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LIRE, C`EST VRAIMENT SIMPLE - Association Française pour la

1. e Savoirs sur la nature de l crit d abord Pensons au nombre d indicateurs qui renseignent sur le type d crit auquel on a affaire Comment faisons nous dans une librairie Dans une biblioth que Qui peut soutenir qu il a un jour commenc une lecture sans savoir s il s agissait d un roman ou d un trait d agriculture La forme le support le titre la page de couverture le nom de l auteur sont des moyens de savoir dans quel crit on s engage et sont aussi des moyens de s y engager tant reste vrai le fait qu il n y a pas de lecture sans attente Mais des moyens parmi d autres innombrables dont on n a pas conscience parce qu ils font partie de ce que savent de l crit les hommes et les femmes qui savent lire et qui vivent dans une soci t o l crit joue le r le que l on sait Il n y a pas de lecture na ve M me quand on a l impression de tout d couvrir des jalons ont t pos s 20 d inconnu dans un texte qu on comprend e Savoirs sur le contenu de l crit ensuite Ne parlons m me pas du survol qui permet de d tecter avant de lire de quel r cit il s agit quand il s agit d un r cit ou si le niveau d un ouvrage documentaire nous convient Nous pensons plus pr cis ment pour ce qui concerne la lecture au fait qu une information ne peut pas 10 Las iig Dai Pour prendre un exemple tr s simple comment est compris et re u le panneau d fense de fumer dans un local o le s jour sera long
2. la biblioth que que certaines animations pr sentations de livres recherches sur un sujet tables rondes laissent des traces l intention de 60 tous les enfants le lieu de rencontre de l cole A tout moment pendant et parfois en dehors des heures de classe les enfants peuvent s y rencontrer leur initiative autour d un livre ou non pour se documenter ou pour visiter une exposition parfois pour participer des animations Au dire de tous c est une des fonctions importantes de la biblioth que le lieu o les enfants peuvent rencontrer explorer et choisir des livres et des documentaires nombreux r pertori s et class s Les enfants y apprennent explorer le milieu biblioth que c est dire comprendre les diff rents modes de classement des ouvrages et l usage des fichiers c est l qu ils ont l occasion de consulter beaucoup de livres pour choisir le seul qui corresponde leurs attentes et ce faisant gr ce aux aides qu ils re oivent se constituer progressivement une connaissance implicite des livres en particulier leur mode de fonctionnement une familiarit avec les diff rentes formes d crits qui orienteront de fa on d cisive toutes leurs pratiques de lecture le lieu o on participe des animations comme acteur comme spectateur ou en participant occasionnel Ces animations sont assez connues maintenant pour qu il suffise de les citer sans commentaires particuliers
3. le d sir de savoir le go t d oser et de cr er progressivement teints au cours des ann es d initiation Le temps d apprendre sera ainsi indissociable du temps de vivre Chaque instant de l existence sera consacr modifier le pr sent seule mani re de pr parer l avenir individuel et collectif Dans une telle perspective ducative il n est plus possible de consid rer l enfant comme un adulte inachev un tre sans exp rience mineur et irresponsable qu il convient avant tout de prot ger L enfant n est plus un individu que les adultes l vent mais au m me titre que chacun d entre nous un tre qui s l ve lui m me avec l aide de tous Il n agira et n apprendra vraiment que si les situations de vie dans lesquelles il va se trouver lui permettent de prendre des responsabilit s d affronter les contradictions et les conflits d analyser son action Les situations artificielles qui caract risent actuellement l cole provoquent des actions sans cons quences et comportent de ce fait un vident m pris de la personne masqu par le culte de l enfant L volution des m urs qui s attaque au racisme au sexisme qui conteste la notion d inf riorit et revendique le droit la diff rence doit s tendre l enfant Les premiers balbutiements de cette volution ont engendr l enfant roi conception insens e aux cons quences dramatiques Leur condamnation ne justifie pas pour autant le retour aux pr
4. lire il est indispensable que je sache bien ce qu est un acte de lecture quoi cela sert Dans quelles circonstances il a lieu Comment il se r alise et que j aie une id e de l histoire de cet apprentissage comment il se construit travers quels t tonnements il faut aussi que je sache observer et comprendre son activit Autrement dit pour intervenir en vue de faciliter un apprentissage chez un enfant il faut se poser une s rie de questions qui porteront toujours sur l activit de cet enfant et sur la situation dans laquelle il se trouve l ensemble tant clair par la connaissance qu on a de l activit aider et de son apprentissage Nous pourrions r sumer et sch matiser ainsi Quelles sont les situations globales dans lesquelles l apprentissage en question se d veloppe Il faut rep rer ces situations pour les favoriser les susciter les diversifier chercher les rendre aussi riches et vari es que possible Il serait souhaitable d associer les enfants certaines des situations de ce type dans lesquelles nous sommes personnellement engag s Comprendre ce que l enfant cherche faire comment il s y prend Puis en fonction de ce qu on sait de l activit mettre en uvre apporter les informations jug es utiles proposer les exercices faire r fl chir sur une difficult En bref faire ce qu on croit utile l apprenti tel qu il est pour faire ce qu il fait Ce point est c
5. que si un autre choix n est pas plus urgent etc C est pourquoi il faut souligner l importance des comit s de lecteurs En r sum on peut dire que le fonctionnement des BCD permet aux enfants de participer aux activit s suivantes heure du conte pr sentation de livres discussions propos de livres recherche sur un sujet soit ponctuellement en fonction d un besoin pr cis soit d une mani re plus large en vue d une discussion de la pr paration et de la pr sentation d une exposition ou d une tude qui a lieu en 61 classe lecture avec ou sans aide auto documentation participation au pr t et la tenue de la biblioth que et des livres aide d autres enfants aux petits par exemple pr paration d un montage audio visuel d un spectacle de marionnettes expression th trale et po tique exploration du milieu biblioth que exploration des diff rents types d ouvrages disponibles l inverse certaines activit s peuvent avoir lieu en classe en vue d une participation la vie de la biblioth que Il s agit par exemple de la pr paration d un compte rendu qui figurera dans le journal ou qui sera expos la biblioth que d un d bat de l tude de documents en vue d un affichage d une animation Ces pr parations peuvent avoir lieu en groupes ou individuellement elles n cessitent ou non la participation d enfants de plusieurs classes elles peuvent exiger des aides plus ou moins import
6. 76 LIRE C EST VRAIMENT SIMPLE quand c est l affaire de tous Eh bien non il n y a pas de diff rence de nature Un enfant comme un adulte interagit avec ce qui l entoure en mobilisant tout son tre Ce qui fait la diff rence c est que son histoire est par d finition plus courte Ce que je lis au moment o je le lis se trouve clair par tout ce que je suis par tout ce que je sais bref par mon histoire L enfant aussi a son histoire mais nous avons tendance traduire cette diff rence uniquement en termes d incapacit Une petite orpheline a une lecture des malheurs de Cosette d une autre intensit que ma propre lecture si j ai conserv mes parents QUESTION 12 En refusant tout d chiffrement ne risque t on pas d avantager surtout les enfants des milieux favoris s On entend parfois dire c est vrai que certains enfants sont tellement d munis qu il faut commencer avec eux par le commencement On saute alors le pas en ajoutant le commencement c est la lettre puis le son etc Le pr suppos sur lequel repose la th orie de l enseignement de la lecture par les lettres et par les sons c est la capacit de combiner des l ments entre eux Pourquoi les plus d munis seraient ils davantage en mesure que les autres d op rer ces combinaisons ph f s entre deux voyelles se lit z etc En r alit l apprentissage par le d chiffrement pr sent comme la d marche la plus conomique on for
7. Ed Ouvri res Des organismes Publications de l ADACES pour implanter des biblioth ques centres documentaires dans les coles Documentation aupr s de Yves Parent IDEN 137 avenue Joffre 44250 Saint Br vin Les Pins Association Fran aise pour la Lecture Renseignements cole Normale 1 rue du Mar chal Leclerc 28000 Chartres Pr sident J P B nichou 48 CHAPITRE VI La maladie du contr le et la n cessit de l valuation Le doigt montre la lune et le na f regarde le doigt Il y a quatre mois Jacques est arriv sans conna tre un mot d anglais dans une famille anglaise o personne ne parle fran ais Il vit maintenant ici il est m l aux espoirs aux contraintes aux conflits la tendresse aux distractions aux soucis aux projets de cette famille Il coute il s int resse il tente de discuter sur ce qu il voit la t l vision sur ce qu il lit dans le journal il trouve que Mary a raison et que son p re est trop s v re Il demande des explications d s qu il ne comprend pas Il s aide de temps en temps d un dictionnaire Ses amis anglais trouvent qu il se d brouille de mieux en mieux et c est vrai Il n est plus en difficult dans le groupe de jeunes de son ge avec qui il va partir pour ce voyage qu ils ont longtemps pr par ensemble il ne se perd plus dans Londres et obtient ce qu il d sire dans les magasins Lorsqu il ne comprend pas ou lorsqu il ne parvient pa
8. L enfant sait maintenant que les crits contiennent des informations n cessaires l accomplissement de ses projets Il sait qu il peut trouver dans des livres ou dans des revues des r ponses aux questions qu il se pose Il sait que la lecture peut lui procurer du plaisir lui permettre de r ver de s vader d prouver des motions de satisfaire sa curiosit Gr ce l activit r flexive sur son comportement de lecteur il sait adapter sa lecture la situation il utilise les aides explore l crit choisit Il est devenu un lecteur autonome L apprentissage n est pas termin pour autant Si l enfant n avait plus l occasion de lire il cesserait de progresser un peu comme celui qui a appris une langue trang re mais ne la parle jamais Mais quelles raisons a t il de lire Quelles raisons a t il d utiliser des crits diversifi s qui correspondent ses projets La fr quentation de la biblioth que municipale des librairies la participation l animation de la BCD les pr sentations les d bats les expositions lui permettront de mieux conna tre les contes les romans de savoir les choisir de prendre du plaisir les lire L utilisation de la documentation n cessaire la 45 recherche des informations dont les enfants ont besoin pour vivre l cole ou hors de l cole augmentera d autant plus que l adulte aura le souci de pr server et d accro tre leur autonomie Tout autant qu l tape pr c
9. QUESTION 24 Et la litt rature enfantine On trouve de tout dans les livres pour enfants le meilleur et le pire heureusement sinon comment apprendrait on choisir Mais il ne faut pas choisir la place des enfants il faut discuter avec eux de leurs choix et leur donner la possibilit de les largir La litt rature pour enfants refl te de mani re caricaturale l id e qu une soci t se fait de sa jeunesse Toutefois on n a pas le droit de parler de litt rature enfantine si on ne va dans les librairies qu au moment des f tes et des anniversaires Il existe dans les biblioth ques municipales et dans les coles des gens qui vous attendent pour que vous puissiez parler ensemble et avec des enfants de la litt rature enfantine N est ce pas le plus s r moyen de la faire voluer k k k 25 gt n hanai f f Le r seau des comit s de lecture Cf La joie par les livres 4 rue de Louvois Paris 81
10. ce projet C est toujours ainsi que les choses se passent dans la vie S il en est autrement l cole c est parce qu on l a voulu le souci de cr er des groupes homog nes rend presque impossibles les interactions entre les individus qui ont des comportements diff rents En r sum nous dirons que plusieurs facteurs jouent toujours pour permettre le succ s ou pour faciliter l volution souhaitable e ce qu on pourrait appeler le besoin fonctionnel ce qu on cherche ce qu on attend l intensit des rapports la situation e l tat de l individu son exp rience ce qu il sait d j tout ce qu il a d j construit e la prise en compte de tous les l ments de la situation dans laquelle il est engag en particulier les aides qu il peut recevoir de la part de ceux qui vivent avec lui C est ce qui nous permet d affirmer qu un enfant qui est engag dans un acte de lecture important pour lui qui mobilise une exp rience suffisante du sujet abord et de l crit et qui rencontre l crit en situation fonctionnelle c est dire qu il pourra exercer son interrogation sur tous les l ments de la situation et prendre appui sur eux pour faire les hypoth ses n cessaires la construction du sens cet enfant saura inventer les strat gies pour surmonter les obstacles que le milieu impose involontairement et heureusement son projet gt Comment aider un enfant se d velopper Comment r unir les conditi
11. gt Comment un enfant peut il r ussir un acte pour lequel il n a pas t pr par En effet si on affirme que tous les apprentissages se construisent dans des projets r els dans des actes d j fonctionnels c est dire importants pour celui qui les fait on doit se demander comment ils aboutissent puisqu ils n ont pas t pr par s Pour r pondre cette question il faut se rappeler qu un acte concret chercher une information dans l crit essayer de comprendre un autre tenter de tenir en quilibre sur des skis est toujours un moment dans une histoire une tape et un essai Et qu en ce sens jl n est jamais r ellement le premier ni isol Il faut aussi savoir que ce que fait l enfant est adapt sa demande lui et ses possibilit s personnelles Il ne pose que les questions auxquelles il est capable de r pondre et il ne tente que les essais qu il peut r ussir Tout cela son niveau les questions qu il pose tracent d j les contours des r ponses qu il attend Et il est capable de construire ces r ponses l ou tout au moins presque capable et c est ce presque qui l oblige voluer Il ne faut pas non plus oublier que les actes en question sont v cus en situation sociale c est dire dans des circonstances o des aides sont naturellement disponibles Il y a toujours quelqu un qui peut r pondre une question qui peut faire une remarque ou qui est pr t s associer momentan ment
12. la vie des diff rents groupes auxquels il veut tre m l sait se donner les moyens de communiquer oralement Il construit ainsi sa fa on personnelle d entrer en contact avec les autres l o il est et pour faire ce qu il fait Il apprend parler ou plut t il apprend vivre avec les autres en recourant la parole C est ce que font tous les jeunes enfants dans leurs familles c est aussi ce que sont conduits faire tous ceux qui se trouvent un jour oblig s de vivre l tranger lls sentent alors qu ils acqui rent bien plus qu un nouveau moyen de communiquer ils abordent une nouvelle fa on de vivre qui les transforme C est cela apprendre parler la parole n est donc pas quelque chose qu on pourrait poser en mod le devant quelqu un pour qu il se l approprie un peu comme un objet qu on pourrait examiner avant d en faire l acquisition morceau apr s morceau Des comportements sociaux On sent bien que beaucoup d autres comportements g n raux se construisent ainsi en permanence dans et par la vie se rep rer dans l espace coop rer avec les autres communiquer avec eux analyser des situations prendre des d cisions En bref tout ce que la vie rend n cessaire ou souhaitable pour exister dans les milieux humains et physiques o nous sommes Tous ces comportements se d veloppent chez tout individu du seul fait qu il vit dans une soci t donn e et qu il tient des r les d termin s comme par exem
13. lire On doit se demander s ils n auraient pas t meilleurs lecteurs en n tant pas contraints de passer par le d chiffrement Toutes les personnes qui veulent perfectionner leur lecture sont oblig es de se d barrasser d un certain nombre d habitudes acquises avant de commencer envisager d am liorer leurs performances Et puis n oublions pas les r sultats des valuations du savoir lire des enfants et des adultes La majorit a une vitesse de lecture tout au plus gale celle de la parole Ce sont de bons d chiffreurs mais de bien pi tres lecteurs C est grave car l crit cesse d tre ce moyen de communication rapide et efficace et on y a de moins en moins recours pour s informer et se distraire Si la lecture est un comportement mal ma tris et p nible on n utilise l crit que sous la contrainte et on perd ainsi tout ce qu il a d irrempla able Soit diront d autres la lecture est une recherche d indices et pas une investigation totale des signes mais n est il pas au moins n cessaire de d chiffrer les mots qu on ne conna t pas Et bien non Le d chiffrement est vraiment la derni re strat gie utilisable en ce cas Est ce en pronon ant un mot qu on ignore et encore faut il tre s r de le bien prononcer qu on le comprendra On peut lire un roman russe ou Scandinave sans tre capable d oraliser ou sans en avoir l envie les noms des h ros ou des lieux que pourtant on identifie tr s bien tout
14. savoir qui est l ou qui est absent chaque enfant qui arrive retourne l tiquette de son pr nom accroch e au mur savoir qui s appelle Annie Jacques ou Aziz tableau des photos et pr noms des membres du groupe savoir qui est le plus g le plus grand qui a des fr res et s urs qui habite ici ou l Dans cet inventaire d informations chacun livre ce qu il juge bon ce qui lui permet de se faire conna tre et de s affirmer L crit personnel Dans la plupart des cas les enfants sont amen s manipuler des crits d information qu ils mettent ou re oivent ou des crits de communication c t des crits sociaux apparaissent des crits plus personnels Il est bien difficile de les d crire tant ils varient d un cas l autre On pense d abord au stock d tiquettes portant son pr nom dont l enfant dispose pour mettre sa marque sur ses dessins sur un livre ou sur un quelconque objet La r alit de l crit personnel est probablement plus subtile le morceau de lettre que l on conserve dans sa bo te tr sors c t d un ticket d autobus d un coquillage le livre parfois compl tement d labr dont on ne veut pas se s parer etc Au fur et mesure qu un enfant grandit il exerce davantage de pouvoir sur sa vie et son environnement donc sur l crit Il n attend plus la m me intervention de l adulte 34 qui doit l aider certes mais sans se substituer lui Examinons ce qui peut se passer a
15. faire de la grammaire pendant cinq ans et qu on mesure ce qu il en reste l entr e en 6 qu on interroge l adulte sur ce qu il a retenu des mati res longuement bachot es pour tel ou tel examen Il faudra bien admettre un jour que moins une situation est artificiellement organis e des fins p dagogiques plus les apprentissages qui s op rent sont profitables et solides Comment expliquer qu une orthographe rebelle aux dict es aux r dactions s am liore consid rablement quand l adolescent ayant quitt l cole crit pour exprimer ses sentiments pour demander un emploi ou pour r clamer la lib ration d un prisonnier d opinion Il ne s agit pas ici de justifier les th ories spontan istes qui avaient l intention de permettre l panouissement de l enfant et qui ont surtout contribu renforcer le conservatisme ducatif dans l opinion Certes livr lui m me l enfant proc de des exp riences mais dans un champ physique et social le plus souvent Le Crosnier professeur l UER Necker Enfants Malades crit dans le Monde la s lection est bas e sur un concours portant sur des mati res dites fondamentales math matiques physique chimie statistiques etc Ce concours qui va liminer pr s de trois quarts des candidats condamne obligatoirement au bachotage ces jeunes peine sortis du lyc e Ainsi vont s rement tre re us les bons l ves mais il n est pas certain qu ils soient a
16. il prend des habitudes n fastes d s que son rapport l crit n est pas fonctionnel et qu il s absorbe dans un m canisme Ce qui ne signifie pas que les techniques ne soient pas n cessaires elles sont indispensables Mais votre enfant va les construire cela il sait tr s bien le 7 faire Depuis sa naissance il n arr te pas d inventer des comportements nouveaux de plus en plus efficaces et diversifi s et vous l avez aid dans sa propre d marche Si vous voulez l emp cher de devenir lecteur faites en sorte qu il attende ses six ans et le moment o on lui imposera cette technique de transformation de l crit en oral que vous contr lerez par la lecture voix haute Et cessez imm diatement de lire notre livre En revanche si les quelques pages que vous venez de lire ont veill en vous quelques doutes ou quelques chos avancez dans ce livre Nous l avons crit plusieurs avec des sensibilit s diff rentes c est volontairement que les m mes id es sont reprises par chacun d entre nous sa mani re Mais les id es qui vous feront regarder autrement la lecture et les enfants ne sont pas dans ce livre elles vont na tre en vous gr ce au questionnement de notre crit par votre exp rience Le sens c est vous qui allez le cr er ce n est pas nous qui pouvons vous le transmettre Nous ne pouvons que vous aider Cette lecture que vous allez faire personne ne pourra la contr ler m me en vous d
17. les illustrations L enseignant permettra aux enfants de mettre au point des strat gies efficaces Dans cette recherche il utilisera les capacit s r flexives du groupe Pourquoi untel est il all beaucoup plus vite Qu a t il fait Que pourrions nous faire Ces activit s syst matiques permettront l enfant de recenser la vari t des r ponses qu offre l crit et elles le rendront autonome dans son activit d exploration Des pr sentations d ouvrages sous forme de montage diapos de bandes dessin es d affiches ou de r cits des expositions sur un th me des histoires qui font rire des histoires qui font peur des histoires de b tes ou sur un genre seront organis es avec la participation d autres classes de l cole De mani re plus ponctuelle lors du passage en BCD l adulte parlera avec l enfant de ses projets tel sujet pr cis mais aussi r ver retrouver une histoire un personnage une motion se d tendre tre bien voir des choses nouvelles etc et lui sugg rera de consulter les livres les plus divers Il lui montrera comment il peut se faire rapidement une id e des livres en liminant ceux qui ne l int ressent pas ou qui ne correspondent pas ses capacit s de lecteur Cette intervention ne sera pas le fait du seul adulte elle existera in vitablement entre les enfants pour peu qu on ait le souci de faire fr quenter la BCD par des groupes h t rog nes et de d velopper des changes l i
18. nous sommes aussi des professionnels de la lecture Mais nous pensons devant les mauvais r sultats dont nous tentons de comprendre les raisons que rien ne pourra changer tant que la lecture restera l affaire des sp cialistes de l cole d abord des r ducateurs ensuite Il faut d scolariser et d m dicaliser l enseignement de la lecture et faire converger les forces pour que chacun se sente coresponsable des actions travers lesquelles tous les enfants vont devenir lecteurs Dans ce livre nous allons expliquer ce qu est la lecture donner des informations sur la fa on dont les enfants apprennent travers les changes qu ils ont avec leur milieu puis montrer comment en utilisant l crit de l environnement les enfant sont tr s t t lecteurs leur mani re d s lors qu on ne les en emp che pas Aider un enfant ce n est pas chercher lui transmettre une technique ou un savoir c est lui permettre de construire les outils dont il a besoin un moment pr cis pour utiliser l crit quand il veut jouer agir s informer se distraire etc Et ceci quel que soit son ge deux ans comme huit ans L interaction d un enfant avec l crit Les r ducateurs les orthophonistes les p diatres psychiatres p dopsychiatres auquel il a recours pour mener bien et faire avancer le projet dans lequel il est engag cette interaction a lieu partout l cole bien s r mais aussi la maison la cr che da
19. pr sentations de livres discussions propos d ouvrages commentaires de la part des lecteurs tudes critiques tables rondes sur un sujet d termin expression po tique ou th trale recherches sur un sujet donn heure du conte etc un lieu de production o des enfants peuvent se rencontrer pour pr parer une exposition un montage audio visuel un journal une r ponse dans le cadre de la correspondance inter scolaire souvent aussi une animation pr par e par un groupe l intention des enfants de l cole etc un lieu qu on apprend faire fonctionner et g rer Tout d abord parce que les enfants sont associ s au pr t au rangement et la tenue r guli re des locaux et des livres Ensuite parce que les enfants prennent leur part au choix des ouvrages acheter Ce point est tr s important une biblioth que d cole ce n est pas la m me chose qu une biblioth que de quartier ni la m me chose qu une biblioth que familiale Il faut s habituer et habituer les enfants utiliser les ressources diverses de mani re compl mentaire Un repr sentant propose t il de faire acqu rir la BCD telle encyclop die Il serait absurde de se laisser tenter pour la seule raison que le budget le permet Un livre ne peut tre acquis que s il a fait l objet d une investigation dans un autre lieu on apprendra visiter r guli rement les librairies que s il a t l objet d un d bat sur son utilit
20. questionner l crit pr sent Il LA BCD L COLE Quand on fait l inventaire de l crit pr sent dans une classe on est davantage frapp par son inadaptation que par son insuffisance en quantit Dans chaque classe on trouve plusieurs collections de manuels scolaires des documents de toutes sortes le plus souvent extraits de revues sp cialis es parfois des albums des encyclop dies des dictionnaires des bandes dessin es des romans etc De la sorte les ressources paraissent importantes Malheureusement il arrive trop souvent que les voies d acc s ces crits se limitent la seule m diation du ma tre Chaque type d crit est cens avoir sa fonction il y a le livre pour apprendre lire le livre pour s veiller au monde le livre pour enrichir ses connaissances le livre pour se distraire L utilisation de ces crits d pend de l emploi du temps le m me pour tous les l ves il y a un moment pour la le on de lecture un autre pour le coin lecture un autre pour l activit d veil Il faut savoir qu une autre organisation de la vie scolaire est possible et que dans plusieurs centaines d coles des pratiques diff rentes sont institu es qui ont chacune leur histoire Certaines de ces coles ont en commun d avoir choisi de s organiser autour d une BIBLIOTHEQUE CENTRE DOCUMENTAIRE Ce n est pas l endroit ici pour entrer dans le d tail de ces pratiques mais il nous para t utile d en rappeler les gran
21. C est ainsi que j ai volu que je me suis transform au travers de l ensemble de mes exp riences toujours globales Ainsi celui qui marche va vers quelqu un ou vers quelque chose en se pr cipitant ou en prenant son temps en prenant des rep res dans l espace ou dans le temps et en analysant des situations On n est jamais seulement marcheur m me lorsqu on s exerce sans but apparent et sans n cessit on n oublie pas les regards des autres ni la campagne travers e on va retrouver quelqu un ou on fuit quelque chose on appr cie les distances etc On fait toujours une exp rience indissociablement motrice affective intellectuelle sociale globale Il en est videmment de m me quand on parle on appelle on se d fend on cherche expliquer convaincre ou s duire on coute on analyse on juge on d cide on anticipe on s impatiente On s adresse toujours quelqu un qu on conna t ou dont on ignore peu pr s tout qu on aime ou qu on craint ou un groupe hostile indiff rent ou familier On parle dans des situations qui si elles exigent le recours la parole demandent avec autant de force la mise en uvre d autres comportements simultan s ins parables de la relation de l action du projet du plaisir Autrement dit le d veloppement de quelqu un c est son histoire celle des transformations successives qu il a op r es pour exister face aux exigences de son milieu et agir sur elle
22. Les activit s entreprises l cole maternelle doivent se poursuivre Les situations de recours fonctionnels l crit se d multiplient et s intensifient Dans les ateliers de production et de jeux les enfants utilisent de l crit sous forme 14 f r Qu on retrouvera aussi dans les familles si vous les leur montrez 40 de notices de recettes de r gles de modes d emploi ainsi que les aides n cessaires la lecture de ces crits Il n y aura pas d autres conditions pour lire que d utiliser les aides Les interactions avec les crits sociaux prennent du fait de la plus grande autonomie de l enfant et de sa meilleure int gration dans le groupe une place plus importante Des informations venant de l environnement autres classes administration de l cole municipalit parents d l ves associations sous forme de lettres de prospectus d affiches parviennent aux enfants L enseignant doit alors aider ceux ci les explorer pour en tirer le sens dont ils ont besoin Par exemple s il s agit d une affiche il faudra rechercher quel spectacle elle annonce ses lieu date et heure le prix des places etc La lecture de tels crits ne saurait en aucun cas tre une lecture int grale L aide devra porter sur la prise de conscience des questions que l on peut se poser propos de cet crit nature du spectacle lieu date et sur la mani re dont ces renseignements sont organis s En apportant cette aide
23. Paul apprend lire je lui apprends lire auxquels ne correspond qu un seul nom apprentissage On confond alors souvent la part du ma tre et celle de l l ve et du m me coup ce que re oit l enfant avec ce qu il construit C est pour cela que nous r serverons le verbe apprendre pour dire ce que fait l apprenti Paul apprend lire j apprends conduire et nous utiliserons le verbe enseigner pour d signer ce que font tous ceux qui agissent sur lui pour l aider lui communiquer quelque chose d utile son apprentissage pour le stimuler le faire r fl chir ce qu il fait En un mot pour l aider apprendre l cole les enfants apprennent Mais apprennent ils vivre Il y aurait donc apprentissages et apprentissages Certaines choses vont tre apprises l cole parce qu elles peuvent tre transmises D autres doivent tre construites par celui l m me qui les ma trise peu peu De l int rieur pourrait on dire C est ce que nous traduirons en distinguant deux p les distincts entre lesquels nous situerons toute une gamme d activit s interm diaires d une part des acquisitions plus ou moins complexes et d autre part quelque chose de beaucoup plus profond et de plus global des comportements des mani res d tre d agir et de sentir 20 Des acquisitions On songe tout d abord ce qui peut tre retenu m moris pour ensuite tre ventuellement r p t et reproduit
24. agir et les enfants sont tout fait capables d apporter une aide qui ne doit pas tre n glig e les panneaux indicateurs le nom des rues les devantures des magasins les affiches publicitaires e Un enfant de cinq ans th oriquement non lecteur saura se rep rer efficacement dans un supermarch d s lors que ses parents l associent au rituel des courses D ailleurs m me quand on ne le fait pas consciemment il manifeste sa pr sence et r pond aux sollicitations de l talage en faisant des caprices Il est int ressant d observer comment un jeune enfant s y prend pour trouver la p t e de son chien si on lui dit J ai oubli les bo tes pour Toutou va en chercher trois II serait illusoire de pr tendre que seul l crit le guide mais il est probable que l crit joue un certain r le dans son activit et nous pouvons faire l hypoth se que tout compte pour lui la forme de la bo te la t te du chien qui se trouve sur l tiquette mais aussi le mot chien qui vient en soutien et qu on rencontre par ailleurs dans un livre Ces l ments sont indissociables m me si pendant longtemps l indice le plus pertinent est l allure g n rale de l tiquette Par cet exemple nous voulons montrer que m me quand l interaction avec l crit n est pas directement op ratoire elle produit des effets moyen terme Dans tous 59 ces domaines et dans d autres la famille joue un r le irrempla able pour habituer l enfant
25. au point des programmes pour micro ordinateurs qui visent d velopper ces comportements et qui pr sentent l avantage de permettre le contr le des vitesses de lecture et l adaptation aux performances de l apprenti Mais ces temps syst matiques d entra nement n exc dent jamais cinq dix minutes par jour On ne saurait par ailleurs trop r p ter que ces exercices n ont de sens que si l enfant a par ailleurs une v ritable activit de lecteur travers ces conseils on voit que l apprentissage de la lecture ne peut pas tre confondu avec le redoutable cours pr paratoire Commenc bien avant il se poursuit sans rel che par un va et vient entre l utilisation en situation vraie et des moments de syst matisation qui approfondissent les comportements mis fonctionnellement en jeu Au CES l entra nement devra continuer On ne cesse jamais d apprendre lire Des crits adapt s aux comp tences des lecteurs 16 Fiches Atel d O C D L Je deviens un vrai lecteur d Retz 46 OCDL publie Dans la collection Lire pour jouer produite par l AFL deux coffrets de jeux de soci t e coffret n 1 de 4 jeux pour les 5 8 ans quip s de lexiques illustr s jeu des paires jeu des mariages jeu de la r ussite jeu de la banque e coffret n 2 de 4 jeux pour les 8 11 ans la r ussite de l intrus le morpion le jeu des 3 le jeu des r cits le seigneur du temps jeu de l oie et a
26. charmes d un po me L aussi une confusion s installe Le d tour par l oral est inutile et dangereux comme moyen de lire S il fallait dire haute voix tout ce que nous lisons silencieusement nous nous priverions d une masse d informations Pour autant rien n interdit de dire un texte Dire un texte ce n est pas le lire C est une autre activit et chacun sait qu un acteur conduit ses apprentissages selon des techniques qui n ont strictement rien voir avec la lecture respirer changer de ton poser sa voix pr parer ses effets etc Il ne faut pas confondre les genres La lecture voix haute c est l interpr tation d un texte que l on conna t gr ce la lecture n cessairement silencieuse Question 4 Lire ce n est pas d chiffrer dites vous Mais pour acqu rir l orthographe peut on se priver du syst me alphab tique Depuis bient t cent ans on cherche simplifier l orthographe et on n y parvient pas Pourquoi Sij kri fon tikemen vous tes en difficult pour me lire L orthographe est un compromis entre vous le lecteur et moi l criteur Ce compromis n est possible que parce que vous et moi nous connaissons la physionomie des mots Je sais crire le mot physionomie gr ce ma fr quentation de l crit une deux trois rencontres et vous savez le lire exactement pour la m me raison Mais ni vous ni moi ne proc dons par association des lettres et des sons association qui serait com
27. de la lecture est justement de les rendre questionneurs d crit de leur faire comprendre que l crit est source de r ponses et de plaisir N insistons pas Cette question est trait e plus loin C est toujours un individu qui lit Il faut adopter une nuance la d finition que nous avions adopt e lire c est faire du sens avec de l crit En r alit lire c est faire un sens son sens avec de l crit La compr hension de la r ponse que donnera l crit et la mani re de recevoir cette r ponse sont subordonn es la question qui a fait qu on l a lu C est cela qu exprim la formule c est toujours un individu qui lit On constate par exemple que les gens ne comprennent et ne retiennent dans un texte que les aspects en rapport avec la raison pour laquelle ils l ont lu C est vrai pour toute information crite ou pas C est particuli rement vrai pour l crit car la lecture est toujours le r sultat d une volont et le lecteur a toujours un projet Lire suppose un savoir pr alable Le lecteur doit toujours pour aborder un crit supposer qu il y trouvera satisfaction Nous d couvrons l un autre aspect de la lecture En effet jamais un lecteur n est compl tement ignorant de l crit qu il entreprend de lire La lecture suppose des pr occupations nous l avons vu mais elle n cessite des savoirs pr alables Et ces savoirs existent toujours sinon il n y a pas de lecture Ces savoirs sont de deux ordres
28. dente la fr quentation de la biblioth que municipale la constitution d une BCD l int rieur de l cole et l aide apport e aux enfants et leurs familles pour le choix des crits qui constitueront la biblioth que personnelle de chacun rev tiront une tr s grande importance L enfant aura ainsi la possibilit d exercer pleinement ses comp tences de lecteur Pour am liorer ses performances on lui proposera encore d exercer les composantes de l acte de lire l habilet perceptive la m moire visuelle l aptitude parcourir l crit pr voir le sens On trouve maintenant des fichiers de travail individualis qui portent par exemple sur l largissement du champ per u lors d une fixation la familiarisation avec le vocabulaire crit fondamental la vitesse de d placement entre deux fixations la lutte contre le retour en arri re le blocage intempestif sur un mot inconnu la discrimination visuelle pour identifier les mots avec s ret et rapidit la rapidit d exploration d un texte pour rep rer son contenu et sa structure les comportements d anticipation qui mobilisent l information disponible pour pr voir la suite et faire la diff rence entre les l ments facilement pr visibles qui informent peu donc qu on peut ne pas voir et les l ments qu on ne peut deviner qui informent beaucoup donc qu il faut rep rer et ne pas manquer L Association Fran aise pour la Lecture a mis
29. e c est dire une langue peu famili re si les mots utilis s les tournures de phrases les id es expos es sont trop d cal es par rapport son exp rience le lecteur est limit dans sa capacit avoir une interaction r elle avec ce texte Et m me quand il peut noncer la suite des mots il n y a pas activit de lecture Fort heureusement chacun construit lui m me ses apprentissages et peut se confronter progressivement des textes de plus en plus complexes condition d tre en possession des strat gies r elles acquises ailleurs notamment l occasion de lectures plus accessibles Il n est donc plus question de d cr ter que les bons textes n ont pas leur place Affaire d opportunit donc de r alisme Et qu est ce qu un bon texte Stendhal prenait ses mod les dans le Code Civil Un mode d emploi lisible pour tous est aussi difficile r diger que la description d un paysage QUESTION 7 Les livres qui donnent de l information sont crits le plus souvent dans une langue inaccessible la plupart des enfants Le r le du ma tre ou des parents n est il pas de traduire haute voix l essentiel de ces informations 2 L Association Fran aise pour la Lecture a publi dans le num ro de janvier 1980 de la revue 50 millions de consommateurs une tude sur la lisibilit des livres documentaires 75 LIRE C EST VRAIMENT SIMPLE quand c est l affaire de tous Il est vrai que beaucoup d
30. en lecture Que signifie savoir lire S rement pas de pouvoir prononcer n importe quel crit Pourquoi contr ler la lecture en faisant lire voix haute Lorsqu on va au cin ma avec un enfant on voit bien ses r actions s il comprend et s il trouve du plaisir On peut certes le questionner et discuter avec lui Mais jamais on ne songerait contr ler la compr hension en lui demandant au fur et mesure de la projection du film de nommer tout ce qu il voit sur l cran On peut m me tre assur que s il devait se livrer ce travail il ne comprendrait rien du tout au film et refuserait tout net d aller au cin ma Et pourtant c est ce qu on fait en lecture On pr sente de l crit ce qui correspond au film sur l cran et on demande de prononcer le nom de ce que les yeux per oivent successivement On emp che ainsi s rement de comprendre On attire l attention de l enfant sur tout autre chose que ce qui est n cessaire son motion son plaisir sa curiosit etc Cet aspect nous semble capital et nous y reviendrons L angoisse fausse le jugement des adultes et les enfants ont une id e compl tement absurde des raisons pour lesquelles ils lisent et de ce qu ils doivent faire pour lire Persuadez vous que les seuls moments o votre enfant apprend lire c est lorsqu il lit lorsqu il est assez pris par ses propres questions pour vouloir faire le plus rapidement possible du sens avec l crit Par contre
31. est pourquoi nous vous pr sentons une s rie de questions pos es dans leur formulation habituelle Chacune d elle sera accompagn e d un bref commentaire destin l clairer en d limiter les contours Il ne s agira pas proprement parler de r ponses mais d indications Pour l essentiel c est vous qu il revient de dire si la r ponse laquelle vous pensiez se trouve confirm e VOUS avez une autre r ponse Vous restez en contradiction avec nos propositions Vous estimez que la question reste pos e e dans les termes o vous la posiez e dans d autres termes Ces questions nous vous les pr sentons sous formes d objections non par go t de la pol mique mais parce que c est ainsi qu elles nous sont pos es le plus souvent Elles ne sont pas organis es selon un ordre logique mais sous la forme d un inventaire n cessairement incomplet Certaines d entre elles paraissent se r p ter On y verra simplement le signe de l insistance avec laquelle elles reviennent QUESTION 1 Vous semblez vous r clamer de la m thode globale Celle ci n est elle pas unanimement rejet e par les sp cialistes Le terme m me de m thode est r cuser On n apprend pas lire gr ce une m thode on apprend parler lire au sein d une histoire la sienne et il y a autant de m thodes d marches que de gens qui apprennent Ce qu on a appel la m thode globale n a jamais t appliqu Condamner cette
32. eux aussi aider leurs enfants utiliser l crit qui leur est familier Ce qu ils ont su faire pour aider l apprentissage de la langue orale en partant de leur propre langage ils pourront le faire pour la langue crite en partant de l crit qu ils utilisent Sans pour autant se transformer en enseignants Il fera pr cis ment partie du r le des enseignants d aider les familles adopter r solument cette attitude L crit social par opposition l crit p dagogique ou scolaire existe abondamment on en a fait l inventaire tout au cours de ce livre Mais il peut tre justifi de se demander si l crit est pr sent en quantit suffisante dans chaque famille pour que l enfant s engage dans une d marche d apprentissage Ici encore l cole peut et doit jouer un r le important Il s agit pour elle de prolonger d amplifier d enrichir l utilisation de l crit n cessairement pr sent dans toutes les familles et dans l environnement Pour atteindre ce but sans artificialit l cole doit permettre l enfant d tablir un maximum d interactions avec son environnement famille quartier et ses institutions ses industries son agriculture son cosyst me Elle doit viter de simplifier et de d naturer la r alit rencontr e de masquer les conflits et l existence multiforme de la violence Enfin elle doit tabler sur la responsabilisation des enfants comme l ment essentiel de leur engagement dans le processus duc
33. fendent un projet Tous ces espaces ducatifs produisent de l information ils en sont parfois demandeurs de l crit qu il va falloir consulter trier interroger analyser imiter contester peut tre Le r le ducatif du corps social est encore implicite c est l cole parall le la t l la rue la famille en un mot la vie Il faut qu il devienne explicite conscient coh rent et l cole doit agir pour que les co ducateurs de fait consid rent l enfant comme un interlocuteur non pas occasionnel mais permanent On peut tr s bien imaginer qu un effort de pr sentation de typographie de r daction soit fait chaque fois que l enfant est concern par un crit La publicit en est capable pour d velopper le consommateur chez l enfant Il devrait tre possible de faire au moins autant pour que l enfant par l interm diaire d une information accessible adopte son chelle des attitudes de citoyen La n cessaire volution du statut de l enfant passe par la transformation du statut de l colier et on ne peut esp rer que dans la conjonction des efforts de tous En jouant des r les compl mentaires l cole la famille et le corps social peuvent ainsi contribuer cr er les conditions de naissance d une ducation permanente qui commenceront d s l enfance Il ne sera plus n cessaire comme c est le cas actuellement avec les adultes en formation de d conditionner d crisper d scolariser la curiosit
34. l quipe locale sur les affichettes annon ant le prochain match et il s arr te sur les m rites d une grande routi re vant e par un placard tapageur la gare pour v rifier le num ro du quai de d part de son train et pour trouver le quotidien qu il lira pendant le trajet le regard de monsieur Dupont parcourt les colonnes du tableau indicateur et la masse disparate de journaux et revues que contient le kiosque Cette mauvaise version de Elle court elle court la banlieue veut attirer l attention sur ce qui est oubli force d tre pr sent et quotidien Nous ne nous rendons pas compte de l importance de l crit dans notre vie nos occupations nos loisirs de la diversit des crits propos s notre lecture de que nous faisons quand nous lisons de la diversit des attentes de chacun dans l usage que nous faisons de cette masse imprim e L IMPORTANCE DE L CRIT Une demi heure de la journ e d un habitant d une banlieue en 1981 Le simple trajet de chez lui la gare et d j tant de rencontres avec les crits sociaux prospectus affichettes tracts affiches plaques panneaux tableaux livres revues journaux bandes dessin es pour conseiller informer tenter dissuader diriger distraire interpeller exhorter chacun d entre nous en permanence Et monsieur Dupont n en a pas fini si l on peut dire son bureau il va lire son courrier la documentation professionnelle le men
35. m decine ou certains romans un enfant de huit ans ne sait pas lire un article de journal sur la politique conomique m me s il est peu pr s capable d en faire la lecture pardon de le dire son grand p re aveugle Ce qui est vrai c est que parfois en pronon ant la suite des sons crits sur un papier on parvient comprendre ce que les yeux ne reconnaissent pas mais que les oreilles identifient par exemple elvoilegrenchi innoir blan L op ration que vous venez de faire c est ce que font tous les enfants qui d chiffrent au cours pr paratoire qui nonnent au cours l mentaire dont on voit les l vres bouger au cours moyen et qui plus tard croiront entendre dans leur t te ce que leurs yeux voient Ce moyen de comprendre en entendant ce qui est crit est plus difficile mettre en uvre que la lecture avec les yeux comme en t moignent ces deux phrases elvoilegrenchi innoir blan elle voit le grand chien noir et blanc Le premier est beaucoup plus lent et d tourne le lecteur de son v ritable projet puisqu au lieu de faire du sens il est d abord oblig de faire du son C est exactement la m me diff rence qu on trouve entre celui qui comprend et r ve en anglais et celui qui doit reconstituer en traduisant l anglais une phrase en fran ais pour en extraire le sens Ces deux mani res de comprendre l crit ne sont pas quivalentes l une permet de lire environ 10 000 mots l
36. m me livre Aucun p re de famille n imaginerait faire l acquisition d un livre en autant d exemplaires qu il a d enfants Pourquoi donc cette survivance l cole Personne ne peut plus soutenir que sans manuels scolaires l enfant serait priv d crit Il est vrai que ce fut le cas pendant longtemps La seule explication est d ordre id ologique la d mocratie ce serait de donner chacun la m me chose Ce qui se traduit p dagogiquement ainsi la classe doit tre organis e sur le mode de la le on collective tout le monde travaille en m me temps sur un m me livre une m me t che dans un m me lieu L galit qui engendre l in galit QUESTION 22 Vous n employez pas le mot dyslexie Pourquoi Ce mot est un trompe l il ou plut t un trompe l oreille Alors qu il a t invent pour rendre compte d un constat celui du mauvais fonctionnement de la lecture il a t d tourn de son sens et pr tend expliquer ce mauvais fonctionnement Lire mal et tre dyslexique c est la m me chose pourtant tout le monde dit qu un enfant lit mal parce qu il est dyslexique Il faudrait un livre entier pour parler de la dyslexie Mais avant d en parler avant de parler de mauvaise lecture ou de difficult durable pour apprendre lire il faut se mettre d accord sur la lecture elle m me Pour le moment les d finitions qui sont donn es de la dyslexie recouvrent des troubles r els chez les enfants mais
37. m thode revient condamner un fant me Ces sp cialistes dont il est question n ont pas davantage d existence que l objet de leur pr tendue sp cialit En mati re de lecture tout le monde est concern comme acteur s abriter derri re les sp cialistes c est se priver d agir sur sa propre vie QUESTION 2 D apr s vous le bon lecteur est celui qui lit vite Lire n est ce pas au contraire s impr gner de la pens e d un autre Attention dans l expression lire vite chaque mot compte Lire c est comprendre Vite c est multiplier la prise d informations dans un minimum de temps Ce n est pas en apprenant lire lentement qu on comprendra mieux L illusion commence quand on imagine qu un lecteur inefficace gagne en compr hension ce qu il perd en vitesse 73 LIRE C EST VRAIMENT SIMPLE quand c est l affaire de tous Bernard Pivot lui peut choisir de lire dix livres en deux jours pour pr parer son mission du vendredi ou de lire trois pages de Kierkegaard en six heures pour se retrouver dans la pens e du philosophe Et s il peut faire ce choix c est pr cis ment parce que son savoir lire est efficace Le bon lecteur est celui qui peut r gler sa vitesse de lecture et il ne peut le faire que parce qu il a appris lire tr s vite Ce n est pas la lecture rapide qui est esp r e mais la lecture flexible Question 3 Vous condamnez le d tour par l oral Comment dans ces conditions go ter les
38. on permet l enfant d tre plus facilement questionneur du m me type d crit dans d autres situations L accroissement des activit s la richesse des projets rendront n cessaire le recours des crits sociaux de plus en plus vari s annuaires catalogues programmes de t l vision prospectus journaux L aide consistera d abord faire conna tre l crit qui contient l information dont l enfant a besoin l annuaire du t l phone le programme de t l vision Elle portera ensuite sur la mani re d utiliser cet crit si je cherche un num ro de t l phone je rep re d abord la ville puis le nom du correspondant qui n est pas situ n importe o sur la page L crit sera aussi le moyen de conserver un certain nombre d informations les r gles de vie dont le groupe se sera dot les propositions et les d cisions prises au cours de l laboration d un projet On y aura recours chaque fois que la vie du groupe ou la r alisation du projet l exigera L crit permettra de communiquer avec l ext rieur On cr era des affiches pour faire conna tre les productions ou les suggestions du groupe spectacles pr sentations de livres propositions quant l organisation de l cole On crira aux parents aux associations aux lus soit pour demander les concours n cessaires soit pour faire part de propositions Dans ces activit s de production d crit les enfants disposeront d aides sp cifiques dictionnaire
39. ouvrages documentaires destin s aux enfants sont difficilement lisibles et une aide la lecture est souvent n cessaire Toutefois lire le texte haute voix en le simplifiant n est plus une aide mais un d tournement de l activit L enfant n est plus dans la situation de prendre ses informations dans de l crit il est dans la situation de recevoir une information orale labor e par quelqu un d autre partir de l crit QUESTION 8 Lorsqu un l ve mauvais lecteur a un probl me d arithm tique r soudre faut il s interdire de lui en lire haute voix l nonc Oui pour la m me raison que pr c demment Mais l encore il ne s agit pas de l abandonner au texte dans une situation de pure contemplation Aider l enfant consiste prendre appui sur les mots connus pour lui permettre d anticiper le sens des autres mots le renvoyer son exp rience personnelle le faire r fl chir au r le d un nonc de probl me et aux lois du genre lui demander de formuler des hypoth ses sur la question qui lui est pos e QUESTION 9 Comment lire un mot qu on ne conna t pas Par le contexte bien s r C est bien ce que nous faisons face un texte en langue trang re Encore faut il que le contexte contienne suffisamment d l ments connus pour que la d marche soit fructueuse Mais attention le contexte est souvent plus riche qu on ne croit L aide ici c est l entra nement utiliser le moind
40. pas plus que n en ont les mensurations que je peux prendre sur un b b pour rendre compte de son d veloppement C est pourtant le pi ge du d coupage disciplinaire ou de la p dagogie par objectifs Il n existe pas d apprentissage isol des autres pas plus qu il n existe de situation qui permettrait un seul apprentissage de se construire Apprendre c est se transformer C est vident au niveau le plus g n ral celui qui est le plus proche de la vie o se construisent les comportements globaux dont nous avons parl Mais c est aussi ce qui se passe dans le cas d apprentissages volontaires conduire une voiture skier par exemple ou m me propos d acqauisitions ponctuelles Le sujet doit toujours r agir se transformer faute de quoi ses acquisitions resteront mortes Toute information n est rien si elle ne retentit pas chez celui qui la re oit C est la question qu on se pose souvent propos des exploits r alis s dans les concours radiophoniques voici une personne qui est capable de r pondre aux questions les plus inattendues et les plus pr cises propos de cin ma Elle a acquis beaucoup d informations mais qu a t elle appris Je n en sais rien puisque j ignore tout sur la fa on dont le cin ma a contribu la faire devenir ce qu elle est Stocker une information n est rien c est peine un acte de vie plut t une affaire de magn tophone ou de perroquet Par contre tout change d s qu une informa
41. que dans m nage on peut voir mena et ge ou m na et ge on peut aussi voir m n et ge on peut voir aussi m n a etc Tout cela n a rien voir avec la raison qui fait lire m nage dans la phrase Pour aller loin il man ge sa monture La preuve c est qu on le voit malgr ce qui est crit tel point qu on n h site pas dire qu il y a une faute On mettrait l enfant en p ril si on ne l aidait pas tablir la fronti re entre ce qu il fait r ellement quand il lit et ce qu il dit propos de l crit qu il lit Ces temps d activit s r flexives s av rent tr s efficaces car ils permettent une prise de conscience de la fa on dont s op re l activit De telles s quences d enseignement doivent se conduire rapidement une quinzaine de minutes au plus A aucun moment il n y aura lecture haute voix du texte Il s agirait l d un d tournement par rapport aux objectifs poursuivis 2 Pour permettre une ma trise des structures les mots d couverts au cours de l activit pr c dente sont crits par le ma tre dans des phrases complexes de diff rents types Par exemple la phrase 43 on ne se lave pas la t te avec du savon mais avec du shampooing sera pr sent e pendant un temps tr s bref deux ou trois secondes On la cache et l enfant devra l identifier parmi d autres tr s proches soit par le sens soit par la structure L utilisation de diapositives la phrase est c
42. qui ne sont des troubles de lecture que parce qu on enseigne et d finit la lecture d une certaine fa on Un sp cialiste connu de la dyslexie n h site pas crire que certains enfants qui lisent tr s bien ne comprennent pas du tout ce qui est crit Qu est ce que lire dans ce cas l Faire des sons corrects avec sa bouche partir de l crit Dans ce cas vous savez s rement lire le latin Pour le moment est dyslexique l enfant qui ne parvient pas d chiffrer Si le questionnement d crit ne met pas en jeu ce processus d s la phrase d apprentissage il faudra bien d finir la dyslexie autrement Et il y aura moins de dyslexiques QUESTION 23 Quelle aide peut on attendre des orthophonistes La vogue de l orthophonie recoupe celle de la dyslexie Il s est agi de trouver une r ponse de diversion l chec Le paradoxe veut que beaucoup d orthophonistes reprennent en les radicalisant les d marches qui n ont pas abouti lors de la phase normale d apprentissage 80 LIRE C EST VRAIMENT SIMPLE quand c est l affaire de tous Ainsi l enfant qui n a pas pu apprendre lire par le d chiffrement et l oralisation est r duqu par la pratique du d chiffrement et de l oralisation dose renforc e On peut esp rer que les orthophonistes seront de plus en plus nombreux renverser la tendance pour donner l crit sa sp cificit Quelques t moignages en notre possession autorisent cet optimisme
43. qui un jour lui permettra de dire je Aussi est il probable que des crits touchant sa vie propre soient privil gi s le nom de son ours d un g teau le nom du village o habite sa grand m re Cependant l enfant ne part pas seul la rencontre de l crit Le milieu familial et social le met sans arr t en contact avec des crits qu il semble ignorer ou qu il s approprie Par exemple des enfants d une cole maternelle recherchent les mots panth re noire dans le livre du m me nom parce que leur seule vue les replonge dans les d lices d une histoire qui fait peur Bien que r duite deux mots il s agit d une v ritable lecture Puisqu il est vident que l apprentissage de la lecture ne se fait pas uniquement l cole qu il commence m me avant l cole il n est donc pas justifi de maintenir l enfant sous pr texte de son jeune ge tranger notre propre usage de l crit Sans vouloir tout prix profiter de toutes les occasions il s agit bien de fa on naturelle et d tendue d informer l enfant de ce que nous demandons l crit et de le rendre ainsi t moin de nos actes de lecture Toute lecture ne se pr te pas cela Cependant lorsque roulant en voiture on apprend par un panneau qu il ne reste plus que 7 kilom tres il ne suffit pas de dire l enfant qu on est bient t arriv En lui communiquant l information on peut aussi lui indiquer comment on l a obtenue Sans explication l enfant est p
44. rende possible le dialogue entre les co ducateurs COMMENT AIDER VOTRE ENFANT Il a moins de cinq ans e Aidez le prendre conscience de l utilit de l crit Montrez lui si vous tes en voiture le poteau indicateur qui vous signale la direction que vous devez prendre si vous tes dans un grand magasin l affiche qui vous permet de vous rep rer si vous tes dans le m tro la pancarte qui donne la direction dans laquelle vous devez aller Si vous faites un g teau utilisez avec lui la recette indiquez lui les renseignements qu elle vous fournit rassemblez avec lui les ingr dients en lui signalant l crit des paquets et des bo tes Si vous lisez la notice de fonctionnement d un appareil m nager que vous venez d acqu rir dites lui qu elle vous explique comment faire fonctionner l appareil Si vous recherchez un num ro de t l phone explorez avec lui l annuaire S il veut acheter un jouet ou un v tement consultez avec lui un catalogue montrez lui comment vous faites pour trouver les pages qui vous int ressent et les renseignements que vous donne le catalogue Si vous recevez une lettre montrez lui de qui elle provient comment elle est crite dites lui de quoi elle parle S il regarde une publicit la t l vision parlez lui de l crit qui appara t sur l cran Face une affiche signalez lui o vous trouvez les renseignements dont vous avez 37 besoin le titre du specta
45. roule Un bon lecteur r p tons le lit 50 000 mots l heure cinq fois la vitesse de la parole et ce n est pas une prouesse Une seule fixation par ligne du journal pr sent en colonne suffit un lecteur moyen pour prendre connaissance des nouvelles La lecture en survol dont nous parlions plus haut permet un bon lecteur de comprendre et de retenir l essentiel d un texte en un minimum de fixations qui photographient des parties du texte L entra nement la lecture On sait qu un entra nement syst matique d veloppant les diff rentes composantes de l acte de lecture augmente vitesse et compr hension La possibilit de reconna tre rapidement un mot parmi d autres qui lui ressemblent l largissement des empans l habitude qu on donne l il de se fixer sans retours en arri re ni h sitations la facult d anticiper dans des crits multiples et de plus en plus difficiles rendent le lecteur plus v loce plus efficace Il dispose alors d un outil qu il utilise comme bon lui semble Ainsi se d veloppe s rement le go t de lire par la ma trise de la lecture Ainsi s rement l crit joue le r le irrempla able que nous avons signal au d but de ce chapitre dans l ensemble des moyens de communication Ainsi s rement les enfants peuvent apprendre lire et aiment lire Lecteurs et d chiffreurs Car dans l activit que nous venons de d crire nous sommes loin du d chiffrement Au moins pourra
46. selon qu il est lu par un non fumeur ou par un fumeur inv t r 17 tre comprise si l individu qui elle est destin e ne conna t pas d j 80 des l ments qui la composent Nous allons prendre deux exemples pour illustrer cette th orie dans le domaine de l crit 1 Imaginez tout ce qu il faut savoir de l crit de la t l vision du monde en g n ral pour commettre un acte de lecture aussi l mentaire que celui qui consiste rechercher dans un journal les missions TV programm es le soir 20h30 2 L observation d un lecteur du journal sportif L quipe est riche d enseignements Ne croyez pas que ce lecteur cherche les r sultats d un match ou d une preuve Il y a longtemps qu il les conna t par la radio ou la t l vision Peut tre m me a t il assist au match ou regard l preuve la t l vision Ce qu il cherche dans sa lecture c est le commentaire de tel sp cialiste le point de vue de tel autre l anecdote significative Le tout exprim dans un style all gorique et un vocabulaire imag Lecture d initi s crit illisible incompr hensible pour qui n a pas l attente voulue et les 80 d informations pr alables Ainsi quand la lecture parvient tre cet acte volontaire d termin par des pr occupations et un savoir pr alable quand la lecture utilise toutes les ressources de la seule exploration visuelle dans un dialogue entre ce qui est devant et derri re les yeux alors l c
47. tiquettes demander ensuite l enfant de dire le mot Demander aux enfants de lever la main chaque fois qu ils verront un mot donn Projeter ou montrer des s ries qui contiennent ou non ce mot Projeter ou montrer rapidement des s ries de mots qui ont une parent de sens Demander aux enfants quel est l intrus Cet exercice peut se faire sur polycopi et les enfants barrent l intrus Donner un polycopi avec des mots identifier dans des s ries de graphies tr s proches Il faut tr s vite entourer le mot indiqu en t te de colonne ou de ligne chaque fois qu on le trouve Par exemple cheval chacal chenal cheval chatte cheval chenil chien cheval chiot ch vre cheval Projeter ou montrer une liste de mots puis une seconde liste dont les mots sont num rot s Un mot est commun aux deux listes Demander aux enfants d indiquer La connaissance des lettres va de soi pour un enfant de six ans qui tape la machine compose des textes l imprimerie utilise les dictionnaires et les lexiques ou simplement regarde la t l vision Des chiffres et des lettres 44 lequel Le temps de pr sentation est tr s bref deux secondes pour cinq mots Un autre type d exercice aidera les enfants mobiliser toutes les strat gies gr ce auxquelles ils sont lecteurs dans le texte le ma tre enl ve un certain nombre de mots un r guli rement tous les sept ou huit mots et demande aux enfants de le
48. un mode d emploi un fonctionnement une recette 53 pour obtenir une information pr cise programme t l num ro de t l phone horaire pour prendre connaissance de nouvelles courrier journal pour prendre une d cision pour continuer l action en cours pour tre avec une autre personne pour faire comme une autre personne pour se documenter sur un sujet pr cis catalogue ouvrage documentaire pour une curiosit a priori lecture d un p riodique d un journal pour d couvrir une histoire nouvelle roman bande dessin e etc pour retrouver une histoire connue pour choisir un livre un journal pour donner une information quelqu un ou lire quelque chose quelqu un pour participer quelque chose qui contient de l crit jeu mission TV pour faire un travail scolaire pour suivre une activit la biblioth que etc Quelles r ponses a t il trouv es D abord a t il trouv Ensuite est il satisfait par rapport sa question ou son envie Comment s y prend il Est ce laborieux difficile d courageant parce que trop long Cela s int gre t il bien son projet sans repr senter un d tour qui devient une action en soi Est il all vers les crits qui correspondent son attente ses possibilit s A t il cherch avoir acc s des crits mieux adapt s Utilise t il bien les sommaires les tables des mati r
49. v nement spectaculaire la fiction Par contre on n a jamais tant dit d ouvrages documentaires L crit a l apanage de l information technique professionnelle et scientifique Mais l crit change de support L importance de l crit augmente En disant cela nous ne sommes pas des attard s dans un combat d arri re garde pour une culture livresque d pass e Ce que l on constate propos des ordinateurs laisse penser que la microinformatique et la t l matique qui envahiront bient t notre quotidien donneront l crit une importance encore accrue Ce qui change c est la forme de l crit et de ses supports Les enfants liront aussi sur des crans Ils ont bien besoin d apprendre lire car ils auront beaucoup lire Il LA DIVERSIT DES CRITS Ce qui caract rise l volution de la lecture c est le fait qu elle a t oblig e de s adapter la multiplication des formes d crits qu on conna t maintenant Revenons monsieur Dupont et son parcours matinal Les prospectus les affiches le tableau des horaires le journal offrent des crits dont la disposition l organisation g n rale les caract res typographiques sont bien diff rents On comprend que ces diff rences l obligent adopter des strat gies de lecture diff rentes pour prendre connaissance des informations contenues dans ces crits De la lecture de la page grise Pendant longtemps et jusqu une p riode r cente la seule forme
50. I LA FAMILLE On imagine mal l importance en quantit de l crit qui p n tre dans les familles On a l habitude un peu rapide de distinguer les familles qui ont une fr quentation 57 de l crit des autres Il ne s agit pas ici de nier cette r alit et de faire comme si de ce point de vue un milieu en valait un autre Toutefois dans tous les cas l crit est pr sent d une mani re ou d une autre Ce qui fait probl me c est la mani re de l utiliser La lettre de la grand m re arrive dans une famille Rassurez vous nous n allons pas recommencer d autant que vous pourriez objecter que les grands m res n crivent plus elles t l phonent Peut tre Mais d autres crits p n trent dans les familles Nous n en dresserons pas l inventaire chaque lecteur pouvant le faire en se r f rant sa situation propre nous n apporterons que quelques pr cisions L hebdomadaire de t l vision ajoutons ce qui a t dit qu il contient une mine d informations exploitables tous les niveaux Les photos les titres les jeux les dessins constituent autant de supports aux textes et sont l pour les clairer Qu on nous permette ici une parenth se nous nous plaignons tous de la fascination que l image t l visuelle exerce sur les enfants de leur passivit devant l cran Leur apprendre choisir les missions en lisant les programmes est une mani re irrempla able d armer les enfants contre cette
51. LIRE C EST VRAIMENT SIMPLE quand c est l affaire de tous JEAN PIERRE B NICHOU GUY FAUCON JEAN FOUCAMBERT RAYMOND MILLOT ROLANDE MILLOT YVES PARENT MICHEL VIOLET 1982 OCDL SOMMAIRE CHAPITRE I O l on voit que la sant ne s acquiert pas chez le m decin CHAPITRE Il L crit quelque chose qui parle l il Les mots transparents et les yeux fertiles CHAPITRE Ill Pour apprendre peut on faire autre chose que ce qu on veut apprendre faire CHAPITRE IV Quelles questions Quels crits CHAPITRE V Si parents et enseignants parlaient de la m me chose CHAPITRE VI La maladie du contr le et la n cessit de l valuation CHAPITRE VII Mais alors la lecture c est l affaire de tous CHAPITRE VIII O l apprenti lecteur se r v le sous son vrai visage d tre social CHAPITRE IX Encore des questions CHAPITRE I O l on voit que la sant ne s acquiert pas chez le m decin La lecture et l apprentissage de la lecture tiennent une place extr mement importante dans la vie des enfants et de leurs parents C est l angoisse des enseignants des familles et de tous les coliers de quatre huit ans Beaucoup vont chouer et m me parmi ceux qui r ussissent combien seront signal s en sixi me pour des difficult s notables de lecture qui ne leur permettent plus de suivre Pr s de 5 du budget de la s curit sociale sont consomm s par des soins de r ducation et d orthophonie plus
52. ans une cole information sur ce qui se passe l ext rieur informations faire parvenir aux familles pour faire conna tre les projets de l cole et ses besoins correspondance renseignements etc pour pr parer un d part en classe de nature revues romans livres documentaires qui arrivent la biblioth que etc Tr s souvent ces crits exigent un traitement et les enfants sont alors conduits r sumer pr senter mettre en vidence certains passages etc k k k Ainsi si l on se donne pour objectif de conjuguer les attitudes de la famille et de l cole tous les ges il y a lieu d esp rer que tous les enfants atteindront une 35 bonne ma trise de la lecture et qu ils sauront s en servir pour communiquer pour apprendre et pour r ver Il restera les aider augmenter leurs performances techniques en particulier la rapidit pour qu ils poursuivent leur apprentissage et d velopper sans cesse leur champ de connaissances et d int r ts pour que la lecture devienne leurs yeux un instrument pr cieux XKk X 36 CHAPITRE V Si parents et enseignants parlaient de la m me chose Quelles aides Ce chapitre comprend deux parties 1 Comment aider votre enfant 2 Comment aider vos l ves Il va de soi que la premi re partie d crit davantage ce qui se passe dans la famille et la seconde ce qui se passe l cole Mais nous mettons notre espoir dans une connaissance r ciproque qui
53. antes de la part des adultes et ceci pendant des dur es plus ou moins longues On le voit ce qui domine ici c est l id e que la lecture est la fois un point de d part et un point d aboutissement d part et aboutissement qui s inscrivent dans des projets d action Cette notion de projet d action doit tre entendue dans toute son extension II s agit de projets en prise r elle sur le milieu et non d exercices destin s se pr parer agir Pour terminer ce paragraphe sur l cole il faut consacrer quelques lignes au jeu Tour tour consid r comme une activit gratuite donc inefficace ou comme le d lassement qu on a m rit apr s le travail qui lui seul serait efficace le jeu jouit d un statut ambigu dans l opinion On lui reconna t une place mais une place c t du travail Il faut dire et redire quel point le jeu est une activit s rieuse pendant laquelle se poursuivent inlassablement la plupart des apprentissages et d abord les apprentissages sociaux Que l on songe par exemple l importance de la r gle et on se convaincra de son utilit dans le d veloppement de la personne Or certains jeux ne sont possibles que s il y a confrontation avec un crit Mais il se trouve que ce qui est disponible dans le commerce est l objet d un v ritable d tournement Car on veut le jeu ducatif on l organise non pas en fonction de son caract re propre mais d objectifs qu on dissimule le sucre qui enro
54. apital Les aides que l on apporte ne sont pas destin es pr parer le futur lecteur mais assurent le succ s de l action en cours C est la succession des actes de lecture r ussis qui constitue l histoire du lecteur et ces actes r ussis ne signifient pas la m me chose deux ans huit ans vingt cinq ans 26 gt Les diff rentes formes d aides les interventions d enseignement Si on d finit l enseignement comme l aide qu on choisit d apporter quelque chose qui se construit en situation globale on constate que toutes les interventions d enseignement peuvent se ramener trois types celles qui apportent des informations celles qui exercent en le syst matisant un aspect du comportement celles qui conduisent l enfant r fl chir sur ce qu il fait Les apports d informations On donne une information qui manque on apporte une explication qui peut permettre de vaincre une difficult on pr cise un geste on donne l exemple on met en relief des relations qui passaient inaper ues on fait remarquer l enfant ce qu il fait on lui explique pourquoi il choue etc En un mot on apporte l enfant ce qui peut lui permettre de r soudre le probl me qu il rencontre ce qui peut l aider continuer ou mobiliser ce dont il a besoin Mais on n est jamais s r du r sultat puisqu on ne sait pas l avance comment sera utilis ce qu on a apport Et souvent ce n est pas ce qu on croit qui est utile dans c
55. aquelle le vainqueur sera celui qui saute le mieux la corde sous pr texte que le saut la corde est un aspect important de l entra nement la boxe Encore cette comparaison est elle insuffisante car si le rapport entre le saut la corde et la pratique de la boxe est vraisemblable celui entre l oralisation et la lecture ne l est pas XX 52 Nous allons reprendre successivement ces deux points Comment aider l enfant dans la connaissance de sa mani re d tre lecteur Comment v rifier les effets des aides techniques qu on lui apporte valuer la lecture c est d crire les rencontres de l enfant avec l crit Sait il lire Personne ne peut r pondre cette question ni pour lui ni pour un autre moins de prendre le temps de d finir en quoi consiste cette lecture Si des adultes veulent r pondre cette question pour un enfant il leur faudra au pr alable recenser les rencontres de l enfant avec l crit Lit il Que lit il Comment lit il Alors seulement pourra tre appr ci le degr du savoir lire Sinon on ne mesure qu un savoir d chiffrer qui pourrait se v rifier plus ais ment en pr sentant l enfant un texte latin Il reste encore des nostalgiques qui osent affirmer en s abritant derri re des chiffres qu un enfant peut tre un tr s bon lecteur et ne rien comprendre ce qui est crit mais cette croyance dans la possibilit de transformer m caniquement de l crit en ora
56. atif ces conditions l utilisation de cet crit sera permanente Tout cela n est ni difficile ni impossible certaines coles se sont d j engag es profond ment dans cette voie Il reste beaucoup imaginer mais nous pouvons d crire ce qu elles font et qui peut s entreprendre partout sans attendre pourvu qu on le d sire Ces coles sont consid r es comme des lieux o l enfant vit r ellement au pr sent L enfant s approprie g re transforme tout ce qui s y fait Il est actif dans l organisation de l emploi du temps la constitution des groupes le r glement des conflits le fonctionnement g n ral de l cole L laboration et la r alisation de projets tr s li s ses pr occupations et ses besoins deviennent le lieu essentiel de ses apprentissages L valuation de ses actions est la fois l occasion d une prise de conscience et le moyen de faire comprendre partager et appr cier les objectifs nouveaux de l cole Les projets conduisent tablir une ouverture sur le milieu environnant Ils font appara tre l immense potentiel ducatif de celui ci seulement l acquisition des connaissances L cole doit veiller l enfant c est dire le conduire par l observation et le d veloppement de ses aptitudes l panouissement de sa personnalit Par son approche globale qui doit int grer le pr sent de l enfant prendre en compte ses acquis ses motivations son environnement quel qu il soit l cole
57. atiques ducatives anciennes La transformation du statut de l enfant doit poser clairement le principe du respect de sa personne C est en permettant l enfant avec sa diff rence avec les caract ristiques de son 71 LIRE C EST VRAIMENT SIMPLE quand c est l affaire de tous ge avec l aide appropri e de l adulte de s engager dans des actions s rieuses socialement utiles et reconnues soumises la sanction de la r alit et susceptibles de transformer celle ci qu on lui assurera le mieux ce respect Paradoxalement c est plus au sein de la famille qu l cole pourtant sp cialiste de l ducation que l volution du statut de l enfant s op re le plus vite dans cet esprit Cela sans doute du fait des contraintes mat rielles qui p sent sur la vie et le travail des parents et dont l cole en devenant un enclos de plus en plus sp cialis parvient se prot ger Ce qui pargne l enfant certaines agressions mais cr e en retour un lieu tellement artificiel qu il perd toute efficacit en tant que moyen de formation car il maintient son statut de d pendance C est une raison suppl mentaire pour que le d bat s engage pour que l cole soit l affaire de tous 72 LIRE C EST VRAIMENT SIMPLE quand c est l affaire de tous CHAPITRE IX Encore des questions Parvenu au terme de cet ouvrage vous prouvez s rement le sentiment que nous avons t incomplets des interrogations subsistent C
58. au cours des rencontres de l enfant avec l crit afin que ne se produise pas cette crise du cours pr paratoire o tant d coliers chouent et o tous prennent des habitudes qu il leur sera difficile de perdre Pour se comporter naturellement devant les rencontres de l enfant avec l crit il faut savoir ce qu est la lecture Or l heure actuelle l opinion courante largement entretenue par les sp cialistes est de plus en plus inexacte par rapport ce qu on conna t du comportement du lecteur Fran ois Richaudeau crivait il y a plus de dix ans d j que l enseignement de la lecture avait mille ans de retard et qu on donnait l colier une id e aberrante de ce qu il fallait faire pour lire compar e ce que font les v ritables lecteurs Les opinions courantes sur la lecture sont aussi fausses et dangereuses que certaines pratiques qui existaient voici encore cent ans propos des r gles d hygi ne ou d alimentation des b b s Il est vident que le b a ba et la lecture voix haute syst matique seront ranger dans le mus e des t tonnements de l humanit au m me chapitre que les toiles d araign e pour soigner les plaies ou l alcool dans le biberon pour tuer le ver mais tandis qu un effort important a t entrepris pour divulguer les r gles d hygi ne ou la di t tique rien n a encore t fait pour aider ceux qui fr quentent l crit se comporter comme des lecteurs efficaces Tout ce qui sera dit
59. au long de l histoire La recherche de sens se passe de prononciation Franck Smith consid re qu il y a six ou sept strat gies de rapport avec l crit ind pendantes les unes des autres qu on soit lecteur ou producteur d crit Dans les deux cas la premi re est toujours l inventaire des traits visuels de la physionomie du mot la derni re les r gles de correspondance oral crit Lire c est faire du sens avec de r crit Car n examiner que les aspects techniques m caniques et physiologiques de la lecture comme nous venons de le faire nous ne consid rons que la partie visible de l iceberg La partie la plus importante et la plus complexe se passe dans la bo te noire C est tout le processus intellectuel d laboration du sens partir de signes graphiques conventionnels organis s conventionnellement Dans cette perspective le mot et en particulier le mot inconnu perd de son importance Plus un bon lecteur comprend un texte en un minimum de temps moins il se souvient de chacun des mots de ce texte Chacun sait que plus un lecteur est familier avec le contenu d un crit moins il sera capable en le lisant et en le comprenant parfaitement de voir les erreurs dans les mots qui s y trouvent Pour rechercher les omissions de mots et les fautes de frappe dans un texte dactylogaphi il ne faut pas le lire s int resser au signifi la structure profonde mais regarder chaque mot s int resser au signifiant la struc
60. ayer cette fois ci Pour quelle p riode Certains se demandent si les enfants doivent tre associ s la vie conomique de la famille C est le type m me de la fausse question Tous les enfants s int ressent ces aspects et lorsqu on croit les tenir l cart pour les pr server des soucis quotidiens on les prive d informations pr cises et par l on accentue leur anxi t Quand se pose le probl me du choix d un objet pour la maison ou celui des vacances prochaines il est rare que ce choix ne suppose pas l acc s de la documentation Les catalogues des diff rents magasins entre lesquels on h site les d pliants touristiques sont d un abord ais surtout si l enfant sent qu il peut donner son avis que ses parents ou son grand fr re vont l associer la prise de d cision avec sinc rit Dans la mesure o l enfant est consid r comme un partenaire de la communaut familiale les occasions de lecture fonctionnelle se multiplient et lui permettent d entrer effectivement en rapport avec ce qui l environne e Le calendrier des P amp T peut tre manipul utilement quand on se demande si le 2 d cembre jour anniversaire de tel membre de la famille est un samedi ou un dimanche quand ont lieu les vacances de f vrier pour l acad mie o se trouve sur la carte un village qu on projette de visiter e Les d placements en voiture ou pied rendent n cessaires d utiliser l crit pour se rep rer donc pour
61. be la pilule C est ainsi par exemple que certains jeux pr tendent enseigner la g ographie sans effort Personne n est dupe pas m me les enfants et ces jouets ont le sort qu ils m ritent ils sont d laiss s Si l AFL a d cid de consacrer de gros efforts la production de jeux c est bien parce que nous savons que les enfants lorsqu ils jouent pour de bon mobilisent leurs capacit s pour laborer des strat gies et par l poursuivent leurs apprentissages dans des r seaux d une grande complexit Ces jeux comme les autres domaines d activit de l enfant montrent que le passage entre la famille l cole et la cit n a pas ne devrait pas avoir ce caract re de rupture qu on observe trop souvent L enfant doit pouvoir d un lieu l autre apporter sa contribution la vie des diff rentes communaut s auxquelles il appartient 62 LIRE C EST VRAIMENT SIMPLE quand c est l affaire de tous Ill LA CIT En consacrant un paragraphe la cit nous n avons pas voulu satisfaire la mode selon laquelle il faut ouvrir l cole sur la vie Il ne s agit pas de se donner de l air mais d agir pour que l ensemble du corps social s empare de la question de la lecture L ensemble du corps social c est dire les municipalit s les associations les syndicats les parents les m decins les travailleurs sociaux la presse la radio et la t l vision les citoyens vous moi Fort heureusement les initiatives da
62. bricolage On fait facilement la diff rence entre celui qui sait planter un clou ou scier une planche et celui qui est bricoleur qui regarde les objets avec une curiosit technique qui pense transformer les choses les combiner Autrement dit si on sent intuitivement ce qui est en jeu on peut sch matiquement r sumer ce qui pr c de en disant qu on distingue 22 des comportements g n raux qui se construisent dans la vie sans qu on ait n cessairement la volont ou le sentiment d apprendre Comment devient on bricoleur des acquisitions qui restent isol es et qui n ont souvent qu un cho tr s faible sur la mani re d tre de celui qui les re oit et entre ces deux p les tout un ensemble d apprentissages plus ou moins importants selon la place qu ils occupent chez celui qui les construit ce qui nous conduit la notion de d veloppement c est dire l id e qu on se fait des raisons pour lesquelles un individu volue au cours de sa vie Il UNE AUTRE D FINITION DU D VELOPPEMENT Ma fa on de parler de marcher et de conduire mes indiff rences et mes certitudes mes choix et mes craintes ce que je lis les actions que je m ne la tonalit de mes relations avec les autres et avec les choses tout cela tient la fois moi et ce que j ai v cu Je suis devenu celui que je suis aujourd hui dans une histoire qui est celle de mes rencontres avec les milieux dans lesquels j ai agi
63. cette lecture ne concerne pas l enfant Il tente de v rifier le profit que l enfant a tir de son enseignement et pas du tout le profit que l enfant tire de la lecture Lis a Mais pourquoi faire devrait r pondre l enfant Le contr le renvoie l activit du contr leur pas l activit du contr l Dis moi comment tu contr les et je te dirai comment tu enseignes Je te dirai ainsi qui tu es Sans parler de l usage du contr le comme moyen de pression Si je ne contr lais pas ils n apprendraient m me pas leurs le ons L enseignant ne reproduit il pas ainsi son propre statut de sp cialiste contr l Heureusement et Jacques y pense en riant que lorsqu il tait b b ses parents ont su sans y avoir r fl chi qu il allait apprendre parler en vivant et non en recevant un enseignement de la parole qui aurait commenc par les sons les plus simples II l a 50 chapp belle Jacques Et tous les enfants parce qu ils ont appris parce qu ils se sont appris gr ce l aide disponible dans le milieu savent parler Il n y a jamais de d convenues En revanche que d checs travers l enseignement Et malgr les contr les Les contr les doivent v rifier la qualit de l aide qu on apporte Car pourquoi faire des contr les Nous l avons montr Jacques n a pas eu besoin de contr le lorsqu il tait b b et apprenait sa langue maternelle ou la marche pas plus qu aujourd hui q
64. cle le lieu l heure En r sum int ressez le votre activit de lecteur vos actes de lecture et ne consid rez surtout pas que cela ne devrait pas le concerner puisqu il ne sait pas lire e Racontez lui des histoires montrez lui les livres dont ces histoires sont extraites parlez avec lui des illustrations des phrases qui racontent l histoire relisez la s il vous demande de la relire laissez lui le livre pour qu il puisse le regarder seul et se raconter l histoire en le feuilletant Il existe des livres dans lesquels le texte reprend l illustration la collection je lis tout seul aux Editions OCDL les albums du p re Castor e S il se pose une question par exemple concernant ce que mangent les araign es parlez avec lui de ce qu il sait d j de cela dites lui qu il y a certainement une r ponse dans un livre aidez le trouver ce livre en rep rant le titre l illustration de la couverture montrez lui comment il peut rapidement d couvrir la r ponse en s aidant de l illustration et de la table des mati res e Achetez lui des jeux de soci t con us dans l optique Lire pour jouer qui contiennent de l crit accessible aux enfants de cet ge Jouez avec votre enfant montrez lui comment on utilise les lexiques Mieux fabriquez vous m me des jeux de ce type en vous inspirant des jeux de soci t existants Il a plus de cinq ans e Continuez ce que vous aviez entrepris confiez votre jeune enfant de
65. cole centre de vacances ou maison d enfants c est avant tout de vivre ensemble La vie collective oblige un rep rage dans le temps et dans les activit s qui concerne les enfants d s leur plus jeune ge si l on veille ne pas les en carter C est la liste de ceux qui vont tel jour la biblioth que c est la liste des objets apporter pour telle activit c est un aide m moire des activit s pr vues c est encore une r capitulation des objectifs et des tapes d un projet La contribution aux v nements aux projets aux conflits et leur r glement entra ne l implication de chacun Et les crits m me quand ils refl tent la vie du groupe ne sont appropri s par chaque enfant qu avec cette implication Seul l enfant responsable du rangement utilise la liste des mat riels d un atelier C est seulement en cas de conflit que le groupe interpell en r f re cette liste De m me si chaque usager de l atelier est tenu de signaler par un syst me d tiquettes que l on sort cette intention ce qui est renouveler l enfant ne se sert de l crit que lorsqu il est concern individuellement mais le non respect de cet usage personnel questionne le groupe tout entier L crit du groupe n est donc constitu que par ce va et vient entre des crits li s ses activit s sa m moire et des crits li s la place au r le de chaque individu Dans n importe quel projet le groupe a besoin de se conna tre
66. d crit que l on connaissait tait ce que Fran ois Richaudeau appelle la page grise Pour des raisons techniques et conomiques l crit tait rare On lisait int gralement la succession r guli re de lignes enti res compos es avec des caract res semblables pour la plupart Le moindre co t du papier et les possibilit s de l imprimerie moderne ont permis la diffusion d une quantit norme de livres de revues de magazines Nous venons d en parler Dans l impossibilit de pouvoir tout lire le lecteur doit la fois pouvoir choisir et pouvoir lire vite ce qu il n est pas n cessaire de lire lentement ou int gralement Ces deux imp ratifs conduisent les diteurs et les imprimeurs proposer aux lecteurs des formes d crits tr s diverses et faciliter la lecture de ces crits aux formes multiples en utilisant toutes les astuces techniques la lecture flexible 11 Fran ois Richaudeau consid re qu il y a six formes principales d crits conduisant six types de lectures ou qu six lectures diff rentes correspondent six formes d crits Contentons nous d en donner un aper u en consid rant les lectures de monsieur Dupont Il est vident que les survols rapides des prospectus encombrant sa bo te lettres ou des titres de la premi re page de son journal n ont rien voir avec la lecture du roman qu il entreprendra ce soir C est encore une autre lecture qui lui permet de rep rer le num ro du quai d
67. dans ce livre peut se comprendre partir de deux id es gt La premi re nous l avons d j pr sent e Elle concerne la mani re dont un enfant apprend apprend marcher parler se situer dans l espace interpr ter les visages entrer en relation avec les autres lire utiliser les nombres pour se rep rer dans les choses etc L enfant n apprend pas parce qu on lui transmet le savoir de l adulte Pour r soudre la situation dans laquelle il est engag il doit faire des hypoth ses qui laborent un savoir original et provisoire Les autres enfants ou adultes vont l aider en lui apportant de l information en r agissant ses comportements invent s en s impliquant avec lui dans la situation en l incitant r fl chir sur son action etc Ainsi d exp rience en exp rience dans l change avec le monde et les autres va t il modifier ses hypoth ses et ses r ponses et c est ce mouvement permanent et 4 ininterrompu qui constitue son apprentissage ses apprentissages plut t car ils ne sont pas s parables les uns des autres et prennent tous leur source commune dans la vie totale d un enfant totalement impliqu dans une situation totale Bien s r il en va ainsi pour la lecture et nous essaierons de montrer comment depuis son plus jeune ge l enfant est en train de devenir lecteur travers ses rencontres avec l crit gt La deuxi me id e qui nous para t importante concerne la lecture elle
68. de la moiti de ces troubles ont pour cause proche ou lointaine la difficult d utiliser l crit C est dire nous y reviendrons que la lecture fait partie du quotidien Pourtant il n existe aucun ouvrage dans lequel des parents pourraient trouver une information g n rale et des conseils afin d aider leur enfant devenir facilement bon lecteur chaque rentr e scolaire radio t l vision et journaux devan ant l angoisse des familles effectuent quelques enqu tes et donnent des conseils le plus souvent vieillots et contradictoires Mais rien qui puisse satisfaire les attentes et cr er les conditions d une volution de la lecture dans l ensemble du corps social On a l impression que les professionnels qu ils soient dans l cole ou dans les professions param dicales ou m dicales ne savent que demander aux parents de ne rien entreprendre L enseignement de la lecture appara t comme une op ration extr mement d licate que la moindre maladresse ext rieure va compromettre ou faire chouer d finitivement Que tout le monde retienne son souffle Mais ce qui est inqui tant dans cette affaire c est nous le verrons que l cole et les r ducateurs sont une fois sur deux incapables de transformer les enfants en lecteurs Ils ne r ussissent qu avec certains enfants et pour ceux qui chouent c est la faute leur famille qu on a pourtant soigneusement tenue l cart jusque l Nous les auteurs de ce livre
69. de mani re satisfaisante La plus grande sensibilit qu ont aujourd hui les familles la personnalit de l enfant devrait aboutir des critiques plus radicales Encore le fon dement de celles ci est il souvent plus g n reux qu argument Il nous semble donc utile d aborder ce plan p dagogique par r f rence un probl me plus neutre et plus proche de nous L analyse des pratiques de la Formation Continue des Adultes conduit une conclusion vidente Il faut partir de l exp rience v cue de l adulte pour qu il se sente r ellement concern et qu il s engage activement dans le processus de sa formation Il faut enrichir cette exp rience en lui proposant de vivre des situations nouvelles qui vont engendrer r flexion et besoin d information C est ces conditions qu il est possible de s accorder avec lui sur les connaissances qu il convient de fixer Les techniques d enseignement appropri es pourront tre alors utilis es d une mani re efficace et les connaissances acquises durablement Pourquoi n en serait il pas de m me pour l enfant Parce qu il n aurait pas d exp rience de vie C est faux d vidence Parce qu il convient sous le pr texte qu il est dans l poque privil gi e des apprentissages de cr er des situations artificielles ou de modifier les situations r elles pour les rendre plus p dagogiques et augmenter leur rendement C est totalement illusoire Qu on calcule par exemple le temps pass
70. des orientations Il existe un lieu la biblioth que qui centralise la totalit des ressources de l cole qu il s agisse des crits proprement dits ou des documents dits audio visuels Ce lieu est un carrefour pour le travail la d tente les rencontres les changes les productions les expositions les animations Les enfants sont associ s troitement sa gestion L utilisation des ressources peut se faire e individuellement chaque enfant a le droit sous certaines conditions de se rendre la biblioth que e en petits groupes soit que l activit d cid e dans le groupe classe soit qu elle est propos e par l instituteur animateur de la biblioth que e en grand groupe c est dire la classe enti re Ce qui est fondamental c est de bien comprendre que l quipe ducative a pris conscience qu une cole disposant d une biblioth que ce n est pas la m me cole enrichie de ressources suppl mentaires mais une cole diff rente diff rente dans son organisation et dans son fonctionnement Ainsi les BIBLIOTH QUES CENTRES DOCUMENTAIRES sont devenues le lieu naturel d affichage et d exposition de l cole On permet chacun de prendre connaissance de la vie des classes et de l cole de la vie du quartier ou de l actualit on y expose des livres les comptes rendus des activit s r alis es par des groupes ainsi que les produits des projets r alis s l cole C est naturellement
71. e peut on consid rer de la m me mani re les apprentissages qui doivent s op rer au cours de l enfance 18 Dans La r volution du temps choisi Albin Michel l actuel Ministre des Finances Jacques Delors crit Tous les d fauts de notre organisation du temps sont inscrits dans le temps scolaire sous leur forme pure De 4 18 ans l enfant consacre le plus clair de son temps tudier La semaine scolaire c est d j les 40 heures La vraie vie est ailleurs Temps excessivement charg tr s t t Temps gris lent lassant des heures de classe version enfantine de l ennui au travail Temps tron onn de la fa on la plus caricaturale Clivage radical entre le temps d tude et le temps libre la classe et les vacances Temps uniforme ducation contraire la ma trise du temps Anti p dagogie m me de l autogestion du temps 67 LIRE C EST VRAIMENT SIMPLE quand c est l affaire de tous N est ce pas une premi re raison pour contester le fonctionnement d une cole qui continue ignorer le pr sent de l enfant qui pr tend pr parer son futur et ne fait que le conformer des normes pass es et des valeurs d pass es La seconde raison est de nature p dagogique Sur ce plan la tendance g n rale de l opinion est notablement conservatrice Instinctivement on se r f re ses propres souvenirs m me mauvais et l on pense qu il suffirait de gommer tel ou tel d faut pour que l cole joue son r le
72. e qu on dit ou fait Les activit s de syst matisation les exercices Depuis longtemps les sportifs savent qu il faut s entra ner qu on progresse en exer ant des aspects isol s de l activit globale C est pourquoi les footballeurs travaillent le contr le du ballon le marquage et le d marquage le dribble les passes dans des conditions souvent loign es de la r alit des matches en salle par exemple Ils savent aussi que l un doit particuli rement exercer son jeu de t te et l autre l appr ciation des trajectoires du ballon Mais ils savent tous que la somme des habilet s ne constitue pas pour autant un bon joueur On devrait s inspirer des sportifs en ce domaine car ce sont de tels exercices qu il faut organiser Lorsqu un aspect du comportement souhait appara t mais qu il est encore malais et lent au point d accaparer l attention de l enfant ou lorsqu on veut favoriser un autre aspect on organise des exercices on proc de des entra nements pour rendre l action globale plus ais e plus efficace donc plus agr able Les r flexions sur les actions en cours L encore les sportifs pourraient nous donner la le on depuis longtemps en effet ils savent l importance de l action qu un athl te peut avoir sur sa propre activit Le magn toscope a popularis cette pratique chacun sait maintenant que les sportifs tudient leur propre comportement qu ils le prennent r guli rement comme un ob
73. e d part sur un tableau indicateur ou de trouver un num ro de t l phone dans un annuaire Le courrier le compte rendu d une r union du Comit d entreprise laquelle il a assist un article professionnel d une technicit ardue et le tract syndical distribu la cantine ont t lus diff remment L int r t ou la n cessit le poussent tout lire ou au contraire ne pr lever que l essentiel ou encore trouver rapidement l unique renseignement utile Les sp cialistes parleraient de lectures int grale s lective de recherche Pages uniformes chapitres et paragraphes tableaux et listes l gendes et bulles sont des choses devenues famili res la plupart d entre nous Les tables des mati res les r sum s les titres et sous titres les alin as les lexiques les renvois les index sont parmi d autres des moyens permettant de conna tre rapidement et tout de suite le sujet trait la liste et l ordre des parties l organisation de l ouvrage et donc de pouvoir choisir soi m me la mani re qu on aura de cheminer dans l crit et la strat gie qu on adoptera Les aides au lecteur La ponctuation les majuscules les couleurs la forme et la taille des caract res les longueurs in gales des lignes les espaces et les retraits sont des facilitateurs Ces proc d s typographiques augmentent la lisibilit de l crit lisibilit dont nous allons reparler Ils constituent une pr sentation une trame et des rep r
74. e que la mise l cart actuelle L observation d enfants la biblioth que nous aide comprendre comment ils lisent Ils aiment s installer deux ou trois pour feuilleter des livres lls recherchent les pages qui les int ressent pour retrouver un mot ou un dessin ils donnent leur avis sur l interpr tation de tel v nement y a beaucoup d aspirine dit Sylvie en regardant Les malheurs d un directeur d cole c est parce que le directeur est tr s malade non r plique Farid c est parce qu il veut tre malade et y mange beaucoup d aspirine un avion d aspirine Ces discussions et le recours occasionnel l adulte pour trancher ou pour aider trouver l information constituent une d marche d terminante dans la construction du savoir lire Si pour lire un texte c est dire le comprendre il faut poss der 80 de l information qu il contient on voit travers leur conversation que les enfants pr cisent une connaissance de l histoire qui leur permettra par la suite de la lire r ellement De la m me mani re l information apport e par un film permet aux adultes de lire plus facilement le roman dont il est tir il a t vendu norm ment d exemplaires du Rouge et le Noir la suite du film C est dire qu une connaissance du sujet est une aide la lecture Aborder ainsi un livre discuter des personnages savoir o l histoire se passe imaginer d autres fins mais aussi faire de la cuisine c
75. emandant de dire voix haute les mots que nous avons pr par s pour vos yeux Mais vos enfants eux risquent d en sentir rapidement les effets k k k CHAPITRE II L crit quelque chose qui parle l il Les mots transparents et les yeux fertiles Monsieur Dupont en sortant de chez lui pour se rendre son travail retire de sa bo te lettres les prospectus qui l encombrent Ce remplissage quotidien l agace un peu comme l agace sa curiosit qui le pousse toujours lire toute cette publicit avant de la jeter la poubelle Il est vrai que cette lecture demande si peu de temps Non Monsieur Dupont n a pas envie d acheter un pavillon Non des cours de dactylographie ne l int ressent pas Par contre il doit remplacer sa voiture et la date de pr sentation de nouveaux mod les par un garage proche attire davantage son attention Parce qu il songe au remplacement de sa voiture mais aussi parce que tout cet crit est pour lui inutile monsieur Dupont ne voit pas les poteaux indicateurs les noms des rues etc qui lui permettraient de se rendre la gare si l itin raire qu il emprunte lui tait moins familier Il ne lit pas plus les enseignes des magasins qu il voit tous les jours Mais cet homme pr occup par le mauvais tat de sa Renault n en est pas moins amateur de football Parmi les affiches qui tapissent les murs les panneaux les devantures des boutiques il rep re vite le nom des futurs adversaires de
76. enfant met en uvre au cours de ses actes de lecture Il est vident que ces aspects font partie du comportement de lecteur et qu ils doivent tre observ s au cours des actes de lecture et non dans des situations artificielles Voici quelques uns des l ments qui doivent tre v rifi s l enfant embrasse du regard au minimum des mots entiers jamais des lettres quand il se trouve devant un mot qu il ne conna t pas il le saute et cherche en deviner le sens les l vres la bouche la gorge restent immobiles les yeux bougent mais pas la t te l enfant est d tendu comme lorsqu il est devant la t l vision on n observe pas de crispation l enfant explore la page enti re avant de regarder les d tails et donne du sens la mise en page le temps des fixations est court les yeux sont mobiles se d placent vite et trouvent facilement des rep res ou des indices dans le texte l enfant est capable de dire ce qu il cherche ce qu il s attend trouver quoi il suppose qu il va le rep rer lorsqu il lit quelque chose quelqu un les yeux sont en avance sur les l vres il ne dit pas tout mais seulement ce qui lui semble important il change ventuellement de phrases Il sait pourquoi l autre l coute Il est capable de trouver tr s rapidement un mot dans un texte une page dans un livre un article dans un journal etc L encore ces observations doivent se faire tr s t t elles garan
77. er les illustrations juger de l organisation d un ouvrage documentaire Cette avalanche de conseils ne doit pas vous conduire cerner votre enfant et le lasser par votre pr occupation Le rapport l crit doit tre aussi naturel et d tendu que l utilisation de l oral Il COMMENT AIDER VOS L VES l cole maternelle 2 6 ans e Cr ez dans votre cole les possibilit s de recours fonctionnels l crit Dans chaque atelier placez de l crit et cr ez les aides n cessaires sa lecture Pour les fabrications dans les ateliers cuisine mettez en place de vraies notices de vraies recettes disposez des aides la lecture affiches ou fichiers dans lesquels le nom est associ son support image hors de l cole ex le mot farine sera associ l emballage du paquet de farine fichiers dans lesquels les verbes sont associ s des images ou des photos qui permettent d voquer l action sans ambigu t Montrez aux enfants comment le fichier est class comment on peut trouver la signification du mot qu on ignore Cr ez des groupes h t rog nes Dans ces groupes les enfants s entraide ront les plus g s apporteront aux plus jeunes les informations dont ils ont besoin pour utiliser les aides mises en place 39 Cr ez un atelier jeux de soci t et quipez cet atelier de jeux contenant de l crit qu il faut lire pour pouvoir jouer Equipez ce lieu de lexiques Consacrez un temps montre
78. es la mise en page les sous titres Parcourt il d abord le texte pour se faire une id e d ensemble avant d entreprendre une lecture plus en d tail Discute t il avec d autres personnes propos de l crit qu il utilise pour obtenir davantage d informations pour changer des impressions des avis C est seulement partir d une telle observation qu on aura une id e de sa mani re d tre lecteur et ceci d s les premi res ann es Ce n est pas dix ans que cette observation est le plus n cessaire mais d s trois ou quatre ans On constatera que beaucoup d enfants dont on dit qu ils savent lire commettent en r alit fort peu d actes de lecture et que d autres qu on peut prendre travers les contr les ordinaires pour de pi tres lecteurs ont des recours importants l crit Cette observation ne transforme pas l adulte en espion ou en voyeur Elle n est pas tracassi re et doit se faire avec l enfant lui m me elle n a pas d autres raisons que de l aider se d couvrir et avoir avec l crit des interactions toujours plus diversifi es et plus fructueuses 54 V rifier les effets des aides c est observer les aspects techniques des actes de lecture L observation pr c dente porte sur la fonctionnalit de la lecture travers l int gration la vie m me de l enfant de ses recours l crit Mais il est galement souhaitable de pr lever de l information sur les aspects techniques que l
79. es visuels aidant l il se situer Ces strat gies ces mani res de se comporter diff remment selon les crits auxquels on a affaire ces gymnastiques du regard qu elles supposent tout cela fait videmment partie du savoir lire C est un non sens d imaginer qu on puisse apprendre lire une affiche un annuaire un journal apr s avoir appris lire Qu est ce alors qu apprendre lire si on exclut de l apprentissage ce qu il faut savoir faire Si on exclut les crits sociaux qu on est conduit rencontrer L cole se pr occupe surtout de la lecture de la page grise de l crit litt raire Elle tient peu compte du fait que les crits se sont diversifi s et que la lecture a volu Mais vrai dire qu est ce qu enseigne l cole quand travers les m thodes qu elle utilise la plupart du temps elle dote les enfants d un moyen de d chiffrer Comme si c tait ce qu on fait quand on lit Ill QUE FAIT ON QUAND ON LIT La lecture est une activit extr mement complexe Les sp cialistes de la lecture en d couvrent progressivement les myst res encore que leurs travaux ne cessent de soulever des quantit s d interrogations A d faut de savoir pr cis ment ce qu elle est au moins sait on d j ce qu elle n est pas L erreur premi re c est de consid rer que l crit ne serait pas un langage mais un moyen pratiquet de conserver le langage 3 cf Cinq contributions pour comprendre la lecture ditio
80. eux l m me de l action ils sont de m me nature et ils s appr cient par rapport au projet dans lequel cette action se d roule Il n est pas possible d apprendre en faisant quand on n a rien d autre faire que d apprendre Maintenant qu il est en Angleterre Jacques compare la mani re dont il progresse avec ce qu il vivait au lyc e lorsque les professeurs lui enseignaient l allemand ou les 49 math matiques Il per oit bien la diff rence au lyc e il n tait pas n cessaire de parler allemand ni d utiliser les math matiques pour r gler un probl me qui se serait pos au groupe ou quelques individus Il n est pas possible l cole d apprendre en faisant car on n a rien d autre faire que d apprendre On est l pour apprendre pas pour vivre ensemble De ce fait on ne peut apprendre qu en recevant un enseignement On a enseign l allemand Jacques il ne l a jamais appris Il ne l a jamais construit partir de sa vie il a tent de le construire partir de situations de faire semblant afin de pouvoir l utiliser plus tard en situations r elles D s lors il n y a pas dans l enseignement de possibilit s de sanctions fonctionnelles int gr es l action puisqu il n y a pas d action Dans cette famille anglaise Jacques a la ma trise permanente d une auto valuation et d un auto ajustement auxquels les autres participent activement par leurs r actions leur incompr hension leur impatience leurs s
81. f re couter les informations la t l vision Que de temps et que de mal pour chercher une information dans un dictionnaire dans une table des mati res dans un ouvrage documentaire Quelle g ne feuilleter un roman dans une biblioth que ou une librairie Et si un livre a t retenu trop souvent cause de la sa couverture combien de semaines va t il rester sur la table de nuit On dira qu on n a pas le temps de lire On a pourtant le temps de regarder la t l vision Se plonger dans un livre quand on lit mal c est une entreprise fatigante et d sagr able compar e l apparente aisance du spectateur et pourtant pour ceux qui lisent avec leurs yeux et non avec leur bouche la lecture n est pas plus difficile que l coute d une mission au contraire Et les enfants Ce livre de biblioth que qui voyage dans le cartable des semaines enti res et qu on rendra sans l avoir fini Savez vous qu un livre de taille normale doit pouvoir tre lu par un enfant en un temps qui varie entre deux et cinq heures au maximum Au del la lecture est trop lente trop infructueuse trop d sagr able il vaut mieux chercher ses distractions ailleurs Le savoir d chiffrer qui avait sembl bien suffisant pour la majorit des Fran ais dont on estimait qu ils n avaient pas besoin de lire est franchement inadapt pour vivre la fin du XX si cle Vivre c est dire trouver les solutions aux probl mes qu on se pose d
82. fascination Mieux l mission termin e un retour l hebdomadaire permet souvent une r flexion sur ce qui vient d tre vu et si par chance on se donne ensuite le temps d en parler ensemble alors le spectateur aura eu une activit v ritable et pourra exercer son esprit critique Les crits pour les enfants les parents se culpabilisent beaucoup et sont souvent pr ts d penser de grosses sommes d argent pour aider leurs enfants lire Malheureusement ils commettent parfois deux types d erreurs e ou bien ils ach tent un livre en fonction de l int r t qu ils lui pr tent de sa valeur ducative suppos e Se pose alors la question de savoir si cet int r t est celui de l enfant Dans quelle famille n a t on pas fait le constat que le dernier cadeau de l oncle Fran ois sur l automobile est rest sans lecteur pass le premier moment o il a t vaguement feuillet e ou bien le livre est mis entre les mains de l enfant sans l aide indispensable sa lecture Dans le premier cas nous dirons qu une r ponse a t fournie alors que la question ne se posait pas Dans le second cas que l enfant abandonn lui m me ne peut pas entrer dans le texte le livre reste cet objet mort dont nous parlions tout l heure On le voit il ne suffit pas de multiplier les crits pour que l enfant lise il faut absolument exercer sa vigilance deux niveaux celui du choix des livres celui de l aide qu on va app
83. ge les cl s qui sont cens es ouvrir toutes les serrures est n cessairement doubl par un apprentissage par le sens qui lui est la lecture Alors qu on croit entendre des lettres pour lire des mots et des phrases on apprend en fait lire du sens en pr levant des indices Ce qui cr e l in galit entre les enfants c est que les uns acqui rent tr s t t l habitude de questionner l crit et pas les autres Militer pour davantage d galit c est apporter chacun l aide qui le mettra en situation de lecture et non retarder ce moment Mal aider apprendre lire aider mal apprendre lire ou apprendre mal lire c est cela qui d favorise ceux qui n ont pas chez eux des mod les efficaces de lecture QUESTION 13 Les enfants sont diff rents les uns des autres Que faites vous des enfants lents Cette question prolonge un peu la pr c dente Un enfant lent a davantage de chance de le rester s il est tenu l cart des stimulations de son milieu Or le milieu est aussi constitu par des crits des crits vivants La difficult est que pour certains enfants l crit est muet Aider ces enfants revient tablir la communication et non l emp cher Il faut savoir prendre son temps et se m fier de performances court terme obtenues simplement parce qu on a n glig l essentiel qui ne peut pas s apprendre vite la n cessit et l habitude de questionner l crit QUESTION 14 Votre mani re d en
84. heure au prix d une fatigue qui n autorise pas le faire 2 C est peu pr s la vitesse de la parole au del de quelques minutes l autre permet de lire plus de 40 000 mots l heure sans fatigue et plusieurs heures de suite avec une compr hension bien plus ais e Ces deux mani res de comprendre l crit ne mettent pas en jeu les m mes comportements et ne s apprennent pas de la m me fa on il ne faut pas esp rer qu en apprenant d chiffrer et prononcer voix haute on sache lire un jour Aujourd hui ceux qui savent lire en ayant commenc par d chiffrer ont appris in vitablement seuls sans s en rendre compte et en faisant autre chose que ce que l cole ou leurs parents leur demandaient Du reste ce nombre est tr s limit aujourd hui il n y a gu re que 30 des Fran ais qui savent lire Les autres sept Fran ais sur dix sont oblig s de passer par la prononciation m me int rieure de tout ou d une part importante de ce qui est crit Cette obligation est dramatique Certes ils peuvent se d brouiller pour les besoins les plus urgents dans les transports dans les magasins pour les formulaires administratifs pour la page locale de leur journal pour la publicit et les rares lettres familiales Mais que de difficult s pour comprendre la suite des op rations dans une cabine t l phonique les sous titres du film la t l vision les pages de politique g n rale du journal on pr
85. i le plus souvent sans qu ils cherchent vraiment l aider en vivant avec lui et devant lui en participant ses projets et en l associant aux leurs C est donc beaucoup plus simple et plus naturel qu on le dit souvent 3 II est surprenant qu on ne s tonne pas davantage de la rapidit et de l aisance avec laquelle tout s est produit L enfant a beaucoup appris tr s t t et tr s vite C est un expert de l apprentissage dont le pouvoir va tre canalis et r duit par l ducation qu on mesure les progr s d un enfant et d un adulte apr s six mois de s jour dans un pays tranger 4 Il a appris sans chercher apprendre en agissant et en adh rant ce qu il fait On peut se demander si ce n est pas ce niveau qu il faut trouver l explication principale de l extr me difficult de bien des apprentissages futurs en particulier de ceux que l cole veut conduire N est ce pas parce qu ils sont somm s d apprendre et seulement d apprendre que beaucoup d enfants chouent faute de s engager r ellement dans ce qu ils font alors APPRENDRE ET ENSEIGNER C est un des sens de ce livre souligner l extr me d pouillement du style de vie adopt l cole lieu de l enseignement et du faire semblant o force de se pr parer vivre plus tard on oublie de vivre r ellement Il s agit ici de vocabulaire L enfant apprend le ma tre enseigne Le verbe apprendre prend en effet deux sens principaux
86. i de contr ler ce comportement qui suppose demande int r t et recherche de la part du lecteur dans une situation artificielle dont le but n est pas quelque chose qui pr occupe le lecteur mais quelque chose qui pr occupe le contr leur La mani re dont Lucien malade coute interpr te et comprend les changes entre le m decin et sa maman ne peut pas tre d crite en pr sentant Lucien en bonne sant une conversation fictive entre un monsieur qui serait le docteur et une dame qui serait sa maman Ce qu on mesure dans ce cas c est seulement la mani re dont Lucien se pr te des situations de faire semblant Mais ils doivent tre faits en situation vraie Encore y a t il plus de points communs entre cette situation vraie et la situation jou e qu entre un acte de lecture commis par Lucien par exemple lorsqu il feuillette le journal pour savoir si l mission qu il veut voir n est pas la m me heure que celle que son p re a d cid de regarder et le fait de prononcer voix haute une suite de mots qu il voit Cette manie des contr les de lecture t moigne du manque de confiance dans l enseignement de la lecture aussi bien de la part des enseignants que des parents Ce contr le ne sert rien pour l enfant c est une pr occupation des adultes qui 51 conduit des comportements dangereux Tout le monde en arrive oublier l essentiel qui est d apprendre lire chacun vit alors sur le raisonnement suivan
87. idieusement les couches domin es ne peuvent qu approuver cet objectif qui permet si bien aux autres de r ussir D instrument privil gi la lecture devient avec l accord de tous l instrument des privil gi s Pour difier le lecteur voici un exemple de ce que doivent lire des enfants de sept ans classe de CE1 Ces extraits sont tir s d un manuel de lecture parmi d autres publi en 1979 par un grand diteur L avant propos indique il s agit de donner le go t de la lecture avec ce livre que les enfants auront envie de feuilleter et de lire au gr de leurs d sirs et de leurs go ts Page 6 colombes qui mirent gentiment leur soyeux plumage au col blanc qui bombe Page 15 tant bien que mal ils franchissent l boulis rocheux et s croulent puis s le nez contre le sol plat et moussu du sommet Page 20 la ch naie triste et sombre et tout ce maquis ces ch taigneraies qui montent l assaut des pentes et des coteaux Page 24 Des ruisseaux limpides murmurent entre les buissons parfois l eau se fracasse sur de grands rochers avec des gerbes toutes blanches d cume Page 37 Elles se balan aient ironiques tendres d une beaut toujours diff rente Page 57 Tout cela fait de verre fil jaillissait d un vase d opaline ros dont la d licatesse galait celle de la fleur Page 64 et regardait soup onneuse et inqui te celui de sa voisine comptant bien qu il ne cacherait
88. isposer de l information la plus tendue et la plus vari e acc der l expression de la pens e et de la sensibilit des autres se distraire se d tendre et s vader travers les productions litt raires Il est n cessaire souhaitable et bon sans parler m me de l enjeu pour la vie d mocratique que chacun sache traiter directement l crit par les yeux de m me qu il traite directement l oral par l oreille Cette n cessit appara t d autant plus comme une urgence aujourd hui que la presque totalit des enfants de milieu populaire chouent l cole pour les raisons que l on conna t troitement li es la lecture Les adultes doivent comprendre que le probl me se pose aujourd hui en des termes nouveaux et simples et qu il est possible en adoptant d autres attitudes l cole dans les familles et dans le corps social en g n ral que tous les enfants d veloppent d s le d but les v ritables comportements du lecteur efficace Nous donnerons ici des conseils pour aider les ducateurs mais nous voulons commencer par mettre en garde les parents contre certaines habitudes qu ils ont face leur bambin en train de devenir lecteur Un enfant de cinq ans ne peut ignorer voir l agitation des adultes qu il va bient t entrer dans une phase capitale pour lui Les amis la famille le questionnent Dans quelle classe est il Le fils d une amie sait d j presque lire l Entre six et sept ans c est une v ritab
89. it on supposer que l un pr pare l autre que si on enseigne la correspondance entre l crit et l oral c est qu elle pr pare la lecture qu elle en est le premier stade Force nous est de constater que ce n est pas le cas On n apprend pas un comportement en faisant le contraire D chiffrer oblige avoir avec l crit un comportement oppos celui qu il est indispensable d acqu rir pour tre bon lecteur D chiffrer conduit suivre en continu la suite des signes commencer un texte par la premi re lettre du premier mot s arr ter d s qu on rencontre un mot qu on ignore faire passer par l oreille ce qui est pr vu pour l il c est dire rep rer la trace crite des unit s sonores et non les signes visibles des unit s de sens On comprend que cette besogne accapare toute l attention surtout chez le jeune lecteur et qu elle devienne une fin en soi Quel que soit le moyen de communication adopt la facult de comprendre suppose la possibilit d anticiper Dans le cas de la lecture le d chiffrement emp che presque toujours l anticipation et la parasite dans le meilleur des cas 14 Beaucoup r agissent ce qui vient d tre dit en rappelant qu ils sont aujourd hui bons lecteurs alors qu on leur a enseign le d chiffrement quand ils taient enfants Et c est vrai Mais un moment ils ont d velopp une autre mani re de lire par go t par n cessit Ils se sont mis
90. itesse trois fois sup rieure la vitesse de la parole Ce qui exclut la possibilit d une prononciation m me int rieure Qui ne s est pas rendu compte que ce qu on appelle la lecture voix haute n existe pas Il s agit en r alit d un exercice de reformulation de ce qu on vient de lire avec les yeux et sans d chiffrer La preuve On teint la lumi re dans une salle o quelqu un lit voix haute et il est capable de continuer dire les quelques mots qu il a vus et lus avant que la lumi re s teigne L intonation qu on met en lisant haute voix suppose une compr hension et donc une lecture pr alable de ce qu on dit Il faut un d calage entre l il qui lit et la bouche qui parle Il arrive souvent qu on simplifie pour un enfant une histoire qu on est en train de lui lire et qui est crite avec un vocabulaire qu il ne comprendrait pas Les aspects techniques de l acte de lecture Les yeux du lecteur avancent par sauts et fixations le long du texte dont il est en train de prendre connaissance C est seulement pendant les fixations que le lecteur photographie identifie reconna t une partie de la cha ne crite qu on appelle un empan Les empans sont plus ou moins grands selon la qualit du savoir lire du lecteur son entra nement sa familiarit avec le sujet la difficult du texte L identification ou la reconnaissance au cours des fixations se fait gr ce des signes des aspects de la
91. jet d tude qu ils apprennent s observer analyser ce qu ils font pour int grer leurs nouvelles pratiques les produits de leurs observations C est l un moteur tr s puissant pour tout apprentissage mais c est un moteur dont l cole ignore encore trop souvent l existence Les activit s men es en petits groupes conduisent les enfants se justifier confronter leurs points de vue expliquer ce qu ils sont en train de faire et chercher comprendre ce que font les autres Ces activit s naturelles dans un groupe vivant offrent de multiples occasions de telles r flexions Il suffirait souvent de les laisser exister de les susciter parfois et de faire reconna tre leur importance 27 Ainsi aider quelqu un apprendre c est toujours intervenir aupr s de lui sous l une ou l autre de ces formes ou plut t avec l une ou l autre de ces intentions g n rales on cherche toujours l informer l entra ner ou le faire r fl chir sur ce qu il fait Mais il ne faut jamais perdre de vue que l essentiel se joue toujours dans les rapports qui s tablissent entre ces aides et l apprentissage lui m me et que c est ce niveau et ce niveau seulement qu il faut essayer d en appr cier l utilit et l efficacit Si un nageur est amen effectuer en salle des exercices de musculation pour am liorer l efficacit de certains de ses gestes dans l eau c est videmment lorsqu il nagera qu on pourra sav
92. l mentaire est le moment capital o l avenir ducatif de l enfant se structure Ce n est qu une motion mais ce qu elle contient nous donne l espoir d tre un jour concr tement entendus l de l organisation compl te du go ter quotidien celle de la classe verte autog r e avec ma tres et parents de la r alisation de toutes les tapes d une s rie de livres destin e aux apprentis lecteurs celle d un film humoristique refl tant la vie de l enfant dans sa famille de la soir e restaurant cabaret destin e tous les parents d une classe au Festival de cr ation enfantine concernant tout le quartier de la participation active aux consultations de la sant scolaire aux campagnes de pr vention contre les accidents les poux etc de la gestion de la Biblioth que Centre Documentaire de l cole l analyse des nouvelles parutions en vue des achats de livres de l information des familles par les journaux diaporamas exposition la participation la revue municipale et au journal de quartier de la radio libre etc 70 LIRE C EST VRAIMENT SIMPLE quand c est l affaire de tous Les services techniques de la ville tel artisan telle entreprise tel commer ant les transports publics les pompiers les architectes et les urbanistes municipaux les biblioth ques les mus es etc forment autant d espaces ducatifs qui acceptent volontiers les enfants comme interlocuteurs lorsqu ils pr sentent ou d
93. l soul ve une m fiance grandissante La question sait il lire Se d compose ainsi Quelles questions pense t il poser l crit Quelles r ponses satisfaisantes pour lui trouve t il Quels moyens utilise t il Nous n allons pas donner ici une grille d observations d taill es mais plusieurs pistes qu il sera facile et agr able d explorer Au cours de la journ e de la semaine Quel volume d crit a t il utilis Quelle est la diversit de cet crit crit de la rue panonceaux affiches plaques indicatrices tracts publicit s annonces crit de la maison sur les jouets sur les journaux sur les livres sur les revues sur la nourriture le courrier les affaires de classe des fr res et s urs les albums les catalogues crit de la t l vision programmes titres d missions Les chiffres et les lettres etc crit des biblioth ques fiction albums revues bandes dessin es documentaires crit de l cole exercices enqu tes correspondance etc crit des groupes de vie clubs associations formelles et informelles etc Pour faire quoi pour se rep rer dans la rue dans les grands magasins pour compl ter une information le titre d un livre d un film dont la photo a attir l attention pour le plaisir d exercer le pouvoir naissant de lire pour trouver ou ranger quelque chose jouets livres nourriture objet pour conna tre
94. la lecture existe en dehors de tout projet et de tout int r t Il est regrettable ce propos que la soci t ne pense pas plus aux jeunes lecteurs Ainsi les r dacteurs de journaux et de magazines pour adultes pourraient ils inclure dans leurs publications des articles destin s aux enfants lorsqu elles traitent un sujet susceptible de les int resser Plus encore la radio et la t l vision devraient concevoir des missions sur les livres et sur les journaux en direction des enfants Les commer ants ont depuis longtemps compris l int r t de s adresser aux enfants parfois trop Les mairies les producteurs de spectacles et de concerts les salles de sport les biblioth ques devraient galement r diger leurs informations avec la pr occupation de toucher les jeunes qui en tant que personnes m ritent d tre inform s afin de devenir au maximum de leurs possibilit s les acteurs de leurs choix Il suffirait comme savent le r ussir les publicistes de r diger affiches encarts annonces ou articles avec les moyens appropri s l ge des destinataires l cole L crit nous l avons vu joue un r le dans la vie d un groupe l cole l enfant est amen lire des crits propres la vie scolaire tels que des fiches de math matiques ou d orthographe Cependant ici encore les crits les plus importants sont ceux que l colier utilise pour mener au mieux ses activit s Beaucoup d crits pourraient circuler d
95. la lettre Soulignons propos l int r t d adresser l enfant lui m me lettres ou cartes postales Ainsi associ l enfant apprendra suivant son rythme et sa d marche le r le de l crit il donnera progressivement un sens certains mots ou phrases li s sa propre vie le titre d un journal le nom d un personnage de t l ou d histoire le titre d une mission qu il aime etc Souvent press ou inattentif l adulte omet d accompagner ses actes de commentaires C est dommage car il prive l enfant d une aide courante Abandonnons l inventaire des occasions offertes l enfant de rencontrer les crits dans la vie quotidienne de sa famille et arr tons nous sur la situation privil gi e du jeu Le jeu La langue crite est en soi source de jeu puisqu elle ouvre une voie l imaginaire Elle peut tre aussi la base de certains jeux ou contribuer en augmenter l int r t Ces jeux existent ils reprennent le plus souvent les structures et modalit s des jeux classiques connus de la majorit des enfants oie bataille r ussite etc la volont ducative d aider l enfant dans ses apprentissages particuli rement celui de la lecture conduit r server l crit une place singuli re La seule mani re notre disposition d viter que cette intention ducative ne transforme aux yeux de l enfant le jeu en pr texte est de faire jouer l crit un r le essentiel augmenter l int r t ludique fav
96. langue crite pertinents pour l il et non pour l oreille Les formes irr guli res les lettres inutiles et superflues les redondances les variations dans les terminaisons les marques du pluriel etc toutes les complications orthographiques rendent la lecture plus ais e Une langue phon tique serait peut tre une langue facile crire et encore c est faux Mais elle serait difficile lire Qu on songe aux homonymes Les diff rences entre thym teint tint tain et tin paniquent l apprenti crivain mais aident singuli rement le lecteur attribuer le sens qu il faut ce qu il voit On ne sait comment dire car tous ces verbes comme nous le verrons plus loin sont corrects et impropres la fois pour rendre compte de ce qui se passe 13 L anticipation Mais il faut voquer aussi un autre aspect de la lecture qui fait qu en r alit les choses ne se passent pas exactement comme on vient de le dire En effet un lecteur anticipe en permanence c est dire qu il met des hypoth ses sur le texte et imagine d j ce qui va suivre en fonction de ce qu il vient de lire Ce qui fait de la lecture une activit assez compliqu e puisqu au cours d une fixation le lecteur en identifiant un empan v rifie en r alit ce qu il a suppos pr c demment il infirme ou confirme ses hypoth ses en m me temps qu il anticipe la suite Il faut avoir pr sent l esprit la vitesse laquelle cette activit se d
97. lbum Dans la collection Je lis tout seul des livres illustr s dans lesquels l image est une aide la lecture et dans lesquels des mots choisis en fonction de leur fr quence sont repris plusieurs fois dans les phrases la 1 tape 14 s ries de 3 ou 4 livrets la 2 tape l histoire de Dinomir le g ant la 3 tape 10 s ries de 3 ou 4 livrets Dans la collection du LAC des livres crits par des enfants pour des enfants Cette collection est publi e sous la responsabilit de l AFL Deux fichiers de travail individualis pour les enfants de 8 12 ans ATEL 1 et ATEL 2 qui proposent des exercices pour am liorer les performances des lecteurs Des revues sp cialis es pour choisir les crits La revue des livres pour enfants dit e par la Joie par les livres 4 rue de Louvois 75002 Paris Trousse livres dit e par la Ligue Fran aise de l Enseignement et de l ducation Permanente rue R camier 75341 Paris Cedex 07 Des crits sur la lecture La mani re d tre lecteur par Jean Foucambert OCDL Comment les enfants apprennent lire par Franck Smith d Retz Cinq contributions pour comprendre la lecture colloque de l AFL envoi franco contre ch que de 40 F AFL BP 13505 75226 Paris Cedex 05 47 La lisibilit par Fran ois Richaudeau CEPL d Retz Le langage efficace par Fran ois Richaudeau CEPL d Retz Laissez les lire par Genevi ve Patte
98. le conspiration l cole la maison chez le m decin ou le psychologue l enfant se voit tout moment glisser devant les yeux un texte un bout de journal une page d un livre ou quelques lignes pr par es soigneusement quelqu un lui demande Lis moi a Avouez que la demande est bizarre Pourquoi la grande personne qui doit savoir lire ne lit elle pas elle m me si elle d sire apprendre quelque chose Et si elle a vraiment besoin de savoir quelque chose pourquoi n est ce pas ce quelque chose qu elle demande l enfant de trouver Les adultes enseignants comme parents doivent s interroger sur leur besoin de contr ler la lecture Pourquoi en outre ne savent ils le faire qu en demandant l enfant de dire haute voix ce qui est crit Pourquoi contr ler sans arr t la compr hension de l crit Jamais il ne viendrait l id e des parents de suspecter leur b b de quelques mois de ne pas comprendre exactement toutes les nuances de ce qu ils disent Jamais le contr le ne consistera faire r p ter par l enfant ce qu il a entendu cette r p tition ne touche pas la compr hension le premier perroquet venu vous le dira Le temps d apprendre parler est consid rable et on accepte toutes les tapes Il est impossible de dire un moment Lucien comprend ou ne comprend pas car cette compr hension d pend de ce qu on dit Lucien de ce qui l int resse de son souci du moment Il en va de m me
99. le ne peut se concevoir comme le lieu unique de l apprentissage de la lecture Certes elle continuera de jouer pendant longtemps encore un r le galitaire de premier plan dans le d marrage de la lecture mais c est le corps social qui doit prendre soin de son approfondissement et de son extension On sait aujourd hui l importance de la formation permanente le perfectionnement continuel du savoir lire est un l ment essentiel de cette formation C est pourquoi dans le budget culturel des diverses instances entreprises quartiers communes r gions etc c t des quipements mat riels et des cr dits de fonctionnement doivent imp rativement figurer les moyens du perfectionnement individuel du lecteur Ce souci doit tre galement pr sent dans la gestion des cr dits propres de la formation continu e des cat gories de travailleurs A l int rieur des divers stages de qualification professionnelle mais aussi en dehors d eux les travailleurs doivent avoir acc s aux divers moyens d am liorer leur mani re d tre lecteur Ce n est s rement pas aux cadres ou aux bureaucrates qu il conviendra de donner la priorit par souci de rentabilit conomique Si un gouvernement le veut la bataille d mocratique de la lecture peut tre gagn e en peu d ann es Et cette victoire passe sans fronti res visibles par les enfants et les adultes On peut m me affirmer qu il ny aura pas de transformation au niveau des enfants sans m
100. le renversement dans les habitudes Au lieu de partir du livre la r ponse il est n cessaire de partir de la situation la ques tion Le malheur veut que nous ne soyions pas suffisamment attentifs ce que vivent les enfants Pour assurer leur d veloppement y a t il des lieux utiles l cole et des lieux inutiles la rue la famille Non bien s r le temps du travail de l efficacit ne s oppose pas au temps du jeu de l inefficacit La r alit est autre Chacun de nous engage la totalit de son tre dans la totalit des circonstances de la vie Pourquoi priver un enfant de lire sous pr texte que la lecture est le domaine de l cole et par l l affaire des sp cialistes C est pourtant ce qu on observe constamment L crit de tous les jours est r duit au silence sous pr texte qu il n est pas celui de l cole et on oublie que pour se d placer jouer regarder la t l vision faire des courses bref vivre sa quotidiennet l enfant utilise d j mais pas suffisamment les ressources de l crit Dans ce chapitre nous examinerons quelles conditions l environnement peut d velopper les relations b n fiques du jeune lecteur avec l crit Nous donnerons ici au mot environnement son sens le plus g n ral ce qui entoure C est pourquoi nous examinerons successivement trois lieux la famille l cole la cit et nous garderons pr sent l esprit le fait que l enfant circule d un lieu l autre
101. les dates d histoire des faits le nom d une plante les propri t s d un produit l orthographe d un mot une r gle de grammaire Mais aussi l acquisition de gestes ou de savoir faire plus ou moins complexes tracer une lettre d marrer le moteur d une voiture utiliser une machine faire une soustraction avec retenue identifier les verbes d une phrase Dans les deux cas le sch ma est le m me le ma tre a apport des informations et l enfant a acquis un savoir il a montr ou d montr et l enfant a acquis un savoir faire Si bien qu enseigner c est informer montrer et faire r p ter Apprendre c est couter imiter m moriser et r p ter On reconna t l un mode de fonctionnement privil gi l cole un sch ma simple et clair qui pr cise avec une nettet s duisante les r les de chacun Malheureusement la r alit n est pas toujours sensible cette belle simplicit d j parce que l enseignement ne produit jamais aussi m caniquement ses effets chez l apprenti ensuite parce que la somme d acquisitions morcel es ne construit pas une fa on globale de vivre Et enfin parce que certains comportements certaines fa ons d tre et d agir entrer en communication par la parole avec les autres se rep rer dans l espace par exemple ne r sultent jamais d un tel enseignement Des comportements globaux Tout tre qui vit dans un milieu o la parole est un moyen n cessaire pour participer
102. lis seul collection du Lac est propos la lecture des l ves Ces ouvrages sont crits en fonction du v cu des enfants et tiennent compte de leurs capacit s de lecteur Pour ces deux raisons ils sont lisibles par eux a part d inconnu d un tel texte ne d passe pas 10 et les mots que les enfants ignorent sont tels que ce qu ils savent d j de l histoire ou le contexte permettra la formulation d hypoth ses Par exemple s il s agit de L histoire du gentil marin dans la phrase Le gentil marin ne veut pas que l on tue les baleines alors il se d guise en fant me les l ves qui ne connaissent pas baleines et fant me pourront formuler sur ces mots une hypoth se exacte si un de leur camarade leur a pr sent le livre et montr les 42 illustrations Pour concentrer l information pr alable la lecture on peut aussi pr senter aux enfants quelques images en rapport avec le texte lire Les enfants formulent des hypoth ses et imaginent des histoires possibles qui facilitent l anticipation Apr s un temps de lecture individuelle la discussion s engage Les enfants disent ce qu ils ont cr en lisant justifient leurs affirmations par recours l crit explorent le texte pour trouver la phrase ou le mot qui permet d argumenter leurs affirmations je dis que la fermi re passe l aspirateur dans la cabane du cochon car c est crit l Au cours de la discussion ils explicitent les strat gies utili
103. lles aussi de moins en moins illusion L cole ne pourra plus continuer longtemps faire comme si les choses se passaient comme elle dit qu elles se passent Oui il est possible de diversifier les t ches et de s organiser de mani re que le ma tre travaille avec sept ou huit l ves pendant que tous les autres individuellement ou par petits groupes s activent d autres t ches Affaire d organisation Mais pas seulement quel r le reconna t on l enfant dans son propre d veloppement QUESTION 19 Vous dites Il faut tre vigilant sur le choix des livres acheter Pouvez vous pr ciser ce point Il ne s agit pas d acheter des livres parce qu ils sont beaux ou parce que le sujet est s rement int ressant Il s agit de n acheter que les livres dont l enfant a besoin Les parents sont souvent sollicit s chez eux par des vendeurs sp cialis s dans la culpabilisation On leur fait croire qu il est de leur devoir d acheter telle ou telle encyclop die en cinq volumes tel ou tel dictionnaire ou m me telle m thode d orthographe ou de lecture Encore une fois il faut dire qu un livre dont on ne se sert pas dont on ne sait pas se servir est un objet mort A l inverse c est quand un int r t se manifeste pour la moto ou pour la voile pour la photo ou pour l histoire qu il faut le prolonger en achetant le livre dont on sait qu il sera lu effectivement c est dire d une mani re active Plut t que de garnir les ra
104. lusions propos de l cole et notamment celle ci Lorsqu un bon l ve de CP franchit le cap qui le fait acc der la lecture courante le succ s est imput ce qui a pr c d les le ons de lecture par d chiffrement Et si la r ussite s expliquait autrement Par exemple par le fait que l enfant l cole et hors de l cole a construit son propre apprentissage en s habituant tr s vite questionner l crit par anticipation identification et v rification Et si sa r ussite tait du m me ordre que la v tre ou la mienne quand nous parvenons lire de l anglais ou de la chimie un auteur difficile ou un mode d emploi complexe En d autres termes on peut se demander si on n apprend pas lire malgr la phase de d chiffrement Le mauvais lecteur c est celui qui n a pas pu ou os d sob ir QUESTION 16 Votre mani re d envisager la lecture ne risque t elle pas de d tourner les enfants du sens de l effort Poser cette question c est concevoir l effort d une curieuse mani re Nous d fendons l id e que l enfant n apprend lire vraiment que dans un mouvement de tension de tout son tre vers l crit Auriez vous une autre conception de la notion d effort QUESTION 17 On reproche notre soci t son caract re superficiel Ne craignez vous pas de pr cipiter le mouvement vers la facilit Aussi longtemps que l cole avait le monopole du savoir on pouvait limiter les connaissances t
105. m me c est dire la connaissance que l on a aujourd hui des comportements mis en uvre au cours de l activit de lecture la diff rence de ce qui se passe dans les pays o la langue crite est id ographique le chinois par exemple o les mots sont repr sent s par des dessins chez nous l criture est alphab tique c est dire que les groupes de lettres peuvent se prononcer ind pendamment des mots ou des id es qu ils expriment Gr ce cette criture n importe qui peut prononcer sans avoir besoin de les comprendre les groupes de lettres tels que sulbotraqui chenave etc Le fait de ne pas les comprendre mais seulement de pouvoir les dire montre bien qu on ne lit pas ces mots l II ne viendrait pas l id e de quelqu un de pr tendre qu il sait lire le latin alors qu il n y comprend rien et qu il est seulement capable de faire du bruit avec sa bouche En outre on s aper oit tr s vite que neuf fois sur dix on ne peut dire correctement les mots que si on a d abord compris le sens de la phrase comme on l observe dans l exemple c l bre les poules du couvent couvent Nous y reviendrons mais il est bien vident que lire c est comprendre de l crit et ce n est pas le prononcer tout au plus quand on l a compris peut on presque toujours le prononcer alors qu l inverse on peut oraliser beaucoup de choses qu on ne comprend pas et qu on ne sait donc pas lire Je ne peux pas lire certains livres de
106. mand e par des lois les fameuses r gles orthographiques J apprends reconna tre un mot comme j apprends reconna tre une personne ou une marque de voiture en les fr quentant Si je porte en moi une certaine connaissance du mot de la personne ou de la marque de voiture il me suffit de pr lever rapidement un indice parfois deux indices pour les reconna tre et je n ai absolument pas besoin d entrer dans le d tail de leurs constituants pour le faire les lettres du mot les l ments de la voiture la couleur des yeux et la forme du visage La difficult au moment d crire le mot vient de ce que je dois absolument le restituer tel qu il est si je veux tre lu le compromis avec le lecteur C est pourquoi la ma trise de l orthographe est le plus souvent retard e par rapport la ma trise de la lecture je peux crire phisyonomi avant d avoir m moris le geste d criture correct tout en sachant identifier plus t t le mot II est plus facile de reconna tre une 4L que de la dessiner Ds se ts f Efficacit vitesse x compr hension 74 LIRE C EST VRAIMENT SIMPLE quand c est l affaire de tous D un progr s l autre j accrois mes chances d tre compris et chaque progr s n est rendu possible que par la multiplication des rencontres En cas de doute il est beau coup plus utile de griffonner toutes les graphies possibles d un mot pour essayer de le reconna tre que de tenter d crire le mo
107. n leur propose tel ou tel exercice il faut les aider analyser ce qu ils font et les associer la recherche des moyens de progresser E X Le point sensible et l orientation d ensemble de toute action ducative c est la diff rence et la compl mentarit entre celui qui apprend et celui qui enseigne On comprend maintenant que c est toujours celui qui apprend qui est le ma tre d uvre Il utilise ou non ce qu on fait pour l aider quand il l utilise c est sa mani re dig rant et transformant ce qui le touche Et se transformant en m me temps C est cela apprendre Et enseigner c est cette activit al atoire incertaine et respectueuse qui nous oblige regarder diff remment chaque enfant c est en essayant de s inscrire dans son mouvement qu on a le plus de chances de lui tre utile e k ME 28 CHAPITRE IV Quelles questions Quels crits Attention Lecture Quand tu auras six ans tu iras la grande cole Et tu apprendras lire Car avant le jour fatidique de son entr e au cours pr paratoire l enfant n aurait aucune relation avec l crit ou du moins ne devrait pas en avoir puisqu il ne sait pas lire et que l cole ne lui a encore rien enseign Avant six ans l crit n est pas pour lui II est encore trop petit L apprentissage de la lecture prend allure d initiation au monde des adultes D s lors il n est pas trait comme les autres apprentissages mais comme l preu
108. n sur le probl me ducatif a pu parfois devancer les grandes mutations qui se dessinent dans notre soci t Dans une situation marginale et dans l hostilit des exp riences ont t et sont actuellement tent es Malgr ces conditions d favorables elles nous apportent des enseignements qui peuvent nous faire gagner du temps et particuli rement viter les impasses Mais ce qui appara t nouveau aujourd hui c est que cette r flexion peut r ellement converger avec la r alit socio conomique et avec l volution de l opinion qui en r sulte Ainsi il devrait tre beaucoup plus facile de promouvoir une autre conception de l utilisation du temps de l enfant au moment o la pr occupation temps libre justifie l existence d un minist re une autre conception de l institution scolaire au moment o le probl me de l ducation permanente se pose avec intensit une autre conception du statut de l enfant au moment o l volution des m urs touche toutes les cat gories d adultes XX k L enfance dit on c est le temps pour apprendre c est le temps pour se pr parer la vraie vie c est dire la production et la reproduction Pour atteindre cet objectif re u comme une vidence on s attache principalement conditionner l enfant en ce sens le conformer aux valeurs dominantes afin qu il soit le moins possible conduit les mettre en question L irruption de l ordinateur et des robots dans le monde du t
109. ns ce domaine n ont pas manqu ces derni res ann es ann e de la lecture colloques nationaux r gionaux locaux ouverture de biblioth ques constitution de BCD dans des coles mise en place de bibliobus cr ation d associations diverses Ces initiatives pour utiles qu elles soient resteraient limit es dans leurs effets si chacune des parties concern es ne recherchait les conditions d une plus grande efficacit Il nous para t urgent de prendre en compte la dimension sociale de la question nous devons comprendre que la lecture n est pas une technique scolaire parmi d autres mais qu elle rel ve d un apprentissage social Lorsque des parents consultent un p diatre pour leur enfant parce qu il souffre d insomnie par exemple le m decin a tout fait raison d aborder le probl me de sa vie l cole Malheureusement il arrive trop souvent que les difficult s scolaires si elles concernent la lecture soient r duites leur aspect technique la r ponse que donne alors le m decin est d ordre m thodologique Les parents s entendent recommander un apprentissage ordonn structur c est dire s appuyant sur une d marche syllabique et tout l aspect social se trouve gomm C est un individu qui est d clar en chec et cet chec prend des traits pathologiques il ne sait pas lire parce qu il est mal quip et il faut y rem dier en lui apportant ce qui lui manque Dans cette perspective il y a bien m dicali
110. ns de l AFL en ligne sur le site ww lecture org 4 Surtout tant qu on n avait pas invent le t l phone la radio les disques le magn tophone 12 oral Ainsi l crit quand on le regarde n aurait pas de sens mais l oral qu on peut reconstituer partir de lui en a Lire ce n est pas d chiffrer Or lire ce n est s rement pas transformer des signes crits en sons correspondants Lire ce n est pas traduire de l crit en oral pour le comprendre m me si cette traduction ne se fait pas haute voix mais sous forme de langage int rieur mental subvocalis comme on le dit souvent Lire c est directement faire du sens avec de l crit C est une activit id o visuelle L crit est un langage pour l il Mais il est difficile de s en rendre compte e parce que la lecture est une activit discr te secr te qu il est difficile d observer chez autrui e parce que la plupart des gens ont appris lire en apprenant d chiffrer et ils s imaginent ayant pourtant abandonn cette pratique qu ils continuent faire la m me chose mais plus rapidement e parce qu il en est de sa propre lecture comme de sa pens e Pour la rendre observable on veut la rendre consciente et on la d nature On ne peut pas s arr ter pour se regarder marcher On formule ce qu on voit en langage int rieur On ne lit plus Pourtant qui ignore qu un lecteur m me peu rapide lit un texte d une difficult moyenne une v
111. ns la rue dans les magasins la t l vision en voyage la section enfantine de la biblioth que la piscine au zoo L enfant rencontre ainsi des crits qui n ont pas t mis l pour qu il apprenne mais simplement pour qu il les utilise Et c est en les utilisant qu il apprend aussi facilement aussi naturellement qu il a appris parler lire lire Nous revenons constamment sur le caract re fonctionnel de l crit social et nous l opposons au caract re artificiel d un crit scolaire dont l enfant n a nul besoin pour vivre et qui n est l que pour l enseignement de la lecture Tout le monde sait bien qu un b b comprend progressivement le langage oral parce qu on lui parle vraiment parce qu on a quelque chose lui dire qu on l aime que son repas va tre pr t que maman va revenir etc et non pas en faisant semblant de lui parler sous pr texte qu il est trop petit et qu trois mois il ne comprendrait pas ce qu on lui dit C est la m me chose par rapport l crit II ne faut pas enseigner la lecture pas plus qu on n enseigne la parole mais il faut que l enfant rencontre l crit comme il rencontre l oral et qu on l aide l utiliser comme il le souhaite Ainsi d s son plus jeune ge il est lecteur sa mani re Et cette mani re va voluer au fil de ses rencontres jusqu ressembler la n tre et sans doute la d passer Ce livre veut donc aider les ducateurs se conduire naturellement
112. nscient de l utilit de l crit et vous d dramatiserez par l l apprentissage de la lecture L enfant tant en 38 situation de lecteur s apercevra qu il est capable de lire Et cela vous fera encore plus de bien qu lui Deux aspects de l aide et non des moindres Explicitez le comportement du lecteur Montrez l enfant ce que vous faites au cours de vos actes de lecture Montrez lui que vous lisez avec vos yeux que vos l vres ne remuent pas que lorsque vous lisez votre journal vous ne lisez pas tout que vous choisissez que vous utilisez les titres que lorsque vous lisez un livre vous le feuilletez d abord pour savoir de quoi il parle que vous regardez le r sum la table des mati res En ce qui concerne l cole ne portez en aucun cas face votre enfant de jugement n gatif sur les pratiques d enseignement Cela ne pourrait que le perturber Dites lui que ce qu il fait l cole si on le fait lire voix haute c est pour v rifier certaines choses mais qu la maison il doit lire silencieusement puisque l on sait qu il sait Int ressez vous ce qu il fait l cole en lui demandant de vous parler des histoires qu il a lues e Et plus que jamais Aidez le constituer sa biblioth que en lui faisant conna tre des crits diversifi s Aidez le porter un regard critique confronter les r ponses apport es par des crits diff rents une m me question compar
113. nsid ration des l ments isol s n aboutit pas un tout et ne procure aucune motion li e au paysage quoi reconna t on un visage A la vision globale de beaucoup de particularit s qui d crites ou m me vues une une n auraient pas permis l identification de la personne L arbre cache la for t le mot cache le texte La lecture cette interaction d un individu avec un crit a donc fort peu voir avec une transformation de cet crit en oral sous quelque forme que ce soit Nous allons voir encore combien elle diff re de bon nombre d autres id es re ues IV LA DIVERSIT DES ATTENTES Nous aurons utilis plusieurs fois dans ce chapitre le terme de lisibilit La lisibilit d un texte c est sa capacit tre lu compris et m moris Il existe plusieurs moyens de calculer la lisibilit d un crit Les moins complexes partent de la longueur des mots des phrases et de la fr quence de certains mots d autres y ajoutent l int r t humain du texte Ce facteur est important pour comprendre un aspect de la lecture que nous n avons pas encore abord En effet un texte peut par son vocabulaire sa syntaxe son niveau de langue tre parfaitement accessible et pourtant je ne peux pas le lire Des formules comme Je n arrive pas entrer dans ce texte rendent bien compte de ce ph nom ne Monsieur Dupont notre monsieur Dupont pr occup et press ne lit pas la moiti de l crit qu il peut voir sur son
114. nt rieur de ces groupes faudra aussi comme l cole maternelle cr er un atelier jeux de soci t du type Lire pour jouer Il n y aura aucun enseignement pr alable la pratique de ces jeux c est pour jouer que l enfant aura besoin de lire et c est en lisant qu il apprendra lire l crit int gr ces jeux Outre les aides qu on vient de mentionner et qui sont indispensables au bon d roulement des activit s d apprentissage il existe des interventions caract re plus syst matique qui poursuivent des objectifs li s ce que l on conna t des comp tences du lecteur efficace C est ainsi que certaines s quences d enseignement auront pour objectif l am lioration de strat gies d exploration de l crit d autres le d veloppement des aptitudes utiliser les informations ant rieures pour mieux anticiper v rifier les hypoth ses et attribuer une signification au texte d autres chercheront panouir l habilet perceptive d autres enfin tenteront d accro tre la m moire imm diate Nous proposons ici quelques exemples qui permettront d atteindre ces objectifs 1 De temps en temps une ou deux fois par semaine on r unira des l ves sur un crit impos afin de mettre en commun et de confronter les strat gies d exploration Un texte crit par le ma tre ou extrait et adapt de livres con us pour des enfants en cours d apprentissage tels ceux dit s par les ditions OCDL collection Je
115. oce que vous subissez et que vous condamnez Mais nous sommes conscients du paradoxe les parents auxquels est lanc cet appel n en seront que rarement les lecteurs C est pourquoi nous l adressons aussi et d une mani re pressante tous ceux qui en sont les interm diaires naturels associations populaires syndicats familiaux et ouvriers commissions ducation des organisations politiques lus municipaux sp cialis s L incoh rence du syst me ducatif l imp rialisme de l cole et la d charge de responsabilit des familles sur l institution scolaire qui en r sulte sont per us de plus en plus clairement comme les fruits d une sp cialisation aberrante Il se trouve que dans ces milieux un mouvement se dessine pour affirmer L cole c est aussi notre affaire Nos propositions veulent alimenter ce mouvement et cette analyse Elles correspondent par ailleurs aux pr occupations affirm es par les nouveaux pouvoirs publics et nous souhaitons qu elles soient entendues par ceux ci Faut il pr ciser que ces propositions ne se font pas contre les enseignants mais au contraire en faveur d une red finition de leur t che et d une redistribution des responsabilit s Elles sont les conditions n cessaires pour que se lib re leur nergie cr atrice actuellement inhib e par un continuel et injuste sentiment de culpabilit k k 66 LIRE C EST VRAIMENT SIMPLE quand c est l affaire de tous La r flexio
116. odifications simultan es des pratiques du corps social tout entier 65 LIRE C EST VRAIMENT SIMPLE quand c est l affaire de tous CHAPITRE VIII O l apprenti lecteur se r v le sous son v ritable visage d tre social n Faites nous confiance apprendre lire c est notre m tier ne contrariez pas ma mo m thode n intervenez pas sinon pour inciter au travail et stimuler l attention Tel est le discours le plus courant des p dagogues qui comme tous sp cialistes entendent affirmer leur autorit sur leur territoire H las Cette autorit s accommode d un taux d checs aussi consid rable que socialement s lectif Les limites et l artificialit de ce territoire d naturent un apprentissage dont les caract ristiques sont pourtant profond ment sociales C est pourquoi l oppos de ce discours nous voulons dire aux parents touch s par cet chec et tous ceux qui y sont sensibles Vous tes enti rement concern s par cet apprentissage Sans votre intervention les objectifs de l cole resteront ce qu ils sont l chec des milieux populaires ne fera que cro tre en d pit des bonnes volont s Sans votre aide vos enfants ne pourront tirer le meilleur profit de leur scolarit elle seule l cole ne peut faire face une t che qui lui est fix e sans consid ration des r alit s sociales Seule elle est contrainte pratiquer la s gr gation sociale et la s lection pr c
117. oir si ces exercices ont t utiles ou non Il faut nouveau souligner les cinq point suivants e L apprentissage est une activit interne l individu et il a lieu en situation de vie par contre l enseignement est un ensemble d interventions ext rieures sans fonctionnalit e L apprentissage est une histoire continue alors que les actes d enseignement sont brefs et bien d limit s e L ensemble des interventions d enseignement ne construit pas l apprentissage mais cherche seulement s int grer lui pour le faciliter et l aider voluer favorablement En ce sens l enseignement vise aider l enfant dans sa propre d marche e Aucune intervention d enseignement n a jamais un effet direct et m canique imm diat et pr visible car tout passe par l enfant par sa fa on de recevoir et de transformer ce qu on lui propose et de se transformer cette occasion Une aide n est jamais quelque chose qui manque et qu il suffirait d apporter de l ext rieur comme une pi ce qu il faudrait adapter et placer au bon endroit pour combler un vide e Les pratiques d enseignement doivent tre troitement li es aux manifestations de l apprentissage observ du point de vue de celui qui apprend L exp rience de l entra nement sportif claire bien cette question les jeunes enfants souvent engag s sans le savoir clairement dans des apprentissages qui se d veloppent en situation de vie ont besoin de comprendre pourquoi o
118. ollicitations Au lyc e non Par rapport quelle n cessit pourrait se faire cette auto valuation Par rapport la r ussite de quelle action Jacques pourrait il prouver lui m me sa nouvelle mani re d tre parleur d allemand Le contr le est une pr occupation de l enseignant pour son enseignement La seule r f rence possible n est pas fonctionnelle Jacques va tre seulement compar aux effets suppos s de l enseignement qu on lui donne On va contr ler que Jacques suit normalement l enseignement de l allemand et on en conclura qu il apprend normalement l allemand Tous ceux qui apr s avoir tudi pendant plusieurs ann es une langue trang re ont d demander leur route dans le pays m me comprendront la diff rence Le contr le c est une pr occupation li e l enseignement tandis que l valuation apporte au sujet les informations sur son apprentissage Une preuve que le contr le ne concerne pas l apprentissage c est qu il a toujours donn lieu une sanction qui est d une nature diff rente de ce qui est en train de se ma triser une r compense une punition une note un classement le tableau d honneur etc L enseignant est bien oblig de contr ler puisqu il n y a pas de fonctionnalit de la situation dans laquelle l apprenti est engag On retrouve cette vidence en lecture quand un adulte met un texte sous le nez d un enfant en disant Lis moi a il prouve par ce moi que
119. ons les plus favorables son d veloppement Nous serons brefs puisque tout a t voqu au cours de ce chapitre 25 Rappelons l essentiel Ce qui permet l ducation d un enfant ce partir de quoi il se d veloppe c est son pr sent ce qu il fait ce qu il vit et non l id e de son futur Il faut donc favoriser son engagement dans des projets de vie importants pour lui aujourd hui Il ne faut pas purer simplifier ces projets en excluant des dimensions jug es n fastes pour les enfants les questions d argent de violence etc Il est indispensable de participer aux projets des enfants et aussi de les associer aux n tres I ne faut pas h siter laisser un enfant s engager dans une t che qui le conduira entreprendre quelque chose qu il ne sait pas faire c est ainsi qu il apprendra sur tout si on est assez disponible et attentif pour l aider En r sum on peut dire qu il faut agir sur ce que vit l enfant pour qu il puisse s engager dans des projets riches et vari s importants pour lui qu il pourra conduire dans la r alit sociale compl te Il faut donc l associer nos projets et s associer aux siens l aider sans prendre sa place comme le partenaire responsable qu il peut tre gt Comment intervenir dans un apprentissage donn La fonctionnalit pour importante qu elle soit n est pas une f e qui fait des miracles Alors que faire Si je veux aider mon fils
120. onstruire des cabanes regarder une mission etc c est ainsi que l enfant enrichit son exp rience et attribue un sens des mots qui sans cela resteraient vides Rappelons que lire c est donner une signification l crit La grande majorit des lecteurs bien que capable de le prononcer ne peut pas lire holistique faute d en conna tre le sens par contre le petit enfant sait lire au dos d une photo qu il conna t bien Jean un an Saint F lix m me si dans un autre contexte il ne peut lire aucun de ces mots 12 Collection Je lis tout seul cole du Lac d O C D L 13 3 Voir chapitre Il 33 L crit du groupe la cr che l cole la garderie en s jour de vacances l enfant continue rencontrer l crit comme dans sa famille les catalogues les emballages les programmes de t l les journaux les cartes postales les albums de photos les bandes dessin es les jeux les livres d histoires les recettes de cuisine etc Mais du fait de la vie collective les occasions se multiplient et les interactions avec l crit s intensifient Quand l crit est le meilleur et parfois le seul moyen de r pondre aux besoins de la vie collective sa rencontre est irrempla able Deux r les de l crit se d tachent particuli rement celui de la vie du groupe et celui qui permet chacun d tre une personne distincte Le projet le plus important d une collectivit d enfants cr che
121. oriser les strat gies diverses des joueurs contribuer en faire un jeu de qualit Un exemple Il n est pas rare qu un enfant r clame une histoire On peut lui proposer d en inventer une partir de personnages d v nements de lieux choisis par lui Ces choix peuvent se faire partir de petites tiquettes qu on tire au hasard sur lesquelles on trouvera par exemple un ours qui aimait les fleurs un g ant tr s b te la caverne du dragon une terrible temp te etc Ces tiquettes class es par cat gories dans des bo tes diff rentes constituent les ingr dients de l histoire raconter et inventer L enfant tire les tiquettes l adulte lui fait part du contenu et lui montre l crit que l enfant finira par reconna tre lui m me passant de t moin acteur Nous insistons l enfant dans son interaction avec l crit d veloppe ses propres strat gies de lecteur qui de rencontre en rencontre volueront jusqu d passer les comportements actuels de l adulte Mais c est son propre questionnement de l crit qui le fait voluer non la contemplation du comportement du lecteur adulte qui est par d finition fort discr te Les livres 11 Extrait du fascicule accompagnant les jeux publi s en coffret par l O C D L sous le titre LIRE POUR JOUER et produits par l Association Fran aise pour la Lecture 32 D autres approches permettent d entrer de fa on tr s positive dans l c
122. orter pour qu ils soient lus Si une demande d information vient de l cole chercher de la documentation sur Van Gogh par exemple il est beaucoup plus utile de se rendre la biblioth que municipale pour emprunter avec l aide de la biblioth caire un livre bien fait et d acc s ais que de se pr cipiter chez le libraire pour acheter le livre sur papier glac le plus cher mais le moins lisible Encore une fois l enfant ne peut pas utiliser seul certains crits Il a besoin d tre aid Cependant il ne s agit pas d entreprendre avec lui un travail de type scolaire faire avec lui ce qu on croit que le ma tre fera mais simplement de le soutenir dans 58 l activit qu il doit conduire sur cet crit On le laissera manipuler le livre regarder les photos aller d un chapitre l autre le fermer puis le reprendre Alors et alors seulement viendront les questions Il devient facile de renvoyer le jeune lecteur tel paragraphe de lui fournir la signification d un mot difficile etc Bien videmment dans la vie de tous les jours d autres situations se pr sentent qui n ont pas ce caract re e Les documents de type administratif ne sont pas forc ment indiff rents aux enfants une feuille de s curit sociale remplir la facture d lectricit font partie de l environnement Il s agit d crits qu on croit inaccessibles mais sur lesquels un enfant de 9 10 ans peut avoir des questions Combien d lectricit p
123. p cialis es la charge de d finir seules la politique culturelle vraie pour tous C est pourquoi la multiplication des relais est une n cessit pour diversifier les approches De ce point de vue les syndicats et pas seulement les syndicats d enseignants ont un r le tenir et d abord au niveau de l analyse Il est curieux d observer la timidit des organisations syndicales face au probl me de l cole et plus encore de la lecture Tout se passe comme si les repr sentants des travailleurs 17 Il s agit d un cas concret 64 LIRE C EST VRAIMENT SIMPLE quand c est l affaire de tous estimaient que la question des rapports cole soci t ne pouvait tre trait e que par les sp cialistes que sont les enseignants Nous disons au contraire qu une centrale syndicale qu une union d partementale ont une action exercer dans ce domaine non pas seulement dans l ordre quantitatif davantage de moyens mais aussi dans l ordre socio politique quelle part revient aux travailleurs dans la d finition des besoins en ducation Quelle place r server aux enfants au sein du corps social La politique de la lecture est particuli rement exemplaire de l importance d une approche pr alable Il ne sert rien que l cole se transforme pour d mocratiser la lecture efficace si dans le m me temps la cit ne consid re pas comme une priorit la d multiplication des acc s de tous aux crits les plus vari s Mais l co
124. parcours Il op re consciemment ou non une s lection Lire c est questionner un crit Nous avons d j dit que l crit ne s imposait pas qu il tait simplement disponible passif m me la rigueur si on excepte les titres racoleurs ou les crits chocs des tracts et des affiches C est qu en effet lire est un acte volontaire Cela signifie que c est toujours un individu qui lit un individu questionneur d crit Toutes ces formules demandent des explications Il ne suffit pas de mettre devant les yeux de monsieur Dupont un panneau indicateur dont il n a que faire une enseigne de magasin qu il conna t une affiche renseignant sur un voyage dans le Tyrol qu il n a vraiment pas envie d entreprendre pour qu il les lise C est un peu la m me diff rence qui existe entre entendre et couter quelqu un Lire c est chercher dans l crit la r ponse une question qu on se pose C est solliciter un texte pour en obtenir ce qu on pense qu il peut nous donner une information dont on a besoin la satisfaction d une curiosit qu on prouve Cf L intervention de E Andreewsky dans Cinq contributions pour comprendre la lecture Ed de l A F L pr cit 16 g n ralement propos d un sujet le plaisir qu on attend d une belle page d une po sie d une histoire Ces explications provoquent trois r flexions L aide prioritaire qu on doit donner certains enfants dans leur apprentissage
125. pas quelque mousse de foie abondante qui viendrait ruiner le succ s de sa galantine Etc Devant ces crits la majorit des enfants se trouvent en terre trang re Modeste exemple des processus de s lection op r s d s le d but de la scolarit Pourquoi l cole a t elle tant de mal proc der cette analyse et sortir de sa bonne conscience Est il si difficile de remettre en cause les valeurs auxquelles on est attach soit par origine sociale soit parce que leur adoption a permis une promotion sociale Il n est pas question ni de nier l int r t de certaines valeurs culturelles diffus es par l cole ni d oublier qu il existe des p dagogues qui transforment cette logique s cu laire N anmoins nous pensons que l volution indispensable se fera d autant plus 20 Le Syndicat National des Instituteurs a adopt en 1981 une motion de congr s qui pr cise Les objectifs de l cole l mentaire ne sont pas 69 LIRE C EST VRAIMENT SIMPLE quand c est l affaire de tous vite que les parents concern s et les militants qui expriment leurs pr occupations interpelleront l cole pour qu elle prenne en compte l exp rience de vie des enfants et l crit social Et le recours exclusif l crit litt raire appara t alors doublement condamnable Dans ces conditions pour peu qu on les informe les parents des milieux populaires ne se d chargeront plus de leur responsabilit sur l cole Ils pourront
126. pect grossier et n faste des habitudes qui sont en usage aujourd hui 56 CHAPITRE VII Mais alors la lecture c est l affaire de tous Ce qui fait la sup riorit d un milieu familial sur un autre ce n est pas la pr sence de livres dans l environnement c est l habitude acquise de questionner l crit Un livre objet un livre parade un livre alibi ne deviennent vivants que s il y a quelqu un pour les interroger La seule pr sence physique du livre n est rien Ce qui compte c est la possibilit d agir sur lui Or l id e se r pand qu il suffirait d entourer le jeune enfant d un maximum de livres pour en faire un lecteur C est pourquoi beaucoup d enseignants de parents de biblioth caires d lus de citoyens r duisent le probl me de la lecture un probl me de moyens Ouvrons des biblioth ques contr lons le prix des livres et nous multiplierons le nombre des lecteurs H las on ne prend pas l habitude de lire par contagion comme on attrape la grippe Ce qui transforme quelqu un en lecteur c est sa capacit chercher dans de l crit la r ponse des questions qu il se pose L environnement a donc un r le jouer deux niveaux et ces deux niveaux sont ins parables Explorer les situations dans lesquelles l crit est pr sent comme source de r ponses Multiplier l crit dans une grande diversit de lieux pour fournir de quoi satisfaire aux questions En d autres termes il faut op rer un v ritab
127. ple sa fa on lui de se transformer pour faire face des situations dans lesquelles il est plong et dans lesquelles il agit 21 Il n est pas utile d tablir une liste de ces comportements globaux Il suffit de comprendre en quoi ils se distinguent de ce que nous avons appel pr c demment des acquisitions en particulier ils se situent toujours au niveau de la personne enti re puisqu il s agit du d veloppement de nouvelles mani res d tre et d agir maniement de moyens d expression sensibilit aux autres et aux choses ma trise de soi m me fa on d agir sur et avec les autres coop ration autonomie prise de d cisions Ils se construisent au long de la vie dans des situations enti res o chacun est engag dans toutes les dimensions de sa personne C est dire aussi que ces comportements sont en troite liaison les uns avec les autres Faire l acquisition de savoirs et de savoir faire et construire de nouveaux comportements et de nouvelles mani res d tre se situent donc bien sur des plans diff rents On acquiert des informations sur le Code de la route ou la ma trise de gestes particuliers d brayer changer de vitesse Mais on apprend conduire en ville ou sur route mouill e en conduisant r ellement On acquiert des connaissances en biologie en m decine ou en psychologie Mais on devient m decin on apprend tre m decin en soignant r ellement des malades On acquie
128. que nous coutons une langue trang re inconnue la difficult et parfois l impossibilit o nous sommes d isoler les mots Pourquoi ne pas admettre alors que ce qui est possible l oreille de l enfant l est aussi son il Si les adultes acceptaient l id e que l enfant est d j capable avant l ge de l cole d entrer en relation avec l crit ils auraient sans doute plus d imagination pour l aider dans cet apprentissage comme ils le font dans les autres sans tomber dans le pi ge d un enseignement de la lecture aux b b s tel qu il est pratiqu aux Etats Unis Quelques exemples peuvent clairer ce rapport avec l crit et son volution e Sophie deux ans va la cr che Ses pu ricultrices ont crit son nom pour identifier son casier ses dessins Elle d couvre que ces signes la d signent alors que d autres signes d signent son camarade Jean Nicolas et elle ne les confond pas T moin d un usage de l crit qui permet sans n cessairement prononcer les mots de savoir que ce sac lui appartient alors que cet autre est Jean Nicolas elle apprend galement qu il y a deux fa ons d indiquer son nom l une parl e l autre crite Assez vite Sophie reconna tra parmi d autres mots son pr nom et m me celui de Jean Nicolas parce qu il y a un D s ce moment elle est entr e dans le monde de l crit puisqu un lien s est tabli entre le graphisme de son pr nom et elle m me e Bruno lui a
129. r e a une 63 LIRE C EST VRAIMENT SIMPLE quand c est l affaire de tous r alit sociologique L cole quant elle reste bonne chelle Nous avons pr c demment examin ce que pourrait tre une autre cole organis e autour d une Biblioth que Centre Documentaire C est le moment de dire que ce lieu peut jouer un r le social par rapport l environnement consid r dans son unit et pas seulement par rapport l cole Nous avons dit plus haut l importance des projets d action pour le d veloppement des enfants Dans la mesure o le corps social accepterait d interagir avec l cole les usagers et donc les enfants disposeraient d une voie d acc s aux r alit s sociales Pour illustrer ce propos prenons deux exemples choisis parmi d autres L cole produit un journal destination de l ext rieur C est l occasion de faire conna tre son activit mais aussi de d border le strict cadre scolaire pour traiter les questions qui se posent tous urbanisme relations avec les minorit s ethniques pr paration d une f te r le des parents rapports avec le troisi me ge L cole prend en charge la d coration d un mur situ dans le quartier Pour aboutir dans cette d marche toute une s rie de travaux pr paratoires sont n cessaires dont certains requi rent un d tour par l crit lettre la mairie demande d aide aupr s de l Ecole Normale maquette fiches techniques consultation des usage
130. r aux enfants comment les utiliser Dans les ateliers ou dans les coins tels que les coins salle de bain d guisement placez les consignes crites n cessaires avec bien s r les aides d crites pr c demment Dans ces ateliers la lecture sera int gr e au jeu L enfant pourra choisir d y avoir recours ou non Dans les espaces de jeux mettez la disposition des enfants des sollicitations qui leur permettront d ex cuter en petits groupes ou seuls un certain nombre d actions sans recours l adulte L utilisation fonctionnelle de l crit dans ces divers ateliers n est possible que si l enfant dispose d informations suffisantes sur l activit qui requiert le recours l crit Un enfant de cinq ans ne peut utiliser une recette pour faire un g teau que s il a d j particip des activit s cuisine et s il a sur cette activit un certain nombre d informations Il sait qu il faut des ingr dients que les possibilit s sont relativement limit es et qu il faut effectuer un certain nombre d actions qui sont elles aussi toujours les m mes casser couper m langer ajouter verser beurrer Il sait aussi que la recette contient les informations dont il a besoin Ce qui est vrai de la lecture des recettes est vrai des autres lectures Dotez votre cole d une Biblioth que Centre Documentaire qui soit un lieu agr able o l enfant puisse s isoler et r ver avec des livres ou des images un lieu o il puisse trouve
131. r des documents qui contiennent des r ponses aux questions qu il se pose Faites avec lui la d couverte de cet crit Aidez le prendre conscience de la mani re dont il est class utiliser la table des mati res les titres les illustrations pour trouver rapidement les informations que l on cherche Pr sentez lui des ouvrages vari s Ainsi il saura que certains livres racontent des histoires des histoires amusantes des histoires qui font peur que d autres apportent des renseignements Associez les enfants aux utilisations de l crit dans les interactions de l cole avec son environnement notes aux parents lettres la municipalit aux associations locales Aidez les utilisez l crit fonctionnel des adultes Par exemple si l on doit t l phoner au p pini riste qui fournit les bulbes que l on souhaite planter dites leur que le num ro de t l phone est dans l annuaire et indiquez leur comment le trouver Dans le cadre d un projet qui peut tre la gestion du go ter quotidien ou la pr paration d un spectacle exceptionnel lorsque le groupe d cide d effectuer des achats aidez les enfants constituer leurs listes de courses et l int rieur du magasin montrez leur que l on peut se rep rer gr ce l crit qui figure proximit des rayons Avant ces achats si la situation s y pr te achats de jouets proposez aux enfants de consulter des catalogues Au cycle pr paratoire 5 8 ans e
132. r deux raisons La premi re concerne l enfant lui m me il s agit de mettre sa disposition de l information sur son comportement Si ton projet est de lire je peux t aider r fl chir ce que tu fais Cette voie ne conduit pas un contr le mais l apport mod r d informations qui pourront tre utilis es par l apprenti dans sa d marche d auto valuation Un peu comme on dit un nageur qu le regarder depuis le bord on a l impression qu il ne va pas assez droit ou que ses jambes battent souvent hors de l eau Il est peu probable qu il puisse s en apercevoir seul La seconde raison concerne l adulte Celui qui se propose d aider surtout s il s agit d un enseignant doit se demander si ce qu il fait est utile celui qui apprend Mais quand un instituteur a choisi d enseigner la conjugaison pour aider l enfant mieux s exprimer oralement et qu il souhaite se rassurer sur l efficacit de ce choix ce n est pas en interrogeant les l ves sur la conjugaison qu il v rifiera s ils communiquent mieux Le champion du monde de boxe n est pas celui qui saute le mieux la corde En d autres termes on ne saurait valuer les effets d une aide en mesurant comment le sujet se comporte dans cette aide mais en en revenant au comportement global pour lequel cette aide a t propos e Ainsi faire dire voix haute pour valuer la lecture est aussi stupide que d organiser une rencontre entre boxeurs au cours de l
133. ransmettre et donner l illusion de la rigueur A pr sent chacun de nous est soumis un v ritable bombardement de nouvelles Aujourd hui Brassens est mort Ulysse n en finit pas de voguer dans l espace Alain Gillot P tr nous persuade qu il est inutile de chauffer nos maisons La presse locale de son c t nous apprend que le TGV traversera la Beauce sans s arr ter et qu un accident de la route a tu quatre personnes C est dans ce fatras d informations qu il nous faut apprendre vivre L urgence c est pr cis ment d acqu rir l hygi ne mentale qui permet de se tenir distance du tout 78 LIRE C EST VRAIMENT SIMPLE quand c est l affaire de tous qui n est rien pour s lectionner la partie dont on se servira Autant dire que lire aujourd hui c est choisir Sommes nous condamn s la culture en miettes Beaucoup d pendra de notre capacit avoir une activit r flexive sur tout ce qui nous entoure et donc aussi sur l crit QUESTION 18 Est il possible de proc der comme vous l indiquez quand une classe compte vingt cinq l ves et parfois davantage Quand on enseigne la m me chose en m me temps tous les l ves d une m me classe chaque l ve n en poursuit pas moins ses apprentissages sa mani re Le vieux r ve d homog n it s croule sous nos yeux et les tentatives pour inventer des solutions de rechange qu elles s appellent groupes de niveau ou p dagogie de soutien font e
134. ravail va faciliter la contestation de ce lieu commun et plus g n ralement du d coupage habituel du temps de vie en temps de travail et temps de loisirs temps pour apprendre temps pour agir temps pour mourir D j l augmentation de l esp rance de vie entra ne un d calage important entre l ge de la retraite et celui de la mort Apr s la vie active les retrait s supportent mal d entrer pour quinze vingt ou vingt cinq ans dans une vie inactive Les universit s du 3 ge se d veloppent Le producteur le travailleur tout au long de sa vie active va changer plusieurs fois de fonction de qualification de m tier De ce fait la formation continue apr s une p riode d incoh rence devrait conna tre un d veloppement consid rable Son d tournement par les employeurs au service d une meilleure adaptation aux postes de travail devrait cesser au profit d une l vation du niveau de culture et des capacit s de communication et de cr ation El vation indispensable car la soci t va devoir compter sur un investissement massif du temps lib r au profit d activit s sociales ou culturelles L augmentation constante des connaissances qui caract risait d j le temps de travail mais qui s op rait de mani re al atoire in gale et lente doit se trouver organis e et r partie plus justement amplifi e par la consid ration d une v ritable ducation permanente Dans cette situation sociale radicalement nouvell
135. re indice la moindre connaissance pour acc der au plus grand nombre de questions donc d hypoth ses sur le texte L adulte doit alors r sister tr s fort la tentation de s intercaler constamment entre l enfant et le texte Ceci dit il arrive aussi que la d marche la plus conomique consiste demander le mot quelqu un d autre plus s rement le sauter affaire de mesure QUESTION 10 A quel ge faut il commencer l apprentissage de la lecture Comme pour l histoire de la terre on peut d cider qu il faut dater le commencement alors on dira cela commence au CP ou avant ou apr s comme d autres disent la terre commence avec Adam ou avec l apparition de l hydrog ne etc Mais au fond comme pour l histoire de la terre on sait bien que la question du d but n est pas une bonne question La bonne question est celle des premi res interactions Et comme pour l histoire de la terre ce qui reste myst rieux c est la premi re fraction de temps Pour le reste les r ponses ne manquent pas L apprentissage de la lecture est d j commenc quand le nourrisson r agit aux indices qui l environnent Apprendre discriminer les formes c est tre d j dans le processus d apprentissage de la lecture Cela commence tr s t t et ne s interrompt qu avec la mort QUESTION 11 Ce que vous dites est peut tre vrai pour les adultes mais pour les enfants n y a t il pas une diff rence fondamentale une diff rence de nature
136. rit donc de se l approprier Beaucoup d enfants aiment qu on leur lise des livres Tr s souvent ils attachent un prix au respect strict du texte tel qu il leur a t lu la premi re fois Cette fid lit n est pas obligatoirement pesante Cependant du r le de machine lire au service de l enfant l adulte peut devenir interlocuteur pour cr er une autre relation avec l crit Fouiller ce livre dont on conna t d j l histoire pour y retrouver tel personnage tel d tail que l on a bien aim pour y reconna tre le nom du h ros pr f r ou pour se faire relire un passage particuli rement agr able De telles pratiques jeu de l histoire surprise ou voyage travers les pages d un livre rompent avec l id e d une lecture d un seul type une lecture lin aire qui commence au premier mot pour finir au dernier L enfant d observateur passif devient lui aussi un questionneur de l crit Bien que n ayant pas acquis une autonomie dans l acte de lire il est malgr cela en position de lecteur Notre pr occupation constante est maintenant bien claire permettre l apprentissage de la lecture de s op rer de mani re aussi naturelle que celui de la langue orale Mais dans ce domaine nos souvenirs d cole ne sont pas loin aussi devons nous prendre garde de faire des le ons ce qui serait le plus s r moyen de bloquer l apprentissage naissant Pour le petit enfant l introduction artificielle de l crit serait tout aussi regrettabl
137. rit devient un moyen de communication d une efficacit remarquable Mais comment devenir lecteur k k k k 18 CHAPITRE III Pour apprendre peut on faire autre chose que ce qu on veut apprendre faire gt De mon temps les enfants apprenaient beaucoup de choses dans leurs familles tricoter jardiner cuisiner compter Ils taient tenus au courant des activit s de leurs parents et il n tait pas rare qu ils y soient associ s Aujourd hui ils ignorent tout de ce que font leurs parents leur p re bien s r et de plus en plus souvent leur m re Les uns et les autres vivent dans des mondes s par s gt Il y a quelques ann es devant les difficult s de notre entreprise nous avons d demander nos enfants de nous aider lls ont t mis au courant de tous nos probl mes m me des questions d argent et ils ont d participer beaucoup de nos t ches Je peux dire aujourd hui que c est l qu ils ont appris vivre pas l cole A l cole on tudie l histoire la g ographie l conomie Et tout ce que vous voudrez on n apprend pas vivre On n y apprendra jamais vivre gt Je n ose pas associer mes enfants l une de mes activit s pr f r es j aime lire mais on m a dit qu il ne fallait pas apprendre lire des enfants J embrouillerais tout Ils auraient ensuite des difficult s l cole si je leur montrais ce que je fais si je les rendais complices de mes activi
138. rite sur la diapositive s av re plus efficace encore car elle permet un temps de pr sentation plus bref Cette activit syst matique qui s adresse de petits groupes d enfants ne doit pas d passer cinq dix minutes Elle permet galement un entra nement de la m moire imm diate L enfant traite simultan ment une plus grande quantit d informations et devient ainsi un lecteur efficace 3 Les mots nouvellement d couverts sont l objet d une attention particuli re Ils sont observ s class s en fonction de crit res de sens choisis par le groupe on met ensemble les noms d animaux ce que l on mange les actions en fonction de l ordre alphab tique sur un cahier r pertoire en fonction de crit res graphiques partir des propositions des groupes etc L utilisation de ces divers modes de classement jointe celle du dictionnaire rend les enfants plus autonomes dans leur production d crit Au cours de ces activit s des observations sont faites sur la forme du mot sur sa composition sur les parent s qu il pr sente avec d autres mots Des exercices d identification rapide permettent de d velopper l habilet perceptive et d achever la familiarisation avec ces mots Ces exercices ne doivent durer que quelques minutes On les fera varier et au cours d une m me s quence on s en tiendra un seul type Nous vous en proposons quelques uns Projeter les mots ou les montrer tr s rapidement sur des
139. riv de la possibilit de comprendre un pouvoir qui n a pourtant rien de myst rieux A travers les nombreuses situations du m me type qu offre la vie quotidienne il d couvre que l crit se questionne que l crit informe qu il procure des plaisirs par ce qu il sugg re la panth re noire et que les mots et plus encore les phrases ont une signification Dans la famille La vie familiale fourmille d occasions pour l enfant d tre t moin des rapports que les adultes entretiennent avec l crit mais il faut aller plus loin l associer et en faire son complice C est ce qui se fait couramment pour l oral quelle maman a h sit dire son b b Je vais te mettre un pull parce qu il fait froid Il n y a l rien d artificiel C est au contraire la relation naturelle qu on entretient avec l enfant et c est ce dialogue tabli sans pr m ditation qui constitue une aide permanente Il faut proc der de la m me mani re avec l crit La maman peut consulter avec l enfant le catalogue dans lequel elle veut choisir des oreillers Elle peut lui demander 31 de chercher avec elle la page o se trouvent les oreillers gr ce aux photos C est alors qu elle lui fera part des informations crites compl mentaires et qu elle les lui montrera Quand le grand p re crit quelques lignes destin es l enfant on ne se contentera pas de lui dire Ton papy te fait un gros baiser mais on lui montrera et on lui donnera ce passage de
140. rs du quartier etc L habitude ainsi acquise d interpeller l environnement rend possible une expression des besoins qui met les autorit s en face de leur responsabilit Il est normal qu une municipalit qui a consenti de lourds sacrifices pour implanter un centre de loisirs annex l cole entende le rentabiliser au maximum et souhaite qu il soit utilis non seulement par les usagers de cette cole mais par l ensemble du quartier II est normal aussi que les ma tres et les l ves de l cole opposent une r sistance face au risque qu une augmentation consid rable du nombre des b n fi ciaires ferait courir leur propre utilisation Dans ces conditions on ne peut que se louer si ces int r ts aussi contradictoires trouvent s exprimer dans une situation conflictuelle Encore faut il que les parties poursuivent le dialogue avec un souci vident d aboutir Dans le cas voqu ici des lettres des articles dans la presse des r unions de parents des r unions entre coles des discussions avec les enfants ont permis aux uns et aux autres de comprendre qu une forte concentration de moyens pr sentait plus d inconv nients que d avantages et surtout qu il ne servait rien d offrir une population une structure d accueil sans un travail pr alable d information et d expression des besoins On ne peut plus se contenter de proc der par d l gation de pouvoir et de conf rer des instances de plus en plus s
141. rt la connaissance de dates d histoire ou de faits en g ographie et on est bon en histoire ou en g ographie Mais on apprend autrement ma triser le temps et l espace On devient historien et g ographe On acquiert la ma trise des techniques op ratoires faire une addition une division mais on apprend utiliser la mesure les rapports quantifi s entre les choses comme moyens d avoir prise sur le r el Alors la natation On sent bien qu il ne saurait y avoir de r ponses simples tant les choses d pendent de ce qui se passe r ellement chez celui qui apprend Savoir jouer aux cartes n est qu une acquisition sans importance pour beaucoup pour d autres au contraire cela suppose un long apprentissage non pas cause de la complexit du savoir technique qui est ma triser mais parce que c est pour eux une v ritable mani re de comprendre les autres d entrer en contact avec eux et d agir sur eux Ceux l ne sont pas des non joueurs qui auraient acquis les moyens de jouer apprenant jouer ils vivent autrement et ils voluent sans cesse dans leur mani re d tre Pour eux jouer aux cartes retentit sur leur fa on de vivre on peut m me dire que c est une fa on de vivre une mani re de se comporter Pour moi aujourd hui ce n est qu un savoir On pourrait parler dans les m mes termes et constater les m mes diff rences propos de la conduite automobile du ski de la danse ou du
142. s se faire comprendre il est le premier s en apercevoir et il est celui qui le regrette le plus Aussi il questionne cherche un autre moyen de dire Il utilise son chec pour faire des progr s C est la vie dans laquelle il est ainsi engag et l agr ment ou l importance de la communication qui lui donnent la mesure de sa r ussite et le sens dans lequel il doit continuer d voluer Jacques est le premier inform de ses progr s et de ses checs et les autres l aident en tre le meilleur juge Personne ne lui demande de faire des phrases pour ne rien dire ou pour raconter quelqu un qui la conna t ou de toute mani re ne s y int resse pas une histoire partir de trois gravures Personne n a besoin de contr ler ce qu il sait dire puisque ce qu il sait dire est utilis dans ce qu ils vivent tous ensemble La sanction permanente de ses progr s existe travers une communication qui s enrichit et le satisfait de plus en plus Il est attentif ce qui ne va pas et son entourage aussi qui s y trouve directement impliqu car ce qui ne va pas fait obstacle aux changes qu ils veulent tous avoir ensemble Il fait des efforts il a recours ceux qui l entourent pour demander des explications pour faire r p ter pour se faire expliquer autrement pour couter ce qu il ne sait pas dire etc Le jugement sur son propre apprentissage n est pas s parable de son action m me de vivre les crit res de jugement sont c
143. s Chacune des transformations observables est donc consid rer comme une approximation ou un quilibre provisoire qui tient compte en m me temps des possibilit s pr sentes du sujet et des sollicitations du milieu C est donc dans cette perspective qu il faut comprendre la notion d apprentissage et pr ciser le sens du verbe apprendre Autant la notion du d veloppement est importante pour rendre compte de l volution d un tre vivant et pour en expliquer le mouvement autant elle est difficile utiliser lorsqu on veut intervenir Des points de vue En effet le premier mouvement de quelqu un qui veut intervenir pour faciliter le d veloppement d un enfant devrait le conduire s interroger sur la richesse et sur la 23 diversit des situations cl vie dans lesquelles il est plong Cette attitude est tout fait pertinente d un point de vue familial Mais l cole elle est impossible adopter telle quelle D s lors qu on se propose des interventions ponctuelles ou fragment es en direction d un enfant on est conduit consid rer des domaines restreints des aspects qui correspondent des comportements partiels qu on veut mieux observer mieux mesurer et mieux d finir C est ainsi que tout se g te On pourra s int resser l apprentissage de la parole de la marche de la lecture de la fa on de vivre en groupe Mais il ne faudrait jamais oublier qu aucun de ces apprentissages n a d existence isol e
144. s es Si on leur demande comment ils ont fait pour d couvrir le mot m nage dans la phrase la fermi re fait le m nage elle passe l aspirateur des enfants r pondront que c est m nage car la fermi re passe l aspirateur d autres diront que c est m nage car dans le mot ils ont vu nage et me comme dans m me ou dans m decin La justification donn e ne correspond videmment pas ce que les enfants ont r ellement fait mais la mise en commun des strat gies d couvertes permet de les faire progresser individuellement Il est tr s important de faire la diff rence l occasion de ces justifications entre ce qu on voit dans l crit d s lors qu on le consid re comme un objet qu on peut observer dont on peut parler propos duquel on peut proposer des r gles de fonctionnement et ce qu on fait quand on lit la prise d indices la reconnaissance globale l int rieur d une anticipation etc Les remarques que les enfants ne manqueront pas de formuler sur ce qu ils voient ou entendent dans les mots qu ils connaissent ne seront pas rejet es On expliquera qu elles sont li es au caract re alphab tique de notre langue c est plus simple d crire des milliers de mots avec seulement 26 lettres De m me qu on parle en combinant toujours les m mes 36 sons Mais ce qu on entend ce sont des ensembles de mots et ce qu on identifie avec les yeux ce sont des formes visuelles famili res Bien s r
145. s fichiers cahiers r pertoires crit r pertori dans la classe L enseignant comme pour les activit s pr c dentes initiera leur utilisation Il attirera galement l attention sur le fonctionnement de l crit et sur sa pr sentation Comme l cole maternelle l adulte guidera les enfants dans la Biblioth que Centre Documentaire Des temps seront consacr s initier les enfants l organisation de la B C D et la connaissance de la diversit des crits qui la composent Ainsi les enfants exploreront les modes de classement ils sauront o trouver des albums des bandes dessin es des contes des documentaires On leur montrera comment ils peuvent gr ce au fichier mati re d couvrir le document qui contient le renseignement qu ils recherchent e Des s quences d enseignement auront pour objectif de faire conna tre l enfant comment le livre est organis titre table des mati res illustrations et comment on peut utiliser les indices qu il contient Au cours de s quences qui regrouperont un petit nombre d enfants on s entra nera rechercher le plus conomiquement possible la r ponse une question pos e partir des pr occupations des enfants 41 par exemple on recherchera ce que mangent les araign es ce que mangent les serpents avec quoi on fabrique le verre Il faudra trouver le document l aide du fichier mati re l explorer en utilisant la table des mati res les sous titres
146. s retrouver Il y a int r t effectuer ce travail en groupe les changes sont alors tr s fructueux Par exemple La maman bison sent son b b va bient t Es de son ventre Alors O s en va seule loin e troupeau Pr s des arbres b b bison vient au boon etc Cet exercice qui s inspire des preuves de closure incite les enfants prendre conscience de tout ce qu ils peuvent pr voir partir de ce qu ils savent d j et donc mettre en uvre une lecture tr s dynamique qui cherche les mots lourds de sens qu on ne peut pas inventer ceux qui informent vraiment k k k Tous ces exercices am liorent la vitesse de lecture Ce faisant ils accroissent le plaisir de lire Toutefois ils n ont d int r t que si l enfant a la possibilit d exercer sa comp tence de lecteur dans de vraies situations de lecture lls d veloppent les habilet s mises en uvre dans l acte de lire Ils sont une aide l apprentissage mais ils ne peuvent en aucun cas se substituer l activit d apprentissage C est en lisant que l enfant apprendra lire Quant la possibilit d tablir des correspondances entre quelque chose d crit et quelque chose d entendu entre les lettres et les sons rappelons que l enfant va la construire vers 7 8 ans comme une cons quence progressive de son savoir lire et pas du tout comme on le pr tend aujourd hui comme un moyen ou comme un pr alable de ce savoir lire De 8 11 ans
147. s t ches o il aura utiliser ses comp tences de lecteur Demandez lui de pr parer l aide de la recette les ingr dients dont on aura besoin pour faire le g teau de chercher lui m me dans l annuaire de t l phone le num ro du camarade qui il veut t l phoner de rechercher dans le catalogue les renseignements sur le jouet dont il souhaite faire l acquisition de trouver dans le journal le programme de t l vision et dans ce programme les renseignements concernant l mission qu il souhaite regarder Aidez le mieux conna tre les livres Montrez lui le titre le nom de l auteur de l diteur la table des mati res les illustrations Faites lui conna tre les diff rents types albums bandes dessin es documentaires Aidez le choisir en lui faisant pr ciser ce qu il souhaite Emmenez le la biblioth que municipale montrez lui comment il peut trouver les livres qui correspondent son int r t du moment Parlez avec lui des livres qu il a choisis partir des illustrations partir du texte S il se pose une question aidez le pr ciser ce qu il sait d j puis trouver le documentaire qui contient la r ponse Montrez lui comment se servir de la table des mati res des illustrations des sous titres pour qu il obtienne le plus rapidement possible et sans tre oblig de tout lire la r ponse sa question En pratiquant de la sorte vous permettrez enfant d tre co
148. sation de l chec Les m decins doivent savoir que la lecture ne fonctionne que dans un rapport social et qu eux m mes sont situ s dans ce rapport Il leur appartient donc de prendre leur part de responsabilit et d apporter leur contribution l information sur ce qu est l acte de lire dans tous les cas le contraire d une construction logique Il se trouve que le discours dominant dans les milieux m dicaux fait autorit en raison de leur prestige Nous n h sitons pas dire qu il est imp rialiste il s agit en effet d un discours qui se tient l abri de toute contestation manant du corps social un discours qui fonctionne l int rieur d une logique et d une seule la logique m dicale Nous affirmons au contraire que toutes les parties du corps social sont en interaction et que l information doit circuler d une partie l autre C est pourquoi des associations comme la n tre et comme bien d autres encore sont dans leur r le quand elles apportent leur aide un largissement de la r flexion Ainsi les pouvoirs publics l Etat ou les assembl es locales comprennent chaque jour davantage qu ils doivent avoir une politique culturelle et que cette politique ne saurait se limiter sa seule approche budg taire Mais l aussi une certaine confusion s installe Les municipalit s ont tendance traiter le probl me l chelle m me de la ville ou au mieux des quartiers mais sans trop se demander si l unit consid
149. t puisqu on contr le la lecture travers la lecture voix haute apprendre lire c est apprendre dire voix haute Le besoin de contr le du contr leur bien diff rent de l auto valuation oblige le contr l acqu rir un comportement sp cifique afin de satisfaire au contr le ce comportement n a plus rien voir avec la lecture mieux m me il en est l oppos Alors que le baccalaur at devait contr ler une formation le bachotage pour r ussir ce contr le conduit une v ritable d formation Quand le ma tre de cours pr paratoire fait lire tous les jours ses l ves voix haute il se trompe Leur savoir lire n est pas l et n a pas volu depuis hier Ce que ce ma tre contr le c est ce qu il a enseign il veut v rifier que sa le on a t retenue Quand le p re de famille fait prononcer chaque soir son fils la page du livre de lecture quand l ami de la famille donne dire n importe quel texte quand le psychologue propose un test oral pour conna tre un niveau de lecture ou d pister des troubles tous ces gens sous pr texte de prendre de l information sur l enfant lecteur l incitent d velopper des strat gies trang res la lecture Nous ne disons pas qu il ne faut pas avoir de regard sur l apprentissage de l enfant Mais ce regard doit aider l enfant dans sa propre d marche et non imposer la norme d une pr occupation d enseignement Ce regard peut alors se justifier pa
150. t comme il se prononce QUESTION 5 Vous dites Il n y a de lecture possible que pour celui qui poss de d j 80 de l information contenue dans le texte lire Lire n est ce pas pr cis ment recevoir des informations qu on n avait pas Prenons un exemple Le Monde du 28 octobre 1981 comportait dans un article intitul la Direction du Budget la phrase suivante trop de fonctionnaires sont insensibles l esprit de Valence L esprit de Valence Je ne vois pas ce que c est Mais si je poss de par ailleurs l information selon laquelle le Congr s du Parti Socialiste a eu lieu Valence je suis en mesure de puiser dans ce savoir ant rieur le sens de la phrase Ceci pose la question de la lisibilit des textes propos s Dans mon exemple la phrase tait lisible pour moi parce que j avais des connaissances qui m ont permis d agir sur le texte pour en tirer son sens C est la raison pour laquelle les textes proposer aux enfants doivent comporter des l ments d j connus en nombre suffisant et peu d l ments nouveaux c est en s appuyant sur les uns qu on peut faire des hypoth ses sur les autres QUESTION 6 Vous ne faites jamais la distinction entre les textes bien crits les textes litt raires et les textes de m diocre qualit faut il laisser lire n importe quoi Cette question prolonge la question pr c dente Ce qu on appelle un texte litt raire est crit dans une langue travaill
151. t s de lecture C est l cole et l cole seulement qu ils doivent apprendre lire l Ces propos entendus lors d une r cente mission de radio critiquent une volution qui en s parant de plus en plus les adultes des enfants confie l cole le soin de tous les apprentissages T che impossible disent les auditeurs T che d autant plus impossible que la vie ne s apprend pas l cole mais en vivant r ellement c est dire en agissant et en prenant des responsabilit s affirme m me l un deux e Y a t il apprentissage et apprentissage e Quelles diff rences entre des apprentissages particuliers skier nager conduire une voiture bricoler parler une langue vivante et le d veloppement g n ral de l enfant dont ces apprentissages sont des aspects li s e Comment dans quelles situations et en faisant quoi les enfants apprennent ils Ou plut t comment apprend on Avant de r pondre rappelons quatre observations courantes 1 Avant d entrer l cole tout enfant a beaucoup appris chez lui avec ses camarades dans la rue en jouant ou en agissant Simplement en vivant Il a appris 19 parler communiquer avec les autres se rep rer dans l espace et dans le temps mettre en uvre des strat gies parfois complexes au cours de ses jeux Et bien d autres choses encore 2 Il l a fait d s sa naissance et continue le faire aid en cela par ceux qui vivent avec lu
152. t de la circulation des id es Une place et un r le irrempla ables On voit mal ce qui pourrait remplacer l crit pour la liste des courses le message sur la porte en cas d absence le mode d emploi de la machine la disposition du public l avertissement propos de la marche peu visible ou de la peinture fra che Car l crit est irrempla able Il s agit de petites choses dira t on et dans le m me temps on crit moins parce qu on t l phone beaucoup Certes Mais ces exemples r v lent les contraintes techniques des divers moyens audio visuels et leurs caract ristiques d emploi L crit a des vertus sp cifiques qui peuvent tre r sum es en une seule formule l crit respecte la libert du lecteur e parce que seul il met en permanence la totalit de l information qu il contient la disposition du lecteur En effet point n est besoin de lire autre chose dans le journal que ce qui int resse La radio la t l vision m obligent couter toutes les informations qu un autre que moi a cru bon de me faire couter avant que je puisse entendre ce qu il m importe de savoir Les index les tables des mati res les titres de chapitres permettent de voir comment les crits sont organis s sans avoir les lire Ils permettent d aller rapidement chercher l information pr cise qu on souhaite dans un ouvrage documentaire pourtant volumineux Imagine t on pareils facilitateurs pour l audition ou le visionnement d
153. tion contribue modifier celui qui la re oit en le provoquant en le questionnant ou en l obligeant bouger et rebondir En cela elle est une occasion d apprendre l un de ces multiples chocs non pas qui nous changent mais qui font que nous nous changeons Ill COMMENT AIDER LES ENFANTS APPRENDRE L ENSEIGNEMENT AIDE L APPRENTISSAGE Nous retrouvons maintenant les questions que chacun se pose faut il intervenir Dans quels domaines et comment Comment agir avec les enfants dans les lieux o ils vivent dans leurs familles et l cole en particulier Nous allons esquisser des r ponses ces questions en abordant trois points Tout d abord la question impossible des d buts comment tout cela commence t il Comment aboutissent les premiers actes ceux qui n ont t pr par s par rien Comment un enfant peut il se d brouiller dans l crit s il en a besoin alors qu on ne lui a pas donn auparavant les moyens de le faire Si c est en nageant qu on apprend nager comment viter de se noyer la premi re fois qu on va dans l eau 24 Ensuite la question g n rale du milieu de vie d un enfant comment r unir les conditions les plus favorables son d veloppement Enfin sur un plan plus proche des pr occupations de l cole comment intervenir dans des apprentissages particuliers Plus pr cis ment comment aider un enfant dans un des apprentissages qu il construit en vivant
154. tissent que l apprentissage de la lecture se d roule normalement et que l enfant ne d veloppe pas de comportements nocifs Elles doivent toujours d boucher sur des changes et des discussions Les adultes accepteront d tre leur tour observ s par les apprentis lecteurs les strat gies seront expliqu es compar es entre les enfants et avec les adultes Rappelons qu une des difficult s de la lecture peut tre la seule c est que les enfants ne sont jamais t moins des actes de lecture que les adultes ne cessent pourtant de commettre devant eux Ces observations ne seront pas suspicieuses Il faut renvoyer l information aux enfants pour les conduire r fl chir leur propre activit et ne manifester aucune inqui tude car ils savent ce qui est bon pour eux Lorsqu ils font de mauvais choix c est que leur environnement ne leur permet pas d en faire de meilleurs Nous esp rons avoir montr qu une bonne connaissance de la lecture associ e une compr hension de la mani re dont l enfant apprend transforme le regard que l adulte pose sur l histoire des lecteurs Il faut refuser de contr ler la lecture Ce mot est moralement affreux et t moigne 55 d une m fiance coupable envers l enfance Mais il ne faut pas pour autant laisser faire en pensant que tout ira bien Il faut discuter avec l enfant de l information dont il a besoin Cette attitude conduit lui ouvrir des voies fertiles et fait ressortir l as
155. trois ans Il est attir par les gros camions des Nouvelles Galeries qu il reconna t parmi tous les autres v hicules Dans un premier temps il per oit sans doute l inscription Nouvelles Galeries comme un l ment du camion au m me titre que les roues ou la cabine Mais il est aussi fr quemment t moin de l utilisation de ces mots par ses parents ou sous des formes diverses enseigne ou magasin 30 tiquettes sachets etc il finit par en saisir le sens c est crit Nouvelles Galeries sur le camion Les cheminements qui conduisent les enfants distinguer gribouillages et dessins des crits ne nous sont pas facilement perceptibles De multiples observations de multiples r actions contribuent cet apprentissage et permettent l enfant par exemple de conf rer au texte une ind pendance l gard de l image et du livre dans son ensemble Puis un jour il nous montre ce savoir quand il trace des signes que nous ne pouvons pas lire mais dont il affirme qu il s agit de son nom Il ne sait pas encore produire de l crit mais il sait ce que c est son je Si nous sommes persuad s qu une relation s tablit entre un petit enfant de moins de quatre ans et des crits nous le sommes tout autant de la dimension affective de cette relation Son int r t premier le porte le plus souvent vers son pr nom Il est en effet tout la construction de son identit la recherche de ce qui le distingue le d signe ce
156. ture de surface Le sens d une phrase n est pas la somme du sens des mots isol s qui la composent Bien au contraire c est le texte le contexte qui donnent leur sens aux mots On en a conscience avec les mots plusieurs sens Mieux c est le sens du texte ou de la phrase qui permet de prononcer les mots et ce n est pas la prononciation qui fournit le sens Nous pourrions multiplier les exemples Le sens d une forte proportion des mots qu on conna t a t acquis parce qu on les a rencontr s au milieu d un texte alors qu on ne les connaissait pas C est ainsi que le jeune enfant a appris parler et E Cf Comment les enfants apprennent lire Frank Smith ditions Retz 7 Il entrait dans son bureau et crivait son bureau Le car allait vite car la route descendait 8 Il est la gare de l Est Il en portait un lot dans le Lot 15 lire C est pourquoi il faut convaincre les enfants de ne pas s arr ter sur les mots inconnus mais d en deviner le sens en continuant lire le texte Les recherches sur la lecture laissent peine soup onner les processus mis en uvre dans les ph nom nes d laboration du sens L crit tant directement un langage pour l il on pourrait essayer de rendre compte de ce qu est la lecture en la comparant l activit de quelqu un qui regarde un paysage S il se met d tailler les couleurs num rer les l ments qui le composent il ne regarde plus le paysage la co
157. u de la cantine et le compte rendu 9 de la derni re r union syndicale Que lira t il le soir rentr chez lui Un roman Un hebdomadaire Peut tre tout simplement le programme de t l vision et les sous titres d un film tranger qu il a choisi de regarder avec sa famille Cette confrontation avec un crit pr sent dans tous les lieux et dans toutes les activit s les enfants la connaissent aussi qu ils sachent lire ou non Un enfant de quatre ou cinq ans capable d s son plus jeune ge de faire la distinction entre une raflure due au hasard et une inscription porteuse de sens entretient avec cet crit pr sent partout des rapports sur lesquels nous reviendrons Il est dommage que l cole ignore le plus souvent ces interactions que les jeunes enfants ont avec les crits sociaux sous pr texte qu ils ne savent pas lire sous pr texte qu on ne leur a pas encore enseign la lecture La place de r crit ne diminue pas Pour revenir l importance de l crit dans notre vie quotidienne il faut dire qu ils se sont tromp s les futurologues qui au moment du d veloppement des moyens audiovisuels de communication pr disaient la disparition de l crit La v rit c est que la t l vision la radio le cin ma se sont ajout s l criture pour cr er et satisfaire ce formidable besoin d information qu on constate actuellement L crit a trouv sa place et jou son r le dans cette inflation de la communication e
158. u supermarch sans pouvoir cependant tracer de fronti re nette entre les ges et les endroits o ils se trouvent L apprentissage de la rencontre avec l crit comme les autres apprentissages b n ficie de l aide volontaire ou non des adultes et des autres enfants C est en fonction des r actions de son entourage que l enfant confirme ou infirme ses hypoth ses et qu il r ajuste ses savoirs comme ce petit gar on de cinq ans affirmant que le mot vittel qu il voyait crit sur de nombreuses tiquettes signifiait bouteille Les r actions qu il a suscit es lui ont permis de d couvrir le mot bouteille et d apprendre le sens du mot vittel L enfant est un expert Un jour ou l autre tous les parents d couvrent que leur enfant encore presqu un b b ne confond pas lorsqu on les appelle par leur pr nom sa m re et sa grand m re comprend l expression du visage que son p re est m content reconna t coup s r non seulement une Renault 4 parmi des dizaines de voitures diff rentes mais encore la Renault 4 de ses parents Une telle comp tence n tonne personne chez un enfant de 18 20 ou 30 mois sauf si elle se r v le propos de l crit L crit cet objet sacr de l cole symbole de l tude n est pourtant pas plus complexe que la parole On n est pas surpris qu un b b qui ne parle pas encore rep re des mots dans la multitude de bruits qui l environnent Nous mesurons bien pourtant lors
159. uand il apprend l anglais S il n avait pas parl trois ans ou s il avait fait des chutes innombrables son entourage se serait inqui t et on aurait proc d un certain nombre d examens S il se casse le bras le pl tre ne gu rira pas la fracture mais aidera Jacques gu rir La radiographie va permettre de contr ler que le pl tre joue ce r le utile Les contr les n ont de sens que par rapport aux aides qu on apporte en soi ils seraient m me dangereux on conna t les effets nocifs des rayons X Il ne s agit pas de se conduire comme le jardinier qui d terrait chaque matin la graine qu il avait sem e pour v rifier qu il n y avait rien d anormal et que ses arrosages du soir taient efficaces C est pourtant ce qu on fait avec la lecture en classe et la maison Les actes de contr le de la lecture sont des actes d anti lecture Si vous avez t sensible ce que nous avons dit pr c demment vous savez qu un lecteur c est quelqu un qui sait ce qu il cherche dans l crit qui explore l crit avec ses yeux en anticipant les indices qui vont lui permettre de trouver les r ponses qui int gre l information nouvelle ce qu il sait d j et porte ainsi un jugement qui le conduit cesser ou poursuivre sa recherche Et ceci aussi bien lors de la lecture d un roman que de la consultation d une recette de cuisine Il n existe alors aucun moyen de contr ler ce comportement de l ext rieur l insu du lecteur n
160. une bande magn tique t respecte le lecteur e parce que l crit garantit davantage le libre arbitre et l exercice de l esprit critique Bien s r le mensonge la mauvaise foi et la propagande utilisent aussi l crit mais la permanence de ce qui est crit permet les v rifications et les confrontations Contrairement la parole ou limage qui s imposent et subjuguent l crit suppose bien souvent un acte volontaire qu il est possible de diff rer L crit se propose la parole et l image s imposent e parce que les autres grands moyens de communication diffusent l information la vitesse de la parole alors qu un lecteur m me m diocre prend connaissance 10 du contenu d un crit la vitesse qu il veut lentement s il le souhaite ou une vitesse deux ou trois fois sup rieure celle de la parole si c est n cessaire Ne dit on pas que ce qui est pr sent dans un journal t l vis ne remplirait pas une page de journal On nous objectera que l image montrant un paysage en donne une connaissance plus rapide et plus compl te que la lecture de la description qu on peut en faire que la vision d une s quence prend moins de temps que la relation crite de l v nement qu elle contient On aura raison C est pourquoi le film partage aujourd hui dans l art du r cit la place qu occupait seul le roman au XIX si cle Le cin ma la t l vision sont les moyens privil gi s pour le reportage l
161. ussi les futurs bons m decins Cette p rennit en premi re ann e de facult d une scolarisation infantile cette hantise de l chec l examen vont s aggraver pendant toute la dur e des tudes Nos tudiants sont souvent capables de retenir un cours magistral sans en changer un mot par contre ils ne savent pas lire un article en faire la synth se et encore moins la critique ni utiliser une bibliographie 68 LIRE C EST VRAIMENT SIMPLE quand c est l affaire de tous extr mement pauvre sans v ritable projet sans qu une r flexion et des changes soient organis s autour de ces exp riences sans que l adulte soit en mesure de clairement percevoir le besoin d aide et d y r pondre avec la rigueur n cessaire Dans ces conditions ni le d veloppement optimum ni la s curit affective ne sont assur s Ni l panouissement esp r Qu entendons nous alors en parlant de l enfant par exp rience et par situation de vie L enfant arrive l cole avec une exp rience que l cole ignore et notamment dans le domaine qui nous int resse la lecture En toute bonne conscience l cole estime qu elle a pour t che incontestable de permettre tous l acc s la culture aux grandes uvres et que pour cela la lecture constitue un instrument privil gi qu il convient au plus t t d utiliser en ce sens C est alors que le ph nom ne universel qu est la domination culturelle des classes dirigeantes op re ins
162. ve qui de l enfant fera ou non un adulte part enti re Pourtant l enfant de moins de six ans a des yeux pour voir et un cerveau pour penser D s le premier jour il est plong dans un univers complexe qu il analyse et int gre petit petit Puisque l on n a pas cach les crits dans un placard l enfant les voit les observe met des hypoth ses leur sujet comme pour tous les autres l ments de son environnement Les personnes qui vivent avec et autour de lui utilisent naturellement l crit La lecture ne se laisse pas ais ment observer Avantage et inconv nient Avantage parce que l enfant est t moin d un usage fonctionnel de l crit II voit sa m re consulter un journal pour conna tre le programme de t l son p re prendre un catalogue pour choisir une galerie de voiture son grand fr re se plonger dans une revue de moto et les uns et les autres peut tre lire un roman ou une bande dessin e Inconv nient parce que cette activit fort peu d monstrative muette en tous cas discr te ne se laisse pas ais ment observer ne livre pas son fonctionnement On est m me de se demander alors si les enfants qui vont la conqu te du 29 monde se posent des questions sur ces crits qu ils rencontrent Et si oui ce qu ils en attendent lesquels les int ressent videmment tout varie avec l ge des enfants leurs go ts leurs pr occupations les lieux en famille la cr che l cole a
163. vec le programme de t l vision Nous proposons au tout petit de regarder avec lui le programme alors que plus tard nous inviterons l enfant consulter lui m me le journal et s il n a pas su trouver les renseignements qu il cherchait nous lui proposerons quelques points de rep re pour les trouver Est ce que tu sais quel genre d mission tu veux voir Regarde le sommaire pour savoir quelle page tu dois regarder etc De t moin qu il tait l enfant est devenu acteur Il pose des questions l crit nous de l aider trouver les r ponses rapidement C est pour jouer fabriquer agir s informer se distraire qu il a besoin de lire Accepter qu un enfant mette quinze jours lire un roman ne lui rend pas service Dans ces conditions il n tablit aucun v ritable rapport avec l crit et subit un ennui qui le d tourne de la lecture L enfant de sept ou dix ans est capable de choisir ses lectures en fonction de ses int r ts les animaux le football les contes le bricolage Et s il n aime pas lire En tous cas ce n est pas en le contraignant qu il deviendra lecteur mais bien plus en parlant avec lui des sujets qui le pr occupent et de ce qu il voudrait savoir des livres que l on aime et de ceux qu il appr cie BD par exemple Outre des aides techniques qui font l objet du Chapitre V de ce livre il s agit plut t de faire voluer l id e que l enfant se fait de la lecture et de ne pas le laisser croire que
164. visager la lecture donne beaucoup d importance aux crits utilitaires techniques fonctionnels Et le plaisir des mots Il n y a pas des crits nobles et des crits qui ne le seraient pas Chaque type d crit a sa particularit Le programme de la t l ou le mode d emploi d un instrument sont organis s en fonction d objectifs pr cis Un po me aussi Il se trouve que la seule 77 LIRE C EST VRAIMENT SIMPLE quand c est l affaire de tous question est celle ci comment faire pour entrer dans ce texte Le bon sens commande de r pondre comme on peut Or on sait que les possibilit s d entrer dans un texte sont plus limit es quand l auteur cherche surprendre plut t qu informer Par d finition un crit fonctionnel multiplie les aides et offre des voies d acc s le contexte les illustrations la pr sentation le choix des mots des tournures etc Ce qui recouvre l expression le plaisir des mots renvoie une production orale qui peut certes tre transcrite pour tre dite nouveau ou m me pourquoi pas lue Mais c est une activit qui se d veloppe au del de la lecture Et que faites vous avec vos oreilles des po mes et des textes qui jouent sur la mise en page QUESTION 15 Presque tous les lecteurs d aujourd hui ont appris lire en d chiffrant N y aurait il donc que de mauvais lecteurs Certes non mais beaucoup le sont qui ne le seraient pas si Nous vivons sur un certain nombre d il
165. yons d une biblioth que de beaux livres il faut d abord savoir utiliser toutes les ressources existantes les biblioth ques d cole de quartier et ensuite choisir d acheter les quelques livres qu on veut avoir pr s de soi parce qu on sait qu ils seront consult s longuement Une biblioth que familiale ne peut pas contenir tous les livres utiles mais seulement les quelques livres appel s vivre par une fr quentation v ritable QUESTION 20 Peut on accepter qu un mot soit lu la place d un autre bateau pour navire par exemple La question pourrait tre retourn e est il pr f rable de ferrailler longuement avec un mot pour en prof rer les sons ou au contraire se fier au sens de l crit Etles pertes sont consid rables 79 LIRE C EST VRAIMENT SIMPLE quand c est l affaire de tous De fait l aussi il s agit d une question sans alternative il n y a pas choisir La lecture fonctionne d une mani re qui chappe la censure de l autre Qui saura jamais si vous ou moi ne proc dons pas aussi par substitution D une certaine mani re cela est in vitable Quand je rencontre un mot qui me d range je change le mot pour r tablir mon quilibre Ce qui ne signifie pas qu on ne doive pas rectifier lorsqu on en est le t moin QUESTION 21 Les manuels scolaires ont ils un r le jouer On a du mal imaginer qu on puisse aujourd hui encore doter les l ves d une m me classe d un

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