DISCOURS ET APPRENTISSAGES LANGAGIERS
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1. Le discours prescriptif Mettre part le discours prescriptif ne se justifie certainement pas d un point de vue scientifique En revanche son int r t p dagogique est vident En effet on voit mieux par comparaison ce qu est le discours narratif Souvent les l ves qui ont du mal concevoir une narration produisent des descriptions d actions des suites d actions si l on pr f re mais ils oublient de mettre le tout en perspective dans un projet narratif Si on y regarde de pr s le prescriptif ou le script s apparente en fait au descriptif la diff rence que l organisation spatiale est remplac e par la chronologie Il est donc int ressant de faire produire des modes d emploi ou des scripts ne serait ce que pour faire percevoir aux enfants la diff rence entre lister des actions et raconter En outre le discours prescriptif est un outil incontournable pour exercer son efficacit langagi re sur le plan pragmatique faire faire des l ves ce que d autres ont mod lis sous la forme d un mode d emploi est un exercice tr s formateur dans lequel les interactions sont tangibles Enfin le type de texte prescriptif est le lieu id al pour manier l infinitif l imp ratif et le futur simple de l indicatif et de faire percevoir leurs valeurs modales respectives en situation On remarquera que le compte rendu pose probl me Lorsqu il concerne une exp rience dont il faut garder en m moire les tapes il s agit bien d une descrip2. par son enjeu qui est de donner une solution un probl me ou une situation probl me Lorsqu il se r alise sous la forme d un texte explicatif ce discours s apparente d une certaine mani re au texte narratif En effet il s agit d une dynamique similaire entre une situation initiale et une situation finale La diff rence est que dans le texte explicatif on part d une constatation d une observation constituant un probl me r soudre l organisation du savoir est tenue en chec A partir de l on formule la question en termes qui orientent la recherche puis s encha nent les tapes qui conduisent une observation expliqu e c est dire un savoir r organis plus stable Dans ces conditions tous les proc d s qui facilitent la compr hension de l interlocuteur sont les bienvenus balisage clair de la progression du texte et donc du raisonnement connecteurs logiques si alors donc anaphores conceptuelles cf supra En outre le questionnement doit tre pr sent sous une forme directe ou indirecte simple ou rh torique On retiendra cependant que la forme stricte du type de texte explicatif n est pas la seule envisageable le discours explicatif peut tre pris en charge par un texte narratif ou descriptif Page 7 sur 17 Le discours argumentatif Tout est argumentation pourrait on dire tant l nonciateur impose toujours sa vision des choses m me lorsqu il s en d fend Il reste que cet enjeu argume
3. DISCOURS ET APPRENTISSAGES LANGAGIERS 1 FONCTIONS ET FONCTIONNEMENTS II n aura chapp personne que le terme de discours en m me temps qu il a envahi les Instructions Officielles s est consid rablement obscurci en raison d une polys mie qui cache mal des pol miques entre sp cialistes chercheurs et didacticiens Or il serait dommage de renvoyer tout le monde dos dos sous pr texte de confusion car ce que nous propose le texte officiel est non seulement clairement d fini par le texte lui m me mais en outre ce concept de discours est le d nominateur commun qui justifie et l gitime l ensemble des programmes et instructions Les I O d finissent le discours comme toute mise en pratique du langage dans une activit crite ou orale Il ne s agit donc plus de la traditionnelle opposition entre discours et r cit qui correspondait plus ou moins avec l opposition propos e par Benveniste entre nonciation discursive et nonciation historique Non cette fois le concept vise tout autre chose Ce qui est important ici r side d abord dans la mise sur un pied d galit de l crit et de l oral Ce choix th orique aura bien videmment des cons quences au niveau pratique l int r t r cent pour l oral n est donc pas un effet de mode mais la cons quence d un choix scientifique tabli en conscience Et puis on ne parle plus de textes mais de mises en pratique c est dire qu on replace le langage dans le champ social dans l action d
4. ce montre que de nombreux textes argumentatifs se passent ais ment de connecteurs logiques surtout si l nonciateur parie sur la comp tence de son interlocuteur et en revanche de nombreux nonc s fourmillent de connecteurs alors qu ils n argumentent rien et qu on cherche encore quelles th ses ils sont cens s soutenir Le discours po tique Le discours po tique emprunte souvent des voies ais ment reconnaissables par le recours la m trique et la mise en page sp cifique Mais toutes les vis es sont rep rables dans le discours po tique Si l on veut viter de se faire pi ger par des nonc s faits pour d router ou pour le moins d ranger des habitudes de lecture habituelle il est n cessaire d admettre un enjeu sp cifique au discours po tique La mise en abyme du langage c est dire faire porter l attention sur le fonctionnement du langage que ce soit dans une perspective ludique philosophique esth tique mystique ou r volutionnaire Certaines de ces dimensions exigent du lecteur une grande exp rience des textes mais d autres sont accessibles m me pour des enfants les jeux sur les mots les parodies si l on prend la peine de leur donner le texte r f rent les associations phoniques et s mantiques expressives etc Document de travail Patrick Renault IUFMde Toulouse 9 2000
5. cours informatif Souvent on confond sous la m me appellation ce qui rel ve de l expositif de l informatif et de l explicatif Cette confusion n est pas souhaitable ni d un point de vue scientifique ni d un point de vue didactique Pour y voir plus clair nous distinguerons ce qui s apparente au discours descriptif dans son fonctionnement d avec ce qui ressortit davantage au narratif Pour produire un discours informatif il est fr quent d utiliser un type de texte informatif que ce soit dans les documentaires ou les manuels scolaires En fait exposer un savoir transmettre des informations revient tablir un parcours l int rieur d un domaine de connaissances Le choix de la progression est du m me ordre que celui qu accomplit le descripteur il existe plusieurs logiques d explorations selon ce que l on d sire mettre en valeur Cette progression n est pas arbitraire car elle ob it des r gles strictes mais chacun sait que tout expos admet plusieurs plans La mise en texte s av re complexe car il faut obligatoirement aider le lecteur hi rarchiser les informations balisage explicite typographie renvois parenth ses Certains faits de langue sont alors particuli rement int ressants observer les outils du balisage d abord ensuite enfin les appositions apports d information de termes savants inconnus de mots nouveaux rappels et les anaphores conceptuelles Ces derni res se pr sentent sous la forme d u
6. e et non v rit scientifique Cette remarque est importante car les choix op r s dans la construction de ce tableau peuvent tre en porte faux avec le discours de certains linguistes Or nous n avons pas la pr tention de trancher entre des travaux toujours int ressants et qui semblent concurrents Le premier principe qui a guid nos choix est le respect des Instructions Officielles La coh rence des nouveaux programmes repose sur la prise en compte du concept de discours comme mise en pratique orale ou crite du langage Nous avons donc adopt tr s strictement ce point de vue Le second principe de travail respect est l efficacit et la rentabilit didactique c est dire les options qui permettent notamment par comparaison de mieux construire les notions Le discours narratif Le discours narratif se d finit autour d un enjeu clair raconter Cela suppose un intention que l on peut simplifier par vouloir faire plaisir son interlocuteur m me si l on sait que chaque genre narratif poss de sa strat gie qui s adressera des publics diff rents pour des plaisirs plus ou moins sophistiqu s voire contrari s Cet aspect rev t une grande importance car on ne saurait consid rer une suite quelconque m me ordonn e chronologiquement d v nements ou d actions comme une narration Raconter est un acte de paroles qui suppose un projet narratif de la part de celui qui raconte Le discours narratif a comme particularit de s
7. e r aliser essentiellement sous la forme d un texte narratif dont les instances sont bien connues le narrateur la progression chronologique le sch ma narratif le sch ma actantiel autour d une qu te Cette dynamique inclut n cessairement une valuation un regard valuatif du narrateur sur ce qu il raconte Les l ments les plus pertinents sur un plan p dagogique semblent tre la notion de narrateur celles de qu te et d v nement d clencheur Sur le plan grammatical ce mode de fonctionnement narratif appelle un certain nombre de faits de langue il faut tout d abord que le texte parvienne mettre le monde debout c est dire qu il donne au lecteur tous les indices n cessaires pour situer l action dans un cadre spatio temporel identifier les personnages et le syst me qui les lie percevoir les enjeux reconna tre un horizon d attente c est dire une construction sc narique g n rique Tous ces l ments qui correspondent ce que l on appelle au th tre la sc ne d exposition sont un parcours oblig mais ils se traduisent par des proc d s linguistiques tr s vari s ex l utilisation des d terminants Ensuite il para t vident que le texte doit se d ployer au travers d un syst me de temps verbaux que ce soit le syst me pass simple imparfait ou un autre Enfin la chronologie du r cit est souvent relay e par des proc d s linguistiques qui soulignent l encha nement ou les donn es temporelles
8. ent fonctionnement narratif Le discours argumentatif est mat rialis par un texte narratif La distinction entre les deux notions se r v le alors tre une v ritable mine pour la r flexion didactique Les enfants s initient rapidement toutes les fonctions du langage au cours des situations d nonciation qui s offrent eux et ils nous surprennent parfois par leurs intuitions et leur sens des r parties Mais nous savons aussi que la structure qui est la plus accessible leur entendement est la narration C est pourquoi nous avons tendance faire passer tous nos discours informatif argumentatif persuasif moralisateur pr ventif sous la forme d un texte ou nonc fonctionnement narratif Autrement dit nous avan ons masqu s pour la plus grande joie de nos jeunes interlocuteurs Si on y regarde bien cela constitue la preuve d une extraordinaire confiance en la comp tence langagi re des enfants car nous faisons ainsi le pari qu ils sauront transf rer des informations de l univers narratif dans des univers de type conceptuel ou de type pragmatique En tout cas cela prouve bien que le processus p dagogique ne consiste pas aller du plus simple vers le plus compliqu nous plongeons les enfants directement dans la complexit mais en les aidant en leur m nageant des passerelles en les guidant pas pas Page 5 sur 17 2 LECTURE DU TABLEAU Cette maquette se veut proposition de travail transposition didactiqu
9. n nom qui r sume la ou les phrases qui pr c dent tout en introduisant une id e du point de vue du locuteur le tout pr c d d un d terminant d monstratif cette audace inattendue ce comportement affligeant cette d claration ce trait d humour cette ineptie La ma trise des anaphores conceptuelles est donc un signe de ma trise du processus langagier puisqu il est le signe d une activit r sumante et en m me temps d une progression nouvelle dans le texte Apr s r flexion il semble que le r sum y compris d un texte narratif ressortit la logique informative puisque le travail principal de celui qui r sume est la hi rarchisation des informations En outre le r sum d un r cit se fait en principe au pr sent et abandonne donc le syst me temporel du texte original Enfin il faut aborder l aspect le plus passionnant du discours informatif il peut para tre pertinent pour informer transmettre des donn es de choisir autre chose qu un texte informatif On peut raconter une histoire donc produire un texte narratif dont la fonction est informative On peut d crire un ch teau afin d informer sur la vie au temps de Fran ois 1 ce qui revient faire du descriptif pour obtenir un discours informatif Tout est affaire de strat gie didactique Le discours explicatif Le discours explicatif pr sente en tant que discours les m mes possibilit s strat giques que le discours informatif Cependant il en diff re
10. ntatif est plus ou moins fondamental la moralit d un conte de Perrault par exemple rel ve plus de l valuation inh rente tout texte narratif que d une argumentation consciente et assum e En revanche la moralit d une fable ressortit tr s nettement l argumentation et le texte narratif n est que l illustration des arguments et de la th se L argumentation est pr sente dans pratiquement tous les discours mais cela ne suffit pas toujours pour conclure un discours argumentatif On fait g n ralement une distinction entre convaincre et persuader Autant l un s inscrit il dans une logique de mise en pr sence de th ses diff rentes que l on doit tayer par des arguments autant la persuasion admet elle des proc d s plus psychologiques et s autorise t elle des strat gies plus contestables La dynamique du texte argumentatif repose sur la n cessit de faire rejeter la th se que l on combat et de faire adh rer celle qu on soutient Certains aspects de cette dynamique peuvent tre plus ou moins occult s mais il est en principe possible de les d duire de ce qui est dit Certains faits grammaticaux sont plus attendus que d autres balisage explicite questionnement connecteurs logiques anaphores conceptuelles axiologiques c est dire les mots qui sont porteurs de valeurs au sens argumentatif du terme pacifiste inv t r sage combattant de la paix r veur imp nitent d fenseur d une noble cause Mais l exp rien
11. tion d actions mais lorsque le compte rendu est un regard subjectif port sur un v nement dans la vie de la classe on tend se rapprocher de la narration En l occurrence c est la notion de point de vue qui constituerait la fronti re entre les deux D vidence la notion de compte rendu pose probl me en raison de sa polys mie chaque enseignant de chaque discipline y met un contenu diff rent Les notions de types de textes et de discours sont finalement moins ambigu s Page 6 sur 17 Le discours descriptif La vis e du texte descriptif est simple faire voir Encore que l enjeu soit diff rent si l objet de la description fait partie de la situation d nonciation s il est absent ou encore s il est invent de toutes pi ces Le type de texte qui correspond cette fonction est g n ralement le texte descriptif Son fonctionnement est bien connu Il se caract rise par une progression spatiale celle ci se couplant avec une progression chronologique dans le cas d une description en mouvement portrait en action ou paysage d crit partir d un support mobile par exemple La coh rence du texte descriptif est en principe garantie par l adoption d un point de vue qui va tablir une logique dans l encha nement des l ments descriptifs Les faits de langue attendus sans qu ils soient obligatoires mais alors leur absence fait sens sont la d termination du nom sa caract risation et les moyens de baliser l espace Le dis
12. un nonciateur autrement dit dans renonciation Pour mieux comprendre ce que cela change non pas dans le langage lui m me mais dans la fa on de l aborder on peut essayer de focaliser son attention sur les notions de texte et de discours Soit un nonc oral donn ou un texte imprim je peux le consid rer sous l angle de sa fonction quoi qui sert il que cherche faire celui qui nonce dans quelle situation l nonc appara t il quelle cons quence aura cet acte d nonciation sur la situation ou sur le r cepteur Dans ce cas je prends en compte la dimension discursive je me situe au niveau du discours je peux aussi m int resser au fonctionnement de l nonc comment est il construit quels sont les outils qui sont au service de la coh rence ou de la coh sion Dans ce cas je travaille au niveau du type de texte que la production soit crite ou orale Prenons des exemples Une histoire dr le une fonction narrative dont l effet mesurable est l hilarit de l auditoire et son fonctionnement est celui d un texte narratif Nous avons affaire un discours narratif fonction vis e qui se mat rialise sous la forme d un texte narratif Une fable est un discours argumentatif puisque la vis e premi re est la moralit laquelle peut tre pr sente sous forme d une s quence argumentative ou ne pas tre explicite Mais le texte qui r alise ce discours argumentatif est essentiellem
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