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Politiciens, médias et cynisme politique des citoyens Analyse

1. Kathleen L vesque le doux ronron de Bernard Landry 30 mars 2003 B2 Michel David Trois minutes et c tait jou Le Devoir 1 avril 2003 une 9 Tommy Chouinard Landry tente de ramener les d fusions l avant sc ne Le Devoir 3 avril 2003 p A 3 Claes H de Vreese et Matthijs Elenbaas oc cit 44 cadrage strat gique qui comprend galement une focalisation sur le style des politiciens sur leur performance dans les sondages est susceptible de d valuer toute la complexit du processus d mocratique en ramenant de simples consid rations partisanes les arguments entourant les grands d bats de soci t gt gt De nombreuses tudes empiriques europ ennes montrent qu une exposition prolong e ce type de couverture m diatique suscite chez les lecteurs une forme accentu e de cynisme politique particuli rement chez les jeunes D De la pr sence m diatique du cynisme Compl mentairement cette pr sentation des politiciens comme personnages opportunistes et strat giques qu en est il de l expression brute du cynisme politique du d saveu des institutions et des politiciens par les journaux I faut savoir que tant en 1962 qu en 2003 le cynisme politique prend place Il s installe toutefois diff remment Les journaux de 1962 que ce soit dans la production de faits ou d opinions font ouvertement cho au cynisme de la population vis vis des politiciens
2. Le Devoir 1 avril 2003 p une DESC TEAUX Bernard Lendemain de d bat Le Devoir 2 avril 2003 p A6 DUTRIZAC Robert Charest marque des points Le Devoir 1 avril 2003 p 1 FACAL Joseph Un d bat de qualit qui grandit notre d mocratie La Presse 1 avril 2003 p A15 GAGNON Evelyn Le d bat n a eu aucune influence apparente sur les lecteurs de Qu bec Le Devoir 13 novembre 1962 p 15 GAGNON Katia Les lecteurs du Qu bec sont d courag s rebut s d sabus s La Presse 7 mai 2010 GAGNON Lysiane Le vrai d but de la campagne La Presse 29 mars 2003 p A 25 GIRARD Marie Claude Qui sont les ind cis La Presse 3 avril 2003 p B6 GLADU Frangois Pierre Un choix vraiment Le Devoir 2 avril 2003 p A 7 GODIN Pierre Le d bat t l vis C est le knock out de Danny Boy La Presse 13 novembre 1962 p 31 KEABLE Jacques Radio t l vision La Presse 12 novembre 1962 p 34 LAFOREST Guy Le courage d une vision long terme La Presse 1 avril 2003 p A15 LAURENDEAU Andr Le d bat Lesage Johnson Le Devoir 7 novembre 1962 une 53 Pas de knockout une victoire par d cision Le Devoir 13 novembre 1962 une LEMAY C line Ne pas changer pour changer La Presse 2 avril 2003 p A 17 LEVEJAC Marc Le go t du refus La Presse 2 avril 2003 p A17 L VESQUE Kath
3. T Lysiane Gagnon Le vrai d but de la campagne La Presse 29 mars 2003 p A 25 Vincent Marissal Ah la question nationale La Presse 1 avril 2003 p A14 78 Bernard Desc teaux loc cit p A6 79 Jacques Keable Radio t l vision La Presse 12 novembre 1962 p 34 9 Richard Daignault loc cit 81 Andr Laurendeau Le d bat Lesage Johnson Le Devoir 7 novembre 1962 une 39 publi s des reportages sur l image projet e par les candidats avant et pendant le d bat Comparativement la couverture m diatique de 1962 l analyse de la performance des chefs n est donc plus le seul apanage des journalistes elle est aussi la pr rogative des sp cialistes de l image d acteurs politiques des lecteurs des journaux et des sp cialistes de sondage qui interviennent dans les journaux la demande des journalistes La Presse interviewe ainsi des sp cialistes en image avant et apr s le d bat pour connaitre leur opinion sur ce qui fait et d fait l image des chefs Le quotidien montr alais peut par ailleurs compter sur des sondages r alis s avant et apr s le d bat pour mesurer empiriquement les effets sur les lecteurs de la performance des chefs La Presse fait aussi appel tout au long de la campagne lectorale trois commentateurs partisans Joseph Facal PQ John Parisella PLQ et Guy Laforest ADQ pour commenter la performance de leurs chefs respectifs Il faut ajouter aux prod
4. d information fiable serait maints gards un outil suppl mentaire de propagande la disposition du pouvoir politique qu il soit l gislatif ou ex cutif 99 108 Jocelyn Saint Pierre Histoire da la Tribune de la presse op cit p 20 48 Conclusion Sur de nombreux aspects les politiciens et les journaux sont les relayeurs d un cynisme politique structurel L analyse du discours politique du d bat des chefs de 2003 nous a r v l plusieurs l ments non pr sents en 1962 susceptibles de d plaire l lectorat son aspect d sorient et ambigu son mim tisme des attentes des lecteurs par sondage son agressivit accentu e Ces l ments tendent alimenter le d saveu des citoyens vis vis de la classe politique Les journalistes de 2003 quant eux ne respectent plus la classe politique telle enseigne qu ils ne se g nent pas pour critiquer les strat gies politiques des protagonistes et douter du caract re sinc re des promesses et des d marches des politiciens qu b cois La question fondamentale qui se pose ici est donc de savoir si les changements structuraux op r s dans les discours politique et m diatique sont l origine du cynisme de plus en plus exacerb de la population qu b coise La red finition des relations entre les m dias et les politiciens amplifie le malaise d mocratique que conna t tout l Occident Le passage d un journalisme d information maints gards d f rents
5. des lites inf od es des int r ts corporatistes syndicats lobbys Dans un autre extrait il dira il existe maintenant un foss immense entre les obsessions politiques des vieux partis et la r alit quotidienne des gens D aucuns qualifient de populistes ce mode d adresse cette dichotomisation des enjeux et cette critique des lites constitu es Pour Jean Charest ce rapprochement s effectue gr ce l implication motive directe des t l spectateurs travers un vous percutant Vous tes les citoyens les plus tax s en Am rique M Landry n a rien fait pour viter le pire d sastre financier de l histoire du Qu bec 13 milliards de dollars en deux ans en perte la Caisse de d p t Ca c est l quivalent du salaire de 26 000 infirmi res pendant dix ans C est pour une famille de quatre personnes l quivalent de 7 500 dollars de perte Et c est votre argent vous qui a t perdu Au final l analyse les politiciens de 1962 et de 2003 emploient une multitude de proc d s rh toriques pour se rapprocher de leurs lectorats respectifs que ce soit en se faisant les porte parole de l indignation populaire Mais l o les politiciens de 2003 se distinguent c est dans leur volont de mettre en sc ne leur vie priv e pour s amalgamer au peuple m me Tandis que les politiciens de 1962 misent avant tout sur leur figure d autorit leur expertise pour convaincre les lecteurs c
6. la condition expresse de poss der un t l viseur ce qu avaient les Qu b cois dans une proportion de 90 8 Recensement de 1961 Il est t l et radiodiffus le 11 novembre trois jours avant le scrutin sur les ondes de Radio Canada et de ses stations priv es affili es de tout le Qu bec de Moncton et de Sudbury cette poque Radio Canada fait face une faible concurrence commerciale 2 e conseiller en communication Maurice Leroux s exprime sur l lection de 1962 Des sondages internes nous indiquaient que l Union nationale avait pris l avance sur nous 10 jours avant l Union nationale remportait le pouvoir On estime que le d bat a renvers la tendance En 2003 selon Maurice Pinard le revirement d cisif s est produit la suite du d bat t l vis des chefs 31 mars 2003 Les lib raux firent un gain de 8 points dans le dernier sondage Crop pour atteindre 44 96 et le PQ perdit 9 points pour se retrouver 35 96 Maurice Pinard Anatomie d une campagne comment les lib raux ont repris le pouvoir Qu bec Policy Options ao t 2003 p 77 3 Il est noter que le premier d bat des chefs qu b cois la t l vision succ dant celui de 1962 n eut lieu qu en 1994 soit 32 ans plus tard Paul Rutherford When Television Was Young Primetime Canada 1952 1967 Toronto University of Toronto Press 1990 p 47 11 Le d bat de 2003 qui a lieu le 31 mars jour du scruti
7. un journalisme de confrontation et un cadrage strat gique de la nouvelle politique suit tr s exactement l utilisation plus syst matique de la communication politique dans le monde politique En r sulte un cercle vicieux improductif les politiciens se m fient voire sont cyniques vis vis des journalistes les journalistes sont cyniques par rapport aux politiciens les citoyens sont cyniques la fois l gard des journalistes et des politiciens certains politiciens sont condescendants voire cyniques l endroit de certains de leurs concitoyens qui ne votent pas pour eux Ce cercle vicieux s inscrit dans un contexte sociologique beaucoup plus large celui du passage d une soci t qu b coise traditionnelle qui a confiance en ses lites constitu es et dont l tat moderne est porteur d un projet de soci t mobilisateur celui de la R volution tranquille une soci t hypermoderne d senchant e obnubil e par sa qu te du bonheur individuel et qui consid re que ses lites ne sont pas dignes de confiance Pour reprendre l all gorie de Platon le 49 cynisme politique provient il donc de la caverne que nous habitons est il le reflet de notre d senchantement vis vis des lites constitu es tant journalistiques que politiques ou est il plut t la projection m diatique sur les murs de cette caverne du d senchantement journalistique vis vis des politiciens Une chose est certaine auc
8. Bernard Landry d fend le bilan de son gouvernement il s enorgueillit du bon tat de l conomie des choix budg taires qui ont t faits et qui ont permis l am lioration des programmes sociaux en ducation et sant Il souhaite s assurer dans l avenir de la conciliation famille travail Jean Charest souhaite que les lecteurs qui veulent du changement votent pour lui plut t que pour l ADQ il fait contraster le bilan d sastreux du gouvernement en sant en finances publiques son 33 Philippe J Maarek Le marketing politique d un c t l autre de l Atlantique Communication et marketing politique de l homme Paris Litec p 40 34 Cette hypoth se se confirme dans le documentaire hauteur d homme l quipe qui entoure le premier ministre sortant tente par tous les moyens d purer le message politique Jean Claude Labrecque A hauteur d homme 2003 16m00s 15 ind pendantisme fourbe cach avec sa volont de d taxer les citoyens du Qu bec et de donner priorit la sant Mario Dumont ne fait pas de promesses particuli res pour courtiser l lectorat il met en valeur l id e d un tat qu b cois qui ne suffit plus la demande en sant qui craque de partout qui est endett et qui m rite un s rieux coup de barre Il y a aussi davantage en 2003 qu en 1962 simplification du discours dans la vulgarisation d enjeux souvent complexes et l utilisation d un champ lexical qu
9. est celle qui consiste tenter d imiter la plateforme de l adversaire sorte d ajustement strat gique en cours de campagne Lors du d bat de 2003 en r action Jean Charest qui dit sur toutes les tribunes que la sant est sa premi re priorit Bernard Landry r plique au d bat que la sant restera bien s r notre priorit Un autre exemple est la proposition de cong s flottants pour les familles par l ADQ engagement qui r pond sym triquement celui du PQ de l application d un cong suppl mentaire par semaine pour les familles d s le 1 janvier 2004 En d autres termes ce mim tisme qui place les int r ts politiques en priorit obscurcit la clart des choix lectoraux des lecteurs ind cis des divergences id ologiques intrins ques chacun des partis Compl mentairement les proc d s commissifs et directifs en usage tant en 1962 qu en 2003 ont pour effet d engourdir la pens e de l lectorat au profit d une d sorientation rarement au service d une communication politique claire Nous sommes donc ici en droit de nous demander si ces proc d s rh toriques n entravent pas la libre circulation des id es et les possibilit s de d battre et si ultimement ils ne suscitent pas le d sint r t chez 48 Frangois Pierre Gladu Un choix vraiment Le Devoir 2 avril 2003 p A 7 27 certains lecteurs les moins politis s pour la chose politique voire leur d saffection ou leur cyn
10. mais jamais ils ne pr tent voix ou n accordent de la l gitimit ce cynisme On relate notamment dans La Presse qu un lecteur a sugg r d exiger que Lesage et Johnson pr tent serment sur la Bible avant le d bat en jurant de dire toute la v rit et rien que la v rit Le chroniqueur G rard Pelletier d c le dans cette proposition le pr jug populaire que tous les politiciens sont des menteurs des hommes sans foi ni loi Notez ici l expression pr jug populaire qui laisse sous entendre que l lite journalistique dans laquelle semble se situer G rard Pelletier est n cessairement clair e En guise de r ponse Pelletier cherchera sublimer ce manque de confiance vis vis des institutions en positionnant le peuple comme seul garant de la v rit Le meilleur garant de la v rit en pareille situation C est l esprit critique des t l spectateurs et la pr sence devant les petits crans de 100 Richard Nadeau et Thierry Giasson op cit p 9 101 JN Cappella et K H Jamieson op cit C H de Vreese The Effects of Strategic News on Political Cynicism loc cit Matthijs Elenbaas et Claes H de Vreese The Effects of Strategic News on Political Cynicism and Vote Choice Among Young Voters loc cit Claes H de Vreese et Holli A Semetko Cynical and Engaged Strategic Campaign Coverage Public Opinion and Mobilization in a Referendum Communication Research vol 29 no 6 d ce
11. 314 HANSON Gary et al The 2008 Presidential Campaign Political Cynicism in the Age of Facebook MySpace and YouTube Mass Communication amp Society vol 13 no 5 November December 2010 p 584 607 HIRSCHMAN Albert Bonheur priv action publique Paris Fayard 1983 255 p 58 HOLMBERG S Down and Down We Go Political Trust in Sweden Dans P NORRIS dir Critical Citizens Global Support for Democratic Governance Oxford University Press New York 1999 p 103 146 HOPMANN D N R Vliegenthart C ELMELUND PRAESTEKAER E ALBAEK et C H DE VREESE Party Media Agenda Setting How Parties Influence Election News Coverage Party Politics 2010 p 1 19 JACKSON Dan Strategic Media Cynical Public Examining the Contingent Effects of Strategic News Frames on Political Cynicism in the United Kingdom International Journal of Press Politics vol 16 no 1 p 75 101 JONES Kate Politicians and Political Cynicism More or Less Australasian Parliamentary Review vol 20 no 1 printemps 2005 p 116 129 LAPALME Georges mile M moires tome 3 le paradis du pouvoir Montr al Lem ac 1973 LARDELLIER Pascal Communication et pouvoir les liaisons dangereuses Communication et langages no 112 2 trimestre 1997 p 85 95 LECHELER S et C H DEVREESE Getting Real the Duration of Framing Effects Journal of Communication vol 36 no 3 p 400 425 LENART
12. 32 favorable l ordre tabli Encore la fin des ann es 1950 demeurent quelques journaux politiques organes officiels des partis tr s critiques vis vis de l opposant et qui rejoignent pour l essentiel les militants Le nouvel imp ratif de rentabilit force le journal d information de masse se r inventer en fonction de l mergence de nouveaux m dias lectroniques la radio d abord ann es 1920 la t l vision ann es 1950 1960 ensuite puis l Internet 1990 2000 D s les ann es 1960 l installation de ces m dias de masse et l volution des pratiques journalistiques modifient de facon structurelle la relation qu entretiennent les lus politiques avec leurs lecteurs Auparavant l essentiel de l interaction des lus qu b cois avec leurs commettants passait par les partis politiques Les assembl es contradictoires les nombreux rassemblements de comt s les assembl es de cuisine les brochures politiques et les tracts constituaient les lieux privil gi s de rencontre de l lecteur avec ses politiciens Dans les m dias de masse le discours politique subissait peu d interf rences journalistiques il tait reproduit int gralement ou tait paraphras Un bon exemple de cette forme se trouve dans la retranscription crite des d bats parlementaires pr sente au Qu bec jusqu en 1962 et dans le fait que les politiciens crivaient dans les journaux pour livrer une proposition politique ou pour rectifier le
13. constituent un avantage strat gique qui peut se traduire par un gain en votes on peut raisonnablement se demander si l lectorat ind cis valorise ce type d attitude dans son choix lectoral l analyse du d bat de 1962 nous remarquons que Lesage et Johnson sont qualitativement respectueux l un envers l autre alors qu ils font usage du m me marqueur de d f rence M Johnson M Lesage Cette d f rence toute limit e soit elle n est surtout pas un gage d absence d agressivit strat gique ou rh torique dans le contexte o Johnson se doit de jouer son r le de chef de l opposition Le chef de l Union nationale conteste ainsi la cr dibilit de son adversaire en l accusant de dire des fausset s de lancer des accusations 28 fausses sur le scandale du gaz naturel Il fait grief aux lib raux d avoir achet des actions de la Canadian Pipeline et de vouloir profiter mon tairement de la nationalisation de l lectricit son tour Lesage impute des motifs indignes l Union nationale qui voudrait r installer le n potisme dans la province Il sort galement un norme chat de son sac un m moire formul par un avocat de l opposition qui est en contradiction compl te avec les attaques de Johnson contre la neutralit du juge lie Salvas pr sident de la Commission royale d enqu te sur la moralit dans les d penses publiques Commission Salvas En fin de d bat Johnson s amuse ferme l
14. de la participation lectorale au Qu bec une tude de l lection de 2008 Chaire de recherche sur la d mocratie et les institutions parlementaires 2009 E Gidengil A Blais N Nevitte et R Nadeau La politique lectorale O sont pass s les jeunes Perspectives lectorales 2003 Henry Milner Political Knowledge and Participation Among Young Canadians and Americans IRPP novembre 2007 J Derek Green Rebuilding confidence report of the Review Commission on Constituency Allowances and Related Matters St John s Terre Neuve et Labrador 2007 666 p Groupe d tude des questions parlementaires Le Parlement et le peuple pour une conscientisation du public GCEQP 1995 28 p 17 est pr ciser que nous ne disposons que d un extrait du d bat des chefs de 1962 t l vis s sont d abord l un des seuls moyens avoir un acc s direct et non s lectif au discours politique Les d bats des chefs constituent surtout le moment pivot des campagnes lectorales Pour paraphraser le chercheur Philippe J Maarek il s agit du moyen paroxystique de la campagne d un moyen de choix employ par les quipes de communication politique pour simplifier la probl matique les enjeux de campagne et marquer des points Simultan ment l tude de l volution du discours politique nous nous int resserons la m diation journalistique des enjeux bruts expos s dans les d bats des m mes ann es Com
15. elle est un quelconque vecteur du cynisme politique C est ce que nous verrons dans le pr sent chapitre A Entre journalisme d information et journalisme d opinion Ce qui frappe avant tout l analyse des couvertures m diatiques des d bats de 1962 et de 2003 c est le passage d un journalisme d information un journalisme d opinion Alors qu en 1962 les articles producteurs de faits articles d agence de presse articles des journaux sur le d bat des chefs comptent pour respectivement 82 14 Le Devoir et 73 33 La Presse des articles ce sont plut t les articles producteurs d opinions qui occupent le haut du pav en 2003 Le Devoir et La Presse de 2003 r coltent ainsi chacun 60 et 74 68 d articles producteurs d opinions caricatures ditoriaux chroniques commentaires des lecteurs etc S Agnieszka Dorzynska oc cit 62 Richard Nadeau et Fr d rick Bastien op cit p 168 34 Classification des articles selon qu ils soient producteurs de faits ou d opinions 1962 et 2003 Articles Articles producteurs de producteurs Journaux faits 96 d opinions 96 Le Devoir 1962 23 82 14 96 5 17 86 96 La Presse 1962 33 73 33 96 12 26 67 96 Total 56 76 71 96 17 23 29 96 Le Devoir 2003 8 40 00 96 12 60 00 96 La Presse 2003 20 25 32 96 59 74 68 96 Total 28 28 28 71 71 72 96 En d autres mots les journaux de 1962 s int ressent davantage couvrir le
16. et des assembl es partisanes Le premier ministre carbure la prudence retenant avec application tout clat de voix Strat gie ou marketing politique Mis sur la d fensive mercredi dernier en ce qui concerne le syst me de garderie 5 par jour M Landry a m me lu l argumentaire pr par par son entourage Si M Landry entretenait le moindre doute sur la d termination de M Charest ressortir l pouvantail r f rendaire durant les deux derni res semaines de la campagne il est maintenant fix Le cas de l ADQ tant pratiquement r gl le chef du PLQ entend recr er la polarisation classique en d non ant l agenda cach de M Landry Encore mitraill de questions hier au sujet des d clarations controvers es de l ancien premier ministre Jacques Parizeau desquelles le chef lib ral Jean Charest fait ses choux gras Bernard Landry a d cid de faire diversion en r clamant du chef lib ral qu il fasse une croix sur sa promesse de loi cadre sur les d fusions Ces quelques extraits tendent montrer que le cadre interpr tatif dominant des journalistes qui couvrent le d bat de 2003 est celui de l exposition des motivations et des strat gies politiques de communication des acteurs politiques strategy driven strategic framing strategic publicity coverage Ce Jean Claude Labrecque op cit ze Tommy Chouinard Une fausse note les d fusions 30 mars 2003 B2
17. faut aussi compter sur un article qui traite de la position des chefs sur la question du co t de la nationalisation de l lectricit et en compl ment un article de la Presse canadienne qui fait la synth se du d batf9 La m diation journalistique est donc ici minimale En 1962 la performance des chefs se mesure marginalement l aune de sondages internes aux partis politiques adroitement voqu s par les strat ges politiques aux journalistes et quelques vox pop dont la scientificit est d ficiente Les lecteurs lecteurs de 1962 se font surtout une opinion en fonction des commentaires positifs ou n gatifs des chroniqueurs et des ditorialistes des journaux commentaires qui sont du reste peu nombreux Le Devoir dans trois analyses conc de la victoire Lesage qui semble avoir eu le dessus sur son 9 Auteur inconnu L affrontement Lesage Johnson La Presse 12 novembre 1962 p 20 21 Auteur inconnu L affrontement Lesage Johnson 13 novembre 1962 p 22 23 6 Auteur inconnu Nationalisation le co t selon les chefs La Presse 12 novembre 1962 p 2 Auteur inconnu La Presse 12 novembre 1962 p 22 7 Mario Cardinal La satisfaction r gne dans l UN Le Devoir 13 novembre 1962 p 7 Evelyn Gagnon Le d bat n a eu aucune influence apparente sur les lecteurs de Qu bec Le Devoir 13 novembre 1962 p 15 37 adversaire et qui a pris une av
18. id e qu il pourrait le battre le jour du scrutin c est peut tre la derni re fois que je pourrai tre d f rent pour lui en tant que premier ministre La r plique de Lesage est encore plus assassine Je crains bien que Monsieur le Chef de l opposition ne soit oblig de continuer d tre d f rent pour le premier ministre d aujourd hui et le premier ministre de demain Mon seul regret c est qu il devra faire op rer sa d f rence de dehors de la Chambre parce qu on m assure qu il est battu dans Bagot En 2003 le ton des d batteurs monte d un cran d agressivit Le d bat est plus personnalis que jamais c est dire que les chefs de partis sont au centre de l attention des attaques plut t que leurs formations politiques ou leurs id es Le premier ministre sortant Bernard Landry re oit les tirs crois s de Jean Charest et de Mario Dumont C est Jean Charest le chef de l opposition officielle qui lui donne le plus de fil retordre Selon le chercheur en communication politique Olivier Turbide Charest attribue dans ses attaques trois fois plus d images d valorisantes Landry que l inverse des images qui renvoient des qualifications p joratives mauvais gestionnaire et des reproches recommander quelque chose d absurde Il pr sume implicitement de sa mauvaise foi Ill r pondra aucune autre question ce soir parce qu il veut pas r pondre lui attribue des propos irr fl c
19. lecteurs disposent en effet au d but des ann es 2000 d autres moyens pour acc der au contenu du d bat les rediffusions la t l vision et Internet Par ailleurs contrairement aux journalistes de 1962 ceux de 2003 sont devenus des vedettes m diatiques qui se mettent en sc ne sur le plan 6 Jean Tainturier Le d bat t l vis tourne l avantage de M Lesage Le Devoir 12 novembre 1962 une 70 Auteur inconnu Deux hommes et deux langages Le Devoir 12 novembre 1962 une 71 Andr Laurendeau Pas de knockout une victoire par d cision Le Devoir 13 novembre 1962 une 7 Gilles Pratte D bat du si cle propre et tendu La Presse 12 novembre 1962 p 1 Jacques Monnier et Johnson se dit tr s satisfait La Presse 12 novembre 1962 p 22 7 Robert Dutrizac Charest marque des points Le Devoir 1 avril 2003 une 74 Auteur inconnu Le combat des chefs La Presse 1 avril 2003 p A13 38 textuel en accordant une moindre place au discours politique et une grande place leur propre discours Les journalistes sont les v ritables stars d un th tre m diatique o ils dominent le jeu Ils occupent une place pr pond rante et font ainsi cran la relation entre les politiciens et les citoyens L analyse de la performance des chefs est ainsi m diatis e par des journalistes qui accordent bien peu de place aux enjeux politiques du d bat L ditorialiste d
20. m diatique AUTEUR INCONNU Deux hommes et deux langages Le Devoir 12 novembre 1962 une AUTEUR INCONNU L affrontement Lesage Johnson La Presse 12 novembre 1962 p 20 21 AUTEUR INCONNU L affrontement Lesage Johnson La Presse 13 novembre 1962 p 22 23 AUTEUR INCONNU Le combat des chefs La Presse 1 avril 2003 p A13 AUTEUR INCONNU Nationalisation le co t selon les chefs La Presse 12 novembre 1962 p 2 AUTEUR INCONNU Pour Bertrand c est Johnson le vainqueur La Presse 13 novembre 1962 p 31 BRETON Pascal Charest d sign comme le chef le plus convaincant La Presse p B2 CARDINAL Mario La satisfaction r gne dans PUN Le Devoir 13 novembre 1962 p 7 52 Le d bat du 11 novembre pourrait fixer la cote politique des deux partis Le Devoir 9 novembre 1962 une CAUCHY Clairandr e Le premier d bat t l vis fut le meilleur Le Devoir 13 mars 2007 CHOUINARD Tommy Landry tente de ramener les d fusions l avant sc ne Le Devoir 3 avril 2003 p A 3 Une fausse note les d fusions Le Devoir 30 mars 2003 p B2 COLLARD Nathalie Les politiciens et leur image se fier aux apparences La Presse 29 mars 2003 p A32 DAIGNEAULT Richard Peu de gens auraient t influenc s par le d bat La Presse 13 novembre 1962 p 24 DAVID Michel Trois minutes et c tait jou
21. vol 58 no 3 p 550 567 ERBER R Political Cynicism Revisited An Information Processing Reconciliation of Policy Based and Incumbency based Interpretations of Changes in Trust in Government American Journal of Political Science 1990 p 236 253 FELTEAU Cyrille Histoire de la Presse tome II le plus grand quotidien fran ais d Am rique 1916 1984 Montr al Editions La Presse 1983 1984 283 p FIESCHI Catherine et Paul HEYWOOD Trust Cynicism and Populist Anti Politics Journal of Political Ideologies vol 9 no 3 p 289 309 FLETCHER Frederick J dir Election Broadcasting in Canada Toronto Oxford Dundurn Press 1991 358 p FLETCHER Frederick J Sous l oeil des journalistes la couverture des lections au Canada Toronto Oxford Dundurn Press Montr al Wilson amp Lafleur 1991 379 p 57 GAUTHIER Gilles L indirection en communication publique Le cas des d bats t l vis s canadiens et qu b cois 1962 1998 Communication vol 21 no 1l p 99 118 G LINEAU Fran ois et Alexandre MORIN CHASS Les motifs de la participation lectorale au Qu bec une tude de l lection de 2008 Chaire de recherche sur la d mocratie et les institutions parlementaires 2009 44 p G RIN LAJOIE Paul Combats d un r volutionnaire tranquille Montr al CEC 1989 378 p GIASSON Thierry Richard NADEAU et ric B LANGER D bats t l vis s et valuations des candidats la repr sentat
22. Dr Silvo et David JONES Politics Meets Mass Media Paradigms of Inquiry Current World Leaders vol 40 no 2 avril 1997 p 33 41 LINTEAU Paul Andr et al Histoire du Qu bec contemporain tome 2 Montr al Bor al 1989 834 pages LITT E Political Cynicism and Political Futility The Journal of Politics vol 25 no 2 mai 1963 p 312 323 LORA Marie Marketing politique mode d emploi Levallois Perret Studyrama 2006 139 p LYOTARD Jean Fran ois La condition postmoderne rapport sur le savoir Paris Editions de Minuit 1979 109 p MAAREK Philippe J Communication et marketing de l homme politique Paris Litec 2007 466 p MARTIN Bill Politics in the impasse explorations in postsecular social theory New York State University of New York Press 1996 300 p MENDELSOHN Mattew Jay Television Persuasive Effects The Priming and Framing of Leadership in the 1988 Election Th se de doctorat Ecole Polytechnique 1995 503 p 59 The Media s Persuasive Effects the Priming of Leadership in the 1988 Canadian Election Canadian Journal of Political Science vol 27 1994 no 1 p 81 97 MILNER Henry Political Knowledge and Participation Among Young Canadians and Americans IRPP novembre 2007 29 p MONI RE Denis Les information t l vis es sont elles biais es en campagne lectorale Recherches sociographiques vol 35 1994 no 1 p 67 85 D mocratie m
23. FS A Entre journalisme d information et journalisme d opinion B Performance et contenu politique C Entre d f rence et confrontation sceptique D De la pr sence m diatique du cynisme sssssssss E Bilan CONCLUSION BIBLIOGRAPHIE 13 20 27 31 33 33 36 41 44 45 48 51 iii Qu bec 2010 Dans un sondage fracassant Angus Reid men aupr s de 807 personnes publi dans La Presse la journaliste Katia Gagnon rend compte de l humeur des lecteurs qu b cois Selon ce sondage 80 des lecteurs sont plut t en d saccord ou fortement en d saccord avec l affirmation voulant que les politiciens soient honn tes Seulement 9 croient qu ils disent la v rit C est toute la classe politique qui est clabouss e Cette attitude que d aucuns qualifient de cynique s inscrit dans une conjoncture politique particulierement mouvement e sur fond d all gations de corruption et de collusion Si dans la Gr ce antique le cynisme tait l affaire d un groupe bien organis de cyniques partageant une m me morale de la subversion et de l ordre tabli aujourd hui il appartient plut t une attitude individuelle un certain m pris de l autre Le cynisme politique se traduit notamment par la conviction profonde du caract re malicieux des politiciens des institutions pol
24. Politiciens m dias et cynisme politique des citoyens Analyse comparative du discours politique et des couvertures m diatiques des d bats des chefs qu b cois de 1962 et de 2003 Olivier C t Boursier stagiaire 2011 2012 Fondation Jean Charles Bonenfant Assembl e nationale 30 avril 2012 R sum Le pr sent essai a pour objectif de d terminer comment le d veloppement du discours politique et l volution des pratiques journalistiques ont contribu alimenter le d clin de la confiance des lecteurs vis vis des acteurs et des institutions politiques voire ont provoqu la perp tuation structurelle du cynisme politique au Qu bec Pour ce faire l auteur a r alis une tude comparative du discours politique des d bats des chefs de 1962 et de 2003 Compl mentairement il s est int ress la m diation journalistique des enjeux bruts expos s dans les d bats des m mes ann es en effectuant une analyse qualitative et quantitative de la couverture m diatique des journaux Le Devoir et La Presse L auteur constate que le discours politique de 2003 plus que celui de 1962 tend confondre l lecteur dans ses aspects ambigus notamment en raison de son mim tisme des valeurs et des attentes des lecteurs par sondage et de celui strat gique des promesses des autres partis Son agressivit est aussi susceptible de susciter une certaine forme de cynisme politique chez les citoyens qu b cois Tout cela est imputa
25. S Media in the Game of Politics Effects of Strategic Metacoverage on Political Cynicism nternational Journal of Press Politics vol 13 no 3 p 285 309 Political Publicity and Spin Dans K Brants et K Voltmer dir Political Communication in Postmodern Democracy Basingstoke Palgrave DE VREESE Claes H et Holli A SEMETKO Cynical and Engaged Strategic Campaign Coverage Public Opinion and Mobilization in a Referendum Communication Research vol 29 no 6 d cembre 2002 p 616 641 DE LAGRAVE Jean Paul Histoire de l information au Qu bec Montr al ditions La Presse 1980 245 p DGEQ Historique du taux de participation http www electionsquebec qc ca francais tableaux historique du taux de participation php no4 Consult le 2 f vrier 2012 DOBRZYNSKA Agnieszka Analyse comparative du r le des normes et pratiques journalistiques la t l vision dans la couverture de la campagne lectorale f d rale canadienne de 1997 Communications vol 21 no hiver printemps 2002 DROUILLY Pierre Statistiques lectorales du Qu bec 1867 1989 Qu bec Assembl e nationale du Qu bec 1990 3 d 962 p DUGUAY Gilles Le triangle Qu bec Ottawa Paris r cit d un ancien ambassadeur canadien Qu bec Septentrion 640 p ELENBAAS M et C H DE VREESE The Effects of Strategic News on Political Cynicism and Vote Choice among Young Voters Journal of Communication
26. a pas endur n a pas dur assez longtemps Charest C est la premi re fois qu on en entend parler Nous sommes parmi les derniers en mati re d investissement en sant Le vous du discours final de Jean Charest projette avec encore plus d habilet ce sentiment d indignation sur les t l spectateurs Vous connaissez les difficult s de notre syst me de sant et des services sociaux parce que plusieurs parmi vous les vivent actuellement Vous tes peut tre parmi les plus de 100 000 personnes qui sont sur des listes d attente actuellement au Qu bec pour une chirurgie Vous tes peut tre le parent d un enfant autiste parmi les 9 000 enfants qui sont en attente de services de r adaptation Vous tes peut tre le parent m me d un enfant autiste qui a t forc de poursuivre votre propre gouvernement pour obtenir les services auxquels vous avez droit Le tout contraste beaucoup avec le Je personnalis et plus distant de Johnson Je crois que le peuple de la province doit savoir qui m ne quels sont les principes ou celui de Bernard Landry qui se d cline souvent autour des vocables de chef de gouvernement ou de premier ministre Le nous de Dumont dont l occurrence est plus rare situe la souffrance de la classe moyenne dans la sienne Nous avons tous au moins un parent ou un ami qui a v cu l attente dans la sant Des enfants Sainte Justine jusqu aux ain s dans les cen
27. abilit des m dias p sent lourd sur leur orientation ditoriale et sur les pratiques journalistiques Des journalistes ont tout de m me r ussi ici et ailleurs appliquer un journalisme civique qui donne davantage de place aux faits aux enjeux sociaux fondamentaux aux analyses fouill es et aux discours des lus qu l interpr tation journalistique sur les motivations et les strat gies des acteurs politiques On pense ici la couverture de la campagne lectorale f d rale par les Los Peggy Schyns Margreet Nuus et Henk Dekker oc cit p 1 110 Richard Nadeau et Thierry Giasson op cit p 22 50 journalistes de Radio Canada en 1997 L int r t public en serait mieux servi Cela permettrait ultimement de r tablir la communication entre les lus et les lecteurs qui ont le d sir de se tenir inform s de la chose politique l autre extr mit du spectre m diaticopolitique se trouve le citoyen Comme le niveau d ducation des citoyens fa onne positivement leurs perceptions des politiciens des institutions d mocratiques et leur int r t pour la politique une option primordiale serait de valoriser une meilleure ducation la citoyennet en vue de d velopper de meilleures comp tences civiques De nombreuses tudes ont aussi montr que le sentiment d impuissance des citoyens tait fortement en corr lation avec son cynisme politique La mani re la plus efficace de sublimer le cynisme politiq
28. ada 1990 248 p THOMPSON D C Jean Lesage et la R volution tranquille Saint Laurent ditions du Tr carr 1984 615 p TRENT J S et R V Friedenburg Political Campaign Communication New York Preager 1983 464 p TURBIDE Olivier La performance m diatique des chefs politiques lors de la campagne lectorale de 2003 au Qu bec Th se de doctorat Universit Laval 534 p VAN DALEN Arjen et al Suspicious Minds Explaining Political Cynicism among Political Journalists in Europe European Journal of Communication vol 26 no 2 p 147 162 WARD J et C H DE VREESE Political Consumerism Young Citizens and the Internet Media Culture and Society vol 33 no 3 p 399 413 WEAVER LARISCY Ruthann Spencer F TINKHAM et Kaye D Sweetser Kids These Days Examining Differences in Political Uses and Gratifications Internet Political Participation Political Information Efficacy and Cynicism on the Basis of Age American Behevioral Scientist vol 55 no 6 juin 2011 p 748 764 http abs sagepub com content 55 6 749 abstract
29. ance sensible Dans un article du 13 novembre Andr Laurendeau indique que les t l spectateurs n ont pas assist un knock out mais bien la victoire par d cision de Jean Lesage Par ailleurs dans pas moins de cinq articles les journalistes de La Presse d construisent l image des pugilistes surtout celle de Johnson qui est plomb e par des mimiques qui n inspirent pas confiance En 2003 les articles r pertori s insistent davantage sur les coups de gueule subis par les chefs de parti que sur le contenu propre au d bat Le discours politique perd galement la place pr pond rante qu il occupait en 1962 tant sur le plan du nombre de mots par articles qui sont consacr s des citations de politiciens que sur le plan du nombre brut d articles consacr s au contenu du d bat Cela pourrait d noter la nature confrontationnelle et moins d f rente des journalistes contemporains Ainsi dans Le Devoir un seul article retrace les principaux l ments d information du d bat L analyse du d bat du journaliste Robert Dutrizac suit le cours naturel des blocs du d bat proposant quelques rares citations de politiciens et mettant en sc ne quelques enjeux politiques centraux au d bat Seule La Presse proposera une retranscription du d bat celle des allocutions d ouverture des chefs Cette maigreur textuelle du contenu du d bat constitue un choix m diatique situ dans le temps Les t l spectateurs
30. ans la relation de l lu avec ses lecteurs celui des m dias sociaux Pour l instant toutefois il est difficile d en mesurer l impact sur le cynisme consid rant la pluralit des discours pr sents dans Internet et le faible nombre d lecteurs abonn s twitter Conf rence de Tamara A Small Colloque sur la d mocratie les d put s et les m dias 27 octobre 2011 Assembl e nationale Philippe J Maarek Le marketing politique d un c t l autre de l Atlantique Communication et marketing politique de l homme Paris Litec p 11 Richard Nadeau et Fr d rick Bastien op cit p 160 188 Sur le plan individuel la condition postmoderne de l homme est caract ris e selon le philosophe Jean Fran ois Lyotard par la disparition des grandes certitudes le d senchantement gt et l hypertrophie d une conscience individuelle D s lors une bonne partie des citoyens mobilisent leurs nergies la poursuite du bonheur individuel propre la sph re priv e et d laissent les grands enjeux de la sph re publique jusqu ce que certains deviennent cyniques vis vis des institutions publiques C est le confort et l indiff rence de Denys Arcand qui devient quelquefois selon la conjoncture le confort dans le cynisme Ce que nous souhaitons r aliser dans la pr sente tude c est d aller justement la racine de ce cynisme politique de d terminer comment le d veloppement du discours
31. bilit au risque de para tre hautain J C M Landry M Landry je peux tu vous poser une question C est quoi votre premi re priorit vous le lendemain est ce que c est la sant ou la souverainet B L Ben j ai montr ce que je pouvais faire comme priorit J ai g r le Qu bec comme jamais Autre extrait B L Est ce que c est pas moi je l ai dit l j ai eu le plaisir d avoir t le ministre des Finances qui a le plus baiss les imp ts dans l histoire 50 Jbid p 177 51 Lors du d bat de 2003 Jean Charest accuse l ancien premier ministre Jacques Parizeau d avoir r it r lors d une conf rence donn e Trois Rivi res le fait que la d faite r f rendaire fut caus e par l argent et le vote ethnique Le chef lib ral s inspire ici d un article pr liminaire publi sur le site Cyberpresse ca par un journaliste du quotidien trifluvien Le Nouvelliste Cette utilisation de la d claration de Parizeau s av rera par la suite sans fondement comme l article l origine du d bat sera modifi pour faire place une interpr tation journalistique plus nuanc e 52 Ibid 195 30 Les seules fois o le premier ministre sortant se permet lui m me d assaillir ses adversaires il utilise des formes att nu es d agression soit en prenant des pr cautions interactionnelles vous m avez d cu en mati re constitutionnelle je veux pas vous bousculer soit en les formulant de mani re i
32. ble aux orientations contemporaines de la communication politique En ce qui a trait la m diatisation du d bat des chefs l auteur note la pr s ance en 2003 d un journalisme d opinion de la pr sentation de la performance des chefs et d un journalisme de confrontation qui s appuie sur un cadrage des strat gies politiques de coulisse strategic framing et qui fait bien peu de cas des grands d bats de soci t Les journalistes font aussi talage d un cynisme qui est une forme exacerb e du scepticisme journalistique De nombreuses tudes empiriques confirment que ces l ments sont susceptibles de susciter le cynisme politique chez les lecteurs Pour conclure l auteur invite les politiciens les conseillers en communication politique et les journalistes faire preuve d autocritique et s interroger sur les l ments de leurs pratiques qui entra nent le cynisme Ils invitent par ailleurs les citoyens qu b cois sortir du cercle vicieux du cynisme en valorisant une meilleure ducation la citoyennet et en s impliquant dans des mouvements sociaux et dans des partis politiques ii Remerciements L criture de cet essai fut un v ritable tour de force J ai eu mener plusieurs t ches de front le travail aupr s de mes d put s l organisation de la mission exploratoire en Australie et diff rentes affectations lors des simulations parlementaires tudiantes Aussi je me permets de remercier les gens qui m o
33. cessit d emprunter pour financer les projets de modernisation du Qu bec Le vocabulaire qu il emploie est celui d un expert Nationalisation Nous assumerons sic les 250 millions de dollars d obligations pour lesquelles je le r p te les int r ts et l amortissement seront pay s avant le calcul des profits alors nous paierons 250 millions et l Hydro empruntera avec la garantie de la province 350 millions de dollars facilement J ai toutes les garanties ce sujet 16 Projet de modernisation Pendant que les autres provinces avaient compris depuis longtemps que dans les temps modernes il y a lieu d emprunter pour investir dans les d penses capitales l Union nationale continuait de s en tenir ce vieux principe d suet qu il fallait essayer chaque ann e de combler les d penses ordinaires et capitales m me les revenus courants Eh bien cette fa on de penser financi rement elle est d pass e Elle a t d pass e depuis longtemps dans les autres provinces et c est pour cela que dans les autres provinces comme dans l Ontario en particulier chaque ann e on a eu des surplus aux comptes ordinaires comme nous nous en avons eus de petits mais on a eu des d ficits aux comptes des d penses capitales afin de pouvoir investir dans les communications dans la voirie En 2003 Bernard Landry tout aussi f ru d conomie n emploie pas un tel vocabulaire technique pour expliquer la d bandade des actifs
34. ciens l ordre du jour politique en imposant un ordre du jour journalistique que plusieurs journalistes amalgament aux enjeux d int r t public titre d exemple durant la campagne de 2003 les journalistes reviennent constamment sur l affaire Parizeau au d triment de l ordre du jour politique de Bernard Landry et du Parti qu b cois Ils s attachent par ailleurs poser des questions sur les strat gies politiques de Landry vis vis de ses G rard Pelletier Trois mauvais arguments La Presse 12 novembre 1962 p 4 Andr Laurendeau Pas de knockout une victoire par d cision oc cit Richard Nadeau et Fr d rick Bastien op cit p 168 43 adversaires sur son tat physique sur son temp rament col rique sur ses bourdes politiques Comment cette dynamique confrontationnelle se traduit elle dans les journaux Elle se traduit d abord par une mise en opposition des r ponses des candidats sur diff rents sujets du d bat notamment sur leur performance respective et sur l affaire Parizeau Mais elle se traduit aussi par la formulation d une critique sentie sur les nombreuses strat gies employ es par les partis politiques pour contr ler l image des chefs Jean Charest contrairement aux deux autres chefs et particulierement Mario Dumont ne prend pas de bains de foule ou si peu Sa campagne se r sume pour le moment des conf rences de presse devant des h pitaux des visites d usines
35. citera les lecteurs particulierement les lecteurs f d ralistes que courtise momentan ment Bernard Landry choisir entre la sant et la souverainet Vous avez le choix du statu quo un gouvernement qui s est d connect de la population et qui franchement a plac sa cause au dessus de vos int r ts des int r ts vous Et il continuera le faire La priorit du Parti qu b cois sera toujours la souverainet Vous avez le choix de voter pour le Parti lib ral du Qu bec qui a un projet pour rassembler les Qu b cois et dont la sant est la premi re priorit Et vous avez remarqu que M Landry a continu refuser de r pondre quand il ne bl me pas les autres pour les d cisions de son gouvernement Voulez vous donc un 25 gouvernement de sant ou un gouvernement de transition vers la souverainet comme l a admis ce soir finalement M Landry Aux lecteurs tent s par l ADQ il num rera une s rie d engagements auxquels ils peuvent difficilement s opposer Si vous voulez un changement si vous croyez que la sant doit tre notre premi re priorit si vous croyez qu il faut revoir le r le de l tat si vous croyez qu il faut r duire les imp ts je vous invite voter pour le Parti lib ral du Qu bec Un autre aspect qui contribue la d sorientation du discours politique est celui du mim tisme Dans le d bat de 1962 les candidats Johnson et Lesage insistent sur leur dissemblanc
36. dans Zo Druick et Aspa Kotsopoulos dir Programming Reality perspectives on English Canadian Television Wilfrid Laurier University Press 2008 Andr Blais et M Martin Boyer Assessing the Impact of Televised Debates The Case of the 1988 Canadian Election British Journal of Political Science vol 26 no 2 1996 p 143 164 Colette Brin La t l vision publique en campagne le plan de couverture lectorale la SRC 1997 et 1998 th se de doctorat sciences politiques 2002 331 p Andr H Caron Chantal Mayrand et David E Payne L imagerie politique la t l vision les derniers jours de la campagne r f rendaire Canadian Journal of Political Science vol 16 no 3 p 473 488 Jean Charron Les relations entre les partis politiques et les m dias lors des campagnes lectorales au Qu bec dans J Frederick Sous l oeil des journalistes la couverture des lections au Canada Toronto Oxford Dundurn Press Montr al Wilson amp Lafleur 1991 p 91 166 Jean De Bonville et Jacques Vermette T l vision et unit nationale la couverture de l actualit canadienne Radio Canada 1977 et 1987 Revue canadienne de science politique vol 27 no 4 d cembre 1994 p 699 716 Agnieszka Dobrzynska Analyse comparative du r le des normes et pratiques journalistiques la t l vision dans la couverture de la campagne lectorale f d rale canadienne de 1997 Communications vol 21 no hiver printe
37. de la Caisse de d p t mise part sa mention d une cote trois A Mais je veux vous parler de la Caisse Monsieur Dumont aussi en m me temps et tout le monde Vous avez d moli la caisse l comme si c tait une ruine Et quand vous avez fini ce travail l partir de New York une cotation internationale Standard and Poors ils ont pas de candidats dans la proch dans la pr sente lection a donn la cote trois A la Caisse de d p t apr s tout ce que vous avez dit sur son compte Ils sont pas mal plus objectifs que vous Tous les gestionnaires de fonds de pension ont en plus assur que les fonds de pension n taient pas en jeu Landry a suivi ici les conseils de ses conseillers politiques et en communication qui avant le d bat lui avaient sugg r d aller droit au but sur la question de la Caisse de d p t sans fa on Le tout visait donner l impression qu il tait un conomiste cr dible mais accessible Ces interventions sugg rent que Lesage plus litiste s adresse aux adultes scolaris s de 21 ans et plus qui est l ge du droit de vote l poque tandis qu un Bernard Landry et par extension un Jean Charest ou un Mario Dumont plus vulgarisateurs dans leurs approches con oivent leur discours en fonction d un destinataire imagin moins inform ou plus jeune singuli rement cause de la pr sence d lecteurs de 18 ans Le tout r v le deux rapports sociologiques bien que l
38. diatique et repr sentation politique Montr al Presses de l Universit de Montr al 1999 138 p Le combat des chefs analyse des d bats t l vis s au Canada Montr al Qu bec Am rique 1992 284 p Radioscopie de l information t l vis e au Canada Montr al Presses de l Universit de Montr al 2000 145 p Votez pour moi une histoire politique du Qu bec moderne travers la publicit lectorale Saint Laurent Fides 1998 246 p NADEAU Richard et Thierry GIASSON Les m dias et le malaise d mocratique au Canada IRPP 2003 32 p NADEAU Richard et Fr d rick BASTIEN La communication lectorale Dans Anne Marie GINGRAS dir La communication politique tat des savoirs enjeux et perspectives Montr al Presses de l Universit du Qu bec NORRIS Pippa Global Support for Democratic Government Oxford University Press New York 1999 303 p PHARR Susan J et Robert D PUTNAM Disaffected Democraties What s Troubling the Trilateral Countries Princeton University Press 2000 360 p PINARD Maurice Anatomie d une campagne comment les lib raux ont repris le pouvoir Qu bec Policy Options ao t 2003 p 77 81 PRATTE Andr Le syndrome de Pinocchio essai sur le mensonge en politique Montr al Bor al 1997 168 p Les oiseaux de malheur essai sur les medias d aujourd hui Montr al VLB Editeur 2000 244 p RODGERS HR Toward Explanation of the Political E
39. du gaz naturel Car si les d put s et les ministres d un gouvernement quel qu il soit arrivaient convaincre la population qu il ny a aucun mal pour eux sp culer sur les transactions d un pouvoir qu ils contr lent la d mocratie reculerait d un si cle Certains journalistes expriment m me une sympathie ind niable une sinc re d f rence vis vis des politiciens Cet extrait d Andr Laurendeau o il sympathise avec le caract re reintant des campagnes lectorales illustre loquemment cette attitude Disons que n anmoins qu apr s cinq semaines de campagne les deux adversaires ont montr d excellentes qualit s de debater Songez que ces hommes doivent tre reint s qu ils se sentaient l un et l autre sur la sellette qu ils ont malgr leur fatigue manifest dans l ensemble une remarquable possession de leurs moyens Transportons nous maintenant en 2003 Le journalisme s est professionnalis En parall le la communication politique s est raffin e Des journalistes se trouvent devant des partis politiques bien organis s qui tentent litt ralement d assi ger l espace m diatique pour imposer leurs priorit s et les qualit s de leurs chef En r action les journalistes insistent aupr s des politiciens pour qu ils expliquent leurs discours leurs promesses de crainte d tre manipul s Ils refusent de rapporter int gralement le contenu des points de presse des politi
40. e du discours politique pr sent dans les d bats des chefs de 1962 et de 2003 partir de l tude de la retranscription de ces d bats et de leurs version audiovisuelles Pourquoi avoir choisi les d bats des chefs comme objet d tude Les d bats Canadian Elections the Attack Mode Waterloo Ontario Wilfrid Laurier University Press 1999 252 p George Spears Equilibre de la couverture de la campagne r f rendaire qu b coise de 1995 analyse du contenu effectu e pour le Bureau de la responsabilit des m dias de la CBC et de la SRC novembre 1995 Erin Ontario Erin Research 1995 21 p William Peter Stos Small Scree Big Impact A Historical Examination of the Effects of Television on the 1988 Federal Election Campaign th se de doctorat Carleton University 1988 283 p David Taras Television and Public Policy The CBC s Coverage of the Meech Lake Accord Canadian Public Policy vol 15 no 3 p 322 334 Olivier Turbide La performance m diatique des chefs politiques lors de la campagne lectorale de 2003 au Qu bec th se de doctorat Universit Laval 534 p 1 A Blais E Gidengil N Nevitte et R Nadeau The Evolving Nature of Non Voting Evidence from Canada European Journal of Political Research 2004 p 221 236 Pierre Drouilly Statistiques lectorales du Qu bec 1867 1989 Qu bec Assembl e nationale du Qu bec 1990 3 d 962 p Frangois G lineau et Alexandre Morin Chass Les motifs
41. e enqu te sur les all gations des politiciens Selon les politologues Richard Nadeau et Thierry Giasson cette posture journalistique aurait pour effet d accroitre le cynisme des lecteurs sans rendre les gouvernements plus imputables pour autant Les journalistes de 2003 pourraient ils alors s inspirer des pratiques des journalistes de 1962 Rien n est moins s r Certes les journalistes de 1962 rapportent le discours des politiciens avec moins d interf rences lls servent bien la d mocratie lorsqu ils rapportent l int gralit du discours des d bats pour permettre aux citoyens d exercer leur propre jugement La principale force de la couverture m diatique de 1962 r side dans son absence de cynisme qui mane lui m me du respect sinc re des journalistes vis vis des politiciens Mais cette absence d interf rences cette perspective critique souvent d f rente ne s accompagne que rarement d une analyse approfondie des enjeux fondamentaux Cette couverture journalistique plus factuelle qu interpr tative ne fait le plus souvent que l gitimer le discours politique Pour reprendre la r flexion de l historien Jocelyn Saint Pierre sur la couverture de l actualit parlementaire d avant les ann es 1960 il est se demander si la presse d information traditionnelle plut t que d tre un instrument 06 Andr Pratte Les oiseaux de malheur op cit p 76 107 Richard Nadeau et Thierry Giasson op cit p 7 47
42. e id ologique en faisant usage d une vari t de moyens rh toriques pour convaincre les ind cis et renforcer les intentions des lecteurs qui leur sont favorables Les politiciens de 2003 proc dent plut t par mim tisme bien que comme nous venons de le voir avec Jean Charest ils dichotomisent parfois artificiellement les enjeux les valeurs Ce mim tisme comporte deux volets compl mentaires Il consiste d abord reproduire int grer les attentes particuli res de certaines cat gories d lecteurs Il faut savoir qu au sein des partis politiques les attentes des diff rentes cat gories de l lectorat sont tudi es par groupes de discussion focus group par sondages On cible plus particulierement les sous cat gories d lecteurs s duire ceux dont le degr d identification partisane est faible ind cis Puis les partis se positionnent sur des enjeux pour maximiser les gains au sein des segments cibl s de l lectorat L valuation de la performance du parti par des sondages internes d opinion sert finalement de mesure au succ s des strat gies de communication politique R sultat dans le d bat de 2003 les programmes lectoraux des partis politiques comportent souvent des valeurs des engagements standardis s uniformis s en fonction des sous cat gories de l lectorat cibl es Un bon exemple de mim tisme par sondage est celui de la d claration du premier ministre sortant Bernard Land
43. e masse la communication politique avec ses r gles ses strat gies de communication s impose C est en 1960 avec le d bat entre John F Kennedy et Richard Nixon la pr sidence am ricaine que na t la v ritable communication politique moderne Pour reprendre la d finition des politologues Richard Nadeau et Fr d rick Bastien on peut d finir la communication politique comme l utilisation syst matique et coordonn e d outils de communication en vue de maximiser l appui politique d un parti gouvernemental ou non de ses politiques et de ses leaders En trame de fond ces changements dans les pratiques journalistiques dans la relation lu lecteur et dans le discours politique s op rent des bouleversements soci taux structuraux encore plus profonds au Qu bec comme dans l ensemble de l Occident qui expliquent cette crise de confiance Il y a passage dans les ann es 1960 1970 de la modernit dont le maitre mot plein de certitudes est celui du progr s social conomique et politique une hypermodernit faite de flottements d ind cisions de remises en question On assiste entre autres l amenuisement de l importance symbolique et politique des tats nations et de la l gitimit des lites 7 Larry J Sabato Feeding Frenzy How Attack Journalism Has Transformed American Politics New York Free Press 1993 8 Peut tre assiste t on pr sentement un troisi me changement de paradigme d
44. ecteurs L enqu te des chercheurs Francois G lineau et Alexandre Morin Chass montre d ailleurs que c est chez ceux qui ont t les plus expos s au discours politique chez les lecteurs qu b cois les plus g s o le cynisme politique est le plus virulent 58 Gilles Gauthier oc cit p 99 Francois G lineau et Alexandre Morin Chass op cit p 41 Ibid p 41 33 Chapitre Il La m diatisation du d bat des chefs Les journalistes qu b cois expriment souvent dans leur discours sur l exercice de leur profession l id e du partage de normes particuli res On pense ici celle d accorder une importance sup rieure aux enjeux aux programmes des partis par rapport l image des chefs Cette norme rel ve directement des principes contenus dans les codes d ontologiques du journalisme qui d finissent le m tier en fonction du r le d information et de l utilit de cette information pour le public Mais qu en est il des pratiques journalistiques Comme le disent si bien les politologues Richard Nadeau et Fr d rick Bastien les m dias et au premier chef les journalistes sont de v ritables acteurs dynamiques en interaction avec les politiciens et qui cherchent imposer leur ordre du jour Dans le contexte o il est reconnu que la presse crite amplifie en conjonction avec les m dias lectroniques la perception de l opinion publique vis vis des politiciens peut on affirmer qu
45. er plusieurs millions de personnes tout en gardant un ton et un contact visuel intimiste un Lesage qui dit vous Monsieur ou vous Madame il y a le plus formel Mesdames Messieurs de Mario Dumont et de Daniel Johnson ou le plus senti Ce soir je m adresse tous les Qu b cois de Jean Charest plus sp cifiquement cibl sur les partisans du changement et de l ADQ cela il faut ajouter le tr s rare mes chers amis de Bernard Landry Au final si le mode d adresse direct des politiciens de 1962 n est employ que rarement cinq reprises Charest convoque selon le chercheur en communication politique Olivier Turbide les t l spectateurs 3 5 fois toutes les 10 lignes de transcription alors que ce rapport diminue de moiti pour Bernard Landry 1 6 occurrence toutes les 10 lignes Dans le cas de Dumont c est encore moins c est dire que le rapport descend 0 3 faiblesse compens e par l instrumentalisation effective de sa vie priv e Il y a aussi ce besoin du politicien de se figurer comme tant le porte parole de l indignation et de la volont populaires Lesage et Charest font ainsi l usage d un nous collectif indign qui pr sente l adversaire comme isol face un 37 Olivier Turbide oc cit lbid p 165 18 NOUS exprimant la volont populaire Lesage Nous ne pouvons pas avoir confiance Nous ne pouvons pas avoir confiance le purgatoire n
46. es circonstancielles peuvent expliquer le cynisme politique des lecteurs notamment lorsque les enjeux d une campagne lectorale donn e ne les int ressent pas ou lorsque les candidats ne les inspirent pas Mais certaines causes structurelles sont susceptibles d alimenter leur conviction du caract re malicieux des politiciens des institutions politiques ou du systeme politique dans son ensemble Parmi ces causes structurelles il faut compter le discours politique un discours politique dont l aspect d sorient et l ambiguit peuvent confondre l lecteur malgr un recentrage sur une proposition de vente unique un discours politique de plus en plus uniformis et standardis en raison de son mim tisme des valeurs des attentes des lecteurs par sondage et de celui strat gique des promesses des autres partis un discours politique qui r p te les m mes rengaines agressives pour d stabiliser l adversaire 6 C line Lemay Ne pas changer pour changer La Presse 2 avril 2003 p A 17 57 J S Trent et R V Friedenburg Political Campaign Communication New York Preager 1983 p 263 273 32 La communication politique dans sa volont de susciter l adh sion d amener l lectorat adh rer telle id ologie appuyer tel projet ou telle position voter pour tel parti participe donc la perp tuation d un malaise d mocratique qui depuis les ann es 1990 alimente le cynisme politique des l
47. es locuteurs partagent une m me conviction de l galit pour tous Lesage se voit comme faisant partie de l lite d une soci t hi rarchis e comme le r v le un extrait o il se distancie des fils ouvriers la construction d coles techniques pour la formation des fils de nos 35 Ibid 38 L ge de la majorit ne sera abaiss 18 ans qu en 1963 17 ouvriers et un autre o il parle aux lecteurs sur un ton paternaliste vous savez mes chers lecteurs gt Par contraste les Landry Charest et Dumont se per oivent tout le moins dans leurs discours comme tant au service de la cause du peuple qu b cois sans distinction aucune quoiqu is ciblent parfois des lectorats particuliers ind cis hommes femmes jeunes baby boomers partisans des camps adverses avec l objectif de s attirer leurs votes Au del de ce passage entre 1962 2003 d un discours o est valoris e l autorit du politicien son rudition sur des domaines particuliers un discours plus vulgaris plus accessible qui constitue un point de rupture net avec le pass nous constatons aussi la pr sence de points de continuit manifestes qui participent au rapprochement des politiciens avec leurs lectorats respectifs Entre les politiciens de 1962 et ceux de 2003 il y a d abord une m me volont discursive de parler l lectorat par un mode d adresse direct dans le contexte t l visuel o le politicien doit s adress
48. et Media Culture and Society vol 33 no 3 p 399 413 Lionel Cliffe The Politics of Lying Implication for Democracy New York St Martins Press 2000 236 p C H De Vreese et M E Elenbaas Political Publicity and Spin dans K Brants et K Voltmer dir Political Communication in Postmodern Democracy Basingstoke Palgrave D N Hopmann R Vliegenthart et C Elmelund Praestekaer E Albaek et C H De Vreese Party Media Agenda Setting How Parties Influence Election News Coverage Party Politics 2010 p 1 19 Pascal Lardellier Communication et pouvoir les liaisons dangereuses Communication et langages no 112 2 trimestre 1997 p 85 95 Andr Pratte Le syndrome de Pinocchio essai sur le mensonge en politique Montr al Bor al 1997 Philippe Bernier Arcand Je vote moi non plus pourquoi les politiciens sont les seuls responsables du cynisme et de la d saffection politique Verdun Qu bec Am rik M dia 2009 125 p 15 Jean Marie Agrios 1988 Canadian Televised Leadership Debates and Social Construction of Reality Two Methodologies these de doctorat University of Alberta vol 56 1995 no 2 394 p Frangois Baby Les campagnes lectorales et l information la t l vision Ottawa Association pour les tudes sur la radio t l vision canadienne et Archives nationales du Canada 1988 34 p Marusya Bociurkiw Whose Child Am 1 The Quebec Referendum and Languages of Affect and the Body
49. et C H De Vreese The Effects of Strategic News on Political Cynicism and Vote Choice among Young Voters Journal of Communication vol 58 no 3 p 550 567 Anne Marie Gingras M dias et d mocratie le grand malentendu Sainte Foy Presses de l Universit du Qu bec 1999 Lauren Guggenheim Nojin Kwak et W Scott Nontraditional News Negativity The Relationship of Entertaining Political News Use to Political Cynicism and Mistrust nternational Journal of Public Opinion Research vol 23 no 3 p 287 314 Gary Hanson et al The 2008 Presidential Campaign Political Cynicism in the Age of Facebook MySpace and YouTube Mass Communication amp Society vol 13 no 5 novembre d cembre 2010 p 584 607 Dan Jackson Strategic Media Cynical Public Examining the Contingent Effects of Strategic News Frames on Political Cynicism in the United Kingdom nternational Journal of Press Politics vol 16 no 1 p 75 101 S Lecheler et C H De Vreese Getting Real the Duration of Framing Effects Journal of Communication vol 36 no 3 p 400 425 Dr Silvo Lenart et David Jones Politics Meets Mass Media Paradigms of Inquiry Current World Leaders vol 40 no 2 avril 1997 p 33 41 Richard Nadeau et Thierry Giasson op cit Andr Pratte Les oiseaux de malheur essai sur les m dias d aujourd hui Montr al VLB Editeur 2000 Larry J Sabato Feeding Frenzy How Attack Journalism Has Transformed American Poli
50. eux de 2003 s appuient sur la pr sentation d un discours plus accessible telle enseigne que Mario Dumont ne s offusque pas de se repr senter comme un citoyen ordinaire dont la facon de parler est plus proche de celle de la classe moyenne Est ce que ce changement dans le discours peut g n rer du cynisme politique chez les citoyens Il serait difficile de le croire B De la pr sence de la d sorientation et de l ambiguit L usage dans le discours politique de proc d s de d sorientation l absence d orientation claire et d ambiguit est toutefois susceptible de confondre l lectorat au point de le d contenancer dans ses d marches pour identifier les enjeux de la campagne les promesses fermes des diff rents partis et les moyens pour les r aliser Autant en 1962 qu en 2003 il y a cette valorisation du flou de l implicite Comme l indique le politologue Denis Moni re l ambiguit et la d sorientation des 21 discours politiques accro traient leur efficacit communicationnelle en les rendant sujets interpr tation Avec l objectif de susciter l adh sion des lecteurs certains strat ges politiques et conseillers en communication s emploieraient donc obscurcir d lib r ment les valeurs les enjeux et les engagements nonc s par les politiciens En 1962 de nombreux engagements sont commissifs dixit Gilles Gauthier c est dire qu ils sont plus implicites que r els la poursuite d
51. fficacy and Political Cynicism of Black Adolescents An Exploratory Study American Journal of Political Science 1974 p 257 282 ROMANOW Walter et al Television Advertising in Canadian Elections the Attack Mode Waterloo Ontario Wilfrid Laurier University Press 1999 252 p 60 RUTHERFORD Paul When Television Was Young Primetime Canada 1952 1967 Toronto University of Toronto Press 1990 637 p SABATO Larry J Feeding Frenzy How Attack Journalism Has Transformed American Politics New York Free Press 1993 306 p SAINT PIERRE Jocelyn Histoire de la Tribune de la presse Qu bec 1871 1959 Montr al VLB 2007 320 p SAINT PIERRE Jocelyn Les d bats parlementaires Qu bec Montr al AQHP 2003 207 p SAITTA Eug nie Les journalistes politiques et leurs sources D une rh torique de l expertise critique une rh torique du cynisme Mots les langages du politique 87 2008 p 113 128 SCHUDSON Michael Pourquoi les d mocraties ont elles besoin d un journalisme d testable R seaux num ro Pratiques journalistiques 2009 no 157 158 SCHYNS Peggy Margreet NUUS et Henk DEKKER A Conceptual and Empirical Evaluation of Political Cynicism Colloque Politcologenetmaal Belgique 27 28 mai 2004 26 p SHARON S et S STANLEY Retreat from Politics The Cynic in Modern Times Polity vol 39 no 3 p 384 407 SODERLUND Walter C Advertising in the 1993 Fede
52. fs analyse des d bats t l vis s au Canada op cit p 21 Philipe J Maarek op cit p 43 Jean Paul De Lagrave Histoire de l information au Qu bec Montr al ditions La Presse 1980 p 202 203 page archiv e du 7 mars 2004 du site Internet de l Association canadienne des journaux La Presse a toujours t fondamentalement f d raliste En 1962 tout comme en 2003 le journal appuie ouvertement dans ses ditoriaux le Parti lib ral du Qu bec En 1962 le quotidien est la propri t de la famille Berthiaume G rard Pelletier est son r dacteur en chef En 2003 le journal appartient maintenant la cha ne Gesca de Power Corporation ric Trottier est son directeur de l information et Philippe Cantin son diteur adjoint Andr Pratte est son ditorialiste en chef Le Devoir de 1962 journal ind pendant qui est la propri t de l imprimerie populaire a pour r dacteur en chef Andr Laurendeau et pour directeur G rard Filion Le journal d fend alors des valeurs sociales progressistes et soutient les actions et les orientations du Parti lib ral du Qu bec En 2003 le quotidien toujours de propri t ind pendante a pour r dacteur en chef Jean Robert Sansfagon et pour directeur Bernard Desc teaux Il conserve ses valeurs progressistes maintenant plus gauche et est ouvertement souverainiste I appuie le Parti qu b cois Nous avons effectu une analyse qualitative de contenu et quantitative de la cou
53. ger le Qu bec dans le d ficit et de r duire les imp ts le plus rapidement possible mais il se fait muet sur les moyens r els qu il compte employer pour r aliser ce plein emploi au del de quelques affirmations vagues pour ne pas incommoder l lectorat de sa vision conomique complexe certains gards En mati re de d fense des int r ts du Qu bec le premier ministre sortant indique qu il souhaite obtenir du gouvernement f d ral plus d argent pour financer la sant et de toujours poursuivre l int r t sup rieur du Qu bec Ce positionnement ambigu laisse aux lecteurs la possibilit de projeter sur son discours leurs propres perceptions qu elles soient en consonances ou en dissonances avec les siennes Pour r sorber les probl mes du syst me de sant il sugg re de cr er des groupes de m decins de famille qui couvriront l ensemble du Qu bec d ici 2005 d am liorer les soins domicile d allonger les heures d ouverture des CLSC et d augmenter le personnel soignant par l augmentation des tudiants en sant dans les tablissements d enseignement Mais au final aucun objectif global de r duction des listes d attente n est propos l inverse Jean Charest s engage formellement aupr s de l lectorat en finir avec l attente en proposant sensiblement les m mes moyens pour y arriver que le premier ministre sortant Il chiffre ses promesses de r duction d imp t et d taille les moyens q
54. his et met en cause sa comp tence le qualifiant indirectement de menteur et de dissimulateur Olivier Turbide loc cit p 194 29 Charest r p te par ailleurs certaines phrases comme des incantations visant faire sortir Bernard Landry de ses gonds Vous avez dit non l interrompant m me au passage r p tition en lui disant Vous r pondez pas Vous r pondez pas ma question ou Vous coutez pas ll emploie le m me proc d rh torique de la r p tition avec Mario Dumont cette fois en r p tant plus d une dizaine de fois le nom d Yvon Cyrenne conseiller ad quiste qui appuyait pr tendument le programme du PLQ Il laisse sous entendre que Landry ne respecte pas l tiquette l mentaire des d bats en demandant au mod rateur de le rappeler l ordre Il profite m me de ses changes avec Dumont pour attaquer le premier ministre sortant de telle sorte qu il ne puisse ni r pliquer ni contre attaquer Il r serve une surprise de taille Bernard Landry vers la fin du d bat une d claration incendiaire prononc e Shawinigan par Jacques Parizeau qui se r v lera avoir t un feu de paille Pour se d fendre des attaques de Jean Charest Landry riposte que le chef de l opposition officielle est inexp riment dans la gestion du Qu bec qu il d clare des choses absurdes qu il change facilement d id e et qu il fait rire de lui Il mobilise aussi parfois sa figure de cr di
55. i bien que le discours politique a d s adapter Cibl autrefois sur les comt s et des r gions particuli res le discours politique a largi ses horizons pour devenir plus national plus collectif et moins local L un des effets de l arriv e de la t l vision fut donc l acc l ration de l uniformisation du discours politique et la concentration de la strat gie politique des partis entre les mains de quelques individus d s 1960 war rooms ou quipe n vralgique de strat ges C est ce qui fera dire un journaliste visionnaire de La Presse Richard Daignault en 1962 nous sommes en train dans cette province de passer de la politique de comt une politique qu b coise une politique d ensemble On constate tout de m me encore en 1962 l organisation d assembl es tr s locales comme en t moignent diverses publicit s dans les quotidiens Le Devoir et La Presse Francois G lineau et Alexandre Morin Chass op cit Denis Moni re Le combat des chefs analyse des d bats t l vis s au Canada op cit p 17 31 Richard Nadeau et Fr d rick Bastien op cit p 168 Richard Daignault Peu de gens auraient t influenc s par le d bat La Presse 13 novembre 1962 p 24 14 La communication politique lectorale con oit les discours politiques en fonction de cat gories particuli res d lecteurs ind cis s duire avec l objectif ultime d obtenir le plus grand nombre d appui
56. i se veut plus accessible Cette situation peut tre imputable au d sir des politiciens de plaire au plus grand nombre de se rapprocher de sa r alit et aux contraintes de temps du d bat de 2003 qui accorde une moins grande place la libre expression des id es complexes des politiciens interventions en soliloques d une minute et demie Alors que le d bat de 1962 s adresse davantage un club d initi s f rus de parlementarisme celui de 2003 fait abstraction pour une large part de la r alit parlementaire une r alit pourtant incontournable C est comme si le discours politique avait suivi tr s exactement l volution des pratiques journalistiques qu b coises qui ont progressivement d laiss la couverture des travaux parlementaires pour ne s int resser la plupart du temps qu la p riode des questions Ainsi si les Lesage et Johnson laissent entrevoir le processus d adoption des lois et leur fonction l gale il n y a que Bernard Landry en 2003 qui s int resse explicitement la fonction r formatrice des projets de loi L analyse du d bat de 1962 laisse par ailleurs sous entendre que les Lesage et Johnson pouvaient s exprimer sur des sujets complexes sans craindre de se faire rabrouer par leurs conseillers politiques ou sinon passaient outre leurs supplications en ce sens Jean Lesage s exprime dans ces conditions librement sur les questions financi res de la nationalisation de l hydro lectricit et sur la n
57. ictorieuse le discret croc en jambe qui fera basculer de son bord la masse flottante des lecteurs Nous nous r f rons aussi ces articles du journal La Presse qui retranscrivent de tr s pr s les r actions de Lesage Johnson et de leurs personnels politiques sans m diation aucune Il arrive parfois que les chroniqueurs et les journalistes de 1962 noircissent l action des politiciens en exposant notamment les manoeuvres politiques douteuses dont ils sont l origine Mais aucun ne pr sume explicitement ou implicitement de l opportunisme des politiciens Ces journalistes enjoignent plut t les politiciens manifester une certaine honn tet et plus de transparence Pour preuve cet appel de G rard Pelletier qui demande Johnson de faire preuve d honn tet 38 Richard Nadeau et Thierry Giasson op cit p 19 et 21 Mario Cardinal Le d bat du 11 novembre pourrait fixer la cote politique des deux partis Le Devoir 9 novembre 1962 une 20 Roger Nantel Apr s le d bat joie chez les lib raux La Presse 12 novembre 1962 p 22 Jacques Monnier et Johnson se dit tr s satisfait La Presse 12 novembre 1962 p 22 Pierre Godin Le d bat t l vis C est le knock out de Danny Boy La Presse 13 novembre 1962 p 31 Auteur inconnu Pour Bertrand c est Johnson le vainqueur La Presse 13 novembre 1962 p 31 42 intellectuelle lorsqu il traite du scandale
58. iel Johnson chef de l Union nationale s entoure de Paul Langlais vice pr sident de T l M tropole et de son quipe Paul Gros d Aillon Jean Blanchet Ren Caron Paul Levert et Jean Paul Cardinal Lesage n est pas en reste Il peut compter sur Maurice Leroux ancien r alisateur de Radio Canada et de son quipe d experts chevronn s Guy Gagnon G rard Brady Frangois Norbert Claude Morin Jean Morin Pierre Chaput Si on se transporte maintenant en 2003 aucun l ment n est laiss l improviste Jean Charest chef du parti lib ral Bernard Landry pr sident du Parti qu b cois et Mario Dumont chef de l Action d mocratique du Qu bec comptent tous sur une quipe aguerrie de sp cialistes en communication l instar de Jean Lesage ils prennent cong de leur campagne avant le d bat bid p 59 60 Qilles Gauthier L indirection en communication publique Le cas des d bats t l vis s canadiens et qu b cois 1962 1998 Communication vol 21 no 1 p 99 118 Ibid On remarque tout de m me la pr sence d une s rie de promesses lectorales clairement identifi e le respect du montage financier visant la nationalisation du r seau d hydro lectricit Lesage la cr ation d un comit des comptes publics permanent Johnson l instauration d un salaire minimum d un dollar de l heure sauf pour les agriculteurs Johnson et une exemption d imp t pour les revenus de 2000 et de 4000 Johnson 22 Ce
59. ion visuelle des politiciens canadiens agit elle dans la formation des pr f rences des lecteurs qu b cois Canadian Journal of Political Science vol 38 2005 no 4 p 867 895 GIDENGIL E A Blais N Nevitte et R Nadeau La politique lectorale O sont pass s les jeunes Perspectives lectorales 2003 GINGRAS Anne Marie M dias et d mocratie le grand malentendu Sainte Foy Presses de l Universit du Qu bec 1999 257 p GODIN Pierre Daniel Johnson 1946 1964 la passion du pouvoir Montr al Les Editions de l Homme 1980 2 volumes GODIN Richard La soir e lectorale la t l vision un dispositif de l gitimation politique Bulletin d histoire politique vol 14 no 1 p 13 30 GOLDFARD Jeffrey C The Cynical Society The Culture of Politics and the Politics of Culture in American Life Chicago University of Chicago Press 1991 200 p GREEN J Derek Hebuilding confidence report of the Review Commission on Constituency Allowances and Related Matters St John s Terre Neuve et Labrador 2007 666 p GROUPE CANADIEN D TUDE DES QUESTIONS PARLEMENTAIRES Le Parlement et le peuple pour une conscientisation du public GCEQP 1995 28 p GUGGENHEIM Lauren Nojin KWAK et W SCOTT Nontraditional News Negativity The Relationship of Entertaining Political News Use to Political Cynicism and Mistrust nternational Journal of Public Opinion Research Vol 23 no 3 p 287
60. isme C Entre agressivit politique et respect des institutions d mocratiques Il va sans dire que le seul aspect impr cis du discours politique ne suffit pas alimenter le cynisme politique D aucuns diraient que la d l gitimation des valeurs et des institutions d mocratiques dans le discours politique m me sont susceptibles d alimenter le cynisme tandis que leur l gitimation est susceptible de provoquer le r sultat inverse Au nombre des dispositifs de d l gitimation il faut inclure les rapports parfois trop agressifs entre les adversaires politiques Il est vrai qu une d mocratie sans d bats peut difficilement se targuer d tre une d mocratie saine mais la qualit des rapports entre politiciens de leurs changes est un indicateur tr s net de la qualit de la vie d mocratique La formule du d bat Lesage Johnson o se succ dent des soliloques sur les questions de l heure impose le respect entre les locuteurs impliqu s beaucoup plus que la formule de 2003 o l affrontement entre politiciens interpos s est valoris Le t l spectateur assiste ainsi en 1962 cinq tentatives d interruption de la part de Daniel Johnson dont le son du microphone est pourtant coup En 2003 on compte 175 tentatives d interruption de l adversaire par Mario Dumont Jean Charest ou Bernard Landry cela pour un d bat d une dur e similaire Bien que pour plusieurs strat ges politiques ces tentatives de d stabilisation de l adversaire
61. itiques et ou du syst me politique dans son ensemble L abstentionnisme lectoral ne constitue pas sa r sultante obligatoire bien que le cynisme politique provoque parfois l rosion de la confiance envers les lus Le cynisme politique n est pas que conjoncturel c est dire qu il n est pas exclusivement imputable aux actions ou aux inactions d un gouvernement Ill poss de des racines profondes Nous serions tent de dire l instar des politologues Richard Nadeau et Thierry Giasson qu il provient des changements structurels qu ont connus les m dias de masse et la communication politique partir des ann es 1910 on assiste au passage d un journalisme politique un journalisme d information Le journal d information devient au Qu bec une entreprise commerciale Ce journalisme d information est certains gards complaisant c est dire qu il est tr s respectueux de la classe politique et Katia Gagnon Les lecteurs du Qu bec sont d courag s rebut s d sabus s La Presse 7 mai 2010 Peggy Schyns Margreet Nuus et Henk Dekker A Conceptual and Empirical Evaluation of Political Cynicism colloque Politcologenetmaal Belgique 27 28 mai 2004 p 3 Catherine Fieschi et PaulHeywood Trust Cynicism and Populist Anti Politics Journal of Political Ideologies vol 9 no 3 p 289 Richard Nadeau et Thierry Giasson Les m dias et le malaise d mocratique au Canada IRPP 2003 p
62. l avenir respecter les personnes respecter la classe moyenne qui est si touff e Remplacer l inqui tude celle des a n s celle des jeunes par la confiance Pour moi l avenir politique du Qu bec passe d abord par notre capacit miser sur ce qui nous unit plut t que sur ce qui nous divise J ai un go t profond que notre Etat retrouve son audace et sa capacit d agir Certes plus loin des promesses concr tes sont nonc es par Mario Dumont additionner du priv au syst me public de sant cr ation de bons d tudes et de bons de garde qui accordent le libre choix aux parents de l cole et du moyen de garde privil gi pour leurs enfants et avec elles leurs modalit s d application mais la composante dominante de son discours est celle de l impr cision Les derniers extraits se rapportent davantage des nonc s de valeurs qu de v ritables promesses lectorales Leur utilit strat gique r side dans la faible possibilit que des lecteurs peu critiques ou peu politis s puissent s y opposer Des lecteurs critiques pourraient toutefois s interroger sur la facon dont M Dumont compte transformer ces valeurs en mesures 23 Dans ce m me d bat Bernard Landry adopte une posture qui se veut cr dible et rassurante dans la clart de ses objectifs mais pas sur le plan des modalit s d application En mati re d emploi il propose le plein emploi d ici 2005 Il se fixe comme objectif de ne pas replon
63. la nationalisation des compagnies priv es d lectricit Et il faut faire l op ration au complet Autrement nous n aurons pas l instrument qui nous manque et je vous le dis nous n aurons pas l instrument qui nous manque pour assurer notre progr s Plus loin le m me Lesage oppose les enjeux noircit son adversaire en faisant reposer entre les mains des lecteurs la suite positive du destin de la nation qu b coise Vous savez mes chers auditeurs vous avez le choix entre deux philosophies de gouvernement entre deux quipes Vous avez le choix entre une quipe comp tente courageuse qui en deux ans a fourni le plus vaste effort jamais donn par un gouvernement au Qu bec Ou encore vous avez le choix d un groupe d hommes dont l exp rience h las se limite au fait d avoir t les valets d un ma tre Vous avez le choix entre le principe de l galit de tous devant la loi ou le syst me de l arbitraire et du favoritisme lectoral l avantage de quelques uns Arbitraire et favoritisme dont nous avons souffert pendant 16 ans Ou vous avez le choix entre la fiert des Qu b cois ou le retour la honte d avant 1960 Vous avez le choix entre la libert et le retour aux cha nes d une machine infernale qui est disparue et qu il ne faut pas faire rena tre et aussi entre la libert et les matraques de la vieille police provinciale l ancienne Ce proc d sera repris par Jean Charest lors du d bat de 2003 alors quil in
64. leen Le doux ronron de Bernard Landry Le Devoir 30 mars 2003 p B2 LUSSIER Alexandre Dumont gagnant La Presse 1 avril 2003 p A14 MARISSAL Vincent Ah la question nationale La Presse 1 avril 2003 p A14 MONNIER Jacques et Johnson se dit tr s satisfait La Presse 12 novembre 1962 p 22 MONNIER Jacques Johnson se dit tr s satisfait La Presse 12 novembre 1962 p 22 NANTEL Roger Apr s le d bat joie chez les lib raux La Presse 12 novembre 1962 p 22 PARISELLA John Mission accomplie La Presse 1 avril 2003 p A15 PELLETIER G rard Topos du jour Un d bat sous serment La Presse 8 novembre 1962 p 4 PELLETIER G rard Trois mauvais arguments La Presse 12 novembre 1962 p 4 PRATTE Andr Enfin la campagne La Presse 1 avril 2003 p A14 PRATTE Gilles D bat du si cle propre et tendu La Presse 12 novembre 1962 p 1 TAINTURIER Jean Le d bat t l vis tourne l avantage de M Lesage Le Devoir 12 novembre 1962 une 54 tudes ADRIAANSEN L Maud Philip Van Praag Claes H Vreese Substance Matters How News Content can Reduce Political Cynicism nternational Journal of Public Opinion Research vol 22 no 4 hiver 2010 p 433 457 AGGER Robert E et Mashall N Goldstein Political Cynicism Measurement and Meaning The Journal of Politics vol 23 n
65. mbre 2002 p 615 641 45 quelque deux millions de citoyens L lite journalistique s est donc ici port e la d fense des politiciens Pareil ph nom ne n existe pas en 2003 La Presse publie pas moins de 38 commentaires chaud tr s succincts sur le d bat des chefs et l affaire Parizeau Parmi eux trois lecteurs mentionnent qu ils en ont marre de ces politiciens qui brisent leurs promesses et s loignent de leurs id aux Je me suis fait tellement avoir qu il me semble qu un ressort en moi s est cass et que l occasion m est donn e de dire aux militants arr tez de me les casser avec vos chefs regardez autour de vous 103 dans quel merdier nous sommes tous les chelons Les chroniqueurs politiques se pr tent aussi ce jeu du cynisme Le chroniqueur politique du Devoir Michel David qualifie notamment les d bats des chefs comme lieu de non d bat On a le plus souvent droit aux m mes cassettes entendues depuis des semaines qui ne nous apprennent pas grand chose La question qui se pose ici est de savoir si David se positionne en tant que relayeur du cynisme de la population ou g n re t il plut t malgr lui un cynisme nouveau genre le cynisme journalistique qui s exerce contre les politiciens E Bilan Cette courte analyse tend confirmer ce qui avait t constat dans d autres tudes soit que la couverture des campagnes lectorales au Canada plut t neutre ou po
66. ment se traduisent les pratiques journalistiques chacune des poques et quelle est l incidence de ces pratiques sur le cynisme politique des citoyens Nous chercherons r pondre ces questions en mesurant les changements la continuit dans la repr sentation m diatique des enjeux politiques des d bats l tude dans la presse crite Pourquoi avoir choisi d tudier la presse crite D abord parce que les archives t l visuelles des ann es 1962 sont inaccessibles Radio Canada ou inexistantes TVA Ensuite parce que la presse crite constitue un m dia d information politique de premi re importance autant en 1962 qu en 2003 et qu elle constitue donc un point de rep re fiable de l volution des normes et des pratiques journalistiques Nous ferons plus pr cis ment l analyse des journaux La Presse et Le Devoir deux journaux grands formats La Presse publi Montr al est un journal d information de masse Il peut compter sur un lectorat significativement lev on parle de 190 000 lecteurs par jour en semaine en 2004 tandis qu en 1967 son tirage se situait aux alentours de 250 000 exemplaires Le Devoir galement publi Montr al cible davantage un public cultiv et les d cideurs de l ensemble du Qu bec Son tirage est plus restreint en 1967 il publie 31 000 exemplaires durant un jour de semaine typique en 2003 on parle d une moyenne 25 000 exemplaires par jour 18 Denis Moni re Le combat des che
67. mps 2002 Frederick J Fletcher dir Election Broadcasting in Canada Toronto Oxford Dundurn Press 1991 358 p Thierry Giasson Richard Nadeau et Eric B langer D bats t l vis s et valuations des candidats la repr sentation visuelle des politiciens canadiens agit elle dans la formation des pr f rences des lecteurs qu b cois Canadian Journal of Political Science vol 38 2005 no 4 p 867 895 Richard Godin La soir e lectorale la t l vision un dispositif de l gitimation politique Bulletin d histoire politique vol 14 no 1 p 13 30 Matthew Jay Mendelsohn Television Persuasive Effects The Priming and Framing of Leadership in the 1988 Election th se de doctorat Ecole Polytechnique 1995 503 p dem The Media s Persuasive Effects the Priming of Leadership in the 1988 Canadian Election Canadian Journal of Political Science vol 27 1994 no 1 p 81 97 Denis Moni re Votez pour moi une histoire politique du Qu bec moderne travers la publicit lectorale Saint Laurent Fides 1998 246 p Idem Le combat des chefs analyse des d bats t l vis s au Canada Montr al Qu bec Am rique 1992 284 p Denis Moni re Les information t l vis es sont elles biais es en campagne lectorale Recherches sociographiques vol 35 1994 no 1 p 67 85 Idem D mocratie m diatique et repr sentation politique Montr al Presses de l Universit de Montr al 1999 dem Radiosc
68. n 14 avril 2003 t l diffus en direct sur les ondes de T l Qu bec de Radio Canada de TQS et de TVA ne constitue plus la seule mission monopoliser l attention des t l spectateurs Il propose une offre t l visuelle en concurrence commerciale avec une multitude de cha nes sp cialis es Si sur le plan formel les d bats de 1962 et de 2003 proposent une d claration d ouverture des candidats plusieurs blocs de discussion anim s par un ou des journalistes pour se terminer sur la d claration de conclusion de chaque candidat ils different toutefois sur un aspect fondamental sur la confrontation ou la non confrontation des candidats Dans le d bat de 1962 qui s tend de 20 h 30 22h15 les candidats Jean Lesage et Daniel Johnson n interagissent pas directement ce qui combin avec le rythme plus pos des candidats suscite un rythme plus lent Le d bat de 2003 est beaucoup plus dynamique plus intense Son dynamisme tient du fait que les candidats Jean Charest Bernard Landry et Mario Dumont s affrontent dans des joutes verbales en face face selon un principe d alternance cela sans m diation journalistique directe Il faut aussi souligner le temps plus maigre d di aux interventions sous la forme de soliloques des politiciens en pr sence La structuration des th mes varie aussi d un d bat l autre Celui de 1962 traite de quatre th matiques la nationalisation de l lectricit le scandale du gaz
69. nale de trois minutes pour chacun des candidats Malgr leurs diff rences fondamentales notamment sur le plan des th mes abord s et de leurs formes respectives les d bats de 1962 et de 2003 ont t express ment con us pour la t l vision ce qui les rend comparables Une tude comparative de ces d bats est d autant plus justifi e que ceux ci concordent avec des variations significatives du taux de participation aux lections En 1962 le taux avait t de 79 59 96 en 2003 le taux fut de 70 42 96 le plus bas taux depuis l obtention du droit de vote des femmes au Qu bec en 1940 Comment expliquer cet tat de fait Peut on imputer cette baisse une transformation du discours politique entre autres facteurs Consid rant que le cynisme politique est le principal facteur explicatif de la baisse du taux de participation lectorale de la premi re d cennie de 6 Ont t choisis Paul Sauriol Le Devoir G rard Pelletier La Presse Bill Bantey The Gazette Jean V Dufresne MacLean Lucien Langlais et Cl ment Brown Montr al Matin Le choix des journalistes fit l objet de vives n gociations entre le Parti lib ral et l Union nationale A l origine l Union nationale tenait ce que des journalistes d all geance unioniste posent les questions du d bat mais ils se raviseront pour finalement accepter la veille les journalistes propos s par Radio Canada journalistes qui avaient particip aux conf rences de presse
70. naturel le programme des deux partis et l administration lib rale depuis 1960 l int rieur de chacun de ces th mes Jean Lesage et Daniel Johnson font un discours de sept minutes Leur ordre d intervention est d termin par tirage au sort lors du d bat par l animateur Raymond Charrette Leur discours est suivi d une p riode de Si Daniel Johnson et Jean Lesage ne s affrontent pas directement c est cause du conseiller Maurice Leroux qui tenait tout prix viter un affrontement direct entre les deux candidats une formule qui aurait d savantag un Lesage bouillant rarement en contr le avec son adversaire Clairandr e Cauchy Le premier d bat t l vis fut le meilleur Le Devoir 13 mars 2007 12 questions de six minutes des journalistes Les discours finaux des chefs quant eux totalisent cing minutes chacun Le d bat de 2003 anim par Jacques Moisan d marre sur une d claration d ouverture d une dur e de trois minutes Ensuite quatre blocs sont abord s gestion de l tat finances publiques et conomie sant et mission sociale travail ducation famille et autres missions de l tat Chacun des trois candidats dispose d une minute et demie pour s exprimer sur le th me Ensuite sont propos s trois d bats de cinq minutes avec en alternance des affrontements Jean Charest Bernard Landry Bernard Landry Mario Dumont Mario Dumont Jean Charest Le tout se conclut sur une d claration fi
71. nder partir de quel moment des changes agressifs s tendant sur une longue p riode deviennent incommodants pour le t l spectateur et si au bout du compte ils peuvent susciter son d go t et alimenter un certain cynisme politique Une lectrice de La Presse semble donner raison notre intuition intellectuelle Je d teste quand les gens parlent pour avoir 9 Ibid 54 Ibid p 162 5 Alexandre Lussier Dumont gagnant La Presse 1 avril 2003 p A14 31 l air fin et pour fesser en passant sur l autre qui n est pas du m me avis a ne m claire pas pour comprendre les diff rences D Bilan Selon J S Trent et R V Friedenburg les d bats des chefs contribueraient accro tre l int r t pour la politique de l lectorat en raison de leur caract re dramatique ils renforceraient l identification partisane de ceux qui sont d j convaincus ils permettraient l lectorat d avoir acc s aux enjeux de l lection jusqu accro tre son degr de connaissance et de compr hension des probl mes et des politiques propos es par les partis surtout ils contribueraient la l gitimation des institutions politiques et ils favoriseraient la socialisation politique des jeunes Sur certains aspects toutefois nous croyons que ces d bats peuvent aussi alimenter le cynisme politique des lecteurs ou tout le moins leur d saffection vis vis des institutions politiques Certes certaines caus
72. ndirecte voulez vous m expliquer pourquoi cette nation ou je vais vous refaire mon compliment Quand vous avez d pos votre cadre financier il aurait pu se d fendre On g le tout Mais vous avez d gel tout de semaine en semaine Les changes de Dumont avec Charest et Landry sont beaucoup plus cordiaux Le chef de l ADQ met de l avant un discours plus conciliateur moins agressif et r plique rarement aux attaques Il juge que Charest propose des id es int ressantes rappelle que Charest s est pr occup des coupes dans les allocations familiales indique qu il ne doute pas de sa sinc rit Dumont f licite Landry pour la Paix des Braves en soulignant que les choses ont t bien faites dans ce dossier fait tat de la sinc rit des efforts qu il a faits dans la d fense d un Qu bec pluriel souligne trois reprises qu il comprend la position de son adversaire C est ce qui fera dire un lecteur de La Presse Je crois qu il Mario Dumont a r ussi redorer son image au cours de ce d bat tant de loin le plus poli le plus respectueux et le plus l coute des autres l aune de l analyse des discours de 1962 et de 2003 on remarque une augmentation qualitative et quantitative de l agressivit des changes entre politiciens une agressivit partiellement attribuable la formule de confrontation du d bat de 2003 Dans ce contexte on peut se dema
73. ns sur la forme et sur la performance t l visuelle des politiciens en pr sence 2003 Ce type de couverture m diatique est il susceptible de renforcer le cynisme politique Selon des sondages internationaux cit s dans l tude de Richard Nadeau et Thierry Giasson nombreux sont les consommateurs de m dias qui souhaiteraient avoir un renforcement de la pr sentation des faits des enjeux et du discours des lus dans la couverture m diatique du monde politique Le foss se creuse entre l offre m diatique gorg e d opinions de sondages et la demande des citoyens pour un recentrage sur les enjeux fondamentaux Pourtant selon ces m mes sondages les plus grands consommateurs de m dias d information sont ceux qui sont parmi les lecteurs les plus confiants dans les institutions politiques et les politiciens Du fait m me de leur int r t pour le monde politique ils s exposent davantage l information politique dans les m dias On ne peut donc dire qu il y a corr lation positive entre l exposition aux m dias de plus en plus opini tres et le cynisme politique chez cette cat gorie de consommateurs lecteurs On ne peut non plus affirmer qu une couverture plus factuelle plus analytique dans les journaux grand format serait le seul rem de ce cynisme politique De nombreux lecteurs continueront de ne pas s informer ou de s en remettre des tabloids des missions t l vis es o les faits divers sensationnaliste
74. nt entour et qui ont rendu la concr tisation de cet essai possible Sans eux l essai que vous vous appr tez lire n aurait pas t aussi riche Au premier chef je tiens remercier Claudette Robillard du service de la biblioth que qui r alisa le rep rage des tudes les plus pertinentes du pr sent travail je tiens aussi souligner le remarquable encadrement de Christian Blais du service de la recherche dont le point de vue historien a enrichi le mien Je ne peux galement passer sous silence l apport de mes coll gues stagiaires de la Fondation Marie Jo lle Carbonneau Frangois Gagnon Andr Yanne Parent et Ludovic Soucisse qui m ont prodigu leurs conseils et qui ont fait cheminer mon essai au fil de nos nombreuses discussions intellectuelles Finalement je tiens souligner la pr sence r confortante de la coordonnatrice g n rale du programme de la Fondation Claire Dumais Faber et des membres du jury Christian Blais Alexandre A R gimbald et Magali Paquin dont les commentaires furent plus que constructifs INTRODUCTION Table des mati res CHAPITRE I ANALYSE DU DISCOURS POLITIQUE DES D BATS DES CHEFS A Effets de distanciation et de rapprochement dans un contexte t l visuel iii B De la pr sence de la d sorientation et de l ambiguit C Entre agressivit politique et respect des institutions d mocratiques D Bilan CHAPITRE II LA M DIATISATION DES D BATS DES CHE
75. o 3 p 477 506 AGRIOS Jean Marie 1988 Canadian Televised Leadership Debates and Social Construction of Reality Two Methodologies Th se de doctorat University of Alberta vol 56 1995 no 2 394 p ALBOUVY Serge Marketing et communication politique Paris L Harmattan 1994 340 p BABY Fran ois Les campagnes lectorales et l information la t l vision Ottawa Association pour les tudes sur la radio t l vision canadienne et Archives nationales du Canada 1988 34 p BLAIS A E Gidengil N Nevitte R Nadeau The Evolving Nature of Non Voting Evidence from Canada European Journal of Political Research 2004 p 221 236 BLAIS Andr et M Martin BOYER Assessing the Impact of Televised Debates The Case of the 1988 Canadian Election British Journal of Political Science vol 26 no 2 1996 p 143 164 BOCIURKIW Marusya Whose Child Am 1 The Quebec Referendum and Languages of Affect and the Body Dans Zo Druick et Aspa Kotsopoulos dir Programming Reality perspectives on English Canadian Television Wilfrid Laurier University Press 2008 BOWLER Shaun Todd DONOVAN et A Jeffrey Enraged or Engaged Preferences for Direct Citizen Participation in Affluent Democracies Political Research Quarterly vol 60 no 3 septembre 2007 p 351 362 BRANTS Kees et al The Real Spiral of Cynicism Symbiosis and Mistrust between Politicians and Journalists nternational Jou
76. opie de l information t l vis e au Canada Montr al Presses de l Universit de Montr al 2000 Walter Romanow et al Television Advertising in de l abstentionnisme au Canada Aucune tude r pertori e ne prend toutefois comme point d ancrage le contexte qu b cois pour r aliser une tude comparative de l incidence r ciproque des m dias et du discours politique sur le cynisme politique Dans l tude de l impact des m dias et du discours politique sur le cynisme des citoyens plusieurs m thodologies sont envisageables y a d abord la cultivation analysis qui tudie la transformation progressive de l environnement m diatique m dias et pratiques en vue de montrer l effet cumulatif des m dias sur le soutien que portent les citoyens aux acteurs et aux institutions politiques Il y a ensuite la m thode exp rimentale qui pr sente des groupes constitu s al atoirement des s quences de nouvelles construites selon les styles journalistiques Ce type d enqu tes est rare et peu concluant Il y a finalement la m thodologie diachronique qui prend appui sur deux points de r f rence chronologiques pour examiner les effets long terme des m dias sur le cynisme politique des citoyens Nous souhaitons r aliser ce type d analyse diachronique c est dire mesurer l volution du discours politique en fonction des strat gies de communication politique en usage Nous effectuerons une analyse qualitative de la form
77. organis es par la t l vision publique bid Au net bien que l animateur Raymond Charrette ait tout fait pour assurer la parit Johnson eut droit un droit de parole de 51 minutes tandis que Lesage obtena 40 minutes Pour cause Johnson obtint neuf questions des journalistes et Lesage 4 DGEQ Historique du taux de participation http www electionsquebec qc ca francais tableaux historique du taux de participation php no4 consult le 2 f vrier 2012 13 2000 selon l enqu te de Fran ois G lineau et d Alexandre Morin Chass peut on dire que le discours politique est un g n rateur de cynisme politique Il serait audacieux de pr sumer qu un changement dans le discours politique tend entra ner un tel changement de comportement lectoral Il nous est toutefois possible d valuer l volution de l incidence des principes de la communication politique dans ce discours et si en corollaire cette communication politique que l on veut invisible n am ne pas une forme de distanciation des politiciens avec leur lectorat A Effets de distanciation et de rapprochement dans un contexte t l visuel La t l vision a v ritablement r volutionn le rapport que les citoyens entretiennent avec leurs politiciens Elle s est substitu e graduellement aux assembl es contradictoires d antan en proposant un nouvel espace d expression des id es politiques une agora largie aux dimensions de la nation S
78. pects Le Montr al Matin propri t d organisateurs de l Union nationale faisait face des journaux favorables aux lib raux qu b cois La Presse Le Devoir Le Soleil Encore aux d buts des ann es 1960 la presse propri t de partis et d hommes d affaires comptait beaucoup sur la publicit gouvernementale pour garnir ses coffres posture de d pendance susceptible de susciter une certaine forme de complaisance La presse de 2003 appartient plut t des conglom rats m diatiques plus proches du pouvoir conomique que du pouvoir politique Un autre l ment explicatif compl mentaire de cette surabondance de l opinion en 2003 est celui du passage d une presse traditionnelle d opinion et d information 1962 ce qu on appelle l infotainment style journalistique qui sensationnalise les enjeux dans l objectif de divertir les t l spectateurs La presse de 1962 jouit d un quasi monopole de l information qui commence toutefois s effriter avec l av nement de la t l vision comme m dia de masse celle de 2003 est en comp tition directe avec des r seaux t l vis s d information continue RDI LCN et des sites Internet qui diffusent des nouvelles la minute pr s Cette conomie politique particuli re oblige les m dias crits se distinguer L une des mani res qu ils mettent en place est de faire appel leurs chroniqueurs et ditorialistes pour mettre en perspective la nouvelle de l heure Les journau
79. politique et l volution des pratiques journalistiques qu b coises auraient contribu alimenter le d clin de la confiance des lecteurs vis vis des acteurs et des institutions politiques voire aurait provoqu la perp tuation structurelle du cynisme politique De nombreuses tudes se consacrent aux pratiques du journalisme dans la couverture des v nements politiques et sur leur incidence sur le cynisme politique i Jean Fran ois Lyotard La condition postmoderne rapport sur le savoir Paris ditions de Minuit 1979 12 Albert Hirschman Bonheur priv action publique Paris Fayard 1983 255 p 8 Maud Adriaansen Philip Van Praag Claes H Vreese Substance Matters How News Content can Reduce Political Cynicism International Journal of Public Opinion Research vol 22 no 4 hiver 2010 p 433 457 C H De Vreese et M Elenbaas Media in the Game of Politics Effects of Strategic Metacoverage on Political Cynicism International Journal of Press Politics vol 13 no 3 p 285 309 Kees Brant et al The Real Spiral of Cynicism Symbiosis and Mistrust between Politicians and Journalists International Journal of Press Politics vol 15 no 1 p 25 40 J N Cappella Spiral of Cynicism The Press and the Public Good Oxford University Press 1997 C H De Vreese The Effects of Journalistic News Frames dans P D Angelo et J Kuypers dir Doing Framing Analysis Londres Routledge 2010 M Elenbaas
80. ral Election Canadian Parliamentary Review vol 18 1995 no 1 p 16 22 SORMANY Pierre Le m tier de journaliste Montr al Bor al 3 dition 2011 SPARROW Andrew Obscure Scribblers a History of Parliamentary Journalism Londres Politico 2003 238 p SPEARS George quilibe de la couverture de la campagne r f rendaire qu b coise de 1995 analyse du contenu effectu e pour le Bureau de la responsabilit des m dias de la CBC et de la SRC novembre 1995 Erin Ontario Erin Research 1995 21 p SPENCER David R et Catherine M Bolan Apercu historique de la radiodiffusion lectorale au Canada Dans Frederick J FLETCHER La radiodiffusion en p riode lectorale au Canada Wilson Lafleur 1991 STOS William Peter Small Scree Big Impact A Historical Examination of the Effects of Television on the 1988 Federal Election Campaign Th se de doctorat Carleton University 1988 283 p TANGUAY Brian A Scl rose ou parfait tat de sant Examen du syst me de partis au Qu bec au XXle si cle Dans Qu bec Etat et soci t tome 2 Montr al Qu bec Am rique 2003 p 253 276 61 TARAS David Television and Public Policy The CBC s Coverage of the Meech Lake Accord Canadian Public Policy vol 15 no 3 p 322 334 Power and Betrayal in the Canadian Media Peterborough Broadview Press 1999 262 p The Newsmakers The Media s Influence on Canadian Politics Scarborough Nelson Can
81. ricin Au fond du verre il y a l l huile de ricin et ca ce sont les promesses viol es et ce sont les taxes qu on avait promis de ne pas imposer et qu on a impos es Johnson sur la nationalisation d une compagnie du Saguenay lls les gens du gouvernement ach tent la run de pain sans acheter la boulangerie En 2003 cela se traduit par la mise en sc ne publique de la vie priv e des politiciens un d nominateur commun forte port e affective Bernard Landry met ainsi de l avant le d c s de sa femme et son r le de grand p re pour expliciter ses prises de position en mati re de sant et de famille Il s agit d une mani re habile de cr er un effet de proximit avec l lectorat effet de proximit qui est parfaitement align sur l image m diatique que ses strat ges tentent de projeter celle d un homme profond ment humain et moins hautain Je pense au contraire qu il faut toujours faire preuve de retenue quand on parle de ce sujet d licat la sant que j ai moi m me connu h las travers une douloureuse exp rience personnelle Je parle de cette question la famille comme premier ministre bien s r mais aussi comme p re et comme grand p re Dans le cas du chef de l ADQ Mario Dumont cela se produit travers la mise en sc ne de sa propre famille 11 reprises au coeur de son discours politique Il se fait la voix de Monsieur Madame tout le monde alors qu il interpelle les cito
82. rnal of Press Politics vol 15 no 1 p 25 40 BRIN Colette L influence strat gique des journalistes politiques dans un contexte de tension normative la couverture lectorale la t l vision de Radio Canada Les Cahiers du journalisme no 8 d cembre 2000 p 44 58 L organisation m diatique et le changement des pratiques journalistiques adaptation innovation et r forme Dans Jean CRETE La 55 science politique au Qu bec le dernier des ma tres fondateurs Qu bec Les Presses de l Universit Laval 2003 p 417 431 La t l vision publique en campagne le plan de couverture lectorale la SRC 1997 et 1998 Th se de doctorat sciences politiques 2002 331 p BROMLEY Catherine et John CURTICE Are Non Voters Cynics Anyway Journal of Public Affairs vol 4 no 4 p 328 337 CAPPELLA J N Spiral of Cynicism The Press and the Public Good Oxford University Press 1997 336 p CARON Andr H Chantal MAYRAND et David E PAYNE L imagerie politique la t l vision les derniers jours de la campagne r f rendaire Canadian Journal of Political Science vol 16 no 3 p 473 488 CHARRON Jean Jacques LEMIEUX et Florian SAUVAGEAU Les journalistes les m dias et leurs sources Boucherville Ga tan Morin diteur 1991 237 p CHARRON Jean Les relations entre les partis politiques et les m dias lors des campagnes lectorales au Qu bec Dans FLETCHER J FREDERICK So
83. ry qui cherche se faire le porte parole du d sir populaire Vous voulez que le gouvernement r investisse en sant en ducation et pour les Richard Nadeau et Fr d rick Bastien op cit p 172 173 26 familles c est ce que nous ferons d abord et avant tout L lecteur ind cis sans all geance politique particuli re qui coute ce type de d claration ne peut qu tre d accord avec ce qui lui est propos Cet lecteur ind cis devient toutefois perplexe dans le contexte o Jean Charest fait le m me effort de mim tisme de ses valeurs de ses choix prioritaires On vous propose des vraies mesures des vraies solutions et dans nos priorit s rappelez vous on priorise la sant l ducation de telle sorte qu on puisse venir en aide tous les citoyens surtout les familles La diff rence entre le PQ et le PLQ devient d s lors une question de nuances les arguments les choix sont moins tranch s Un lecteur du Devoir exprimera son ras le bol vis vis de ce mim tisme qui obscurcit le d bat Bon sang Que l un des trois moulins vent s assume et avoue franchement ses intentions La premi re priorit du gouvernement sera la sant l ducation la famille l environnement Soit alors aidez moi est ce l ordre des priorit s ou est ce qu on se moque de nous en n accordant pas r ellement de priorit ces postes budg taires Une deuxi me forme de mim tisme compl mentaire
84. s La t l vision cherche elle aussi en tant que m dia de masse joindre le plus grand nombre de t l spectateurs qui poss dent par ailleurs des profils socio conomiques culturels r gionaux g n rationnels sexuels particuliers cause des imp ratifs du march t l visuel elle cherche avant toute chose conserver son caract re s duisant Comment s articule alors le discours politique des d bats t l vis s l tude Y a t il rapprochement ou distanciation avec l lectorat cible lanalyse comparative du d batde 1962 et de celui de 2003 nous constatons d abord qu il y a simplification manifeste du discours des politiciens en pr sence Cette simplification du discours passe par le recentrage du discours sur les grandes lignes d un argumentaire politique Il y a ici une autolimitation syst matique de la th matique du discours autour d une proposition de vente unique dun axe de discours qui est constamment contrast avec celui de l adversaire En 1962 le recentrage du discours des Lesage et Johnson est impos par la nature m me de l lection une lection r f rendaire sur la nationalisation de l lectricit Sur bien des aspects toutefois leur discours s parpille s gare tout de m me dans de nombreuses th matiques exemplifiant l tat embryonnaire de la communication politique cette poque En 2003 on peut rep rer l axe des discours des protagonistes dans leurs discours d ouverture
85. s de la question des strat gies politiques de l id e de performance et du cynisme des journalistes Nous conclurons avec des pistes de solutions pour att nuer l incidence du cynisme politique structurel sur la soci t qu b coise 10 Chapitre Analyse du discours politique des d bats des chefs De nombreux points de convergence facilitent la comparaison des d bats de 1962 et 2003 D abord il s agit de d bats des chefs d cisifs qui ont entra n un revirement d opinion au profit des lib raux lib raux qui ont t reconduits ou propuls s au pouvoir Sinon le d bat de 1962 est le premier d bat t l vis de toute l histoire canadienne tandis que celui de 2003 appartient l une des lections contemporaines les plus marquantes notamment cause de ses nombreux revirements utilisation politique d une d claration de Jacques Parizeau pr sence d un troisieme acteur l Action d mocratique du Qu bec de plus en plus populaire encore que la deuxi me guerre en Irak lui fasse un peu d ombrage Certains l ments distinguent irr m diablement le d bat de 1962 de celui de 2003 D abord ces d bats s inscrivent dans des contextes m diatiques diff rents Le d bat de 1962 coincide avec l av nement de la t l vision comme v ritable m dia de masse qui s ins re dans les habitudes quotidiennes des Qu b cois 94 des m nages de 1960 pouvaient acc der th oriquement aux ondes de la t l vision canadienne
86. s enjeux de la campagne les arguments voqu s par les politiciens qu les commenter qu les recadrer de mani re journalistique lls sont moins des m diateurs opini tres que des rapporteurs de campagne Le tout concorde avec les observations des chercheurs en communication politique qui affirment que d s la fin des ann es 1960 les journalistes cess rent de limiter leur r le la transmission des messages partisans pour adopter un ton plus critique Comment peut on expliquer ce passage d un journalisme d information un journalisme d opinion La professionnalisation des journalistes d s la fin des ann es 1960 a suscit des changements profonds dans les normes et les pratiques journalistiques La nouvelle formation des journalistes au sein des universit s qu b coises UQ M Universit Laval entre autres et leur adh sion des organisations professionnelles Conseil de presse 1973 F d ration professionnelle des journalistes du Qu bec 1969 ont permis le partage d un savoir professionnel commun formalis dans un code d ontologique journalistique Ce code a renforc la distance critique des journalistes vis vis du discours politique et leur ind pendance vis vis des partis politiques 83 Richard Nadeau et Fr d rick Bastien op cit p 170 35 Cette distance critique s exprime davantage en 2003 qu en 1962 Il faut savoir que la presse de 1962 tait encore partisane sur certains as
87. s les opinions tranch es sont rois I a d ailleurs t prouv dans une tude britannique que le lectorat des tabloids tait marginalement plus susceptible d avoir une attitude cynique vis vis des gouvernements Un immense foss s pare donc les attentes des citoyens et leurs habitudes r elles de 33 Richard Nadeau et Thierry Giasson op cit p 22 86 Ibid p 14 7 Catherine Bromley et John Curtice Are non voter cynics anyway Journal of Public Affairs vol 4 no 4 ao t 2004 p 330 41 consommation un foss qui contribue l irr solution du probl me du cynisme politique dans sa dimension m diatique C Entre d f rence et confrontation sceptique S ajoute en 2003 ce trop plein m diatique d opinions sur la performance des chefs un scepticisme journalistique exerc envers les politiciens qui est susceptible d alimenter ce cynisme politique En 1962 une poque o le journalisme commence se professionnaliser les journalistes rapportent avec d f rence et de mani re anecdotique les spins du personnel politique et les nombreuses supputations strat giques Pensons ici un article du journaliste Mario Cardinal qui semble fascin par ce qu il a vu dans les assembl es politiques Le d bat t l vis est l ordre du jour On en parle constamment Durant les assembl es Pendant les plus merveilleuses envol es oratoires des leaders Au lunch On cherche l astuce v
88. s faits sans aucun interm diaire journalistique cette poque une tr s forte proportion des citoyens s identifiaient l un des partis en comp tition sic et prouvaient un degr lev de confiance l gard des institutions politiques partir de la fin des ann es 1960 le journalisme devient un journalisme de surveillance Les journalistes s affairent alors scruter le comportement des politiciens en menant des enqu tes ind pendantes On constate ensuite partir de Jocelyn Saint Pierre Histoire de la Tribune de la presse Qu bec 1871 1959 Montr al VLBC 2007 p 113 120 5 Ibid p 150 Richard Nadeau et Fr d rick Bastien La communication lectorale dans Anne Marie Gingras dir La communication politique tat des savoirs enjeux et perspectives Montr al Presses de l Universit du Qu bec p 169 1975 l apparition progressive du journalisme de confrontation Les m dias minent la l gitimit des lus en noircissant leurs actions ils poss dent maintenant une influence certaine sur leurs prises de d cision La dynamique politique s en trouve compl tement boulevers e D s lors les m dias dont les journalistes au premier chef s interposent dans la relation entre les lecteurs et les lus La relation lus lecteurs m dias devient triangulaire plut t que bilat rale lus partis politiques lecteurs En parall le avec l mergence des m dias d
89. s proc d s commissifs se raffinent avec le temps Ils d cuplent leurs forces se multiplient surtout dans le contexte de 2003 o les engagements sont beaucoup plus nombreux Bien que l importance relative des engagements lectoraux augmente il n en demeure pas moins que les autres composantes du discours politique pr sentation des valeurs propositions d objectifs conservent une place pr pond rante Mario Dumont propose ainsi une s rie d engagements dont les objectifs sont clairs mais qui poss dent des modalit s d application manquant de nettet I faut changer notre mod le de gouvernement Radicalement L ADQ propose de faire voluer notre mod le de gouvernement ob se paternaliste mur mur contr lant vers un mod le de gouvernement responsable qui fait confiance au jugement des personnes pour faire des choix Ma vision des finances publiques c est aussi une vision long terme Avec la retraite massive des baby boomers il va y avoir plus de besoins en sant en services sociaux et moins de gens pour payer Faut voir ca maintenant Commencer rembourser notre dette r duire ann e apr s ann e les int r ts sur notre dette Cesser de pelleter le probl me sur ma g n ration et celle de mes enfants La famille dans notre esprit c est large a doit tre encourag dans tous ces modes de vie et ce n est plus l Etat d imposer aux familles ses fa ons de vivre Mon engagement garder le cap sur
90. sitive durant les ann es 1960 est devenue de plus en plus n gative par la suite Les journalistes de 2003 contestent en fait la l gitimit des politiciens de diverses mani res en faisant l talage de leur opportunisme politique pr sum en tant critique de leurs strat gies lectoralistes en focalisant leur couverture m diatique sur les gaffes de campagne sur les bourdes des politiciens plut t que sur 102 G rard Pelletier Topos du jour Un d bat sous serment La Presse 8 novembre 1962 p 4 103 Marc Levejac Le go t du refus La Presse 2 avril 2003 p A17 1 Michel David Petit jeu questionnaire oc cit 15 Richard Nadeau et Thierry Giasson op cit p 6 46 les enjeux en mettant l avant plan des opinions internes et externes sur les politiciens au d triment de l exposition factuelle du discours politique La cause probable de ce ph nom ne est le fait que les journalistes de 2003 dont la conscience professionnelle est hypertrophi e s en remettent davantage leur r le de chien de garde de la d mocratie Comme l exprime le journaliste Andr Pratte toutefois l o le scepticisme oblig des journalistes est salutaire pour la d mocratie le cynisme obligatoire la critique exacerb e ne l est pas 9 Les journalistes confondent ici la vigilance co teuse en temps et en effort et l agressivit qui est l arme de celui qui n a pas le temps et les moyens de fair
91. tics New York Free Press 1993 Eug nie Saitta Les journalistes politiques et leurs sources D une rh torique de D autres tudes partent du postulat que le discours politique est l origine de ce mal d mocratique Plus localement des tudes analysent la nature du discours politique et de la couverture m diatique des campagnes lectorales canadiennes et qu b coises et plus rarement les causes de l mergence du cynisme politique et l expertise critique une rh torique du cynisme Mots les langages du politique 87 2008 p 113 128 Michael Schudson Pourquoi les d mocraties ont elles besoin d un journalisme d testable R seaux num ro Pratiques journalistiques 2009 p 157 158 Andrew Sparrow Obscure Scribblers a History of Parliamentary Journalism Londres Politico 2003 238 p David Taras The Newsmakers The Media s Influence on Canadian Politics Scarborough Nelson Canada 1990 dem Power and Betrayal in the Canadian Media Peterborough Broadview Press 1999 Arjen Van Dalen et al Suspicious Minds Explaining Political Cynicism among Political Journalists in Europe European Journal of Communication vol 26 no 2 p 147 162 C De Vreese The Effects of Strategic News on Political Cynicism Issue Evaluations and Policy Support A Two Wave Experiment Mass Communication and Society 2004 J Ward et C H De Vreese Political Consumerism Young Citizens and the Intern
92. tres de longue dur e On souffre on s inqui te Il y a par ailleurs cette volont des politiciens de se rapprocher du peuple de sa r alit dans le vocabulaire employ et dans les situations mises de l avant En 1962 cela passe par l usage d expressions populaires par l unioniste Daniel Johnson qui cherche courtiser les ouvriers les b cherons et les cultivateurs ou par les rares expressions religieuses de Lesage qui frappent l imaginaire catholique de l poque Lesage image religieuse Nous ne pouvons pas avoir confiance Nous ne pouvons pas avoir confiance le purgatoire n a pas endur n a pas dur assez longtemps C est le feu de l enfer qu il faut pour purifier l Union nationale 9 Jbid p 159 II faut savoir que le nous tant en 1962 qu en 2003 est majoritairement employ pour d signer l action du parti politique d appartenance du politicien En 2003 Jean Charest tait le politicien qui se pr sentait le plus dans une relation de solidarit avec son parti dans une proportion de 38 6 96 107 occurrences sur 277 Il est pr ciser galement que Dumont attribue son parti politique le cr dit de ses propositions travers un Nous parti politique bid p 138 et 164 19 Johnson Je consid re que cette question de la nationalisation le Parti lib ral s en sert comme nos mamans lorsque nous tions jeunes se servaient du jus d orange pour nous faire avaler de l huile de
93. u programme de gratuit scolaire Lesage ll faut continuer pour que nous le mettions totalement en oeuvre la promesse floue d un r f rendum sur la nationalisation Johnson avant le 30 juin la population aura en toute libert en toute connaissance de cause l occasion de se faire entendre ou encore l am lioration du sort des b cherons et des cultivateurs Je serai plus fier de Qu bec lorsque le revenu de nos cultivateurs aura augment lorsque nos colons seront en meilleure posture lorsque nos b cherons auront un meilleur salaire Un autre engagement celui de Johnson sur l assurance hospitalisation a pour seul m rite d exprimer une intention sans en tayer les modalit s nous allons voir ce que lassurance hospitalisation puisse servir non seulement l hospitalisation mais aux frais m dicaux et en faveur de ceux dont les moyens sont d j tablis par des enqu tes et qui re oivent d j des allocations Au net la pr sentation implicite des actions promises a l avantage de permettre au politicien de rejeter ult rieurement l obligation d effectuer les actions faisant l objet de l engagement indirect Denis Moni re Le combat des chefs analyse des d bats t l vis s au Canada op cit p 15 Les chefs de partis de 1962 et de 2003 peuvent compter sur une quipe chevronn e de strat ges politiques et de conseillers en communication En 1962 Dan
94. u Devoir Bernard Desc teaux indique que Charest a t vainqueur par K O technique Dans La Presse Andr Pratte parle d une performance sans faille pour le chef du Parti lib ral d un Mario Dumont qui ne faisait pas le poids et d un Bernard Landry dont la personnalit est apparue sous un jour plus cr que celle qu ont fabriqu e ses faiseurs d image sa suite les chroniqueurs Lysiane Gagnon et Vincent Marissal font des commentaires dans la m me veine Bernard Desc teaux conc dera que la forme t l visuelle prime sur le fond politique mais souhaitera tout de m me un recentrage de la campagne sur la question des finances publiques Dans les journaux de 1962 Jacques Keable Richard Daignault Raymond Gu rin et Andr Laurendeau au premier chef d non aient le m dia populaire de la t l vision pour sa vacuit pour son aspect artificiel Pour eux le m dia t l visuel concourrait sacrifier l intelligence pour l intelligibilit Cette d nonciation maints gards litistes limitait indubitablement la possibilit m me pour les journalistes d analyser la performance t l visuelle des chefs de partis En 2003 les contraintes les balises du m dia t l visuel sont pleinement accept es telle enseigne que sont 75 Bernard Desc teaux Lendemain de d bat Le Devoir 2 avril 2003 p A6 76 Andr Pratte Enfin la campagne La Presse 1 avril 2003 p A14
95. u il compte mettre en place pour aider les familles instauration d un programme d aide aux devoirs et cr ation de 3 000 places en garderie entre autres Sur d autres aspects son discours est plus flou sur l limination du gaspillage dans la fonction publique sur la red finition du r le de l tat notamment et sur la conclusion d un v ritable partenariat avec les r gions du Qu bec notamment La volont de l quipe de pr paration du d bat de rendre accessible le discours de Bernard Landry a clairement t tablie dans le documentaire hauteur d homme Jean Claude Labrecque A hauteur d homme 2003 24 Une certaine d sorientation s ins re donc durablement dans le discours politique D autres proc d s rh toriques plus directifs centrent l attention de l lectorat sur un autre objet que celui des engagements lectoraux De mani re plus cordiale que contraignante ces proc d s directifs sont employ s pour amener l lecteur consolider ou se d tourner de ses convictions profondes En 1962 Johnson dit ainsi rempli de certitude que la population va lui faire confiance Jean Lesage quant lui incite l lectorat effectuer la nationalisation de l lectricit en stipulant implicitement qu il n a d autre choix que d adh rer au bien fond de cette action Il use ici de toute son autorit de premier ministre sortant la clef de la lib ration conomique eh bien c est
96. ucteurs externes d opinion pr c dents les 22 commentaires du lectorat publi chaud en deux temps les 1 et 2 avril 2003 sur le d bat et les 16 autres consacr s l affaire Parizeau Ce type de commentaires ne pouvait tre diffus dans les quotidiens de 1962 vu l absence des moyens techniques d aujourd hui Bien que cet effort de donner une grande place l opinion du lectorat lectorat soit louable il faut bien comprendre que le cadrage des commentaires demeure journalistique ce sont les journalistes qui s lectionnent les commentaires publier et qui parfois imposent un sujet de discussion Qui a gagn le d bat peut on lire dans la section des commentaires des lecteurs de La Presse 82 Nathalie Collard Les politiciens et leur image se fier aux apparences La Presse 29 mars 2003 p A32 83 Pascale Breton Charest d sign comme le chef le plus convaincant La Presse p B2 Marie Claude Girard Qui sont les ind cis La Presse 3 avril 2003 p B6 84 Joseph Facal Un d bat de qualit qui grandit notre d mocratie La Presse 1 avril 2003 p A15 John Parisella Mission accomplie La Presse 1 avril 2003 p A15 Guy Laforest Le courage d une vision long terme La Presse 1 avril 2003 p A15 40 C est dire qu une retranscription minutieuse des d bats 1962 qu une contestation de la vacuit du m dia t l visuel succ de un trop plein d opinio
97. ue dans ce contexte est d encourager l implication des citoyens dans des mouvements sociaux dans des partis politiques en vue de valoriser leur capacit d agir par un proc d d autonomisation empowernment C est dans ce cadre que le citoyen pourra penser sa soci t la r inventer la r ver Ce n est qu en agissant collectivement qu en se parlant que les conseillers politiques les politiciens les journalistes et les citoyens seront en mesure de sortir de ce cercle vicieux cynique qui mine nos institutions d mocratiques 1d Agnieszka Dobrzynska loc cit 2 II faut bien comprendre que les outils pour combattre le cynisme ne sont pas les m mes que ceux utilis s pour combattre l indiff rence des citoyens vis vis de la sph re politique 8 Francois G lineau et Alexandre Morin Chass op cit 114 Robert E Agger Mashall N Goldstein et Stanley A Pearl oc cit p 496 51 Bibliographie Sources D bats LABRECQUE Jean Claude hauteur d homme 2003 vid o LE DEVOIR Retranscription du d bat de 1962 http www rond point qc ca histoire 1962 Lesage Johnson html Consult le 20 janvier 2012 RADIO CANADA Extrait du d bat de 1962 http archives radio canada ca politique elections clips 3374 Consult le 2 f vrier 2012 YOUTUBE Int gral du d bat des chefs de 2003 http video google com videoplay docid 7535749673301025263 Consult le 25 janvier 2012 Couverture
98. un citoyen n est l esclave d finitif de ce cynisme politique structurel Diff rentes pistes de solution peuvent tre envisag es pour d passer cette posture collective d sobligeante qui menace la d mocratie m me et la coh sion sociale de notre soci t D abord les conseillers en communication politique et les politiciens doivent faire preuve d autocritique lls devraient se soucier des effets de la communication politique sur le cynisme de leurs concitoyens Le cynisme politique doit tre appr hend non plus comme effet collat ral du discours politique comme l ment marginal d une strat gie visant gagner des votes mais doit plut t se situer au coeur de toute strat gie de communication politique Ce changement de paradigme est d autant primordial que plus les citoyens sont cyniques moins le discours politique peut avoir de prise sur les attentes des citoyens et plus notre systeme d mocratique est en danger I faut aussi que les journalistes s interrogent sur la nature du cynisme qu ils professent l int rieur m me de leurs propres m dias qui se traduit par un journalisme de confrontation et un irrespect pour la classe politique Les politologues Richard Nadeau et Thierry Giasson le confirment Une partie des probl mes actuels vient de la r sistance des journalistes eux m mes questionner certaines de leurs pratiques 9 Il est vrai que la marge de man uvre des journalistes est mince que les objectifs de rent
99. us l oeil des journalistes la couverture des lections au Canada Toronto Oxford Dundurn Press Montr al Wilson amp Lafleur 1991 p 91 166 CLIFFE Lionel The Politics of Lying Implication for Democracy New York St Martins Press 2000 236 p COMEAU Robert dir Jean Lesage et l veil d une nation les d buts de la R volution tranquille Sillery Presses de l Universit du Qu bec 1989 367 p DANCEY Logan The Consequences of Political Cynicism How Cynicism Shapes Citizens Reactions to Political Scandals Political Behavior 2011 p 1 13 DE BONVILLE Jean et Jacques VERMETTE T l vision et unit nationale la couverture de l actualit canadienne Radio Canada 1977 et 1987 Hevue canadienne de science politique vol 27 no 4 d cembre 1994 p 699 716 DE BONVILLE Jean La presse qu b coise de 1884 1914 gen se d un mass media Th se de doctorat Universit Laval 1985 652 p Les quotidiens montr alais de 1945 1985 morphologie et contenu Qu bec Institut qu b cois de recherche sur la culture 1995 223 p DE VREESE C H The Effects of Strategic News on Political Cynicism Issue Evaluations and Policy Support A Two Wave Experiment Mass Communication and Society 2004 p 191 214 The Effects of Journalistic News Frames Dans P D Angelo et J Kuypers dir Doing Framing Analysis Londres Routledge 2010 56 DE VREESE C H et M ELENBAA
100. verture m diatique des jours pr c dant et suivant le d bat des chefs du 7 au 14 novembre 1962 d bat des chefs 11 novembre 1962 et du 27 mars au 4 avril 2003 d bat des chefs 31 mars 2003 Le corpus m diatique est constitu de la fa on suivante 28 articles du Devoir 1962 45 articles de La Presse 1962 20 articles du Devoir de 2003 et 79 articles de La Presse de la m me ann e On parle donc d un total de 73 articles pour l ann e 1962 et de 99 pour l ann e 2003 une hausse d articles largement imputable la pr sence accentu e d articles publi s dans le courrier des lecteurs du journal La Presse Dans le premier chapitre il sera question de l articulation du discours politique dans les d bats des chefs de 1962 et de 2003 des l ments qui les distinguent et des points de convergence des effets rh toriques et des strat gies politiques employ es qui sont susceptibles de susciter du cynisme politique chez les lecteurs http web archive org web 200403070826498 http www cna acj ca client cna ult nsf ccrecords OpenView amp Start 1 amp count 500 21 Cyrille Felteau Histoire de la Presse tome II le plus grand quotidien fran ais d Am rique 1916 1984 Montr al Editions La Presse 1983 1984 p 188 201 Dans le deuxi me chapitre nous ferons l analyse de la m diatisation du d bat des chefs Nous traiterons de la pr sence dans le discours m diatique des opinions des faits du discours des politique
101. x ajoutent ici une couche d opinion et d analyse la montagne d informations g n r es par les m dias lectroniques Dans ces m mes m dias lectroniques radio t l vision les journalistes de l crit sont aussi invit s commenter l actualit compl mentairement au travail des chroniqueurs de la t l vision Jocelyn Saint Pierre Histoire de la tribune de la presse Qu bec op cit p 142 36 B Performance et contenu politique Ce passage d une couverture m diatique d information 1962 une autre plus ax e sur l opinion 2003 se traduit singuli rement par une mise en valeur accrue en 2003 de la performance des chefs au d triment de l exposition des faits des enjeux politiques et du discours politique La couverture m diatique de 1962 privil gie en effet la pr sentation du contenu brut du d bat plut t que l interpr tation journalistique de ces donn es Le d bat des chefs est ainsi retranscrit pour permettre l lectorat de juger t te repos e de son contenu Dans Le Devoir ce proc d prend la forme de six articles qui paraphrasent les th matiques principales du d bat Dans La Presse le discours politique prend toute la place textuelle qui lui revient On propose aux lecteurs la retranscription de l enti ret du d bat publi e en deux temps sur quatre pleines pages sans m diation journalistique aucune Cela quivaut 17 articles producteurs de faits sur le d bat Il
102. yens sur le mode de la proximit Chez nous quand j ai t quand j ai grandi on avait une petite ferme laiti re rien pour tre riche mais on manquait de rien On faisait attention On gaspillait pas Les mat riaux luxueux qu on avait pas les moyens d avoir dans la maison on les achetait pas On s occupait des choses primordiales la maison habiller les enfants l ducation Y avait des choses essentielles dans la famille et c est ca qu on prot geait Pourquoi la Caisse de d p t pendant qu on perd de l argent des gens on se paye les mat riaux de luxe dans une tour bureaux qui co te trois fois le prix qui tait pr vu Notre vision l ADQ c est moins d organismes au gouvernement moins d tages dans les minist res entre ceux qui d cident et ceux qui donnent les services Dumont incarne ici le citoyen ordinaire dont la famille n est ni trop riche ni pauvre bref faisant partie de la classe moyenne une cat gorie sociale qu il courtise activement Il pr sente comme sinc re cette thique du bon sens gt populaire dixit En pr paration au d bat des chefs les strat ges qui entourent Bernard Landry encouragent le premier ministre sortant mentionner des l ments de sa vie priv e Jean Claude Labrecque A hauteur d homme 2003 20 Olivier Turbide qu il oppose constamment dans son discours une bureaucratie inhumaine ceux qui donnent les services tours bureaux et

Politiciens, médias et cynisme politique des citoyens Analyse

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