autonomie constitutionnelle - Université Paris 1 Panthéon
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1. la norme internationale est inexistante et qu elle ne figure jamais dans la ratio decidendi du juge constitutionnel Cette absence d lib r e de renvoi et la r f rence exclusive au seul r f rent constitutionnel n emp chent pas cependant le juge de s inspirer et de la Convention et de la jurisprudence de Strasbourg Tout le monde ici aura reconnu la figure du Conseil constitutionnel fran ais qui reprend sa mani re la Convention dans un contexte juridique tr s particulier cependant puisqu il met en uvre l ordre juridictionnel mais uniquement au moyen d un contr le pr alable et abstrait et alors qu il persiste confirmer sa jurisprudence IVG du 15 janvier 1975 qui l emp che de s riger en juge de la conventionnalit des lois et qui l interdit d int grer dans le bloc des normes de r f rences les trait s internationaux Partant tout est fait comme si la Convention n existait pas ou plut t tout est fait pour s arc bouter sur 1789 et non pas sur 1950 puisque le texte de 1950 n est pas int gr dans le bloc de constitutionnalit cela arrange sans doute le Conseil qui rappelle que le texte de 1950 ne fait que reprendre celui de 1789 autrement dit que les principes de 1789 ont t purement et simplement clon s en 1950 1 selon l heureuse expression de Guy Carcassonne Cependant bien que clon s au d part les principes se sont trouv s g n tiquement modifi s 22. refl ter de mani re approximativement fid le les opinions du peuple canaliser les courants de pens e pour favoriser la formation d une volont politique d une coh rence et d une clart suffisantes Si c est le principe de l galit de traitement de tous les citoyens qu il faut assurer il ne s ensuit pourtant pas que tous les bulletins doivent avoir un poids gal quant au r sultat ni tout candidat des chances gales de l emporter Cette jurisprudence bien tablie dans la c l bre affaire Mathieu Mohin et Clerfayt du 2 mars 1987 est r guli rement confirm e A l poque o elle existait encore la Commission a cart comme manifestement mal fond es les requ tes mettant en cause les r gles de seuil impos es en mati re de r partition des si ges parlementaires par les l gislations lectorales italienne et grecque Au nom de la marge d appr ciation reconnue aux Etats le seuil de 4 des suffrages obtenus l chelle nationale qui conditionne en Italie la ventilation de 25 des si ges de la Chambre des d put s pourvus la repr sentation proportionnelle est avalis e De m me est admise la compatibilit la Convention du syst me lectoral grec qui contraint un candidat ind pendant non seulement d obtenir 3 des suffrages valablement exprim s au plan national mais galement de figurer sur une liste ind pendante pr sent e tant dans une circonscription qu au niveau national L
3. 17 janvier 1989 CSA les droits de la d fense article 6 1 et 13 CEDH CC 21janvier 1994 droit au recours juridictionnel mais aussi le respect de la vie priv e la libert contractuelle ou encore la s curit juridique b Des principes g n tiquement modifi s Les g nes sont modifi s tout d abord par les traditions Les m mes termes n ont pas la m me signification Paris qu Strasbourg La polys mie est au c ur des divergences interpr tatives notamment autour de la notion d int r t g n ral Pour la Cour europ enne seule une raison imp rieuse peut tre une cause justificative d atteinte aux droits et libert s dont l article 6 1 assure l effectivit proc durale il est en effet question d imp rieux motifs d ordre g n ral qui seuls peuvent justifier une d rogation l article 6 1 en mati re de validation l gislative Pour le juge du Pavillon Montpensier l invocation de l int r t g n ral simple en quelque sorte est une cause justificative d atteinte la s paration des pouvoirs par une validation l gislative C est cette dichotomie conceptuelle fond e sur l importance des adjectifs qui a entra n la censure du juge constitutionnel dans l affaire Zielinski c France du 28 octobre 1999 Ce face face entre Paris et Strasbourg a perfidement rappel que si la proc dure constitutionnelle fran aise de contr le abstrait de constitutionnalit des
4. a pas h sit toucher une valeur constitutionnelle essentielle d un Etat contractant garanti et mis en uvre par la Cour supr me le droit la vie de l enfant na tre consacr l poque des faits par l article 40 3 de la Constitution irlandaise du 1 juillet 1937 pour faire primer une libert qu elle consid re comme essentielle dans une soci t d mocratique le droit l information Cet arr t a t il une influence certaine ou diffuse sur le r f rendum qui s est d roul quelques semaines plus tard Il serait pour le moins hasardeux de tirer des cons quences h tives et d finitives quoi qu il en soit il est piquant de constater que le 25 novembre 1992 le corps lectoral irlandais acceptait par modification de la Constitution d autoriser l information en faveur de l interruption volontaire de grossesse Apr s l encadrement des prescriptions constitutionnelles la Cour n a pas h sit tendre son contr le sur les stigmates des d mocraties parlementaires Toutefois si contr le il y a il est minimal L influence europ enne sur les r gimes constitutionnels prend les allures d une treinte l g re au lieu et place d une mise sous influence implacable B L encadrement minimal des r gimes constitutionnels L autonomie constitutionnelle des Etats se manifeste au premier chef dans le choix d un r gime politique pr cis En Europe les r gimes constit
5. affaire Klein c Allemagne 27 juillet 2000 o elle reconnaissait l unanimit la violation de l article 6 1 pour d lai non raisonnable de la proc dure constitutionnelle b Le contr le de l exercice des comp tences constitutionnelles Du contr le de la mise en oeuvre des proc dures pr judicielles constitutionnelles jusqu celui de la mise en uvre des recours de protection des droits la Cour de Strasbourg laisse peu de place l autonomie de la justice constitutionnelle L utilisation par les juges du fond de la question pr judicielle est une question importante que la Cour de Strasbourg a d j eu l occasion de conna tre sous l angle communautaire L affaire Co me Mazy Stalport Hermanus Javeau c Belgique du 22 juin 2000 est particuli rement importante puisque le maniement de la question pr judicielle en mati re constitutionnelle est ici en cause devant la Cour En l occurrence deux des cinq requ rants reconnus coupables et condamn s pour d lits d escroquerie et de corruption contestaient le refus de la Cour de Cassation belge de soumettre la Cour d arbitrage deux questions pr judicielles L arr t de la Cour europ enne est l pilogue d une affaire qui en plus de d frayer la chronique judiciaire du fait de la pr sence d un ancien ministre parmi les pr venus avait en outre provoqu moult d bats doctrinaux en Belgique au regard du raisonnement suivi en son temps
6. avaient pas encore loin s en faut d cid d octroyer au Parlement strasbourgeois le qualificatif de l gislateur communautaire L arr t Matthews c Royaume Uni du 18 f vrier 1999 est cet gard tr s iconoclaste Il faut videmment le replacer dans le contexte de concurrence larv e entre les deux juridictions agissant l chelle europ enne La Cour de Strasbourg a voulu assur ment par cet arr t marquer l amplitude de son contr le Le droit communautaire n y chappant pas qu il soit primaire arr t Matthews ou d riv arr t Cantoni c France 15 novembre 1996 b Le contr le minimum des lections parlementaires Comment et qui Voil les deux questions qui vont retenir l attention l heure d tudier les modalit s de l lection des corps l gislatifs Dit autrement quels sont les modes de scrutin et les personnes habilit es se porter candidates aux lections parlementaires Les modes de scrutin L article 3 du Protocole n 1 n engendre aucune obligation d introduire un syst me lectoral d termin tel que la proportionnelle ou le vote majoritaire Eu gard la diversit dans l espace et la variabilit dans le temps des lois en pareille mati re une large marge d appr ciation est reconnue aux Etats contractants Selon la jurisprudence de Strasbourg les syst mes lectoraux cherchent r pondre des objectifs parfois peu compatibles entre eux
7. cessaire de concilier les int r ts diff rents des deux cat gories de porteurs de titres les modestes et les autres Et la Cour de conforter ce constat constitutionnel en lui d cernant un brevet de conventionnalit en constatant l impossibilit absolue du moins la tr s grande inopportunit de mettre en uvre une indemnisation strictement proportionnelle au montant des cr ances dues aux b n ficiaires de celle ci dont la requ rante L arr t du 15 juin 2000 rendue dans l affaire Pullicino c Malte est tout aussi r v lateur de ce syncr tisme interpr tatif Le juge europ en y dresse un bilan tr s positif de l attitude de la Cour constitutionnelle malte qui alors qu elle examinait le recours du requ rant inculp d homicide volontaire et qui se plaignait d une atteinte au principe d galit des armes au cours de son proc s a mani avec r ussite les techniques d interpr tation de la Cour europ enne en envisageant l quit de la proc dure dans son ensemble appr ciation in globo On pourra galement consulter l arr t du 21 mars 2000 JK c Slovaquie o la Cour europ enne rel ve que la Cour constitutionnelle slovaque a jug bon escient l aune de l article 6 de la Convention une disposition l gislative inconstitutionnelle b La face n gative du contr le les constats de non conformit conventionnelle Mises part ces traces de contr les qui s av rent positifs il est v
8. un proc s quitable n avait pas t enfreint par le fait que le requ rant n avait pas t entendu en personne et que sa demande de consulter un expert avait t rejet e Conformit la Constitution n quivaut d cid ment pas conformit la Convention le contr le europ en effa ant en dernier ressort les effets du contr le constitutionnel surtout au plus pr cieux peut tre d entre eux le contr le du respect des droits fondamentaux 2 La Cour europ enne juge des d cisions constitutionnelles L emprise du contr le europ en sur les d cisions constitutionnelles n est plus d montrer tant elle est pr gnante Or l emprise est duale tant t la Cour sanctionne les d cisions des Cours constitutionnelles pour leur in conventionnalit face n gative du contr le b tant t elle leur d livre un satisfecit en bonne et due forme face positive du contr le a Dans les deux cas le juge europ en a le dernier mot sur l appr ciation que font les Cours constitutionnelles des exigences conventionnelles a La face positive du contr le les brevets de conventionnalit du droit constitutionnel Diverse est la mani re dont la Cour peut valoriser soit le texte constitutionnel lui m me via l interpr tation d une norme l gislative le mettant en oeuvre soit plus g n ralement l interpr tation qu en a d gag e le juge constitutionnel lui m me Tout d abord la reconnaissa
9. a Des principes clon s Le Conseil constitutionnel trouve dans la jurisprudence europ enne des l ments pr cieux aux fins d interpr ter certains principes crits et non crits relatifs aux droits fondamentaux Mais si l influence europ enne en mati re d interpr tation est incontestable elle est diffuse La r f rence europ enne sera remplac e par une lecture moderne ou actuelle du bloc de constitutionnalit L alignement constitutionnel sur le standard europ en d interpr tation et partant de protection se fait toujours mots couverts le juge constitutionnel fran ais avan ant masqu derri re le rideau du bloc de constitutionnalit On observe ainsi un ph nom ne de constitutionnalisation autrement dit de nationalisation de l interpr tation d livr e par le juge europ en La doctrine comme le Conseil l occasion de la IX Conf rence des cours constitutionnelles a maintes fois mis en vidence l identit des valeurs que les deux juges d fendent tout comme la ressemblance de leur technique d interpr tation et de contr le Les rapprochements interpr tatifs symptomatiques d un fort syncr tisme juridique ont irrigu les domaines de la libert d expression CEDH Handyside d cembre 1976 CC DC 10 11 octobre 1984 Entreprises de presse CEDH 23 novembre 1993 Informations lentia c Autriche CC n29 juillet 1986 les garanties apport es en mati re r pressive CC
10. des partis politiques dissous d tre fondateurs et dirigeants d un nouveau parti Il s agit ici aussi d une restriction des droits politiques des int ress s qui ne saurait relever de l article 6 1 de la Convention ni au titre d une contestation portant sur un droit civil ni au titre d une accusation en mati re p nale Il est vrai que la dissolution du Refah Partisi a entra n d office en vertu de la loi nationale le transfert de son patrimoine au Tr sor public et qu ce titre une contestation aurait pu s lever propos d un droit patrimonial et donc civil au sens de l article 6 1 de la Convention Cependant le droit au respect des biens du parti ne faisait aucunement l objet du litige d battu devant la Cour constitutionnelle Les parties savoir le procureur g n ral et le Refah Partisi n ont contest ni dans le cadre de la proc dure constitutionnelle ni dans le cadre d une autre proc dure le transfert des biens du parti au Tr sor public cons quence directe de la dissolution du parti politique telle que pr vue par la loi On peut consid rer qu ici la Cour fournit aux partis politiques r guli rement dissous en Turquie le mode d emploi afin qu l avenir le contentieux de la poursuite des activit s politiques pour un parti puisse travers le truchement du contentieux patrimonial tomber sous l emprise de l article 6 1 Il est loisible de constater que la rationalisation de l ordr
11. des normes elle int gre aujourd hui gr ce la multiplicit des influences du droit civil de la doctrine allemande et de la jurisprudence strasbourgeoise la donne des droits fondamentaux Le juge constitutionnel a peu peu interpr t de mani re restrictive la r serve de loi en mati re de droits et libert s en soumettant notamment d sormais syst matiquement toute atteinte un contr le troit de proportionnalit et d int r t public La perc e s est manifest e en particulier dans l application plus exigeante du principe d galit Cette m tamorphose des techniques d interpr tation de la Cour constitutionnelle autrichienne a provoqu d bats politiques et controverses doctrinales au pays de Chopin Et la Cour d tre accus e au plan politique de partialit id ologique et de militantisme axiologique au plan juridique de trahison l orthodoxie kels nienne marqu e par la sacro sainte th orie normativiste Il est des Etats o le faible relief international du syst me juridique ne sera pas favorable une appr hension maximale de la Convention par le juge constitutionnel C est essentiellement le cas des Etats comme l Allemagne et l Italie Ces deux pays r unissent en effet l ensemble des facteurs d favorables l influence de la Convention Ils poss dent tous les deux une solide tradition dualiste de sorte que les trait s internationaux incorpor s en droit inte
12. du concept de notions autonomes le syst me europ en admet l existence de limites la juridictionnalisation des d mocraties 2 L La valorisation de la d mocratie repr sentative Si le constat d ensemble montre la pugnacit de la Cour ancrer l esprit et la lettre d mocratique au sein des quarante et un Etats parties au point d riger la notion de corps l gislatif en notion g om trie variable a il n en reste pas moins que la marge d appr ciation octroy e aux Etats est souvent importante comme l atteste le contr le minimum des lections parlementaires b a Le corps l gislatif une notion g om trie variable D un c t la Cour opte pour une vision stricte et logique de la notion de corps l gislatif en consid rant que cette disposition ne s applique qu aux structures qui poss dent le pouvoir l gislatif tant national que f d r prenant ici en consid ration juste titre la forme compos e de certains Etats Partant en sont exclus les conseils municipaux qui ne participent aucunement au pouvoir l gislatif et ne font donc pas partie du corps l gislatif D un autre c t la Cour est all e jusqu reconna tre selon une interpr tation plus que critiquable en tout cas certainement pr matur e la qualit de corps l gislatif au Parlement europ en se substituant en quelque sorte aux Etats leurs pouvoirs constituants qui n
13. du Conseil de l Europe Avec l arr t Belilos c Suisse du 29 avril 1988 la Cour s est rig e comme la premi re instance internationale d clarer ill gale une r serve un trait multilat ral Elle d clara en effet nulle la d claration interpr tative de la Suisse relative l article 6 1 qu elle a consid r comme une r serve car elle ne respectait pas les exigences formelles pos es par l article 57 2 ancien article 64 2 La cons quence fut que la Suisse fut contrainte de respecter l article 6 1 dans sa totalit Si c est une chose de contr ler les r serves cela en est une autre d atteindre le champ constitutionnel travers ce contr le car encore faut il que les r serves aient un objet constitutionnel La Cour vient de contr ler pour la d clarer non valide une r serve objet constitutionnel L arr t du 3 octobre 2000 E senstecken c Autriche est le dernier en date d une longue liste o l Autriche tait r guli rement attraite devant la Cour aux fins d examen de sa r serve l article 6 1 destin e prot ger les principes relatifs la publicit juridique nonc s l article 90 de la Constitution f d rale Cet arr t est assur ment important puisqu il entame indirectement mais tr s s rieusement l autonomie et partant la supr matie de la Constitution autrichienne La loi contest e porte sur la publicit des d bats dans le cadre de proc dures relat
14. la lumi re de la Convention Il est frappant de constater quel point le syst me allemand rejoint ici des syst mes qui avaient int gr une clause d interpr tation Il reste que cette influence reste indirecte dans la mesure o comme en Espagne le Tribunal constitutionnel a refus qu un recours constitutionnel soit fond sur une violation directe de la Convention et que celle ci contrairement l Espagne soit ainsi assimil e aux droits fondamentaux allemands Elle n envisage cette ventualit qu en cas d inapplication manifeste de la Convention En Jtalie la situation initiale l gard de la Convention n tait gu re propice sa diffusion En plus de compter avec les principes inh rents au dualisme l Italie contrairement l Allemagne ne conna t pas de recours de protection des droits fondamentaux ce qui a pendant longtemps t un frein important la prise en compte conventionnelle Toutefois l encore l influence europ enne a gagn du terrain La Cour constitutionnelle dans un arr t remarqu de 1993 CCI n 12 1993 a consid r l article 2 de la Constitution italienne de 1947 comme une norme ouverte permettant de constitutionnaliser des droits non crits et de consid rer que les dispositions de la Convention pouvaient constituer de tels droits 3 L application furtive de la Convention Il y a application furtive de la Convention quand la r f rence
15. que les droits fondamentaux d nomm s droits constitutionnellement garantis consacr s par la Charte constitutionnelle Aujourd hui l ordre juridique autrichien est profond ment irrigu par le droit conventionnel car non seulement les droits reconnus par la Constitution sont interpr t s la lumi re de la Convention et de la jurisprudence europ enne avec des r f rences explicites dans les arr ts mais en outre les violations conventionnelles peuvent tre invoqu es devant les juridictions autrichiennes dans le m me temps que les violations des droits constitutionnellement garantis Autrement dit la Convention sert de norme de r f rence et justifie un contr le qui est formellement de constitutionnalit et concr tement effectivement de conventionnalit Il est fondamental de souligner la r volution juridique v cue par l Autriche Berceau de la pens e kels nienne patrie du mod le concentr de justice constitutionnelle marqu e par une forte tradition de judicial self restraint l Autriche a op r un virage 180 dans les ann es quatre vingts d s qu elle a ratifi la Convention Non seulement elle a rendu plus homog ne son catalogue des droits fondamentaux qui contrairement l Allemagne ou l Espagne n a jamais t cirsconscrit au frontispice de la Constitution de 1920 mais en outre elle a enti rement modifi son mode d interpr tation Ax e ant rieurement sur la seule hi rarchie
16. sait que la seule br che possible serait que les peines inflig es aux lus rel vent des dispositions de l article L113 1 du Code lectoral L on voit mal comment la Cour pourrait r futer l existence d une accusation en mati re p nale Les droits politiques le droit pour un parti de poursuivre une activit politique L affaire Refah Partisi c Turquie rappelle le verrouillage de l article 6 1 d s que sont invoqu s des droits de nature politique Dans sa d cision du 3 octobre 2000 la Cour devait statuer entre autres choses sur le d faut all gu de proc s quitable et d audience publique devant la Cour constitutionnelle qui le 16 janvier 1998 pronon ait la dissolution du Refah Partisi litt ralement le parti de la prosp rit au motif que celui ci tait devenu le centre d activit s contre le principe de la cit portant ainsi atteinte l ordre d mocratique La Cour fid le son dictum de l affaire Pierre Bloch consid re que l affaire pr sent e devant le juge constitutionnel turc portait sur un litige relatif au droit du parti de la prosp rit de poursuivre en tant que parti politique son activit politique S agissant par excellence d un droit de nature politique la requ te est d clar e incompatible ratione materiae avec la Convention Il en est de m me de l interdiction faite par l article 69 de la Constitution aux fondateurs et aux dirigeants
17. L AUTONOMIE CONSTITUTIONNELLE AUX PRISES AVEC LA CONVENTION EUROPEENNE DES DROITS DE L HOMME LAURENCE BURGORGUE LARSEN Professeur agr g de droit public Universit de Rouen Directeur du Credho Rouen Autonomie constitutionnelle et Convention europ enne Voil une ing nieuse alliance de mots passablement antinomiques On pense imm diatement la figure de l oxymore ce terme de rh torique qui d signe une alliance de deux mots incompatibles L utilisation de la formule est loin d tre d plac e tant il appara t aujourd hui que l emprise conventionnelle sur les syst mes juridiques nationaux est implacable D j les branches du droit public et priv ont t transfigur es par la jurisprudence de Strasbourg qui a t et qui continue d tre l origine d importantes modifications l gislatives dans les Etats parties le droit de la famille en Belgique le droit des coutes t l phoniques mais aussi celui de la proc dure p nale en France le droit des t l communications en Autriche A chaque th me un arr t de la Cour un arr t d clencheur un arr t aiguillon qui oblige les Etats r nover et toiletter des pans entiers de leur ordre juridique Le champ constitutionnel est lui aussi peu peu tomb sous le coup de la tutelle strasbourgeo ise La transfiguration des syst mes nationaux est aussi pr gnante s agissant du c ur de ce qui fait l identit des Etats Moins
18. a circonstance comme le fait remarquer le professeur Flauss que les seuils tablis par les deux l gislations lectorales en cause visaient sans doute tout sp cialement limiter voire liminer la repr sentation parlementaire de minorit s nationales n est pas prise en consid ration par la Commission En l occurrence elle se refuse tr s clairement envisager la lumi re de l article 14 une interpr tation de l article 3 du Protocole n 1 inspir e par l id e de discrimination positive Les conditions de l ligibilit La Cour reconna t aux Etats une large marge d appr ciation lorsqu il s agit de d terminer des cas d in ligibilit Elle consid re en effet que ces cas sont li s aux particularit s historiques et politiques de chaque Etat et que la multitude des situations pr vues dans les Constitutions et les l gislations lectorales ne met en aucun cas en p ril les droits prot g s par la clause politique Ce qui importe c est que la solution retenue garantisse l expression de la volont du peuple travers des lections libres honn tes et p riodiques La ligne directrice de la jurisprudence a t fix e par la Cour dans le premier arr t rendu sur l article 3 du I protocole le c l bre arr t Mathieu Mohin et Clerfayt c Belgique du 2 mars 1987 Partant les Etats via leurs Constitutions peuvent assez librement d terminer les cas d in ligibilit
19. ation de la France Malgr l h t rog n it des m thodes constitutionnelles d appr hension de la Convention une constatation s impose l vidence Celle relative au r sultat Il est au bout du compte le m me celui d une prise en compte g n ralis e de la Convention et de la jurisprudence de la Cour par les juges constitutionnels Explicite ou pas organis e par la Constitution ou pas les juges ont tous bon gr mal gr t amen s appliquer et ou interpr ter la Convention Cette prise en compte des exigences conventionnelles on l a vu est volontaire d sir e Soit par le constituant qui a int gr au sein des Chartes constitutionnelles les comp tences contr le de conventionnalit et les m canismes clauses d interpr tation qui permettent au juge constitutionnel d appr hender de fa on maximale l instrument europ en Soit par le juge constitutionnel lui m me qui de son propre chef a compris qu il n tait pas capable de r sister cette d ferlante europ enne dont l objectif originel est le d veloppement d une protection toujours plus raffin e et maximale des droits de l individu Dans le m me temps la soumission la Convention est impos e par le haut par la Cour de Strasbourg qui est le dernier juge pouvoir tre saisi puisement des voies de recours internes oblige et qui n a pas h sit soumettre la justice constitutionnelle elle m me au respect des exige
20. cisions constitutionnelles 2 et pour s riger certainement dans les mois venir en juge de l ex cution des d cisions constitutionnelles 3 1 La Cour europ enne juge des proc dures constitutionnelles Le contr le du proc s constitutionnel est int gral a tant sous l angle de l quit du proc s que de sa dur e il en va de m me de l exercice des comp tences constitutionnelles elles m mes b a Le contr le du proc s constitutionnel Le proc s constitutionnel est il un proc s quitable Le juge europ en a r pondu plusieurs fois par la n gative Est il besoin ici de mentionner le retentissant arr t Ruiz Mateos c Espagne du 23 juin 1993 S rie A n 262 qui a soumis d finitivement le proc s constitutionnel aux exigences du proc s quitable La Cour confirme cette soumission du proc s constitutionnel aux exigences du proc s quitable dans l arr t du 3 mars 2000 Krcmar et a c R publique Tch que o le juge de Strasbourg condamn la R publique tch que en mettant l index l attitude de la Cour constitutionnelle qui avait port atteinte au droit une proc dure contradictoire n ayant pas communiqu aux plaignants les l ments de preuves qui taient manifestement d cisifs pour la r solution du litige A la question de savoir si le proc s constitutionnel doit comme les autres respecter l exigence du d lai raisonnable ce sont les arr ts Deumeland et Bo
21. ck qui ont retenu pour la premi re fois la dur e de la proc dure devant le Tribunal de Karlsruhe au titre du calcul global de la dur e du litige Le juge fut logiquement amen ensuite examiner la dur e du seul proc s constitutionnel A plusieurs reprises il valua le d passement du d lai raisonnable par le Tribunal constitutionnel allemand en recherchant si le r sultat de ladite instance peut influer sur l issue du litige devant les juridictions ordinaires Dans plusieurs affaires il consid ra comme raisonnable la dur e des proc dures devant le gardien de la Constitution qui s av re tre jusqu pr sent le gardien allemand de la Constitution La Cour d clara dans l affaire S mann c Allemagne du 16 septembre 1996 la non violation de l article 6 1 par 14 voix contre 6 alors qu elle valuait le d lai dans le cadre du recours constitutionnel individuel Verfassungsbeschwerde de l article 93 1 alin a 4 a de la Loi Fondamentale de Bonn Elle r cidivait dans l affaire Gast et Popp c Allemagne du 25 f vrier 2000 o elle reconnaissait la non violation de la Convention Elle pronon ait par contre l unanimit la violation de cette disposition dans les arr ts Pammel c Allemagne et Probstmeier c Allemagne du 1 juillet 1997 alors que le requ rant avait activ la question de constitutionnalit de dispositions l gislatives sur la base de l article 100 1 de la Loi Fondamentale et dans l
22. connue sans doute moins tudi e que la premi re emprise celle s exer ant sur les branches du droit priv et public la mise sous influence du domaine constitutionnel n en est pas moins certaine Aujourd hui c est le constitutionnalisme europ en qui est rationalis comme peut continuer l tre en France tout du moins le parlementarisme Cette rationalisation est celle tout la fois de l ordre constitutionnel 1 comme celle de l activit du gardien constitutionnel II c est dire que les poches d autonomie constitutionnelle rel vent aujourd hui de l exception plus que du principe Le Ph nix constitutionnel n est pas pr t de rena tre de ses cendres I La rationalisation de lP ordre constitutionnel La rationalisation de l ordre constitutionnel n a pas la m me port e selon qu il s agit des prescriptions constitutionnelles ou des l ments intrins ques aux r gimes constitutionnels europ ens Maximal pour les premi res A l encadrement conventionnel est plus souple pour les seconds B A L encadrement maximal des prescriptions constitutionnelles L L encadrement en amont Le contr le des r serves objet constitutionnel Si les Etats en signant et ratifiant la Convention pensaient ratifier un Trait international comme les autres mal leur en a pris S ils pensaient bien na vement que l orthodoxie interna
23. de M Osmani sous l angle des articles 10 11 et 34 dans une affaire o la Cour constitutionnelle dans le cadre de deux proc dures de r f r avait ordonn aux autorit s locales de deux villes Gostivar et Tetovo de retirer les drapeaux albanais et turc qui avaient t d ploy s c t du drapeau mac donien et ce conform ment aux d cisions prises par les conseils municipaux des deux localit s Or les demandeurs se sont oppos s aux retraits des drapeaux ce qui provoqua d importantes tensions intercommunautaires Il sera important de conna tre la position de la Cour fera t elle primer la libert d expression sur l obligation de se conformer aux d cisions de justice notamment constitutionnelles dans un contexte politique passablement d licat Au terme de cette analyse la rationalisation du champ constitutionnel appara t manifeste Toutefois elle n est ni illimit e ni autoritaire Elle est tant t modul e en fonction des domaines en cause la d termination des r gimes politiques le montre tant t accept e par les gardiens de la Constitution eux m mes qui appliquent la Convention ou qui d ploient une interpr tation conforme de la Constitution la Convention Partant si l encadrement du champ constitutionnel est vident si le contr le europ en est pr gnant il s ins re au bout du compte dans un ensemble syst mique global marqu par le dialogue par une interaction institutionnelle et mat rie
24. e 33 premier du reste que la nouvelle Cour a eu examiner Il y est relev la satisfaction du gouvernement demandeur devant la participation volontaire du gouvernement d fendeur au vaste projet du Conseil de l Europe relatif la formation des policiers Enfin la face n gative du contr le prendra t elle les allures d un arr t de violation dans l affaire OVR v Russie qui pour l heure a seulement t communiqu e la Cour au mois de juin 2000 sous l angle de l article 11 La jurisprudence europ enne en mati re de libert n gative d association qui condamne les techniques de closed chop laisse augurer d une condamnation de la Russie et par ricochet d une censure de la jurisprudence de la Cour constitutionnelle russe qui a d clar constitutionnelle la loi sur les notaires qui pr voit l affiliation obligatoire une association notariale pour les notaires exer ant dans une tude priv e 3 La Cour europ enne juge de l ex cution des d cisions constitutionnelles Apr s avoir montr qu elle tait comp tente pour contr ler l ex cution des arr ts de la Cour de Luxembourg CEDH Hornsby c Gr ce on ne voit pas ce qui pourrait emp cher la Cour de Strasbourg de contr ler l ex cution des d cisions constitutionnelles L affaire Osmani et autres c Ex R publique Yougoslave de Mac doine lui en donnera l occasion La Cour a en effet d clar recevable le 6 avril 2000 la requ te
25. e constitutionnel appara t au final assez cons quente M me si la marge de man uvre octroy e aux Etats concernant notamment la d termination de leur r gime politique est assez large il faut garder l esprit que les dispositions constitutionnelles tombent sous le contr le de la Cour La rationalisation ne s arr te pas l elle s tend la justice constitutionnelle dont on peut consid rer qu elle participe normalement l autonomisation du champ constitutionnel Or il va tre int ressant d valuer si l h t rog n it de la justice constitutionnelle europ enne qui est le fruit de l histoire et de la tradition juridique de chaque pays n est pas rattrap e par un mod le harmonisateur Non pas le mod le kels nien dont on a trop longtemps affirm qu il avait unifi la justice constitutionnelle europ enne mais le mod le strasbourgeois celui que la Cour europ enne impose depuis 1959 date de son entr e en fonction Alors que chaque Etat a adapt son univers juridique le soit disant mod le kels nien au point de donner corps une mosa que europ enne de justice constitutionnelle cette diversit n est elle pas aujourd hui quelque peu homog n is e sur la base des canons de la jurisprudence europ enne Au contr le de constitutionnalit de la loi qui fut la grande uvre juridique du XX ne s ajoute t il pas magistralement au point de le concurrencer le co
26. faux avec les principes conventionnels S agissant de la d termination du corps lectoral en Nouvelle Cal donie tout d abord La Constitution a t r vis e pour prendre acte du statut d rogatoire de la Nouvelle Cal donie qui restreint le corps lectoral aux seuls r sidents ayant s journ dix ans sur le caillou Or il y a un probl me vident de compatibilit avec la jurisprudence de la Cour Il en va de m me pour le principe de l quilibre financier pos l article 471 de la Constitution r vis e en 1996 Depuis cette date le Conseil constitutionnel doit prendre en compte ce nouveau principe l heure de l examen des lois de financement de la s curit sociale Or la d cision partielle de recevabilit du 11 juillet 2000 rendue dans l affaire Stella c France montre que la contradiction avec le syst me conventionnel est toujours potentiellement pr gnante La situation du Conseil constitutionnel est de plus en plus inconfortable Tenu d un c t de se conformer la volont du constituant qui d cidait d inscrire le principe de l quilibre financier parmi ceux des principes fondamentaux respecter il s vertue lui donner vie en optant pour une acception large de la notion de motif d int r t g n ral au risque de se retrouver d un autre c t en contradiction frontale avec la jurisprudence de Strasbourg et d tre l origine d un nouvel arr t m diatique et d concertant de condamn
27. iaires de l article 6 1 certaines sp cificit s constitutionnelles nationales illustratives bien des gards de l identit nationale tout court b Les limites de la juridictionnalisation La juridictionnalisation s arr te au seuil des Cours constitutionnelles devant lesquelles sont contest es les modalit s d exercice de droits de nature politique En effet bien que la Cour ait tendu de fa on pr torienne gr ce aux ressorts de l autonomisation des notions conventionnelles le champ d application de l article 6 1 elle n entend pas franchir le Rubicon et appliquer cette disposition aux droits manifestant le dernier carr de la souverainet des Etats le dernier carr de leur autonomie constitutionnelle En t moignent les affaires relatives au contentieux lectoral et au contentieux politique c est dire celui concernant le droit pour les partis politiques de poursuivre leur activit Le contentieux lectoral Les affaires Pierre Bloch c France du 21 octobre 1997 Louis Masson c France du 14 septembre 1999 Jacques Cheminade du 26 janvier 1999 bien connues des juristes fran ais n ont eu de cesse de marteler que les proc dures concernant le contentieux lectoral chappent en principe au champ d application de l article 6 dans la mesure o celles ci concernent l exercice de droits caract re politique et ne portent donc pas sur des droits et obligations de caract re civil On
28. ident que les arr ts qui sanctionnent les d cisions constitutionnelles retiennent plus l attention dans la mesure o ils t moignent de l emprise toujours plus resserr e du syst me conventionnel sur les syst mes constitutionnels en s infiltrant jusque dans les moindres interstices de ce qui appara t aujourd hui comme une notion d pass e en tout cas r duite une peau de chagrin autonomie constitutionnelle La d cision de recevabilit du 30 mai 2000 rendue dans neuf affaires ouvertes contre la Turquie d montre que le probl me sensible de la dissolution par la Cour constitutionnelle turque de partis politiques est loin d tre une question r gl e Le contentieux turc devant la Cour qui se singularise galement par des constats r guliers de violation des articles 2 droit la vie et 3 torture et traitement inhumain et d gradant de la Convention d montre que la d mocratie politique en Turquie est plus th orique et illusoire que concr te et effective pour reprendre la terminologie europ enne Il reste toutefois que les autorit s turques se sont engag es sur la voie d une vaste r forme l gislative et administrative afin que cesse les mauvais traitements notamment aux personnes plac es en garde vue Il faut cet gard se r f rer au tr s int ressant arr t de constatation de r glement amiable rendu dans le cadre d un litige inter tatique opposant le Danemark et la Turquie articl
29. ieurs Etats membres du Conseil de l Europe vise un objectif indispensable pour le bon fonctionnement et le maintien du r gime d mocratique celui de garantir tous les justiciables les droits prot g s par l article 6 1 de la Convention 1 2 La juridictionnalisation modul e du champ parlementaire a La juridictionnalisation de la justice parlementaire Dans certains Etats parties la Convention les assembl es parlementaires sont investies de comp tences de type r pressif Dans quelques rares Etats plus pr cis ment le Royaume Uni l Irlande et Malte la comp tence r pressive des Chambres rev t une physionomie particuli re elle s applique non seulement aux titulaires de fonctions publiques mais en outre aux simples citoyens dans le cadre de proc dures sanctionnant le d lit d offense au Parlement ou d atteinte aux privil ges parlementaires Or la Cour s est tr s nettement prononc e en faveur de l applicabilit de l article 6 1 cette justice politique notamment dans la c l bre affaire Demicoli c Malte du 27 ao t 1991 Le ph nom ne de juridictionnalisation de la justice parlementaire justice politique peut tre appr hend de deux mani res D un c t on se r jouit qu elle favorise l harmonisation ou tout le moins le rapprochement du droit parlementaire des d mocraties europ ennes De l autre on peut regretter qu elle sacrifie sur l autel des droits judic
30. ives des transactions immobili res proc dures qui entrent dans le champ d application de l article 90 de la Constitution Si la Cour a d clar la r serve en l esp ce d nu e de validit c est qu elle ne renfermait aucun bref expos de la loi litigieuse Autrement dit une r serve qui se borne selon la Cour mentionner une disposition permissive et non exhaustive de la Constitution sans citer ou sans renvoyer aux clauses excluant la tenue d une audience publique n offre pas un degr suffisant de pr cision Le contentieux va bient t s toffer car a t communiqu e la Cour au mois de septembre 2000 l affaire Victor Emmanuel de Savoie c Italie qui confronte la r serve italienne objet constitutionnel au contr le de la Cour Le requ rant qui est le descendant m le du dernier roi d Italie fait l objet d une interdiction permanente d entr e et de s jour dans le pays pos e par la XIII disposition de la Constitution italienne de 1947 Cette disposition pr voit galement la confiscation des biens italiens des descendants de sexe masculin des anciens rois enfin elle d clare in ligible et prive de leurs droits lectoraux les membres et descendants de la Maison de Savoie Si plusieurs projets de loi furent d pos s au Parlement en vue d abroger cette disposition constitutionnelle aucun n aboutirent Il sera int ressant de conna tre la d cision de la Cour alors que l Italie avait
31. l annulation de la r gle mise en cause En Hongrie la Cour constitutionnelle peut tre saisie de recours qui visent examiner la question de savoir si une norme juridique est ou non en contradiction avec un trait international tandis qu en Bulgarie en vertu de l analyse combin e des articles 5 4 et 149 1 de la Constitution du 13 juillet 1991 la Cour constitutionnelle se voit reconna tre la comp tence de v rifier la compatibilit des lois internes avec les normes de droit international universellement reconnues et les trait s liant la Bulgarie Le contr le de conventionnalit se combine d ailleurs de fa on concomitante avec le contr le de constitutionnalit le juge devant souvent se prononcer sur des recours s articulant sur les deux normes de r f rence la Constitution et les trait s internationaux 2 L application auxiliaire de la Convention Il y a application auxiliaire lorsque la r f rence la norme internationale s op re par le truchement d une norme constitutionnelle celle ci confinant celle l dans un r le compl mentaire Dans les pays qui n ont pas dot les Cours constitutionnelles de la comp tence pour contr ler la conformit des lois aux trait s internationaux Espagne Roumanie l exercice de la fonction naturelle de toute juridiction constitutionnelle l application des normes tir es de la Constitution peut la conduire appliquer par la m diation de ces normes cons
32. le Tribunal constitutionnel consid re qu il n est pas comp tent pour contr ler la conformit des lois aux trait s internationaux d cisions du 7 janvier 1992 n K 8 91 du 17 octobre 1995 n K10 95 du 23 octobre 1995 n K 4 95 les conventions internationales de protection des droits de l homme sont trait es comme un important indice d interpr tation Le juge y voyant un moyen de pr ciser la teneur de la loi polonaise en application du principe constitutionnel de la pr minence du droit Les Pactes internationaux de 1966 ont tr s t t t int gr s dans les visas des d cisions constitutionnelles le juge affirmant Vu que les Pactes des Nations Unies ont force obligatoire le Tribunal en tiendra compte mais uniquement dans les limites de l interpr tation constitutionnelle d cision n K amp 8 91 Depuis 1991 les dispositions de la Convention europ enne sont venues enrichir le champ interpr tatif par des r f rences r guli res la Convention mais aussi la jurisprudence de Strasbourg d cision du 21 novembre 1995 K 12 95 La jurisprudence constitutionnelle belge applique galement la Convention la lumi re de la jurisprudence de Strasbourg C est un fait ind niable et la jurisprudence extr mement abondante en t moigne qui n h site pas op rer des renvois expr s aux interpr tations strasbourgeoises La d finition que la Cour d arbitrage a par exemple donn e du principe con
33. lle constante r v latrice d un puissant syncr tisme juridique
34. lois chappait l emprise conventionnelle sous langle notamment de l article 6 1 il n en allait assur ment pas de m me des d cisions constitutionnelles fran aises la Cour dans cette affaire ayant reconnu l unanimit la violation de l article 6 1 sous l angle du proc s quitable Aujourd hui le Conseil constitutionnel a resserr son emprise sur le contr le des lois de validation et arc bout sur l article 16 de la D claration des droits de l homme a rig la notion d int r t g n ral suffisant en param tre de son contr le de proportionnalit entre l atteinte port e des droits individuels et l int r t g n ral allant jusqu annuler une loi de validation pour d faut de base l gale consid rant que l absence d indication du motif pr cis dont le l gislateur entendait purger l acte tait contraire aux exigences de l article 16 de la D claration de 1789 Les g nes se trouvent ensuite modifi s par les contraintes Elles d coulent essentiellement pour ne pas dire exclusivement du versant constitutionnel Elles sont bien connues Le Conseil doit respecter la volont expresse du constituant Or ce respect qui l gitime sa cr ation et sa fonction pose assur ment des probl mes de conformit avec le syst me conventionnel Deux exemples r cents suffisent d montrer que certains principes constitutionnels consacr s par le constituant d riv sont en porte
35. nce de la conventionnalit des normes constitutionnelles nationales peut s op rer au travers de la confirmation de la compatibilit la Convention d une disposition l gislative mettant en uvre un principe constitutionnel Ceci est flagrant dans l arr t Gustafsson c Su de du 25 avril 1996 o implicitement mais n cessairement la solution de la Cour avalise le bien fond de l article 17 2 de la Constitution su doise accordant aux syndicats et aux groupements patronaux le droit de prendre des mesures de r torsion notamment conomiques et commerciales Ensuite l octroi d un brevet de conventionnalit par la Cour peut galement r sulter par ricochet de la prise en consid ration titre confortatif d une interpr tation constitutionnelle nationale en vue d appuyer l interpr tation que la Cour de Strasbourg va retenir d une disposition de la Convention L arr t Amuur c France du 25 juin 1996 est symptomatique ce sujet Dans cette affaire relative la privation de libert impos e aux demandeurs d asile retenus dans la zone internationale d un a roport la Cour se r f re tr s visiblement la d cision du Conseil Constitutionnel du 25 f vrier 1992 Zones de transit n 92 307 pour d gager sa solution On peut galement mentionner la d cision d irrecevabilit du 24 octobre 2000 rendue dans l affaire Thivet c France o la Cour s est align e expressis verbis sur la jurisprudence du C
36. nces conventionnelles B La Convention appliqu e au juge constitutionnel ou la rationalisation par le haut D un point de vue g n ral et sur le plan des principes il convient de rappeler avec force qu aux yeux de la Cour c est l Etat dans son unit qui est responsable dans l ordre international Ceci concerne par cons quent toutes les autorit s de l Etat y compris constitutionnelles Cette acception large du contr le europ en qui touche les soubassements constitutionnels nationaux est importante Elle implique qu aucun pouvoir constitu n est l abri du contr le de la Cour Ainsi les repr sentants du pouvoir ex cutif du pouvoir l gislatif et du pouvoir judiciaire n ayant pas chapp au contr le europ en il semblait inexorable que les juridictions constitutionnelles bien qu en dehors de l organisation judiciaire stricto sensu tombent sous le coup de l emprise conventionnelle europ enne Pourtant les organes de contr le de Strasbourg avaient commenc par mettre en avant la sp cificit des juridictions constitutionnelles et du contentieux y aff rent pour les faire b n ficier d une immunit conventionnelle or ils ont fini par int grer le contentieux constitutionnel dans le champ conventionnel Le bilan jurisprudentiel en la mati re d montre que la Cour s est faite d abord juge des proc dures constitutionnelles 1 pour aller jusqu devenir sans contestation possible juge des d
37. ntr le europ en de conventionnalit IL La rationalisation de la justice constitutionnelle A la rationalisation par le bas celle qui se manifeste quand le juge constitutionnel applique la Convention gr ce une vari t imposante de m canismes et proc dures constitutionnels A s ajoute une rationalisation par le haut celle qui d coule d un ph nom ne de soumission impos e quand la Cour de Strasbourg impose le respect de la Convention au juge constitutionnel B A La Convention appliqu e par le juge constitutionnel ou la rationalisation par le bas L analyse de l application de la Convention europ enne par le juge constitutionnel va permettre de constater que trois grandes modalit s effectives d application de la Convention existent aujourd hui en Europe L application autonome tout d abord 1 l application auxiliaire ensuite 2 l application furtive enfin 3 1 L application autonome de la Convention Il y a application autonome lorsque la r gle contest e devant la juridiction constitutionnelle qu elle soit l gislative ou autre est soumise au dispositif m me de la norme internationale sans l entremise d une norme constitutionnelle Un tel processus suppose toujours qu il y ait int gration du droit international en droit interne par int gration ou transformation et primaut du premier sur le second En Bulgarie en Hongrie en R publi
38. onseil Constitutionnel plus pr cis ment la d cision n 99 425 DC du 29 d cembre 1999 rendue dans le cadre du tumultueux et passionn contentieux de l indemnisation des emprunts russes Alors que l article 48 de la loi de finances rectificative pour 1999 d finissait les conditions de mise en uvre de l indemnisation des cr ances en d terminant que chaque porteur devait recevoir une somme forfaitaire augment e d un montant proportionnel la valeur totale du portefeuille dans la limite d un plafond la requ rante soutenait qu en raison du plafonnement de l indemnisation la somme qu elle devait percevoir ne correspondait nullement la valeur des titres qu elle d tenait et arguait d une violation du droit de propri t et du principe d galit L alignement express de la Cour sur les motifs avanc s en son temps par le Conseil pour d clarer conforme la Constitution le texte est suffisamment rare pour tre relev Rappelant que l article 1 du Protocole n 1 ne garantit pas dans tous les cas le droit une compensation int grale dans la mesure o des objectifs l gitimes d utilit publique peuvent militer pour un remboursement inf rieur la pleine valeur marchande v Saints Monast res c Gr ce 9 d cembre 1994 le juge de Strasbourg s aligne sur le raisonnement du gardien de la Constitution qui s arc boutant sur l objectif de solidarit poursuivi par le l gislateur avait estim n
39. oyer lorsque l action dont elles tiennent leur saisine n est pas recevable pour des motifs de proc dure tir s de normes ne faisant pas elles m mes l objet de la demande de question pr judicielle Bref il tait cens exister en Belgique une obligation quasi absolue de renvoi pour les juridictions supr mes Or l arr t du 12 f vrier 1996 a montr que la Cour de cassation s accordait une marge de man uvre en consid rant que la Cour d arbitrage ne saurait tre saisie de questions portant titre principal sur l articulation entre elles de r gles constitutionnelles ni par ailleurs sur l interpr tation fournir de r gles l gislatives C tait cette appr ciation qu il revenait la Cour de Strasbourg de contr ler Le dictum de la Cour europ enne reprend en partie ce qu elle avait t amen e d cider pour le m canisme pr judiciel communautaire savoir qu il n est pas exclu que le refus oppos par une juridiction nationale appel e se prononcer en derni re instance puisse porter atteinte au principe d quit de la proc dure en particulier si un tel refus n est pas entach d arbitraire toutefois elle prit soin d affirmer au pr alable que la Convention ne garantit pas comme tel un droit ce qu une affaire soit renvoy e titre pr judiciel par une juridiction nationale devant une autre instance nationale ou internationale Le droit de saisir un tribunal par voie de que
40. par la Cour de Cassation belge pour affirmer sa comp tence l encontre des requ rants En effet seule comp tente pour statuer sur des poursuites p nales engag es contre un membre du gouvernement elle avait d f r e devant elle en mettant profit les ressorts de la r gle de la connexit plusieurs autres pr venus qui n avaient pas la qualit minist rielle et qui dans des circonstances normales auraient d relever des juridictions p nales ordinaires et b n ficier ce faisant de plusieurs degr s de juridiction Plac s dans une situation insolite les pr venus sollicit rent de la Cour de cassation belge qu elle adresse la Cour d arbitrage la question de savoir si une telle situation n tait pas contraire au principe constitutionnel d galit et de non discrimination Dans un arr t rendu le 12 f vrier 1996 la Cour de Cassation refusa d acc der leur demande or lorsqu un juge est saisi par une des parties la cause d une demande de renvoi pr judiciel la r gle est celle de la facult ou de l obligation de renvoi En droit constitutionnel belge quatre clauses chappatoires permettent au juge de ne pas acc der aux demandes des parties Toutefois les juridictions dont les d cisions ne sont pas susceptibles de recours au nombre desquelles la Cour de cassation ne peuvent en invoquer en r alit qu une seule la clause d irrecevabilit Partant elles peuvent se dispenser de renv
41. pris soin lors de la ratification du Protocole n 4 de formuler une d claration sp cifiant que l article 3 2 dudit Protocole consacrant le droit d entr e et de s jour ne pouvait faire chec l application de l interdiction constitutionnelle visant les membres de la Maison de Savoie 2 L encadrement en aval Le contr le de conventionnalit des dispositions constitutionnelles La contrari t Convention Constitution droit constitutionnel appara t souvent l occasion de l examen d une loi d application de la Constitution Ainsi un constat de violation m me s il ne concerne g n ralement que la d cision rendue par la juridiction nationale supr me rejaillit immanquablement sur la Constitution d s lors que la d cision juridictionnelle ne fait qu appliquer la loi qui elle m me ne fait que se conformer la Constitution Du coup le primat de la Convention sur la Constitution appara t dans toute son ampleur L arr t Open Door and Dublin Well Woman c Irlande du 29 octobre 1992 est suffisamment connu pour ne pas revenir sur les faits de la cause On rappellera ici uniquement que la Cour de Strasbourg confront e directement un conflit de hi rarchie Convention Constitution a tout simplement refus d octroyer aux Etats membres un droit de r sistance l application de la Convention droit de r sistance fond sur la sauvegarde d exigences constitutionnelles nationales Autrement dit elle n
42. que slovaque et en R publique tch que les juridictions constitutionnelles sont habilit es par le texte constitutionnel m me op rer une application autonome des trait s internationaux auxquels ces Etats ont souscrit sp cialement les trait s sur les droits de l homme et au premier chef la Convention europ enne Dans ces quatre pays de l Est la Constitution attribue en effet expressis verbis au juge constitutionnel le contr le de conventionnalit En R publique slovaque la Constitution du 1 septembre 1992 habilite la Cour constitutionnelle juger de la conformit des r gles juridiques g n rales par rapport aux trait s internationaux promulgu s selon les modalit s fix es par la loi En R publique Tch que c est l article 87 1 de la Constitution du 16 d cembre 1992 qui autorise la Cour statuer sur les demandes d annulation des lois qu elles soient fond es sur la violation de la Constitution sur la violation d une loi constitutionnelle ou sur la violation d un trait international prot geant les droits de l homme et les libert s fondamentales condition que ce trait ait t ratifi et promulgu selon les prescriptions de l article 10 de la Constitution L invocation de la violation du droit international est galement possible dans le cadre de la proc dure de plainte constitutionnelle introduite par les particuliers l occasion de laquelle le demandeur peut solliciter
43. r dans trois d cisions n 30 1994 47 1994 et 114 94 alors qu elle se pronon ait dans des causes o tait notamment invoqu le droit au logement du citoyen comme l ment du droit de jouir d un niveau de vie d cent a fait r f rence aux dispositions pertinentes de la D claration universelle des droits de l homme en la reconnaissant et en la rendant applicable dans les causes concern es Il est des pays ils sont nombreux o aucune disposition constitutionnelle met en place ce m canisme de renvoi interpr tatif Dans ce cas le juge constitutionnel plus ou moins facilement plus ou moins rapidement avec plus ou moins d lan et d enthousiasme n en finit pas moins par interpr ter les clauses constitutionnelles la lumi re de la Convention et de la jurisprudence de Strasbourg On est donc en pr sence ici d interpr tation spontan e b L interpr tation spontan e L interpr tation spontan e sera d autant plus ais e que le contexte juridique national sera ouvert au droit international soit par la forte dimension internationale de la Constitution elle m me soit par l ouverture au droit exog ne de la jurisprudence des juridictions ordinaires qui ne manquera pas d avoir des effets bienveillants sur l attitude du juge constitutionnel C est le cas de la Pologne de la Belgique et last but not least de l Autriche mais aussi de l Allemagne et de l Italie En Pologne bien que
44. rne ont valeur l gislative et auxquels est appliqu e la fameuse maxime lex posterior legi priori derogat et se sont tous les deux orient s nettement vers le constitutionnalisme apr s la seconde guerre mondiale Cela s exprime dans une codification vigoureuse des droits fondamentaux et dans un syst me sophistiqu de contr le de constitutionnalit Si on constate une ouverture parfois consid rable l gard du droit international il ne faut gu re se m prendre ce dont il s agit concerne les transfert de comp tences bref c est plus le droit communautaire que le droit de la Convention qui est ici mis en avant En Allemagne pendant longtemps toutes les juridictions ne se sont jamais r f r es dans leurs d cisions la Convention Toutefois peu peu l imp rieuse n cessit de respecter les engagements internationaux contract s par le Bund a pouss le juge constitutionnel un infl chissement certain A cet gard l arr t du 26 mars 1987 confirm plusieurs fois est significatif Il y est consid r que la Convention doit b n ficier d une certaine priorit m me sur les lois post rieures dans la mesure o le juge estime que le l gislateur n a pas entendu y d roger express ment Du coup cette priorit qui carte un principe cl de la th orie dualiste la fameuse maxime lex posterior legi priori derogat aboutit l interpr tation et l application des droits fondamentaux
45. stion pr judicielle n est pas absolu m me lorsqu une l gislation r serve un domaine juridique la seule appr ciation d un tribunal et pr voit pour les autres juridictions l obligation de lui soumettre sans r serve toutes les questions qui s y rapportent A la lumi re des circonstances de l affaire belge on comprend que la Cour n ait pas os s aventurer dans une appr ciation qui l aurait entra n e sur des terres par trop sensibles car affectant l quilibre du dialogue interne des juges nationaux S agissant du contr le de la mise en uvre des recours de protection des droits il faut avoir l esprit que pour un arr t de condamnation de la Cour on peut compter une centaine de d cisions d irrecevabilit qui constate la non violation de la Convention Les recours d amparo espagnol art 53 2 Cf esp et le recours constitutionnel allemand Verfassungsbeschwerde art 93 1 4a tombent r guli rement sous le coup du contr le europ en On les conna t pour tre deux m canismes phares qui permettent aux requ rants tablis en Espagne ou en Allemagne de saisir apr s avoir puis les voies de recours internes les juridictions constitutionnelles afin qu elles examinent les all gations d ventuelles violations des droits fondamentaux tels qu ils sont prot g s par la Constitution espagnole et la Loi fondamentale de Bonn Or l ann e 2000 a vu l Allemagne condamn e dans une affaire o l at
46. stitution CA 16 octobre 1991 malgr un courant doctrinal prestigieux plaidant l inverse dont le chef de file a t le Procureur g n ral la Cour de cassation force est n anmoins de constater que la question rel ve des arcanes th oriques car il n est gu re de dispositions constitutionnelles qui soient incompatibles avec la Convention et y en aurait il que le juge n h site pas donner de ces dispositions une interpr tation conciliante avec la Convention Le cas autrichien est particuli rement int ressant car en tant que pays dualiste autrement dit gu re ouvert au droit international avec au surplus un contr le de constitutionnalit solidement implant il n tait pas vident de pr voir une prise en compte maximale du texte et de la jurisprudence strasbourgeoises Or en r alit le raffinement du syst me dualiste a sans nul doute servi les int r ts conventionnels En effet selon que l on est en pr sence d un trait qui compl te ou modifie la Constitution les normes internationales introduites en droit interne n ont pas la m me valeur Pour les trait s dits modificatifs la loi de r ception doit tre adopt e la majorit exig e pour les r visions constitutionnelles en pr cisant bien qu elle modifie la Constitution partant le droit international acquiert rang constitutionnel C est le cas de la Convention europ enne qui a le m me statut dans l ordre autrichien
47. stitutionnel de non discrimination est fid lement calqu e sur les crit res de la discrimination au sens de l article 14 de la Convention Une telle attitude du juge constitutionnel belge s explique par un contexte juridique favorable En effet depuis le c l bre arr t Le Ski rendu par la Cour de Cassation belge le 27 mai 1971 la Convention d ploie des effets directs dans l ensemble de l ordre juridique belge Elle a pr minence sur les actes l gislatifs et r glements internes fussent ils post rieurs la Convention Alors que le juge judiciaire et le Conseil d Etat refusent d appliquer les normes l gislatives contraires la Convention en tant dans l impossibilit de les abroger ou de les modifier la Cour d arbitrage quant elle est en mesure d annuler une loi contraire la Convention par le biais du principe constitutionnel d galit ou de la libert d enseignement articles 10 11 et 24 Dit autrement la Cour d arbitrage n a pas pour seule mission de contr ler le respect par le l gislateur des r gles r partitrices de comp tences ainsi que des articles 10 11 et 24 de la Constitution et n a donc pas a priori pour mission de contr ler le respect des r gles de droit international moins que ces r gles ne se combinent avec les r gles constitutionnelles d galit et de non discrimination Et bien qu elle ait cat goriquement ni la pr valence de la Convention sur la Con
48. tant des fonctionnaires que des juges Cette politique jurisprudentielle inaugur e en 1987 Mathieu Mohin confirm e en 1997 Gitonas c Gr ce du 1 juillet 1997 et 1998 Ahmed et autres c Royaume Uni du 2 septembre 1998 n a depuis re u aucun coup de canif Invariablement la Cour d clare irrecevables les requ tes qui contestent certains cas d in ligibilit qu elle consid re comme normaux Bref le contr le est invariablement minimum L affaire Sandra Brike c La Lettonie du 9 juin 2000 est symptomatique cet gard Ainsi quand le droit constitutionnel letton impose aux juges de d missionner de leur fonction s ils d sirent se porter candidat des lections parlementaires il n enfreint pas la Convention et la requ te du juge m content est d clar e manifestement mal fond e La Cour a pu rappeler cette occasion que l obligation faite aux fonctionnaires et aux personnes exer ant certaines autres fonctions dans le secteur public de d missionner avant de pr senter leur candidature aux lections n est pas disproportionn e l objectif recherch savoir l ind pendance de la fonction publique Et de consid rer qu il en est de m me des membres du pouvoir judiciaire dont l ind pendance l impartialit et la neutralit sont des valeurs communes aux Etats signataires de la Convention Il y a lieu de relever que l in ligibilit des juges dont l quivalent se retrouve dans plus
49. tion qu en a donn e la Cour dans l examen des recours d amparo m me s il faut rappeler que la violation de la Convention ne peut pas tre invoqu e dans le cadre de ce recours la Constitution constituant le seul param tre de constitutionnalit La jurisprudence constitutionnelle est foisonnante sur le sujet On signalera qu elle peut conduire cependant des prises de position contestables de la part du Tribunal constitutionnel de Madrid Dans un arr t rendu le 4 ao t 1999 STC n 147 1999 la Haute juridiction espagnole admet un recours d amparo pr sent par un ressortissant italien contre un jugement de l Audiencia Nacional qui avait donn suite la demande d extradition formul e par le Gouvernement italien l encontre de son ressortissant condamn par contumace en Italie Et le juge constitutionnel d affirmer que dans le proc s au cours duquel il avait t condamn en Italie n avaient pas t respect es les garanties impos es par l article 24 de la Constitution espagnole FJ n 4 tutela judicial efectiva droit au juge Or pour arriver ce constat o le juge constitutionnel s rige ni plus ni moins en juge d un ordre juridique tranger d un pouvoir public tranger le Tribunal raisonne comme ly incite l article 10 2 partir de la jurisprudence de la Cour de Strasbourg sur l article 6 1 ce qui a pu faire dire des commentateurs avertis de la jurisprudence consti
50. tionaliste allait continuer irriguer le champ conventionnel c tait sans compter sur la jurisprudence audacieuse libertaire de la Cour qui au fil du temps s est attach e marquer la sp cificit de l ordre conventionnel des droits de l homme Bref c est la pratique classique des r serves qui est s rieusement encadr e par la Cour qui n a pas h sit se d clarer comp tente pour en contr ler la validit et ce faisant ne pas en tenir compte dans les esp ces qui lui taient soumises C est l article 57 de la Convention qui traite de la question des r serves et des d clarations interpr tatives assimil es dans la pratique aux premi res formul es par les Etats On y apprend en le parcourant que les r serves sont admises mais que leur port e est limit e Elles ne doivent pas tre de port e g n rale et doivent contenir un bref expos de la loi nationale qui contraint l Etat mettre la r serve le terme de loi ayant fait l objet d une interpr tation extensive Or alors que la Convention tait muette sur la question de savoir qui tait habilit se prononcer sur la conformit des r serves et que la doctrine tait divis e sur la question la Cour europ enne a tranch en faveur de sa propre comp tence contrairement l approche du droit international classique qui laisse ce r le aux Etats parties et au d positaire du trait en l occurrence ici le Secr taire g n ral
51. titude du Tribunal de Karlsruhe est implicitement mais clairement d savou e tandis que huit autres affaires ont t communiqu es la Cour dans lesquelles l attitude du juge constitutionnel de Karlsruhe est galement mise en cause par les requ rants ce qui laisse pr sager d ventuelles autres violations ou tout le moins un examen minutieux de l attitude du juge constitutionnel dans le traitement du recours constitutionnel L affaire Elsholz du 13 juillet 2000 concernait le droit la vie familiale notamment d un p re qui revendiquait l obtention d un droit de visite l gard de son fils un enfant n hors mariage Le requ rant se plaignait d une violation des articles 8 et 6 1 les tribunaux allemands ayant refus d acc der sa demande de r clamer un rapport un psychologue ind pendant et de tenir une audience d cidant in fine de lui d nier tout droit de visite Or alors que sur tous ces points la Cour de Strasbourg consid ra qu il y eut violation des dispositions invoqu es au motif principal que le requ rant n a pas jou dans le processus d cisionnel un r le suffisamment important point 53 la Cour constitutionnelle de son c t d cidait de ne pas examiner le recours constitutionnel au motif qu aucune question de caract re g n ral touchait le respect de la Constitution en avalisant expressis verbis l attitude des juges ordinaires consid rant que le droit
52. titutionnelles des normes tir es de l ordre juridique international Partant ces derni res sont incluses dans la ratio decidendi des juges constitutionnels a Les clauses d interpr tation Les clauses constitutionnelles d interpr tation habilitent ou plut t aiguillonnent le juge constitutionnel interpr ter les dispositions de la Constitution l aune des trait s internationaux qui ont t sign s et ratifi s par l Etat en cause o l encore la Convention europ enne tient une place privil gi e L article 10 2 de la Constitution espagnole du 27 d cembre 1978 est la plus c l bre de ces clauses Elle dispose que les normes relatives aux droits fondamentaux et aux libert s que reconna t la Constitution seront interpr t es conform ment la D claration universelle des droits de l homme et aux trait s et accords internationaux portant sur les m mes mati res ratifi s par l Espagne Il s agit d une disposition qui octroie selon Eduardo Garcia de Enterria une valeur constitutionnelle directe la Convention qui a t ratifi e par l Espagne le 10 octobre 1979 Cette r gle d interpr tation qui joue uniquement quand la protection des droits fondamentaux assur e par l instrument international est plus importante que celle op r e par la Charte fondamentale a conduit le juge constitutionnel prendre en compte non seulement la lettre de la Convention mais aussi l interpr ta
53. tutionnelle espagnole qu il le faisait plus comme Tribunal de la Convention de Rome que comme Tribunal de la Constitution espagnole ainsi le jugement d une r solution judiciaire espagnole laquelle est imput e indirectement la violation de droits commise par un pouvoir public tranger rige le Tribunal constitutionnel en derni re analyse en juge de ce pouvoir public sans disposer d autres titres que celui clairement insuffisant qui r sulte de l exercice de ses propres comp tences Cette comp tence extraterritoriale de la juridiction espagnole a t confirm e au cours de l ann e 2000 dans trois arr ts ult rieurs La Constitution roumaine s est assur ment inspir e du pr c dent espagnol en allant plus loin dans la mesure o l article 20 1 de la Constitution du 8 d cembre 1991 consid re que les dispositions constitutionnelles portant sur les droits et libert s des citoyens doivent tre interpr t es et mises en uvre en concordance avec la D claration universelle des droits de l homme ainsi qu avec les trait s auxquels la Roumanie est partie lorsqu il y a non concordance entre ces trait s et les lois internes la r glementation internationale l emporte L activit de la Cour constitutionnelle roumaine d montre qu en r alit l application de l article 20 1 l a conduite au fil de ses d cisions verser clairement dans le contr le de conventionnalit En 1994 la Cou
54. utionnels garantis par les Constitutions sont dans l ensemble de type parlementaire Il est int ressant cet gard de constater quel point la Cour d fend farouchement ce qu elle consid re comme fondamental au sein des syst mes parlementaires d mocratiques savoir le mode d expression premier des citoyens que constituent les lections Le pluralisme politique est l vidence l un des piliers essentiels d une soci t d mocratique au sens attribu cette expression par la jurisprudence de Strasbourg Or l origine la clause politique de l article 3 du Protocole n 1 n avait pas l envergure que lui a ult rieurement octroy la Cour Consid r e comme l expression minimaliste de la d fense des id aux d mocratiques pluralistes elle se contentait de pr voir la charge des Etats l obligation d organiser des lections l gislatives libres sans consacrer la diff rence des textes internationaux similaires le droit de prendre part la direction des affaires publiques et au droit de vote Au moyen d une lecture compr hensive de l article 3 du Protocole n 1 la Cour a renforc les exigences pos es par cette disposition en valorisant la d mocratie repr sentative 1 Elle n est pas all e cependant jusqu int grer les exigences du proc s quitable celles tir es de l article 6 1 en mati re de droits politiques En effet malgr une jurisprudence qui a su tirer parti
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