Les arts et la culture
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1. Les arts et la culture au c ur de la pr vention de l illettrisme La pr vention de l illettrisme a ceci de paradoxal qu elle est invisible quand elle est r ussie On ne peut que s en r jouir puisque nos soci t s consid rent encore comme un tat naturel du citoyen la comp tence langagi re qui permet de lire le mode d emploi d un aspirateur de r diger une lettre de motivation un mot d amour ou de se procurer la rentr e scolaire aidant un classique pour quelques euros et la culture est vous affirme un slogan actuellement l affiche L illettrisme est donc per u a contrario comme l indice anxiog ne d une r gression possible de l effort ducatif de notre soci t Souvent il semble aux professeurs le symp t me d une crise profonde de l ap prentissage de la langue Face une r alit aux contours flous et potentiellement envahissants deux attitudes sont possibles qui ne doi vent pas s exclure mais se renforcer l une l autre La premi re consiste s attacher l illettrisme comme pa thologie le soigner et le pr ve nir Que se passe t il quand un en fant apprend lire et crire de l analyse scientifique de ce proces sus on cherchera tirer les moyens d une th rapie et d une prophy laxie La seconde attitude non plus scientifique mais empirique vise pr venir plus qu analyser Elle s attache l ensemble du contexte qui accompagne l a2. cc s de l enfant au langage g ographique social affectif le tout dans une approche individualis e Si la premi re d marche revient aux chercheurs et aux sp cialistes la seconde en re vanche est l affaire de tous duca teurs et parents les deux cas tant souvent r unis C est au c ur de cette seconde mouvance que s inscrit pleinement l ducation artistique non comme un rem de de luxe mais comme la prise en compte d une dimension essentielle de la d couverte du lan gage par l tre humain Il faut pla cer l art au c ur des apprentis sages Pour quelles raisons En voici trois qui ne pr tendent pas puiser le sujet Un enfant n acc de la ma trise d une langue que s il sent que la soci t l y autorise de plein droit Tout professeur de lettres en a fait ou en fera un jour l exp rience de vant l tude d un texte la r action d un l ve qui fuse M dame M sieur variante plus rare c est du langage pour riches va riante du langage de bourg gt Et le jeune coll gue de mesurer que si l Education est nationale la langue en revanche n est pas une Inutile de tenter de prouver que l idiome est homog ne que l on parle le m me fran ais son professeur et son copain que le fran ais qu on Fen tres parle est identique au fran ais qu on crit quand bien m me il serait analphab te l l ve ne s y laisserait pas tromper car il est
3. lasses projet artis tiques et culturel dites classes PAC qui du premier degr la sixi me et au lyc e professionnel installent l artiste dans la classe comme un compagnon de route avec qui l on fait un bout du che min p dagogique ou encore dans notre acad mie les EROA Espaces Rencontre avec l uvre d Art o l uvre s installe dans l tablissement occasion pour l ar tiste d embarquer les l ves dans son aventure cr atrice En lyc e professionnel les PPCP projet plu ridisciplinaire caract re profes sionnel rappellent que l artisan et l industrie ont avec l art plus d une attache commune Toutes ces inter ventions ont en commun leur ri chesse humaine et culturelle en ef fet l intervention artistique sait qu elle r pond un deuxi me constat Dans l itin raire qui va du discours spontan la ma trise de la langue la complexit est premi re et l l mentaire second Point n est besoin d tre psychana lyste pour savoir l importance du r cit parental dans l veil de l enfant ce que lui racontent son p re et sa m re avant que l cole ne l accueille histoire de sa propre famille contes chansons explica tions fournies sur le monde ou tout simplement parole adress e comme une personne et non comme un animal domestique cas qui n est pas si rare h las sont le terreau du d veloppement intellectuel de l estime de soi et donc d un rap po
4. lo cuteur de sa langue Cependant la mission du profes seur est de mettre port e de tous ces formes du langage auxquels tous n ont pas imm diatement ac c s Plus encore il doit convaincre en profondeur du droit d acc s que poss de l l ve la ma trise de la langue Sans cette conviction l le ve se sentira exclu par le code il ne verra en lui qu un temple construit afin de le laisser dehors lui profa ne et inconsciemment il adoptera le comportement ad quat il wen trera pas Mission crasante pour le professeur de langue fran aise mais aussi bien de toute langue maternelle s il est solitaire tre ce levier qui l vera les inhibitions so ciales inconscientes Mais l artiste est son alli Des artistes peintres musiciens com diens crivains qui ont leur carri re propre peu vent intervenir dans les tablisse ments scolaires Ils ne viennent pas faire de l animation ils apportent leur monde avec ce qu il a d h t rog ne et d irr ductible mais aussi de transmissible Ainsi ont t cr s les ateliers artistiques o la pr sen ce de l artiste aux c t s des ensei gnants atteste physiquement que l criture le th tre la musique la danse sont des mondes o l enfant a droit d acc s et d expression voir les photographies ci contre du tra vail de Marc le Piouff crivain et danseur D autres dispositifs vont dans le m me sens ce sont entre autres les c
5. pren tissage qu on donne le go t du langage et qu on en permet l acqui sition C est par des fables au sens qu Aristote donnait ce mot mythos en grec Ces fables ces r cits ces textes porteurs et d clen cheurs d imaginaire ne peuvent eux m mes se contenter d une lec ture muette plus ou moins oralis e le souffle le rythme la voix le chant autrement dit la place du corps dans la prof ration sont les medias v ritables qui donneront l enfant ce bagage aussi complexe analyser qu il est ais acqu rir par l impr gnation sensible Un apprentissage o la d marche mim tique et intuitive joue un r le d cisif De l importance de la dimension artistique ou po tique dans l ac quisition d une culture commune primordiale d coule un certain largissement de la transmission p dagogique Nos m thodes d ap prentissage privil gient c est bien connu la d marche rationnelle comme filtre de l acquisition Au pays de Descartes peu de choses s acqui rent qui ne soient au pr a lable comprises par l entende ment c est dire d compos es et recomposables par cet esprit d ana lyse et de synth se dont l auteur de la M thode a fait ses principes car dinaux Les m rites universitaires et scientifiques de cette d marche ne sont pas d montrer Mais on sait aussi quel prix d inhibitions et d checs les l ves peu dociles cette h g monie du rationnel paient en
6. retour alors m me que l pist mologie permet de mesurer la part de hasard et d intuition que renferme la d couverte scientifique Si donc l imagination le r ve le mythe sont des voies d acc s royales l univers du langage leur fr quentation suppose une d marche d acquisition fond e sur autre chose que la pure intellection Il faut oser dire que tout ne s y met pas en mots mais que l imitation sensorielle l informul y gardent droit de cit Le rapport entre le ma tre et l l ve entre l exp rience et l initiation retrouvent ici une di mension humaine et individuelle ir r ductibles toute d composition Imiter l inflexion d un acteur pro non ant une r plique prendre sur le sol et dans l espace des rep res pour se l apprivoiser dessiner peindre chanter photographier fil mer percevoir le monde l cole des grands mod les cela suppose une progression qui un moment donn puisse se passer des mots Or c est pr cis ment ce droit se passer des mots qui rendra les mots d sirables Cet article est d di la m moire de Christophe Wattel par Fran oise Gomez IA IPR Fran oise Gomez IA IPR de lettres est charg e du dossier acad mique Th tre et arts du cirque Elle est conseill re du DAAC pour les questions p dagogiques et par ailleurs responsable de la formation la CANTE cellule acad mique pour les nouvelles technologies ducatives Du mou
7. rt ais au langage Cette culture originelle donn e par la famille est complexe et riche l instar de tout imaginaire culturel Si pour des rai sons conjoncturelles ou cono miques cette culture premi re vient manquer l cole est le seul re cours compensateur la derni re chance de l enfant Or l cole quand elle apprend lire et cri re se fonde sur une combinatoire d unit s graph mes phon mes qui ne prend sens qu en s enraci nant dans un contexte Toutes les tudes sont formelles l l ve lec teur est celui qui reconna t plus qu il ne d couvre celui qui anticipe le mot qui suit par rapport au mot qu il lit dans une projection inces sante vers l venir du message Plus l enfant a pr alablement ren contr de sc narios types plus il pourra largir le champ des sens possibles d une lecture lire plus vite et plus s rement Plus sa m moire consciente et inconsciente aura emmagasin d nonc s mo d les plus il saura s exprimer ais ment et avec pertinence Produire du sens du texte c est d abord re produire Ce qui est vrai de l l ve de CP l est tout autant du bachelier et de l agr gatif le processus est le m me seul le niveau change L apport des arts et de la culture ar tistique appara t clairement au c ur de cette innutrition essentielle Ce n est pas ou pas seulement avec des nonc s minimaux d contex tualis s purs instruments d ap
8. vement vers l criture le travail de Marc le Piouff crivain danseur Depuis 2001 Marc Le Piouff crivain anime des ateliers qui vont du CP au lyc e et qui utilisent le mouvement comme d clencheur de mots Partir du corps d crire le mouvement qu on trace dans l espace s inspirer des mots qui viennent pour les transposer autant d actes qui permettent l acc s la parole po tique Une aventure collective o chacun peut apporter son regard son nergie et contribuer faire uvre commune Chez les plus jeunes il en ressort parfois un totem de mots voir photographies ci dessus num ro 13 http www bienlire education fr
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