le critere a trois niveaux
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1. les ann es 70 un r le d terminant dans l mergence de la notion de maltraitance en France Sylvie B 4 ans 1 2 pr sente des ecchymoses multiples 4 fractures des membres et un h matome sous m socolique r gion abdominale ou sont localis s une partie des intestins et la rate qui entra ne une spl nectomie ablation de la rate A l h pital l enfant d clare tre battue par son beau p re Malgr les interrogatoires ce dernier nie toute brutalit et pr tend que les l sions des Sylvie sont secondaires a une chute sur le parquet Girodet 1973 p 111 Plusieurs indicateurs sont distinguer dans ce fragment de cas 1 l atteinte physique du corps de l enfant atteinte grave multiple et irr versible en ce qui concerne la perte de la rate 2 la verbalisation des brutalit s par l enfant traduisant une capacit demander de l aide 3 l atteinte psychologique r sultant de la n gation par le beau p re des brutalit s all gu es au moyen d une explication des faits non cr dible La figure 3 montre la localisation des trois indicateurs l int rieur des diff rents niveaux d intensit du danger Les explications entre crochets ne figurent pas dans le texte de D Girodet 145 146 Figure 3 appr ciation du danger mena ant Sylvie version 1 Niveau 3 Niveau 1 Niveau 2 Maltraitance et Hors de danger Risque physique Maltraitance A ai gique Bien tre de D c s de lenfan2. 137 Article publi par Francis Alf ldi dans la revue Les Cahiers de l Actif n 288 291 n 290 291 dit par Actif Formation en mai ao t 2000 p 201 214 LE CRITERE A TROIS NIVEAUX UN CONCEPT PRATIQUE POUR LES PROFESSIONNELS DE L EVALUATION EN PROTECTION DE L ENFANCE Francis ALFOLDI Travailleur social Formateur INTRODUCTION Comment value t on dans les services de la protection de l enfance Comment les professionnels du secteur s y prennent ils pour appr cier le danger qui menace l enfant Sous quel angle traiter le probl me de l valuation de la maltraitance quand on est travailleuse familiale assitante sociale ducateur conseill re en conomie familiale et sociale psychologue infirmi re pu ricultrice ou m decin Dispose t on de moyens techniques ad quats pour valuer les situations d enfants maltrait s Abordant le probl me avec une approche m thodologique cet article pr sente un outil pratique et simple d utilisation le crit re trois niveaux Apr s un rappel de la probl me de l valuation en protection de l enfance deux notions n cessaires la construction de l instrument sont expos es l objectivation et l articulation entre qualit et quantit Le crit re trois niveaux est ensuite d crit avant d tre mis en application sur un exemple simplifi LE PROBLEME DE L EVALUATION EN PROTECTION DE L ENFANCE UNE CONFRONTATION DES PROFESSIONNELS A L APPRE
3. 2 dans la vignette pr c dente entre dans la d finition de l enfant hors de danger niveau 1 Ainsi le second exemple apporte une vision diff rente du pr c dent La lecture de la figure 3 r v le un diagnostic all g Sylvie B est expos e a une maltraitance psychologique et un risque physique de gravit pr occupante pond r s par la pr sence de ressources comportementales de l enfant On remarque ici que le danger n est plus d clar destructeur mais plut t pr occupant Il peut ainsi tre plus ais ment contre balanc pond r par les ressources de l enfant La construction diagnostique rev t une importance consid rable sur la d cision venir et de ce fait sur le devenir de l enfant Dans le premier exemple parce qu il tablit que la maltraitance est destructrice le jugement d valuation oriente la d cision vers le retrait imm diat de l enfant du milieu familial Dans le second cas la maltraitance est point e le risque aussi mais la gravit s il elle est d clar e existante n est estim e que pr occupante c est dire qu elle met seulement en cause la s ret des conditions venir du d veloppement physique et psychique de l enfant Ainsi tabli le jugement d valuation oriente le d cideur vers un maintien de l enfant dans le foyer familial assorti dune mesure d aide ducative ou m dico sociale CONCLUSION Il importe de rappeler jusqu en la conclusion que l illustration con
4. CIATION DU DANGER L exp rience du contact direct avec les professionnels de terrain met en vidence le besoin d am liorer les pratiques d valuation existantes Les praticiens m dico psycho sociaux sont demandeurs non seulement d outils d valuation s rs et efficaces mais aussi d une m thode ad hoc pour les utiliser commod ment Ce constat est invariablement confirm par les professionnels lors des tours de table dans les formations l valuation en protection de l enfance Dans la pratique clinique de l enfance en danger les intervenants sont confront s en permanence la n cessit d valuer des situations familiales chaotiques soumises des changements brutaux et des perturbations d vastatrices Dans un contexte aussi complexe il est souvent difficile de garder la t te froide Malmen le discernement professionnel a tendance s garer l instant o il faut valuer c est dire au moment de se prononcer sur la gravit du danger mena ant l enfant et sur les moyens d en briser le processus L erreur diagnostique est alors une menace permanente Les cons quences ultimes de l erreur diagnostique se r percutent jusqu la d cision finale du magistrat Cet cueil est d crit en d tail par le juge des enfants Michel Huyette Le risque est en permanence de voir appara tre dans les dossiers des analyses h tives des avis trop rapidement avanc s sur des parents et des mineurs qui c
5. apporte une solution tierce Parmi les diff rentes d finitons du concept celle de A M Favard dans son livre L valuation clinique en action sociale apporte un clairage appr ciable Elle d finit l objectivation comme un ensemble de m thodes propres faire de la subjectivit un objet de connaissance Favard 1991 p 49 Ainsi la d marche m thodologique consiste op rationaliser les processus psychiques bruts issus de la subjectivit Elle vise rendre communicables les composantes subjectives ib Il importe d s lors de distinguer objectivation et objectivit Il est bien connu que l objectivit est cens e rendre compte de fa on impartiale et exacte de la r alit de l objet observ L objectivit pr tend en quelque sorte restituer le r el tel qu il est L chec imparable de la pr tention l objectivit survient parce que le r el n est jamais connu tel qu il est mais tel qu il est per u par l observateur selon le principe repris par Devereux et d j cit dans ce texte et c est ce que je per ois Il s agit d s lors de d nouer l intrication entre subjectivit et objectivit L objectivation apporte un moyen m thodologique int ressant J ai propos d en d crire ainsi le processus l objectivation fait tendre la subjectivit vers l objectivit sans jamais rejoindre cette derni re Alf ldi 1999 p 113 La d finition est assortie d un sch ma explicatif
6. cernant Sylvie ne pr tend pas rendre compte de l valuation de sa situation Il faudrait en savoir davantage sur ce qu il en est de sa m re de son p re sur les conditions de vie au domicile sur l historique de la dynamique familiale les ant c dents traumatiques connus sur les contenus des dossiers sociaux ou judiciaires concernant la famille En l absence d l ments en suffisance pas d valuation plausible Ce qui est montr ici est un proc d technique dont l emploi doit tre rigoureusement int gr dans une m thodologie appropri e par ses utilisateurs L appropriation de la m thode n cessite apprentissage et entrainement Le crit re trois niveaux est mis en uvre dans des m thodes sp cifiques comme le dispositif du g nogramme d valuation ou le dispositif du crit roscope dont j ai d velopp l application dans L valuation en protection de l enfance La diffusion de ce type de m thode permet aux professionnels d valuer avec plus de s rennit moins d erreur et de ce fait un peu plus d exactitude En largissant le contr le de la subjectivit professionnelle elles 150 r duisent l amplitude des erreurs diagnostiques La rigueur m thodologique accroit le sentiment de comp tence bien n cessaire aux professionnels elle am liore par le m me mouvement l efficacit de leurs interventions efficacit cruciale pour les enfants en danger La m thodologie en protection de l enfance a marche
7. e du beau p re Cette fois ci l indicateur marquant la violence physique c est dire l indicateur 1a est dans le niveau du risque niveau 2 consid rant que deux contusions se r sorbant spontan ment en quelques jours ne constituent sur le plan du dommage corporel au sens strict qu une brutalit sans alt ration physique grave Mais l indicateur 1a est aussi le r v lateur d une ins curit affective dans le foyer familial ce qui conduit retenir minima la pr sence d un risque psychologique galement dans le niveau 2 Ici l appr ciation du risque est retennue sous r serve d informations compl mentaires montrant la pr sence d un climat de terrorisme affectif au domicile ce qui serait plus grave sur le plan psychologique et situerait l indicateur 1a dans le niveau de la maltraitance Par contre l indicateur 3a porte davantage le tableau clinique au registre de la maltraitance psychologique le niveau 3 En effet l explication non cr dible des faits par le beau p re et la n gation des 149 dires de l enfant sont g n rateurs d impacts motionnels d passant ses capacit s d int gration psychologiques d finition du niveau 3 De m me que dans l exemple pr c dent l indicateur 2a marque les capacit s de verbalisation et demande d aide de l enfant Il att nue l intensit du danger rep r en ouvrant l hypoth se d un soutien adulte significatif proche de l enfant L indicateur 2a comme l indicateur
8. essus de pens e clinique au travers duquel sont trait es toutes les informations disponibles sur la situation de l enfant 143 LE CRITERE A TROIS NIVEAUX Il convient en premier lieu de rappeler l importance de la notion centrale de crit re dans le champ de l valuation Le crit re est un talon dont les graduations permettent de porter une appr ciation sur la valeur d un aspect particulier du ph nom ne valu L chelle de valeur instaur e par le crit re situe la r alit observ e la fois sur le plan de sa qualit et sur le plan de sa quantit Plusieurs crit res sont requis l valuation compl te d une r alit sociale toujours complexe Dans une pratique institu e le jugement d valuation est produit en fonction des crit res s lectionn s comme tant pertinents aux normes sociales Alf ldi 1999 p 75 Une fois pos e la d finition du crit re un sch ma simple aidera montrer comment s articulent la qualit et la quantit dans la trame du concept pratique de crit re trois niveaux figure 2 Figure 2 Le crit re trois niveaux Niveau 1 Niveau 2 Niveau 3 Hors de danger Risque de danger Maltraitance Bien tre de D c s de l enfant l enfant Pour ce qui est de l aspect quantificateur chaque indicateur de danger on entend par l toute information significative du danger mena ant l enfant est inscrit l int rieur d un continuum qui va du bien tre de l enfant j
9. est couramment rejet Et les arguments ne manquent pas en sciences humaines les choix portent sur de l humain ils ont trait aux affects et aux interactions motionnelles qui en d coulent Alors quoi de plus subjectif que la perception des interactions motionnelles Comment pr tendre mesurer l intensit d un affect Les pourcentages indices et autres gradients sont ils les termes appropri s pour traduire l appr ciation du danger qui menace un enfant L attachement ou la haine d un parent sont ils cens ment chiffrables A fortiori la compr hension du comportement d un enfant sur laquelle achoppent si souvent les efforts professionnels parait elle peu compatible avec une quelconque approche m trique Cependant il convient de mod rer la r action bien compr hensible de l anti quantification La notion d objectivation est en cela bien utile En effet il ne s agit pas de faire d river l valuation vers un chiffrage abstrait au point de perdre le contact avec la r alit dont il doit tre rendu compte Il importe de pr server les pratiques d valuation fran aises des indices de maltraitance qui tabliraient par exemple qu un taux pr cis de 63 7 un enfant serait maltrait alors qu au taux non moins pr cis de 63 6 il ne le serait pas surtout si le placement de l enfant est l enjeu de ce savant calcul Il s agit avant tout de rester fins cliniciens selon le propre d une culture latine influenc e par
10. figure 1 141 Figure n 1 repr sentation graphique du concept d objectivation TOUT SUBJECTIF Vintuition clinique exclusive REEL OBJECTIVITE ce qui est la v rit absolue OBJECTIYA elle tend vers Pobjectivit sans jamajf la rejoindre SUBJECTIVITE position initiale du sujet L objectivation renforce la pertinence de l valuation parce qu elle contribue en relativiser les r sultats L objectivation rend l valuation plus cr dible parce qu elle lui fait viter l impasse de la pr tention a la v rit absolue La m thode d objectivation favorise la position tierce qui permet d appr hender les r sultats de l valuation comme des perspectives moins comme des conclusions 142 COMMENT ARTICULER COMPREHENSION QUALITATIVE ET COMPREHENSION QUANTITATIVE Evaluer c est aussi mesurer La notion de mesure est indissociable de l valuation D s les temps pr curseur o l valuation concernait surtout les proc dures de notations aux examens la docimologie la quantification a t partie int grante de l valuation Bonniol et Vial 1997 p 48 Cependant lorsqu il s agit de quantifier un ph nom ne aussi complexe aussi empreint de subjectivit que la maltraitance infantile l esprit clinicien fran ais se cabre On sait que culturellement outre atlantique les professionnels sont familiaris s avec les instruments quantificateurs Dans notre culture socio professionnelle ce genre d outil
11. formation un instrument trois niveaux semble plus accessible Les enseignements de la pratique ont conduit a limiter trois le nombre des niveaux talonnant le crit re pratique Bien entendu les intitul s de chacun des trois niveaux doivent tre explicitement d finis Partant des d finitions de l ODAS connues par les professionnels trois d finitions crit ri es ont t labor es afin d op rationaliser le concept pratique L enfant hors de danger b n ficie 1 d une absence de recours des chatiments corporels autres que des sanctions physiques l g res et peu fr quentes 2 d une circulation intra familiale de d sirs sexualis s avec interdit quant au passage lacte 3 d attitudes parentales de protection d approbation et de coh rence ducative 4 de la satisfaction de ses besoins mat riels physiques et moraux L enfant en risque est expos 1 des brutalit s sans alt ration physique grave 2 des incitations sexuelles sans passage lacte 3 l ins curisation affective 4 la restriction des conditions d ducation a l assurance des besoins vitaux L enfant maltrait est victime 1 de violences physiques alt rant gravement sa sant 2 d une appropriation par violence s duction ou emprise de son corps comme objet de satisfaction sexuelle 3 d impacts motionnels d passant ses capacit s d int gration psychologique 4 de manquements parentaux portant atteinte ses beso
12. il est missionn Le doute est une pr caution indispensable lorsqu il s agit d appr hender le r el II en va ainsi de la r alit des faits de maltraitance Pour tre cr dible lavis du professionnel sur la mat rialit d un fait de maltraitance devrait tre escort de la formule relativisante mise en valeur par Georges Devereux et c est ce que je per ois Devereux 1980 p 53 L in vitable et tr s pr cieuse implication personnelle du professionnel doit tre prise en compte dans l valuation Or comment voir un peu plus clair dans les m andres obscurs de la pathologie de la maltraitance intra familiale Bien que les situations soient complexes bien que le jugement professionnel reste soumis l erreur diagnostique il faut n anmoins se prononcer Face la situation de l enfant en danger une d cision est prendre L valuation est le temps pr alable la d cision du d cideur le juge des enfants ou le responsable administratif d partemental Elle en est aussi l tape pr paratoire indispensable On ne peut en aucun cas s y soustraire l valuation doit advenir Il appartient l thique professionnelle de r duire la marge de l erreur diagnostique Dans la relation clinique l valuation a lieu en permanence Le probleme de m thode qui est pos consiste d terminer la mani re la mieux appropri e pour valuer en se trompant le moins possible Bien entendu les professionnels de l enfance n on
13. ins vitaux L laboration des trois d finitions est le r sultat de la construction des crit res d valuation pr sent e en d tail dans L valuation en protection de l enfance Alf ldi 1999 pp 86 90 Elles sont intitul es d finitions crit ri es parce que leur association met en crit re les diff rentes formes de maltraitance Chaque crit re est talonn de fa on a permetttre une mesure simple de l intensit du danger a l int rieur des niveaux 1 2 3 non dangeureux moyennement dangeureux excessivement dangeureux ILLUSTRATION PAR UN EXEMPLE SIMPLIFIE ll importe pr sent de se porter au devant de la question r currente des professionnels auquels on pr sente un instrument qu est ce qu on peut en faire Autrement dit a sert quoi Le principe central de valuation clinique peut tre expliqu au moyen d un court exemple qui mettra rapidement le professionnel aux commandes de l instrument Il ne s agit certainement pas de retracer une valuation compl te Celle ci n cessite la prise en compte de tous les l ments connus du contexte Elle ne peut se faire de fa on pertinente partir de l information restreinte expos e ci dessous L exemple retrac a uniquement valeur d illustration il ne constitue pas en lui m me une valuation Prenons l un des cas clinique simple qui abondent dans la th se de Dominique Girodet texte historique insuffisamment connu des professionnels qui a jou dans
14. la condition de ne pas perdre de vue que tout ce qu elle nous enseigne n a d int r t que dans la mesure o c est compatible avec l intuition profonde du professionnel qui conna t la situation rencontre les gens et sait quelque chose de leurs interactions Tout professionnel de terrain exp riment a pu v rifier plus d une fois que l intuition clinique reste un outil irrempla able la perception des processus inter psychiques subtiles qui chappent toute tentative d instrumentalisation A condition qu il ne constitue pas une finalit obsessionnelle l outil m thodologique vient en renfort de l intuition clinque pour r duire la marge d erreur du jugement d valuation 151
15. les raffinements de la psychanalyse Rester fins cliniciens cela signifie aussi pr server le jugement professionnel des erreurs d appr ciation suscit es par la violence contaminante des situations d enfants maltrait s L introduction de proc d s de quantification simples contribue limiter les d fauts d exactitude entra n s par la subjectivt exclusive qui r gne dans les pratiques d valuation courantes Les proc d s de quantification doivent tre suffisamment ouverts pour concilier l appr ciation qualitative avec l appr ciation quantitative L appri ciation qualitative concerne l identification du danger encourru par l enfant un abus sexuel un s vice corporel une cruaut mentale une n gligence grave selon la terminologie de l Observatoire de l action sociale d centralis e ODAS L appr ciation quantitative concerne l intensit du danger encourru par l enfant l enfant est hors de danger en risque de danger ou maltrait L appr ciation quantitative va permettre aux valuateurs de d limiter avec plus de rigueur le niveau d intensit du mauvais traitement d crit par l appr ciation qualitative En conjuguant les appr ciations qualitative et quantitative le crit re trois niveaux contribue r duire les marges d erreur du jugement d valuation prononc sur la gravit du danger mena ant l enfant et sur les moyens d en briser le processus Le crit re trois niveaux est une matrice du proc
16. n concept rendu imm diatement accessible la pens e clinique du professionnel de terrain Le concept pratique dont il va tre ici question est le crit re trois niveaux 139 l Le jugement d valuation incombe aux intervenants m dico pxycho sociaux ne pas confondre avec le jugement de d cision du magistrat 140 Avant de d finir plus avant le crit re trois niveaux il faut rappeler ce qu est l objectivation et poser l articulation subtile entre les approches qualitative et quantitative LA NECESSITE DE L OBJECTIVATION Les pr occupations professionnelles mentionn es ci dessus n cessitent de lib rer le discernement professionnel de la subjectivit qui tend pr dominer Les pratiques en protection de l enfance sont pourtant le th tre du t lescopage entre des l ments subjectifs souvent personnels et des l ments objectifs de la situation Gabel 1997 p 436 Pour pr server le processus d valuation de la d rive du tout subjectif o seule r gne l intuition clinique on aura recours a la d marche d objectivation Jai rappel dans L valuation en protection de l enfance que la pr tention a l objectivit et le primat de la subjectivit sont deux ultra solutions peu op rationnelles L objectivit est reconnue illusoire y compris par les sciences dures la subjectivit par manque de rigueur majore les risques d erreur diagnostique Dans ce contexte antagoniste objectivation
17. ne touche positive la gravit du diagnostic indiqu e par les deux autres En effet les capacit s de verbalisation et de demande d aide de Sylvie sont consid rer comme des signes r v lateurs de la pr sence du soutien actif d un ou plusieurs adultes significatifs non pas le beau p re en l occurrence mais plus vraisemblablement l un ou l autre membre de la parent le Ce peut tre par exemple la m re dont il n est pas parl dans la micro vignette En cons quence l indicateur 2 descripteur du fonctionnement de l enfant trouve sa place dans la d finition de l enfant hors de danger niveau 1 c est dire celui qui b n ficie d attitudes parentales de protection d approbation et de coh rence ducative La lecture du sch ma de la figure 2 conduit l valuateur a construire une bauche de jugement d valuation Sylvie B est expos e des maltraitances physique et psychologique de gravit destructrice associ es la pr sence de ressources comportementales de l enfant La phrase met en vidence la notion de gravit destructrice effective Elle vise ainsi orienter la d cision judiciaire vers une mesure de protection soustrayant imm diatement l enfant la destruction dont il est la cible retrait de l enfant ou mise l cart de l abuseur Toutefois la mention des ressources de l enfant permet d envisager en sa faveur des pistes de travail intra et ou extra familiales Faisons pr sent varier a
18. onduisent forc ment des r actions l gitimes de m fiance ou de rejet de leur part et des d cisions inappropri es et peu efficaces car motiv es par des arguments non convaincants pour les int ress s Il faut donc chaque tape chercher comment r duire ce risque de subjectivit et d erreur Huyette 1999 p 6 Il est primordial de r affirmer dans un texte destination des praticiens du m dico psycho social que l erreur diagnostique est in vitable quiconque se prononce sur des faits de maltraitance Il y a bien longtemps et dans un tout autre domaine Albert Einstein oppos cette conception relativiste aux pr tentions des scientifiques de son poque la certitude en g om trie Dans la mesure o les nonc s de g om trie parlent de la r alit ils ne sont pas certains et dans la mesure o ils ne sont pas certains ils parlent de la r alit Il peut ne pas tre d nu de pertinence de renouveler le propos sur le terrain de l valuation en protection de l enfance dans la mesure o les jugements d valuation parlent de la r alit de la maltraitance ils ne sont pas certains et dans la mesure o ils ne sont pas certains ils parlent de la r alit D s lors il est envisageable d admettre que les pratiques actuelles chouent a dire le vrai l heure o le professionnel se prononce sur la r alit et sur l intensit des mauvais traitements subis par l enfant en faveur duquel
19. professionnels de terrain confront s aux imp ratifs de la d cision prendre peuvent difficilement entrer dans des nuances d appr ciation aussi d taill es Un diff renciateur en sept niveaux permet d obtenir une appr ciation fine par contre il n aide pas la prise de d cision En protection de l enfance la d cision est parfois tranchante comme c est le cas du retrait d un enfant de son milieu familial Les praticiens peuvent int grer rapidement trois niveaux de d cision Au niveau de la plus haute gravit celui de la maltraitance niveau 3 la d cision consiste dans le retrait de l enfant retrait imm diat ou diff r selon l intensit de la maltraitance Au niveau le plus favorable celui o l enfant est hors de danger niveau 1 la d cision a trait la suppression de l intervention socio judiciaire et au classement du dossier Au niveau interm diaire du risque de danger niveau 2 la d cision confirme la poursuite du contr le et du soutien socio judiciaire ou ordonne les investigations compl mentaires lorsque l information est estim e insuffisante Les professionnels de terrain connaissent bien ces trois niveaux de d cision ils r gissent les pratiques courantes en protection de l enfance Un diff renciateur complexe ne fait qu accroitre la confusion diagnostique l heure de la prise de d cision On ne peut pas s embarrasser de tant de niveaux disait une assistante sociale lors d un stage de
20. rbitrairement les sympt mes Sylvie B 4 ans 1 2 pr sente deux ecchymoses circulaires d un diam tre inf rieur deux centim tres A l h pital l enfant d clare avoir t battue la veille par son beau p re Malgr les interrogatoires ce dernier nie toute brutalit et pr tend que les marques de Sylvie sont secondaires une chute sur le parquet L investigation diagnostique conduit relever une seconde s rie d indicateurs 1a l atteinte physique du corps de l enfant consistant en deux ecchymoses peu marqu es qui se r sorbent spontan ment 2a la verbalisation d un pisode de brutalit subi par l enfant traduisant sa capacit demander de l aide 3a l atteinte psychologique r sultant de la n gation par le beau p re de l pisode de brutalit all gu au moyen d une explication des faits non cr dible Une nouvelle s lection des indicateurs significatifs du danger mena ant l enfant et des moyens d en briser le processus a lieu Les indicateurs retenus sont class s dans le crit re trois niveaux en figure 4 147 148 Figure 4 appr ciation du danger mena ant Sylvie version 2 Niveau I Niveau 2 Niveau 3 Hors de danger Risque physique Maltraitance et psychologique psychologique Bien tre de D c s de l enfant l enfant Indicteur n 2a Verbalisatio ndicareurn la n des abus 2 ecchymoses Indicateur n 3a peu marqu es N gation des faits et explication non cr dibl
21. t 138 pas attendu l criture des livres ni les prescriptions des chercheurs pour valuer les situations n anmoins ils sont nombreux r clamer le renfort de la m thodologie En l insuffisance d outils ajust s aux difficult s sp cifiques de leur t che il leur est difficile d tayer leur conviction de donner de la force a leur jugement professionnel et de le rendre communicable Ils admettent en cons quence la n cessit de rigueur en mati re d valuation Les professionnels de terrain ne rechignent pas tant que cela affronter les contraintes de l apprentissage de la m thodologie d valuation pourvu qu elles soient adapt es leur pratique Dans l valuation des situations de maltraitance la m thodologie n est pas autre chose qu un r ducteur d erreur un garde fou en quelque sorte si l on veut bien consid rer que l erreur d cisionnelle est une forme de folie soci tale caract ristique des garements de l intervention m dico psycho socio judiciaire R solument pragmatiques les professionnels attendent qu une m thode d valuation leur apporte des r ponses pratiques des questions cruciales Ces questions d valuation reviennent au fil des r unions de synth se Comment diagnostiquer entre le risque et la maltraitance Comment d cider s il faut ou non indiquer le placement d un enfant Comment prendre plus de distance dans une situation trop impliquante Comment r diger le rapport dans une si
22. t l enfant ndicateur n 1 Indicateur n 3 H matomes multiples N gation des faits et erbalisation des abus A fractures des membres explication non cr dible par l enfant Desctruction de la rate du beau p re Le premier indicateur d crivant les s vices corporels subis par Sylvie est class dans le niveau de la maltraitance le niveau 3 car les l ments d agression physique et de d gradation physiologique dont il rend compte entrent bien dans le premier terme de la d finition crit ri e de l enfant maltrait violence physique alt rant gravement la sant de l enfant Le troisi me indicateur concernant la n gation du beau p re assortie d une justification non plausible est galement cat goris dans le niveau de la maltraitance niveau 3 car il correspond au troisi me terme de la d finition crit ri e de l enfant maltrait impacts motionnels d passant les capacit s d int gration psychique de l enfant y correspond m me un double titre En effet l enfant subissant une violence adulte n cessairement assortie de cruaut mentale se trouve ici ni et non respect dans sa parole Il est de ce fait expos a un impact psychique excessif et non acceptable au regard de ses besoins motionnels Le tableau de maltraitance est ainsi sign par les indicateurs 1 et 3 qui r l vent pour l un de la maltraitance physique pour l autre de la maltraitance psychologique Le second indicateur va associer u
23. tuation compliqu e Comment valuer quand le danger rev t des formes multiples Comment valuer les effets actuels d une maltraitance ancienne Comment recentrer sur l enfant une valuation capt e par les fonctionnements parentaux Comment parer les maltraitances institutionnelles Comment d gager l valuation de la sid ration d une histoire familiale traumatique Un tel programme est d cid ment loin d tre l ger Pour ne pas c der la panique et la sid ration ni au d couragement et l usure il convient de se doter d une m thode et d outils adapt s la t che pr cise qui consiste prononcer un jugement d valuation sur la gravit du danger mena ant l enfant et sur les moyens d en briser le processus Les professionnels demandent une m thode pratique avec des outils simples utiliser ils en veulent aussi le mode d emploi lisible Il n est pas possible de pr senter dans un article tous les l ments constitutifs d une m thode d valuation Une investigation plus pouss e du mod le propos renverra le lecteur mon ouvrage L valuation en protection de l enfance paru chez Dunod en 1999 dans lequel la m thode d valuation et les concepts qui en soutendent la construction sont d velopp s en d tail Il para t plus pertinent de r server le pr sent texte l expos d un principe fondamental en mati re d valuation clinique Il s agit d un concept pratique c est dire u
24. usqu au cas extr me de son d c s Le continuum marque la trajectoire de l intensit du danger Cette trajectoire parcours trois niveaux s par s par deux seuils Ces trois niveaux sont 1 l enfant hors de danger 2 l enfant en risque de danger 3 l enfant maltrait Pour ce qui est de l aspect qualitatif chaque indicateur de danger pris en compte est class dans une cat gorisation qui int gre les quatre formes de maltraitance retenues par la d finition de l ODAS 1995 p 53 les violences physiques maltraitance physique la cruaut mentale maltraitance psychologique les abus sexuels maltraitance sexuelle les n gligences lourdes maltraitance par n gligence Comme annonc ci dessus la quantification est all g e puisque qu elle se limite choisir entre les niveaux 1 2 ou 3 Le crit re pratique est talonn par un 144 diff renciateur trois niveaux L appr ciation du danger sera prononc e entre trois degr d intensit non dangeureux moyennement dangeureux trop dangeureux Le crit re trois niveaux diff re d outil qualitatifs plus pr cis tel que le diff renciateur s mantique invent en 1956 par C E Osgood outil couramment utilis dans les recherches qualitatives en sciences humaines Le diff renciateur d Osgood permet de construire des chelles sept niveaux d intensit par exemple 1 excellent 2 bon 3 passable 4 moyen 5 m diocre 6 mauvais 7 ex crable Or les
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