l`engagement professionnel des jeunes agriculteurs
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1. Il convient aussi de souligner que la repr sentation d un engagement projet trouve son sens dans des pratiques d engagement professionnel sp cifiques Deux profils de jeunes engag s peuvent tre identifi s comme producteurs d une telle repr sentation Le premier est un profil de jeunes ne souhaitant 22 Lexicometrica pas adh rer une organisation g n raliste Pour ces jeunes ayant le plus souvent un niveau de formation quivalent au Brevet d Enseignement Professionnel Agricole BEPA l entr e dans le syst me professionnel repose pour l essentiel sur des adh sions induites marqu es par la passivit dans l action adh sions des associations sp cialis es ou des participations occasionnelles manifestations revendicatives La d finition de l engagement qu ils proposent t moigne avant tout d un id al qu ils pensent inaccessible travers l action professionnelle La d fense du projet de soci t auquel ils tiennent passe davantage par la voie de l engagement associatif principalement local comit des f tes association culturelle foyer rural Le deuxi me profil est celui des jeunes adh rents de la Conf d ration Paysanne Le choix de cette organisation repose sur le fait qu elle appara t comme tant la seule r pondre leurs attentes en mati re de projet Dans ce cas l adh sion une organisation g n raliste atteste moins d une simple entr e dans le syst me professionnel que d une mise en ad2. d changer de nouer des liens d amiti s C est une ouverture sur le monde a aide vivre le m tier solutionner des probl mes personnels Julien 28 ans Pyr n es Atlantiques Dans ce type de repr sentation c est avant tout la dimension participative du concept d engagement qui est mobilis e La fonction didactique de l engagement professionnel passe pour l essentiel par l id e d une participation r guli re aux r unions professionnelles Alors que la classe 1 s inscrit pr f rentiellement dans l axe d intensit de l engagement la classe 2 s inscrit dans l axe fr quentiel En outre si l id e de d fense est sous jacente au d sir d apprendre c est moins dans l objectif de d fendre une identit collective que de prot ger utilement un syst me d exploitation familial auquel on est attach Quand on analyse les variables explicatives d un tel discours nous pouvons nous apercevoir qu il mane majoritairement d une population de jeunes c libataires ayant un niveau de formation interm diaire Brevet de Technicien Agricole En outre notons que ce monde lexical est contrairement celui de la classe 1 ou 3 plus sp cifiquement masculin Au del du d sir de compl ter leur formation il convient de lire dans la construction de cette repr sentation le souhait de rompre avec une solitude Lexicometrica qui caract rise tant la pratique professionnelle que le v cu de ces jeunes agriculteurs Il
3. lien 1 main 1 moyen 3 nature 2 niveau 7 place 2 respect 2 reunion 3 structure 1 terre 1 communiqu er l ecout er 3 entendre 1 gard er 2 gerter l sentir 1 valoris er 1 organisat ion 4 presid ent 1 problem lt 4 reflex ion 1 Tableau n 3 Vocabulaire sp cifique de la classe 3 metier 46 vie 22 act ion 18 professionn el 27 jour 8 aim er 17 reuss ir 9 globa l 5 grand 6 seriteux 4 socia l 5 contrainte 5 entreprise 6 experience 5 famille 6 fond 4 marche 5 passion 4 projet 10 qualite 4 chang er 5 faire 55 invest ir 9 transmettre 4 vivre 13 dynam 16 5 engagement 14 equilibre 3 facon 3 question 3 arriv er 8 avanc er 10 entreprendre 3 fait 16 motivat ion 5 possi ble 5 familia 1 4 an 4 situation 4 evolu er 7 impliqu er 7 men er 4 rentr er 4 travail lt 23 heure 2 societe 5 amelior er 7 boug er 2 essa yer 14 install er S respect er S responsa lt 21 capable 2 correct 3 interessant 1 motive 1 premier 2 vraiment 2 chef 1 condition 3 fois 1 fonction 3 liberte 3 loisir 2 paysan lt 4 pouvoir 8 L ordre des mots est celui de leur sp cificit avec la classe les valeurs cl Le nombre entre parenth ses correspond au nombre d u c e de la classe contenant le mot Re nert 1997 Le classement renvoie donc aux valeurs du khi
4. travail lt entreprise idee defens te aide Z i j la 6 essatyerfamille Classe 3 1 i Classe 1 syndicat n 7 besoin syndica l A 8 arrivter I 1 polit l16aid er Nn I 9 fait facontpassion 1 k differtent 1 0 ireuss ir projet tboug epr sentatf Repr sent trouv er 1 dE X grand qualite professionn A i ation agricult lt tir er 2 Nimter vivre vietmetier y X administrat lt 3 jour f assumreracttionsociet Y 4 m n er santpo yoittinvesttir professiont tbut 5 igliquer respect erpaysans S donn er 6 NG amelior er Pa N 7 Rroduit engagter meilleur A 8 Svelonte petit NG Ea 9 individus 7 Da a A R AE om mm lESSSSss s less IDENTITE PROFESSIONNELLE Individuelle 31
5. me dans sa dimension individuelle se d fend travers des valeurs de solidarit relay es par un collectif C est la d fense collective de certains acquis et aussi l am lioration du statut de jeune agriculteur C est la d fense d une mani re g n rale d un tissu rural dense et le maintien d exploitations viables chelle humaine C est le maintien du revenu agricole Samuel 32 ans Calvados Lexicometrica C est la d fense de son propre int r t C est essayer de recr er l union avec des semblables m me profession m me style de vie m me culture pour essayer de d fendre un int r t collectif qui aille vers un int r t individuel Brice 23 ans Calvados L usage de l adjectif possessif la premi re personne du pluriel notre nos correspondant au pronom personnel nous t moigne de la dimension collective de cette repr sentation Toutefois le collectif se d cline ici travers l entr e dans une action collective organis e Il ne s agit pas de s engager dans un mouvement spontan mais bel et bien au sein d une organisation tablie assurant la repr sentation du groupe C est repr senter sa profession au sein d instances C est d fendre les int r ts de la profession surtout une repr sentation qui inclut la consultation et le dialogue entre les agriculteurs Gr goire 28 ans Marne La pr sence sp cifique dans cette classe des mots outils para tre ou pouvoir vient renforcer l id e que
6. temps 34 agricult lt 35 defens e 12 polit 16 15 techn 16 9 adherent 5 commun 8 producti f 5 aide 6 compte 6 gens 17 solidarite 5 acquerir 6 adher er 6 consacr er 6 echang er 5 inform er 5 regroup er S rencontr er 5 rendre 5 represent er 10 conseil lt 5 jeune 17 revenu 5 voisin lt S force 4 seul 7 besoin 7 groupe 8 prise 4 sein 4 sens 4 aid er 7 concern er 4 servir 4 trouv er 8 cause 4 cooperati f 3 droit 3 conviction 3 coup 3 esprit 3 ouverture 3 personne 6 pret 3 aller 18 demand er 3 enferm er 3 mettre 9 progress er 5 associat lt 3 decis ion 6 differ ent 6 representat ion 3 util e 3 difficile 1 facile 3 gros 1 maniere 1 meilleur 4 nombr eux 1 obligatoire 3 Tableau n 2 Vocabulaire sp cifique de la classe 2 courant 10 passe 12 exterieur 7 chose 16 apprendre 8 ferme 5 contact 8 loi 4 enrich ir 5 permettre 10 voir 10 boulot 4 echange 2 tete 2 laiss er S ouvrir 4 avenir 4 part 2 prendre 11 venir 2 confi ant 2 vill 23 2 cuma 2 haut 1 homme 1 prix 1 entretenir 1 oblig er 1 produire 1 sortir 3 suivre 1 cher 2 accept er 2 epanou ir 2 pens er 3 tenir 2 format ion 2 savoir 3 rest er 4 dur 2 evoluti f 2 financier 1 humain 1 particulier 1 partie 3 developpement 1
7. 1995 nous permet d entrevoir le caract re diff renci de l engagement professionnel autour de quatre dimensions l adh sion la responsabilisation la participation et la mobilisation Comme nous l avons soulign ces quatre dimensions s articulent autour d un axe fr quentiel et d un axe d intensit qui d terminent le registre de l entr e des agriculteurs dans l action collective Elles s apparentent en quelque sorte des p les d ancrage au sein du syst me professionnel Toutefois au del du concept comment les agriculteurs se repr sentent ils cette entr e dans l action collective Quelles d finitions proposent ils de l engagement professionnel L image qu ils se font de l engagement professionnel varie t elle selon des profils socio conomiques Lexicometrica sp cifiques L adh rent le participant le responsable ou le manifestant d veloppent ils des discours diff rents sur l action collective professionnelle En somme l organisation du discours des acteurs selon leur positionnement au sein du syst me exploitation famille et du syst me professionnel rend il compte de la validit du concept d fini par le chercheur C est toutes ces questions et plus particuli rement la derni re qu il convient pr sent de r pondre 2 Instrument apprentissage projet les trois figures de l engagement professionnel 2 1 El ments m thodologiques et analytiques L tude pr sent e a pour cadre une enqu te
8. aient un rythme de fr quence de participation aux r unions professionnelles lev ou qu ils soient responsables les jeunes agriculteurs ne s identifient pas malgr certains discours d fensifs la figure de petits soldats pr ts tout donner pour les organisations dans lesquelles ils s engagent M me les jeunes que l on peut classer gauche de l chiquier syndical ne semblent pas s tre appropri s un qualificatif faisant peut tre trop r f rence l univers s mantique des ouvriers Un tel constat ne signifie pas pour autant que les jeunes agriculteurs n ont pas conscience de l abn gation qui sous tend l acte d engagement professionnel bien au contraire Leurs repr sentations nous conduisent simplement consid rer la diversit de leur engagement comme le produit de combinaisons variables tant en intensit qu en fr quence C est donc selon nous en restituant travers une construction abstraite l articulation entre adh sion responsabilisation participation et mobilisation que nous pourrons r ellement appr hender les nouveaux visages de l engagement professionnel agricole Ceci nous semble d autant plus important que le chercheur comme le souligne Jean Claude Passeron ne garde la ma trise th orique de son concept que s il est capable de 24 Lexicometrica maintenir disponible derri re le mot l ensemble des virtualit s s mantiques qui d finissent et ont d fini dans toute leur tendue ses pertin
9. dont l objectif tait de comprendre les m canismes pr sidant l entr e des jeunes agriculteurs dans l action collective professionnelle Il s agissait en somme d analyser de fa on macroscopique les modalit s des types d engagement l uvre afin de dresser ce que Passy 1998 appelle une carte des d terminants causaux de l engagement professionnel Le principe tait de codifier les pratiques socio conomiques mises en place au sein du syst me exploitation famille et les pratiques d engagement au sein du syst me professionnel Cette codification s inscrivait dans une d marche statistique ayant pour mission principale de mettre en vidence les liens de causalit directe ou indirecte entre des variables sociales conomiques professionnelles et politiques Nous avons men cette enqu te aupr s d un chantillon de 404 jeunes agriculteurs g s de 18 35 ans install s titre principal Huit d partements ont servi de cadre territorial cette enqu te le Calvados le Gers les Landes la Loire Atlantique la Marne le Pas de Calais le Puy de D me et Lexicometrica les Pyr n es Atlantiques Le choix du d partement comme unit l mentaire d observation nous apparaissait d autant plus pertinent que la plupart des organisations consid rent le d partement comme un niveau essentiel de leur structure Prod homme 1982 El ment du syst me professionnel national le syst me professionnel d partemental pr sen
10. le monde lexical de la repr sentation id elle n est autre que celui de soci t Ce constat s mantique est le reflet d un engagement professionnel ouvert sur la cit L organisation professionnelle n est alors que l un des moyens permettant d appliquer le projet de soci t que l on s est fix Paysan ou pas on est des acteurs sociaux L implication dans un organisme professionnel c est la volont de refaire le monde Apr s a l engagement dans un organisme c est se donner les moyens pour arriver ses finalit s C est surtout pas le corporatisme Manuel 33 ans Pyr n es Atlantiques C est tre actrice et ne pas avoir subir c est essayer de comprendre le milieu conomique dans lequel on volue et essayer d agir en cons quence Quelque part tre un peu citoyenne Anne Laure 33 ans Landes Un telle repr sentation de l engagement est tr s souvent le fait de jeunes femmes vivant en couple sur une exploitation familiale Le v cu de ces jeunes laisse donc lire l instar de leur discours une prise de distance l gard de certaines institutions Si l entr e dans une organisation professionnelle n est pas sp cifiquement synonyme d engagement le mariage ne l est pas non plus Toutefois le rejet d une repr sentation institutionnelle ne signifie pas pour autant un loignement de la sph re familiale Au contraire l engagement est un projet familial qui au del du discours se construit et se vit en famille
11. qu au del d un vocabulaire sp cifique au sein duquel s impose la dimension d fensive et institutionnelle de l engagement professionnel ces jeunes ne s apparentent pas dans leurs pratiques aux militants que l tymologie nous invite consid rer comme les petits soldats d une organisation En entrant dans l action collective ces jeunes mobilisent essentiellement l axe conceptuel de l intensit L adh sion Lexicometrica et la prise de responsabilit ne sont que les instruments d une action organis e dans le cadre du syst me professionnel 2 3 L engagement apprentissage ou la repr sentation didactique La deuxi me classe issue de la classification hi rarchique descendante est une classe qui comme le montre le dendogramme des classes stables ainsi que l analyse factorielle des correspondances cf graphique est assez proche de la premi re Cette classe n 2 ne contient que 14 39 59 u c e des unit s de contexte l mentaires Elle regroupe un vocabulaire sp cifique faisant r f rence l apprentissage cf tableau n 2 L engagement est d crit comme une ouverture sur le monde une source de connaissance nourrie par l change et le dialogue Le monde lexical d velopp ici renvoie une repr sentation didactique de l engagement professionnel Le verbe apprendre est le verbe qui d finit le mieux cette classe il est d une certaine mani re le mot pivot de ce monde lexical Pour les jeunes qui d
12. quation entre une repr sentation de l engagement et un projet syndical Ainsi malgr un temps pass en dehors de l exploitation jug difficile assumer ces jeunes ont le plus souvent augment leur fr quence de participation des r unions professionnelles En outre notons que la prise de responsabilit n est pas pour eux un objectif en soi lorsqu ils d cident de prendre des fonctions professionnelles tr s souvent ce n est qu au moins cinq ans apr s leur installation La pratique de l engagement renvoie donc moins l axe de l intensit qu l axe fr quentiel de notre concept Toutefois une question reste en suspens comment expliquer la faible proportion des jeunes femmes au sein de la Conf d ration paysanne alors que les repr sentations qu elles d veloppent sont tr s proches de celles propos es par les membres de cette organisation 23 Lexicometrica 3 Conclusion Le premier enseignement que nous pouvons tirer de notre travail tient tout d abord au fait qu il conforte une d finition multidimensionnelle de l engagement professionnel Au del de consid rations th oriques les discours des jeunes agriculteurs nous invitent ne pas r duire l entr e dans l action collective l unique question du militantisme En effet notre tude montre que l usage du mot militant ne trouve aucun enracinement s mantique parmi la population tudi e m me parmi les plus actifs au sein du syst me professionnel Qu ils
13. s rapidement leurs premi res responsabilit s sans jamais avoir particip activement la vie de l organisation En outre hormis peut tre la responsabilisation aucune des autres dimensions ne peut tre consid r e comme transitive Ainsi la participation ou la mobilisation n implique pas forc ment une adh sion D s lors ces quatre dimensions doivent tre entendues comme autant de points d ancrage au syst me professionnel pouvant tre activ s de fa on simultan e ou ind pendante dans le temps et dans l espace de l action collective L adh sion constitue la premi re dimension du concept d engagement professionnel Il s agit de la traduction de l acte qui conduit les jeunes tre Lexicometrica consid r s comme membres d une organisation professionnelle Selon les organisations cet acte pourra d couler d une d marche volontaire organisations syndicales vocation g n rale tre la r sultante d une activit de production associations syndicales sp cialis es ou tre la r sultante de l exercice professionnel mutualit sociale agricole Ainsi contrairement d autres mod les Olivier et Marwell 1992 l adh rent ne sera pas simplement celui qui donne sciemment de l argent La diversit des organisations pr sentes au sein du syst me professionnel agricole se traduit par une diversit des modalit s d adh sion que l on peut regrouper dans deux cat gories les adh sions volontaires et les adh
14. sentations diff rentes de l engagement professionnel D s lors nous tenterons d entrevoir les processus d objectivation et d ancrage des repr sentations sociales en analysant la mani re dont l acteur r interpr te selon des positions tablies le concept d fini par le chercheur Doise Clemence Lorenzi Cioldi 1992 Lexicometrica Adoss aux r sultats d une enqu te nationale r alis e aupr s d un panel de 404 jeunes agriculteurs fran ais Purseigle 2003 ce pari heuristique reposera principalement sur la mobilisation des outils statistiques que nous offre l analyse des donn es textuelles m thode ALCESTE Ce choix m thodologique alternatif n a selon nous que trop rarement attir l attention des chercheurs s int ressant aux processus d engagement professionnel Nous pensons qu une telle m thode est d autant plus utile l tude des m canismes d entr e dans l action collective qu elle ne s appuie pas simplement sur une cat gorisation des repr sentations mais aussi sur la compr hension de la mani re dont les jeunes appr hendent leur engagement selon leur propre identit Reinert 1990 Cette d marche devrait nous permettre d entrevoir travers le prisme de leurs engagements professionnels les r ponses apport es par les jeunes agriculteurs fran ais aux crises identitaires qui affectent aujourd hui la profession agricole Hervieu 1993 1 L engagement professionnel agricole un concept multidimensionne
15. souvent de jeunes disposant d un syst me d exploitation orient grandes cultures herbivores ou herbivores et se qualifiant volontiers de chefs d entreprise L usage d un tel qualificatif t moigne de l assimilation du discours modernisateur d velopp par la plupart des organisations professionnelles et sur lequel se sont appuy s pendant de tr s nombreuses ann es les acteurs de la formation agricole Les d finitions de l engagement professionnel propos es ne sont en quelque sorte que le reflet de repr sentations sociales o la part de l assimilation culturelle semble tre plus importante que celle r serv e au construit individuel Au sein du syst me professionnel ces jeunes vont privil gier l action g n raliste travers une adh sion des syndicats tel le Centre National des Jeunes Agriculteurs La pratique rejoint ici le discours puisque comme nous l avons pr c demment soulign pour ces jeunes l engagement est synonyme d une action syndicale dont la mission principale est de d fendre le plus grand nombre d agriculteurs Toutefois m me si ces jeunes ont pris des responsabilit s en moyenne dans les trois ann es qui ont suivi leur installation on note que la fr quence de leur participation des r unions a le plus souvent diminu Cette situation n est sans doute pas trang re au fait que ces jeunes jugent difficile assumer le temps pass en dehors de leur exploitation A travers cet exemple nous constatons
16. une division permanente entre des dirigeants minorit et des dirig s majorit Cependant il convient de souligner que tous les responsables agricoles ne sont pas forc ment des dirigeants Maresca 1983 Nous d signerons par responsabilit s toutes les charges organisationnelles que les jeunes agriculteurs sont susceptibles de prendre Nous les regrouperons en quatre groupes les charges d administration administrateur d l gu lu les charges de la repr sentation juv nile responsable de commission jeunes les charges d cisionnelles secr taire tr sorier les charges de repr sentation pr sident Si l intensit de l engagement des responsables appara t comme forte il n en demeure pas moins qu il ne s agit pas syst matiquement d activistes A l instar de l adh sion la responsabilisation s articule autour de deux composantes qui correspondent aux deux modalit s principales d acc s aux responsabilit s l lection et la d signation Contrairement l adh sion la responsabilisation renvoie immanquablement une d marche volontaire L adh sion est donc un pr alable la responsabilisation Le responsable professionnel pourra tre qualifi d entrepreneur politique lorsqu il produit des emplois et des gratifications divers au m me titre qu un entrepreneur conomique qui offre des biens pour le march afin de d gager un profit Autour de l axe fr quentiel nous pouvons distinguer deux autres dimens
17. 2 associ es chaque mot Dans le cas pr sent le verbe d fendre arrive en premi re position car il s agit du mot qui est significativement le plus repr sentatif de cette classe 29 Lexicometrica produit 3 secteur 3 suite 1 valeur 4 volonte 4 about ir 3 assum er 7 comprendre 3 30 Lexicometrica Graphique Analyse factorielle des correspondances Axe horizontal le facteur V P 3371 56 14 de l inertie Axe vertical 2e facteur V P 2633 43 86 de l inertie LCA LEE DS a PPS PESRSSS ES a 21 HR restter Rose 20 _w0 r courant 3 apprendre moyen ee 9 F ulot gerter Menetoroanisatrto partietpenster SU 8 Pa ouvrir Re PRE De 7 4 part 6 chose reunion l 5 A R Classe 2 problem lt place ecout er y 4 prendre informat i zf 3 SSQ personnel gens 7 2 FSse 14 D esp at alker F DS NN A a a 277 CE Sn LL TRS RE ne en ete gAn Se E 0 De TSX 9 7 NS ani 4 8 7 passer z f N lt 7 N lt 5 6 Dune R 4 represent ek Z 5 re TS ni connaitre personne z 4 7 N H decis ionseul z 1 N 3 P s import antmonde ies lt 2 av c er Se A jeune commun laz E L e vi e l temps z 0 yesponsa lt HER ST inner 7 ensemble groupe L Evolu ter Le 1 agricole lz x 2 I h mettre interet A 3 A genera ltechn 16 compte 5 Sa 4 l possi blefaire service adherent 1 l Z z 5
18. Lexicometrica L ENGAGEMENT PROFESSIONNEL DES JEUNES AGRICULTEURS DU CONCEPT AUX REPRESENTATIONS Fran ois PURSEIGLE UMR Dynamiques rurales INP ENSA Toulouse INP ENSAT Avenue de l agrobiopole BP 107 31326 Castanet Tolosan cedex T l 06 20 56 34 14 Fax 05 62 19 39 01 E mail purseigle ensat fr Nombreux sont les chercheurs en sciences sociales qui dans le cadre de leurs travaux ont abord et tent de d finir les processus d entr e dans l action collective Si cette probl matique a constitu le ferment d une abondante litt rature il n en demeure pas moins que l tude des processus d engagement professionnel tient peu de place dans un ensemble th orique tourn principalement vers la compr hension de l engagement politique ou des nouveaux mouvements sociaux Ainsi comme le souligne avec justesse Dominique Andolfatto et Dominique Labb 2000 le rouage essentiel de la vie conomique et sociale moderne que constituent les organisations professionnelles demeure l un des plus m connus En outre les rares travaux men s depuis une quinzaine d ann e en sociologie ont port pour l essentiel sur les organisations professionnelles de salari s La compr hension des m canismes de l engagement dans les organisations agricoles est sans aucun doute le parent pauvre d une discipline ayant trop Lexicometrica souvent r duit cette probl matique une approche olsonienne m ritant peu d attention Offerl 1998 Con
19. action collective organis e Il d signera toute activit individuelle conduisant entrer dans une ou plusieurs organisations professionnelles agricoles Commun ment d sign es sous le sigle d O P A ces organisations doivent tre consid r es comme un ensemble de groupes d int r ts sp cifiques ayant nou des liens organiques qui tendent transcender l int r t propre de chaque groupe au sein de l espace bipolaire de la repr sentation professionnelle repr sentation priv e repr sentation publique Elles s apparentent ces associations d crites par J rgen Habermas comme celles qui contribuent la formation d opinion et qui visent cependant des effets politiques gr ce une influence publique soit parce qu elles participent directement la communication publique soit parce qu elles apportent une contribution implicite au d bat public par exemple par des projets alternatifs en raison de l aspect programmatique de leurs activit s Habermas 1962 Plus pr cis ment cet ensemble sera consid r comme un syst me c est dire comme un ensemble d organisations en interrelations les unes avec les autres Chaque organisation est ici dot e de r les et d int r ts sp cifiques qui renvoient une ou plusieurs dimensions de la matrice qui les a engendr es Roux 1984 1985 1986 Ainsi l entr e dans l action collective pourra avoir comme cadre cinq grands groupes d organisations les organisations syndicales voc
20. ation g n rale OSVG Centre National des Jeunes Agriculteurs Conf d ration Paysanne Coordination rurale les organisations conomiques et sociales OES Coop ratives Mutualit Sociale Agricole les organisations sp cialis es et techniques OST Lexicometrica Associations de d fense d une production Instituts techniques les organisations consultatives OC Chambres d agricultures et les organisations d am lioration des structures et d am nagement foncier OASAF ADASEA SAFER Toutefois nous consid rerons que l entr e dans le syst me professionnel est un processus diff renci qui repose sur diff rentes dimensions Nous en retiendrons pour notre part quatre l adh sion la participation la mobilisation et la responsabilisation Ces diff rentes dimensions sont moins des cat gories d acteur que des situations pouvant voluer selon le produit des axes fr quentiel et d intensit cf figure Elles peuvent donc tre mobilis es diff remment dans le temps et aucune ne peut tre consid r e comme pivot Les dimensions de l engagement professionnel ne font donc pas l objet d un ordre graduel qui laisserait penser par exemple que la dimension participation pr c de obligatoirement celle de la responsabilisation Ceci nous semble d autant plus important que certaines organisations professionnelles agricoles invitent dans les premiers temps post installatoires certains jeunes endosser tr
21. ci es aux m mes classes soit 64 57 Ainsi trois classes ou mondes lexicaux ont t isol s renvoyant chacun un profil socio conomique ainsi qu un Lexicometrica positionnement sur l chiquier professionnel sp cifique C est leur description que nous allons maintenant proc der 2 2 L engagement instrument ou la repr sentation institutionnelle La classe qui appara t la plus caract ristique est celle qui renvoie des mondes lexicaux orient s vers une repr sentation institutionnelle de l engagement Cette classe n 1 contient 49 27 202 u c e des u c e retenues dans l analyse Elle regroupe un vocabulaire sp cifique faisant r f rence une d finition instrumentale de l engagement professionnel cf tableau n 1 L engagement est ici d fini comme l instrument d une organisation Il s agit en somme d une arme permettant aux jeunes de d fendre une profession travers une action organis e Le verbe qui caract rise le mieux cette classe est sans aucun doute le verbe d fendre En utilisant ce verbe ces jeunes t moignent de leur attachement l un des sens premiers du mot engagement celui de prot ger et de soutenir Au del des inf rences linguistiques il faut lire dans la construction de ce monde lexical la volont de d fendre une agriculture en pleine mutation identitaire La volont de prot ger s exprime quant elle dans l vocation d un monde qui dispara t L int r t m
22. des jeunes agriculteurs dans les organisations professionnelles agricoles Contribution l tude des processus d entr e dans l action collective Th se de doctorat ESSOR mention sociologie Institut National Polytechnique de Toulouse Toulouse 2003 4 Vol 438p Prod homme J P Agriculteurs organis s L exemple du d partement de la Marne Th se de doctorat de 3 cycle EHESS Paris 1982 362p Quivy R Van Campenhoudt L Manuel de recherche en sciences sociales Dunod Paris 1995 p 149 287p Reinert M Alceste une m thodologie d analyse des donn es textuelles et une application Aur lia de G rard De Nerval Bulletin de m thodologie sociologique 1990 n 26 p 24 54 Reinert M Manuel d utilisation du logiciel Alceste In dit 1992 21 Lexicometrica Roux P Essai d approche globale du syst me coop rative adh rents INRAP n 60 1984 p 49 63 Roux P Economie agricole Lavoisier Paris Collection Agriculture d aujourd hui Volume 1 et 2 1985 1986 354p Intensit de l engagement Forte RESPONSABILISATIO Sporadique Conti mosiisatidy SCHEMES Ao ontinue AEA ENL E e Na N E PEIEE A E esperien enre A Fr auence de ADH SION Faible 28 Lexicometrica Tableau n 1 Vocabulaire sp cifique de la classe 1 defendre 83 interet 45 idee 34 genera l 14 service 12 syndicat 22 agricole 19 collecti f 7 syndica 1 10 ensemble 11 monde 22
23. ences op ratoires ou argumentatives Passeron 1991 Le deuxi me enseignement majeur de cette tude tient au fait qu elle encourage la mise en place d un mod le d analyse de l engagement diff renci faisant le lien entre paradigme utilitariste et paradigme identitaire autour des deux niveaux d observation que sont le syst me exploitation famille et le syst me professionnel En effet les trois classes de repr sentation mises en vidence sont structur es par deux oppositions visualis es par le graphique factoriel La premi re opposition restitu e par l axe horizontal traduit des discours focalis s sur l utilit de l engagement travers un vocabulaire marqu par un lexique didactique et des discours centr s sur l identit professionnelle Ces derniers se distinguent entre ceux portant sur la dimension individuelle et ceux ayant trait la dimension collective de cette identit La deuxi me opposition restitu e par l axe vertical renvoie aux deux discours fond s l un sur le syst me exploitation famille avec un vocabulaire sur le m tier et l autre sur le syst me professionnel avec un vocabulaire portant sur la profession D s lors nous avons pu constater que les diff rentes dimensions de l entr e dans l action collective adh sion participation mobilisation responsabilisation sont plus ou moins mobilis es selon les cadres structurels sur lesquels repose l engagement professionnel Qu il s agisse du syst me expl
24. est indispensable l engagement professionnel Il permet de se d fendre dans les activit s qu on r alise par rapport la rentabilit de notre entreprise C est un moyen de s ouvrir aux autres de discuter de communiquer d changer ses savoirs et ses connaissances Cela permet de ne pas rester seul sur son exploitation Si je vais pas vers les autres je donne pas cher de mon existence Ca permet de s ouvrir Emmanuel Pas de Calais 28 ans La plupart du temps les jeunes proposant un tel discours disposent d une exploitation orient e grande culture ou poly levage dont ils jugent la situation conomique assez bonne C r aliers ou leveurs peu importe ils sont avant tout des agriculteurs La pratique de l engagement est essentiellement professionnelle En effet ces jeunes vont privil gier l action collective dans des organisations professionnelles telles les coop ratives ou les cuma S ils consacrent le plus de temps ces organisations c est selon eux parce qu elles leur permettent de continuer apprendre M me si le plus souvent ils adh rent un syndicat g n raliste ce dernier ne leur offre pas suffisamment la fonction didactique qu ils recherchent dans leurs engagements Apprendre pour mieux d fendre d fendre pour mieux apprendre telle pourrait tre la devise des jeunes d veloppant une repr sentation didactique de l engagement Enfin soulignons qu l inverse des deux autres classes l entr e dans l act
25. finant les agriculteurs dans des comportements strictement rationnels tout semblait donc avoir t dit sur la question Face cette situation nous pensons qu il convient de r investir ce champ de recherche en posant les jalons d un nouveau mod le d analyse qui tente de d passer l opposition entre paradigme utilitariste et paradigme identitaire Dans un premier temps nous nous proposons de pr senter un outillage conceptuel permettant d appr hender l ensemble du processus d engagement professionnel Nous partirons de l hypoth se que l entr e dans l action collective professionnelle est un processus diff renci Passy 1998 qui ne doit plus se r duire sa dimension militante D s lors nous consid rerons que la compr hension de l entr e dans le syst me professionnel agricole passe indubitablement par l tude des quatre dimensions que sont l adh sion la responsabilisation la mobilisation et la participation Afin d enrichir notre d marche analytique nous confronterons dans un second temps notre concept aux repr sentations de jeunes agriculteurs Tout en consid rant avec Jodelet 1991 que les repr sentations entendues comme des syst mes d interpr tation r gissant notre relation au monde et aux autres orientent et organisent les conduites nous essaierons de mieux comprendre comment des pratiques tant au sein du syst me exploitation famille que du syst me professionnel contribuent fa onner des repr
26. heory New Haven Yale University Press 1992 p 251 273 Fillieule O Propositions pour une analyse processuelle de l engagement individuel dans Revue fran aise de sciences politiques n 1 2 Volume 51 Presses de Sciences Po Paris 2001 p 199 217 328p Habermas J L espace public Payot Paris Collection Critique de la politique p VI 1962 r ed 1993 324p Hervieu B Les champs du futur Editions Fran ois Bourin Paris 1993 172p 26 Lexicometrica Ion J L volution des formes de l engagement public dans Perrineau P dir L engagement politique Presses de la FNSP Paris 1994 p 23 39 444p Jodelet D Les repr sentations sociales PUF Paris 1989 r ed 1997 447p Lebart L Salem A Statistique textuelle Dunod Paris 1994 342p Maresca S Les dirigeants paysans Les ditions de minuit Paris Collection Le sens commun 1983 p 17 295p Michel R Les partis politiques Flammarion Paris 1971 1 d 1911 309p Offerl M Sociologie des groupes d int r t Editions Montchrestien Paris Collection Clefs Politique 1998 158p Passeron J C Le raisonnement sociologique L espace non popp rien du raisonnement naturel Nathan Collection Essais et recherches Paris 1991 p 38 408p Passy F L action altruiste Contraintes et opportunit s de l engagement dans les mouvements sociaux Librairie Droz Gen ve 1998 p 13 18 270p Purseigle F L engagement professionnel
27. i recoupent l axe de l intensit soulign dans notre construction conceptuelle Ainsi l adh sion et la responsabilisation sont semble t il les deux dimensions sur lesquelles repose cette repr sentation de l engagement L une des questions que nous pouvons nous poser est de savoir si au del des discours les pratiques des jeunes engag s d veloppant cette repr sentation renvoient essentiellement aux deux dimensions que sont l adh sion et la responsabilisation Ces jeunes sont ils eux m mes adh rents ou responsables A ce stade de notre questionnement l analyse textuelle nous offre un clairage int ressant En effet la mise en relation des variables textuelles et des variables sociologiques nous permet en identifiant la population productrice d un tel discours d aller plus loin dans notre analyse La plupart des jeunes exprimant une repr sentation institutionnelle sont des jeunes mari s ayant suivi une formation agricole sup rieure Brevet de Technicien Sup rieur Agricole La place des institutions dans leur discours n est semble t il que le reflet d un attachement perceptible jusque dans leurs propres trajectoires individuelles Si l organisation professionnelle est pour eux l institution structurant le syst me professionnel la mairie l glise ou l cole sont quant elles les institutions pivot autour desquelles se dessine le devenir de leur syst me exploitation famille Lexicometrica Remarquons qu il s agit le plus
28. ion collective se d cline ici sous un registre utilitaire l interface du syst me exploitation famille et du syst me professionnel 2 4 L engagement projet ou la repr sentation id elle Lexicometrica La troisi me et derni re classe que nous pouvons mettre en vidence travers l analyse textuelle correspond un monde lexical o l engagement renvoie une repr sentation id elle Elle regroupe un vocabulaire sp cifique faisant r f rence des projets ou des id aux cf tableau n 3 Nous parlerons ici de la classe de l engagement projet Cette classe contient 36 34 149 u c e des unit s de contexte l mentaires class es dans l analyse Il s agit de la classe qui s loigne la plus des deux autres tant par ses caract ristiques textuelles que sociologiques Alors que la premi re classe se structurait pour l essentiel autour de mots ayant trait l organisation collective de la profession organisations syndicat adh sion repr sentation etc la derni re classe se d finit quant elle par un monde lexical o le m tier occupe une place pr pond rante D s lors les d finitions de l engagement professionnel s apparentent ici moins un positionnement institutionnel qu la conduite du syst me exploitation famille Toutefois comme nous le verrons par la suite cette situation n exempte pas le jeune d une orientation syndicale manifeste Dans ce cas l engagement c est exercer une activ
29. ions de l engagement professionnel la participation et la mobilisation Ces deux dimensions qui renvoient des pr sences actives lors des diff rentes actions collectives r unions manifestations etc se distinguent essentiellement par un rapport diff rent au temps Lexicometrica La participation d finit des pr sences actives qui s inscrivent dans le temps long de l action collective Elle est le fait des jeunes agriculteurs qui participent r guli rement et activement aux v nements organis s par l organisation Elle est donc caract ris e par la continuit Elle implique de la part des jeunes agriculteurs une mise en ad quation avec les objectifs et les strat gies de l organisation sans tre syst matiquement associ e une adh sion Par son caract re sporadique la mobilisation se situe l autre extr mit de l axe fr quentiel Cette dimension est associ e essentiellement un type d action particulier la manifestation festive ou revendicative Il s agit tr s certainement de la dimension la moins transitive de l engagement car elle ne n cessite pas forc ment l une des autres dimensions En effet la participation une manifestation n implique pas toujours une adh sion ou une participation active Elle traduit le caract re spontan et libre de l engagement professionnel Ce travail de conceptualisation qui vise rendre compte du r el travers une construction abstraite Quivy Van Campenhoudt
30. it agricole travers la mise en application d un projet global territorialement situ et dont les dimensions s articulent l interface de la famille du m tier et de la soci t C est donc dans une tension permanente une recherche d quilibre qui nourrit une telle repr sentation de l engagement C est un projet de vie qui s inscrit bien dans la soci t c est tre un acteur du milieu rural C est rechercher un quilibre de vie familial professionnel culturel cologique Jean Christophe 34 ans Loire Atlantique C est ne pas concevoir mon m tier uniquement travers mon exploitation et ce qui s y fait C est travailler pour avoir une vision globale du monde q Yy P g 20 Lexicometrica paysan qui peut aider communiquer en dehors de celui ci Pour r sumer trois enjeux arriver une agriculture plus durable la d fense des int r ts des paysans la survie du monde paysan c est aussi un enjeu de soci t global Marie Luce 29 ans Pyr n es Atlantiques Le m tier est le premier mot pivot de cette classe il est au c ur du projet de l engag L engagement ne se d finit pas comme la d fense d une profession mais bel et bien comme celle d un m tier que l on aime celui de paysan Dans la branche agricole l engagement c est la base de tout On a perdu beaucoup de valeurs le savoir faire avant c tait des vrais paysans Si je me suis engag c est pour ne pas perdre le savoir faire ancestral to
31. l La question de l engagement dans ses dimensions professionnelles associatives ou politiques se r sume tr s souvent la question du militantisme La figure de l engag s apparente celle du militant que Jacques Ion d finit comme le petit clerc d un syst me de repr sentation lon 1994 Or il nous semble que cette vision emprisonne Cette enqu te a constitu la premi re tape d un travail conduit dans le cadre d une th se de doctorat en sociologie rurale ayant fait l objet d une Convention Industrielle de Formation par la Recherche entre l Association G n rale des Producteurs de Ma s la Conf d ration G n rale des Planteurs de Betteraves l UMR Dynamiques rurales Ecole Nationale Sup rieure Agronomique de Toulouse et l UER de sociologie rurale Institut National Agronomique Paris Grignon Lexicometrica une r alit sociale bien plus complexe lorsque l on parle de l engagement professionnel agricole Vouloir comprendre l engagement professionnel comme un simple passage l acte travers l unique canal de la militance c est oublier que tous les agriculteurs ne participent pas avec la m me intensit et la m me fr quence l action professionnelle Qu ils appartiennent au courant de la mobilisation des ressources ou celui des structuralistes les chercheurs ont rarement appr hend le caract re diff renci et dynamique de l engagement Ce n est que tr s r cemment que certains chercheurs ont souhai
32. l action organis e constitue le seul instrument permettant d am liorer la visibilit du groupe tout en lui conf rant une l gitimit tant aupr s des membres qui le constituent qu l ext rieur Le syst me professionnel est ici l l ment pivot autour duquel s articule la construction du discours Le syndicat et la coop rative apparaissent comme les cadres institutionnels de l engagement instrument C est prendre la responsabilit de d fendre les int r ts communs Ne pas raisonner pour soi m me mais pour les autres D fendre la politique des jeunes la politique d installation C est le respect de la coop ration et de ses valeurs C est se battre pour sa fili re pour faire en sorte qu elle puisse continuer exister Am lie 31 ans Marne Par le nombre d agriculteurs qu elles regroupent les organisations professionnelles assurent l efficience de l action Il semble donc difficile de Lexicometrica se passer d elles la figure de l adh rent ou du repr sentant sont celles qui identifient le mieux l engag C est l implication d un agriculteur dans diverses associations syndicales ou professionnelles C est un parcours obligatoire pour un jeune qui veut progresser Laurent 31 ans Gers Notons que le mot engagement ou le verbe s engager n apparaissent jamais dans cette classe La place occup e par les institutions dans ce monde lexical semble figer l engagement dans des repr sentations fonctionnelles qu
33. oitation famille ou du syst me professionnel ces cadres constituent tant le contexte dans lequel les jeunes vont d cider d entrer dans l action collective que la trame partir de laquelle ils construiront la repr sentation de leur engagement Concr tement cette r alit signifie que les diff rents appels l engagement professionnel ne peuvent tre les m mes selon les dimensions de l action que les jeunes mobilisent ou qu ils 25 Lexicometrica souhaitent mobiliser Ainsi l accompagnement dans l augmentation du rythme d intensit et de fr quence de l engagement implique de la part des organisations professionnelles la prise en consid ration de discours h t rodoxes ne renvoyant plus un seul mod le d engagement et donc par voie de cons quence un seul mod le d agriculture L auteur tient remercier Gervaise Debucquet Ing nieur de recherche AUDENCIA Ecole de management de Nantes pour son aide dans la r alisation et l exploitation des r sultats de l analyse textuelle REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES Andolfatto D Labb D Sociologie des syndicats Editions La d couverte Collection rep res 2000 123p Doise W Clemence A Lorenzi cioldi F Repr sentations sociales et analyses de donn es Grenoble Presses Universitaires de Grenoble 1992 261p E Olivier P Marwell G Mobilizing Technologies for Collective Action dans D Morris A MC Clurg mueller C dir Frontiers in Social Movement T
34. pas mal d exploitations qui se perdent C est faire conna tre le monde agricole aux personnes trang res ce milieu l Pierre Marie 26 ans Pyr n es Atlantiques Toutefois s engager c est aussi quitter l exploitation pour mieux la renforcer Les changes dont se nourrit l engagement sont per us comme autant d outils qui participent travers le partage des exp riences la rationalisation de l outil de production En effet comme le soulignent les propos d un jeune landais s engager c est donner pour mieux recevoir humainement mais aussi conomiquement L engagement rime avec r ussite et la r ussite ne provient que de l engagement que ce soit au CDJA ou au comit des f tes Si on s engage pas on ne r ussira rien C est faire des paris Mon exploitation n est pas des plus rationnelles elle l est parce que j change avec d autres On s enrichit parce qu on rend son exploitation plus rationnelle plus performante Jean 30 ans Landes 17 Lexicometrica Ainsi l engagement professionnel appara t comme l instrument faisant le lien entre syst me exploitation famille et syst me professionnel il est en somme un l ment de continuit dans l exercice du m tier men die RTE i C est la continuit de l exploitation je ne con ois pas mon m tier sans participer la conception de projets de politique agricole qu elle soit locale d partementale ou nationale C est un besoin de dialoguer
35. sions induites Cette situation implique que le jeune agriculteur n a pas forc ment conscience d tre membre d une des organisations auxquelles il verse des cotisations Ces cotisations pouvant prendre la forme de parts sociales coop ratives mutualit etc ou de pr l vements directs lors de la livraison de produits agricoles associations sp cialis es instituts techniques etc pr sentent un caract re induit qui vient parfois brouiller les repr sentations conventionnelles de l adh sion Malgr ce brouillage de repr sentation nous pensons que ces adh sions induites doivent tre prises en consid ration comme une composante part enti re de la dimension adh sion Ceci nous semble d autant plus fond que le pr l vement obligatoire ou la prise de part sociale sont autant de marqueurs conscients ou inconscients de l entr e dans le syst me professionnel Nous noterons simplement que l adh sion se situe au niveau le plus faible sur l axe d intensit A l autre extr mit de l axe d intensit nous situerons la dimension de responsabilisation Cette dimension correspond aux actes lections d signations etc qui conduisent les jeunes exercer ce que commun ment Lexicometrica on appelle des responsabilit s La pr sence de cette dimension nous semble d autant plus utile la compr hension du processus d engagement qu il existe au sein de toute organisation comme l a montr Robert Michels 1971
36. t int grer ce caract re leur mod le d analyse C est notamment le cas de Florence Passy 1998 qui travers une tude approfondie de l engagement altruiste nous propose une d finition assez s duisante des diff rentes dimensions de l engagement Selon elle il convient d appr hender l engagement travers deux dimensions que sont l effort et la fr quence L int r t de la d marche de Passy repose sur la construction d un outillage conceptuel qui ne r duit pas l engagement la figure la plus active de l engag Il t moigne de la volont de faire une place toutes les figures ou cat gories d engag s en les consid rant comme les fruits du croisement qui s op re entre l effort et la dur e de l engagement En outre l approche conceptuelle d velopp e s inscrit dans une perspective processuelle redonnant l engagement toute sa port e dynamique Elle rejoint ici les propositions de Filleule pour qui l engagement doit tre compris comme une activit sociale individuelle et dynamique Filleule 2001 Toutefois ces nouvelles propositions qui ouvrent des perspectives demeurent assez loin tant de la sociologie du travail que du rural Il convient donc selon nous d apporter quelques l ments qui devraient rendre plus Lexicometrica op rante la d finition du concept d engagement dans sa dimension professionnelle et agricole L engagement professionnel sera ici entendu comme un processus d entr e dans l
37. te une structuration nous permettant ais ment d appr hender la diversit des parcours d engagement professionnel Apr s tirage au sort partir des listes des principales organisations professionnelles d partementales une cinquantaine de jeunes agriculteurs par d partement r partis sur 30 petites r gions agricoles se sont vus administrer un questionnaire articulant questions ouvertes et questions ferm es Notre propos portera uniquement sur l analyse textuelle du corpus de r ponses la derni re question ouverte de notre questionnaire Au terme de cet entretien pourriez vous me dire ce qu est pour vous l engagement professionnel Cette analyse a t r alis e l aide du logiciel ALCESTE version 4 0 L objectif principal de la m thodologie d velopp e par ce logiciel est d entrevoir l organisation des diff rents l ments constituant un texte Reinert 1992 A partir de profils reposant sur la distribution et la cooccurrence des mots dans des phrases unit s de contexte l mentaire u c e ALCESTE nous a permis d identifier ce que Max Reinert appelle les mondes lexicaux Nous avons pu ainsi entrevoir derri re chaque monde lexical diff rentes repr sentations de l engagement professionnel mais aussi la mani re dont chaque jeune agriculteur l appr hende en fonction de sa propre identit en fonction aussi de son intention Re nert 1990 Retenons simplement que sur les 635 u c e d finies 410 ont t asso
38. utes nos valeurs environnement et entretien de l espace naturel S engager c est une fa on d aimer ce que tu fais Ga l 35 ans Pyr n es atlantiques En somme on s engage pour le m tier car il appara t comme le seul instrument permettant de conserver une qualit de vie laquelle on est attach La famille est le deuxi me mot pivot de cette classe Premi rement c est en son sein que se construit le projet d engagement Deuxi mement la famille est le cadre dans lequel s op re la transmission des pratiques professionnelles d fendues par l engag Elle symbolise la p rennit du projet sur lequel se fonde l engagement professionnel C est comment je pourrais dire c est une adh sion pour son m tier en int grant la famille Il faut que la famille suive dans le m me sens L engagement professionnel c est un engagement que l on a Si a ne va pas dans la famille a va pas aller dans le boulot Cyrille 28 ans Calvados C est d tre motiv par son m tier pour faire voluer la situation de d part Il faut s impliquer fond pour essayer de garder une p rennit de son exploitation pour continuer en vivre et la transmettre plus tard un de ses enfants ventuellement Pour cela il faut s impliquer dans tout ce qui 21 Lexicometrica tourne autour de l exploitation en amont et en aval Pour voluer dans le bon sens Maixent 34 ans Pas de Calais Enfin le troisi me mot pivot autour duquel s articule
39. veloppent un discours s apparentant cette classe l engagement est avant tout une source d apprentissage Cet apprentissage passe par l ouverture sur l ext rieur S engager c est sortir de sa ferme pour s ouvrir sur le monde dans l coute et l change C est d abord ne pas rester le nez sur son guidon c est s ouvrir c est prendre des responsabilit s c est ne pas tre go ste ne pas penser qu soi a peut tre un panouissement personnel c est quelque part une responsabilit civique c est tre responsable Matthieu 31 ans Loire Atlantique Lexicometrica C est une volont de s ouvrir moi c tait vraiment ma premi re motivation L envie d agir pour mon avenir et celui des autres au bout d un moment puisque tu ne travailles pas que pour toi C est ne pas tre tous les jours sur son tracteur Simon 35 ans Marne La volont de comprendre ce qui se passe hors de l exploitation t moigne chez certains du d sir de trouver les outils permettant de mieux communiquer sur leurs pratiques professionnelles En s engageant on apprend trouver et se construire les outils d une meilleure communication L engagement s apparente alors au cadre d une double m diation tant exog ne qu endog ne S engager c est tre le m diateur de sa propre existence au sein d un environnement qui semble chapper aux jeunes agriculteurs Ca permet aux jeunes de faire voluer les exploitations familiales malgr qu il y ait
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