Responsabilité éthique dans l`action en complexité
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1. Francisco Varela Quel savoir pour l thique Editions La D couverte 1996 pages 53 55 et L inscription corporelle de l esprit Seuil 1993 Face ces situations impr vues ces micro mondes 1 inattendus qui nous surprennent et pour lesquels nous n avons appris l avance aucun mode d emploi notre responsabilit n est pas de tomber dans un acharnement absurde consistant pr voir toute force l impr visible mais cultiver nos dispositions concevoir dans le faire face instantan les choix souhaitables L anticipation ne consiste pas pr voir mais d velopper bien en amont des v nements inattendus notre prise de conscience permanente et progressive de nos processus cognitifs et notre r flexivit lucide sur les influences les lans vertueux mais aussi les d mons cach s qui conditionnent notre insu l mergence de nos r ponses instantan es aux faits fortuits qui nous assaillent En son temps Blaise Pascal disait d j Travailler bien penser voil le principe de la morale Deuxi me facteur de complexit La diversit et l enchev trement des interactions La diversit la quantit et l enchev trement des interactions dans les ph nom nes biologiques et sociaux les rendent difficilement mod lisables C est le d fi majeur rencontr dans la conduite de toute organisation sociale qu il s agisse d une famille d une association d une2. cologiques l explosion de la navette Challenger les guerres de religion la centrale de Fukushima les quatre grands g nocides du 20 si cle Ces exemples dessein catastrophiques d signent une premi re responsabilit face la complexit accepter le fait de la complexit reconnaitre que le r el gt d passe nos capacit s de compr hension et de mod lisation Une carte n est pas le territoire peut on mod liser la complexit L id e de complexit inclut par d finition l observateur dans le r el observ C est parce que nous essayons de le comprendre que le r el est per u comme complexe Sans observateur le r el est ce qu il est ni complexe ni compliqu ni simple il est c est tout et on ne sait pas ce qu il est puisqu on ne l observe pas Le r el existe sans doute mais nous n y avons acc s qu travers nos repr sentations et nos mod lisations Le r el dont nous parlons n est pas le r el mais seulement notre point de vue sur le r el La repr sentation ou mod lisation que nous en faisons est toujours subjective et m me projective c est dire conditionn e par les intentions que nous portons sur lui Ce que nous qualifions d objectif n est rien d autre qu un consensus intersubjectif une repr sentation partag e par un groupe humain apr s d lib ration Il est justifi pour les n cessit s de la d cision et de l action
3. ce chemin et rien de plus marcheur il n y a pas de chemin le chemin se construit en marchant En marchant se construit le chemin et en regardant en arri re on voit la sente que jamais on ne foulera nouveau Marcheur il n y a pas de chemin seulement des sillages sur la mer Antonio Machado 1 David Ruelle Hasard et chaos Editions Odile Jacob 1991 2 Ce po me est le viatique du R seau Intelligence de la Complexit 13
4. d chainer et franchir toutes les limites de la morale C est ce qu a tent de faire Hanna Arendt dans son rapport sur le proc s de Eichmann J rusalem avec sa terrible conclusion sur la banalit du mal Cette posture lui a valu de tr s violentes critiques On comprend bien s r que cette prise de recul ait profond ment choqu les communaut s juives qui pleuraient les millions de victimes de l holocauste Mais nous devons au courage pist mique de Hanna Arendt d avoir mis en vidence ce terrible constat que le mal dans certaines conditions peut merger d tres humains a priori normaux Cela nous met face notre responsabilit devant le ph nom ne d mergence du bien comme du mal qui peut jaillir de nous dans des circonstances impr vues comment nous pr parer faire face avec discernement et dignit ces moments d ambig it et de folie o tout peut basculer Ce n est pas par hasard si Edgar Morin consacre les deux derniers chapitres du dernier tome de La M thode la question du mal et du bien Ecoutons le J ai pu un moment croire que le mal et le bien ne sont que des r ifications Ce sont des mergences J en arrive finalement assumer la contradiction Le mal existe et il n existe pas Il n existe pas lorsqu on peut le ramener aux manques inconscience ignorance etc et aux exc s hubris d lire bien que ces masques et exc s d terminent partout et sans
5. d tournement encore acc l r par les technologies num riques qui permettent d inventer des aberrations conomiques et thiques telles que le high frequency trading Cette pratique destructrice de toute confiance dans le syst me financier mondial est une illustration du r flexe puisque c est techniquement possible alors on le fait 5 L volution Dernier point du questionnement h las r guli rement oubli dans la conception des syst mes Que faire pour maintenir le syst me pertinent au fil du temps en prenant en compte les volutions du contexte et des finalit s Cette question rejoint celle de la gouvernance un syst me qui ne se pr occupe pas de son auto co r organisation Cf Edgar Morin est vou la d gradation ou la d viance de ses finalit s initiales L co organisation est l ouverture et l adaptation aux volutions et la diversit de l environnement L auto organisation est le d veloppement de l autonomie c est dire de la capacit laborer et mettre en uvre ses propres comportements de fa on adapt e aux contraintes et sollicitations de son environnement Cette capacit d auto organisation suppose une r explicitation de ses buts et de ses modes d action La r organisation est la transformation permanente subtil quilibre entre le renouvellement et la reproduction La r organisation ne peut s op rer qu en symbiose avec l co orga
6. discontinuer le mal Il existe irr m diablement comme mergence et il prend alors une terrible r alit mais ce n est pas une r alit premi re Le mal existe mais il n y a pas de principe du Mal pire et En r sum Le d fi que nous lance l action dans la complexit n est pas seulement pist mologique il est ins parablement thique et pist mologique Si l on reprend les principales alertes pr sent es dans les pages pr c dentes on s aper oit qu elles proc dent toutes de ce double registre e Se pr munir contre le d ni de la complexit reconna tre que le r el d passe nos capacit s cognitives L orgueil prom th en ouvre la porte l erreur et aux catastrophes e Prendre conscience du m canisme de construction de nos repr sentations et en m me temps de l norme responsabilit que nous portons dans cette construction qui conditionne nos choix et nos actions Assumer la subjectivit et l incompl tude de nos points de vue sur le r el et en m me temps reconna tre ce droit aux autres L attitude thico pist mique se situe dans le questionnement individuel et dans la d lib ration collective e Pour faire face le plus dignement possible aux multiples impr vus qui maillent notre existence cultiver nos dispositions pour qu elles puissent se mobiliser dans un 8 Edgar Morin La m thode tome 6 Ethique Seuil 2004 pages 218 219 12 jaillissement d merg
7. me de repr sentation La premi re composante est tout ce que le pass a engramm en nous Notre histoire individuelle mais aussi la part de l histoire de l humanit que nous portons en nous ont format nos r flexes mentaux Cette histoire individuelle et collective a inscrit en nous des habitudes des fa ons de voir des id es fixes des id ologies qui constituent une v ritable grille d interpr tation du monde qui fonctionne spontan ment souvent notre insu tel un imprinting culturel Dans notre histoire personnelle ce sont principalement notre culture notre formation et notre exp rience qui ont construit notre grille d interpr tation du 5 Il serait sans doute plus exact de l appeler syst me de construction des repr sentations Expression emprunt e Konrad Lorenz qui d signait par l les r flexes conditionn s inscrits jamais chez le jeune animal par ses premi res exp riences monde Mais nos grilles d interpr tation ne sont pas seulement individuelles elles sont aussi collectives partag es par l ensemble des hommes qui ont v cu la m me histoire Elles constituent alors un paradigme qui conditionne tr s profond ment nos syst mes de repr sentation Cette vision du monde sert de cadre de r f rence de mod le f d rateur toutes les pens es normales de l poque La deuxi me composante est le contexte dans lequel nous baignons Notre environnement g ograph
8. souvent pressantes de faire une sorte de s lection dans le r el de privil gier un point de vue d op rer des simplifications de concentrer l attention sur les caract ristiques du ph nom ne que l on a projet de pr senter de fa on intelligible Mais ce choix doit tre fait en toute lucidit avec la conscience qu une simplification est toujours une amputation et avec une vigilance toujours ouverte pour reconsid rer la chose Sinon nous nous trouvons dans le d ni de la complexit pr ts tomber dans tous les pi ges de la certitude Ce n est pas le doute mais la certitude qui rend fou disait Nietzsche Ce n est pas un iceberg qui a coul le Titanic mais la certitude du capitaine sur le fait que son navire tait insubmersible et l a conduit ne tenir aucun compte des t l grammes l avertissant de la pr sence d icebergs Le r el r siste nos id es fixes individuelles et nos id ologies collectives Malgr nos pirouettes mentales pour l enfermer dans quelques savantes certitudes il n en fait qu sa t te et chappe notre entendement Jean Louis Le Moigne a fait un travail de fond extr mement pr cieux pour quiconque veut entreprendre un travail de r flexivit sur la fa on dont 1l construit ses repr sentations pour quiconque a pris conscience que la carte qu il construit dans sa t te n est pas le territoire mais que cette mod lisation par essence subjective va en retour co
9. ches permanente et sans fin Comment la complexit s impose nous Les raisons pour lesquelles le r el chappe notre entendement sont multiples et imbriqu es tiss es ensemble complexus dirait Edgar Morin Pour en faciliter la 7 Gaston Bachelard Le nouvel esprit scientifique Presses Universitaires de France 1934 page 15 pr sentation et au risque de simplifier artificiellement les choses je d crirai ces facteurs de complexit en les regroupant sous trois grandes caract ristiques naturellement en constantes interactions l incertitude la diversit la contradiction Premier facteur de complexit L incertitude l impr visibilit l volution par bifurcations Le hasard l incertitude l impr visibilit le d sordre caract risent la nature la vie l homme les soci t s les esp ces Beaucoup de ph nom nes ne se produisent qu une fois ou tr s localement Du fait de cette singularit ou de cette localit on ne sait pas les mod liser et les pr voir Ces ph nom nes taient consid r s il y a encore peu de temps comme a scientifiques Contrairement ce que la science classique avait choisi d en retenir l volution n est pas une succession d quilibres r guliers mais plut t une suite de d s quilibres et de bifurcations d o surgissent des ordres nouveaux eux m mes transitoires Chacun de nous le vit tr s concr tement dans sa vie de tous les jo
10. constructivistes que l on peut r sumer ainsi Nos repr sentations nos mod lisations et la connaissance en g n ral ne sont pas un objet ni un reflet objectif de la r alit Ce sont des constructions de l esprit subjectives contextu es projectives incarn es volutives Si l on admet ce point de vue on voit bien o se situe notre responsabilit thique Elle se trouve dans la prise de conscience et le travail r flexif que nous pouvons devons faire pour comprendre comment se forment nos repr sentations et aussi celles des autres Chacun a son propre point de vue sur les choses et les situations Et si chacun a cette repr sentation c est parce qu il est convaincu que c est la bonne ou la meilleure D s lors il est illusoire de chercher convaincre l autre de la v rit de notre point de vue Plut t que de se jeter la t te nos certitudes respectives ne vaudrait il pas mieux tenter de remonter la source de ces points de vue de questionner l laboration de nos avis Sur le plan individuel cette cologie de l esprit est une thique du questionnement questionnement de nos formatages de nos contextes de nos intentions profondes Sur le plan collectif c est une thique de la d lib ration une volont permanente de d velopper l intelligibilit des points de vue en pr sence et si possible de construire ensemble notre chemin T che difficile pleine d emb
11. exister Nous nous pla ons alors dans une logique de combat pour faire dispara tre ce qui s oppose au triomphe de la logique que nous d fendons Pour adopter une posture de recul et consid rer l ensemble des logiques en pr sence il faut pouvoir adopter une position m ta une finalit d ordre sup rieur qui surplombe et englobe toutes les logiques en jeu Mais cette prise de recul est quasi impossible quand on est pris dans le feu du combat On ne peut op rer cette mise en position m ta que si des processus anticipatoires ont t pens s pour la rendre possible et que les esprits ont t pr par s y recourir Sur ce registre 1l faut noter le recours de plus en plus fr quent actuellement des processus de conciliation 11 Enfin une difficult majeure en mati re de dialogique est la question du mal dans des situations extr mes de conflits violents d atrocit s de g nocide peut on consid rer qu il s agit d une dialogique et qu il faut admettre toutes les logiques en pr sence qu il faut reconna tre la logique du mal Evidemment notre conscience morale r pond non cette question il faut combattre le mal tout prix Mais on peut en m me temps prendre une position de recul par rapport cette question et faire face l id e que le mal et le bien peuvent coexister dans l me humaine Cette position m ta permettrait de se demander pourquoi et dans quelles conditions le mal peut se
12. rences soient n cessaires la vie de cette unit Voici quelques exemples de dialogiques dans des domaines tr s divers ordre d sordre altruisme go sme sagesse folie analyse synth se th orie pratique individuel collectif concurrence coop ration autonomie solidarit conomique social nature culture s curit productivit directivit d l gation court terme long terme strat gique op rationnel v rit erreur d duction induction pr vention r pression acc l rateur frein La fa on spontan e de traiter des logiques antagonistes est h las le plus souvent de les disjoindre et d exclure celle qui nous g ne Mais ce processus de disjonction exclusion est destructeur C est la victoire du simplisme on y gagne peut tre en confort mental mais en supprimant la logique g nante de notre point de vue on d truit le tout que les deux logiques constituaient par leur lien dialectique Prenons quelques exemples dans la liste pr c dente 17 Clin d il d ICARE pour ceux qui ont le go t des acrostiches 10 e _L ordre sans le d sordre supprime toute possibilit de renouvellement et d volution Mais le d sordre sans ordre ne permet d ancrer aucune permanence La vie est cette condition l action conjointe de l ordre et du d sordre e L autonomie qui n accepterait pas en m me temps la solidarit se couperait enti reme
13. Lire ce propos le remarquable essai de Amin Maalouf Les identit s meurtri res Editions Grasset 1998 14 Jean Louis Le Moigne La Th orie du Syst me G n ral Th orie de la Mod lisation 4 dition PUF 1994 et La Mod lisation des syst mes complexes Dunod 1990 r dition 2002 15 Cf Herbert Simon The Sciences of the Artificial MIT 1996 pages 201 247 Traduit en fran ais par Jean Louis Le Moigne sous le titre Les sciences de l artificiel Editions Gallimard 2004 instant donn dans l histoire des connaissances dans un contexte donn et avec un projet sous jacent qu il soit explicite ou implicite conscient ou inconscient C est pr cis ment sur ce point que la m thode de mod lisation syst mique labor e par Jean Louis Le Moigne apporte une pierre majeure l dification du paradigme constructiviste Cette m thode nous invite regarder toute chose toute situation en nous pla ant dans une posture de conception en tant conscients que nous concevons une mod lisation en se rappelant sans cesse que ce que nous appelons par facilit de langage la r alit n est qu un point de vue sur la r alit une mod lisation subjective contextu e incorpor e projective et volutive Cette attention port e tous ces facteurs qui conditionnent nos m canismes de mod lisation est un l ment de salubrit mentale qui facilite radicalement l intelligence de la complexit Le fil directe
14. RESPONSABILITE ETHIQUE DANS L ACTION EN COMPLEXITE DOMINIQUE GENELOT Toute personne engag e aujourd hui dans une responsabilit qu elle soit de nature sociale conomique politique technico scientifique ducative ou m me tout simplement familiale prouve le sentiment d une complexit croissante d un monde de plus en plus difficile comprendre d une r alit qui chappe notre entendement et a fortiori notre ma trise Longtemps dans le sillage des p res de la m canique classique et de Descartes nous avons pens pouvoir trouver une explication universelle cette r alit afin de mieux la ma triser Mais ce fantasme prom th en s est vanoui au cours du 20 si cle en m me temps que le paradigme analytique s est croul Orphelins de certitudes nous voici devant le d fi d avoir reconstruire nos modes de pens e Relever ce d fi est d sormais notre responsabilit majeure La complexit n est pas la complication Cette distinction est fondamentale Dans le langage courant ces deux termes sont souvent confondus mais la r flexion sur la pens e complexe deviendrait vite un non sens si nous n tablissions pas nettement la distinction entre ces deux concepts Cette distinction n est pas seulement formelle mais marque une ouverture dans la conduite de la pens e donc de la d cision et de l action La complication d signe un empilement et une imbrication d entit s et d
15. as faire face ces situations Les enseignements sup rieurs pour leur majorit pr parent leurs tudiants appliquer des m thodes d j bien prouv es mais pas faire face des situations impr vues incertaines pressantes ambig es logiquement et thiquement ouvertes Il est utile bien entendu d apprendre faire face des situations o l action correcte mettre en uvre est connue Mais qu en sera t il des situations o l action correcte est inconnue o il faudra inventer dans l imm diatet et le flou la d cision prendre et l action conduire Toute d cision est un pari nous dit Edgar Morin Est ce que l cole met souvent les jeunes en situation de faire de vrais paris Francisco Varela d veloppe l id e que nos comportements en r ponse des situations impr vues ne se construisent pas sur des sch mas pr tablis mais par un ph nom ne d mergence au moment m me de l action partir des dispositions qui sont les n tres parce que nous les avons cultiv es Les professions confront es quotidiennement des situations risques pompiers commandos d intervention rapide sauveteurs etc auraient beaucoup nous apprendre sur la fa on dont ils s entrainent d cider dans l urgence et le stress de la meilleure conduite tenir devant des situations impr vues souvent dramatiques 8 Ilya Prigogine et Isabelle Stengers La nouvelle alliance Gallimard 1979
16. constituent e Le tout est plus que le tout Le tout r troagit sur les parties qui leur tour r troagissent sur le tout Heinz von Foerster 1959 a t le premier mettre en vidence ce caract re auto organisateur des syst mes une organisation produit des effets devenant les causes qui la produisent Pour E Morin le tout n est plus une r alit globale finie c est un dynamisme organisationnel il ne faut plus le consid rer comme un objet mais comme un processus d auto co r organisation e Une partie est plus qu un fragment du tout L organisation complexe du tout n cessite l inscription du tout en chacune de ses parties l image d un hologramme 1 L expression est de F Varela 1 Edgar Morin La M thode Tome 1 La nature de la nature chapitre 2 L organisation de l objet au syst me Seuil 1977 O se situe notre responsabilit dans cet cheveau syst mique Pour exercer notre dignit d homme dans les multiples syst mes au sein desquels et par lesquels nous vivons processus organisationnels en perp tuelles transformations nous pouvons trouver une grande aide mobiliser la fois un fil directeur thique l esprit de reliance et un outillage mental ouvert l id e de complexit un pense intelligent dirait Edgar Morin la mod lisation syst mique L esprit de reliance est une attitude thique qui reconna t que notre existence et m me notre ident
17. e dispositifs de tous ordres dont on peut n anmoins venir bout avec du temps et de l expertise Quelque chose de compliqu peut requ rir beaucoup d efforts pour se laisser appr hender Mais avec du temps de la m thode et des moyens on finit par en avoir une connaissance consid r e tort nous le verrons comme compl te On arrive comprendre la structure pr sum e explicative des principes de fonctionnement d un syst me compliqu Notre univers technique comporte de multiples syst mes dits complexes mais qui au sens o nous venons de le d finir sont seulement consid r s comme compliqu s Des navettes spatiales des centrales nucl aires des syst mes informatiques des syst mes de t l communications ou de transports rel vent de la complication Ils sont constitu s d un enchev trement d interactions extr mement nombreuses mais d terministes ma tris es tant qu il n y a pas d impr vus ou que ces impr vus restent sous contr le On pourrait aussi consid rer que des syst mes tr s codifi s comme le code des imp ts le code de la route le code du travail nos syst mes de protection sociale etc ne sont que des syst mes compliqu s ma trisables La complexit en revanche d signe tout ce qui chappe compl tement ou partiellement notre compr hension et notre ma trise La complexit est un d fi le d fi de chercher comprendre un r el qui ne se laisse jamais ap
18. ence spontan e et produisent des bifurcations heureuses L exercice heureux de notre libert dans les moments incertains et ambigus se construit bien en amont de l v nement par le travail bien penser e Pour donner sens aux syst mes complexes et savoir constituer la diversit en unit savoir mobiliser la fois une attitude et une m thode L attitude c est l esprit de reliance et de solidarit Relier toujours relier recommande sans cesse Edgar Morin La m thode c est la rigueur de la mod lisation syst mique clarification des intentions prise en compte des contextes congruence des actions avec les finalit s rigueur de la gouvernance vigilance sur l auto co r organisation e Apprendre reconna tre la contradiction trouver les positions m ta qui permettent de les d passer sans les nier et organiser les processus dialogiques qui permettent de les r guler Je terminerai par deux citations qui r sument ce n cessaire couplage de l pist mique et de l thique La libert n est pas une donn e imm diate elle s acquiert dans la connaissance de tout ce qui nous d termine Spinoza S il y a quelque dignit dans notre existence elle r sulte en fin de compte de la d cision que nous prenons de donner telle ou telle signification aux faits fortuits qui nous assaillent David Ruelle Et je donnerai la parole au po te Marcheur ce sont tes traces
19. entation sur laquelle on puisse op rer travailler changer Le produit de la mod lisation syst mique est une construction mentale variable en fonction du contexte et de nos intentions labor e pour faciliter l intelligibilit d un r el complexe La tentation est de faire une distinction forte entre syst mes naturels la nature les organismes vivants le cosmos qu on peut explorer et d crire avec des m thodes scientifiques appropri es et les objets et syst mes artificiels qui eux rel veraient des sciences de la conception Les premiers rel veraient de l objectivit et les seconds de la subjectivit de l esprit d invention de la capacit concevoir et fabriquer des artefacts Mais cette distinction n est pas aussi nette qu elle para t On constate m me qu elle est souvent mise en d faut Un exemple fameux est la m saventure qui est arriv e Einstein lorsqu il a introduit sa fameuse constante cosmologique dans la th orie de la relativit pour faire coller sa d monstration avec l id e pr con ue qu il avait de l univers une immense sph re constante Il lui faudra 9 ann es pour reconna tre son erreur et s en excuser Force est de constater que m me pour les plus minents scientifiques ce qu on appelle commun ment une d couverte ou une th orie n est qu une mod lisation labor e un 1 Edgar Morin La M thode Tome 6 Ethique chapitre 3 thique de reliance Seuil 2004 5
20. entreprise d un service public d une municipalit d un pays ou de notre union europ enne comment se construit une unit compos e de tant de diversit La pens e syst mique est n e de ce questionnement Edgar Morin pose clairement l enjeu Un syst me complexe c est une unit compos e de diversit Cette diversit se constitue en unit mais l unit elle m me est ins parable de la diversit Nous sommes oblig s de lier deux notions qu en g n ral nous opposons Edgar Morin r sume la conception syst mique par les principes suivants e Un syst me complexe n est r ductible ni au tout ni aux parties Blaise Pascal encore lui l exprimait d j en ces termes Je tiens pour impossible de conna tre les parties sans conna tre le tout non plus que de conna tre le tout sans conna tre particuli rement les parties o Le tout est plus que la somme des parties Des mergences des propri t s nouvelles qui n taient pas contenues dans les parties apparaissent dans le syst me Par exemple un individu humain a des propri t s mergentes reproduction r paration connaissance etc qu on ne trouve pas dans les mol cules physico chimiques qui le composent E Morin o Le tout est moins que la somme des parties Certaines qualit s ou propri t s des parties sont inhib es ou inutilis es par le syst me Un syst me est plus riche mais peut tre aussi plus pauvre que les parties qui le
21. eur que Varela appelle l naction certains aspects de la r alit sont s lectionn s interpr t s puis ordonn s d une certaine fa on dans notre repr sentation d autres aspects ne seront m me pas per us et cette inscription dans notre esprit pilote en retour nos perceptions Jean Louis Le Moigne a r sum ce m canisme dans un sch ma de synth se tr s puissant dont je m inspire directement ci dessous Cette synth se r unit trois composantes dans un syst me de repr sentation la grille d interpr tation du monde le contexte les intentions Comment se construit une repr sentation R el ZT Repr sentation Repr sentation Communicable Actionnable 4 La grille d interpr tation 2 Le contexte 3 Notre vision du futur incorpor e en nous nos intentions situation instantan e finalit s intention profonde culture religion croyances motion pression stress d sir paradigme contraintes risques projet explicite et ou implicite valeurs thique morale contexte g o conomique objectifs contexte social politique thique La vision du futur est techniques m thodes m tiers consciente et ou inconsciente environnement affectif individuelle et ou collective environnement cognitif court terme et ou long terme exp rience connaissances acquises formation pr f rences psychologiques Les trois composantes d un syst
22. ique physique social intellectuel affectif les structures sociales et politiques le moment de l histoire l organisation de l activit le m tier les champs de connaissances dans lesquels nous vivons conditionnent norm ment la lecture que nous allons faire d un v nement d une situation La troisi me composante est celle de nos intentions Notre syst me de repr sentation est model par nos intentions Nous lisons la r alit en fonction du projet que nous avons sur elle et de l int r t que nous portons la situation Nous interpr tons tous les signes du pr sent travers notre vision intime du futur du futur d sir L intention c est de l action en germe c est ce que nous nous pr parons faire ce vers quoi nous allons tendre de toutes nos forces Cette tension des nergies vers un projet les psychanalystes la nommeraient sans doute d sir Naturellement cette tension vers l avenir tel que nous le d sirons va filtrer et colorer toute la r alit per ue Gaston Bachelard crivait La m ditation de l objet par le sujet prend toujours la forme du projet 7 Cette pr sentation sch matique d un syst me de repr sentation montre quel point le d fi de la complexit est d abord dans nos t tes C est un d fi pist mologique ce n est pas la r alit en soi qui est complexe mais notre relation la r alit Cette id e est le point cl des pist mologies
23. ique est si important non seulement au plan pist mologique mais au plan thique 4 La r gulation Les syst mes s auto transforment nous l avons vu Ils peuvent voluer pour le meilleur mais aussi pour le pire C est pourquoi la responsabilit du concepteur d un syst me ne doit pas s arr ter au constat que l ensemble des actions fonctionnent correctement Il doit se demander aussi quelles r gulations quelles interactions quelles auto r gulations sont n cessaires pour que ces fonctions concourent ensemble aux finalit s Dans les syst mes sociaux cela pose la question de la gouvernance Il est fr quent que des syst mes tr s efficients leur origine perdent au fil du temps non seulement leur efficience mais d rivent de leur finalit faute d une gouvernance vigilante qui sait prendre en compte les volutions du contexte L exemple de la crise du syst me financier mondial d clench e en 2007 par le scandale des subprimes est symptomatique ce titre faute d une gouvernance mondiale le syst me financier s tait laiss aller au fil des ann es en ne s interrogeant pas ou plus sur ce qui devait tre ses finalit s majeures faciliter les changes par une circulation mon taire facile et rapide drainer l pargne pour investir et acc l rer le d veloppement etc Faute de vigilance r gulatrice il est devenu un vaste syst me de sp culation mondiale ouvert toute les cupidit s
24. it ne sont possibles que parce que nous sommes reli s reli s nos proches reli s une communaut une soci t reli s esp ce humaine reli s la Terre Patrie Nos reliances sont multiples tiss es ensemble de m me que nos appartenances identitaires sont multiples langue pays d origine nationalit religion culture r gionale etc La mod lisation syst mique est un effort de rigueur et de distanciation pist mique pour conduire nos processus de repr sentation ou de mod lisation de fa on consciente responsable et la moins mutilante possible de la richesse et de la diversit de la r alit Nous devons Jean Louis Le Moigne un travail de fond 14 et une volution fondamentale du concept de syst me qui est bien plus qu une vague approche il s agit d un changement radical de paradigme qui exige non seulement une discipline et un outillage mental mais aussi une v ritable thique intellectuelle Le vin est nouveau il faut changer loutre imp rativement Dans cette nouvelle vision de la syst mique un syst me n est plus forc ment quelque chose qui existe en soi dans la r alit et qu on essaie de d crire par un effort d analyse mais il peut tre aussi bien quelque chose que l on con oit un artefact La mod lisation syst mique devient un outil de conception une m thode non seulement pour d crire une r alit per ue complexe mais pour en laborer une repr s
25. n propose le processus de reliance de distinction conjonction Les logiques sont distingu es les unes des autres et leurs diff rences sont affirm es mais elles ne sont pas s par es de la probl matique globale laquelle elles appartiennent Sans nier leurs existences respectives on les articule l une l autre conjonction reliance en vertu de logiques de niveau sup rieur qui les int grent sans r duire leurs sp cificit s Cette d marche s oppose totalement celle qui consiste ter un l ment de son contexte l exclure du tout dans lequel il prend un sens Ainsi reli s tout en tant distingu s ordre et d sordre deviennent vie autonomie et solidarit deviennent progr s analyse et synth se deviennent pens e d l gation et directivit deviennent efficacit sagesse et folie deviennent quilibre Au prix d une complexification entendez enrichissement de la pens e on cr e de la vie et de la richesse Pour exercer notre responsabilit dans les situations dialogiques plusieurs difficult s majeures doivent tre d pass es La premi re est d abord d accepter l existence et de comprendre la nature de ces situations dialogiques Cela nous ram ne au travailler bien penser de Pascal La seconde est que si nous sommes pris nous m mes dans l une des logiques en pr sence il nous est terriblement difficile de reconna tre que d autres logiques puissent
26. nisation et l auto organisation En effet c est en se renouvelant sans cesse pour s adapter son environnement co que le syst me peut trouver l ext rieur de lui m me la substance qui lui permettra de vivre mais c est aussi en restant lui m me auto qu il maintiendra son identit son existence propre A travers ce questionnement en 5 points cl s Intention Contexte Action R gulation Evolution on voit quel point la vigilance thique s impose dans la conception et la conduite des syst mes Troisi me facteur de complexit La contradiction la dialogique La coexistence de logiques antagonistes est un ph nom ne extr mement fr quent caract ristique des situations complexes La contradiction est pr sente dans tous les registres de notre vie quotidienne du plus personnel au plus public du plus c r bral au plus concret Il peut s agir d antagonismes entre personnes ou entre groupes humains porteurs d int r ts ou de points de vue divergents il peut s agir d antagonismes entre ph nom nes naturels il peut s agir de contradictions purement logiques Edgar Morin appelle principe dialogique le fait que des logiques diff rentes qui peuvent tre la fois compl mentaires concurrentes voire antagonistes se trouvent r unies et coexistent dans une m me unit sans que leurs diff rences ne soient pour autant gomm es par cette unit et m me que souvent ces diff
27. nt de l environnement qui lui permet de s exercer l inverse une solidarit sans condition fait perdre celui qui l exerce toute initiative et capacit d adaptation Il va tout droit au dess chement ou au totalitarisme e L analyse seule d sint gre l organisation qui lie les l ments analys s tandis que la synth se seule occulte la r alit des constituants Edgar Morin e La v rit qui n admet jamais qu elle peut se trouver dans l erreur se ferme jamais les portes du progr s Principe de r futabilit d velopp par Karl Popper e La d l gation qui ne s accompagne d aucune directivit dans les domaines o le collaborateur montre quelques lacunes s av re tre un principe de management globalement d faillant mais une directivit sans nuance ampute les initiatives e Depuis rasme Eloge de la folie nous savons qu il n y a pas pire fou que celui qui est constamment sage Un autre pi ge de ces situations dialogiques est de chercher trouver un compromis permanent un quilibre fixe et d finitif C est une autre illusion la complexit comme la vie ne se laisse pas enfermer dans la fixit Bien au contraire le principe dialogique est dynamique L quilibre ne peut jamais tre permanent mais en revanche le travail d quilibrage lui doit tre permanent Pour viter d amputer la richesse du monde par des r flexes de disjonction et d exclusion Edgar Mori
28. ntribuer la construction du territoire Dans la compr hension de cette circularit r side notre responsabilit OCT Dewey The logic of inquiring Sur cette question de la mod lisation de la complexit les deux ouvrages de r f rence de Jean Louis Le Moigne sont La Th orie du Syst me G n ral Th orie de la Mod lisation 4 dition PUF 1994 et La Mod lisation des syst mes complexes Dunod 1990 r dition 2002 Notion de syst me de repr sentation Comment les choses se passent pour qu une in certaine r alit imprime en nous un certain nombre d images mentales et d affects qui vont nous conduire nous la repr senter la mod liser d une certaine fa on Par quel m canisme une r alit se trouve filtr e ordonn e interpr t e pour former en nous un tout sur lequel nous allons raisonner r agir aimer ou d tester et partir duquel nous pouvons communiquer avec nos semblables Ce m canisme transformateur de r alit en repr sentation est souvent appel syst me de repr sentation Ce transformateur est un m canisme extr mement complexe qui est loin d avoir livr tous ses secrets Jean Piaget et bien d autres sa suite comme Francisco Varela auquel je me r f rerai plus loin ont montr la boucle myst rieuse qui s tablissait entre nos sensations perceptions et nos actions pour construire notre cognition travers ce couplage sensori mot
29. odestie de remettre en cause notre examen du contexte pour en valuer les volutions ou pour tout simplement mettre en vidence nos aveuglements Pour le capitaine du Titanic cela aurait consist prendre en compte la pr sence d icebergs et la possibilit de d faillances inconnues mais possibles de la coque du navire Certes cet largissement du contexte aurait contrari la finalit avou e avouable de battre le record de vitesse de travers e de l atlantique mais cela aurait t acceptable en regard de la finalit prioritaire s curit des passagers 3 L action Quelles sont les activit s conduire et les fonctions remplir pour organiser l action en congruence avec les finalit s Bien souvent la question que l on se pose spontan ment quand on d crit un syst me est qu est ce que cela fait sans se demander pour quoi cela est il fait quelles sont les finalit s Le fait de commencer par se questionner et de se re questionner sur les finalit s des syst mes que l on con oit rel ve de l hygi ne mentale Foncer la t te baiss e dans l action peut conduire aux pires catastrophes Les situations d urgence de stress de forte pression sociale de soumission l autorit sont une porte ouverte ce risque L histoire montre que cela peut aller jusqu au g nocide C est pourquoi un questionnement m thodique tel que celui propos par la mod lisation syst m
30. ojets sur les parties prenantes Quels sont les liens avec l environnement Quelle est la cl ture op rationnelle du syst me A quels autres syst mes faut il relier ce que nous tudions ou ce que nous construisons Que changeons nous dans l cosyst me Les choses ne prennent sens que si elles sont situ es dans un contexte dans leurs interactions avec les l ments de ce contexte personnes et groupes humains esp ces animales environnement naturel et animal contexte social culturel organisationnel technique conomique politique etc Dans l laboration d un projet par exemple la prise en compte de certaines parties prenantes activement concern es clients partenaires utilisateurs etc mais aussi d autres l ments impact s sans tre consult s environnement travailleurs de pays lointains etc conduira tr s souvent reconsid rer les finalit s Une boucle r cursive s tablit entre les finalit s et le contexte et cette boucle est volutive Un pi ge classique de cette tape de questionnement est de chercher faire un inventaire exhaustif des composantes du contexte Ce fantasme d exhaustivit est en contradiction logique avec l id e de complexit qui consid re au contraire que nous ne pouvons jamais pr tendre conna tre toute la r alit La rigueur thique consiste au contraire avoir la 16 R f rence au c l bre po me du po te espagnol Antonio Machado m
31. pr hender totalement On peut avoir une perception globale d un syst me complexe on peut le nommer et le qualifier mais on n arrive jamais comprendre son organisation dans tous ses d tails ni pr voir toutes ses r actions et ses comportements 1 Cet article est initialement publi en italien sous le titre Responsabilit Etica nell azione entro una complessit par la Revue de l AIEMS Riflessioni Sistemiche Nous remercions le r dacteur en chef de la revue de son accord pour le reprendre dans sa version fran aise initiale sur le Site du R seau Intelligence de la complexit 2 Dominique Genelot est vice pr sident de l association fran aise MCX Mod lisation de la Complexit R seau Intelligence de la Complexit www intelligence complexite org Il est l auteur de Manager dans la complexit r flexions l usage des dirigeants INSEP Editions 4 dition 2011 La complexit suppose la conscience et l acceptation de l incompl tude de notre connaissance On per oit imm diatement la fragilit qu il y a consid rer des objets des organisations des syst mes comme seulement compliqu s donc maf trisables Qu un accident survienne et le syst me peut basculer dans le complexe et chapper la ma trise Qu une composante du syst me soit rest e cach e nos yeux et il bascule dans la catastrophe ou le non sens Exemples le Titanic le Gosplan sovi tique les d sastres
32. ur pour conduire la mod lisation des syst mes complexes est un questionnement qui peut tre r sum en 5 points cl s 1 L intention Ce premier champ de questionnement est probablement celui o se cachent le plus ais ment les faux semblants et o r sident les plus grands risques thiques Il est si facile de travestir nos intentions et d aller jusqu nous mentir nous m mes Quelles sont les finalit s les raisons d tre de ce qu on cherche repr senter Quel est le projet qui conditionne ma construction mentale Quelles sont mes intentions profondes Est ce que mes intentions affich es n en cachent pas d autres moins avouables Quelles sont les id es fixes les certitudes les conformismes les paradigmes qui distordent les finalit s de mes r flexions Ce questionnement doit tre permanent r current sans cesse renouvel L environnement change nos intentions profondes voluent notre lucidit s affute la probit intellectuelle exige de rester en alerte et de savoir construire le chemin en marchant es 2 Le contexte Tout syst me est reli d autres syst mes toute action humaine est reli e d autres actions d autres hommes l environnement L id e de cette deuxi me tape du questionnement est d expliciter ce r seau de reliance Qui est concern par ces finalit s Quelles sont les parties prenantes Quels sont les impacts de nos intentions et de nos pr
33. urs et au fil de son existence Sans vouloir tablir une th orie g n rale de la soci t Ilya Prigogine prix Nobel de chimie en 1977 explique que la pr sence d interactions non lin aires dans une population d termine la possibilit de modes d volution particuliers effets boule de neige propagations pid miques diff renciation par amplification de petites diff rences Cela pose certaines questions quels v nements quelles innovations vont rester sans cons quences quels autres sont susceptibles d affecter l quilibre global de d terminer irr versiblement le choix d une volution quelles sont les zones de choix les zones de stabilit L ordre par fluctuation d passe l opposition entre hasard et n cessit Lors d une bifurcation un nouvel tat na t la fois d un hasard et d un choix Un hasard qui r unit les conditions de fluctuation c est dire les conditions de vie et d volution chappant par l un chemin de mort trac une fois pour toutes par une loi math matique et un choix dans la bifurcation Hasard et choix et non pas seulement l arbitraire du hasard C est pr cis ment l que peut s exercer notre responsabilit Le choix qui nous est offert dans les moments d incertitude et de possible bifurcation est en quelque sorte une porte ouverte notre libert donc notre responsabilit Or force est de reconna tre que nos cultures et nos formations ne nous pr parent p
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