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Sans figure de style superflue, entrons dans le vif du

1. 1 des mouvements qui sous diff rentes formes ont poursuivi et tent de renouveler la tradition 2 des mouvements qui ont manifest au contraire une intention d ch r e de rompre avec l art et d une certaine mani re de le d truire 3 des mouvements enfin qui ont travaill pour le d passement de l art et pour une refondation de l esth tique sur les bases de l apparition d un fait nouveau de civilisation celui incontestable de l av nement des techno sciences On constate a posteriori que toutes les productions appartenant ces genres pourtant bien diff rents partagent le fait d avoir t expos es au m me titre et de mani re semblable dans des mus es Ces productions ont toutes t consid r es comme des uvres d art m me si un bon nombre d entre elles ont affirm se refuser d entrer dans ce cadre Il semble que cela ait pu se d rouler ainsi cause des modes de fonction nement de la conscience esth tique moderne Mani re qui se mani feste par une certaine volont d abstraire d uniformiser et d abolir les diff rences Si la responsabilit premi re en revient au mus e il ne faut pas omettre de relever quelque chose d essentiel savoir que c est partir de la Modernit que le mus e est soumis lum me des pres sions extra esth tiques de diff rents ordres Dans un nouveau contexte id ologique et conomique la v ritable force uni
2. il recourt des savoirs th oriques qu il peut m me tre une pratique o s laborent de v ritables donn es scientifi ques comme ce fut le cas lors de la d couverte de la perspective Il se rait plus int ressant encore d accr diter dans nos enseignements actuels l id e selon laquelle l art est une forme de connaissance de type particu lier et sp cifique trang re toutes les autres formes de connaissance L id e que l art est une connaissance est un fait constitutif de la nais sance de la th orie de l art dans les trait s italiens du XVT et les textes fran ais du XVII Les th oriciens de l ge classique assignent l art une triple finalit duquer plaire mouvoir La premi re qualit assi gn e l art dans une soci t de consommation et marchande c est sem 39 Voir les pages consacr es ce sujet par Mario Costa titulaire de la Chaire d esth ti que de l universit de Salerne et co fondateur du mouvement international de l esth ti que de la communication dans ses diff rents ouvrages et articles Stephen Wolfram propose de revisiter les lois de l univers ce physicien am ricain th oricien surdou devenu golden boy avec son logiciel Mathematica publie au terme de dix ans de cogitations solitaires un livre dans lequel il pr tend rien de moins que r volutionner la physique les math matiques les sciences naturelles et la philosophie Le Monde Sciences mercredi 15 m
3. Etude sur les structures soutenant les arts lectroniques en France rapport Bruno Ory Lavoll e La diffusion num rique du patrimoine dimension de la politique culturelle 57 alors pourquoi ces tudes toujours on reuses sont instruites Avec le temps la situation ne fait que s aggraver Aucune mesure concr te ne vient ralentir cette chute vertigineuse vers le degr z ro de l art Ce qui pr vaut c est la politique de l autruche Position peu envi e la France dans le contexte des autres pays europ ens pourra briguer bient t le titre de lanterne rouge avec pour r compense un beau dipl me enlumin aux armes de la R publique Une distinction sur mesure consacrant sa rel gation au plus bas niveau Les raisons de cette situation catastrophique sont nombreuses Elles interf rent les unes avec les autres et la complexit m me de leurs inte ractions rend difficile l interpr tation et la ma trise du ph nom ne On peut la fois les imputer des causes politiques id ologiques et profes sionnelles Laissons de c t pour l instant la responsabilit incombant aux agents de la culture pour leur manque de comp tence l insuffisance des budgets et la nature de leur utilisation Nous avons d j voqu ces probl mes Concentrons nous sur notre sujet qui est au premier chef celui des enseignements de l art Sans pouvoir les analyser dans le tail ici dans le cadre de cet ouvrage nous pouvons c
4. art Cet enseignement peut il ignorer sans en tre pour le moins partie prenante tout ce qui touche aux interrogations sensibles de nos soci t s Tels pour ne citer que ceux l les probl mes de la mondialisation la mont e du terro risme avec ses cons quences g opolitiques le r chauffement de la pla n te les ravages du sida l incidence des technologies sur nos modes de vie nos fa ons de percevoir de sentir de comprendre le monde Com ment imaginer un enseignement de l art pour un minimum fond quand les contenus dans nos coles font une part si marginale quand toutefois ils la font la relation Art Science A t on valu l importance prise par la science dans nos soci t s Si on veut tre tout fait hon n te il faut ne pas omettre de dire qu un effort cons quent a t fait non quelquefois sans pr cipitation ces derni res ann es pour doter les coles d art de mat riel informatique Mais il faut aussi r p ter encore une fois primo que le mat riel en lu m me s il est indispensable ne saurait en rien constituer une p dagogie par la gr ce de sa seule pr sence et de sa manipulation technique Un mat riel aussi sophistiqu soit il n est rien sans encadrement th orique et sans une p dagogie appropri e 88 secundo le temps perdu ne se rattrape jamais pour des g n rations d tudiants sacrifi s qui font les frais de ce laxisme et de cette irrespon sabilit org
5. mais c est plut t favoriser et inculquer des attitudes des comportements des modes de pens e ou de non pens e L art contrairement la fa on dont il est souvent per u r duit et enseign chez nous n est pas une question d agencement formel sur des supports quelconques de virtuo sit graphique de visualisation ou de plaisir r tinien procurer mais d abord une vraie ma eutique critique qui doit permettre chacun de d couvrir et d avancer sur le chemin du sens Il ne s agit pas de favori ser des attitudes d opposition syst matiques et n gatives en flattant dans la jeunesse sa propension naturelle la contestation que d inviter les tudiants une affirmation lucide et mature de certaines valeurs Valeurs qui ne vont pas sans esprit d ouverture et de dialogue Des va leurs de bon sens aussi qui nous ram nent des choses aussi l men 52 Esth tique de la cyberculture Roy Ascott revue Spirale n 144 Montr al Cana da 53 L enseignant v ritable n est pas celui qui a le plus de connaissances mais celui qui am ne le plus de gens la connaissance Neale Donald Walsch 66 taires et indispensables qu une meilleure qualit de vie un respect des quilibres naturels une harmonie dans nos rapports avec les autres Certes l art qu il soit plastique ou informatique ne se r duit jamais dans notre esprit l unique question de sa visualit ou du traitement de
6. molos dans la voix 23 Bouillon de culture Bernard Pivot mission d adieu r unissant sur son plateau des responsables institutionnels pour un d bat sur l effacement de la culture et de l art fran ais l tranger France 2 juin 2001 45 La France n est plus la place artistique centrale presque dominante o elle tait il y a un si cle La situation est jug e catastrophique et c est soudain le syndrome n qui tant du d clin fran ais qui se profile l horizon Il faut bien recon na tre que les nouvelles qui nous parviennent du front sont plut t ala r mantes comme l ont confirm r cemment deux rapports remis simul tan ment au ministre en question par le d put Yves Dauge et le socio logue Alain Qu min Ces tudes fort bien construites et document es tirent la sonnette d alarme et apr s enqu tes tablissent d un commun constat que la pr sence de l art contemporain fran ais est d risoire nulle et inexistante dans le contexte international Un pav dans la mare qui revient en pleine figure clabousser ceux l m mes qui les avaient command es Ces rapports tablissent chacun de leur c t dans leurs attendus respectifs un constat irr futable celui de l chec cuisant de notre politique culturelle depuis des d cennies mettant en cause notre rayonnement l tranger et soulignant la particuli re inefficacit des services et des personnes en
7. n rent des objets insolites Elles sortent du cadre et des routines qui perdurent dans les coles d art sous la domination de quelques en seignants pigones av r s du march que rien ne peut d vier de leur route La question de l innovation est consid r e depuis des ann es comme centrale dans notre soci t et constitue un v ritable d fi lanc aux cr ateurs aux chercheurs aux chefs d entreprise Mais paradoxak Chambon 1996 Pour une philosophie de la photographie Circ 1996 s rie de bandes vid o avec Fred Forest sur les gestes 1972 22 Alba le lapin transg nique et fluorescent d Eduardo Kac propos par l artiste Avignon en 2000 dans le cadre de la manifestation Avignon num rique 44 ment dans les coles d art les initiatives les plus audacieuses et innovan tes des tudiants sont souvent brid es par un corps enseignant soumis aux diktats des mod les officiels de l art contemporain L art actuel malgr les r sistances qu il rencontre s appr te jouer un r le d cisif dans les champs crois s de la communication de la construction du sens de la relation et l entretien du lien social Il t moigne de T mergence de pratiques artistiques nouvelles Des pratiques artistiques dont les nouveaux outils apr s le crayon le pinceau ou le burin appar tiennent nos environnements communicationnels et technologiques quotidiens Le chemin sera encore long avant que ces pratiq
8. rer que le d veloppement des nou velles technologies notamment informatiques n a fait qu en acc l rer le rythme et la n cessit d laborer sur cette situation de nouveaux ques tionnements critiques La dimension artistique se voit mise en demeure en quelque sorte d int grer sa pratique l esprit scientifique C est dire une pratique d exp rimentation d o est cart e de fa on d li b r e dans un temps premier la r f rence au contenu symbolique ou imaginaire La stup fiante relation qui s tablit entre l art et la science ne r side pas tant dans la ph nom nologie des r sultats que dans la si militude sur le plan des m thodes et des probl matiques Les artistes ont certainement beaucoup apprendre des scientifiques et vice versa Dans ce m me tat d esprit sous la direction d Hans Diebner un institut de recherche fondamentale a t cr au ZKM en juillet 1999 Les recher ches sont dirig es vers le d veloppement et l application d interfaces dites visuelles haptiques en vue d exp riences dans le domaine de la relation entre l objet et le sujet De telles recherches ont un rap 62 Laszlo Moholy Nagy CCI p 120 Paris 1976 3 ZKM Karlsruhe Lorenstrasse 19 76135 KA Tel 00 49 721 8100 1200 Le ZKM haut lieu de l art technologique pr sente jusqu au 4 ao t 2002 Iconoclash une exp o sition con ue par le fran ais Bruno Latour son initiateu
9. s par occulter ce qui est et devrait toujours rester l essentiel de l art D autres questions s encha nent Elles nous conduisent dans un second temps nous demander si l enseignement de l art doit bien faire partie des enseignements publics pris en charge par l tat Et si la r ponse est affirmative comme c est l sans h sita tion notre opinion personnelle nous devons alors poser une s rie de nouvelles questions savoir sous quelles formes les plus pertinentes avec quels objectifs avec quel statut affirm et reconnu avec quels moyens L enseignement de l art doit il tendre former ds artistes qu est ce que cela veut dire et qu est ce que cela implique L art doit il s efforcer d entretenir des activit s de loisirs et si c est le cas serait ce de pr f rence pour renforcer le lien social ou plut t pour satisfaire les penchants quelques dilettantes clair s ou esth tes attard s ou enfin tout simplement perdurer pour perdurer afin de maintenir en place un syst me litaire archa que et dispendieux Un syst me o se croisent des int r ts priv s des affairistes de toutes esp ces et des re pr sentants de l tat dont la vertu premi re pour le moins que l on puisse dire n est pas toujours la plus grande transparence l imagination et encore moins le sens et le respect de la mission publi que qui leur ncombe C est dans ce contexte que se voit consacr e
10. a dit d j tr s r pandus Allez assez de j r miades changeons de politique conseiller de Catherine Trautmann ministre de la Culture et de la Communication et Fred Forest 38 Le Monde Horizons Analyses vendredi 10 mai 2000 p 15 55 Est il fond de penser en toute lucidit et impartialit qu un manque de formation dans nos coles d art hauteur du niveau requis puisse ex pliquer par contrecoup la pitoyable repr sentation des artistes fran ais dans le concert international de l art contemporain On ne peut pas pourtant accuser l tat de ne pas mettre le paquet dans ce domaine quand nous apprenons que dans le cours de l ann e 2000 pour ne citer que ces chiffres 57 coles sup rieures d art fran aises et des batail lons de professeurs ont accueilli dans leurs enseignements 10 350 tu diants Ce qui n est pas rien Plus de 10 000 artistes fran ais potentiels pr ts tre lanc s chaque ann e sur le march Plus qu un corps d arm e ou une l gion romaine En arrondissant et en cumulant ces chiffres cela veut dire au bas mot que depuis les ann es 1995 cn quante mille tudiants ont t form s dans nos coles plus que la popu lation de Maubeuge ou celle de Vesoul pour devenir soi des artistes soi plus s rement des RMIstes L effort consenti par la nation est dans ce domaine consid rable avec un budget global qui si on cumule les frais de fon
11. aujourd hui la toute puissante caste des marchands du Temple Des commer ants redoutables le plus souvent d excellente ducation et de bonne famille dont la mati re premi re du n goce n est plus le p trole le caf ou encore l tain mais une mati re premi re de base brute de 55 Fonctionnement et dysfonctionnement de l art contemporain un proc s pour l exemple Fred Forest l Harmattan Paris septembre 2000 L artiste et les commissaires Yves Michaud ditions Chambon N mes 1989 68 d coffrage de nature esth tique Un appareil socio conomique et id o logique nanti de toute la force de persuasion du marketing a t mis en place pour convertir cette mati re premi re en denr es de l esprit pr di g r es d ment consommables Des produits partir desquels pourra s exercer le libre jeu de la sp culation et du profit Les op rateurs du march sont assist s d un certain nombre de repr sentants officiels de la culture qui pantouflent d sormais chez eux de critiques d art d historiens et d interm diaires divers souvent leur solde de fa on directe ou indirecte mais souvent aussi pour ces derniers mal r tribu s s il faut en croire les int ress s L utilit premi re de ce petit et de ce gros personnel consistant conf rer au produit brut pour sa l gitima tion cette valeur ajout e de l esprit indispensable au noble commerce de l art Si la vertu premi r
12. charge de ce secteur Dans une interview accord e Paul Ardenne dans Artpress Alain Qu min retourne plaisir d une fa on quelque peu cruelle le couteau dans la plaie La sociologie est une science qui d range en d voilant tout une part de r alit que d aucuns aimeraient mieux voir passer sous silence Ces deux institutions AFAA et DAP travers leurs repr sentants qui si geaient tant au sein du comit de pilotage que du comit de vali dation ont approuv enti rement le rapport Qu elles puissent mainte nant mettre des critiques n appara t donc pas tr s s rieux car cela revient pour elles se d juger et peut amener s interroger sur leur fonctionnemenf Rapports en main sommes nous en pr sence d un bilan trop alarmiste D un diagnostic exag r ment pessimiste qui ne refl te en aucune fa on la r alit sur le terrain Les chiffres avanc s ne font pourtant que confirmer la gravit de la d b cle Selon le Kunst Kompass un syst me 24 Hubert V drine ministre des Affaires Etrang res Les heures difficiles de la politi que culturelle ext rieure de la France Le Monde jeudi 19 juillet 2001 25 Le r le des pays prescripteurs sur le march et dans le monde de l art contemporain r dig la demande du minist re des Affaires Etrang res 6 Rapport d une d saffection Art Press n 278 avril 2002 46 d valuation international qui fait autorit en la mati re voici
13. comment s tablit le classement sur les cent artistes les plus reconnus dans le monde en 2000 33 sont am ricains 28 sont allemands 8 sont britanni ques 5 sont fran ais 4 sont italiens 3 sont suisses les autres pays se partagent le reste du palmar s Le g nie fran ais apr s des lustres de gloire est il victime soudain d une malencontreuse carence en vitami nes Ce g nie cocardier est il en perte de vitesse an mique et pr t rendre l me Situation plut t embarrassante pour nos fonctionnaires de la culture concern s directement interpell s et mis en cause Ce constat particuli rement gravissime tend nous interroger sur les dysfonction nements d institutions charg es d accompagner et de soutenir nos artis tes nationaux et leur manquement vident leur mission Constat brutal traumatisant pour tous ceux qui comme nous pensaient que le g nie fran ais tait jamais in galable Il tait impossible de pr voir qu une tare ignor e li e sans doute des facteurs g n tiques inconnus puisse soudain du jour au lendemain nous r duire cette humiliante situation L art fran ais et les artistes fran ais sont ils vraiment nuls comme le pr tendent qui veut l entendre deux grosses pointures de intelligentsia fran aise qui portent pour noms Jean Clair et Jean Baudrillard Voici exactement ce que dit le conservateur du mus e Picasso sur le sujet La cr ation plastique n
14. d bouch s nous sommes bien convaincus que les responsables de l tat ont une parfaite connaissance de cette situation Mais vouloir pr tendre y rem dier leur poserait encore beau coup plus de probl mes que de laisser la situation perdurer voire pour rir C est donc la fuite en avant qui pr vaut Trop d enjeux conomi ques sociaux corporatistes sont directement concern s pour courir l imprudence d y toucher La politique de l autruche et les int r ts poli ticiens se doivent de pr valoir sans grand souci de l int r t des d toyens Comment r soudre cette absurde et dommageable situation c est l un tout autre probl me Nous pourrons ajouter enfin sans ris que de nous voir contredit par les faits que la derni re ministre en place paradoxalement n a accord aucun int r t particulier aux arts plastiques et cela m me apr s plusieurs ann es de fonction La l g ret de ce comportement n est pas susceptible d am liorer une situation qui s est d grad e de jour en jour La tension est mont e chez les artistes qui ont fait circuler une p tition l appel aux artistes qui a r uni plus de 1200 signatures et constitu une f d ration la FRAAP F d ration des R seaux et Associations d Artistes Plasticiens r unissant une trentaine d associations et de collectifs d artistes Il s agit l d un fait sans pr c dent en France La FRAAP s appr te r aliser courant 2002 les Ren
15. d id alistes inefficaces de ges tionnaires born s et de fils de bonnes familles cas s opportun ment dans l administration culturelle avec cette propension commune tous il faut bien le constater cultiver une frilosit l gendaire un confor misme toute preuve une incomp tence av r e et m me quelquefois une veulerie exemplaire dans l exercice de leur fonction Dans un bilan qui s efforce malgr tout d tre objectif et malgr tous mes efforts pour positiver comme Carrefour je n ai pu constater quelques ex ceptions pr s qu un manque d engagement et de motivation chez ceux l m mes qui sont cens s jouer le r le d interm diaires actifs pour les artistes fran ais et qui de surcro t sont mis en place et pay s pour cette mission Ce que nous avons observ la plupart du temps chez ce personnel culturel en poste l tranger c est un manque end mique de motivation une absence ahurissante de comp tence et souvent tout simplement l ignorance de principes r publicains l mentaires Bien s r ici ou l on trouvera toujours un homme ou une femme d vou la cause Des personnalit s tout fait exceptionnelles la fois par leur dynamisme Je citerai pour exemple ce directeur de l Institut Fran ais de Casablanca en mars 2002 qui pour ne pas avoir de probl mes avec son personnel local couvrira le vol d un appareil photo dont est victime un artiste invit
16. devenir et sa perspective post historique La mort de l art a d j fait Institutionnelle dans les ann es 70 70 couler beaucoup d encre Pour tre en accord avec nous m mes il s agit de commencer par nous interroger sur des faits aussi fondamentaux que ceux qui sont relatifs la perte du sens Une perte du sens qui affecte aujourd hui le message de l art Cette perte de sens est cons cutive au tarissement de ses sources originelles Des sources qu on peut circons crire autour de trois concepts cl s la beaut la v rit et le signifi La perspective se dessine de nos jours dun nouveau rapprochement entre les arts et les sciences L histoire de l art a d j illustr combien cette relation a pu tre riche et fructueuse par le pass Il faut que l art en devenir int gre les recherches actuelles du domaine scientifique et tienne compte du fait que ces d couvertes relevant des sciences appli qu es changent radicalement pour les individus que nous sommes notre rapport au monde Un changement qui au travers de notre reh tion modifi e l espace au temps aux autres et nous m mes trans forme les conditions ontologiques psychologiques sensibles sociales thiques m taphysiques de la condition humaine Par cons quent tout ce qui touche ce dont l art nous parle depuis toujours En s appuyant sur de multiples exemples il est ais de souligner que l art repose sur des connaissances qu
17. devenue trop troite et manque d ajustement l poque que nous vivons celle des ordinateurs des r seaux des manipulations g n tiques Trop troite pour couvrir elle seule le champ du sens et de la connaissance sensible L art doit n cessairement se penser se repenser et se faire d sormais dans un environnement conceptuel renouvel Ind pendamment des critiques d ordre g n ral visant le fonctionnement de l enseignement dans nos coles d art il faut insister et revenir encore sur les lacunes inacceptables que pr sentent ses enseignements en ter mes de contenus Des lacunes qui attestent de l ignorance dans laquelle sont tenus les tudiants sur des probl matiques de culture g n rale aussi importantes que celles que d veloppent Mario Costa et d autres pen seurs actuels de tout premier plan alors que quelques p les intellectuels fantoches certifi s de l art contemporain occupent abusivement le ter rain d ment missionn s par le minist re de la Culture Portons une at tention particuli re aux canaux par lesquels est transmis le savoir Po sons nous la question de ces canaux dans une cole d art aujourd hui Comme nous y invite Michel Serres commen ons par reconna tre que tout aussi bien dans l enseignement de l art qu ailleurs les contenus d pendent de canaux la fois humains les professeurs les intervenants mais aussi technologiques l ordinat
18. dominant de professeurs Tant et si bien que ces enseignants par leur appartenance la caste de l art contemporain officiel en sont devenus aveugles et trangers tout ce qui s exerce au del de la p ri ph rie de leur propre nombril Cette situation et les carences surprenan tes qui en d coulent nous autorisent poser quelques questions suppl mentaires Cela saute aux yeux aussi norme aussi inconcevable que si vous estimiez possible qu en fin de son cycle d tudes un tudiant en m decine ou en chimie n ait jamais entendu prononcer une seule fois dans sa vie au cours de ses tudes le nom du professeur Barnard ou celui d Ilya Prigogine Cette ignorance difficilement acceptable en soi est inh rente au fait que l enseignement de l art pour ce qui rel ve de l art qui se fait aujourd hui se limite de mani re restrictive aux artis tes et aux seules formes d art issues directement de la production mar chande Tout ce qui comme production de mod les lui est tranger est purement ignor voire occult ou vacu Notamment subissent ce sort les formes d art avanc es de type exp rimental li es au d veloppement des technologies qui suivent de leur c t une volution aux rythmes et l acc l ration des mutations de nos soci t s ou encore des formes d art socialement engag es non encore r cup r es par le syst me ou tout 78 Pure d rision en septembre 2000 on pouvait
19. dont devraient disposer les artistes fran ais Ayons donc le courage de reconna tre cer taines limites de notre rayonnement artistique et d envisager des r formes pour mieux d fendre nos artistes au plan international d autant plus que la diversit culturelle est 56 rendement en regard des moyens consentis est d risoire quand s affichent des r sultats aussi d cevants Il doit bien y avoir quelque part quelques bonnes raisons cach es pour expliquer sinon justifier ce manque chronique de performance L enseignement n est pas le seul en cause dans ce manque de r sultats Il faut rechercher aussi d autres facteurs dans le syst me m me de l art tel que celurci est maintenu et soutenu en France par les institutions publiques Certes il se trouve et on le constate r guli rement qu une fois par an au moins quelqu un prend le risque inconsid r de se faire triper en d non ant cet tat de fait haut et fort Mais est ce qu on s inqui te seulement d en conna tre et d en analyser les causes end miques S en pr occupe t on en haut lieu Assur ment non puis des d cennies que cette stuation per dure D ann e en ann e les rapports alarmants se succ dent La DAP et le minist re commandent grands frais des tudes qui finissent dans les tiroirs sans que leur soit donn e la moindre suite On se demande bien quand m me limit e du fait du poids crasant de l Allemagne et surto
20. emprise d une id ologie de type bourgeois est li de fa on quasi historique des micromilieux des coteries s appuyant sur des r seaux d influence Comme ce march dispose du quasi monopole des moyens d informations sur l art donc des instru ments de sa promotion de sa reconnaissance et de sa diffusion il a permis ces micromilieux de subvertir les institutions et d imposer la longue ses propres produits comme seule s valeurs symboliques de r f rence Le probl me n anmoins c est que ces produits n ont jamais b n fici eux m mes que d un march extr mement troit Un march dans lequel un tr s grand nombre d artistes producteurs se retrouvent en comp tition pour un nombre d offres limit Les places sont ch res pour les artistes qui visent le p n trer y acqu rir droit de cit et celui d en retirer les ressources leur permettant d en vivre Les coles d art de leur c t sans tenir compte d une offre d emploi quasi nulle et de l absence d un v ritable march du travail pr tendent a contrario continuer se d velopper et former des gens des artistes pour des besoins et des d bouch s qui n existent finalement pas Il est aberrant qu une telle contradiction ait chapp la vigilance de tous et notam ment aux responsables des enseignements artistiques institutionnels Selon un syndicat d artistes plasticiens que nous avons interrog
21. est plus dans les galeries d art elle est au cin ma dans la danse dans l art vid o Et l acharnement th rapeutique que met l tat prolonger l agonie travers un appareil co teux n y peut rien l art fran ais contemporain contrairement l art italien anglais ou germanique n a plus ni sens ni existence Avant de condamner d finitivement de fa on peut tre trop rapide l administration culturelle et les artistes eux m mes en les rendant res ponsables respectivement de ce probl me pr occupant il s agit de se demander en toute honn tet si les causes ne sont pas rechercher ailleurs Le d clin des artistes plasticiens ne r side t il pas dans le sa turnisme li la pr sence de plomb dans la chimie des couleurs chez Lefranc Bourgeois Les s quelles d une g n ration victime de la vache folle Les dommages collat raux cons cutifs aux effets de la cohabita tion Le r chauffement de la plan te constat jusque dans les entrailles 27 Le complot de l art Lib ration 20 mai 1996 47 de Beaubourg La mont e la violence dans les galeries d art pari siennes La grogne cons cutive au d m nagement de la DAP contrainte d abandonner ses bureaux et ses habitudes avenue de l Op ra Les cons quences chez l artiste fran ais moyen d une alimentation trop riche en graisses animales Nul ne le saura jamais Si ce n est qu on pourra toujours se demander avec plus
22. faut r viser sans complaisance nos connaissances et nos croyances les plus ancr es pour les adapter au cadre dans lequel nous sommes appel s d sormais penser agir et vivre Cela m me est 8 Penser l art l cole Pierre Bourdieu Actes Sud juin 2001 34 encore insuffisant si nous ne sommes pas en mesure aussi d anticiper Car enseigner et former c est avant tout savoir anticiper sur les besoins venir dans les enseignements artistiques comme dans tous les autres secteurs d activit s Les r flexions en v ritable visionnaire de Paul Val ry qui datent des ann es 1929 devraient inspirer nos responsa bles des enseignements de l art en France toujours en retard d une guerre quand ce dernier crit le texte ci dessous qui n a pas pris une seule ride Un texte en parfaite ad quation avec la situation que nous vivons aujourd hui dans l enseignement de l art Nos Beaux Arts ont t institu s et leurs types comme leur usage fix dans un temps bien distinct du n tre par des hommes dont le pouvoir d action sur les choses tait insignifiant aupr s de celui que nous pos s dons Mais l tonnant accroissement de nos moyens la souplesse et la pr cision qu ils atteignent les id es et les habitudes qu ils introduisent nous assurent des changements prochains et tr s profonds dans l antique industrie du Beau Sans revenir sur cette querelle qui oppose les anciens et les soi disa
23. imm diatement accessible nos perceptions dans lequel est appr hend e la chose art va se trouver consid rablement relativis Relativis par un espace du virtuel qui tend devenir naturellement le territoire par excellence de l art Et ce d pla cement entre r alit et virtualit qui fait d j partie de notre modernit voire de notre quotidien est une composante qui est loin encore d avoir t int gr e aux contenus dispens s dans nos coles d art Regrettable lacune car il s agit v ritablement l d une notion fondamentale qui nous invite revisiter l histoire des formes depuis ses origines Les contenus d enseignement de nos coles quand il y en a en sont res t s une p dagogie du visible dont les concepts picturaux remontent au si cle dernier L enseignement dispens l heure actuelle n a pas pris en compte non plus l interdisciplinarit Les nouvelles technologies induisent de par leur nature et leur composante le croisement des disci plines c est une n cessit incontournable sans laquelle notre vision du monde reste fragmentaire et atomis e Un fait qui ne doit rien ni au circonstanciel ni l arbitraire mais qui appartient aujourd hui l tat des connaissances impliquant la n cessit absolue de faire des sciences de la complexit un outil d investigation que l esth tique ne peut plus ignorer Nos enseignements actuels de l art accordent une place
24. l rateur au mo ment o l incertitude sur leurs cons quences reste tout enti re Incerti tude entretenue sur l conomie mondiale sur notre existence quoti dienne et sociale sur notre vie tout court Au moment o les syst mes de valeurs vont devoir se r chelonner en m me temps que les sys t mes politiques vont se poser dans nos soci t s la place du symbolique et celle de l art Va se poser la question de la pertinence de son ensei gnement de son utilit et de ses objectifs Comme l affirmait d j Anaxagore cinq si cles avant J sus Christ fout est dans tout etrien n est ind pendant de ce fout L art lu m me ne saurait chapper un contexte globalisant command par la mondialisation Ces bouleverse ments en cours interrogent les formes ant rieures de l art dans nos 15 Ibidem 37 soci t s sa fonction et ses enseignements l heure o l ordinateur se substitue aux techniques artisanales du pinceau ou du burin Notre espace quotidien s largit et se modifie en un monde autonome et communicant gr ce aux r seaux et aux machines Pour faire de l art il ne suffit plus de choisir de disposer de manipuler ou de repr senter des formes objets dans sur un espace physique donn celui qui nous tait familier hier mais de r aliser des configurations symboli ques des formes virtuelles charg es de sens dans l espace abstrait de l information L espace du visible
25. lors d une conf rence dans son tablissement refusant de consid rer que cet outil dont sera priv d sormais l ar tiste a bien t vol sur la table de conf rence sa table de travail et cela apr s que la salle ait t vacu e par le public une dizaine de personnes par contre facile ment identifiables restant encore pr sentes sur les lieux L argument du directeur en question Il s agit d un vol dans une salle publique En tout tat de cause la responsa bilit de l Institut n est nullement engag e Par cons quent il n est pas question que ce vol soit couvert de quelque mani re que ce soit par nos assurances L intervention des assurances n cessite en effet un d p t de plainte devant les services de police Le directeur de l Institut Fran ais de Casablanca a donc pr f r par pure l chet s abste nir de le faire Ce que nous pouvons comprendre la rigueur s il s agit de conserver co te que co te selon les r gles sacro saintes de la diplomatie de bonnes relations avec le pays tranger dont on est l h te Mais si par ailleurs ce m me directeur ne propose pas pour autant l artiste spoli avec un minimum de d cence une l gitime r paration pour le pr judice subi n ayant qu un souci en t te celui de d gager au plus vite sa responsabilit alors un tel comportement se passe de tout commentaire Jean Digne du temps o il tait directeur du Centre Culturel Fran ais de Na
26. p dagogies appropri es qui garantissent coup s r d en faire des artistes part enti re la sortie de leurs tudes Peut on former des artistes comme on forme des pharmaciens voire des plombiers ou le personnel sp cialis d autres corps de m tier En un mot est il possible de produire des artistes en s rie comme des experts comptables Les artistes sont dans nos l Le scandale des concours bidons des Collectivit s Territoriales m rite d j d tre mentionn ici Les enseignants des Collectivit s Territoriales sont recrut s par voie de concours ouverts aux postes d assistant territorial sp cialis d enseignement artisti que Pour la session de 2001 crit en Juillet 2001 oral en octobre 2001 120 postes taient propos s en France par les Collectivit s Territoriales aux candidats finalement admis Ce concours organis par le CNFPT d Aix en Provence Centre National de la Fonction Publique Territoriale n cessitait le d placement Aix en Provence deux reprises des candidats et leurs propres frais Sur les 105 candidats admissibles en juillet 62 furent retenus en octobre Mais quand ces laur ats liste des 59 collectivit s territoriales recrutant en main fournie par M Guy Lollieux Directeur du Centre In terr gional des Concours du Sud Est se mirent en qu te d un poste force et d cep tion fut de constater qu aucun de ces postes n tait r el ou du moins disponible Une en
27. par le premier bus venu Je renvoie Bourdieu Val ry quand ce dernier un demtsi cle plus t t crit d j Il y a dans tous les arts une partie physique qui ne peut plus tre re gard e ni trait e comme nagu re qui ne peut plus tre soustraite aux entreprises de la connaissance et de la puissance moderne Ni la ma ti re ni l espace ni le temps ne sont depuis vingt ans ce qu ils taient depuis toujours Il faut s attendre ce que de si grandes nouveaut s transforment toute la technique des arts agissent par l sur l invention 12 Libre change Pierre Bourdieu Hans Haacke Le Seuil Paris 1994 15 Le territoire a t quadrill par un r seau de d cideurs Non contents d abuser des attributs de l institution autorit m pris ils ajoutent un go t immod r pour une transgression d risoire innovant sur l innovation de la semaine pr c dente en circuit ferm comme si l art ne pouvait se nourrir que de lui m me Ce travail de flic cultu rel accompli les voici qui d signent comme r ac voire fascistes ceux qui n adh rent pas aux transgressions agr es Ernest Pignon Ernest l EDJ 17 au 23 avril 1997 14 penser l art l cole Pierre Bourdieu Actes Sud N mes juin 2001 36 elle m me aillent peut tre jusqu modifier merveilleusement la notion m me de l art Aillent peut tre jusqu modifier merveilleusement la notion m me de l art Ce
28. peut voir ainsi s ouvrir grandes les portes toutes les d rives les favoritismes et les gabegies Et quand il y a poursuite devant la jus tice de la R publique sic pour dysfonctionnement caract ris il n est pas rare de voir certains justiciables conservateurs de centres d art contemporain de leur tat pour ne citer qu eux condamn s ferme par la loi b n ficier peu de temps apr s d un contrat ou d une r int gration quasi promotionnelle au sein du minist re de la culture Assur ment quels que soient les griefs qu on puisse avoir contre les lourdeurs du fonctionnement du mammouth cet gard au moins l ducation Natio nale ma connaissance est au dessus de tout soup on Son activit qui la tient loin du commerce quotidien de la sp culation et de liens trop complaisants avec le priv ne s en trouve pas fort heureusement direc tement induite Il est certain que dans ce contexte les enseignements de l art qui d pendent organiquement du syst me de l art lum me ne peuvent que se trouver affect s d un si lourd passif Ce n est pas les efforts d sesp r s de quelques responsables isol s ou d un fonctionnaire atypique et courageux qui auront la capacit de moraliser ce milieu du jour au lendemain J ai le privil ge de conna tre un Inspecteur G n ral adjoint 73 Forest contre le MNAM Centre Georges Pompidou D cision qui justifie que les institutions publiques refusent de
29. qu est l artiste il est assez cocasse de se demander comment un enseignement officiel et bureaucratique peut seulement imaginer le mettre en uvre On pourrait d finir l artiste comme ce lui qui est capable de rendre publiques ses faiblesses et ses obsessions personnelles voire de leur donner une port e personnelle Ou bien l inverse l artiste est celui qui capte les aspirations et les anxi t s inexprim es flottant confus ment dans la alture et qui les passant au travers du prisme de sa personnalit ou mieux de son temp rament les rend singuli res idiosyncrasiques 49 L expression est de Manfred Eisenbeis professeur m rite et fondateur de l cole des Nouveaux M dias de Cologne qui je demandais lors de la r daction de cet ou vrage quoi pouvait donc servir une cole d art selon lui apr s y avoir consacr trente ann es de sa vie 62 bon sens la qualit intrins que d artiste se situe au del de toute formation possible Les enseignements dispens s l universit ne pr tendent jamais avoir pour finalit celle de former des artistes ou des cr ateurs Il en va tout autrement de la p dagogie appliqu e dans les coles d art quand cette derni re est con ue organis e et mise en uvre avec cette seule pens e ou arri re pens e de former formater des artistes M me si cet objectif toujours pr sent l esprit des tudiants comme celui des professeurs a
30. qui constituent le ma rais ceux qui trouvent se loger entre les bons rien et les remar quables ils ne sont tout au plus que d honn tes serviteurs de l tat Des fonctionnaires couleur muraille parfaits pour les travaux d criture voire les relev s des statistiques sans initiative aucune et sans imagina tion dont les pr occupations premi res sont des ann es lumi re de la promotion de tout ce qui constitue h v ritable innovation aujourd hui Ce serait donc trop facile d incriminer la seule insuffisance des finan cements pour expliquer cette situation de scl rose g n ralis e que nous constatons dans ces institutions Si les budgets sont modestes si on les compare bien s r aux budgets de la d fense les carences qui s y manifestent ne peuvent tre imput es ce seul facteur Il serait trop ainsi sans doute qu Antoine Vigne attach culturel New York ou encore Isabelle Vierget Rias conseill re aux arts plastiques de la r gion Ile de France Doit on se contenter d administrer la France en gestionnaire sans me ou de d pen ser sans compter Dans un monde en mouvement cette passivit vaut condamnation Seule l action peut sortir notre pays de l orni re Dominique de Villepin Le cri de la Gargouille Plon Paris 2002 53 commode que les responsables souvent mis en cause nomm ment puissent se d douaner si bon compte devant l vidence des r sultats aussi calamite
31. s inverser Le monde de la repr sen tation s efface du moins en partie et un autre univers merge le sujet construit l objet en m me temps qu il le diffuse L interaction fait qu il y a simultan it L embarras pour les tenants de la culture classique appr hender ce type nouveau d uvre num rique r side dans le fait qu ils s en tiennent toujours une classification o l expression ce qui serait de l art reste s par e de la communication ce qui appartie ndrait au domaine de la diffusion de la divulgation voire de la promotion Ces deux notions distinctes sont maintenant intimement confondues dans l uvre elle m me Autre singularit d importance noter pour les arts num riques le monde relatif et r f rant la repr sentation donn e n est pas ant rieur celui de sa propre laboration et production Certes dans la peinture abstraite l objet repr sent pouvait tre d j un objet mental Mais cet objet mental se construisait toujours en r f rence une m moire visuelle ant rieure catalogue dans lequel pr exis taient des formes et des concepts qui lui taient ant c dents Dans l art num rique et les images de synth se la cr ation du mod le pour ce qui appartient en tout cas son donn visuel est simultan e au lance ment du programme informatique Un programme d algorithmes sans formes ni couleurs qui n est qu une suite de bits agen
32. seulement une petite centaine d artistes vivent en France de leur art alors qu ils sont pr s de 30 000 revendiquer cette appellation et cette pratique Eu gard aux moyens consentis la formation et aux enseignements publics de l art en France ce chiffre a quelque chose de profond ment choquant C est un peu comme si l on constatait qu il existait 30 000 informaticiens en France et que seulement une centaine d entre eux pouvaient vivre d cemment de leur activit N oublions pas que bon an mal an 10 000 tudiants sui vent des tudes dans des coles d art sans compter ceux qui sont inscrits dans les fili res de l art dans les universit s 45 Les petits salaires du monde de l art Evence Verdier Ecosyst mes du monde de l art Artpress n 22 2001 Paris Etre artiste n est plus un m tier ce n est pas non plus une profession reconnue Selon le chiffre de l INSEE on d nombrait 17 574 artistes plasticiens en France en 1999 Mais combien sont ils vivre totalement de cette activit La moiti d entre eux n a jamais eu d exposition personnelle ni de commande et les deux tiers n ont pas de marchand attitr Aussi en dehors des grandes stars tr s peu b n ficient de reve nus confortables L apparente facilit se dire artiste est remise en question par la pr carit de cette condition Isabelle de Maison Rouge L art contemporain Le Cavalier Bleu 2000 p 46 59 Pour revenir sur l absence de
33. situation n est pas due en toute objectivit unique ment une insuffisance des moyens mis leur disposition par l Etat Tr s honn tement il est difficile de valider ce genre d argument En effet ces moyens une fois valu s s av rent en tout tat de cause par faitement consid rables nous y reviendrons On pourrait se demander alors juste titre hypoth se v rifier si en derni re analyse il s agirait non pas d une fatalit divine mais tout simplement d une mauvaise gestion de largent public Un usage budg taire non maftri s manquant pour le moins de rigueur dont la cons quence logique pr cis ment a eu pour r sultat la longue d instaurer un enseignement au rabais dans nos tablissements C est bien connu la bureaucratie culturelle de fa on r currente se plaint de l insuffisance permanente des moyens qui lui sont accord s pour la formation artistique comme pour ceux qui sont destin s d fendre nos artistes hors des fronti res Que ce soit pour la Biennale de Venise ou pour n importe quelle autre manifestation au bout du monde ou sur le pas de notre porte c est toujours le m me concert de lamentations que l on retrouve dans la bouche des responsables On constate cependant chaque occasion sur le terrain un nombre pl thorique de fonctionnaires qui voyagent aux frais de l Etat pour quelques rares artistes en repr sentation qui sont parcimonieusement invit s La d
34. Rapport remis Catherine Trautmann par l Inspection g n rale des enseignements Apr s Nan Goldin l Am ricaine cet automne le mus e d Art Moderne pr sente une autre star de la photographie contemporaine l Allemand Andr as Gursky Tous les deux font et d font les cotes d mentielles du march de la photographie plasticienne Le Journal du Dimanche Natacha Wolinski dimanche 10 mars 2002 83 De nouvelles pratiques artistiques comme celles de la performance de l installation de la photographie de la vid o ont gagn peu peu droit de cit et ont t int gr es peu ou prou aux programmes Cette int gration s est toujours faite d ailleurs avec des retards tout fait pr ju diciables l information et la formation des tudiants Une enqu te effectu e simultan ment aupr s des tudiants de cinqui me ann e des coles d Art de Cergy de Nice de Dijon de Strasbourg de Clermont Ferrand de Bourges de Tours de Lyon et de Limoges la cinqui me ann e est l ann e du dipl me a fait appara tre que les l ves de ces tablissements ignora nt tout et jusqu leur nom d artistes ou de mouvements artistiques qui figurent d j pourtant en bonne place dans tous les dictionnaires de l art en France comme l tranger Ce n est pas tant qu il y ait l un ostracisme pens voulu et organis contre eux mais tout simplement le verrouillage double tour op r par un nombre
35. Sans figure de style superflue entrons dans le vif du sujet Cela m est d autant plus facile qu il ne se trouve personne dont je doive pour une raison ou pour une autre m nager ici la susceptibilit Je n attends en effet aucune subvention Je ne vise aucune distinction Je ne sollicite aucune faveur Je suis donc libre Libre comme artiste de dire ce que je veux et de voter pour qui bon me semble sans que quelqu un me tienne la main pour mettre mon bulletin dans l urne ou me fasse la le on du soir au matin sur France Inter France T l vision ou Canal Mes col l gues connaissent de longue date mon franc parler et s il m arrive de les bousculer quelque peu et amicalement travers ces pages ils vront bien admettre comme participant eux m mes au syst me que mes critiques sont parfaitement fond es La loi du 6 janvier 1988 relative l organisation des enseignements artistiques publics stipule Les enseignements artistiques contribuent l panouissement des aptitudes individuelles et l galit d acc s la culture Ils favorisent la connaissance du patrimoine culturel ainsi que sa conservation et participent au d veloppement de la cr ation et des techniques d expressions artistiques Avant de d velopper mon point de vue ce sujet il est utile de pr ciser ici que mes jugements voire mes critiques visent des p dagogies qui pr tendent former ceux qu on appelle des artistes Des art
36. aditionnel en mati re d art ce qui est moderne le destin de la modernit esth tique chappe d sormais ce sch ma ambivalent Ce n est plus entre le conformisme et le non conformisme entre la tradition et l avant garde que l art se trouve tre remis en question mais dans quelque chose de fondamentalement autre Quelque chose qui tient aux nouvelles structures de pens e qui se mettent en place l re de la 61 L homme transform Jo l de Rosnay texte de l exposition Cit des Sciences et de P Industrie Paris novembre 2001 73 culture num rique Des travaux comme ceux de Moholy Nagy ont d j mis en perspective en leur temps que l art s est engag en quelque sorte dans le d passement de lui m me visant un type nouveau de statut d essence qui se partage part gale entre technique pist mologie et anthropologie Le m me Moholy Nagy en mati re d ducation de l art pr conisait d s les ann es 1928 1929 1 Des exemples r els de la vie humaine dans leur coh rence et leurs cons quences 2 Un grand choix de sujets d exemples d uvres pris dans les maines du politique des sciences et des arts 3 Des endroits les plus diversifi s possibles dans la soci t o pouvoir mettre en uvre les principes fondamentaux de l ducation artisti que offerte et re ue Les signes du changement dans le domaine de la production esth tique ne manquent pas et l on peut consid
37. ai 2000 71 ble t il en priorit celle d laborer et de produire une marchandise f t elle de nature symbolique l art susceptible de trouver son cr neau sur le march et donc surtout de pouvoir se vendre Ce n est jamais sa fonction de recherche de connaissance ou sa capacit conscientiser qui sont privil gi es et valoris es Il faut remarquer cependant com ment chaque poque la pratique artistique a besoin de l gitimer la noblesse de ses finalit s en s effor ant d tablir des distinctions selon les usages des outils auxquels elle recourt C est ainsi qu apr s un long conflit la fondation de l Acad mie Royale de peinture et de sculpture consacre le statut part enti re de la peinture qui cesse du m me coup d appartenir aux arts m caniques dont elle s affranchit Plus tard c est la photographie qui aura les m mes difficult s se faire reconna tre puis la vid o sera confront e ce probl me et enfin de nos jours l art num rique L volution de la pens e dans le domaine scientifique notamment dans celui de la physique moderne au XX si cle va l encontre de l id e re ue selon laquelle il y aurait d un c t une connaissance relevant d un savoir objectif appartenant au strict maine des sciences et de l autre une pens e subjective relevant des arts Les technologies informatiques nous ont fait acc der ces derni res ann es ce qu on appelle
38. ain un projet d enseignement qui affiche comme objectif pre mier ne le perdons pas de vue d assurer une formation profession nelle ce qui veut bien dire aussi par cons quent des ressources d emplois au terme de cette formation Nous venons de franchir le seuil du troisi me mill naire Le monde autour de nous se m tamorphose vitesse acc l r e Nous sommes d j entr s de plain pied dans la cyberculture Internet interactivit connec tivit r seaux t l pr sence r el virtuel hypertexte robotique courrier lectronique plan tarisation sont devenus les ma tres mots de notre quotidien Le Web avec ses formidables capacit s de liaisons instanta n es et la mise en commun de ses ressources travers les forums est devenu un immense chantier pour le travail coop ratif pour l intelligence et la cr ation collective Ce nouveau bain lectronique o 5 Il en va diff remment des enseignements de l art qui se font l universit Tout d abord ces derniers sont plus g n ralistes dans leurs objectifs et leurs contenus Ils rel vent essentiellement d informations historiques et th oriques dont le propos ne vise jamais former des artistes de fa on sp cifique Il s agit avant tout d une culture et de connaissances de base sur l art qui pourront trouver leurs points d application respectifs dans des champs tr s diversifi s allant de l enseignement l ing nierie cultur
39. ait bien sa petite id e sur la question quant Raymonde Moulin elle exprime cla i rement ses doutes sur les conditions qui d terminent ces valeurs L incertitude sur les valeurs esth tiques contemporaines est l origine du r le tr s important jou par les divers signaux produits par les acteurs intervenant dans le champ culturel et dans le march Le doute ne peut pas ne pas s instaurer dans les esprits sur la port e de ces signaux compte tenu des effets de coalition entre acteurs conomiques et acteurs culturels cherchant valoriser des uvres sur un march o l asym trie de l information et sa manipulation ventuelle sont au cen tre du probl me de la formation des prix Nous ajouterons ce commentaire que la manipulation de l information mis part la fixation des prix a pour cons quence directe encore plus grave celle de la constitution des valeurs esth tiques elles m mes et de leur reconnaissance Ce qui nos yeux est encore bien plus pr occupant En effet s il s av re qu il en est ainsi cela veut simplement dire alors que ces valeurs sont artificiellement voire arbitrairement cr es et impos es Ce qui jette une ombre dommageable et un tr s s rieux soup on sur la cr dibilit la l gitimit accorder d sormais une grande partie de l art contempo rain de ces trente derni res ann es L enseignement et plus partic uli rement l enseignement de l art n
40. alisation indispensable de son uniforme Le rapin d hier troque simplement casquette et foulard contre de nouveaux accessoires la mode fluo ou techno Comment se pr sente la situation sur le terrain des enseignements On constate Alors comment devient on un artiste av r Il n y a pas de recette miracle L ar tiste s il croit en son projet par sa t nacit et en profitant de la chance parviendra exprimer durablement et sans c der la mode ce qui lui tient c ur et lui sert de moteur pour vivre Isabelle de Maison Rouge L art contemporain Le Cavalier Bleu Paris 2002 63 qu entre les pieuses intentions nonc es par l administration de tutelle le minist re de la Culture et de la Communication pour tout ce qui rel ve de l enseignement de l art et la r alit concr te des faits le grand cart est total Les textes officiels affirment bien imprudemment Les coles d art repr sentent des lieux de formation et d activit cr a trice qui ont pour originalit de conjuguer sp cificit du geste cr atif et dimension th orique recherche et exp rimentation Je m inscris en faux contre une telle affirmation Nos coles d art sont aux antipodes de cette vision id alis e Pour l observateur de terrain la distorsion est flagrante entre l ang lisme des intentions affich es et la d pendance un march qui verrouille double tour des mod les qu il impose tout en bridant la recher
41. anis e par l administration culturelle Anim d un vrai souci d impartialit c est la liste de tous les dysfonc tionnements de cet ordre que s efforce de dresser un un cet ouvrage Un t moignage qui affirme volontiers chaque page que le talent ne peut jamais s enseigner et encore moins par cons quent s acqu rir par la seule magie d une p dagogie qui reste encore enti rement s inven ter Un enseignement de l art qui entretient cette illusion de former des artistes n est ni plus ni moins qu une vue de l esprit un leurre si ce n est un pur alibi du pouvoir en place S il est vrai que de bons arti sans sont susceptibles d tre form s et s il existe une branche sp cialis e dite des arts appliqu s qui leur est d di e cat gorie dans h quelle ils peuvent toujours se reconna tre les artistes chappent cette mise en carte C est au c ur m me de ce noyau dur de leur r sistance et de leur singularit que se situe l essence m me de leur condition d artiste et de ce qui fait la sp cificit de l art 89
42. art Analyses et r flexions sur les coles d art Yves Michaud ditions Jacqueline Chambon N mes 1993 79 cette insuffisance notoire que certains d partements des universit s s taient charg s de prendre le relais pour tenter d y suppl er utilement Comme le souligne Edmond Couchot nous assistons impuissants un manque d analyse critique pour tout ce qui touche la cr ation num ri que qui est pourtant une forme d art qui monte irr sistiblement en puis sance Il faut saluer comme un v nement tout fait exceptionnel un num ro de la Revue d esth tique de septembre 2001 qui donne droit de cit aux arts de r seau sous le titre Autres sites nouveaux paysages Cette revue au jargon universitaire d un genre plut t compass d habi tude nous offre en effet de fa on inattendue une heureuse surprise un excellent document sur l art actuel d clinant diff rentes pratiques sur l art num rique TI serait injuste de ne pas citer galement un hors s rie d Artpress paru en novembre 1999 Internet all over traitant de ce su jet dirig par Norbert Hillaire Il s agit l d initiatives ponctuelles dont les contenus non seulement sont encore loin d avoir fait l objet d une p dagogie concert e dans les coles d art mais souffrent de surcro t au sein des coles d une sous information manifeste voire d une igno rance d lib r e D ailleurs prendre comme aveu d impuis
43. art une certaine disloca tion qui traduit le vide du cr ateur et de son uvre Cette crise s est galement r per cut e sur le public perte de confiance lassitude saturation m fiance ou m me indif f rence Isabelle de Maison Rouge L art contemporain Le Cavalier Bleu Paris 2000 p 74 64 la soci t et m me dans celui de l enseignement de l art et de son organisation Professeur en titre la Kunst Akademie de D sseldorf et consid rant un moment donn que le syst me de s lection des l ves appliqu par l administration ne r pondait nullement des crit res ser vant les int r ts de l art ou de la d mocratie ni encore moins ceux des tudiants eux m mes Joseph Beuys d cida d instaurer un autre mode de fonctionnement dans son atelier Ses cours connaissaient d j l poque un grand succ s au moment o il est entr ainsi en conflit avec la direc tion de l cole la suite de ce conflit Joseph Beuys s est vu interdit d enseignement et limog Apr s un long proc s qui l opposa l tat allemand des ann es durant il a fini par avoir gain de cause L Etat allemand a t s v rement condamn Entre temps Joseph Beuys a cr sa propre universit la FIU Free International University en quelque sorte d j une cole de vie avec un tr s fort rayonnement n ternational qui aura m me sa propre antenne Londres Joseph Beuys est l exemple m me de l artiste
44. bscur juriste de la rue de Valois sans doute lu m me po te ses heu res pour tromper son ennui et son d s uvrement S il en tait jamais besoin cela suffit pour nous rassurer Pour nous rassurer sur la sagacit du l gislateur qui par la pr caution m me de la formulation utilis e atteste que l enseignement de l art du fait de sa singularit m me ne peut rentrer dans la cat gorie des id es toutes fai tes en mati re de formation Nous ne pouvons tre qu en accord sur une loi dont l nonc prudent exprime avec autant de d licatesse et de r serve son doute ontologique sur la question Soyons clairs personne ne pourra jamais pr tendre avec un minimum s rieux vouloir instaurer d autorit un cycle de formation ayant pour p dagogie et finalit pre mi res de former des artistes Les artistes ne se forment pas Tout au plus ils s informent si jamais toutefois est mis leur disposition un corpus de connaissances d outils de sources et de ressources intel lectuelles des conditions de travail sp cifiques et la magie d un environnement leur permettant de d velopper une pratique artistique Cette pratique artistique n a de chance de se d velopper en tant que telle que si de fa on pr alable chacun des individus concern s poss de d j en lui la motivation absolue d en devenir un Simple question de 48 Si l on s en tient la d finition que donne Barry Schwabsky de ce
45. c s dans un cer tain ordre assembl voir Maurice Denis pour lui donner existence La mise en place progressive dans diff rentes disciplines de formations distance par Internet pose gakment le probl me de l enseignement de l art dans le futur Le premier mouvement serait sans doute d instinct de rejeter cette perspective ou tout au moins d en contester l usage dans une discipline o la pratique disons physique se veut encore essen tielle Encore une fausse id e corriger l artiste anglais Roy Ascott a 39 con u sous cette forme de nombreuses exp riences distance entre des coles d art L une d entre elles s est r alis e en 1992 pour la manifesta tion Art et Cognition entre Aix en Provence et Berlin s Si contre toute vidence nous persistons encore penser que l enseignement de l art n aura jamais rien voir avec Internet restons malgr tout tr s attentifs Nous constatons d j dans un domaine aussi d licat que le m dical des applications tonnantes qui sont faites sur le r seau Des applications qui nous auraient sembl relever de la science fiction il y a seulement encore quelques mois Ces perspectives de formation le e learning qui se mettent en place impliquent des rapports enseignants enseign s tr s diff rents de ce qu ils taient par le pass et de ce qu ils sont encore Le ma tre tout puissant en position centrale r gnant dans son ate lier a
46. c ce nouveau type de cr ations artistiques on peut constater une convergence tr s troite entre l exp rimentation esth tique proprement parler et une recherche qu on pourrait qualifier de proc d s relevant de la sph re des techno sciences Comme le souligne Ma rio Costa dans ses crits ces produits se sont vus rapidement assimil s Les sculptures de Jean Marc Philippe utilisent les mat riaux m moire de forme Elles s animent et se d ploient du soir au matin selon la position du soleil et la temp rature ambiante C sar lui m me n aurait jamais pu r aliser ses expansions sans connaissance des techniques de polym risation du styr ne 66 Jean Clair Exposition L me et le corps Grand Palais Paris 1993 67 Le sublime technologique Mario Costa Capone 1990 I sublime tecnologico Sa lerno Edisud 1990 traduction fran aise IDERIVE Lausanne 1994 traduction br silienne Editora Experimento San Paolo 1995 L estetica della communicazione Mario Costa Catelvecchi Roma 1998 76 au domaine de l art pour des raisons qui sont en v rit trang res l esth tique Et comme il le fait remarquer avec pertinence il se trouve que des mouvements artistiques pourtant fondamentalement diff rents les uns des autres ont t class s sans distinction sous le terme com mun d avant garde Se sont trouv s ainsi r unis abusivement l po que sous une seule et m me tiquette
47. che L all geance constat e pour ne pas dire la servilit des enseignants au syst me id ologique en place est un fait av r Souvent h las aussi le r sultat de leur peu d imagination de d termination promouvoir du sens en dehors des sentiers battus et rebattus par l art officiel contemporain seul cat chisme p dagogique profess L incapacit de ces enseignants chapper au syst me esth ti que et commercial dominant s riger se dresser et se r volter contre les conventions plastiques et les modes du moment ne sont pas les seules raisons d un enseignement vid de ses fonctions premi res Il en est d autres qui n en sont pas moins dommageables Si l on adh re l id e selon laquelle la substance m me de l art est constitu e de valeurs de r sistance de valeurs dont les fondamentaux exaltent des posi tions critiques des valeurs incompatibles avec le principe d autorit auquel chacun est cens devoir ob ir dans toute soci t organis e l enseignement de l art se trouve confront alors une quation qu il n est pas en mesure de r soudre cet gard l attitude exemplaire de l artiste allemand Joseph Beuys m rite d tre signal e car elle met en lumi re comment les artistes pour certains d entre eux peuvent estimer avoir jouer un r le et une responsabilit critique dans la soci t Dans 51 ces moments de contestation manifestent une crise de l
48. chnologique Les sciences de la cognition ont pour objet de d crire d expliquer et le cas ch ant de simuler les principales dispositions et capacit s de l esprit humain Elles s efforcent d explorer les fonctionnements du langage du raisonnement de la perception de la coordination motrice Elles associent de mani re transdisciplinaire autour du concept de computation des disciplines aussi diverses que les neurosciences la psychologie la linguistique l informatique les math matiques etc Le dialogue entre l art et la science se poursuit de fa on fructueuse avec des formes d art dites de l art biologique Bio Techno Logical Art qui font d j l objet de multi ples expositions de par le monde Le philosophe Vil m Flusser 0 Ethique et esth tique de l art biologique Artpress n 276 dossier r uni par An nick Bureaud f vrier 2002 21 La force du quotidien Hurtebise 1973 Choses et non choses Jacqueline 43 crivait d s 1988 d une fa on pr monitoire Pourquoi est ce que les chiens ne sont pas d j bleus avec des points rouges que les chevaux n irradient pas des couleurs phosphorescentes dans l ombre nocturne de la campagne Nous avons appris des techniques qui rendent fina lement concevable la cr ation d esp ces v g tales et animales selon nos propres programmes nous pouvons maintenant faire des tres vi vants artificiels des uvres d art vivant La cr ation artistiqu
49. communiquer le prix de leurs acquisitions au citoyen fran ais sous pr texte que ces derni res se doivent de prot ger la confidentialit des transactions commerciales et industrielles Sans contr le possible du citoyen qu en est il donc des grands principes de la r publique et de la d mocratie Le cas est connu de tous de ce directeur d une Ecole Nationale des Beaux Arts de Bourgogne qui doublait ses fins de mois en s octroyant g n reusement des primes pour un montant annuel estim sup rieur 80 000 euros qui b n ficiera pour touffer un double scandale qui aurait pu teindre par ricochet le Centre Georges Pompidou l occasion d une exposition de Gasiorovsky d une nouvelle affectation promotionnelle avec appartement et piscine priv e 82 de l IGEA Inspection G n rale aux Enseignements Artistiques une personne qui de mon point de vue se situe par sa rigueur et son thique au dessus de toute critique Cette personne se trouve de toute vidence impuissante elle seule malgr sa meilleure volont en position d en gager une action quelconque susceptible de r former un tant soit peu un syst me d enseignement totalement repli sur lu m me Revenons aux contenus de ces enseignements et leur ad quation la r alit de l art Quand Edmond Couchot rappelle dans ses conf rences juste titre qui veut l entendre que l art num rique est n il y a d j 40 ans dans les ann es 60
50. contres sorte d tats G n raux des Artistes plasticiens l origine trois associations apparaissent historiquement comme le fer de lance de cette initiative in dite le CAAP Antoine Perrot Katerine Louineau le GIGA Fred Forest et Jeune Cr ation ric Valette Nous ne vou drions pas diff rer plus longtemps maintenant le plaisir de partager avec vous les subtilit s r dactionnelles de la loi De la loi quand celle ci s aventure certes avec une certaine prudence traiter de l art et de ses enseignements Une loi qui au nom de la R publique pr tend une fois pour toutes r gir les modalit s propres aux enseignements de l art Une loi qui d finit et arr te en quoi doivent consister les objectifs et les r gles de son ensei gnement En bref une loi charg e de fixer comment s y prendre pour inculquer aux tudiants ux apprentis artistes toutes les recettes pour avoir de l imagination de la cr ativit voire du g nie Nous re tiendrons sa formulation embarrass e et la pr caution avec laquelle elle avance sur un terrain min d avance quand elle avoue d embl e noir sur blanc 60 que son ambition affich e n a pas pour vocation de former des artis tes mais de pr parer leur possible mergence Savoureuse ellipse la loi comme le garant de la possible mergence d artistes Il fallait la trouver cette formule Voil une de ces perles dont nous gratifie comme d u
51. ctionnement les frais d investissement les traitements des personnels enseignant et administratif l entretien ou la location des b timents atteint des montants pharaoniques L chec est cuisant pour l art contemporain fran ais Cet appareil est bien incapable de produire le minimum de ce qu on est en droit d attendre de lui savoir quelques artistes susceptibles de redonner notre pays le prestige qui comme par le pass est indispensable son image Force est de constater que le 39 p re No l Voici le mail diffus en mailing liste le 24 d cembre 2001 sur Internet Date Mon 24 Dec 2001 13 31 34 0100 Subject Le P re No l From ni loup ni brebis lt niloupnibrebis wanadoo fr To ni loup ni brebis lt niloupnibre bis wanadoo fr gt Le P re No l n existe pas Aucune mesure n a t prise au CIPAC en 2001 Dans son discours la ministre n a pas dit un mot sur les conditions de vie des artistes Pour lire le tristement vrai discours de Tasca voir http www culture gouv fr culture actualites index htm Rien ne tombera du ciel Bonnes f tes tout de m me 4 la Biennale de Venise 2001 il y avait 20 d artistes am ricains 11 d Alle mands 8 de Britanniques et seulement 5 de Fran ais Le nombre des artistes Fran ais tait identique celui des Finlandais La Finlande est pourtant un petit pays dans lequel les cr ateurs contemporains n ont a priori pas les m mes facilit s que celles
52. d ri soire la relation Arts Sciences Par contre ils privil gient abondam ment les contenus de tout ce qui rel ve des supports des modes de faire et des th ories traditionnelles Se donner comme objectif de moderniser l enseignement de l art pose un certain nombre de questions philosophi ques d s lors qu on veut utiliser les ressources des nouvelles technob gies de communication et notamment Internet dans le cadre de cet en seignement Le monde traditionnel est fond sur l id e d un sujet qui a en face de lui des objets des pommes dans un compotier ou un paysage dont il donne une repr sentation L enseignement de l art au fond est 38 la fa on d arr ter les formes de cette repr sentation qu elle soit figura tive ou abstraite pour transmettre des l ves cette fa on particuli re de repr senter des objets des pommes dans un compotier On peut apprendre repr senter en effet des pommes la mani re de Chardin de C zanne ou encore de Picasso mais une fois que ces artistes ont arr t un mod le particulier de repr sentation qui appartient en propre la vision de chacun d eux il est vain de vouloir le r p ter L art n est jamais une r p tition de mod les mais chaque fois leur nouvelle inven tion C est d ailleurs tout ce qui fait la diff rence entre l art et l artisanat Aujourd hui avec l essor des nouvelles technologies on est dans un contexte qui est en train de
53. de pertinence encore si ce funeste ph nom ne n a pas pour origine tout simplement une lacune de la formation de nos artistes dans les coles d art fran aises Il faut toujours s efforcer de remonter aux sources Est il possible que ce soit notre syst me d enseignement de l art qui soit le principal respon sable de cette d b cle On y arrive enfin Une faiblesse imputable au syst me de formation une mise en cause de la qualit de l ad quation de la fiabilit des cours dispens s chez nous Ce que souligne dubitatif Joseph Mouton professeur d esth tique la Villa Arson de Nice en posant na vement la question suivante Quel enseignement les tudiants re oivent ils dans les coles d art en France actuellement Il semblerait selon son opinion que cet enseignement ait tendance se r duire la rh torique institutionnelle elle m me sous la d pendance du march puisqu il est l tudiant plus que jamais plac sous la domination de la puissance publique Les tudiants sont consciencieu sement matern s aseptis s et vid s de tout sens critique avant d tre lanc s sans filet dans la jungle du march La pr gnance de la puissance publique a pour cons quence n faste dans nos coles d art de conduire l enseignement un nivellement esth tique et id ologique La mission d volue la socialisation prend le pas sur le r le qui devrait tre accor d naturellement en pr
54. des disciplines artistiques avec les technologies de communication se traduit par des ressourcements r ci proques dans un contexte toujours nourri d changes fructueux Une convergence entre les arts et les sciences se dessine de fa on toujours plus significative sans que nos coles d art aient pris encore toute la mesure de ce mouvement et encore moins int gr ces contenus nou veaux une p dagogie de type somme toute classique incroyablement pass iste Cette situation r v le le retard end mique qu accusent nos tablissements d enseignement sur les volutions en cours dans le maine de la pens e et du faire artistiques Un retard qui par comparai son s il se manifestait dans des disciplines autres que celle de l art ap para trait d j par les temps qui courent d un anachronisme et d un ridi cule sans nom Pris dans les grands bouleversements de la culture contemporaine le projet de dialogue entre l art et la science doit tre profond ment r examin En effet ce dialogue adopte aujourd hui des formes particuli rement nouvelles et une dimension toujours plus op ra toire pour des raisons qui tiennent autant l mergence de nouvelles probl matiques scientifiques et techniques qu aux orientations de l art actuel Il se trouve ainsi que les d veloppements des sciences de la co gnition croisent de mani re inattendue les pr occupations de certains courants parmi les plus cr atifs de l art te
55. e avec les d veloppements d un art de recherche qui s exerce hors du contexte marchand hors des institutions de l art contemporain et de ses enseignements officiels sollicite toujours davan tage de son c t les sciences et les techniques Une cr ation qui em prunte de plus en plus ses mod les aux protocoles et processus abstraits des ordinateurs et des r seaux Un art qui s loigne de l atelier sous sa forme traditionnelle pour s laborer d sormais en quipe avec des scientifiques dans des laboratoires dot s des derniers quipements tech nologiques Une pratique artistique de recherche qui tout en d velop pant les ressources du jeu mental qui lui sont propres avec la concep tualisation la multisensorialit la virtualisation qu elle met en uvre s apparente de tr s pr s des recherches relevant des sciences de la cognition Avec des pr occupations diff rentes et des objectifs distinc ts il appara t que ce sont l des territoires contigus non trangers l activit de l esprit qui se trouvent soudain rapproch s de mani re in dite Des recherches effectu es par des artistes se d veloppent l heure actuelle la lisi re des sciences et s engagent sur des pistes si inattendues et nouvelles qu il est pratiquement impossible de les identi fier de les rep rer de les classer dans un premier temps comme des productions relevant de la cat gorie art Ces pratiques artistiques g
56. e par Internet sur les diff rents aspects de la th orie des syst mes dy namiques ou les sciences de la complexit mais c est bien par ce type de contenus renouvel s que doivent s enrichir les contenus d enseigne ment de nos coles Il va sans dire que l objectif ne vise nullement former des scientifiques purs et durs mais bien des artistes part en ti re susceptibles d int grer de nouveaux savoirs leur pratique de l art C est pourquoi il s impose de cr er de toute urgence des ouvertures et des voies exploratoires nos tudiants pour leur offrir des perspectives qui sont quasi inexistantes aujourd hui Des cours pour qu ils puissent se familiariser utilement avec des notions comme celles d intelligence artificielle d automate cellulaire de dynamique non lin aire de syst me r action diffusion de complexit algorithmique de calculateurs quan tiques de contr le du chaos de turbulence de dynamique de la cellule vivante de robotique voire de cr ation d tres bioniques constitu s la 64 Des artistes se sont d j attach s donner une repr sentation du cyberespace lui m me ainsi que celle du flux des changes sur Internet http www cybergeography org atlas topology html 75 fois d organes vivants et de composants artificiels et que sais je en core Pour qu ils puissent poss der la meilleure connaissance qui soit des mat riaux nouveaux qui apparaissent tous les jours que ce so
57. e de l art et le r le majeur des artistes sont avant tout comme nous en sommes personnellement convaincu de questionner le sens et d initier une fonction critique au sens large du mot l enseignement institutionnel de l art devient minemment probl mati que sinon quas impossible Avec un minimum de lucidit il est en effet difficile de l imaginer sous cette forme puisque ceux l m mes qui en ont en charge l organisation seraient alors en situation d en devenir les premi res cibles La question fondamentale qui se pose alors est la suivante l esprit critique peut il faire l objet d un enseignement public et institutionnel Certes le pouvoir les pouvoirs quels qu ils soient Fran ois Pinault qui d cid ment ne peut rien se refuser pour sa Fondation a r ussi s attacher les services des prix d fiant toute concurrence avec le secteur public des gens entre autres comme Fran ois Barr ancien PDG du Centre Pompidou et direc teur de l architecture ou Jean Louis Froment au parcours de Bordeaux Paris beaucoup moins orthodoxe mais certainement plus imaginatif 57 On peut s interroger sur les raisons qui font que la r mun ration d un critique ne va pas syst matiquement de soi Certains se voient m me r mun r s en notes de frais Pour Jean Yves Jouannais ce qui est vraiment troublant voire choquant dans ce mi lieu c est qu il est vident pour certains mus es qu un desi
58. e la valeur des uvres pr sente un caract re purement subjectif et qu elle est artificiellement fix e et mani pul e par des m canismes d ordre sp culatif entra ne des rapports d une extr me ambigu t entre le secteur public et les int r ts priv s cette dommageable situation s ajoute un manque d lib r de transpa rence qui interdit au citoyen tout contr le sur la bonne utilisation des fonds publics Cette opacit av r e constitue une grave entorse aux 7 Enseigner l art Analyses et r flexions sur les coles d art Yves Michaud ditions Jacqueline Chambon N mes 1993 C est Fran ois Barr aujourd hui salari de Fran ois Pinault qui me disait alors qu il tait pr sident du Centre Georges Pompidou Quels que soient les proc s que tu puisses nous faire on ne te donnera jamais le prix de nos acquisitions Cela risquerait de mettre en danger le march de l art 81 principes r publicains et d mocratiques Preuve en est donn e par la totale impunit dont jouissent les institutions culturelles en France Une impunit d sormais couverte par le Conseil d tat luim me avec son jugement du 15 janvier 1997 Le manque de transparence l gitim par le Conseil d Etat et prot g d sormais par la jurisprudence met dor na vant les fraudeurs en col blanc les beaux parleurs de l art les fonction naires affairistes et leurs complices l abri de tout contr le du citoyen Et l on
59. elle en passant par des professions telles qu archivistes biblioth caires conservateurs critiques d art animateurs culturels etc De ce point de vue il faut noter l effort tr s louable en 2002 de Jack Lang ministre de l ducation Nationale sous la direction de Claude Mollard aux fins d une int gration et d une harmonisation volontariste de l enseignement de l art dans les tablissements du pri maire du secondaire et de l universit Programmes faisant appel une r actualisation des m thodes des contenus et des personnes recourant largement aux nouvelles tech nologies On ne peut pas en dire autant d un minist re de la Culture enlis dans ses mauvaises habitudes et n arrivant pas suivre les volutions de la soci t Il n est que de constater a contrario l absence d initiative de son ministre Catherine Tasca pour ne pas la citer qui deux ans apr s sa nomination n avait pris encore aucune me sure en faveur des arts plastiques discipline artistique v ritablement sinistr e sous son mandat 32 les individus sont r unis entre eux comme un r seau de neurones favo rise l mergence de nouveaux comportements cognitifs La propri t et l originalit du World Wide Web r sident dans sa capacit r aliser l interconnexion d intelligences humaines par des interfaces d lib r ment con ues afin de stimuler des innovations des d couvertes des formes et des non formes in di
60. est pas seulement transmission de connaissances et de savoir faire mais prioritairement aussi de valeurs On con oit alors l importance qu il peut rev tir en amont et en aval comme vecteur privil gi formateur et propagateur de ces valeurs la fois comme prescripteur institutionnel dominant du go t et lu m me comme partie prenante constitutive de l appareil en place C est la question qui se pose d embl e quant au r le de l enseignement l heure actuelle dans nos coles et qui reviendra comme un leitmotiv tout au long de cet ouvrage 3 Le march de l art Raymonde Moulin Dominos Flammarion 2000 4 Aujourd hui tout jugement r ellement critique c est dire divergent inattendu contradictoire est inaudible ou suspect tandis que l on entend sans cesse prof rer que n importe qui peut tre artiste Isabelle L vy Les ma tres censeurs Plon 2002 p 199 31 Le champ de la r flexion que nous nous proposons tant circonscrit tentons d examiner la question sous ses diff rents aspects Analysons la situation avec lucidit Dressons l tat des lieux sur la pratique de l enseignement de l art tel que cet enseignement s incarne en France sous la responsabilit du minist re de la culture Examinons les moyens mis sa disposition l id ologie qui le sous tend les objectifs qu il vise voire ses pr tentions et mettons toutes ces donn es au regard des faits sur le terr
61. eur Est ce donc les canaux de transmission actuellement en fonction dans nos coles d art qui sont les bons canaux et ceux qui sont le plus pertinemment utilis s Cette question m rite d tre pos e Si les contenus ne se sont gu re r actuali s s depuis plus d une d cennie sinon par les exigences de la mode et 68 Arr Sociologique Fred Forest p 32 10 18 UGE Paris 1977 78 s ils restent uniquement focalis s sur les terrains cent fois balis s du march de l art l utilisation des ordinateurs elle m me s av re alors parfaitement inutile Il s agit peut tre alors tout simplement d une question de branchement des tuyaux Brancher les tuyaux les ca naux bien l o il faut S appliquer diversifier les sources d informa tion Mais attention dans ce cas il est possible que ce soit aussi les plombiers qu on doive n cessairement changer Nous attendons de voir non sans une certaine curiosit avec scepticisme et espoir car nous sommes de nature d lib r ment positive ce qui va sortir des der ni res lucubrations l tude au minist re de la Culture au sujet d un nouveau statut pour les enseignants la transformation des coles d art en tablissements publics Quels vont tre les r sultats d une politique volontariste de d centralisation qui multiplie la h te des protocoles d accord avec les collectivit s territoriales comme si l on s empressait de brader au plus vite t
62. ficatrice mane en effet du march L quivalence des marchandises s tablit sur la r gle com mune et abstraite de l argent Mario Costa nous explique comment Phistoire de l art travers les ges a tabli un ensemble de cat go ries et de crit res tels que intuition expression personnalit artisti que pur g nie apparition de l absolu sentiment converti en image mise en uvre de la v rit libert de l imaginaire Ces cat gories doi vent tre d sormais consid r es comme puis es En tout cas arr t es dans de leur d veloppement th orique L uvre d art ne peut plus pr tendre s imposer comme v rit s pr me comme une r alit en soi dont l artiste serait le d positaire 77 privil gi Le but ne sera plus la confection plus ou moins r ussie d un message individuel donn consommer sous une forme sacralis e mais l laboration d un syst me ouvert par lequel transiteront une s rie d changes interactifs Le r le de l artiste est donc chang Dans de telles perspectives il lui appartient maintenant en cherchant des formes nouvelles d explorer les canaux de sensibilit et d intelligence de l tre humain Mario Costa ajoute qu un jugement pertinent de l art ne peut pas tre consid r comme commun toute l esth tique compte tenu des nou veaux modes d tre Selon lui il nous faut prendre acte du fait que la notion classique de l art est peut tre
63. gner qui r alise un carton d invitation en 24 heures sera r mun r 40 000 F sans discussion alors qu un critique d art qui a crit dix feuillets pour le catalogue sera pay 3 000 F et encore il faudra n gocier Les petits salaires du monde de l art Evence Verdier Artpress n 22 2001 Paris d cembre 2001 58 Voir les th ories d velopp es ce sujet par le sociologue Ren Loureau Analyse 69 n ont pas pour vocation premi re de former d organiser et encore moins de financer l esprit critique la contestation et la conscientisation Il faudrait tre na f pour le penser Or s il s av re que cette fonction c est bien l le premier enseignement fondamental de l art de l art v rita ble comment en tout tat de cause r soudre cette contradiction Si l esprit critique au sens large du mot est bien constitutif de l art alors il est patent que l art ne peut pas s enseigner ni les artistes se fabriquer sur mesure coups de d crets et d instructions diligent s par l administration culturelle centrale Je m attends bien me voir r pliquer par tous ceux qui ne partagent pas avec moi cette opinion sur la fonction de l art que les crit res et les valeurs de l art qui sous tendent mon discours n appartiennent nullement la sph re d finie de l art ni l esth tique proprement parler mais rel vent plut t de l thique du philosophique du politique du
64. herche susciter de nouvel les combinaisons d interactions sensori motrices Le r le affirm de cette fonction neuro culturelle des uvres d art a toujours t pr sent dans ses formes ant rieures bien que jamais mises en avant R le qui consiste situer le corps et l esprit du sujet humain en rapport l environnement de telle fa on qu ils se trouvent modifi s par la m dia tion de la technologie la plus r cente Les syst mes interactifs sont es sentiellement des syst mes de r troaction biologique plus grande chelle Ce qu ils enseignent c est comment s adapter aux nouvelles conditions perceptives et sensorielles pour admirer la derni re uvre politique de Fabrice Hybert Co t total de cette animation pour le passage l an 2000 571681 euros assorties de toutes les autorisa tions officielles indispensables pour pouvoir r aliser ce genre d op ration dans un lieu historique aussi symbolique Voil ce que le personnel enseignant de Cergy ap pelle de l art politique et s empresse avec un z le p dagogique remarquable d en seigner comme tel aux tudiants C est vrai aussi que Fabrice Hybert doit une grande partie sa carri re Guy Tortosa Ce dernier en effet n a jamais l sin sur les moyens mis sa disposition usant plein de ses fonctions d inspecteur la cr ation artistique aussi bien que de ses charmes personnels dans des r seaux d influence rig s en v ritable
65. ieux existant dans nos soci t s cet usage que de tels enseignements touchent de fa on large l esprit civi que la responsabilit politique et l thique et doivent tre men s activement Un lieu de l art qui aurait pour r le primordial de nous ap prendre et nous rappeler chaque instant ce dont est faite la vie Un lieu partir duquel il est loisible de percevoir le monde au del de ses apparences convenues Que ce soit en mettant directement en doute la certitude de nos percep tions celles du monde physique mental et social tel qu il nous en toure tel que nous croyons le voir rendre visible linvisible que par une prise de conscience des conditionnements et ali nations dont nous sommes les victimes conscientes ou inconscientes L ensem Je ne peins pas le visible je rends visible Paul Klee 67 ble de la production de l art contemporain actuel l art officiel estampil l du label institutionnel n apparaissant alors que comme un ph no m ne de consommation orchestr par le syst me marchand Ce qui aurait d souvent tre per u et re u comme le contenant de l art son conditionnement son packaging sa surface son superflu s est vu sou dain valoris l extr me et projet sur le devant de la sc ne alors qu il ne s agissait que d une enveloppe vide Les signes ext rieurs b n ficiant d une surexposition qui a fini la longue dans nos soci t
66. iorit la vie intellectuelle D s lors les rares artistes qui en sortent qui s en sortent sont vou s devenir dans le meilleur des cas des assist s du syst me sous l enti re d pendance du march si ce n est des subventions de l Etat Certaines figures qui ont marqu l art de leur temps de fortes personnalit s comme celle de Jean 28 France Culture 5 janvier 1999 mission Staccato Sur le grill Alain Giffard conseiller de Catherine Trautmann ministre de la Culture et de la Communication questionn mis sur le gril par Fred Forest L enseignement artistique bilan et perspectives Joseph Mouton Ecosyst mes du monde de l art Artpress n 22 sp cial 2001 48 Dubuffet par exemple devraient servir d exemple charismatique nos jeunes apprentis artistes afin qu ils s efforcent de rester en toutes cir constances les ma tres du jeu dans leur rapport de force avec les insti tutions et le march Et c est cette attitude d autonomie de r sistance et d insoumission radicale que devraient commencer par leur apprendre leurs enseignants si jamais ils faisaient bien leur travail Si encore insatisfaits chercheurs infatigables de sens que nous som mes nous cherchions d autres explications la carence de nos ensei gnements artistiques si l on en juge par les pi tres r sultats obtenus sur la sc ne internationale par nos artistes on pourrait commencer se demander si cette
67. isproportion est caricaturale Toujours plus curieux essayez donc de vous renseigner aupr s du minist re de la Culture et de ses ser vices diss min s travers la France toute enti re sur le chiffre des fonc tionnaires qui auront effectu diff rents d placements ici ou l aux 49 frais de l tat dans le courant de l ann e b n ficiant de missions diver ses Ces chiffres vous ne pourrez jamais en avoir connaissance quel les que soient les d marches entreprises et la pugnacit manifest e La tradition et la culture du secret restent une sp cialit bien fran aise bien connue de tous Une p cialit bien pratique aussi qui facilite l exercice des pouvoirs bureaucratiques les plus abusifs en toute impu nit Il s agit bien pourtant notre connaissance d une institution p blique que celle du minist re de la Culture et nous sommes en notre qualit de citoyen d un r gime d mocratique bien en droit en principe aussi de conna tre les informations que nous sollicitons Du moins le croyions nous un peu na vement Et bien non Vous serez vite tromp si jamais vous en faites l exp rience Quelque chose chappe ici l entendement commun Nous avons bonne mine de stigmatiser ou d ironiser sur les pratiques de tel ou tel potentat africain quand nos pro pres repr sentants en France mandat s par le syst me tatique et r pu blicain qui les emploie se conduisent comme les agent
68. istes avec un grand A Pas question de tout m langer ou ni de traiter sans distinction de ma ni re globale d une n buleuse des enseignements de l art aux contours mal d finis Une n buleuse compos e de formations h t rog nes qui regroupe la fois les enseignements th oriques propres aux universit s les enseignements relevant des arts appliqu s et de la communication le design ou l environnement Disciplines qu on peut trouver quelquefois il est vrai aussi dans des enseignements plac s ponctuellement sous la responsabilit du minist re de la Culture dans certaines des coles d art sp cialis es Mon propos s en tient donc ici l enseignement public de l art dans le cadre des coles nationales r gionales et municipales r gies par le d cret n 88 1033 du 10 novembre 1988 Nous savons toutefois que si les coles nationales d art sont d pendantes d seul minist re de la Culture les secondes sous tutelle de ce m me minist re rel vent galement des 29 collectivit s territoriales Cette distinction formelle administrative et financi re ne constitue nullement une fronti re tanche entre ces ta blissements On peut constater en effet que la mainmise du minist re de la Culture et son influence restent encore pr pond rantes tous les niveaux sur les coles municipales et surtout r gionales quoique s en d fende ce dernier Peut on former des tudiants l aide de
69. it dans le domaine des composants lectroniques comme dans celui des mat riaux m moire de forme C est dans des contenus d enseignements en permanence r actualis s que r sident en puissance les l ments fon damentaux d une nouvelle culture et de nouvelles pratiques artistiques Une nouvelle culture merge que nos enseignements de l art quelque peu attard s ne peuvent plus ignorer avec une telle insuffisance ceux qui ind crottables pass istes demandent en quoi de telles notions sont elles susceptibles de concerner v ritablement l art en propre il suffit en toute innocence de r pondre par une question encore plus na ve que la leur en quoi donc une le on d anatomie pouvait elle au XVT si cle int resser et concerner un artiste de cette poque Le croi sement de l art et des sciences il s en faut ne date pas d aujourd hui De nombreuses recherches de l art se sont d velopp es au cours de sa longue histoire les exemples ne manquent pas sur les bases d un dialogue fructueux avec les sciences Des artistes particuli rement novateurs comme Moholy Nagy notamment apr s l installation du New Bahaus dans le cadre du Chicago Institute of Design et le prolon gement du Center for Advanced Visual Studies ont labor un type sp cifique de production Nous assistons alors un type de r alisation radicalement diff rent des productions attribu es au domaine tradition nel de l art Ave
70. l id e que l il est un produit social et qu il est ha bit par des principes de vision et de division socialement constitu s qui varient selon le sexe l ge l poque etc et dont on peut rendre compte sociologiquement Il nous faut donc sortir des modes de pens e habituels impos s par une tradition dominante Des modes de pens e qui ne sont plus en mesure de r pondre aux situations in dites auxquelles nous sommes confront s d sormais Il nous faut cultiver avec d termination la force l imagination la pertinence louverture intellectuelle qui seules donne ront l audace d effectuer ce bond dans l inconnu en exploitant les res sources que nous offre l innovation permanente Penser l art ou ses en seignements travers les pesanteurs ou la scl rose de nos syst mes en place n a pas de sens n a plus aucun avenir On ne r pond pas des mutations de soci t par des d crets ou des r formes formelles mais par d autres mutations d ordre id ologique et structurel situation exceptionnelle la r ponse ne peut tre elle m me qu exceptionnelle Seuls un certain tat d esprit une hardiesse d initiative une d termination sans repentir et une conscience de l urgence sont susceptibles de nous permettre d aborder le changement avec quelque chance de r ussite Pour ne pas rester prisonniers de concepts de m thodes d habitudes p rim es il faut savoir prendre nos distances Il
71. le d but de l ann e universitaire rien de concret n est encore mis en uvre ce jour Une fois de plus nous attendrons donc l ann e prochaine en priant le ciel 87 dont elle b n ficie depuis toujours allez donc savoir pourquoi elle plus qu une autre cole ne pouvait pas d roger ce qui apr s une phase de recherche tend aujourd hui devenir tout simplement un ph nom ne de mode Ce que nous voulons dire ici sur les enseignements de l art en France c est que ce qui ferait aujourd hui la v ritable pertinence de ces ensei gnements et qui devrait tre mis en avant pour s imposer se trouve en fait n glig ou simplement absent Il n est pas suffisant d introduire massivement des ordinateurs dans nos coles d art sans que ces outils soient en m me temps accompagn s d une r flexion appropri e Une r flexion explicitant approfondissant les enjeux th oriques et esth ti ques que ces nouveaux outils induisent Malheureusement pour nos tudiants la routine de nos enseignements ignore ces questions pourtant cruciales pour s en tenir aux ex g ses sur les bandes altern es de Bu ren les plantations de Fabrice Hybert un remake tardif de Joseph Beuys ou les pitreries d un Pierrick Sorin qui ont elles au moins le m rite de l humour au premier degr Comment imaginer de nos jours un enseignement de l art encore pri sonnier de l id ologie ringarde de l art pour l
72. les r alit s virtuelles Directement inspir e des mythes du surhomme la mutation humaine est amorc e Elle n carte ni les questions de bio thique ni celles de la perte d autonomie immanquablement li e aux extensions artificielles L homme a toujours souhait faire reculer les limites de son corps de son esprit Longtemps les tentatives de se fondre dans l environnemeni de se relier directement aux outils quotidiens apparurent comme peines perdues fables utopies Aujourd hui l ordinateur le t l phone l organiser et l assistant num rique sont nomades et sans fil Reli s entre eux par ondes infrarouges ou radios ils constituent le r seau per sonnel de l homme communicant Bient t maison voiture bureau se ront m me proactifs car ils anticiperont les demandes et s adapteront aux comportements de l homme r seau Au c ur de cet environnement intelligent l homme communicant poss de d j l interface ultime de 72 communication puisque le voil dot d une capacit de connexion au grand cerveau plan taire Internet Ces dispositifs de communication mis en place autour de nous et dans lesquels nous sommes immerg s se conjuguent et vont de pair avec la progression des sciences de la cognition dans le domaine du savoir Ils nous conduisent reconsid rer de fa on fondamentale les aspects sen soriels proprioceptifs cognitifs c est dire au final esth tiques sous les formes q
73. n moins caustique dans le journal Le Monde quand il vient citer L AFAA Association fran aise d action artistique s em presse d ajouter dubitatif son sujet qu elle est suppos e d fendre l art l tranger On ne peut tre gu re plus explicite dans l ellipse La question de la comp tence comme nous l avions soulign plus haut se situe bien aussi au c ur du probl me Mais cette question ne concerne pas uniquement nos responsables l tranger elle interpelle plus largement ceux l m mes qui de la DAP au Centre Georges Pom pidou et ailleurs encore ont en charge entre autres l activit des arts num riques pour ne citer qu un secteur que nous connaissons partic u li rement bien Cette question interpelle galement nombre de ceux qui margent des deux mains au titre des enseignements publics de l art en France Enfin Catherine Millet termine sur les recommandations sui vantes Il ne faut pas que ce rapport connaisse le destin de tant de rapports chouer au fond d un tiroir Il faut qu il soit l occasion d une prise de conscience Tout un syst me est mis en cause pour une grande part mis en place par l tat Or largent public n irrigue t il pas les activit s de beaucoup des acteurs du monde de l art en France Ce qui pourrait expliquer quelques r actions de d n gation que suscite d j le rapport alors m me qu il ne fait qu tayer objectivement des sentiments comme on l
74. n petit miracle s mantique la lecture du J O sans doute pour r compenser les plus pers v rants d entre nous d une lecture par ailleurs combien ennuyeuse Possible mergence Peut on imaginer semblable litote dans l enseignement de l informatique o une loi fixant les conditions de la formation informa tique et de ses enseignements prescrirait que son objectif n a pas pour vocation de former des informaticiens mais de pr parer leur possible mergence La possible mergence d informaticiens apr s un cursus de cinq ann es On imagine d j ces professionnels sortis tout frais moulus de leurs d tudes merger soudan les uns la suite des autres la surface des crans cathodiques chez leurs futurs employeurs Jail lissant ici et l comme des ludions malins Proclamant leur droit la vie active dipl me en main Quant aux artistes la sortie de leurs tudes mieux vaut ne pas voquer les risques de cette mergence dans le march de l art l aide de pareil les m taphores Compte tenu de la fantaisie qui fait partie sans doute des disciplines majeures enseign es dans une cole d art sem 47 Art ler Les enseignements artistiques contribuent l panouissement des aptitu des individuelles et l galit d acc s la culture Ils favorisent la connaissance du patrimoine culturel ainsi que sa conservation et participent au d veloppement de la cr ation et des techni
75. ncipaux mus es du monde Quemin a eu bien du mal rep rer une uvre ou deux sign es d artistes fran ais qui ne soient pas morts Nous avons encore pr sent en m moire le souvenir d un conseiller tech nique de Catherine Trautmann ministre de la Culture et de la Commu nication qui nous faisions remarquer au cours d une mission de radio la regrettable absence des artistes fran ais sur la sc ne internationale et qui avait donn pour sa d fense cette r ponse tonnante si les artistes fran ais sont si mauvais que peut on mon Dieu y Jaire Il ne pouvait en tout cas ni lui ni son ministre en tre rendu 36 Artpress Paris septembre 2001 37 France Culture 5 janvier 1999 mission Staccato Sur le gril avec Alain Giffard 54 responsable Sur ce th me Catherine Millet dans le m me ditorial d Artpress poursuit sa critique et enfonce le clou On n en finirait pas d num rer les tristes constats les d sillusions Entre autres on sait que les Affaires trang res s enorgueillissent d un r seau de services et de centres culturels dans le monde qui est l un des plus denses quoi cela sert il si c est pour que des interlocuteurs trangers constatent que parmi les personnes qui en ont la charge peu sont au fait de la cr ation et qu il faudrait quand m me augmenter le niveau du personnel fran ais de ce point de vue Philippe Dagen plus elliptique mais no
76. nt modernes au sujet de l art contemporain il est utile de signaler en les renvoyant dos dos qu ils se sont les uns comme les autres cantonn s dans le m me aveuglement r gressif Prisonniers de leur ghetto esth ti que et leur jargon th orique les deux clans se sont invectiv s sans ja mais avoir soulev ne serait ce qu une fois sous forme d une allusion la r volution num rique que nous vivons C est un comble quand on sait que cette r volution change les conditions m mes de penser l art de le faire et de le regarder Une r volution qui fait que le regard du re gardeur tel que Duchamp l avait d j point est d j radicalement diff rent aujourd hui de ce qu il tait du temps de Marcel C est l que 9 Dans ce monde l lanc pleine vitesse tout est une question d anticipation et d ex cution Quand l poque bascule il faut plus que des arbitres entre pouvoir et soci t entre les forces concurrentes de la soci t il faut des voyants comme Villon Hugo Baudelaire Rimbaud ou Apollinaire qui ont su renouveler la po sie comme Dela croix C zanne ou Picasso des passeurs tendant la main des deux c t s assez loin derri re pour rassembler assez loin devant pour accrocher le grappin pointer l amer des hommes charni res des hommes carrefours des hommes debout Le cri de la Gargouille Dominique de Villepin Plon Paris 2000 i La conqu te de l ubiquit Paul Val r
77. ntaux ne font l heure actuelle l objet d aucun enseignement suivi d velopp r f renc orga nis et document dans nos coles d art Il ne suffit pas en effet de doter de mat riel informatique nos tablissements d enseignement artis tique et de livrer ipso facto ce mat riel sans mode d emploi et sans p dagogie appropri e la manipulation sauvage des tudiants pour oser pr tendre qu il s agit l d un enseignement constitu Pour m riter sinon des compliments au moins un minimum de cr dibi lit et non les remarques d sobligeantes qu ils s attirent r guli re ment les responsables de nos enseignements doivent commencer par manifester un minimum d coute et surtout de coh rence dans la trans mission et la gestion du savoir qu ils ont la charge d organiser L cole d Art d Aix en Provence semble un des rares tablissements fran ais chappant la r gle avec son atelier de robotique et un enseignement th orique performant un enseignement pertinent touchant aux nouvelles technologies dispens par Annick Bureaud avec des artistes Sp cialiste du champ de l art et des technosciences Directrice de Leonardo Olats ttp www olats org fondatrice du guide des arts lectroniques IDEA online ttp nunc com Critique d art chronique dans Art Press Enseignante l Ecole d art 86 professeurs comme Peter Sinclair et Douglas Edric Stanley L cole Nationale des Beau
78. nu la vision du monde pr dominante et ses provocateurs et dissidents les plus puissants ont t pay s ou salu s 65 marginalis s comme une fougueuse avant garde Les Universit s et les Acad mies la source si ce n est pas le foyer de presque tous nos artistes ont r pondre de beaucoup dans la cr ation d une telle culture Comment en effet concevoir un enseignement institutionnel dont l essentiel pr cis ment consisterait interroger sinon mettre en question de fa on radicale le syst me qui le produit le contr le le g re et le finance L on con oit mal en tout tat de cause comment les pouvoirs publics pourraient accepter de financer et d entretenir eux m mes des foyers de contestation Des noyaux de dissidence qui se raient reconnus et d clar s d utilit publique Situation difficilement conciliable entre les centres de pouvoir en place les id es qu ils nous imposent et la libert individuelle que chaque individu tudiant ou artiste doit revendiquer tout en usant d une responsabilit pleine ment assum e comme membre part enti re d une collectivit donn e Enseigner l art former l exercice de la pratique artistique faire merger d un individu un artiste ce n est pas tant transmettre des savoir faire qui permettent de travailler des mat riaux divers pour qu ils pousent certaines formes physiques ou plastiques
79. ois son classement des pays selon leur degr de corruption La France la fois corruptrice et corrompue reste la tra ne des pays occidentaux En la mati re la France reste encore et toujours une mauvaise l ve Le Monde p 20 28 octobre 1990 50 qui constitue tous les niveaux de la hi rarchie la cause structurelle des propres dysfonctionnements de l Etat Pour en revenir plus directement notre propos certes l insuffisance des moyens est sans doute perma nente mais au del de cette constante pr judiciable notre repr senta tion l tranger comment s exerce l utilisation des budgets qui sont affect s C est dans la r ponse cette question que r side essentielle ment le fond du probl me Mais depuis plus de vingt ans personne n en veut et ne peut rien savoir avec un syst me dont le propre du compor tement est pr cis ment de fonctionner dans une opacit totale Nul ne pourra jamais rien savoir de ce que le pouvoir en place se refuse obstin ment communiquer Impossible par exemple de conna tre le nombre exact des agents d tat qui se seront rendus tous frais pay s la Biennale de Venise cette ann e Certains esprits chagrins pr tendent que c est par charters entiers que les populations culturelles auraient t d plac es De telles informations restent bien s r enti rement v rifier aupr s de la DAP et de l AFAA Quoi qu il en soit il faut s en faire une
80. onsid rer que les raisons de cette situation d chec r sident non pas tant dans la structure du dispositif p dagogique en place qui vaut ce qu il vaut mais dans les contenus et les conditions m mes dans lesquelles ces contenus sont dispens s Comme la violence dans les banlieues ne s explique en au cune fa on uniquement par l origine ethnique de ses populations mais aussi par des facteurs li s des conditions socio conomiques et cultu relles l chec de nos coles d art dans leur mission formatrice et sociale doit tenir compte galement du cadre id ologique dans lequel leurs en seignements sont dispens s Ce cadre au fil du temps s est trouv mar qu toujours un peu plus par la pr gnance et la domination des valeurs d un march dit de l art contemporain Un march sur lequel les institu tions publiques n ont fait au mieux que s aligner complaisamment alors qu un certain tissu associatif tendait en m me temps dispara tre Tissu qui se reconstitue aujourd hui lentement sous une autre forme avec des friches des squats et des espaces g r s par des artistes Tandis que nos soci t s voluent vers des industries culturelles de masse aux quelles la production de la musique s est rapidement adapt e la cr a tion en arts plastiques en est rest e cantonn e des formes litaires prisonn res et d pendantes de march s extr mement sectoris s L art 58 contemporain sous l
81. ont l administration a le secret pour l enseignement secondaire force de c der aux lobbies de l inspection g n rale et des associations de professeurs Pour avoir t employ successivement par ces deux minist res en qualit de professeur titulaire d une cole nationale d art puis de pro fesseur des universit s charg dans les deux cas de l enseignement de l art j ai bien aussi mon opinion personnelle sur ces deux institutions Je dois la v rit dire que si toutes les deux p chent d une gale pesanteur et font l objet de luttes internes de pouvoir l tat d esprit est bien plus sain l ducation nationale en regard des grands principes de la d mo cratie Sans doute existe t il comme il existe partout l Education Na tionale comme ailleurs quelques passe droits ici ou l mais jamais ces dysfonctionnements n affectent l image de sa l gitimit elle m me Le minist re de la culture est au contraire per u pour les arts plastiques comme l manation d un syst me de type litiste sans transparence En effet dans le syst me de fonctionnement rig par le minist re de la Culture compte tenu de son extr me complaisance vis vis du priv il en va tout autrement Cela tient diff rents facteurs dont le plus mpor tant est li au fait que l tat est le premier acheteur d art contemporain en France 40 du march total Cette situation compte tenu du fait qu
82. out ce qui reste encore de n gociable apr s le bilan n gatif d une d cennie En nous faisant b n ficier de ses recommanda tions toujours pr cieuses Yves Michaud insiste d une fa on on ne peut plus claire sur les travers qui affectent durablement nos coles d art Un domaine qu il conna particuli rement bien La n cessit de s orienter dans un monde complexe et incertain peut conduire une simple recherche d intelligence pragmatique De ce point de vue il s agit d tre au courant de l actualit d appr hender et de conna tre les r gles du jeu d avoir les bonnes r ponses quand et l o il faut et de disposer du langage ad quat dans les situations ad qua tes On voit ainsi se d velopper et se diffuser dans beaucoup d coles Rart une sorte de culture postmoderne de base ou comme on dit ba sique qui constitue en fait un simple passeport pour le march Sur le plan de la pens e et de la r flexion critique on assiste une pro fonde stagnation dans le domaine de l art qui par contrecoup frappe au c ur m me du dispositif p dagogique des enseignements Les quelques penseurs de l art qui hors des circuits officiels et des sentiers battus s attachent mener une r flexion originale sur l volution de la pens e et de la soci t en fonction des mutations que nous vivons sont le plus souvent de parfaits inconnus dans nos coles On a pu constater devant 69 Enseigner l
83. ples 52 leur esprit d entreprise et les r sultats obtenus de haute lutte sur le ter rain dans des actions visant promouvoir l image de la culture fran aise Bref des exemples embl matiques qu on ne manquera jamais de vous brandir sous le nez pour mieux d samorcer des critiques venir toujours per ues comme parfaitement injustes et tendancieuses Ras le bol de la langue de bois et des hypocrisies langagi res Un peu de par ler vrai Disons les choses nettement pour ce qu elles sont Pour quel ques individus de cette esp ce si rare combien dans nos administra tions culturelles en France ou l tranger de fonctionnaires incapa bles de bons rien de vrais parias du syst me Des individus qui sont l avant tout n ayons pas peur des mots pour se servir d abord eux m mes et servir leurs petits copains Les premiers cit s les remarqua bles pour la fa on exemplaire dont ils servent le service public sont h las dans l impossibilit eux tout seuls de corriger une image qui cruelle et implacable comptabilise notre retard et nos insucc s r p t s Ils ne pourront constituer tout au plus qu un contre exemple pratique prompt neutraliser d avance toute critique Leur utilit pratique se bor nant uniquement tablir une preuve flagrante de la mauvaise foi et du parti pris qui vous anime dans vos jugements Quant au plus grand nombre de responsables dans leur majorit ceux
84. ppartient la plupart du temps au registre du non dif c est toujours lui en v rit qui constitue la finalit poursuivie dans les coles d art Un non dit dont la connotation est si forte qu elle n a plus besoin d tre nonc e J en veux voir pour illustration les distinctions qui s op rent d j au niveau des singularit s vestimentaires chez les tudiants selon les types d enseignements qu ils re oivent Pour tre quelquefois subtiles ces distinctions au sein des populations d tudiants ne marquent pas moins de fa on nette les clivages et les diff rences de statut Dans les arts appliqu s le design le multim dia l universit on s habille en g n ral d une fa on assez sobre avec une pr dilection pour le style cadre branch high tech et attach case Dans les coles d art peupl es d artistes en devenir les tudiants donnent plus ais ment dans le genre fluo iroquois et ferraille dans les trous de nez En effet les artis tes ont une sorte de propension naturelle riger plus facilement leur propre personne en uvre d art Au del du simple st r otype il s agit de la constitution d ic nes vivantes qui empruntent les signes du temps pour faire image avec leur propre corps Survivance d une tradition issue des beaux arts qui fait n cessairement de l artiste un personnage singu lier voire hors du commun Une tradition revue et corrig e remise au go t du jour avec bien entendu une r actu
85. probl mes strictement formels C est avant tout selon nous l labora tion de concepts de langages particuliers et de sens produire et par tager C est la cr ation et l invention de signes singuliers d un vocabu laire original et enfin d une exigence d authenticit fond e sur des attendus d ordre thique et philosophique tre un rebelle cultiver l esprit de dissidence et de curiosit camper dans une position de r sis tance refuser les lieux communs les conformismes en tout genre tre capable de d noncer les v rit s truqu es et les injustices explorer tous les champs du possible sont autant d attitudes qui appartiennent la fonction qu un enseignement artistique se doit de dispenser pour m riter son nom Si on estime en effet que l art ind pendamment de sa fonction de plaisir r tinien souvent privil gi trop exclusivement constitue un vecteur individuel et social de sens un v hicule de valeurs il appartient alors son enseignement de remplir cette mission en formant nos tu diants l esprit critique dans nos coles Une formation qui doit s accompagner en m me temps des bons usages de la tol rance sans se priver de d noncer haut et fort l erreur l ignorance la b tise les manipulations les impostures les lavages de cerveau dont le milieu de l art contemporain nous offre la caricature permanente C est bien dans le lieu de l art d faut d autres l
86. qu te cibl e men e par nos soins notamment aupr s des mairies d Issy les Moulineaux de Grenoble de Toulouse et de Menton confirma bien cet tat de chose Toutes les institutions contact es nous pr cisant que ces postes avaient t entre temps pourvus par recrutement interne Le CNFPT et les Collectivit s Territoriales interro g es se rejettent mutuellement la faute sur ce grave dysfonctionnement sans tre en mesure de nous expliquer pour autant en ce qui concerne le CFPT en quoi et pour quoi ce concours tait annonc d une fa on tr s officielle comme tant un concours externe Mr Andr Rossinot maire de Nancy lu le 27 mars 2002 Pr sident du CNFPT n a pas cru n cessaire encore ce jour de r pondre notre demande d in formation ce sujet Voici comment fonctionnent en France et ceci n est qu un exemple parmi d autres les institutions de la R publique Le premier l ment d approche de la d finition de l artiste est certainement l auto d finition c est dire le fait de se sentir artiste et de se d clarer comme tel que l on soit ou non affili sous cette rubrique la Maison des artistes Les artistes ne consid rent pas l art comme un emploi mais comme une activit une pr occupation une fa on de vivre selon Isabelle Levenez L art Contemporain Isabelle de Maison Rouge Editions le Cavalier Bleu Paris mars 2002 30 soci t s les producteurs des valeurs symboliques Bourdieu av
87. quarante ans d j cela nous donne r fl chir On mesure alors avec stupeur le retard de nos enseignements artistiques quand de l aveu m me de leurs responsables au plus haut niveau il appara t h las selon leurs propres termes et pour toute ex cuse que nous n en sommes pas encore l Non seulement nous n en sommes pas l mais nous en sommes encore h las des ann es lumi re Que la photographie ait d attendre un si cle pour b n ficier d un statut et d une vraie reconnaissance au titre de l art n est pas fait ni pour nous consoler ni encore moins pour nous rassurer Certes de nouveaux artistes sont apparus sur la sc ne avec de nouvelles pratiques Ces artis tes pour peu qu ils appartiennent au march font l objet d une informa tion plut t compl te voire exhaustive mise disposition des tudiants Dans le cas contraire ceux qui ne sont pas introduits dans le march on n en entendra jamais parler dans une cole d art voir en annexe les t moignages d tudiants L information que re oivent les tudiants dans nos coles d art est s lective Elle ne concerne grosso modo que ce qui se passe entre les institutions de l art et quelques gakries priv es en vue C est l une impardonnable et incroyable lacune dont p tissent cruelle ment les tudiants 5 Conf rence dans le cadre du Festival Outsider 2002 Maison de la photographie Paris 76
88. ques d expression artistiques Extrait de la loi n 88 20 du 6 janvier 1988 relative aux enseignements artistiques Approche pluridisciplinaire politique de r seau ouverture l art contemporain et vo cation non former des artistes mais pr parer leur possible mergence font la sin gularit de l enseignement des arts plastiques dans les tablissements plac s sous la tutelle du minist re de la Culture et de la Communication Les coles d art repr sen tent des lieux de formation et d activit cr atrice qui ont pour originalit de conjuguer sp cificit du geste cr atif et dimension th orique recherche et exp rimentation Aus si occupent elles une place originale dans le paysage de l enseignement sup rieur fran ais La carte des coles d art r sulte d un h ritage historique Chaque cole a sa sp cificit qui se traduit par une identit propre tout en pr parant aux dipl mes nationaux La loi n 88 20 du 6 janvier 1988 relative aux enseignements artistiques et les textes r gle mentaires qui ont suivi ont cr les dipl mes nationaux pour la pr paration desquels 52 coles sont habilit es 61 blable mergence risquerait alors de prendre l allure de d bordements incontr lables Possible mergence ces deux mots accol s font r ver Ils sont un ravissement pour l esprit une caresse pour l oreille une trouvaille pour une anthologie de po sie Le cadeau inattendu d un o
89. qui consid re sa pratique artistique comme troitement li e la fonction p dagogique ce titre il entre tiendra des relations suivies avec le Collectif d art sociologique Herv Fischer Fred Forest Jean Paul Thenot qui avait cr lu m me Paris parall lement l cole Sociologique Interrogative dans les ann es 70 Le manifeste r dig l occasion de la fondation de l cole de Beuys com mence par ses phrases La cr ativit n est pas limit e ceux qui exer cent une des formes d art traditionnelles et m me chez ceux l elle n est pas non plus limit e l exercice de leur art Il existe chez chacun de nous un potentiel cr ateur qui est submerg par l agression de la concurrence ou du succ s Ce doit tre la t che de l cole de d couvrir ce potentiel de l approfondir et de le d velopper Roy Ascott un artiste anglais pionnier dans l art de la recherche et des t l communic ations met lui aussi en cause sa fa on l enseignement institutionnel Tout comme la somme des attitudes culturelles et des valeurs sociales repr sent es par les galeries et les mus es soutient le monde r el et ajoute par son indiff rence morale sa pauvret et son ali nation de m me l activit sur le Net aura en bien ou en mal un effet sur la responsabilit sociale et le comportement interpersonnel Historiquement l art institutionnel le seul que nous connaissions a toujours plus ou moins soute
90. r sur le pouvoir des images et la folie destructrice qu elles suscitent 74 port avec la technologie des m dias et doivent permettre de mieux ap procher les processus cognitifs et d observation En fait il s agit d initiatives extr mement innovantes centr es sur l tude des syst mes dynamiques dans un cadre la fois artistique et m diatique Il serait souhaitable que nos coles d art en France mettent en uvre des ensei gnements de recherche analogues ce qui est loin d tre le cas afin que nos tudiants disposent de sources d informations au moins quiva lentes celles de nos voisins europ ens et puissent acqu rir des forma tions qui soient en rapport avec notre modernit De tels enseignements induisent pour ne citer que cet exemple qu on se livre des tentatives de repr sentations symboliques dynamiques sous des formes non seulement visuelles mais aussi acoustiques ou tactiles En effet il importe se familiariser aujourd hui avec ce type de recherche entre autres lorsqu on fr quente une cole d art en l an 2002 et non de se voir livr s aux seuls expos s de cr atures du march artistes ou critiques d art s attardant sur les m rites compar s entre peinture l huile et acrylique tissus du march Saint Pierre ou autru ches empaill es de la Galerie Perrotin Peu importe qu ils soient infor m s form s par des conf rences des cours de vulgarisation ou encor
91. racive Art New Port Universi ty of Wales Plymouth Du 5 au 17 juillet 1992 pour le colloque Art et Cognition l cole d Art d Aix en Provence il a mis en place un workshop t l matique entre plu sieurs villes europ ennes Dispositif qui permettait de faire travailler simultan ment et de fa on coop rative distance des tudiants sur une production d art plastique r alis e en commun 17 Op ration de micro chirurgie distance entre un CHU de Lyon et Houston d cem bre 2001 40 liers de kilom tres de leurs tudiants Ils seront pr sents en temps r el ou de fa on asynchrone Ils pourront se manifester sur notre cran d ordinateur travers le temps et l espace ou tre sollicit s s par ment selon nos besoins et nos propres rythmes d apprentissage Pourront tre galement convoqu es des identit s de circonstance purement vir tuelles de type num rique constitu es de fa on ponctuelle juste le temps de la r ponse ou du sujet traiter Sujet qui pourra tre comman d la carte selon nos besoins et dont la r ponse nous reviendra instan tan ment sous forme d une compilation assemblage concoct e par des m ga moteurs de recherche ou des agents intelligents qui uvrant jour et nuit sur le r seau iront collecter et organiser les informations qui nous sont indispensables Ces bouleversements impliquent des rapports enseignants enseign s tr s diff rents et induisent des rupt
92. raditionnel du terme la d multiplication des changes qu il g n re fait merger une demande essentielle de d bats s minaires worksshops colloques etc Catalogue 9 me Festival Internatio nal d Art vid o de Casablanca mars 2002 Casablanca Nous attendons maintenant de constater rapidement des r sultats concrets de cette nouvelle plate forme dont l implantation comme tout ce qui touche la Villa Ar son a fait l objet une fois de plus d investissements financiers cons quents 82 Les occasions perdues dans le courant de l ann e 1995 le directeur du d partement Art Communication Langage de l universit de Nice Sophia Antipolis Yannick Geffroy et Fred Forest professeur ont demand tre re us par Philippe Vienne di recteur l poque de la Villa Arson pour proposer d tablir avec lui un programme commun sur les utilisations artistiques de l Internet et la mise en uvre d une flexion sur une pratique artistique de r seau Le r sultat fut une fin de non recevoir peine courtoise et en tout cas d finitive Aujourd hui 7 ann es plus tard en 2002 le m me Yannick Geffroy et le professeur Norbert Hillaire avec la b n diction cette fois de Jacques Imbert Inspecteur G n ral aux Enseignements Artistiques c t minist re de la culture essayent de monter le m me type de projet avec le directeur p dagogique de la Villa Arson Jean Marc R ol Apr s des mois de palabres depuis
93. raison quand c est la grandeur m me de la France qui est en jeu Quel est le co t chiffr de ce tourisme d tat dont la justification administra tive pourrait la rigueur relever des seules pr rogatives du minist re de la sant au motif que selon les textes en vigueur les fonctionnaires du minist re de la Culture doivent tre extraits de leur placard deux fois par an la fin du printemps et juste avant l hiver Mesure d hygi ne publique visant pr tendument l am lioration des statistiques des ma ladies des voies respiratoires en pays temp r chez les personnes n ayant pas d activit s physiques soutenues Pour l instant en tout cas s ils veulent aller Venise les artistes eux se contenteront de prendre le train leurs propres frais En toute impartialit et avec un soup on de compassion d sabus e je voudrais maintenant livrer ici mon t moignage sur un sujet qui a fait les gros titres dans les gazettes culturelles celui des remous suscit s par le rapport Qu min Un v ritable coup de tonnerre dans le landernau politico culturel Mon t moignage est celui d un artiste fran ais Un artiste comme les autres qui a pas mal bourlingu riche de ses multiples exp riences dans la fr quentation des services culturels fran ais l tranger Ce t moignage 32 Ibidem 51 se veut l observation froide quasi entomologique d un milieu singu lier compos de fonctionnaires inaptes
94. rique la puis sance et la rapidit de calcul les gisements d information images sons et textes ont cr un nouveau champ d expression de conception de r alisation d action de diffusion pour les artistes Les artistes ne pen sent plus la mod lisation de l espace avec de la mati re comme l ont fait avant eux les peintres et les sculpteurs des si cles derniers mais avec des repr sentations qu ils fa onnent l aide d immat riaux et d algorithmes 6 La technologie dans l art Edmond Couchot ditions Jacqueline Chambon N mes 1998 7 Jean Fran ois Lyotard Les Immat riaux Centre Georges Pompidou Paris 1985 33 Comment dans ce contexte de mutation o nos perceptions nos valeurs nos connaissances nos pratiques artistiques sont model es en fonction de nouveaux paradigmes r agit notre rapport la cr ation et comment se r ajuste t il Comment afin de s adapter son poque l art comme langage sp cifique est il mis au d fi d inventer de nouveaux mod les et comment son enseignement par cons quent en corollaire d rang dans ses habitudes ancestrales se trouve t il soudain contraint de se recycler de se repenser du tout au tout En semblables circonstances il convient de puiser en nous les ressour ces qui permettent d adopter une vision de l art et de son enseignement qui soit en congruence avec l volution du monde qui nous entoure Il faut en retenir
95. s d un r gime f odal totalitaire voire celui d une r publique banani re Ce coup de gueule cette digression ne sont nullement trangers notre sujet qui est nous ne l avons pas perdu de vue celui des enseignements de l art en France Nullement trangers dans la mesure o son propos vise souligner combien le niveau de maturit d un r gime politique et admi nistratif conditionne l esprit m me dans lequel fonctionnent les services qui sont sous son autorit La culture du syst me global induit et condi tionne automatiquement le type de fonctionnement des sous syst mes qui d pendent de ses pr rogatives Le syst me des enseignements p blics de l art en France est lukm me ce titre h ritier des vices du syst me qui l a engendr Notamment celui du manque de transparence 30 11 suffit qu un projet d exposition tant soit peu cum nique soit mis sur pied pour qu aussit t une escouade de commissaires tous faisant partie bien entendu de seaux de copinage bien identifi s soient d p ch s au bout du monde Celui l se r servant l Asie tel autre l Afrique le troisi me les Am riques le p le Nord ou le Ti bet croire que les th mes de ces expositions comme celle par exemple sur les Magiciens de la terre ne sont choisis qu en fonction de crit res touristiques 31 L organisation non gouvernementale Transparency International publie pour la cinqui me f
96. s f odalit s de pouvoir au sein des milieux de l art contemporain 79 Directeur du programme Marshall Mac Luhan l Universit de Toronto Canada 85 Des exp rimentations qui touchent directement la mod lisation et au remodelage de l exp rience psychosensorielle et par cons quent no tre rapport au monde Il s agit donc bien d art encore ici Ces probl ma tiques ne peuvent plus tre ignor es pass es sous silence quand on aborde pr cis ment le domaine de l art comme objet de connaissance et qu on se penche sur son enseignement Il faut souligner le fait que les arts interactifs sont directement li s au processus d apprentissage bu main L art devient une discipline qui nous permet de nous adapter empiriquement aux nouveaux modes d tre temporels et spatiaux Le d veloppement et les usages complexes des r seaux avec leurs implica tions pratiques croissantes dans les domaines de la m decine du monde des affaires de la politique des banques de l ducation et la restructu ration mentale qui en d coule ne peuvent pas tenir l art l cart de ces bouleversements Toutes ces questions concernent l art au premier chef pour ce qui est des volutions soci tales en cours comme beaucoup d autres questions encore aussi essentielles li es aux techno sciences l intelligence artificielle au g nie g n tique Or nous consta tons non sans stupeur que ces domaines fondame
97. sance cette citation extraite du rapport de la commission nationale d tude sur les enseignements artistiques pr sent s par Jacques Imbert inspecteur g n ral aux enseignements artistiques Madame Catherine Trautmann Quand on parle de r seau d interactivit de temps r el tous ces concepts toutes ces techniques doivent devenir op ratoires dans le champ artistique si on veut qu ils engendrent un r el et un imaginaire de la culture Je ne suis pas s r qu on en soit encore l Le minist re de la Culture dans la comparaison avec les services du minist re de l ducation Nationale notamment depuis l arriv e de Jack Lang la barre de ce dernier fait plut t p le figure en mati re d initiati ves Yves Michaud lui encore qui comme son habitude ne pratique pas la langue de bois et ne m nage jamais personne adresse des criti ques parfaitement justifi es quant aux conditions qui pr sident 70 j On pourra toutefois regretter que ce num ro reste incomplet le choix des artistes repr sent s faisant manifestement la part plus belle aux de r seaux ceux qui l ont diri g qu la rigueur historique intrins que Mais c est vrai peut tre aussi qu Autres sites nouveaux paysages n avait nul le pr tention de ce c t l 80 l tablissement des programmes dans les coles d art quand il nous confie De fil en aiguille on confectionne un de ces programmes monstrueux d
98. sociologique Que sais je encore Je r pondrais tout beno tement que cela n a aucune sorte d importance L art par l alchimie qui lui est propre et c est sa sp cifict m me est capable d int grer pour les transmuter tous les types de mat riaux physiques comme concep tuels et mentaux dans leurs formes les plus diverses Il se donne m me la possibilit la libert de les reconfigurer de leur octroyer un nouveau statut une forme in dite un langage original qui offre une nouvelle fa on de les percevoir et par cons quent de les consid rer Tout revient une question de langage et de vocabulaire que les hom mes les artistes sont capables d initier partir de n importe quel objet physique ou virtuel Les Assyriens nous l ont prouv en leur temps transmutant de l argile pour en faire de l art Marcel Duchamp l a fait de m me avec des urinoirs et Nam June Paik des lectrons L art n est il pas avant tout de la philosophie et du politique en actes Moho ly Nagy consid rait n cessaire l largissement du travail de l artiste tous les domaines de l activit humaine en particulier la politique mais aussi de nombreuses sciences fondamentales La difficult la gageure et l impossibilit de d finir et d enseigner les r gles susceptibles de faire de n importe qui du jour au lendemain un artiste tient des facteurs propres la nature m me de l art comme son
99. t resensorialise le langage L cran est le lieu non du texte ni du contexte mais de l hypertexte et de 41 l hyperm dia esp ce d enluminure num rique qui orne d sormais nos pages web comme jadis elle devait orner nos livres sacr s Il faut bien le constater en toute franchise malgr des toilettages successifs c est bien toujours l esprit beaux arts qui pr domine dans les enseignements de l art en France sous couvert de l art contemporain officiel Certes la forme a volu mais l esprit reste au fond le m me avec son penchant marqu pour l expression personnelle quand ce n est pas pour une pure dilatation du moi Un art qui dissimule mal son air de fausse modernit derri re des productions banalis es dat es avant l heure Il ne s agit nullement ici par pure provocation ou je ne sais quel autre calcul d adopter une position avant gardiste de principe de rejeter dans le pass des pratiques artistiques toujours en cours mais de pointer du doigt le d calage pour ne pas dire le foss qui s pare ces formes d art de nos modes d existence actuels Des formes d art qui se sont progressivement coup es des liens fondamentaux leur environ nement leur soci t leur cadre de vie pour ne s en enir finak ment qu la surface des choses c est dire au niveau des seuls ef fets de mode Norbert Hillaire et Bernard Darras dans un entretien sans reprendre le
100. tes Les pr visions annoncent pour 2007 35 millions d internautes en France et 1 milliard de connect s dans le monde D s lors peut on raisonnablement s en tenir dans l enseignement l art cette politique pass iste qui le cantonne dans ses contenus comme dans ses m thodes des pratiques anachroniques Les dynamiques dans lesquelles nous sommes in vitablement partie prenante provoquent et entretiennent des synergies entre les champs de la cr ation de la recherche et des technosciences Elles ouvrent d sor mais de multiples perspectives La premi re d entre elles est certaine ment le changement notre culture visuelle classique la remise en cause quelque peu radicale d une vision purement r tinienne sur laquelle s appuyait la culture visuelle dominante pour prendre forme et faire sens En phase d ajustement et de r actualisation cette culture volue en fonction de notre environnement et de nos connaissances Nous nous acheminons vers un tat du visible et de l intelligible qui va bien au del de tout ce que pouvaient nous offrir encore hier la pens e li n aire la perspective et la g om trie euclidienne Comme le souligne avec une grande pertinence Edmond Couchotf nous passons sans transi tion de la culture optique celle de la simulation Cette reconversion en cours est encore plus vidente depuis que les r seaux de communic a tion le stockage de la m moire et sa distribution num
101. tte pens e visionnaire de Paul Val ry est tonnante dans la fa on qu elle a de nous introduir e dans notre propre modernit Car la question qui se pose aujourd hui est bien celle trouver ses marques dans sa propre modernit Il ne s agit pas tant de cette mort de l art an nonc e qui n en finit pas d ailleurs d arriver mais du fait que l art est en instance d migrer vers d autres formes de symboliques de mythe et d imaginaire Avec d autres formes d incarnations Pour s acheminer vers de nouvelles patries Des formes qui peuvent aussi bien relever des jeux vid os en ligne que s inspirer des d rives urbaines ch res aux surr alistes ou situationnistes Des d rives transpos es en d ambula tions dans les r seaux moins que ce ne soit encore dans des happe nings coop ratifs en ligne se nouant distance ou dans la constitu tion de communaut s lectroniques Des communaut s tablies sur des mod les in dits qui ne doivent rien sans doute Fourrier Gurdjieff ou Monte Veritas mais certainement plus Marconi Comment dans cette conjoncture l enseignement de l art lu m me pourrait il s en tenir la forme suiviste et pass iste qui est la sienne encore l heure ac tuelle Dans un moment de crise latente les v nements tragiques dus T effondrement le 11 septembre 2001 des tours jumelles du World Trade Center n auront jou qu un r le de r v lateur et d acc
102. u milieu de ses disciples risque de voir soudain son aura voler en clats Les enseignants acceptent mal l id e que l l ve puisse devenir plus savant qu eux m mes Ils ne se font pas l id e qu ils risquent de perdre une partie de leur pouvoir d s lors que leur personne ne sera plus le point de passage oblig de l acc s au savoir Quand l utilisation p dagogique d Internet sera adopt e pratiqu e et g n ralis e il n y aura plus source unique du savoir mais des parcours d enseignements dans lesquels seront appel s intervenir successivement ou simultan ment de tr s nombreux acteurs Ceux bien s r qui seront encore v vants mais aussi tous les autres Ceux qui disparus aujourd hui et beaucoup plus nombreux appartiennent d j par leur pens e et leur contribution au patrimoine num rique et universel de l art Les pre miers pourront se trouver physiquement pr sents distance des mil 16 Le m me Roy Ascott sans pouvoir aboutir du fait des lenteurs de la bureaucratie fran aise a travaill plus de deux ans sur la pr figuration d une cole d art utilisant les technologies de communication Cette cole d art exp rimentale devait tre implan t e dans le nord de la France dans les ann es 1980 Roy Ascott a finalement implant son coll ge qui jouit aujourd hui d un prestige international en Grande Bretagne CAITA STAR Center for Advanced Inquiry in the Inte
103. ue l enseignement artistique leur a donn s hier et comment les abordent encore de nos jours des enseignements en mal de r actua lisation Ces dispositifs de communication qui envahissent nos existen ces en m me temps qu ils renouvellent notre exp rience de l espace et ses formes de repr sentation deviennent des proth ses qui en prolon geant notre corps nous permettent d investiguer le monde Ils nous per mettent d en d couvrir des facettes cach es que nous ignorions encore Modelant en cons quence nos sensibilit s de tels bouleversements de telles ruptures qui touchent notre fa on m me d tre au monde ne peuvent tre ignor s plus longtemps encore dans l enseignement de Part Ce qui est pourtant h las le cas aujourd hui quand nous consta tons la quasi absence dans les programmes de nos coles des beaux arts o triomphe l acad misme de l art contemporain officiel de cours qui s attachent informer et former les tudiants sur ces questions Tous ces outils nouveaux n ont pas de sens ou de position proprement parler scientifique technologique ou artistique par eux m mes Il n en reste pas moins qu ils nous contraignent r viser de fa on essentielle les concepts fondamentaux de l art Et cette r vision pour l heure ma connaissance n est nulle part inscrite noir sur blanc dans les contenus actuels des enseignements de nos coles Si on a longtemps oppos ce qui est tr
104. ues toutes r centes ne re oivent la l gitimit qui leur est due au titre de l art Par contre ce qui est s r c est que le processus engag est d sormais irr versSible Commen ons par le commencement Commen ons par dresser un tat des lieux C est dire commen ons par nous faire l cho de l tat de d senchantement voire de douce stupeur qui frappe depuis quelque temps les responsables de la culture en France Ces derniers feignent de d couvrir soudain alors qu ils en sont les premiers fautifs par la t l vision le peu de pr sence et de repr sentativit de nos artistes fran ais sur la sc ne internationale Les artistes fran ais font pi tre fi gure para t il non seulement au regard de leurs homologues am ricains ce qui la rigueur pourrait h las s inscrire dans l ordre des cho ses mais aussi m me vis vis de leurs coll gues de pays europ ens voisins ce qui coup s r est beaucoup plus choquant Pour tre tardive cela fait plus de vingt ans que nous nous effor ons sans succ s d attirer l attention des pouvoirs publics en r clamant vainement des mesures d urgence la prise de conscience n en est pas moins brutale et douloureuse Quelles sont les raisons de cette humiliante situation Un ministre en exercice lu m me responsable de la politique culturelle ext rieure de la France reconna t et d clare devant un parterre de jour nalistes des tr
105. ur compte le terme de beaux arts constatent n anmoins que la culture mus ale reste encore profond ment fond e sur une conception kantienne du beau alors que la culture num rique en devenir tend se d verticaliser se d hi rarchiser S atomiser et pose la ques tion de savoir dans ce contexte quel r le peuvent jouer les technologies multim dias dans la r ception du ph nom ne artistique Les savoirs issus de disciplines multiples art math matiques biologie conomie m decine architecture informatique psychologie philosophie sciences sociales etc interagissent d sormais entre eux Les concepts les repr sentations les exp riences qui ont d fini un formalisme particulier dans leur champ d origine sont en situation de g n rer des hybridations et des t lescopages cr atifs avec d autres champs voisins Quelques artis tes parmi les plus innovants se sont d j saisis de cette opportunit pour s exprimer et fonder des mod les esth tiques appartenant en propre ce que nous vivons ce qui appartient de fa on sp cifique notre 18 Penser l cran Derrick de Kerckhove Internet all over hors s rie Art Press novembre 1999 Ecosyst mes du monde de l art Artpress n sp cial 2002 42 poque Les mod les abstraits et les logiques des syst mes se d velop pent d sormais au del des champs de leur construction initiale pour se combiner entre eux La coexistence
106. ures culturelles tr s profondes auxquelles nous n avons pas eu encore le temps de nous pr parer Ce qu il faut noter cependant c est que les bouleversements technologiques op rent une mutation des savoirs eux m mes Ce serait une erreur de penser que l ordinateur est une simple machine Une machine comme les autres Non l ordinateur est bien plus que cela lui tout seul il constitue un environnement complexe et nous n avons pas encore int gr et pris conscience de ce fait sa juste mesure Ce qu il faut retenir enfin dans l imm diat c est que l cran de l ordinateur ou sa r plique de grande dimension sous forme d cran mural plasma ou cristaux liquides est appel dans un avenir proche se substituer la surface du tableau talon traditionnel Le tableau tel qu il a t accultur apr s des si cles et des si cles de fr quentation dans les mus es ou ailleurs comme support quasi exclusif de l art Mais ce nouveau support que constitue l cran plasma par rapport celui que repr sente encore la peinture non seulement poss de l avantage sup pl mentaire reproduire le mouvement int gration du temps mais permet de surcro t par l usage en r seau une objectivation de la pen s e son partage et sa visualisation distance Comme l crit mon ami et complice Derrick de Kerckhove toujours aussi lyrique que perti nent L cran lectrifie ext riorise e
107. ut des Etats Unis Rapport Quemin Artpress n 278 avril 2002 p 53 4l Depuis 1981 le minist re de la Culture a op r un maillage de territoire en mettant en place les DRAC Directions R gionales d Art Contemporain et leurs conseillers artistiques qui se comportent en v ritables pr fets de l art Dans ce climat d l t re il est urgent de quitter un temps les cimaises confortables des galeries et des mus es pour retrouver un projet artistique face notre soci t Patrick Fleury artiste qg v nement du Jeudi N 650 17 avril 1997 L artiste et le commissaire Yves Michaud Editions Jacqueline Chambon N mes 1989 La com die de la culture Michel Schneider Seuil 1991 Les Impostures Jean Louis Pradel et Jean Fran ois Held L Ev nement du jeudi 18 24 juin 1992 Crise de l art et crise du discours Didier Moulonguet Lib ration 8 juillet 1993 Le complot de l art Jean Beaudrillard Lib ration 20 mai 1996 La crise de l art contemporain Yves Michaud Le Seuil Paris 1997 Requiem pour une avant garde Beno t Duteurtre Robert Laffon 1995 Pocket 2000 Fonctionnement et dysfonction nement de l art contemporain un proc s pour l exemple Fred Forest l Harmattan Pa 2000 Rapport Musso rapport Virilio Couchot Duguet Bec rapport Risset rapport Bu reaud Lafforgue Bouteville rapport Sally Norman rapport Marc Piemont se rapport Outs Lajus Lucas Anne Cot Bureaud
108. ux qu ils pr sentent La question de la bonne utilisation des fonds publics et du contr le de leur rendement se pose donc en prio rit M me avec des moyens relativement modestes il est toujours pos sible sinon de b tir des montagnes tout au moins de r aliser des actions valables Les exemples abondent dans ce sens mais la seule condi tion bien s r de le vouloir v ritablement et d tre particuli rement motiv et engag pour cela Rien ne changera en un jour pour tant de mauvaises habitudes acquises durant des lustres C est toujours la langue de bois et la m me opacit qui r pondent en cho nos espoirs d us La lassitude finit par gagner les plus entreprenants anim s du d sir de voir enfin les choses changer La force d inertie est l atout principal d un appareil qui finit par dissua der les plus pers v rants dans leur qu te d entreprendre Il est impossi ble au malheureux citoyen dans l quation pos e de faire la juste part des choses entre l investissement consacr par la puissance publique la culture l enseignement et son rendement effectif Catherine Millet directrice de la r daction d Artpress crit dans son ditorial du 11 sep tembre 2001 au sujet du rapport Quemin De m me si l aide de l tat favorise en effet la participation des ar tistes fran ais des expositions l tranger rien de p renne ne s ensuit usant ses semelles dans les salles des pri
109. voir une information conjointement sign e Guy Tortosa et Roudenko Bertin placard e sur les murs de l cole Nationale Sup rieure d Art de Cergy invitant les tudiants dans le cadre de la manifestation Art et Politique se rendre l Arc de Triomphe sans doute en se tenant par la main 84 simplement consid r es encore par lui comme politiquement incorrec tes Mario Costa th oricien de l esth tique de la communication attire notre attention sur le constat historique du tarissement des sources d inspiration traditionnelles de l art La beaut la v rit le signifi l expression personnelle sont en perte de souffle Le statut de l artiste volue dans des perspectives renouvel es En int grant sa d marche des m thodes des proc dures des protocoles relevant du domaine des sciences l artiste se pose d sormais comme un chercheur en esth tique Dans le contexte qui se dessine la fonction principale de l art n est plus de divertir de d corer ou encore de produire des motions mais bien de r viser notre interpr tation courante de la r alit Cela de mani re pouvoir prendre en compte avec une distance critique les cons quences des innovations technologiques sur notre fa on de perce voir d interpr ter et de vivre le monde Comme le souligne Derrick de Kerckhove l installation artistique entra ne l exploration de la technologie vers de nouveaux sommets et c
110. x Arts de Bourges avec ric Maillet dans le d par tement multim da et Roland Baladi en vid o t moigne galement d une approche clair e dans ces domaines respectifs La Villa Arson Nice dot e chaque ann e de budgets pharaoniques d couvre sou dain l Am rique avec le SCAN et un retard d une dizaine d ann es sur le s minaire de l esth tique de la communication du MAMAC Mus e d Art Moderne et d Art Contemporain de Nice Elle tente laborieusement d initier ses tudiants aux charmes de l Internet sous la houlette de deux enseignants bien connus pour leurs connexions avec les milieux institutionnels de l art contemporain officiel Il est toujours cependant un moment o les coles d art doivent se mettre n cessairement au go t du jour m me si c est avec plusieurs ann es de retard La Villa Arson compte tenu des moyens g n reux d Aix en Provence l Ensci enseignante invit e la School of the Art Institute Chi cago SAIC 1999 et l Universit du Qu bec Montr al UQAM 2001 Co organisatrice du colloque Artmedia VIII Co directrice avec Nathalie Magnan du re cueil de textes Connexions Art R seaux Media publi par l Ensba en mai 2002 81 Le projet du SCAN consiste donc essentiellement en la construction d une plate forme de rencontres au niveau p dagogique et artistique national et international En effet si le travail en r seau ne n cessite plus d atelier au sens t
111. y Gallimard Paris 1929 11 ee k Tout l art contemporain est il nul Patrick Barrer Editions Favre Gen ve 2000 35 nous pouvons prendre en d faut Bourdieu lu m me Bourdieu qui pa radoxalement en bon d fenseur de l art contemporain officiel qu il incarne pensait stigmatiser ceux qui le pourfendent alors que les armes qu il fourbit se retournent contre lui Agress s et agresseurs dans cette vaine querelle sont mettre au final dans le m me sac La r volution conservatrice trouve son terrain d lection dans le do maine de l art et de la culture parce que plus encore qu en mati re d conomie o les d munis ont toujours une certaine conscience de leurs manques et du redoublement de ces manques que favorise le re tour au pass avec par exemple la perte des acquis sociaux j ajouterai pour ma part au retour au pass le maintien un pr sent born qui est d j le pass les pauvres en culture les d munis culturels sont en quelque sorte priv s de la conscience de leur privation Les chantres de l art contemporain institutionnel ne sont ils pas au m me titre que les tenants de la r volution conservatrice des d munis culturels Apparemment ils ignorent ou feignent d ignorer tout de la r volution technologique qui les conditionne d j au quoti dien Tandis que portable en main ils soliloquent au milieu de la rue au risque de se faire craser

Sans figure de style superflue, entrons dans le vif du

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