d h te Victor en blouse blanche J attends quelq
37. l s en vont ce n est pas l agriculture qui est en danger c est la soci t Saadi Lahlou Je m tonne du manque d audace des propositions qui ont t faites Beaucoup portent sur la communi cation Or nous sommes l aube d une poque o la principale indus trie sera celle du vivant et il faudrait que les gens dont c est actuellement le travail se positionnent clairement sur cette question de la place de in dustrie du vivant Ce n est pas parce que le probl me para t difficile et compliqu qu il ne faut pas s y atta guer En sciences humaines en poli tique nombre de choses paraissent tr s compliqu es en th orie et bien plus faciles r aliser dans la pra tique Il est important de mettre ac cent sur des processus qui vont favoriser le dialogue la concertation la n gociation et la r solution des rapports de force qui sont derri re les conflits de repr sentation de compter sur des m canismes qui permettent des discussions pra tiques On en voit ici quelques uns Je suis frapp de voir ce qui a pu se construire avec le festival de jazz de Marciac 800 b n voles m a t on dit une entreprise qui a cru lente ment et qui fonctionne tr s bien Avec le temps et la mise en place de proc dures concr tes on se rend capable obtenir des mod les de production nouveaux efficaces satisfaisants pour tout le monde Au moment o la soci t se pose des questions sur ces m
38. la faim en par ticulier des paysans Deuxi me remarque On peut r duire l ima ginaire agricole au fantasme nourri du pass rural r cent C est vrai que les promeneurs viennent voir la vache que je trais au pr et qu ils vi tent les 120 laiti res hors sol de mon voisin Mais ils boivent son lait en pack 0 5 le litre Partons des r alit s pour construire un imagi naire f cond Pour d autres ces r a lit s sont aussi celles de l ab me qui s est creus entre l agriculture et le reste de la soci t Ainsi pour le jour naliste Yann Kerveno ce foss repose la fois sur la distance physique des urbains la distance temporelle entre le rythme citadin et celui de la cam pagne sans oublier la distance cul turelle La campagne devient objet de d sir du monde urbain elle se transforme en bien collectif natio nalinali nable l o elle constitue avant tout un bien priv et un outil de travail pour les agriculteurs R duire cette distance en multipliant des op rations du type Ferme en Ferme La pire des solutions selon ce m me journaliste Elles partici pent plut t mon avis la folklori sation du paysan largement l uvre dans les m dias Ecart encore mais d une autre nature que celui point par le v t rinaire Phi lippe Baralon consultant au sein de Phylum Je ne pense pas que la soci t nie l agriculture une fonc
39. la population Il y a pour l agriculture une sorte de d ni du progr s Et pourtant qui aujour d hui songerait remettre en question d autres secteurs qui nous concernent au quotidien Demande t on la suppression des t l phones mobiles du fait d ondes mal fiques Exige t on de se pas ser d une deuxi me voiture au foyer sous pr texte de pollution Non Les gens ne se posent pas ces questions sur les autres produits de notre quo tidien Un d ni qui claire la stig matisation de tout ce qui est susceptible de nuire environne ment et la sant ainsi que la d gra dation de l image traditionnelle de l agriculture r duite au r le nourri cier et au d cor patrimonial mais aussi seul mod le qui vaille D o une forte incompr hension des oppositions entre agriculture conventionnelle et agriculture bio logique ou entre grande et petite exploitation autant de querelles de chapelles mal v cues par les Fran ais qui m fiants exigent de plus le contr le de l agriculture 95 Ce refus de toute volution et cette vision assez manich enne nous am nent r fl chir sur le niveau de connaissance et de recon naissance du m tier de agriculteur ainsi qu nous questionner sur ce qui a pu conduire un tel d calage Le sentiment d impuissance Enfin le troisi me mot cl est sans conteste le sentiment d impuissance face au devenir de l agriculture f
40. le pollueur dans les deux tiers des cas le jeune agriculteur est seul sur son exploitation m me s il a des associ s Sa femme ou sa compagne travaille ext rieur et inverse d il y a dix ou quinze ans elle ne s in vestit plus dans l exploitation elle ne veut plus entendre en parler Je ter minerai par un extrait d entretiens avec cette phrase de Marie Char lotte J ai pous Jean Luc parce qu il me plaisait je n ai pas pous ses cochons Le drame est l Matthieu Calame la Bergerie de Rambouillet J esp re que ma femme ne m a pas pous pour mes vaches rires Vous avez parl en commentant le sondage du fait qu une image pouvait tre bonne et que cela pouvait n anmoins poser un probl me Mais est il possible qu une image vraie soit mauvaise Si les gens savent vraiment ce qu il se passe leur image ne se d grade t elle pas R mi Mer C est la question que je me pose sur les relais d opinion qui sont critiques mais souvent lucides et qui posent parfois des questions justes Sauf que les solutions ne le sont pas Quant aux propos de R my Le Duigou je partage son id e d une co construction de l identit partir de soi La question n est plus mon sens uniquement technique ni co nomique Elle est fondamentale ment sociale Et la question que je pose aux techniciens de communi cation des chambres d agriculture est la suivante en quoi vous accom pagn
41. les agriculteurs De m me cette ducation au risque per mettrait peut tre de r duire les contradictions des consommateurs qui d un c t intentent des proc s Un jour le r el rattrapera les r veurs Les images et les imaginaires influent ils sur les comportements Oui avons nous r pondu non seu lement sur les comportements co nomiques mais aussi sur les comportements sociaux Cela cr e notamment des changes entre le monde agricole et le monde urbain Aller la campagne par exemple r pond un r el besoin des citadins de trouver de la tranquillit Cela dit il ne suffit pas de maintenir le r ve On peut certes jouer dessus mais un jour le r el rattrapera les r veurs sur tout si ces derniers vont la cam pagne ils s apercevront que le lisier pue que les coqs chantent que le tracteur fait du bruit etc Il est donc pr f rable de leur communiquer aussi un petit morceau de r alit sur les produits sur leur process de fabrication sur les contr les existant sur la vie la campagne De m me il convient duguer les jeunes pour qu ils apprennent qu il n y a pas d arbres frites Sans oublier qu il faut que les agriculteurs apprennent communiquer avec leurs conci toyens Les associations de consom mateurs peuvent jouer l un r le ainsi que les enseignants Cercle 3 Rapporteur Agn s Terrieux La transparence peut tre angoissante Nous nous sommes trouv
42. me jeu la nostalgie nous organise Notre imaginaire a virtualis le monde paysan la nostalgie est d j construite Mais les paysans ne sont pas les seuls subir ce ph nom ne Toutes les communaut s le subissent Se universit d t de l innovation rurale 29 J en prendrais un exemple je me trouvais dans un congr s internatio nal sur les questions interculturelles dans une grande ville espagnole et la tribune si geaient diff rents repr sentants notamment le maire de la ville le repr sentant de la commu naut juive etc Samorce un dialogue public o l on entend le maire d tailler la dette morale l endroit de la communaut juive compte tenu de la pers cution qu avait v cue cette derni re Nous tions donc dans la logique plus que l gitime du bour reau faisant amende honorable aupr s de la victime jusqu au moment o quelqu un se l ve et dit Excusez moi Monsieur le Maire mais combien y a t il de juifs dans la ville Et le maire penaud de r pondre qu il n y en a plus aucun ils sont tous maranes 3 depuis des si cles De quoi parlions nous alors Peut il y avoir un d bat sur les pay sans sans les paysans Mais oui Ce serait une grossi re erreur d en conclure qu il n y a plus de r alit et que nous voluons dans un monde imaginaire Car revenons cette ville espagnole en r alit sous tendant le discours du maire se pr parait une politique i
43. nous avons essay de lister tout ce qui faisait interface entre Vagriculteur et le consommateur et comment les initiatives de type fermes p dagogiques ventes de pro duits fermiers accueil et ducation des consommateurs peuvent influer sur l imaginaire de ces derniers Selon nous l image v hicul e par ces exp riences recouvre une identit de l agriculture qui est traditionnelle alors m me que agro business pro pose des produits standardis s O se situe exactement la d marcation Dans un troisi me temps nous nous sommes int ress s aux relations entre l image et le prix Car ce dernier constitue parfois une barri re pour des produits de haute qualit qui rel vent du festif Et l les comporte ments des consommateurs sont radicalement diff rents avec des habitudes alimentaires des s quen cements dans le temps qui ne sont plus les m mes Ces produits rel vent de la niche commerciale ils ne peu vent pas vraiment influer sur imagi naire des consommateurs D autre part il existe une sous information des consommateurs le poste ali mentaire des m nages atteint un peu moins de 15 de leur budget dont 4 seulement retournent directe ment la production Avec une aug mentation de 1 pour les agricul teurs on arriverait couvrir l en semble des subventions vers es l agriculture par les collectivit s publiques Le quatri me point abord concerne l ducation du
44. oblige tre en permanence en surcapa cit Ce qui m am ne penser que c est en partie pour cette m me rai son de s ret d approvisionnement que le secteur agricole des pays d ve lopp s conna t les ph nom nes de surproduction Car ne oublions pas pour affamer une ville comme Paris il suffit d une semaine Sachant que la population mondiale vit de plus en plus dans les villes et qu en 2025 il y aura 61 de citadins sur la pla n te la notion de s ret n est pas sans importance Du m me coup celle ci justifie en partie les subven tions que collectivement nous accordons l agriculture Garantir la surcapacit a un prix dans la mesure o les producteurs ne peuvent pas couler leurs stocks L Etat contribue donc organiser cette surproduction travers des subventions Enfin la collectivit paye galement pour des externalit s de l agriculture notamment en terme am nage ment du territoire Pouvoir aller dans une campagne agr able a une valeur collective et il n y a pas de raison que ce soient les agriculteurs qui en assument seuls les co ts Reste n anmoins le mal tre des agriculteurs coinc s d un c t par l Etat ou l Europe donc les institu tions collectives qui d cident des subventions tandis que de l autre c t ils ont affaire un secteur tr s oligopolistique regroupant les pro ducteurs d engrais les distributeurs et les transformateurs qui l
45. quante Une des r ponses qui a t exprim e est que les images de l agriculture s enracinent dans notre enfance Les objets li s ces images sont anciens sauf pour les plus jeunes ce sont ceux du travail de la terre Il y a comme un jeu de miroirs entre les souvenirs que l on a pu gar der de l agriculture des ann es 1950 ou 1960 et les ic nes dont j ai parl Mais si on regarde l agriculture d aujourd hui travers ces objets ceux ci sont tr s loin de ceux qui peuplent notre imaginaire de l agri culture Puisque l on parle de r ta blir un contact entre le producteur agricole et le consommateur une des fa ons est sans doute de prendre la mesure des objets qui participent de l activit agricole inclus les satel lites pour la m t o l lectronique et les automatismes de plus en plus pr sents La nourriture est un autre monde objets et de repr sentations de agriculture Les repr sentations de la nourriture travers la fonc tion nourrici re ne sont qu une des sources tr s indirecte de repr sentations de l agriculture Cela renvoie l id e loignement qui a t voqu e entre la ville o l on se nourrit et la campagne nourrici re L authentigue y est oppos Mais le mythe de l au thenticit fournit il un mod le qui int grerait tous les registres de la relation agriculture soci t Je ne le pense pas Se universit d t de l innovation rural
46. s en accord sur l id e qu il existait une distance entre l image et la r alit l autre Cet cart se d placerait ainsi au fur et mesure gu volueraient les images et les r alit s Alors comment s y prendre Nous nous sommes dit que la transpa rence n tait pas forc ment bonne parce qu elle pouvait tre angois sante Pour citer Alain Pouliguen la transparence a succ d de grands mensonges et le consommateur n est pas pr t tout voir il faut conserver probablement une part de mensonge ou du moins faire pr c der l information d une ducation pour que chacun soit capable d en tendre et d assumer la r alit Enfin nous nous sommes demand s si tout tait soluble dans l conomie Oui si l conomie est l change lin ter connaissance la circulation des informations et des produits Mais il y a galement une bonne part de politique qui reste irr ductible et il convient de signaler l mergence d associations r unissant des citoyens consommateurs et des citoyens producteurs pour changer des produits mais aussi et surtout pour assurer la p rennisation de im plantation des agriculteurs voire l installation de jeunes agriculteurs Cercle 4 Rapporteur R my Le Duigou Retrouver des lieux d changes et d explications Nous avons abord sept points partir d une probl matique initiale comment concilier le rationnel de la science et de l conomie
47. sentation per sonnelle du ma s a quelque chose de commun avec celle de chacun d entre nous mais en m me temps elle est modifi e par votre position votre exp rience personnelle Il faut consid rer les repr sentations sociales comme des esp ces sym biotiques h berg es par les popu lations humaines et qui nous aident g rer notre relation avec notre environnement un peu comme la flore intestinale que nous h ber geons nous aide dig rer Il y a d ailleurs une s lection naturelle des repr sentations qui va s op rer selon leur efficacit ou non guider l ac tion du quotidien et il y a donc un rapport au r el on ne peut pas fabri quer n importe quelle repr senta tion il faut qu elle soit valid e par le r el Je ne vais pas n tendre sur ces questions et je vous renvoie aux tra vaux des psychologues Moscovici 1961 Abric 1994 mais ce que je veux vous faire comprendre c est qu on ne peut pas changer une repr sentation sociale avec un cla quement de doigts Parce qu il faut agir sur l ensemble des repr sentants et cela se fait lentement Un exemple celui du lapin force de fabriquer des lapins en peluche d en faire des personnages de dessin anim ou de les vendre comme animaux de com pagnie cette esp ce est en train de passer du statut d aliment celui d animal familier dans les jeunes g n rations Il y a d j eu un pr c dent avec le cheval Bref
48. sont ces objets tels que exp rimentation scientifique et l observation les voient La repr sentation c est ce qui tient lieu de l objet dans la pens e Si je vous parle par exemple de chapi teau ce dont je vous parle est pr sent votre conscience en ce moment m me par exp rience directe puisque nous sommes sous un chapiteau Mais si je vous parle de ma s ou de vache vous vous l entr e en matier repr sentez avec l il de l esprit ce dont je parle La repr sentation per met de penser des objets absents En fait on peut d montrer que m me quand l objet est pr sent c est cette repr sentation qui va guider notre pens e Elle permet galement de penser des choses qui ont une partie mat rielle complexe ou m me qui sont immat rielles comme le gou vernement ESB ou le d ve loppement durable qui n existent que sous forme de repr sentations La repr sentation n est pas inn e elle se construit par exp riences directes ou par enseignements Elle va se modifier surtout par la pratique et aussi par la r flexion et la discus sion C est un objet psychologique et ses propri t s sont psycholo giques Elles peuvent donc tre dif f rentes des propri t s physiques chimiques juridiques ou cono miques de l objet repr sent Par exemple en France le h risson la limace ou le chien sont technique ment mangeables ils sont d ailleurs mang s d
49. toi comme tu es moi car la soci t c est moi aussi et le paysan il est dedans et la soci t elle est dehors Oh et puis zut il jette ses armes je sais plus o je suis j en ai marre de tout ce vocabu laire C est un coup tomber guerre Lili On est con hein Victor Est ce qu il y a un agri culteur ici C est vrai hein c est un coup tomber guerre non C est pas s rieux Lili On a failli sentretuer pour une guestion de bouffe Franche ment Victor Deuxi me sc nario Je suis toujours paysan Qui tu es toi Lili d guis e en vache Je suis la vache folle Victor Ah mon dieu je cours devant il fait le tour en courant de la salle poursuivi par Lili C est le sc nario de la fuite Lili Je vais le bouffer Victor s arr tant net Attention Et hop Al sort d un geste brusque un grand morceau de tissu vert dont il se sert pour masquer Lili comme un cran l prend une voix Se universit d t de l innovation rurale 31 l agriculture en repr sentation SYNTHESE 7 ao t Gilles Allaire chercheur en cono Si les arbres imaginent n imagineralent pas doucereuse La France tranquille les paysages verts l agriculture rires et applaudissements Bon troisi me sc nario le plus super On se met deux tout a on change h h C est un truc que a roule quoi Les mecs ils discutent y sont pas d accord mais
50. tout va bien C est la co machin l J fais tou jours le paysan Lili Moi j fais toujours la soci t Victor sifflotant l air du film Il tait une fois dans l Ouest se tient face Lili Ils se rapprochent lentement face face Tous leurs gestes sont au ralenti La co production se met en place Lili parlant au ralenti Comme je suis bien plus nombreuse que les agriculteurs c est moi qui vais faire le premier geste Victor parlant galement au ralenti Comme je suis minoritaire mais essentiel j accepte Ce n est qu un d but Car je suis essentiel mais mine de rien je p se toujours au ralenti Lili et Victor sont pr sent face face et font mine de se battre Il crase Lili de tout son poids Ah nom de Dieu Lili Ahhh C est vrai Il faut que tu r pondes mon besoin mais elle se redresse et reprend le dessus c est moi qui ai le d sir Victor A e a e a e Et tu crois que je vais me laisser me faire bouffer Al prend son tour le dessus Tu vas voir la repr sentation o j te la mets Vous voyez c est franc cor dial et on va arriver un r sultat Il vaut mieux il a dit sinon c est foutu Se redressant brusquement en regar dant le fond du chapiteau Oh putain ya la presse Victor et Lili se l vent d un bond se serrent c te c te et se tiennent bras dessus bras dessous avec un large sourire Gilles Allaire directeur de recherch
51. un d autre dans un verre m me si elle a t bouillie au pr alable Vous verrez que ce n est pas un acte anodin On a d montr exp rimentalement que les tu diants am ricains croient qu un peuple qui toutes choses gales par ailleurs mange des sangliers sera statistiguement plus poilu plus r sistant plus rapide la course gu un peuple gui mange des tortues de mer et qui sera lui plus placide meilleur nageur et avec des yeux verts rires Et ce n est pas vrai seu lement pour les tudiants am ri 2 Paul Rozin p d d Il d d e n S e a d e 9e universit d t de l innovation rurale 9 rofesseur e psychologie l Universit e Pennsylvanie Philadelphie a analys la notion e pens e magique ans l alimentation t a men de ombreux travaux ur les go ts t les d go ts imentaires l image u corps t la morale l entr e en mati re cains Ce principe d incorporation est illogique il d coule de la nature m me de la pens e symbolique Il est illusoire de vouloir le modifier l aide d arguments scientifiques rationnels Il faut faire avec Endoctriner les consommateurs pour changer leurs repr sentations est vou l chec Pour conclure un mot sur le chan gement des repr sentations Ainsi que je le disais pr c demment elles guident la pens e et influencent nos comportements Elles vont donc constituer un enjeu majeur pour ceux
52. 1 me semble repr senter m taphoriquement cela Pour moi cette fiction illustre le besoin d inter culturation Voil une construction mentale qui n est ni industrielle urbaine ni naturelle rurale mais rele vant pourtant bien des deux certes aberrante mais t moignant en tout cas d une n cessit de d passer des contradictions et des oppositions Nous montrons cet endroit l issue la plus heureuse Mais un autre abou tissement possible et plus n faste dont nous ne parlons pas et qui domine l heure actuelle la virtuali sation du monde paysan conduisant un agriculteur qui ne cultiverait gu re plus que son image dans laquelle il s amp vanouirait Cependant pour aucune de nos soci t s dans leur forme actuelle il n y a de possibilit d chapper au marketing C est dire que le monde paysan comme tous les autres secteurs de production ou de services est mis en demeure de construire ou de contribuer l image qu il donne l ensemble de la soci t Il n y a pas d autre d gagement pos sible sinon se rendre invisible pour illusoirement tenter d chapper au contr le Cela conduit devenir objet de tous les st r otypes projet s dont nous avons vu qu travers les archa smes et simplifications moder nistes qu ils v hiculent ils entretien nent la souffrance d un monde agricole qui ne s y reconna t pas Toutes nos communaut s sont contraintes d entrer dans le jeu du mar
53. 4 9e universit d t de l innovation rurale culteurs font parfois des d bats sur l environnement sans y associer un seul cologiste Ce sont l mon avis que r sident les germes de conflits venir Nous devons donc construire des processus cr er des lieux de confrontation d coute de compr hension meme s il y a d saccord Il West pas forc ment sain que l image soit positive Autre point abord ce matin l image du m tier agricole aujourd hui par la profession elle m me On entend actuellement parler du blues des agriculteurs on d couvre des tudes sur les d parts anticip s ou sur la souffrance psychologique qui peut aller jusqu au suicide Ce point l nous concerne aussi Le m me son dage r alis en Loire Atlantique montre que les agriculteurs sont glo balement fiers de leur m tier et les jeunes encore plus Ce n est donc pas l image de leur activit qui leur pose question mais bien la recon naissance sociale qu ils estiment ne plus avoir et la valeur ou le sens de leur m tier aux yeux autrui Y com pris travers les valeurs gu accorde ou non le march L encore la r so lution de ce probl me passera n ces sairement par la confrontation avec l environnement Faute de quoi ce m tier pourrait bien se gangrener de l int rieur et tre abandonn Pour l heure les agriculteurs sont coinc s entre deux paradoxes extr mes le premier c est qu
54. ES images DES r alit s et donc DES carts si on r duit cart pour l un Cercle 2 Rapporteur cela risque de l augmenter pour Genevi ve Cazes Valette nous vendre les produits comment concilier l imp ratif de v rit et le besoin de r ve Sur tous ces points les neujs cercles de discussions ont pris des directions parois tr s dijb rentes Cercle 1 Rapporteur C cile Ha Minh Tu Eduquer au risque Notre d bat s est articul autour de quatre mots principaux le mot et la repr sentation l change l information et l ducation Un mot est forc ment accompagn d une connotation deux personnes auront une explication diff rente du m me terme Donc il convient de faire parler tous les acteurs en paral l le leur permettre de donner chacun leur repr sentation simultan ment pour b tir une action commune Mais l change ne peut se nourrir qu par tir de l information car si l on pr suppose que l autre n est pas capable de comprendre on va forc ment l chec Il s agit alors en pr alable de donner acc s information de com battre les contre v rit s et la simplifi cation excessive manipul e par les politiques Bref il faut donner l acc s l ducation et au jugement Sans oublier l ducation au risque car aujourd hui aspect normatif r duit le choix et conduit des processus de complexification des cahiers des charges pour
55. Etat cr e les grandes coles pour tre certain d avoir du personnel son service telles que Polytechnique et plus tard l Ecole Nationale Ad ministration Mais cela a tellement bien fonctionn que les serviteurs de l Etat en sont devenus les ma tres Ainsi toute l lite politique et admi nistrative est form e dans le m me moule C est un syst me un peu d sesp rant d autoreproduction Mais il y a plus grave les adminis tratifs et encore plus les administra tifs devenant politiques n appr cient 9e universit d t de l innovation rurale 41 images valeurs d changes gu re les sp cialistes qui d tiennent une l gitimit dans leur domaine hors de leur monde incestueux Ils vont donc prendre leurs informa tions dans la presse Et c est l que se noue le probl me Aujourd hui les professionnels des m dias ob is sent aux m mes profils psycholo giques que les l ves de ces grandes coles Ils sont choisis eux aussi en fonction de leur facult de r pondre rapidement et avec certitude des probl mes qu ils ne connaissent pas sur le mod le du grand oral de l ENA De ce fait l information m diatique est v hicul e partir d une approche sensationnelle des probl mes qui fait place des interpr tations souvent caricaturales ou fantaisistes Par ailleurs les politiques d munis d une r alit qui leur permettrait de faire des propositions charpent es sur lesquell
56. Le dia gnostic de G rard Lopez On ne peut pas faire mine de ne pas com prendre dans quelle soci t on vit Dansles magazines que voyez vous Le culte de la beaut de la propret de la jeunesse ternelle du loisir En clair il ne faut pas que le travail soit dur Et qu est ce que l agriculture d aujourd hui dans esprit des gens La terre et les mains sales le labeur la p nibilit Il y al un gros travail mener collectivement pour enrichir ces images et les d velopper diff remment Car s il y a autant de pon cifs c est parce qu on n a pas nourri l imaginaire avec d autres valeurs Claripier antasonisme entre nature et culture Des valeurs peu diversifi es donc pour G Lopez mais galement contradictoires selon le point de vue de Saadi Lahlou Ce qui ne pose pas de probl mes en soi Toute soci t est porteuse de contradictions dans ses valeurs Regardez le fonctionne ment des organes biologiques les plus simples quand vous faites un mou vement vous avez la fois des ago nistes et des antagonistes qui fonctionnent M me chose au niveau neurologique Il y a une dialectique qui permet justement de progresser Chance ou malchance il se trouve que l agriculteur et l agriculture sont plac s au centre d une dialectique entre deux th mes fondamentaux de l humain la nature et la technique La nature tant fondamentalement bonne et la technique merve
57. Parce que les vertus du rire sont prendre au s rieux de dr les d experts ont t convi s lors de cette dition 2003 intervenir d s qu ils le souhaitaient Ce qu ils n ont pas manqu de faire jaillissant dans le chapiteau bourippant les d bats bousculant gentiment les intervenants et renvoyant l ensemble des participants un miroir d jormant combien r aliste Victor et Lili de la compagnie du Bataclown www bataclown com Domaine de la Robin 32 220 Lombez T l 05 62 62 46 78 ont l art de saisir au bond des bouts de phrase d attraper au vol des expressions maillant les d bats pour se r galer les illustrer au pied de la lettre en une pirouette Premi re irruption intempestive de ces deux clowns analystes Lili Coucou Victor C est nous On est content d tre l NOTRE terre Lili Notre terre qu elle est belle Victor NOS paysages NOS ani maux Lili Ma sous pr f te Elle embrasse une dame dans le public Victor MON pr sident de Inra O il est Il faut que je le salue Ah il est l bas Allez on se fait la bise Il embrasse Bertrand Hervieu Lili qui frotte de sa main le cr ne de Patrick Legrand Victor t as vu c est tr s sec Elle prend un arrosoir et verse de l eau sur sa t te Victor Ovy ait pas d ambigu t cest de l eau de la ville On n a pas pris l eau de la Neste Lili Je suis la citadine Je viens
58. Paris Lavoisier 1986 LEWIN Kurt 1943 Forces Behind Food Habits and Methods of Change Bulletin of the National Research Council n 108 October 1943 pp 35 65 MERDJI Mohamed 2001 L imaginaire du d go t une approche anthropologique de l univers motionnel de l alimentation Th se Paris IX Dauphine 2001 MOSCOVICI Serge 1961 La psychanalyse son image et son public Paris P U F 1976 ROZIN Paul NEMEROFF Carol J 1989 The Laws of Sympathetic Magic A Psychological Analysis of Similarity and Contagion In d Stigler G Herdt amp R A Schweder eds Cultural Psychology Essays on Comparative Human Development Cambridge UK Cambridge University Press 1989 pp 205 232 SYLVANDER Bertil 1988 L alimentation service r sultats d enqu tes Toulouse INRA conomie et sociologie rurale 1988 INTERVENTION Catherine Boyer Durrieu consultante Les rep res perdus du paysan Catherine Boyer Durrieu est consultante en formation et communication Auteur d un m moire de DESS sur La terre enjeux sociaux et anthropologiques d un m tier en mutation 2001 2002 Universit de Pau et des Pays de VAdour elle nous a pait part Marciac de ses hypoth ses pour expliquer sur le plan symbolique les incompr hensions entre l agriculture et le reste de la soci t e souhaite vous proposer une lecture qui a fond ma r flexion concernant le mal entendu que je rep re entre
59. Trois lectures du r e Une polis recens s les images et les imaginaires que nous avons du monde agricole reste comprendre ensemble comment ils nourrissent les changes conomiques entre agriculture et soci t sous tendant notamment nos actes d achat sans oublier le r le du marketing qui exacerbe souvent nos nostalgies et nos utopies Pour introduire cette r jlexion en tables rondes trois intervenants ont propos tant pour les conomistes Nous en avons un exemple dramatique avec le caf dont la demande est extr mement in lastique au point qu on parle de croissance appauvris sante Que s est il pass Le Br sil a investi massivement dans cette Ces trois grandes caract ristiques me rappellent le secteur de l lectri cit L aussi la demande pour l clairage est assez peu lastique la denr e est peu stockable et cela oblige les lectriciens quilibrer en leur propre lecture conomique une conomiste Emmanuelle Auriol un agriculteur Bernard Guidez et un architecte Jean Pierre strampes La demande les subventions et la d cision Emmanuelle Auriol conomiste professeur l Universit de Tou louse 1 et ancienne directrice de lIUP d ing nierie conomique Tout r cemment nomm e l Institut Universitaire de France ce qui dis tingue ses travaux de recherche Sp cialiste des r gulations des march s et des politiques cono miques financi res et
60. achet le terrain comme quoi ya qu la r alit qui compte T as com pris Lili Rien Victor Ah ben c est normal il d signe P Denoux c est comme quand il parle j comprends pas Lili Alors c est tes poules a Elle pointe du menton l auditoire le poulailler Victor Eh oui Tu vois c est pas compliqu Je les ai mis bien au chaud et alors tu passes dessous de temps en temps et tu ramasses des id es d innovation rurale Lili Mais elles cr vent de chaud tes poules Elles sont enferm es r garde a Il faut dire qu il doit faire 40 sous le chapiteau Elles ont meme pas boire Et combien tu les payes tes poules Victor Non mais attends qui tes toi pour avoir un avis sur le bien tre de mes poules Est ce que tu as fait au moins un stage de paysan Ecolo va Lili Moi je suis une survivante Alors en tant que survivante j suis venue voir le vivant de pr s Enfin elles sont un peu mollasses tes poules Elles bougent pas tu les as drogu es ou quoi Qu est ce tu leur as fil Victor embarrass Behhh C est des poules enfin tu vois C est avec l Inra quoi on a fait des trucs Et maintenant je cherche la poule synth tiseuse pour synth tiser les id es L j ai pas trouv Quoi que Il y a comme un pr misse par ici il montre P Denoux Et puis alors ce qu y a de bien c est qu elles sont tr s fatigu es et y a un moment o paf
61. acr cordon il ne nous l che pas Oh l INRA tiens un petit laboratoire Qui veut un laboratoire Il retire de enchev trement un bout de ficelle qui se d tache Et voil les scientifiques encore coup s du reste On va le laisser en totem Lili Tout a c est un gros paquet de liens Une fois d nou on arri vera bien relier tout a On vous le laisse prenez en soin je revien drai voir Victor d une voix forte Et d ici l y a int r t qu il soit tri le bordel hein RESTITUTION DES TABLES RONDES 7 ao t Aller vers le r el maintenir du r ve On ne change pas des cercles qui fonctionnent Cest donc sur le m me mod le et avec les m mes groupes que la veille que les participants se sont r partis sous le couvert des platanes Avec une tape nouvelle analyser les relations entre les jonctions de l image et les rouages conomiques En clair quel degr nos d sirs pilotent nos achats en quoi les grands groupes et les distributeurs nous empruntent nos repr sentations id alis es pour mieux contre ceux qui ne respectent pas les r glements sanitaires de l autre revendiquent le droit de continuer des pratiques risque comme la sur consommation de graisses d alcool ou de cigarettes mais que nous ne pensions pas pos sible de r duire cet cart D autre part nous sommes assez t tus et opi ni tres donc comme hier nous continuons penser gu il y a D
62. ans d autres pays mais ils ne le sont pas dans nos repr senta tions Lorsqu il s agit de penser ce sont les propri t s de la repr senta tion qui emportent et non pas les propri t s mat rielles de l objet Modifiez la repr sentation et vous modifierez les habitudes D autre part la logique de la repr sentation tant psychologique elle ob it notamment la loi de asso ciation des l ments associ s dans l exp rience individuelle peuvent se coller la repr sentation au point de s y int grer Quand on associe deux repr sentations l une peut marquer l autre ou la contaminer Consid rons par exemple une bou ch e au chocolat sous forme d ex cr ment personne ne souhaite la manger m me en sachant bien qu il s agit de chocolat Ce n est pas parce que nous sommes stupides c est parce que les repr sentations se col lent dans notre esprit et que les pro pri t s de l une gagnent les propri t s de l autre La constitution des objets de d go t peut ainsi tre transmise sur une base purement culturelle en dehors de tout rapport direct avec l objet ils n en sont pas moins puissants comme on le voit pour les interdits alimentaires reli gieux Douglas 1967 De m me lors de la constitution de repr sentations l homme va associer les l ments du contexte v cu Il va ainsi utiliser dif f rents indices comme signes de qua lit d un produit l aspec
63. ant les ailes Vous ne pouvez pas imagi ner des ailes situ es dans le dos d un homme vous pouvez construire cette image mais vous n en avez jamais eu l exp rience sensible vous n avez jamais senti que vous tiez tir par le dos Vous ne volerez jamais ainsi vous n aurez jamais impres sion de voler ainsi C est une image construite comme celle du poisson carr Si vous avez d j vu un oiseau vous placerez les ailes d un ange au m me endroit En revanche les ailes imagin es sont aux pieds Les ailes de Mercure par exemple Car si vous avez d j ressenti le fait de vous le ver c est forc ment en poussant sur la terre L arbre frites comme objet de l agriculture moderne cela parle de la m me fa on Cette image est vraie Car quand on vous parle des fruits de l agriculture quoi pensez vous Pas aux pommes de terre en train de germer au fond de la cave mais ce qui sort de terre un arbre avec des fruits Dans notre imaginaire occidental l homme aussi est le fruit de arbre de la Cr a tion Je ne vois donc pas si je me mets la place de celui qui on vient de r v ler que la vie des frites com mence la ferme comment imagi ner que les produits issus de l agriculture viennent autrement que de cette fa on l L arbre frites est bien une image vraie et en m me temps c est une image de agricul ture moderne Elle nous interroge Car avec
64. ce qu avec l arbre frites ou le paysage qui borde l autoroute C est dire que nous en avons des repr senta tions imag es et v cues qui certes finalement s inscrivent dans les repr sentations sociales que nous mobilisons dans notre discours mais dont peut tre le d voilement peut nous aider d monter ces repr sentations Plus g n ralement je pense pour ma part que les objets sont les interm diaires de nos relations par les rep res qu ils g n rent C est sur les objets que s accrochent les images Aussi si je dois analyser les relations entre agriculteurs et consomma teurs je ne peux pas oublier le pro duit qui a sa pr sence dans cet 1 C est ce que j ai per u en coutant Jos Muchnik nous lire un extrait de Amazonie j ai vu change quoique tr s tir e entre plusieurs dimensions Il y a dans la communication de type publicitaire une trange absence des objets et m me un effa cement de ceux ci remplac s par des ic nes la vache le pot au lait la laiti re A contrario la commu nication entre professionnels repose sur une connaissance commune des objets mais une connaissance limi t e ce qui est de l ordre de l exp rience partag e ou partageable de ceux ci C est le cas entre agricul teurs de la m me localit ou du m me m tier et aussi bien s r entre ceux ci et les techniciens et parte naires avec qui ils sont en rapports Comme c est
65. ches et pro pices au d bat aux changes selon la fa on dont on les vit Le travail sur l image oblige les agri culteurs poser la question de leur relation la soci t et oblige la soci t se demander comment elle voit les agriculteurs Probl me les contacts r els n ont quasiment plus lieu Un sondage r alis en Loire Atlantique montre qu aujourd hui les occasions de contact entre les urbains et les agriculteurs sont de plus en plus rares voire tr s souvent nulles C est encore plus vrai dans les banlieues et les grandes agglo m rations et pour les jeunes Une Se universit d t de l innovation rurale 23 l agriculture en repr sentation grande majorit d entre eux va pas ser toute sa vie sans voir un paysan Cela ne veut pas dire qu ils n en auront pas d image au contraire Ils en entendront parler la t l par exemple A contrario les quelques exp riences qui sont men es autour de la d couverte du monde agricole posent la question de mani re accrue pour leurs initiateurs de dif fuser une bonne ou une mauvaise image Car ces occasions sont quasi ment uniques D autant que l image que l on a de soi se construit aussi partir de l image que les autres por tent sur nous Et il est vident qu une soci t urbaine comme la n tre va transposer si ce n est imposer un certain nombre de visions urbaines sur les modes de production agri cole Cela inqui te e
66. ci ne voudrait revivre ces moments noirs Le paradoxe de l ejjacement Le quatri me paradoxe est celui de effacement un paradoxe tonnant puisque c est en cessant d tre une soci t paysanne que nous sommes devenus une puissance agricole Ce paradoxe de la disparition et de la puissance voqu travers la ques tion de la vocation exportatrice est je crois un de ceux qui sont au c ur de cette difficult de la recomposi tion du projet Le paradoxe du statut Le cinqui me paradoxe est celui du statut l vidence exceptionnel ori ginal pour le coup singulier mais qui n a pas de mot pour se dire Il est int ressant de voir que le terme exploitant tombe en d su tude sauf dans les formulaires adminis tratifs On ne le trouve plus dans les discours politiques journalistique ni dans la litt rature et la presse par l e alors qu il a t le terme de la conqu te Du paysan au chef d en treprise ces oscillations verbales sont expression d une recomposi tion de l identit professionnelle Elles sont videmment la source d un brouillage total pour qui n en est pas et qui entend tour tour des mots qui tymologiquement conomiquement politiquement renvoient des statuts des r ali 52 9e universite d t de l innovation rurale t s fort diff rentes Pourtant ces mots sont cens s v hiculer la d no mination d un unique et m me groupe Derri re ce statut s
67. culteurs en d perdition des terres dont plus personne ne veut Aussi je pense que ce qu a dit R mi Mer s adressait principalement des professionnels agricoles de l Ouest Alors faut il aider ces agriculteurs du sud par des aides indirectes Qui va entretenir ces terres comme ils le faisaient R mi Mer Je ne partage pas du tout votre analyse politique et surtout ce n est pas la question pos e Para doxalement il est plus facile de cr er une porcherie en Bretagne qu en Dordogne C est une question de pression et acceptabilit sociale telles qu elles s exercent dans un lieu donn Bernard Guidez r seau Farre En compl ment de ce que vient de dire S Bonny je vous rappelle que r cemment deux ministres de agri culture fran aise ont dit successive ment que l Europe n avait plus de vocation exportatrice Je peux vous dire que dans les campagnes cela fait un d g t monumental De m moire d agriculteur on n avait Se universit d t de l innovation rurale 21 agriculture en repr sentation jamais pens gue des exploitants de 40 ou 45 ans guittent le m tier On peut discuter sur les images et sur tout ce gu on voudra La r alit c est que la strat gie agricole europ enne est en train de foutre le camp On est en train de faire ce que l Angleterre a pratiqu pendant 200 ans on ne veut plus d agriculteurs on ach tera tout l ext rieur Quand on va se r veiller cela
68. de la r alit du lien social au lieu de se dire simplement Je mange des pro t ines Qui sommes nous que mangeons nous d o a vient C est notre d bat tous Il en va de m me pour l am nagement et l usage du territoire la relation au vivant et la nature Si on en reste dire gue le d bat d image est un d bat accessoire on n a pas avanc Autour de l image il y a des repr sentations sociales un pass commun changer un ima ginaire collectif construire d s aujourd hui et r inventer pour demain Il faut un projet soci tal pour l agriculture et ses agriculteurs en mettant en place des processus de co construction sur le long terme A t on le choix finalement d viter de se poser ces questions l Je reste persuad que non parce qu elles sont vitales et politiques au sens premier du terme 26 l 9e universit d t de l innovation rurale Reconnaissance sociale question identitaire duret du regard d autrui le d bat qui a suivi la conf rence donn e par R mi Mer a tourn principalement autour de cette aspiration des agriculteurs se sentir n cessaires aux autres et per us une juste valeur Le rejet et le d ni pouvant cr er un d sarroi tel que Si l tat d esclave nous assure du regard des autres il devient d sirable crivait r cemment le philosophe Tzvetan Todorov 1 avant d ajouter 1 Sous le regard des autres
69. de la psychologie sociale Invit clairer le sujet de cette Universit d Et Saadi Lahlou a d embl e saisi l auditoire et donn le la des d bats mener lt lt ourquoi les repr senta tions et plus g n ra lement les aspects immat riels ont elles pris une telle importance dans la fili re agroalimentaire Pour deux raisons La pre mi re est une raison com merciale le march dans les pays d velopp s est satur en volume le ventre des consommateurs est plein et si l on veut rajouter de la valeur ajout e il est alors n cessaire de vendre plus que des calories du service de l image de l imaginaire On tait d j all tr s loin dans l int gration de services avec aliment service ainsi que le signalait Bertil Sylvander 1 la fin des ann es quatre vingt Syl vander 1988 travers le condition nement et les plats pr par s Et vous savez qu aujourd hui certains indus triels aimeraient aller vers la nutra ceutique c est dire vers des aliments m dicaments mais la r glementation est s v re et le savoir en nutrition est limit Il reste alors cette voie plus simple toffer la 1 Bertil Sylvander directeur de recherches Inra responsable de l Unit de Recherche sur l conomie des qualifications agroalimentaires UREQUA Il est notamment l auteur en 1988 d une publication Inra sur les r sultats d une enqu te concernant l alim
70. de vie sociale parfois aussi de bras et de jambes mais aussi de stra t gies individualistes Ces deux th mes transversaux nous ont sembl introduire le d bat de demain il convient de passer d une solidarit n cessaire voire subie celle du village autrefois une soli darit voulue celle des recomposi tions d aujourd hui sacr programme De m me il para t n cessaire de passer de la notion de mal tre et de malaise combien exprim e depuis ce matin la valo risation de la ressource Un exemple Vagriculteur vit quotidiennement dans le vivant Le citadin contacte le vivant de fa on intermittente voire tr s distanci e L air pur est il forc ment climatis ou aseptis V pan dage est il syst matiquement antinomigue avec air pur D ve lopper une culture de vivant c est un probl me ducation ce n est pas seulement un probleme de repr sentation Le mot de la fin a t prononc par l un des participants chasser les choix politiques ils reviennent au galop Cercle 7 Rapporteur Matthieu Calame Un inventaire la Pr vert Premier point sur le d roulement de nos r flexions notre animateur a souhait que les gens ne se pr sentent pas afin que leurs discours ne soient pas stigmatis s Nous n avons donc appris qu la fin la composition du groupe avec une seule personne travaillant sur une exploitation agricole et qui ne s est pas d
71. des cl s pour mieux comprendre et analyser les situations Chaque ann e Marciac appara t comme un lieu unique pour d battre en public de ces malaises et inconforts pour r aliser les vertus consid rables de ces changes pour socialiser les probl mes soulev s et mieux se posi tionner Jamais de conclusion p remptoire donc encore moins d arri re pens e guidant l architecture de ces journ es Mais un d fi consid rable pour chacun d entre nous bousculer les discours pr fabriqu s prendre la parole et s attacher produire ensemble de nouvelles r flexions sur des sujets qui se r v lent pr monitoires mais aussi d concertants premi re vue De ce point de vue le sujet de cette ann e a t la fois particuli rement aidant et particuli rement compli qu Revisiter nos images et nos imaginaires c est tou cher l intime Eclairer la nature le sens et les fonctions de ces repr sentations c est se confronter leur diver sit leur puissance leur enracinement dans in conscient Les neuf cercles de discussion mis en place ont favoris cette exploration r v lant la richesse du sujet et les ressources de chacun Les apports d intervenants issus de la psychologie de la sociologie de l conomie ou de disciplines artistiques ont nettement contribu clairer les espaces ainsi ouverts et op rer chaque fois un retour d image Les irruptions des clowns ana lystes de la
72. des valeurs thiques esth tiques culturelles sociales Ces valeurs sont cr es mais pas par le seul pro ducteur du produit mat riel elles le sont par des acteurs sociaux par un r seau Et elles vont tre incorpor es au produit travers les images jus tement Comme disait Patrick Denoux en voquant le marketing on n y chappe pas C est une vo lution du monde vers immat riel les savoirs associ s aux produits mat riels On va effectivement vers une sorte de virtualisation des produits lorsque l on peut leur faire corres pondre un ensemble de proc dures formalis es aussi complexes soient elles Mais j ajouterai que cette vir tualisation est probl matique car il s agit aussi d une globalisation au sens o en fin de compte dans un monde o les march s s ten dent loignant chacun des lieux de production multiples de ce que nous consommons on a simultan ment toutes ces valeurs qui viennent s ad ditionner aux produits ceux ci appartenant alors un monde de savoirs polymorphes Les valeurs immat rielles d ordre thiques ou esth tiques ne s attachent pas seu lement des produits ou des cir cuits tr s sp cifiques Les grandes 36 9e universit d t de l innovation rurale agriculture en repr sentation margues industrielles d veloppent aujour hui des images autour de la s curit des valeurs vertes etc Apr s les grandes crises sanitaires qu
73. duit et commercialis petite chelle est per u positivement alors que ce qui est gigantesque appara t angoissant Enfin aujourd hui dans l imaginaire du consommateur la nourriture serait plus risques qu avant II recherche la s curit mais celle ci a un co t et cela a donc une incidence conomique Sur la question de la modification du comportement des consommateurs nous nous sommes demand s quels acteurs pouvaient jouer un r le L Education Nationale Nous avons en fait tr s peu de moyens Il serait int ressant au del des fermes p dagogiques de faire des liens entre exploitation agricole et les enfants scolaris s mais on n a nile budget ni le temps En fait nous ne savons pas comment communiquer m me si on en per oit la n cessit Nous avons galement voqu les pou voirs publics qui n agissent pas suf fisamment de concert avec les diff rents acteurs du monde agricole Ensuite nous nous sommes pench s sur les atouts et les risques de la com munication Faut il parler de la vache vivante ou seulement de l en trec te Il y a le pour et le contre Comment parler du produit qui est la fois issu du vivant et d une cul ture Ce n est pas si simple car il y a un danger aller trop dans le sens du d sir des gens les loignant de la r alit De plus il y a une confusion entre animal et v g tal Et enfin n oublions pas que l aliment a une fonction sociale quand on c
74. e 33 raoriculture en 2 La Psychanalyse du feu est parue chez Gallimard en 1938 les autres volumes chez Jos Corti 1942 1943 1948 Le premier livre consacr l l ment terrestre est un Essai sur lImagination des forces la mati re s y pr sente comme une r sistance et appelle le projet du travailleur du modeleur du fondeur du forgeron Ainsi se fonde une psychologie de la pr position contre qui va des impressions d un contre imm diat immobile et froid un contre intime un contre prot g par plusieurs retranchements un contre qui n en fini pas de r sister Avant Propos aux r veries du Repos p 2 Le second est un Essai sur les Images de l ntimit sous le signe de la pr position dans Les images de la profondeur n ont pas que l aspect de l hostilit Elles ont aussi des aspects accueillants des aspects invitants et renvoient toute une dynamique d attraction d attirance id On trouve dans ces derni res r veries la maison et la bouche la grotte et le labyrinthe le serpent et la racine Au fil de ces quelques observations plusieurs m diateurs sont apparus qui forment la vari t des repr sen tations des liens entre l agriculture et la soci t les objets les ic nes et l imagination La source de l imagination est mat rielle celle des rep
75. e en conomie et sociologie rurale l Inra de Toulouse jait partie des piliers de l Universit d Et Pr sent d s son origine il a particip son volution LEconomie des savoirs des comp tences et Innovation tel est la th matique majeure de ses recherches Ainsi pour cette 9 dition il lui a t propos de remettre en perspective les propos de la premi re journ e en y apportant un clairage th orique on impression g n rale est gu hier nous avons plus parl de repr sentations de communication d information et de dialogue gue imagination et imaginaire Nous avons plus discut des rapports agri culture et soci t gue de la facon dont chacun construit un imaginaire partir de sa perception des choses de l agriculture ou de la campagne Du moins en pl ni re car sous les arbres on s est plus abandonn dire des images intimes Certes le th me de cette Universit d Et en prolongement de celui de an pass tait centr sur la relation agriculture soci t Ce qui s est exprim de cette relation est un trouble voire une souffrance un malaise per u comme une mise en question identitaire Dans le regard qu il a port sur nos d bats Patrick Denoux a relev que la figure du paysan de l ordre du mythe tait un lieu de fracture cul turelle mais aussi il a mis jour la complexit et l ambivalence des 32 9e universit
76. e r flexion Francis Daguzan Vice pr sident du Conseil g n ral du Gers Pr si dent de la Communaut de Com munes Bastides et Vallons du Gers Je souhaite tout simplement remer cier tous les intervenants de cette neuvi me Universit d Et mais aussi ceux qui ont aid la financer la R gion Midi Pyr n es que pr side Martin Malvy le Conseil G n ral du Gers pr sid par Philippe Martin ainsi que la Communaut de com munes qui ajoute aux moyens finan ciers des moyens techniques et humains Merci aussi Jean Claude Flamant pour son engagement dans nos territoires notamment travers nos caf s d bats mensuels Malgr tout je ne peux m emp cher de vous faire part d une inqui tude Car j ai peur que ce d partement du Gers soit victime dans les ann es venir de certaines tendances ou d rives Ces p riodes de s cheresse et de canicule nous d montrent d ailleurs la fragilit de nos syst mes Mais je n imagine pas un d parte ment du Gers et une r gion Midi Pyr n es sans paysans Ce sont eux qui entre autres contribuent maintenir ces paysages et cette convivialit Jean Claude Flamant Respon sable de la Mission d Animation des Agrobiosciences D abord ce constat il sera dit que cette universit t fut celle de arbre frites Ensuite il me semble gue le climat changes gue nous souhaitons cr er ici depuis le d but s est ampli fi tou
77. e travail le retour une agriculture r v e sans avoir les douleurs et les difficult s de ce m tier Nous avons fait des ouvertures sur le monde et essay de comparer avec d autres pays s agit il d une repr sentation sp cifiquement fran aise de cette dualit voire cette schizo phr nie entre la r alit du monde agricole m canis moderne et l image traditionnelle rassurante que l on veut renvoyer Nous avons eu alors un d bat sur la soci t fran aise o il a t demand s il n y avait pas le d sir du village de la force tranquille de F Mitterrand en 1981 qui serait en fait Marciac mais sans le jazz et sans toutes ses ouvertures un monde repli sur lui m me Nous avons galement voqu la chape de plomb de la France de Vichy avec son retour magnifi de l agriculture mais nous avons ter min sur une note positive avec ce que nous faisions tous aujourd hui Marciac Cercle 9 Rapporteur Bernard Guidez Il n est pas pacile de communiquer quand il aut se justi ier Trois sujets ont t abord s d abord l image que nous avons nous de l agriculture Ensuite la communication entre l agriculture et la soci t Et enfin le paysage Sur l image que nous avons de agri culture il faut dire que nous tions neuf agriculteurs dont un bio sur seize participants Nous avons estim que le m tier est m connu y compris par les membr
78. e de tout a de la r alit Mais moi je suis une publicitaire et je vous le dis il faut absolument changer de look si vous voulez communiquer avec la soci t Elle lui tend un pantalon de velours c tel marron Victor C est pour la photo j ima gine chaque fois ils me foutent le pantalon en velours Lili Il parle pas trop le paysan Victor Ah oui il se tait Et il r fl chit mimigue Lili Non le paysan il r fl chit pas il parle pas Il est l il est dans l tre Ici on a un paysan simple mais il manque un petit quelque chose Il faudrait qu il fasse simple mais vo lu Elle Iui met un boa jaune autour du cou Victor Vous tes s re Vous vous appuyez sur le sondage BVA Lili Oui Victor Et ils vous ont pay pour le faire ce sondage Lili tendant Victor une cloche de vache Et puis il faut tout de m me qu il garde ses racines Voil Nous avons donc un paysan simple mais volu naturel et PROPRE Elle poussette est pas mal du tout Victor Mais vous tes s re que le sondage est bon Lili Ensuite ils disent entre la fourche et la fourchette Alors on sucre les interm diaires elle lui met dans le dos une fourche rouge de satyre Et surtout il faut qu il soit trouvable rep rable de loin Elle lui tend un poulet en plastique Victor se mettant chantonner Qui veut mes poulets du Gers Achetez mes poulets du Gers Avec mes pou le
79. e leur image publique balance en perma nence entre la version bucolique de la publicit et celle plut t n gative des m dias Le deuxi me paradoxe cest que l image des agriculteurs dans l opinion est plut t bonne mais elle est bas e sur une forte m con naissance de cette activit Et il est pas forc ment sain que l image soit positive si elle doit biaiser le d bat ou cacher une r alit complexe Les autres paradoxes vous les connaissez Par exemple ingui tude autour de l alimentation aug mente en m me temps que la s curit Pour autant il n y a semble t il de craintes plus fortes par rap port aux agriculteurs plut t cit s comme victimes d un syst me Tout juste une certaine forme de d fiance En revanche cette fameuse voca tion nourrici re suscite beaucoup interrogations si vous n avez qu une image du produit aliment sans voir qui est derri re qui nourrit qui Qui est derri re le poisson carr ou les frites D autre part a t on encore besoin des paysans pour se nourrir J ai t tr s surpris d avoir vu r cemment un d bat en Angle terre sur cette question Apr s tout les Anglais comme d autres peu vent par Internet se rendre sur les market places pour acheter au meilleur offrant les fromages et les vins de France les fruits de tel autre pays et le bl le moins cher de tel continent En France on donne l impression que la pr sence de l agricu
80. e nous avons v cues ces images ne sont pas que des discours Il y a de vrais chan gements des proc dures mais aussi des questions Des alternatives ont t introduites dans le monde de la distribution Et aussi dans les com portements Regardez le sondage peu d entre nous consomment vrai ment du bio labellis et pourtant on croit en consommer Car on confond bio et proximit avec agri culture Toutes ces alternatives reconnues nourrissent l imaginaire bien au del de leur march On peut parler de globalisation parce qu il y a une addition de toutes ces valeurs qui viennent investir peu pler les images du produit Des sociologues anglais Lash et Urry 1993 font une distinction que je trouve heuristique concernant les qualit s immat rielles de l alimen tation ils distinguent entre deux types de signes selon qu ils ont soit un contenu principalement cognitif ou informatif qu ils d signent comme biens post industriels soit un contenu esth tique les biens postmodernes On retrouve une opposition entre produit indus triel et service On avait une image des produits qui tait li e indus trie Et aujourd hui nous sommes dans un monde des services Avec des marques industrielles qui s af faiblissent par rapport d autres acteurs comme les distributeurs qui prennent de importance car ils sont plus capables d articuler ces images globales Il y a une relation en
81. ement que si Von souhaite vendre des denr es ali mentaires il faut bien vanter leurs qualit s gustatives nutritives pra tiques esth tiques etc et donc par ler l imaginaire des gens C est plus important que de les abreuver d informations techniques sur les processus de production de condi tionnement et de distribution Reste que si la soci t s est r cemment int ress e ces questions a priori techniques c est que la crise de l ESB et le probl me des OGM ont r v l qu en mati re agricole ces proces sus pouvaient affecter notre bien tre Du coup ce n est pas le proc d en tant que tel qui nous int resse mais le fait qu il a u impact sur la gualit des produits gue nous ache tons Comme il est impossible de savoir si un aliment contient des OGM ou du prion en l observant ou en le go tant pour tre rassur sur sa qualit il ny a qu un moyen c est conna tre ses conditions de produc tion C est dans cette mesure et uniquement celle l qu une infor mation subjective nous int resse Concernant le circuit court je tiens pr ciser qu en 2050 nous serons neuf milliards Si nous voulons que l humanit mange dans son ensemble je ne crois pas que nous y arriverons avec des circuits courts o chacun ach te chez son voisin parce qu il a confiance et conna t ses pro cessus de production Pour la majo rit de l humanit qui vivra dans des villes la producti
82. ement sain Encore moins quand personne ne reven dique le statut d oppresseur Cela d responsabilise les victimes Heureusement tous syndicats agri coles confondus une partie impor tante des professionnels revendique leur part de responsabilit par rap port au pass et ce qui pourrait advenir demain La terre n est pas qu une mati re Dernier paradoxe l espace De quelle fa on va t on tre amen g rer les conflits autour de l espace rural Si on n y prend pas garde tout conduit vers la conflictuosit Le d sir de campagne augmente et la pression fonci re devient telle que l activit agricole pourrait tre demain impossible notamment en zone p ri urbaine Dans un certain nombre de territoires o la pression sociale est forte du fait de n o r si dents et de n o ruraux acceptabi lit sociale un certain nombre de pratigues telles gue levage est pos e concr tement Les extensions de porcheries l irrigation les remembrements posent probl me et ces nouveaux habitants verraient bien en certains endroits une cam pagne sans paysans Ces conflits autour de la gestion de l espace rel vent pour moi non pas seulement d un conflit d usage mais 9e universit d t de l innovation rurale 25 l agriculture en repr sentation J al pous je n ai pas p aussi d un conflit de repr sentations dans la mesure o une soci t urbaine cons
83. entation service 8 l 9e universit d t de l innovation rurale repr sentation de l aliment par des valeurs non alimentaires thiques esth tiques culturelles politiques sociales De fait les acteurs de Vagroalimentaire ne s en privent pas les repr sentations sont devenues une sorte de mati re premi re pour cette industrie exploit es par le mar keting la publicit les m dias et d une mani re g n rale tous les ser vices la production S Lahlou 1996 C est ainsi la fili re qui est en partie responsable de l importance prise par ces aspects immat riels La seconde raison tient l loigne ment croissant entre les citoyens et la production agricole On a vu que dans les d bats r cents sur alimen tation par exemple sur l ESB les acteurs d battent d objets dont ils ont rarement une connaissance directe Du coup la repr sentation devient un enjeu puisque c est elle qui va influencer les l gislateurs et les lecteurs en absence de proxi mit avec l objet Les repr sentations sont l il de l esprit Mais avant de pousser analyse j ai merais vous livrer quelques l ments techniques pour nourrir le d bat au lieu d utiliser les mots image et ima ginaire je vais employer les termes plus techniques de repr sentation mentale et de repr sentation sociale en relation avec des concepts bien d finis en psychologie Et je vais essayer de vous d crire ce que
84. entations sont extr mement diverses elles n ont m me aucune raison d tre homog nes et Saadi Lahlou nous a rappel que ce n est pas coup de marketing qu on va en d cr ter certaines plus que d autres On voquait le d bat public les conf rences de consensus J ai la conviction que c est la voie qu il faut emprunter en essayant de croiser les repr sentations un peu comme on superpose les donn es dans un sys t me d informations g ographiques afin de voir appara tre par transpa rence des points solides de conver gence et une identification plus affin e des divergences On ne peut pas tout mettre sur le dos de l agriculture Dans le public Alain Dallier qui se pr sente en tant que paysan la retraite nuance ce credo la communication cest tr s dur faire Et chez les paysans il y a deux mondes il y a ceux qui cherchent communiquer moi je n ai pas eu de formation j ai quitt l cole 14 ans mais j ai toujours cherch louverture d o ma pr sence ici et ceux qui sont enferm s sur eux m mes car c est plus facile Cela me fait terriblement mal Ing nieur agronome et responsable de l animation de la Ferme de Ram bouillet Matthieu Calame ne le conteste pas mais pr cise que les agriculteurs ne peuvent toutefois pas d finir unilat ralement la fonction qu ils veulent remplir et inviter ensuite le reste de la soci t discu ter autour de le
85. ersonne car il s agissait d une repr sentation parisienne mais il n emp che que cette id e des villes d vorant les campagnes est assez partag e Or je ne pense pas que l urbanisation soit in luctable car nous constatons par ailleurs que de nombreux citadins r investissent les campagnes D autre part je songe au dernier num ro d une revue tr s s rieuse le Moniteur des b timents et des Travaux publics qui a publi un dossier sur les politiques de d fense des zones rurales pr s des villes En la mati re le discours habi tuel consiste d noncer la crois sance tentaculaire des villes et pr ner la n cessaire pr servation des terres agricoles p ri urbaines Ce que font justement les pouvoirs publics en France Il se passe donc exactement le contraire de ce que met en sc ne le feuilleton Garonne m me si les paysans situ s aux alentours des villes ont envie de vendre leurs terres les pou voirs publics les en dissuadent pour limiter l expansion urbaine Vous voyez le malentendu et le conflit ter ritorial qui tient pour une grande partie une mauvaise repr senta tion de la relation entre les villes et les campagnes Car les chiffres eux sont clairs 5 de la population est agricole Dans l imaginaire collectif ces 5 cor respondent 5 de terres En clair bon nombre de nos concitoyens imaginent que 95 du territoire national est accapar par les villes d voreuses
86. es de notre famille qui viennent r guli rement sur notre exploitation Il a galement t rappel que l agriculture est certes une tradition mais aussi un patrimoine vivant avec une certaine inqui tude quant sa transmission Par ailleurs c est un m tier difficile qui n cessite des strat gies des ges tions des technicit s Et enfin l image principale qui est diffus e sur l agriculture est issue de la t l vision Or celle ci caricature et ne parle de l agriculture qu en p riode de crise Ensuite en terme de communica tion entre l agriculture et la soci t l image c est un peu h ritage Il y a une certaine authenticit de agri culture Il existe aussi un probl me de positionnement de l image car nous sommes confus nous acteurs du monde agricole Et il est difficile de communiquer avec une image confuse Pourtant nous avons des points communs et nous devons en permanence nous justifier Et l aussi il n est pas toujours facile de communiquer quand il faut se justi fier Nous avons galement voqu la responsabilit des acteurs Nous avons du mal moderniser agri culture Il faudrait remettre de l hu main dans la communication agricole Et il y a l un travail local de proximit mener Celui ci doit res pecter les points de vue et viter le m pris Cela dit il semblerait gu merge une nouvelle forme de relations entre l agriculture et la soci
87. es on pourrait d battre se r f rent plus la presse ou aux derniers bateleurs la mode plut t qu une r elle instruction des pro bl mes telle qu elle est r alis e par la science par la production de savoirs analytiques et prospectifs Ainsi se cr e une sorte de symbiose g n ralis e des informations entre les id es de la presse crite et les dis cours de la classe politique Face cette coupure entre le monde r el et les politiques o le monde universitaire et la recherche est exclu je ne suis pas tr s optimiste car que je ne vois pas tr s bien la solution Dans le syst me politique des Etats Unis qui est en France l objet d une condescendance m prisante on dit des nouveaux pr sidents qu ils font faire leur march dans les grandes universit s en embauchant les pro fesseurs comme conseillers Impensable chez nous Et selon moi ce qui est grave c est exclusion de ce que l on appelle d une expression pas tr s heureuse d ailleurs la soci t civile qui doit pourtant imp rativement constituer le troi si me pilier de la structure de la soci t fran aise Or je crains qu elle n apparaisse plus que sous la forme d un quota obligatoire pour sauver les apparences 42 9e universit d t de l innovation rurale Quand la r alit d passe la friction Bernard Guidez agriculteur le veur de canards et de porcs dans le Tarn secr taire g n ral de Farre r sea
88. est quand m me sur prenant que le fait que la terre cul tiv e par l agriculteur soit en homonymie avec le globe terrestre La terre c est donc un des quatre l ments qui fondent notre univers Par ailleurs celle ci a toujours jou un r le puissant dans la mytholo gie grecque ou romaine partir de dieux et de d esses que ce soit Ga a la terre primordiale ou Demeter et C r s la terre f cond e cultiv e Du c t de la religion les choses sont galement tr s expli cites dans sa traduction de la Bible Andr Chouraki appelle Adam le gl beux celui qui a t issu de la terre fait de la terre D ailleurs homo homme ne vient il pas du latin humus la terre A travers ce que je viens de vous dire sur le sacr et sur la terre l ment j ai consi d r que pour chacun d entre nous agriculteur ou non la terre est un fondement arch typal de notre per sonnalit et de notre civilisation Nous nous appuyons individuelle ment sur un inconscient collectif qui nous mod le D une certaine mani re tout le monde sa fa on porte la terre en soi Du c t du malentendu si on regarde les repr sentations et les symboles de la terre ceux ci s arti culent me semble t il autour de deux approches D un c t la terre est consid r e comme une matrice la m re de tous les dieux la materia prima la m re nourrici re symbole de f condit et de r g n ration Comment s
89. este un cueil trop sou vent rencontr cela s exprime encore avec des relents de position de dominants Et cela la soci t ne peut plus l entendre Selon Cathe rine Boyer Durrieu il convient au contraire pour reprendre une for mule de Bertrand Hervieu dans son livre L archipel paysan de Faire terre ensemble Vaste programme au vu de tous les poncifs que rel ve quant lui G rard Lopez d s lors que l on inventorie les images de l agriculture Nous pou vons essayer de comprendre d o ils viennent Et nous pouvons aussi nous poser la question est on fier de notre agriculture Pour le patron de BVA l opinion publique n est actuellement capable de r percuter que deux visions extr mes de l agriculture la version bucolique et les querelles syn dicales faute de diversit d infor mations Et de citer un exemple de 20 9e universit d t de l innovation rurale communication r ussie Depuis tr s longtemps m canicien n est plus per u comme un m tier noble Or regardez aujourd hui les campagnes publicitaires de certaines cha nes de r paration rapide il n y a plus de cambouis Les m caniciens sont tous en blouse blanche Ils se sont transform s en m decins de la voi ture et la modernit est entr e dans l atelier En revanche elle est toujours absente du monde agricole au niveau des perceptions Du moins elle n y est pas per ue positivement
90. et analys par l Institut BVA ont clair l tat de l opinion publique sur ses perceptions de agricul ture Enfin c est au psychologue Saadi Lahlou que revenait la t che d expliciter le concept de repr sentation sociale Un moment cl de cette longue matin e suivi par une lecture anthropologique de la terre et du patrimoine propos par la consultante Catherine Boyer Durrieu et qui s est achev sur une surprise POINTS DE VUE L apport C est le groupe local de r jlexion constitu dans le cadre de la Communaut de Communes Bastides et Vallons du Gers et anim par Gilles Petit de Mirbeck qui avec Michel Dubours se lance le premier dans la restitution de leur travail Comme en cho Brigitte Pr vost vient son tour jaire part des remarques des associations de consommateurs de Midi Pyr n es r unis de leur c t par le Centre R gional Technique de la Consommation et anim s par Fran oise Delaude Enjin charg e de synth tiser les changes du dernier groupe de r flexion anim par Anne Marie Grani et Agn s Terrieux Claire Latil une des douze professeurs stagiaires de l Ecole Nationale de Formation Agronomique Toulouse de ce groupe opte pour les verbatim Une image qui date des ann es 50 e sujet dit Michel Dubourg agriculteur n est peut tre pas sp cifique l agriculture mais pose des questions aux agriculteurs que nous sommes Avec ce premier con
91. exprime aussi non plus un paradoxe mais une tension tr s forte qui caract rise ce groupe plus que d autres entre la comp tition des agricul teurs entre eux sur le foncier sur le march sur des soutiens et le discours oblig de la solidarit Le paradoxe du vivant Le sixi me paradoxe est celui du vivant ou encore celui de la nature illustr par les agacements forts des mouvements cologistes et envi ronnementalistes Cette question de la nature du vivant de leur gestion de qui pense leur gestion reste tr s ardue car nous pourrions proba blement nous mettre accord sur le fait que artificialisation du vivant s acc l re qu elle participe pour une grande part notre bien tre et au d veloppement tr s fort de nos standards de vie mais que dans le m me temps cette acc l ration de Vartificialisation du vivant soul ve un certain nombre de probl mes nouveaux concernant chacun d entre nous Comment prendre cette question de la r ification du vivant autrement qu en consid rant que seuls ceux qui sont en contact direct avec la nature donc le monde agricole auraient le monopole de la conception de la gestion du vivant et de la parole Nous voyons bien l qu il y a plus qu un paradoxe une vraie coupure pour certains seuls les agriculteurs pourraient en parler pour d autres tous devraient non seulement en parler mais aussi en traiter Le paradoxe d Etat Septi me pa
92. ez les agriculteurs pour r gler ces probl mes de relation autrui 28 9e universit t de innovation rurale 2 Abraham Maslow est un psychologue am ricain renomm d c d en 1970 La pyramide qu il a mise au point est une r f rence en marketing et en sociologie Cet outil d termine un ordre de priorit dans la satisfaction des besoins humains sachant que celle ci ne peut tre r alis e que si les besoins de niveau inf rieur sont eux m mes satisfaits tout en bas de la pyramide qui comporte cinq niveaux se trouvent donc les besoins physiologiques puis le sentiment de s curit les besoins affectifs l estime de soi et d autrui et au sommet le besoin de se r aliser Le jeu de i oin de moi l id e de donner des le ons Ayant initiale ment l intention de vous parler de trois grands types de repr sentations en rela tion pol mique qui me semblaient merger je consacrerai principalement ma r flexion la troisi me qui me semble receler un enjeu plus important au su de nos d bats Quelques mots cependant sur les deux premiers types de repr sentations rep r s D abord une repr sentation classique dont plus personne ne veut cette mythification du monde agricole dont m me les paysans souffrent Mais une mythification qui malgr tout n a pas disparu et est encore pr sente parfois m me chez ses d trac teurs pr servant par del les prises
93. finie comme agriculteur Et une seule personne qui n avait abso lument aucun lien avec l agriculture qui ne s est exprim e qu la fin au moment du dernier tour de table Il en ressort une grande diversit des images comme dans les autres cercles avec des associations id es ou des oppositions Certains ont d fini l agriculture par rapport l usine au jardin Il y a eu associa tion avec la transformation notam ment la mise mort de l animal en lien avec aspect sociologique de l organisation des agriculteurs la mani re dont est g r e la propri t de la terre et enfin un lien op r avec certaines valeurs comme la soli darit De cet inventaire la Pr vert il res sort quelques absents le lien avec alimentaire le territoire et la rura lit Par ailleurs il y a eu une petite ambi gu t nous avons gliss de agricul ture l agriculteur avec beaucoup de facilit Quant agriculteur cer tains ont insist pour dire que c tait un m tier ou plus exactement une diversit de m tiers Quand la per sonne qui travaille sur une exploita tion agricole a exprim sa difficult donner une d finition uniforme de l agriculture et le sentiment que le type de travail gu il fait sur sa ferme est tr s diff rent de celui que font d autres agriculteurs il s en est suivi un dialogue assez vif notamment avec des personnes travaillant au sein de chambres d
94. fiscales Comment un conomiste peut il traiter la question de l imaginaire de l agriculture et de la crise identitaire des agriculteurs notamment pour tenter d expliquer les raisons d une telle situation Revenant mes fon damentaux je commencerai par analyser la demande Avec ce fait nous mangeons tous les jours Il s av re cependant que cette demande n est pas tr s lastique Je m explique d un c t la quantit d aliments que nous pouvons consommer dans une journ e m me s ils taient gratuits demeure limit e De l autre m me si les ali ments taient tr s chers nous ser rions oblig d y consacrer notre revenu pour ne pas mourir de faim Cela signifie donc que la r action de la demande aux variations de prix est assez faible C est un fait tr s impor 40 Se universit d t de l innovation rurale production une poque o les prix du caf taient satisfaisants Cela a constitu au d part un succ s agri cole permettant de produire de mani re massive Sauf que la demande n tant justement pas las tique il y a des limites notre consommation de caf le prix s est effondr Du coup les producteurs br siliens se sont appauvris en pro duisant davantage Deuxi me fait notable en conomie l agriculture est un secteur rende ments d chelle constants Cela veut dire que si je double tous les inputs le travail le capital la terre je va
95. he les chaises pour mieux s couter et puis progressivement l change se construit L ambiance est studieuse la parole parfois intimiste un peu timide O l on livre des souvenirs d enfance o Von parle de ses racines o le subjectif a pleinement lieu d tre On s tonne l heure de conclure d avoir produit ensemble une r flexion qui se structure des analyses collectives On aide le rapporteur parfois peu habitu cet exercice synth tiser plus d une heure de d bat On encourage l heure de la restitution Et de fil en aiguille de clin d il en petits signes de reconnaissance il y a comme une complicit qui s instaure au sein du cercle bien apr s qu il se soit d fait Peut tre parce que ce sont l des individus qui se rencontrent et qui en oublient d tre justement en repr sentation 1 6 l ge universit d t de l innovation rurale qui ont suivi Cercle 1 Rapporteur C cile Ha Min Tu Le marketing r pond au d sir alors que l agriculteur r pondait autrejois au besoin Notre groupe ne comportait aucun agriculteur et notre travail s articule autour de 4 points les mots le lien au politique la question de l image et le marketing D abord les mots imaginaires et repr sentation Imaginaire est un concept polymorphe qui peut ame ner dire trop d images tuent l image Ce qui nous a conduit parler de Dieu car nous n en avons pas
96. i me point sur lequel nous souhai tons insister quels sont les cadres et les outils n cessaires pour construire et d velopper des exp rimentations et des actions collectives Ces outils existent dans de nombreux cas mais il existe un certain d calage entre la logique de r flexion et de travail qui s op re sur des bases professionnelles et les logiques territoriales Ainsi dans les intercommunalit s ou les pays la prise en compte des secteurs profes sionnels touchant l agriculture et agroalimentaire n est pas forc ment pr sente Il y a l pourtant des opportunit s tr s importantes pour combiner les acteurs sur une base sectorielle ou de fili re d un c t et sur une base territoriale de l autre afin de d velopper des exp rimenta tions et des actions collectives Enfin le mot de la conclusion n ou blions pas ce qui nous r unit ce qui peut tre peut nous sauver ce qui peut nous perdre aussi nous sommes tous concern s par ce qui est vivant et qui se mange ce n est pas rien Cercle 7 Rapporteur Matthieu Calame Il n est pas dramatique qu un enfant de sept ans ne connaisse pas la pomme de terre Quatre mots diff rents ont t vo qu s image imaginaire mod le et symbolique Dans le groupe une partie des per sonnes a point un clivage entre image et imaginaire l image serait quelque chose de subi alors que l imaginaire rel ve de la capacit de constru
97. i et surtout sur les terres agricoles Ce qui posera le probl me des terres rentables et des terres qui ne le sont pas Nous avons alors confront la vision des urbains et celle des ruraux sur le territoire avec une hypoth se ces probl mes de territoire sont peut tre un enjeu d terminant sources ventuellement de tensions Ainsi que vont devenir les terres non agri coles Dans l imaginaire des urbains ce territoire leur est donn ce n est la propri t de personne Dans leur esprit sije caricature ces espaces pourraient servir une nature id ale avec du gazon et des faons sortant directement des films de Walt Disney Dans une deuxi me partie nous avons d velopp l aspect soci tal la solidarit et la compr hension n cessaires au sien de la soci t fran aise Au del m me des oppositions entre urbains et ruraux nous pen sions galement aux probl mes de l immigration et des banlieues Cercle 9 Rapporteur Bernard Guidez Faut il parler de la vache vivante ou seulement de l entrec te Est ce que les images influencent le comportement conomique Nous avons r pondu oui Car quand le consommateur accepte de payer plus cher c est en fonction de l image En revanche il faut tre transparent expliquer la r alit 48 9e universit d t de l innovation rurale Par ailleurs comment donner des crit res de qualit Nous avons constat que tout ce qui est pro
98. id re que l espace agri cole est un espace vert accessible tous comme un jardin public Alors que agriculteur le consid re comme un espace de travail de production avec la cl quelques nuisances de bruits d odeurs Pour les lus locaux il y a l un travail d anticipa tion mener Encore faut il qu il y ait des hommes derri re ces objets mat riels que sont la terre l aliment l arbre la haie Sinon on ne g rera gue de la mati re et non pas du lien social Si on en reste sa d finition classique la fonction se pense en termes de relation entre deux sujets Or la fonction de la terre implique d abord quelqu un qui produit quelque chose pour nourrir quel qu un d autre On passe de la mati re l immat riel du bien au lien fut il symbolique Ce d bat oblige poser la question du r el de la terre mais aussi quoi sert cette terre et qui est derri re Il faut faire parler la terre et ceux qui vivent autour La question pos e aux agriculteurs comme chacun d entre nous en tant que consommateurs et citoyens c est de s obliger reconstruire une identit commune qui passe par notre identit personnelle dans la fa on dont on mange par exemple En faisant cela on s inclut ou non dans une relation des producteurs D o vient cet aliment et aussi quoi sert cette terre pour reprendre in terrogation de d part Il faudrait se poser ces questions de l origine
99. il pour quoi se pose avec une si grande dif ficult ce d bat sur l affirmation la construction de nos images ou m me tout simplement la confes sion de nos imaginaires Je ne reviens pas sur ce qui a t dit de l efficacit des images qui sont autant plus efficaces lorsqu elles sont utilis es partiellement des fins tr s cibl es entra nant des d g ts collat raux finalement tr s nombreux C est peut tre cela qui est au c ur du d senchantement Il me semble que face ce constat une question traverse le d bat comment y r pondre Il y a deux tentations Qu avons nous dire puisque nous voulons communiquer La premi re tentation consiste prendre les m mes armes que celles gu utilisent ceux qui on reproche pr cis ment de les utiliser en essayant de faire encore mieux avec plus d argent plus de moyens et plus de communicants Cette tentation est grande et d j l uvre mais je crois sinc rement qu elle est vou e chec La deuxi me tentation que nous ne voyons pas poindre serait de savoir et de s interroger sur ce qu on a dire puisqu on veut communiquer Au fond il faut revenir une ques tion pr alable cet chec dans la communication n est il pas d abord le reflet d une absence de pens e de mots et de message Sans vouloir intenter aucune sorte de proc s c est ce que je pense si nous n avons pas les mots si nous n avons pas le proje
100. illeuse mais un peu inqui tante Longtemps le compromis a tr s bien fonctionn l agriculteur exploitait la nature pour produire l aliment et commercialisait le vivant d une mani re parfaitement admise Avec l acc l ration du progr s technique il y a eu d stabilisation de ce com promis d rive croissante entre la r a lit des process et l tat ant rieur au compromis qu on appelle encore la tradition Probl me la r alit et la diversit de process et de m tiers le reste de la soci t s en fiche Ce qu elle demande concerne plut t les effets externes de l agriculture d borde t elle de son domaine pro duit elle des choses nuisibles D o la n cessit selon Saadi Lahlou de clarifier un nouveau positionnement de l agriculture vis vis de la soci t civile par rapport antagonisme entre nature et culture Cela se construit dans un d bat interne il a commenc et dans un d bat public entre toutes les parties prenantes Car une communaut ce sont des gens qui partagent une histoire commune m me si elle est fantasm e et un des tin commun m me s il est amen changer La notion de projet est cru ciale pour affirmer un positionne ment se clarifier soi m me avant de clarifier vis vis des autres Une conviction que partage Bernard Brunet membre du Comit Econo mique et Social R gional qui parti cipait au d bat qui a suivi Les repr s
101. implication des acteurs dans les processus de changement est une condition favorisante On peut citer les conf rences de consensus le militantisme les coles t Ce 1 0 9e universit d t de l innovation rurale que fait la Mission Animation des Agrobiosciences de ce point de vue l est particuli rement pertinent Une phrase pour conclure souve nez vous que les repr sentations ont des caract ristiques analogues celles des esp ces vivantes le pro cessus de changement doit tre abord non pas comme un combat mais comme une domestication et comme une culture BIBLIOGRAPHIE ABRIC Jean Claude 1994 Les repr sentations sociales aspects th oriques In Abric J C d Pratiques sociales et repr sentations Paris P U F 1994 pp 11 35 DOUGLAS Mary 1967 De la souillure Essai sur les notions de pollution et de tabou trad A Gu rin Paris Masp ro 1981 FISCHLER Claude 1990 L homnivore Paris Odile Jacob 1990 LAHLOU Saadi 1996 Experts industriels m dias consommateurs institutions comment les repr sentations des acteurs et le march se co construisent In Ism ne Giachetti d Identit s des mangeurs images des aliments Paris Polytechnica pp 123 150 LAHLOU Saadi 1998 Penser Manger Alimentation et repr sentations sociales Paris P U F 1998 LAMBERT Jean Louis 1986 Les mod les de consommation alimentaire en France
102. ionnaire il appartient celui qui en est destinataire et lui donne sens On est donc dans un syst me inter actif C est bien ce qu ont montr les alertes sanitaires Elles obligent selon moi les syst mes de production et donc les producteurs se r organiser autour des conceptions de la vie du vivant et de la mort Car les interro gations de nos concitoyens vont de plus en plus loin pr cis ment parce qu ils n ont pas compris ce qui s tait pass dans l affaire de la vache folle Ils exigent des explications que faites vous au nom de qui et de quoi Un des meilleurs exemples concerne les farines animales Fata lement le d bat social sur les pra tiques agricoles que ce soit la fertilisation la protection des plantes l alimentation des animaux doit avoir lieu Cela ne sera pas simple organiser ni l gif rer Il est int ressant analyser les mots appa rus dans le d bat public au moment des derni res crises Avant 96 on ne parlait pas ou peu de tra abilit M me chose pour transparence principe de pr caution contamina tion consommateur citoyen d ve loppement durable thique responsabilit Tous ces mots cl s sont omnipr sents au moment des crises et au c ur des d bats qui ont suivi comme autant de questions pos es souvent sans r ponse simple Autre le on de ces crises les agri culteurs sont globalement apparus avec un statut de victime Cela n est pas n cessair
103. ire ses propres images avec une dimension de libert de libre arbitre Il a t constat que les images voquent surtout le pass et que l imaginaire permet au contraire de se projeter dans le futur Cela nous a amen s voquer la lutte entre les diff rents groupes qui ont int r t imposer une image construite chacun consid rant qu il a construit une image vraie et que les autres sont ceux qui mentent D o la question de la l gitimit parler qui a le droit de pr senter son image Dans un second temps l un d entre nous a soulev un paradoxe entre le besoin d imaginaire et d images m me pour les agriculteurs et en m me temps une r f rence constante dans le discours au 9e universit d t de l innovation rurale 47 images valeurs d changes concret qui se r f rerait au vrai par rapport l image qui ne le serait pas Il y a eu un vif d bat par rapport l arbre frites l un d entre nous agriculteur a fait remarquer que c tait comme pour les poissons car r s une anecdote qui pouvait tre de l ordre de la rumeur qu on se transmet pour dramatiser une situa tion Le m me a signal que lorsqu il tait enfant ses parents lui avaient fait croire un arbre macaronis et il a cru jusqu six sept ans Mais qu un enfant de cet ge l ne connaisse pas les macaronis ou la pomme de terre n est pas drama tique nous passons notre temps vivre dans
104. is produire au moins le double Evi demment il ya une contrainte c est la terre car on ne peut pas doubler les surfaces ind finiment Mais ce n est pas totalement exact parce que le secteur agricole a tellement sub stitu du capital la m canisation les engrais la main d uvre qu il s av re qu on d cultive les terres il reste des surfaces rentables en France qui ne sont plus cultiv es Cette contrainte est ainsi estomp e Mais que signifie le fait que agri culture soit rendements d chelle constants Tout simplement que cest un secteur potentiellement concurrentiel c est dire qu une foule d agriculteurs peut en vivre Et qu une foule d agriculteurs peut aussi dispara tre Donc une demande in lastique un secteur concurrentiel et ajouterai je pr sent des denr es p rissables On ne peut pas stocker en effet la nourriture pendant des ann es notamment les produits frais permanence l offre et la demande Sans oublier gu un r seau lectrique est tr s fragile connaissant des sur chauffes on ne peut donc pas router l lectricit comme on l entend Que font les lectriciens pour se sortir de ce probl me technique Ils fonc tionnent sur la r gle du n 1 le r seau lectrique peut fonctionner sin importe quel l ment n importe quelle centrale n importe quelle ligne haute tension tombe en panne Dans ce cadre garantir la s ret d approvisionnement
105. keting Le probl me est de savoir o s arr te ce jeu de l image qui brouille l image du je Nous obli geant composer avec le march et ses id ologies cette virtualisation est tr s puissante Jen veux pour preuve dans le t moignage rapport par le sociologue R my Le Duigou cette phrase d une agricultrice qu il a cit e cens e exprimer le d sarroi authen tique et personnel d une agricultrice Je n ai pas pous Jean Luc pour ses cochons Mais rendez vous compte 1 En r f rence l anecdote qui a eu tant de succ s d un petit urbain demandant l agriculteur recevant sa classe O se trouve l arbre frites Dans son univers citadin simplificateur une pomme f t elle de terre ne peut pousser que sur un arbre 2 NDLR il s agit d un spot sur le fromage de brebis Lou P rac dans lequel une jeune femme demande son mari producteur qui est dans la bergerie mais ils le savent chez Lou P rac que tu es mari que cette situation est d j un argu ment publicitaire pour vendre des fromages 2 Il n y a plus de r alit au plein sens du terme mais la r alit d une image qui est prise pour la meilleure expression d une r alit subjective dramatique Permettez moi un petit commentaire sur ce qui a t dit par R mi Mer il appelle de ses v ux la restauration d un rapport que l on pourrait qualifier en psy chologie de
106. la chr tiennet 30 l 9e universit d t de l innovation rurale mise en sc ne tr s personnelle Victor Excuse moi Patrick si je peux rajouter un petit mot il se cambre les mains sur les hanches en regardant toute l assistance Eh be J suis un atypique J suis un paysan mais un nouveau Moi j ai choisi Oui oui Des fois on me dit mais monsieur on choisit pas d tre pay san Eh ben si moi j ai choisi Avant j tais autre chose et pis l j ai choisi C est possible Ce qu y a c est qu il faut trouver le p tit morceau de terre J ai achet ici Ah ca a t dur hein avec la Safer Ouh la bagarre ca co te un pognon fou la terre Et pis les paysans ils veulent que des jeunes mais y en a pas un qui voulait me le vendre le terrain Hou les salauds Enfin je me suis install J ai conserv un peu de tradition ila un b ret sur la t te pasque je m suis dit on sait jamais des fois qu on y revienne h h et pis j y ai mis un peu de modernit quand m me il met une casquette par dessus le b ret l envers la mani re des rappeurs Et enfin j ai stock toutes les valeurs traditionnelles il soul ve une norme valise et j ai tout emmen avec moi Je vais les mettre l il pose la valise sur estrade Ah Lili habill e en jeune banlieusard H salut Victor Voyez comme j ai compris qu on n tait plus que 200 000 pay sans et qu il y a 60 million
107. la soci t et les agriculteurs Car pendant vingt ans de ma vie professionnelle en tant que charg e de com munication cette question m a taraud e sans que je parvienne r ellement la traiter de fa on efficace comment r duire ce malentendu D autre part person nellement je suis fille d agriculteur comme je suis de la premi re g n ration qui a quitt la terre je vis tous les paradoxes de cet attache ment et de cet loignement la terre Pour traiter ce sujet j ai fait hypo th se que ce malentendu s appuie sur deux perceptions de la terre elles m mes issues d un socle socio historique que vous connais sez et dont on peut tirer trois constats le premier c est que nous sommes pass s en un si cle d une soci t agricole une soci t urbaine il y a aujourd hui environ 5 d agriculteurs en France Le deuxi me est que le travailleur de la terre est pass de tat de pay san au m tier d agriculteur Le troi si me constat c est que le statut de nourricier et patriote la terre lui aussi a chang Aupa ravant chacun avait une relation patrimoniale la terre Aujourd hui les agriculteurs ne cultivent plus que 50 du territoire fran ais et le lien direct la terre s est distendu Beaucoup de surfaces sont tomb es dans le domaine public A partir de ces constats j ai voulu regarder ce qui se passait du c t des mythes et de l imaginaire D abord il
108. les plus bausses sont prendre compte Il jaudra paire avec selon R mi Mer Mais pas n importe comment e d bat de ce matin a t tr s riche Mais il faut avoir conscience qu il s agit l d un micro d bat dans un d bat public qui n existe pas encore Nous faisons partie des privil gi s qui ont la chance de poser ces questions Une d entre elles me semble tr s importante si l on se r f re au son dage de ce matin que penseront demain les 40 qui n ont aujour hui rien dire sur l agriculture et est ce que ces gens l seront demain 60 ou 90 Certains peu vent penser l image de agricul ture c est le probl me des paysans Qu ils s en d brouillent finalement Pr cis ment je voudrais vous d montrer que ce n est pas seule ment leur probl me et que cela nous d douanerait d un certain nombre de questions mon sens les enjeux pos s par l agriculture sont d abord soci taux Mer consultant l arbre frites Je vais vous raconter trois petites anecdotes r v latrices pour d mar rer La premi re qui est mentionn e sur le site Internet du forum c est la question d une petite fille de Tou louse qui allant dans les Pyr n es demande animatrice A quoi ca sert toute cette terre Quelle est donc l utilit sociale de cet espace Deuxi me anecdote une agricultrice install e en zone p ri urbaine Nantes accueille un grou
109. lture va de soi M fions nous de cet a priori Enfin je voudrais galement inter peller les agriculteurs tes vous bien s rs de nourrir vos concitoyens Tant que vous dites que vous faites 200 000 litres de lait et que vous pro duisez votre quota vous ne nourris sez pas les gens Tant que vous dites que vous avez un GMO de tant Gain moyen quotidien pour nourrir votre taurillon vous ne nourrissez pas les gens Vous nourrissez animal certes vous faites votre quota de lait oui mais vous n tes pas dans cette vocation nourrici re Cette fameuse vocation nourrici re ne va donc plus de soi non plus pour les agriculteurs Par ailleurs il me semble inqui tant de surestimer la fonction de production car cela conduit restreindre l agriculture cette fonction technique ou cono mique Quelqu un qui commet un acte rationnel ou raisonn d opti misation des intrants pour produire tout ce qui peut sortir de l exploita tion ne s inscrit pas forc ment dans cette vocation nourrici re ni dans une cha ne alimentaire Il se limite tre gestionnaire d un syst me de production Les le ons des crises sanitaires Les crises qui ont eu lieu autour de cette fonction nourrici re ont mis en vidence que l agriculture est d ten trice de symboles forts et les agri culteurs sont en partie gestionnaires de ces symboles Mais un symbole n appartient pas celui qui en est gest
110. mage de l aliment pour le consommateur Quant au place L acception d pendra des contextes g ographiques sociaux conomiques et culturels Quant Jean Pierre Nicol de la Mission envi ronnement Soci t Inra regardons d un peu plus pr s le sens m me des mots u y a t il de plus dangereux qu une image L image d une image Celle ci n est pas le miroir Proces sus dynamique elle fige momenta n ment les traces du pass mais elle chappe au discours rationnel et reconduit au domaine du sacr Le sens du mot latin imago La repr sentation des anc tres Ce sens ayant peu peu volu vers la sta tuaire et la peinture Lesquelles figent la r alit ou ce qui en tient lieu Dans ce contexte toujours selon JP Nicol iconoclaste est salutaire il d truit les images les idoles eidos ce qui est visible l id e fig e Il fait bouger les lignes et facilite le travail de la fonction imaginaire L image loigne de l objet Cache mis re elle masque la r alit dont elle offre un substitut Elle d signe l attention ce qu il faut voir Quand le sage montre la lune dit le proverbe l im b cile regarde le doigt 6 9e universit d t de l innovation rurale d un chantillon de 1 ooo Fran ais ce sondage a conjirm voire r v l les perceptions et les sentiments de la soci t l gard de ce secteur Pr sident Directeur g n ral de BVA
111. mi re r flexion est que agri culture est consid r e par tout le monde dans nos postulats comme tant une r alit essentielle Pour quoi Qu y a t il de primordial dans l agriculture qui donnerait du sens aussi partag J ai relev trois r ponses en filigrane dans les changes tenus ce matin en premier lieu le monde agricole est quand m me pens visiblement comme l origine En second lieu alimenta tion avec son principe d incorpora tion constituant un lien tr s particulier avec la nature symbolise l agriculture Enfin dernier point fondamental la nature est ce que l on en fait sous l emprise du rap port que nous entretenons avec elle Origine incorporation et modelage voil ce qui fuse de l agriculture dans les discours que j entends faisant d elle un principe premier une ques tion de vie ou de mort cartant toute interpr tation psychologisante je souhaiterais simplement avancer que ces trois points non seulement pr sentent un rapport extr mement troit avec l enfance mais consti tuent la base d une puissante voca tion que chacun pourrait nommer mon paysan d finissant le sien celui qu il a connu qu il a en lui qu il aurait pu tre etc Il est un deuxi me l ment que je d sire relever tr s pr sent ici me semble t il Nous nous accordons dire que dans une certaine mesure l image du paysan est principale ment conjuratoire Elle permet
112. n Georges Sand la vall e noire cit dans les R veries de la Volont p 380 L expression 34 l 9e universit d t de l innovation rurale repr sentation prolonger le sillon qui d signe la volont du p re de l guer ses enfants une propri t plus impor tante que celle qu il a re ue en h ri tage sugg re mon sens que cette imagination de l tendue est aussi dans le temps un sujet d inqui tude et une question de s curit Par ailleurs en restant sur le plan de l imagination mat rielle dans ima gination du contemplateur de pay sage o s active un onirisme panoramique voir R veries de la Volont p 378 387 la terre labou r e si j en juge par ma propre exp rience soit s tend perte de vue comme la mer soit elle appara t comme des sortes de d chirures qui mettent nu la couleur intime de la terre Le paysage bachelardien attire parce qu il permet de r ver l im mensit et la profondeur Par ailleurs le laboureur ou le paysan sont eux m mes la source d une symbolique qui porte sur la vie et sur l humanit Bachelard distingue les images imagin es celles qu on pourrait appeler vraies ou authentiques au sens o elles sont prouv es mais je ne pense pas qu il y ait des images vraies ou fausses au sens d une v rit universelle et les images construites Il donne un exemple tr s int ressant concern
113. n En premier lieu Saadi Lahlou a dis tingu une raison qu on peut appe ler commerciale si on le voit du point de vue de l agriculture du pro ducteur les estomacs sont pleins il faut donc rajouter des dimensions aux produits comme le service Mais c est l une volution plus g n rale L volution de l offre suit aussi une volution des mod les de consom mation Effectivement nous avons des aliments qui incorporent des ser vices sp cifiques avec des fonctions de sant la neutraceutigue les Am ricains parlent aliment fonc tionnel Mais il n y a pas que cela dans cette volution Ce qui est important c est aussi le d veloppe ment des services autour de l ali mentation on mange de plus en plus en dehors de la maison la can tine ou au restaurant On va adh rer 9e universit t de innovation rurale l 35 un wining club s abonner des magazines sur la cuisine consulter le p diatre pour l alimentation de nos enfants donc on recourt une recherche d information des avis d experts et des conseils de diff rentes natures L volution va des produits vers les services L agricul ture n chappe pas cela Non seu lement les services sont introduits dans les produits mais l alimenta tion et toute une s rie de services sont externalis s par rapport au m nage Saadi Lahlou a voqu le fait gu ac tuellement on toffe l aliment avec
114. n partie les agri culteurs On peut par exemple avoir une exp rience de l alimentation qui s arr te l aliment sans voir derri re le producteur Cela serait mon sens dramatique En revanche comme l a bien montr Saadi Lahlou il ne faut pas se leurrer sur les repr sentations certains les trouvent dangereuses parce que fausses Mais c est un principe de r alit m me fausses ces images existent Le probl me c est qu on a tr s peu l ments pour les objecti ver La question se pose pour tous y compris pour agriculteur c est quoi un colo aujourd hui pour lui Cela n emp che pas qu il faut accepter ces repr sentations m me fausses Il faudra bien faire avec tout en se pr parant au choc des repr senta tions ou l affrontement avec la r a lit comme lors des crises Le conplit la puite ou la cooperation Parce que la soci t est aujourd hui loign e de l agriculture il y a n ces sit de g rer cette confrontation Trois sc narios coexistent actuelle ment en termes de strat gies pro fessionnelles ou sociales Le premier cest le conflit avec des int r ts et des repr sentations divergents on se tape dessus on se fait des pro c s s il le faut et on alimente ainsi la tension Pour avoir travaill avec des responsables professionnels ce dis cours guerrier existe il faut se battre se bagarrer Les colos on va leur montrer
115. n perd son sens dans un monde qui s individualise Et si elle en a encore quel est sons sens politique La question de loi gnement d ailleurs rejoint aussi la notion d individualisation des com portements sur laquelle repose l es th tisation que j ai voqu e Catherine Boyer Durrieux nous a propos une lecture des relations la terre je vais en reprendre quelques l ments La terre qui se divise en p re et m re c est effectivement la structure de l ordre bourgeois et de l ordre moderne Chaque figure ayant elle m me deux dimensions Le patrimoine a deux fonctions une fonction productive le domaine de l homme dans l agriculture des ann es 1960 et une fonction poli tique la cit l organisation de la pro fession Et puis du c t de la m re il yala maison la nourriture le jar din et aussi le symbolique fond sur la valeur de la f condit Et dans la profession on a ces deux dimen sions elle recouvre la fois des fa ons de s organiser ce qui est la dimension du p re et une dimen sion symbolique tr s forte qui date des d buts de l agriculture qui est la f condit J appelle cela une conven tion sociale de qualification C est l un axe fort du r le social de la profession Cela appara t d ailleurs dans le sondage BVA 94 des son d s pensent que l agriculture est faite pour nourrir la soci t C est comme cela qu on qualifie l
116. nc blanc et noir Il est tait une fois Adam agriculteur et il y avait Eve la maternit le jardin secret Et au milieu ils avaient arbre frites Il y a pas quelqu un qui vou drait jouer arbre frites Lili je vous rassure je cueillerai la frite d une fa on tr s d licate Victor Personne Pas grave on va int grer la valeur dans l image ima ginaire il est l Varbre Lili Je vais choper la frite Victor Adam ne voit rien Lili Ah une frite mure C est pour moi elle a plein de valeur ajout e Elle est travers e par une image magnifique Victor Tu vas faire de la surpro duction celle l elle est grosse Lili Tu crois Victor Oui c est une frite subven tionn e c est normal Bon allez Cueille l Voil La f condation commen a Dans la t te d Eve viennent se m ler des images complexes cherchant l identit de l agriculture Le projet commen a na tre mais il est d une complexit extraordinaire on cher che le fil pour trouver le projet com mun Et puis neuf mois plus tard enfin deux jours plus tard l Univer 44 9e universit d t de l innovation rurale sit d Et allait enfin accoucher 1 tend un drap blanc masquant Lili au public Lili Il fait chaud c est vraiment pas le moment de tomber enceinte Avec la chaleur qui fait Et puis il est lourd le projet il p se il p se Victor Nous sommes d j le 7 ao t il e
117. nces A la t l si vous voulez commencer expliguer les m langes ce n est pas possible Entre traditions et OGM Pour revenir aux traditions nous ne les garderons que si nous r ussissons les adapter notre poque en parti culier aux 35 h Moi aussi paysan je veux mon week end et nvarreter 6 h du soir comme vous Et si je ne peux pas vous n aurez plus de tra dition vous n aurez plus le choix Vous aurez du br silien et des OGM Bien que les OGM soient d j une r alit depuis cinq ans Dans le monde la surface utile en OGM est gale la surface fran aise J ach te 75 de prot ines l ext rieur or 75 du soja mondial est OGM Le calcul est simple mes cochons sont nourris avec 50 OGM Hier vous avez donc mang des OGM midi vous en mangerez ce soir aussi Ainsi va le progr s Alors autant en prendre ses avantages et apprendre g rer et ma triser ses inconv nients C est ainsi que humanit progresse Si on avait appliqu le principe de pr caution aux recherches de Marie Curie elle n au rait pas trouv le radium et vous n auriez pas de radios Il ne peut y avoir de libert dans aveuglement Pour conclure il ne peut y avoir de libert dans l aveu glement et dans la m connaissance or plus on s loigne de la pratique plus on devient aveugle Aujourd hui onintellectualise on conceptualise on virtualise et l informatique n ar range
118. nde agricole serait il ce point singulier qu il ne serait d finitivement plus acces sible ni compr hensible Sauf qu tre une minorit singuli re est le lot de tout groupe social dans des soci t s modernis es atomis es Il n y a plus que des minorit s singu li res D une certaine fa on la sin gularit est une banalit C est sur cette banale singularit ou cette singuli re banalit qu il faut r fl chir afin de ne pas enfermer un sec teur professionnel dans une singularit qui le confinerait au ghetto etle couperait de toute pos sibilit d changes et de respiration avec l autre Je ne crois pas d finiti vement que l enfer ce ne soit que les autres mais je ne crois pas non plus pour reprendre Antichambre du Paradis de Zinoviev qu il faille pen ser qu il y a premi rement nous et deuxi mement tous les autres Il y a nous parmi d autres J attire l at tention sur le fait que cette exacer bation de la singularit conduit penser assez spontan ment gu il existe des groupes plus dignes plus int ressants plus nobles dans leur fonction plus citoyens et pourquoi pas puisqu ils ont jou un r le aussi fondamental dans la conqu te de la R publique les seuls R pu blicains possibles C est sur ce fond l que dans les ann es trente sont mont s les courants qui ont conduit la grande coupure du monde pay san d avec le reste de la soci t Per sonne i
119. nde guerre mondiale C est avec ces rapports sociaux que sest maintenue plus longtemps qu ailleurs une dominance des familles abritant plusieurs g n rations familles individuelles de l Ouest cela se traduisait dans une organisation des collectifs de travail et une repr sentation du travail sensiblement diff rentes dans les deux cas La question du changement des images et des repr sentations n est donc pas un chantier de communicants par contre la communication mobi lise plus ou moins habilement des images et refl te les sensibilit s col lectives A mon sens elle est partie active du monde des m dias C est un chantier beaucoup plus vaste qui repose sur mergence de comp tences collectives et que l on ne peut appr hender qui si l on en d finit les enjeux Et l information dans tout a Est elle plus du c t de la r alit que du c t de l imagination La ques tion n est pas l Tout fait partie de la r alit car on r ve tous les jours L information passe par une com munication formalis e Elle peut tre ambigu vraie ou fausse selon in tention qui l accompagne Ce n est que du point de vue du sens qu elle peut tre une contre v rit S il y a un probl me d information dans les relations agriculture et soci t il se situe au niveau des circuits ou des vecteurs de l information qu il s agit des questions techniques ou ali mentaires Mais il
120. ndes surfaces compensent le manque de chaleur par l abondance d images parfois trompeuses Avec des rayons de pro duits de terroir de vins de pays Les d cors les tiquettes les emballages sont lev s au rang de signes de qua lit Bref tout serait fait pour inciter acheter surtout pas r fl chir ajoute Brigitte Pr vost Ce gui n em p che pas que la responsabilit soit collective O sont les rem des Pour les agriculteurs comme pour les distributeurs le consommateur ne doit pas tre un moyen mais une fin La premi re raison d tre de l agriculture a toujours t alimen tation urbaine Elle doit le rester Mais les consommateurs par in term diaire de leurs associations doivent tre clairement inform s Ils doivent aussi contribuer la r flexion participer aux instances professionnelles agricoles et faire part de leurs choix en amont de la production Pour cela la formation la consommation doit tre int gr e aux programmes scolaires y compris au niveau des coles d agri culture Car il appartient au consom mateur de prendre l initiative d un changement L agriculture entre esclavage et libert Vous avez dit formation Les pro fesseurs de TENFA sont charg s de former les enseignants de lyc es agricoles qui paradoxalement sont souvent des urbains Les principaux axes de r flexion de ce groupe ce qu est et ce que devrait tre agri cul
121. ne fait que conti nuer et peut tre que ce qui vient de se passer va contribuer faire rebondir l aspiration un d bat col lectif partag L agriculture reste une grande affaire politique une grande affaire citoyenne Cette Uni versit l a rappel avec une tr s grande sagesse une tr s grande maturit L change par principe La deuxi me piste est celle de change par principe Il a m me t parl de m tissage L image est belle elle est forte s agissant de l agriculture de l alimentation de l environnement Tout citoyen est responsable de ne pas laisser isoler un groupe parmi d autres Ce qui me frappe c est que les agriculteurs certains moments de leur d ses poir pensent qu ils ne sont pas attendus C est un malentendu Ils sont attendus mais pas de la fa on dont ils voudraient l tre C est le d but d un d bat Se universit d t de l innovation rurale 53 images valeurs d changes Le vivant en questions Troisi me piste le vivant en ques tion Est ce que le xxIe si cle peut prendre au s rieux cette assertion tr s simple L animal n est pas une chose En disant ceci je ne plaide pour le droit de animal je n ai pas dit que l animal tait un tre humain Je pense que le droit est une construction humaine et cela ne veut pas dire que nous n avons pas des droits sur les animaux Est ce que nous pouvons en d battre au fond politiq
122. ne s agit pas d une simple insuffisance de la diffusion d une information qui serait objec tive techniques scientifiques de pro duction ou de nutrition Il s agit plut t d une insuffisance de connais sance Le projet de la Science est de repousser la fronti re de la non connaissance Mais c est aussi pour rait on dire le projet de toute cul ture qui tend vers une vision globale du monde Par extension je dirais que c est aussi le contenu de toute appr ciation qualitative ou norma tive qui certes renvoie des stan dards mais qui se d finit aussi comme compl te Les questions de qualit sont au c ur des probl mes de communication Elles compor tent de nombreux aspects et pas plus qu elles ne se r duisent une ques tion d information elles ne peuvent se r soudre uniquement au niveau local dans des forums de r sidents ou de consommateurs quand bien m me vous avez soulign justement l importance de ces forums Les par ties prenantes de ces questions sont aujourd hui nombreuses Le monde rural n est en rien un bloc face la soci t Agriculture et soci t les changes conomiques Je vais reprendre les deux niveaux qu a distingu s hier Saadi Lahlou Il a indiqu qu il y a deux l ments qui changent Le premier concerne des raisons conomiques qui poussent une transformation de la nature des produits Le second est loi gnement des consommateurs de la productio
123. nicit tradition hygi ne cologie authenticit etc Voil autant d univers culturels en confrontation que nous n arrivons pas mailler croiser une authen tique question de psychologie inter culturelle Je terminerai sur une petite image que je voudrais vous renvoyer J aj le sentiment que peu peu agricul teur se r duit l tat de simple agent conomique se virtualise dans la crainte Et je repensais tout coup ce que j ai vu ce matin en venant la conf rence un CD accroch dans un arbre pour loigner les oiseaux Etje me suis dit Tiens pouvan tail n est plus anthropomorphigue ce n est plus un homme Aujour d hui pouvantail c est le digital 22 9e universit d t de l innovation rurale l agriculture en repr sentation CONFERENCE 6 ao t R mi La r alit de R mi Mer est consultant de pormation ing nieur agronome Il s est sp cialis dans le traitement des di herentes crises par les m dias comme celles de la vache polle Pour lui l agriculture est un terreau de paradoxes de symboles et de mythes Une jertilit d autant plus dipbicile g rer pour l agriculteur que certaines de ces repr sentations sont totalement d racin es par rapport la r alit de son activit tel cet arbre frites que cherche un jeune banlieusard Et pourtant parce qu elles existent dans la t te de certains m me les images
124. nsions Celle ci serait une sorte de diamant impossible de refaire le lien entre les r alit s du monde agricole et les ima ginaires du monde urbain Chacun y va de sa suggestion sachant que le changement de repr sentation ne passera ni par les m dias ni par la communication publicitaire Et les uns de pr coniser un dialogue approfondi entre les organisations professionnelles et les organisations interm diaires associations de consommateurs de protection de l environnement parents d l ves syndicats etc Les autres de privil gier la formation tant pour les agriculteurs que pour les consom mateurs De toute fa on il y aurait l un long travail de p dagogie mener Et puis il y a ceux qui se ran gent r solument du c t de l image et de la culture C est l artiste qui mettant l uvre son imagination fabrique de nouvelles lectures de ce monde les conteste et en propose de nouvelles formule ainsi Michel Duvigneau enseignant et f ru de cin ma Le po te Jos Muchnik pro pose lui de reconsid rer l int r t du langage po tique et plus largement de la dimension anthropo tique des mots de l alimentation Dans cette m me veine Julien Taunay du r seau Civam agriculture durable affirme que l aliment pourrait deve nir un objet d changes et donc un reconstituant de lien Bref une m diation qui serait une nouvelle fa on de concevoir l interaction et une nouvelle i
125. ocialement construites Cette construction est celle des savoirs au sens g n rique du terme Les repr sentations gu en ce sens on d signe souvent comme conventions sociales notamment ce qui est de l ordre du go t de la qua lit ou encore de la responsabilit sont des formes de savoirs sociaux pour un sociologue ou institu tionnels pour conomiste que je suis Dans ceux ci il y a la trace des arbitrages des valeurs de la poli tique Mais une fois encore il faut souligner la r sistance temporelle des institutions sociales qui pour tant ne reposent que sur des repr sentations A cet gard il faut citer le c l bre ouvrage de Marc Bloch qui oppose les pays de champs ouverts et ceux de bocage ainsi que la France des familles largies ou nucl aires et souligne que ces structures sont stables sur plusieurs si cles et ne se transforment que sur de tr s longues p riodes 3 La Chalosse tout pr s d ici lorsque j ai fait des enqu tes sur le m tier d agriculteur en 1985 tait encore une soci t rurale avec des familles collectives 4 op pos l autre terrain d enqu te dans le Morbihan Landes de Lanvaux tait marqu par les caract res des 3 Bloch M 1931 Les caract res originaux de l histoire rurale fran aise 1re d Oslo 1931 r d Colin 1952 1988 316 p 4 Dans cette r gion le m tayage s est maintenu jusqu apr s la seco
126. od les de pro duction je pense gul ya une chance historique pour l agriculture de dire Voil comment nous allons g rer l industrie du vivant Il y a un posi tionnement prendre au quotidien dans les associations dans les rela tions avec les distributeurs dans les relations avec les consommateurs dans les relations avec les collectivi t s locales Samuel Ferret sociologue Juste une remarque g n rale sur le compte rendu des ateliers et sur l orientation des d bats On n a pas manqu de m moire dans nos dis cussions pour voquer l agriculture d hier On n a pas manqu non plus d images pour voquer l agriculture d aujourd hui En revanche je trouve qu on manque cruellement ima gination pour dessiner l agriculture de demain On n en a finalement assez peu parl tant en terme de mise en perspective la fois pour la soci t et pour l avenir des acteurs de l agriculture Cela fait d faut et cela rejoint je pense la question du projet Sur quel projet pouvons nous collaborer ensemble pour comme disait Bertrand Hervieu faire terre ensemble 50 l 9e universit d t de l innovation rurale CONFERENCE 7 ao t Bertrand Hervieu Pr sident de lnra Neuf paradoxes et quatre pistes pour avancer Deux jours prendre des notes sur un bloc pos m me les genoux absorbant comme une ponge les propos chang s Des heures couter distinguer
127. on intensive est la seule solution viable Deuxi mement je suis tonn e que nous n ayons pas parl des nouvelles technologies notamment Internet Il me semble que si je voulais faire de la qualit et que mon produit ne puisse pas s couler uniquement localement une fa on de commu niquer avec les autres serait de pr senter mon travail sur un site web Les gens pourraient au moins visiter virtuellement mon exploitation voir mon visage mes ch vres ou mes vaches etc a rend les choses un peu plus concr tes et on sait qui s adresser en cas de probl me Je ne sais pas quel sera le r le d Internet plus tard mais je pense qu il permet une vraie volution puisqu il offre une diminution des co ts de com munication qui fait cho une dimi nution des co ts de transport Cela explique que l offre soit mon dialis e Ainsi on a tous mang chi nois un jour dans notre vie C est le reflet du fait que les produits circu lent beaucoup plus sur la plan te qu avant Comme la quantit de nourriture que nous pouvons consommer par jour n est pas tr s lastique cette diminution des co ts de transport et de communication est importante pour l organisation du secteur agricole En effet la com p tition entre les produits est tr s forte C est pour cette raison je crois qu il a un vrai mal tre de agricul teur il est en comp tition avec beaucoup d autres agriculteurs notamment l
128. on ne mange presque plus ni de l un ni de l autre La fili re cunicole est extr mement embarrass e par ce chan gement de repr sentations et essaye de renverser la tendance avec de la communication mais c est tr s dif ficile voir les remarquables travaux de Merdji 2001 Malchance pour la fili re agro ali mentaire les repr sentations y sont particuli rement pr gnantes en rai son m me des sp cificit s psycho logiques de l alimentation marqu e par la pens e magique L homme croit ainsi qu il devient ce qu il mange C est le principe d incorpo ration il s imagine qu il va prendre personnellement les caract ristiques de ce qu il mange Fischler 1990 Lahlou 1998 Les travaux de Paul Rozin 2 ex Rozin et Nemeroff 1989 sont cet gard particuli re ment d monstratifs les sujets refu sent vigoureusement d ing rer des substances psychologiquement contamin es sans pour autant que leur valeur nutritive soit mauvaise ou pr sente un danger sanitaire quelconque Par exemple une exp rience tr s classique de Rozin et tout fait reproductible consiste prendre un verre de jus orange dans lequel on a tremp un cafard M me si le cafard a devant le sujet t st rilis dans une tuve et enlev du verre personne ne veut le boire ou du moins tout le monde pr f re un jus orange qu on n a pas cafar dis De m me essayez de boire la salive de quelqu
129. ouler de source A l oppos il y a l agriculture r elle qui utilise des techniques modernes pour produire Il r sulte de cette dissociation une forme de d nigre ment ou de vision un peu n gative de l agriculture avec des a priori les agri culteurs vivent sur le dos des contri buables ils d pendent des subsides publics ils polluent ils gaspillent l eau Et puis il y a aussi agricul ture porteuse de mort Donc une dis sociation tr s importante Il y a eu ainsi une remarque tr s int ressante d un des participants oui je veux tra vailler dans les campagnes je veux vivre dans la nature Et non pas je veux produire de l alimentation Cercle 5 Rapporteur Anne Marie Grani La recherche de la rencontre avec MON paysan MON produit est la mode Notre groupe comprenait deux agriculteurs Premier point nous avons relev un paradoxe entre d une part les images sur la diversit des agricultures et des agriculteurs 9e universit d t de l innovation rurale 17 et d autre part une repr sentation uniforme du m tier Cela nous a sembl tr s g nant S y ajoute selon nous une faible contestation du sys t me qui a pourtant produit une image n gative et une crise de la repr sentation Le citadin n o rural ne sait pas parler avec agriculteur Il y a l un probl me de code et de connaissance du m tier Et toute course au profit semble source de repr sentations n
130. ouver des alternatives la question Sauf que cette derni re est centrale pour l identit culturelle des agriculteurs mais aussi du ban lieusard et de son arbre frites C est l arbre de r pondre pas la frite Samuel Ferret sociologue N y aurait il pas un autre paradoxe mais interne la profession agricole On dit que l agriculture n a pas int r t Jean Luc parce qu il me plaisait 0US SES cochons se penser ext rieur de la soci t or il me semble qu aujourd hui le monde agricole tel qu il est struc tur convie penser le contraire Beaucoup de faits contredisent encore cette volont d ouverture aux autres acteurs R mi Mer Les agriculteurs ont beaucoup chang C est r cent mais l volution est positive Cela reste cependant un exercice difficile Vous chercheurs vous accepteriez qu on vienne vous emb ter sur l objet de vos recherches la mani re dont vous publiez Certes vous le faites mais dans le cadre de comit s scienti fiques pas d un d bat social et public D prise et d pression Fran ois Guillon Cnam et Isab Actuellement avec mon quipe nous travaillons sur l image agroali mentaire bretonne Nous constatons qu un certain nombre d l ments rel vent en fait de analyse marke ting des probl mes de positionne ment de produits ou d image globale Dans ces tudes nous avons constat que les Bretons sont plus s v res avec eu
131. pas une activit comme les autres Ce n est pas pour autant qu il faille cultiver cette sp cificit et encore moins pour s isoler sociale ment Mais c est pr cis ment pour cette raison que l agriculture doit faire l inventaire de ses sp cificit s la relation au vivant la production d aliment la relation aux milieux naturels son inscription spatiale et historique dans le paysage C est pr cis ment parce que ces enjeux sont pos s l agriculture que celle ci est sp cifique M me fausses les images existent r ellement L agriculture est un terreau propice la cr ation d images paradoxales Des contradictions dont certaines m ritent d tre lev es et d autres entretenues Il faudra apprendre vivre avec Ainsi si l activit le vage est maintenue il faudra accep ter l id e que les animaux devront tre abattus pour tre consomm s et assumer cette contradiction L in t r t du paradoxe c est qu il contient cette contradiction Les paradoxes nous obligent donc penser ensemble le tout et son contraire Cette dialectique comme les d bats d ici tournent autour des contradic tions entre nature et culture entre industriel et artisanal Et il faut ajou ter naturel et artificiel paysage construit et paysage donn vivant et mort Il faut reconna tre que quand on est agriculteur ces questions peu vent tre sacr ment douloureuses porter ou au contraire ri
132. pe de jeunes de la banlieue Un de ces jeunes visitant exploitation demande voir arbre frites Et le gamin a t vex que sa question ne soit pas prise au s rieux Sa repr sentation fut elle per ue par nous comme ridicule est tout aussi importante et sa non prise en compte d cr dibilisait sa d marche agricultrice a alors eu la pr sence d esprit de lui expliquer ce qu est une pomme de terre Pour ce jeune les pommes venaient des arbres Il n avait aucun lien entre la frite et ce l gume venant de la terre mes yeux l arbre frites est une image symbole forte pleine de contradic tions entre l id e de racines et ph mere Un mot valise bourr d images de r ves et un ter rain d aventures pour qui veut com muniquer Derni re anecdote un peu plus r cente dans le cadre d une porte ouverte dans une ferme exp rimentale de Bretagne l intention des lus et des associations L objet de cette ferme est d tudier les effets de l activit agricole sur environne ment et les milieux naturels La visite s est parfaitement d roul e Les res ponsables ont tr s bien montr le protocole exp rimental C tait un discours technique parfait A issue de cette visite je demande au tech nicien comment s appelle la rivi re qui passe en bas de la ferme Il me demande pourquoi je lui demande cela et je me contente de lui r p ter ma question Il me r pond nou
133. pression en nV tonnant d une guasi absence du theme de la gua lit dans les discussions Puis je d velopperai guelgues remargues autour des notions imagination imaginaire de repr sentations Ensuite je traiterai les rapports entre agriculture et soci t sous deux mie et sociologie rurale es oiseaux pourquoi des frites des arbres angles celui des produits de Vali ment de l change conomique du rapport producteur consommateur donc un aspect plut t individuel et celui de la profession et des acteurs sociaux donc un aspect plus collec tif du probl me Pour r fl chir aux rapports entre agriculture et soci t il jaut introduire un tiers Comme je l ai dit j ai t tonn que l on parle assez peu de qualit de signes de noms d origine de marques etc qui sont des v hicules d images Aussi il m a sembl qu il y avait eu un absent dans nos changes ou qui peine a t vo qu c est le produit aliment que Von mange ou bien aussi le paysage en tant gu objets mat riels et imma t riels la fois Certes la nourriture s impose comme l interm diaire des relations agriculture soci t Cela nous a plac d embl e au niveau des repr sentations globales de agri culture et de ses fonctions Avant de revenir sur ces questions je vou drais remarquer que nous avons tous une relation mat rielle avec les objets de l agriculture ne serait
134. qui sont int ress s l objet On le voit bien au niveau politique C est pour cela que le d bat dans les m dias est si important chacun essaye de chan ger la repr sentation pour que tout le monde voie midi sa porte Et la repr sentation est un enjeu d autant plus fort dans le d bat que les objets mat riels sont loin car d s lors la pra tique ne peut pas la moduler la repr sentation est seule agir S il est possible dans une certaine mesure de changer les repr senta tions les essais de persuasion des consommateurs pour modifier leurs comportements dans le domaine ali mentaire en les endoctrinant avec des arguments rationnels sont vou s l chec comme on le sait en psy chologie sociale depuis les travaux de Lewin 1943 Dans les ann es 40 pour faire face aux restrictions dues la guerre le gouvernement am ri cain a essay de faire manger des abats la population Cela n a pas march Ou plut t on s est aper u qu il ne suffisait pas d essayer de per suader les gens il faut les faire par ticiper au changement Une campagne de communication des cendante a tr s peu de chances de produire des effets ou du moins des effets durables Autrement dit ce n est pas en d montrant scientifi quement que le chien est comestible ni en le r p tant dans des spots radio qu on d veloppera la consommation de bouche de chiens en France L ignorance de ces faits scientifiques pa
135. r sentations est sociale L imagination a une base mat rielle Certes les images sont des immat rialit s mais elles sont mat rielles par leur origine et par leur efficacit puisqu elles peuplent le monde L imagination a pour source exp rience sensible avec des objets et plus fondamentalement avec les l ments Et puisque la po sie tait convoqu e je pense qu on ne peut pas parler d image sans se r f rer Bachelard qui a publi La Psycha nalyse du feu L eau et les r ves L air et les songes et deux tomes consacr s la terre La terre et les r veries de la volont et La terre et les r veries du repos 2 Comme me l a fait remarquer Cathe rine Boyer Durrieu la terre labou r e est peu pr sente dans les images tudi es par Bachelard sous le signe de l ment terrestre Toutefois la terre labour e a sa place dans l ima ginaire de la volont Elle me para t se rapporter diff remment ima gination du laboureur et celle du paysan D une part le labour fait par tie des combats du travail contre la mati re r sistante voir dans les R veries de la Volont tout ce qui concerne la volont de travail notamment le chapitre I D autre part dans l imagination du paysan non pas au moment du travail mais celui de la satisfaction de l uvre accomplie la terre labour e voque l tendue Voir loin c est la r ve rie du paysa
136. r un certain nombre de d cideurs et l approche na ve qui s ensuit dans la construction des campagnes de communication n aboutissent en fin de compte qu augmenter la d so rientation et la suspicion des consommateurs C est sid rant cela fait 50 ans qu on continue faire cela R guli rement j expertise des projets qui visent faire de endoc trinement du consommateur et cela n a aucune chance d aboutir La construction des repr sentations sociales et des pratiques est un pro cessus long n goci progressif et qui n cessite la participation des acteurs concern s Cela passe par une sympathie pour ces acteurs un effort de compr hension de leurs points de vue le respect de ces der niers et une ouverture construire les mod les avec les utilisateurs J in siste sur avec et non pour les utilisateurs Ce qu on fait pour l autre on le fait l autre Que faire N gocier avec les acteurs les changements de pratique pour changer la repr sentation travers l ducation l exp rience directe et aussi travers la r glementation Toutes les initiatives qui procurent des exp riences directes aux indivi dus multimodales comme on dit en psychologie c est dire pas seu lement sur le plan symbolique mais physique seront plus efficaces que la communication On peut citer les classes du go t le tourisme vert les journ es Portes Ouvertes On sait que l
137. radoxe le paradoxe d Etat L agriculture est une affaire d Etat Ceci a t rappel par notre coll gue conomiste notamment sur les questions lourdes de r gu lation qui se posent derri re la construction de la s curit quanti tative alimentaire des populations Une affaire lourde donc qui ren voie la question de la formation des prix en agriculture et de inter vention de la puissance publique Pourquoi un paradoxe d Etat Parce qu au fond cette question n arrive pas se clarifier contractuellement clairement Bien qu elle soit une r alit exceptionnelle elle est v cue comme une maladie honteuse Alors que cette affaire devient une question majeure au plan mondial je suis frapp qu un si cle de tradi tions de relations entre VEtat et la question agricole et alimentaire ne parvienne pas atteindre la matu rit politique que l on pourrait esp rer pour en faire un exemple Le paradoxe de l abondance Le huiti me paradoxe est celui de l abondance Probablement le fait le plus fondamental qui nous tra vaille tous individuellement et col lectivement de la fa on la plus forte et la plus inconsciente tient ce que nous sommes la deuxi me et bient t la troisi me g n ration qui pour la premi re fois dans l histoire de l humanit vit comme si nous avions l assurance de manger notre faim tous les jours jusqu notre mort C est la premi re fois dans l histoire
138. ran aise au sein de l Europe et du monde Que craignent les Fran ais Une agriculture administr e une agriculture traditionnelle OPA s e vol e par le g n tique une agri culture am ricanis e et producti viste une politique agricole commune incapable de nous d fendre et de g rer les crises Autant d l ments qui conduisent dans l esprit des Fran ais une fra gilisation statutaire et identitaire de l agriculture fran aise ainsi qu une v ritable compassion envers agri culteur qui pendant tr s longtemps a t per ue comme une personne assist e A pr sent il est plut t vic time d un syst me qui le d passe confirme G rard Lopez L int gralit du sondage BVA peut tre consult e sur le site de la MAA www agrobiosciences org Se universit d t de l innovation rurale 7 INTERVENTION Saadi Lahlou Psychologue Les repr sentations Sont des esp ces vivantes Quand Saadi Lahlou explique nos comportements alimentaires et les m canismes de notre imaginaire tout devient limpide Une parole calme et claire dense et nette Ce psychologue sp cialis dans les repr sentations sociales et pondateur de l Observatoire national des consommations alimentaires anime aujourd hui le Laboratoire de Design Co niti au sein d EDF R amp D et a notamment crit Penser Manger PUF 1998 qui constitue une r f rence dans le domaine
139. rien Alors on essaie de trouver des informations par la formation en particulier dans les grandes coles qui donnent des dipl mes et des cl s mais pas toutes Certains par fois restent au ch mage Aujour d hui si je suis la tribune c est parce que j ai fait une tr s grande cole HEC les Hautes Etudes Concr tes Finalement ma cl c est le concret un passe partout fait d observation et de bon sens paysan que je suis pr t partager Il faut r inventer une nouvelle forme de relations entre agriculture et soci t qui passe par le v cu des motions et leur partage D autant que c est dans change que les hommes grandissent 9e universit d t de l innovation rurale 43 images valeurs d IRRUPTION DE BATACLOWN 7 ao t Sac de n uds Lili Il y a beaucoup de points entre la culture et l agriculture d ailleurs on vous appelle pas intermittents de l agriculture mais a va venir Victor Nous on est un petit peu les agriculteurs du spectacle d une certaine mani re on re oit aussi beaucoup aides de l Etat Sinon on s en sort pas nous aussi on cul tive le bien commun il faut pas ou blier Lili se voilant de blanc Je suis Eve et je suis payscultrice Victor vetu de noir Moi c est Adam je suis agriculteur On va vous faire l histoire des temps d au trefois D j l poque la t l vision avait frapp c est un r cit noir et bla
140. rises de parole au cours des d bats de noter qu il y a toujours sous jacente l vocation d un moment qui serait le Bon moment de l agriculture et que c est celui qu il faudrait ou retrouver ou figer avant la Pac apr s la Pac la fin du xIxe avant ou apr s la seconde guerre mondiale chacun son moment Cet instant fait partie de nos imaginaires de la construc tion de nos r ves et n est jamais explicit car s il l tait il s effon drerait Pour illustrer il suffit de reprendre les 15 derni res ann es d histoire de la Politique Agricole C est comme si c tait toujours mieux avant Voil quelques points en forme de paradoxes dont l intensit para doxale n est pas de m me nature pour les uns et pour les autres Vai simplement voulu les rappeler pour essayer de comprendre pour quoi il est si difficile aujourd hui en France et en Europe de penser un projet pour l agriculture qui soit dans la continuit des d bats qui la traversent et en nouveaut au regard de ce contexte local et mon dial qui l enserre Alors comment sortir de cette num ration et comment avancer Comment poser les marches de la construc tion de ce projet Je donnerai quatre pistes La piste politique La premi re est politique et il y aurait fort craindre que les d ci sions prises en mati re de Politique Agricole Commune donc de poli tique publique viennent tarir le d bat Le d bat
141. s sommes dans le bassin versant de Quimper Je r it re ma question Cette rivi re a un nom enfin Il me dit c est le Steir ce qui en breton signifie justement la rivi re Pour quoi ne pas nommer les choses Comme quoi cela ne va donc plus de soi que l activit agricole soit int gr e dans son environnement son territoire ou dans une cha ne ali mentaire Non cela ne va plus de soi pour beaucoup de nos conci toyens Et si demain cela n allait plus du tout de soi y compris pour les agriculteurs est ce important Per sonnellement je suis tent de penser que ce serait tr s grave Au passage pr cisons lorsqu on parle des agriculteurs il y a plu sieurs agricultures et plusieurs types d agriculteurs M me chose quand on parle des relations entre les agri culteurs avec la soci t Les agricul teurs sont aussi dans la soci t Mais au del de cette vidence ce qui nous int resse c est le type de rela tions que les agriculteurs entretien nent avec la soci t et la soci t avec ses agriculteurs Premier postulat l agriculture n a aucun int r t se penser en dehors de la soci t De m me que les jeunes immigr s les retrait s ou les intermittents du spectacle aujour d hui Tous ces corps sociaux ont int r t se penser dans la relation et la place qu ils occupent r ellement et symboliquement dans la soci t Deuxi me postulat l agriculture n est
142. s de Fran ais et qu il faut que les 60 millions connaissent au moins un paysan je me suis fix une classe de d couverte par semaine rires Et pis y vaut mieux pasque si on n est plus que 100 000 a fera deux classes de d couverte et pis quand on sera 50 000 trois classes de d couverte et pis j vais faire que a Oh l mon petit Lili Je viens du zoo urbain moi Je m appelle M tis Victor Oh putain Lili Je suis venu voir comment cest foutu un paysan C est la rencontre du dernier type hein Alors qui tes toi Victor Bonjour jeune homme Lili lui tape dans la main Putain j vais lui envoyer les chiens si a continue pour le calmer Bon as vu je suis agriculteur Lili regardant la veste de Victor constell e de taches de peintures C est crade Victor Mais non C est les projec tions de la soci t sur moi J ai pas commenc que j en ai pris plein la gueule Si a te fait rien j enl ve les traditions parce que a metient chaud au capot il enl ve son b ret Lili Bon alors c est l Elle d signe l auditoire Victor Eh oui Mon nouveau truc c est le poulailler id es C est un concept que j ai invent quand j ai vu un gosse qui m a demand o tait arbre frites Et moi j ai pens poulailler id es J suis all G rone j ai vu le maire ils m ont fil du pognon en me parlant des juifs j ai pas compris mais avec a j ai
143. s de sadapter leurs propres avanc es Cela nous a conduits aborder les probl mes de la formation des agriculteurs o manque le volet communication L ouverture des agriculteurs a gale ment t voqu e sachant que le monde agricole est peut tre un peu vieillissant et que les agriculteurs d aujourd hui ont une plus grande facult d ouverture que ceux d hier M me chose avec la repr sentation des agriculteurs dans les instances agricoles En conclusion nous nous sommes pos cette question faut il organi ser la nostalgie Cette phrase est de l un des membres du groupe Ce qui du m me coup nous a rendus un peu moins nostalgiques car la nou velle PAC qui se profile prend en compte notamment la diversifica tion des exploitations et les demandes de la soci t en termes de paysages Cercle 3 Rapporteur Agn s Terrieux Il y a autant dimasinaires que dimaginants Nous nous sommes essentielle ment interrog s sur la mani re dont on avait construit les images et les imaginaires de l agriculture Etnous nous sommes mis accord sur le fait qu il y avait plusieurs agricultures et qu il y avait autant imaginaires que d imaginants Car le passage de la tradition la modernit se fait tra vers l histoire de chacun chacun a une image de l agriculture qui lui est propre Toutefois nous tions galement d accord pour dire que le probl me de l image de l agriculture
144. s en plus choisi par les jeunes qui ont le plus sou vent eu une autre activit avant de s installer M me s il y a quelques secteurs de production o on le fait encore un peu par d faut Et le fait qu ils aient choisi est une bonne chose cela responsabilise agricul teur Moi je ne trouve pas idiot qu un agriculteur dise tiens je vais faire cela pendant quinze ans Pas plus Ou qu un cologiste fasse une exp rience paysanne Bien s r chaque m tier a ses sp ci ficit s Et celles de la sant de la cul ture ou de l enseignement ne sont pas mineures C est justement cela qui inqui te aujourd hui les agricul teurs un peu emb t s d ouvrir leur porte pour discuter avec d autres car ils savent qu ils vont tre remis en cause Du moins ils ne sont pas s rs de la mani re dont le dialogue va s installer L objet de leur activit est questionn par leur environnement Ce n est pas rien La voil la sp cifi cit les gens sont en droit de venir emb ter les agriculteurs sur ce qu ils font pour plein de raisons Quant savoir s il est encore essen tiel de voir l agriculteur derri re le produit je reste persuad que c est une vraie question Sauf si l on n ad met pas la sp cificit de l agriculture Je suis convaincu gu il y a beaucoup d intellectuels que cette question l n int resse pas parce gu eux m mes l ont r gl e Ils ont la possibilit intel lectuelle de tr
145. s et abou tir une conciliation C est la seule mani re d en sortir Cercle 5 Rapporteur Bernard Mondy Faut il se battre avec les armes du marketing Nous nous sommes int ress s ce qui faisait image entre agriculteurs et consommateurs Avec cette ques tion l image de l agriculture passe t elle exclusivement par le produit et ce dernier doit il tre le seul pilier du syst me de m diation Nous sommes convenus qu il y a la fois un comportement d achat r gul par ces repr sentations des images qui sont de l ordre du comportement relationnel et ce qui rel ve plut t du lien avec l agriculture Enfin vien nent se greffer l dessus un certain nombre de st r otypes qui s impo sent via le marketing agro business et la grande distribution 16 9e universit d t de l innovation rurale Les campagnes publicitaires de la grande distribution v hiculent en effet des messages du type Nos r gions ont du talent qui ciblent au del du produit une certaine image de l agriculture qui fait valeur culturelle chez les consommateurs Autre aspect soulev au travers du produit il y a galement un r le d achat citoyen notamment avec les co label les produit bio les produits issus de l agriculture raisonn e Autrement dit on ach te un produit pour venir conforter un peu l image que l on a de sa propre identit Concernant la construction de ima ginaire
146. s et les propo sitions donn es par Bertrand Her vieu et par l ensemble des participants A titre personnel j ai t ravi de ce que j ai entendu aujourd hui notamment dans le cercle de conversation auquel j ai particip Quand certains probl mes ne trouvent pas de solutions il est habituel de les politiser au sens p jo ratif du terme mais ici j ai impres sion que le r le du politique est la fois bien cern int gr par tous et ramen sa juste mesure Midi Pyr n es est d une certaine mani re une petite France agricole qui r unit tous les types de produc tion et des territoires tr s divers depuis les plaines jusqu aux zones de montagne ce territoire est che val sur le massif central et les Pyr n es Dans ce cadre il est important de r fl chir la mani re dont nous autres les politiques allons pouvoir organiser la r gion en termes d agri culture d agroalimentaire et de dynamiques rurales et faire vivre ensemble toutes ces diversit s Le pire pour Midi Pyr n es serait en effet que l imaginaire soit r duit un patrimoine une sorte de devoir de m moire En m me temps faire vivre ces diversit s est extr mement compliqu car chacune d entre elles touche des histoires des rivalit s des tensions Nous y sommes en tout cas tr s attentifs et tr s engag s Sachez que cet exercice auquel vous vous pr tez depuis neuf ans concourt d ailleurs nourrir notr
147. s g n tiques Il serait temps que les scientifiques le monde agricole travers ses ins titutions et les collectivit s terri toriales et les pouvoirs publics soient capables de construire entre eux des processus de mutualisation des r sultats de la science Il s agit que des forces r gul es mutualis es capables d avoir un sens de l int r t g n ral sen emparent de sorte qu aucun moment nous ne puis sions dans cette premi re moiti de xxre si cle constater que loin d avoir ce qui est pourtant pr tendu sauver quelques sous continents qui n ont pas les premiers moyens technologiques de g rer ce mat riel g n tique nous les avons d finitivement priv s non seulement des nou velles ressources g n tiques mais aussi des anciennes et de celles qu ils ont aujourd hui Le pro bl me est l Et s il n y a pas l mergence d un d bat tr s fort autour de ces questions les scientifiques poursuivront leurs recherches les agriculteurs continueront de semer leur bl les politiques continueront de r guler mais les paysans du Sud continueront de mourir 54 9e universit d t de l innovation rurale CLOTURE 7 ao t Alain Fauconnier Pr sident de la Commission Agriculture et Agroa limentaire du Conseil R gional Midi Pyr n es Que peut la R gion dans toutes ces probl matiques Elle peut agir notamment en termes de territoires en d clinant les piste
148. s l aliment m dicament Autant de fonctions maternelles Du point de vue de la terre p re le rapport de agriculteur la terre patrimoine a galement chang Elle est devenue source d un bien commercialis le sol est devenu un objet d investissements financiers Se universit d t de l innovation rurale 1 1 et de rentabilit Que demande la soci t en r assurance par rapport ces rep res perdus Une appro priation des paysages le refus et la contestation du pouvoir des agri culteurs et un partage des terri toires Y a t il des rapprochements pos sibles des voies de r conciliation entre agriculteurs et soci t Sion part du lien la m re on peut peut tre r fl chir une mani re de par ler de la terre en termes de rapports humains de durabilit de modes de vie de terroirs de projets per sonnels et politiques Si on parle du lien au p re on peut voquer le ter ritoire l organisation collective les r gles publiques les outils cono miques le march et les techniques de production Si l agriculteur parle de son r le en respectant l quilibre entre ces deux approches terre m re et terre p re il y a toutes les rai sons de penser qu il entrera dans le processus de reconstruction du lien social par la force symbolique de ce m tier du vivant l entr e en mati re IRRUPTION DE BATACLOWN Elle avait pas la bonne repr sentation
149. sommaire dito entr e en mati re POINTS DE VUE 4 L apport de trois groupes de r flexion 5 Forum lectronique On marche beaucoup mieux sur la t te quand on sait que le monde est l envers 6 Un sondage exclusif BVA Il y a pour l agriculture une sorte de d ni du progr s de la part des Fran ais INTERVENTIONS 8 Les repr sentations sont des esp ces vivantes par Saadi Lahlou 11 Les rep res perdus du paysan nourricier et patriote par Catherine Boyer Durrieu IRRUPTION DE BATACLOWN 12 Elle avait pas la bonne repr sentation L agriculture en repr sentationls RESTITUTION DES TABLES RONDES 16 Des cercles vertueux 16 Paroles restitu es REACTIONS 20 Retour sur images POINT DE VUE 21 La figure du paysan comme lieu de fracture culturelle par Patrick Denoux CONFERENCE 22 La r alit de l arbre frites par R mi Mer EN DEBAT 26 J ai pous Jean Luc parce qu il me plaisait je n ai pas pous ses cochons POINT DE VUE 28 Quand le jeu de l image brouille l image du Je par Patrick Denoux IRRUPTION DE BATACLOWN 30 Mon nouveau truc cest le poulailler id es SYNTHESE 32 Si les arbres imaginent les oiseaux pourquoi des frites nimagineraient pas des arbres par Gilles Allaire Images et valeurs d changes INTERVENTIONS 40 Trois lectures du r el par Emmanuelle Auriol Jean Pierre strampes et Bernard Guidez
150. sommateurs En conclusion les questions sous jacentes nos d bats sont les sui vantes est ce qu il y a une crise professionnelle Est ce que la pro fession a un sens Est ce que le col lectif a un sens Quels sont les sens les formes que prend le collectif Cela interroge mon avis les inter m diaires qui sont plus nombreux que les seuls syndicats et dont nous faisons partie Se universit d t de l innovation rurale 31 Se U N I vV EE 50610015 E D 00E E NIAGES VALEU RS DEUCLHANGES S il n est pas question de faire l conomie de nos imaginaires il serait d raisonnable de se laisser aller la gratuit du r ve quand d autres comptent communiquent et vendent Tout a un prix dit on fami li rement En la mati re il nous faut bien faire l effort de comprendre les m canismes conomiques et organisationnels en jeu de cerner les effets et les r gles du marketing de prendre la mesure des repr sentations fauss es et d imaginer nous y revoil les pistes pour avancer Interventions tables rondes d bats et conf rences ont permis au cours de la journ e du 7 ao t de r introduire les r alit s des hommes des territoires des produits et de leur commerce pour esquisser ce que pourrait tre la construction collective d un projet m tissant le besoin de r ve et le rappel au r el images valeurs d INTERVENTIONS 7 ao t 10 heures
151. sra lienne d investisse ments sur la c te qui elle tait bien concr te Comme pour l univers pay san l image acquiert un tel ancrage que la r alit en appara t artificielle D une certaine mani re nous avons nous battre pour que ce croisement cet affrontement des repr sentations ne d bouchent pas sur quelque chose d autre que de Vinterculturation c est dire de la co construction de la pro duction d une r alit tierce que serait une nouvelle culture agricole cheval sur des l ments traditionnels des l ments scientifiques des l ments mondiaux de l agriculture Ne laissons pas d river cette culture naissante vers une virtualisation dans laquelle nous sommes d j de plain pied ce qui nous am nerait bien s r vivre une situation extr mement difficile Reste la question comment faire La r ponse est simple et compliqu e en m me temps je n en connais qu une la ruse en grec m tis le croise ment l agriculture en repr sentation IRRUPTION DE BATACLOWN 6 ao t Mon nouveau truc c est Cl turani la premi re journ e les deux clowns analystes ont eux aussi mais leur mani re synth tis les d bats O l arbre frite est remplac par des poules pondeuses id es et o les trois sc narios pr c demment expos s par Remi Mer sur les relations entre l agriculture et la soci t jont l objet d une 3 Convertis
152. st presque 11 heures l Universit va accoucher du projet qui va sauver l agriculture Lili D p che toi parce que je suis dans une esp ce de surproduction qui p se terriblement Victor Avant de partir sous les pla tanes elle accouche Je encourage Lili se met crier Ah c est s r il y a un narque qui a pris la parole Elle pousse des hurlements C est la presse qui se rebelle Elle g mit Aie l agriculture qui parle l je sens que a va venir et apr s vous pourrez arr ter vous aurez le projet fini Bon tu accouches ou pas Tu es pas venue pour les vacances il y a le Conseil R gional qui bosse lui Lili Je voudrais tre pr te pour le concert ce soir Victor s adressant aux premiers rangs Ne la croyez pas ils ont tra vaill s rieusement hier Je le dis parce que le monsieur du Conseil r gional l il faudrait pas qu il sucre la subvention Lili pousse un dernier hurlement Ah enfin le projet arriva Voici le b b de l universit Il tend bout de bras face au public un norme sac de n uds de toutes les couleurs Lili Mon petit Victor D une clart Il sait pas encore de quel c t aller Du coup il part dans toutes les directions Mais il est vaillant il est courageux comme sa m re Il tire les uns apr s les autres des petits bouts de ficelles emm l s Oh il y ala FNSEA qui est repr sent e aussi Ils y sont tous Le point fort cest le cordon un s
153. stait une sorte de d sir cach de retrouver plus de proximit entre l agriculture et l alimentation Une sorte de d sir de raccourci entre la fourche et la fourchette o indus trie agroalimentaire n a pas sa place D ailleurs nous constatons que cette l gitimit de agroalimentaire n est pas toujours recherch e par nos industriels Quand nous analysons la fa on dont ces derniers commu niquent nous nous apercevons qu ils utilisent la plupart du temps l agriculture dans sa version d cor bucolique Le d calage Deuxi me mot cl de ce sondage le d calage Un ph nom ne issu de incompr hension et de la m con naissance des volutions de agri culture par le reste de la soci t D o une majorit de visions exprim es de mani re n gative 64 des son d s pointent soit un syst me cono mique agricole en crise soit des risques des peurs et des atteintes l environnement v hicul es par ce secteur Des images qui sont for tement port es par un environne ment conjoncturel et m diatique explique le patron de BVA Plus grave au travers de ces r ponses les Fran ais donnent l impression de ne pas reconna tre les b n fices apport s par les progr s de l agricul ture depuis des d cennies une plus grande abondance alimentaire plus de choix plus de diversit plus de qualit et un certain confort alimen taire Ces l ments ne sont pas rete nus par
154. stat Nous ne fabriquons ni ne contr lons les images qui sont diffus es de nous Ce sont les m dias ou les syndicats qui le font pour nous et nous ne nous recon naissons pas forc ment dans ce qui est repr sent Est ce une sp cificit de l agriculture ou un ph nom ne g n ral Quelle l gitimit peut on donner ceux que nous mandatons s ils ne s valuent pas Quant aux consommateurs leurs repr senta tions de l agriculture sont non seu lement multiples mais versatiles et contradictoires Michel Dubourg pr cise Nous voulons tout et son contraire bon mais pas cher simple 4 9e universit t de innovation rurale mais performant rare mais dispo nible naturel mais propre Avec cette impression tenace Il y a trop images pass istes et fig es de l agriculture alors que c est un sec teur o le progr s technique a t constant Pourquoi cette image qui date des ann es 50 ou 60 Notre soci t a t elle besoin d tre rassu r e avec l image de la fermi re qui donne du grain aux poules Et puis il y a ce malaise souvent exprim par l agriculteur le manque de reconnaissance Alors que les rencontres individuelles semblent plut t faites de compr hension nous avons l impression d tre reje t s quand nous passons au plan col lectif Et il nous semble que plus nous communiquons moins nous changeons Un constat sp cifique l
155. sujet sujet dans la cha ne de production agricole Que le producteur puisse par exemple attribuer une vis e son activit en se repr sentant voire en personnifiant un consommateur et r ciproque ment Je voudrais insister fortement en disant que cette vision exalte un produit qui n existerait que comme un rapport entre deux sujets Mais ne s agit il pas de la caract ristique m me des soci t s archa ques dites communautaristes Celles qui per sonnalisent tous les rapports y com pris de production et ram nent le produit sa valeur d usage La nostalgie est d j construite En fait nous vivons l inverse le pay san est un sujet coinc entre deux produits La terre est devenue un pro duit foncier g ographique mus o graphique l aliment est aussi devenu un produit nutritif hygi nique Produit chang entre deux sujets et sujet coinc entre deux produits signi fient le face face tangible au niveau plan taire entre un mode de pens e individualiste et un mode de pens e communautariste Je terminerai par la nostalgie ma grande surprise la question a t pos e de savoir s il fallait organiser la nostalgie Mais cela fait tr s long temps que la nostalgie est organis e comme le montre la cr ation artifi cielle de traditions invent es drai nant vers la ruralit mais laquelle touristes et budgets D ailleurs cela fait tout aussi longtemps que par le m
156. t MES de l Inra le orum lectronique qui portait sur le sujet de cette ge Universit d Et a permis de mettre plat les principales questions et r blexions qui jalonn rent ensuite les deux journ es de Marciac Avec notamment la mise en ligne de nombreuses ressources documentaires les r sum s des interventions et l apport de participants lointains qui ont largi les horizons du d bat Ces contributions ont t distribu es sur place les 6 et 7 ao t et r sum es publiquement par Yves Le Pape MES mod rateur de ce jorum avec Sylvie Berthier et Jean Marie Guilloux M A A ke n lieu o l on discute des affaires publiques telle est la d finition tymo logique du mot Forum qu il soit romain ou lectronique Car publi que elle l est cette affaire d image et ima ginaire de l agriculture pour laquelle chacun semble avoir son mot dire Les agri culteurs bien s r tel Michel Busch qui se pr sente comme un pluri actif rural dans l Ari ge pour lequel On marche beaucoup mieux sur la t te quand on sait que le monde est l envers Son point de vue C est celui d un observateur qui a juste ment les pieds sur terre La r alit agricole c est que 90 des paysans de la plan te cultivent manuelle ment et peu efficacement mais que malgr tout la terre produit suffi samment de calories pour tout le monde Et paradoxe 1 milliard d humains souffre de
157. t c est que nous ne sommes pas encore sortis d une situation beaucoup trop paradoxale pour s engager dans la construc tion C est pourquoi aujourd hui je me r jouis de l abondance des paradoxes que nous avons rep r s et mani s parce que la mise en vi dence du paradoxe est une pre mi re marche vers l intelligence vers le refus de la simplification Il y a donc probablement un espoir J ai recens neuf paradoxes Le paradoxe du succ s Le premier paradoxe est celui du succ s Le succ s gu a connu Eu rope en la deuxi me moiti du xxe si cle ne peut pas tre la voie pour penser ce qui pourrait tre un succ s pour le monde et pour le xxre si cle Il y a donc bien une rup ture op rer on se l est dit envi L o il y a encore 70 ans un pro ducteur un paysan assurait la cou verture en mati re premi re alimentaire de 3 4 personnes il l assure aujourd hui pour une cen taine de personnes et pourquoi pas pour 200 apr s demains si on le veut Et nous savons que si nous poursuivons sur cette voie si nous permettons que notre plan te soit peupl e de soci t s sans paysans qu esp rons nous pour la moiti de l humanit qui en 2003 est pay sanne Accepterions nous de la faire basculer dans le non sens au nom de la poursuite d un projet qui resterait pertinent puisqu il a connu le succ s C est le paradoxe du suc c s et celui de l avenir agricole du Sud
158. t la marque le lieu achat pratiquement nim porte quoi peut tre utilis comme indice et s agglutiner la repr sen tation C est ce type de propri t s associatives qui est utilis par la publicit pour cr er des connotations positives afin de vendre un produit Le lapin n est plus un aliment La repr sentation est presque tou jours une construction collective et historique On parle de repr senta tion sociale Les objets du quoti dien qu ils soient mat riels ou immat riels depuis le lait jusqu le gouvernement sont pr sents dans une culture donn e sous forme de repr sentation sociale qui est une sorte de manuel d utilisateur du sens commun qui permet de guider ac tion et la prise de position des indi vidus Dans une culture donn e les individus partagent tous plus ou moins les m mes repr sentations d un m me objet donn C est ce qui va leur permettre de se comprendre d changer et de coop rer Et pour tant chacun s est constitu sa repr sentation de son c t Comment est ce possible C est que les repr sentations individuelles ne sont pas ind pendantes les unes des autres Elles se reproduisent elles se recopient les unes les autres au cours de l apprentissage de la pratique de la discussion entre individus Elles sont comme des esp ces vivantes avec un certain g notype commun mais avec des variations indivi duelles Votre repr
159. t en laissant de l espace des expressions sans complaisance De m me nous souhaitions d ve lopper la fonction de laboratoire d id es en mettant en uvre plus largement que les ann es ant rieures des dispositifs divers qui per mettent une progression collective Ceci est d autant plus important que nous choisissons volontairement de nous positionner sur des sujets inconfortables voire m me des sujets de controverse Personnelle ment je crois que c est v ritablement l que nous avons quelque chose gagner en nous positionnant sur des lignes de fractures et non sur des cer titudes an prochain nous c l brerons la 10e Universit d Et sous une forme encore d terminer Pourquoi pas un Best of des ditions pr c dentes puisque nous sommes dans un lieu artistique Il est en tout cas probable que le sujet s appuiera sur la compr hension des agricultures du monde que nous avons acquise dans le cadre des caf s d bat de Marciac qui se d roulent une fois par mois Merci vous tous rendez vous an prochain Se universit d t de l innovation rurale l 55
160. tes forts et que nous sommes faibles La pub contribue fausser le jeu Pourquoi le packaging tient il la pre miere place Parce que l imaginaire l emporte sur le r el et la pub contri bue fausser le jeu Elle montre ce qu elle veut et non ce qui est La preuve le traditionnel a une bonne image sauf que lorsque les gens d couvrent comment est fait un foie gras qu ils trouvent par ailleurs pourtant extraordinaire ils vou draient changer notre mani re de faire donc supprimer la tradition On en arrive la question du bien tre animal Les Suisses ont agrandi les cages des poules Conclusion plus de poules en Suisse Les Anglais ne veulent plus de cochons sur caille botis Conclusion ils n ont plus de fili res porcines et ach tent au Dane mark les porcs lev s sur caillebotis Morale de l histoire plus les consommateurs imposent de normes ou de contraintes plus ils r duisent le choix Il faut que vous le sachiez sauf si vous voulez payer plus ce qui n est pas la tendance g n rale La t l c est noir ou blanc un peu rouge sang de temps en temps Les m dias ont une part de responsabi lit dans cette histoire La t l notamment nous influence nor m ment sauf qu elle n a pas le temps pour information ni pour Vexplication Elle simplifie et carica ture c est noir ou blanc un peu rouge sang de temps en temps Sauf gue la vie compte sept couleurs et des tas de nua
161. trait de parer les m faits du progr s de la technique de industrialisation etc Une image qui dit d une cer taine mani re si elle tait totale et totalitaire condamnerait le paysan incarner une sorte d acteur de th tre d ombres destin exorci ser les malfaisances des avanc es techniques et scientifiques Troisi me l ment l imp ratif d un changement d image Ce matin il a autant t question de changer l image du paysan que de son image actuelle Certains en sont m me venus dans leur discours proposer quelques moyens pour transformer cette image suscitant chez d autres nombres de r ticences L pouvantail n est plus anthropomorphique Quel rapport s tablit avec la psy chologie interculturelle De nom breuses analogies surgissent avec les difficult s que l on rencontre d s lors que sont mis en contact des indi vidus de culture diff rente qui doi vent s organiser ou vivre ensemble Je vous propose donc non pas de nous int resser aux contenus de la repr sentation du paysan pas plus Se universit d t de l innovation rurale 21 qu son d codage mais plut t de consid rer la figure du paysan comme un lieu de fracture culturelle o se voient projeter les sous cul tures s affrontant dans le champ social De fait nous ne savons plus que faire de notre volution technologique et la tentation du d ni se fait pressante parce que les soci t s
162. tre les changements de mode de vie le d veloppement des services alimen taires marchands et la diff rencia tion des modes de consommation alimentaire L esth tisation n est pas qu un placage d image cela signifie qu au fur et mesure que le fait ali mentaire sort de la maison et que manger passe par des services diver sifi s divers sens et divers enjeux de communication sont en jeu L es th tisation est en quelque sorte la r ponse l loignement Tandis que le projet moderniste tait celui d une normalisation de type r ductrice les voies de communication entre les individus et les objets en l occur rence les aliments sont multiples Les agriculteurs dans la soci t J aborde maintenant la question de ce qui fait cet loignement entre les citoyens consommateurs ou r si dents et la production agricole les rapports entre agriculture et soci t et l identit collective Le groupe local de r flexion et de pr paration a un peu voqu loi gnement vient des interm diaires qui cr ent les repr sentations Il serait donc question de les contr ler ou de les cr er leur place Les contr ler je n y crois pas En revanche il est vrai qu on participe les cr er mais travers un jeu social complexe On a cit les syndicats mais ce ne sont pas les seuls cr a teurs de l image professionnelle Ce qu on appelle la Profession est jus tement en g n ral cet interm
163. ts du Gers retrouvez l identit cul turelle locale Ah nom de Dieu et apr s Il se tourne vers la publici taire Lili Pas mal Mais c est quand m me tr s bizarre Comment vous vous sentez Victor Vous voulez que je vous dise MANIPUL Se universit d t de l innovation rurale 1 3 eS U N I v EE AA amp l T E D gt E L AGRICULTURE EN F EPRESENTATION S Rep rer les repr sentations mentales que suscite l agriculture pour chacun les exprimer les comparer et en analyser l origine et la puis sance tel tait l objectif de ce deuxi me temps Des images fortes dr les graves ou mouvantes m taphores d une agriculture r v e visions cauchemardesques d une productivit refus e ic nes d une nature ideale Mais aussi au del de ces mots des visages des pay sages et des regards d artistes Cet imaginaire individuel et collectif que tous ont tent de mieux cerner a sans doute contribu instal ler une ambiance intimiste baign e par les analyses culturelles et psy chologiques l agriculture en repr sentation RESTITUTION DES TABLES RONDES 6 ao t On ne change pas une formule qui marche Exp riment s l ann e E 7 pr c dente les cercles de conver sation conviant l ensemble des participants contribuer la r flexion et changer les points de vue avaient incontestablement Au cours de la premi re matin e de l Universit
164. ture aujour hui ainsi que le d calage entre la part id ale et la part r elle de ce secteur Parmi ces diff rents propos saisis au vif notons celui l qui semble tous les r sumer L agriculture c est quelque chose entre l esclavage et la libert Quant la place des ensei gnants qui se disent en empathie avec le monde agricole celle ci ne semble gu re se diff rencier des autres acteurs de la soci t L agri culteur a une grande place dans l imaginaire collectif car nous sommes issus 90 de familles de paysans Nous partageons donc en tant gu enseignant une bonne par tie des repr sentations des Fran ais Des agriculteurs dont Claire Latil dresse la typologie telle qu elle s est esquiss e au travers des d bats de ce groupe l agriculteur mancip d abord qui m ne une r flexion sur sa pratique professionnelle et qui la raisonne A l oppos coexiste la figure de l agriculteur ali n d ses p r pieds et poings li s par l Union Europ enne et la Grande Distribu tion Mais aussi agriculteur paysa ger agriculteur incompris par le monde rural et enfin image plus souriante l agriculteur dialoguant qui change avec les autres acteurs du territoire FORUM ELECTRONIQUE n marche beaucoup mieux sur la t te quand on sait que le monde est l envers Lanc au mois de mai 2003 avec l aide de la Mission Environnement Soci
165. u de l agriculture rai sonn e Auteur de Paysan un nouvel avenir Editions Balland 1998 Fort de son bon sens paysan et de son accent chantant du Sud Ouest Bernard Guidez traque les points de frictions entre l agriculture et la soci t pointe quelques cons quences de cette fracture croissante et plaide pour une nouvelle forme de relations entre agriculture et soci t le partage des motions T tu et plein de convictions Il y a 7 ou 8 ans j ai d couvert qu en tant gu agriculteur je posais un acte tech nique mais aussi un acte cono mique et environnemental et que je menais les trois de front sans pro bl me sans que cela ne me co te plus cher C est ce que j ai essay d expliquer mes coll gues agricul teurs mais ce n est pas toujours facile N anmoins je suis t tu et plein de convictions j ai donc le temps Mais revenons notre sujet Images et imaginaires au c ur des changes Retour sur la vache folle Disons un mot de cette pauvre vache que Von va finir par rendre folle force de parler d elle En 96 la France d couvre la premi re vache folle Il y a rupture de confiance entre agri culture et la soci t et la d couverte jug e un peu sordide d une r alit qu on ignorait les animaux man geaient des d chets Depuis le d ca lage entre la r alit quotidienne de l agriculture et l image que la soci t s en fait n a cess
166. u un qui vient pour la chambre d h te Faut vous dire que je suis un agriculteur lib r Non c est pas a Comment il a dit Ah oui mancip Et que j ai choisi tout seul moi de me raisonner et de me faire le g te Lili d signant Victor a doit tre un chercheur de l Inra Bonjour monsieur le chercheur de Inra Victor Ah non non non Flamant il est par l dans la salle Moi je suis agriculteur Lili qui d faille Aaaah Victor Pauvre petite qu est ce qui vous arrive Lili tombe la renverse et s croule terre Victor la d signant Le choc des images elle avait pas la bonne repr sentation applaudissements Lili se relevant et parlant d une voix rauque Il a l air d tre chimiste Il a d balancer un maximum d engrais je vais pas pouvoir boire l eau du robinet Victor d signant le public Mais regardez ils vont tr s bien Oh et puis si vous saviez il se met pleurni cher Pour tout vous dire a va pas du tout il se tord et se t te le corps J ai comme une compression droite et gauche vous voyez l j ai la grande distribution qui m op prime d un c t et l industrie agroa limentaire de l autre qui me bloque le plexus Lili Oh la la Victor Je me sens trangl On me dit que je suis libre et je suis attach J en ai plein le cul En apart Par don excusez moi c est une expres sion locale Lili J avais pas conscienc
167. ue elle est constamment pr sente et revient en toile de fond Le point suivant le niveau de risque que les gens acceptent de prendre pour continuer r ver Par exemple le bio est forc ment bon mais il est aussi susceptible de comporter des mycotoxines Le principe de pr cau tion abaisse certes le seuil de risque mais si on limine totalement le risque il n y a plus de plaisir Autre ment dit est il r aliste de g rer le risque en laissant un espace de libert de r ve et de d sir Pour finir nous avons voqu les OGM Car il s agit d un d bat de soci t qui exacerbe un imaginaire d mesur et qui oppose des avan tages et des inconv nients mais o il existe beaucoup de g n ralisations En conclusion nous nous retrou vons devant un triple probl me D abord un probl me de d mocra tie quels sont aujourd hui les lieux de d bats et de d cisions Comment pourra t on parvenir les rappro cher Ensuite un probl me de com munication nous savons former des agriculteurs produire mais former la communication qu est ce que cela implique sachant que la rela tion de proximit s largit avec Inter net et ses nouvelles technologies Enfin il nous a sembl qu il tait essentiel de retrouver ces lieux d change explication de com pr hension aux niveaux local natio nal et europ en Un dialogue social doit s instaurer pour viter les conflits et les malentendu
168. uement culturellement conomiquement socialement Car attention cette remarque qui surgit la sauvette et qui n est pas trait e conduit nos soci t s sur cer taines franges faire merger des relations compl tement anthropo morphiques avec l animal Elles sont pr cis ment le refoul et la d viation d un refus de la construc tion de l animal dans nos soci t s modernes La science en partage Enfin la quatri me piste est celle de la science en partage Je pense qu il y a l aussi un d bat par dessus la haie entre le monde de la science et le monde agricole Je pense que les scientifiques sont finalement assez bien plac s pour comprendre ce gu est la souffrance d un groupe qui un moment donn n est pas com pris du reste de la soci t alors qu il pensait sinon avoir tout donn en tout cas le meilleur de lui m me Personne n est abri de ca et en ce d but de xxr si cle la question de la science appliqu e l agriculture est un cas d cole formidable Nous avons vu dans le d bat sur la mon dialisation et sur la mondialisation des maladies mergentes comment certaines formes de confiscation de la science pay e par les contri buables occidentaux pour sauver humanit ont abouti la confis cation du m dicament destin sauver ceux qu on tait cens devoir sauver Ce qui arrive aujourd hui au m dicament risque d arriver demain aux res source
169. uger porteur de certaines valeurs qu il suffirait de conserver au sein d un mus um anthropologique local Une sorte de comm moration vivante d exposition universelle permanente l encore sous les auspices du res pect On ne peut pas chapper au marketing J aborde pr sent la troisi me repr sentation qui me parait la plus int ressante et vers laquelle nous allons Nous sommes ici dans un mouve ment de r appropriation par les agriculteurs de la fracture culturelle d crite plus haut Pour accompagner ce mouvement j acguiesce bien s r toutes vos suggestions de dialogue d bats discussion sur les repr sen tations car mon avis comme au v tre le d passement de nos repr sentations se fera dans et par la confrontation mais comment Cela peut s op rer de deux fa ons et l r side mon avis une difficult majeure sur laquelle nous ferions bien de nous pencher Nous pouvons r soudre cette question par inter culturation processus de construc tion d une tierce culture dans le contact culturel Au sens o vous pou vez g n rer de nouvelles repr senta tions qualifiant l agriculteur qui appartiennent aussi bien au monde de la technique qu au monde paysan classique au monde de la nature et qu au monde de la science Ces com promis ces constructions labor es tendront constituer agriculteur en cr ateur plus qu en cr ature L arbre frites
170. uisine un plat on y met des produits mais on y met aussi de sa personne on cr e un change autour d un repas Sauf que nous nous sommes gale ment dit que les familles sont de plus en plus d structur es REACTIONS 7 ao t N aurions nous pas MANQU un peu l audace Durant ces deux jours de discussion l Universit d t de Marciac nous n avons pas manqu d images pour illustrer les relations entre l agriculture et la soci t mais peut tre avons nous un peu manqu d audace pour dessiner un nouveau projet pour l agriculture Emmanuelle Auriol En vous coutant parler d imaginaire en agriculture par opposition des informations scientifiques et objec tives je me suis demand e de quelle information le consommateur avait besoin Si je me tourne vers d autres biens la r ponse est assez claire Si on veut vendre des t l phones il n est pas utile d informer les gens sur la fa on pr cise dont ils fonctionnent ni sur quels principes physiques ils sont construits C est un probl me qui concerne les ing nieurs et les techniciens En revanche ce que les consommateurs ont besoin de savoir ce sont les services que peu vent rendre le t l phone Ce qui a merg de la r flexion des groupes c est l id e de maintenir le r ve en agriculture d o la difficult de r duire cart entre la r alit de la production et la consommation Il me semble effectiv
171. une vache pouvait contami ner 39 magasins Panique g n rale deuxi me crise en 2000 naissance du ph nom ne de proximit A cette p riode j tais administrateur de la Fnsea J ai pris des contacts avec la Chambre des m tiers pour r fl chir ce qu on pouvait faire ensem ble Les charcutiers nous ont dit Aujourd hui les clients veulent du cochon du coin Avec une poign e d agriculteurs nous vendons donc 200 cochons semaine 40 45 char cutiers Nous avons r alis une pla quette commune pour les gens qui voulaient du cochon du coin Il n est pas meilleur il n a rien d extraordi naire simplement nous avons suivi le cours des choses La faute qui Loin des racines Ce d calage croissant entre agricul ture et soci t tient d abord au fait que les gens qui vivent la ville sont de plus en plus loign s de leurs racines et ne savent plus tr s bien ce qui se passe dans la campagne au quotidien autant qu ils la visitent 100 l heure Enfin on subit tous les jours durant des heures les images d cal es de la r alit R cemment un patron de Carrefour me disait que ce qui d clenche l achat c est d abord le packaging puis le prix Puis si le go t corres pond l imaginaire les consomma teurs redemandent le produit Du coup nous sommes oblig s de vous fournir toujours le m me produit parce qu une fid lit s est install e C est l que vous
172. ur d finition Cette fonction doit tre d finie sociale ment et reconnue par les parties Les probl mes de l agriculture seront r solus quand les probl mes de soci t le seront M me son de cloche pour Gilles Allaire Il y a des volutions de la soci t prendre en compte Une prise de distance par rapport l agriculture des change ments dans nos comportements ali mentaires une plus grande prise en compte de la sant une individuali sation des choix de d cision On ne peut pas tout mettre sur le dos de l agriculture POINT DE VUE Patrick Denoux psychologue La figure du paysan comme lieu de fracture culturelle Ma tre de Conf rences en Psychologie Interculturelle l Universit de Toulouse Le Mirail Patrick Denoux tait convi au cours de cette premi re journ e poser un regard transversal sur les d bats en cours Sa lecture des propos exprim s L agriculteur prouve une fracture culturelle ke et conna t une crise identitaire e ne vous propose ni syn th se ni verbatim des propos de ce matin mais plut t de poser un regard transversal celui d un psychologue d une nature un peu particuli re puisqu il s attache essentiel lement aux cons quences psychologiques du contact entre cultures diff rentes champ d investigation dont vous allez ais ment comprendre le rap port avec les questions que nous trai tons ici Mon paysan Ma pre
173. va tre tr s rude R mi Mer C est un d bat de poli tique agricole Soit dit en passant j ai entendu un Allemand s tonner de notre vocation exportatrice car avant 1980 nous n exportions pas Je comprends bien votre remarque mais c est une image r cente Qui suis je R my Le Duigou sociologue Je r agis sur ce qui vient d tre dit En effet agriculteur se trouve aujour d hui confront un probl me d identit Il vit de mani re accrue le Qui suis je que se pose tout un chacun Car jusque l l identit lui tait attribu e par la collectivit Et aujourd hui cest lui de la construire Comment C est d abord un chef d entreprise qui va vivre dans sa relation l autre un retour d image Le probleme c est que ce retour d image est de moins en moins positif et on peut se r f rer l la pyramide de Maslow 2 sur le besoin d estime de soi Nous avons eu l occasion de travailler sur des causes de la pr carisation de agri culture ou sur le suicide c est un sujet qu il faut aborder La situation conomique le contexte g n ral certes jouent un r le majeur mais ce qui va d clencher le processus de mise distance de la vie c est tout simplement le probl me qui va se poser dans le couple ou dans la famille quand on ne peut plus dis cuter de son m tier avec son conjoint quand les enfants revien nent de l cole en disant papa c est toi
174. x m mes que les non Bretons qui ont une image assez romantique de cette r gion Et que les agriculteurs ont une image plus s v re sur eux m mes que les non agriculteurs Cela ne concerne pas leur m tier comme vous l avez dit Ils en sont fiers Mais ils ont une d prime li e un probl me identi taire profond Cela ne rel ve pas non plus de l image de l agriculture qu a la soci t Selon moi la r ponse ce probl me r side l int rieur m me du corps des agriculteurs Et je ne vois pas de solution autre que celle d un apaisement interne li un pro jet Quand les projets fonctionnent les agriculteurs n ont pas de ques tions m taphysiques Sylvie Bonny Inra Je parle en mon strict nom personnel et non titre professionnel Il y a une question qui n a pas t abord e c est celle de la diminution tr s forte du nombre d agriculteurs Certaines r gions connaissent une tr s forte d prise agricole avec des cons quences co nomiques pour la soci t Or quand on fait partie d une communaut tr s r duite il est beaucoup plus dif ficile d avoir des projets collectifs et une plus grande solidarit pour faire face au pouvoir financier et publici taire de l agroalimentaire et de la grande distribution On critique beaucoup les lobbies agricoles Mais au fin fond des campagnes surtout dans la moiti Sud de la France j ai surtout rencontr des agricultures et des agri

Des sujets prémonitoires et déconcertants

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