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1. Article a a Bernard Heidsieck Inter art actuel n 50 1990 p 27 32 Pour citer cet article utiliser l information suivante http id erudit org iderudit 59306ac Note les r gles d criture des r f rences bibliographiques peuvent varier selon les diff rents domaines du savoir Ce document est prot g par la loi sur le droit d auteur L utilisation des services d rudit y compris la reproduction est assujettie sa politique d utilisation que vous pouvez consulter l URI https apropos erudit org fr usagers politique dutilisation rudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif compos de l Universit de Montr al l Universit Laval et l Universit du Qu bec Montr al Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche rudit offre des services d dition num rique de documents scientifiques depuis 1998 Pour communiquer avec les responsables d rudit info erudit org Document t l charg le 16 novembre 2015 09 07 Bernard HEIDSIECK La po sie sonore est n e Paris autour de l ann e 1955 A pris forme autour de cette ann e un peu avant pour certains un peu apr s pour d autres nous le verrons autour du magn tophone nouveau m dia devenu accessible tant de travail que de diffusion La po sie sonore Ou et quand Pourquoi Comment Ou et quand 1955 nous tions fort peu en effet je crois autour de cette date tente2. Nueva Musica New Music du mat riau sonore que constituent le mot ou le son dits parl s et non chant s po sie et musique se trouvant donc ainsi confondues dans la plus suave et sans doute vaine sinon r jouissante des ambiguit s Plus d un auditeur spectateur du pr sent cycle d auditions spectacles le quittera en se demandant qui est qui Mais peut tre est ce l l un des objectifs aussi D pouiller de sa raison d tre une teile question La po sie sonore POURQUOI Les raisons je les imagine multiples Je pense qu elles se croisent se superposent s addition nent et s interf rent La po sie sonore pourquoi Pourquoi sinon chez elle eh bien ce d sir ou souci de conserver son traditionnel pouvoir de m diation mais en utilisant tout simplement les techniques qui s offrent elle maintenant et qui sont celles de l environne ment quotidien de tout un chacun Le po me d une part passif jusqu pr sent roupillait dans la page c est s r par ailleurs l inflation des mots en avait lim jusqu l c urement leur sens leur pouvoir explosif ou d veil Le po me donc dans son perp tuel souci de communication s est alors r sum concentr dans le cri dans le phom ne dans des suites de phom nes dans le son Fuyant ainsi la page et redevenu actif pour tout dire il a utilis les moyens les techniques lectriques lectro acoustiques qui se sont of
3. en d but de cycle de la Gr ce antique la po sie m di vale en passant par celle des cultures dites primitives une longue suite d exemples pourrait sans doute tre fournie ici Or ne vivons nous pas la culture primitive de notre tribalisme plan taire Celle d un nouvel age La po sie sonore pourquoi Je n en sais rien Et apr s tout je m en fous C est comme a Mais ce que je sais par contre le ressentant physiquement comme tel comme une vidence et comme un besoin c est que passe ou doit passer travers elle la vie charri e intense bourbeuse ou planante Qu elle chappe sans doute par son oralit son primitivisme la litt rature Que cette derni re est bien le moindre de mes soucis Qu travers elle au del des mots et des sons ou travers sons et mots physiquement saisis et retransmis passe ou doit passer une lectricit imm diate qui transcende les normes habituelles de la communication Qu partir de l un tr s large ventail de voies lui est ouvert Une vaste panoplie de possibilit s et de directions La po sie sonore pourquoi pourquoi Pourquoi plut t pourquoi refuser cette ouverture Au del des carcans chappes et camisoles de tous acabits dans lesquels la po sie a failli se pi ger Pourquoi Sinon pour circuler au del de l obstacle des langues qu elle transgresse de nombreuses missions radiophoniques entre autres un
4. le d cisif Celles ci RABELAIS peut tre d j qu importe tant mieux celles ci l audition virent de genre et d optique de nerf et de dimension et rejoignent par ce biais je le crois notre propos P A GETTE nous a accoutum s ses lectures de listes scientifiques en latin de plantes ou de col opt res Mich le M TAIL n en finit pas de fournir aux compl ments du nom d autres compl ments de noms Et ces lectures haute voix de nous appara tre alors comme les clefs de communications orales red couvertes La lecture haute voix oul Absolument La voix donc enfin nouveau Celle ci est au centre moteur support v hicule raison d tre cela va sans dire de la pr sente manifestation Celle ci ne vise pas pr senter un nouveau mouvement po tique mais montrer tr s simplement que la po sie tente de retrouver a retrouv enfin son v hicule naturel son vecteur de tout temps la voix Et non seulement la voix mais de surcroit l action GUTENBERG mis respectueusement de c t c est bien travers ce radical d collage de la page la voix naturelle ou filtr e par la machine la voix avec son potentiel avec tout ce qu elle peut charrier avec tout ce qui travers elle peut se r v ler la voix donc en tant que mat riau et que r v lateur qu auscul tent aussi tous les pratiquants de cette po sie autre cette Po sie Sonore tous les music
5. aussi dont il s agit Bien des d veloppements pourraient donc venir en clairer les motifs de convergence formels au coeur m me souvent de motivations parall les seulement sinon divergentes 9 La po sie sonore qui a partir de Paris s est r pandue internationalement ne constitue pas en effet la derni re coqueluche d une nouvelle cole d un groupe ou d un a isme Sa projection internationale bien au del donc des 4 ou 14 arrondissements de Paris pour ne citer que ceux l suffirait le prouver Ce n est qu la fin d un cycle que se chassent et se bousculent les ismes dans la pr cipitation son d but il n y a pas d tiquette Pas d cole Plus tard seulement sans doute sinon tr s certainement s op re ront l int rieur de cette nouvelle oralit les cloisonnements les oppositions avec leur traditionnel cort ge de ruptures et d exclusives Dans dix ans cent ans trois si cles Nous n en sommes pas l Pas encore en d pit des diff rences d j notoires voqu es plus haut La texture a litt raire sous un certaine angle de l ensemble des oeuvres pr sent es tend prouver en faisant fi de toute future r cup ration ventuelle il ne s agit pas d un clin d oeil ou si peu que celles ci dans leur spontan isme plan taire qui se confirme chaque ann e davantage que celles ci d j font partie d un autre ge dont elles consti tuent parmi d a
6. d enregistrements directs et spontan s que je songe ici mais des citations dont la fr quence s accentue qui se r f rent la voix et aux possibilit s du magn tophone et qui ont en commun le charme subtil de sembler ignorer ce qui se pratique alentour de rester l abri bien calfeutr es dans le livre et de n envisager cette ouverture que pour se garder d en assumer les risques Il est urgent de r aliser qu au del de tous les voeux pieux il y a dans cette pratique de l oralit une aventure vivre qu elle l a t et qu elle continue l tre et une logique d inconnu assumer Ce d collage a t pour tous un saut dans le noir et continue de l tre compar au confort de la page blanche Parmi donc les nombreuses d clarations d intention non suivies jusqu pr sent d effet je me limiterai en mentionnant par exemple de Michel BUTOR La mobilit de la lecture tant bien plus grande que celle de toute audition vous pourrez livre en main r ver toutes sortes d coutes 6 810 000 litres d eau par seconde Gallimard Pourquoi ne pas aller dans ces paradoxes tudes st r ophoniques puisqu elles s intitulent ainsi jusqu au terme de leur propos et confondre texte et voix Roland BARTHES de m me n crit il pas Oraurr s Porvrnonix 16 Qureec pu 12 au 16 juin 199 S il tait possible d imaginer une esth tique du plaisir textuel Il faudrait y in
7. r ment exclus de la pr sentation sonore de cette manifestation consid rant qu il ne faut pas en exag rer l influence directe que celle ci ne s est exerc e apr s tout concr te ment que sur une seule des directions prises par la po sie sonore qui seront d finie un peu plus loin que l apparition du magn tophone de la bande magn tique en tant que nouveaux tremplins et instruments de travail et de retransmission a compt pour un bon nombre d entre nous finalement beaucoup plus que Dada et Cie Il eut t donc abusif pour beaucoup de les coiffer de cette unique quelqu en soient la valeur et le poids bani re historique Ceci explique que ne soient pr sent es ici volontairement que des oeuvres post rieures ce tournant bref que 1955 ait t choisie comme date charni re et de d part 2 Le Lettrisme en tant que tel en d pit d une intuition novatrice incontestable et d une bonne connaissance de Dada est rest finalement aveugl ment limitativement d sesp r ment ancr la sacro sainte page refusant la logique de son postulat red couvert de d part 3 Je me dois de mentionner ici l appari tion la m me date concordance sans doute superficiellement fortuite de la po sie dite Concr te dont les pionniers ont t Eugen GOMRINGER RFA en 1953 et le groupe br silien Noigandres en 1955 et que Pierre GARNIER ult rieurement sa cheville ouvri re en France a c
8. un objectif commun le souci majeur de rendre le texte public De l extraire donc de la page ou du papier pour le retransmettre sous forme d actions de lectures de performances d o le terme m me d j de Performance Poetry objet de la th se d universit d Ellen ZWEIG aux tats Unis D o le r le accompagnateur aussi majeur du geste du comportement de la voix propres chacun que l lectronique y soit ou non associ e devenus les vecteurs fondamentaux de ces projections de funambules Diff rents courants la limite enchev tr s en constituent la trajectoire le premier trouve sa source chez Dada et le Futurisme dont il prolonge et actualise travers aussi les recherches typographiques de La Po sle Concr te les recherches phon tiques cela jusqu au souffle jusqu au cri le deuxi me associe la s mantique habituelle aux manipulations brouillages reconstructions que permet le magn tophone dans le souci exploratoire de parvenir une autre dimension textuelle le troisi me certes parfois la fronti re de la musique sans doute tend ne conserver de la voix travers une utilisation maximale de la machine que son grain sp cifique savoir le mat riau sonore qu elle offre et constitue le quatri me c toie l ethnographie et les sources m mes de la po sie orale le cinqui me hors de toute utilisation du magn tophone grave profond ment dans la d
9. clure l criture haute voix Cette criture vocale qui n est pas du tout la parole on ne la pratique pas mais c est sans doute elle que recommandait ARTAUD et que demande SOLLERS Parlons en comme si elle existait Le plaisir du texte ditions du Seuil 1973 Collection Tel Quel Et SOLLERS pr cis ment enfin de r v ler Mon r ve ce serait d arriver cr er une sorte d op ra de la langue et de poursuivre sur l utilisation d un magn tophone destin susciter les effets sonores d un texte destin la page Interview dans le Monde du 29 novembre 1974 Puisse ce r ve se concr tiser 11 Philippe MIKRIAMOS auteur de la premi re tude sur William BURROUGHS S ghers l occasion du r cent Colloque de Tanger qui s est tenu Gen ve en 1975 sur pr cis ment l oeuvre de ce dernier et celle de Brion GYSIN a concentr son Intervention critique sur une analyse de l oeuvre de BURROUGHS et de ses livres partir enregistrements l appui de la voix et de la fa on de dire de ce dernier et partir aussi titre de comparaison de la voix enregistr e d autres po tes ou crivains N talt ce pas l la premi re approche critique de ce type me sonore Bernart HEIDSIECK Si la po sie para t enfin sortir de son ghetto Si elle accepte son tour et davantage chaque jour les deux composantes de cette fin de si cle la technologie et ou la communication de ma
10. constat humour ou lyrisme ASHLEY Steve REICH A LUCIER r p tition r p tition r p tition et drogue sur drogue et sur drogue envo tement et l cole su doise enfin Sten HANSON de plus en plus Bengt Emil JOHNSON Svante BODIN Lars Gunar BODIN MELLN S tous musiciens de formation miettement d glutition pulv ri sation du texte des mots des ph nom nes des lettres par la machine Que chacun encore une fois face cette num ration d monstration simplificatrices engag dans son univers ou tuyau particuliers avec ses nuances et subtilit s propres me pardonne Et que chaque auditeur aussi dans cette confusion communion g n rale me pardonne ou se rebiffe ou plut t s il le peut qu il se forge lui m me ses propres crit res de choix et d ventuelles fronti res s il le peut dans l ventail sonore que lui offre la pr sente manifestation o se jouxtent sans complexe deux disciplines TV Le quatri me courant enfin singulier ternel qui n a pas recours au magn tophone et que j ai souhait introduire dans ce panorama vise faire basculer un texte crit la limite banal le projeter le catapulter l grener dans un espace sonore et dans la dure pour en m tamorphoser la nature et l impact Le poids de la dur e dans laquelle viennent s inscrire listes num rations et r p titions la limite jusqu l insupporta ble y joue un r
11. en action Merci pour elle Et de dire alors que chacun bascule au gr de sa folie et de sa fantaisie de ses r ves ou d sirs sur tel matelas ou telle paillasse sur tel tremplin ou tel ressort et puis voil tant pis tant micux la fronti re de la musique donc parfois Oui Sans doute Mais la fronti re seule ment la fronti re tout de m me Avant d en venir pr cis ment ce troisi me courant de la po sie musique po sle il faut citer ici titre de charni res singuli res l infra folk song blanc parl incantatoire de Peter et Patricia HARLEMAN ou noir de The Last Poets infra jazz dit ou le pop parl de SHIVA III Le troisi me courant s est agenouill devant la machine ou a voulu l exorciser Et pourquoi pas D o son recours toutes les possibilit s de l lectronique D o la r duc tion sublimation du langage un simple mat riau sonore de base s lectionn cependant que n h site pas pulv riser dissoudre et faire clater la machine Le mot dit la phrase le texte se trouvent d glutin s par Elle aval s et tous les points d ancrage s mantique d origine envol s Ne subsiste alors qu un grain sonore boulevers mais sp cifique oh encore car d origine vocale Bien des caps ce niveau bien s r se trouvent franchis D pass s parfois peut tre m me et plus d un alors alors plus d
12. fertes lui et qui sont celles de notre bain sonore quotidien La page lorsqu elle subsiste n est alors que simple partition l ment de r f rence ou tremplin mais elle peut m me la limite bien entendu dispara tre La po sie sonore dite ou enregistr e permet ainsi retrouve les pouvoirs de la spontan it et de l improvisation capte nouveau le b n fice du hasard La machine de plus par la trituration des mots et des sons qu elle autorise qu elle provoque par les possibilit s de variations de vitesse de confrontations superpositions collages manipulations de tous ordres qu elle permet suscite une approche du r el tout autant que l imaginaire nouvelle concr te et imm diate physique dont les possibilit s ne sont l heure actuelle qu peine entrevues et touch es les prolongements peine per us Mais il y a aussi outre l apparition de ces nouveaux m dias lectro acoustiques tant au niveau du travail que de la communication le fait de basculer dans une civilisation de masse avec tous les imp ratifs toutes les contrain tes aussi qu impose une telle donn e la conscience intimement sinon n buleusement pergue d appartenir de participer aux tous premiers pr mices d une civilisation autre l informatique entre autres n est ce pas Or co ncidence non fortuite cette fois la po sie n a t elle pas toujours t n est elle pas toujours orale
13. iens de cette New Music de cette Musique Nouvelle Eux bien s r mais bon nombre aussi maintenant et de plus en plus d crivains qui en de de toute pratique s y r f rent et lorgnent vers elle 1 Des critiques vont jusqu en faire un terrain d analyse pour remonter l uvre Et vingt ans ce n est rien L criture vocale parlons en comme comme si elle existait BARTHES Eh bien puissent ces dix jours qui lui sont consacr s montrer qu elle existe qu en vingt ans elle a boug chang volu montrer les trajectoires qui l ont port e et travers e faire appara tre les d veloppements qui lui sont ouverts ses lignes de force les risques et p rils qui la guettent aussi bien s r et que par del toute intention litt raire c est dans ses balbutiements m mes la vie qu elle cherche physiquement se coller elle qu elle cherche rejoindre et d chiffrer dans l action d un moment projeter texte action confon dus bien au del des supports tradition nels ou actuels que sont le papier ou la bande magn tique 0 RALIT S Powrnonix 16 Qursec vu 12 au 16 juin 199 1 Il eut fallu sans doute videmment donner ici quelques r f rences et pr cisions historiques s tendre sur les primitifs les pr curseurs Dada les Futuristes JOYCE etc tous proph tes en la mati re Je ne les mentionne ici que pour m moire les ayant d lib
14. it la page un r le de tremplin avant d en venir au magn tophone en 1959 mes textes partir de 1955 donc dans un renversement d opti que n tant plus destin s tre lus mals entendus sans oublier enfin dans cette d cade qui pr c de 1960 Paul de VREE en Belgique Hans G HELMS en RFA John GIORNO aux Etats Unis Depuis ses premiers balbutiements parisiens d il y a vingt ans la po sie sonore a non seulement fortement volu e dans ses structures fondements et composantes a non seulement v cue et continue vivre des trajectoires diff rentes sinon divergentes mais elle s est aussi largement r pandue dans l espace L organisme su dois Fylkingen en association avec la radio su doise y a largement contribu en cr ant depuis 1968 annuellement un Text Sound Festival dont les disques qui ont mat rialis des confrontations successives ont t entendus cout s un peu partout dans le monde non seulement par des Oraurr s Poiyphonix 16 Qursec pu 12 au 16 jun 1991 po tes mais aussi par des musiciens Ainsi assiste t on de fa on spontan e ou non comme on le dit d une g n ration mainte nant une prolif ration qui ne cesse de s tendre de recherches chercheurs po tes ou chercheurs musiciens dans ce domaine red couvert de la voix de la po sie sonore mais aussi une extension de la notion du champ musical du fait de l annexion par cette Nouvelle musique
15. l et r volutionnaire de nouveau m dia Le magn tophone tant ainsi pris comme axe de d limitation disons que dans ce premier courant certains se situent en de n y ayant que peu ou accessoirement recours tels Mimmo ROTELLA Peter GREENHAM Ernst JANDL LORA TOTINO Bliem KERN Bill BISSETT Maurizio NANNUCCI et certains po tes concrets dont les textes fonda mentalement visuels peuvent lorsqu ils sont dits et Lily GREENHAM en est l exception nelle interpr te basculer dans une optique d SOMOTE Y D autres au dela du stricte phon tisme et en de de toute s mantique associent le magn tophone au cri la respiration au souffle F DUFR NE avec ses Crirythmes J L BRAU WOLMAN avec ses M ga pneumes Da SILVA GILLS Yoko ONO m me n ou blions pas sa participation Fluxus au corps entier au c ur du corps H CHOPIN dans ses audio po mes D autres enfin la fronti re du deuxi me courant celui qui concilie s mantique et magn tophone combinent selon phon tisme s mantique et moyens lectro acoustiques Alors JOYCE de tendre une oreille parfois Ce sont mille pardons pour les sch matisations h tives Franz MON R HM Bon COBBING Paula CLAIRE I LAABAN DAMEN Ainsi donc la musique d j 11 Le deuxi me courant utilise l ensem ble des possibilit s qu offre le magn tophone la bande magn tique se substituant la page comme
16. lui de leur sonorit fr quence coloration intensit mise en place succession vocation r f rence De ces uvres et recherches s mantico abstraites on glisse progressivement toujours dans cette deuxi me trajectoire vers des travaux de plus en plus signifiants en d pit du ou gr ce au magn tophone lequel permet chez certains ventuellement d inclure au texte selon un style parfois abusivement tax de radiophonique sons naturels bruitages bruits de foules musique m me la limite que ces travaux soient d ordre folklorique ROTHENBERG af KLINTBERG narratif illustratif ou didactique A H DELL HELMS ANDERSON Mc LOW base de jeux s mantiques quivoques et cinglants Brion GYSIN avec ses permutations Gh rasim LUCA de constats tranches raccourcies de vie reconstitu e d analyses coups de sonde de r ves et coups de fouets Paul de VREE L NOVAK Michael CHANT O GALLAGHER John GIORNO et moi m me avec mes Biopsies et Passe Partout ou reposant enfin sur une pratique de la r p tition obsessionnelle aire de d collage ou marteau piqueur C AMIRKHANIAN GNAZZO SAROYAN Bigre que de sch matisations Pardon Fichtre Que tout cela est ennuyeux ainsi d roul d cortiqu Mille pardons Fichtre bigre cependant pour un parcours de vie Fichtre et bigre deux p les limites et certains pour une scissure de ROLANDO en folle
17. onfusion des genres sur l interp n trabilit des pratiques formes et normes artistiques cette fusion confusion se retrouve dans bien d autres disciplines rappels d vidences qui courent les rues maintenant la sculpture qui se fait corpo relle la photo qui s int gre au tableau la musique qui se fait geste le tableau sculpture l criture tableau und so weiter On en finirait pas Chacun de se mordre etc etc On en finirait pas Est ce utile par cons quent Le serait ce Oh Byzance bien sur 8 Il serait utile de s tendre ici sur ce ph nom ne et cette utilisation de la r p ti tion Celle ci est en effet actuellement le medium de possibilit s intentions variations multiples qu illustre tout la fois curieu sement mais sans doute non fortultement tout un courant de la musique la musique r p titive de la Monte YOUNG Steve REICH Philip GLASS Terry RILEY Luc FERRARI la musique Pop allemande Klaus SCHULTZ Tangerine Dream HELDON Ariel KALMA entre autres et bon nombre de po tes sonores musiciens po tes ou po tes musiciens qu importe encore une fois dont la liste des nuances vari es serait longue AMIRKHANIAN LUCIER ASHLEY H DELL GNAZZO SAROYAN moi m me la limite parfois etc et que vient pr cis ment rejoindre ce quatri me courant ce degr le hasard est d pass C est une rencontre l
18. ontribu faire conna tre gr ce notamment son ouvrage Spatialisme et Po sie Concr te Gallimard 1968 vocation typogra phique et visuelle Les deux mouvements en effet celui de la po sie sonore et celui de la po sie concr te dans le parall lisme de leurs volutions respectives ont non seulement t souvent confondus pr sent s ensemble r unis sous la m me appellation dans de multiples manifestations expositions internationales liste d o Paris serait absent mals poss dent indubitablement une part commune d ancrage o les chass s crois s de la part des uns et des autres de la part de certains en tous cas sont manifestes et constants M me si cette assimilation unifica trice se trouve tre pour d autres pour certains aventureuse sinon abusive 4 Avant et depuis lors des concerts et manifestations se sont succ d s en Angleterre Hollande RFA Italie France en Am rique Latine aux U S A etc les radios contribuant galement de fa on plus ou moins parcimo nieuse cette diffusion 5 La po sie sonore n est pas surgie de Mac LUHAN mais celui ci l utilise au contraire dans ses d monstrations comme l une des preuves par neuf de ce qu il avance 6 savoir vitesses vari es cho profondeurs simultan isme st r ophonie superpositions dialogues collages intensit s raccourcis etc etc 7 ce niveau donc pourrait s ouvrir une vaine discussion sur la c
19. peu partout en t moignent et s aventurer dans un no man s land o tout reste faire Enfin Comment Pour simplifier disons que quatre courants traversent la po sie sonore et la constituent Ni parall les ni antagonistes leurs fronti res sont en effet poreuses les passages fr quents de l un l autre leurs trajectoires se superpo sent souvent s imbriquent ou se recoupent parfois Chass s crois s et emprunts r cipro ques t nus ou vidents sont fr quemment perceptibles tant au niveau du mat riau des structures que des objectifs I Le premier de ces quatre courants se d finit par le mat riau essentiellement phon tique ou post phon tique qu il utilise Si l on veut lui trouver une filiation historique c est d s la fin du si cle dernier vers MORGENSTERN avec sa Grosse Lalula qu il faut se tourner puis plus tard vers les dadaistes Hugo BALL TZARA Raoul HAUSSMANN SCHWITTERS entre autres et avant eux LLIAZD et KLEBNIKOV vers les Futuristes italiens et P Albert BIROT puis plus tard entre autres aussi vers SEUPHOR PETRONIO Antonin ARTAUD et les Lettristes enfin en 1947 I ISOU qui publie cette ann e l son Introduction une nouvelle po sie et d une nouvelle musique Gallimard le ma tre SPACAGNA ce trac rapide menant jusqu l apparition du magn tophone C est alors que ce dernier vers les ann es 53 60 a commenc jouer le r le mentionn plus haut radica
20. r de renverser l ordre des facteurs vouloir projeter le texte hors de la page chercher rendre nouveau le po me actif alors que passif il ronronnalt ou somnolait au plus profond de la page alors bourr e de r sistance ou devenue quasi blanche et que sa plus exquise extase ou coquetterie supr me taient ni plus ni moins ah cette inflation d images evou cette beaut du vice de se jouer du lecteur sinon m me de le fuir Fort peu donc hisser le texte hors de la page hors du livre le catapulter vaille que vaille hirsute qu importe vers autrui dans un renversement dynamique et dans un intense souci de re communication ou de dialogue Fort peu oul Fran ois DUFR NE qui d s 1953 scissionniste du Mouvement Lettriste cr ait avec WOLMAN et BRAU l Ultra Lettrisme et commen ait projeter ses Crirythmes bien au del du papier du phom ne ou de la lettre Brion GYSIN qui dans la chambre de son fameux Beat Hotel de la Rue Git Le C ur un peu plus tard en 1959 travaillait et enregistrait au magn tophone ses premi res Permutations Henri CHOPIN la m me date qui porteur en puissance d j d une revue dont il r vait bas e sur le disque et qui plus tard avec sa revue Ou precise ment allait devenir notre diteur tous en tait ses premiers enregistrements d audio po mes moi m me en 1955 avec mes premiers Po mes Partitions qui limita
21. s qu il soit physiquement assimil jusqu au bout des ongles en sorte qu il surgisse dans sa retransmission comme pour la premi re fois dans l instant m me que le texte au del du son et de la voix au del du fait d tre entendu en devienne concr tement visuel Ainsi retransmis po mes et textes deviennent plus que ce qu ils sont d ordinaire Ils sont eux m mes bien s r des mots un cri du son un souffle du sens mais ils sont en outre l image qu ils offrent d eux m mes qu ils s adjoignent qui finit par leur coller la peau et qui n est autre que celle que leur imprime par son comportement sa fa on d tre ses gestes sa voix sa tension son corps le po te lui m me Un tout indissociable Un visuel visible en somme propre chacun ou chacun d eux est venu vient s adjoindre au po me au point d en devenir un compl ment fondamental indissociable de son lectricit De sa substance La po sie sonore c est donc bien ga a Oraur s Poivrxomx 16 Qurerc pu 12 au 16 juin 199
22. sse Si donc de proche en proche de ville en ville et de pays en pays se multiplient lectures publiques rencontres et festivals de po tes Si le terme m me de po sic ose ouvertement sans honte maintenant se prononcer S il s est d poussi r de sa connotation d ennui de mi vrerie ou de r ve na f niais sp culatif ou mal ficel Si le po me de couch cach enfoui dans la page en est venu assumer sa pr sence sur sc ne S il a reconquis son droit de cit S il a cess de ne circuler qu en circuit confidentiel et ferm s il s est ouvert au monde a r int gr la soci t Eh bien la po sie sonore mouvement surgi au cours des ann es 50 qui n a cess depuis lors par contagion disques revues manifestations publiques de tous ordres travers l Europe et l Am rique du Nord d largir ses territoires d investigations la po sie sonore OUI s enorgueillit d y avoir largement contribu Son champ est vaste qui recouvre en fait un certain nombre de d marches parall les ou entrecrois es Parfois m me tr s loign es les unes des autres Associ e son origine au magn tophone nouveau m dium possible et de travail et de communication elle s est depuis lors appropri e l ensemble des moyens lectro acoustiques la vid o et l ordinateur mais tout en sachant aussi et tout aussi bien se garder parfaitement et totalement de leur usage Par del ces modes d expression multiples subsiste cependant
23. tremplin et lieu de cr ation pour mettre en situation et transformer un certain nombre d l ments s mantiques choisis retenus s lectionn s improvis s ou gracleu sement fournis par le hasard Le champ non clos mais ouvert de ce courant s tend des limites extr mes du pr c dent nous venons de le voir jusqu celles de celui qui va suivre de celui qui se situe cette fois sans remords la charni re de la musique Ce qui soude les l ments pars de ce deuxi me volet c est l utilisation du mot des mots dits toujours et non chant s ou si peu c est une volont signifiante travers des composi tions orient es des textes dirig s celle d un langage appel se d velopper d couper d rouler dans un temps pr cis dans un espace construit le texte en temps que texte sonore ayant t con u avec le but radical d tre projet in fine dans l espace ceci en utilisant parcimonieu sement les moyens lectro acoustiques certes mais en faisant face par contre surtout aux exigences de la dur e du poids et de la composante donc du temps dans lesquels est appel se d rouler se d velopper le texte Oraurr s Porypnonix 16 Qursec vu 12 au 16 juin 1991 Dans cette optique le texte enregistr bien qu base de mots toujours peut tre abstrait ou presque Neil MILLS Charles VEREY CLARCK mots et rythmes ayant alors un poids pr cis ce
24. un de se demander musique musique ou po amp sie Bof Qu un musicien fasse parler un ordinateur que celui ci programm dise un texte clair et pur de tout autre son cela lui conf re t il l estampille po sie ou l estam pille musique Fichtre bigre encore DODGE H LILLE tous coups en tous cas celle du si cle du n tre et de l aventure Ah oul certes Cela au moins pour stir Ce qui l est moins tout de m me il faut se l avouer et qu on se le dise c est que ce dernier courant se compose essentiellement de musiciens de musiciens po tes peut tre mais de musiciens coup s r et que ce ne sont pas des musiciens au rabais J al tenu introduire ces transfuges dans ce panorama de la po sie sonore pour souligner faire appara tre ces chass s crois s parce que je me plais constater ni plus ni moins ce rush sur le mot partir d horizons divers inattendus Parce que le mot dit parce que la diction il n est pas question ici d un SPRECHGESANG la SCH ENBERG ont acquis l aussi hors de la page de la page partition m me travers rage et passion obsession et fascination droit de cit Dans ce courant n o musical ou hyper po tique n o po tique ou hyper musical qui tranchera qui et chacun de apr s tout C CLOZIER P ROCHEFORT subjectivisme et tendresse objectivisme et
25. ur e des textes pr alablement crits ou trouv s o al eben St Er Familien le sixi me la limite pourrait tendre n tre qu action pure se comportant ainsi l gard de la po sie comme Fluxus le fit l gard de la musique Toute po sie a la pr tention sans y parvenir n cessairement d tre concern e par le son La po sie sonore pourrait alors ainsi se pr senter comme une tautologie Il se trouve que cette appellation recouvre maintenant et dans toutes les langues Sound Poetry Poesia Sonora Laut Gedichte la d finition de plus en plus pr cise et en d pit m me de ses diff rents courants d une po sie physique t te chercheuse active et centrifuge publique et tendue vers autrui C est donc en d finitive en fonction des crit res suivants qu un po me me semble t il basculera dans le champ de la po sie sonore qu il se soit ou non incorpor de l lectronique qu il ait la conscience aigue d avoir se projeter ceci n excluant pas le nombrilisme pour autant que celui ci se souvienne alors qu il est public qu il ait celle aigu tout autant d avoir remplir un espace donn totalement et d avoir en outre se coltiner avec la dur e l un et l autre nouveaux partenaires complices du texte ou de l action qu il soit agit port par le po te lui m me l exclusion donc de tout acteur interpo
26. utres les pr mices Ne constate t on pas du reste que conduisent et poussent vers cette nouvelle oralit obligatoire les d veloppements d une part ultra rapides de nouveau m dias audio visuels en nombre et en perfectionnements et d autre part dans la fr n sie ambiante le manque de temps et sa pr cipitation ressentie par chacun D sormais faute de temps je communiquerai avec vous par cassettes et je vous demande en retour d en faire autant vient d crire dans le contexte d un change de correspon dance qui dure depuis plusieurs dizaines d ann es une dame de plus de 80 ans de ma connaissance l une de ses amies La panique qu a suscit e cette injonction si nouvelle tout de m me en 1975 se transformera en routine d ici peu La meilleure preuve le fait que cette vieille dame m ait charg pour ne pas perdre toute possibilit de communiquer avec son amie de lui acheter tr s vite un lecteur de bande la complexit du mode d emploi apr s tout ne d passant que de tr s peu ind pen damment du caract re r volutionnaire de ce mode d change celle que repr sente par exemple le remplacement d une plume sergent major us e 10 Ce n est pas bien entendu ce que l on appelle La litt rature au magn tophone celle de Paul BOWLES celle AHMED dont l immense int r t n est pas en cause ici mais o la voix n appara t qu travers la retrans cription sur la page
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