S`ENTRETENIR DE LEURS LECTURES Brigitte
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1. Pour Mourad la lecture plaisir existe bien c est m me la premi re laquelle spontan ment il fait r f rence en parlant de ses bandes dessin es Mais cette pratique pisodique cohabite avec une repr sentation assez effrayante de la lecture devoir id alis e on lit cest quelqu un d autre quelqu un qu il devrait tre dont l enjeu est particuli rement lourd La description qu il fait de l utilit de la lecture ce n est pas seulement celle qu il croit que l enseignant d sire entendre c est celle du long chemin qui dans son esprit conduit quelqu un l alphab tisation le terme du processus c est on sait lire et non par exemple on apprend des choses Ce que confirme un peu plus tard cette pr cision sur l utilit de lire M Faut qu on aime pour qu on lise sinon on saura rien plus tard hein Faut savoir lire par exemple y a une lettre qui nous vient si on sait pas lire c est qui qui va nous aider Personne Faut savoir lire Or dans ce sens Mourad sait videmment lire il ne bute plus m me en assumant le r le de Scapin dont en classe il a t l un des plus ardents interpr tes et il est bien vident qu il est capable de lire une lettre Dans cette repr sentation archa que le chemin n est pas on sait lire et puis on aime lire mais l inverse Qui a t priv de ce plaisir qui l a t on interdit Que signifie devenir bien Nous pourr2. Mourad ne sait pas encore bien ce qu il veut faire plus tard ce qu on ne saurait lui reprocher en 5 Mais il a quelques r ves Mais dans quel m tier tu te verrais bien Ah je sais pas Tu sais pas Yen a plein hein Par exemple On peut toujours r ver hein Moi euh des fois policier quelque chose comme a Policier d accord Est ce qu il va falloir lire pour tre policier Ben non Si faudra lire un peu pour voir les permis de conduire tout a les cartes grises P Et puis M Quand le chef il donne un formulaire Et puis quand par exemple on est en moto ou en voiture pour qu on regarde les panneaux ZU lt U lt U lt ZU Ma question pour tre policier a t comprise comme quand tu seras policier Mourad qui ne s tait pas repr sent un policier lisant recherche des situations o ce serait le cas Mais ce qu il trouve ce ne sont pas des occasions de lire pour am liorer ses comp tences professionnelles des ouvrages de droit par exemple il n envisage pas non plus des lectures de rapports Ce qu il d crit ce sont des cas o se trouverait bien embarrass un policier qui ne saurait pas lire Je reformule ma question P Et puis encore Pour devenir policier M Ben Faut passer son bac je crois P Ca d pend Je crois que les policiers en tenue au d part ils sont pas forc s d avoir le bac Mais il vaut mieux parce qu
3. lui voudrait tre avocat Avocat ou juge Faire des tudes de droit P Donc effectivement faut avoir l habitude Est ce que tu penses que ce sera tr s dr le ce que tu auras lire pour tre avocat ou juge S Ah non P Tu vois un peu le genre de textes que ce sera S Oh divorces Ce qui me ferait rien ce serait les transactions Mais je ferai jamais des trucs du genre meurtres ou bien suicides non On retrouve la m me interpr tation que celle de Mourad pour tre signifie quand je serai on a donc int r t tre tr s explicite quand on pose cette question pour lui tr s dr le renvoie au caract re plus ou moins p nible des affaires qu il aura traiter et il ne pense pas la masse de lectures qui l attend au cours de ses ventuelles tudes de droit Cependant la diff rence de Mourad il est conscient qu il aura les faire m me si pour lui non plus lecture n quivaut pas lecture professionnelle Cette notion sera apport e plus tard par son ami Eric qui participe l entretien P Pour toi la lecture c est plus un travail ou c est plus tu m as dit une d tente E Ben a d pend des fois si on lit si je lis un roman ou quelque chose que j aime bien une B D ou quelque chose comme a a c est plut t une d tente c est pour s amuser tandis que si je dois lire par exemple comme il disait tout l heure des tudes de dro
4. la r ponse fuse Oui c est un plaisir Moi je lirais jamais si c tait un travail Dans son rapport sur Les jeunes et la lecture qui exploite galement les donn es d une enqu te concernant des coll giens F de Singly tudiant l qui libre entre lecture travail et lecture loisir observe que Les jeunes qui lisent surtout pour leurs loisirs ont une image positive de l ensemble des livres ceux qui lisent surtout pour leur travail ont eux une attitude plus r serv e Dans sa mise en uvre la lecture pour le travail n est pas ind pen dante de la lecture per ue comme travail S il est vrai que pour la grande majorit des enfants la lecture est comprise pendant son apprentissage explicite comme un travail cette phase est ensuite in galement oubli e A un p le le livre ouvre la 64 porte aux mondes imaginaires des ouvrages de fiction et des documentaires l autre il demeure beaucoup plus associ au labeur 10 Cette analyse claire la position de Selim quant Mourad les choses sont un peu plus complexes dans la mesure o on l a vu il a une exp rience limit e peut tre mais nette et marquante de la lecture loisir o on le verra il n a aucune conscience d effectuer une lecture travail pour la classe o enfin pour lui et pour sa famille l apprentissage de la lecture repr sentait un enjeu d une particuli re importance 2 2 Lecture et avenir professionnel
5. Litt rature et le classement chronologique des sujets revient Nicolas n a pas le sentiment que ce classement possible quand il s agit d une s rie de neuf livres sur son tag re deviendrait tr s embrouill si le fonds tait plus important Peut tre faudrait il ce moment lui demander s il pourrait garder ce crit re pour classer tous les documentaires de sa biblioth que En attendant il a quand m me gard part les deux ouvrages N Bient t six milliards dhommes nourrir et La petite g ographie moi je les placerais dans l histoire et la g ographie les deux parce que bon a Six milliards 75 d hommes nourrir bon a parle de tout le monde c est de la g ographie et aussi de l histoire parce que et la Petite g ographie euh P Quand tu vas la biblioth que ou la B C D ou des choses comme a tu trouves l o tu cherches en g n ral Par exemple tu te dis Bient t six milliards d hommes tu le trouverais o N Ben y a en g n ral des petites couleurs sur les livres des petites pastilles soit jaunes soit vertes et puis je cherche dans un fichier y a une petite pastille donc je sais que les petites pastilles c est pr s d ici donc je cherche o sont les pastilles de la couleur et souvent apr s c est class par ordre alphab tique soit du titre soit des auteurs Et puis je trouve Si je trouve pas dans histoire j irai dans g ographie parce que a peu
6. mes de classification Mais comment se dispose l oppo sition fiction non fiction dans la cat gorie des textes narratifs P La l gende de Saint Julien l Hospitalier de Flaubert N Ben c est une l gende P C est une l gende comme l c t Contes et l gendes d Alsace Contes et l gendes de Lorraine chez Fernand Nathan N Non P Pourquoi N Ben parce l Ben c est ce qui s est pass dans l ancien temps en Alsace et en Lorraine P Comment a a s est pass Contes et l gendes c est ce qui s est pass N Ben c est ce qui s est pass autrefois P Qu est ce que c est des l gendes N Ben c est des histoires qui se racontent On raconte souvent des histoires pour expliquer Pour expliquer quoi Ben la r gion comment elle s est form e Par exemple tu peux me dire l La l gende de Sainte Odile Bien Et a l Hom re L Odyss e Ben a c est c est un roman U Z WVZ NUZ Nicolas a bien saisi un des crit res de reconnaissance d une l gende par opposition au conte c est le lien que ce genre de r cit entretient avec une support historique histoire des lieux histoire des saints et le caract re tiologique du genre que la l gende partage souvent avec le mythe Cependant 73 un autre l ment peut interf rer la nature de la collection Contes et L gendes qui comprend des vol
7. qu il y a sur ces livres plusieurs couleurs plusieurs petites couleurs en haut apr s le titre La collec tion fournit donc un classement en quatre piles 18 Ne disons pas construire le concept d une fa on d finitive Si Nicolas trouve un jour le crit re d cisif pour discerner le fictif du non fictif j ach terai son bouquin tout de suite II s agit comme pour nous tous de s en construire une sch matisation maniable 74 Moli re La petite g ographie de la France Bient t six milliards d hommes nourrir A la Bastille 14 juillet 1789 Les savants et la R volution A la recherche du p trole La conqu te de l espace A bord d un sous marin Pasteur bataille contre les microbes Invit mettre une tiquette sur les tas ou trouver d autres regroupements Nicolas propose d appeler le tas Bastille Savants Le XVIII si cle Il se dirige vers un classement chronologique des sujets abord s P Bon Et ici La conqu te de l espace Les sous marins Pasteur quelle tiquette tu mettrais pour que les gens se rep rent N Ben alors l il y a un petit probl me parce que l y a le sous marin l espace et le p trole qui sont plut t d aujourd hui on pourrait mettre je sais pas moi r cent et j ai Pasteur dans la m me collection Donc l euh L id e vient alors de mettre Pasteur avec Les savants de la R volution et La Bastill
8. re adapter sa r ponse faire prendre conscience l l ve de ses propres mani res de travailler d apprendre et l aider ainsi organiser et conceptualiser ses savoirs On sait qu un des outils les plus puissants aidant la prise de conscience est celui de la mise en mots de l exp rience 4 Document de travail non publi dont je remercie l auteur de me l avoir communiqu 5 Cf dans Bourdieu et al 1993 La mis re du monde Seuil l analyse d un entretien administratif dans lequel la violence symbolique devient insoutenable du fait de la dissym trie enqu teur enqu t de la l g ret du questionnement et de son caract re inquisitorial Pierre BOURDIEU et Gabrielle BALAZS L interrogatoire pp 927 939 6 W LABOV 1978 Le parler ordinaire Seuil pp 116 124 Labov ajoute C est l pr cis ment ce quoi beaucoup d enseignants ne parviennent pas 7 Cf l entretien conduit par C MASSERON avec une l ve en grande difficult de lecture Pratiques N 52 1986 8 Pierre VERMERSCH 1989 Expliciter l exp rience Education Permanente 100 101 pp 123 132 1990 Questionner l action l entretien d explicitation Psychologie Fran aise 35 8 pp 227 235 L entretien d explicitation Les Cahiers de Beaumont N 52bis 53 pp 63 70 59 d velopper les connaissances m tacognitives de l l ve en ce qui concerne ses m thodes de travail ses strat g
9. souvent se traduire en il ne lit pas comme moi il ne lit pas de romans par exemple ou en se contaminant on risque de retrouver dans le discours de l l ve des tentatives pour mimer ce qu il imagine dans l esprit de l enseignant 1 Nous citerons la Nouvelle enqu te sur les pratiques culturelles des Fran ais en 1989 1990 Minist re de la Culture la Documentation Fran aise et concernant particul rement les jeunes le rapport de Fran ois de SINGLY 1993 Les jeunes et la lecture et Mat riaux sur la lecture des jeunes les Dossiers Education et Formations num ros 24 et 25 Minist re de l Education Nationale et de la Culture Direction de l Evaluation et de la Prospective 2 Et qui sont comparer avec l ternel refrain ils ne savent plus lire Cette ann e les propos catastro phistes du Minist re concernant l valuation des 6 n ont semble t il gu re t repris par les grands newsmagazines Il faut s en r jouir 56 tre la bonne lecture Je lis parce que c est bon pour l orthographe parce que cela m apprend des mots nouveaux confusion encore entre la lecture de l l ve comme pratique quotidienne et le savoir lire que l cole value Si l on recense les items savoir lire de l valuation nationale des 6 on trouve un catalogue de comp tences qui vont de comprendre l encha nement de deux phrases reconna tre les accords en ortho
10. divers groupes la fin d un projet d criture longue un moment o il ne s agit plus d valuer pour am liorer le texte mais o le texte est consid r comme achev rel ve de la m me logique cela pr s qu on a ventuellement les auteurs sous la main pour les questionner Ainsi dans cet extrait d entretien o je discutais avec Bruno co auteur et Estelle lectrice l ves de 5 d une nouvelle sur le point de para tre dans leur recueil de science fiction La 5 Dimension Professeur Aton avis est ce que vous avez crit une nouvelle de science fiction Bruno Science fiction et un peu r el parce que r el dans un sens pour les r ves pr monitoires Estelle Oui moi je pense moi aussi Bruno C est c est effroyable euh de savoir qu on va que quelqu un va se faire tuer c est Professeur Mais comment a s appelle ce genre de r cits cest pas de la science fiction o on est dans un monde r el et il sy passe des choses irr elles et tonnantes et dangereuses Bruno Du fantastique Professeur Ouais Moi je crois que votre nouvelle elle se rapprocherait plut t du fantastique T es pas d accord Bruno Ben oui si justement comme a se passe sur terre et qu il y a des v nements possibles en r alit et euh des v nements imaginaires c est du fantastique Estelle Vous aimeriez vous que a se passe sur terre des choses comme a Professeur Ah moi j
11. donner envie d aller emprunter des livres ici M Ben Je choisis ou bien il y a des copains qui me disent Il y a un livre qui est bien au C D I va le prendre P Oui et a arrive a M Non c est pas arriv Si je relie cette observation celle qui va suivre concernant les copains qui lisent beaucoup ils ont du courage je m aper ois que j aurais d interviewer Mourad non pas seul mais avec un ou deux amis de pr f rence choisis parmi ceux qui n ont pas de courage et que la voie est toute trac e cr er des situations o ses copains et lui auront l id e de se conseiller un livre du C D I Il faut faire en sorte que le r seau d amis trouve de l int r t faire circuler des livres 2 4 Essai de bilan La raison d tre du type d entretien que nous venons d analyser et dont on a vu le caract re parfois p rilleux c est de d gager des pistes de travail En ce qui concerne Mourad il semble qu il faut lui faire prendre conscience de sa personnalit de lecteur de fiction en particulier qu il est urgent de lui offrir la lecture d un livre similaire ce Livre des trois qu il a aim en le recherchant avec lui sur les rayons du C D I qu on pourrait rencontrer sa famille pour lui conseiller quelques livres offrir Mourad qu un travail sur la lecture documentaire et scolaire lui permettrait de se rendre compte qu l cole on lit pour
12. int gre la biblioth que de Nicolas La biblioth que pr sente donc un caract re d instrument personnel de travail et elle int gre d ailleurs les livres scolaires Remarquons avant d tudier plus en d tail les principes de classement adopt s par Nicolas que le rangement d une biblio th que personnelle ne saurait ob ir des crit res aussi rigoureux et standar dis s que ceux des grandes classifications utilis s dans les biblioth ques publiques pour faciliter la consultation en libre acc s Y interviennent des consid rations mat rielles format des documents espace dont on dispose auxquelles on pourrait relier on le verra la propension classer les ouvrages par collections et des consid rations li es l histoire personnelle du lecteur Ainsi les livres de l enfance peuvent trouver dans une biblioth que personnelle un espace s par ou bien un rayon particulier sera consacr des int r ts personnels et rassemblera des textes et des documents de statut peut tre h t roclite un passionn de musique par exemple pourrait r unir biographies romans partitions ouvrages techniques 17 Voyons quels sont les principes de classement retenus par Nicolas 17 On n a h las pas le temps de signaler aussi le plaisir du d sordre issu de l al atoire ainsi dans les biblioth ques d tudes o le lecteur n a pas directement acc s au rayon les livres se d posent dans les magasins par ordre d en
13. nouvelles S Oui des nouvelles Histoires pour dormir debout P Et t as trouv que c tait dur Pourquoi S Dur un peu c tait crit tr s petit mais a faisait peur Hom re aussi C est un peu comme Hom re il explique bien il fait peur P Alors si c tait dur tu veux dire est ce que c tait difficile comprendre ou est ce que c tait difficile S Non c tait pas vraiment difficile comprendre je sais pas c tait oui j ai eu du mal le lire P Ca veut dire que c tait le soir et t avais peur quoi S Oui a faisait peur P Oh la la Alors qu est ce que tu faisais S Ben J ai teint le livre euh j ai teint la lumi re rires La facilit entrer dans les h ros ouvrir et refermer en cas de besoin des univers fictionnels s accompagne d un grand clectisme et d une habilet faire entrer les lectures prescrites l Odyss e lue pour la classe dans les lectures plaisir frissonner la terrible histoire du Cyclope comme lorsqu on lit Hitchcock Par ailleurs Selim aime galement lectures de fiction et lectures documentaires pour revenir sur terre dit il qu il trouve surtout dans des magazines comme Wapiti Mikado et Okapi il est aussi lecteur r gulier du Canard Encha n qu il va acheter tous les mercredis Et quand on lui demande Alors pour toi la lecture c est utile mais c est aussi un plaisir
14. res de classement des collections ce qui lui permettrait de ranger ensemble les collections au sens des diteurs ouvrages qui ont des auteurs diff rents que ce soit des ouvrages documentaires ou de fiction ou ouvrages diff rents crits par un m me auteur dans sa tentative de classement il a oubli la s rie des Petite Maison se demander quels sont les inconv nients du classement par collection quand on veut retrouver un ouvrage particulier 3 5 Ce que Nicolas apprend dans l entretien On a vu ce que l adulte peut tirer de l entretien d explicitation mais il a l int r t aussi de permettre l l ve de mettre distance ses pratiques de se mettre au clair avec ses proc dures pour valider des acquis par exemple la classification 76 que fait Nicolas entre biographie et autobiographie un moment de l entretien fonctionne bien mais aussi pour se poser des questions non pas totalement in dites mais qui taient juste au point de surgir ainsi la n cessit d affiner les crit res en ce qui concerne fiction et non fiction de chercher un classement op ratoire des documentaires Il serait int ressant de reconduire p riodi quement l entretien sur les points o des acquisitions sont en construction afin de v rifier leur volution POUR CONCLURE Apr s cette revue rapide de quelques mani res de s entretenir avec les jeunes de leurs lectures on aurait tendance privil gier plut t les
15. se projettent dans un avenir professionnel plus ou moins r v C est sans doute que les r seaux de socialisation famille amis dans lesquels ils 60 voluent ne les disposent pas du tout de la m me mani re la lecture Qu en est il alors de l cole Nous allons tudier successivement ces points avant de tenter un bilan de l entretien avec Mourad 2 2 Lecture loisir lecture travail Lorsqu on demande Mourad s il aime ou non la lecture il r pond Mourad Ben des fois j aime bien parce qu y a des histoires que j aime bien qui sont dr les comme Gaston et plein de trucs comme a Professeur Est ce que tu pourrais me citer Gaston et d autres B D Mourad Ob lix et Ast rix Plein de choses Mais d autres repr sentations se font jour peu apr s P Et ton avis la lecture quoi a sert M Ben a sert On aime lire et puis on lit on lit tout le temps et apr s quand on lit on bute pas on sait lire Et c est bien la lecture parce qu apr s on lit on lit tout le temps et apr s quand on lit on bute pas on sait lire Et c est bien la lecture parce qu apr s on lit on lit on s am liore On devient on devient bien on sait lire apr s P Alors tu m as dit que toi tu lisais par exemple Gaston M Oui P Ben tu le lis pas pour lire pour lire et pour savoir lire apr s M Ben non P Tu le lis pourquoi M Ben parce que c est dr le
16. Leurs m res sont toutes deux au foyer ils fr quentent le m me coll ge de banlieue et le connaissent comme leur poche au moment o a lieu l entretien en juin ils vont tous deux passer dans la classe sup rieure en 4 pour Mourad en 5 pour Selim Mais si on reprend ces trois domaines origine sociale pratique de l tablis sement o ils font leurs tudes trajectoire scolaire on s aper oit que le paral l lisme est nuancer Le p re de Mourad est ferrailleur celui de Selim architecte La m re de Selim est en outre active dans une association de parents d l ves et d l gu e au conseil d administration Mourad s est forg une solide r putation de pirate dans les couloirs de l tablissement Selim conna t tout le monde au coll ge des cuisiniers la secr taire Mourad issu d une 5 option anglais 1 langue 13 ans bien sonn s passe de justesse en 4 ayant fourni in extremis le travail requis Selim qui vient de f ter ses 11 ans a tenu sans difficult la place de t te de classe dans la 6 option allemand L entretien men avec Mourad et celui plus bref avec Selim r v lent de la lecture des repr sentations et des pratiques extr mement contrast es Ce qui frappe d abord c est qu ils n tablissent pas du tout le m me quilibre entre une lecture loisir et une lecture travail IIs ne donnent pas la m me place la lecture lorsqu ils
17. PRATIQUES N 80 D cembre 1993 S ENTRETENIR DE LEURS LECTURES Brigitte DUHAMEL Les lectures des l ves sont souvent assez nigmatiques pour leurs ensei gnants M me si des enqu tes r centes permettent de se faire une meilleure id e de la lecture des jeunes 1 elles sont beaucoup moins diffus es que les repr sentations v hicul es par les m dias et selon lesquelles une certaine culture de l crit serait irr m diablement compromise Notre propos n est pas ici de critiquer pour la centi me fois ce genre de marronniers qu apporte avec elle chaque rentr e scolaire 2 mais d examiner quelques outils qui peuvent aider un enseignant mieux conna tre ses l ves en tant qu ils sont lecteurs Car chacun des l ves m me et surtout ceux dont on dit Ils ne lisent pas ils n aiment pas lire a une histoire de lecteur une pratique quotidienne de la lecture par le seul fait d tre scolaris mais plus largement d tre participant d une civilisation de l crit et des repr sentations concernant cette exp rience si m connue ou douloureuse soit elle Cependant la prise d informations n est pas facile en ce domaine En effet des confusions peuvent se produire confusion entre les repr sentations que les uns les enseignants et les autres les l ves peuvent avoir de leurs pratiques personnelles de lecture Deux mondes d exp rience interf rent ici en s opposant il ne lit pas peut
18. aimerais bien parce que c est une solution au probl me de de la mort On saisit deux caract ristiques importantes de tels entretiens ils permettent l enseignant de saisir des comp tences en construction ici d ordre g n rique et d aider les objectiver mais aussi ils obligent l enseignant s impliquer r pondre toute question et confronter sa propre interpr tation celle des l ves Le texte lu appara t comme m diateur entre les personnes 2 Ils peuvent porter sur des pratiques prises dans leur ensemble et dans leur histoire c est le cas des entretiens du type quel lecteur es tu ou des biographies de jeune lecteur dont J M Privat d crit les objectifs en ces termes L objectif scientifique est d obtenir des informations sur les diff rents param tres constitutifs d une pratique autonome de lecture personnes objets images imaginaires lieux moments discours valeurs enjeux repr sentations pratiques personnelles et de r f rence etc L objectif p dagogique est 1 de permettre au lecteur de prendre conscience qu il existe en tant que lecteur par le simple fait qu il se d crit longuement et qu il a une histoire de lecteur et que rien n est d finitivement arr t 2 de faciliter pour le professeur la connivence avec l l ve lorsqu il sera question de livres lectures cultures etc en situation de classe ou autres 8 d avoir surtout des inf
19. ais est ce que toi tu irais volontiers chercher un livre de science fiction M Oui a d pend si a m int resse L h sitation sur la science fiction devrait tre prise au s rieux elle indique peut tre une piste de lectures explorer des lectures qui ne seraient pas ressenties comme une course d obstacles l inverse de ce qui se passe pour Mourad lorsqu on lit beaucoup P Qu est ce que tu penses des copains qui lisent beaucoup M Euh ils lisent tout a et puis ils ont le courage de lire P Ah oui M Ben oui ils lisent des longs livres et ils ont le courage apr s ils disent J ai fini Des fois c est moi qui leur dis que j ai fini avant eux tout a P Mais est ce qu il faut du courage pour aller au cin ma M Non P Alors pourquoi il faut du courage pour lire M Ben il faut lire et puis au cin ma juste on regarde les images P Quelle diff rence tu fais M Ben au cin ma on coute et puis juste on regarde les images mais quand on lit on lit et puis on est tout seul on lit on lit au cin ma il y a beaucoup de gens Cette derni re r ponse s oppose de fa on assez frappante dans sa forme m me celle que fait Selim une question similaire P Qu est ce que tu pr f res lire un roman ou voir un film S Lire un roman P Vraiment S Parce que le film on le voit on le voit et on peut pas arr ter on peut pas arr ter et relire
20. apprendre et que c est rentable qu il faudrait l associer la gestion du C D I dont il conna t bien le fonctionnement les quipes d l ves qui aident la documentaliste sont trop souvent des passionn s de lecture sans probl me de discipline or Mourad serait tout fait capable d aider au pr t et au rangement des livres Ce serait encore mieux s il le faisait avec ses amis l objectif tant de les amener proposer des choix des acquisitions de livres 13 Bernard LAHIRE Culture crite et in galit s scolaires Presses Universitaires de Lyon 1993 pp 176 182 70 qu on pourrait le charger toujours avec des amis d une enqu te sur la BCD et sur les lectures des plus jeunes en liaison avec l cole voisine qu on devrait tablir une liaison avec le C I O de mani re lui permettre de mieux se repr senter comment la lecture intervient dans les m tiers qui l int ressent Mais dira t on faut il faire ce genre d analyse avec tous les l ves d une classe Une enqu te sur la lecture sur tous les types de lecture sur tous les rapports l crit devrait constituer la premi re s ance de tout enseignement du fran ais dit F de Singly 14 Ne vaudrait il pas mieux inverser la d marche et cr er d embl e des structures d activit s autour du C D I par exemple mais aussi dans des projets d criture et de lecture telles que les l ves puissent y manifester et y
21. culeux ou en tout cas rien d imm diat Une piste pour l ensei gnant et le documentaliste serait alors peut tre de travailler sur les lectures documentaires en commen ant m me par le manuel combien de fois n observe t on pas en tudes dirig es des l ves bloqu s sur un exercice sans avoir le r flexe de se reporter une page plus haut la le on et plus largement de faire prendre conscience d une lecture professionnelle source de capital scolaire Tout en consolidant en cr ant la relation qui existe entre lecture de loisirs et formation d un capital culturel En effet les jeunes qui b n ficient d un environnement familial cultiv accumulent sans s en rendre compte un capital litt raire associ aux investissements dans la lecture loisirs 12 qu on peut mettre en relation avec de meilleurs r sultats scolaires au plaisir du non scolaire li aux lectures personnelles s ajoute le b n fice de la r ussite mais ceux qui ne connaissent pas cette impr gnation et qui comme Mourad ne voient pas le lien entre travail scolaire et lecture comment trouveraient ils sens et justice dans cette affaire si l cole ne les aide pas cr er les m diations n cessaires 11 Josette BAHLOUL Lectures pr caires tude sociologique sur les faibles lecteurs Biblioth que publique d information Centre Georges Pompidou 1988 12 F de SINGLY ouvr cit p 79 66 Selim quant
22. d velopper leurs comp tences Les actions propos es dans le cas de Mourad donnent quelques pistes et on pourrait y pratiquer facilement un autre type d entretien l entretien d explicitation d une t che dont on va pr sent analyser un exemple 3 COMMENT NICOLAS A RANG SA BIBLIOTH QUE L entretien d explicitation on l a vu se pratique la fin d une t che Ici il a lieu dans une situation de la vie familiale d un enfant un d m nagement qui l a amen ranger ses livres dans la biblioth que de sa nouvelle chambre son p re lui demande comment il s y est pris Il s agit donc d un environnement familial o la biblioth que existe mais nous esp rons montrer que cette activit est transposable l cole et que c est m me une occasion o Mourad pourrait avoir l id e de construire chez lui une biblioth que personnelle partir des livres qu il a tape importante pour se constituer la fois un instrument de travail et une appropriation des lectures plaisir et aussi pour trouver une compl mentarit entre la maison et le C D I par exemple Les activit s de rangement d une biblioth que de classe ont t propos es et d crites l l mentaire 15 et leurs objectifs visent d velopper des comp tences textuelles prendre conscience des diff rentes familles de livres laborer des crit res de rangement apprendre faire un pronostic sur le contenu d un livre techni
23. e d autant que tout cela parle de choses anciennes et qu on peut associer les deux ouvrages qui parlent de savants On aurait deux piles P Alors on va avoir Savants et la R volution XVIII Pasteur c est plut t XIX mais c est savants N a se suit P Ca se suit c est les savants Et l comment on pourrait l appeler l a parle de quoi a N a parle de tout ce qui est r cent d aujourd hui Le XX si cle Nicolas a du mal sortir d une partition entre l ancien et le nouveau et il r cup re dans ce sens la question de son p re a parle de quoi gt qui l invite adopter un autre principe de classement les domaines de savoir concern s histoire sciences et techniques D autant que l ambivalence de Savants et la R volution n arrange pas les choses De m me bien qu il sente que Moli re fait partie d une s rie Litt rature N Ben Moli re ben c est peut tre la couleur peut tre indique que c est l o il y a tous les po tes les auteurs de pi ces de th tre de livres P Oui tu mettrais quoi comme tiquette N Donc l je le classerais aussi l enfin je le mettrais pr s de tout a XVIII XD et a euh P XVIIS oui N XVI Tout a a pourrait suivre ensemble M me mouvement la question du p re dont il faut admirer le fair play et le respect des r gles de l entretien d explicitation attend
24. e par les temps qui courent h las avec le ch mage il vaut mieux Si tu veux tre inspecteur il faut le bac au moins Et si tu veux tre commissaire de police il faut une licence en droit M Ou acteur de films P Ah bon rires Ou acteur de films d accord Et alors tu crois que les acteurs lisent pas M Ben si ils lisent pour que dans le film ils savent ce qu ils vont dire P Ben c est comme Scapin faut qu ils apprennent leur r le Je ne suis pas particuli rement fi re d avoir d vers sur Mourad un programme accablant de formation alors que le contrat tait de r ver Il serait int ressant de travailler avec le conseiller d orientation pour permettre 10 F de SINGLY ouvr cit D E F N 24 p 75 65 Mourad de rencontrer des policiers de les interviewer pour viter que la destruction d un r ve ne soit pas en m me temps celle d un projet possible En tout cas la r orientation qu il op re manifeste encore une conception purement instrumentale de la lecture professionnelle l acteur doit savoir lire pour appren dre son r le Cette repr sentation rejoint celle de beaucoup d adultes faibles lecteurs analys e par J Bahloul Les lectures usage cibl et professionnel sont exclues de la cat gorie l gitime de la Lecture Celle ci ne peut tre qu une d tente pour ceux qui ont le go t ou la passion pour la lecture mais ce n est
25. e activit a un objectif constant aider les l ves rep rer sur une couverture les indices bibliographiques dition collection auteur titre et les symboles de classification comme les logos les couleurs et un objectif variable suivant le corpus crit rier en fonction de diff rents genres ensemble de textes narratifs ensemble de documentaires Revenons maintenant l entretien avec Nicolas pour tenter de cerner non seulement ce qu il nous apprend sur ce jeune l ve entrant en 6 me mais aussi ce que Nicolas aura appris l issue de l entretien 3 1 La situation et la t che La situation est pr cis e dans la premi re intervention du p re P Bon Alors Nicolas on est devant ta biblioth que ce meuble l j aimerais savoir un peu comment tu t y es pris tu viens de d m nager en plus pour classer tes bouquins Tu en as pas mal quand m me Tu en as combien N Une centaine Le p re de Nicolas porte une double casquette dans la mesure o il est aussi universitaire et s int resse la lecture Cet entretien se situe donc pour l enqu teur la charni re du professionnel et du familial II est vident que le degr de connaissance de l interview et de confiance r ciproque est tr s lev Remarquons aussi que la diff rence de ce qui se passait chez Selim il ny a pas de confusion entre biblioth que familiale et biblioth que de l enfant ce qui arrive de la famille s
26. entretiens qui portent sur des activit s ou sur des textes en effet au d tour des explici tations on peut pr lever bien des indices sur les biographies de nos jeunes lecteurs En outre les apprentissages qui peuvent s y effectuer sont beaucoup plus imm diats plus faciles cerner et le risque est bien moindre de toucher de mani re indiscr te l exp rience de vie de l l ve Toutefois la force des indications recueillies dans les entretiens tels que celui que Mourad m a accord contraignent l enseignant cette fois apprendre se rapprocher d une culture autre et le motivent une action qui on l aura remarqu trouve son principe dans la cr ation de r seaux d changes avec les ressources de l cole biblio th que conseillers d orientation avec les autres l ves r seaux qui puissent porter le rapport de l l ve la lecture 77
27. et voir un passage plusieurs fois Par exemple dans Le Petit Chose y a des passages je les relis souvent parce que j aime bien 63 Ce que redoute Mourad peut tre plus que la difficult technique d une lecture longue c est le risque d y perdre une sociabilit D o l id e que les copains grands lecteurs ont du courage La responsabilit de l cole sera sans doute de construire pour lui des r seaux de socialibilit autour de la lecture de lui montrer que cette exp rience solitaire peut s inscrire dans des pratiques d changes En revanche pour Selim la lecture est d embl e une exp rience intime d o son irritation au cin ma de ne pouvoir ma triser le d roulement de la di g se aventure personnelle ce qui ne l emp che pas d tre communicable et qui n est pas non plus sans risques on va le voir P Je voudrais te demander d abord ce que c est pour toi que la lecture S Ben c est des histoires qu on lit le soir On se met dans les h ros un peu P Qu est ce que tu lis comme histoires le soir S Ben des fois je lis des Biblioth que Rose du genre Fant mette des autobiographies P De qui par exemple S Des fausses ou vraies comme Le Petit Chose d Alphonse Daudet Ou bien Moi Boy de Roald Dahl mais a c est faux Des livres o y a de l humour et un peu j ai lu mais c tait dur c tait Hitchcok c tait tr s dur P C tait des
28. graphe grammaticale en passant par reconna tre les types et les formes de phrase Or un l ve abonn au z ro en dict e peut tre dans la sph re priv e un grand lecteur Par ailleurs l valuation ne prend pas en compte des apprentissages culturels comme la connaissance des r seaux de distribution du livre libraires biblioth ques VPC qui donneraient des infor mations diff rentes sur les pratiques effectives des l ves 3 ou au moins car comme on le verra plus loin on peut tr s bien conna tre la marche suivre pour emprunter un livre et ne jamais le faire sur des savoirs lecturaux d un type diff rent Pourquoi enfin d sirer tant conna tre les pratiques de lecture des l ves On voit deux cueils particuli rement dans une p riode o l ins curit sociale accro t les exigences vis vis de l cole et o l injonction lire de la part des familles n a jamais t aussi forte l attitude du censeur qui conduirait stigmatiser telle ou telle pratique ou la curiosit indiscr te devant ce qui devrait relever de choix personnels et qui s inscrit dans une biographie que l l ve ne d sire pas toujours communiquer Il est difficile de se pr munir enti rement contre ces risques nous le verrons On peut cependant y parvenir en gardant une claire conscience de l enjeu aider les l ves se reconna tre comme lecteurs rep rer les diff rences et les ressem blances ent
29. ies d apprentissage Selon P Vermersch cet entretien s utilise apr s l effectuation d une t che pr cise et se r f re toujours l activit du sujet dans cette t che L encore des pr cautions m thodologiques sont prendre l interviewer doit s efforcer de rester dans le domaine de l observable c est dire viter les questions qui font appel au niveau explicatif pourquoi peux tu m expliquer penses tu que et privil gier les questions qui encouragent la mise jour du niveau descriptif quoi le vois tu o le vois tu les formulations en comment comment as tu fait comment le sais tu les questions qui aident sp cifier l ordre temporel Par quoi as tu commenc et localiser les actions dans l espace Cette pratique de questionnement ne va pas de soi pour un enseignant qui a tendance chercher d embl e une interpr tation une explication des faits Mais elle garantit une attitude d coute qui vite de plaquer sa propre analyse de la t che sur celle de l l ve 2 MOURAD ET SELIM DEUX BIOGRAPHIES CONTRAST ES DE JEUNES LECTEURS Mourad et Selim qui ont accept de s entretenir avec moi de leurs lectures ont au moins trois points communs ce sont deux jeunes Fran ais issus de familles maghr bines alg ro marocaines c est le p re qui est marocain pour Selim la m re pour Mourad
30. is cinq pages ou sept pages a fait tout le livre de Gaston Et pourtant un autre moment de l entretien P Tu parlais de mots difficiles que tu ne comprends pas Est ce que tu as l impression que c est emb tant M Ben non c est bien parce qu apr s on sait le mot et on l emploie souvent P T es s r M Des fois Apr s on commence C est un nouveau mot on le savait pas maintenant on le sait si quelqu un me pose une question comme a moi je saurai le mot Il ne faut pas l non plus se h ter d attribuer cette r ponse la bonne volont scolaire de Mourad du moins pas exclusivement Ici le je appara t et non plus le on de on sait lire ou le nous de qui va nous aider dans la mesure o l objectif qui consiste accro tre son stock de connaissances lexicales est un objectif bien concret qui n a pas t d pass comme celui d apprendre lire Par ailleurs il est arriv Mourad de prendre plaisir la lecture d un livre long Le plus long livre que t as lu Que j ai lu Ben c est le Livre des Trois 9 Ca fait combien de pages Cinq cents quelque chose comme a Cinq cents pages Ou trois cents Et c tait Saint Ouen donc tu avais quel ge C tait en CM2 Ah oui juste avant d entrer en sixi me Et apr s tu n en as pas relu Euh je sais plus peut tre ZU lt UVT lt U lt U lt ZU Quoi q
31. isent P Bon passe autre chose zvzgzvgzvzgzvz Dans ce passage on le voit l entretien vire l interrogatoire Ma seule justification la maman de Mourad m ayant confi qu elle ne savait pas lire tait de voir quelle position le gar on prenait par rapport cette situation C est clair c est une position de courage et de fiert Plus tard quand Mourad sera lui m me l aise dans le monde des livres et de l crit il pourra dire les difficult s que ses parents ont rencontr es sans pour autant avoir l impression de renier toute sa famille Ce n est pas le cas pour l instant nous l cole de faire en sorte que cela arrive Le r cit qu il fait de son apprentissage de la lecture manifeste bien le d licat passage de relais qu il doit op rer en tant que fr re a n entre ses parents l cole et sa fratrie Quand est ce que tu as appris lire Ben quand j avais six ans au C P Et est ce que tu as trouv que c tait difficile Un peu oui Est ce que tu pourrais m en parler Ben je me souviens plus tr s bien c tait m me lire mon p re il m aidait lire je comprenais pas apr s il m a dit faut que tu lises tout a apr s l cole je lisais apr s quand je comprenais pas le ma tre il venait m expliquer et apr s au CE1 c est moi qui apprenais lire mon petit fr re ZUZUZU Mais qui sera un relais pour Mourad entre les
32. it ou des textes que j aime pas pour moi c est plut t un travail Ca d pend des fois Eric m me ge et m me r ussite scolaire que Selim p re cadre commercial a justement une m re qui vient de reprendre ses tudes de droit l environ nement familial lui montre concr tement ce qu est une lecture visant une promotion professionnelle 2 3 Lecture et r seaux de socialisation la famille l cole les copains Deux mots peuvent caract riser l attitude de la famille de Selim quant aux lectures du jeune gar on le lib ralisme et la profusion S Quand j ai termin mes devoirs par exemple hier j ai lu un Fantomette P Tout un Fantomette S Oui un Fantomette a se lit tr s facilement J ai eu une vingtaine de Fantomette mon anniversaire P Tant que a S J en ai eu vingt J ai eu tous les Fantomette et j ai eu plein de Biblioth que Verte Ca me remplit toute ma biblioth que Les go ts de l enfant sont accept s on ne censure pas les s ries peu l gitim es la maman de Selim est d ailleurs aux dires de son fils grande lectrice elle m me de Danielle Steel et la lecture est consid r e comme objet de plaisir occasion de cadeaux mettons l enfant dans le placard aux confi tures Pas plus qu on ne l emp che de lire Le Canard Encha in libre lui de se constituer des espaces de bonheurs lecturaux N anmoins le placard aux confitures s appelle biblioth que Biblioth
33. la biblioth que par exemple ils les mettent ensemble ou ils font deux parties des classements N Ben ils peuvent faire des parties ils font toutes les histoires comme a aventures soit pour faire endormir les enfants ces choses l dans un rayon puis ils peuvent mettre dans un autre rayon les gens qui on a fait leur vie quion a crit leur vie et un autre rayon deux ou trois tag res avec des histoires partir de faits r els TZUZUZUZU Nous aboutissons donc une tripartition qui ressemblerait assez celle ci roman avec la sous cat gorie des contes pour faire endormir les enfants proprement dit biographie roman historique Ce qui est en construction c est l id e de fiction et si Nicolas veut la manipuler commod ment 18 il devrait inverser son crit re rapport avec un fait r el en le rempla ant par pr sence d l ments invent s crit re beaucoup plus discriminant que l autre ce qui lui permettrait non seulement de reconna tre un documentaire comme tel ce qu il sait faire mais de reconna tre une fiction comme telle m me si elle appartient ces genres fronti res que sont le roman historique ou la l gende 3 3 Trier des documentaires Nicolas poss de neuf ouvrages de la collection Poche Nathan et son p re l invite les trier par piles Tout d abord il remarque de fa on fort sens e il sait bien se servir des indices donn s par la couverture
34. livres et lui Nous sommes au C D I un endroit qu il appr cie et fr quente mais qu il sous exploite P Est ce que tas emprunt des bouquins au C D I cette ann e M Cette ann e Pas cette ann e P Et l ann e derni re M Ouais et sur lequel il tient des propos contradictoires M Je vais pas penser venir emprunter ici parce qu y a pas des bandes dessin es tout a Mais plus loin P T as pas rep r qu il y avait des B D au C D I M Si J ai m me lu Ob lix et Ast rix ici Il en conna t pourtant bien le fonctionnement 69 P Et ici au C D I qu est ce qu il faudrait pour que tu empruntes des bouquins au C D I M Ben que j aille demander Mme B la documentaliste et puis elle crit sur ma fiche et puis que je prenne des livres P Ca c est vrai Ici Mourad se livre ce que B Lahire 13 appelle une r appropriation pragmatique dialogique l instar des l ves qui au cours de grammaire r pondent sur le contenu de l nonc au lieu de r pondre sur sa structure grammaticale ce qui donne lieu un malentendu assez savoureux interrog sur ce qui pourrait susciter son d sir d emprunter des livres il r pond sur la marche suivre au cas o il les emprunterait marche suivre dont il est d ailleurs parfaitement inform Je reformule donc la question P Mais en m me temps pour que tu aies envie de le faire Qu est ce qui pourrait te
35. n primaire A chaque fin d ann e ils offraient des livres P Oui et qu est ce qu il y aurait encore que tu vas peut tre emmener M J avais Croc Blanc mais je sais plus o je l ai mis C est aussi de l cole mais celle des petits fr res qu arrivent les livres P Est ce que tes petits fr res ram nent des livres aussi Est ce que tu regardes un peu M Oui Ben oui je les lis tout le temps tout le temps je leur dis Est ce que t as un nouveau livre Ils me le passent Tout le temps ils reviennent de l cole apr s je leur dis T as ramen un nouveau livre Apr s je fouille dans son cartable et je vois tout le temps le m me livre Des fois ils le changent ils me ram nent un autre puis je lis celui qu ils ram nent P Ils empruntent la biblioth que M Oui de l cole L cole est la grande pourvoyeuse de ces quelques livres Mais on dirait que jamais elle n a offert Mourad un livre qui lui soit personnellement destin Tant t ce sont des ouvrages prescrits toute la classe tant t des livres de prix qui d pendent des subventions et de stocks hasardeux on pourrait opposer le cadeau de l cole Tristan et Yseut qui tombe chez cet l ve comme un a rolithe et qui y dort depuis deux ans au cadeau de la famille de Selim les vingt Fantomette et constater ironiquement que leur valeur litt raire est inver sement proportionnelle leur capacit construi
36. ons claircir le probl me en tudiant la circulation du livre et de l crit dans la famille de Mourad mais l enseignant peut d j comprendre que les discours qu il peut tenir sur la lecture ne seront pas du tout les m mes que ceux qui ont t entendus par Mourad dans cette famille comment trouver une coh rence permettre Mourad d articuler ses premi res 61 exp riences de l crit comme objet de valeur avec de nouvelles exp riences qu il pourrait en faire qu il en fait d j mais sans d pr cier le projet familial m me si de fait il l a d j d pass En attendant tout se passe comme si Mourad tait tiraill entre deux postu lations contradictoires Si lire est un labeur obstin qui doit mener une promotion personnelle et sociale nul doute qu on recule devant l entreprise Ainsi Mourad se plaint du temps qu il faudrait consacrer la lecture de livres au C D I Y a que des livres longs et puis moi je mets du temps les lire Oui par exemple M Comme les livres de poche je mets trop longtemps lire a P Oui combien de temps tu mettrais M Je mets une semaine ou dix jours P Et a c est trop longtemps M P M U Non mais je sais pas combien d heures je ferais par jour Qu est ce qui temb te dans le fait de lire de te plonger dans un livre long Parce que des fois il y a des mots difficiles que j arrive pas comprendre et pu
37. ormations pour ne pas faire comme si ces pratiques de lecture n existaient pas ou taient nulles et non avenues 58 travailler sur les manques les plus criants de l Ecole et ou de l l ve et ou de sa famille etc et de forcer sur les zones o la coop ration culturelle semble la plus manifeste 4 C est un entretien de ce type que nous analyserons dans la seconde partie de cet article II demande pour atteindre ses objectifs des pr cautions d ordre la fois d ontologique en effet l exp rience de lecture touche l exp rience de vie et le risque est de transformer l entretien en interrogatoire 5 et technique le face face enseignant l ve m me dans une relation de confiance o l l ve s est port volontaire ne va pas de soi lorsqu on s entretient de pratiques culturelles et on risque de s entendre dire ce que l l ve pense qu on d sire entendre Ou de ne rien entendre du tout On ne saurait trop conseiller de relire sur ce point Labov 6 et se rappeler avec lui que la situation sociale est bien le d terminant le plus puissant du comportement verbal et que l adulte pour nous l enseignant qui d sire d couvrir ce qu un enfant un l ve sait faire doit avant tout se mettre avec lui dans la relation sociale qui convient Toutefois notre position d enseignant peut constituer aussi un atout notre vis e n est pas comme celle du sociologue de tire
38. pas lire que consulter des ouvrages techniques juridiques etc dans un but professionnel Ainsi cet ensei gnant alsacien nous r pond il la question du nombre de livres lus en n y incluant que les ouvrages lus pendant la d tente et non ceux consacr s la pr paration de ses cours 11 Peut tre est il difficile pour un jeune l ve de se projeter dans l avenir mais la question pos e ensuite montre que Mourad a la m me id e en ce qui concerne son m tier de coll gien P Ici l cole au coll ge est ce que t as l impression que vous tes tout le temps en train de lire M Non Juste on crit on apprend Et des fois on lit en fran ais P Mais par exemple pour apprendre les le ons de g ographie et d histoire M II faut lire P Forc ment hein Et les livres de classe est ce que tu les lis M Oh oui des fois dans le livre de fran ais je lis les histoires qu il y a Si lire n est envisag que comme une d tente fortement valoris e et difficile pratiquer ou comme la ma trise du d chiffrage il n y a rien de paradoxal lui opposer crire et apprendre mais il y a fort parier que les recomman dations professorales Lis davantage tu ne lis pas assez restent lettre morte ou ne soient comprises que comme des ordonnances visant am lio rer l orthographe ou le vocabulaire et l on sait trop que dans ce cas le rem de n a rien de mira
39. que personnelle de l enfant et m me biblioth que familiale comme l indiquera Selim en fin d entretien 67 P Est ce qu on ta d j priv de lecture pour te punir S De lecture jamais Elle a pas int r t me priver de lecture parce que Maman elle sait que c est pour mon bien Mes parents ils peuvent pas me priver de lecture parce que la biblioth que une partie de la biblioth que est dans ma chambre Il y a donc une tradition familiale d accumulation de livres et on place l enfant spatialement au centre de cette tradition En outre le bien de l enfant se confond avec le plaisir de l enfant et ce n est pas un hasard dans ces conditions si on ne retrouve pas dans le discours de Selim de consid rations sur les livres trop longs la difficult de prendre le temps de lire les mots qu on ne comprend pas Pour Mourad le mot biblioth que gt s applique des lieux situ s en dehors de l espace familial BCD CDI peut tre biblioth que municipale Chez lui il a des livres Et ces livres semblent tre arriv s par hasard sur prescription scolaire Scapin L Aiguille creuse ou encore M Ben je vais emporter en vacances des livres de devoirs des livres que j ai chez moi et que j ai pas lus Il y a Le monde fantastique Tristan et Yseult P Tristan et Yseult tu las chez toi Et qui est ce qui l avait achet M C est l cole qui me lavait offert Saint Ouen e
40. ques et culturelles d couvrir l int r t du rangement pour d velopper une autonomie de lecteur se familiariser avec divers codes en usage et m me au niveau gestuel apprendre les gestes du lecteur manipuler les livres en fonction d un projet sociales mettre l l ve en position d interm diaire de lecture faire le biblioth caire gt aider les autres trouver des livres changer des avis et donc instaurer une sociabilit de lecteur on n est donc pas forc ment tout seul dans le rapport au livre Tous ces domaines d apprentissage concernent galement le rangement d une biblioth que personnelle et le rangement au C D I et les objectifs cit s avec les transpositions n cessaires demeurent pertinents au coll ge et au lyc e Une activit connexe le tri de livres 16 peut prendre place soit dans une situation de rangement de biblioth que soit en classe on pr sente aux l ves un ensemble de 20 30 livres avec la consigne suivante Trouve tous les modes possibles de regroupements de ces livres Pour 14 F de SINGLY ouvr cit p 91 15 Voir A M CHARTIER C CLESSE J HEBRARD Lire crire 1 Entrer dans le monde de l crit pp 82 91 16 Signal par C GARCIA DEBANC Le tri de textes mode d emploi Pratiques N 62 1989 pp 41 42 71 cela fais des piles et inscris sur une tiquette le nom que tu donnes la pile Explicite pourquoi tu as mis ensemble ces livres Cett
41. r de ces entretiens une description th oris e Ces entretiens s ils sont pour l l ve une occasion de prise de distance r flexive vis vis de sa pratique peuvent constituer aussi on l a vu une sorte de conqu te de proximit avec l enseignant dans la mesure o ses pratiques de lecture sont prises au s rieux entendre la parole de l l ve sur sa lecture c est toujours aussi accepter de confronter sa propre exp rience avec celle de l autre sans jugement de valeur a priori mais surtout l adulte qui coute est aussi une personne ressource devant une personne en d veloppe ment et le contrat est de favoriser ce d veloppement L int r t de ces biogra phies de lecteurs c est de tirer un bilan qui permette de d gager des priorit s de travail 8 Enfin l entretien peut porter sur une t che pr cise par exemple un tri de livres la mani re de lire un texte haute voix 7 la fa on dont on range les livres dans une biblioth que la confection d une liste bibliographique L entre tien que nous tudierons dans la troisi me partie de l article est de ce type Il se rapproche alors de l entretien d explicitation dont Pierre Vermersch d crit les attendus 8 et auquel il fixe les buts suivants crireles d marches de l l ve et ainsi contribuer une analyse des erreurs et des difficult s d apprentissage en apportant des informations pr cises l ensei gnant ou au formateur de mani
42. re des conduites de lecteur Cela explique peut tre les r ticences de Mourad utiliser les ressources du C D I comme on le verra Et pourtant il se rattrape en quelque sorte par petits fr res interpos s mais c est en assumant un r le quasi parental aller voir dans les cartables car il ny a pas de circulation de livres entre les parents et les enfants Les parents de Mourad ne lisent pas ou tr s mal On imagine les strat gies qu ils doivent mettre en place soucieux qu ils sont de la r ussite de leur fils pour assurer et leur autorit et cette r ussite P Bon par exemple quand tas un mot sur le carnet tes parents ils savent le lire M Des fois ils savent le lire des fois je leur lis 68 P Pourquoi est ce que tu leur lis M Parce qu ils me demandent de leur lire P Ah oui Mais alors c est compliqu imagine qu un prof mette sur ton carnet c est arriv cent fois Mourad a fait ci Mourad a fait a Mourad est insuppor table bon C est eux qui vont lire Ah Et ils te demandent de le lire et toi est ce que tu le lis Ben oui je suis oblig T es s r Ca t est jamais arriv de pas le lire Si des fois Mais apr s ils v rifient Et comment ils font Ben ils me disent T as racont n importe quoi Et comment ils font pour te le v rifier IIs me disent Bon passe ton carnet puis va faire tes devoirs Puis apr s ils l
43. re leurs pratiques de lecture et celles que propose par exemple l cole diversifier ces pratiques l comme ailleurs il y a des zones proximales de d veloppement rep rer et les construire en fournissant aux l ves des outils en tant que de besoin 1 LES ENTRETIENS OBJECTIFS ET LIMITES Remarquons tout d abord que dans le cours d une ann e scolaire nombreuses sont les occasions que l on peut trouver de s entretenir avec les l ves en t te t te ou en petits groupes de deux ou trois au sujet de leurs lectures Ces entretiens peuvent se regrouper en trois grands domaines selon leur objet 1 Ils peuvent porter sur un texte c est le cas des entretiens en petits groupes autour d un livre dans le cadre de clubs de lecture ou plus simplement de la classe cf la d marche de la semaine lecture Ces activit s visent cr er une exp rience de lecture partag e stimuler des changes ils permettent l enseignant de pr lever des indices sur la mani re dont les l ves interpr tent 3 Cf J P BENOIT D BESSONNAT et al 1991 L valuation nationale en fran ais Pratiques N 71 57 telle lecture sur les comp tences qu ils manifestent sur leurs choix et leurs rejets selon que les livres ont t amen s par les l ves ou par l adulte Les textes en lecture peuvent avoir t crits par les l ves par exemple la lecture des nouvelles produites dans
44. t tre les deux Un classement douteux l int rieur de la biblioth que personnelle n emp chera donc pas un enfant bien inform de l usage du fichier de trouver un ouvrage dans la grande biblioth que Et l interaction entre les deux lui donnera peut tre d autres id es de classement pour ses livres lui 3 4 Classer par collections Un crit re vient ajouter de l h t rog n it aux principes de classement adopt s par Nicolas c est la tendance ranger aussi les livres par collections Esth tique et rapide oh le bel alignement des couvertures de m me format cette organisation rencontre toujours du succ s chez les l ves Mais qu est ce qu une collection pour Nicolas P Alors l tiens je vois tout a l La petite maison dans la prairie N Huit tomes P Alors comment a s appelle N Ben a c est une collection Nicolas explicite N Ben y a deux sortes de collections les collections avec des livres qui n ont pas le m me sujet par exemple a va tre un roman un roman policier une histoire et puis il y a aussi les collections c est une suite de livres par exemple Les Mis rables y a trois tomes parce que bon dans un tome ce serait trop gros donc a peut tre aussi une collection et y a aussi la collection l ce qu on vient de voir les Poche Nathan a aussi c est une collection euh Ben une collection Il reste Nicolas affiner ses crit
45. tr e au catalogue parcourir ces rayons offre des rapprochements surprenants des topographies nouvelles 72 3 2 Les documentaires et les autres Un premier principe semble tre de mettre part les documentaires P Dis moi un peu a l c est quoi a N a c est des documentaires collection D couvertes Benjamin P Le roi et sa cour N Les volcans des montagnes vivantes Nos vieilles pierres P Bon Donc tu appelles a comment N Ben moi j appelle a des documentaires P Bon alors o ils sont tes documentaires N Ben l j ai fait toute une tag re avec tout a donc sur les villes sur le pass aujourd hui sur et puis l sur comment dire la R volution et puis la g ogra phie P Bon Donc tu as class comme a c est pas n importe comment Et a c est quoi N C est un atlas de poche Nicolas qui a par ailleurs un rayon dictionnaires classe les atlas syst matiquement dans la g ographie faisant une diff rence entre usuels g n raux et usuels sp cialis s m me s il ne pousse pas la sp cialisation jusqu au bout P Des atlas N Oui Enfin c est tout dans la g ographie P Ah il peut y avoir des atlas historiques aussi Atlas de la litt rature N Oui ben c est en g ographie C est l int rieur de la cat gorie documents que Nicolas rencontre on le verra quelques probl
46. u il en soit de ce peut tre ce roman est pour Mourad une 8 Lloyd ALEXANDER Chroniques de Prydain Le Livre des Trois Livre de Poche Jeunesse N 218 II compte 282 pages Et le professeur de Mourad ne le connaissait pas 62 exp rience si marquante qu il se souvient de l auteur Lloyd Alexander pourquoi l a t il aim M Parce que j aime bien quand il court apr s II va dans les t n bres et il se fait enfermer c est une aventure quoi Apr s il y a une lumi re qui vient apr s il y a une fille qui appara t apr s elle le sauve apr s il part Cette exp rience gratifiante n a pas t relay e par un enseignant ou une documentaliste qui aurait propos Mourad d explorer les ressources du C D I en mati re d heroic fantasy Est il trop tard Il faudra essayer En attendant c est dans d autres m dias que Mourad trouve sa ration de fiction P Si je te dis policier tu penserais plut t un roman ou un film M A un film P D accord Si je te dis science fiction tu penserais plut t un roman ou un film M A un roman Non un film un film P Je sais pas tu dis un roman tu en as lu M Non je pensais un film P Est ce que tu pourrais me citer par exemple des films que tu as vu en science fiction ou des s ries que tu regardes M La cinqui me dimension P Les Spock M Oui les Spock Star Trek P M
47. umes quasi historiques appel s alors Contes et R cits certes Il a encore ranger ce genre dans la fiction ce qu il n a pas d h sitation faire quand il s agit de l Odyss e On ne peut s tonner qu il ignore la cat gorie pop e en attendant classer l histoire d Ulysse parmi les romans est provisoirement satisfaisant En fait il semble utiliser un crit re histoire partir d un fait r el qui ferait verser les textes qui le remplissent du c t de l Histoire Jacquou le Croquant tiens de Presses Pocket c est quoi Ben a c est une histoire partir d un fait r el D accord Tu le classerais comme histoire Oui Bon Et a Fran ois Fontaine Blandine de Lyon Presses Pocket toujours Ben a c est quelque chose de vrai Donc c est quoi Tu le classerais o Tu le mets o Ben a ben dans la partie histoire Oui bon D accord Celui l tu t en souviens Hans de Beer aux ditions Nord Sud Plume en bateau On va le regarder un peu N Ben c est c est une petite histoire aussi qui se raconte pour P Mais tu m as dit Blandine de Lyon c est une histoire Jacquou le Croquant c est une histoire a c est une histoire aussi N Oui mais a c est pas le m me style d histoire Jacquou le Croquant c tait une histoire partir d un fait r el Blandine de Lyon c est une vraie histoire y a la vie P Oui mais dans
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