DES ADOSLESCENTS ET LEURS OBJETS
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1. DES ADOSLESCENTS ET LEURS OBJETS gadgets qu ils consomment ou qui les consument Pr sentation orale lors de la journ e d tude d AREA le 12 janvier 2013 Dijon Dr Elsa Massabie Il est important de resituer la th matique des objets l adolescence dans le contexte de ce moment de la vie aux enjeux bien sp cifiques et dans celui de notre soci t telle que je peux la percevoir au travers mon activit de p diatre au sein d une maison des adolescents Quand je re ois un adolescent en consultation je me pr sente comme m decin g n raliste de l adolescence m attachant valuer son d veloppement physique et son d veloppement affectif Je lui propose de faire un point sorte d arr t sur image sur son adolescence o il en est sur le plan pubertaire sur le plan de sa croissance dans ses relations affectives familiales amicales et dans son projet de vie Ces temps d changes sont riches et ouvrent sur les questionnements plus larges du jeune que je peux recevoir une seule fois comme plusieurs Car il n est pas d adolescence sans pubert ce qui explique la place centrale qu occupe le corps ce moment de la vie La pubert bouleverse le corps l image que l adolescent a de son corps Le regard port par l Autre est alors tel un miroir dans lequel il va se refl ter et percevoir son changement Mais le corps avance son rythme propre et le d calage que cette m tamorphose physique impose au d veloppement psy2. cho affectif est parfois mordant Exemple de cette toute jeune adolescente dont la pubert tait avanc e et qui ne s aimait pas A ma question si tu pouvais changer une chose chez toi ce serait quoi Elle m avait r pondu Mes hormones Nombre d adolescents ressentent une trahison de la part de leur corps si ce dernier n volue pas dans le sens d sir La soci t n est pas trang re ce ph nom ne Le corps doit tre au service de l individu et d autant plus chez l adolescent dont les rep res affectifs et sociaux au sens large sont remis en cause De mani re paradoxale l adolescence souvent diabolis e est aussi source de fascination pour les petits comme pour les adultes La soci t de consommation ne s y est pas tromp e et les campagnes de publicit font des adolescents une cible de choix Car l adolescence fait vendre et plaire aux jeunes c est le succ s assur aupr s de plusieurs g n rations des plus petits aux plus g s on parle de pr adolescent d adulescent comme s il suffisait d endosser la panoplie pour tre un adolescent Mais l habit ne fait pas le moine Nous sommes pourtant tous d accord pour dire qu il faut laisser le temps aux enfants de grandir Mais que penser de ces parents v tus comme leur ado ou adoptant les m mes comportements Ainsi si l adolescence est de fait une p riode de vuln rabilit o l objet occupe et pr occupe une fonction importante quelle
3. evant moi guettant mes r actions Au coll ge elle tait rien ce sont ses mots 15 ans Aurelie a fait ses premi res exp riences d adolescente les sorties avec les amis les petits copains mais aussi l exp rimentation de cannabis Puis elle est tomb e dans l anorexie mentale et une premi re petite d pression pour laquelle elle a t suivie On percevait chez cette adolescente une fragilit importante une panne de parcours comme si elle tournait en rond sans trouver le chemin de sortie emp tr e dans des conduites d autodestruction et ne pouvant accepter d autres solutions Dans sa demande de m dicament ne se trouvait pas une demande d aide pour aller mieux mais la n cessit de trouver une identit L histoire de cette jeune avait tout son sens quand elle voquait histoire familiale marqu e par le divorce de ses parents en miroir de ses premiers mouvements adolescents Le travail identitaire n a pu se faire et s y sont substitu es des conduites autodestructrices qui ont interpell les adultes mais avec lesquelles Aur lie ne peut rien construire en tat En CONCLUSION La rencontre avec un adolescent est toujours singuli re et la palette de ses ressources tr s riche Le professionnel n a alors qu aider le jeune pousser ses propres portes car finalement notre regard est aussi un miroir pour lui Le reflet qu il per oit a le m rite d tre fiable car teint d autres enje
4. g n ration aujourd hui n est pas expos e au culte de l avoir pour para tre et de l avoir pour tre A l adolescence l objet va prendre des fonctions diff rentes et pas n cessairement n gatives Il y a l objet gadget qui en parant le corps va l inscrire dans l adolescence c est la fameuse panoplie Je prends volontiers l exemple du sac de classe cartable chez l enfant de primaire sac dos d une marque bien sp cifique chez le coll gien puis sac main chez la lyc enne et gare celui qui a encore un cartable au coll ge C est aussi le cas de la premi re cigarette sorte de s same d entr e et d appartenance au groupe L objet en tant que tel occupe les mains donne de la prestance de la reconnaissance et au del la conduite de fumer ouvre sur l interdit l opposition aux adultes la loi et donnent aux adolescents une pr occupation commune comment se procurer du tabac partage de l argent et des cigarettes dans le groupe Parfois l acquisition de cet objet va s inscrire dans un rituel de passage qui fait sens dans la dimension ducative choisie par les parents et anime la relation parent enfant par la n gociation l opposition voire le conflit mais est un symbole du processus d autonomisation C est le cas pour le premier t l phone portable l inscription sur un r seau social en ligne etc Il y a l objet qui prot ge comme un rempart tabli autour de l adolescent et qu
5. i va procurer au jeune l illusion de maitrise et de domptage de son corps Cela peut tre une marque sur le corps tatouage piercings scarifications un style vestimentaire ou un double narcissique cet autre adolescent derri re lequel le jeune se r fugie Chez ces jeunes leur ext rieur affiche la couleur comme s il n y avait pas besoin d aller voir de plus pr s En maintenant l Autre distance en ne se risquant pas relation ils vitent le danger de d pendance la d ception le rejet si cela reste transitoire et isol cela peut avoir v ritablement fonction de support pour cheminer au travers de l adolescence dans une certaine s curit C est l exemple de Marine qui vient la maison des adolescents suite une plainte de ces parents contre des filles de l internat o elle est scolaris e Elle a t victime de moqueries de la part du groupe qui l ont affect e au point de se scarifier Quand on reprend le cours de l histoire Marie explique que suite des moqueries elle s est effondr e l internat devant tout le monde elle a pleur elle en a ressenti un sentiment de honte tel qu elle s est scarifi e Elle voulait que toutes ces filles payent dans un esprit de vengeance soutenu par son p re qu elle prenait pour mod le La scarification a eu pour effet de la soulager d interpeler les adultes et de choquer ses harceleurs en remettant de la distance elles ont v
6. u de quoi j tais capable Ce qui questionne d embl e chez Estelle c est sa pr sentation physique Depuis ses 13 ans elle choisit des tenues provocantes plut t tendance gothique Il n y a pas d id ologie sous jaccente Marine se voulant libre de ses choix non soumise un mouvement particulier punk ou gothique que finalement elle ne connait gu re Sous des allures d adolescente rebelle on comprend au fil de la rencontre que Marine est d munie dans ses relations amicales comme si elle n avait pas le mode d emploi Elle fait preuve d immaturit Son apparence physique est telle une armure qui masque les failles que le pubertaire a provoqu chez elle L objet qui vient combler le vide ressenti par certains adolescents pour lesquels la question de la qu te identitaire est comme une friche dans laquelle ils ne voient aucun chemin et encore moins d issue L objet va alors se substituer ce travail n cessaire C est l adolescent en qu te d tiquette le consommateur le perturbateur le suicidant l anorexique Il est un pi ge viter pour nous et pour eux c est de les inscrire dans des cat gories qu ils ne quitteront plus au risque de se sentir dispara tre C est le cas d Aurelie Elle se pr sente comme folle ayant besoin d un m dicament pour aller mieux d crivant des consommations de substances illicites importantes Elle m expose son histoire volontiers en faisant plut t talage d
7. ux et est alors un v ritable soutien dans le sens de l autonomisation Pour terminer restons sur une note positive car nombreux sont les adolescents qui vont bien ou pas si mal et qui nous surprennent toujours par leur formidable cr ativit
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