SUCCESSIONS ET HÉRITIERS DANS LA
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1. 6 Ce mod le d altruisme est utilis galement pour expliquer les comportements de f condit Selon l arbitrage quantit qualit privil gi par cette th orie il lie positivement le nombre d en fants au niveau de revenu des parents Cette hypoth se est cependant controvers e pour le XIX si cle Br zis 2002 7 Les lign es reconstitu es comprennent non pas uniquement les couples souches de l chan tillon 3000 familles et leurs descendants mais toutes les autres familles TRA du d partement Arrondel et Grange 2003 Jacques Dup quier avait lui bien distingu le corpus des TRA de l chantillon des TRA Dupaquier Kessler 1992 Le corpus rassemblait l ensemble des couples TRA relev s dans les tables d cennales au niveau natio nal entre 1803 et 1832 et c tait au sein de ce corpus de 7 500 mariages que les 3000 couples constituant l chantillon ont t tir s Dans le cas de notre recherche nous avons travaill sur l en semble des couples TRA de Loire Inf rieure sans distinction 8 Nous disposions au d part des donn es collect es dans le cadre de l enqu te 3000 familles il s agissait d une part des donn es d mographiques recueillies par le Laboratoire de D mographie Historique de l EHESS et d autre part des donn es patrimoniales rassembl es par le Centre d Etude et de Recherche sur l pargne le Patrimoine et les In galit s CEREPI CNRS puis par le Laboratoire d cono mie Appli2. la collecte et l laboration de la base de donn es Qu ils trouvent ici l expression de notre gratitude Cette recherche a b n fici du soutien financier du CNRS programme Aide Projets Nouveaux 1998 et Aspects patrimoniaux des transformations de la famille et de la CNAF programme La parent comme lieu des solidari t s Ce travail a t d velopp dans le cadre des actions scientifiques de la MSH Ange Gu pin de Nantes 2 L effet d viction traduit le fait que les transferts de l tat sont substituables aux transferts priv s si les transferts publics vers la g n ration des enfants augmentent ils diminueront simultan ment dans la sph re priv e et r ciproquement 3 Pour une pr sentation plus exhaustive voir A Masson P Pestieau 1997 4 Le degr d engagement de chaque enfant d pen dra des caract ristiques ressources cat gorie sociale etc de chacun d eux Ainsi il est possible que celui qui a une bonne situation s engage moins qu un autre plus mal loti car le co t en termes 67 LUC ARRONDEL ET CYRIL GRANGE mon taires des services rendus ses parents est pour lui plus lev on dit que son co t d opportu nit est plus important 5 La s lection adverse traduit le fait que ce sont les individus les plus expos s au risque qui s assu rent en d autres termes les individus auront d autant plus tendance s assurer sur la vie qu ils anticipent de vivre longtemps
3. Tous ces r sultats tendent montrer le caract re sp cifique du patrimoine re u sur le patrimoine l gu Concernant la cat gorie sociale on observe assez logiquement que ce sont les agriculteurs les professions li es au service de l tat et les patrons r gressions 1 et 2 et les rentiers r gression 3 qui laissent les plus grosses successions l oppos on trouve les ouvriers et les statuts interm diaires r gressions 1 2 et 3 Autre effet on note une variation des montants selon les p riodes Toutes choses gales d ailleurs c est avant 1875 qu ils sont les plus importants Inverse ment ils sont plus faibles entre 1875 et 1900 et apr s 1925 Les effets d ge n apparaissent vraiment significatifs que dans la r gression 3 hommes adultes On obtient un effet de cycle de vie tr s significatif avec un maximum aux alentours de 66 ans Par ailleurs sur ce m me chantillon le nombre d enfants jusqu deux a un effet positif sur le montant du patrimoine transmis il n a plus d effet au del Bilan et comparaison avec des donn es contemporaines Les r sultats sur l chantillon des hommes adultes sont les plus lisibles la lumi re des mod les th oriques On note tout d abord un fort effet r trospectif travers l influence du patrimoine re u Cet effet peut aussi tre 65 LUC ARRONDEL ET CYRIL GRANGE le signe d un m canisme de r ciprocit indirecte o l on rembourse ses enfa
4. and Economic Growth Industrialization in the Nineteenth Century mimeo Bar Ilan University Cox D 1987 Motives for Private Income Transfers Journal of Political Economy 95 3 508 546 DAUMARD A dir 1973 Les fortunes fran aises au XIX si cle Paris La Haye Mouton DUPAQUIER J KESSLER D dir 1992 La Soci t fran aise au XIX si cle Paris Fayard 69 LUC ARRONDEL ET CYRIL GRANGE GREENE W 2000 Econometric Analysis Upper Saddle River N J Prentice Hall HAMERMESH D S MENCHIK P L 1987 Planned and Unplanned Bequests Economic Inquiry 25 55 66 KOTLIKOFF L J SPIVAK A 1981 The Family as an Incomplete Annuities Market Journal of Political Economy 89 372 391 LAFERRERE A MONTEIL P 1994 Le patrimoine au d c s en 1988 Docu ment de Travail INSEE n F9410 L VI STRAUSS C 1958 Anthropologie Structurale Paris Plon In English Structural Anthropology 1958 publ Allen Lane The Penguin Press 1968 LEVY LEBOYER M BOURGUIGNON E 1985 L conomie fran aise au XIX si cle Analyse macro conomique Paris Economica Masson A GOTMAN A 1991 L un transmet l autre h rite Economie et Pr vision 100 101 207 230 MASSON A PESTIEAU P 1997 Bequests Motives and Models of Inheritance A Survey of the Literature 54 88 in Js Inheritance Legitimate G Erreygers and T Vandevelde e
5. d c s Elles indiquent le lieu et la date de d c s la profession du d funt sa situation matrimoniale et le cas ch ant la date de la d claration de succession partir de la date de la d claration de SUCCESSIONS ET H RITIERS DANS LA SOCI T RURALE DU XIX SI CLE succession on peut se reporter la d claration elle m me class e chronolo giquement dans les Registres de muta tions par d c s et qui renseigne de mani re tr s d taill e sur la composi tion la valeur et les b n ficiaires des biens du d funt Les probl mes li s l utilisation des sources fiscales Le caract re fiscal des documents de PEnregistrement limite la port e des informations que l on peut attendre d une telle source D j les contribua bles peuvent tre conduits sous esti mer la valeur des biens qu ils d clarent voire ne pas les d clarer Tout au cours du XIX si cle l administration a mis au point des m thodes de contr le assorties d amende en cas de fraude qui se sont r v l es tr s dissuasives Par ailleurs le droit de pr emption dont dispose lad ministration a permis de limiter les tentatives de sous valuations des biens chang s Outre les probl mes li s aux montants d clar s certains biais l gaux doivent tre voqu s Tout d abord le probl me des biens immobiliers Jusqu 1901 ceux ci sont en effet tax s non pas au Bureau de lEn registrement dont rel ve le lieu o
6. r si dent les d funts mais celui dont d pend le lieu o ils sont effectivement situ s Dans le cas des successions les biens fonciers et immobiliers situ s dans un autre bureau que la r sidence des d funts ne sont mentionn s dans la d claration ouverte leur domicile que dans le cas o ces biens sont lou s Cette d claration centralise en effet tous les revenus mobi liers dont les baux et loyers Apr s 1901 il y a centralisation des informations dans une d claration principale Certains biens sont exon r s de droit actions trang res jusqu 1850 obliga tions trang res jusqu 1871 Il wy a pas de d duction du passif de la succession Enfin il appara t que l administration elle m me h site quant au traitement donner aux l ments du patrimoine qui constituent un investissement direct li l activit Elle oscille entre la volont d exempter des biens que l on ne consid rait pas encore comme des biens r els ou au contraire de frapper des valeurs faisant partie int grante du patri moine Finalement on ne trouve trace de ces biens que lorsque les h ritiers les ont d clar s Outre les biais l gaux la reconstitu tion patrimoniale pose certains probl mes relatifs l valuation des biens Deux difficult s peuvent se poser Selon le type d op ration la valeur des biens est une valeur estim e ou de march Les d clarations tant r alis es da
7. 4 109 2 648 Ancenis 0 545 2914 4 313 3 423 0 732 1 586 5 189 2 996 Non indiqu 0 714 3 008 6 223 3 487 0 445 0 785 2 864 1 114 Constante 0 032 0 146 0 234 0 150 0 430 0 893 4 427 2 005 Nombre 956 956 331 331 d observations Log vraisemblance 661 5 1930 9 229 1 686 7 Source Enqu te TRA et Archives d partementales de Loire Atlantique Note Les montants sont exprim s en Francs 2000 SUCCESSIONS ET HERITIERS DANS LA SOCI T RURALE DU XIX SI CLE Tab 5 H ritage entre 1800 et 1939 Montant de l h ritage Nombre P du d observations Moyenne cart type M diane Quintile 3 D cile 9 Maximum Avant 1825 303 22213 69 600 4 403 11625 37 588 522 261 1825 1849 272 32 144 97 755 6151 17 406 46 141 799 409 1850 1874 434 18 310 82 610 2 885 11 774 28 132 1 295 860 1875 1899 406 38 773 191 592 4792 15 867 45 146 3 252 709 1900 1924 321 45 125 125 344 4745 17 126 97 373 1 090 617 1925 1939 213 20 294 85 665 3 096 14 246 37 613 1155 405 Ensemble 1949 29 743 121 297 4 160 14 053 44 590 3 252 709 des h ritiers Source Enqu te TRA et Archives d partementales de Loire Atlantique Note Les montants sont exprim s en Francs 2000 Tab 6 H ritage selon le code socio professionnel entre 1800 et 1939 Code socio professionnel Nombre Distribution pour les H rit du d funt d observation s professions indiqu es eritage moyen Agriculteurs 335 47 9 9 267 Ouvriers y c personnel 60 3 6 8011 de maison S
8. 824 2 909 0 108 0 261 0 789 0 482 Veuf 0 065 0 403 0 708 0 619 0 636 1 236 3 868 1 893 Non indiqu 0 382 2 426 2 881 2 548 1 062 2 113 6 807 3 332 Code socio professionnel Agriculteurs Ref 0 000 0 000 Ouvriers es 1249 6 701 9 414 6 834 1 466 3 273 9 698 5 231 personnel de maison Statut interm diaire entrelesalariatetle 688 4 583 6 193 4 369 1 082 2 442 6 789 3 827 patronat cordonnier ma on r mouleur Patrons de l industrie et du commerce y c 0 234 1 350 0 588 0 496 0 237 0 175 0 216 0 149 profession lib rale Secteur public 0 652 3 065 4 357 2 845 0 761 1 522 4 767 2 284 Renee et ganik 0 514 3 509 2 321 2 297 0 134 0 791 1 063 0 628 profession Non indiqu 0 701 4 996 4 377 4 551 1 129 2 092 6 576 2 938 Nombre d enfants Pas d enfant ref 0 000 0 000 Un enfant 0 229 0 531 1 808 0 983 Deux enfants 0 102 0 264 1 639 0 873 Trois enfants 0 292 0 585 1 280 0 854 Quatre enfants et plus 0 149 0 321 0 656 0 477 P riode Avant 1850 Ref 0 000 0 000 0 000 0 000 1850 1874 0 070 0 505 0 469 0 494 0 011 0 048 0 176 0 110 1875 1899 0 083 0 605 0 697 0 737 0 230 0 581 1 647 1 148 1900 1924 0 446 2 983 2 939 2 783 0 801 1 756 4 396 2 803 1925 1939 0 227 1 610 1 463 1 467 0 255 0 593 1 432 0 998 Arrondissement Nantes Ref 0 000 0 000 0 000 0 000 Saint Nazaire 0 426 4 014 3 113 4 107 0 569 1 627 3 696 3 161 Chateaubriand 0 521 3 642 3 517 3 583 0 755 1 600
9. la forte influence du patri moine h rit sur le patrimoine transmis 2 une d croissance du montant des legs apr s 66 ans qui signale une consommation du patrimoine au cours de la vieillesse Elle traduit soit le besoin de financement de la retraite soit l existence de donations aux enfants en contrepartie d une prise en charge mat rielle 3 l influence positive d une descendance limit e 2 enfants sur le montant transmis signe de l existence d un motif de transmission au XIX si cle SUCCESSIONS ET H RITIERS DANS LA SOCI T RURALE DU XIX SI CLE SUMMARY Only few empirical studies of intergenera tion transfers using historical data have considered the period when the State inter vened relatively little in family life and when financial institutions were far less developed than they are today This paper uses histori cal data from the 3 000 Familles covering individuals in the Loire Inf rieure d parte ment in the XIx and early xx century These data allow us to confirm a number of theoretical predictions In particular we reveal a strong influence of past inheritances on individuals future bequests We also show that the amount bequeathed falls after the age of 66 as wealth is consumed This could reflect either the financing of retire ment or transfers to children in return for care or other services Last we find that the amount transferred is higher when the number of children is smal
10. pr cau tion et ou en raison des imperfections des march s du capital durabilit indi visibilit et illiquidit du logement en particulier laisser un patrimoine leur d c s richesse correspondant un legs accidentel destin initialement couvrir le risque de se retrouver sans ressources aux vieux ges En d autres termes ce type d h ritage correspond au montant des biens qui auraient t consomm s si Dieu avait pr t une vie plus longue Pour ne pas laisser de dettes sa mort on peut aussi contracter une rente viag re sur le march ou par l interm diaire de la famille Le march des rentes viag res tant peu d velopp au XIX si cle les contrats priv s l int rieur de la famille taient alors fr quents Kotlikoff et Spivak 1981 proposent un cadre th orique pour expliquer de tels comportements Ils supposent que la famille labore son propre march d assurances vie o le contrat est le suivant les parents ach tent une rente viag re leur s descen dant s dont le prix correspond au montant des transmissions en change le ou les enfant s s engage nt prendre en charge les parents sur leurs vieux jours que les soins soient mon taires en nature ou en temps Les enfants s enga gent librement et peuvent m me ne pas participer au contrat s ils le jugent inin t ressant le prix des services la part d h ritage sera fonction de l intensit des servi
11. restreintes la population adulte Enfin les r gressions 3 s int ressent aux hommes adultes Les probabilit s de laisser une succession partir du tableau 8 il est possible de calculer des probabilit s estim es de l existence ou non d une succession en fonction des valeurs des diff rentes variables On se contentera ici de pr senter celles concernant l chantillon des hommes adultes Ainsi lorsque l on a h rit d un montant double de celui de l h ritier moyen on a deux fois plus de chance de laisser une succession qu un autre individu n ayant rien re u 46 versus 90 L effet d ge sur la proba bilit est concave avec un maximum autour de 66 ans par exemple un indi vidu qui meurt 40 ans a 57 de SUCCESSIONS ET H RITIERS DANS LA SOCI T RURALE DU XIX SI CLE chance de laisser une succession 60 ans cette probabilit atteint 83 enfin 80 ans elle n est plus que de 75 On constate galement un effet important des codes socioprofessionnels sur l exis tence d une succession aux deux extr mes elle est de 90 pour les agricul teurs les agents de l tat et les rentiers mais seulement de 25 pour les ouvriers Enfin les d funts sans enfant ne laissent une succession que dans 4 cas sur 10 Le chiffre d passe 90 pour les d funts ayant deux enfants Les d terminants des montants l gu s Le tableau 9 indique les r sultats concernant les d terminants des montants des succ
12. s mod les tobit Succession de l enfant en logarithme Population totale Population adulte Population des hommes adultes Variables Coefficient t stat Coefficient t stat Coefficient t stat H ritage re u en logarithme 0 567 5 880 0 533 5 300 0 582 4 56 Age 10 1 048 0 900 2 777 1 540 6 248 2 49 Age 10 0 066 0 600 0 213 1 350 0 470 2 17 Code socio professionnel Agriculteur Ref Ouvriers y c personnel de 10 116 5 280 11 225 5 420 9 337 4 20 maison Statut interm diaire entre le salariat et le patronat cordon 5 543 3 590 5 994 3 750 8 018 4 36 nier ma on r mouleur Patrons de l industrie et du commerce y c profession 2 826 2 000 2 806 1 930 3 867 2 68 lib rale Secteur public 2 629 1 020 2 397 0 920 3 227 1 22 Rentiers et sans profession 3 114 2 490 3 373 2 560 2 453 1 27 Non indiqu 3 359 2 250 3 105 1 900 5 328 2 17 Sexe homme 0 255 0 290 0 083 0 090 Situation matrimoniale au d c s C libataire Ref Mari ou divorc 0 693 0 560 0 334 0 250 2 282 1 25 Veuf 1 325 0 930 1 665 1 110 6 193 2 78 Non indiqu 1 342 0 710 2 647 1 190 2 879 0 99 Nombre d enfants Pas d enfant Ref Un enfant 4 598 2 13 Deux enfants 4 532 2 21 Trois enfants 0 656 0 37 Quatre enfants et plus 1 181 0 74 P riode du d c s Avant 1850 Ref 1850 1874 2 187 1 540 1 459
13. 0 cordonnier ma on r mouleur Patrons de l industrie et du commerce y c 0 861 2 90 0 837 2 81 1 275 3 27 profession lib rale Secteur public 0 693 1 32 0 602 1 13 0 817 1 22 Rentiers et sans profession 0 766 2 97 0 866 3 19 0 562 1 13 Non indiqu 0 873 2 87 0 812 2 49 1 343 2 24 Sexe homme 0 087 0 47 0 027 0 13 Situation matrimoniale au d c s C libataire Ref Mari ou divorc 0 149 0 57 0 069 0 25 0 502 1 00 Veuf 0 231 0 79 0 292 0 97 1 334 2 22 Non indiqu 0 002 0 01 0 285 0 63 0 495 0 57 Nombre d enfants Pas d enfant Ref Un enfant 0 941 1 54 Deux enfants 1 318 2 21 Trois enfants 0 209 0 43 Quatre enfants et plus 0 223 0 49 P riode du d c s Avant 1850 Ref 1850 1874 0 457 1 45 0 273 0 81 1 478 2 35 1875 1899 0 702 2 11 0 647 1 84 1 947 3 00 1900 1924 0 541 1 69 0 375 1 13 1 248 2 04 1925 1939 0 662 1 94 0 516 1 47 1 693 2 55 Constante 0 536 0 88 0 528 0 53 2 637 1 39 Nombre d observations 298 280 158 Nombre de successions 186 174 103 Pseudo R2 0 257 0 267 0 405 Chi 102 0 97 4 82 2 n Source Enqu te TRA et Archives d partementales de Loire Atlantique Coefficients significatifs au seuil de 1 Coefficients significatifs au seuil de 5 Coefficients significatifs au seuil de 10 SUCCESSIONS ET H RITIERS DANS LA SOCI T RURALE DU XIX SI CLE Tab 9 Equation de patrimoine au d c
14. 0 950 5 293 2 79 1875 1899 3 332 2 240 2 871 1 810 6 773 3 46 1900 1924 2 738 1 890 2 061 1 340 4 068 2 19 1925 1939 3 267 2 120 2 691 1 670 6 006 2 96 Constante 3 464 1 190 1 008 0 210 6 653 0 99 Nombre d observations 298 280 157 Pseudo R2 0 073 0 074 0 115 Chi 110 0 105 5 93 7 Source Enqu te TRA et Archives d partementales de Loire Atlantique Coefficients significatifs au seuil de 1 Coefficients significatifs au seuil de 5 Coefficients significatifs au seuil de 10 77
15. 000 francs En ce qui concerne les h ritages le constat est le m me dans l Ouest on re oit en moyenne 103000 francs alors qu en le de France on h rite de 3 fois plus 292 000 francs 15 Lindicateur de Gini mesure le degr d in ga lit d une distribution Il est born entre 0 et 1 une valeur proche de 0 signifie que tous les indi vidus poss dent le m me montant de patrimoine tout le monde se situe la moyenne Une valeur proche de 1 signifie que la distribution est tr s in galitaire c est dire que peu d individus poss dent une part importante du patrimoine global 16 Sur la p riode r cente en 1984 49 de d funts d claraient une succession la Direction G n rale des Imp ts Les transmetteurs repr sen taient 60 des d funts dix ans plus tard Accardo 1997 17 Nous nous sommes inspir s de la nomencla ture tablie par Georges Dupeux et Jacqueline Herpin dans le cadre de leur tude sur les fortu nes bordelaises au XIX si cle cf Daumard 1973 432 435 18 Alors que par d finition cette cat gorie rassemble des individus disposant d un capital transmissible la faible proportion de d funts lais sant une succession s explique par la construction m me de ce groupe qui outre les rentiers com prend des individus pour lesquels seule une indi cation sans profession a pu tre relev e SUCCESSIONS ET H RITIERS DANS LA SOCI T RURALE DU XIX SI CLE 19 L
16. 2 0 73 Ensemble 1145 730 40 1 49 276 0 93 Source Enqu te TRA et Archives d partementales de Loire Atlantique Note Les montants sont exprim s en Francs 2000 Tab 3b Successions selon l ge du d funt D c s compris entre 1800 et 1939 ge du Nombre Proportion de d funts d funt d observations laissant une succession Succession moyenne dndiceide Gini 6 24 ans 76 6 6 697 0 96 25 44 ans 128 28 1 24 347 0 91 45 59 ans 177 46 3 42 429 0 88 60 69 ans 166 56 0 83 262 0 95 70 79 ans 124 45 2 96 347 0 88 gt 80 ans 153 53 6 83 327 0 92 Ensemble 824 43 0 59 705 0 92 Source Enqu te TRA et Archives d partementales de Loire Atlantique 73 74 LUC ARRONDEL ET CYRIL GRANGE Tab 4 Equations de succession Succession du d funt Succession des fils adultes Mod le Probit 1 Mod le Tobit 1 Mod le Probit 2 Mod le Tobit 2 Variables Coefficient tstat Coefficient tstat Coefficient tstat Coefficient tstat ge lt 25 ans Ref 0 000 0 000 25 44 ans 0 266 1 524 2 373 1 892 0 000 0 000 45 59 ans 0 432 2 354 3 721 2 857 0 480 1 138 2 486 1 871 60 69 ans 0 201 1 020 1 769 1 253 0 332 0 722 1 641 1 088 70 79 ans 0 395 2 102 3 353 2 500 0 438 1 070 2 857 1 941 gt 80 ans 0 083 0 347 0 806 0 464 0 423 0 841 3 179 1 412 Non indiqu 0 596 3 215 4 338 3 300 Sexe homme 0 089 0 912 0 460 0 678 Situation matrimoniale au d c s C libataire Ref 0 000 0 000 0 000 0 000 Mari ou divorc 0 387 2 807 2
17. ANNALES DE D MOGRAPHIE HISTORIQUE 2004 n 1 p 53 77 SUCCESSIONS ET H RITIERS DANS LA SOCI T RURALE DU XIX SI CLE LEXEMPLE DES FAMILLES TRA DE LOIRE INFERIEURE par Luc ARRONDEL et Cyril GRANGE Les mod les conomiques de trans ferts priv s entre g n rations se sont pour l essentiel concentr s sur les trans ferts des parents aux enfants Ces mod les se sont d abord limit s aux legs et aux h ritages pour plus r cemment s int res ser galement aux transferts inter vivos Deux hypoth ses th oriques ont t privil gi es pour expliquer les compor tements de transferts 1 L a truisme les parents tiennent compte du bien tre de leurs enfants dans leurs comporte ments et cherchent par leurs transferts r partir de fa on quilibr e les ressour ces entre g n rations Becker 1991 2 L change les dons ou la promesse de l h ritage sont utilis s par les parents comme moyen de paiement pour l aide dont ils b n ficieront de la part de leurs enfants durant la vieillesse et remplissent ainsi une fonction d assurance de soutien ou d attention Kotlikoff et Spivak 1981 Bernheim ef al 1985 Cox 1987 La distinction entre ces deux motiva tions est importante pour l appr ciation des effets des politiques de transferts publics Si l altruisme pr vaut la redistri bution publique est neutralis e Barro 1974 et les transferts de l tat ont un effet d viction sur l
18. LES PRATIQUES DE TRANSMISSION EN LOIRE INF RIEURE AU XIX SI CLE Pour mener bien le test de ces mod les nous avons s lectionn un chan tillon sur lequel nous disposions d infor mations patrimoniales sur le p re et l enfant essentiellement pour tudier la relation entre patrimoine h rit et patri moine transmis L chantillon retenu Un travail de reconstitution g n alo gique a permis de dessiner 289 arbres d au moins 3 personnes Ces 289 arbres rassemblent 4521 personnages hommes et femmes TRA et non TRA Parmi les 1347 individus pour lesquels nous d te nons des informations patrimoniales 1084 ont pu tre identifi s et position n s dans les arbres g n alogiques Une codification a t labor e qui pr cise pour chaque individu pr sent dans l ar bre sa g n ration par rapport l anc tre fondateur son sexe le nombre total d en fants dans la fratrie et le rang de naissance Notre objectif tait donc de reconstituer une population de couples p re enfant Pour cela nous sommes partis du fichier rassemblant l ensemble des 1084 individus pour lesquels nous disposions d une information sur la pr sence ou non d une succession mentionn e dans les Tables de successions et absences et iden tifi s dans les g n alogies Il s agit des individus ego pour lesquels nous avons d 1 identifier le p re et 2 chercher pour celui ci les donn es successorales L identifica
19. Succession d observations Moyenne cart type M diane Quintile3 D cile9 Maximum Gini Avant 1825 98 67731 185 945 12 219 40 526 1598662 0 80 1825 1849 91 87 917 267 450 16 500 46919 2131758 0 81 1850 1874 83 72 038 163 337 17 058 63 140 904 650 0 78 1875 1899 57 350272 1195 065 37774 124 987 8054804 0 88 1900 1924 75 152 006 367 778 32 376 84 660 2174055 0 79 1925 1939 54 83 334 136 695 32 377 82 394 641 861 0 68 Total solvables 459 123 060 482 657 19 800 71 338 214191 8054804 0 82 Toral solvables 354 145 470 543 481 24726 75 225 287621 8054804 0 82 adultes gt 20 ans Source Enqu te TRA et Archives d partementales de Loire Atlantique Note Les montants sont exprim s en Francs 2000 Tab 3a Successions selon le code socio professionnel entre 1800 et 1939 Distribution pour Proportion de d funts Code socio professionnel Nombre l r Succession Indice de E i eis es professions laissant une succession ca de l h ritier d observations PE a moyenne Gini indiqu es Agriculteurs 247 33 8 71 0 34115 0 95 Ouvriers y c person nel de 89 122 19 0 4965 0 87 maison 7 Statut interm diaire entre le salariat et le patronat cordonnier 73 10 0 29 0 6353 0 93 ma on r mouleur Patrons de l industrie et du commerce y c profession 87 11 9 53 0 220 080 0 91 lib rale Secteur public 52 7 1 37 0 14 126 0 90 Rentiers et sans profession 182 24 9 41 0 108 443 0 95 Non indiqu ou sans objet 415 26 0 18 00
20. ce de donations ses enfants en contre partie d une prise en charge mat rielle Enfin on a not l influence positive d une descendance limit e 2 enfants sur le montant trans mis r v lant l existence d un motif de transmission au XIX si cle Au del de son int r t acad mique ce travail la fois historique et conomique est susceptible d clairer plusieurs ques tions de politique publique concernant les comportements patrimoniaux des m nages Ainsi une p riode o l on parle de r forme du syst me de retraite o l on s interroge sur le financement des d penses de sant li la d pen dance des personnes g es et o plus g n ralement on remet en cause le prin cipe de l tat Providence il nous semble particuli rement utile de s interroger sur les logiques et les pratiques d accumula tion sur des march s imparfaits et incomplets ou encore sur les m canis mes priv s de solidarit familiale qui pourraient venir se substituer ou sajou ter ceux du syst me public Les d bats sur la r forme de l tat Providence ont en effet souvent trop tendance ignorer ou sous estimer le r le jou par la famille Arrondel et Masson 1999 Luc ARRONDEL CNRS Delta Cyril GRANGE CNRS Centre Roland Mousnier NOTES 1 Les auteurs tiennent remercier No l Bonneuil et Pierre Cyrille Hautc ur pour leur lecture atten tive Alexandra Duda et Robert Guimon ont gran dement particip
21. ces fournis aux parents Ce type 55 LUC ARRONDEL ET CYRIL GRANGE de transfert tait assez courant au XIX si cle pour expliquer les donations entre parents et enfants qui stipulaient pr ci s ment les droits et charges de chacune des g n rations Arrondel et Grange 2003 La famille pr sente plusieurs avantages par rapport au march Tout d abord lin formation sur les contractants est connais sance commune et permet ainsi de pallier au moins en partie les ph nom nes de s lection adverse Ensuite les co ts de transaction sont plus faibles au sein de la famille et en cons quence le contrat est plus rentable pour les deux parties Enfin l altruisme familial ascendant s il existe assure que les clauses du contrat seront sans doute mieux respect es par les enfants b n ficiaires plut t que par un tiers M me s il existe un march de rentes viag res relativement d velopp comme cest le cas aujourd hui les individus peuvent pour ces raisons pr f rer la famille aux soci t s d assurances Legs altruiste Lorsque les parents sont altruistes Becker 1991 les transferts sont destin s rapprocher les niveaux de vie entre les g n rations altruisme interg n ration nel afin de maximiser le bien tre global de la famille Les ressources des enfants b n ficiaires seront un l ment essentiel dans la d termination des montants trans mis Pr cis ment plus le revenu global des enfa
22. des successions plus importantes Enfin on notera que les montants transmis sont tr s in galitaires quel que soit l ge du d funt entre 0 88 et 0 96 Les successions analyse conom trique des d terminants Le tableau 4 pr sente les r sultats dune analyse conom trique de la pr sence ou non d une succession ainsi que des montants transmis Pour expli quer la pr sence d une succession nous avons eu recours des mod les Probit Dans le cadre de l tude sur les montants le nombre de cas d insolva bles tant important le mod le d esti mation utilis est un mod le Tobit qui permet de tenir compte des distribu tions al atoires tronqu es Greene 2000 Dans cette derni re estimation les effets des variables combinent simul tan ment les influences sur l existence d une succession et de son montant 62 Lestimation a t conduite sur deux chantillons Le premier concerne Pen semble des d funts 956 observations exploitables le second ne retient que les fils adultes pour lesquels nous dispo sons le cas ch ant du nombre d enfants respectivement 331 observations La variable expliqu e a t exprim e en logarithme L effet Page ceteris paribus r v le un effet de cycle de vie avec une croissance du montant l gu jusqu 80 ans et une d croissance ensuite Dans une soci t sans syst me de retraite les individus essentiellement ind pendants sont inci t s tra
23. ds Berlin Springer Verlag Mauss M 1950 Sociologie et anthropologie Paris PUE MICHALET C A 1968 Les placements des pargnants fran ais de 1815 nos jours Paris PUE MODIGLIANI F BRUMBERG R 1954 Utility Analysis and the Consumption Function an Interpretation of Cross section Data 388 436 in Post Keynesian Economics K K Kurihara ed New Brunswick Rutgers University Press PIKETTY T 2001 Les Hauts revenus en France au XX si cle In galit s et redistribu tion 1901 1998 Paris Grasset RESUME Rares sont les tudes empiriques sur les comportements de transmission fond es sur des donn es historiques se r f rant des p riodes o l tat intervenait peu dans la politique familiale et o les institutions bancaires et assurancielles taient moins d velopp es qu aujourd hui L objet pr cis de cet article consistait d crire et exploiter une base de donn es historiques constitu e de g n alogies patrimoniales couvrant le XIX et la premi re moiti du xxe si cle Le corpus de donn es a t labor partir des familles issues de l en qu te 3 000 Familles r sidant au cours des xIX et XX si cles dans le d partement de Loire Inf rieure 70 L chantillon permet de v rifier certaines hypoth ses th oriques concernant les comportements de transmission Les tests empiriques r v lent 1 le caract re r trospec tif des legs soit
24. e avaient elles comme contrepar tie la prise en charge des parents durant leur p riode d inactivit principe d change Quelles logiques avaient les individus pour assurer le financement de leur retraite dans un environnement o il n existait pas de syst me public de pensions Les logiques de transmission du XIX si cle sont elles diff rentes de celles qui op rent aujourd hui En d au tres termes les mod les conomiques contemporains s appliquent ils pour expliquer les faits du pass Dans une premi re section nous pr sentons les mod les conomiques des logiques de transmission Les sources exploit es et la structure de la base de donn es feront l objet de la seconde section Apr s avoir d crit les d termi nants des successions et des h ritages pour la Loire Inf rieure sur la p riode 1800 1939 nous testerons les hypoth ses d cri tes dans la partie th orique SUCCESSIONS ET H RITIERS DANS LA SOCI T RURALE DU XIX SI CLE LES LOGIQUES CONOMIQUES DES COMPORTEMENTS DE TRANSMISSION PR SENTATION DES MOD LES Outre l altruisme et l change la th o rie conomique a d velopp d autres mod les pour dessiner les comporte ments de transmission des m nages Les legs d crits par l ensemble de tous ces mod les peuvent tre class s selon diff rents crit res susceptibles de se recouvrir ils sont soit planifi s soit acciden tels suivant qu ils r pondent ou non une vol
25. e g n alogies patrimoniales couvrant le XIX et la premi re moiti du XX si cle Le corpus de donn es a t labor partir des familles issues de l enqu te 3000 familles r sidant au cours des XIX et XX si cles dans le d partement de Loire Inf rieure Les donn es patrimo niales ont t relev es dans les archives de l Enregistrement Tables de succes sions et absences Registre des mutations au d c s La reconstitution de g n alo gies a permis de construire un chan tillon de bin mes p re enfant pour SUCCESSIONS ET HERITIERS DANS LA SOCI T RURALE DU XIX SI CLE lesquels nous disposions de donn es successorales Les quations de succession estim es sur cet chantillon de couples p re enfant ont permis de tester certaines hypoth ses th oriques concernant les comportements de transmission Cette tude empirique a r v l le caract re r trospectif des legs soit la forte influence du patrimoine h rit sur le patrimoine transmis un d funt ayant h rit deux fois plus que la moyenne des h ritiers leguera de 40 50 de plus que la moyenne des d funts de sa g n ration Autre r sultat qui concerne l ef fet de l ge sur le montant transmis on note une d croissance des legs au del de 66 ans qui signale une consomma tion du patrimoine au cours de la vieillesse Cette d saccumulation traduit soit le besoin de financement de sa retraite soit l existen
26. e logarithme permet de diminuer les probl mes d h t rosc dasticit Greene 2000 20 L utilisation du logarithme du patrimoine h rit permet de mesurer directement l lasticit du patrimoine transmis par rapport la richesse h rit e note 22 21 L ge est introduit sous forme quadratique ge et ge au carr pour mesurer la d croissance ventuelle du patrimoine transmis en fonction de la position dans le cycle de vie 22 Rappelons que l lasticit dont la valeur est toujours comprise entre 0 et 1 mesure l impact d une variation de l h ritage re u du p re sur le montant de la fortune de l enfant Ainsi une valeur de l lasticit de B signifie qu un individu qui a re u un h ritage 100 sup rieur la moyenne des h ritiers soit deux fois l h ritage moyen l guera une richesse de B 100 sup rieure la moyenne des montants transmis 23 Les r sultats de cette r gression sont disponi bles aupr s des auteurs R F RENCES BIBLIOGRAPHIQUES ACCARDO J 1997 Successions et Dona tions en 1994 INSEE Premi re 521 ARRONDEL L GRANGE C 2003 The Accumulation and Transmission of Wealth Over Long Period Example of a Rural Family from Loire Atlantique in the xixth and xx Centuries The History of the Family An International Quarterly 8 103 134 ARRONDEL L LAFERRERE A 1992 Les partages in gaux des successions entre fr res et s urs Ec
27. ent une population ayant syst matiquement des enfants donc peut tre plus incit e laisser un h ritage Ce constat est v rifi au niveau des montants transmis puisqu en moyenne nos p res transmettent pr s de 113 000 francs alors que la succession moyenne de Pen semble des d funts est de 70 750 francs Autre r sultat coh rent dans le cas des bin mes plus de la moiti des enfants ont un p re qui leur a transmis des biens 55 1 alors que pour Pen semble des h ritiers cette proportion n est que de 43 64 En r sum l chantillon retenu des bin mes p re enfant concerne une population plus riche que la population totale du d partement Une forte influence du patrimoine h rit Le tableau 8 rassemble les r sultats concernant l existence d une succession au sein de cette population Le tableau 9 s int resse au montant transmis La diff rence entre les coefficients estim s nous permet d appr cier les effets sp cifiques sur la d tention et sur les montants Les variables explicatives comprennent l h ri tage re u du p re en logarithme l ge et son carr la cat gorie sociale le sexe du d funt la situation matrimoniale et la p riode Pour le sous chantillon des hommes adultes le nombre d enfants est galement inclus Les r gressions 1 des tableaux 8 et 9 sont estim es sur l ensemble de notre chantillon de bin mes 298 observa tions Les r gressions 2 sont
28. es transferts priv s les parents diminueront les legs aux enfants si les transferts publics b n ficient davantage 4 ces derniers En revanche l impact de la redistribution publique sur les transferts familiaux est plus ambigu lorsque ces derniers sont motiv s par l change selon cette logique des enfants plus ais s vont valo riser davantage les services qu ils rendent leurs parents mais inversement vont tre galement moins incit s financi re ment leur en fournir globalement en fait l effet des ressources des enfants sur le montant des transferts est ind ter min Arrondel et al 1997 Les tests empiriques des mod les d al truisme ou d change se sont cependant av r s relativement d cevants 1 L effet de compensation interg n rationnelle entre parents et enfants voulu par l altruisme est faible aux tats Unis et m me nul ou n gatif anti compensation en France ressources des parents donn es la probabilit d un trans fert des parents aux enfants augmente avec le revenu du b n ficiaire potentiel Arrondel et al 1997 En France les donations officielles apparaissent en outre beaucoup plus sensibles aux avan tages fiscaux et la possibilit de transf rer plus commod ment l outil de travail qu aux besoins des b n ficiaires Arrondel et Laferr re 2001 Par ailleurs les effets de compensation intra g n rationnelle des transferts re us par les fr res et s
29. essions Ces r gres sions montrent que l h ritage re u du p re est un d terminant important du montant transmis L lasticit du legs par rapport l h ritage re u se situe entre 0 40 r gression 2 et 0 50 r gres sion 3 en d autres termes si j ai h rit deux fois plus que la moyenne des h ri tiers je transmettrai mes enfants de 40 50 de plus que la moyenne de mes cong n res Les tudes analogues qui mesurent l influence du patrimoine h rit sur les successions sont rares Hamermesh et Menchik 1987 estiment une quation de richesse de parents fortun s sup rieure 40000 et celle de leurs enfants partir des donn es successora les d un chantillon de d funts du Connecticut d c d s durant la p riode 1930 1940 Les informations concer nant les enfants sont issues de la m me base pour ceux d entre eux morts dans le m me tat la fin 1976 Leur tude est fond e finalement sur P observation d un chantillon de 190 paires parent enfant Ils obtiennent une lasticit du patri moine transmis par rapport l h ritage re u se situant entre 0 35 et 0 55 suivant la sp cification conom trique retenue Pour la France la seule tude disponible est celle d Arrondel et de Masson 1991 sur des donn es fran aises contemporai nes de 1975 Sur une population sp ci fique d individus h ritiers non agricul teurs ils obtiennent des mesures se situant entre 0 35 et 0 60
30. hantillon respec tivement 60200 francs 2000 et 45 000 francs 4 SUCCESSIONS ET HERITAGES ENTRE 1800 ET 1939 Dans cette section nous pr sentons les donn es issues des Tables de successions et absences TSA et des Registres des mutations par d c s RMD concernant les familles TRA de Loire Inf rieure Les successions description statistique des Tables de successions et absences Les tableaux 1 4 pr sentent les carac t ristiques des successions a partir des Tables de successions et absences Les tableaux 1a et 1b d crivent le nombre de d funts laissant une succession au cours des diff rentes p riodes ainsi que les successions moyennes correspondantes pour l ensemble de la population des TRA de Loire Inf rieure et pour la sous population des d funts adultes d c d s au del de 20 ans Figure galement l indice d in galit de Gini pour les diff rentes p riodes 5 Globalement sur la p riode 1800 1939 4 d funts sur 10 laissent une succession Cette proportion tait plus importante au d but du XIX si cle 51 6 et apr s la Premi re Guerre mondiale 48 Pendant la seconde moiti du XIX si cle moins d un tiers des d funts environ 30 l guait un patrimoine Si l on consid re uniquement les d funts adultes le nombre de l guants SUCCESSIONS ET H RITIERS DANS LA SOCI T RURALE DU XIX SI CLE est plus important mais suit la m me volution Globalement pr s d u
31. indices du co t de la vie dont la base de r f rence Xx si cle partir de l Annuaire Statistique de la France de 1966 et pour le Xx si cle l aide des statistiques recens es par Thomas Piketty 2001 Au xx si cle pour la p riode 1840 1849 la proportion de d funts solvables selon l Annuaire est de 54 6 leur succession moyenne tant de l ordre de 100000 francs 2000 Pour la p riode correspondante la proportion de d funts solvables en Loire Inf rieure est de 56 8 et ceux ci laissent en moyenne environ 88000 francs 2000 Le taux de recouvrement entre la moyenne de notre chantillon et la moyenne nationale est de 0 88 On notera par ailleurs partir de An nuaire Statistique de 1966 que le paysage est totalement diff rent entre Paris et le reste de la France en effet le nombre de d funts parisiens laissant un legs tait seulement de 27 mais ces derniers transmettaient en moyenne pr s de 1000000 de francs 2000 soit plus de dix fois le montant du legs moyen observ dans le reste de la France Pour le XX si cle nous avons utilis les statistiques des successions de l admi nistration fiscale concernant la p riode 60 1902 1994 recens e par Piketty 2001 Sur la p riode 1902 1913 la succession moyenne pour la France enti re y compris Paris est de 282500 francs 2000 et sur la p riode 1925 1938 de 124600 francs Ces montants sont tr s sup rieurs a ceux observ s dans notre c
32. ler providing evidence for the bequest motive in the Xix century 71 LUC ARRONDEL ET CYRIL GRANGE ANNEXE Tab 1a Successions entre 1800 et 1939 pour les individus solvables et insolvables Proportion de d funts Nombre Succession laissant une succession Indice de Gini Ann e du d c s d observations moyenne Avant 1825 190 51 6 34935 0 89 1825 1849 195 46 7 41 028 0 91 1850 1874 256 52 0 23 356 0 92 1875 1899 181 31 0 110 292 0 96 1900 1924 206 36 0 55 184 0 93 1925 1939 112 48 0 39 928 0 84 Total solvables et 1145 40 1 49 276 0 93 non solvables Source Enqu te TRA et Archives d partementales de Loire Atlantique Note Les montants sont exprim s en Francs 2000 Tab 1b Successions entre 1800 et 1939 pour les individus adultes solvables et insolvables adultes gt 20 ans Proportion de d funts Nombre lai Succession su A tiie donne aissant A o moyenne Indice de Gini Avant 1825 83 57 8 52 879 0 89 1825 1849 111 56 8 61 945 0 91 1850 1874 141 48 9 39 875 0 88 1875 1899 125 40 8 159 375 0 94 1900 1924 169 42 6 60 205 0 91 1925 1939 99 51 5 44 940 0 83 nie 728 48 6 70 749 0 91 et non solvables Source Enqu te TRA et Archives d partementales de Loire Atlantique Note Les montants sont exprim s en Francs 2000 72 SUCCESSIONS ET H RITIERS DANS LA SOCI T RURALE DU XIX SI CLE Tab 2 Successions entre 1800 et 1939 pour les individus solvables Nombre
33. les sociologues de la famille invo quent l existence d autres formes d h ri tage morales culturelles ou sociales le bien l gu n a pas qu une valeur d usage ou marchande il poss de galement une valeur symbolique ou affective sa trans mission est souvent accompagn e d un mode d emploi ou de recommandations pour son utilisation Masson et Gotman 1991 La coh rence familiale repose surtout sur ces valeurs extra conomiques que les parents tentent d inculquer leurs enfants au bout d un long processus d apprentissage et qui mod lent leurs attitudes leurs repr sen tations et leurs pratiques Selon cette logique un h ritage re u important devrait augmenter le montant l gu la g n ration suivante Cette influence du pass sur les comportements appara t galement dans les comportements de transfert au sein des communaut s dans lesquelles les liens de parent taient r gis par des principes de r ciprocit indirecte tels qu ils ont t d crits par Mauss 1950 et L vi Strauss 1958 Deux dimen sions sont pr sentes dans ces m canis mes qui font intervenir une troisi me g n ration l une temporelle l autre g n rationnelle Arrondel et Masson 1999 La r ciprocit peut tre r trospective et descendante des parents vers les enfants le legs r trospectif en est une illustration Elle peut tre prospective et ascendante des enfants vers les parents les enfants aident leurs vieu
34. lir des livrets patrimoniaux individuels Collecte et traitement de l information L administration de l Enregistrement cr e en Pan VII est charg e de pr lever une taxe sur tout mouvement patrimo nial Lorsque les documents ont moins de 100 ans ils restent sous la responsabi lit de l administration fiscale du D par tement et se trouvent l H tel des Imp ts Le ressort g ographique des bureaux de l Enregistrement est celui du canton Par rapport d autres docu ments patrimoniaux les archives nota riales notamment les archives de PEn registrement et en particulier les archives successorales poss dent des atouts essentiels Le premier est qu elles sont ais ment accessibles et en g n ral bien conserv es Mais surtout les docu ments de l Enregistrement sont exhaus tifs En effet ils recouvrent l ensemble de la population alors que les archives notariales ne concernent que les indivi dus faisant appel un notaire soit une population non repr sentative sociale ment et g ographiquement Les archives successorales Les archives successorales consignent les d clarations de succession de tous les d funts Elles se divisent entre les Tables de successions et absences et les Regis tres de mutations par d c s Les Tables de successions et absences sont des r pertoires semi alphab tiques o sont inscrits bureau par bureau l ensemble des d funts par ordre chronologique de
35. lont de puissance recherche de pouvoir conomique ou de prestige social ou encore d sir de se perp tuer notamment travers la trans mission de l outil de travail comme cela tait fr quent au XIX si cle Selon ce principe les consid rations familiales n entrent pas en compte ou de mani re secondaire Arrondel et Laferr re 1998 La logique pourrait m me tre inverse c est le d sir de se perp tuer travers le patrimoine qui influencerait la f condit du m nage SUCCESSIONS ET H RITIERS DANS LA SOCI T RURALE DU XIX SI CLE Legs r trospectif et r ciprocit s indirectes L intuition de d part du mod le r trospectif est que les pratiques de trans mission au sens large ducation des enfants montant et mode de d volution du patrimoine transmis etc des parents l gard de leurs enfants s inspi rent notamment lorsque l information quant lavenir de ces derniers est trop partielle de celles qu ont eues leurs propres parents vis vis d eux m mes Cet ancrage des comportements dans le pass devrait logiquement transpara tre d autres niveaux plus qualitatifs Notamment la forme de la transmission choisie serait inspir e de celle adopt e par les ascendants la donation re ue des parents conduirait la donation vers e aux enfants il en irait de m me pour l aide ou l h ritage avec testament Pour expliquer cette reproduction des comportements d une g n ration l au tre
36. n d funt sur deux laisse quelque chose apr s sa mort ils taient pr s de 60 durant la premi re moiti du XIX seule ment 40 8 la fin de ce si cle et un peu plus de 1 sur 2 apr s la Premi re Guerre mondiale Si l on consid re la totalit de la p riode la succession moyenne tait d environ 50 000 francs 2000 pour Pen semble des d funts et de plus de 70 000 francs 2000 pour les seuls adul tes L volution des moyennes sur la p riode est plus d licate commenter car tr s sensible aux valeurs extr mes Ainsi le montant plus lev observ entre 1875 et 1900 est essentiellement d la pr sence d une tr s grosse succes sion d un montant de plus de 8000 000 francs 2000 tableau 2 Aussi est il pr f rable de raisonner sur les valeurs m dianes Celles ci n ont un sens que pour les d funts solvables c est dire ceux qui laissent une succession puisqu en g n ral moins de 50 des d funts transmettent un patrimoine L examen des valeurs m dianes pour les d funts solvables du tableau 2 permet de mettre en vidence une crois sance des montants laiss s au cours du XIX si cle surtout apr s 1875 la succes sion m diane tait de 12000 francs 2000 au d but du si cle et pr s de 38000 francs la veille du xxe si cle La succession m diane apr s 1900 se situe aux environs de 33 000 francs Au moins jusqu en 1925 on constate donc que le nombre de successions dimin
37. ns un cadre fiscal la diff rence de valeurs entre la valeur retenue par lEn registrement et celle ayant v ritablement cours sur le march peut tre impor tante Ainsi dans le cas des mutations titre gratuit successions et donations on est face une valeur fiscale g n rale ment sous estim e Dans le cas des mutations titre on reux achat vente changes il s agit d une valeur de march Afin de comparer les diff rents montants selon les g n rations il est parfois n cessaire de d flater les valeurs obtenues en fonction de l volution d une part de indice g n ral des prix et d autre part du prix des biens eux m mes Bilan des donn es collect es Nous disposions au d part de 1 602 mentions individuelles relev es dans les Tables de successions et absences Un m me individu pouvant donner lieu plusieurs lignes notamment lorsqu il 59 LUC ARRONDEL ET CYRIL GRANGE est propri taire de biens immobiliers dispers s et donc relevant de bureaux de l Enregistrement diff rents ces 1 602 mentions correspondent en fait 1 347 individus Les TRA de Lotre inf rieure versus France la repr sentativit des donn es Nous comparons ici les chiffres obte nus partir de l ensemble des succes sions TRA relev es dans le d partement de Loire Inf rieure aux statistiques disponibles pour la France enti re Les donn es successorales ont t actualis es partir des
38. nts la dette contract e de ses parents L effet du nombre d enfants r v le un motif de transmission qui diminue cependant au fur et mesure que la descendance augmente l effet du co t des enfants l emporte sur l effet motivation trans mettre L effet de cycle de vie montre une d saccumulation aux ges lev s celle ci peut soit tre interpr t e comme un effet de cycle de vie les parents consomment leur patrimoine soit traduit les pratiques de donations aux enfants courantes au XIX si cle Dans ce dernier cas on donnerait son patri moine ses enfants en change d une pension alimentaire durant la retraite Arrondel et Grange 2003 Ces diff rents effets doivent n an moins tenir compte aussi des caract ris tiques de notre chantillon dominante rurale les effets concernant la classe sociale montrent que ces transmissions se font principalement chez les agricul teurs les rentiers et les agents de l tat Une comparaison avec des donn es actuelles permet autant que faire se peut de r pondre la question du caract re a historique ou non des logiques de trans mission C est ce que nous avons fait en partie en comparant nos r sultats aux lasticit s issues des donn es successora les de 1975 qui aboutissaient des mesures proches Il est galement possi ble de le faire plus pr cis ment m me sp cification conom trique avec les donn es de l enqu te Patrimoine 1997 de l In
39. nts est important moins ceteris paribus ressources des parents donn es la succession sera lev e Pour savoir si lal truisme motive les comportements d pargne des parents il est donc n ces saire d tudier la relation entre le legs et les ressources des enfantsf Le test empirique d une telle logique ne pourra tre r alis dans le cadre de cet 56 article En effet mis part celles trop impr cises fournies par la profession les donn es dont nous disposons n offrent qu une information limit e sur les reve nus du travail Legs paternaliste Le legs paternaliste consiste supposer que le m nage retire une satisfaction directe des sommes transmises ses enfants Contrairement l altruisme les caract ristiques des enfants ne sont pas des d terminants de la transmission Seul entre en compte le nombre de descendants qui devrait selon ce mod le avoir un effet positif sur le montant de la succession ou de la dona tion on retire une satisfaction crois sante en fonction du montant de la richesse l gu e Legs capitaliste Avec le legs capitaliste ce n est plus la satisfaction de transmettre un patri moine important ses enfants qui joue mais celle que l individu retire de sa richesse tout moment Ce qui est primordial pour lui c est d accumuler la fortune la plus grande possible au cours de sa vie Cette satisfaction d tenir un gros patrimoine repose sur diff rentes motivations vo
40. onomie et Statistique 250 29 42 ARRONDEL L LAFERRERE A 1998 Succession capitaliste et succession fami liale un mod le conom trique deux r gimes endog nes Annales d conomie et de Statistique 51 187 208 ARRONDEL L LAFERR RE A 2001 Taxation and Wealth Transmission in France Journal of Public Economics 79 3 33 ARRONDEL L MASSON A 1991 Que nous enseignent les enqu tes sur les trans ferts patrimoniaux en France Economie et Pr vision 100 101 93 128 ARRONDEL L MASSON A et PESTIEAU P 1997 Bequest and Inheritance Empirical Issues and French U S Compari son 89 125 in Zs Inheritance Legitimate G Erreygers and T Vandevelde eds Berlin Springer Verlag Barro R J 1974 Are Government Bonds Net Wealth Journal of Political Economy 82 1095 1117 BECKER G S 1991 A Treatise on the Family Enlarged Edition Cambridge Harvard University Press BERNHEIM B D SHLEIFER A et SUMMERS L H 1985 The Strategic Bequest Motive Journal of Political Economy 93 1045 1076 BOURDIEU J POSTEL VINAY G et SUWA A 2002 Wealth Accumulation in France 1800 1940 Individuals and Dynas ties The Weakness of Strong Ties mimeo INRA BOURRIGAUD R 1994 Le D veloppement agricole au XIX si cle en Loire Atlantique Nantes Centre d Histoire du travail de Nantes BREZIS L 2002 Fertility Non Altruism
41. ont de transmission ils sont familiaux si la pr sence et les caract ristiques des enfants influencent les montants transmis ils sont goistes s ils ne prennent pas en compte le bien tre des g n rations futures Legs accidentel et rente viag re L hypoth se du cycle de vie d ve lopp e la fin des ann es cinquante par Modigliani Modigliani et Brumberg 1954 nous permet de justifier de l exis tence de legs involontaires Le message central de ce mod le r side dans le fait que le principal motif d pargne concerne le financement de la consom mation des vieux jours le patrimoine est assimil de la consommation diff r e c est un flux de consommation future Si les revenus du travail sont nuls durant la retraite le profil patrimonial typique de cette hypoth se est une courbe en cloche hump saving profile sur la premi re partie de son cycle de vie l individu accumule un stock de patri moine qu il consomme ensuite pour financer ses besoins de consommation Deux hypoth ses peuvent cependant remettre en cause ce sc nario d un patri moine totalement consomm en fin de vie d une part incertitude de la dur e exacte de la vie conjugu e l inexistence ou l imperfection du march d assuran ces vie d autre part l existence d un motif de transmission Comme les m nages sont contraints de ne pas laisser de dettes leur mort ils peuvent tre alors amen s par
42. qu e LEA INRA Il a cependant t n cessaire de les compl ter 9 Nous avons dispos d une d rogation autori sant la consultation des archives de l Enregistre ment jusqu en 1938 10 Ceci permet en utilisant les crit res d termi n s par l administration de l Enregistrement elle m me d estimer la valeur de ces biens 11 Une description exhaustive des probl mes li s l utilisation des archives successorales de l Enre gistrement est donn e par Adeline Daumard 1973 3 114 68 12 Nos chiffres sont comparables ceux de Bourdieu et al 2002 qui reposent sur l exploita tion d un chantillon TRA concernant plusieurs d partements fran ais Calvados C te d Or Creuse Eure Indre et Loire Nord Sarthe et Paris Sur la m me p riode 1840 1849 ils obtiennent un taux de recouvrement de 0 86 par rapport aux donn es nationales le montant recens dans l Annuaire tant sup rieur 13 Voir tableau J 1 dans l ouvrage de Piketty 2001 765 14 La base de donn es actuelle la plus compara ble notre chantillon est l enqu te Patrimoine au d c s men e par l INSEE en 1988 Laferr re et Monteil 1994 Selon cette source l Ouest est une des r gions les plus pauvres les d funts lais sant en moyenne 360000 francs alors que la moyenne nationale est de 493 000 francs En le de France la succession moyenne est plus de deux fois sup rieure d un montant de l ordre de 796
43. see Elles concernent malheureusement uniquement le patri moine en fin de vie d individus encore vivants mais dont on conna t le montant du patrimoine h rit En proc dant la m me r gression sur la population des hommes de plus de 60 66 ans on obtient une lasticit du legs par rapport au patrimoine h rit de 0 08 soit un chiffre plus faible que sur les donn es du XIx L effet de la cat gorie sociale montre que ce sont aujourd hui les professions lib rales et les cadres qui d tiennent le plus de patrimoine la veille de la retraite Les rentiers les agri culteurs et les ind pendants ont une position m diane Enfin le nombre d enfants jusqu trois a un effet posi tif Bien que ces r sultats demandent tre confirm s sur des donn es successo rales on note n anmoins une baisse marqu e de l h ritage sur le patrimoine d tenu en fin de vie et un changement de positions sur l chiquier social les agriculteurs se sont relativement appau vris les cadres se sont enrichis CONCLUSION Rares sont les tudes empiriques sur les comportements de transmission appuy es sur des donn es historiques se r f rant des p riodes o l tat intervenait peu dans la politique familiale et o les institu tions bancaires et assurancielles taient moins d velopp es qu aujourd hui L objet pr cis de cet article consistait d crire et exploiter une base de donn es historiques constitu e d
44. selon la position dans le cycle de vie LES DONNEES PATRIMONIALES EN LOIRE INFERIEURE Au XIX si cle le d partement de la Loire Inf rieure est un d partement essentiellement agricole l exception de ses deux villes principales Nantes et Saint Nazaire il est peu touch par lin dustrialisation construction navale industries et conserves alimentaires savonneries alors que l activit de n goce dont lessor remonte au XVIII si cle reste importante Bourrigaud 1994 Roch congar 2003 Sa population de 415 000 habitants en 1801 s accro t pour attein dre 457000 habitants en 1826 et 644000 en 1886 C est donc essentielle ment au cours de la seconde moiti du XIX si cle que sa croissance d mogra phique s acc l re croissance qui touche autant le monde rural que les grandes villes Avec le Xx si cle Nantes et Saint Nazaire verront leur population poursui vre cette croissance alors que les campa gnes connaitront une p riode de d clin Notre population d tude est consti tu e des familles issues de l enqu te 3000 familles qui r sident dans le d partement de Loire Inf rieure Liti n raire patrimonial des lign es familiales reconstitu es couvre quatre cinq voire six g n rations Ces biographies ont t r alis es partir des archives successora les de PEnregistrement Administration 58 fiscale charg e de taxer les mutations elle offre la possibilit d tab
45. tant l gu ou sur l existence d une succession n est pas significatif On ne peut donc conclure la pr sence d un motif de transmission au sein de cette population Les h ritages description statistique des Registres de mutations par d c s Le tableau 5 d crit la distribution des montants d h ritage mesur s pour la population des seuls h ritiers Ces statis tiques ont t calcul es partir des Registres des mutations par d c s voir supra Les montants ont t comme pour les successions actualis s partir des taux d inflation et sont exprim s en francs 2000 Globalement sur toute la p riode consid r e l h ritier moyen re oit pr s de 30 000 francs l h ritier m dian un peu plus de 4000 francs La distribution des h ritages est tr s in ga litaire puisque les indices de Gini non indiqu s dans le tableau 5 se situent tous aux alentours de 0 85 Le plus riche h ritier dispose quant lui de plus de 3000 000 de francs L volution sur la p riode est moins sujette caution si Pon raisonne partir des m dianes et conforte les r sultats obtenus sur les moyennes Si Pon croise les montants h rit s et le code socioprofessionnel du d funt tableau 6 on observe que ce sont les fils de rentiers et de patrons qui re oivent le plus respectivement 93000 francs et 63000 francs l autre extr me les fils d ouvriers et les paysans h ritent de moins de 10000 francs chacun
46. tatut interm diaire entre le salariat et le patronat 49 7 0 16761 cordonnier ma on r mouleur Patrons de l industrie et du commerce y c profession 83 11 9 63 445 lib rale Secteur public 61 8 7 31 297 Rentiers et sans profession 112 16 0 93 848 Non indiqu 1249 28 725 Ensemble 1949 700 29 743 Source Enqu te TRA et Archives d partementales de Loire Atlantique Tab 7 Nombre de successions et d h ritages entre 1800 et 1939 Ann e du d c s Nombre Proportion hs p re i i Prop orion i i laissant une succession d enfants h ritiers de l enfant d observations be Avant 1850 50 76 0 58 0 1850 1874 63 76 2 66 7 1875 1899 57 66 7 61 4 1900 1924 88 50 0 48 9 1925 1939 56 46 4 42 9 Ensemble 314 61 8 55 1 Source Enqu te TRA et Archives d partementales de Loire Atlantique L chantillon est constitu des 314 paires p re enfant 75 76 LUC ARRONDEL ET CYRIL GRANGE Tab 8 Existence d une succession mod les probit Population des hommes Population totale Population adulte Sites Variables Coefficient t stat Coefficient t stat Coefficient t stat eee en 0 100 5 00 0 096 4 63 0 131 3 74 Age 10 0 139 0 57 0 527 1 42 1 712 2 41 Age 10 0 009 0 41 0 041 1 27 0 133 2 17 Code socio professionnel Agriculteurs Ref Na c personnel ygo 494 1 900 4 99 1 983 3 40 Statut interm diaire entre le salariat erle patronat jpg 366 11558 375 1 578 3 4
47. tion des p res d ego a t men e partir des g n alogies reconsti tu es Pour les fondateurs de lign e les informations relatives au p re sont manquantes Par ailleurs dans le cas de migrations m me si nous connaissons 63 LUC ARRONDEL ET CYRIL GRANGE l identit du p re les donn es successora les le concernant sont absentes puisque conserv es hors du d partement Sur les 1084 d funts r pertori s nous avons reconstitu 641 couples p re enfant Parmi ces bin mes nous avons limin les d funts qui taient d c d s avant leur p re 58 cas morts trop jeunes 134 cas avant 6 ans ou pour lesquels nous ne disposions pas de la date de naissance 28 cas Enfin nous avons d liminer les cas d enfants d c d s apr s 1938 pour lesquels nous ne disposions pas des donn es successorales Au total notre population finale rassemble 314 cou ples p re enfant Repr sentativit des donn es Comparons pr sent les r sultats obte nus partir des donn es des bin mes p re enfant aux donn es de l ensem ble des d funts TRA du d partement Le tableau 7 recense le nombre de successions et d h ritiers au sein de notre population de bin mes Pr s des deux tiers 61 8 des p res laissent une succession alors que sur l ensemble de la population du d partement le chiffre tait inf rieur 48 6 Cette diff rence s explique par le fait que nos bin mes rassembl
48. ue mais que leur montant m dian augmente On transmet moins souvent mais plus Si l on ne retient que les d funts solva bles adultes la m diane est globalement sup rieure de 25 par rapport celle calcul e sur l ensemble des d funts elle se monte 25000 francs environ L examen des indices de Gini tableaux la et 1b montre qu il y a une tr s forte in galit des montants trans mis sur l ensemble de la p riode le Gini est de 0 93 0 91 pour les adultes P riode par p riode il oscille entre 0 84 resp 0 83 pour la p riode la plus r cente et 0 96 resp 0 94 pour la fin du XxIX Parmi les transmetteurs tableau 2 l in galit est toujours importante l indice de Gini atteint 0 82 Selon les p riodes il varie de 0 68 1925 1939 0 88 1875 1899 Pour affiner notre analyse descriptive nous avons proc d une segmentation par code socioprofessionnel Tableau 3a Six cat gories ont t retenues agriculteurs 33 8 de l chantillon pour lequel on dispose d une indication d activit ouvriers y compris personnel de maison 12 2 statut interm diaire entre le salariat et le patronat cordonnier ma on r mouleur etc 10 patrons de l industrie et du commerce y compris profession lib rale 11 9 secteur public 7 1 rentiers et sans profession 24 9 On constate que pr s des trois quarts des agriculteurs sont solvables alors que seulement un cinqui me des ou
49. urs ne sont gu re probants Aux tats Unis o existe la libert de tester l quir partition des legs est cependant la pratique domi nante En France la possibilit d un 53 LUC ARRONDEL ET CYRIL GRANGE partage in gal est la fois fortement limi t e la quotit disponible et co teuse en raison d un droit successoral fond sur le droit du sang seulement 20 des d funts utilisent cette quotit qui de plus n avantage pas forc ment l h ritier le moins dot Arrondel et Laferr re 1992 2 Les pr dictions des mod les d change ne sont pas mieux v rifi es notamment en ce qui concerne l explica tion des transferts ascendants des enfants leurs vieux parents Arrondel et Masson 1999 Toutes choses gales d ailleurs la probabilit de recevoir une aide est plus fr quente chez les personnes g es pauvres en revenu et surtout en patrimoine qui n ont donc pas grand chose offrir en contrepartie comme esp rance d h ritage En outre les aidants sont plut t ceux qui en ont les moyens ressources ou temps disponible Il y a donc un chec empirique des mod les traditionnels qu il s agit de d passer Deux orientations peuvent tre explor es 1 On peut tout d abord s interroger sur la validit des mod les th oriques en largissant par exemple le domaine de l analyse du comportement familial de deux trois g n rations 2 On peut aussi remettre en cause la pertinence des donn es
50. utilis es pour tester les hypoth ses retenues Celles ci sont toujours issues d enqu tes r centes qui mesurent les transferts interg n ra tionnels dans un environnement o l tat intervient dans les politiques g n rationnelles ducation retraite sant Il serait en fait souhaitable que les mod les d h ritage qui font r f rence certaines formes de solidarit familiale soient test s dans des environ nements conomiques o l tat est peu interventionniste Ainsi l altruisme interg n rationnel est une hypoth se qui a souvent t retenue pour analyser 54 les comportements de transmission ascendante ou descendante dans les pays en voie de d veloppement Cet article s inscrit dans cette seconde perspective il se propose de tester les mod les partir de donn es historiques couvrant notamment des p riodes o l tat intervenait peu dans la politique familiale et o les institutions bancaires et assurancielles taient moins d velopp es qu aujourd hui Il est fond sur l exploita tion d une base de donn es historiques constitu e de g n alogies patrimoniales couvrant le XIX et la premi re moiti du xx si cle Les questions pos es seront multiples Au XIX si cle l altruisme familial op rait il alors que l ducation et la prise en charge des soins de sant n taient pas ou peu assur es par l tat Les donations de l outil de travail fr quentes cette p riod
51. vailler jusqu un ge avanc et consomment ensuite leur patrimoine ou alternativement le donnent leurs enfants contre une rente priv e Arrondel et Grange 2003 L analyse conom trique des effets du code socioprofessionnel confirme dans une certaine mesure les effets bruts Ce sont les agriculteurs et dans une moin dre mesure les patrons et les rentiers qui l guent le plus souvent Probit et le plus Tobit Inversement les ouvriers et les statuts interm diaires sont moins souvent solvables et le cas ch ant l guent des montants moindres Par ailleurs on constate que les d funts mari s ou divorc s l guent davantage que les autres tats matrimoniaux Deux r sultats compl mentaires tout d abord on observe que les successions rurales sont plus importantes que les successions urbaines toutes choses tant gales ensuite on constate une d crois sance des montants l gu s dans la p riode du premier quart du XX si cle Cette diminution s explique vraisemblablement par les cours bas des obligations et des actions la fin de cette p riode Michalet 1968 ou encore celle des revenus locatifs pour les propri taires bailleurs SUCCESSIONS ET H RITIERS DANS LA SOCI T RURALE DU XIX SI CLE Les m mes r gressions estim es sur l chantillon des hommes adultes g s de plus de 20 ans aboutissent des conclu sions proches N anmoins l effet du nombre d enfants sur le mon
52. vriers laisse une succession Autres r sultats un patron sur deux l gue une fortune ainsi que deux rentiers sur cinq M me si l examen des moyennes est sujet caution tant donn e la nature de notre chantillon on notera n anmoins la faiblesse du montant moyen des succes sions ouvri res celui lev des patrons de l industrie et du commerce et dans une moindre mesure des rentiers et sans profession Enfin l in galit indice de Gini des montants transmis est importante quel que soit le code socioprofessionnel se situant entre 0 87 61 LUC ARRONDEL ET CYRIL GRANGE pour les ouvriers et 0 95 pour les rentiers et les agriculteurs La relation entre l ge au d c s et la pr sence d une succession montre que la proportion de solvables augmente avec Page Tableau 3b Cette relation posi tive se traduit galement au niveau des montants moyens insignifiant chez les moins de 25 ans 697 francs la succes sion moyenne d passe 80000 francs apr s 60 ans Cette relation demande cependant tre pr cis e partir d une analyse conom trique men e toutes choses gales par ailleurs En effet cet effet brut positif de l ge au d c s sur le montant de patrimoine l gu pourrait n tre que la traduction d une diff rence d esp rance de vie selon la cat gorie sociale si les ouvriers meurent plus t t seules les cat gories ais es survivent apr s un certain ge laissant de fait
53. x parents pour pouvoir eux m mes b n ficier d une aide sur leurs vieux jours Les autres modes de r ciprocit indirecte r trospective et ascendante et prospective et descendante peuvent tre illustr s pour le premier par le syst me publique de retraite on paie la retraite de ses parents dans la perspective de la percevoir de ses enfants pour le second par le mod le dynastique ou capitaliste on transmet ses enfants dans la perspective qu ils transmettent eux m mes aux leurs Bilan Pour tester ces mod les on s int ressera leurs pr dictions soit plus pr cis ment aux effets de diff rentes variables sur les montants l gu s Masson et Pestieau 1991 La nature des donn es utilis es nous limite cependant certains tests Ceux ci concerneront principalement les effets sur le montant transmis de l ge du patrimoine h rit et du nombre d en fants Ainsi si l existence d enfants influence positivement le montant trans mis le legs ne sera pas accidentel Autre exemple si le patrimoine h rit influence 57 LUC ARRONDEL ET CYRIL GRANGE fortement la fortune transmise on invo quera le mod le r trospectif ou capitaliste ou plus g n ralement une logique de r ciprocit indirecte Pour que la logique d change de type rente viag re puisse tre retenue il nous faudra regarder la fr quence des donations aux ges lev s qui se traduira par une baisse du montant de la transmission
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