Texte int�gral - Ministère de la Culture et de la Communication
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1. jouer est celle de la normalisa tion des mat riaux traditionnels En effet on ne peut utiliser dans le b ti ment que des mat riaux homologu s Sans quoi on ne peut tre assur La terre crue n est pas prot g e par des normes pr cises il nous faut donc les cr er c est dire d abord prendre par la manche les ing nieurs des bureaux de conseil et de v rification et les emmener sur le terrain pour leur mon trer chiffres et bordereaux d essais physico chimiques l appui que ce sont des mat riaux int ressants T L ethnologue intervient il de mani re sp cifique par rapport au technicien dans ce type d op ra tion F C Il intervient pour prouver que les pratiques vernaculaires ne sont pas n gligeables il le d montre dans un cadre tr s concret comme ici celui de la construction L ethnologue remplace un technicien qui n existe pas lorsqu il s agit de techniques et de mat riaux marginaux existe bien s r une diff rence d approche entre technicien et ethnologue si le technicien tudie ces mat riaux et les b timents en faisant souvent abstraction des gens qui y vivent l ethnologue recourt une immersion la plus totale possible dans le milieu tudi tr s important pour la compr hension m me du fonctionne ment des techniques en cause de leur viabilit un moment donn dans un contexte conomique pr cis T Vous situez vous d embl e dans une perspective d anthropologie2. appliqu e F C Par ma formation j aurais plut t tendance adopter d s le d part le point de vue d une recherche appli qu e Cela dit la recherche que j ai d marr e sur la construction en bois il y a trois ans ne se pr occupait pas du tout de savoir si cet habitat avait encore une fonction remplir notre poque Elle aurait pu se limiter une recherche en archives sur les techniques du xvili si cle une des facettes de m n travail En tout tat de cause je pense qu une recherche fondamentale est n ces saire au d part car on ne peut pas pr sager des conclusions possibles dans le cas pr cis qui nous occupe on ne pouvait rien dire de l int r t de l utilisa tion actuelle des mat riaux tudi s propos recueillis par C Langlois Une des phases du remontage des granges de Saint Riquier mai 1984 abbaye de Saint Riquier Somme photo F Calame NOUVELLES DE Une op ration du minist re de la Cul ture a permis d quiper la briquetterie de Beauvais d un malaxeur assurant ainsi un appoint substantiel dans l activit de cet tablissement bri quetterie Dewulf Allonne Oise photo F Calame
3. 76 NOUVELLES DE L HABITAT EN TERRE CRUE UNE EXPERIENCE D ETHNOLOGIE APPLIQUEE Entretien avec F Calame Terrain Vous effectuez depuis quel ques ann es des recherches sur l habitat rural et plus particuli re ment celui en bois et en terre quelle est votre formation Fran ois Calame Avant un doctorat de 3 cycle d ethnologie Pour une tude de la charpente rurale en France l exemple de l Oise dirig par J Cuise nier l EHESS j ai fait une ma trise des sciences et techniques pour la pr ser vation des biens culturels dans le cadre de laquelle j ai effectu un stage de for mation chez les compagnons charpen tiers du Devoir une des deux associa tions de compagnonnage en France ce qui m a permis pendant quatre mois d apprendre une partie du m tier de charpentier Les compagnons propo sent une formation professionnelle des jeunes de moins de 21 ans T Que vous a apport ce type de stage par rapport une formation universitaire F C Ce stage m a permis d tre im merg dans un milieu professionnel du b timent Apr s ces quatre mois j ai continu suivre les enseignements du soir que donnent les compagnons C est un syst me de formation perma nente tout fait int ressant car il repr sente une immersion compl te dans une entreprise avec des cours du soir en plus il est d autant plus valable au plan p dagogique qu il s inscrit dans un Tour de France Cette formation
4. association Mai Sons paysannes de France qui a des d l gations dans un certain nombre de d partements Je travaille j ai pu commencer le faire gr ce aux aides successives de la DGRST et de la direc tion du Patrimoine dans la d l gation de l Oise assez active Ce travail mal gr certains inconv nients m apporte compos e quasi uniquement de b n voles a pour R apprendre le mode d emploi de l habitat ancien une formation de l usager et du professionnel du b ti ment dans laquelle l ethnologue a un r le jouer Cet habitant de Thi ra che se rend compte l occasion d un stage sur sa maison qu un Ccr pissage au ciment sur un pan de bois n a pas permis une bonne conservation de sa fa ade Maisons paysannes de l Aisne photo F Calame but la pr servation de l habitat rural Elle essaye depuis une dizaine d ann es de r aliser un travail de ter rain incluant la formation des profes sionnels du b timent des usagers des ma tres d uvre Il ne s agit pas d iso ler une maison paysanne rurale de son environnement dans une optique fig e mais au contraire de tenir compte du b ti dans son ensemble J ai r alis il y a quelques ann es que les constructions en terre crue dans le nord de la France taient tr s importan tes et encore largement utilis es comme outil de travail ou habitation Mais les gens du b timent et les usa gers ont un peu perdu le mode d emploi de ce
5. les sur le plan conomique et psychologi que et enfin de les mettre en applica tion sur un mode industriel ce que nous essayons de faire en ce moment Pour ce faire nous avons proc d par sta des successifs l enregistrement des techniques l observation l apprentissage un ancien ma on nous a montr comment r aliser des murs en terre crue et a en m me temps form douze jeunes ma ons dans un deuxi me temps nous avons essay de le refaire par nous m mes afin de voir si nous avions dig r l enseignement Nous nous sommes aper us que nous en tions capables et m me nous avons apport des am liorations m caniques maintenant nous voulons passer une production op rationnelle pouvant s inscrire dans un march conomique viable susceptible d int resser la r gion les pouvoirs publics Cette action peut s largir aux sept d partements de la r gion nord concern s par cet habi tat T Comment concr tement r alisez vous cette remise sur le march F C Au moyen d une op ration intitul e Pour un red marrage de la ma onne rie en terre crue dans le nord de la France cofinanc e par la mission du Patrimoine ethnologique le service emploi de la direction du D veloppe ment culturel la Caisse nationale des monuments historiques et des sites le rectorat de Picardie et le minist re de l Urbanisme et du Logement budget total 350 000 F Au d
6. part il s agit sur tout de r aliser la cr ation d une fili re de production industrielle d marr e actuellement Beauvais dans une bri quetterie en fonctionnement Une machine un gros malaxeur a t r alis e qui permet de produire 750 litres de mortier de terre en une four n e Ce mat riel appartient l associa tion mais est mis en d p t aupr s de cet entrepreneur Nous ne favorisons bien s r pas de monopole et voulons ouvrir aussi largement que possible le march tous les niveaux T Y a t il un lien avec le transfert de b timents ruraux Saint Riquier F C Aucun l origine mais nous nous sommes greff s sur cette op ration r alis e par la direction des mus es de France pour le mus e des Arts et Tradi tions populaires dont les collections lourdes batteuses chariots pres soirs etc sont conserv es l abbaye de Saint Riquier Importantes elles sont trop l troit dans ce site prot g qu on ne peut agrandir a donc t d cid de transf rer cette fin deux b timents agricotes d une surface de 737 m au sol en les d montant pi ce par pi ce et en les reconstruisant Saint Riquier Je suis intervenu pour une tude de fai sabilit de l op ration et comme conseiller technique pour le choix des entreprises et le suivi du chantier Cette op ration a permis la fois d paur ler conomiquement par une grosse commande le d marrage de no
7. qui m a ouvert aux m tiers du b timent me permet actuel lement d allier une approche scientifi que une approche pratique tourn e vers des r alisations concr tes Appro che qui veut tablir la fois un dialogue r el entre enqu teur et enqu t s ici les professionnels du b timent et un change En effet ceux ci nous fournis sent des informations et l ethnologue ne se contente pas de leur renvoyer une image de ce qu ils sont II les fait aussi b n ficier d un savoir technique qu ils ont parfois perdu et qui peut leur tre utile dans certains domaines la r habi litation de l habitat par exemple T Pourquoi avoir ensuite commenc un 3 cycle d ethnologie F C Le 3 cycle repr sentait pour moi une fa on d aller plus loin dans l exploi tation des donn es recueillies aupara vant J ai eu alors l occasion de travail ler au corpus de l habitat rural du beaucoup L association mus e des ATP et de participer la r daction de l ouvrage concernant le Nord Picardie actuellement en pr para tion Dans ce groupe je m occupe plus parti culi rement des constructions en bois du nord de la France et de lexploita tion d un point de vue th matique des volumes existants du corpus sous l angle des techniques de construction Cela constitue le volet recherche fonda mentale de mon activit T En quoi consiste l autre volet F C C est pour moi l action cultu relle port e par l
8. tat en terre crue dans le tiers monde est maintenant assez la mode Les services publics le minist re de l Urbanisme et du Logement par exemple commencent s y int resser Ces constructions ont diverses formes dans le Dauphin ou en Champagne elles sont en pis la terre tant por teuse sans autre ossature dans le Nord Picardie il s agit d une autre tech nique tr s d valoris e le torchis En l trois ans nous avons pu r aliser pro gressivement l op ration suivante retrouver le savoir traditionnel en fai sant le lien entre d anciens ma ons 50 70 ans ayant une pratique de l archi tecture en terre pratique abandonn e depuis dix ans et des constructeurs d aujourd hui ne connaissant pas ces pratiques traditionnelles bien qu ils soient amen s intervenir tr s fr quemment sur ce type d habitat Il y avait donc une recherche ethnographi que effectuer une tude des savoir faire et des syst mes de valeur les accompagnant Nous avons enregistr les techniques utilis es par le biais de stages et de films Nous avons proc d une tude d taill e de ces techniques afin de d tecter des d fauts qui pour raient expliquer leur abandon Par chance la conclusion a t positive et a permis d entrevoir un stade ult rieur o il serait possible de reprendre ces tech niques en les am liorant afin de les ren dre compatibles avec les exigences contemporaines de les rendre viab
9. tre fili re terre juste apr s l acquisition du mat riel et psychologiquement de b n ficier de l impact important du pre mier transfert de b timents ruraux r a lis par l Etat Nous utilisons par ailleurs le tr s gros chantier de Saint Riquier pour sensibili ser le plus de monde possible l ves des lyc es d enseignement profession nel stagiaires des chambres des m tiers conseils d architecture de l Urbanisme et de l Environnement etc tout ce que repr sente l habitat rural d un point de vue ethnologique une journ e sur le terrain permet de d ve lopper ce qui vient en amont et en aval du probl me de l habitat rural Nous avons l un outil p dagogique extraordi naire T Comment l association joue t elle ce r le p dagogique F C L association joue un r le de conseil d aide aux municipalit s sous forme notamment de stages Nous avons aussi pour interlocuteurs des professionnels du b timent cham bres des m tiers marchands de mat riaux l Education nationale clas ses d enseignement professionnel les jeunes interviennent sur des b ti ments d habitat ancien au cours des stages lls constatent cette occasion que cet habitat n est pas forc ment bon pour le bulldozer qu il y a un minimum de sensibilit et de connaissance avoir pour ce type de construction qui ne figure pas au programme des coles Enfin la grosse carte que nous avons encore
10. type de construction les constructeurs ne savent plus comment elles se comportent par exemple sur le plan de la ventilation o du point de vue m canique II y a des connaissances concernant une pathologie qui leur est propre r introduire ind pendamment du point de vue esth tique et c est l objet de ma collaboration avec Mai sons paysannes C est l que le chercheur a un r le jouer des informations apporter il tente de redonner aux usagers une connaissance des savoir faire afin qu ils puissent intervenir de fa on beau coup plus adapt e sur cet habitat Les enjeux conomiques sont galement importants si l on redonne le go t d investir ou de r investir dans des locaux encore souvent per us de mani re p jorative De plus les mat riaux employ s se pr tent tr s facile ment l autoconstruction ce qui est NOUVELLES DE Une famille de b cheron botteur du Beauvaisis reprend la pratique de l autoconstruction avec le torchis industriel Saint Omer en Chauss e Oise photo F Calame Par analogie avec l architecture ani male le torchis dans l Oise est appel castor ou mortier de pie Saint Omer en Chauss e photo F Calame une dimension monde agricole importante pour le T Comment avez vous proc d pour amorcer une r habilitation de ce type d habitat F C Le th me de l architecture en terre crue avec l exposition r cente Beau bourg sur l habi
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