pouvoir savoir promotion.indd - Association Française pour la Lecture
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1. comme constitutive d un ordre des choses qui ne peut donner lieu transformation Quels que soient les avantages qu il tire de cette situation ce que Penfant de ces milieux d veloppe c est de assurance non du Pouvoir Sa domination le met dans la m me impuissance que ceux qu elle ali ne Dans les milieux sociaux domin s cette impuissance pour des raisons inverses na t de absence de pouvoirs La pr carit la d pendance des pouvoirs ext rieurs l arbitraire qu il s agisse de la perte d emploi ou de l attribution d aides a fortiori quand elles sont charitables cr ent des conditions de survie peu favo rables la distanciation et permettent difficilement d entrer dans le pourquoi des choses sauf de prendre par rapport elles une attitude militante en cherchant les transformer par des luttes 2 la situation est de m me nature envers les aspects relationnels ou affectifs d s que les comportements des proches paraissent r gis par des forces obscures sur lesquelles ils n ont pas de contr le ou pour lesquelles leurs interventions semblent chouer de mani re inexplicable Le sentiment d ins curit et la peur en ces domaines la mani re dont l enfant s y engagera plus tard se construisent autour de la perception de cette impuissance Autrement dit la conqu te du Pouvoir par Penfant d pend moins des pouvoirs qui s exercent dans son environnement que du Pouvoir que lui et les autres ont sur2. ces pouvoirs Et on voit bien combien cette question est au c ur des luttes sociales La suspension de l v nement et la distanciation qui rendent possible une telle activit r flexive supposent que l individu ne soit pas compl tement immerg dans la n cessit ne se r duise pas cette n cessit ne soit pas sans jouer sur les mots totalement n cessiteux Il faut que l tau se desserre pour qu une distanciation permette que se constitue un point de vue sur cette mis re qu elle soit mat rielle morale ou affective et cet espace gagn est d j une contestation de l ordre des choses l enclenchement d une transformation qui va permettre de prendre conscience des moyens de transformer la n cessit Car plus le temps passe plus la masse de n cessit s accro t de tous les actes qui ont t des r actions et non des actions forgeant ainsi un v ritable cycle d impuissance Au c ur des luttes sociales galement car si le Pouvoir est du c t de la transformation son extension est une menace permanente pour l ordre des choses qui se d fend pr ventivement par une id ologie de la r signation de la d mobilisation et de la fuite et par la r pression Cette impuissance p n tre la vie person nelle dans un sauve qui peut o chacun tente de tirer le moins mauvais parti des armes dont il dispose comp tition pour la r ussite individuelle in galit entre les sexes fuite dans la consommation ambigu t
3. dans leur vie sociale professionnelle affective de ne pas s parer Savoir et savoirs Mais cette possibilit s inscrit l int rieur d un fonctionnement social qui du fait m me de sa nature in galitaire doit en contr ler les formes les modalit s et les limites en raison du risque organique que repr senterait une transformation des rapports au Savoir Ce contr le porte au moins sur deux aspects la production du Savoir et l acc s aux savoirs 1 La production du Savoir Elle est assujettie aux m mes lois que toutes les productions et en particulier au ph nom ne g n ral de la division du travail Cette division doit tre entendue un premier niveau tout le monde n est pas habilit produire du Savoir Aussi distingue t on le travail manuel du travail intellectuel et d autant plus soigneuse ment qu on milite pour leur reconna tre une gale dignit Autrement dit on observe une confiscation de la production du Savoir par une minorit de sp cialistes Mais le travail est encore divis d une autre mani re Tout travail aboutit normalement deux transformations celle de la mati re sur laquelle il porte et celle de la personne qui travaille puisque c est travers l action de transformer que se construisent la compr hen sion la connaissance le Savoir Or ce deuxi me aspect est ni moins pour des raisons de rentabilit que par le risque de subversion qu il repr sente Si le capitalisme ama
4. dont on serait plus ou moins proche et supposerait que l ali nation ne s accompagne pas n anmoins du sentiment de comprendre Ce qui caract rise au contraire le Pouvoir c est une sorte de dynamique de la compr hension ou de compr hension dynamique non pas l application sur le r el d une grille de lecture aussi bonne soit elle qui aboutit une compr hension statique fonctionnant comme une justification ou une fuite un peu le d sespoir de la lucidit mais l volution des moyens de th orisation et du syst me th orique travers les transformations qu ils rendent possibles sur le r el Le Pouvoir c est ce qui se comprend de plus chaque fois qu on tente de d placer les limites des pouvoirs Aussi le Pouvoir est il dans la transformation les pouvoirs dans la reproduction Dans les milieux favoris s l illusion de Pouvoir peut tre donn e par le seul exercice des pouvoirs gr ce un statut social dominant ou une facilit conomique La plus grosse voiture que le petit gar on attribue son p re et davantage encore si on y lit une symbolique sexuelle c est du Pouvoir qu il lui pr te Toutefois dans la mesure o la possession de ces pouvoirs ne se confond pas avec le Pouvoir elle ne devrait pas dispenser de comprendre ce qui les fonde Or la r flexion en ce domaine aboutit d faut de les contester chercher une justification l injustifiable en posant l in galit
5. le Savoir n cessaire pour transformer les rapports sociaux ne sera pas un d tournement du Savoir dominant mais un Savoir diff rent construit dans et par des pratiques de transformation de ces rapports C est pourquoi la lutte est chaude en ce domaine quelles sont les pratiques sociales existantes dont la th orisation aboutit un Savoir reconnu Quelle exp rience de transformation accepte t on de prendre 5 en compte Face cette situation il semble bien que la solution porte sur une transformation des conditions de production du Savoir sur un largissement des bases sociales de cette production sur la th orisation d autres pratiques de transformation que celles qui sont actuellement prises en compte C est en cela que le Savoir rejoint le Pouvoir 2 L acc s aux savoirs Avec les savoirs on n est pas du c t de la transformation mais du c t de la gestion de la r alit telle qu elle est De ce fait les savoirs semblent communs tous les individus et on se pla t vanter leur neutralit Quelle est la signification politique et l appartenance de classe de la table de multiplication du th or me de Pythagore de la r solution des quations du second degr des lois d crivant la chute des corps des microbes d couverts par Pasteur contre la th orie de la g n ration spontan e de la radioactivit On con oit bien pour chacun de ces savoirs dans quelle recherche de Savoir ils ont t rencontr s
6. Pouvoir savoir et promotion collective Par Jean FOUCAMBERT extrait des Actes de Lecture n 20 d cembre 1987 La transmission de savoirs s accorde avec la reproduction de l tat des choses de l ordre tabli et en particulier de la hi rarchie des statuts L acc s au Savoir s op re dans la transformation de l tat des choses dans la mise en cause de l ordre tabli et de ce fait dans un d s quilibre formateur L entreprise de transformation suppose l existence d un Pouvoir Nous faisons l hypoth se que ce Pouvoir d coule pour partie de l exercice de pouvoirs dans le plus grand champ possible condi tion n cessaire mais qu il r side principalement dans l analyse dynamique des situations et dans lintention de les changer C est cet acc s au Pouvoir qui g n re la transformation des statuts En cela r side sans doute la promotion collective Ea apparence le lien entre pouvoir savoir et promotion collective fonctionne Le monde ducatif se partage facilement entre ceux qui pensent qu il faut d abord recevoir des savoirs apr s quoi on peut exercer des pouvoirs dont la somme s incarne dans une r ussite individuelle et ceux comme nous qui affirment qu on ne d veloppe jamais que les savoirs n cessaires au pouvoir que Pon prend qu on n a que les savoirs de son statut Et donc que toute promotion collective passe par un autre partage du pouvoir On se retrouve ais ment sur cett
7. ant comme pour l l ve pour le parent comme pour Penfant La promotion collective tient tout enti re l dedans SAVOIR Analyse du Savoir et analyse du Pouvoir se rejoignent et conduisent distinguer dans le m me mouvement les savoirs qui reproduisent et le Savoir qui transforme Le Savoir est ce qui se cr e lorsqu on prend acte de Pordre des choses qu on le met la question qu on entreprend de le transformer qu on entre dans la compr hension de ce qui le fait tre ce qu il est en cherchant ce qu il soit autre Ce qui importe par dessus tout crit MARX c est la loi de changement des ph nom nes de leur d veloppement c est dire la loi de leur passage d une forme l autre d un ordre de liaison un autre Ce qui importe ce n est pas comment sont les choses mais comment elles deviennent et c est l que se construit le Savoir dans ce processus dynamique dans cette insatisfaction des limites actuelles dans cette mise en cause de l immuable Conna tre c est enfreindre le tabou de l vidence et du r v l qui nous a valu 4 autrefois d tre chass s du Paradis ce qui en passant donne penser qu il tait moins satisfaisant que nos acc s de nostalgie nous le font entrevoir Les savoirs eux sont constitu s par les techniques dont les transformations pass es ont eu besoin et par la description du nouvel tat des faits qu elles ont g n r s Ils repr sentent la f
8. donc quelle probl matique sociale de transformation ils se rattachent mais une fois ces transformations accomplies ils apparaissent en toute neutralit comme des outils de gestion Les savoirs historiques litt raires philoso phiques psychologiques sociologiques ont en revanche plus de difficult tre aur ol s de cette neutralit sans doute parce que leur utilisation est moins s parable du projet qui les a engendr s C est cela qu on reconna t les sciences dites humaines Mais la question se pose galement dans les sciences exactes si on en juge d apr s les tat d me qu ont connus les OPPENHEIMER LANGEVIN JOUOT CURIE et plus r cemment Jacques TESTART Quelle que soit opinion qu on peut avoir sur leur neutralit il n est pas question d imaginer pouvoir s en passer Il est entendu qu ils ne transforment pas l tat des choses mais ils en permettent le fonctionne ment et toute transformation pr suppose leur existence ne serait ce que parce qu elle se propose d aborder les domaines qu ils ne r solvent pas Ces savoirs existent ils sont n cessaires comment permettre au plus grand nombre d y acc der La r ponse en apparence la plus innocente consiste affirmer qu il convient de les transmettre le mieux possible Des savoirs se mettent alors exister ind pendamment du Savoir qui les a produits comme des objets et non comme les cons quences d une d march
9. du statut octroy l enfant etc Tout cela tient coup d illusion ou de compensation mutilante et transforme les victimes en d fenseurs acharn s de ce qui les ali ne par la n cessit o ils sont de sauvegarder au moins les d plaisirs les moins violents L ali nation s installe ainsi travers ce qui semble l gitime non cause de ce qui r volte Aussi la moindre avanc e dans la conscientisation est elle un arrachement la mise en question de ce qui console examen critique de ce qui para t d abord le plus normal banal ou anodin La deuxi me condition permettant de th oriser porte sur la mani re dont l enfant est associ par son milieu l effort constant pour accompagner d une d marche r flexive des v nements qui l impliquent On rencontre une approche concr te de cette question dans le livre de l cole de la rue Vitruve En sortant de PEcole lorsque le groupe s interroge sur les moyens que chacun utilise pour obtenir ce qu il veut par la violence par le charme par la bouderie par la parole par la soumission un protecteur et l on sent qu il faudrait aller au del de ce constat et permettre chacun de comprendre quelle n cessit le pousse d velopper ces comportements Or cette compr hension passe par une r flexion du groupe sur lui m me en quoi il s accommode que chacun soit comme il est quel statut accepte t il que chacun ait sur quel quilibre fonctionne t i
10. duit et garantit l ordre des choses Pour la promotion collective ce qui est d velopper c est ce qui met en question l ordre des choses ce qui se construit dans la transformation r ciproque de la situation et de celui qui travaille en d placer les limites Qu il s agisse de Penfant de l adulte ou de la soci t il n y a d apprentissage que dans la tentative de surmonter l tat pr sent d un d s quilibre La diff rence n est pas de programmes car la question n est pas de choisir d enseigner des savoirs reproducteurs ou des savoirs qui seraient transformateurs ceux ci n ont pas d existence pr alable la transformation de la situation qui n cessite de les cr er La diff rence r side dans une attitude et une d marche g n rale vis vis de la construction des savoirs donc dans une prise en compte des conditions du Savoir Ainsi apprendre lire n est pas recevoir un savoir existant c est transformer la situation qui fait qu on ne sait pas lire Faire en sorte que l individu apprenne dans et pour le d placement des limites de son statut dans et par la modification de ce qui fait que les choses et la relation qu il a avec elles sont ce qu elles sont c est tre dans la promotion collective par opposition la r ussite individuelle Ce qui se construit alors c est du Savoir en tant que Pouvoir de transformer permettant ainsi au plus grand nombre de s impliquer dans P largissement de
11. e M me si cette mani re de taire se r v lait efficace il faudrait encore la questionner sur ses effets secondaires ou plut t sur ses intentions premi res Quel avan tage trouve t on faire acqu rir des savoirs sans qu ils soient produits par une d marche de Savoir c est dire par ce qui s invente dans la transformation de l tat des choses dont la prise de conscience caract rise justement l exercice du Pouvoir Il s agit simplement de s parer les savoirs du Pouvoir de transmettre les savoirs dont la reproduction sociale a besoin en laissant pour autant dans l impuissance puisque ces savoirs ne d coulent plus au niveau individuel de ce que chacun invente pour d placer les limites de son statut Il s agit bien de transmettre des savoirs sans donner acc s aux d marches qui permettent d largir la base sociale de production du Savoir PROMOTION COLLECTIVE Ces deux mots fortement connot s maident gu re pr ciser un concept qui ne pourra s claircir qu en th orisant des pratiques nouvelles en ce domaine et en analysant les pratiques actuelles pour d celer les voies de rupture qu elles entrouvent La promotion collective se comprend mieux si on l oppose la r ussite individuelle Dans les ann es soixante dix la bataille pour la d mocratisation visait donner quelle que soit leur origine sociale les m mes chances tous les enfants Les m mes chances de quoi premi re vue de
12. e base car elle est globalement juste un tel niveau de g n ralit s et elle donne d j largement mati re s empoigner avec la r alit p dagogique Mais dans la mesure o les pratiques voluent sous ces coups de boutoir il est indispensable d entrer plus avant dans l analyse des relations entre savoir pouvoir et promotion collective en cernant mieux chaque concept pour comprendre nos propres insatisfactions En effet si nos l ves exercent des pouvoirs plus tendus dans des situations encore peu fr quentes l cole production obligeant des interactions avec le milieu social et professionnel par exemple le lien reste t nu entre cette autonomie et cette respon sabilit nouvelles et des savoirs nouveaux et plus galitaires Est on de cette mani re dans la promotion collective POUVOIR Il y a d j deux acceptions ce mot selon qu il est au singulier avec une majuscule ou au pluriel sans majus cule et ces deux acceptions qui ne peuvent tre dissoci es dans la pratique se t lescopent dangereusement dans l analyse Selon le statut qu on conf re Penfant on lui reconna t des pouvoirs pouvoir de faire de dire de choisir de d cider de transformer C est le champ des situations dans lesquelles s exercent son autonomie et sa responsabilit Le droit de g rer son argent son temps son espace son mode de relation aux autres etc Une caract ristique de ces pouvoirs c est qu ils son
13. l Le statut de chacun r sulte tout moment d une n gociation implicite entre les apports individuels et la gestion qu en fait le groupe Si bien que la prise de conscience de ce statut ne peut tre unilat rale car il ne pr existe pas la relation de l individu son milieu et se construit par elle Si le Pouvoir est bien pour chacun dans l exploration des raisons qui font qu il est comme il est il n est pas exag r de dire que le Pouvoir est donn par le groupe familial social scolaire mais pas au sens o on l entend d ordinaire de laisser plus ou moins de responsabilit ou d autonomie ou de veiller au partage des pouvoirs ou de ne pas avoir d attitude autoritaire d tendre en quelque sorte les limites permises par une sorte de d cision du prince qui est aussi arbitraire dans la permissivit ou dans la contrainte Le seul int r t de l extension des limites r side pourtant dans la diversification des champs d exp rience mais en soi cet largissement ne donne aucun Pouvoir Le Pouvoir dans la compr hension d un statut non dans le statut lui m me et ce statut n est observable que par rapport aux autres statuts Il est compr hensible seulement par un effort mutuel de transparence dede dr pour faire circuler une information d barrass e au maximum des effets de statut sonnes sont en relation ou de r le C est parce que les autres sont galement dans cette recherche de 2 M me si certai
14. le sont ce qu elles sont Cette vigilance transpose au niveau personnel la notation de MARX selon laquelle si la r alit des choses apparaissait l il nu il n y aurait pas besoin de science Le Pouvoir r side tout entier dans cette d marche pour observer la r alit autrement qu l il nu Et le savoir c est alors ce qui r sulte de cette observation et ce qui la rend possible tout la fois les outils de distanciation et la mise en r seau des l ments observ s Mais cette observation s inscrit dans une n cessit de Pouvoir g n ralis car la compr hension de ce que je suis dans une situation suppose que les autres me renvoient la compr hension de ce qu ils sont Aider quelqu un prendre du Pouvoir donc construire des savoirs c est l associer un effort collectif pour comprendre la situation dans laquelle il est et dans laquelle je suis Et cette exigence est difficilement compatible avec le statut de parent ou d enseignant tel que le d finit le rapport entre celui qui devrait savoir et celui qui doit apprendre Un statut qui en domine un autre n est pas lui m me libre et c est cette absence de libert qui met l autre en p ril C est ce dont j interdis l acc s aux autres c est ce que par impuissance le comprendre je laisse opaque de moi et de la situation c est cela tout la fois qui m ali ne et les opprime Pour le militant comme pour le travailleur pour l enseign
15. ns statuts sont Pouvoir afin de prendre conscience de leur n cessit qu ils renvoient chacun plus favorables la compr hen Pinformation qui lui permet de d velopper du Pouvoir Slon dans la mesure oui 1 per mettent une distanciation 3 Mais cet change cette explication mutuelle doit porter sur la situation r elle dans laquelle sont engag s les protagonistes sur l lucidation et la confrontation de ce que chacun vit dans cette relation autour d une action commune avec des statuts diff rents mais dans une implication gale Ce ne sont jamais des statuts abstraits qui communiquent mais des tres en situation Comme le note BACKHTINE propos de l criture et ce n est s rement pas une co ncidence je ne deviens conscient de moi je ne deviens moi m me qu en me r v lant pour autrui travers autrui et l aide d autrui Les actes les plus importants constitutifs de la conscience de soi se d terminent par le rapport une autre conscience un tu La rupture l isolement l enfermement en soi est la raison fondamentale de la perte de soi La condition de mon Pouvoir c est le Pouvoir de Pautre hors de toute manipulation as que la situation ducative est particuli rement pi g e cet gard qu il s agisse de la famille ou de P cole La transparence y est rarement de mise L individu y est le plus souvent confront des situations reconstitu es par un discours th orique
16. nt il faudrait justement prendre conscience pour d velopper r ellement du pouvoir Cette dilution des pouvoirs plut t que leur partage ne t moigne en fait que de la propre impuissance de ladulte Si bien que cette acception renvoie l autre et qu on passe des pouvoirs au Pouvoir Le Pouvoir ne se mesure pas en effet aux pouvoirs qu on exerce et bien certainement Nelson MANDELA a davantage de Pouvoir que le gardien qui le surveille Car ce qui est en question ici c est la capacit de comprendre pourquoi les choses sont comme elles sont A du Pouvoir Penfant qui travers les actions qu il conduit et les prises qu il prend dans son environnement construit et fait voluer un syst me th orique qui rend de mieux en mieux compte de la n cessit Est dans l impuissance celui qui puise l explication de chaque v nement par la conjoncture et n abstrait pas derri re les circonstances successives ce qui les met en relation O cette possibilit de th oriser exige pour se d velopper certaines conditions En premier lieu la mani re dont le milieu lui m me exerce son propre Pouvoir l impression qu il donne Penfant sinon de ma triser tout au moins de comprendre le cours des choses ou Pinverse d tre dans Pimpuissance face elles qu elles soient sociales ou personnelles Comprendre mest pas tout fait le mot qui convient car il impliquerait une sorte de v rit objective de la compr hension
17. ois le mode d emploi du monde tel qu il est un moment donn et le carburant du syst me pour qu il tourne sur lui m me Ils sont de par leur origine adapt s au nouvel ordre des choses et leur mise en uvre garantit sa reproduction C est seulement dans linsatisfaction nouvelle ou r siduelle que donne la mise en uvre de ces savoirs actuels que prend naissance la dynamique permanente du Savoir dit il est clair qu on se trouve l devant deux objets dont le lien est vident mais chacun de nature et de r le totalement diff rents l un est processus de transformation et de d passement l autre moyen de gestion et de reproduction Tous deux garantissent la p rennit sociale le premier parce qu il ouvre lavenir les seconds parce qu ils rendent possible le pr sent Chacun na t de Pautre le Savoir des limites des savoirs et ceux ci des inventions du premier La question n est pas de choisir Pun dans lignorance de Pautre on ne saurait se passer des savoirs mais ce n est pas leur mise en uvre qui transforme la situation pour laquelle ils sont con us Chaque tre humain pour peu qu il r unisse les conditions de son Pouvoir est alors amen passer de Pun Pautre lorsqu il rencontre les limites de son statut et qu il entreprend de les mettre en question La n cessaire galit du Pouvoir condition pour chacun de la r alit de son Pouvoir supposerait donc la possibilit pour tous les individus
18. r ussir des tudes Et c est vrai qu on a beaucoup phantasm sur le cantonnier qui une fois pos s la pelle et le balai se pr cipite chez lui pour relire PLATON dans le texte Mais comme le souligne J C PASSERON depuis les ann es qua tre vingt on d couvre que m me avec un doctorat de grec ancien il est difficile d obtenir une place de balayeur Si bien que la dure r alit reprend ses droits et que la d mocratisation revendique l galit des droits pour tous d acc der aux plus hautes branches d un syst me social hi rarchis lequel par d finition ne donne pas tous les m mes droits La d mocratisation tient non dans l galisation des statuts mais dans Paffirmation th orique du droit de chacun pr tendre aux statuts les plus favoris s par l in galit Ou ce qui revient au m me les moins d favoris s par l galit Du moment que chacun esp re avoir sa chance d tre dans le peloton de t te l in galit devient galitaire La promotion collective ainsi con ue se caract rise par le souci de propulser tous les individus vers des si ges en nombre tellement limit qu il vaut quand m me mieux avoir fait retentir sa place l avance Mais a ne fait rien seule l intention compte A linverse nous consid rerons que si la r ussite individuelle r side dans l accession aux niveaux les plus lev s de la hi rarchie sociale accession fatalement limit e par la pyramide des statuts et de
19. s bases sociales de sa production Ce qui est en question c est bien la transformation g n rale des rapports de production et le Savoir n chappe pas la r gle Cette d marche g n rale et c est sans doute ce qui la distingue des m thodes actives et de leurs variantes les plus modernes exige de partir de la situation r elle que vit l enfant en tant qu tre social pour prendre conscience de son statut en le confrontant d autres lorsqu il tente den repousser les limites ce qui sup pose r ciprocit et transparence afin que chacun travers les actions qu il d veloppe et les prises qu il prend dans son environnement construise et fasse voluer un syst me th orique qui ma trise de mieux en mieux ce qui ne peut se voir l il nu C est la d finition m me que nous avons donn e du Pouvoir On rencontre la promotion collective toutes les fois que des individus sont par rapport ce qu ils vivent dans une situation de pouvoir qui les conduit dans la prise de conscience de la n cessit construire les moyens de la transformer donc produire du Savoir Jean FOUCAMBERT D
20. s pouvoirs mais qui la revendique et la l gitime la promotion collective r clame elle la r duction de l in galit sociale la diminution des diff rences entre les statuts une autre conception de la responsabilit qui remplace la hi rarchie Cette approche permet de poser autrement la question du Savoir et des savoirs ind pendamment du fait que leur partage ne sera pas entrav par des objectifs de s lection aujourd hui en effet leur possession semble garantir un m rite qui l gitime l in galit des statuts auxquels ils donnent acc s Ce qui explique aux yeux de tous qu un m decin soit mieux pay qu un fossoyeur ce n est ni utilit de la fonction ni la comp tence professionnelle mais le nombre d ann es d tudes Le Savoir doit rester rare comme nimporte quelle autre marchandise pour garder son prix La promotion collective inverse de la r ussite individuelle invite poser le probl me de la mani re suivante plut t que de chercher de quels savoirs un individu doit tre dot pour s ins rer le plus haut possible dans une soci t in galitaire demandons nous quels savoirs sont n cessaires pour r duire les aspects in galitaires de la soci t et dans quelles circonstances ils peuvent se d velop per On pressent bien qu il ne s agit pas des m mes Pour la r ussite individuelle les savoirs acqu rir sont ceux que la soci t reconna t et valide ceux dont la mise en uvre repro
21. sse sa plus value en achetant le travail comme une marchandise il importe que le travail ne transforme pas celui qui le fournit D o lotganisation du travail sur le mode taylorien pour lequel le bon producteur est celui qui laisse son cerveau au vestiaire le travail va tre divis de telle mani re qu il ne sera pas possible de retirer un Savoir des transformations qu il fait subir la r alit L miettement est le gage de son opacit et garantit qu il ne g n re aucun Pouvoir Si la production du Savoir est confisqu e par une minorit comment fonctionne t elle On a vu que le Savoir c est ce qui se d veloppe de nouveau lorsque l homme repousse les limites dans lequel les l enferme Pusage de ses savoirs actuels le Savoir est un processus de transformation et la nature du Savoir est d fi nie par la nature de la transformation Or les transformations souhait es par une minotit sont celles qui sauvegardent et accroissent les caract ristiques qui font que cette minorit est dominante Autrement dit le Savoir qui se construit dans ces transformations est un Savoir de classe et de la classe dominante puisqu il r sulte des transformations que celle ci souhaite dans sa logique apporter son propre statut Le Savoir ainsi produit n est pas neutre Il est compl tement structur autour des rapports sociaux qui lont fait na tre et west pas tel quel utilisable pour les mettre en question En d autres termes
22. sur un statut imaginaire quel formateur oserait commencer avec un groupe d alphab tes en donnant le r sultat r el du groupe qui a pr c d Et pourtant quel pouvoir peut construire un l ve pour transformer cette situation et substituer enfin la r ussite l chec si l information sur cette situation donn e par ceux qui la connaissent est incompl te ou fausse Or ce mensonge est significatif de l absence personnelle de Pouvoir du formateur de son impossibilit comprendre pourquoi les choses sont comme elles sont de l impuissance qui le conduit alors manipuler la situation et la justifier par une volont de ne pas d courager Billancourt Son silence condamne l apprenti l impuissance puisque la situation que celui ci serait cens transformer en apprenant lire n est pas celle dont il a connaissance Il en va de m me dans la famille o l tat d impuissance des adultes et leur absence de prise sur la r alit les conduisent prot ger l enfant sans lui dire qu ils le font mettant ainsi P uvre cette formule de COC TEAU puisque cette situation nous chappe compl tement feignons au moins d en tre les organisateurs Permettre aux autres de d velopper du Pouvoir c est tre soi m me au travail pour assurer le sien c est dire entrer par l interaction avec eux et gr ce eux dans la compr hension de ce qui fait que les choses dans lesquelles nous sommes engag s ensemb
23. t octroy s par le pouvoir englobant ou engluant de lPadulte et qu ils restent toujours plus ou moins sous tutelle le chantage affectif tant pas ici le moindre des contr les En fait ce statut octroy ressemble fort au mod le r duit d un statut mod le d adulte une mani re subtile de nier l enfant en l obligeant adh rer au projet ducatif qu on a sur lui vivre sur le mode du futur en croyant vivre son pr sent L autre caract ristique porte sur le r le n cessaire des conflits aux fronti res puisque je ne d couvre la r a lit de mes pouvoirs que lorsqu ils rencontrent la r alit des pouvoirs de l autre L exploration la prise de conscience et la transformation d un statut ne peuvent avoir lieu que si les autres assument et revendiquent clairement leur propre territoire Or on assiste ici une d rive dont la p dagogie nouvelle a parfois t victime qu on retrouve dans la vulgarisation de certaines conceptions de la psychologie am ricaine destination des classes moyennes et qui se nourrit d une sorte de culpabilit des adultes envers lautorit travers un discours psychanalytique sur les dangers du refoulement Cette attitude consiste non permettre Penfant de prendre conscience de son statut en guerroyant sur ses fronti res mais diluer les pouvoirs des adultes baisser dans une permissivit mal d finie le niveau d exigence de chacun et rendre floues les limites de ce do
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