le reseau d`experts independants de l`union europeenne en matiere
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1. Cependant ces possibilit s d intervention de premier abord limit es du moins dans leurs effets juridiques ne le sont pas pour autant si l on consid re la signification politique de ce r ceptacle des valeurs fondamentales qu est la Charte pour l Union europ enne pour reprendre la juste expression ch re aux auteurs du premier rapport annuel du R seau pour 2002 Evoqu d sormais comme l instrument de r f rence par excellence d une politique des droits de l homme dans l Union le r le de la Charte consiste pallier les divergences et les lacunes d une pratique souvent fragmentaire et in gale au sein des Etats membres afin de guider l Union vers des choix positifs des r alisations concr tes et surtout une vision d ensemble de sa politique en la mati re Enfin et pour en revenir sa port e juridique l impact de la Charte n en est pas moindre Outre le fait que les limitations ainsi impos es aux Etats et aux organes de l Union ont galement un effet pr ventif dans les domaines o l exercice de leurs comp tences serait susceptible de porter atteinte ou d ignorer le param tre du respect des droits fondamentaux les dispositions de la Charte repr sentent surtout un corpus de normes de r f rence en mati re de droits fondamentaux et une source d inspiration capable d influencer le d veloppement progressif du droit d riv de l Union 2 N anmoins et malgr l abs2. ne tardera pas tre concr tis e 30 Cf l introduction au Rapport 2002 op cit p 28 Significativement les rapports nationaux rest s confidentiels en 2002 n ont pas pu tre publi s sur le site officiel du R seau en 2003 mais doivent tre cherch s sur le site de l Universit catholique de Louvain lt http www cpdr ucl ac be cridho index php pageid 15 gt 31 Cit supra note 3 Droits fondamentaux n 3 janvier d cembre 2003 www droits fondamentaux org
3. Le coordinateur est charg d organiser les r unions du R seau actuellement au nombre de deux ou trois par an et de consolider en outre les multiples contributions et travaux partiels en vue d tablir entre autres un rapport annuel l intention de la Commission A Le pouvoir d intervention du R seau la difficile question des comp tences 1 Mis en place pour tre essentiellement un m canisme d valuation de la mise en uvre de la Charte des droits fondamentaux de l Union europ enne ci apr s la Charte le R seau ne pouvait que disposer de pouvoirs d intervention qui seraient par d finition directement li s la question des comp tences en mati re de droits fondamentaux dont la Communaut ou l Union europ ennes sont dot es selon les dispositions de la Charte En effet l article 51 de la Charte article I 51 du Projet de trait tablissant une Constitution pour l Europe pr voit un champ d application de ses dispositions consid rablement limit Du point de vue strictement juridique la Charte ne fait que confirmer un statu 7 Le R seau est compos ce jour des membres suivants par ordre alphab tique Mme Elvira Baltutyte Lituanie Mme Florence Beno t Rohmer France M Martin Buzinger Slovaquie M Achilleas Demetriades Chypre M Olivier De Schutter Belgique Mme Maja Eriksson Su de Mme Teresa Freixes Espagne M Gabor Halmai Hongrie M Wolfgang Heyde
4. par le R seau au cours de l ann e 2003 en vue de faciliter l utilisation de la Charte par les institutions nationales et europ ennes afin de v rifier la conformit des pratiques suivies au regard de ses dispositions Il s agit en r alit d un commentaire article par article des dispositions de la Charte qui est bas compte tenu des sp cificit s de chaque notion sur le sch ma suivant est pr sent e dans un premier temps la notion et sa manifestation le contenu et le caract re d un droit le principe et ses limites ensuite le cadre l gislatif les instruments internationaux et europ ens suivi le cas ch ant de la jurisprudence pertinente sont enfin voqu s les ventuels probl mes que pose l exercice du droit en question Au moment de l laboration de la pr sente note le Manuel d utilisation de la Charte tait en voie d approbation devant la Commission europ enne Le r le du R seau est diversifi et prometteur mais il est difficile de l valuer et d en appr cier la juste mesure dans l espace limit d une br ve tude et d une exp rience aussi r cente S agit il d un v ritable m canisme de garantie juridique et d assistance voire d intervention politique dans un domaine n vralgique comme celui des droits de l homme o il est n cessaire d laborer une politique uniforme efficace et de longue haleine pour l Union europ enne Force est de constater que la mise
5. la Convention de sauvegarde des droits de l homme et des libert s fondamentales Recueil 1996 pp 1 1763 et ss point 27 10 Plus particuli rement sur la question des comp tences v l analyse faite par le R seau dans son premier Rapport sur la situation des droits fondamentaux dans l Union europ enne et ses Etats membres en 2002 pp 9 11 lt http europa eu int comm justice_home cfr_cdf doc rapport_2002_fr pdfs Il L on passera ainsi selon les experts du R seau d une approche r active et sectorielle des droits fondamentaux une approche d int gration transversale donc un degr sup rieur et une vision r solument plus positive dans la mani re dont le l gislateur communautaire aborde la question des droits fondamentaux cf Rapport sur la situation des droits fondamentaux dans l Union europ enne et ses Etats membres en 2002 op cit pp 16 17 12 Cf Rapport 2002 op cit pp 10 17 Droits fondamentaux n 3 janvier d cembre 2003 www droits fondamentaux org Les activit s du r seau d experts ind pendants de l Union europ enne 167 les politiques relatives l asile l immigration et la libre circulation des personnes Y compris des ressortissants de pays tiers sont consacr es par une s rie de dispositions nouvelles en cas de risque de rupture de l unit du march int rieur en l absence de coordination des politiques des Etats membres dans le domaine des d
6. sentants d ONG actives sur le plan europ en dans le domaine des droits de l homme Il regroupe les conclusions et recommandations du R seau sur la situation des droits fondamentaux dans l Union europ enne et ses Etats membres en 2003 en valuant pour chaque disposition de la Charte l tat des ratifications des instruments internationaux y relatifs les domaines ou motifs de pr occupation et enfin les aspects positifs et les bonnes pratiques gt 2 Les rapports nationaux constituent les outils de r f rence pour le travail du R seau Pour cette raison les experts nationaux sont tenus de suivre le plus strictement possible les directives labor es cet gard quant au contenu et aux aspects techniques de leur rapport Destin s servir l laboration du rapport annuel ces rapports taient initialement des documents internes dont la diffusion tait limit e au cercle restreint des membres du R seau Ils seront d sormais publi s au m me titre que les autres travaux dans les deux langues de travail du R seau le fran ais et l anglais ainsi que dans la langue nationale de l expert membre qui en a t charg 3 Les Observations th matiques sont des tudes tablies la demande des institutions de l Union sur une question sp cifique souvent un th me d actualit qui suscite des interrogations particuli res la lumi re des garanties de la Charte Elles figurent en annexe du rapport an
7. tences requises pour mener une entreprise d une telle envergure C est ainsi que par une r solution sur la situation des droits fondamentaux dans l Union europ enne en 2000 adopt e le 5 juillet 2001 le Parlement europ en a t amen recommander la mise en r seau d experts faisant autorit en mati re de droits de l homme et de juristes de chacun des Etats membres pour assurer un degr lev d expertise et afin que le Parlement puisse se voir pr senter une valuation de la mise en oeuvre de chacun des droits nonc s par la Charte des droits fondamentaux de l Union europ enne en tenant compte de l volution des l gislations nationales de la jurisprudence des Cours de Luxembourg et de Strasbourg ainsi que des jurisprudences marquantes des Cours constitutionnelles et des juridictions des Etats membres Si sa conception appartient au Parlement la r alisation de cette id e est l uvre de la Commission Le R seau UE d experts ind pendants en mati re de droits fondamentaux CFR CDF voit donc le jour en septembre 2002 et tient sa r union inaugurale le 16 octobre de cette m me ann e A la diff rence des exp riences ant rieures qui taient temporellement et mat riellement limit es ce nouveau m canisme est dot d un mandat g n ral et permanent d action en mati re de droits fondamentaux fond e sur des comp tences et des t ches certes strictement d finies mais visant aussi des
8. autorit s ind pendantes comp tentes dans le domaine des droits de l homme au niveau national ainsi qu avec les acteurs de la soci t civile enfin une meilleure articulation avec les instances comp tentes au niveau de l Union en vue notamment de comparer les pratiques et d changer les exp riences acquises 3 Pour r pondre au besoin urgent d avoir un premier instrument comparatif de la situation des droits de l homme dans les Etats membres le R seau a d fini lui m me une s rie de directives l intention de ses membres en vue de l laboration des rapports nationaux Selon ses directives l analyse des volutions au sein de chaque Etat membre et au sein de l Union doit porter sur quatre types de donn es savoir la jurisprudence internationale CIJ CEDH et les observations d organes internationaux de contr le la l gislation la r glementation et la jurisprudence nationales les pratiques des autorit s nationales et enfin les motifs de pr occupation de l auteur du rapport La s lection partir de la masse d informations fournies par les experts nationaux des donn es dignes d tre incluses dans le rapport annuel s effectue par la suite selon trois crit res Sont ainsi repr sent s premi rement les probl mes r sultant de l application du droit de l Union europ enne deuxi mement les questions qui pr occupent un nombre repr sentatif d Etats aussi bien lorsque le
9. d ind pendance et d impartialit notamment au regard des instances europ ennes soit garanti par une v ritable transparence avec des crit res de d signation et des r gles d incompatibilit permettant d viter tout conflit d int r t L importance du r le du R seau se distingue aussi par la port e de son intervention Celle ci vise en premier et par d finition l int rieur de l Union ses institutions ainsi que la politique de chaque Etat membre au niveau tatique surtout quand il s agit d y observer la mise en uvre de la Charte Cependant la pratique r v le que le R seau une 14 Le premier rapport annuel du R seau se voulait un outil de r alisation de ses objectifs v Rapport 2002 op cit pp 17 26 IS I s agit l d un quatri me objectif auquel vise le rapport annuel du R seau v Rapport 2002 op cit p 10 1617 supra D et note 7 Droits fondamentaux n 3 janvier d cembre 2003 www droits fondamentaux org Les activit s du r seau d experts ind pendants de l Union europ enne 169 fois en action s int resse souvent une th matique plus largie touchant des questions qui rev tent un caract re universel en dehors du strict champ d application de la Charte ou d passant la simple invocation de ses dispositions Le rapprochement de son champ de travaux avec la question de la protection internationale des droits de l homme reste quand m me
10. en uvre d une mission aussi ambitieuse n cessite un statut renforc d ind pendance et d impartialit ainsi qu un effort constant de concertation et de transparence Or malgr les engagements les lacunes demeurent compromettant quelquefois la port e des progr s r alis s Encore aujourd hui ce nouvel chelon reste en pratique coup des institutions nationales de protection et de promotion des droits de l homme dont la coop ration est pourtant structur e l chelle r gionale dans le cadre du Conseil de l Europe comme l chelle internationale dans celui des Nations Unies Ceci est d autant plus paradoxal que le R seau d experts ind pendants a tent r cemment de faire une valuation du r le de ces institutions Ces lacunes concernent aussi le fonctionnement interne du R seau o les imp ratifs de calendrier l emportent quelquefois aux exigences d un vrai travail collectif ou d un consensus 28 L ensemble des avis rendus par le R seau peut tre consult sur l adresse Internet lt http europa eu int comm justice_home cfr_cdf list_opinions_fr htm gt Cf le dernier avis du R seau de mars 2004 supra note 28 Droits fondamentaux n 3 janvier d cembre 2003 www droits fondamentaux org 174 Despina SINOU pr alable parmi les experts nationaux quant au contenu de certains travaux Un r el effort de m thode est donc requis cet effet l exp rience de la Commiss
11. limit le R seau ne disposant pas d autorit pour intervenir dans le domaine de l action ext rieure de l Union en la mati re y compris celui de la coop ration au d veloppement Enfin le R seau fonctionne en troite collaboration avec les repr sentants de la soci t civile des r unions de consultation des diff rentes ONG repr sent es Bruxelles sont pr vues en marge des r unions du R seau et toute information sur l tat des droits de l homme dans l Union provenant des citoyens europ ens peut tre transmise directement au R seau IL LES MOYENS D INTERVENTION DU RESEAU Les possibilit s d intervention du R seau voqu es ci dessus se manifestent travers une production remarquable de textes parmi lesquels figure au premier rang le rapport annuel sur la situation des droits fondamentaux dans l Union europ enne et ses Etats membres tabli sur la base de rapports nationaux soumis au R seau par chacun de ses experts A Les m thodes de travail du R seau 1 La Charte comme nous l avons vu constitue le principal instrument de r f rence pour le R seau dans l laboration de ses textes en particulier du rapport annuel Toutefois le R seau prend en compte toutes les normes du droit international et europ en des droits de l homme notamment celles dans lesquelles les dispositions de la Charte puisent leur inspiration Tout autre instrument de r f rence traitant des m mes qu
12. objectifs assez ambitieux I En une ann e et demie d existence le R seau a ainsi t en mesure de fournir les preuves d une capacit d intervention polyvalente notamment travers une production remarquable aussi bien par la diversit de ses objets que par la qualit de ses conclusions I Se r alise alors travers cette dynamique un v ritable saut qualitatif qui devrait permettre au R seau de fonctionner non plus comme une simple instance de r flexion mais comme une v ritable garantie non juridictionnelle de suivi et de 3 Ce Comit est connu sous le nom de Leading by example ou Montrer l exemple selon la traduction fran aise par l pigraphe de son rapport final Nombre de personnalit s notamment de la communaut acad mique r unies sous l gide de l Institut universitaire europ en de Florence ont contribu directement ou indirectement l laboration de ce rapport dans le cadre de r unions pr paratoires ou par le biais de contributions crites adress es au Comit Ces travaux ont t publi s par la suite dans un volume collectif sous la direction de Philip ALSTON L Union europ enne et les droits de l homme Bruxelles Bruylant 2001 Le texte du programme d action rendu public en octobre 1998 y figure aussi en annexe pp 957 962 4 A5 0223 2001 point 9 La r solution a t adopt e sur la base d un rapport ayant trait au m me sujet pr sent le 21 juin 2001
13. sur l article 7 TUE Dans les limites des comp tences que les Trait s attribuent la Communaut ou l Union cet effet le R seau peut faire usage des moyens dont il dispose afin de recommander que ces comp tences soient exerc es de mani re renforcer la protection des droits fondamentaux au sein de l Union Il ne serait pas abusif d envisager sous cet angle un v ritable pouvoir d intervention pour les experts du R seau qui tout en restant de par leur statut en dehors du m canisme d cisionnel peuvent en d terminer ainsi les choix 2 Le fonctionnement du R seau repose donc essentiellement sur son caract re ind pendant vis vis la fois des institutions de l Union et des institutions nationales des Etats membres Bien que le souci de repr sentativit ait pr valu lors de la constitution du R seau en vingt cinq membres plus un issus des vingt cinq Etats de l Union largie ces sages y participent titre personnel et non pas en tant que repr sentants de l Etat dont ils sont les ressortissants De m me le R seau est il neutre autonome par rapport aux diff rents organes de l Union malgr l interf rence vidente de leurs activit s C est ainsi qu en premi re page de chaque tude ou rapport publi s il prend soin de pr ciser que son contenu n engage en aucune mani re l institution qui en est le commanditaire Il est n cessaire cependant que ce principe
14. traitement de ces questions par ces Etats est plus ou moins uniforme qu en cas de divergences importantes troisi mement toute 2 Rapport 2002 op cit pp 20 21 2 Ce que le R seau recommande est une m thode ouverte de coordination qui s inscrit dans une perspective plus large de mise en uvre des droits fondamentaux dans l Union europ enne elle peut n anmoins servir de base de mani re auxiliaire pour sa propre m thode de fonctionnement cf Rapport 2002 op cit pp 23 26 2 Rapport 2002 op cit pp 23 26 aussi Directives op cit pp 4 5 Droits fondamentaux n 3 janvier d cembre 2003 www droits fondamentaux org Les activit s du r seau d experts ind pendants de l Union europ enne 171 autre pratique identifi e comme digne d tre repr sent e dans le rapport notamment les bonnes pratiques pouvant servir d exemple l intention des Etats B Les instruments tentative de bilan d une premi re p riode de travaux du R seau 1 Le rapport annuel est donc l instrument principal sur lequel repose le travail d expertise et de surveillance monitoring du R seau Pourtant il n en est pas le seul D autres types d instruments examin s par la suite sont les fruits d une pr occupation constante des membres du R seau sur des mati res plus ou moins sp cifiques de la politique des droits de l homme R dig en fran ais et en an
15. Allemagne M Morten Kjaerum Danemark M Henri Labayle sp cialiste JAD M Rick Lawson Pays Bas M Lauri Malksoo Estonie M Arne Marjan Mavcic Slov nie M Jeremy McBride Royaume Uni M Vital Moreira Portugal M Bruno Nascimbene Italie M Manfred Nowak Autriche M Marek Antoni Nowicki Pologne M Donncha O Connell Irlande M Ian Refalo Malte M Martin Scheinin Finlande M Linos Alexandre Sicilianos Ath nes M Dean Spielmann Luxembourg M Pavel Sturma R publique tch que Mme Ineta Ziemele Lettonie L actuel coordinateur M Olivier De Schutter est assist dans cette t che par une quipe compos e de Mme Val rie Van Goethem Mme Val rie Verbruggen et M Ivan Cus Leal 8 Article 11 51 Champ d application 1 Les dispositions de la pr sente Charte s adressent aux institutions organes et agences de l Union dans le respect du principe de subsidiarit ainsi qu aux tats membres uniquement lorsqu ils mettent en uvre le droit de l Union En cons quence ils respectent les droits observent les principes et en promeuvent Droits fondamentaux n 3 janvier d cembre 2003 www droits fondamentaux org 166 Despina SINOU quo constitutif d j peu propice des initiatives normatives en mati re de droits de l homme en se contentant d encadrer les attributions existantes tr s restreintes de l Union et des Etats membres cet gard sans leur en conf rer de nouvelles
16. LES ACTIVITES DU RESEAU D EXPERTS INDEPENDANTS DE L UNION EUROPEENNE EN MATIERE DE DROITS FONDAMENTAUX Despina SINOU Doctorante l Universit Panth on Assas Paris IT ATER l Universit Paris VII Vincennes Saint Denis La cr ation r cente par la Commission europ enne d un R seau d experts ind pendants faisant autorit en mati re de droits fondamentaux s inscrit dans la ligne d initiatives ayant pour objet l implication de sp cialistes choisis hors du cadre institutionnel de l Union europ enne dans la d termination des politiques et l valuation de la pratique de cette derni re Plus particuli rement en ce qui concerne la protection des droits de l homme vocation progressivement rig e au premier rang de ses objectifs politiques l Union europ enne a souvent fait appel ses sages afin d laborer une politique coh rente et efficace En effet des instances de r flexion ou de consultation ont d j fonctionn par le pass notamment pour des p riodes d termin es sur des questions ponctuelles ou dans le cadre de domaines sp cifiques de la politique communautaire Un Comit des Sages a ainsi t d sign par la Commission europ enne en 1995 dans le but d tablir un rapport Pour une Europe des droits civiques et sociaux Le rapport rendu public en mars 1996 tait pr c d d une liste de vingt six propositions recommandant entre autres l incorporation dans l
17. e trait d Amsterdam d une s rie de droits civils et sociaux qui devaient tre reconnus comme un socle minimal de droits Plus r cemment en f vrier 1999 un Groupe d experts en mati re de droits fondamentaux d sign aussi cet gard par la Commission a pr sent un rapport intitul Affirmation des droits fondamentaux dans l Union europ enne Il est temps d agir d celant les lacunes et les incoh rences du pass et confirmant l intention de la CIG de Nice l urgence d une reconnaissance explicite des droits fondamentaux notamment des droits civils et sociaux en un catalogue d taill inclus dans les Trait s Enfin dans une perspective plus large un Comit des Sages compos d Antonio Cassese Catherine Lalumi re Peter Leuprecht et Mary Robinson a t charg d laborer en 1998 un Programme d action de l Union europ enne pour l an 2000 dans le domaine des droits de l homme Cet agenda s est Despina Sinou est membre du Centre de recherche sur les droits de l homme et le droit humanitaire de l Universit Panth on Assas Paris II avocate inscrite au Barreau d Ath nes et collaboratrice scientifique de la Fondation Marangopoulos pour les droits de l homme Bruxelles octobre 1995 f vrier 1996 rapporteur Jean Baptiste de Foucauld Le Comit pr sid par Mme Maria de Lourdes Pintasilgo tait compos de M Eduardo Garcia de Enterrfa M Hartmut Ka
18. elble Mme Louka Katseli M Fr d ric Pascal M Bengt Westerberg et Mme Shirley Williams Le Groupe d experts pr sid par le Professeur Spiros Simitis tait constitu des membres suivants Mme Christine Bell Mme Lammy Betten M Jochen A Frowein Mme Pirkko Koskinen M Lorenzo Martin Resortillo M Alessandro Pizzorusso et M Jean Rossetto Droits fondamentaux n 3 janvier d cembre 2003 www droits fondamentaux org 164 Despina SINOU appuy sur les travaux d un groupe d experts anim s par Philip Alston dans lesquels sont relev es les principales pr occupations communes dans la doctrine et la pratique communautaire en mati re de droits de l homme tant au niveau interne que par rapport aux relations de l Union avec le reste du monde Le Comit avait formul galement des recommandations concr tes lesquelles ont t suivies pour la plupart dans l action ult rieure de l Union en la mati re notamment l id e d un rapport annuel pr sent lors d un forum des droits de l homme ouvert la soci t civile L adoption de la Charte des droits fondamentaux en 2000 et la n cessit d assurer par tous les moyens sa mise en uvre aussi bien l int rieur des Etats membres qu au niveau des institutions europ ennes elles m mes a fait resurgir l id e d en confier l valuation et le suivi une instance qui tiendrait le r le d un tiers impartial tout en ayant les comp
19. ence de mandat g n ralis l volution survenue ces derni res ann es dans le texte m me des Trait s permet de d gager au moins six bases juridiques pouvant servir d appui l exercice par les institutions de l Union des comp tences qu elles d tiennent dans le domaine des droits fondamentaux Ainsi la lutte contre les discriminations peut trouver appui sur les articles 13 et 141 CE la protection des droits sociaux fondamentaux et plus particuli rement des droits des travailleurs est renforc e dans les Trait s par un largissement des comp tences la fois de l Union et des Etats membres cet gard l application conform ment leurs comp tences respectives et dans le respect des limites des comp tences de l Union telles qu elles lui sont conf r es dans les autres parties de la Constitution 2 La pr sente Charte n tend pas le champ d application du droit de l Union au del des comp tences de l Union ni ne cr e aucune comp tence ni aucune t che nouvelles pour l Union et ne modifie pas les comp tences et t ches d finies dans les autres parties de la Constitution Pour la CJCE aucune des dispositions du Trait ne conf re aux institutions communautaires de mani re g n rale le pouvoir d dicter des r gles en mati re de droits de l homme ou de conclure des conventions internationales dans ce domaine CJCE 28 mars 1996 Avis 2 94 Adh sion de la Communaut
20. estions que la Charte est par ailleurs utilis dans le travail d analyse du R seau ce qui permet d viter les ventuels probl mes d interpr tation ou de conflit entre ces diff rentes normes Le R seau propose d j dans son premier rapport annuel une liste indicative des principaux instruments de r f rence du droit international et europ en des droits de l homme y figurent outre la Convention europ enne des droits de l homme les deux 17 V titre d exemple les questions qui ont fait l objet des deux observations th matiques infra II B 3 18 Cf les Directives aux experts pour l laboration des rapports nationaux p 1 sur le site Internet du R seau cit supra note 6 Cf l ordre du jour de la troisi me r union du R seau du 16 octobre 2003 l adresse Internet lt http europa eu int comm justice_home cfr_cdf doc meeting_16_10_2003 pdf gt 20 Une premi re pr sentation des probl mes rencontr s ainsi que des m thodes suivies par le R seau dans son analyse a t faite par le Professeur Pavel Sturma membre du R seau dans son intervention sur le R le du R seau d experts ind pendants dans le suivi de la Charte des droits fondamentaux de l UE la Quatri me Acad mie d t de l Universit Pierre Mend s France de Grenoble Quel avenir pour le pan europ anisme septembre 2003 r sum disponible l adresse Internet lt http www upmf grenoble fr espace eur
21. glais le rapport annuel est tabli la demande de la Direction g n rale Justice et affaires int rieures de la Commission europ enne et pr sent au mois de mars chaque ann e Il vise analyser les volutions qu ont connues les droits fondamentaux au sein de l Union europ enne et de ses Etats membres au cours de l ann e civile coul e Il repr sente un outil de base au service du rapporteur d sign par la Commission LIBE du Parlement europ en charg de pr parer le rapport annuel et la proposition de r solution sur la situation des droits fondamentaux dans l Union il sert galement attirer l attention des institutions europ ennes sur les difficult s rencontr es dans le respect des droits fondamentaux Un premier rapport portant sur l ann e 2002 et sur les quinze Etats membres a donc t remis la Commission le 31 mars 2003 quelques mois seulement apr s la constitution du R seau Dans une introduction d taill e il tente une premi re d finition des comp tences des objectifs et de la m thode suivis questions examin es en premi re partie de cette tude et qu il ne serait pas n cessaire de r p ter ici Suivent six parties proprement consacr es la Charte regroupant pour des raisons syst matiques l ensemble des dispositions de ses parties I et IT les th mes en sont les suivants dignit art 1 5 libert s art 6 19 galit art 20 26 solidarit art 27 37 cito
22. ion europ enne pour la d mocratie par le droit du Conseil de l Europe dite Commission de Venise pourrait mutatis mutandis en servir de guide Par ailleurs et dans une perspective plus g n rale la multiplication des instances comp tentes plus ou moins institutionnalis es en mati re de droits de l homme que ce soit sur le plan interne de l Union ou dans le cadre de ses relations internationales traduit le souci voire l angoisse de l efficacit avec le risque in vitable d un chevauchement des comp tences Si la mise en place du nouveau R seau par la Commission a t la r ponse tardive aux nombreuses demandes de cr ation d un Observatoire des droits de l homme quels besoins suppl mentaires peut servir la r cente transformation par le Conseil europ en en d cembre 2003 de l Observatoire europ en des ph nom nes racistes et x nophobes en une Agence des droits de l homme A cet gard les r ticences de l Observatoire de Vienne cette transformation soudaine de son r le sont significatives d un certain malaise L on pourrait du moins souhaiter que ces m canismes puissent fonctionner de pair de mani re efficace chacun dans son champ de comp tence propre mais en troite coop ration en esp rant que l id e d un Observatoire des droits de l homme de l Union europ enne part enti re envisag par le Comit des sages du programme d action Montrer l exemple
23. ique B La mission du R seau caract re et objectifs de son action 1 Dans un pareil contexte pluridimensionnel la mission que le R seau est invit accomplir est par cons quent multiple elle est essentiellement li e la mise en uvre de la Charte qui constitue sa raison d tre sans pour autant se borner la seule observation de celle ci L on pourrait ainsi identifier trois types de mission pour le R seau Premi rement une mission d valuation et de suivi Organe informel de contr le de l application de la Charte le R seau a pour t che principale la pr paration d un rapport annuel sur la situation des droits fondamentaux dans l Union europ enne et ses Etats membres en valuant la mise en uvre de chacun des droits nonc s dans la Charte sur la base de rapports nationaux pr sent s par chacun de ses experts Dans une approche plus positive l un de ses objectifs long terme est de contribuer la surveillance du respect par les Etats membres des principes de la libert de la d mocratie du respect des droits de l homme et des libert s fondamentales ainsi que de l Etat de droit sur lesquels 1 Article 308 CE Si une action de la Communaut appara t n cessaire pour r aliser dans le fonctionnement du march commun l un des objets de la Communaut sans que le pr sent trait ait pr vu les pouvoirs d action requis cet effet le Conseil statuant l unanimit sur p
24. nuel et sont fond es sur les informations fournies par les experts du R seau par le biais d un questionnaire tabli cet effet Une premi re Observation th matique a t consacr e en 2003 IJ quilibre entre libert et s curit dans les r ponses de l Union europ enne et de ses Etats membres la menace terroriste gt Elle tentait de dresser un bilan des mesures prises par l Union et les Etats membres en r action aux attentats terroristes du 11 septembre 2001 afin de r pondre aux pr occupations exprim es quant au respect des droits fondamentaux cet gard L Observation th matique annex e au rapport de 2004 qui devrait para tre bient t porte sur l action ext rieure de l Union europ enne et la coop ration avec les Etats tiers dans les domaines mettant en jeu les droits et libert s 4 Le rapport de suivi du rapport annuel porte sur des questions sp cifiques du domaine des l gislations ou des pratiques tatiques que les institutions de l Union europ enne appellent aborder de mani re plus approfondie Il doit tre le fruit d un dialogue constructif et continu entre d une part les experts du R seau et d autre part les institutions nationales et europ ennes ainsi que les diff rents acteurs de la soci t civile Paraissant en septembre de chaque ann e il sert de barom tre mi parcours de certaines prises de position en fonction des r actions re ues Aucun rapport de s
25. ope acad2003 Textes sturma htm gt Droits fondamentaux n 3 janvier d cembre 2003 www droits fondamentaux org 170 Despina SINOU Pactes des Nations Unies ainsi que les principales conventions de l OIT Cette liste pourrait servir de base en vue d une future indexation de la Charte propos e par le R seau qui mettrait fin au risque d interpr tations divergentes puisque ses dispositions seraient lues la lumi re des instruments pr existants 2 La m thodologie g n rale de travail du R seau est bas e sur l observation mutuelle des pratiques des Etats membres avec un double objectif identifier les pratiques les plus respectueuses des droits fondamentaux en prenant soin d chapper en m me temps un jeu non coop ratif entre Etats Cependant la mise en place d une telle m thode pr suppose un ensemble de conditions qui ne peuvent tre remplies que partiellement sous le dispositif actuel Le R seau a pu en d gager quatre les plus viables sa consid ration la comparabilit des donn es recueillies au sein de chaque Etat elle m me reposant sur l application d une m thode d valuation uniforme et sur la recherche du maximum d informations indiff remment de leur caract re public ou non acc s aux informations sur les pratiques des autorit s nationales avec un recours possible le cas ch ant des indicateurs statistiques la collaboration avec les administrations et les
26. par la Commission des libert s et des droits des citoyens de la justice et des affaires int rieures du Parlement europ en dite Commission LIBE rapporteur Thierry Cornillet 2000 2231 INT 5 Ci apr s le R seau Note explicative CFR Charter of Fundamental Rights CDF Charte des droits fondamentaux Cf le site Internet consacr au R seau lt http europa eu int comm justice_home cfr_cdf index_fr htm gt Droits fondamentaux n 3 janvier d cembre 2003 www droits fondamentaux org Les activit s du r seau d experts ind pendants de l Union europ enne 165 contr le de la mise en uvre de la politique des droits de l homme dans l Union europ enne I LES REGLES DE FONCTIONNEMENT DU RESEAU Constitu au d part de quinze experts nationaux le R seau a vu sa composition augment e de dix nouveaux membres en avril 2003 afin d assurer une repr sentation globale des Etats membres d une Union europ enne r cemment largie un vingt sixi me membre y participe galement titre de sp cialiste en mati re de justice et d affaires int rieures JAI de l Union Les personnalit s qui en font partie sont pour la plupart des professeurs d Universit juristes minents ou praticiens du droit ayant une exp rience en mati re de droits de l homme Le R seau est plac sous la coordination d un de ses membres t che assur e jusqu pr sent par le Professeur Olivier De Schutter
27. roits fondamentaux l article 95 CE autorise l adoption de mesures visant l harmonisation les l gislations nationales la reconnaissance de pouvoirs implicites d intervention en mati re de droits fondamentaux peut trouver appui sur l article 308 CE si l on convient d assimiler la protection des droits de l homme un objet de la Communaut dans le sens de cette disposition enfin l am lioration de la coop ration judiciaire en mati re p nale serait bas e sur l article 31 al c UE qui pr voit qu une action en commun peut tre entreprise afin d assurer la compatibilit des r gles applicables dans les Etats membres C est dans le cadre de l exercice de ces comp tences reconnues plus ou moins implicitement que le R seau a t constitu par les organes de l Union Sa capacit r elle d action dans le domaine des droits fondamentaux est par cons quent subordonn e au champ mat riel d action de ses mandataires Cependant le flou qui entoure la question des comp tences de l Union quant la r alisation d une v ritable politique de droits de l homme laisse une grande marge de man uvre aux experts du R seau lesquels aur ol s de leur autorit scientifique et de l ind pendance de leur statut peuvent contribuer faire nettement avancer la cause des droits de l homme longtemps enserr e quelque part entre les labyrinthes bruxellois et la cacophonie inter tat
28. roposition de la Commission et apr s consultation du Parlement europ en prend les dispositions appropri es Droits fondamentaux n 3 janvier d cembre 2003 www droits fondamentaux org 168 Despina SINOU l Union est fond e selon l article 6 1 TUE Toujours dans le m me cadre le R seau peut progressivement favoriser le partage d exp riences et l apprentissage mutuel entre les Etats membres quant la mise en uvre des garanties de la Charte Un troisi me objectif plus sp cifique serait d assurer l indexation de la Charte aux instruments internationaux et europ ens de protection des droits de l homme En dehors des limites circonscrites des dispositions de la Charte ou parall lement elles le R seau assure une mission de consultation lorsque la demande de la Commission europ enne il met des avis ou tudie des questions ponctuelles sous forme d observations th matiques clairant ainsi les organes de l Union sur une vaste gamme de probl mes ayant trait aux droits fondamentaux Enfin dans une perspective plus g n rale le R seau est invit accomplir un r le d assistance aupr s des institutions de l Union notamment de la Commission et du Parlement europ ens dans l laboration de leur politique en mati re de droits fondamentaux Pour ce qui est du Parlement plus sp cialement il doit permettre de faciliter l exercice de sa mission de vigilance et de contr le fond e notamment
29. uivi annuel n a t rendu public ce jour 5 Des Avis peuvent galement tre rendus par le R seau sur des questions ponctuelles qui lui sont pos es par la Commission Cette fonction proprement consultative du R seau s av re d un grand int r t tant pour la diversit des objets que pour la fr quence dans la Directives op cit p 2 25 L ensemble des rapports de cette ann e devrait para tre prochainement en ligne sur le site du R seau cf supra note 6 Supra note 23 77 Texte l adresse lt http europa eu int comm justice_home cfr_cdf doc obs_thematique_fr pdf gt Droits fondamentaux n 3 janvier d cembre 2003 www droits fondamentaux org Les activit s du r seau d experts ind pendants de l Union europ enne 173 production des textes six Avis ont d j t mis en une ann e et demie d activit Le dernier datant de mars 2004 est relatif au R le des institutions nationales de protection des droits de l homme dans les Etats membres de l Union europ enne Deux Avis rendus en 2003 concernaient les unions entre partenaires non mari s et les mariages entre personnes du m me sexe Les autres Avis portent sur la protection de la vie priv e sur Internet sur le statut de la preuve ill gale en proc dure p nale et sur les enjeux de la libre circulation des citoyens de l Union 6 Le Manuel d utilisation de la Charte est un dernier instrument de r f rence labor
30. yennet art 39 46 et justice art 47 50 R alisant un travail titanesque de synth se ce premier rapport s av re litt ralement tre une mine d informations en ce sens qu il d crit les progr s r alis s Etat par Etat quant la mise en uvre de chacun des droits nonc s par la Charte et pr cise les objets de pr occupation Les seuls inconv nients sont son volume 284 pages et la mani re discontinue dont sont abord s pour la plupart les th mes trait s qui traduisent d une part le l gitime embarras devant une telle masse d informations avec le souci d une expertise urgente mais rendent d autre part un r sultat difficilement maniable et vague en termes de conclusions et de recommandations suivre Conscient de ces faiblesses et contraint par les circonstances de son largissement le R seau a convenu de changer la m thode de pr sentation de son rapport partir de l ann e 2004 et d opter pour un mode plus souple et plus visible A nsi l analyse annuelle est elle r partie d sormais en trois volets soit vingt cinq rapports nationaux un rapport portant sur l activit de l Union europ enne et enfin un rapport d valuation ou de Droits fondamentaux n 3 janvier d cembre 2003 www droits fondamentaux org 172 Despina SINOU synth se Ce dernier pr sent le 4 f vrier 2004 a t le fruit d une d lib ration collective au sein du R seau et d un change avec les repr
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