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Salaun - L`adaptation de l`enseignement aux réalités - Pluri-L

1. L Assembl e de la Province Nord utilise ses ressources pour former intervenir dans les classes 13 sur des contenus de programmes culturels et linguistiques d finis et sous la responsabilit des ma tres prioritairement de jeunes locuteurs bacheliers sans emploi dans le cadre de son dispositif d insertion des jeunes ARTICLE 8 D veloppant une politique ducative de proximit l Assembl e de la Province Nord entend laisser aux quipes ducatives et leurs directeurs d coles l initiative des actions de leur dur e des supports pour autant qu ils s inscrivent dans la dynamique provinciale et qu ils satisfassent aux objectifs g n raux de l cole en Nouvelle Cal donie Les ressources des autorit s coutumi res des personnalit s culturelles et artisanales locales du patrimoine culturel et naturel doivent tre sollicit es notamment dans le cadre des Assembl es d coles L article 4 sur les personnels a t compl t dans le sens suivant en 2005 L assembl e de la province utilise ses ressources pour former des personnes bilingues intervenir dans les classes sur des contenus de programmes culturels et linguistiques d finis Ces personnes devront poss der une parfaite ma trise orale et crite de leur langue Le premier niveau de recrutement de ces locuteurs consistera en des interventions ponctuelles r mun r es par des contrats de vacation l issue d une premi re an
2. Lorsque l usage de certaines fonctions langagi res en particulier le langage d vocation et le d veloppement lexical et conceptuel sont fortement encourag s dans la langue premi re et aboutissent une comp tence suffisamment lev e dans cette langue qui va en pratique jusqu la capacit la lire et l crire l exposition la langue seconde conduit un haut degr de comp tence L hypoth se est ici que les acquis linguistiques et cognitifs ne se r alisent qu en raison du d veloppement de comp tences langagi res interd pendantes les connaissances lexicales et conceptuelles les comp tences m talinguistiques en particulier la prise de conscience de la distance langue orale langue crite les fonctions langagi res et plus particuli rement la fonction de repr sentation langage d vocation comp tences textuelles langage d contextualis 1 3 La justification politique Deux textes posent le cadre politique d un projet de r conciliation entre autochtones et non autochtones cadre politique qui conditionne fortement la nature des r formes scolaires en cours Ces deux textes sont pour Hawai i l Apology Resolution US Public Law 103 150 sign e par le Pr sident Clinton en 1993 et pour la Nouvelle Cal donie L Accord de Noum a 1998 constitutionnalis par la loi organique du 19 mars 1999 Il n est pas possible de les reproduire ici in extenso mais nous voudrion
3. PATRIMONIAL 35 4 Conclusion Chacune des justifications patrimoniale p dagogique et politique d taill es dans ce chapitre est en elle m me l gitime Le probl me se pose en fait quand on cherche les faire tenir ensemble ce qui est le cas des r formes actuelles Mes recherches sur les deux terrains pr sent s ici me conduisent a affirmer que dans les faits il n y a pas d accord sur la r ponse donner des questions telles que faut il enseigner les langues vernaculaires dans le seul but de favoriser l acquisition de la langue dominante langue v hiculaire langue oblig e de la continuation des tudes faut il les enseigner pour passer de la diglossie au bilinguisme quilibr faut il les enseigner pour viter leur disparition et celle d une partie du patrimoine mondial si l cole n assume pas une fonction normalement d volue la famille depuis les premiers temps de la colonisation faut il les enseigner pour op rer un rapprochement entre le milieu communautaire et institution scolaire gage nouveau de son ouverture et facteur de r conciliation faut il les enseigner pour marquer symboliquement le primat de la reconnaissance de l identit autochtone et signifier ainsi le passage une re litt ralement post coloniale En consid rant la fa on dont les dispositifs sont mis en uvre en pratique on mesure quel point la hi rarchie des objectifs est diff rente Et on retombe ici
4. acquisition est le m dium de l instruction 2 le programme d immersion est parall le au programme standard dans la langue dominante 3 la langue dominante est la langue privil gi e dans la soci t 4 le 14 Pai volontairement conserv les mots hawa ens du texte original anglais dans le but d insister sur le permanent changement de code qui caract rise les documents des Charter Schools Les th ses d universit des activistes hawa ens r dig es en anglais n cessitent d avoir sous la main un lexique anglais hawa en 26 programme d immersion vise le bilinguisme additif 5 l exposition la L2 se cantonne g n ralement la classe 6 les l ves arrivent dans le programme avec un niveau homog ne et faible en L2 7 les enseignants sont bilingues 8 la culture scolaire est comparable celle de l enseignement traditionnel En fait une d marche visant rendre compte des plus petits d nominateurs communs ou des principales lignes de fracture l int rieur de cet ensemble tr s vaste d exp riences en cours de par le monde reste exceptionnel Les travaux sur la planification linguistique me semblent se distinguer par trois traits ils pr sentent d une part les publications de fa on tr s descriptive j entends par l qu ils sont d lib r ment empiriques plus rarement analytiques ils font d autre part montre d une orientation militante leurs
5. donie les m canismes en cause ici sont complexes car ils jouent sur des niveaux diff rents le niveau collectif la communaut autochtone dans son ensemble et individuel l ve et son d veloppement Au niveau collectif on peut attendre de la prise en compte langagi re qu elle contribue au rapprochement entre les familles et l institution scolaire r conciliation d autant plus n cessaire que les parents des enfants qui b n ficient aujourd hui de programmes incluant les langues et la culture ont t eux m mes scolaris s dans des syst mes scolaires monolingues dont l objectif explicite tait l assimilation avec un corollaire la disqualification de leur langue et culture d origine L absence de motivation le manque d int r t pour les tudes la disjonction entre logiques scolaires et logiques sociales etc sont toujours puissamment convoqu s pour expliquer les diff rentiels de r ussite entre les autochtones et les autres Au niveau individuel on peut esp rer une facilitation de la socialisation scolaire la pr sence de la langue maternelle l cole est suppos e s curiser l enfant en offrant un pont entre r f rents culturels familiaux et scolaires rendant par l plus ais le passage du statut d enfant au statut d l ve et une facilitation de l activit d apprentissage via des variables conatives comme l estime de soi et cognitives effets attendus du bilinguisme additif
6. les intervenants prennent la classe sous la responsabilit de l enseignant titulaire qui enseigne en fran ais Entretien avec le directeur de la Direction de l Enseignement de la Province Nord ao t 2004 reproduit dans Sala n 2005 32 15 apr s un accord entre eux sur le th me aborder sur la base du rep rage par cet enseignant de difficult s sur des points sp cifiques La m thodologie a consist lors des premiers stages identifier des points qui posent probl me Notre premier travail fut de comprendre ce qui pouvait faire obstacle dans la traduction d une langue l autre des concepts Nous explorons les difficult s de compr hension pour d signer par exemple le dedans du dehors lorsque les limites de la zone proximale ext rieure en langue kanak font encore partie de l int rieur de la maison On ne trouve pas non plus de traduction pour d signer la situation d un tre humain qui se trouverait devant un autre Si des bananes sont dans un panier celles qui se trouvent l ext rieur ou en dehors du panier se traduirait par c t du panier litt ralement en langue kanak En fran ais grand en taille se traduirait par long en kanak mais grand en kanak se traduirait par plus g en fran ais Droite gauche ne sont pas utilis s en langue kanak pour se diriger On utilise en haut en bas sur le
7. notre disposition Apr s une pr sentation des contextes sociolinguistiques sur les deux terrains le texte commencera donc par une description de quatre exp riences en cours en Nouvelle Cal donie le programme du gouvernement et celui de la Province Nord a Hawai i les coles d immersion et les Hawaiian Focused Charter Schools Parce que ces initiatives ne s accordent pas avec les nomenclatures existantes ce chapitre pr sentera ensuite un mod le alternatif permettant de les classer 1 Quelques l ments de contexte De nos jours la justification d un enseignement en langue vernaculaire en Nouvelle Cal donie et Hawai i rel ve de trois ordres patrimonial politique et p dagogique 1 1 La justification patrimoniale L Atlas des langues en danger 2009 r pertorie 2 500 langues dont 220 qui ont disparu depuis les ann es 1950 Les linguistes les plus optimistes Wurm 2001 par exemple estiment que la moiti des 6 000 a 7 000 langues actuellement parl es auront disparu dans un si cle ou du moins ne seront plus apprises par les enfants Les plus pessimistes comme Krauss 1992 estiment que seuls 10 des langues orales actuelles voire 5 c est dire 300 langues subsisteront comme langues vivantes non menac es en l an 2100 Les langues des peuples autochtones appartiennent quasiment toutes ce groupe des langues en danger voir Martinez Cobo 1987 pour une vue d ensemble Et ce qui es
8. souverain en mati re de r daction des programmes de l enseignement primaire formation des enseignants et d finition de la politique ducative Les provinces quant elles sont comp tentes en mati re de recrutement des enseignants et surtout pour ce qui nous int resse en mati re d adaptation des programmes aux r alit s culturelles et linguistiques On le voit la question de qui doit faire quoi quand il s agit d enseignement les langues kanak para t un peu confuse d o l existence de plusieurs dispositifs en concurrence dans l enseignement l mentaire o les enfants sont scolaris s de l ge de 3 ans celui de 11 ans 2 1 1 Le dispositif du gouvernement En 2008 17 des enfants g s de 3 5 ans participaient des enseignements dispens s dans 10 langues kanak aji c muhi drehu fw i nemi nengone num paici x r c yuanga raison de 7 heures par semaine sur la base du volontariat des parents enseignement optionnel Le trait le plus marquant de ce dispositif est que le choix a t fait d s le d part de r pondre aux exigences conventionnelles du syst me ducatif national fran ais en faisant de cet enseignement Langues et culture kanak ou LCK une discipline comme les autres La conviction tait qu il fallait d cloisonner l enseignement LCK en le mettant au service de l acquisition de l ensemble des comp tences du primaire Il ne fallai
9. 3 Immersion dans une langue autochtone indigenous immersion pour les groupes concern s La tripartition propos e par Fortune et Tedick a le m rite de montrer que les dispositifs mis en place sont dans une certaine mesure incommensurables il n est pas possible de mettre sur un m me plan l immersion visant l acquisition d un bilinguisme fran ais anglais cas canadien et l immersion visant la revitalisation d une langue menac e d extinction dans une petite communaut autochtone Consid rons la d finition de Cloud et al 2000 qui identifie les programmes en deux langues dual language programs de la fa on suivante il s agit de programmes qui visent une ducation enrichie enriched education en vertu de l hypoth se du bilinguisme additif en proposant un enseignement dans une langue seconde raison d un minimum de 50 du temps scolaire pendant les ann es l mentaires tout en offrant des conditions propices au d veloppement des comp tences dans la langue premi re de l l ve On mesure imm diatement qu une telle d finition ne permet pas de rendre compte des programmes en milieu autochtone Fortune et Tedick insistent sur la n cessit de consid rer ces programmes part notamment parce que les rep res classiques ge de l enfant au moment de l introduction de la deuxi me langue immersion pr coce ou tardive ou encore le poids respectif de L1 et L2 exprim en pourcentage du te
10. Benton 1989 pour un historique en fran ais des Kohanga Reo Le principe de base de ces jardins d enfants en immersion consiste recruter des personnes g es comp tentes aux plans linguistique et culturel de pr f rence les grands Pour une analyse plus d taill e des Kula Kaiapuni voir Sala n 2009 17 parents pour travailler en garde de jour et pour transmettre la langue et la culture aux enfants formant ainsi un pont franchissant la g n ration des parents devenus monolingues anglophones en ce d but des ann es 1980 Les Piinana Leo nids linguistiques sont cr s officiellement a la rentr e de l ann e 1983 1984 par un groupe de parents qui avaient eux m mes appris l hawa en en tant que langue seconde et par des enseignants de l universit Le militantisme des parents est indispensable et il se traduit par une participation parentale sous forme de contribution en nature volontariat Cette participation parentale hana makua en hawaien consiste en pratique en paiement de frais de scolarit bas s sur les revenus la r alisation de huit heures de travail b n vole par mois la participation a des cours de langue hebdomadaires et a des r unions d organisation mensuelles Kamana et Wilson 1996 153 Les familles s engagent par ailleurs faire de la langue hawaienne la langue premi re de leurs enfants ainsi que la langue majoritairement parl e la maison On retrouve
11. Hawaiian dans la R solution Tout individu descendant du people aborig ne qui avant 1778 vivait et tait souverain sur le territoire qui constitue d sormais l tat d Hawai i Cette r solution s loigne de l esprit de l Accord de Noum a en ce qu elle ne comporte aucune feuille de route 4 www legifrance gouv fr affichTexte do cidTexte JORFTEXT0000005558 1 7 amp dateTexte page consult e le 7 juillet 2010 elle ne mentionne pas la forme que doit prendre l engagement de r conciliation puisqu elle se conclut au contraire sur l affirmation d une exemption de la responsabilit des tats Unis par cette formule Rien dans cette R solution n est destin servir de r glement des plaintes contre les tats Unis d Am rique Significativement ces deux textes reconnaissent des faits proposent de rem dier aux probl mes de l h ritage colonial mais sans donner le mode d emploi de ce que pourrait constituer une d colonisation du syst me ducatif Ou plut t dans le cas n o cal donien la loi organique pr voit un transfert progressif des comp tences ducatives de la France la Nouvelle Cal donie et son ex cutif local Les modalit s de la prise en compte de la culture des enfants kanak l cole ne sont pas pour autant claircies De m me Hawai i c est la faveur d initiatives locales et priv es que se sont d velopp s deux syst
12. dans la version traditionnelle de la langue ibid 94 On arrive donc selon Wong une situation absurde La nouvelle norme est bas e essentiellement sur les formes crites alors que les locuteurs natifs qui restent utilisent la langue surtout dans des contextes oraux et le manque d attention pr t e aux deux formes ne fait qu exacerber une situation d j 22 absurde dans laquelle le succ s des efforts de revitalisation est proportionnel a la marginalisation des normes autochtones du parler ibid 99 2 2 2 Na Lei Na auao Native Hawaiian Charter School Alliance La digression que nous venons de faire propos du ressentiment de certains segments de la communaut nous permet d introduire un autre type d coles bilingues qui sont n es pr cis ment de la critique des coles d immersion accus es de ne pas fondamentalement modifier le statu quo On peut ainsi lire dans la th se de leur fondatrice Ku Kahakalau Au dela de la langue d instruction il y a peu de diff rences structurelles et li es au curriculum entre une classe en langue hawaienne et une classe en anglais Pour l essentiel aussi bien les programmes des Punana Leo que ceux des Kaiapuni sont g n ralement bas s sur des philosophies haole celles des blancs et les paradigmes ducatifs ne varient que de mani re infime par rapport au statu quo Tout comme leurs camarades anglophones de la classe d a c t les tudian
13. ici la conviction de Joshua Fishman 1991 selon laquelle il ne saurait y avoir d inversion du changement linguistique reversing language shift sans implication de l ensemble de la communaut Sans non plus changement dans les pratiques interg n rationnelles de transmission qui commencent avant la scolarisation proprement parler et surtout renforcent l efficacit du bain linguistique dans lequel les enfants sont plong s en milieu scolaire condition justement de faire de la langue de l cole galement la langue de la maison pour qu elle devienne de nouveau la langue premi re des enfants La cr ation officielle des coles d immersion date de 1986 et se r alise dans le prolongement des Punana Leo dont les premi res cohortes sont alors en ge d entrer l cole primaire Le Department of Education local autorise titre exp rimental l ouverture de classes en immersion dans quatre coles publiques ces coles pilotes sont baptis es Kula Kaiapuni Hawaii Ecole en environnement hawa en La strat gie d extension va tre plut t verticale qu horizontale il s agit moins d ouvrir un grand nombre d coles que de parvenir faire suivre une scolarit quasi exclusivement en hawa en un nombre limit d enfants la premi re cohorte de dipl m s du 18 secondaire issue des coles d immersion en 1999 repr sente 14 tudiants et ils ne sont que 64 en 2008 pour la graduati
14. lange curieux pour l observateur ext rieur entre cosmogonie autochtone et culture de la r ussite la nord am ricaine ce que traduit la notion d achievement But des Charter Schools L Ohana la famille tendue de Mana Maoli l Hawa en v ritable vise construire maintenir et renforcer un halau lieu de rencontre d apprentissage de type familial en collaboration avec et pour les communaut s qui s appuie sur la base de la culture la tradition et l pist mologie hawa ennes ainsi que sur les ressources les forces et les exp riences de la communaut Les coles h bergeront des mod les p dagogiques rigoureux au plan acad mique enracin s culturellement fond s sur la communaut et contr l s par elle De larges r seaux d accompagnement seront mis en place pour encourager la r ussite ducative et conomique de notre ohana famille tendue et de nos communaut s d accueil Vision des Charter Schools Notre vision est de faciliter le r tablissement au sens de gu rison et le renforcement du pouvoir des individus et de la communaut en promouvant un apprentissage tout 25 au long de la vie d individus qui pensent ressentent et agissent de mani re pono int gre pour relever des d fis et rechercher un changement syst mique positif dans la communaut locale r gionale et globale d apr s Goodyear Ka opua 2005 265 notre traduction 3 Proposition d une typol
15. travail en g rant son temps Il sait rechercher de l information la classer et en extraire les l ments pertinents Il mobilise ses connaissances pour r aliser un document un expos Il peut expliquer ce qu il fait pourquoi il le fait comment il le fait ou pourquoi il ne parvient pas le faire Un second imp ratif tait la prise en compte de la r alit et de l h t rog n it du profil linguistique des l ves dans leur diversit il ne fallait pas que l enseignement LCK soit r serv aux seuls enfants d j locuteurs en raison de la pr sence de non Kanak 30 des effectifs en contexte urbain et d enfants kanak non locuteurs dont les parents se sont port s volontaires Le programme pr cise S il s adresse en priorit aux l ves locuteurs natifs d une langue kanak ou dont c est la langue d origine cet enseignement reste ouvert tous les 12 enfants y compris aux non locuteurs partir du moment o les parents en font la demande L enseignant met en ceuvre une p dagogie adapt e au profil linguistique de chaque enfant renforcement ou initiation Dernier l ment de mise en conformit avec le syst me ducatif national francais le souci de former un corps de maitres kanak pass par les m mes certifications universitaires que l ensemble des enseignants Il s agit d une part de privil gier l excellence en recrutant par concours des futurs ma tres a
16. 6 L adaptation de l enseignement aux r alit s linguistiques et culturelles autochtones vue du Pacifique Sud Une comparaison Nouvelle Cal donie Hawai i et un essai de typologie Marie Sala n Le Pacifique Sud n a pas t pargn par le vaste mouvement de renaissance culturelle qui a vu depuis une quarantaine d ann es l mergence de revendications d une prise en compte des langues et cultures autochtones dans les syst mes scolaires Les situations locales sont extr mement diverses que l on s attache au contexte sociolinguistique la nature des revendications des populations autochtones ou encore la fa on dont les institutions ont acc d aux demandes d adaptation des curriculums et des m thodes p dagogiques La diversit m me des conditions dans lesquelles le plurilinguisme l cole est envisag aujourd hui dans les diff rents tats ind pendants et collectivit s sous tutelle de la zone est sans aucun doute le produit d exp riences assez incommensurables Pourtant les contextes contemporains ont ceci en commun qu ils partagent des racines historiques ce qu illustre la place pr pond rante voire exclusive de la langue du colonisateur le fran ais et l anglais principalement comme langue d enseignement dans cette r gion Ce chapitre s appuie sur des recherches empiriques men es dans deux collectivit s non autonomes Hawaii le cinquanti me tat de la f d rat
17. Olelo Hawai i tait bien en passe de devenir une langue teinte l or e des ann es 1980 cette poque selon Louis Jacques Dorais citant lui m me Hawkins 1981 17 000 personnes d claraient avoir l hawa en comme langue maternelle c est dire comme langue parl e au foyer quand ils taient enfants Dorais 1983 65 Ces locuteurs pr sentaient en outre au moins une de trois caract ristiques ils avaient plus de soixante ans avaient t lev s par leurs grands parents ou avaient pass leur enfance Niihau petite le isol e du reste de l archipel En 1978 le recensement valuait 9 400 le nombre de personnes d clarant conna tre plus ou moins la langue dont 1400 la parlant couramment mais seulement 250 disant l utiliser r guli rement la maison Rapport s la population globale les chiffres deviennent 1 de la population totale de l tat a des notions d hawa en mais seulement 0 15 en a une connaissance approfondie 6 3 des gens se d clarant d origine hawa enne sont des locuteurs occasionnels et 0 93 des locuteurs habituels Plus que les effectifs absolus c est la chute du nombre de locuteurs dans la population autochtone qui est 3A Pexception du tayo parl par environ 2 000 personnes en grande majorit d origine wallisienne dans une localit particuli re Saint Louis 4 impressionnante en 1930 plus de 60 de l ensemble des autochtones m tis inclus util
18. ande a la langue que d assurer un minimum d intercompr hension dans les rencontres il n est pas question d riger tel ou tel parler en norme de l autre Bourdieu 1982 29 Mais la situation change radicalement d s lors que la langue doit tre codifi e en vue de devenir un m dium d enseignement l initiative des Kula Kaiapuni un Comit lexical Ke Komike Hua olelo Hou a produit au fil des ann es des listes de vocabulaire qui circulent largement au dela du cercle scolaire et sont diffus es dans toute la communaut Le Comit a d fini un certain nombre de directives pour 1 laboration des n ologismes qui repr sentent elles m mes toute la palette des positions possibles entre les deux id ologies celle de la modernisation qui favorise la correspondance avec l anglais et celle de la puret de la langue Voici ces directives d apr s Komike Hua olelo 1996 iii et la traduction anglaise de Wong 1999 108 12 http www olelo hawa i edu enehana leoki php page consult e le 5 juillet 2010 21 1 Utiliser un mot imprim dans le dictionnaire 2 Utiliser un mot dont les locuteurs natifs font usage mais qui n est pas dans le dictionnaire 3 Expliquer le sens en utilisant des mots hawa ens p riphrase 4 largir le sens d un mot qui est dans le dictionnaire 5 Utiliser un mot tranger qui est transform pour refl ter l orthographe hawa enne 6 Cr er un
19. angue autochtone Cette option revendique g n ralement la neutralit politique au sens o elle n entend pas se mettre au service des causes souverainistes telles qu elles sont port es par les mouvements politiques autochtones A Hawai i on a m me vu certains proposer une conception alternative de la souverainet en sugg rant la cr ation d une nouvelle nation de locuteurs d connectant ainsi l appartenance ethnique et l usage de la langue les enseignants comme les l ves peuvent tre des non autochtones non autochtones pouvant se targuer d tre plus hawa ens que les Hawa ens eux m mes qui dans leur immense majorit ne sont pas locuteurs de leur langue d origine He ohana kakou ma ka olelo nous sommes de la m me famille par la langue ce slogan de tee shirts vendus au profit des coles d immersion illustre cette id ologie inclusive En Nouvelle Cal donie sous une forme diff rente on retrouve une volont de d sethniciser la question des langues l cole dans le cadre du destin commun outre l impossibilit r glementaire de limiter le b n fice du programme mis en place par la DENC aux seuls enfants kanak toutes les familles quelle que soit leur origine sont encourag es se porter volontaires pour cet enseignement La proportion des non Kanak dans les classes dites de langues est cons quente en Province Sud 30 et elle est symboliquement de to
20. angue hawaienne est par ailleurs compliqu e par le fait que l enseignement en hawaien suit un mod le linguistique tr s occidental qui n autorise r ussir que ceux qui ont des connaissances en grammaire anglaise et sont capables de penser de mani re lin aire alors que ceux qui ont une connaissance limit e ou pas de connaissance de la syntaxe anglaise ont peu ou pas de chance de devenir des locuteurs de la langue hawaienne ibid 60 notre traduction voir aussi Meyer 1998 C est donc en raison de l inad quation de la formule des coles d immersion notamment de leur focalisation sur la seule revitalisation linguistique qu est n en 2000 le r seau Na Lei Na auao Native Hawaiian Charter School Alliance qui compte aujourd hui 14 coles scolarisant pr s de 2 000 l ves Le statut juridique des Charter Schools permettait d une part une libert curriculaire Curricular Freedom et d autre part de s assurer via un financement r current du Department of Education la stabilit financi re long terme de l entreprise et la reconnaissance en tant que fonctionnaires de ses employ s Kahakalau 2003 99 La vis e politique du projet p dagogique des Hawaiian Focused Charter Schools est tout a Les Charter Schools sont des coles publiques cr es l initiative d enseignants ou de parents d l ves qui l tat donne la possibilit d tre g r es de mani re semi autonom
21. ase aux interventions en langue kanak La d cision de d velopper une politique provinciale autonome dont l articulation avec ce qui se fait par ailleurs au niveau du pays n est pas encore clairement tablie n a probablement pas ce jour t assum e compl tement puisque le bilan est assez maigre avec seulement 700 l ves encadr s par un enseignant titulaire du dipl me de Professeur des coles sp cialis LCK et dix intervenants locuteurs alors que la Province Sud a embauch 43 enseignants pour les LCK depuis 2005 La r flexion sur le type de bilinguisme recherch et les moyens de l atteindre semble encore embryonnaire faute de disposer des ressources la fois th oriques et mat rielles qui assureraient la coh rence et le d veloppement du projet La Province semble d ailleurs en avoir pris acte avec la nomination en 2008 sa Direction de l Enseignement d une coordinatrice plein temps pour la mise en uvre de l adaptation qui se trouve tre l une des enseignants LCK form e dans le dispositif d crit la section pr c dente et peut se pr valoir d tudes universitaires en linguistique oc anienne 2 2 Hawai i 2 2 1 Kula Kaiapuni Hawai i coles d immersion Ces coles sont n es au d but des ann es 1980 suite une initiative priv e inspir e par le mod le des Kohanga Reo en Nouvelle Z lande litt ralement les nids linguistiques maoris voir
22. auteurs sont aussi des acteurs de la mise en place des programmes de planification ils souffrent enfin d une absence de dimension comparative se cantonnant g n ralement un seul terrain Dans cette mesure l effort de Fortune et Tedick 2008 pour rendre compte la fois des caract ristiques centrales core characteristics et des variations acceptables acceptable variations entre les programmes est m ritoire Cet effort d bouche sur une r partition en trois ensembles distincts 1 Immersion dans une langue trang re one way foreign immersion l intention d un public g n ralement homog ne d l ves locuteurs de la seule langue majoritaire Exemple type les coles d immersion en langue fran aise dans les r gions anglophones du Canada 2 Immersion dans deux langues dont une trang re two way foreign immersion l intention d un public compos pour partie d l ves locuteurs la fois d une langue minoritaire et de la langue majoritaire et d l ves locuteurs de la seule langue majoritaire Exemple type 15 On peut s en faire une id e en consultant le catalogue de Multilingual Matters maison d dition qui se consacre enti rement au domaine du bilinguisme et du plurilinguisme et publie une vingtaine de revues outre des ouvrages dans dix sept collections 27 les coles d enseignement bilingue espagnol anglais aux Etats Unis dans les tats o cela reste autoris
23. e Au niveau culturel l l ve dispose de connaissances essentielles relatives au milieu naturel aux relations sociales aux valeurs aux croyances et aux techniques la litt rature orale Il sait adopter les formes de comportements exigibles par chaque communaut Il a pu observer galement que derri re les diff rences entre cultures se cachent des invariants qui tiennent au fait humain Dans une soci t multiculturelle mettre en vidence ce qui rapproche les hommes est aussi important que cultiver les diff rences La dignit la responsabilit la solidarit l amiti le respect de soi et de l autre la pr servation de l environnement sont autant de notions qui permettent l l ve d op rer des rapprochements Il a aussi pu observer que les cultures ne sont pas fig es qu elles se transforment La contribution de locuteurs natifs reconnus par les autorit s coutumi res intervenants agr s conforte l indispensable dimension culturelle de cet enseignement Au travers enfin d activit s inspir es de situations famili res l l ve a pu mettre en uvre des actes intellectuels tels qu tre attentif se concentrer m moriser voquer rappeler des v nements v cus se situer dans l espace et dans le temps raisonner par induction ou par d duction imaginer cr er compter trier classer ranger mesurer Dans le cadre de la r alisation de projets divers il a appris organiser son
24. e notamment en ce qui concerne leur budget et leur curriculum tout en restant engag es vis vis des autorit s scolaires locales par un contrat pr cisant les proc dures d admission des l ves le programme suivi le mat riel p dagogique utilis les affectations budg taires la convention collective des enseignants les modalit s de validation des r sultats etc Pour une bonne analyse de la philosophie des Charter Schools on peut lire Fuller 2002 24 fait explicite si l on s en tient aux propos de la fondatrice du r seau Ku Kahakalau Mon cole veut procurer aux l ves les comp tences pour prendre le contr le des affaires hawa ennes en mati re politique culturelle et conomique lorsque nous parviendrons l autod termination Kahakalau 2003 181 Du concept de conscientisation emprunt Paulo Freire celui de lib ration de l esprit Liberation of Mind emprunt au K nyan Ngugi en passant par celui de pleine n vrose situationnelle de Frantz Fanon les r f rences tiers mondistes sont omnipr sentes dans la rh torique des fondateurs du r seau qui mettent l emphase sur la n cessit de lib rer les consciences du peuple hawa en bien davantage que sur celle de revitaliser la langue hawa enne Le projet de ces Charter Schools est de parvenir concilier les ontologies hawa ennes et les r alit s du vingt et uni me si cle ce dont t moigne le m
25. e leur ma trise de sa forme scolaire Par contre le degr de ma trise de la langue autochtone est tr s variable d une situation l autre En Nouvelle Cal donie les enfants qui ont une langue kanak pour langue maternelle assimil e ici 4 la langue parl e a la maison ne se trouvent v ritablement qu en Province Nord ou aux les Noum a les enfants d couvrent souvent la langue l cole et il serait dans ce cas pr f rable de parler de langue d origme Nous ne disposons pas encore d analyse quantitative des pratiques linguistiques familiales mais mes propres enqu tes qualitatives de terrain attestent de leur complexit Si j ai t amen e distinguer dans la restitution trois types de familles les locutrices les partiellement locutrices les non locutrices les situations concr tes ne sont jamais clairement inscrites dans un de ces trois types Les familles se situent plut t sur un continuum allant de essentiellement pas du tout locuteurs Il n existe aucune famille dans laquelle il n y ait jamais de fran ais mais il ne semble pas exister non plus de familles o l enfant n a jamais l occasion d entendre une langue kanak Les situations se caract risent surtout par un enchev trement de langues pr gnante en contexte urbain Noum a il est int ressant de noter que cette complexit caract rise aussi la 16 Voir Sala n 2005 29 situation des familles rencontr
26. e mat riaux directement utilisable dans les classes textes hawa ens traduction en hawa en de textes anglais manuels etc Les livres scolaires disponibles taient tr s peu nombreux voire inexistants pour des mati res obligatoires dans le curriculum du milieu des ann es 1980 sciences sciences sociales et humanit s Dans les premi res ann es de fonctionnement tout tait donc faire et c est une strat gie de traduction qui a t privil gi e Parents tudiants en majeure en tudes hawa ennes l universit professeurs ont t invit s participer des sessions de couper coller cut and paste sessions les textes en anglais sont traduits en hawa en saisis avec un traitement de texte et positionn s sur le texte original de fa on pouvoir se superposer exactement celui ci Les ouvrages de science math matiques et g ographie destin s la traduction sont choisis dans une liste de livres originellement en anglais propos e par le Department of Education l ensemble des coles publiques Ils sont publi s en format broch par l diteur original du manuel anglais le nombre de copies tant strictement ajust celui des l ves concern s Deux ou trois fois l an un groupe d une petite dizaine de personnes se r unit pendant le week end pour effectuer les traductions de l anglais vers l hawa en des livres en vigueur dans les coles publiques Le petit nombre de ce
27. e maternelle et elle n est que rarement parl e la maison aujourd hui 20 des familles des l ves en immersion se d clarent locutrices L hawa en n est pas davantage la langue maternelle des enseignants La langue hawa enne est une langue seconde pour les 100 enseignants des Kaiapuni de l tat l exception d un seul Yamauchi et al 2000 389 Compar e celle des programmes d immersion classiques la situation Hawa fait une moindre place a la langue dominante puisque l objectif n est pas seulement de former des enfants bilingues mais bien de revitaliser une langue en danger d extinction Wong 1999 Le fait est que la langue anglaise est introduite tardivement dans le cursus en cinqui me ann e primaire et raison d une heure par jour seulement quand la plupart des 19 coles d immersion ailleurs fixent ce quota 50 d s l entr e dans l apprentissage de la lecture et de l criture L tat de quasi extinction dans lequel se trouvait la langue au d but de l exp rience d immersion donne un profil tr s particulier la situation hawa enne puisque ici le soutien mat riel et moral des familles est en quelque sorte souvent inversement proportionnel leur propre comp tence linguistique seule une minorit d entre elles tant locutrices de l hawa en Ici comme ailleurs dans les premi res ann es une contrainte majeure tait l absence d
28. ent de la monarchie hawa enne en 1893 Apology R solution t moigne de diff rences fondamentales d avec le texte de l Accord de Noum a La r solution est compos e de trois parties une section de reconnaissance acknowledgment et d excuse une autre de d finitions et une troisi me limitant la responsabilit de l tat disclaimer La premi re vise essentiellement reconna tre la responsabilit d agents et de citoyens des tats Unis dans le coup d tat et la suppression subs quente des droits du peuple autochtone hawa en l autod termination Elle exhorte le pr sident des tats Unis reconna tre les implications du renversement du royaume d Hawai i et encourager les efforts de r conciliation entre les tats Unis et le people autochtone d Hawai i Cette section est pr c d e d une longue liste d attendus s apparentant aussi a une histoire officielle qui affirme qu avant l arriv e des premiers Europ ens en 1778 le peuple autochtone constituait une soci t hautement organis e autosuffisante avec un syst me social bas sur la propri t collective de la terre avec une langue une culture et une religion sophistiqu es et que les changements conomiques et sociaux qui ont suivi le renversement de la monarchie ont t d vastateurs pour la population sa sant et son bien tre La section suivante d finit le terme autochtone hawa en Native
29. es en Province Nord et aux les Hawai i mis part quelques familles militantes qui ont fait le choix de privil gier l hawa en la maison les l ves des Kula Kaiapuni ou des Hawaiian Focused Charter Schools ont l anglais pour langue maternelle et ils sont souvent les premiers dans la famille 4 apprendre la langue d origine leurs propres enseignants ne l ont d ailleurs apprise qu en tant que langue seconde 3 1 2 Des contraintes sp cifiques Les langues enseign es si elles ont connu un processus de normalisation de leur crit souffrent d un d ficit de supports p dagogiques Les ma tres en formation sont souvent les principaux producteurs de m thodes qui d faut d tre valid es par les autorit s p dagogiques sont directement issues de la pratique de la classe et constituent des mat riaux de premi re main dont les enseignants sont la fois les utilisateurs et les producteurs Compar e aux outils du FLE fran ais langue trang re ou du ESL English as a Second Language la didactique des langues vernaculaires est encore dans les limbes 3 1 3 Des objectifs sp cifiques Si tous les programmes bilingues ont explicitement pour but de promouvoir la sensibilit 4 la diversit culturelle ceux destin s aux autochtones sont moins ax s sur l interculturel que sur l apprentissage d une culture particuli re la culture d origine du groupe dont l enfant est issu minima il s a
30. ettre aux jeunes des savoirs qu ils ne peuvent acqu rir ailleurs qu l cole 1992 25 on mesure combien la prise en compte des langues et cultures autochtones d roge cette mission Les attendus des r formes en cours dans le souci d instaurer une perm abilit entre le milieu de l l ve et l cole ont tendance n gliger une question pourtant centrale celle de la possibilit de cette prise en compte ou plut t devrait on dire celle des cons quences de cette prise en compte la fois sur la culture elle m me et sur les fonctions de l institution scolaire On se contentera de souligner ici que cette question est d autant plus n glig e que la r forme de l cole n est qu un des l ments des efforts globaux de r paration des torts de la colonisation c t de la restitution fonci re ou de la d centralisation politique par exemple et que jamais ne semble vraiment envisag le fait qu elle pr sente en tant qu institution des caract ristiques propres qui balisent fortement le chemin de la d colonisation la concernant R f rences Benham Mannette K P et Ronald H Heck 1998 Culture and educational policy in Hawaii the silencing of native voices Mahwah N J L Erlbaum Associates Benton Richard 1989 L enseignement du maori en Nouvelle Z lande Renaissance du Pacifique Ethnies Droits de l Homme et Peuples Autochtones 4 8 9 10 p 7 12 Bourdieu Pier
31. git de poursuivre un objectif patrimonial en suppl ant une transmission familiale qui ne s effectue plus l extr me l objectif peut aller jusqu promouvoir une nouvelle g n ration de locuteurs partageant une vision du monde alternative c est dire non occidentale et engag s dans un processus politique de recouvrement de souverainet L ensemble de ces sp cificit s ne nous permet pas de rendre compte des quatre cas pr sent s la section pr c dente en utilisant la typologie classique des programmes d enseignement en deux langues l exception des Kula Kaiapuni qui revendiquent bien le terme de programme d immersion 30 immersion m me totale pendant les cinq premi res ann es de scolarit ni les Charter Schools 4 Hawai i ni les dispositifs pr sents en Nouvelle Cal donie ne se pr sentent comme des programmes d immersion Ni le statut de la langue 2 langue autochtone qui n est pas une langue trang re a d faut d tre toujours la langue maternelle ni le poids qu elle repr sente qui n atteint jamais les 50 du temps scolaire ne permettent de les assimiler aux dispositifs d enseignement en deux langues selon la d finition qu en donnent Cloud et al D ou la n cessit de proposer une typologie ad hoc Deux axes me semblent pertinents pour rendre compte de ce qui permet de diff rencier les quatre programmes tudi s Le premier reconna t deux p les en ten
32. i res de l enseignement sp cialis r ussite aux examens nationaux pourcentage de dipl m s dans la population etc la caract ristique des groupes autochtones est d tre bien en de des moyennes nationales les pla ant dans une sorte de marginalit scolaire Moins que leur situation dans l absolu c est leur situation relativement aux autres composantes de la population qui m rite l attention la question en est donc une de justice sociale via une galitarisation des performances au profit des enfants autochtones ou a minima une r duction des carts entre les autochtones et les autres nationaux L tiologie de cet tat de fait est relativement complexe dans la mesure o les l ves autochtones ne sont pas seulement ceux qui r ussissent le moins bien scolairement ils sont aussi ceux qui vivent dans les conditions socio conomiques les plus d favoris es ceux dont les parents sont les moins bien ins r s sur le march du travail ceux dont les conditions mat rielles d existence sont les plus pr caires ceux dont les taux de consommation de produits illicites sont les plus lev s ou encore ceux dont les taux de suicide sont les plus hauts Comment la prise en compte de la langue d origine des enfants peut elle contribuer favoriser leur r ussite scolaire A l instar du caract re multidimensionnel de la marginalisation scolaire qui se v rifie aussi bien Hawai i qu en Nouvelle Cal
33. ii Press Reiss Gilles 2007 Enseigner des enfants kanak un programme bilingue pour la r ussite manuscrit non publi en possession de l auteur 24 pages Sala n Marie 2005 Les langues kanak la maternelle Contribution l valuation de l exp rimentation DENC IFMNC Aspects sociolinguistiques Noum a Gouvernement de la Nouvelle Cal donie Direction de l Enseignement rapport de recherche non publi Sala n Marie 2009 Papahana Kaiapuni Hawai i Les coles d immersion a Hawa Qu bec Universit Laval Centre Interuniversitaire d tudes et de Recherches Autochtones Documents de recherche Yawenda 2 Vernaudon Jacques 2007 Les langues oc aniennes des collectivit s fran aises du Pacifique enjeux politiques enjeux p dagogiques in M Chatti N Clinchamps et S Vigier dir Pouvoir s et politique s en Oc anie Actes du XIXe colloque CORAIL Paris L Harmattan p 165 179 39 Warner Sam L N 1999 Kuleana The Right Responsibility and Authority of Indigenous Peoples to Speak and Make Decisions for Themselves in Language and Cultural Revitalization Anthropology amp Education Quarterly 30 1 p 68 93 Warschauer Michael et Keith Donaghy 1997 Leoki A powerful voice of Hawaiian language revitalization Computer Assisted Language Learning 10 4 p 349 362 Wilson William H 1998 The sociopolitical context of establishing Hawaiian medium education Language Culture and Cu
34. ion des tats Unis d Am rique et la Nouvelle Cal donie collectivit sui generis dans la R publique fran aise Leur particularit est d avoir vu l mergence au cours des trente derni res ann es d un syst me scolaire plus ouvert sur la r alit linguistique des populations autochtones oc aniennes Devenu l gitime un enseignement en langue hawa enne ou dans une des vingt huit langues kanak n en reste pas moins probl matique jusqu o peut on En signe de respect envers la langue hawa enne nous utilisons ici la graphie qu elle pr conise Hawai i plut t que celle qui a cours en fran ais Hawa am nager le curriculum des l ves autochtones sans compromettre l galit des chances et la r ussite scolaires Comment convaincre un corps enseignant et des parents qui l on n a eu de cesse de r p ter pendant des d cennies que la ma trise de la langue du colonisateur devenue langue officielle et d elle seule tait garante de r ussite Comment valuer l impact de la r forme en l absence d une tradition d enseignement des langues et cultures vernaculaires Comment transformer les savoirs sociaux que sont les savoirs autochtones en savoirs scolaires Quels sont les effets de la transposition didactique sur l authenticit de la culture enseign e l cole Et ainsi de suite Cet inventaire loin d tre exhaustif veut volontairement souligner une caract ristique majeu
35. isaient encore la langue Reinecke 1969 Wilson indique pour sa part que les donn es collect es en 1992 r v lent que sur 220 747 individus d clarant avoir une origine hawa enne moins de 1 000 affirment avoir eu l hawa en pour langue maternelle tous g s de plus de 70 ans l exception d un petit groupe de 300 individus originaires de Niihau qui reste de fait le seul endroit de l archipel o la langue continue d tre la langue v hiculaire Wilson 1998 325 voir aussi Kapono 1994 122 Dans les ann es 1980 les chances de r ussite d un projet de maintien en vie de la langue de l archipel paraissaient si minces qu un auteur comme Richard Day estimait qu Il est beaucoup trop tard pour arr ter le g nocide linguistique hawa en Day 1985 180 Dans la perspective de conservation qui est celle d une institution comme l Unesco l hawa en est consid r en situation critique avec 1 000 locuteurs d nombr s en 2000 De leur c t 18 des 28 langues kanak sont per ues comme relevant d une des cat gories suivantes vuln rable en danger s rieusement en danger en situation critique teinte 1 2 La justification p dagogique Dire que les populations autochtones rencontrent des difficult s scolaires rel ve du lieu commun Sous toutes les latitudes et quels que soient les indicateurs consid r s taux de redoublement d abandon statistiques de l orientation vers les fil
36. lusive le droit la responsabilit et l autorit de parler et de prendre des d cisions les concernant en mati re de revitalisation culturelle ce que recouvre le terme hawa en de Kuleana Cette option conteste galement le choix de simplement traduire dans le parler autochtone le programme suivi par la population majoritaire en langue dominante au profit d un enseignement qui via la langue transmet une certaine vision du monde ontologie autochtone et est cens le faire en respectant certains protocoles de transmission traditionnels en soci t autochtone respect des pist mologies autochtones Le fait de coller au plus pr s aux programmes suivis par la population majoritaire est au mieux consid r comme une illusion de perspective Elle reproche l approche purement linguistique son inauthenticit par rapport aux fonctions traditionnelles de la langue qui n a jamais t pens e par exemple pour tre le v hicule d un cours de math matiques ou d une interface Windows et son non engagement dans la lutte pour la 34 souverainet autochtone En Nouvelle Cal donie mais l encore sous une forme diff rente on retrouve ce souci de d noncer les m canismes d appropriation d possession tel que r v l par l enqu te aupr s des responsables politiques et administratifs des diff rentes collectivit s gouvernement et provinces que j ai eu l occasion de mener La phase exp ri
37. mentale du projet du Gouvernement 2002 2005 s est d roul e sur fond de divergence de lecture des comp tences respectives de la Direction de l Enseignement de la Nouvelle Cal donie et de la Province Nord ind pendantiste alors que l interpr tation du gouvernement tait de dire que puisque l entit Nouvelle Cal donie disposait de la comp tence du contr le p dagogique il lui revenait de facto de d finir la politique ducative y compris celle en mati re de langues locales la Province Nord comp tente pour sa part en mati re d adaptation aux r alit s locales entendait faire valoir que le gouvernement r pondait une commande que la Province n avait pas pass e Le surinvestissement du probl me scolaire par des questions politiques devient ainsi patent alors que la reconnaissance des langues kanak l cole a t port e historiquement par la revendication ind pendantiste il est pour ainsi dire logique que les institutions dirig es par le FLNKS Front de Lib ration Nationale Kanak et Socialiste consid rent les questions de langues l cole comme un pr carr ind pendantiste ou a minima une affaire des Kanak que les Kanak doivent r gler entre eux En pratique les quatre programmes peuvent se distribuer selon le sch ma suivant SOUVERAINISTE A Charter Schools Province Nord l CULTUREL lt gt COGNITIF LCK cole primaire N C l l l Kula Kaiapuni Y
38. mes en marge du syst me scolaire classique avec pour objectif d offrir un cadre culturel et linguistique favorable au d veloppement et la r ussite scolaire des enfants autochtones 2 Quatre exp riences d une prise en compte de la r alit culturelle et linguistique autochtone 2 1 En Nouvelle Cal donie En mai 1998 l Accord de Noum a stipule explicitement et pour la premi re fois que les langues kanak sont avec le fran ais des langues d enseignement et de culture Si la reconnaissance de la fonction didactique des langues kanak est explicite l Accord ne r gle pas pour autant la question des modalit s pratiques de la mise en uvre de cette disposition En effet si le d veloppement des langues kanak l cole se r alise depuis 2000 le transfert de comp tence de l enseignement primaire la Nouvelle Cal donie s effectue sur fond de conflits d interpr tation des pr rogatives respectives du gouvernement et des provinces Sans rentrer dans trop de d tails techniques l entit Nouvelle Cal donie qui poss de son parlement local et son ex cutif gouvernemental propre est subdivis e en trois provinces dont deux sont dirig es par une majorit ind pendantiste c est dire un ex cutif en faveur d une mancipation de la tutelle de la France sous la forme de la cr ation d un Etat nation souverain Kanaky et ce depuis leur cr ation en 1989 Au plan scolaire le gouvernement est
39. mot form en m langeant des morph mes d autres mots 7 Cr er un mot qui est form par contraction d un ou de plusieurs mots hawa ens Wong 1999 108 remarque que les strat gies 6 et 7 ainsi que la 5 repr sentent une part disproportionn e des cr ations lexicales propos es par le Comit Par exemple le mot kawauea humidit est un m lange de kawao humide et ea air Pepili autocollant sticker en anglais est un m lange de pepa papier raccourci et combin avec une troncature de pipili collant pour dire litt ralement papier collant Wong 1999 108 La pr dominance de ce type de strat gie r v le toujours selon Wong des pratiques de prescription h g moniques et l adoption d un point de vue occidental dans le travail de cr ation lexicale 4 Hawai i L auteur souligne l mergence d un clivage fondamental entre les locuteurs natifs en fait la seule petite communaut de Niihau et quelques anciens qui sont consid r s comme parlant le vrai hawa en et les autres d sormais plus nombreux de langue maternelle anglaise qui ont appris un hawa en acad mique Dans cette mesure la revitalisation linguistique et la modernisation qu elle implique obligatoirement peuvent g n rer du ressentiment dans certains segments de la communaut vis vis de ce qu on peut consid rer comme une menace pour l existence des valeurs contenues
40. mps scolaire pass dans telle ou telle langue ne sont pas ici op ratoires Le cas autochtone rel ve de crit res distinctifs diff rents Nous d fendons l id e de l autonomie de l immersion autochtone comme branche autonome au sein de l ducation dans deux langues Les programmes d immersion autochtones sont destin s la revitalisation culturelle et linguistique pour les groupes indig nes de par le monde Leur forme et les modalit s de leur mise en uvre cadrent avec les crit res de l ducation en deux langues et les d passent parfois cf l cole l mentaire hawa enne aux USA et l cole l mentaire en immersion maorie en Nouvelle Z lande Dans d autres cas quoi 28 qu il en soit ces programmes ont du mal coller aux crit res caract ristiques Compte tenu de la particularit des d fis qui se posent eux et de la multiplicit des mani res dont ces d fis sont relev s nous pensons que ces programmes forment une cat gorie part Fortune et Tedick 2008 8 9 notre traduction Au titre des sp cificit s de la cat gorie telle qu appr hend e partir de nos quatre exemples un certain nombre de crit res de distinction sont consid rer 3 1 Crit res distinctifs 3 1 1 Le niveau de ma trise en LI et L2 Sur nos deux terrains tous les enfants sans exception sont locuteurs de la L1 langue dominante ici le fran ais ou l anglais ce qui ne pr juge pas d
41. n e probatoire les locuteurs trices bachelier e s ou titulaires du D A E U pourront int grer le statut d assistant en langue Ils interviendront plein temps dans un secteur d fini Il est important de garder en m moire que ces options existent parall lement au dispositif pr c demment pr sent qui est suppos valoir lui pour les trois provinces Les orientations 8 I faut rappeler ici que le baccalaur at d signe en contexte fran ais le dipl me qui sanctionne la fin des tudes secondaires et donne acc s la premi re ann e d universit Le D A E U est le Dipl me d acc s aux tudes universitaires qui donne les m mes droits que le baccalaur at notamment en termes d acc s aux tudes sup rieures 14 pr sent es dans la D lib ration provinciale de 2002 s cartent fortement pour ne pas dire contredisent les choix qui ont t faits par le gouvernement pour l ensemble de la Nouvelle Cal donie On ne peut comprendre ce qui fait la sp cificit de la d marche provinciale sans faire tat d un certain nombre de ses attendus Le premier d entre eux est que la Province Nord dont l ex cutif est majorit ind pendantiste depuis 1989 n a pas se faire dicter sa politique d adaptation puisqu elle est comp tente en mati re d adaptation aux r alit s culturelles et linguistiques locales Le gouvernement de la Nouvelle Cal donie et sa Direction de l Enseignement r pond
42. nt le texte de son coll gue de l Universit d Hawai i Manoa Sam Noe au Warner 1999 31 qu un exemple citer Laiana Wong qui voque la place gagn e par la langue hawa enne l Universit Une lutte constante a accompagn les efforts pour trouver une place p renne pour les Hawa ens a l Universit d Hawai i Qui plus est le succ s du mouvement n est pas n cessairement garanti par la d finition d un espace dans lequel l hawa en pourrait se retrouver un tel espace doit tre reconnu comme d gale valeur et d gal statut par rapport a l anglais Au fil des ann es l acad mie a t tr s r ticente c der un tel espace l hawa en Wong 2004 31 notre traduction Cette option pose au moins deux questions celle des risques pour les langues et la culture suite leur transformation en contenus scolaires savoirs sociaux devenant des savoirs scolaires et celle de la compatibilit des objectifs culturels avec les finalit s plus g n rales de l ducation nationale dans des soci t s la ques et d mocratiques par exemple comment aborder la question de l autorit coutumi re ou celle des valeurs chr tiennes que les Oc aniens associent troitement la coutume L option cognitiviste consid re les langues autochtones comme un instrument d panouissement personnel et de d veloppement intellectuel pour l enfant La langue laquelle celui ci e
43. ogie ad hoc On doit la d finition canonique de l ducation bilingue Hamers et Blanc Par ducation bilingue nous entendons tout syst me d enseignement dans lequel un moment variable et pendant un temps et dans des proportions variables simultan ment ou cons cutivement l instruction est donn e dans au moins deux langues dont l une est normalement la premi re langue de l l ve Hamers et Blanc 1983 301 Ces auteurs identifient trois grands types d enseignement bilingue ibid 1 l enseignement est donn parall lement dans deux langues avec ou sans d calage dans leur emploi 2 l enseignement est d abord donn dans la L1 de l l ve qui re oit des cours de langue seconde jusqu ce qu il soit en mesure de poursuivre ses tudes dans cette deuxi me langue 3 la plus grande partie de l enseignement se fait initialement dans la seconde langue des l ves leur premi re langue tant introduite ult rieurement d abord comme mati re scolaire ensuite comme m dium d instruction De fait sur les terrains autochtones ce sont les dispositifs d immersion du type 3 qui pr dominent car ils sont particuli rement bien adapt s la poursuite de l objectif de revitalisation linguistique Johnson et Swain 1997 ont pour leur part identifi huit caract ristiques communes ou noyau dur des programmes d immersion 1 la langue 2 langue non dominante dont on vise l
44. on de la dixi me promotion Aujourd hui on ne compte que 19 sites d implantation du programme Kula Kaiapuni de la premi re ann e du primaire la derni re du secondaire Ces sites sont soit autonomes sans mixit avec des l ves qui ne sont pas en immersion soit int gr s certains enseignements sont suivis en commun avec les l ves des classes en anglais soit h berg s la majorit des classes de l tablissement suivent un enseignement classique en anglais et quelques classes seulement sont en immersion hawa enne C est cette derni re configuration qui est majoritaire Aujourd hui un peu moins de 100 enseignants quivalent temps plein s occupent d un peu plus de 1 600 l ves La langue anglaise est introduite dans leur cursus raison d une heure par jour partir de la cinqui me ann e La faiblesse des effectifs des classes d immersion fait qu il arrive fr quemment qu on soit oblig de cr er des groupes bi niveaux qui r unissent des enfants de deux grades diff rents Un certain nombre de caract ristiques rendent les coles d immersion Hawa i relativement atypiques par rapport l ensemble des coles d immersion Les enfants impliqu s dans le programme ont majoritairement la langue hawa enne comme langue d origine contrairement aux programmes d immersion en fran ais de l Ouest canadien par exemple Pour autant cette langue n est pas leur langu
45. re 1982 Ce que parler veut dire L conomie des changes linguistiques Paris Fayard 37 Cerquiglini Bernard dir 2003 Les langues de France Paris Presses Universitaires de France Charlot Bernard Elisabeth Bautier et Jean Yves Rochex 1992 cole et savoir dans les banlieues et ailleurs Paris Armand Colin Cloud Nancy Fred Genesee et Else Hamayan 2000 Dual language instruction A handbook for enriched education Boston Heinle amp Heinle Day Richard 1985 The ultimate inequality Linguistic genocide in N Wolfson et J Manes dir Language of Inequality Berlin Mouton Publishers p 163 181 Dorais Louis Jacques 1983 Langue et identit a Hawai Anthropologie et soci t s 7 3 p 63 76 Fishman Joshua 1991 Reversing Language Shift Theoretical and Empirical Foundations of Assistance to Threatened Languages Clevedon Multilingual Matters Fortune Tara et Diane Tedick 2008 Pathways to multilingualism Clevedon Multilingual Matters Fuller Bruce 2002 Inside Charter Schools The Paradox of Radical Decentralization Cambridge Harvard University Press Goodyear Ka opua Jennifer 2005 Kw i ka Mana Building community and nation through contemporary Hawaiian schooling th se de doctorat University of California Santa Cruz Hall Lisa K 2005 Hawaiian at Heart and Other Fictions The Contemporary Pacific 17 2 p 404 413 Hamers Josiane et Michel Blanc 1983 Biling
46. re de l enseignement des langues vernaculaires comme objet de recherche le fait qu il rel ve de points de vue tr s h t rog nes du point de vue pist mologique et qu il est a priori difficile de faire dialoguer On pourrait formuler la chose autrement en disant que l analyse doit lier des r gimes de v rit s d autant plus difficiles analyser que leur expression est masqu e par le tr s large consensus politique autour de l opportunit d enseigner les langues et cultures autochtones Si la question faut il enseigner les langues autochtones n a plus de raison d tre aujourd hui dans ces deux collectivit s la question pourquoi et comment faut il le faire elle reste d actualit Hawaii comme en Nouvelle Cal donie les textes officiels qui d finissent les orientations des r formes visant prendre en compte les r alit s culturelles et linguistiques autochtones stipulent trois grandes orientations politique r parer les torts de la colonisation et uvrer une r conciliation entre les communaut s patrimoniale participer la sauvegarde de langues et cultures menac es p dagogique favoriser la r ussite scolaire La forme prise par les dispositifs concr tement mis en place est potentiellement variable en fonction de la priorit accord e tel ou tel de ces objectifs et les options choisies en pratique cadrent mal avec les typologies des mod les d enseignement bilingue
47. rriculum 11 3 p 325 338 Wong Laiana 1999 Authenticity and the Revitalization of Hawaiian Anthropology amp Education Quarterly 30 1 p 94 115 Wong Laiana 2004 He Hawa e Kai Nui a Kau ma Kula Educational Perspectives 37 1 p 31 40 Wurm Stephen A 2001 Atlas of the World s Languages in Danger of Disappearing Paris UNESCO Yamauchi Lois A Aandra K Ceppi et Jo Anne Lau Smith 2000 Teaching in a Hawaiian Context Educator Perspectives on the Hawaiian Language Immersion Program Journal of Bilingual Education 24 4 p 385 403 40
48. s axes montagne mer Dans les Tests de Boehm des difficult s de compr hension apparaissent dans des situations telles que entoure le verre qui se trouve au coin de la table ou entoure l assiette o il y a beaucoup de g teaux car les notions Le Plus Le Moins sont intraduisibles en langue kanak comme le mot coin Toutes ces nuances peuvent se transformer en obstacles dans esprit d un tout petit qui baign dans son cocon culturel doit un jour aller l cole fran aise o l on ne parle que le fran ais Alors il faut bien que quelqu un sache ces difficult s d adaptation pour accueillir l enfant et l aider comprendre son univers d abord dans sa propre langue avant de le lui apprendre en fran ais Reiss 2007 8 9 Il s agit bien de faire de la traduction mentale Gilles Reiss parle de traduction de concepts partir du diagnostic 10 On est encore dans la maison en langue kanak lorsqu on se trouve sous la v randa 16 d une difficult en fran ais dont on fait l hypoth se qu elle sera surmont e partir du moment o l l ve pourra tablir un pont entre sa langue sa repr sentation conceptuelle et le fran ais Un ensemble de 31 fiches a ainsi t labor lors d un stage de formation continue en 2003 sur les concepts spatiaux et temporels les cinq sens le calendrier des saisons les formes g om triques etc Il sert de b
49. s pr senter bri vement leur philosophie respective L accord de Noum a exprime tout d abord une vision consensuelle de l histoire des conflits qu elle a vu na tre et des moyens de les r soudre Son pr ambule stipule Le moment est venu de reconna tre les ombres de la p riode coloniale m me si elle ne fut pas d pourvue de lumi re Le choc de la colonisation a constitu un traumatisme durable pour la population d origine La colonisation a port atteinte la dignit du peuple kanak qu elle a priv de son identit Des hommes et des femmes ont perdu dans cette confrontation leur vie ou leurs raisons de vivre Il convient de faire m moire de ces moments difficiles de reconnaitre les fautes de restituer au peuple kanak son identit confisqu e ce qui quivaut pour lui une reconnaissance de sa souverainet pr alable la fondation d une nouvelle souverainet La d colonisation est le moyen de refonder un lien social durable entre les communaut s qui vivent aujourd hui en Nouvelle Cal donie en permettant au peuple kanak d tablir avec la France des relations nouvelles correspondant aux r alit s de notre temps Le pass a t le temps de la colonisation Le pr sent est le temps du partage par le r quilibrage L avenir doit tre le temps de l identit dans un destin commun Vot par le Congr s am ricain l occasion du centi me anniversaire du renversem
50. sion un p le culturaliste et un p le cognitiviste Le second un p le souverainiste et un p le patrimonial 3 2 Sur le premier axe L option culturaliste consid re les langues uniquement comme les vecteurs d une culture particuli re et entend r pondre une finalit plus g n rale qui est l introduction de la culture autochtone l cole dans le but de la perp tuer Significativement on parle souvent de langues de la tradition car la culture enseign e ne correspond pas n cessairement la culture v cue Le processus d identification de ce qui m rite de figurer au programme marqu du sceau de authenticit par ses instigateurs privil gie g n ralement les l ments culturels qui d faut d avoir surv cu la colonisation sont cens s incarner la culture dans sa puret d avant le contact Les promoteurs de cette option culturaliste ont souvent aussi un but politique puisqu ils entendent prendre de la sorte une revanche sur l histoire et sur le syst me ducatif national per u initialement comme un espace d ali nation Les langues sont pens es en concurrence et leurs rapports en termes de lutte On peut pour n en prendre 17 L identification de ces deux axes m a t inspir e par des discussions avec Jacques Vernaudon en Nouvelle Cal donie voir galement Vernaudon 2005 pour le premier et de discussions avec Laiana Wong Hawai pour le second voir galeme
51. st attach peut tre utilis e pour construire des comp tences scolaires Dans ce sens les langues ne sont plus simplement des relais des valeurs et des habitus traditionnels elles deviennent un moyen pour le projet scolaire car elles permettent de mettre en place le bilinguisme dont la psycholinguistique nous dit que s il est valoris et d velopp au del d un certain seuil de comp tence il produit des effets cognitifs positifs Cette option cognitiviste rencontre parfois de la r sistance de la part des promoteurs de l option culturaliste qui y voient un simple stratag me faire de la langue maternelle devenant un cheval de Troie un outil au service de l acquisition finale de la langue du colonisateur l instar de la strat gie employ e par les missions au XIXe si cle pour diffuser la foi chr tienne en Oc anie ce dont les populations ont une certaine exp rience 32 3 3 Le deuxi me axe voque deux autres options L option patrimoniale consid re la langue pour elle m me et limite le champ des effets attendus celui de la seule revitalisation voire ressuscitation dans le cas hawaien linguistique La langue m rite d tre pr serv e pour sa beaut ou sa valeur en tant qu l ments du patrimoine de l humanit L essentiel de la t che consiste donc ici a former une nouvelle g n ration de locuteurs par une vaste entreprise de traduction des curriculums dans la l
52. sur un clivage id ologique central la clarification d une politique linguistique ne semble pas en voie de r alisation mais les malentendus fondamentaux qui pr sident aujourd hui la mise en uvre de la r forme plurilingue sont probablement le prix du modus vivendi d une re qui affirme vouloir tourner la page de la colonisation Pourtant au niveau qui nous int resse ce modus vivendi contribue obscurcir consid rablement les enjeux contemporains de la place des langues et cultures vernaculaires l cole Mais le probl me qui se pose en fait ici dans la perspective qui est la mienne n est pas seulement un probl me de politique linguistique de reconnaissance de langues minoritaires ou d gale dignit de ces langues Le probl me qui se pose est celui des fonctions de l institution scolaire et de 36 leur volution Il me para t douteux que l on puisse consid rer la consolidation du patrimoine linguistique ou la prise en compte des revendications politiques souverainistes comme de nouvelles fonctions qui viendraient simplement s ajouter aux fonctions habituelles d int gration conomique et sociale et de d veloppement personnel des l ves en passant par la construction d un lien de concitoyennet sur la base de l acquisition d une culture commune Si comme l crivent Elisabeth Bautier Jean Yves Rochex et Bernard Charlot la fonction de l cole en effet est de transm
53. t vrai des langues autochtones en g n ral l est aussi de celles parl es sur nos deux terrains de comparaison 1 1 1 En Nouvelle Cal donie Selon les estimations les plus r centes Cerquiglini 2003 environ 75 000 personnes seraient locutrices d une des 28 langues kanak Elles repr sentent les trois quarts de la population de la communaut Seules onze de ces langues sont parl es par plus de 1 000 locuteurs quatre d entre elles par plus de 4 000 personnes drehu nengone aji paici Par ailleurs http www unesco org culture ich index php pg 00139 page consult e le 5 juillet 2010 Ce morcellement linguistique est d sormais doubl d une forte dispersion g ographique li e aux d placements de populations l poque coloniale et aujourd hui aux migrations internes en raison de facteurs conomiques Le drehu et le nengone par exemple langues des les Loyaut sont sans doute les langues kanak les plus parl es aujourd hui Noum a Vernaudon 2007 166 167 M me si elles tirent leur origine d une m me proto langue et qu elles v hiculent un fond culturel commun les langues kanak se distinguent fortement les unes des autres aussi bien sur le plan syntaxique que lexical Il faut rappeler en outre qu il n existe pas de langue v hiculaire d origine locale cr ole ou pidgin 1 1 2 A Hawai i Le constat num rique de la chute du nombre de locuteurs parle de lui m me
54. t pas qu il apparaisse seulement comme un enseignement patrimonial et culturel sauf prendre le risque de le marginaliser par rapport aux disciplines scolaires classiques math matiques fran ais sciences etc voire de le folkloriser Bref il fallait que la reconnaissance de la fonction didactique des langues kanak se manifeste par leur pr sence dans tous les champs disciplinaires math matiques d couverte du monde ducation artistique et culturelle ducation physique sciences et technologie etc Il ne fallait pas Pour sa part le transfert de comp tence de l enseignement secondaire de Paris vers Noum a devrait tre devenu effectif en 2012 10 seulement enseigner la langue mais bien enseigner dans la langue Le caract re transversal de cet enseignement est r affirm dans la section objectifs et contenus des programmes officiels vot s en 2005 L enseignement des langues et de la culture kanak a l cole primaire participe a la valorisation et a la transmission du patrimoine linguistique et culturel kanak Si les objectifs linguistiques et culturels sont sp cifiques la classe de langue kanak en revanche les objectifs communicationnels comportementaux et intellectuels sont transf rables vers les autres domaines d activit de l cole Cet enseignement concerne tous les champs disciplinaires ce qui permet de r affirmer que les langues kanak sont des lang
55. ts des Kula Kaiapuni sont regroup s par niveaux comme dans le reste de l cole suivent la m me cloche et le m me emploi du temps quip s largement des m mes outils simplement en langue hawa enne utilisent les m mes livres souvent traduits mot mot en hawa en et utilisent essentiellement les m mes modalit s d valuation L inclusion de la culture quoi qu il en soit d pend de la comp tence culturelle des enseignants qui manquent souvent d exp rience aussi bien en tant qu ducateurs qu en tant que praticiens de la culture Kahakalau 2003 59 notre traduction Non seulement les Kula Kaiapuni seraient incapables de rompre avec le syst me scolaire dominant mais elles auraient aussi des effets pervers sur la communaut hawa enne en raison de leur litisme qui rend l hawa anitude Hawaiianess d un individu conditionnelle sa ma trise de l hawa en tel qu enseign l Universit litisme qui a caus beaucoup de divisions dans la communaut 23 Cette conception litiste est particuli rement ressentie par les Hawa ens de base ceux dont le sang est majoritairement hawaien n s et lev s dans la tradition qui vivent a l hawa enne au jour le jour Ces praticiens de la culture hawa enne s entendent dire qu ils sont moins hawaiens que quelqu un qui a peu ou pas de sang hawaien ou de savoir culturel mais qui parle la langue La crise de la l
56. ualit et Bilinguisme Bruxelles Mardaga Hawkins Emily A 1981 Hawa Les langues parl es Hawai in H Kloss et G D Mc Connell dir Composition linguistique des nations du monde 4 1 Oc anie Qu bec Les Presses de l Universit Laval p 55 61 Johnson Robert K et Merrill Swain dir 1997 Immersion Education International Perspectives Cambridge Cambridge University Press Kahakalau Ku 2003 Kanu o ka aina Natives of the land from generations back a pedagogy of Hawaiian liberation th se 38 de doctorat Union Institute and University Graduate College Cincinnati Kamana Kauanoe et William H Wilson 1996 Hawaiian Language Programs in G Cantoni dir Stabilizing indigenous languages Flagstaff Northern Arizona University p 153 156 Kapono Eric 1994 Small languages and small language communities Hawaiian language revitalization and immersion education International Journal of the Sociology of Language 112 p 121 135 Martinez Cobo Jos R 1987 Study of the Problem of Discrimination Against Indigenous Populations New York United Nations Krauss Michael 1992 The world s languages in crisis Language 68 1 p 4 10 Meyer Manu 1998 Native Hawaiian Epistemology Sites of Empowerment and Resistance Equity and Excellence in Education 31 1 p 22 28 Reinecke John E 1969 Language and Dialect in Hawaii A Sociolinguistic History to 1935 Honolulu University of Hawa
57. ues d enseignement et de culture Direction de l Enseignement Primaire de la Nouvelle Cal donie Nous ne pouvons entrer ici dans une pr sentation exhaustive des comp tences devant tre acquises mais on peut utilement pr senter les objectifs g n raux de l enseignement LCK qui sont de trois ordres langagiers culturels et intellectuels Sur le plan langagier l issue de l cole primaire l l ve peut comprendre et produire dans la langue kanak enseign e des nonc s oraux complexes et les articuler entre eux pour exprimer ses besoins ses sentiments ses motions son opinion raconter une histoire voquer un v nement v cu venir ou imaginaire expliquer un projet d crire un objet ou un tre expliquer un ph nom ne expliquer une pratique culturelle Qui plus est il sait lire et crire dans la langue kanak enseign e Il a galement d velopp une conscience phonologique les mots se composent de phon mes morphologique certains mots se d composent en unit s significatives plus petites syntaxique les mots sont agenc s entre eux dans l nonc selon des r gles que l on peut expliciter et pragmatique l nonciateur 6 http www denc gouv nc portal page portal denc pgm_outils pgm_doc_acc page consult e le 9 juillet 2010 Donn es tir es du site Internet cit la note pr c dente 11 accomplit des actes de langage avec une certaine intention implicite ou explicit
58. une commande que la Province n a pas pass e Le second attendu est que certains des choix faits par le gouvernement sont irr alistes quand on garde en m moire la r alit du terrain Cette remarque vaut particuli rement quant au profil des ma tres Dans le contexte du Nord le titre universitaire ne donne pas de cr dibilit l enseignant C est une erreur de penser qu un recrutement Bac X ann es donne de la cr dibilit l enseignement Et o trouver des Bac 3 Ils sont rares en Province Nord et doivent trouver s employer dans des secteurs prioritaires comme le d veloppement conomique ou la maintenance industrielle etc Les titulaires d une licence sont trop peu nombreux pour pouvoir tre orient s vers l enseignement LK ibid Ces attendus expliquent le choix initial d une structure l g re en pratique un financement non p renne par le biais de subventions des associations sur la base d interventions d assistants en langue et non d enseignants proprement parler locuteurs ayant achev leur scolarit secondaire dans le cadre du dispositif d insertion de jeunes ch meurs locuteurs A d faut de recruter des enseignants ayant une formation initiale l essentiel de la strat gie consiste assurer des stages de formation continue qui vont de connaissances sur le fran ais langue trang re l laboration d outils pour la classe LCK En pratique
59. ute premi re importance pour un programme dont l objectif politique est de r concilier les 8 Les strat gies d enracinement on pourrait parler de strat gies d autochtonisation des non Hawa ens sont bien d crites dans Hall 2005 33 communaut s en changeant les repr sentations n gatives sur les langues kanak L option souverainiste s oppose politiquement a la pr c dente Sam Warner d nonce ainsi le r le de non Hawa ens dans la revitalisation linguistique via les coles d immersion comme relevant d un processus de re colonisation Le champ de la langue hawa enne a t hautement politis par des professeurs d hawa en non autochtones qui cherchent coloniser ce champ et contr ler les ressources destin es r parer les torts faits aux autochtones dont la perte de la langue et de la culture En l gitimant et en mettant en avant leurs propres identit et voix pour parler au nom des autres les universitaires issus de la langue et de la culture majoritaires masquent les identit s et r duisent au silence la voix propre des gens dont ils disent repr senter les int r ts Warner 1999 68 69 notre traduction Face ce qui est per u comme une vaste entreprise de condamnation au silence des autochtones par les non autochtones Benham et Heck 1998 l option souverainiste revendique une r ethnicisation de la politique linguistique qui confierait aux autochtones de mani re exc
60. ux qui peuvent contribuer la production des documents scolaires a d embl e t pens comme devant tre compens par un investissement massif dans les nouvelles technologies l outil num rique apparaissant comme un excellent moyen de lutter contre le relatif isolement des sites des Kula Kaiapuni La cr ation d un logiciel Leoki 20 voir Warschauer et Donaghy 1997 t l chargeable en acc s libre a permis de d velopper des interfaces num riques en hawaien En guise de transition avec la section suivante il est important de noter que les coles d immersion ont t violemment critiqu es l int rieur m me de la communaut hawa enne propos de leur strat gie visant coller au plus pr s des programmes conventionnels en anglais en privil giant une logique de traduction En pratique les conventions n cessaires la d finition d une langue standard peuvent repr senter un danger pour la communaut des locuteurs d ja fragilis e de par sa position vis a vis de la langue dominante car une politique de revitalisation ne passe jamais seulement par une augmentation du nombre des locuteurs et une multiplication des contextes dans lesquels la langue menac e peut servir de v hicule elle passe toujours aussi par l laboration d un syst me stable qui assure la possibilit de la transmission d une g n ration a l autre Comme le note Pierre Bourdieu Aussi longtemps qu on ne dem
61. yant pass un minimum de trois ann es l universit et corr lativement de fonder la l gitimit de cet enseignement aupr s du corps enseignant qui a t historiquement tr s r fractaire l introduction des langues kanak l cole et des parents Un concours de recrutement des professeurs des coles sp cial LCK a t mis sur pied en 2006 Il ne diff re du concours standard que par l ajout d une preuve de langue kanak l oral et l crit 2 1 2 Le dispositif d enseignement des langues kanak en Province Nord La politique provinciale en mati re de langues d enseignement est r gie par une d lib ration datant de 2002 qui pr cise entre autres ARTICLE 2 La reconnaissance et la prise en compte de la langue maternelle des enfants kanak dans le dispositif scolaire en ses diff rents degr s sont des imp ratifs indispensables la r ussite scolaire l atteinte des objectifs du d veloppement et la restauration de l identit culturelle kanak ARTICLE 3 L Assembl e de la Province Nord travers sa Direction de l Enseignement s agissant de la prise en compte des r alit s culturelles et linguistiques met en place et assure le fonctionnement de groupes de recherche action constitu s d enseignants et de partenaires de l cole afin de cr er des outils adapt s pour la classe en Province Nord de les diter et de les diffuser apr s leur validation ARTICLE 4

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