Du texte et de l`hypertexte
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1. quelques grands classiques des tudes hypertextuelles Theodor Holm Nelson Literary Machines 93 1 Sausalito Mindful Press 1992 George P Lanbow Hypertext 2 0 The convergence of contemporary critical theory and technology Baltimore and London The Johns Hopkins University Press 1997 2 ed Particuli rement utiles pour les questions de lin arit et temporalit les articles de Jean Cl ment Fiction interactive et modernit 1994 in Litt rature n 96 Paris Larousse 1994 et http hypermedia univ paris8 fr jean articles litterature html Du texte l hypertexte vers une pist mologie de la discursivit hypertextuelle in Hypertextes et hyperm dias Hermes 1995 et http hypermedia univ paris8 fr jean articles discursivite htm L hypertexte de fiction naissance d un nouveau genre in Litt rature et informatique la litt rature g n r e par ordinateur sous la direction de Alain Vuillemin et Michel Lenoble Arras Artois Presses Universit 1995 Afternoon a Story du narratif au po tique dans l uvre hypertextuelle 1994 in http hypermedia univ paris8 fr jean articles Afternoon htm sites consult s en juin 2006 Les diagrammes ci dessus montrent le contraste entre la non lin arit et la lin arit cette derni re illustr e par l unicit et la simplicit de la ligne droite pour tablir l articulation des parties Dans mon article pr c demment cit j avais prop2. sumer des passages du temps et ou des actions non explicit s Il est clair que notre cerveau construit cette perception la fois unitaire et continue pendant et apr s la lecture Et certes il le fait plus facilement dans le roman r aliste de Balzac que dans les exp riences innovatrices et fragmentaires du XX si cle Dos Passos Faulkner Rulfo Infini mais c est un roseau pensant Si notre vie quotidienne nous installe dans une perception des magnitudes finies ce n est que par moments que nous percevons la sensation d infini qui n anmoins est toujours pr sente Nous sommes entour s d infini il ne suffit que de peu pour qu il surgisse diff rents niveaux et parfois m me aux plus extr mes un regard dans un t lescope ou dans un microscope nous fait d couvrir le vertige du macro ou du microcosme Paradoxe dans notre univers sans bornes illimit sans fin interminable nous savons que notre contingence humaine nous permet de n avoir qu un nombre limit de perceptions et d actions Ainsi bien que la somme de toutes les actions d une vie puisse atteindre un chiffre gigantesque le nombre est bel et bien fini N anmoins si nous r fl chissons aux possibilit s offertes par l imagination Des choix et des d cisions La dur e d une vie implique une totalit infinie cher et cruel Z non d instants et th oriquement dans tous ces instants nous pouvons choisir entre deux voire parfois plusi
3. Paid s 1997 p 71 108 7 Peu importe que les parties d une uvre ne soient pas num rot es car on peut toujours attribuer une num rotation aux diff rentes parties comme on l a toujours fait depuis toujours Bible Coran et al 8 Pour ce qui est de son ordre je ne traite pas pour l instant la question de la dur e dans le texte litt raire et les bifurcations de la pens e et de l criture lorsque l crivain passe de la narration la description ou la r flexion Pour l instant je n voque pas d autres formes de modifications de la temporalit d un r cit comme par exemple l ellipse ou la dur e 1 De mani re sommaire l auteur peut d crire une situation donn e et une r trospection lui permet d tablir les relations de cause effet qui ont suscit cette situation inversement une prospection signale une situation future laquelle le d roulement de l histoire peut arriver ou arrivera Michael Joyce Afternoon a Story Eastgate Systems Cambridge MA 1987 Stuart Moulthrop Victory Garden Eastgate Systems MA 1992 4 lecteur savait comment les lire de mani re unidirectionnelle et progressive les productions hypertextuelles r centes pr sentent dans un niveau paratextuel et m tatextuel la fois des instructions de lecture ou un mode d emploi et ou un graphique qui d crivent la structure de l hypertexte et orientent les diff rentes possibilit s de lecture Mais ces
4. deux derni res caract ristiques sont elles exclusives de la r cente production hypertextuelle Autour de la des continuit s La continuit du dispositif structurel d un texte de fiction se fonderait sur le fait qu il n existe qu une seule ligne narrative continue tout au long de ses unit s constitutives Ceci pourrait se traduire par une continuit dans le sens d une seule et unique histoire fait d riv de l unicit de l intrigue ch re Aristote un d but un milieu une fin Po tique 7 Une autre conception de la continuit est celle qui est construite dans le contenu proprement dit du texte Si le texte de fiction est un reflet de la r alit il n assure pas la stricte continuit des actions qu il voque car les artifices d ellipse ou d omission sont n cessaires dans l exposition de ces actions Encore plus ils sont indispensables pour l existence m me de l uvre de fiction car en dehors du cas du r cit qui essaye de reproduire l action en temps r el toute fiction litt raire implique l articulation d un nombre limit de situations narratives choisies Pour ce qui est de la continuit de l histoire dans une uvre de fiction un cas c l bre de rupture de ce type est celui de The Wild Palms 1939 de Faulkner o tout au long du roman il y a une alternance de deux histoires diff rentes respectivement Wild Palms et Old Man Si pour ces deux histoires on const
5. fins Unique et d finitive dont on vient de parler Final suspendu o l auteur utilise l artifice de l ellipse il arr te l intrigue et ne permet pas qu elle aboutisse une fin explicite Il exige la perspicacit du lecteur pour qu il choisisse le point final de l histoire Multiple une deux ou plusieurs d buts et ou fins sont propos s Infini th oriquement conjecturable Des crit res d analyse Apr s les r flexions th oriques pr c dentes je propose quelques crit res pour l analyse concr te des uvres de fiction textuelles et hypertextuelles 1 L unit et la totalit de l uvre On peut toujours distinguer ou tablir dans l uvre de fiction un d coupage en unit s constitutives livres parties chapitres pisodes s quences ou autres Du point de vue mat riel et typographique ces unit s se construisent avec des paragraphes et des lignes Par compl tude le cas limite d une unit constitutive peut tre une ligne et m me un mot Bien entendu l int gration et l articulation de ces unit s constituent la totalit de l uvre et lunivers propre cette uvre 2 La nature du dispositif L ordre d articulation de ces unit s constitutives dans l uvre peut suivre un principe de lin arit ou de pluri lin arit Il s av re n cessaire de pr ciser le type de sch ma ou de graphique que l on peut associer 3 L expression de la temporalit Dan
6. Du texte et de l hypertexte quelques concepts fondamentaux Eduardo Ramos Izquierdo Universit de Limoges eri1009eri yahoo com Introduction Depuis les ann es 90 l informatique la consultation de sites et la navigation sur Internet sont en train de changer sensiblement nos habitudes de lecture et d criture Il ne s agit pas de devenir modernol tre ou encore moins modernophobe mais d valuer d abord et d voluer ensuite selon les progr s technologiques et lectroniques actuels Dans un article pr c dent j ai tent d analyser les rapports entre le textuel et l hypertextuel et d valuer galement les nouveaut s structurelles de l hypertextualit par rapport la textualit Les lignes suivantes constituent une suite ces r flexions Elles ont pour objet d tudier quelques concepts fondamentaux concernant l criture des uvres de fiction A partir de l sont propos s des crit res d analyse et de comparaison applicables la fiction sur les deux supports textuels et hypertextuels Un nouveau maillon autour du texte et de l hypertexte Il est clair que la toute premi re diff rence perceptible entre le textuel et l hypertextuel concerne leur support le papier pour le texte l cran pour l hypertexte Inutile d insister sur le fait que l innovation technologique est d terminante dans la nature et les possibilit s de l hypertexte pour la consultation et la n
7. R alit et fiction vie et criture Dans cette possibilit de faire des choix aux interstices de la vie infinis id aux et borg siens ou larges plus concrets ou banals on peut donc pr ciser ces instants disjonctifs clefs partir desquels diverses destin es peuvent se construire Si on fait r appara tre une sorte de g om trie ces instants sont des points de d cision partir desquels des lignes vitales diverses peuvent na tre Ainsi en reformulant le cas g n ral voqu dans la lin arit de notre vie le fait de pouvoir revenir en arri re gr ce l imagination nous permettrait de bifurquer vers une autre ligne de vie de m me de mani re prospective on pourrait pr voir plusieurs lignes de vie pour l avenir bien qu on sache que nous ne vivrons r ellement qu une seule d entre elles L criture d uvres de fiction comprend diverses dimensions Si pour l instant il est impossible de les analyser en d tail on peut en voquer quelques unes parmi les plus importantes pour le besoin de ce travail les psychologiques les sociologiques les symboliques et bien entendu les structurelles et les linguistiques si la litt rature est un lieu privil gi pour l expression de sensations et de sentiments sa mati re premi re est compos e de mots Parmi la dimension de nature structurelle l laboration de l intrigue implique le fait de construire et d velopper les vies des diff rents per
8. a r alit la continuit de l histoire dans un dispositif lin aire ne garantit pas la continuit des v nements voqu s effets d ellipse Dans ce dernier cas l emploi des artifices d ellipse ou d omission peuvent contribuer paradoxalement la densit du r cit car ils privil gient une conomie du superf tatoire en fonction de la tension produite par la seule pr sentation des moments forts ou importants Autour de la totalit et de la fragmentation La question de la continuit nous a men directement celle de l expression d une totalit dans le r cit Nous avons constat qu il est vident que tout r cit narratif litt raire correspond n cessairement une fragmentation d une r alit spatio temporelle d termin e Dans cette repr sentation on distingue pour un choix variable de personnages un ensemble limit de situations donn es et des moments essentiels qui sont plus ou moins li s selon l articulation propre du r cit il s agit de l articulation des c l bres tranches de vies De plus la repr sentation d une pluralit spatio temporelle de tout r cit peut cr er l illusion d une unit et parall lement d une continuit Au moment de la lecture des formes du langage remplissent les omissions temporelles ces vides in vitables de tout r cit des formes adverbiales plus tard quelques ann es apr s pendant cette poque ef al De m me certaines phrases peuvent toujours r
9. avigation la facilit et la c l rit mots qui ont un sens particuli rement fort notre poque d acc s une multiplicit de documents sur des supports vari s texte image son Si dans tout texte ou hypertexte on peut toujours trouver ou d terminer des unit s constitutives leur diff rence couramment voqu e concerne leur principe d organisation et de disposition pour le texte on signale un principe de lin arit en opposition l hypertexte o l on distingue un principe de non lin arit formes tabulaires arborescentes r ticulaires et al Ainsi l orientation d un texte suit la norme d une logique s quentielle unique de ses unit s tandis que l hypertexte permet et m me plus incite bifurquer travers un r seau de s quences multiples Cette opposition entre lin arit et non lin arit peut fonctionner de mani re pratique et g n rale comme crit re distinctif et diff rentiel entre le texte et l hypertexte et sa visualisation est la suivante Cet article d veloppe quelques unes des hypoth ses th oriques expos es pendant le s minaire du Sal au mois de juin 2006 Il constitue une tape d un projet en cours de r daction De la textualit de sa taxinomie de sa repr sentation et de sa dynamique in Milagros Ezquerro sous la direction textes r unis par Julien Roger Le texte et ses liens El texto y sus vinculos Paris Indigo 2006 p 59 75 Pai consult
10. e de divers parcours de lecture 6 La participation du lecteur L existence des options de choix exige de la part du lecteur une plus grande participation pour choisir un parcours de lecture parmi les diff rentes possibilit s offertes par le texte A nsi dans le cas de structures alternatives ou arborescentes il a le choix entre une ou des lectures partielles et une lecture totale Dans le cas de structures arborescentes le lecteur suit une trajectoire de lecture et l instant de revenir au moment du choix commence une autre lecture De cette mani re la premi re trajectoire devient une incise dans la lecture men e L auteur des uvres de fiction avec des options de choix incite le lecteur devenir une sorte de co auteur dans le sens o il participe la construction de l ordre de lecture mais h las quoi qu on puisse affirmer il ne fait que r aliser une potentialit pr vue par l auteur dans l uvre il n crit pas 7 D but s et fin s Selon la typologie pr c demment propos e les uvres de fiction peuvent employer diff rents artifices d incipit et d excipit Quels sont ces artifices Quels sont leurs cons quences par rapport l intrigue Conclusion Les concepts analys s dans les lignes pr c dentes s av rent tre essentiels non seulement pour l criture des uvres de fiction hypertextuelles mais galement textuelles A partir de cette analyse j ai pu tablir d
11. es crit res qui constituent une sorte de grille qui dans un article ult rieur montrera son utilit Elle facilitera l tude concr te des uvres de fiction textuelles de nature combinatoire dans le domaine hispano am ricain Borges Cort zar et al o on trouve des anticipations de quelques caract ristiques de la cr ation litt raire hypertextuelles r cente comme la nature et la structure de ses unit s leur articulation leur mise en relation et la pluralit de lectures Ces crit res pourront galement tre utiles pour l analyse d uvres qui en apparence ne pr sentent pas d hypertextualit latente A bient t 2 Il est vrai qu une uvre cach e dans un tiroir n existe pas socialement Le lecteur au moment de sa lecture accomplit le processus de communication de l uvre il lui donne un sens et son r le est essentiel pour l existence de celle ci Mais le spectateur qui regarde le tableau peint il celui ci L auditeur qui coute l oeuvre musicale la compose t il Le lecteur devient auteur lorsqu il recommence le m me processus que l auteur lu lorsqu il cr e en particulier partir de ce qu il vient de lire et le transmet aux autres
12. eurs options Parmi tous ces instants il y en a quelques uns si on les voit r trospectivement qui ont exig de nous de faire un choix et de prendre une d cision parmi deux ou plusieurs possibilit s On peut les appeler instants disjonctifs Bien entendu choisir et d cider dans un de ces interstices oblige n cessairement prendre une option et liminer toutes les autres H las on prend conscience de cela plus facilement lorsqu on regrette une situation un tat ou un v nement Vouloir les nier nous emm ne revenir en arri re et construire de mani re imaginaire une s rie r trospective partir de cet instant fatal qui nous semble le point de d part 16 Par ailleurs et heureusement le pouvoir de la lecture et de la m taphore nous permettent de voir et interpr ter une uvre circonscrite et rattach e un temps et un espace pr cis dans un autre temps et un autre espace de ce que nous refusons Nous faisons donc un autre choix hypoth tique nous prenons l autre d cision qui ne nous m nera s rement pas la mauvaise situation mais celle d sir e ou au moins une autre Par ailleurs une vision prospective et optimiste bien s r impliquerait que nous sommes chaque instant nouveau th oriquement face un vaste faisceau de possibilit s Ceci pr suppose la libert de choix bien que h las la fatalit et le d terminisme seraient oppos s ce jugement bien p remptoire
13. ieu et une fin et que les bonnes histoires ne doivent ni commencer au hasard ni finir au hasard Les normes d Aristote exigent que l histoire s organise de mani re lin aire et elles impliquent un principe d unicit pour le d but comme pour la fin Dans la tradition litt raire mill naire les uvres ont une fin unique et celle ci implique un caract re d finitif l uvre se cl t selon la volont de l auteur En effet dans la litt rature abondent des fins canoniques par exemple les amoureux se marient le h ros vainc les preuves le criminel est d couvert et puni Ces fins constituent le point final par rapport l univers cr dans l uvre n anmoins l auteur peut revenir plus tard et donner une suite la Rappelons nous qu Aristote discute sur la trag die 6 dite uvre dans une deuxi me partie Don Quichotte Faust etc mais qui suit la m me contrainte d une fin unique et cette fois ci d finitive Si l actuelle fiction hypertextuelle ne respecte pas les bonnes normes aristot liciennes il existe galement une fiction textuelle qui ne les respecte pas non plus situ e tout particuli rement dans des uvres de la litt rature du XX si cle Il suffit de penser aux jeux ludiques chers Cort zar Rayuela 1963 ou Queneau Un conte votre fa on 1967 Ainsi peut on distinguer pour les uvres de fiction une typologie avec plusieurs possibilit s de d buts et de
14. it dans son nonciation et l articulation sur le support papier en particulier est pr sent e de mani re lin aire et successive Ainsi nous constatons qu on peut distinguer deux sens principaux du terme lin arit appliqu s au texte la lin arit du dispositif des unit s dans la totalit de l uvre n implique pas n cessairement la pr sentation lin aire chronologique Pour ce qui est des hypertextes de fiction actuels leur structure et leur articulation se pr sentent autrement D s les premi res cr ations de Michael Joyce Afternoon a Story 1987 ou de Stuart Moulthrop Victoria Garden 1992 le dispositif des unit s constitutives noyaux loin de s organiser par rapport une lin arit propose d entr e une vaste multi lin arit qui permet et incite une vari t de parcours de lecture en fonction des liens instaur s De plus si dans les r cits textuels il n tait pas n cessaire de sp cifier la fa on et l ordre de lecture car le Aarseth dans sa topologie textuelle propose des textons comme unit s de base et des scripton pour d signer une s quence ininterrompue d un ou de plusieurs textons Cf Espen J Aarseth Nonlinearity and Literary Theory in George Landow ed Hypertext and Literary Theory Baltimore and London Johns Hopkins University Press 1994 J ai consult la traduction en espagnol No linealidad y teoria literaria in Teoria del hypertexto Barcelona
15. lin arit et de la continuit elles peuvent tre r cup r es lorsqu on revient aux actions de la premi re Dans ce cas par ce changement de niveau narratif l univers et l action de l histoire secondaire substituent momentan ment ceux de l histoire principale La ou les histoires en mise en ab me constituent des incises et peuvent tre per ues comme moments de pause par rapport l histoire cadre ou principale Paradoxe l action de la premi re histoire est le fait de raconter ou couter la deuxi me histoire I s agit d un aspect paratextuel de l uvre hypertextuelle 5 Voir la section Autour de la totalit et de la fragmentation 14 Le cin ma illustre d une mani re visuelle et simple l impossibilit de repr senter en temps r el les actions de toute une vie 15 Ces deux termes et incise en particulier proviennent de la r flexion du cher Jacques Roubaud qui il y a presque trente ans aux s ances du S minaire Polivanov nous parlait de parenth sage notion d riv e d une pens e math matique qui ne m est pas compl tement trang re Et avant Roubaud il y a eu la th orie et la pratique litt raire et combinatoire de Queneau 4 Ainsi la discontinuit du dispositif de pr sentation d une histoire n implique pas n cessairement la discontinuit de l histoire il y a cet effet de pause et inversement au niveau de repr sentation de l
16. onn s selon ce dispositif qui suit la num rotation croissante de chaque chapitre impliquent tout naturellement une lecture orient e de mani re lin aire et successive par ailleurs l absence de num rotation de chapitres ne nous emp che pas de conserver une vision lin aire du texte et de le parcourir de la m me mani re Ceci n a rien d extraordinaire car en r alit les origines de cette lin arit remontent aux origines m me de la communication dans sa forme d nonciation et d expression le r cit oral est par d finition lin aire et sa reproduction crite h rite de cette lin arit Par ailleurs dans cette lin arit du dispositif l crivain peut exprimer les relations temporelles du r cit selon deux formes principales Une premi re qui respecte la chronologie des v nements et qui implique la co ncidence de la trame ou discours et de la fable histoire mais galement une autre o des alt rations de la chronologie brisent cette lin arit chronologique Si nous employons fr quemment dans nos r cits oraux des r trospections analepses et des prospections prolepses qui font partie d une rh torique naturelle du r cit il n est pas rare de retrouver cette forme d organisation temporelle dans les r cits litt raires Or bien qu il puisse exister un d sordre dans l exposition des v nements de l histoire racont e ou crite elle suit toujours une logique de lin ar
17. os deux principes structuraux qui mettent en rapport le texte et l hypertexte dont le deuxi me affirme Tout hypertexte est un ensemble de textes qu on peut r ordonner dans la s quence d un texte bien qu il soit tr s long voire infini Si ce principe est valable le crit re de non lin arit strictu senso s av re non distinctif car finalement on peut toujours trouver ou construire au moins une lin arit partir de l ensemble de diverses lignes de parcours en fonction des articulations propos es dans un hypertexte Bien entendu cette lin arit n est pas unique parce que en examinant la multiplicit de parcours d un hypertexte on pourrait consid rer le cas de plusieurs lin arit s voire th oriquement un nombre infini Ceci montre que le principe nonc ne se veut aucunement simpliste ou r ducteur mais propose une coh sion de deux conceptions de l criture et de ses articulations Par ailleurs il s av rerait pr f rable d insister sur la pluri ou multi lin arit comme la caract ristique structurelle distinctive de l hypertexte On pourrait galement mettre en valeur la nature uni directionnelle du texte face celle pluri directionnelle de l hypertexte ceci implique son tour l opposition entre l uni relationnel et le pluri relationnel Mais tout texte en particulier sur un support papier est il n cessairement et uniquement lin aire Nous pouvons constater que po
18. ruit un mod le deux niveaux les chapitres impairs constituent une histoire tandis que les pairs en constituent une autre il en d coule que les contenus des chapitres de la deuxi me histoire peuvent tre consid r s comme des parenth ses ou des incises de la premi re et vice versa galement car la fin du changement de niveau on revient toujours au niveau de d part A partir de ce mod le on peut distinguer en premier lieu un principe d alternance simple des histoires et il mane de leur exposition d une mani re successive un autre principe celui de l incise la seconde histoire est une suite d embo tements l int rieur de la premi re Quant l inclusion ou mise en ab me la litt rature comporte des cas c l bres Rappelons nous entre autres de deux exemples d uvres de fiction qui tant donn leur genre peuvent tre consid r es comme compl mentaires o s int grent diverses histoires les contes des Mille et une nuits o la multiplicit des r cits racont s par Sh h razade proviennent d un r cit principal qui donne une unit l uvre et le roman Don Quichotte o Cervantes suspend la narration des aventures du chevalier pour introduire des r cits secondaires S il est vrai que lorsqu on change de niveau narratif et qu on passe des actions d une premi re histoire celles d une deuxi me qui peuvent tre bien diff rentes il y a une rupture de la
19. s l uvre de fiction on peut distinguer des formes chronologiques et non chronologiques pour l expression du temps Ces cas ne sont pas incompatibles car l emploi des deux n est pas exclu bien au contraire ces deux formes ont bel et bien coexist pendant des si cles dans les r cits Il convient galement d examiner l articulation de ces formes temporelles dans l ordre du dispositif 4 Les normes de lecture On peut trouver explicit es ou non explicit es dans l uvre de fiction des instructions de lecture au niveau paratextuel table des mati res mode d emploi sch ma Il faudra distinguer leur nature textuelle num rique visuelle et leur lien avec le texte m me 5 L articulation pour le choix et la continuit 8 Pour l instant je ne fais qu voquer cet aspect ludique qui est essentiel dans une bonne partie de la fiction interactive textuelle et hypertextuelle et qui implique galement un fait de d rive dans le parcours des ces uvres Et n oublions pas la litt rature de jeunesse du type choose your own adventure particuli rement fleurissante aux ann es 80 L auteur peut signaler de mani re explicite ou non dans l uvre de fiction des instants disjonctifs pour la continuit d une ou de plusieurs lignes narratives On peut consid rer deux formes principales pour rompre avec la continuit la bifurcation et l incise Ces moments de choix impliquent l existenc
20. sonnages de les situer dans une interaction entre eux et bien entendu face aux v nements ext rieurs choisis Le bon choix et l ad quation de personnages et des v nements contribueront videmment la r ussite de l intrigue Or pour sa construction et son articulation l approche lin aire voqu e montre que les instants disjonctifs qu on peut d terminer dans l uvre illustrent les moments des alternatives et des choix que l crivain a pu faire au moment de son criture Par ailleurs dans la structure des parties dans le tout l articulation ou montage des unit s constitutives de l intrigue se r v le essentiel Il faut d abord faire le bon choix des unit s et savoir tablir les moments de rupture L auteur consciemment ou intuitivement d veloppe une ou des lignes narratives qu il interrompt et combine dans un tissu multiple Une possibilit d articulation est celle o la fin d une unit constitutive l auteur arrive un moment de tension qui peut provoquer des suites alternatives Ceci correspond aux instants disjonctifs voqu s et traditionnellement l auteur en choisit la suite qui lui semble la plus ad quate L auteur est il toujours oblig d en choisir une seule Autour du d but et de la fin On peut distinguer chez Aristote Po tique 7 deux aspects fondamentaux concernant l ordre et l organisation de l uvre litt raire il affirme que le tout a un d but un mil
21. ur ce qui est de sa disposition le texte est fix de mani re lin aire car l objet livre ou l ancien manuscrit unitaire l exige ainsi Mais du point de vue des possibilit s de lecture il peut en tre autrement Ceci impliquera naturellement une r flexion sur les notions de fixit et ou mall abilit du texte et de ses trajectoires de lecture 4 Par ailleurs tablir un rapport ou disons le un lien entre le textuel et l hypertextuel ne r duit aucunement les grandes possibilit s cr atives de l hypertextuel 5 Les exp riences combinatoires bien connues de Queneau et celles de Marc Sapporta Composition no 1 1962 Autour de la des lin arit s dans la fiction Les r centes exp riences de l hypertextualit et de l espace cybern tique nous incitent appr cier d un regard actuel les caract ristiques canoniques du dispositif du texte que par une tradition et une formation centenaires nous n tions plus habitu s distinguer voire prendre en compte Ainsi je voudrais insister sur une premi re notion de lin arit du texte d ordre formel qui prend en consid ration le rapport du tout avec ses parties Cette lin arit correspond la structure et l articulation de ses unit s constitutives chapitres s quences ou autres selon un dispositif unique et construit selon une logique repr sentable sur une seule dimension Ainsi par exemple les romans divis s en chapitres et ord
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