Fiche de lecture Joseph S. Nye Jr The paradox of American power
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1. injecter de la l gitimit d mocratique dans les processus multilat raux Plusieurs pistes sont esquiss es concevoir les institutions multilat rales de fa on m nager de l espace au profit des processus d mocratiques internes comme c est le cas avec l OMC inclure des parlementaires dans les d l gations de n gociation et les instances consultatives renforcer la transparence et la responsabilit accountability des organisations internationales en y aiguillonnant en ce sens les m dias les ONG les mandants etc En conclusion de son essai Nye se d clare confiant dans la capacit des Etats Unis a pr server son statut de puissance mondiale dominante pendant le vingt et uni me si cle pour autant qu ils parviennent pr server la croissance de leur productivit maintenir leur puissance militaire sans verser dans l extr me de la sur militarisation se garder de la tentation de l unilat ralisme et de l arrogance se prot ger de catastrophes qui provoqueraient un repli isolationniste et d finir les int r ts nationaux de fa on assez large et clairvoyante pour int grer les int r ts de la communaut internationale L auteur cite nouveau Kissinger selon lequel pour les Etats Unis la pierre de touche de l Histoire serait de savoir si nous pouvons convertir notre puissance dominante actuelle en consensus international et nos principes en normes largement accept es dans le mo2. am ricain n en diminue nullement l int r t pour les Etats Unis En effet si le multilat ralisme a un co t celui ci est largement compens par les b n fices qu en retirent les Etats Unis qui en fondant leur action sur une base juridique solide peuvent faire mieux accepter l exercice d une puissance disproportionn e D autre part si leur libert d action est effectivement r duite celle des autres l est galement C est l souvent le meilleur moyen d atteindre nos objectifs long terme conclut Nye qui refuse cependant de l riger en dogme et identifie les circonstances o l int r t bien compris des Etats Unis justifie une d marche unilat rale livrant 7 crit res d arbitrage lorsque sont en jeu les int r ts vitaux m me s il est indiqu de rechercher un soutien multilat ral en appui d une action unilat rale crise des missiles de Cuba lorsqu un accord multilat ral interf re avec la capacit am ricaine de g n rer de la s curit dans les r gions instables du monde incidence du trait d interdiction des mines terrestres sur l quilibre militaire dans la p ninsule cor enne ou encore du trait cr ant la CPI sur la capacit de participation de soldats am ricains des op rations de maintien de la paix lorsque une action unilat rale apporte une am lioration aux r gimes multilat raux par exemple des menaces de sanctions unilat rales pour ame
3. ne leur vaudrait leur seul potentiel militaire ou conomique Sans doute conclut Nye le soft power n est pas un strict synonyme de l influence mais il en est l une des sources et une source importante la Nye distingue les Etats pr industriels pauvres et faibles o la guerre est monnaie courante les Etats industriels en cours de modernisation tels que l Inde ou la Chine o la guerre est encore accept e et les nations post industrielles Am rique du nord Europe Japon qui y sont r fractaires mondialisation contribue accro tre son impact m me si elle est moins maniable par des politiques volontaristes que le hard power Sur cette analyse l ancien secr taire adjoint la d fense b tit pour d finir la position des Etats Unis un mod le de description de la distribution de la puissance dans le monde contemporain assimil un chiquier complexe trois dimensions l chiquier de la force militaire sur ce plan la puissance des Etats Unis est in gal e On peut parler d unipolarit l chiquier de la puissance conomique sur lequel op rent d autres acteurs tels que l Europe qui fait jeu gal avec les Etats Unis et le Japon On ne peut en l occurrence parler d h g monie le dernier chiquier est celui des relations transnationales qui chappent largement au contr le des gouvernements flux financiers migrations entreprises multinationales ONG piraterie
4. Fiche de lecture Joseph S Nye Jr The paradox of American power why the world s only superpower can t go it alone Oxford University Press 2002 L auteur Joseph Nye actuellement doyen de la Kennedy School of Government de l universit Harvard a t pr sident du National Intelligence Council et secr taire adjoint la d fense dans l administration Clinton Il est notamment l auteur de Bound to lead the changing nature of American power Dans cet essai sur la puissance am ricaine J Nye fait une s rie de constats sur l tat du monde et en d crit les cons quences pour la politique trang re des Etats Unis 1 La dynamique des relations internationales a profond ment transform l exercice de la puissance D finissant la puissance comme la capacit d obtenir un r sultat donn et si possible d alt rer dans ce sens les comportements des autres Nye observe qu une telle capacit est g n ralement associ e la possession de certains moyens population territoire puissance conomique force militaire ce sont l des atouts importants qui ne procurent la puissance cependant qu la condition d tre bien jou s Si historiquement la puissance s est manifest e par la guerre et la conqu te cette forme d exercice de la puissance a perdu de son importance dans le monde post industriel au profit de formes plus complexes Certes le poids du facteur militaire est loin d a
5. cadre des fronti res nationales changements climatiques pid mies terrorisme criminalit Il en va de m me pour l conomie Aussi les d marches unilat ralistes en alliant arrogance indiff rence l opinion d autrui et d finition troite de l int r t national aboutissent elles de fa on s re et certaine l rosion du soft power am ricain Toute tentative de dominer fait observer Nye en citant Richard Haass le chef du Policy Planning Staff de l administration Bush se heurterait un d faut de soutien interne et stimulerait la r sistance l tranger ce qui ne manquerait pas par voie de cons quence d accro tre le co t de l h g monie et d en r duire les b n fices S interrogeant sur les raisons de cette situation Nye souligne que suite la disparition de la menace sovi tique qui d terminait clairement l int r t national celui ci est aujourd hui dans un contexte d indiff rence de l opinion publique aux probl matiques de politique trang re mal identifi Dans cette situation de confusion le syst me politique am ricain laisse le champ libre aux special interests aux lobbies qui pressent le Congr s de l gif rer et d intervenir lourdement dans la tactique de la politique trang re Et l auteur de citer Henry Kissinger ce qui est pr sent par des voix trang res comme la qu te am ricaine d une domination est fr quemment une r pon
6. d le est l nouveau l Angleterre victorienne qui dans le cas des Etats Unis contemporains se retrouve sous trois formes les d ploiements de forces am ricaines dans le monde qui produisent au b n fice des Etats concern s de la r assurance contre les candidats r gionaux l h g monie la promotion d un syst me plus ouvert d changes internationaux qui b n ficie aux Etats les plus pauvres m me de trouver des d bouch s pour leurs produits Cette priorit implique galement de r sister aux tentations protectionnistes internes les maintien des voies de communication et par extension la lutte contre le terrorisme qui peut tre consid r comme la piraterie des temps modernes Ces fonctions doivent naturellement tre maintenues mais la production de bien public international doit aller bien au del et faire place galement aux ressources du soft power l aide au d veloppement par la lib ralisation du commerce mais aussi par des moyens financiers et par les progr s scientifiques est justifi e par des motifs humanitaires mais aussi par le fait que des pays pauvres lointains peuvent devenir selon l expression de l conomiste J Sachs des p les de d sordre pour le reste du monde Nye d plore que le niveau d APD des Etats Unis soit tomb 0 1 du PIB trois fois moins que celui de l Europe la consolidation des r gimes juridiques internationaux dans t
7. e sens du multilat ralisme paiement des arri r s aux Nations unies formation d une coalition et coop ration internationale dans la lutte contre le terrorisme mais ce mouvement ne s est gu re consolid les d marches de d nigrement de la Cour P nale Internationale l unilat ralisme dans la d termination des Etats coupables de soutenir le terrorisme ont montr les limites de cette volution L auteur consacre de longs d veloppements l examen des menaces qui p sent sur la supr matie des Etats Unis la Chine la Russie le Japon l Inde et l Union Europ enne poss dent certes un potentiel r el de d veloppement de tel ou tel aspect de la puissance et il est probable que l cart se r duira mais ce processus sera lent s talant sur plusieurs d cennies Et sauf catastrophes r p tition frappant les Etats Unis ceux ci n ont pas craindre de voir surgir une autre puissance capable de leur disputer la pr minence m me sous la forme d une alliance dont seule un accumulation de maladresses de la part de Washington pourrait au demeurant susciter la formation Non le vrai danger pour la puissance am ricaine r side dans la tentation des Etats Unis d agir seuls alors que tous les d fis auxquels le pays se trouve aujourd hui confront requi rent la coop ration avec d autres Etats Car la plupart des probl mes que les Etats doivent aujourd hui traiter ne peuvent plus l tre dans le
8. informatique terrorisme etc Le d veloppement de ces relations doit beaucoup la r volution de l information qui en faisant baisser le co t de celle ci a ouvert l acc s de nouveaux acteurs Malgr le r le pr minent qu ont jou les Etats Unis dans cette r volution de l information et les atouts dont ils disposent on ne saurait parler d h g monie ni m me de multipolarit tant la dispersion et la multiplicit des protagonistes sont ici la r gle De ce constat Nye tire la conclusion qu une approche des relations internationales privil giant trop exclusivement le premier chiquier celui de la force militaire et ignorant les deux autres ainsi que les liaisons verticales entre eux serait vou e P chec 2 La strat gie am ricaine a accord et continue d accorder une importance excessive au facteur militaire Ce choix s est jusqu au 11 septembre 2001 doubl d une posture d indiff rence au monde ext rieur et de focalisation sur les questions internes Moyennant quoi poursuit Nye le choc du 11 septembre a t per u comme un avertissement wake up call par une nation qui s tait complaisamment install e apr s la chute de l empire sovi tique dans sa position de puissance mondiale sans rivale alliant dans la conduite de sa politique trang re unilat ralisme arrogance et esprit de clocher parochialism Sans doute le choc du 11 septembre avait il provoqu un sursaut dans l
9. ministrations Reagan et Clinton susceptible de renforcer par une image plus positive le soft power des Etats Unis e Proc der un arbitrage r fl chi entre d marches unilat rales et d marches multilat rales Conc dant qu il y a souvent entre les tenants de l un et l autre camp davantage de diff rences de degr que d opposition radicale Nye postule que ces diff rences n en sont pas moins importantes induisant quelquefois une politique schizophr ne des Etats Unis qui se sont engag s dans la n gociation de trait s tels que le CTBT le trait d interdiction des mines la CPI ou le protocole de Kyoto pour se retrouver in Jine incapables d obtenir leur ratification par le S nat R cusant les arguments des unilat ralistes il fait valoir que les dirigeants am ricains n ont pas toutes les bonnes r ponses et ne sont pas l abri de l hubris Mais surtout si les Etats Unis pensent agir au profit non seulement de leurs int r ts propres mais aussi de ceux de la communaut internationale il ne peuvent se dispenser de demander aux autres leur avis car ils connaissent leurs int r ts mieux que les Etats Unis les conna t Et se pronon ant r solument en faveur d une approche multilat rale de la politique trang re des Etats Unis Nye estime que int r t que peuvent trouver au multilat ralisme certains pays il cite la France et les pays en voie de d veloppement pour ligoter le Gulliver
10. nde Ce fut l la grandeur laquelle ont atteint en leur temps l Empire romain et la Grande Bretagne Nye souligne que les Etats Unis auraient int r t travailler l am lioration des proc dures de la CPI plut t qu laisser voluer celle ci hors du contr le am ricain
11. ner des pays r calcitrants se soumettre aux r gles de l OMC ou encore lorsqu une norme am ricaine par exemple sur la r gulation des march s financiers permet d obtenir par diffusion un nivellement par le haut des normes internationales lorsque le multilat ralisme est un motif d inaction de la communaut internationale ou lorsqu il sert promouvoir des valeurs contraires celles profess es par les Etats Unis par exemple les tentatives d tablir au cours des ann es 70 un nouvel ordre international de l information le multilat ralisme doit tre en revanche pr serv pour les probl matiques qui ne peuvent tre trait es par les Etats Unis seuls changements climatiques maladies infectieuses march s financiers changes commerciaux drogue et criminalit le multilat ralisme doit galement tre un moyen d amener les autres Etats partager le co t de la production du bien public international ce pr cepte doit galement s appliquer l action militaire comme le souhaite du reste l opinion am ricaine car outre le partage du fardeau l action multilat rale conf re de la l gitimit enfin l arbitrage entre action unilat rale et action multilat rale doit prendre en compte l incidence sur le soft power am ricain et s il penche en faveur du premier terme tre suivi d un effort d explication appropri e Ouvrir la r flexion sur les moyens d
12. ous les domaines y compris la prolif ration des armements le maintien de la paix les droits de l homme la lutte contre le terrorisme les actions de m diation dans les conflits r gionaux Irlande du nord Mer Eg e Proche Orient la promotion des droits de l homme et de la d mocratie est un pan essentiel de la d finition de l int r t national am ricain mais cet outil est d un maniement d licat car il est ressenti dans de nombreuses r gions du monde comme une manifestation d unilat ralisme bien pensant ou encore d hypocrisie lorsqu il faut viter d indisposer des partenaires politiques des Etats Unis Arabie Saoudite Le fait est que par la couverture m diatique qui leur est accord e les probl matiques de droits de l homme lato sensu S invitent l agenda diplomatique am ricain comme ce fut le cas au cours de la d cennie pass e pour la Somalie le Rwanda Ha ti la Bosnie ou le Kosovo Le mode d emploi pr conis par Nye s appuie sur quelques r gles il ajoute que le moindre commandement militaire r gional emploie un millier de personnes soit bien davantage que tous les fonctionnaires affect s aux relations avec les Am riques dans les D partements d Etat du Commerce du Tr sor et de l Agriculture Elle avait r ussi promouvoir trois objectifs le maintien de l quilibre des puissances sur le continent europ en le commerce international et la libe
13. rt des mers avec notamment l limination de la piraterie maritime gt utiliser toute la palette des instruments diplomatiques classiques condamnation pressions sanctions et ne recourir l usage de la force que dans les cas les plus extr mes viter en tout tat de cause le recours la force pour des seuls int r ts humanitaires en l absence d autres int r ts nationaux la motivation pour demeurer engag tant alors insuffisante cas de la Somalie dans la cas d un recours la force il faut que la cause soit juste les moyens employ s proportionn s la fin et la probabilit de succ s lev e gt rechercher l association d autres acteurs r gionaux en leur laissant de pr f rence la conduite des op rations Australie Timor Est Royaume Uni en Sierra Leone gt ne pas tol rer la r p tition d un g nocide tel que celui du Rwanda en 1994 gt viter de prendre parti dans des guerres civiles d autod termination Sans doute ces r gles ne sont elles pas une panac e mais elles d finissent un juste milieu entre l abstention et l interventionnisme syst matique Elles ne dispensent pas d une d marche plus volontariste sur le plan interne par la ratification des instruments internationaux encore en souffrance en mati re de droits de l homme et sur le plan ext rieur par une promotion active de la d mocratie qui fut un volet important de la politique des ad
14. se des groupes de pression internes l effet cumulatif de ces actions am ne la politique trang re am ricaine des conduites unilat ralistes ou d intimidation bullying Car la diff rence des changes diplomatiques qui sont g n ralement une invitation au dialogue la l gislation s analyse en une prescription prendre ou laisser c est dire l quivalent en termes op rationnels d un ultimatum 3 La red finition de l int r t national Nye se donne pour t che dans le dernier chapitre de d finir une politique trang re qui refl te le bon quilibre entre la tentation du repli et l extr me oppos l imperial overstretch La r ponse r side dans une combinaison appropri e entre hard power et soft power en accordant ce dernier l ment un poids important raison de son r le croissant du fait de la mondialisation mais aussi parce qu il y a un co t ignorer l opinion des autres parce que m me bien intentionn s les Am ricains champions de l h g monie bienveillante benign hegemony n ont pas toutes les r ponses parce les autres nous respectent et sont pr ts nous suivre lorsque nous ne sommes pas trop arrogants La d marche de d finition de l int r t national doit donc tre clair e par une r flexion sur les limites de la puissance des Etats Unis qui ne leur conf re pas l omnipotence Au del de la d fense des int r ts vitaux stric
15. to sensu du pays o son emploi ne pose pas de probl me de l gitimit la puissance doit tre rapport e la notion de bien public international que constitue l ordre international une notion que Nye emprunte la th orie conomique un bien que chacun peut consommer sans r duire sa disponibilit pour d autres Les Etats Unis tant un b n ficiaire important de ce bien public il leur incombe de prendre le leadership dans sa production car aucun des autres pays de la plan te galement b n ficiaires mais moins bien dot s en moyens ne peut se substituer eux Cette d marche implique de e mobiliser les ressources qui permettent de produire ce bien public Il s agit de hard power bien entendu mais avec un investissement accru dans les aspects non militaires alors que le Congr s s est montr pr t allouer 16 du budget f d ral aux d penses de d fense la part de ce budget consacr e l action internationale des Etats Unis est pass e de 4 pendant les ann es 60 1 aujourd hui Notre force militaire est importante commente Nye mais pas seize fois plus importante que notre diplomatie Il s agit galement de soft power en montrant l exemple ce qui exigera davantage de mesure de la part du Congr s et le refus de la tentation de faire passer l int r t national troit avant les besoins de la communaut internationale e D finir une strat gie d emploi Le mo
16. voir disparu cf le r le des forces am ricaines stationn es en Asie orientale et au Proche Orient dans les quilibres strat giques r gionaux mais d autres formes ont gagn en importance commencer par le pouvoir conomique qui ne se r duit pas des statistiques de PIB mais englobe le pouvoir pour un Etat de dicter ou d obtenir des r gles du jeu qui lui soient favorables Ce sont l souligne Nye des manifestations du hard power en ce sens que par un jeu de sanctions et d incitations ces domaines offrent des leviers aux politiques volontaristes des Etats qui les contr lent Ce crit re du contr le direct d finit galement par contraste une forme indirecte d exercice de la puissance le soft power m lange de sympathie et d effet d attraction au b n fice d un pays des valeurs et de la culture qu il incarne le mod le historique en a t tabli par l Angleterre victorienne et l poque contemporaine dans le cas des Etats Unis ce sont les valeurs de libert de prosp rit de d mocratie de mobilit sociale et d ouverture qui leur valent les suffrages l tranger en particulier aupr s du demi million d tudiants trangers qui font leurs tudes sup rieures aux Etats Unis Dans le cas des pays scandinaves ou du Canada par exemple le soft power acquis gr ce leurs politiques d aide au d veloppement et de maintien de la paix leur conf re un rayonnement plus grand que
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