JULIUS CAESAR - Centre Dramatique National d`Orleans
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1. en ai profit pour mener des aventures parall les en cr ant par exemple L IMAGE de Beckett avec le danseur Damien Jalet et Anne Brochet J ai travaill avec un chor graphe des plasticiens J ai d velopp des projets l tranger Puis en 2007 j ai t nomm directeur du CDN d Orl ans et les choses se sont d bloqu es Ces exp riences ce temps pass entre PLACE DES HEROS la Com die Fran aise en 2004 et JULES C SAR m ont rapproch de moi m me de pourquoi je faisais du th tre et de comment j avais envie d en faire La culture underground le disco le jazz le cin ma et la danse m ont beaucoup construit et je me suis reconnect a en faisant ce spectacle peut tre aussi parce que j tais loin JULES C SAR est une pi ce profond ment d sesp r e o les horreurs du monde sont per ues par un enfant que cela laisse litt ralement sans voix Je me suis inconsciemment projet dans cet enfant c est peut tre pourquoi le spectacle est nourri de ce qui me faisait vibrer cet ge projeter des films Super 8 bricoler des marionnettes regarder les missions des Carpentier ou des s ries TV C est port par cette nergie et cette conscience que j ai ensuite abord ORDET en 2008 JULES C SAR en est la matrice L exp rience de ces deux spectacles se cristallise finalement dans ma derni re cr ation LE MUSEE DE LA MER qui est un tournant pour moi JULES C SAR comme ORDET sont2. tudes d arts plastiques et de cin ma ilentre en 1987 l cole du Th tre national de Chaillot dirig e par Antoine Vitez D abord acteur il cr e ses premi res mises en sc ne au CDDB Th tre de Lorient LE MALADE IMAGINAIRE OU LE SILENCE DE MOLI RE d apr s Moli re et Giovanni Macchia 1999 et OH LES BEAUX JOURS 2003 pr sent l Od on Th tre de l Europe et Buenos Aires Suivront en France PLACE DES H ROS qui marque l entr e de Thomas Bernhard la Com die Fran aise 2004 ORDET LA PAROLE de Kaj Munk au Festival d Avignon 2008 et au th tre du Rond Point dans le cadre du Festival d Automne Paris JAN KARSKI MON NOM EST UNE FICTION d apr s le roman de Yannick Haenel au Festival d Avignon 2011 FAIM d apr s le roman de Knut Hamsun avec Xavier Gallais au th tre de la Madeleine 2011 LA MOUETTE de Tchekhov 2012 dans la Cour d honneur du Palais des papes au Festival d Avignon KADDISH d Allen Ginsberg 2013 lecture mise en espace cr e au Mus e d Art et d Histoire du Juda sme puis reprise pour l dition 2013 du Festival d Avignon Il travaille r guli rement aux tats Unis et cr e Atlanta deux pi ces de B M Kolt s BLACK BATTLES WITH DOGS 2001 pr sent en France Chicago Ath nes et au Festival d Avignon 2006 puis ROBERTO ZUCCO 2004 et Boston pour l American Repertory Theater ABIGAIL S PARTY de Mike Leigh 2007 et JULIUS CAESAR de Sha
3. Avignon le Clo tre des Carmes la Cour d Honneur du Palais des Papes qui m tait initialement propos e Le rapport horizontal entre plateau et salle au Clo tre des Carmes faisait des personnages d ORDET des personnes alors que la Cour d Honneur dans sa contre plong e vertigineuse les aurait soumis au divin Dans quelle mesure peut on lire ORDET comme un manifeste th tral Arthur Nauzyciel La question qui sous tend la pi ce me bouleverse apr s les trag dies qui ont travers le xx si cle en quoi peut on croire aujourd hui Comment vivre D o nous vient cette force Je suis tr s mu par le potentiel de l art aider supporter les souffrances du monde saisir cette douleur archa que cette d chirure m taphysique li e la perte de l autre Kaj Munk comme Carl Dreyer qui a adapt la pi ce au cin ma en 1955 ont tous deux perdu leur m re enfants Tous deux furent confront s l absence d une r surrection qu on leur avait promise et ont r par la douleur par le geste artistique Je me sens proche de la d marche de ces artistes qui ont retrouv dans l acte de cr ation quelque chose que le r el leur avait t L Art vient r parer le r el ORDET comme le th tre sans doute c est la confiance dans la parole En cela ORDET est un manifeste CENTRE DRAMATIQUE NATIONAL ORL ANS LOIRET CENTRE DIRECTION ARTHUR NAUZYCIEL Arthur Nauzyciel Mise en sc ne Apr s des
4. ORDET La Parole et JULIUS CAESAR Jules C sar de Shakespeare cr l American Repertory Theatre de Boston en f vrier 2008 Ces deux pi ces centr es sur la question de la parole forment un diptyque ENTRETIEN r alis pour le Festival d Automne Paris par Eve Beauvallet Lorsque L American Repertory Theatre de Boston vous a propos de venir cr er JULES C SAR vous aviez d j entam le projet d ORDET depuis 2005 De quelle fa on ces deux propositions s inscrivent elles dans votre parcours Arthur Nauzyciel Ce qui m int resse au th tre c est de r inventer chaque fois un processus de travail en fonction du projet Le contexte de cr ation qu il soit intime politique ou social est pour moi un moteur puissant Il participe d une fiction comme s il devenait le sujet m me de la cr ation L American Repertory Theatre de Boston o javais d j pr sent ABIGAIL S PARTY m a propos en 2007 la cr ation de JULES C SAR pour f vrier 2008 au moment m me o le projet d ORDET tait repouss pour la seconde fois pour raisons budg taires Le festival d Avignon m avait invit cr er ORDET en 2005 pour la Cour d Honneur du Palais des Papes Je travaillais l poque en compagnie sans apport financier la production avait du mal se monter Pendant plus de 3 ans je n ai CENTRE DRAMATIQUE NATIONAL ORL ANS LOIRET CENTRE DIRECTION ARTHUR NAUZYCIEL rien pu faire en France J
5. ce repose jusqu au cinqui me acte sur des hors champs syst matiques toutes les actions nous sont rapport es par le discours Toujours il est question de gens qui viennent dire leurs r ves ou leurs pr monitions C est l interpr tation que les personnages font du discours qui influe sur le cours du Monde Les actes de JULES C SAR s ach vent aussi souvent sur Brutus qui dit Lucius rendors toi tu as r v comme si Lucius tait le r veur ou le t moin de l histoire Alors que tout tient la rh torique on perd vite le sens du r el dans cette pi ce comme si on tait l envers du Monde Peut tre Brutus est il d j mort sans le savoir comme Bruce Willis dans LE SIXIEME SENS Vous voquez souvent l id e que le th tre est un lieu o les vivants convoquent les morts Arthur Nauzyciel Marie Darrieussecq m a fait remarquer qu il y avait un mort ou son fant me au centre de tous mes spectacles Les personnages hantent les vivants ils sont porteurs d une m moire collective Raconter une histoire c est lutter contre l oubli Le th tre m int resse lorsque les fronti res entredeux mondes habituellement distincts acteurs spectateurs r el fiction morts vivants se fondent partir du moment o au th tre les morts se rel vent c est comme si l exp rience de la repr sentation tait une fa on de conjurer la mort une c l bration du vivant Le plateau es
6. d une perte de foi en l art et d une poque contemporaine abreuv e uniquement aux pop cultures JULES C SAR crite juste avant HAMLET fut la pi ce choisie par Shakespeare pour l inauguration du Globe en 1599 Curieusement c est celle qui cl turera un pan de l histoire de l A R T Alors que JULES C SAR est consid r aux Etats Unis comme pierre angulaire de l uvre de Shakespeare la pi ce est quasi inconnue en France De quelle fa on expliquez vous cette divergence de popularit Les interpr tations du texte sont elles diff rentes dans les deux pays Arthur Nauzyciel Comme beaucoup je ne connaissais pas la pi ce mais je connaissais le film JULES C SAR fait partie du parcours scolaire de tout jeune gar on am ricain pour les filles c est ROMEO ET JULIETTE La pi ce les fascine parce qu ils l envisagent comme une pi ce de batailles de guerre Les Am ricains font des personnages de JULES C SAR des super h ros pourtant le texte indique bien qu ils sont comme des h ros sans qu te comme les KAGEMUSHA d Akira Kurosawa ces samoura s qui ont perdu le sens de leurs actions La r ception de la pi ce fut donc partag e et pol mique aux Etats Unis Il y a d autres raisons mon travail est tr s pr cis sur le texte et donc soucieux de la versification or les am ricains ne la respectent pas Il est centr sur la langue qui elle seule fait exister le monde de JULES C SAR La pi
7. tre il a travaill avec les metteurs en sc ne George C Wolfe Brian Kulik Mary Zimmerman Ron Daniels Liz Diamond Peter du Bois et notamment Robert Woodruff Ethan Coen John Turturro Plus r cemment il a r alis la sc nographie MARIE ANTOINETTE de David Adjmi mise en sc ne Rebecca Taichman l automne 2012 IPART American Repertory Theater Scott Zielinski Cr ateur Lumi re Pour Arthur Nauzyciel il a cr les lumi res de JULIUS CAESAR LE MUS E DE LA MER JAN KARSKI MON NOM EST UNE FICTION RED WATERS ABIGAIL S PARTY LA MOUETTE Scott Zielinski vit New York clairagiste pour le th tre la danse et l op ra il a travaill sur des projets cr s partout dans le monde avec des metteurs en sc ne am ricains ou trangers notamment Richard Foreman Robert Wilson Tony Kushner Hal Hartley Krystian Lupa New York il travaille r guli rement Broadway pour la production de TOPDOG UNDERDOG de Suzan Lori Parks et pour le Lincoln Center et The Public Theatre Il cr e galement les lumi res pour des productions dans de nombreuses autres villes nord am ricaines avec de nombreux metteurs en sc ne et chor graphes comme Neil Bartlett Chase Brock Chen Shi Zheng Karin Coonrod Ron Daniels David Esbjornson Daniel Fish Sir Peter Hall Tina Landau Jonathan Moscone Diane Paulus Lisa Peterson James Robinson Anna Deveare Smith Twyla Tharp George C Wolfe Mary Zimmerman De
8. Automne en Normandie Le Cadran Evreux 5 6 novembre 2009 Com die de Clermont Ferrand 11 14 novembre 2009 Com die de Reims 18 19 novembre 2009 CDDB th tre de Lorient Cr ation 13 f vrier 16 mars 2008 American Repertory Theatre Loeb Drama Center Cambridge Boston USA CENTRE DRAMATIQUE NATIONAL ORL ANS LOIRET CENTRE DIRECTION ARTHUR NAUZYCIEL JULIUS CAESAR JULES C SAR de William Shakespeare Mise en sc ne Arthur Nauzyciel D cor Riccardo Hernandez Costumes James Schuette Lumi re Scott Zielinski Son David Remedios Chor graphie Damien Jalet Dramaturges Gideon Lester et Nj al Mj os En tourn e Coiffure Alain Silvani Ave R gisseurs g n raux k Sara Kathryn Bakker Jean Marc Hennaut et Eric Bl vin Luca Carboni R gisseurs plateau Sean Kelso et Gardiner Comfort Elizabeth Bouchard Jared Craig R gisseur lumi re Christophe Delarue R gisseur son Florent Dalmas Surtitrage Anika Vervecken Thomas Derrah Roy Faudree Isma il Ibn Conner Thomas Kelley Mark L Montgomery Daniel L Daniel Pettrow Neil Patrick Stewart James Waterston Et le trio de Jazz Marianne Solivan chant Eric Hofbauer guitare Blake Newman contrebasse Spectacle en anglais surtitr partir de la traduction de Louis Lecocq Robert Laffont 1995 collections Bouquins CENTRE DRAMATIQUE NATIONAL ORL ANS LOIRET CENTRE DIRECTION ARTHUR NAUZYCIEL Apr s deux pi ces de Bernard Marie Kolt s BL
9. Festival Pioneer Theater Williamstown Theatre Festival Pennsylvania Shakespeare Festival A la t l vision et au cin ma elle joue dans LAW amp ORDER CONVICTION GHOST STORIES et dans le film ind pendant END OF THE SPEAR
10. grandes trag dies Inspir de Plutarque Shakespeare l crit un moment critique et d cisif de l histoire de l Angleterre la r volte d Essex contre Elizabeth I Comme dans RICHARD II 1595 l axe en est la d position d unsouverain Jules C sar devient une menace pour la R publique est il juste alors de l assassiner avant que Rome ne soit totalement assujettie son pouvoir absolu JULES C SAR alors qu elle est rarement mont e en France est l une des pi ces les plus connues de Shakespeare aux Etats Unis Cr e pour la premi re fois l American Repertory Theatre en 2008 ann e d lection pr sidentielle alors que la pi ce se situe dans un moment o la d mocratie vacillerait sila r publique devenait empire cette production fut un v nement A PROPOS DE L A R T Li la prestigieuse Universit de Harvard l American Repertory Theatre est consid r depuis sa cr ation en 1979 comme l un des th tres les plus importants et novateurs du pays Fond par Robert Brustein il r side depuis vingt huit ans au Loeb Drama Center l Universit de Harvard L actuelle directrice est Diane Paulus Elle a succ d Robert Woodruff en 2008 En d cembre 2002 l AR T a re u un Outstanding Achievement Award r compense pour le remarquable travail accompli de ses pairs et en mai 2008 il a t d sign comme l un des trois plus importants th tres des E
11. ACK BATTLES WITH DOGS COMBAT DE NEGRE ET DE CHIENS cr au 7 Stages Theatre d Atlanta en 2001 repris Chicago en 2004 et ROBERTO ZUCCO Emory Theatre d Atlanta en 2004 Arthur Nauzyciel met en sc ne ABIGAIL S PARTY de Mike Leigh l American Repertory Theatre A R T en 2007 JULIUS CAESAR de Shakespeare son quatri me spectacle aux Etats Unis a t cr l A R T Boston en f vrier 2008 Ce spectacle cr en coproduction avec le CDN Orl ans Loiret Centre a fait l ouverture de la saison 2009 2010 du CDN du 14 au 17 octobre Il a ensuite t pr sent dans le cadre du Festival d Automne Paris la MAC de Cr teil du 21 au 24 octobre suivi par une tourn e en France Festival Automne en Normandie Com die de Clermont Ferrand Com die de Reims et CDDB Th tre de Lorient Pour la seconde tourn e il poursuit sa tourn e au TGP de Saint Denis au Th tre Dijon Bourgogne au Th tre National de Bordeaux en Acquitaine et au Th tre de Saint Quentin en Yvelines En avril 2012 il est pr sent en Colombie dans le cadre du Festival Ib ro am ricain de Th tre de Bogot l un des plus importants festivals d Am rique latine CENTRE DRAMATIQUE NATIONAL ORL ANS LOIRET CENTRE DIRECTION ARTHUR NAUZYCIEL L HISTOIRE DU PROJET Cr e en 1599 pour l ouverture du Globe Theatre Londres et crite juste avant HAMLET JULIUS CAESAR est la premi re d une s rie de
12. CENTRE DRAMATIQUE NATIONAL ORL ANS LOIRET CENTRE DIRECTION ARTHUR NAUZYCIEL JULIUS CAESAR JULES C SAR de William Shakespeare Mise en sc ne Arthur Nauzyciel i T yi Fr d ric Nauczyciel PRODUCTION DELEGU E CENTRE DRAMATIQUE NATIONAL ORLEANS LOIRET CENTRE Direction Arthur Nauzyciel Th tre d Orl ans Bd Pierre S gelle 45000 Orl ans COPRODUCTION Centre Dramatique National Orl ans Loiret Centre en partenariat avec l American Repertory Theatre principal m c ne Philip and Hilary Burling Festival d Automne Paris Maison des Arts de Cr teil TGP CDN de Saint Denis Avec le soutien du Fonds Etant Donn s The French American Fund for The Performing Arts a Program of FACE Contacts Sophie Mercier administratrice mercier cdn orleans com Anne Cuisset secr taire g n rale cuisset cdn orleans com Presse Nathalie Gasser 33 0 6 07 78 06 10 gasser nathalie presse gmail com Tourn e 2011 2012 02 08 avril 2012 Festival Ib ro am ricain de Th tre de Bogot Tourn e 2010 2011 15 28 novembre 2010 TGP CDN de Saint Denis 22 26 mars 2011 Th tre Dijon Bourgogne 30 mars 1 avril 2011 Th tre National de Bordeaux en Aquitaine 6 8 avril 2011 Th tre de Saint Quentin en Yvelines Tourn e 2009 2010 Premi re fran aise 14 17 octobre 2009 CDN Orleans Loiret Centre 21 24 octobre 2009 Festival d Automne Paris MAC Cr teil 28 octobre 2009 Festival
13. ack Obama que l on peut lui envisager comme le premier pr sident de l re multimedia C sar Kennedy ou Obama ont en commun d tre des surfaces de projection collective des figures qui portent trangement en elles le r ve d un monde nouveau Ensuite l A R T fut construit en 1964 une poque d effervescence artistique intense dont les formes ont par la suite influenc le monde entier Son architecture date des ann es 1960 mais la configuration de l espace sc ne salle reproduit le dispositif semi circulaire antique o se rencontraient dans un m me espace la chose politique et le th tre J ai labor la sc nographie partir de cette sp cificit Il y a un autre l ment du contexte qui a fortement influenc la cr ation qui concerne cette fois l histoire m me de L ART et son devenir imminent Issu de Yale et li Harvard ART fut un lieu fondateur du th tre moderne dont la programmation s tait jusqu alors maintenue hors des crit res de rentabilit C est un des seuls th tres am ricains avoir invit des metteurs en sc ne trangers et avoir soutenu le travail de Peter Sellars ou de Bob Wilson Robert Woodruff en assurait la direction artistique jusqu ce qu il se fasse remercier pour d lit de programmation litiste Le spectacle porte en lui cette histoire r cente qui t moigne CENTRE DRAMATIQUE NATIONAL ORL ANS LOIRET CENTRE DIRECTION ARTHUR NAUZYCIEL
14. changements de lieu ou d effets sc niques si ce n est l apparition du fant me de C sar Brutus A part l assassinat de C sar au Capitole et les suicides du dernier acte il s y passe peu d v nements car tout a lieu hors du plateau et nous est racont ou rapport par la rumeur Ceci donne JULIUS CAESAR une curieuse subjectivit si peu de choses se d roulent sous nos yeux que nous devons faire confiance d autres personnes sur l interpr tation des v nements et nous ne savons que croire ou qui croire Les mots et non les actions sont les moteurs de la pi ce et ils sont porteurs d un extraordinaire pouvoir de cr ation de transformation et de destruction Les mots peuvent cr er une r alit ou d truire une vie Gideon Lester LA PUISSANCE DE LA PAROLE MEMOIRES DU FUTUR Entretien avec Arthur Nauzyciel par Gideon Lester directeur artistique de l A R T de 2007 2009 Quelle est votre approche de JULIUS CAESAR Arthur Nauzyciel Chaque fois que je mets en sc ne une pi ce je m interroge sur le contexte dans lequel elle va s inscrire Pourquoi monter la pi ce ici Maintenant En France JULES C SAR n est presque jamais mont e et je l ai donc d couverte lorsque vous me l avez propos e Le lien entre ce texte et les lections de l ann e en cours aux Etats Unis s impose de fa on assez vidente sans qu il soit pour autant primordial Pour moi les classiques sont une m moi
15. cle th tral de l ann e cr en province Depuis le ler juin 2007 il dirige le CDN Orl ans Loiret Centre CENTRE DRAMATIQUE NATIONAL ORL ANS LOIRET CENTRE DIRECTION ARTHUR NAUZYCIEL COLLABORATEURS ARTISTIQUES Riccardo Hernandez Sc nographe Pour Arthur Nauzyciel il a cr les d cors de JULIUS CAESAR JAN KARSKI MON NOM EST UNE FICTION RED WATERS ABIGAIL S PARTY LA MOUETTE N Cuba il a grandi Buenos Aires et tudi la Yale School of Drama aux tats Unis Il travaille r guli rement Broadway o il a remport de nombreux prix pour plusieurs de ses productions THE PEOPLE IN THE PICTURE au l gendaire Studio 54 CAROLINE OR CHANGE PARADE nomin au Tony Awards et Drama Desk TOPDOG UNDERDOG et derni rement PORGY AND BESS Tony Awards 2012 Pour l op ra il a cr entre autres les d cors de APPOMATTOX de Philip Glass en 2007 de LOST HIGHWAY mis en sc ne par Diane Paulus d apr s le film de David Lynch pr sent au Young Vic Londres en 2008 et ceux de IL POSTINO compos par Daniel Cat n et mis en sc ne par Ron Daniels cr au Los Angeles Opera et pr sent au Ch telet Th tre musical de Paris en 2011 Les productions auxquelles il a particip ont t jou es dans les principaux th tres de New York et des tats Unis New York Shakespeare Festival Public Theater Lincoln Center BAM Goodman Theatre Kennedy Center Mark Taper Forum Au th
16. deux pi ces centr es sur la question dela parole uneth matique th trale par excellence Peut on alors lire ces deux cr ations en diptyque Arthur Nauzyciel Issues de contextes culturels et g ographiques diff rents 1l est troublant d observer quel point ces deux cr ations se r pondent Comme les deux faces l une claire l autre obscure d un m me miroir Les mondes de JULES C SAR et d ORDET sont en effet fond s sur la parole Ils interrogent le pouvoir de transformation et de cr ation des mots Il est question de la manipulation par le discours pour JULES C SAR et de la force r paratrice du verbe pour ORDET Ce sont les mots et non les actions qui sont moteurs Ils peuvent cr er une r alit ou d truire ou ramener la vie J ai r alis apr s coup que les deux pi ces traitaient la fois de la parole mais aussi de celui qui ne la poss de pas l enfant Cette figure dont la fonction est singuli re dans ces deux spectacles est aussi li e au motif du double de l onirisme de l inversion de monde th mes qui fondent mon travail depuis des ann es JULES C SAR chemine dans un monde de morts de spectres de fant mes C est galement la particularit d ORDET mais le texte de Kaj Munk pourrait en tre le versant vital les personnages quittent un monde de survivants pour celui des vivants C est dans la mort que la c r monie finale de JULES C SAR accueille Brutus mais ORDET
17. e la s rie SIX FEET UNDER Mark L Montgomery Cassius Sur Broadway il s est produit dans MAMMA MIA Bill Austin et MACBETH et en 2008 dans THE SEAGULL mis en sc ne par Christopher Hampton avec Kristin Scott Thomas Il participe de nombreux projets donn s dans le cadre du festival Shakespeare in the Park New York Membre du Chicago Shakespeare Theatre il fait partie de ROSE RAGE Prix Joseph Jefferson de la meilleure production repris au Duke Theatre New CENTRE DRAMATIQUE NATIONAL ORL ANS LOIRET CENTRE DIRECTION ARTHUR NAUZYCIEL York et interpr te COMME IL VOUS PLAIRA LE ROI LEAR ANTOINE ET CLEOPATRE HENRI IV BEAUCOUP DE BRUIT POUR RIEN LA COMEDIE DES ERREURS Pour la t l vision il joue dans LAW amp ORDER GUIDING LIGHT Daniel Pettrow Mark Antony Acteur associ au sein de la compagnie new yorkaise The Wooster Group il joue dans HAMLET Il fut cofondateur et codirecteur des Studios Ballroom 1996 2003 Atlanta un lieu alternatif et novateur d di aux arts visuels et aux arts vivants Il est aujourd hui artiste associ la Compagnie Bluemouth Inc collectif d artistes interdisciplinaire Il a jou dans plus de 60 productions aux Etats Unis et l tranger Il collabore r guli rement avec Arthur Nauzyciel et a jou dans BLACK BATTLES WITH DOGS puis ROBERTO ZUCCO Il a travaill avec le metteur en sc ne allemand Walter Asmus EN ATTENDANT GODOT Il est galement ac
18. e qui depuis la nuit des temps et pour encore des si cles contient tel un ruban d ADN une m moire collective des peurs et des illusions humaines Comme l a crit Eric Hobsbawm dans L AGE DES EXTREMES Le court xx si cle s ach ve dans des probl mes pour lesquels personne n a ni ne pr tend avoir des solutions Tandis que les citoyens de la fin du si cle t tonnent en direction du troisi me mill naire travers le brouillard plan taire qui les enveloppe leur seule certitude est qu une poque de l histoire s est termin e Ils ne savent pas grand chose d autre Nous n en avons pas fini avec la face obscure du si cle chaque fois que je me confronte un texte classique j ai le sentiment de devoir mettre en sc ne un souvenir du futur Les classiques sont comme la statue de la Libert la fin de LA PLANETE DES SINGES Dans JULES C SAR les personnages se situent dans un avenir dans lequel ils seront les spectateurs de leur propre pass dans lequel leur geste sera pour d autres un objet de spectacle Comme un t moignage pour le futur de ce que nous sommes et ce que nous tions Nous sommes Boston Le th tre a t construit en 1964 La pop culture aux Etats Unis n a jamais t aussi h g monique le monde n a jamais t aussi assourdissant les images sont partout et tout n est qu apparence c est pour cela que je veux replacer la pi ce dans les ann e
19. eilleuse sur le d bat entre Nixon et Kennedy les gens quil ont cout la radio ont vot Nixon ceux qui l ont regard la t l vision ont vot Kennedy JFK est le premier pr sident dont l image comptait plus que les paroles Ic nes et illusions sont tout coup devenues plus fortes que les discours JULES C SAR porte essentiellement sur le langage la rh torique et il me semble int ressant de cr er ce double niveau en utilisant des signes d une poque o le langage et la rh torique ont chou J ai pens a pour la distribution les acteurs principaux ont une solide exp rience de th tre mais sont surtout connus aux Etats Unis pour leurs r les dans des s ries t l importantes comme THE WIRE ou SIX FEET UNDER Parall lement la r volution artistique de l poque avec l arriv e du Pop Art des installations des performances a eu une grande influence sur la sc nographie de notre JULES C SAR avecparticuli rement les images r p t es de Warhol et les installations de The Ant Farm Le Loeb Drama Center avec son architecture des ann es 60 nous y ram ne galement J aime quand le d cor et l architecture d un b timent se rejoignent quand les fronti res se brouillent Le d cor comporte d immenses photos reproduisant l auditorium du th tre pourquoi Arthur Nauzyciel En partie pour attirer l attention sur un th tre qui a essentiellement la m me forme que les th tr
20. es de la Gr ce antique Si de la sc ne vous regardez les si ges vous vous rendez compte que deux mille ans plus CENTRE DRAMATIQUE NATIONAL ORL ANS LOIRET CENTRE DIRECTION ARTHUR NAUZYCIEL tard la configuration est exactement la m me Rappeler aussi que le th tre son origine tait un lieu politique autant que de divertissement En cette ann e d lections les images de ces si ges ne sont pas sans nous rappeler les lieux des conventions r publicaines ou le S nat J aimerais galement parvenir cr er une incertitude pour le public Sommes nous sur sc ne Qui sont les spectateurs qui sont les acteurs Faisons nous partie de la repr sentation Quelle est la part d illusion De r alit De quel c t sont les morts Les vivants Quel lien justement entre la question d illusion et r alit et Jules C sar Arthur Nauzyciel La pi ce est pleine de r ves et d v nements surnaturels de fant mes d hommes qui br lent et de lions quir dent dans les rues de Rome Le monde qu elle d crit n est pas prendre au pied de la lettre c est un paysage imaginaire une distorsion de la r alit et on ne peut la pr senter de fa on naturaliste La repr sentation doit tre r elle vraie mais troublante Le th tre nous relie quelque chose de l ordre de l invisible DANS LE CADRE DU FESTIVAL D AUTOMNE A PARIS 2009 Arthur Nauzyciel a t invit pr senter deux mises en sc ne
21. humaines C est en quelque sorte un manuel politique et sensible qui nous relie aux Romains et Shakespeare comme un long ruban ADN L uvre est d une grande pertinence pour notre poque parce qu elle voque une soci t condamn e Non que la n tre le soit mais elle est en danger Qu avons nous invent en termes de politique et de d mocratie depuis la p riode trait e par Shakespeare dans la pi ce Comme Cassius et Brutus nous croyons encore que la d mocratie est le meilleur des syst mes mais elle n en demeure pas moins un compromis acceptable et fragile Quels sont les l ments qui vous ont convaincu de proposer des r f rences l Am rique des ann es 60 en g n ral et Kennedy en particulier Arthur Nauzyciel Le parall le mane du contexte d inscription de la cr ation Je voulais rester proche de la sensation que j ai souvent en voyageant aux tats Unis savoir que cette soci t s est b tie sur la fiction Et pas l inverse Ce ph nom ne est pr gnant avec par exemple la s rie TV 24 HEURES CHRONO qui a je le crois pr par la population am ricaine l image d un pr sident noir Boston o l American Repertory Theatre est implant est la ville de Kennedy Il fut le premier pr sident dont l image fut plus importante que la parole L assassimat de Kennedy a cr une d sillusion nationale probablement similaire celle que d clencherait la disparition de Bar
22. kespeare 2008 en tourn e depuis sa cr ation Festival d Automne Paris Festival Ib ro am ricain Bogota l tranger il cr e des spectacles repris ensuite en France ou dans des festivals internationaux L IMAGE 2006 de Beckett Dublin avec Damien Jalet et Anne Brochet puis Lou Doillon et Julie Moulier performance pr sent e Reykjavik New York Paris en Chine et au Japon Au Th tre National d Islande LE MUS E DE LA MER de Marie Darrieussecq 2009 Pour l cole des Ma tres en Italie A DOLL S HOUSE UNE MAISON DE POUP E d Ibsen avec de jeunes acteurs europ ens 2009 Oslo il recr e ABIGAIL S PARTY au Th tre National de Norv ge 2012 spectacle repris au CDN Orl ans Loiret Centre en novembre 2018 Il travaille galement pour la danse et l op ra il met en sc ne RED WATERS 2011 op ra de Lady amp Bird Keren Ann Zeidel et Bardi Johannsson et participe la cr ation de PLAY du chor graphe Sidi Larbi Cherkaou et de la danseuse Shantala Shivalingappa 2011 Dans le cadre de ses projets il travaille r guli rement avec d autres artistes Christian Fennesz Miroslaw Balka Damien Jalet Sjon Erna Omarsdottir Winter Family Val rie Mr jen tienne Daho Il est laur at de la Villa M dicis Hors les Murs JAN KARSKI MON NOM EST UNE FICTION a re u le prix Georges Lerminier d cern par le Syndicat de la critique distinction r compensant le meilleur specta
23. ment parler une pi ce sur la religion Pouvez vous repr ciser la sp cificit de votre approche de la question ainsi que la n cessite de l aborder aujourd hui sur sc ne Arthur Nauzyciel ORDET n est pas un drame paysan naturaliste mais un acte po tique part enti re qui s inscrit dans une culture nordique empreinte de surnaturel ORDET relate un v nement rationnel qui advient dans un monde rationnel et familier La question centrale croire est passionnante car elle ne nous interroge pas uniquement dans notre rapport Dieu mais sur le doute sur le d sir ou la n cessit de croire Ce qui m int resse c est la qu te intime de l Homme qui cherche donner un sens la finitude de sa vie et la perte Il ne s agit pas d illustrer un d bat th ologique Le sujet d ORDET me para t d autant plus pertinent que nous nous trouvons aujourd hui face un paradoxe dangereux la religion n a jamais t aussi pr sente dans notre soci t et elle n a jamais t aussi taboue On amalgame la cit et ath isme ou religieux et int griste On confond la spiritualit et le dogme L aspiration spirituelle qui fonde notre condition d homme est ni e car la question effraie Nous nous trouvons donc au c ur d une interrogation contemporaine qui laisse en fait une place norme ceux qui doutent ou ne croient pas C est pour cette raison que j ai finalement pr f r
24. oins un compromis acceptable et fragile Combien de soi disantes d mocraties ne sont elles pas en r alit des empires tout comme Rome dans la pi ce Seule a chang notre exp rience de la trag die Issus d un si cle qui a invent Auschwitz et Hiroshima nous ne pouvons plus la mettre en sc ne de la m me mani re Vous faites r f rence aux ann es 60 pourquoi Arthur Nauzyciel Il ne s agit pas de resituer la pi ce dans les ann es 60 c est ici et maintenant que le th tre a lieu il ne s agit donc pas de retourner dans le pass pas dans la Rome de C sar le Londres de Shakespeare ou les ann es 60 en Am rique Les r f rences aux ann es 60 sont l pour plusieurs raisons le lien vident entre l assassinat de C sar et celui de Kennedy interpr t comme un abandon de s Dieu x et leur contexte politique Je suis intrigu par la fa on dont ces ann es repr sentent tout la fois le pass et le futur C est une d cennie d invention et d innovation obs d e par lavenir On y a tourn les meilleurs films de science fiction et son esth tique nous inspire encore design et mode de l poque habitent les magazines d aujourd hui JULES C SAR est une pi ce sur l invention de l avenir le r ve d un monde nouveau Les r sonances sont donc fortes Pourquoi cet int r t pour les ann es 60 Arthur Nauzyciel C est l poque o l image a triomph du verbe Il y a une histoire merv
25. re du futur Ce sont des time capsules des capsules de temps issues d un pass lointain qui nous accompagnent encore aujourd hui et pour les si cles venir Elles contiennent une m moire collective de comportements humains aspirations attentes illusions Et ces capsules de temps il est int ressant de les attraper et de les ouvrir Elles sont comme des hologrammes ou des toiles dont la lumi re nous parvient bien apr s leur mort En un sens la pi ce est un mode d emploi crit par Shakespeare pour les g n rations futures un manuel d utilisation politique et sensible Quelles sont ses r sonances au xxl si cle Arthur Nauzyciel Dire de JULES C SAR que c est un texte toujours contemporain me semble un peu ridicule car ayant t crit au xvr si cle il ne peut donc litt ralement parler de notre poque Mais onpourrait dire quela vision de Shakespeare CENTRE DRAMATIQUE NATIONAL ORL ANS LOIRET CENTRE DIRECTION ARTHUR NAUZYCIEL sonne toujours juste et plus encore politiquement rien n a vraiment chang depuis l poque sur laquelle il a crit Nous sommes bloqu s comme sur un disque ray comme si nous en tions toujours l arriv e d Octave En termes de politique ou de d mocratie rien n a vraiment volu Qu avons nous invent depuis Comme Cassius et Brutus nous croyons encore que la d mocratie est le meilleur des syst mes mais elle n en demeure pas m
26. rni rement il a cr les clairages de MISS FORTUNE de Judith Weir l Op ra Royal de Londres Scott Zielinski a obtenu un Master en Theatre Design la Yale University School of Drama CENTRE DRAMATIQUE NATIONAL ORL ANS LOIRET CENTRE DIRECTION ARTHUR NAUZYCIEL Damien Jalet Chor graphe Chor graphe il travaille avec Arthur Nauzyciel depuis 2006 Ils ont cr L IMAGE 2006 il a r alis les chor graphies de JULIUS CAESAR 2008 JORDET LA PAROLE 2008 et du MUS E DE LA MER 2009 dans lequel il interpr te galement le r le de Bella En 2011 il a collabor la cr ation de JAN KARSKI MON NOM EST UNE FICTION au Festival d Avignon et r alis la chor graphie de RED WATERS un op ra de Lady amp Bird Keren Ann Zeidel et Bardi Johannsson cr par Arthur Nauzyciel en 2011 l Op ra de Rouen Damien Jalet d marresa carri re de danseur en 1998 avec Wim Vandekeybus dans LE JOUR DU PARADIS ET DE L ENFER En 2000 il entame une collaboration assidue avec Sidi Larbi Cherkaou en tant qu artiste associ au sein de la compagnie des Ballets C de la B et Eastman Ils cr ent ensemble RIEN DE RIEN FOI TEMPUS FUGIT MYTH et TEZUKA En 2008 avec Sidi Larbi Cherkaoui Luc Dunberry et Juan Cruz Diaz de Garaio Esnaola il signe la chor graphie de D AVANT pour la Schaub hne am Lehniner Platz Il collabore r guli rement avec Erna Omarsdottir pour OF TT UNBORN THE UNCLEAR AGE TRANSAQUANIA ain
27. s 60 ces ann es o l on voulait croire que Kennedy tait la promesse d une nouvelle re o la foule est devenue masse o l image l a emport sur la parole o naissaient dans ce pays les plus novateurs et importants courants artistiques architectes performers performances photographies collages reproductions Arthur Nauzyciel octobre 2007 R SONANCES Comme HAMLET cette pi ce est une nigme Elle ne se conforme pas la conception aristot licienne de la trag die en pr sentant un tre noble atteint d une faille manifeste ni au m lodrame lisab thain en pr sentant un sc l rat manifeste JULES C SAR est une uvre d une grande pertinence pour notre poque bien qu elle soit encore plus sombre parce qu elle voque une soci t condamn e Notre soci t n est pas condamn e mais tellement en danger que la pertinence reste forte C est une soci t condamn e non pas par les passions mauvaises d individus go stes des passions de ce genre il y CENTRE DRAMATIQUE NATIONAL ORL ANS LOIRET CENTRE DIRECTION ARTHUR NAUZYCIEL en a toujours mais par un manque de courage intellectuel et spirituel qui la rendait incapable d affronter sa situation W H Auden LECTURES ON SHAKESPEARE Ce n est pas une co ncidence si le monde de JULES C SAR est enti rement construit sur la parole Contrairement COMME IL VOUS PLAIRA crite juste avant la pi ce contient peu d actions de
28. se termine sur ces mots la vie la vie Chacun des d cors est une image d doubl e tendue en fond de sc ne une photographie de la salle vide pour JULES C SAR une autre d un paysage islandais pour ORDET Sans parler du travail quasi communautaire que j instaure en restant longtemps la table tudier le texte l emploi de la chor graphie ou de la musique live que l on retrouve dans les deux spectacles Ce sont je pense mes projets les plus intimes dans la mesure o j ai affirm avec eux non pas un style mais un processus de travail tr s personnel CENTRE DRAMATIQUE NATIONAL ORL ANS LOIRET CENTRE DIRECTION ARTHUR NAUZYCIEL JULES C SARinterrogeles liens entre rh torique et politique Le projet vous fut command un moment charni re de la politique am ricaine celui des primaires entre Barack Obama et Hillary Clinton De quelle fa on avez vous envisag ce parall le Arthur Nauzyciel Le lien entre ce texte et les lections en cours aux tats Unis s imposait videmment La pi ce traite d une R publique en danger et les Etats Unis sortaient de huit ann es de pr sidence Bush Il tait cependant trop r ducteur de ne traiter que du d sastre de ce mandat pr sidentiel ce quoi s attendaient n anmoins les producteurs Il me fallait trouver un angle plus large m taphysique JULES C SAR traite du d clin d un monde contient une m moire collective des peurs et des illusions
29. si que BLACK MARROW pour le Melbourne Arts Festival avec la compagnie de danse australienne Chunky Move Il a cr sa pi ce THREE SPELLS avec la danseuse Alexandra Gilbert et le musicien Christian Fennesz en 2008 En 2010 il a chor graphi la pi ce BABEL avec Sidi Larbi Cherkaoui et Antony Gormley spectacle r compens par deux Laurence Olivier Awards et d un prix Benois de la danse meilleure chor graphie Il signe aussi la chor graphie de plusieurs vid os musicales des r alisateurs Arni amp Kinski et Christopher Doyle pour les artistes Editors Florence and the machine ainsi que Ol f Arnalds et Bj rk Pour la saison de danse 2012 2013 de l Op ra de Paris il cr e en mai 2013 un nouveau BOL RO avec Sidi Larbi Cherkaoui et la plasticienne Marina Abramovic DISTRIBUTION James Waterston Brutus Fils du c l bre acteur am ricain Sam Waterston il commence t t le th tre Il s est produit dans les principaux th tres am ricains Durant trois saisons il a t directeur musical du GREYLOCK PROJECTauseindu Williamstown Theatre Festival A New York il se produit dans L IMPORTANCE DETRE CONSTANT sous la direction de Peter Hall COMME IL VOUS PLAIRA dans le cadre du New York Shakespeare Festival Il joue au cin ma dans LE CERCLE DES POETES DISPARUS LITTLE SWEETHEART OSCAR THE DEBUTANTES Pour la t l vision il joue dans LIVE FROM BAGHDAD 13 BOURBON STREET et tient l un des r les principaux d
30. t un leu de passage et non l endroit central de mon travail J aime les hors champs les histoires souterraines Un spectacle n est pas l illustration d un th me mais la mat rialisation d un enjeu intime Dans cette perspective pour vous qui tes attach l id e de m moire collective de quelle fa on envisagez vous les textes classiques Arthur Nauzyciel Dans JULES C SAR les personnages se projettent dans un avenir dans lequel leur geste sera pour d autres un objet de spectacle dans lequel ils seront les spectateurs de leur propre CENTRE DRAMATIQUE NATIONAL ORL ANS LOIRET CENTRE DIRECTION ARTHUR NAUZYCIEL pass chaque fois que je me confronte un texte classique j ai le sentiment de devoir mettre en sc ne un souvenir du futur Comme un t moignage pour le futur de ce que nous sommes et ce que nous tions Les classiques sont comme la statue de la Libert la fin de LA PLANETE DES SINGES Ils nous survivront Nous ne faisons que passer Ce sont des time capsules issues d un pass lointain qui nous accompagnent encore aujourd hui et pour les si cles venir J aime l image de ces toiles dont la lumi re nous parvient bien apr s leur mort ou encore celle du m galithe de 2001 L ODYSSEE DE L ESPACE de Stanley Kubrick un objet nigmatique qui traverse les temps v hiculant ainsi les r ves d une humanit pass e ou future Selon vous ORDET n est pas propre
31. tats Unis par le Time magazine Parmi ceux et celles qui ont travaill et particip la vie de l A R T citons Peter Sellars Lee Breuer Bob Wilson Dario Fo Andrei Serban David Mamet Krystian Lupa Joseph Chaikin Susan Sontag Milan Kundera Jan Kott Don DeLillo Frederick Wiseman Reconnu pour son engagement en faveur du th tre am ricain contemporain l A RT se consacre galement au r pertoire Il est un lieu de r sidence pour les auteurs dramatiques les metteurs en sc ne les acteurs Ses productions tournent dans le monde entier CENTRE DRAMATIQUE NATIONAL ORL ANS LOIRET CENTRE DIRECTION ARTHUR NAUZYCIEL NOTE DE MISE EN SC NE JULES C SAR est la premi re de la s rie des grandes trag dies de Shakespeare Elle contient en elle en embryon toutes celles qui viendront apr s C est une pi ce politique o le langage et la rh torique tiennent la premi re place o la force du discours peut changer le cours de l Histoire o l cume des mots ne fait que r v ler tout en la dissimulant leur extraordinaire pr sence Et si le monde de la pi ce ressemble toujours au n tre qu avons nous invent en politique on sent pourtant dans le texte la volont d embrasser le visible et l invisible le r el et le r ve les morts et les vivants dans une seule et m me unit une cosmogonie particuli re Nous sommes reli s aux Grecs aux Romains Shakespeare par une longue cha n
32. teur pour le cin ma THE CULT OF SINCERITY THE LAST ADAM PSYCHOPATIA SEXUALIS et la t l vision Thomas Derrah Julius Caesar Thomas Derrah a tudi l art dramatique Yale Il est membre fondateur de l A R T pour lequel il a particip 114 productions Il a particip de nombreux projets Broadway l ACT Theatre de San Francisco au Berkeley Rep au Doolittle Theatre Los Angeles au Goodman Theatre de Chicago Thomas Derrah a jou sous la direction de Andre Serban Lee Breuer Robert Brustein Krystian Lupa et Robert Wilson Il s est produit dans le monde entier Amsterdam Avignon Belgrade Edimbourg Londres Madrid Moscou Paris Tokyo Il tourne r guli rement pour la t l vision Au cin ma il a travaill sous la direction de Clint Eastwood MYSTIC RIVER et de Julie Taymor FOOLS FIRE Sara Kathryn Bakker Portia Calpurnia Elle tudie le th tre et les Women studies Yale A New York elle se produit aussi bien sur les sc nes du Off Broadway Roundabout Theatre New York Classical Theater et que sur les sc nes exp rimentales du Fringe Festival et du Drama League New Directors New Works dans des productions remarqu es comme AS FAR AS WE KNOW sur la guerre en Irak Elle est membre fondateur du Rude Mechanicals Theatre Elle appara t dans de nombreuses productions pr sent es dans le cadre du Utah Shakespearean Festival Contemporary American Theatre
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