pour un secteur de la propriete sociale, viable dans l`environnement
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1. Il s agit d un secteur marchand qui ne constitue pas lui seul une alternative macro conomique au capitalisme Il peut dans une politique anticapitaliste se combiner avec un secteur d conomie administr e ce qui peut se faire par des r formes radicales du secteur public Nous en parlerons dans un paragraphe ult rieur A premi re vue ce projet ne r pond pas la question d une r orientation cologique de la soci t Il faut pour cela envisager une conomie qui non seulement satisfasse les besoins sociaux mais surtout r oriente et r invente ces besoins dans le sens d une pr servation voire d un enrichissement de l environnement naturel C est l une v ritable r volution dans les finalit s de l conomie Je crois pouvoir affirmer que le fonctionnement d une conomie coop rative s il ne produit certes pas automatiquement une telle r volution la rendrait n anmoins tout fait possible En effet les entreprises ne seraient pas soumises une exigence de profit capitaliste et seraient tr s sensibles la discussion d mocratique Ce d autant plus qu une partie des entreprises de ce secteur feront galement partie de ce qu on appelle le tiers secteur d utilit sociale et environnementale comme nous le pr ciserons plus loin De m me le projet que je pr sente semblera peut tre tr s insuffisant ceux qui restent attach s la perspective du communisme au sens o l entend2. conomie Cela dit il n y a pas de recette d finitive contre la reproduction de rapports de domination et l intervention d mocratique tous les niveaux reste n cessaire Ensuite quelle sera en fin de compte la proportion souhaitable entre le march et l conomie administr e C est une question qu on ne peut pas trancher d avance qui se traitera avec l exp rience mais qui est pr figur e actuellement par le d bat th orique sur les mod les de socialisme Avant de terminer ce texte je voudrais r pondre deux cat gories de lecteurs sceptiques d abord ceux qui trouvent que ce projet n est pas assez communiste ensuite ceux qui trouvent qu il est trop communiste Et Marx dans tout a Notre projet ne satisfera peut tre pas ceux qui restent attach s la perspective du communisme au sens o l entendait Marx et les anarchistes une soci t d abondance o le travail pour la soci t ne serait plus une contrainte mais un l ment du libre panouissement de l individu Ces lecteurs me diront juste titre qu un projet d mancipation doit prendre pour point de d part les l ments de rapports sociaux communistes qui existent d j dans la civilisation actuelle l automatisation donc un possible partage de la dur e du travail la planification conomique concert e via internet etc la possibilit d un revenu de citoyennet assurant chacun la s curit de l existe
3. dits int ressants pour la suite de ses activit s C est aussi le prestige moral et politique d une position de leader qui lui sera reconnue par le r seau d information inter entreprises 17 18 19 Une innovation paradoxale pas d autofinancement une entreprise ne peut pas accumuler de capital Les entreprises du secteur fonctionnent enti rement sur des cr dits et n ont pas de fonds propres On peut faire une petite exception ce principe pour une entreprise qui souhaite entrer l essai dans le secteur et pr f re garder les fonds propres qu elle avait pr c demment accumul s afin d en disposer au cas o elle ne resterait pas dans le secteur La plus value produite par une entreprise ne reste pas dans ses caisses une partie est absorb e sous forme d int r ts par le fonds public de financement et ventuellement par la banque qui fait l interm diaire l autre partie est distribu e en tant que b n fices aux salari s propri taires Cette disposition est paradoxale elle heurte les habitudes de pens e que nous a imprim es l conomie capitaliste En effet la libre entreprise socialis e vend des produits pour faire fructifier un capital mais elle ne s approprie pas le capital ainsi accumul Cette innovation que l on doit aux th oriciens des nouveaux mod les de socialisme cit s plus haut est importante pour la viabilit du secteur et pour le maintien de son caract re alte
4. t sociale avec son fonds de financement l quipe qui aura acquis une exp rience dans le tiers secteur pourra envisager de lancer une entreprise but lucratif qui pourra en s appuyant sur le savoir faire acquis et le tissu de sociabilit local tenir t te la concurrence priv e d autant que sa tr sorerie ne sera pas alourdie par la n cessit de d gager un profit capitaliste A travers cet exemple j ai voulu montrer que la pr sence d un secteur de la propri t sociale est d cisive pour que les acquis du tiers secteur en mati re de d mocratisation de l conomie puissent tre tendus d autres entreprises pour que le tiers secteur contribue une d marche de transformation sociale radicale et pour qu il ne se trouve pas confin dans un r le d auxiliaire du d veloppement capitaliste Le pari strat gique Dans un premier temps le pari c est que le secteur de la propri t sociale non seulement puisse survivre face la concurrence capitaliste mais qu il conqui re des parts de march et apparaisse comme un secteur dynamique Notamment dans les domaines la pointe de l innovation technologique L un des d fis est de pouvoir attirer des travailleurs hautement qualifi s ce que ne fait gu re l conomie alternative et solidaire qui a besoin d aides publiques et souvent ne les obtient que pour des emplois dits d insertion en leur proposant une ambiance de travail la fois stimulante
5. La construction de r seaux non capitalistes d information conomique est une bataille politique d cisive pour rendre possible l appropriation sociale de l conomie renforcement et d mocratisation d institutions publiques telles que l Insee d veloppement du commerce solidaire renforcement des moyens d expertise des associations de consommateurs et des syndicats m mes entreprises coop ratives Le fonds public garanti par l Etat est n cessaire pour que le secteur dispose d une assise financi re large et s re surtout son d marrage L une des possibilit s est que le fonds public pr te directement aux entreprises de production On verra plus loin pour quelles raisons il est pr f rable qu il y ait aussi des banques qui fassent l interm diaire entre le fonds public de financement et les entreprises Mais pour simplifier l expos nous ne parlerons pas des banques dans un premier temps nous discuterons de leur r le une fois que le lecteur aura vu les grandes lignes du projet 10 Le secteur est d connect des march s financiers Les entreprises ne proposent pas d actions en bourse Le capital leur est pr t par le fonds public de financement Donc les entreprises peuvent compter sur un financement qui d pend uniquement de leurs perspectives de rentabilit et pas du tout des mouvements impr visibles de la sp culation financi re 11 Le fonds public lui non plus et pour les m mes raisons ne
6. conditions politiques le permettront on pourra envisager une socialisation de la majorit de l conomie le syst me avec ses possibilit s et ses difficult s aura t exp riment il existera un savoir faire de la propri t sociale comme il existe aujourd hui un savoir faire de l conomie alternative et solidaire qui en France a mis une quinzaine d ann es se construire et se l gitimer Quelles conditions politiques Soit l lection d un gouvernement de gauche accompagn d un fort mouvement social soit une crise politico culturelle comparable mai 68 ou encore une situation conomique catastrophique comme on en conna t dans les pays de l Est europ en ou dans certaines r gions des pays riches exigeant des mesures de salut public Vers quel socialisme Le syst me qui r sultera d une telle rupture avec le capitalisme sera une conomie plurielle comportant Un secteur d conomie administr e fortement d mocratis e centr sur les services publics Uni tiers secteur d utilit sociale et environnementale qui relaiera les services publics pour des missions sp cifiques Un secteur de la propri t sociale coop rative secteur de libre concurrence corrig e par la concertation Une partie de ce secteur aura galement un statut de tiers secteur En outre le rapport de force national et international contraindra sans doute coop rer notamment par des alliances d ent
7. d tenteur du capital ne poss de pas directement les entreprises de production ces derni res sont de fait soumises ses d cisions comme aujourd hui les paysans ind pendants sont en fait d pendants de leur banque f t elle coop rative Contre ce facteur de recomposition spontan e de la 20 21 22 23 24 25 domination capitaliste quels sont les meilleurs rem des Vaut 1l mieux un syst me financier tatique qui m me avec toutes sortes de contr les d mocratiques risque de se scl roser devenant la chasse gard e de clans bureaucratiques internes Ou vaut il mieux un syst me de libre concurrence On peut imaginer une combinaison des deux les banques en libre entreprise et aussi le fonds public tant soumis un cahier des charges discut d mocratiquement au sein du secteur et au parlement Je mentionnerai encore que le mod le pr sent par Andr ani pr voit des structures d entreprises complexes avec des maisons m res et des filiales structures la fois souples et ramifi es dont on voit l efficacit dans le capitalisme actuel mais qui auraient des r gles de gestion d mocratique un peu complexes pour organiser et garantir le pouvoir des salari s propri taires D autre part les entreprises du secteur seraient amen es passer des alliances commerciales technologiques voire financi res avec des entreprises capitalistes On trouve dans le texte d Andr ani des propositions s
8. de la vie conomique sachant que l autogestion pure et simple la pleine propri t de l entreprise par les travailleurs n est pas toujours r alisable Bref aucun projet de d mocratisation radicale de l conomie qu il s agisse d am nager le capitalisme ou de rompre avec lui ne saurait se passer d une politique de tiers secteur D o l int r t de penser l intersection entre secteur de la propri t sociale autog r e et tiers secteur Contre la privatisation des acquis du tiers secteur Si le tiers secteur est dynamique il risque fort de se voir priv de ses activit s les plus rentables qui seront reprises par des entreprises capitalistes et de se voir confin dans la gestion de ce qui est difficile et non rentable Prenons un exemple Imaginons une entreprise non lucrative et subventionn e qui livre des repas domicile sur un quartier des personnes g es faibles revenus Cette entreprise fournissant des prestations de qualit et connaissant bien les gens d autant qu elle emploie des femmes du quartier sur 13 des postes d insertion commence int resser une client le plus riche notamment des jeunes m nages de la classe moyenne qui n ont pas le temps de pr parer manger tous les jours et des personnes qui sont pr tes payer un bon prix pour d autres services comme faire les courses Voil un march potentiellement lucratif et une entreprise priv e s y installe
9. innovation technique comme on l a vu dans les derni res d cennies du communisme en Europe de l Est Certes on peut lutter contre ces tendances par une intense intervention d mocratique tous les niveaux Mais comme la d mocratie est une chose difficile et corruptible il faut aussi imaginer des m canismes conomiques qui fassent obstacle aux tendances bureaucratiques C est le principal int r t du d bat sur les nouveaux mod les de socialisme 5 La concurrence n exclut pas la coop ration Les entreprises sont obligatoirement affili es un r seau d change d informations sur leurs modes de gestion et leurs projets de recherche et d veloppement Ce r seau anticipe les volutions technologiques et les restructurations de fa on viter la concurrence sauvage et organiser le reclassement des travailleurs dont l emploi serait menac Ce r seau peut s inspirer des Chambres de Commerce et d Industrie ou des network inter entreprises qui existent au Japon dans les nouvelles technologies Mais c est un service public mis en place par l Etat ou la r gion ou les institutions europ ennes avec des garanties d ind pendance pour viter qu il ne soit manipul par les entreprises les plus influentes Il sera certes difficile d emp cher les entreprises capitalistes de pirater ce r seau Mais d un autre c t les salari s des entreprises capitalistes pourront aussi prendre appui sur ces info
10. l autogestion ne doit pas tre galvaud e et il vaut mieux parler de gestion par les travailleurs labour management et de citoyennet dans la gestion Les entreprises propri t de leurs travailleurs sont dans l ensemble efficaces techniquement car les travailleurs sont motiv s et ont une attitude participative Leurs choix sont plus justes socialement que ceux des entreprises capitalistes souci de l am lioration de la qualification r pugnance aux bas salaires et aux travaux non qualifi s Toutefois ces entreprises sont frein es par un certain manque de souplesse dans l investissement qui s explique par la r ticence des travailleurs licencier leurs coll gues et prendre des risques Certains m canismes imagin s dans les nouveaux mod les de socialisme visent lever ces blocages Un autre facteur qui entrave le d veloppement des scop Soci t s Coop ratives Ouvri res de Production c est la difficult qu elles ont obtenir des capitaux la hauteur des projets dont elles sont techniquement capables Ce d une part parce que leurs capitaux propres sont limit s d autre part parce que les banques demandent des garanties que ne peuvent donner que les entreprises ayant d j des fonds propres suffisamment solides c est un cercle vicieux Et au cas o l entreprise ait un projet qui laisse esp rer de forts b n fices la tentation est forte pour ses travailleurs de se laisser racheter par une entr
11. le cadre de ces formes d appropriation sociale on peut sans attendre exp rimenter le communisme marxien ou une d mocratie savante cologiste ou toutes sortes de choses Un outil pour deux hypoth ses envisageables am nagement du capitalisme ou la rupture Dans l optique d Andr ani que je partage le secteur de la propri t sociale servirait de banc d essai en vue d une future rupture avec le capitalisme l chelle de l ensemble de l conomie Cela dit tous ceux qui critiquent le capitalisme actuel ne sont pas pr ts parier sur une soci t socialiste qui reste jusque pr sent hypoth tique beaucoup pensent que l on ne peut pas envisager un d passement du capitalisme ou pas de fa on clairement pr visible et que le plus raisonnable est de r former le capitalisme de l encadrer par des lois sociales et cologiques rigoureuses et par une constante pression d mocratique Une telle perspective centr e sur la dynamique de la d mocratie est indispensable mais ne me semble pas la panac e pour les raisons qu on va voir l instant de sorte que m me dans une optique de r forme d mocratique du capitalisme on ne peut pas se passer d un secteur non capitaliste de l conomie 1 Tout d abord il y a une course de vitesse entre d une part la progression de la d mocratie qui est r elle aujourd hui dans le monde et d autre part la destruction des conditions m mes de la d mocratie
12. par les effets sociaux du capitalisme ch mage mis re conomie mafieuse environnement invivable comp tition go ste 2 La d mocratie elle m me par sa complexit tend secr ter des castes de politiciens et de technocrates qui sont tout naturellement enclins se partager le g teau avec la classe capitaliste Par ailleurs la d mocratie de par le respect des droits de chacun et la lenteur des proc dure que cela implique choses qui en soi sont positives laisse toujours de larges possibilit s de man uvre aux classes dominantes Les moments o il y a vraiment d mocratie au sens de pouvoir du peuple ne peuvent tre que rares et fragiles La r ponse c est bien s r d intensifier la d mocratie c est l auto gouvernement de la soci t civile et l intervention citoyenne tous les niveaux Travail de Sysiphe mais cela avance concr tement d ores et d j et c est une bonne utopie 3 Mais l encore le capitalisme d truit les conditions de la citoyennet puisque dans leur vie de travail les salari s n ont pour l essentiel aucun contr le collectif sur leur propre activit sur le choix des techniques et encore moins sur les d cisions de production et de vente ni sur leurs finalit s sociales ou anti sociales tout cela est d cid par les managers avec comme crit re le profit le plus attractif possible pour les capitalistes c est la r gle du jeu C est la cons quence du rapport salari
13. POUR UN SECTEUR DE LA PROPRIETE SOCIALE VIABLE DANS L ENVIRONNEMENT ECONOMIQUE ACTUEL deuxi me version juin 2001 Jo l Martine t l 04 91 92 61 77 r pondeur e mail joel martine free fr Pourquoi ne pas essayer Cet article expose le projet d un secteur constitu d entreprises coop ratives citoyennes autog r es autant que possible et qui ne soient pas parasit es par le profit capitaliste mais qui en m me temps soient efficaces au point de pouvoir concurrencer les entreprises capitalistes sur le march Ce secteur pourrait attirer des travailleurs servir d exemple pour contester les r gles du jeu capitalistes et de banc d essai pour une alternative au capitalisme capable de le supplanter quand les conditions politiques seraient r unies Je reprends en le simplifiant et en le modifiant un mod le pr sent par Tony Andr ani C est un des projets possibles Il y en a d autres Cet article est une mani re de pr senter le d bat Ce projet s appuie sur l efficacit de la gestion coop rative tout en utilisant certains facteurs d efficacit d velopp s par le capitalisme souplesse du march mobilit du capital etc Le secteur aurait un syst me de financement autonome ind pendant des bailleurs de fonds capitalistes actionnaires banques sp culation financi re Comme on le verra il y a dans ce projet des dispositifs originaux parfois paradoxaux visant lever les obstacles au d velop
14. aient pas partie du tiers secteur puisque leur but est de faire des b n fices sur le march et de les distribuer leurs salari s propri taires Changer la vie Gr ce aux financements de type tiers secteur l autogestion n est pas enferm e dans l go sme d entreprise les entreprises qui le souhaitent peuvent exp rimenter une conomie guid e par la solidarit et par la cr ativit non utilitaire Une politique de tiers secteur est un outil indispensable pour introduire dans l conomie des finalit s non conomiques cologiques ou artistiques spirituelles scientifiques etc en faisant vivre des activit s qui autrement ne seraient pas viables conomiquement et ce en laissant libre cours l inventivit et l initiative qui sont n cessaires pour d tecter les probl mes cologiques ou sociaux et leur trouver des solutions Dans le tiers secteur on a une marge de man uvre pour exp rimenter des choix conomiques qui ne soient plus dict s par les besoins existants produits par le syst me dominant mais par des projets de soci t m me minoritaires visant r orienter les besoins selon des valeurs M me sans aller jusque l l entreprise ou l association de tiers secteur est une des formes indispensables de la d mocratie participative locale et de projet dans une relation clairement contractuelle avec les pouvoirs publics C est l un des canaux de la prise en main d mocratique concr te
15. ait Marx et les anarchistes Je crois que ce reproche n est pas justifi et je m en expliquerai vers la fin de ce texte Quelques mod les de r f rence r els et imaginaires L conomie alternative et solidaire D ores et d j il existe un secteur alternatif au capitalisme au niveau de ses choix thiques et de ses modes de gestion c est l conomie alternative et solidaire qui utilise les techniques capitalistes le fonds commun de placement risque par exemple pour des finalit s qui sont l entretien du tissu conomique local la cr ation d emplois la dignit des travailleurs la pr servation de l environnement Gr ce au savoir faire alternatif les entreprises de ce secteur ont fait la preuve de leur viabilit Le projet que nous pr sentons ici se fonde sur les valeurs et les m thodes de gestion alternatives et solidaires mais il comporte en outre des r gles du jeu originales au niveau de la propri t des entreprises et au niveau de l investissement du capital Il existe d autres projets d ensemble qui font r f rence l conomie alternative et solidaire mon avis ces diff rents projets peuvent et doivent se combiner dans une d marche de transformation radicale de la soci t Notamment on peut envisager d imposer tout ou partie des crit res de l conomie solidaire l ensemble des entreprises ce qui demanderait une forte bataille sociale Un autre projet consiste fo
16. al capitaliste en termes marxistes la non propri t des travailleurs sur les moyens de production et l ali nation du travail qui en r sulte Et le travail ce n est pas rien c est encore la principale discipline de notre vie et c est l que chacun est concr tement impliqu dans ce que la pens e cologiste consid re comme central le rapport technique de l humanit avec la nature En conclusion m me si l on se donne comme perspective d avenir un capitalisme encadr par un dense tissu d mocratique il faut d une fa on ou d une autre imposer une citoyennet dans le travail Et pour cela il faut faire exister un secteur qui garantisse la viabilit d entreprises citoyennes ne serait ce qu titre d exemple et de moyen de pression sur les entreprises capitalistes C est en faisant cette exp rience qu on verra de fa on pragmatique si elle rend possible un am nagement significatif du capitalisme ou plut t une rupture vers un syst me diff rent 12 Voir mon article Qui peut croire la d mocratie dans le mensuel strasbourgeois Les Alternatives n 100 nov 91
17. ant politiquement 10 T existe d j en France une forme d pargne centralis e cens e tre directement un outil de la politique industrielle de l Etat ce sont les Cod vi Comptes pour le d veloppement industriel 14 15 16 pouvoirs publics c est ici pr cis ment qu un tiers secteur d utilit sociale et environnementale peut tre pr sent l int rieur du secteur socialis une partie des entreprises socialis es peuvent d cider de ne pas faire de b n fices et de s int grer dans le tiers secteur D o une interp n tration et une synergie entre secteur socialis et tiers secteur sur laquelle nous reviendrons Autre int r t de l absence de profit capitaliste ce sont les travailleurs de l entreprise qui d cident si les gains de productivit seront utilis s pour augmenter leurs b n fices ou pour diminuer leur temps de travail D o un frein au productivisme productionnisme serait un mot plus exact g n r par la comp tition marchande Certes une banque peut contraindre une entreprise faire des choix productionnistes comme on le voit aujourd hui clairement dans l agriculture Contre cela il importe comme on le verra qu il y ait une concurrence entre les banques ou et une offre de financements alternatifs par des banques d orientation alternative ou directement par le fonds public de financement Ce qui remplace le profit des actionnaires dans son r
18. compter des b n voles parmi ses membres jusqu un certain pourcentage de l effectif total de l entreprise f ministes etc Ce secteur s inscrit dans le paysage institutionnel de la d mocratie au m me titre que la S curit Sociale ou le statut de la fonction publique de sorte qu il ne puisse pas facilement tre supprim lors d un changement de gouvernement A cet gard il vaut mieux que le fonds public de financement ait une autonomie de gestion Il faudra pour la mise en place du secteur une bataille d opinion contre les lib raux en effet largent r colt par le fonds public de d veloppement chappera l accumulation capitaliste et les lib raux s y opposeront au m me titre qu ils s opposent actuellement aux syst mes de retraite par r partition Il y aura une bataille institutionnelle entre les tenants du capitalisme et les d fenseurs du secteur socialis Dans cette bataille le conseil de contr le du secteur dont nous avons parl plus haut devra tre une force de proposition politique Secteur coop ratif marchand et secteur public La mont e en puissance d un secteur d entreprises coop ratives peut tre fortement favoris e par un partenariat avec des entreprises publiques et des services publics principalement pour obtenir des march s Ce qui pose le probl me d une politique de r formes radicales du secteur public Politiquement les deux choses sont compl mentaires C est po
19. copiant en partie les m thodes imagin es dans le tiers secteur Cette entreprise est lanc e pourquoi pas par un agent immobilier du quartier qui trouve int ressant par ce biais de recueillir des informations sur les logements susceptibles d tre vendre Ou plus simplement le march est pris par une grande entreprise priv e de la restauration collective les repas sont de qualit douteuse mais le service est correct et les prix accessibles gr ce des salari s surexploit s et tr s hi rarchis s Dans cet exemple le tiers secteur avec ses savoir faire ses financements publics le d vouement de ses b n voles aura servi de banc d essai la modernisation du capitalisme mettant au point des formes de gestion avis es et faisant appara tre une demande qui jusqu ici n avait pas t d tect e L entreprise qui a d frich le terrain ne pourra pas se lancer dans une activit lucrative elle n en a pas le droit On peut imaginer qu elle essaie de combiner un service b n ficiaire aupr s des clients riches et un service perte aupr s des clients pauvres en restant globalement non lucrative pour continuer recevoir des subventions mais l entreprise priv e pourra l attaquer en justice pour concurrence d loyale Le plus probable est que l entreprise du tiers secteur abandonnera ce qui est rentable et se cantonnera la client le non solvable Mais si maintenant il existe un secteur de la propri
20. cratique devra lutter mais au moins ne seront elles pas amplifi es automatiquement par la possession du capital Venons en enfin comme je l ai annonc plus haut au r le possible des banques dans ce secteur Le pr t de capitaux aux entreprises et l expertise de leur gestion pourrait tre fait par des banques elles m mes entreprises coop ratives et en concurrence entre elles Elles emprunteraient du capital au fonds public de financement et feraient le montage financier des pr ts aux entreprises sur la base d une expertise la fois technique et financi re qui serait leur principale comp tence Elles incarneraient la propri t sociale directe de cette richesse immat rielle que sont les services de gestion financi re Comme les entreprises de production et pour les m mes raisons ces banques n auraient pas de capitaux propres de m me elles auraient comme but financier l accroissement des b n fices de leurs salari s propri taires L int r t de ce syst me c est que la concurrence jouerait comme facteur d efficacit les experts d une banque en libre entreprise seraient peut tre moins tent s par la routine que les fonctionnaires du fonds public D autre part il y a le risque que les managers des banques tant en position de contr ler l allocation des ressources deviennent de quasi capitalistes vis vis des entreprises dont ils g reraient le capital Dans tout syst me o il y a du capital m me si le
21. dent sur le march en concurrence entre elles et avec les entreprises capitalistes Elles doivent faire la preuve de leur viabilit dans la concurrence ce qui les incite au dynamisme et l limination des faux frais C est donc un secteur de libre entreprise qui n a rien voir avec une conomie administr e facteur de bureaucratie et de protectionnisme corporatiste Voir http iisd1 iisd ca 50comm commdb list c13 htmou Jesus Ginto Mondragon Corporacion Cooperativa t l 34 43 77 93 16 fax 34 43 79 66 32 6 Ce qui justifie le recours un march concurrentiel ainsi qu la rentabilisation du capital c est le bilan des exp riences dites socialistes c est dire de l conomie administr e o les d cisions d investissement sont prises par les d cideurs administratifs ou politiques La principale motivation de ces derniers est de consolider leur pouvoir Ils ne prennent pas forc ment les d cisions les plus utiles techniquement ou conomiquement mais celles qui augmentent leur pouvoir dans la soci t Par exemple chaque clan bureaucratique cherchera augmenter le nombre d emplois qui d pendent de lui soit par des projets arbitraires et co teux c est le volontarisme bureaucratique soit en vitant tout bouleversement qui mettrait en cause les positions de pouvoir acquises c est le conservatisme corporatiste D o une tendance au gaspillage l irrationalit et souvent au blocage de l
22. doit pas faire appel un financement sp culatif La meilleure solution est qu il soit approvisionn au d part par l pargne laquelle il garantit un taux fixe il d livre des bons qui ne peuvent pas tre n goci s sur le march Garantir un taux fixe de r mun ration des placements est possible c est ce que font d ores et d j les caisses d pargne Toutefois pour tre attractive cette r mun ration ne doit pas trop s carter de celle qu on peut esp rer d un placement sp culatif Mais elle reste d connect e des mouvements sp culatifs court terme D autre part ce fonds se d veloppe gr ce aux int r ts des pr ts qu il fait aux entreprises terme si le secteur socialis marche bien cela peut constituer la principale source d accumulation de capital dans les caisses de ce fonds Mais il est souhaitable qu il fasse toujours appel l pargne pour avoir des ressources suffisamment importantes et relativement ind pendantes des hauts et des bas de la rentabilit du secteur socialis 12 Il est galement important politiquement que ce fonds g re une part de l pargne populaire pour que les pargnants aient conscience de participer au financement de l exp rience socialiste plus forte raison si les succ s de ce secteur permettent d augmenter la r mun ration de leur pargne Le fonds public est donc l une des formes indirectes de la propri t sociale l entrepr
23. duisent d abord l gitimer le renforcement de services publics ne fonctionnant pas selon une rentabilit marchande mais selon des missions et proc dures administratives et une forte d mocratisation de leurs mode de direction et de gestion Sur la base de ce noyau dur que devraient constituer les services publics l Etat dispose de personnels qualifi s et de moyens mat riels permettant de mettre sur pied compl mentairement aux services publics des entreprises capables d intervenir dans la sph re marchande Les finalit s et les objectifs de ces entreprises ne doivent pas rester la chasse gard e de leur technocrates mais doivent tre d battus d mocratiquement et tranch s par des votes du parlement Ces entreprises peuvent tre la propri t de l Etat ou de pouvoirs publics locaux ou europ ens ou peuvent tre condition qu elles restent contr l es par l Etat des soci t s d conomie mixte ce qui peut faciliter le drainage de capitaux priv s et des alliances Dans ces entreprises doivent tre mises en place des formes de participation d mocratique la gestion de la part des salari s et des usagers A partir de l on peut imaginer l exploration d une alternative macro conomique au capitalisme avec deux volets compl mentaires d une part un secteur public en fait un capitalisme d Etat mais dont les objectifs seraient d cid s d mocratiquement et non impos s par le march ou par les technocrat
24. eprise capitaliste bien dot e en capital qui pourra lancer le projet et qui les paiera mieux Ainsi le secteur des scop malgr ses bonnes performances est entrav dans son 4 Voir Actuel Marx n 14 1993 PUF dossier Nouveaux mod les de socialisme et un chapitre du livre de Tony Andr ani et Marc F ray Discours sur l galit parmi les hommes L Harmattan 1993 voir aussi un article d Andr ani dans la revue trotskyste Critique communiste n 124 125 nov d c 1992 et du m me auteur des pr cisions nouvelles dans la revue Utopie critique n 14 2 trimestre 1999 article Vers une issue socialiste la crise du capitalisme J ai fait une pr sentation r sum e et didactique de cette probl matique dans le mensuel strasbourgeois Les Alternatives n 131 septembre 1994 sous le titre Le cha non manquant mod les conomiques pour un changement de soci t d veloppement voire condamn plus ou moins v g ter et ses entreprises les plus dynamiques ont toujours la tentation de le quitter Si l on mettait en place un fonds public de financement des coop ratives le probl me serait supprim une entreprise n aurait pas besoin d avoir sa propre r serve de capital pour pouvoir largir ses investissements C est l un des aspects du projet pr sent dans ce texte Les r seaux de coop ratives comme il en existe par exemple Mondragon au Pays Basque espagnol et qui permettent aux co
25. es secteur qui d mocratis tous les niveaux des d bats d orientation jusqu la gestion quotidienne et locale pourrait tre le lieu d une appropriation sociale de l conomie et d autre part un secteur coop ratif lieu de la propri t sociale directe Une partie du secteur coop ratif peut seconder les services publics sous le label du tiers secteur dont nous allons parler l instant Intersection et synergie entre tiers secteur et secteur socialis Comme on l a vu au point 13 certaines entreprises peuvent d cider de ne pas d gager de b n fices et de participer ce qu on appelle le tiers secteur d utilit sociale et environnementale Dans l optique d une transformation d mocratique et cologique de l conomie il me semble que tiers secteur et secteur de la propri t sociale sont compl mentaires a D finition Ce secteur nous suivons ici le projet d Alain Lipietz cit plus haut est compos d entreprises et d associations qui produisent des services que ni la libre entreprise en secteur marchand n1 la fonction publique ne sont capables d assurer D o le nom de tiers secteur Par exemple un restaurant dans un quartier pauvre ou un service de restauration domicile pour personnes g es cette activit n est pas assez b n ficiaire pour attirer une entreprise priv e et d un autre c t une partie de la client le est solvable la demande est mob
26. et solidaire diam tralement oppos e la loi de la jungle qui r gne dans le secteur capitaliste mais aussi des r mun rations qui sans tre aussi lev es que celles des quelques lus de la r ussite capitaliste seraient attractives Je pense par exemple la production et la diffusion musicale dans ce secteur troitement li la vie sociale des quartiers et des communaut s l innovation artistique et technologique est constante mais les cr ateurs souffrent d un manque chronique de capitaux la plupart des groupes de musique ne sont pas rentables financi rement mais ceux qui arrivent percer peuvent g n rer norm ment de b n fices or 1ls sont oblig s de passer par les entreprises capitalistes du spectacle et de la distribution qui leur pompent ces b n fices dans ce secteur 14 des syst mes de capital risque but solidaire permettraient d une part de cr er de nombreuses PME innovantes d autre part r injecter les b n fices dans le d veloppement local A terme le pari c est que le secteur socialis serve de r f rence pour imposer des r gles sociales progressistes dans l ensemble de l conomie mais aussi qu il grignote le secteur capitaliste Si le secteur socialis offre de bonnes perspectives aux travailleurs les salari s du priv pourront demander que leur entreprise passe en secteur socialis par rachat de son capital par le fonds public de financement Et quand les
27. ile de sorte que l on peut pr f rer recourir la libre initiative des citoyens certains b n voles d autres salari s plut t que de mettre en place un service public fonctionnant selon des proc dures administratives relativement uniformes Cela dit on peut aussi imaginer des services publics aux missions flexibles et adaptables Le tiers secteur se caract rise par une mixit modulable des ressources de l entreprise une partie provenant de la vente de ses services aux clients une autre de l aide des pouvoirs publics subventions ou dispenses d imp ts financement public d une part des salaires notamment sous forme de dispense de charges sociales Pour que ces aides soient justifi es m rit es l entreprise ou l association doit satisfaire certains crit res utilit sociale et environnementale non lucrativit ne pas distribuer de b n fices ses membres ou lucrativit limit e transparence de la gestion En donnant ces aides l Etat cr e une demande solvable pour des biens comme par exemple les services aux plus pauvres dont les consommateurs ne sont pas solvables individuellement ou pour des biens publics dont C 12 aucune valeur d change ne peut tre fix e par le m canisme du march exemples la reconstitution des liens sociaux l chelle locale l entretien de la nature la s curit des g n rations futures etc Sans ce financement sp cifique de telles activit s ne po
28. ise coop rative en tant la forme directe Cela suppose que sa gestion soit supervis e de fa on d mocratique et transparente par un conseil de contr le compos comme peuvent l tre les Conseils Economiques et Sociaux repr sentatif des forces sociales impliqu es dans le secteur et par les assembl es parlementaires 13 Les entreprises sont donc lib r es de la charge du profit capitaliste Dans le capitalisme la rentabilit pour les actionnaires est la condition sine qua non du maintien d une activit Dans le secteur de la propri t sociale ce n est pas le cas pourvu qu une entreprise rapporte assez d argent pour payer ses salaires et rembourser ses pr ts avec les int r ts et payer ses imp ts elle est viable L entreprise doit obligatoirement r aliser cet quilibre financier pour inspirer confiance aux experts du fonds public de financement C est ce qui discipline la gestion En plus l entreprise va essayer de faire des b n fices c est incitatif pour ses travailleurs mais ce n est pas obligatoire Premier avantage cela permet le maintien d entreprises qui bien que non rentables d un point de vue capitaliste r pondent un besoin social ou environnemental et en donnent la preuve par leur quilibre financier expression d une demande solvable par les consommateurs Ou par les aides des Une autre solution est que ce fonds soit aliment par l imp t mais c est sans doute moins motiv
29. le d aiguillon financier la performance des entreprises c est l int r t qu ont les travailleurs augmenter leurs b n fices hors salaire ou diminuer leur temps de travail Il en va de m me pour les employ s des banques s il y a des banques Cette disposition conduit des in galit s certes mais sa fonction est d viter l un des facteurs de stagnation qui existe dans le fonction publique et qui s est amplifi dans le syst me sovi tique qu on travaille bien ou mal on est pay pareil D autre part une quit de base est assur e par les garanties salariales en vigueur dans le secteur les salari s d une entreprise peuvent devenir riches mais ne peuvent pas devenir pauvres Enfin la richesse ne donne pas de pouvoir sur le travail d autrui personne ne peut acheter de part dans une entreprise l entreprise reste propri t de ses travailleurs selon le principe une personne une voix Les agences du fonds public de financement ou mieux les banques font une expertise de la gestion des entreprises auxquelles elles accordent des pr ts En effet ces pr ts doivent en fin de compte rapporter des int r ts Ainsi comme dans le capitalisme le bailleur de fonds remplit une fonction de contr le ext rieur sur l entreprise Pour le faire dans un esprit alternatif et solidaire 1l existe les m thodes du micro cr dit plusieurs porteurs de projet sont co responsables et il y a un suivi
30. ment du capitalisme Les nouveaux mod les de socialisme en discussion dans le marxisme anglo saxon Ce sont des mod les macro conomiques abstraits qui essaient d imaginer des syst mes socialistes avec march en partant du bilan des facteurs d enrayement mis en vidence par l chec des exp riences de socialisme tatique et des tentatives de socialisme de march en ex Yougoslavie par exemple mais aussi en essayant d utiliser les m canismes de march et les techniques financi res qui ont fait la preuve de leur efficacit dans le capitalisme tout en imaginant des r gles du jeu pour contrecarrer la tendance la reproduction des rapports de domination capitaliste Les diff rents mod les articulent de diverses fa ons l conomie administr e d mocratiquement le s march s l autogestion Les exp riences d entreprises autog r es Le bilan qu on peut en tirer c est que la gestion par les travailleurs eux m mes est viable Cela dit tout ne peut pas tre autog r en permanence il faut des r gles de d l gation de pouvoir il faut former des quipes gestionnaires notamment pour une grande entreprise Certes la gestion directe est d cisive pour que les travailleurs s approprient l organisation de leur travail concr tement et au quotidien Sans d mocratie concr te dans le travail la citoyennet est mutil e nous y reviendrons tout la fin de cet article Mais l id e de
31. nce ind pendamment du travail l extension de la d mocratie le niveau croissant d instruction la quasi gratuit des soins m dicaux etc Cela permet d imaginer une soci t o tout le n cessaire serait organis de fa on d mocratique collective largement d centralis e et o le non n cessaire serait le domaine toujours croissant de la fantaisie individuelle et de la libre association Il est vrai que je n ai presque rien dit de tout cela N anmoins il me semble clair que dans une conomie coop rative on pourrait plus facilement d velopper ces potentialit s communistes qui sont aujourd hui touff es ou d voy es par le capitalisme on pourrait exp rimenter dans quelle mesure elles sont r alisables Il est vrai que les r gles du jeu de notre secteur de la propri t sociale accordent un r le non n gligeable l enrichissement personnel la concurrence la contrainte de travail sous la menace de la perte de l emploi Certes mais elles encouragent aussi la coop ration et la cr ation d sint ress e Le fonctionnement d une conomie coop rative tel que je le d cris n est pas une fin en soi Il vise simplement r aliser des formes d appropriation sociale de la production leur permettre de s tendre dans l environnement conomique capitaliste existant et en tenant compte des penchants go stes existants enfin viter leur d voiement vers de nouvelles formes de domination Dans
32. nnet dans la civilisation contemporaine C est un d bat politique que nous ne trancherons pas ici Dans une optique d mocratique la mission de l Etat est de produire ces biens dans la mesure o la plupart d entre eux ne pourraient pas tre produits par le priv sans que cela g n re de graves injustices Toutefois certains de ces biens peuvent tr s bien tre produits par des entreprises priv es mais l Etat doit en contr ler la qualit la distribution et le prix Ce raisonnement plus une enqu te sur ce que les entreprises priv es co tent souvent la collectivit suffit l gitimer le renforcement des services publics non marchands ainsi que la mise en place d entreprises publiques propri t de l Etat ou des collectivit s locales l o c est la seule fa on d orienter la production vers le bien public Par exemple 1l n est ni n cessaire n1 souhaitable que tous les transports ou toutes les cha nes de t l vision soient publics mais il serait tr s n faste d un point de vue d mocratique qu ils soient tous priv s L existence de la libre entreprise est suffisamment l gitim e par les dangers bien connus de l conomie administr e le risque d une dictature de l appareil d Etat sur la soci t et la tendance la scl rose bureaucratique Cette l gitimation de la libre entreprise on l aura compris n est pas une justification du capitalisme 11 Toutes ces consid rations con
33. nt pas p nalisants Le r seau inter entreprises pourrait mettre en place un fonds d assurance salaires il en existe au Japon Cela dit cet esprit d quit ne doit pas emp cher qu il y ait certains hauts salaires de fa on attirer et retenir dans le secteur les professionnels ayant une qualification lev e ou rare 8 Les entreprises ont acc s comme les entreprises capitalistes des cr dits bancaires pour financer leurs projets Les entreprises sont tenues d tre rentables c est dire de rembourser les capitaux emprunt s et leurs int r ts sous peine d tre mises en faillite terme La rentabilit comptable est donc le crit re d une bonne gestion et l investissement est aussi mobile que dans le secteur capitaliste le capital s orientant vers les projets jug s rentables On utilise dans ce secteur le capital comme un outil de gestion la fois souple et rigoureux Mais ce secteur est fondamentalement diff rent du secteur capitaliste comme on va le voir maintenant 9 Pour le syst me de financement plusieurs variantes sont envisageables avec deux composantes d une part un fonds public de financement d autre part des banques elles 7 Propri t coop rative march r seau de coop ration ce secteur ressemble beaucoup au mod le de socialisme imagin par Proudhon au XIX me si cle dont No l Mam re dit beaucoup de bien dans son livre Ma r publique d du Seuil 1999 p 138 141 8
34. op ratives de tenir t te la concurrence capitaliste Description du projet liste des pi ces et pr sentation de la m canique 1 Chaque entreprise est propri t de l association de ses travailleurs et est autog r e Ce mode d entreprise constitue la propri t sociale sous sa forme la plus directe Ces entreprises empruntent des capitaux mais un d tenteur de capital ne peut ni acheter de parts dans l entreprise ni si ger sa direction il n y a pas d actionnaires La formule qui r sume l esprit de ce secteur c est que ce n est plus le capital qui loue le travail mais l inverse les travailleurs associ s en entreprises qui louent du capital 2 Les travailleurs d une entreprise en sont la fois salari s et propri taires Ils ont deux sources de revenu leur salaire et leur part des b n fices faits par l entreprise apr s remboursement des capitaux emprunt s Le salaire est r glement les b n fices sont variables 3 Au plan financier la finalit de ces entreprises n est pas de r mun rer des actionnaires capitalistes mais d augmenter les b n fices partager entre les salari s propri taires C est cela qui remplace le profit capitaliste dans son r le d aiguillon financier la performance des entreprises Et il y a aussi les motivations sociales et environnementales comme dans l conomie alternative et solidaire Nous y reviendrons 4 Les entreprises ach tent et ven
35. pement des entreprises coop ratives ainsi qu pr venir les d rives capitalistes d une conomie coop rative emp cher la mainmise des d tenteurs de capital sur les entreprises emp cher la concentration de pouvoir entre les mains des entreprises les plus prosp res Je soumets ce projet la discussion S il s av re qu il n est pas viable qu on me le dise Pour concr tiser le projet et voir s il est r alisable il faudrait encore rassembler des informations et des avis sur la situation et les probl mes que rencontrent aujourd hui les scop les banques coop ratives et l conomie alternative et solidaire Remarques pr liminaires En th orie les diff rentes composantes de ce secteur doivent exister ensemble Nous le pr senterons comme un tout compl tement articul Cela dit on peut commencer construire ce secteur en pi ces d tach es Nous laisserons ouverte la discussion sur la fa on de se procurer les pi ces d tach es dont bon nombre existent d j petite ou grande chelle comme nous le signalerons au passage Voir le texte Propositions pour la constitution d un tiers secteur socialis 7 pages en annexe du texte d Andr ani Propositions offensives concernant le secteur public le tout disponible sur http hussonet free fr gesd htm site du GESD Groupe d Etudes un Socialisme pour Demain Un ouvrage plus toff d Andr ani est para tre en septembre
36. reprises avec un secteur capitaliste L int r t de cette pluralit c est que les vertus d un secteur peuvent contrecarrer les d fauts d un autre le projet socialiste ne doit pas mettre tous ses ufs dans le m me panier Le grand danger de l conomie administr e c est bien entendu la scl rose bureaucratique Certes le d bat d mocratique est l pour emp cher cette d rive Mais l ardeur d mocratique des citoyens conna t in vitablement des temps morts Et la d mocratie est toujours manipulable par les groupes ayant un certain pouvoir Notamment le d bat d mocratique lui m me peut tre parasit par le conservatisme des situations acquises Si par exemple des travailleurs et des managers s accrochent leur emploi dans une entreprise devenue techniquement obsol te 1ls peuvent utiliser leur bulletin de vote pour imposer le maintien de cette entreprise alors qu il vaudrait mieux la reconvertir du point de vue de la vitalit de l conomie et du point de vue de l int r t collectif terme Un tel blocage qui tait manifeste dans les derni res d cennies du communisme en Europe de l Est peut s installer m me partir d institutions d mocratiques Il suffit que des politiciens en comp tition cherchent se constituer une client le en jouant sur le corporatisme ou le communautarisme Par l le d bat d mocratique devient une comp tition client laire pour le contr le de pos
37. rmaliser un secteur sp cifique ayant ses march s et ses r glements propres finalit s de l entreprise aides de l Etat c est le tiers secteur d utilit sociale et environnementale pr sent notamment dans le rapport d Alain Lipietz intitul Pour le tiers secteur Ce secteur est compos d entreprises et d associations qui produisent des services que ni la libre entreprise sur le march ni la fonction publique ne sont capables d assurer D o son nom de tiers secteur Je pr cise d embl e que le secteur de la propri t sociale que je vais pr senter ici n est Voir l hebdomadaire Politis 5 janvier 2001 p 10 un article sur les projets du gouvernement belge intitul Socialiser toute l conomie 3 d La D couverte La Documentation Fran aise 2001 Il s agit d un rapport Martine Aubry puis Elisabeth Guigou ministres de l Emploi et de la Solidarit L ensemble des documents du rapport est accessible sur le site http lipietz net pas un tel tiers secteur mais qu en m me temps il n enl ve rien la n cessit d un tel tiers secteur 1l est souhaitable qu un certain nombre d entreprises du secteur de la propri t sociale fassent aussi partie du tiers secteur et satisfassent ses crit res Nous verrons plus loin comment ces deux secteurs peuvent se recouvrir en partie s alimenter l un l autre et prendre place dans une strat gie de d passe
38. rmations pour exiger dans leur secteur d tre mieux trait s et d avoir leur mot dire sur la gestion 6 Pour viter que le corporatisme ne bloque les volutions technologiques comme ce fut le cas dans le syst me sovi tique il importe que ce secteur ne garantisse pas les travailleurs contre la suppression ventuelle de leur emploi Cela dit comme les managers des entreprises et leurs repr sentants dans le r seau d information seront lus et contr l s par les travailleurs on peut supposer qu ils prendront des d cisions favorables l emploi Si par exemple les travailleurs d une entreprise ont le choix entre maintenir leurs b n fices en supprimant des emplois ou diminuer leurs b n fices en diminuant le temps de travail pour maintenir tous les emplois il n est pas probable qu ils opteront pour la premi re solution comme auraient tendance faire des actionnaires capitalistes en pareil cas Plus g n ralement si un tel secteur a une ampleur suffisante 1l est vraisemblable qu il pourra tenir l objectif de ne mettre personne au ch mage 7 On peut imaginer un code des salaires valable dans l ensemble du secteur qui fixe un minimum excluant les bas salaires pratiqu s dans le secteur capitaliste qui interdise galement les salaires faramineux offerts aux dirigeants des entreprises capitalistes et qui assure une prise en compte de l anciennet pour que les reclassements internes au secteur ne soie
39. rnatif comme nous le verrons au point suivant Dans ce secteur pas besoin de poss der des capitaux pour lancer une entreprise C est la libre entreprise pour tous pas seulement pour les riches Il suffit d avoir un projet suffisamment convaincant aux yeux des experts du fonds de financement pour obtenir les pr ts permettant de lancer l activit Le fonds de financement ne demande pas de garantie financi re l entreprise il ne lui demande qu une garantie de viabilit fond e sur la qualification de ses travailleurs et une estimation des gains que l on peut esp rer sur le march C est le fonds lui m me qui s assure contre les pertes ventuelles par la largeur de l assise financi re qui est la sienne en tant que collecteur de l pargne En outre l absence de fonds propres vite que les entreprises socialis es les plus b n ficiaires en viennent de par leur seule puissance financi re dicter leurs prix et leurs projets aux entreprises moins rentables ce qui restaurerait une subordination de type capitaliste entre entreprises socialis es riches et pauvres comme cela s est pass en ex Yougoslavie L absence de fonds propres est un m canisme pour emp cher une d rive capitaliste du secteur c est un l ment d une future r gulation macro conomique socialiste Certes il restera toutes sortes d in galit s entre entreprises la plupart n fastes contre lesquelles une politique conomique d mo
40. s soient repr sent s dans le r seau d information inter entreprises Le lancement du secteur doit tre d cid par l Etat ou peut tre par un pouvoir r gional Certes on peut faire l exp rience petite chelle Par exemple une banque alternative pourrait proposer quelques entreprises le syst me de financement que nous venons de d crire Certaines banques coop ratives sont d j engag es dans le financement de l conomie alternative et solidaire Ou encore un r seau de coop ratives peut se constituer l chelle locale comme cela existe Mondragon Mais pour qu un tel secteur ait les moyens de ses ambitions et puisse tre attractif il faut qu il atteigne une certaine masse critique Sa construction pourrait par exemple faire partie d un contrat de gouvernement entre un parti alternatif et un parti de centre gauche Puisqu il ne s agit initialement que d une exp rience sectorielle on n est pas oblig d attendre que la majorit de l lectorat soit convaincu il suffit que l id e soit port e par une forte minorit incontournable dans une alliance de gouvernement Le secteur doit tre appuy par des collectivit s locales au titre de sa participation au d veloppement local ainsi que par des mouvements sociaux mouvements de consommateurs syndicats mouvements 1 Autre possibilit applicable sp cifiquement au tiers secteur j ai lu qu en Italie une coop rative a le droit de
41. social et mieux encore du fonds commun de placement risque Le fonds commun de placement risque est une forme souple de socialisation des b n fices et des pertes par le march des pr ts sans intervention directe de l Etat g n raliser pour le financement des activit s fragiles ou en rapide mutation technologique On pr te en parall le par exemple une vingtaine d entreprises en pr voyant que les b n fices que d gageront les trois ou quatre qui marcheront tr s bien serviront ponger les pertes de celles qui seront en difficult ou en faillite Le fonds de financement s engage couvrir une part importante des pertes de l entreprise en cas d chec et r ciproquement l entreprise emprunteuse s engage laisser une part importante de ses b n fices au fonds de financement en cas de r ussite Le droit l erreur n est plus le privil ge des riches ou des laboratoires de la recherche publique Cela suppose comme on le verra au paragraphe suivant que les entreprises b n ficiaires ne capitalisent pas elles m mes les b n fices qui leur resteront apr s en avoir distribu une part leurs travailleurs mais que ces b n fices soient r cup r s par le fonds public pour alimenter les autres entreprises du secteur L int r t qu a une entreprise performante s int grer dans un syst me de capital risque c est de gagner la confiance de son banquier qui lui ouvrira l acc s des cr
42. tes bureaucratiques L existence d un secteur en libre concurrence est donc n cessaire pour emp cher une paralysie de l conomie par une ventuelle bureaucratisation du secteur public Et l initiative conomique dont peut faire preuve le secteur coop ratif marchand agira comme un aiguillon ext rieur contre la tendance la routine bureaucratique dans le secteur public De l autre c t la d rive naturelle de la libre concurrence c est l accroissement des in galit s l accumulation de richesses entre les mains d une minorit concr tement la transformation des banquiers et des managers les plus performants en une classe de quasi 15 capitalistes qui manipulent et exploitent les autres travailleurs Or l existence de services publics anim s d un esprit galitaire permet de d noncer et de contrecarrer les in galit s toujours renaissantes sur le march Et nous avons vu galement les contre feux cette d rive dans le fonctionnement m me du secteur de la propri t sociale d mocratie dans l entreprise transparence de l information absence de repr sentants directs du capital la direction des entreprises interdiction de l accumulation de capital financier par les entreprises Le but de cet article est de proposer des r gles du jeu d inspiration socialiste qui puissent cr er des cercles vertueux la fois anticapitalistes et antibureaucratiques dans l ensemble de l
43. ur le mode d emploi de telles alliances et les r gles respecter Le secteur doit tre appuy par une volont politique Certes le projet est guid par le souci d une certaine automaticit conomique du secteur socialis il doit se d velopper de lui m me par le libre jeu de la course au b n fice sur le march C est la condition pour qu il ne soit pas lamin ou absorb par le capitalisme Il ne doit pas tre tenu bout de bras par les institutions politiques N anmoins il s agit d une conomie citoyenne qui peut mobiliser politiquement une partie de la soci t et qui doit le faire dans sa comp tition avec le capitalisme Il est souhaitable que chaque entreprise se dote d une association des amis de l entreprise qui mobilise les nergies des b n voles au b n fice de son projet social et environnemental comme cela se fait dans l conomie alternative et solidaire C est un plus pour la gestion de l entreprise non n gligeable dans sa comp tition avec les entreprises capitalistes C est aussi une fa on d affirmer le caract re citoyen de l entreprise son lien avec la d mocratie locale et de peser dans le rapport de force politique g n ral en faveur du secteur On peut envisager galement que les riverains et les consommateurs soient associ s d une fa on ou d une autre la direction de l entreprise Mais il me semble moins lourd et plus rationnel qu il
44. urquoi avant d envisager comment un secteur de la propri t sociale pourrait participer une alternative macro conomique au capitalisme nous devons voquer ce que pourrait tre une r forme radicale du secteur public J voquerai ici cette question de fa on sommaire et sans entrer dans la discussion en m inspirant de deux textes dont je n gligerai les diff rences l article d j cit de Tony Andr ani Propositions offensives concernant le secteur public 1999 consultable sur http hussonet free fr et le livre d Yves Salesse R formes et r volution propositions pour une gauche de gauche d Agone 2001 Un gouvernement qui voudrait mettre en uvre des r formes radicales pourrait d abord se pr valoir de ce qui fonde la l gitimit des services publics la n cessit de mettre la disposition de tous gratuitement ou un prix accessible un ensemble de services et de biens qui sont n cessaires l exercice de la citoyennet et au bien tre du citoyen s curit justice sant logement ducation qualit de l environnement t l phone information transports On peut ajouter cette liste un certain nombre de biens sur lesquels la collectivit estime politiquement devoir exercer un certain contr le l eau l nergie l alimentation La liste de ces biens peut tre tendue tout ce qui n est pas superflu l inverse on peut la limiter ce qui est n cessaire la citoye
45. urraient pas tre pr sentes dans l environnement marchand L intersection Quels rapports avec notre projet d un secteur de la propri t sociale Il y a une intersection entre les deux secteurs Les entreprises du tiers secteur ne peuvent pas toutes faire partie du secteur de la propri t sociale toutes ne sont pas propri t de leurs travailleurs loin de l Certaines dans le cadre des dispositifs de mise au travail des ch meurs mis en place par l Etat offrent principalement des emplois bas salaires par exemple les Contrats Emploi Solidarit un mi temps pay un demi SMIC ou des contrats dur e d termin e De tels emplois vu l tat du march du travail peuvent jouer un r le utile d insertion Mais ce type d entreprise et d emploi ne peuvent pas servir de point d appui pour une alternative au capitalisme D un autre c t une partie des entreprises du secteur de la propri t sociale peuvent faire partie du tiers secteur il suffit pour cela que leur gestion soit transparente et finalit sociale ce qui est r alis par l autogestion et l affiliation au r seau d information inter entreprises qu elles n gocient avec les pouvoirs publics un cahier des charges concernant les services qu elles assurent la collectivit enfin qu elle ne soient pas lucratives ce qui on l a vu est un choix possible Cela dit la plupart des entreprises en propri t sociale ne fer
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