Cahiers du CRISES
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1. 1 y Centre de recherche sur les innovations sociales dans l conomie sociale les entreprises et les syndicats CRISES Voir notre site www unites ugam ca crises 1 Dun collectif un centre interuniversitaire de recherche sur les innovations sociales Autour des ann es 1986 88 quelques coll gues de l UQAM de PUQAH et de PUQAR ont form un collectif le CRISES alors Collectif de recherche sur les innovations sociales dans les entreprises et les syndicats pour mener des recherches sur les exp rimentations et les innovations sociales dans les entreprises capitalistes comme dans l conomie sociale Ce collectif est devenu par la suite un centre interuniversitaire r unissant pr s d une trentaine de chercheurs provenant de huit institutions universitaires Entre temps les innovations sociales sont devenues la mode comme en t moignent entre autres le Forum international de l innovation sociale les tudes de l OCDE de m me que celles du Conseil de la science et de la technologie 2001 et du Groupe de travail sur l innovation sociale Bouchard 1999 sans oublier la Politique qu b coise de la science et de l innovation du minist re de la Recherche de la Science et de la Technologie Gouvernement du Qu bec 2001 Au d but des ann es 1980 les chercheurs qui faisaient de l innovation sociale l objet principal de leurs recherches se retrouvaient doublement contre courant En premier lieu i2. Ces mutations portent entre autres sur de nouvelles configurations spatiales des rapports entre l tat nation et le local partir de la mondialisation et des nouvelles technologies d information des configurations qui font appel simultan ment au march l tat et la soci t civile favorisant ainsi de nouvelles formes de gouvernance de nouveaux rapports de production qui misent la fois sur la flexibilit et l int gration que rendent possibles les NT mais qui exigent par le fait m me une forte implication des travailleurs d o d ailleurs une liaison nouvelle entre modernisation technique et modernisation sociale entre innovations techniques et innovations sociales de nouveaux rapports de consommation qu encouragent des usagers et des clients pr occup s de la diversit et de la qualit des produits d o la popularit de la r ing nierie des structures organisationnelles et d affaires r organisation donc des activit s d sormais orient es explicitement vers les clients une conomie de services on ach te autant un produit que des services apr s vente Gadrey 1996 de nouveaux rapports entre les entreprises coop ration et concurrence de nouveaux rapports entre ces derni res et leur milieu La coop ration et l engagement long terme avec les entreprises sous traitantes sont recherch s d autant plus que l conomie est ouverte et que les incertitudes se multi
3. s Au lieu de constituer un ghetto l conomie sociale serait en interface avec l tat comme avec le march de sorte que son d veloppement exigerait des r am nagements significatifs de l un comme de l autre L vesque 1997 Au Qu bec la nouvelle conomie sociale est pr sente dans chacune de ces quatre cat gories selon diverses modalit s institutionnelles relativement favorables Dans cette vis e nous avan ons avec d autres l hypoth se d un mod le qu b cois d conomie sociale sans doute mergeant Vaillancourt 2001 Favreau et Vaillancourt 2001 L vesque et Ninacs 2000 Pour s panouir ce mod le a besoin d un environnement favorable et de conditions sp cifiques de soutien cette fin les entreprises d conomie sociale doivent tre soutenues et reli es entre elles d abord l chelle de la soci t qu b coise et des secteurs d activit s mais aussi l chelle des collectivit s locales 14 NN l chelle du Qu bec le Chantier de l conomie sociale et le Conseil de la coop ration du Qu bec CCQ constituent des instances de gouvernance relativement autonomes bien que reconnues et soutenues par l tat l chelle des secteurs on retrouve de tr s nombreux regroupements sectoriels qui se pr occupent de conditions de d veloppement des entreprises de leur secteur dans le domaine conomique ex Conf rence des coop ratives foresti res ou encore Regroupement de
4. 2000 De nouvelles relations entre l conomie et la soci t Revue internationale de l conomie sociale Paris No 275 276 pp 7 10 FREEMAN C 1991 Innovation Change of Techno economics Paradigm and Biological Analogies in Economics Revue conomique no 2 mars 1991 GADREY Jean 1996 Services la productivit en question Paris Descl e de Brouwer 358 p GIDDENS Athnony 1998 The Third Way The Renewal of Social Democracy Cambridge Polity Press 167 p GIDDENS Athnony 1990 The Consequences of Modernity Cambridge Polity Press GOUVERNEMENT DU QU BEC 2001 Savoir changer le monde Politique qu b coise de la science et de l innovation Qu bec Minist re de la Recherche de la Science et de la Technologie Qu bec 168 p GRANOVETTER Mark 1985 Economic Action and Social Structure The Problem of Embeddedness American Journal of Sociology pp 481 510 GRANOVETTER Mark 1973 The Strength of Weak Ties American Journal of Sociology 78 pp 1360 1380 GUESLIN Andr 1998 L invention de l conomie sociale Paris Economica 430 p HOLLINGWORTH JR et R BOYER 1997 Contemporary Capitalism The Embeddedness of Institutions Cambridge Cambridge University Press KANTER Rosabeth Moss 1999 From spare change to real change Harvard Business Review May and June pp 122 132 LANDRY R jean Nabil AMARA et Moktar LAMARI 2001 Capital social inno
5. aspirations Demoustier 2001 L vesque et Mendell 1999 Ces diverses g n rations d conomie sociale correspondent aux grappes d innovations identifi es pr c demment partir de Schumpeter et de ses disciples La sp cificit des entreprises d conomie sociale est donn e par la dimension collective ou associative ce qui n exclut pas la possibilit que certains individus ou groupes d individus jouent le r le d entrepreneurs sociaux Thake et Zadek 1996 L vesque 2002 10 Dans le contexte actuel de grandes transformations quatre grands types d initiatives relevant de l conomie sociale mergente peuvent tre identifi s Ces quatre types d initiatives r sultent de la combinaison de deux s ries de dimensions d une part les raisons qui donnent sens au projet d entreprise ex r pondre des situations d urgence sociale ou encore r aliser un projet r pondant de nouvelles valeurs de nouvelles aspirations d autre part la pr dominance des formes d activit s mises de l avant ex forme marchande ou forme non marchande Les transformations sociales en cours ont entra n la croissance des in galit s sociales une mont e du ch mage une nouvelle pauvret une exclusion sociale et g ographique une r duction des services collectifs et un ensemble de d g ts qui constituent autant de situations d urgence En somme un nouveau contexte de n cessit donnant lieu une multitude d initiat
6. forums infra nationaux des districts technologiques c est dire au niveau des r alit s m so conomiques Paquet et Roy 1996 17 Conclusion Si Pon prend en consid ration les transformations en cours des modes de r gulation et des modes de gouvernance nous ne pouvons par exemple identifier les innovations sociales au seul domaine de l conomie sociale et encore moins au seul domaine du non marchand et au seul domaine des services aux personnes Et cela m me si nous d finissons les innovations sociales de fa on large comme de nouvelles fa ons de faire de nouvelles pratiques sociales de nouvelles combinaisons de nouvelles approches de nouveaux concepts comme des savoir faire et des habilit s nouvelles r pondre des probl mes relevant du social Pourquoi Principalement parce que le social et l conomique entretiennent des rapports de plus en plus troits et que leur contenu est red fini dans le sens de fronti res floues Nos recherches laissent supposer qu au Qu bec l conomie sociale occupe un espace int ressant du point de vue des innovations et transformations sociales en premier lieu elle ne se limite pas aux mis reux comme en t moignent les Centres de petite enfance en deuxi me lieu elle est activement en interface avec les autres secteurs conomiques que sont le secteur priv et le secteur public en troisi me lieu l existence des l ments qui pourraient constituer un sy
7. 968 1975 o dans la mouvance du mouvement contre culturel les exp rimentations et innovations sociales sont port es par une nouvelle classe instruite que certains appelaient la nouvelle petite bourgeoisie qui met de l avant de nouvelles valeurs comme en t moignent diff remment la contre culture de la fin des ann es 1960 refus de la consommation de masse et les exp riences d autogestion refus du travail monotone et des formes autoritaires d encadrement Les innovations sociales se veulent alors en opposition au mod le dominant de la consommation et production de masse critique artiste Boltanski et Chapiello 1999 On veut travailler autrement crise du travail ou m me vivre autrement Au cours de cette p riode plusieurs chercheurs prendront le maquis deviendront des tablis des communards des militants qui pousent la cause Vers la fin de cette p riode une certaine radicalisation se manifeste sur le terrain politique pour avoir t partie prenante de cette militance j ai relu r cemment l autocritique r alis e au d but des ann es 1980 et dont j tais un des co auteurs avec Yves Vaillancourt et Jacques Boucher une des conclusions de ce bilan tait de quitter ce terrain min pour s engager dans la recherche et ventuellement pour renouveler les pistes d action une deuxi me 1975 1985 o les innovations viennent moins de la critique et des aspirations que de la n cessit de la crise de P
8. Cahiers du CRISES Collection tudes th oriques No ET0205 Les entreprises d conomie sociale plus porteuses d innovations sociales que les autres par Beno t L vesque Communication pr sent e au Colloque du CQRS au Congr s de l ACFAS du 16 mai 2001 sous le th me Le d veloppement social au rythme de l innovation mai 2002 Table des mati res AAA A p 1 l D un collectif un centre interuniversitaire de recherche sur les innovations sociales p 2 2 Les innovations sociales au c ur de la nouvelle conomie capitaliste p 7 3 L conomie sociale et les innovations sociales ooooonococnnnnonononononononononononononononononoss p 10 O RR RIO p 13 IA RRA p 16 Conclusions A iii n eo dass soes dans sitanessoioi ete p 17 Bibhi graphie ssssssssssssss nier etienne late se aida p 19 Introduction C est avec grand plaisir que j ai accept d intervenir sur la question de l innovation sociale dans les entreprises de l conomie sociale Ces deux termes d signent des r alit s qui ont des liens troits mais non exclusifs Dans cette vis e je voudrais montrer d une part que l conomie sociale est par d finition innovatrice puisqu elle tente habituellement de r pondre des besoins ou des aspirations non satisfaits par le march ou l tat et d autre part que le nouveau capitalisme fait appel de plus en plus aux innovations sociales pour relever le d fi d une con
9. Troisi me niveau d analyse celui des innovations organisationnelles des formes de la division et de la coordination du travail des modes de gestion des modalit s de coordination et des interactions sociales C est le lieu galement des apprentissages collectifs et des formes de gouvernance Les innovations organisationnelles peuvent tre analys es partir des th ories des organisations Minzberg 1982 Crozier et Friedberg 1977 et celles des conventions Salais et Storper 1993 sans oublier les tudes en termes de r seau Granovetter 1973 et 1985 et de r flexivit Giddens 1998 Beck 2001 1986 Ces divers niveaux ou dimensions d analyse permettent galement de caract riser le mod le de d veloppement qui repose sur des compromis entre acteurs sociaux sur des institutions ou syst mes politiques et sur des organisations et une culture Ce faisant les innovations sociales peuvent tre tudi es non seulement de fa on isol e ou d un point de vue micro mais galement d un point de vue macro soit du point de vue des transformations sociales Ainsi de 1986 2001 nous avons identifi trois grandes p riodes d innovations sociales nous nous en tiendrons ici principalement au y 4 domaine de l conomie sociale Si l on veut une analyse qui couvre non seulement l conomie sociale mais aussi les entreprises capitalistes voir entre autres Bourque 2000 et L vesque 2001 une premi re 1
10. ale in G Laflamme P A Lapointe et alii sous la dir La crise de l emploi De nouveaux partages s imposent Qu bec PUL 1997 pp 87 123 L VESQUE Beno t et Margie MENDELL 1999 L conomie sociale au Qu bec l ments th oriques et empiriques pour le d bat et la recherche in Lien social et Politiques anciennement Revue internationale d action communautaire no 41 pp 105 118 MINTZBERG H 1982 Structure et dynamique des organisations Paris Les ditions de l Organisation PAQUET Gilles et Jeffrey ROY 1990 Vers des m so syst mes d innovation et de gouvernance en Europe et en Am rique du Nord in Innovation technologie et qualifications Qu bec Presses de l Universit du Qu bec pp 37 59 POLANYI Karl 1983 1944 La Grande Transformation Aux origines politiques et conomiques de notre temps Paris Gallimard 420 p PORTER Michael 1990 The Competitive Advantage of Nations New York The Free Press 856 p RIBOUD Antoine 1987 Modernisation mode d emploi Rapport au premier ministre Paris Christian Bourgois 214 p SALAIS Robert et Michael STORPER 1993 Les mondes de production Paris Editions de l Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales 468 p SCHUMPETER Joseph A 1991 19946 The Economics and Sociology of Capitalism Princeton Princeton University 406 428 TALLARD Mich le et Bruno TH RET et Didier URI dir Innovations institutionnelles et t
11. artie de l conomie qui reconna t explicitement la dimension sociale de l conomie Bruyn 1977 En premier lieu cela commence par une autre d finition de l conomie Au lieu de d finir l conomie d un point de vue formel en termes de calcul ou de choix rationnel entre des besoins illimit s et des ressources rares elle sera d finie d un point de vue substantif i e comme production concr te de biens et de services et comme plurielle dans ses formes marchandes non marchandes redistribution et non mon taires r ciprocit et don En deuxi me lieu la reconnaissance de la dimension sociale sera explicit e par les r gles statuts juridiques divers OBNL Coop rative Mutuelles conventions d actionnaires par les valeurs finalit de services aux membres ou la collectivit plut t que profit autonomie de gestion pour la distinguer par des organisations politiques ou religieuses par le processus de d cision d mocratique la primaut des personnes et du travail sur le capital la r partition des revenus et par des pratiques dont la base est donn e par la combinaison d une association et d une organisation productive qui peut tre entendue au sens large Historiquement on peut identifier diverses g n rations d conomie sociale qui mergent pour la plupart dans un contexte de crises conomiques et sociales qui donnent naissance de nouvelles n cessit s sans interdire pour autant de nouvelles
12. cit de penser le nouveau de le rendre concret en l exp rimentant et ventuellement de le diffuser voire d influer sur la transformation de la soci t et de l conomie dans son ensemble Sous cet angle l conomie sociale comme entreprise et comme secteur repr sente une sorte de laboratoire En effet l conomie sociale repose sur l association de personnes qui se mobilisent g n ralement pour relever le d fi des besoins et aspirations non satisfaits par le march et ou l tat Au plan de l innovation les forces de l conomie sociale comme entreprise ou organisation prises individuellement sont la proximit des besoins nouveaux et des aspirations nouvelles qui permet de chercher et souvent de trouver des solutions in dites tr s rapidement la capacit de mobilisation de ressources diverses hybridation marchande non marchande non mon taire cette capacit repose sur l alliance d acteurs provenant de 15 milieux diff rents mais r unis autour d un projet lui m me mobilisateur du point de vue de la n cessit et ou des aspirations de r gles qui permettent de maintenir la participation et l quit et d viter les appropriations individuelles la prise en charge du social et de l conomie des externalit s et du long terme vs volatilit et versatilit du march pour un calcul plus juste de la viabilit d un projet la prise en charge d activit s n cessaires mais n
13. currence exacerb e par l ouverture des march s et pour tirer pleinement profit du potentiel des nouvelles technologies Boltansky et Chapiello 1999 Sous cet angle les entreprises capitalistes sont sociales du point de vue tant des inputs que des outputs comme le r v le entre autre la sociologie conomique L vesque Bourque et Forgues 2001 Toutefois les entreprises capitalistes ne reconnaissent cette dimension sociale ni pour la r partition du pouvoir ni pour le partage des profits seule l conomie dite sociale le reconna t explicitement par ses r gles ses valeurs et pratiques Vienney 1994 Desmoustier 2001 Pour l tude des innovations sociales le Centre de recherche sur les innovations sociales CRISES que je dirige fait porter ses recherches non seulement sur l conomie sociale mais galement sur les entreprises capitalistes et les entreprises publiques Mon expos sera divis en trois parties Dans une premi re je voudrais pr senter le cheminement du CRISES pour pr ciser ce que nous entendons par innovations sociales Dans une deuxi me partie je m efforcerai de montrer comment et pourquoi les innovations sociales occupent une place plus importante dans le nouveau capitalisme Dans une troisi me partie je tenterai de mettre en lumi re le potentiel d innovation sociale que repr sente ce que nous appelons l conomie sociale et cela tant d un point de vue micro que d un point de vue macro
14. ec le groupe de travail sur l innovation sociale Recherche en sciences humaines et sociales et innovations sociales Contribution une politique de l immat riel Qu bec Conseil qu b cois de la recherche sociale 36 p BOURQUE Gilles L 2001 Le mod le qu b cois de d veloppement de l mergence au renouvellement Qu bec Presses de l Universit du Qu bec BRUYN Severyn T 1977 The Social Economy New York Wiley COMEAU Yvan et Beno t L VESQUE 1993 Workers Financial Participation in the Property of Entreprises in Quebec in Economic and Industrial Democracy Vol 14 no 2 1993 pp 233 250 CONSEIL DE LA SCIENCE ET DE LA TECHNOLOGIE 2001 Innovation et d veloppement durable l conomie de demain Qu bec Gouvernement du Qu bec 116 p voir WWW csat gouv gc ca CONSEIL DE LA SCIENCE ET DE LA TECHNOLOGIE 2001 Pour des r gions innovantes Rapport de conjoncture 2001 Qu bec 262 p DESMOUSTIER Dani le 2001 L conomie sociale et solidaire S associer pour entreprendre autrement Paris Syros 206 p CORIAT Benjamin 1991 Penser l envers Travail et organisation dans l entreprise japonaise Paris Christian Bourgois 186 p 20 CROZIER Michel et Erhard FRIEDBERG 1977 L acteur et le syst me Paris Seuil 504 p DEMOUSTIER Dani le L conomie sociale et solidaire S associer pour entreprendre autrement Paris Syros 206 p DRAPERIE Jean Fran ois
15. echnologiques d pend souvent des innovations Il a t reconnu r cemment comme Regroupement stat gique par le Fonds qu b cois de la recherche sur la soci t et la culture sociales et que d autre part le mod le japonais reposait moins sur l intensit technologique que sur des capacit s de mobilisation des ressources humaines que permettent ses institutions et sa culture Coriat 1991 Cette perspective inspira nos recherches sur la modernisation sociale des entreprises qu b coises que nous avions commenc es au milieu des ann es 1980 B langer Grant et L vesque 1994 Plus explicitement encore nos pr occupations se portaient plut t sur ce qui se refait dans la soci t et l conomie que sur ce qui se d fait tout en sachant que la plupart de ces cr ations taient destructrices Nous voulions tablir des passerelles entre les rapports de travail et de production d une part et les rapports aux usagers et de consommation d autre part En d autres termes nous cherchions tablir des passerelles entre le d veloppement conomique et le d veloppement social comme permettait de le faire la notion d conomie sociale qui n tait pas encore la mode du moins au Qu bec Plus largement encore nous voulions tablir un lien entre les innovations sociales niveau micro et les transformations sociales niveau macro d o l id e de mod le qu b cois B langer et L vesque 1995 L ves
16. erritoires Paris L Harmattan pp 25 68 TALLARD Mich le et Bruno TH RET et Didier URI dir Innovations institutionnelles et territoires Paris L Harmattan 455 p THAKE Stephen et Simon ZADEK 1996 Pratical People Noble Causes How to support community based social entrepreneurs London New Economics Foundation 60 p 22 TH RET Bruno 2000 Institutions et institutionnalismes Vers une convergence des conceptions de l institution in Mich le TALLARD Bruno THERET et Didier URI dir Innnovations institutionnelles et territoires Paris L Harmattan pp 25 68 TOURAINE Alain 1992 Critique de la modernit Paris Fayard 462 p VAILLANCOURT Yves et Jean Louis LAVILLE 1998 Les rapports entre associations et tat un enjeu politique Revue du MAUSS Semestrielle PARIS No 11 pp 119 135 VIENNEY Claude 1994 L conomie sociale Paris La D couverte 140 p WHITE William F 1982 Inventions for solving human problems American Sociological Rewiew Vol 47 February pp 1 13 ZIMMERMANN Horst 1999 Innovation in non profit organizations Annals of Public and Cooperative Economics Oxford Blackwell Vol 70 no 3 pp 589 613 23
17. ives de la part de la soci t civile alors que ni l tat ni les entreprises n offrent de solutions ces nouveaux besoins au moins court et moyen terme Parmi les initiatives qui cherchent r pondre ces situations d urgence mentionnons titre d exemples les centres d accueil pour les itin rants le logement social les banques alimentaires les restos populaires les friperies les cercles d emprunt les entreprises d insertion etc La nouvelle conomie sociale ne se limite pas r pondre aux situations d urgence En effet parce que les associations qui lui donnent naissance y compris en situation d urgence sont soutenues par de nouveaux mouvements sociaux ex mouvements f ministes mouvements cologiques mouvements culturels mouvements r gionalistes les exp rimentations et les initiatives sont galement aliment es par des aspirations pour une autre soci t ou encore pour vivre et travailler autrement Sous cet angle le nouveau contexte offre galement des opportunit s pour repenser le d veloppement partir d initiatives g n ralement locales Ce contexte n chappe pas aux promoteurs de la nouvelle conomie sociale qui sont motiv s principalement par des aspirations pour plus de d mocratie pour une soci t reconnaissant la place des femmes pour une soci t plus quitable pour un d veloppement durable etc titre d exemples d initiatives apparemment inspir es principalement par de tel
18. les aspirations relevons les exp rimentations dans le domaine de l ducation et de la sant alternatives le commerce quitable les entreprises favorisant le recyclage ex les ressourceries ou encore une agriculture biologique le tourisme social et alternatif les entreprises autog r es l pargne et l investissement solidaire etc L conomie sociale et solidaire qui merge sous l impulsion de la n cessit ou des aspirations rel ve de l conomie plurielle dans la mesure o elle r ussit mobiliser des ressources provenant 11 du march d une redistribution aliment e par l tat de la r ciprocit et m me du don de la part d individus ou de collectivit s relevant de la soci t civile formes marchandes formes non marchandes et formes non mon taires Laville 1992 Mais comme l indique le tableau 1 la forme dominante des activit s peut tre parfois marchande parfois non marchande Dans cette vis e les initiatives de l conomie sociale et solidaire peuvent s inscrire principalement dans le d veloppement social comme r ponse la crise de l tat providence ou son absence dans les pays du sud ou encore dans le d veloppement conomique comme solution la crise de l emploi ou m me du travail Comeau et alii 2001 Ces diff rences doivent tre prises en compte puisque du point de vue de l entrepreneuriat et donc de l innovation sociale et de la d mocratie les d fis varien
19. ls se retrouvaient en opposition aux approches critiques telles que port es par les chercheurs militants dont nous tions partie prenante En effet depuis les ann es 1970 les chercheurs engag s socialement se pr occupaient non pas d innovation sociale mais de changement r volutionnaire soit la prise du pouvoir de l tat par les classes populaires avec comme vis e la socialisation des moyens de production cette orientation entra nait une survalorisation du politique et l adoption de strat gies d affrontement tels le syndicalisme de combat et la lutte des classes voir certains des ouvrages de nos coll gues Louis Gill et Jean Marc Piotte Dans cette vis e les chercheurs militants taient au service d une cause en fusion virtuelle avec les organisations plut t qu en partenariat En deuxi me lieu sur le terrain acad mique les chercheurs pr occup s d innovations sociales se retrouvaient galement contre courant par rapport aux chercheurs orient s plut t vers l tude des innovations technologiques que vers les innovations sociales bien que tous soient d accord pour dire que les deux sont intimement li es Nous n tions pas les seuls remettre en question cette survalorisation des innovations technologiques par rapport aux innovations sociales Quelques tudes dont le rapport Riboud en France 1987 et les analyses de Philippe d Iribane 1987 affirmaient d une part que le succ s des innovations t
20. n seulement ce que l conomie sociale se donne des instances sp cifiques ce qui est en grande partie r alis mais galement qu elle participe activement aux instances gouvernances et forums vou s l innovation ce qui n est pas encore acquis 19 Bibliographie AMABLE Bruno R mi BARRE et Robert BOYER 1997 Les nouveaux syst mes d innovation l re de la globalisation Paris Economica 402 p ARCHIBALD Clinton Claude GALIPEAU Gilles PAQUET 1990 Entreprises gouvernements et soci t civile une approche co volutive Gestion revue internationale de gestion Novembre vol 15 no 4 pp 56 61 BECK Ulrich 2001 1986 La soci t du risque Sur la voie d une autre modernit Paris Aubvier 522 p B LANGER Paul R Michel GRANT et Beno t L VESQUE dir 1994 La modernisation sociales des entreprises Montr al Presses de l Universit de Montr al 324 p B LANGER Paul R et Beno t L VESQUE La modernit par les particularismes Le mod le qu b cois de d veloppement conomique in Jean Pierre DUPUIS Sous la dir Le mod le qu b cois de d veloppement conomique Qu bec Les Presses Inter Universitaires 1995 pp 115 132 BOLTANSKI Luc et Eve CHIAPELLO 1999 Le nouvel esprit du capitalisme Paris Gallimard 844 p BOUCHARD Camil L innovation sociale existe t elle Interface Vol 18 no 6 pp 41 42 BOUCHARD Camil 1999 en collaboration av
21. ntalit contrairement aux hi rarchies priv es et l tat Ces nouvelles modalit s qui s imposent quasi instinctivement dans le cadre d une conomie de plus en plus r flexive sont les associations les alliances les r seaux et le partenariat autant de modalit s dont le contenu social est souvent d terminant Si telles sont bien les tendances lourdes du nouveau mod le en mergence cela signifie au moins deux choses pour repenser les innovations sociales une reconfiguration des rapports entre le social et l conomique pour l ensemble de l conomie Dans l ancien mod le keyn sien on supposait qu il fallait miser sur le d veloppement conomique pour penser ensuite le d veloppement social puisque ce dernier tait d fini en termes de redistribution Dans la configuration mergente le social est non seulement un output un produit dans le sens de r sultat mais il est aussi un input partie prenante des avantages comparatifs une red finition du social et de l conomique l conomie ne peut plus tre d finie exclusivement en termes marchands puisqu elle fait de plus en plus appel des ressources non marchandes et au non mon taires conomie substantive dans le sens de Polanyi ou encore conomie plurielle et qu en plus le m canisme de la concurrence en termes de r gulation est compl t par de nombreuses formes de coop ration qui rel vent du social De m me le social ne peut pl
22. ocial et coop ratif GRT elle exige un fort investissement dans la formation et un apprentissage pour un fonctionnement d mocratique condition sine qua non pour tirer profit de la formule associative enfin elle ne r ussit souvent que difficilement s valuer autrement que les autres entreprises et oganisations l valuation sociale est strat gique Enfin pour devenir une force d innovation et de transformation l chelle de la soci t l conomie sociale ne peut s isoler elle doit pouvoir s inscrire dans ce qu on pourrait appeler le syst me qu b cois d innovation sociale Ce syst me suppose ventuellement une gouvernance nationale relativement autonome comme a pu le constituer le Forum pour l emploi mais reconnue par l tat une instance qui ferait une place de choix l conomie sociale et aux grandes organisations collectives entreprises publiques universit s syndicats et autres acteurs collectifs Dans une telle instance les relations entre gouvernements entreprises et soci t civile entra nent une v ritable co volution Archibald et alii 1990 Elle pourrait tre compl t e par des gouvernances r gionales voire locales de l innovation sociale qui constitueraient autant de forums et de syst mes de discussion et de lieux d apprentissage En effet le forum o l apprentissage a la plus grande probabilit de se faire est celui des blocs de d veloppement des
23. omique passe par une grappe de nouvelles innovations d o les concepts plus r cents de nouveaux sentiers d innovations ou encore de nouveaux paradigmes socio techniques qui largissent le champ des possibles Freeman 1991 Avec les institutionnalistes certains volutionnistes et n o schumpeteriens ajouteront le concept de syst mes sociaux d innovations Amable et alii 1997 et de nouvelles gouvernances Paquet et Roy 1996 Archibald Galipeau et Paquet 1990 Nous pensons qu une bonne partie de ces notions et concepts peuvent tre adapt s pour l tude des innovations sociales mais condition de bien prendre acte des transformations du capitalisme et des nouveaux rapports que l conomique et le social entretiennent Sous cet angle galement l conomie sociale peut constituer un quasi laboratoire susceptible d inspirer l ensemble de la soci t et de l conomie Par cons quent jusqu tout r cemment nous avons tudi les innovations sociales d un point de vue plut t sociologique selon trois niveaux d analyse ou m me quatre puisque nous cherchons galement rendre compte des conditions d mergence donn es par l environnement Premier niveau d analyse celui des acteurs collectifs et des rapports sociaux des nouvelles valeurs des nouveaux projets des nouvelles aspirations etc concernant le travail les services aux personnes et le territoire Il s agit de voir comment les acte
24. on satisfaites par le march ou l tat Tableau 2 Syst me d innovation de l conomie sociale Recherche Services et soutien ex ARUC S aux entreprises d ES ex GRT Formation Entreprises et organisations d S Gouvernance nationale ex Chantier de P S et sectorielle appropri e ex Financement d di CSMO ES AC ex RISQ Par ailleurs l conomie sociale pr sente des faiblesses du point de vue des innovations elle ne peut r ussir dans tous les secteurs ne serait ce qu elle ne peut s introduire spontan ment dans les secteurs forte capitalisation v g production d auto elle ne peut apporter l chelle de la soci t une solution la pauvret puisqu elle repose sur la r ciprocit au moins au d part et donc ne peut prendre la rel ve de la redistribution assur e par l tat elle appara t souvent dans des cr neaux d laiss s par l tat et par le march danger toutefois d instrumentalisation par l tat et de sous traitance par le march 16 elle prouve des difficult s mobiliser les ressources financi res autres que les pr ts les subventions et les dons pour la bonne raison qu elle secondarise le capital par rapport aux personnes elle suppose un soutien pour tre mise en op ration en raison d une complexit r sultant d une internalisation d externalit s et d une insertion de populations autrement exclues logement s
25. ons sociales ne sont plus la marge comme dans la contre culture ou dans la critique artiste des ann es 1968 1975 Les innovations sociales sont d sormais parties prenantes de l mergence d une nouvelle configuration du capitalisme mais leurs contours demeurent mouvants et variables selon les divers niveaux d analyse au niveau des acteurs sociaux relevons de nouveaux acteurs notamment ceux de la soci t civile les ONG les autochtones les groupes de femmes etc au niveau du syst me politique une reconfiguration des pouvoirs entre les tats nations les instances mondiales et continentales les collectivit s locales et r gionales des partenariats avec la soci t civile au niveau des formes organisationnelles relevons de nouvelles modalit s de coordination et de gouvernance stakeholders et soci t civile red finition non seulement des rapports entre social et conomie mais galement de ce qu on entend par social et par conomie 2 Les innovations sociales au coeur de la nouvelle conomie capitaliste Si les ann es 1980 peuvent tre caract ris es comme la fin d une poque les ann es 1990 repr sentent le d but d une p riode de mutations comme le montrent bien diverses analyses telles celle de Boltanski et Chapiello 1999 sur le nouvel esprit du capitalisme celle de Beck 2001 1986 sur la soci t de risque ou encore celle de Touraine 1992 sur les conomies administr es
26. plient De plus le fonctionnement des organisations r v le que la qualit de relations est productrice de valeurs ajout es Porter 1990 Dans cette vis e la proximit favorise la coop ration et la circulation de l information d o l mergence de technopoles des cit s du multim dia des carrefours de la nouvelle conomie des communaut s ing nieuses etc Red couverte galement de l importance des milieux dits innovateurs et du capital socio territorial des institutions socio culturelles et des communaut s dites ing nieuses pour une conomie misant sur le savoir et la connaissance Landry Amara et Lemari 2001 Par cons quent les interd pendances non marchandes les facteurs extra conomiques tels les apprentissages collectifs la confiance et le capital social deviennent sources d avantages comparatifs pour une conomie qui continue d tre capitaliste En somme c t du march concurrence au plan horizontal avec en principe peu d engagement social et de la hi rarchie pouvoir autoritaire et vertical misant sur la contrainte voire la coercition s imposent d autres modalit s de coordination plus performantes dans le cadre d une conomie port e par les innovations Boyer et Hollingsworth 1997 L vesque 2001a D une part ces nouvelles modalit s s appuient sur l engagement des personnes et des communaut s contrairement au march d autre part elles font appel l horizo
27. que 2001 Bourque 2001 Progressivement nous nous sommes int ress s particuli rement aux innovations sociales faisant appel sans doute diff remment des acteurs collectifs 1 les syndicats dans le travail et l emploi 2 les groupes communautaires et de femmes dans les services aux personnes 3 les collectivit s locales les groupes communautaires les syndicats dans le d veloppement local Ce faisant nous avons eu tendance d finir les innovations sociales sans se soucier trop de la litt rature sp cialis e sur les innovations puisque cette derni re tendait situer ses analyses sur ce qui se passe en amont conditions sociales favorisant les innovations ou en aval des innovations les impacts sociaux Sans doute tort nous avons eu tendance accorder peu d attention la litt rature sur les syst mes sociaux d innovations travers notamment les contributions des n o schumpeteriens et des volutionnistes Il nous appara t maintenant important d y revenir Comme on le sait Schumpeter 1893 1950 est un auteur incontournable pour l tude des innovations bien qu il situe ces derni res exclusivement dans une conomie marchande et en r f rence l entrepreneur capitaliste Par d finition l entrepreneur schumpeterien est un innovateur de sorte que s il cesse d innover il cesse par le fait m me d tre entrepreneur pour Pour Schumpeter l entrepreneur est motiv moin
28. r le march par la r gulation tatique le couple tat March donnant ainsi un fondement ce qu on appellera une conomie mixte Cinquante ans plus tard nous assisterions l mergence d une nouvelle conomie mixte une conomie qui s largit pour inclure non seulement les entreprises capitalistes et publiques mais galement des entreprises dites d conomie sociale Comme nous venons de le sugg rer la nouvelle conomie capitaliste est de plus en plus sociale tant par ses inputs que par ses outputs mais il faut ajouter imm diatement que cette dimension sociale n est pas reconnue par les entreprises capitalistes elle est plut t occult e au profit du march ex les statistiques nationales Dans l entreprise capitaliste le pouvoir et les profits sont attribu s exclusivement aux actionnaires Les cons quences sociales positives ou n gatives de ses activit s sont consid r es comme des externalit s elles chappent au calcul comptable On assiste sans doute un d but de reconnaissance avec les approches en termes de stakeholders parties prenantes de bilans sociaux et de responsabilit s sociales des entreprises mais ces reconnaissances sont bien minces Elles rel vent g n ralement du bon vouloir des dirigeants d entreprises quand ce n est pas simplement de l ordre du marketing 3 L conomie sociale et les innovations sociales Ce que nous appelons conomie sociale c est cette p
29. s par le profit que par le projet de sorte qu il est inspir non seulement par la rationalit la maximisation du profit mais aussi par une certaine irrationalit un r ve Ce faisant l entrepreneur ne l est que dans la mesure o il innove VoirB L vesque 2002 Entrepreneurship collectif et conomie sociale entreprendre autrement Montr al Cahier 1 02 2002 de l ARUC ES 37 p devenir par exemple un simple gestionnaire Schumpeter 1991 1946 Pour lui l entrepreneur est d abord un individu qui pense autrement que les autres un individu suffisamment fort pour supporter le rejet que provoque l innovation Outre les nouveaux produits et les nouveaux proc d s les nouvelles combinaisons constituent des innovations Comme on l entrevoit l id e d entrepreneur social Thake et Zadek 1996 est absente de cette analyse dans la mesure o elle renvoie aussi bien des collectifs qu des individus dans la mesure galement o elle peut prendre forme dans des activit s non marchandes Cependant il existe d autres l ments importants chez Schumpeter comme l id e que les innovations apparaissent g n ralement en grappes dans une p riode de crise et autour d une industrie ou d une branche d activit s Comme les p riodes de crise r sultent en partie de la diffusion des innovations les innovateurs ont t imit s et de l puisement des gains de productivit la relance ou la sortie de crise con
30. s ressourceries comme dans le domaine social ex les Centres de petite enfance le logement social et communautaire l chelle des collectivit s locales le Centre local de d veloppement CLD constitue une forme de gouvernance locale qui a entre autres pour mission de prendre en consid ration les besoins de d veloppement de cette forme d entreprise Comme c est principalement l chelle locale et des secteurs que les entrepreneurs d conomie sociale doivent d abord se positionner c est donc ces deux niveaux qu il faut penser des articulations au plan des ressources techniques sp cialis es de m me que des financements appropri s comme c est le cas avec le RISQ R seau d investissement social du Qu bec Sur ce point l conomie sociale est en droit de recevoir autant que les entrepreneurs priv s voire plus en raison de sa mission sociale et des r gles qui emp chent l appropriation priv e Enfin il faut penser des arrimages notamment avec le secteur public mais galement avec le secteur priv sans oublier les universit s comme c est le cas avec l Alliance de recherche Universit s Communaut s ARUC en conomie sociale Un environnement favorable constitue une condition indispensable pour que l conomie sociale donne tout son plein potentiel en termes d innovation et de transformation sociale Sans reprendre les d finitions de l innovation retenons que l innovation sociale suppose la capa
31. st me d conomie sociale instances sp cifiques ex le Chantier de l conomie sociale le Conseil de la coop ration lois financement soutien etc Tout cela a pu se constituer parce que l conomie sociale qu b coise s est appuy e sur une coalition large d acteurs sociaux syndicats groupes communautaires groupes de femmes groupes cologiques comprenant m me certaines organisations patronales et grandes entreprises Cela dit un pas important pourrait tre encore franchi pour faire en sorte que les innovations mises au point par les entreprises d conomie sociale contribuent davantage aux transformations de la soci t et de l conomie S il existe au Qu bec une grande diversit d entreprises d conomie sociale qui pr sentent un grand potentiel d innovation sociale certaines r pondant des situations d urgence d autres tant port es par des aspirations non satisfaites il n en demeure pas moins qu elles ne peuvent s panouir sans la mise en place de conditions de d veloppement appropri De plus les innovations sociales qu elles mettent de l avant peuvent dans bien des cas influer positivement sur le secteur public et sur le secteur priv avec lesquels elles sont g n ralement en interface selon que leurs activit s sont dominante marchande ou non marchande Sous l angle des transformations qui touchent la 18 soci t et l conomie dans leur ensemble il y a avantage no
32. t selon la forme dominante des activit s dans le cas du d veloppement social dominante non marchande l autonomie peut tre menac e par le contr le tatique d o le danger d instrumentalisation dans le cas du d veloppement conomique dominante marchande la menace vient de l envahissement du march danger galement de la sous traitance Mais dans tous les cas les initiatives se doivent de miser sur une conomie plurielle selon des dosages variables entre le marchand le non marchand et le non mon taire Selon les tapes de d veloppement des organisations et des entreprises la part des diverses contributions pourra galement varier consid rablement 12 Tableau 1 QUA TRE GRANDS TYPES D CONOMIE SO CIALE S de n cessit S d aspiration vs effets destructeurs pour d veloppement Dominante non marchande d v soc Cuisines collectives Centres de petite enfance Coop ratives de Entreprises i Dominante d insertion travail marchande biens ou services d v c marchands Fonds de solida dr ENTREPRISES ET AGENCES PUBLIQ UES Cette distinction de quatre types d organisations de l conomie sociale ne doit pas tre rigidifi e ou utilis e pour hi rarchiser les initiatives et exp rimentations puisque d une part les situations peuvent voluer d autant plus qu il existe des exp rimentations hybrides o n cessit s et aspirations sont intimement li es d au
33. tat March ou mieux du couple coordination marchande et coordination bureaucratique hi rarchie priv e et hi rarchie publique de la crise galement de l arrimage d veloppement conomique d veloppemement social travers une redistribution tatique et le soutien la demande Deux fili res d innovations sociales une premi re pour r pondre moins la crise du travail refus du travail monotone qu la crise de l emploi d o des innovations sociales dans le domaine de la cr ation d emploi et du d veloppement conomique une seconde inspir e moins par refus du fonctionnement bureaucratique que par l absence de r ponse tatique de nouvelles demandes sociales d o des innovations sociales dans le domaine du d veloppement social et dans les services aux personnes P riode difficile mais f conde pour les innovations sociales qui prennent alors la forme d exp riences pilotes et donc faiblement institutionnalis es comme on peut l observer pour les cliniques populaires les premi res garderies le d veloppement conomique communautaire le Fonds de solidarit etc une troisi me p riode 1990 2000 une p riode non plus de crise mais une p riode de mutations o l on assiste un d but de reconfiguration de l tat l mergence de nouvelles formes de r gulation de nouvelles modalit s de coordination et de nouveaux modes de gouvernance Dans ce contexte de mutations les innovati
34. tre part le d veloppement conomique et le d veloppement social sont de moins en moins des r alit s s par es dans la perspective du d veloppement local L vesque 2001 Par ailleurs du point de vue des transformations sociales cette typologie des organisations de l conomie sociale permet de mettre en lumi re la place et le r le diff rents qu une soci t peut accorder l conomie sociale Vaillancourt et Laville 1998 L vesque et Mendell 1999 Selon nos analyses la promotion de l conomie sociale qui est faite par les n olib raux porte sur une conomie sociale tronqu e En effet les n olib raux ont tendance r server l conomie sociale exclusivement pour les pauvres soit une conomie sociale de mis re et de services de bas de gamme comme c est souvent le cas aux tats Unis L conomie sociale est alors circonscrite au seul domaine de la seule n cessit voir la partie gauche du sch ma et donc amput e des initiatives relevant des aspirations partie de droite du sch ma Par cons quent pour le n olib ralisme les initiatives relevant de la n cessit sont non seulement s par es de celles inspir es par des aspirations mais les aspirations ne devraient s exprimer qu travers les seules entreprises capitalistes r duction donc des aspirations l enrichissement individuel Une vision progressiste ou social d mocrate renouvel e se doit de favoriser les quatre types identifi
35. urs participent un nouveau paradigme de d veloppement leur poids respectif pour favoriser les innovations les types d alliance la forme des mises en rapport affrontement coop ration conflictuelle concertation partenariat Deuxi me niveau d analyse celui des innovations institutionnelles des syst mes de r gles de partage des droits et responsabilit s des syst mes de gestion des conflits du syst me politique sans lequel aucune organisation et association ne fonctionneraient Ce niveau est souvent exclu des tudes sur les innovations puisqu il est g n ralement consid r comme relevant de l environnement auquel les individus innovateurs doivent s adapter Selon notre approche les acteurs sociaux comme les grandes entreprises tentent de transformer cet environnement en produisant soit des d viances institutionnelles soit en imposant des nouvelles r gles ou encore en mettant en place des alliances pour y arriver ex certains cologistes avec les conservateurs Les institutions sont ainsi transform es par des demandes de participation ou d inclusion aussi bien par les travailleurs les usagers et clients que par les r gions et collectivit s locales En accord avec les institutionnalistes nous supposons que les innovations peuvent se produire aussi bien au sein des innovations qu avec leur aide sans n gliger pour autant les innovations institutionnelles comme telles Tallard Th ret et Uri 2000 15
36. us tre d fini exclusivement comme un co t ou une d pense puisqu il constitue d sormais un capital social une source d avantages comparatifs un lieu d investissement favorisant une rentabilit largie Enfin la prise en charge du social dans l investissement devient galement une condition sine qua non pour la survie de l humanit comme le sugg re bien la probl matique du d veloppement durable Cela dit il demeure paradoxal qu au moment m me o le capitalisme M olib ral conqu rant semble s imposer dans le champ conomique la n cessit d interventions sociales dont il pr tend pouvoir se passer prend une ampleur jamais atteinte Draperie 2000 7 Avant le capitalisme il n tait pas question d conomie sociale puisque l conomie n existait pas comme sph re s par e et autonome puisque l conomie tait alors encastr e dans les rapports sociaux Gueslin 1998 Avec le capitalisme l conomie s est d finie comme exclusivement marchande soumise l autor gulation marchande change sans engagement qui ne peut fonctionner que si la concurrence est la plus pure et la plus parfaite Selon Polanyi cette autor gulation marchande qui n a dur qu un si cle de 1830 1930 et serait en grande partie responsable des deux premi res guerres mondiales et d une grande crise conomique Mais suite cette crise les hommes politiques et les conomistes ont reconnu la n cessit de compl te
37. vation et politiques publiques ISUMA Canadian Journal of Policy Research Revue canadienne de recherche sur les politiques Vol 2 no 1 pp 63 71 LAVILLE Jean Louis dir 1994 L conomie sociale une perspective internationale Paris Descl e de Brouwer L VESQUE Beno t Gilles L BOURQUE Eric FORGUES 2001 La nouvelle sociologie conomique Originalit et diversit des approches Paris Descl e de Brouwer 268 p L VESQUE Beno t 2002 Entrepreneurship collectif et conomie sociale entreprendre autrement Montr al Cahier de l ARUC no 1 02 2002 33 p L VESQUE Beno t 2002a conomie sociale et solidaire dans un contexte de mondialisation 21 pour une d mocratie plurielle Montr al Cahiers du CRISES Communication pr sent e la Z rencontre internationale tenue Qu bec du 9 au 12 octobre 2001 sur le th me Globalisation de la solidarit 31 p L VESQUE Beno t 2001 Le mod le qu b cois Un horizon th orique pour la recherche une porte d entr e pour un projet de soci t Montr al Cahiers du CRISES 31 p L VESQUE Beno t 2001a Le partenariat une tendance lourde de la nouvelle gouvernance P re de la mondialisation Enjeux et d fis pour les entreprises publiques et d conomie sociale Annals of Public and cooperative Economics Oxford Blackwell vol 72 no 3 pp 311 321 L VESQUE Beno t 1997 D mocratisation de l conomie et conomie soci
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