analyse rhétorique du générique du journal de la télévision publique
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1. d autres modes de communication humaine et sociale Pour les puristes cependant la rh torique est exclusivement crite ou verbale Cette conception fortement ancr e est continuellement r affirm e par certains sp cialistes voir Reboul 1994 Pour ses d fenseurs la rh torique d un discours verbal ou crit d senveloppe des propositions construites en arguments persuasifs pour une audience Elle suppose donc un texte structur et dispos un contradicteur susceptible de r action un public identifiable un contexte caract ristique et une situation contingente n cessitant un d bat Kenney et Scott 2003 Dans ces conditions seule la rh torique d un texte crit est possible Les autres formes de discours se pr tent peu pour ne pas dire pas du tout l observation rh torique Kenney et Scott 2003 discutent la validit de cette objection et en montrent les puisements Dans 1 enthym me d Aristote soulignent ils il existe des arguments sous entendus non exprim s mais parfaitement compris par les antagonistes Tout argumentaire n est donc pas basique partant d une pr misse explicitement exprim e une conclusion ouvertement d clam e Pareillement l image peut r pliquer une faiblesse de l argument oppos face face Il suffit de consid rer la soci t actuelle et les avanc es technologiques qu elle 199 200 LES CAHIERS DU JOURNALISME N 20 AUTOMNE 2009 offre pour comp2. puisque les diff rentes cartes certes un peu plus chaudes dans leur coloriage sont plus r p titives que p riodis es Au total si le g n rique projette un monde sans existence le d cor qui se substitue lui exhibe quatre mondes aust res Avec en prime que le d cor r invente dans ce cas pr cis la cartographie de notre plan te en quatre continents Conclusion L analyse rh torique visuelle a laiss entrevoir dans cette contribution ses possibilit s produire des r sultats Comme outil de dissection d un document non crit elle nous semble mesure d apporter un clairage original et de faire sourdre de son objet d tude des significations dignes d int r t L indicatif du journal t l vis de CRTV ne sugg re pas la chaleur la nouveaut le mouvement contenu dans l information d actualit ne mise pas sur l action L activit humaine et toute l explosivit du monde que recherchent ou d crivent les journalistes c dent la place PORTES OUVERTES SUR UN MONDE D PEUPLE ANALYSE RH TORIQUE DU GENERIQUE une humanit froide et glaciale un monde inhabit teint et d color Cet indicatif ne semble pas annoncer la possibilit que des v nements se produisent dans notre monde ni indiquer une posture d ouverture sur les v nements Le monde vierge vit peu et l actualit n existe pas Orlemonded unjournalt l vis normal moment de repr sentation de l actualit est l
3. des cercles ondulatoires centrifuges se diffusent Puis de chacun des 10 points une tincelle jaillit et survole la carte pour tomber sur Yaound laissant entre les deux points une ligne trac e La carte du Cameroun en perspective entreprend ensuite une rotation par la gauche pour se positionner verticalement et en projection cylindrique Cette carte est devenue alors jaun tre inscrite en milieu d cran Le troisi me mouvement est un zoom arri re sur la carte du Cameroun Un filon argent prend alors naissance au Sud ouest du Cameroun trace d Ouest vers le Nord et en Est puis par le Sud une carte de l Afrique Tandis que le Cameroun ne devient qu une petite tache jaun tre par l effet du travelling optique arri re se forme une mappemonde en projection cylindrique quidistante aussi appel e projection quirectan ulaire PORTES OUVERTES SUR UN MONDE D PEUPLE ANALYSE RH TORIQUE DU G N RIQUE Quatri me segment en fondu encha n ce planisph re c de un globosph re qui se d couvre en une projection azimutale ici projection orthographique Ce plan projette une vue a rienne panoramique partir du point de vue du Nord est de l h misph re En fond de d cor tr s t nue une structure conique certainement l immeuble si ge de l organisation surplombe le globe Sur le globe qui pivote de la droite vers la gauche des points semblables ceux de la carte du Cameroun repr sentant certaines capitales du
4. ne r pond pas ces normes d criture filmique de montage ou de mixage On pourrait alors le consid rer comme une simple op ration de montage pour att nuer la brutalit des sauts des coupes franches aussi appel es cut dont la signification n a pas t r fl chie Notons qu une importante litt rature relative l criture filmique consid re le fondu encha n comme clich Katz 1991 p 321 son abus l ayant presque discr dit pendant de longues ann es au cin ma Alors que le montage par cut par sa rapidit souhaite g n ralement passer inaper u le fondu encha n doit tre vu Il dure C est son destin explicite traduire la dur e l ailleurs le diff rent d finitif S il a bien l intention de conduire des transitions en douceur il peut cependant introduire de la confusion dans la compr hension car il a tendance ralentir la vitesse de l action Par d finition un fondu encha n est un mouvement relativement pos et lent ce qui implique longueur et freinage m me dans le cas du soft cut le plus rapide des fondus encha n s Pour un vid ogramme de 36 secondes r duire le nombre d apparitions de cet effet n aurait pas t inutile Par surcro t l impulsion de ralentissement du fondu encha n contredit frontalement celle du cut zoom arri re qui lui a pour objectif d acc l rer l action On se trouve par cons quent devant une PORTES OUVERTES SUR UN MONDE D
5. riques de cha nes les indicatifs et les g n riques d missions les sonals d introduction des pages publicitaires les bandes annonces les interludes les capsules d ouverture ou de fermeture de l antenne les d cors les chartes graphiques et les signatures de reportages ou de productions etc Apparue avec la concurrence aux tats Unis au milieu des ann es 1950 au moment o les tudes en communication audiovisuelle posent la question de l influence de la t l vision sur les publics l autopromotion de l antenne a acquis depuis lors ses lettres de noblesse Les proc d s d habillage permettent en effet d sormais chaque cha ne de t l vision de d clinersonidentit de dire sa personnalit de pr senter une certaine apparence et de sugg rer la tonalit de ses programmes L objectif d un habillage est souvent de positionner une cha ne de permettre qu elle soit connue et surtout reconnue dans un paysage clat et touffu D abord na t et s impose le d cor au d but des ann es 1960 artifice pour cr er un confort visuel chez le spectateur Il d limite aussi l espace organise les lumi res les couleurs et m me la r verb ration des sons sur un plateau de t l vision Ensuite s installe le carton Sorte d criteau qui appara t l antenne pour informer le t l spectateur sur les missions venir ou l avertir en cas de probl me technique Les cartons servent galement pour les indica
6. s pour la deuxi me La troisi me accuse en r quisitoire ou d fend en plaidoirie Chacune a son temps et son horizon propres la premi re s int ressant l avenir propos du bien du mal la seconde au pr sent propos du beau et du vil la troisi me au pass advenu propos du juste et de l injuste Lauxerois 2007 p 16 Et bien entendu chacune ses acteurs et vise son public Chaque type de discours doit se d composer en quatre phases distinctes mais articul es L inventio la dispositio 1 elocutio et l actio Dans le latin francis de Reboul 2004 1 s agit bien de l invention ou de la recherche de tous les arguments et autres moyens de persuasion de la disposition ou plan du discours de 1 locution relative au style de r daction et de l action la diction la m moire certains disent de la m moire qu elle constitue une phase bien distincte la gestuelle bref l acte de d clamation du discours D tach e de la sophistique et pendant selon le mot d Aristote de la dialectique la rh torique devient pratiquement une comp tence dans la logique du discours Lauxerois 2007 p 12 L habitude s est install e d plucher avec perspicacit des textes ou les interventions orales en vertu des r gles de la rh torique Et les r sultats tonnent souvent L acuit des d couvertes a donc sugg r l extension de cette technique
7. PEUPLE ANALYSE RH TORIQUE DU GENERIQUE trajectoire dont les variations de direction et de vitesse alternent sans m nagement donnant l impression d une conduite quelque peu cahoteuse et indisciplin e L actio devant un monde d sincarn Revenons un instant sur la couverture musicale des images L importance du son en audiovisuel est connue La musique d un indicatif loin de ne jouer que quelques courtes notes pour le plaisir doit signifier la personnalit du programme cr er et d montrer un style dessiner en quelques secondes le temp rament du produit et celui de son audience cible Effet sonore la musique d un indicatif d finit le temps il indique l heure et l espace d antenne il nomme le programme sugg rant les choses que les images ou les mots ne disent pas Nous avons vu le gimmick de l indicatif de la CRTV Musique m tallique et entra nante on doit lui reconna tre sa parent num rique et virtuelle avec les images Elle domine cependant l image Bien plut t que de la compl ter elle s impose son d triment se substituant elle elle finit par l immerger Cette musique rappelle alors un indicatif plus radiophonique que t l visuel Elle s coute beaucoup plus qu elle ne se 17181011116 De plus elle ne semble pour les musicologues consult s pas tenir d un rythme local Autant dire que l aussi la musique inconnue des t l spectateurs cibles jaillissant de nu
8. le premier segment image qui ouvre sur la tour de l immeuble si ge une seconde variation arrive la quatri me s quence sur le globosph re en vue paysage La musique se termine en shuntage audiophonique sur le logo de la CRTV au moment o le g n rique image s ouvre sur le plateau de pr sentation du journal t l vis Voil le vid ogramme tel qu il est diffus sur les antennes l occasion quotidienne de chaque journal t l vis Mais que r v le son analyse par la technique de l efficacit rh torique visuelle 203 204 LES CAHIERS DU JOURNALISME N 20 AUTOMNE 2009 Analyse rh torique de l indicatif Comme l indique Reboul 1994 199 l analyse rh torique dialogue avec un discours consiste avant tout poser des questions au texte en donnant celui ci toutes les chances d y r pondre et ensuite rechercher le lien intime entre l argumentatif et l oratoire Ici les questions porteraient sur le produit vid ogramme son sc nario ses techniques filmiques ou de montage sa construction ses effets sp ciaux son genre etc Nous utiliserons le dispositif rh torique classique pour le comprendre invention disposition locution action 17 inventio annoncer le changement L inventio se demande de quoi traite un discours le type de discours et son genre Il recherchera le motif du propos son objet son auteur et ses antagonistes son public Ceux ci ne sont pas toujours d s
9. monde son 209 210 LES CAHIERS DU JOURNALISME N 20 AUTOMNE 2009 porte parole ou sa repr sentation Par un rapport de n cessit la CRTV vaut le planisph re Le second effet de montage virtuel remarquable est celui du fondu encha n Cette liaison consiste au passage d un plan un autre par surimpression momentan e d une image qui appara t sur une premi re qui elle m me s vanouit arrive au moins quatre fois quelques secondes et parfois pour reprendre des plans abandonn s pr c demment L intention reconnue du fondu encha n est celle de recherche d une transition de s quence en douceur Normalement il indique un changement radical du moment de l action de la situation Il s agit en quelque sorte d une ponctuation de rupture de logique Tout en assurant la fluidit du discours le changement par fondu encha n peut tre d finitif les acteurs changent d ge le temps de l action change d poque rupture de la continuit chronologique par les acteurs qui rentrent dans le pass flash back ou analepse ou se projettent dans l avenir prolepse ou se retrouvent dans un autre contexte etc Toujours et sauf extraordinaire le fondu encha n signifie un coulement du temps et une substitution du temps du r cit temps pr sent par un autre diff rent se situant soit dans le pass soit dans l avenir Dans le document qui nous int resse l utilit du fondu encha n
10. monde l chent aussi des tincelles qui tablissent des traces en lignes convexes et concaves entre ces points et le Cameroun Le cinqui me mouvement est un second fondu encha n qui ram ne la mappemonde projection cylindrique ceintur e cette fois ci entre l quateur et le tropique du cancer d une bande de 5 lignes de texte Juste au dessus du texte apparaissent les lettres du logo CRTV qui se font enserrer ensuite en tenaille par deux fourches scintillantes sorties simultan ment des c t s gauche et droit de l cran Derni re s quence alors qu un autre logo de la CRTV s installe en incrustation en haut droite de l cran un m daillon gris tombe sur le premier logo au milieu de l cran quatre secondes avant que le g n rique ne s ouvre sur le plateau de pr sentation souvent en cut Le son gimmick m tallis Le gimmick du g n rique si l on peut parler de gimmick eu gard sa longue dur e est une formule rythmique instrumentale plut t moderne et entrainante Les sonorit s m tallis es et r verb r es proviennent sans doute d une source num rique travaill e Les euphonies s coulent avec un tempo rapide et un dessin m lodique essentiellement redondant Ce g n rique musical couvre int gralement le g n rique image 11 para t m me 16 pr c der en diffusion Mais sur l image il dure 34 secondes et conna t deux variations une premi re variation sonore illustre
11. LES CAHIERS DU JOURNALISME N 20 AUTOMNE 2009 Portes ouvertes sur un monde d peupl analyse rh torique du g n rique du journal de la t l vision publique camerounaise Gervais MBARGA 7 anecdote circule Afrique chaque nouveau Professeur patron de cha ne de t l vision D partement d information publique amorce comme premier et et de communication unique changement pour son antenne Universit de Moncton celui de l indicatif et des pr sentateurs du Nouveau Brunswick journal t l vis Il en a t ainsi de la Radio i i T l vision S n galaise RTS en 2002 2003 2005 de la Radio T l vision Ivoirienne RTI en 2005 de la Cameroon Radio en Television CRTV en 1988 et en 2005 etc C est dire l importance symbolique de l indicatif du journal t l vis Cette tude porte sur un indicatif de journal d une t l vision africaine Elle pr conise l analyse rh torique de l image comme outil fiable d analyse t l visuelle sp cialement qui concerne son identit d antenne Peu de recherches existent sur cette th matique de l identit visuelle pourtant cruciale pour la t l vision en Afrique Comme ailleurs dans le monde la t l vision africaine interroge d abord pour le contenu de ses programmes qu ils soient de flux ou de stock Une litt rature de plus en plus abondante aborde cette cr ation ses effets ses logiques ses techniques etses mutations Une importante sociolog
12. ais l habillage ne se contente plus uniquement des espaces intercalaires dans une grille de programme Avec les indicatifs il tente aussi d embellir l antenne et de s duire le public Il ne sert plus simplement de vitrine ou de fa ade Il traduit d sormais toute la philosophie d une cha ne de t l vision sa vision son id al Cela signifie que le ton la texture l intensit le tempo et l humeur des produits diffus s leur choix et leur agencement veulent ob ir aux lignes de force insinu es par l habillage pour d gager une personnalit Autrement dit l antenne d une t l vision les couleurs de base les assonances et la dynamique des indicatifs des programmes maison notamment ceux d information ou des programmes phares l architecture des plateaux le ton des pr sentateurs la verve des invit s les mouvements de cam ra et les techniques de montage participent de la strat gie d antenne c est dire aussi d interaction entre la cha ne et ses publics Ils expriment la personnalit de l organe livrent les codes de d cryptage et d crivent la grammaire de lecture En fin de compte l habillage d antenne est une composition et une mise en ondes s duisantes des contenus des artifices de production et de programmation des astuces technico artistiques pour tablir la cr dibilit et diffuser la personnalit id ale d une cha ne de t l vision ou de radio sur sa propre antenne Il s agit r ellement d u
13. ales Elles sugg rent les comp tences techniques et les performances organisationnelles induisent une s r nit du t l spectateur qui reconna t son support et lui accorde la cr dibilit que ce support d sire conqu rir D s lors il est certain que plusieurs techniques se disputent la compr hension de cette criture La s miologie et la s miotique les plus proches du d montage de l image sugg reront l observation attentive du syst me des signes des formes des couleurs et de leur articulation dynamique La sc narisation investira l criture filmique L analyse du contenu contr lera les structures les formes et les genres de pr sentation pour r v ler le sens du message au del des artifices apparents Dans cette tude nous observons partir des recettes de la rh torique visuelle Nous soumettons l indicatif d un journal t l vis au s rieux des techniques de l efficacit du discours des anciens la rh torique L indicatif d une mission assimil au g n rique est un aspect particulier de l habillage d une antenne C est la porte d entr e et la signature qui sert attirer et capturer le t l spectateur ou le ramener une autre fois Mis avec les d cors les plateaux les sonals la mise sc ne de pr sentation etc il forme le dispositif ditorial et philosophique autant que esth tique technico artistique sonore et visuel d une cha ne de t l vision Il permet de l iden
14. alizing from conception to screen Katz ed Boston KENNEY K amp L SCOTT 2003 Review of the Visual Rhetoric Literature in L Scott amp B Rajeev ed Persuasive Imagery London LAKE R A amp B B PICKERING 1998 Argumentation the visual and the possibility of refutation an exploration Argumentation vol 12 p 79 93 LAUXERO S J 2007 L usage de la parole publique pr face Rh torique Nouvelle traduction du grec Pocket Paris LECONTE B 2001 Lire l audiovisuel pr cis d analyse iconique L Harmattan Paris MBEDE BALA E 2006 L identit de la t l vision publique en Afrique le cas de CRTV Came roun et RTS1 S n gal Th se de doctorat pr sent e l Universit Lumi re Lyon 2 215 216 LES CAHIERS DU JOURNALISME N 20 AUTOMNE 2009 REBOUL O 1994 Introduction la rh torique PUF Paris RIVET J en collaboration avec A Forgues et M Samson 1992 La mise en page de presse Huturbise HMH LaSalle RIVET J 1979 Grammaire du journal politique Huturbise HMH LaSalle SALAZAR M 1998 National currency as rhetoric The peso Visible Language vol 32 p 280 293 TAPIA C N 1998 Pre columbian stamps Visible Language vol 32 p 256 263 TEBEAUX E 1988 Writing in academe Writing at work Using visual rhetoric to bridge the gap Journal of Teaching Writing vol 7 p 215 219 TEBEAUX E 1991 Ramus vi
15. au d but ou la fin d un programme et est un signal d identification et d appel L usage courant assimile l un l autre Recommandation officielle de l Acad mie Fran aise pour jingle Le premier indicatif du journal t l vis date du d but de la t l vision camerounaise le 19 mars 1985 l poque la corporation s appelle CTV Cameroon Television et ne comprend que la t l vision La Cameroon Radio Television CRTV qui la remplace en 1987 regroupe la radio et la t l vision sous la m me corporation Le journal de fin de soir e le Late Night n est pas diffus heure fixe Il passe entre 23h30 et la fin des programmes autour de 2h00 Gimmick le terme viendrait du jazz Musique souvent tr s courte comme une petite phrase dont le son particulier le dessin m lodique ou la formule rythmique impr gnera facilement la m moire donc la reconnaissance donc l identification On dit du gimmick qu il doit comprendre des notes de musique capable de capter l attention de l auditeur On peut l identifier un indicatif sonore nous le consi d rerons comme un fond musical un tapis musical qui habille le g n rique image L enthym me est un syllogisme o sous entend les pr misses et ou la conclu sion ou bien encore celles ci sont probables et implicites Exemple Il est faillible puisqu il est homme La rh torique retient deux types de preuves Les preuves e
16. couvrir une immensit froide La disposition comprend trois l ments Une pr sentation ou exorde ou introduction elle capte l auditoire Une narration qui plante le d cor des faits Une confirmation qui d cline la preuve suivie d une ventuelle r futation qui d construit les arguments adverses Enfin une digression moment de d tente et une p roraison qui constitue une chute au sens journalistique Le vid ogramme analys d veloppe une dispositio sous la forme d une nonciation argumentative subtile Pour la rep rer il faut suivre attentivement le d roulement du sc nario et l encha nement des s quences Nousavonsidentifi cing mouvements dans le g n rique D s louverture l exorde du documentaudiovisuel se pr sente l immeuble si ge de la CRTV Il est assez commun aupr s des t l spectateurs camerounais qui l identifient assez ais ment L nonciateur est donc ici ais ment reconnaissable Son inscription par l immeuble si ge est un marqueur vident la fois physique sociologique et id ologique Elle d signe l orateur et par son vidence l orientation du message Par la suite appara t le logotype de la cha ne La rh torique reconna t en effet un discours subjectif lorsque 18 pr sence d un nonciateur est explicitement rep rable Fortin 2007 24 L exorde de cet indicatif appara t essentiellement phatique L immeuble si ge de la CRTV n a pas d apport in
17. du journal de la CRTV ce m ta texte riche de banni res pr sage t il dela forme et du contenu du produit livr au public Comme il pr pare le journal il en est l entr e et aussi la sortie Il l oriente donc et le signe c est dire l authentifie en d limite l espace Son tude forc ment d passe le simple d montage du travail artistico technique de filmage de montage ou d infographie Elle en r v le les subtilit s pour exposer les cl s de compr hension des l ments journalistiques Entr e en mati re fondamentalement peu expressive l indicatif de la CRTV peut touffer l clat du traitement journalistique de l actualit En proposant une humanit d sincarn e son public ce g n rique appara t en porte faux avec la prestation journalistique qu il doit accompagner Il participe ainsi cr er une certaine perplexit aupr s du t l spectateur qui alors est en droit de se poser des questions de la cr dibilit de cette production 213 214 LES CAHIERS DU JOURNALISME N 20 AUTOMNE 2009 Notes Semblable attitude se produit aussi il est vrai ailleurs dans le monde Jaur 2000 Le g n rique en r gle g n rale se place la fin d un programme Il en donne la fiche technique c est dire la liste des auteurs acteurs r alisateurs interpr tes producteurs et autres participants qui signent la production L indicatif quant lui et g n ralement se place
18. e fin de soir e a cependant des variantes sur les textes du synth tiseur qui l habille Selon l dition du journal un texte diff rent appara t en surimpression vers la fin du vid ogramme 12h00 est marqu Journal de midi Midday News 19h30 The 7 30 News 20h30 Le 20h30 En dehors de ce texte le fonds image est identique pour toutes ces ditions Les images num riques et fluorescentes Un indicatif de t l vision comprend deux l ments de base des images et des sons Le g n rique du journal t l vis de la t l vision camerounaise est un vid ogramme infographique de 36 secondes essentiellement en deux dimensions 2D bien qu il y ait quelques courts plans en trois dimensions 3D Il ne comprend aucune image de tournage est compos d images de synth se exclusivement num riques Il s articule autour de cinq segments distinctifs Le premier d marre sur une image de l immeuble si ge de la CRTV Yaound qui se d pose par un effet infographique de zoom arri re sur une carte du Cameroun Le deuxi me segment pr sente cette carte du Cameroun avec contour stylis en projection de perspective sur un globe terrestre stylis de fond bleu Dix points repr sentant sans doute les 10 villes chefs lieux des 10 provinces aujourd hui r gions du pays sont marqu es sur cette carte Du point central repr sentant sans doute Yaound la capitale o se d pose l immeuble si ge
19. e lieu du chaos des v nements On y projette tout le branle bas de l activit humaine ses d bats et ses controverses la construction de la civilisation mais aussi sa destruction les incidents et les accidents qui l maillent les guerres les tueries les scandales les famines les maladies les catastrophes qui le peuplent les talents et les r ves qui l habitent Si bien que lorsqu il h site imaginer cela le g n rique du journal t l vis de la CRTV fait sur num rique si l on en scrute la superficie devient une apostrophe incommode d s lors qu on analyse sa construction Ces artifices d habillage d antenne discourent Ils participent de cette criture p riph rique qui encercle le traitement journalistique en le ponctuant de super signes graphiques et s mantiques qui renforcent ou affaiblissent sa signification quand ils n expriment pas tout bonnement son sens global Rivet 1992 p 15 Alerte pour l un des programmes les plus courus des antennes des t l visions africaines g n ralement per ues comme les missions les plus fiables et les plus consciencieuses d une t l vision g n raliste l indicatif doit marquer les esprits Chaque jour il introduit dans l imaginaire et l inconscient du t l spectateur marque le ton le style des nouvelles pr sent es Il donne aux nouvelles journalistiques une visibilit et nous pr sente une mani re de les interpr ter L indicatif
20. ent l accent sur le monde continuant consid rer la t l vision comme une fen tre la premi re image est alors le globe terrestre qui tourne sur lui m me ou le planisph re ceux qui mettent l accent sur la m diation avec un d placement historique sensible du terrain au diffuseur On imagine aussi bien videmment les formes mixtes mais aussi les formes de refus de confiner le regard entre le couple puissance des moyens mis au service de l information contact avec le monde A nsi certaines t l visions pr f rent elles simplement affirmer leur identit avec un habillage appropri C est le cas exemple de Canal et M6 en France en 1999 voir Jost 1999 p 77 de Radio Canada 2008 L indicatif de la CRTV correspond au premier type de Jost Comme la plupart des indicatifs des t l visons publiques africaines francophones Gabon S n gal Mali Guin e Conakry C te d Ivoire etc par l usage du globe terrestre et des projections cartographiques il met l accent sur sa fonction de fen tre et gomme ses autres missions Dans la construction du vid ogramme le rayonnement vient au tout d but de l indicatif comme pour pr c der la collecte de l information Par la suite les donn es provenant du Cameroun et du reste du monde ne sont plus reflu es vers un public quelconque Elles convergent vers la CRTV elles n en ressortiront jamais s questr es quelque sorte par la machine une fois cap
21. ersaires rh toriques ou antagonistes principaux L ancienne antenne c est dire aussi l ancienne direction Mais aussi accessoirement les autres concurrents audiovisuels pr sents sur le territoire camerounais Il peut PORTES OUVERTES SUR UN MONDE D PEUPLE ANALYSE RH TORIQUE DU GENERIQUE s agir des cha nes nationales comme des diffuseurs internationaux Le g n rique joue sur des images de synth se donc artificielles fluorescentes m talliques avec des cartes g n ralement planes ou en perspective Le num rique affirme la puissance contemporaine des technologies de l information et de la communication Il sugg re une forte capacit de collecte et de d cryptage de l actualit Cet indicatif confirme que la rh torique ici se veut effectivement informative et argumentative dans la mesure o il bauche une image de notre univers de vie une vue de notre monde sur lequel porte son discours Les cartes choisies dans le g n rique ont des caract ristiques remarquables Elles ne montrent que les contours des continents et s abstiennent de mat rialiser les fronti res politiques entre pays l exception du Cameroun au d but du vid ogramme Elles ne dessinent ni ne d signent ni ne nomment les pays pas davantage le Cameroun ni les r gions ni les continents Elles n esquissent pas non plus les reliefs les v g tations les climats les cours d eau et les plans d eau les voies de communication les lie
22. formatif particulier sert tout juste nous semble t il tablir la communication PORTES OUVERTES SUR UN MONDE D PEUPLE ANALYSE RH TORIQUE DU G N RIQUE La narration plus souvent auto di g tique dans notre cas segments 2 4 du vid ogramme se construit partir de l image inaugurale de l immeuble si ge qui prend place sur la carte du Cameroun Ce point devient par la suite le centre o convergent les nouvelles D abord du Cameroun les 10 principales villes se mettent en relation avec ce point centrique de Yaound Ensuite en provenance de divers endroits du globe terrestre les signaux se dirigent vers le Cameroun La narration expos des faits concernant la cause Reboul 1994 67 constitue le moment de l argumentation rh torique o s impose le logos la rationalit et l objectivit ou l apparence d objectivit Notre g n rique dresse l immeuble si ge qu il r duit et d pose sur la carte du Cameroun pour n tre plus qu un point Cette carte elle m me s efface sur la carte de l Afrique pour n tre plus qu un point celle de l Afrique elle aussi s int gre un planisph re Clart bri vet cr dibilit font une narration efficace Reboul 1994 p 67 Focalis e sur la m taphore de la carte g ographique sur laquelle elle s appuie du d but sa fin la narration de notre g n rique en tire une certaine clart Malheureusement sa longueur transforme la m tap
23. hore en clich L indicatif du journal t l vis de la CRTV se distingue en effet par son exceptionnelle longue dur e 36 secondes avant et sans les titres Une longueur presque sans concurrent de nos jours o les secondes d une antenne comptent En moyenne les g n riques modernes durent moins de 15 secondes Compar celui de la CRTV la m me poque 2008 et hors les manchettes l indicatif de la cha ne publique France 2 dure 4 secondes celui de TF1 T l vision fran aise 1 4 secondes Radio Canda 6 secondes T l vision Suisse Romande TSR 12 secondes etc M me les indicatifs des t l visions publiques africaines mesur s pendant notre p riode d tude 2007 et 2008 font mieux la Radio T l vision Ivoirienne RTI 14 secondes la Radio T l vision Malienne RTM 12 secondes la Radio T l vision Guin enne RTG Guin e Conakry 10 secondes RTS1 Radio T l vision S n galaise 12 secondes En r alit la narration se confond la preuve et la r futation chantiers rh toriques de la confirmation Chez les rh teurs orateurs classiques Isocrate D mosth ne la narration et la confirmation cheminent souvent ensemble Et parfois le discours en totalit est une grande narration Partie en somme de l immeuble si ge Yaound la CRTV pr sente le monde comme son p rim tre d inspiration et son champ de rayonnement par la technique de l amplification La CRTV puis Yaound pui
24. ie de la t l vision se d veloppe Et dans la foul e des autres m dias la demande de la t l vision impose aussi une r flexion sur les publics et les tendances de ce support Et plus souvent aujourd hui l explosion de la t l r alit a retourn les projecteurs vers les fonctions sociales des m dias audiovisuels et leur fr n sie harponner les publics Ce que 194 PORTES OUVERTES SUR UN MONDE D PEUPLE ANALYSE RH TORIQUE DU GENERIQUE traduisent aussi souvent les d rapages thiques et les approximations d ontologiques Pourtant l identit visuelle explicite d une antenne joue un r le d cisif dans la facult de celle ci capturer et fid liser un auditoire Mieux lorsqu elle jaillit d une connaissance structur e d un public elle indique la fois la teneur du message du diffuseur mais aussi le profil et les attentes des t l spectateurs Mbede a montr dans une recherche labor e comment l identit des t l visions publiques africaines s exprime sous divers aspects Suivre ces aspects insiste t il permet de porter l analyse au del du simple cadre des pr occupations t l visuelles pour la conduire sur le terrain de l identit culturelle et des enjeux rattach s la complexit des interactions entre logiques locales flux transnationaux et imaginaire mondialis Mbede 2006 p 9 Il s agit donc v ritablement de variables qui ouvrent sur une lecture des significations soci
25. ign s ouvertement De quoi s agit il Le g n rique de tout programme t l visuel est un signal d appel Dans le cas du journal il annonce On dirait qu il a pour motif central d avertir le public de l imminence d une mission qui a pour ambition de dire l actualit chaude de la plan te avec certitude et clart Mais ce premier motif est largement liminaire Resituer cet indicatif dans le temps qualifi r v le mieux le motif v ritable Il appara t en effet en d cembre 2005 apr s la d signation d une nouvelle direction de la cha ne le 25 janvier de la m me ann e Une grille des programmes est en chantier et doit mat rialiser une mutation et une revitalisation de l antenne Comme souvent en pareilles circonstances en Afrique le nouveau manager tient tout balayer et tout recommencer Il se sent le devoir de tout d truire et de reconstruire ce qui est la vitrine de l organisation Le nouveau g n rique vise donc pr senter le changement du contenu de l antenne En quelque sorte il est la marque du style de la nouvelle direction Son auditoire rh torique primaire Le public de la cha ne mais sp cifiquement celui qui est avide de nouvelles fra ches Mais aussi et surtout un public secondaire encore plus important pour la nouvelle direction et fait de hauts d cideurs politiques conomiques et intellectuels qui se questionnent sur les capacit s de changement qualitatif de la nouvelle quipe Ses adv
26. jourd hui affiche photographie ou caricature Les technologies actuelles la r inventent 51 bien qu elle ne se pr sente plus simplement sous sa forme fixe D sormais et depuis la naissance du cin matographe existent des images en mouvement Avec les technologies nouvelles se multiplient des images anim es des images virtuelles des images de synth se et plus encore La rh torique consid re les images de la publicit celles de la propagande politique les fixes et les dynamiques les simples comme les complexes Les recherches r centes montrent m me un avantage des arguments visuels sur les arguments crits ou verbaux Blair 2004 ils ont un tr s puissant pouvoir vocateur ils contiennent une abondante information due la quantit d images possibles ils impressionnent par le r alisme puisqu ils se laissent produire devant vos yeux et vous en tes vous m mes en quelque sorte t moin direct L crit tente vainement de transmettre avec des mots partir d un lieu lointain ou d acteurs absents pr cis ment les images les motions les gestes et l atmosph re La rencontre entre l habillage d antenne et la rh torique visuelle est celle d une nouvelle communication t l visuelle l preuve de techniques prouv es de l efficacit du discours Mat riels et M thodes Nous examinerons les images de l indicatif d ouverture qui sert aussi de cl ture au journal t l vis de la Cameroon Radio Televi
27. lle part accentue l impression de vacuit lorsqu elle ne stimule pas la confusion L usage de bout en bout et pour une dur e peu ordinaire des images digitales a une influence sur la compr hension de cet indicatif On se sent en effet trop longtemps sous l empire d un monde trop virtuel sans prise avec la r alit des t l spectateurs camerounais Ainsi que mentionn pr c demment le monde pr sent est une humanit d sincarn e et compl tement artificielle tandis que la m taphore de la carte g ographique laisse perplexe Le d cor du plateau de pr sentation sur lequel on tombe en cut la fin de l indicatif en contradiction avec les fondus encha n s de l indicatif lui m me t moigne de cette emphase sur la carte du monde et corrobore cette confusion rh torique Un plateau de journal t l vis est un autel de messe de l information quotidienne Le contexte spatial d un studio de pr sentation de journal marque lieu de mise en sc ne et de mise en uvre du discours o prend place le pr sentateur m ta nonciateur Leconte 2001 avec capacit d interactivit et d ubiquit Nous n analyserons pas le contenu de la messe avons nous dit 211 212 LES CAHIERS DU JOURNALISME N 20 AUTOMNE 2009 Cependant il est remarquer que le plateau du journal t l vis de la CRTV comprend une table parall logramme couleur bois sur la bande de bord avec en son milieu une plaque vi
28. n discours m diatique de tr s haute importance que la rh torique aide d chiffrer 197 198 LES CAHIERS DU JOURNALISME N 20 AUTOMNE 2009 La rh torique visuelle La rh torique technique d analyse de discours a connu ses moments de gloire Elle reprend aujourd hui de la valeur et de nombreuses tudes red couvrent ses vertus et ses capacit s de pr cision Le mot lui m me s utilise sous des acceptions une fois p jorative une autre fois noble voire glorieuse et d autres fois dangereuses Reboul 1994 Contentons nous d en faire une pr sentation rapide que les sp cialistes qualifieraient sans doute d exp ditive Alors que Syracuse au 5 si cle avant notre re les tyrans interdisaient la parole leurs sujets en public les Ath niens eux fondaient leur soci t sur la libert d expression Fortin 2007 Il s y est donc d velopp peu peu des techniques de communication Olivier Reboul 1994 indique quant lui que vers 465 av J C les dictateurs battus en Sicile furent expuls s et les citoyens qu ils avaient d pouill s r clam rent leurs biens d o de nombreux recours judiciaires La r currence des recours devant les tribunaux n cessita un outil qui aiderait les populations se d fendre au moment o le m tier d avocat n existait pas encore L art oratoire devint donc un exercice fondamental dont le philosophe Aristote r unit les r gles dans deux ouvrages Rh toriq
29. oward a theory of visual argument in Argu mentation and Advocacy vol 33 p 1 10 BONSIEPE G 1963 Persuasive Communication Towards a visual rhetoric in T Crosby ed Uppercase 5 London p 19 34 BONSIEPE 1965 Visual verbal rhetoric Ulm 14 15 16 23 40 BORDWELL D 1989 Making Meaning Inference and Rhetoric in the Interpretation of Cinema Cambridge Harvard BRIZUELA A 1998 Tale of the origin A rhetorical visual analysis of a Mexican mythical tale Visible Language vol 32 p 234 255 DeCOSIO M G 1998 Rhetoric in logotypes Visible Language vol 32 p 264 279 EHSES H H J 1989 Representing Macbeth A case study in visual rhetoric in Margolin V ed Design discourse History theory criticism Chicago FLEMING D 1996 Can pictures be arguments Argument and Advocacy vol 33 p 11 22 FORTIN N 2007 La rh torique mode d emploi proc d s et effets de sens L instant m me Qu bec JAUR Ph 2000 L habillage d antenne une nouvelle d finition de l espace t l visuel M moire de ma trise pr sent l Universit de Valenciennes JOST F 1999 Introduction l analyse de la t l vision Ellipses Paris HENDRIX J amp J A WOOD 1973 The Rhetoric of Film Toward a critical Methodo logy Southern Speech Communication Journal vol 39 p 105 122 KATZ D S 1991 Film directing shot by shot Visu
30. rendre qu un face face peut se tenir alors que les protagonistes sont des lieues de distance dans l espace et dans temps Ainsi se d roulent aussi d sormais les d bats par m dias interpos s La seconde cat gorie d objections affirme que les mots proc dent s quentiellement l un apr s l autre posant les pr alables et se coordonnant jusqu induire une cons quence logique Les images elles s afficheraient toutes la fois en un seul coup d il Ou encore que les visuels devraient encore tre d crits et traduits en mots pour tre compris Comme l affirme Reboul 1994 les images se passent rarement du texte crit En fait on constate bien qu il s agit l d images fixes Les images cin matographiques et ou vid ographiques sont quant elles dynamiques Elles s affichent les unes apr s les autres l instar des mots dans un texte Par surcro t les objections des classiques r sistent tr s peu devant les r cents travaux en psychologie et en neurologie qui d taillent les modalit s de perception et d int gration de la communication notamment en ce qui concerne la proc dure mentale des images Par exemple on convient de plus en plus que la pens e n op re ni verbalement ni par les mots ni par les images Elle fonctionne un niveau d appr hension plus abstrait parfois en jets parfois aussi en s quences Kenney et Scott 2003 D ailleurs s interrogent les auteurs le d roulement s q
31. s le Cameroun l Afrique et le planisph re se suivent en apocope illustr e par les techniques de fondu encha n et les 207 208 LES CAHIERS DU JOURNALISME N 20 AUTOMNE 2009 mouvements de travelling optique Le tout s inscrit dans une gradation progressive de quantit allant du plus faible du plus restreint du plus visible l immeuble de au plus fort au plus vaste possible le monde entier On peut penser que l nonciateur la CRTV dans la construction du vid ogramme indicatif du journal t l vis s adresse son public en disant Je suis la CRTV que vous connaissez tous bien que situ Yaound je re ois les nouvelles du Cameroun je re ois des informations des principales m tropoles du monde entier Sous entend elle du m me trait sa sup riorit dans le paysage national La construction syllogistique par enthym me usit le laisse pr sumer Mais les experts de la rh torique demeurent sceptiques dans la force d une d monstration qui organise ses arguments du plus faible au plus fort Et dans le domaine journalistique ce n est certainement pas la technique d criture Elle se situe m me exactement l oppos La construction du vid ogramme demeure classique en fin de compte pour le sp cialiste Jost 1999 p 76 rappelle la typologie ordinaire des g n riques de journaux t l vis s Deux types de g n riques se rencontrent peu partout dit il ceux qui mett
32. sion CRTV cha ne publique de radio et de t l vision camerounaise en Afrique Centrale Cr e en 1987 la CRTV diffuse des journaux t l vis s d abord bilingues fran ais et anglais 20h30 Puis partir de 1989 un journal t l vis en fran ais 20h30 un journal t l vis en anglais 19h30 Depuis 2000 galement un journal t l vis bilingue pour les informations provinciales a t institu 18h00 ainsi qu un journal bilingue de fin de soir e g n ralement apr s 23h00 Un peu plus tard en 2002 il est cr un bulletin d information 12h00 Fin 2005 un autre bulletin d information est install dans la matin e 8h00 L indicatif que nous examinons ici est en vigueur depuis la fin de l ann e 2005 et le demeure au moment de la r daction de cette analyse en d cembre 2008 Les pr c dents g n riques de journaux dataient de 1985 pour le premier et de 1989 pour le second s agit d un vid ogramme Son analyse correspond pour une grande partie celle d un document cin matographique celle d un spot de publicit ou encore d un clip musical Le contenu informatif du journal t l vis 201 202 LES CAHIERS DU JOURNALISME N 20 AUTOMNE 2009 c est dire le traitement de l information qui suit l indicatif ne constitue pas notre centre d int r t dans cette tude Cet indicatif est le m me pour les journaux t l vis s de 8h00 de 12h00 de 19h30 de 20h30 et d
33. sual rhetoric and the emergence of page design in medi cal writing of English Renaissance Written Communication vol 8 p 411 445 VARGA 1989 Criteria for describing word and image relations Poetics Today vol 10 p 31 53 VERON 1983 est l je le vois il me parle Communications n 38 nonciation et cin ma PORTES OUVERTES SUR UN MONDE D PEUPLE ANALYSE RH TORIQUE DU G N RIQUE 217
34. tifier et de lui donner une humeur L tude de cette micro production ou de ce clip apporte par cons quent une connaissance fondamentale de la posture et des horizons d une antenne de t l vision L indicatif d un journal t l vis m me s il s agit d un produit artistico technique donc non journalistique fait partie int grante du 195 196 LES CAHIERS DU JOURNALISME N 20 AUTOMNE 2009 journal t l vis l instar de la mise en page il constitue la facette de cette criture qui donne une visibilit aux informations journalistiques tandis que la r daction des textes est la facette qui atteste de l authenticit de ces informations Rivet 1992 15 Deux concepts importants pour cette tude m ritent examen prioritaire l habillage d antenne et la rh torique plus sp cifiquement la rh torique visuelle Le premier pour l expliciter quelque peu le sortir de l amalgame et prendre ses dimensions v ritables Le deuxi me dans le but d en puiser les l ments de compr hension et identifier les outils qui serviront l analyse Identit d antenne L identit d une antenne t l visuelle n appara t pas simplement de mani re implicite dans le type de contenu des programmes Elle se met aussi explicitement en sc ne l cran par son habillage Il s agit de dispositifs qui dallent la programmation les sonals d identification et d autopromotion les logotypes logos les g n
35. tifs et les g n riques des programmes Enfin merge la speakerine reine des ann es 1970 Elle annonce les programmes ou pallie les incidents techniques Elle est choisie pour ses m rites physiques et intellectuels ainsi que pour la qualit de son expression orale PORTES OUVERTES SUR UN MONDE D PEUPLE ANALYSE RH TORIQUE DU G N RIQUE Depuis les ann es 1980 la fonction strat gique de l habillage pour une antenne de t l vision est palpable Chaque programmateur sait que la jonction cet entracte entre la fin d un programme et le d but du suivant constitue le moment de tous les dangers C est celui que prend le t l spectateur pour aller voir ailleurs et peut tre ne plus revenir L am nagement de ces interstices entre donc dans les priorit s des responsables des antennes Imperceptiblement d abord et ensuite de plus en plus nettement cette pr occupation invente une nouvelle sp cialit des programmes dont le nom ne figure pas encore sur la liste des genres t l visuels reconnus Autrefois carton puis speakerine ou interlude qui servait de raccord aujourd hui capsule inter programme espace privil gi d installation des habillages notamment des sonals d identification des bandes annonces ou des g n riques de cha nes Et bien que cette incise soit prise d assaut par la publicit il n en demeure pas moins l un des casse t te de la programmation t l visuelle contemporaine M
36. tr e Cette table peut offrir quatre places D ailleurs le journal t l vis de la CRTV met l cran deux pr sentateurs Il s agit g n ralement d un couple femme homme que le journal soit unilingue anglais 19h30 et fran ais 20h30 ou bilingue 12h00 par exemple Si la messe cathodique a pour autel le plateau le pr sentateur en est le grand pr tre la fois ma tre du temps des v nements et du monde ce personnage chacune de ses apparitions et dans toutes les t l visions du monde semble tenir en main le destin de millions de t l spectateurs r duits l admiration et la croyance Ses fonctions ne sont pas qu explicites Elles rel vent galement d une psychosociologie qui a donn lieu maintes analyses en la mati re Pour certains le pr sentateur a le statut de connecteur V ron 1983 Pour Jost 1999 il a un r le d identification et d intimit il en a aussi un de reliance connecter le t l spectateur au monde organiser le monde et incarner le regard du t l spectateur la CRTV on le met en valeur en l ins rant dans un d cor appropri Le d cor du studio reprend en effet quatre fois plut t qu une le planisph re En quatre panneaux de d cor on remarque un premier planisph re d cal vers l Asie un deuxi me centr sur l Europe un troisi me cadr sur l Afrique et un dernier ajust sur 1 Am rique L effet de clausule ne r ussit qu moiti
37. tur es Une digression et une p roraison existent dans le g n rique de la CRTV Elles forment le cinqui me segment que nous avons aper u PORTES OUVERTES SUR UN MONDE D PEUPLE ANALYSE RH TORIQUE DU GENERIQUE planisph re apparaissant une seconde fois en fondu et laissant des textes le traverser en ceinture En digression le texte crit renforce l id e de couverture du monde Il en donne les th mes ou tout au moins tente de pr ciser les sujets d int r t Un des rares moments tr s indirect on dirait de l existence d une vie dans cette immensit m tallique car on imagine que le texte s il peut tre g n r par une machine parle des ph nom nes et des activit s des tres vivants p roraison amplifie l identification de la CRTV par son logotype final en couleurs dont celles chaudes du drapeau camerounais plus vivant et mis presque en apostrophe avant le plateau sans doute pour s duire les Camerounais qui devraient se reconna tre dans ces aquarelles et se passionner pour leurs couleurs nationales Au plan rh torique cette sortie est excellente joignant au logos l argumentation rationnelle le pathos l affectivit d une bonne conclusion Ici cependant elle ne semble avoir aucun lien logique avec le monde qui lui pr c de En r alit il faut carter ce logo de l analyse ne faisant pas proprement parler partie de l indicatif est simplement rajo
38. ue et Po tique La rh torique est par cons quent cet art de la persuasion par le discours Elle est surtout le nom donn aux diverses tentatives de description et de compr hension des m canismes et conventions r gissant l efficacit des discours des plus ordinaires ou plus litt raires Fortin 2007 p 11 En usage pour convaincre elle fut l instrument commun des juristes des philosophes des litt raires des pr dicateurs de tous ceux que concerne la communication Reboul 1994 Il faut entendre par discours toute production verbale crite ou orale ayant un d but et une fin et pr sentant une certaine unit de sens dit Reboul 1994 p 4 Pour les Grecs le discours persuasif reconnaissait cinq genres le discours informatif le discours argumentatif le discours narratif le discours th tral et le discours po tique Aristote a surtout insist dans Rh torique sur les discours qui entendent informer et convaincre Il y examine trois formes ou visages possibles du discours loquent et persuasif l loquence d lib rative ou politique l loquence pidictique d apparat et l loquence judiciaire Ces formes d expression d conseillent ou conseillent au sujet de la paix ou de la guerre des imp ts des changes pour la premi re Elles louent critiquent ou bl ment des individus ou PORTES OUVERTES SUR UN MONDE D PEUPLE ANALYSE RH TORIQUE DU GENERIQUE des collectivit
39. uentiel est il un l ment important de la rh torique Apr s tout le message alphab tique n est il pas en fin de compte un discours rendu visible par des signes et d s lors lui aussi image De toute les mani res depuis l poque lointaine les rh teurs reconnaissent que la communication tient non pas uniquement par les s quences lin aires des signes mais par une impression g n rale laiss e par l orateur et qui se nourrit de son apparence physique de son expression gestuelle de ses postures et de ses intonations vocales Les sciences de la communication tudient en d tails ces proc d s de kin sique ou de prox mique Quoi qu il en soit la rh torique de l image est n e Depuis Barthes 1964 elle se d veloppe constamment Ses d fenseurs se multiplient montrant la pertinence de la rh torique visuelle Bonsieppe 1963 1965 Bernhardt 1986 1996 Tebeaux 1988 1991 Varga 1989 Allen 1996 etc Des applications pratiques ont t r alis es sur l illustration des livres Brizuela 1998 les logotypes de Cosio 1998 les affiches de th tre Ehses 1989 et m me les pi ces de monnaie Salazar 1998 ou les timbres postes Tapia 1998 L image a en effet envahinotre univers Autrefois statue ic ne st le monument bas relief sculpture d coration peinture dans une grotte PORTES OUVERTES SUR UN MONDE D PEUPLE ANALYSE RH TORIQUE DU G N RIQUE id ogramme ou pictogramme Au
40. ut en incrustation sur ce dernier au moment de la diffusion D ailleurs il demeure en permanence l cran pendant toute la journ e de diffusion Enfin cette conclusion se trouve en quelque sorte d mentie ainsi que cela appara tra plus loin par le plateau de pr sentation du journal qui prend le relai de l indicatif elocutio confusion de styles Les cinq unit s du vid ogramme forment donc les cinq articulations de l argumentation Le style use de plusieurs figures L ellipse figure en usage au cin ma et en t l vision en constitue la base Par contre on remarque bien l emploi r current du zoom En r alit il s agit bien souvent d un cut zoom arri re Le travelling optique aussi appel zoom modifie l angle de point de vue et tablit des relations visuelles entre les ventuels nombreux l ments d une sc ne Il permet d en r v ler les d tails ou de mettre en exergue un aspect du sujet de d part moins de vouloir d voiler l tendue d un th tre d op ration Le cut zoom arri re vise faire clater toute l ampleur sonore ou visuelle d une sc ne Cela semble l option du vid ogramme en examen Mais la r p tition de ce mouvement fr le l abus on y enferme le t l spectateur durant presque tout le document Confront avec le plan de d marrage le si ge de la CRTV le zoom laisse d couvrir que les concepteurs du vid ogramme assimilent par synecdoque la CRTV au
41. ux habit s les villes et agglom rations il y a peine une distinction entre les terres et les oc ans toutes choses qu on s attend voir sur une carte Bien entendu il n existe aucune id e des populations humaines animales min rales pas davantage de signe de transformation de la nature ni de marque de notre civilisation Cette carte a peu d utilit pratique Elle ne peut servir ni la navigation ni au cadastre auraient dit les anciens Dans son essence une carte repr sente un espace g ographique Elle travaille mettre en valeur l tendue la localisation en rapport avec les espaces limitrophes avec en exergue les composantes ou les conditions reconnaissables qu elle ext riorise Le dictionnaire de g ographie pr cise que les cartes servent repr senter des ph nom nes dont la configuration spatiale produit du sens Exposant un univers d sincarn l extr me le vid ogramme semble refuser de reconna tre les soubresauts de l actualit qu on sait mouvement e 1 ne montre pas une intention sur cet univers ni un point de vue d analyse puisque la carte manipul e sugg re aucun ph nom ne ni g ologique ni m t orologique ni politique ni naturel ni humain Elle est muette Mais mieux elle donne longuement et vue sous diff rents points cardinaux l image d un monde d mat rialis vide glacial plat sans vie s il n est pas invivable sans acti
42. vit s il n est pas inactif Un monde teint Une humanit qui est absente Pourtant c est quand m me de ce monde qu entend parler le journal t l vis de la CRTV ses t l spectateurs 205 206 LES CAHIERS DU JOURNALISME N 20 AUTOMNE 2009 On ne sait si l effet souhait consiste susciter aupr s de l auditoire un effet de distanciation dans une sorte d enthym me o les pr misses probables sont des indices de vraisemblance L oratrice la CRTV annonce par ailleurs aussi la nature de ses preuves rh toriques Elles tiennent de l aspect des planisph res tels que con us amplifi s et projet s par l organisation une immensit st rile et d peupl e La rh torique parle alors de preuves intrins quesf ou artificielles qui participent de la mani re du plaideur de faire valoir ce qu il a dire en d autres mots de son talent La derni re partie du g n rique qui porte d filant par lignes en crawl crois es cinq lignes de texte soit bilingue fran ais anglais soit en anglais soit en fran ais pr cise ouvertement le contenu du discours actualit d couvertes politique conomie sport religion science inventions r volutions m moires management gouvernement crises crises conflits n gociations finances ducation etc On cherche en vain sur les cartes projet es quoi correspondent ces concepts devant une immensit aussi d serte La dispositio
43. xtra rh toriques qui viennent avant les t moignages et les preuves intra rh toriques cr s par l orateur Reboul 1994 les a rebaptis es extrins ques et intrins ques Figure de style consistant d signer une chose par une autre ayant avec la premi re un rapport de n cessit 10 Les Anglosaxons disent signature tunes en parlant d indicatif la radio R f rences bibliographiques ALLEN N 1996 Ethics and Visual Rhetoric Seeing s not believing anymore Techni cal Communication Quarterly vol 5 p 87 105 BARTHES R 1964 Rh torique de l image Communications n 4 Seuil BERNHARDT S A 1986 Seeing the text College Composition and Communication vol 37 p 66 78 BERNHARDT S A 1996 Visual rhetoric T Enos ed Encyclopaedia of rhetoric and composition New York PORTES OUVERTES SUR UN MONDE D PEUPLE ANALYSE RH TORIQUE DU GENERIQUE BLAIR A J 2004 The Rhetoric of Visual Arguments in Hill C A amp M Helmers ed Defining Visual Rhetoric London BLAKESLEY D 2004 Defining film rhetoric the case of Hitchcock s Vertigo in C A Hill amp M Helmers ed Defining Visual Rhetoric London BLAKESLEY D 2003 Introduction The Rhetoric of Film and Film Studies in D Blakesley The Terministic Screen Rhetorical Perspective on Film Carbondale BIRDSELL D S amp L GROAKE 1996 T
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