Hors des chantiers battus
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1. Article Hors des chantiers battus Ren Viau ETC n 74 2006 p 28 31 Pour citer cet article utiliser l information suivante http id erudit org iderudit 34921ac Note les r gles d criture des r f rences bibliographiques peuvent varier selon les diff rents domaines du savoir Ce document est prot g par la loi sur le droit d auteur L utilisation des services d rudit y compris la reproduction est assujettie sa politique d utilisation que vous pouvez consulter l URI https apropos erudlit org fr usagers politique dutilisation rudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif compos de l Universit de Montr al l Universit Laval et l Universit du Qu bec Montr al Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche rudit offre des services d dition num rique de documents scientifiques depuis 1998 Pour communiquer avec les responsables d rudit info erudit org Document t l charg le 16 novembre 2015 08 47 HORS DES CHANTIERS BATTUS Le chantier un discours Tr Unie ai nomm Merz la philosophie qui a donn naissance cette nou velle forme de production artis tique Merz est le programme d sign par commodit par cet h t ronyme un mot qui propulse la chose et lui fait envahir l espace Dans sa gestion du rebut Kurt Schwitters colle cloue assemble tout ce qui lui tombe sous la main bouts de bois chiffons tickets emba2. la fois litt rale et symbolique L image bascule dans une forte charge d autant plus que ces glissements op rent dans un registre volontairement circonscrit o la critique sociale fait place la re prise des mythes culturels corps en chantier La m taphore du chantier peut aussi tre envisag e sous l angle de la r ception Ces uvres ouvertes ont besoin de la participation de leur public pour exister En une m me apologie du small is beautiful elles s allient une prise de possession en collectif de l espa ce au nom des sens et de leurs perceptions avec cette fois ci comme point de d part le langage du corps l expression des sens Avec leurs habitacles leurs espa ces la concentration sensorielle dans la lign e de l ef fervescence post mai 68 des cr ateurs marquent un site le recomposent par l exp rience en direct H lio Oiticica transforme la notion m me d expo sition en laboratoire du vivant Sa s rie Paragonl est n e de sa d couverte de la vie dans les favelas de Rio Sorte de capes clatantes de couleurs ces u vres taient anim es par des spectateurs qui devaient bouger et danser engendrant selon l artiste un es pace intercorporel Oiticica r alise Eden la White Chapel Gallery Londres en 1969 En textures cou leurs cabines de m ditation salles fouler pieds nus s affirment l exp rimentation physique une pr sence tactile et sensorielle o l individu prend la m
3. chection de liliana Albentozzi Poris 1993 Vo gssai de kend Viau li 1 Maine comme mat riou de l uvre Ces Voir l essai de Frank roerne i Paris 1995 l extr rme Ta Ni atat ai mr rditions Blxc notes Line administraten de
4. esure de son environnement Lygia Clark fait du corps une maison Dans ses uvres du tournant des ann es 70 avec des mat riaux de r cup filets pierres plastique elle he les acteurs partenaires en une partie int grante d une m me uvre Les individus jouent le r le de pivots dans une architecture mobile et souple com pos e de draps de plastiques d lastiques qui fait appel la cr ativit de chacun L humanisation qui touche l exposition s attaque ses tabous Attention Homme au travail Chris Burden fait de la parcimonie du texte et de l image livr s en guise d explication ses performan ces la zone m me d une r sistance Le style si suc cinct n insiste que sur la v rification d un nonc Les documents mis notre disposition sont limit s Une seule photo agit comme un t moignage rescap du d sastre ou du chaos Elle accompagne une descrip tion r dig e comme un mode d emploi accompli H ros moderne Burden se fait tirer dessus s lectro cute s incendie s touffe dans l eau s empare son profit de l image t l vis e en d tournant une violen ce m diatique omnipr sente L id e de chantier en tant que participation le plus souvent non aboutie un projet collectif s allie des investigations carac t re communautaire ou conomique Ainsi Burden demande candidement aux gens la fa on d un pi sode de la Cam ra cach e de contribuer ses en treprises les plus inse
5. ier et objets usuels y taient embal l es dans du plastique transparent Cette omnipre sence renvoie aux normes de st rilisation aseptis e de m me qu une vision du cadre de vie comme partie prenante du consum risme marchand nord am ricain Auto produisant des valeurs sans change N E Thing Co par ses d partements ART et ACT d livrait un sceau homologuant ou rejetant propasi tions objets sites et heux selon deux cat gories ma nich ennes Aesthetically Rejected Things ART ou Monica Bonvicini Plastered 1996 Coll Froc Lorraine Pi ce ou sol devant tre d truite Exposition Wall lo be destroved Frac lorraine Metz Photo Studio Remi Villogai Aesthetically Claimed Things ACT Des uvres tels les non lieux de Robert Smithson Cirumflex de Mike Heizer taient rejet es taient accept es les images de chantiers de sites industriels ou naturels Pissant dans la neige ou striant cette surface de traces de skis Baxter cr e plusieurs dessins photographi s marquant de la sorte un territoire qui s tend de l in time au g ographique Appliqu une chelle aussi anodine le concept d information sensible se mo quait du d lire m galo inh rent au Land Art land Arl Misant sur l aspect grandiose du panorama tout autant que sur la perp tuanuon de la notion du su blime les r alisations du Land Art paraissent si em bl matiques du d tournement de l id e des grands chantier
6. llages Les trois Merzbau sont d abord m tho des course balistique d un concept pr texte soit le collage architectur croissance continue en une alternance de d construction et reconstruction Il en est ainsi de tous ces chantiers le plus souvent in dividuels comme autant d artistes qui empruntent la posture du b tisseur L investigation le sondage est tributaire de l application d un mandat et de sa v ri fication L exp rience est envisag e sous l angle de la dur e ou de l inach vement ME ce r Au pied de la lettre Avec ses chantiers Rober Racine tente de vaincre les opacit s et les complexit s en se lan ant corps perdu dans de pharaoniques morceaux de bravoure Ses uvres traitant de ce th me se pr sentent comme un nouvel clairage sur des ensembles qui lui parai traient autrement insaisissables dans leur totalit Is renvoient ainsi les spectateurs leurs propres limites spatio temporelles Qui dit chantier dit production L exploit est de tra duire en espace un dessein le plan projet Sa maquette du dictionnaire est une obsession Le tex te et son contexte y subissent une migration un immense transport 60 000 mots sont coll s durant un an sur de petits b tonnets noirs et plant s sur une grande surface blanche pour construire la maquette d un Parc de langue fran aise Dans une autre de ses per formances Salammb 1980 le dispositif se d cline autour d
7. ns es En direct sur KPKF dans Send me your money 1979 Burden sollicite laudi toire durant une heure Il demande express ment que chaque t l spectateur lui exp die un dollars ou deux pour faire de lui un homme riche Il avance lido Abdul Fviute House 2005 Vid o couleur 51 Exposition Wan l argument que ces sommes sont pour les t l specta CELTS insignifiantes alors gue SES gains lui seraient consid rables Dans The Hard Push 1983 il exhorte des passants pousser une grande roue o il se tient debout Burden se pr te ainsi d autres monstra tons aussi manifestes et quasi pictographiques Tower of Power donne une sculpture faite de 100 lingots d or empil s la forme du gratte ciel Le b timent est l expression d un axiome d termin par le pouvoir Invit Vancouver pour rencontrer des tudiants il creuse une tranch e rectiligne Honest Labour 1979 Parfois crit Burden quelqu un proposait de creu ser pour moi mais au bout de quelque minutes il me rendait toujours mes outils Contrecarrant toute fonctionnalit son rouleau compresseur volant me nace l int grit physique du b timent Le chantier dont il CONVOQUE les d cors et les instruments est pour lui une fa on d indiquer que l art se forme dans le lit d une catastrophe Voici comment Burden d crt Samson 1985 Une installation dans un mus e constitu e d un cric d une distance de 100 tonnes h une boite de vite
8. pro moteur qui la saisit en se l appropriant Cette repre sentation du projet architectural se rapproche d un objet de consommation ou d un troph e aussi dis proportionn que mobile Les promoteurs poli ticiens ou architectes les soul vent et les replacent D autres coupures de presse d montrent que l pro cessus de la construction n appara t que dans des si tuations dramatis es guerres cataclysmes o il est rigoureusement invers Victimes de faits divers les b timents ventr s exposent alors avec ind cen ce leurs entrailles l incorporat De tournant des strat gies d talagisme et de commu nication lain Baxter fondateur Vancouver en 1966 de la N E Thing Co tente de r aliser l ambitieux ventail des objectifs d crits dans les actes de sa com pagnie 1 Produire de l information sensible 2 Fournir des services de consultation et d valuation dans le respect des choses 3 produire fabriquer importer acheter ou vendre et s occuper de toutes les fa ons des choses de toutes sortes Mettant l em phase sur l incorporation ce document juridique devient per se un nonc si simpliste et si englobant OT qu il permet d acc der des situations r g n ratri ces En un manifeste parodique ces actes l gaux in terrogent notre mani re de traiter et de penser l art ou l environnement Bagged Place 1966 recr ait un appartement de quatre pi ces Toutes les composan tes murs mobil
9. s par les artistes qu elles en sont devenues le paradigme Anc tre du Land Art Harvey Fite d j avait trans form entre 1939 et 1976 Woodstock dans son Opus 40 une vaste carri re la fa on d un temple maya La singularit de cet investissement transcen dant le quotidien le situe quelque part entre une men tion au livre des records Guinness et la pose du h ros stakhanoviste Reprenant cette geste le Land Art fabrique de toutes pi ces une attraction touristique La cr ation des parcs nationaux des Rocheuses est due non pas tant la volont de conserver la faune et la flore mais bien la d cision conomique de stimuler par l image m me de cette sauvage grandeur le trafic des voyageurs au profit de l industrie du che min de fer la base de la conqu te de l Ouest la fin du XIX si cle La constitution d un site tou ristique est autant le fait de sigmifiants culturels que de la d chnaison d une multitude de constituants pu blicitaires assurant sa diffusion sa visibilit et ses par ticularismes guides reproductions cartes postales vues m diatis es souvenirs allant de l autocollant aux gadgets promotionnels L inaccessibilit du Lightning Field de Walter de Maria est compens e par l abon dance documentaire de photographies capt es dans un moment de totale exception en une sorte de ro mantisme de l exploit inutile Avec sa monumentali t arch ologique qui la situe hors du
10. sses et un tourniquet Le cric poussait deux grandes poutres contre les murs de sout nement du mus e Chaque visiteur devait pas ser par le tourniquet pour voir l exposition chaque fois que celui ci tait actionn le cric se d ployait et quoiqu il le fasse de fa on imperceptible si sufhisam ment de gens taient venus voir l exposition Samson cela aurait pu d truire l difice Comme un glacier son volution n tait pas visible l il nu Cette ins roc Lorraine Metz Lida Abdul Fholo Studio Kie u wii agg l tallation sculpturale pervertit le caract re sacr du mus e cette remise qui abrite l art Avec une telle charge ce sont les fondements sociaux m mes de l difice en tant que reposoir des conventions qui sont sap s Dans The fondation of the Museum 1986 Burden creuse travers le sol en b ton du MOCA de Los Angeles Au final Burden met nu les soubas sements sur lesquels reposent trois colonnes en acier Les espaces d exposition se con oivent alors comme les failles qui les saisissent La performance devient pour Chris Burden la possibilit d une v rit vivre dans un exercice premier de la fondation indiquant cet endroit vertigineux o nous nous situons REN VIAU Maureen Sherdock The Accident Tourist Eve of Noture VWoltes Philip is i af r Bant Ca Ci T ng Ek yi 14 El BE ft 1i hi Api lindau Epas Diff rents Mawes Cotoloque de position sous lo
11. temps vacuant toute trace de pr sence l uvre ne survit que dans ce Walhalla m diatique Aux c t s du Land Art ou des Earthworks on pourrait de fa on caricaturale ali gen r des bizarreries telles le mont Rushmore illustr par Hitchcock Dans ce qui est l un des sites touristi ques les plus visit s des tats Unis sont sculpt s dans le roc les gigantesques visages des grands pr sidents am ricains Les grandes pi ces de la phase h ro que du Land Art de Smuthson Heizer ou Turrell se coltinent une m me mise en sc ne du panorama typiquement nord am ricain identique la mysti fication cin matographique de l pop e western et son utilisation par la publicit Les reproductions qui assurent la p rennit de ces lieux inaccessibles les transforment sur le mode de la saga en landmark Loupes et demolitions Loin des d serts inhabit s sans se soucier d une quel conque logique architecturale Gordon Matta Clark perce des c nes t lescopiques dans de veilles maisons du quartier Beaubourg Paris en 1975 Ses sonda ges touchent davantage la gu rilla artistique et la pratique du squat Il ouvre les planchers troue en n gatif des b timents vide qui voquent ain si des sculptures minimales solubles dans l urbain Transper ant un pavillon de banlieue Splitting Four Corners 1974 se fait image iconoclaste o le r ve am ricain est pris en d faut comme engouffr dans une b ance
12. un escalier pousant la structure du roman de Flaubert chaque marche correspond un chapitre a lire Le chantier se fait d abord d claration d clamation Il est langage dont la confusion comme dans la tour de Babel engendre le chaos Physique sa mobilisation est exag ration douloureuse opportu nit de passer au travers des formes afin de les d mesurer L exc s note Flaubert dans ses Carnets est preuve d id alit La fr n sie de l id alit ap para t comme une plasticit laquelle Racine veut donner une forme stable dans son programme d as cension Prenant le texte au pied la lettre sa lecture concentre une nouvelle solidit Il r habilite le faire et le faut le faire dans toutes leurs cons quences en une r action contre la virtualit technologique qui nous carte de l exp rience physique annonce A Dictionnaire serie et Memo serie de Melvin Charney initi s au d but des ann es 70 se fondent galement sur un d placement Charney propose une d fi nition revue ou une note dactylographi e accom pagnant des photos tir es de la presse quotidienne Privil giant l aspect lisse et immanent du b timent fini elles montrent des maquettes d difices brandies a l occasion d annonces de mise en chantier Toute autre r f rence est gomm e La maquette n est qu un st r otype agrandir un accessoire publicitaire qui fait vendre et souligne la mine triomphante du
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