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triomphe de la culture Coluche - Bernard

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1. m emp che pas d tre un amateur de cette culture et un grand consommateur de pu blicit De m me une culture qui passerait tout enti re par l ordinateur serait insupportable d ennui Mais il ne faut pas non plus sombrer dans l angoisse de Metropolis l opposition de L hoinine ei de la machine cest un vieux th me de la culture franchouillarde Mallarm toute sa vie a r v d un roman qui engloberait toute la m moire du monde Il a pass qua rante ans de sa vie ne penser qu cela et il n en a pas crit une seule ligne C tait videm ment impossible pour une intel ligence humaine Aujourd hui une intelligence humaine re lay e par un peuple de machi nes pourrait sans doute faire aboutir un tel projet A condi tion que l on ne se laisse pas fasciner par les yeux de la chim re la r volution informa tique est une formidable chance our la litt rature Dans la transformation des intellectuels en savonnettes la t l vision ne joue t elle pas un r le d terminant Cela veut dire quoi en savon nettes Que l on est la merci des m dias Leur prisonnier C est un destin que l on me pr dit depuis tr s exactement dix ans Jusqu au pr sident de la R publique qui avait dit en 1977 que je serai us par les m dias Je suis toujours l comme les autres intellectuels m diatis s Sollers Glucks mann Il est aussi vrai que si les intellectuels devaient pa
2. d chose mon plaisir de vivre ni ma vision du monde
3. ez pas le genre humain L amour du genre humain c est l id e qu on peut am liorer l homme qu il peut tre gu ri de son imm moriale mal dic tion On est l au c ur de l id o logie totalitaire Cela donne les projets th rapeuthiques grande chelle que l on conna t Je r p te cela depuis dix ans et je n en d mords pas le genre humain n est pas une idole Pour moi ce qui existe ce sont les hommes concrets Et la seule mani re d viter la frivolit de l engagement c est de fonction ner sur une g n rosit concr te Il faut des noms des visages sinon on tombe dans l abstrac tion un jour pour les Afghans le lendemain pour les Cambod giens puis pour les Polonais Et cr vent alors les Afghans et les Cambodgiens Pour aider les Afghans il vaut mieux aimer la culture afghane que le genre hu main en g n ral Je d teste cette grande fraternit molle et abs traite qui renvoie tout le monde dos dos Comme Baudelaire je revendique le droit de choisir mes fr res En faisant un livre sur le mode d emploi des intellectuels est ce que vous ne tombez pas dans le pi ge de la pens e spec tacle Il est vrai que les intellectuels ont un grand plaisir se diss quer eux m mes et se pencher sur leurs tats d me Je n chappe pas moi non plus un certain narcissisme Pour ce qui est de la pens e spectacle je vous r pondrai que j ado
4. re le spectacle et que j adore la pen s e Vive donc la pens e spec tacle Si elle doit avoir les m mes effets que la politique spectacle tant mieux C est ce qui permet aux citoyens d avoir un plus grand acc s la v rit Le fait d avoir un ministre qui se tortille sous les projecteurs et r pond au feu des questions avec une cam ra qui traque le moindre de ses tressaillements c est un progr s immense pour la d mocratie C est une des grandes conneries contemporai nes que d tre contre l Etat spectacle la politique spectacle et la pens e spectacle Vous avez vous m me un cer tain sens du spectacle Vous nous montrez Mallarm qui vous appara t en r ve au milieu d ordinateurs Pourtant vous tes s v re avec la mo dernit culturelle comme on la pratique depuis quelques ann es B d mode rock pub etc Je m ai rien contre la mode le rock et la pub Je dis simple ment qu il faut les laisser leur place et que le drame commence lorsqu on confond les genres Un clip de pub aussi talentueux soit il ne doit pas tre mis au m me niveau qu une s quence de Visconti Sinon on est non seulement dans le ma laise mais dans la cr tinisation De m me une page de bande dessin e ce n est pas du Faulk ner I faut que nous retrouvions le sens d une certaine hi rar chie EN 1977 MITTERRAND PREVOYAIT DEJA QUE JE SERAIS USE PAR LES MEDIAS Cela ne
5. sser tout leur temps courir d une mission de t l l autre ce interview par JEAN DOMINIQUE BAUBY L autre B H L star t l et D A jur d un concours de beaut serait la mort de la pens e Un crivain aujourd hut doit tre schizophr nique avoir une dou ble personnalit celle qui appa ra t sur le petit cran et celle qui dispara t pour travailler C est videmment a qu il doit consacrer l essentiel de son temps En ce qui me concerne j ai pass une ann e de ma vie sur deux m isoler compl te ment du tintamarre m diati que pas d interviews pas de d clarations Mallarm disait d j qu il avait deux activit s envoyer des cartes postales au genre humain et s enfermer dans son bathyscaphe pour se livrer cette activit inavouable qui s appelle la litt rature Mais vous m me avez tou jours t un grand chouchou des m dias Est ce qu ils ne vous ont pas d vor Je fais partie d une g n ration qui a toujours eu avec les m dias un rapport d vidence Je les aime c est vrai mais je suis contre leur sacralisation Cer tains crivains en ont fait leur drogue Impossible de leur enle ver la seringue Je ne crois pas que cela soit mon cas Je profite des m dias mais je n en suis pas l esclave et si un jour mes positions n int ressaient plus personne je crois pouvoir vous dire que cela ne changerait pas gran
6. triomphe de la culture Coluche Tapie Renaud ce serait le triomphe de l ennui Les intel lectuels sont beaucoup plus amusants car ils ont au moins larme du baroque En plus chez Coluche il y avait comme des lapsus qui rappelaient les pires choses Dans notre syst me culturel il y a un certain nom bre de places qui sont toujours les m mes Le nombre des dis cours est limit Celui qui croit tenir un discours nouveau origi nal d capant occupe toujours sans le savoir une place d j marqu e Si on gratte Renaud on retrouve les relents d biles de l anarcho syndicalisme du d but du si cle Coluche et Tapie a ne va tout de m me pas dans la m me direction Non mais il y a entre eux au moins deux grands points communs Le premier c est le culte du simple contre l esprit de la complexit qui est tout de m me la raison d tre des intel lectuels Le second c est le ter rorisme des bons sentiments Le m rite des intellectuels ccst d tre des mal pensants contre la majorit Une culture qui bai gnerait dans la religion des bons sentiments serait une culture morte Je trouve par ailleurs Tapie et l abb Pierre tr s sym pathiques mais une soci t ne peut pas faire d eux des ma tres vivre et penser sous peine de mort Vous allez encore plus loin Ey n E quand vous regrettez la dispari tion de la notion d lite Et vous dites m me que vous n aim

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