Nouveau regard sur le terrain en communication : Les banques d
Contents
1. 05_LeMarec fm Page 49 Vendredi 29 ao t 2008 6 52 18 Nouveau regard sur le terrain en communication Les banques d images des organismes scientifiques Cet article d veloppe un aspect particulier d une recherche sur les pratiques li es l image au sein des phototh ques et banques d images des organismes scientifiques Dans une pr c dente publication Igor Babou et moi m me en avons d taill les principaux r sultats et en particulier d crit le ph nom ne d autonomisation des normes pratiques et r seaux du secteur de la communication professionnalis e dans les institutions scientifiques Ce que je souhaite d ve lopper ici c est plus particuli rement comment une concep tion du terrain d fini comme un ensemble de situations de communication a permis d entrer dans des rapports l image scientifique partir des formes sous lesquelles elle se pr sente et des r les qu elle joue dans des communications sociales L enqu te est prise comme une forme de commu nication sociale culturellement reconnue comme telle ainsi que les s minaires dans lesquels nous avons pu retrouver nos informateurs et en d couvrir d autres Dans l enqu te s prouve l existence d espaces sociaux de champs donc mais aussi des dynamiques de d placements non seulement ceux que nous les enqu teurs issus des sciences sociales observons chez eux les professionnels dans les orga nismes d2. Septembre 2008 e ae 05_LeMarec fm Page 54 Vendredi 29 ao t 2008 6 52 18 54 cet tat ce qui le rend pratiquement impensable part les th ories fonctionnalistes dans la mesure o celles ci supposent des dynamiques sociales fond es sur le besoin la satisfaction le calcul int r t l organisation rationnelle Or le don est un non sens par rapport une th orie des acteurs et des syst mes rationnels Les h ritiers de Mauss notamment Alain Caill d signent le don comme d borde ment incessant des rapports sociaux pens s sur un mode rationnel Il pose des principes de libert et de spontan it comme tant constitutifs des dynamiques sociales De ce point de vue ce que le don a voir avec la prim it c est qu il fait exister pour chacun un monde de potentialit s une ind termination Dans la m me op ration il relie il cr e un lien social Comme le note Peirce Prenez par exemple la relation de donner A donne B C Ceci ne consiste pas en ce que A jette B et que B frappe accidentellement C Le mouvement de la chose donn e n est pas n cessaire Donner est un transfert du droit de propri t Or le droit est une affaire de loi et la loi est une affaire de pens e et de signification En tant que processus intentionnel le don est une pratique qui fait signe Ces conceptions permettent d articuler une conception anthropologique maussienne une conception s miotique p
3. nous nous sommes aper us que ce faisant ils taient en plein travail en dialoguant avec nous de m me que nous tions en plein travail en dialoguant avec eux De plus lors de ces changes ils nous ont donn des objets dont l ensemble constitue un corpus de productions mat rielles concernant l image scientifique En second lieu cette contrainte permet de s affranchir des fronti res admi nistratives ou physiques des espaces sociaux une unit un d partement un service un tablissement car elle permet d prouver directement l existence d autres fronti res structur es par les rapports de communication C est dans la dur e que l on peut suivre le d couplage progressif entre le terrain initialement constitu comme d coupe op r e fond e sur des divisions pr existantes sur lesquelles il y a un consensus relatif par exemple dans notre cas l enqu te se d roule sur les lieux d exercice de pratiques professionnelles par les enqu t s et les espaces socio discursifs h t rog nes et r partis sur plusieurs lieux qui s av rent r ellement op rants du point de vue des pratiques professionnelles L effort entrepris pour rechercher quel pouvait tre lespace d un terrain commun du point de vue des personnes interrog es a permis de voir se dessiner peu peu les fronti res d un espace insoup onn au d part celui que structurent les communications entre professionnels de la communication souvent ch
4. professionnels de la communication Il n en a rien t M me si les acteurs de la communication organisent leur propre action comme celle d une mise en rela tion entre diff rents espaces ils op rent de fait une cl ture de leur propre espace une fois que celui ci s est autonomis en se professionnalisant Par contre ce qui appara t est dans la phototh que comme dans le laboratoire c est une produc tion permanente d objets et documents qui peuvent mobiliser des normes proc dures et acteurs ext rieurs 4 L ENQU TE ET LE S MINAIRE LA COMMUNICATION ET LA RECHERCHE PROPOS DES IMAGES SCIENTIFIQUES Au ph nom ne d autonomisation d un espace de la communication professionna lis e objectiv par l enqu te fait cho la dissociation des communications qui constituent le terrain en deux ensembles de situations les entretiens et visites dans les lieux d exercice de nos enqu t s et les interactions dans les s minaires o nous les retrouvons parfois communication amp langages n 157 Septembre 2008 e ae 05_LeMarec fm Page 61 Vendredi 29 ao t 2008 6 52 18 Les banques d images des organismes scientifiques 61 Au cours d une premi re partie de l enqu te c est nous qui invitons deux reprises une des personnes que nous avons interview e Maud Livrozet d abord un s minaire sur l audiovisuel scientifique ensuite une journ e d tude li e au pro
5. un savoir acad mique partir de savoirs sociaux complexes tentative dans laquelle cette construction est d l gu e presque enti rement aux acteurs qui informent eux m mes leurs pratiques et leurs discours Sans rentrer dans le d tail de la critique qu on peut faire ce courant qui a souvent abouti produire un discours sur la pratique de recherche plus qu la modifier v ritable ment nous avons choisi un autre parti pris Pour arracher ces composites au flux des ph nom nes reli s les uns aux autres par des points de vue pratiques locaux on met en uvre des cat gories logiques qui permettent de traiter des l ments ind pendamment de leur nature de l chelle laquelle ils se d ploient Nous les avons donc structur s au moyen des trois registres n cessaires tout processus de 2 Jo lle Le Marec et Igor Babou De l tude des usages une th orie des composites objets rela tions et normes en biblioth que in Emmanuel Souchier Yves Jeanneret et Jo lle Le Marec sous la dir de Lire crire r crire objets signes et pratiques des m dias informatis s p 233 299 3 Jo lle Le Marec Situations de communication dans la pratique de recherche du terrain aux composites tudes de communication n 25 p 15 40 2002 communication amp langages n 157 Septembre 2008 e ae 05_LeMarec fm Page 51 Vendredi 29 ao t 2008 6 52 18 Les banques d images de
6. cisions concernant l enqu te nous avons interrog des personnes l INSERM responsable phototh que et responsable service de communication au CNRS responsable phototh que et chef du service PIRD responsable phototh que l Institut Pasteur responsable phototh que Des entretiens ont galement t men s au sein des banques d images du CEA de PIFP M t o France de l Institut Biom rieux Nous avions imagin dans un premier temps de solliciter des objets et docu ments mentionn s dans les entretiens d crivant des t ches professionnelles que nous souhaitions prendre comme unit de collecte composite Mais les choses se sont pass es autrement chaque personne interrog e nous a donn spontan ment des objets et documents sans que nous ayons les solliciter De ce fait nous avons abouti la collecte d un corpus d objets et documents propos d images corpus issu du don spontan de tous les enqu t s Les conditions de constitution de ce corpus sont constitutives de la probl matique et rel vent de l int gration du rapport au terrain comme ensemble de situations de communication dans cette probl matique Elles s int grent l analyse des processus de production transformation circulation des images propos de sciences Le don qui survient est peut tre la forme la plus int ressante de rep rage du registre de la prim it dans le processus de signification qui se joue dans la situa
7. de l enqu te Par exemple le fait que ces dons aient t syst matiques doit tre interpr t On peut le mettre en relation avec un commentaire lui aussi presque syst matique et qui rend explicite l importance du don dans le cas o celui ci est attendu et qu il n intervient pas les responsables des phototh ques et des services de communication d plorent la 7 Parmi ses nombreux ouvrages sur le sujet voir notamment Anthropologie du don La D couverte Paris 2007 8 Chandler Peirce crits sur le signe p 100 Seuil Paris 1978 9 Voir leur contribution ce m me num ro communication amp langages n 157 Septembre 2008 e IN 05_LeMarec fm Page 55 Vendredi 29 ao t 2008 6 52 18 Les banques d images des organismes scientifiques 55 Une partie du corpus des documents qui ont t donn s dans le cadre de l enqu te faible remont e d images provenant des chercheurs eux m mes Mais ces professionnels au moment de l enqu te donnent volontiers et spontan ment des images et des productions m diatiques aux chercheurs en sciences humaines et sociales que nous sommes Il y a donc tension entre une relative cl ture relat e par nos informateurs s parant les chercheurs et les services de communication et une ouverture prouv e directement dans la situation d entretien de ces services de communication aux chercheurs que nous sommes et qui participent de ce fait dans
8. de la communication Enfin ces constats bas s sur le discours des acteurs d crivant leurs relations sont renforc s par la description qu ils font de leurs pratiques Sur le site web de la phototh que d Alpha Recherche certains liens vers les laboratoires aboutissent sur des communiqu s de presse qui ensuite seulement renvoient vers les pages des laboratoires Ces pages sont souvent mises en forme par des charg s de communication aid s de webmestres Cette articulation coh rente et syst matique entre acteurs et discours de la communication est particuli rement nette dans les grands organismes qui ont des moyens plus importants Quoique moins vidente cette tendance appara t gale ment dans les petites structures Ceci peut se d crire comme une autonomisation de la sph re de la communication professionnelle qui cr e peu peu son propre espace la fois social et discursif en empi tant sur l espace du laboratoire et sur espace des phototh ques Peu peu m me si se maintient dans le discours une quivalence du type laboratoire sph re de la recherche il n est plus perti nent de d crire un int rieur de la science qui co nciderait avec les limites de Pinstitution scientifique la communication ses acteurs ses pratiques et ses discours colonisent peu peu tous les espaces disponibles Raph Alex peut vous donner un aspect g n ral car c est elle qui a vision sur les contacts en tant que respons
9. tion d enqu te Ce qui rel ve de la prim it est en effet une potentialit qui n a pas encore trouv sa repr sentation elle est saisie ici dans l action elle m me en tant que pratique mettant en relation deux identit s celle du sociologue et celle du professionnel Le don c est dire le d placement intentionnel d un objet d un donateur un destinataire peut donc constituer le marqueur au plan empi rique et th orique de l identit et des formes d engagement des acteurs sociaux Par ailleurs tout don d borde la situation dans laquelle il prend place il n est pas seulement une symbolisation d un tat mais aussi et surtout un d passement de 6 C est ce retour sur les situations d enqu te constitu es en corpus de situations de communication qui m a permis au moment de ma th se d op rer un d placement par rapport ce que j avais initia lement consid r comme les donn es Mais il s tait coul en moyenne trois quatre ans entre les premi res enqu tes et leur reprise dans le cadre de la th se Dans le cas pr sent la requalification de certaines situations de communication v cues dans l enqu te est un processus continu qui a d marr l issue des phases d entretien et qui a t particuli rement activ lors d un s minaire qui un an apr s la cl ture du programme nous a permis de reconstituer en objets des situations pr c dentes communication amp langages n 157
10. 6 enqu t s sont les cr ateurs de ces services fond s sur des productions inaugurales aujourd hui fragilis s voire menac s par la r duction des effectifs et la red fini tion de leurs fonctions Le processus se perp tue dans son principe et s inverse dans ses formes le jeune responsable d un service de communication a enti re ment r organis les unit s de ce service et red fini leurs missions il nous donne les nouvelles plaquettes promotionnelles de l organisme pour la r alisation duquel il s est adress des photographes et des graphistes externes des vrais professionnels L encore il s agit d un document qu il souhaite fondateur dans la rupture mais qui t moigne de l inversion effective de tendance par rapport aux phototh ques inaugurales Un autre don est un Cd rom prototype de r alisations futures qui pourraient tre pour le donateur l occasion de fonder une nouvelle orientation approche culturelle de l image scientifique Quelques mois plus tard ce Cd rom est d ailleurs nouveau pr sent par la m me personne lors d une journ e d tude o l auteur interpelle les chercheurs pr sents la recherche en sciences humaines 2 et sociales a t elle des l ments pour l clairer sur les r actions qwa suscit es ce prototype Le responsable d un service de communication dont d pend la phototh que nous donne d embl e un organigramme gr ce auquel il se pr sente avan
11. able de la phototh que Par exemple au niveau des utilisateurs des reportages des collaborations avec les agences photos etc Elle voit vraiment comment se situe la phototh que par rapport toutes ces actions de communication amp langages n 157 Septembre 2008 e ae 05_LeMarec fm Page 60 Vendredi 29 ao t 2008 6 52 18 60 communication Comme je vous le disais elle est au niveau diteur et images elle ma trise donc l aspect s lection des images qui vont entrer dans la base et aussi le c t diffusion des images C est elle en g n ral qui assure tous les contacts ext rieurs C t exposition il y a Chapy qui s occupe aussi des festivals elle s occupe des images anim es parce qu elle pr sente des films dans des festivals autour d un chercheur elle cr e des kits un film un chercheur dans le cadre de festivals ou de journ es de communication autour de la science qui sont organis es par les collec tivit s locales Elle s occupe en ce moment d un festival Noirmoutiers sur des th mes comme la p che l an dernier le littoral cette ann e Elle s lectionne les films qui vont tre projet s au festival c est toute la partie valorisation des images d Alpha Recherche que ce soit fixe ou anim Elle r cup re toutes les demandes des gens des collectivit s ou m me des coles Nous pouvons confronter ces r sultats avec ceux obtenus par Philippe Hert qui
12. an ment en tant que chercheurs en sciences sociales travaillant sur les images scientifiques nous apparaissons comme des interlocuteurs et destinataires pertinents d une production qui montre comment l institution s organise pour communiquer sur elle m me vers des personnes et des instances int ress es Un an apr s la fin de l enqu te nous revivons l occasion d une journ e d tude sur l image scientifique une situation que nous rapprochons de celles que nous avons v cues alors et qui nous permettent de r activer la r flexion sur le p rim tre d un terrain ouvert et sur la temporalit d une enqu te qui ne peut d achever sur d cision unilat rale en quelque sorte l issue de la seconde des deux journ es au cours desquelles les interventions de s mioticiens historiens philosophes chercheurs en communication se sont succ d es interviennent une ing nieure et une physicienne sp cialistes de la microscopie lectronique en transmission Elles font une pr sentation passionnante de l ensemble des dimensions qui interviennent dans la production et l interpr tation des images de microscopie lectronique elles exposent tr s en amont de l obtention des 10 Journ es d tudes pluridisciplinaires Les images scientifiques de leur production leur diffu sion 24 25 janvier 2008 IRIST Universit Louis Pasteur Strasbourg 1 11 Jeanne Ayache et Gabrielle Ehret communication amp langa
13. arg s de la gestion des images scientifiques dans les organismes de recherche Les fron ti res de cet espace ou r seau ne co ncident pas avec celles qui s parent le service de communication du laboratoire elles passent int rieur du laboratoire et parfois l int rieur de la phototh que Nous y reviendrons En troisi me lieu la contrainte d attacher strictement aux situations de communication pour d finir le terrain permet au fil de la recherche un second d couplage et une ouverture la relative unit de temps et de lieu qui caract rise toute phase d enqu te dans une recherche peut clater des liens apparaissent entre ce qui se passe en situation d enqu te et situations de s minaires o nous retrouvons des professionnels de l image scientifique documentalistes cin astes producteurs audiovisuels ing nieurs etc en plein travail de communication sur leurs pratiques dans des colloques et journ es d tude Dans la recherche sur les phototh ques des organismes de recherche l espace de l enqu te comme ensemble de situations d entretiens organis es pour les besoins de la recherche s av re tr s perm able l espace de situations de s minaires de recherche ou jour n es d tudes sur l image scientifique ou sur la communication Il n y a rien d tonnant souligner qu un rapport r flexif la situation enqu te intervient directement dans la reconstruction permanente de l o
14. bjet de recherche Mais il est plus difficile de pousser cette d marche dans sa logique 5 Cette caract risation devient actuellement une exigence administrative dans tout programme de recherche il est n cessaire d anticiper les missions lieux de la recherche et les calendriers temps de la recherche tr s l avance et de les respecter pour justifier du financement demand communication amp langages n 157 Septembre 2008 e ae 05_LeMarec fm Page 53 Vendredi 29 ao t 2008 6 52 18 Les banques d images des organismes scientifiques 53 dans le cas pr sent cela revient renoncer au moins partiellement et certains moments la distinction entre situations de communication des fins enqu te et situations de communications acad miques et professionnelles sur nos th mes de recherches On peut au choix tendre le p rim tre de ce qui cons titue les donn es d enqu tes et requalifier ainsi non seulement le fameux verbatim mais l ensemble des situations v cues pendant l enqu te ou bien r interpr ter les situations d enqu te elles m mes comme des situations qui peuvent tre requalifi es hors espace acad mique et cela non seulement pour les enqu t s il est courant d admettre que les enqu t s peuvent avoir des enjeux propres dans la situation d enqu te mais aussi pour nous m mes 2 LE DON ET LA PAROLE DANS LES PRATIQUES LI ES AUX IMAGES Avant tout quelques pr
15. de communication au d partement chimie L on est en relation directement avec les chercheurs et on met vraiment des articles chercheurs Avant on avait seulement des liens vers les laboratoires mais on a fait de plus en plus de liens vers le communiqu de presse correspondant C est une fois de plus dans ma politique personnelle de veiller ce que scientifiquement les choses soient bien d crites que l on ait suffisamment de science et pas seulement de la belle image et que de plus on puisse aller vers plus d information scientifique si on en a envie Ce qui est int ressant dans cette citation c est que le lien avec les charg s de communication ou avec des chercheurs ayant une activit de charg de communi cation est mis en avant pour promouvoir l importance du lien avec les chercheurs et des valeurs de la scientificit Tout se passe comme si ce qui tait premier chez l interlocuteur du laboratoire bien qu il soit charg de communication tait son rattachement la sph re professionnelle de la recherche Ensuite lorsque nous rencontrons ceux qui sont d sign s comme des clients privil gi s des phototh ques ceux ci ne se qualifient pas forc ment comme clients mais se d crivent eux m mes comme membres du r seau ou coll gues int ress s la communication scientifique La d signation d un monde ext rieur la science les clients le public renvoie plut t aux professionnels
16. e recherche mais aussi les d placements depuis eux vers nous dans l espace acad mique De ce point de vue une des retomb es de l ensemble du travail effectu est la proposition g n rale d un d centrement radical par rapport un type d enqu te sur le fonctionnement des sciences qui privil gie l exc s la posture qui a consist en ethnologie r gler le probl me de la construction de l objet par la distance le laboratoire comme lieu peupl de 1 R f rence article Anthropologie des connaissances C RT CUE CN LIKE e 49 JO LLE LE MAREC Cet article d veloppe la mani re dont une conception du terrain d fini comme un ensemble de situations de communication a permis d entrer dans des rapports l image scientifique partir des formes sous lesquelles elle se pr sente et des r les qu elle joue dans des communications sociales Dans les situations d enqu te prouve l existence d espaces sociaux de champs donc mais aussi des dyna miques de d placements non seule ment nous les enqu teurs issus des sciences sociales chez eux les professionnels dans les orga nismes de recherche mais aussi eux chez nous dans l espace de la recherche De ce point de vue une des retomb es du travail effectu est proposition radical par rapport un type d enqu te sur le fonctionnement des sciences qui privil gie des dispositifs clas siques de mi
17. eircienne Le corpus constitu avec les dons permet de rompre de mani re convaincante avec la repr sentation des recherches sur l image comme formations s miotiques dont la forme canonique serait le document plan repr sentation graphique ou tirage photographique est ici corrobor e la pertinence du cadrage th orique propos par Igor Babou dans ce m me num ro En effet les acteurs qui souhaitent nous donner des productions repr sentatives de leur travail sur l image et avec les images nous donnent tr s peu de ce type de documents Ils nous donnent des livres des plaquettes des c d roms des modes d emploi des interfaces des banques de donn es des organigrammes On peut donc ainsi s affranchir de la constitution d un corpus d images fond sur un st r otype de corpus d images effectivement socialement pertinent mais uniquement pour des usages tr s sp cifiques dont la forme diaporama tudi par Anne Cambon et Pascal Ducournau Cette collecte permet donc d viter le d tour qui consiste r injecter dans des objets la complexit et l h t rog n it constitutive des pratiques dont ils sont issus au moyen de pesants mod les d une g n tique des pratiques appliqu s a posteriori sur un corpus d images Par rapport l enqu te sur la biblioth que il y a donc r articulation des discours et des objets avec une meilleure int gration de cette articulation dans une probl matique communicationnelle
18. es documentalistes sont souvent en relation avec des charg s de communication des laboratoires ou des tablissements Raph Il y a des d partements scientifiques plus gros que d autres SHS est un tr s gros Sciences de la vie est un gros aussi On s aper oit qu certains moments 12 Catherine Allamel Raffin La production et les fonctions des images en physique des mat riaux et en astrophysique Directeurs de th se M B Ancori Universit Louis Pasteur Strasbourg et M B Jurdant Universit Paris VII EHESS 13 Jeanne Ayache Luc Beaunier Jacqueline Pottu Boumendil Gabrielle Ehret Dani le Laub Guide de pr paration des chantillons pour la Microscopie lectronique en transmission Presses Universitaires de Saint Etienne 2007 14 Nous avons pris le parti dans notre rapport de recherche d anonymiser les entretiens communication amp langages n 157 Septembre 2008 e ae 05_LeMarec fm Page 59 Vendredi 29 ao t 2008 6 52 18 Les banques d images des organismes scientifiques 59 on n a pas d arriv e d images dans ce domaine l on essaie alors de contacter des gens de voir ce qui s est pass On passe souvent par des charg s de com Mais en fait en Sciences humaines on a beaucoup d images d arch ologie sur des missions arch ologiques Je suis en charge d un des dossiers Chimie Beaut avec une coll gue ing nieur chimiste qui tait auparavant charg e
19. es professionnels des membres d un r seau largi qu ils ne cessent de construire Ce qui compte c est que nous sommes t moins et acteurs d une circulation d objets lors d changes destin s construire ces alliances et d velopper ces actions au nom d une valeur patrimoniale dans le cas du don d un ouvrage comm moratif au nom d une valeur d innovation dans le cas du don d un Cd rom exp rimental Le fait que nous ne recevions pas d images cano niques c est dire de simples tirages photographiques ne signifie pas bien s r que de tels tirages n existent pas et ne sont pas communiqu s ceux qui les communication amp langages n 157 Septembre 2008 e ae 05_LeMarec fm Page 57 Vendredi 29 ao t 2008 6 52 18 Les banques d images des organismes scientifiques 57 demandent Mais il montre bien que le travail effectu par la phototh que n ces site une intense production d objets m diatiques complexes Revenons alors l analyse des situations qui suscitent le don ou bien des commentaires propos des dons dans nos enqu tes Nous avons dit que les professionnels de la phototh que d ploraient le fait que les chercheurs ne faisaient pas suffisamment remonter leurs images la phototh que Pourtant il existe une situation mentionn e deux fois o le don d images de la part de chercheurs pose probl me Il s agit du cas des chercheurs proches de la retraite ou
20. et l aval par des clients mus es etc On pourrait donc penser une r partition classique des acteurs suivant une trajectoire de diffusion de l infor mation ou des images depuis les laboratoires vers divers publics Les images traverseraient des sortes de fronti res entre les laboratoires et le public en passant par les banques d images C est pourquoi nous avions pr vu d interroger les personnes cit es par les professionnels des banques d images scientifiques four nisseurs ou client en partant de l id e que nous allions suivre le trajet des images depuis la phototh que vers l amont le labo et Paval les mus es m dias etc pour articuler notre terrain avec celui des autres membres de l quipe travaillant dans des laboratoires ou dans l espace m diatique Les premiers entre tiens men s avec une productrice audio visuelle un chercheur passionn par le microcin ma un r alisateur audiovisuel nous ont en effet fait renoncer cette hypoth se concernant le suivi des trajets de l image car aucun d entre ceux qui taient d sign s comme clients ou fournisseurs d images scientifiques de la phototh que ne se ressentait comme tel Ce qui tait exprim par ces personnes tait plut t l appartenance au m me milieu professionnel que celui du responsable de la phototh que Or si l on revient en d tail sur le travail sur l image dans les phototh ques on s aper oit que l
21. ges n 157 Septembre 2008 e ae 05_LeMarec fm Page 58 Vendredi 29 ao t 2008 6 52 18 58 images proprement dites les op rations intellectuelles sociales institutionnelles techniques qui conduisent privil gier le choix de fabriquer une image dans une d marche de recherche Elles voquent leurs relations avec les chercheurs Pune gelle a t informatrice d une historienne des sciences au moment o celle ci faisait sa th se C est cette chercheuse qui organise la journ e d tude et qui les a invit es En reprenant leurs places elles tendent les deux tomes d un ouvrage crit par un collectif d auteurs dont elles font partie sur les techniques de pr paration pour la microscopie lectronique en transmission M me s il n y a pas don une personne en particulier il y a don dans la mise en circulation aupr s des partici pants de cet objet propos d images scientifiques C est le type de situation que nous avons v cu dans l enqu te La d marche est proche et l objet vient compl ter la palette de ces documents donn s par des professionnels de l image des sciences qui s organisent pour communiquer propos de ce qu ils font 3 L AUTONOMISATION D UN ESPACE DE LA COMMUNICATION PROFESSIONNALIS E Nos informateurs voquent volontiers la dynamique d un amont et un aval de la phototh que dans une sorte de cha ne de l image Pamont est constitu par les laboratoires
22. gramme de recherche que nous menons sur images et sciences Dans les deux cas Maud Livrozet production audiovisuelle cit des Sciences et de l Industrie nous interpelle en tant que chercheurs pour mener ensemble une r flexion commune et partager ses questions sur les possibilit s de d veloppe ment d une production culturelle qui probl matiserait l image scientifique l appui de sa r flexion elle projette des extraits d une vid o la production de laquelle elle a contribu Maud Livrozet est dans une pratique qui rel ve en permanence de la cr ation et de la r flexion Plus tard lors de l interaction d j voqu e avec des sp cialistes de la micros copie lectronique le s minaire est redevenu pour nous terrain d observation des pratiques du don On peut rapprocher ces interactions entre coll gues chercheurs et profession nels menant une r flexion sur l image scientifique de certains moments des enqu tes o les enqu t s ont explicitement d clar leur int r t pour le travail de recherche que nous faisions parce qu ils taient eux aussi engag s depuis long temps dans une r flexion pouss e sur l image Certains d entre eux ont d ailleurs particip des programmes de recherche d veloppement lors de la cr ation des dispositifs d informatisation des fonds photographiques Ils sont familiers de la fr quentation d une zone de partage importante entre recherche recherche d veloppe
23. isation des m tiers de la communication et inversement le lien entre une partie de la communaut de ces professionnels et les chercheurs en sciences humaines et sociales JO LLE LE MAREC communication amp langages n 157 Septembre 2008 e
24. itutions culturelles Je peux me retrouver dans des situations sym triques de celle de Maud Livrozet lors de la participation la conception de dispositifs audiovi suels ou multim dia par exemple communication amp langages n 157 Septembre 2008 e ae 05_LeMarec fm Page 62 Vendredi 29 ao t 2008 6 52 18 62 Au moins une hypoth se qui est relier et confronter avec la mise en vidence d un ph nom ne d autonomisation de la communication professionna lis e il existe un autre espace qui ne recouvre pas lui non plus les limites spatiales des unit s habituellement constitu es en lieux de la recherche le labora toire et lieux de la communication les services de communication il est diffi cile de le caract riser car nous sommes l int rieur lorsque nous en prouvons existence par la perm abilit des fronti res entre l espace acad mique et celui de la pratique professionnelle de nos interlocuteurs Mais il s agit d un espace sans doute capital pour la compr hension du fonctionnement des sciences et qui renvoie un processus inverse par rapport l autonomisation du secteur de la communication professionnelle rationalis e le travail permanent entre profes sionnels de la communication travaillant et chercheurs en sciences humaines et sociales sur leurs propres pratiques respectives L image scientifique est la fois un excellent t moin pour observer l autono m
25. l enqu te une circulation des images propos de sciences Que signifient que font ces dons dans les situations d enqu te Il n est videmment pas possible d puiser le sens de tels v nements Mais nous avons dit plus haut que nos informateurs travaillaient en nous informant sur leurs pratiques ils nous parlent de l effort permanent de constitution et de d velop pement d un r seau et le font en parlant ils nous y engagent nous y int grent nous int ressent son existence Deux des dons sont des objets fondateurs de phototh ques ou de leur d ve loppement Le premier est un ouvrage comm moratif des 50 ans de l organisme ayant suscit la collecte de fonds photographiques aupr s des chercheurs de tablissement ce qui a abouti la cr ation de la phototh que Le second est une plaquette d exposition d une s lection d images scientifiques obtenues en labora toires par des techniques tr s diff rentes L exposition a eu un retentissement international elle a litt ralement cr un genre celui des tonnantes images Cette exposition a galement permis son cr ateur de d velopper la fois la phototh que et de faire de son unit le lieu central du d veloppement des dispo sitifs d informatisation des banques d images de plusieurs organismes Les deux communication amp langages n 157 Septembre 2008 e ae 05_LeMarec fm Page 56 Vendredi 29 ao t 2008 6 52 18 5
26. ltats importants 4 Cette recherche t men e dans le cadre d un programme collectif pilot par Jo lle Le Marec sur le th me Images et Sciences Approche comparative de l volution de dispositifs sociaux complexes ACI 2002 Terrains Techniques Th ories travail interdisciplinaire en sciences humaines et sociales Minist re de l ducation Nationale de l Enseignement Sup rieur et de la Recherche ENS LSH 2007 La composition de l quipe tait la suivante Jo lle Le Marec Igor Babou Florence Bela n Anne Cambon Thomsen Pascal Ducournau et Philippe Hert Voir dans ce m me num ro les articles de Pascal Ducournau et Anne Cambon et celui de Philippe Hert Voir aussi Florence Bela n Le plan tarium observatoire de tendances Culture et Mus es n 10 2008 communication amp langages n 157 Septembre 2008 e ae 05_LeMarec fm Page 52 Vendredi 29 ao t 2008 6 52 18 52 En premier lieu elle permet d tre attentif tout ce qui dans la situation d enqu te rel ve tr s directement des pratiques li es l image De fait sans m me avoir cherch observer surprendre dans une sorte d existence naturelle des pratiques professionnelles de production ou de transformation des images au sein des phototh ques nous avons eu un acc s direct de telles pratiques En effet non seulement nos enqu t s r pondaient nos questions mais dans plusieurs cas
27. ment et production culturelle de la m me mani re que nous sommes familiers de cette fronti re partag e avec la r flexion professionnelle en mus ologie ou dans la recherche sur les technolo gies de la communication Nous voil donc la fois tant t difficilement visibles nous m mes acteurs sur le terrain de nos propres enqu tes engag s dans des pratiques de communi cation li s l image dans des situations qui sont des entretiens pendant lesquels nos interlocuteurs sont en plein travail de r flexion et de d veloppement de leur r seau tant t pouss s r fl chir en coll gues dans des s minaires dont nous avons l initiative et qui de ce fait mettent l preuve les cl tures imaginaires entre terrain et labo Que pouvons nous tirer de cette diffraction de l enqu te en espaces distincts d s que nous allons dans la logique de notre d finition du terrain comme ensemble de situations de communication 15 S minaire Sciences communication et soci t du C2SO ENS LSH Lyon et du CRICS Paris 7 Troisi me s ance consacr e l audiovisuel scientifique 24 f vrier l Universit Denis Diderot Paris 7 16 Journ e d tude Images et sciences pratiques et dispositifs de mise en circulation 6 et 7 avril 2006 ENS Lettres et Sciences humaines 17 Il faut signaler ici que si nous sommes enseignants chercheurs temps plein nous sommes int ress s et impliqu s dans la vie des inst
28. nt ensemble des pratiques dont l espace tait explicitement celui de la biblioth que universitaire Chacun des professionnels de la biblioth que partageait la m me vision de l tablissement et situait spontan ment sa place dans la cha ne du traitement du livre et dans la hi rarchie et il y avait recouvrement presque total entre l espace physique l espace institutionnel et l espace probl matique de l enqu te Chaque entretien avait donn lieu la collecte des objets textuels cit s par les enqu t s et chaque lieu de travail o se d roulait l entretien avait t photogra phi Nous avions ainsi recueilli des unit s complexes des composites Il s agit de condensations la fois mat rielles et discursives dynamiques et dans lesquelles d une part sont maintenues les relations entre diff rents registres s miotiques mobilis s dans tout processus de communication sociale et d autre part sont mis parts gales les ph nom nes qui ont d j trouv une inscription et ceux qui adviennent dans l interaction Plus largement sont mis parts gales les ph no m nes qui donnent lieu une inscription et ceux qui ne s inscrivent pas La difficult tait alors de traiter ces composites h t rog nes mais coh rents pour construire des connaissances qui tirent leur pertinence d autres raisons que celles fournies par les acteurs L ethnom thodologie a constitu une des tentatives de construction d
29. pre effacement ou disparition ou l inverse celles qui permettent d inscrire de nouvelles normes dans les cadres et formalismes de la pratique Dans le cas de la recherche Images et sciences pratiques et dispositifs de mise en circulation pour le niveau sp cifique de l enqu te sur les banques d images nous avons repris beaucoup d l ments de la m thode mise en uvre pour la recherche sur la biblioth que mais dans un contexte tr s diff rent qui a nourri une interrogation sur les limites de ce type de conceptualisation du terrain lorsqu on a affaire des espaces beaucoup moins circonscrits que la biblioth que En effet nous avons gard l entr e par l espace professionnel les banques d images mais avec la volont de d passer l tude de cas Ceci nous a amen s renoncer l vidence que constituait l unit de lieu dans le cas de la biblioth que Cela nous a oblig s pousser dans sa logique propre une conception du terrain et de l enqu te comme pouvant tre pens s empiriquement l ensemble des communications qui les constituent C est l en effet une contrainte importante par rapport au confort qu offre une approche plus classique qui autorise le cher cheur interpr ter les situations d enqu tes comme des moments de recueil de donn es concernant d autres pratiques et d autres mondes que celui o il est engag sur le champ Cette contrainte ouvre la voie trois types de r su
30. r cents retrait s la t te de fonds photographiques importants qu ils souhaitent donner l organisme de recherche qu ils quittent Nous en avons rencontr un qui a fait sa propre base d images vid o Il d signe pendant l entretien des cartons rang s pr s de son bureau des tirages photogra phiques de coll gues qu il juge avoir une valeur patrimoniale et dont il devient le gardien sans pourtant avoir re u cette mission de linstitution mais par scrupule sentiment du devoir passion personnelle Par contre le responsable du service dont d pend une des phototh ques voque avec une certaine ironie les cartons de photos qui sont soumis son service et qui lui posent probl me Il y a un malentendu flagrant entre une conception de la phototh que vue par ces cher cheurs donateurs comme service d archives ayant vocation conserver des collec tions constitu es au fil d une carri re et la mani re dont les phototh ques se construisent et s organisent pour cr er l image de institution de recherche dont elles d pendent Ce malentendu porte sur les diff rences qui peuvent exister entre production d images li e des parcours de recherche d individus travaillant pour l institution et production d images organis e par l institution pour communi quer sur elle m me et sur sa production de recherche C est sans doute pourquoi nous sommes destinataires de nombreux docu ments qui nous sont donn s spont
31. s organismes scientifiques 51 signification dans la s miotique peircienne qui sont suffisamment arbitraires et larges la fois pour ne pas ressembler une m canique explicative mais qui tout au contraire laissent toute latitude pour progresser peu peu dans la conceptualisation sans op rer de d coupe de confort aveugle elle m me dans le flux de ces ph nom nes Il s agit pour nous d identifier ce qui dans nos composites rel ve du registre de la prim it les qualit s les potentialit s de la second it les faits les relations de la terc it les normes Au fil des recherches men es au sein du laboratoire nous nous sommes rendus attentifs dans tout processus de communication quelle que soit l chelle laquelle il est observ institutionnelle m diatique interpersonnel la pr sence de ces registres et surtout au passage de l un l autre En effet il n est pas possible d observer ce qui rel ve de la seule potentialit car par d finition ce qui est potentiel n est pas observable Mais il est possible de voir dans le moment de l enqu te elle m me des v nements qui op rent une mise en relation hic et nunc comme le don impr vu On rep re galement la mani re dont s incarnent des normes par la pr sence de ce qui les manifeste chez tous les enqu t s Enfin on rep re dans le foisonnement extr me des op rations de mises en relations celles qui s orientent vers leur pro
32. se distance de l objet le laboratoire peupl distants si possible physiciens des particules ou astrophysiciens Il s agit l inverse d analyser le fonctionnement des institutions de recherche tel qu il se manifeste dans les communications qui le structurent et en structurent les fronti res la d un d centrement communication amp langages n 157 Septembre 2008 0 ae 05_LeMarec fm Page 50 Vendredi 29 ao t 2008 6 52 18 50 chercheurs souvent les plus lointains physiciens des particules ou astrophysi ciens quitte rechercher a posteriori les dimensions sociales dont on l a purifi dans l imaginaire qui a structur la construction du terrain Il s agit tout au contraire d analyser le fonctionnement des sciences par le fonctionnement des organismes de recherche tel qu il se manifeste dans les communications qui le structurent et en structurent les fronti res 1 ENQU TE PAR LES COMMUNICATIONS ET TH ORIES DE LA SIGNIFICATION DANS LES ESPACES PROFESSIONNELS DE LA BIBLIOTH QUE AUX BANQUES D IMAGES Dans une recherche pr c dente sur les transformations des pratiques de lecture et d criture P chelle d une biblioth que nous avions commenc mettre en uvre empiriquement une conception sp cifique du terrain Nous m avions retenu parmi un ensemble d entretiens men s aupr s de professionnels et de lecteurs que ceux qui se constituaient en r seau de discours r f ra
33. t tout comme manager et revendique tr s concr tement l importance d une lisibilit institutionnelle de la communication Dans le courant de l entretien il insistera tr s fr quemment sur la n cessit d un haut degr de professionnalisation de la communication Il nous donne en fin d entretien des plaquettes dont il a pilot la r alisation L entretien s ouvre avec le don d un organigramme qui doit faire reconna tre les m tiers de la communication au sein m me l organisme de recherche et se cl t avec des plaquettes promotionnelles qui doivent faire recon na tre l image de l institution l ext rieur D une certaine mani re nous entrons en coll gues par l organigramme et nous repartons vers l ext rieur en messagers de cette institution Autre exemple une quipe nous a donn un mode d emploi de la photo th que document r cemment labor par le service distribu tr s largement au sein de l organisme et qui manifeste la fois le savoir faire technique de l unit et son souhait d tre utilis e par ses interlocuteurs en interne et en externe Si nous nous incluons dans les situations que nous avons suscit es dans l enqu te nous disposons d une s rie d actions dans lesquelles les images sont donn es et comment es en fonction d enjeux qui sont pr cis ment ceux que nous cherchons d gager les chercheurs en sciences humaines et sociales sont poten tiellement pour c
34. travaille dans le cadre de ce m me programme de recherche sur les pratiques des chercheurs son entr e dans le terrain tant le laboratoire Lorsqu il voque son objet de recherche la circulation des images scientifiques Philippe Hert a le plus grand mal trouver un interlocuteur au sein du laboratoire car son projet inspire une certaine m fiance ce dont nous n avons pour notre part jamais souf fert tant accueillis bras ouverts par les acteurs de la communication Il n apprend que tardivement presque incidemment l existence d une charg e de communication du laboratoire Lorsqu il suit le travail de publication d un chercheur crivant un article pour le journal d Alpha Recherche il s av re que le chercheur n a jamais rencontr la sph re de la communication aucune des tapes de la r daction y compris lors du choix des images De m me que les acteurs de la communication op rent au sein de leur propre r seau qui chevauche partiellement celui des laboratoires les chercheurs m me dans leurs pratiques de communication op rent galement l int rieur d un r seau propre L exp rience que Philippe Hert et nous m mes avons v cue par rapport nos terrains respec tifs est tr s significative de cette tanch it des r seaux que nous supposions en relation constante Nous nous tions attendus ce que nos terrains convergent vers la mise en vidence de trajectoires ou de croisements entre chercheurs et
Download Pdf Manuals
Related Search