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Equipe de recherche interuniversitaire sur le cinéma privé (Par

1. 197 Ricoeur P Du texte l action 1998 le Seuil Ricoeur P La m moire l histoire l oubli Le Seuil 2000 Roubaud J La contrainte cr atrice article paru dans le journal Le Monde dat du 12 mars 1982 Roche D Ellipse et laps coll Photo Cin ma Maeght diteur Paris 1991 Rochlitz R Subvention ou subversion Art contemporain et argumentation esth tique Gallimard 1994 Rochlitz R L art au banc d essai Gallimard 1998 Roger Masart M Guide des collections audiovisuelles en France ed CFPJ 1994 Rousset J Les r alit s formelles de l uvre dans Chemins actuels de la critique sous la direction de Georges Poulet coll 10 18 Union g n rale d ditions Paris 1968 Sansot P Du bon usage de la lenteur Paris 1998 Sabelli Fabrizio Rites et croyances t l visuels Regard sur le sens commun Mus e d ethnographie de Suisse 1993 Seel M L art de diviser Le concept de rationalit esth tique Armand Colin 1993 Serceau D Le d sir de fictions Dis voir Paris 1987 Sierek K C est beau ici Se regarder voir dans le film de famille in Le film de famille d cit Schaeffer J M L age de l art moderne L esth tique et la philosophie de l art du XVIIe nos jours Gallimard 1992 Schaeffer J M Les c libataires de l art Pour une esth tique sans mythes Gallimard 1996 Shusterman R L art l tat vif ditions de Minuit 1992 d ori
2. tudier car elles sont l une et l autre ext rieures l exp rience v cue par l auteur des productions l enfant qui dessine le membre de la famille Bruno Duborgel propose une troisi me lecture plus int ressante pour notre propos il note que l imagerie enfantine pr sente certes un caract re d termin et r p titif tr s marqu mais il sugg re que cela ne signifie pas forc ment st r otypie mais commerce de l me avec des image tonifiantes pour elle avec des images si riches de r sonances symboliques qu elles semblent moins se r p ter m caniquement que na tre et rena tre chaque instant comme des figurations multiples et fugitives d un sens in puisable et que cela n emp che pas ces images d tre l expression d un sujet actif et capable de m tamorphoser une n cessit en une d couverte D autre part une image banale peut d signer les forces diverses et ext rieures qui l imposent tre un st r otype Elle peut tout autant d signer une image originelle et qui l inverse de l apparente originalit de l image conforme quelque r alisme du pittoresque est aussi fondamentale qu un arch type je souligne Ainsi la force esth tique du dessin d enfant n est pas dans la lettre du dessin mais dans ce qui s y exprime et qui provient de l imaginaire de l enfant Cette id e d une production esth tique qui n est pas dans la lettre de ce qui est donn voir me semble essentielle pour comprendre l
3. 251Cette formulation est issue de E Goffman Les cadres de l analyse Minuit 1991 Discours de sc ne s opposant discours de coulisses 252 La Cin math que Fran aise a constitu dans le champ cin matographique un instance de cons cration artistique Ce n est pas tout fait un hasard si les d fenseurs de la politique des auteurs les futurs cin astes de la Nouvelle Vague ont appris aimer le cin ma et ses auteurs sur les bancs du mus e imaginaire d Henri Langlois lors des s ances de projection la Cin math que fran aise au cours des ann es 1950 Si la question esth tique na t avec le mus e avec l exposition publique des uvres et la confrontation des jugements esth tiques la Cin math que fran aise a prolong ce r gime esth tique dans le domaine cin matographique 253Cf les r cits d dification pr sent s ci dessus par Claire Givry 254241 Le fonds Saint Etienne est compos 80 de documentaires dont 90 de court m trages 158 Etienne Oubli pendant des d cennies un montage de certains pisodes du Cin journal a t projet le 4 janvier 1986 Cette projection qualifi e d historique par l actuel directeur de la Cin math que G rard Vial a rassembl 3 000 personnes la Maison de la Culture de Saint Etienne Elle a consacr pour le nouveau dirigeant sa politique de mise en valeur toujours d actualit du fonds r gional composant le quart de
4. L Unique fonctionne aussi gr ce une picerie contigu le March de Provence laquelle est devenue Vincent Auvray s en r jouit l arri re boutique de la galerie L pici re assure parfois les visites d exposition relate les commentaires et prend des appels t l phoniques Dans le m me registre la fille de la boulang re est venue participer l laboration d une exposition Tout ceci contribue cr er un environnement bien connu des voisins rassurant si bien qu ils ne sont pas intimid s si c est l c est pour eux mon concept de galerie vitrine en t moigne c est tourn vers le public C est aussi dans l air du temps Le caract re fabuleux de notre destin consiste peut tre chercher le chat du voisin pour faire ainsi allusion aux films de Klapisch et Jeunet qui ont eu l estime populaire que l on sait Ici il faudrait aller chercher les dispositions artistiques de son voisin en d battre pour finalement les accueillir si comme le pense Vincent Auvray il n existe pas d amateurs tant sur le plan de la qualit que sur celui de la pratique A Toulouse Loin de nous la sensation d avoir atteint une quelconque saturation dans notre enqu te mais nous avons tout de m me suffisamment exemplifi nous semble t il la plupart des interrogations qui ont motiv notre approche Nous avons termin l tude partielle men e Caen sur une note plut t ang lique
5. Odin R sous la dir de Communications n 68 Le cin ma en amateur 1999 Seuil Odin R La question du public Approche s mio pragmatique in R seaux n 99 Cin ma et r ception volume 18 2000 Odin R De la fiction De Boeck Universit Bruxelles 2000 Pelechian A Le montage contrepoint ou la th orie de la distance article publi dans P rec G L espace litt raire Gallimard Paris 1955 P rec G La vie mode d emploi coll POL Hachette Paris 1978 Perec G Esp ces d espaces Galil e Paris 1974 Perec G Penser Classer Hachette Paris 1985 Perec G L infra ordinaire coll La librairie du XX si cle Le Seuil Paris 1989 P rec G Je suis n coll La librairie du XX si cle Le Seuil 1990 P rec G Signe particulier N ANT in Vertigo n 11 12 ditions Jean Michel Place Paris 1994 Perrot M Jeunesse de la gr ve 1871 1890 Editions du Seuil 1984 Pinel P Louis Lumi re inventeur et cin aste Nathan 1994 Pomian K Collectionneurs amateurs et curieux Paris Venise XVI XVITI me si cle Gallimard 1987 Pomian K Les archives Du Tr sor des chartes au Caran in Les lieux de m moire IIT La France 3 De l archive l embl me Gallimard 1992 Ramirez F et Rollot C Le larcin magique Cahiers de la Cin math que n 11 Cin math que Fran aise Paris printemps 1997 Ricoeur P Temps et r cit 1 3 1983 1985 le Seuil
6. la r flexion sur on l aura compris quelque chose qui participerait du lien civil esth tique 2 Notre deuxi me contre exemple ne sera pas tir d un lieu institutionnel Bien au contraire il va s agir d un collectif qui non seulement met un point d honneur se d prendre de tout maillage institutionnel mais par dessus le march locution pr cieuse ici ne cherche pas investir un lieu fixe m me si son rayon d action reste centr sur la ville de Toulouse Le groupe Odradek en effet multiplie les op rations hors des circuits de l art traditionnel Laure Nusset de l hebdomadaire Tout Toulouse ajoute ces quinze cr ateurs interrogent la notion d art et de march artistique Ils revendiquent leur insoumission vis vis des acheteurs et des institutions par souci de libert afin d acc der davantage d exigence et d honn tet cr atrice Ils agissent en groupe et refusent toute personnalisation de leurs uvres Ce qui ne serait gu re nouveau pensera t on et nous ram nerait aux p titions de principe des paradigmes du squat ou de la friche lesquels font l objet de toutes les attentions de soutiens institutionnels minist riels divers La diff rence et du coup la surprise r sident ici dans la contribution l conomie du don cette vulgate Leveratto ou l id ologie de la gratuit Holmes pourquoi pas que r alis rent en actes le
7. largement restitu e par la bande son lorsque l enseignant donne des directives qui rappellent trop le contexte scolaire malgr tout dans lequel ils sont Les l ves r agissent en exprimant leur point de vue sur le cadre particulier de l atelier et la place de chacun La motivation du moins au d but n est que tr s peu li e l id e de cr ation Le premier l ment de motivation est bas essentiellement sur l envie d tre ensemble La mise en place d un tel atelier suppose donc une volont commune aux quipes administrative et p dagogique de reconna tre l tablissement non seulement comme lieu d enseignement mais comme lieu de vie et de rechercher une didactique du sensible Productions Les productions donn es voir en fin d ann e scolaire se pr sentent sous la forme de 2 s ries de petits vid ogrammes muets Les 2 s ries portent le m me titre Les souvenirs font na trent les pens es et s ouvrent par le m me g n rique Ces suites r p t es comme un exercice sont cr es partir d un certain nombre d images fixes et de sayn tes trait es depuis une table d effets vid o tr s simple Il n y a nulle part la trace d un souci d identification de personnalisation Le g n rique comporte un titre avec une liste de noms qui d file et se fond dans l image Il n y a pas vraiment d auteur pas de copyright Le travail de montage y est sommaire Toutefois on distingue dans certains vi
8. lui tient la chronique journali re de la gr ve Limoges dans Les voix du rail Pendant une demi heure le syndicat CGT des cheminots de Saint Etienne Loire raconte les pisodes de leur mouvement la mani re d une profession de foi de leur syndicat Gr ve Jupette novembre 95 se d roule Narbonne Le deuxi me est un film d une quarantaine de minutes qui retrace une seule journ e de la gr ve Montlu on Ces films sont visibles la CGT et font partie des films les moins achev s Pour aider la lecture de ces dr les d objets J ai interrog certains de ces cin astes qui m ont racont leurs impressions et leurs visions Il s agit de Daniel de Yann et de Michel tous trois pr sents Lussas avec leur film Partis d initiatives individuelles et amateurs quatre de ces films Les voix du rail Rue de la gare a toi Jupp Lutte des cheminots de l Aveyron et du Lot Gr ve des cheminots d Orl ans les Aubrais se sont retrouv s sur le devant de la sc ne documentaire aux c t s de quatre films professionnels sur la gr ve en passant aux Etats G n raux de Lussas en 1996 Deux jeunes r alisateurs Sabrina Malek et Arnaud Soulier s aventurent dans les locaux de la gare d Austerlitz suivent les acteurs de la gr ve et sollicitent leurs r flexions tout au long de ces trois semaines Ils en tirent un film Chemin de traverse produit par Lucie films et Cem a NTC r intitul Parole de gr ve lors de son passage sur ART
9. 2000 films par an un triplement de ses effectifs en cinq ans 5 salari s en 1994 13 en 1999 un doublement de son budget en deux ans 1997 2 millions de francs 1999 4 millions de francs etc Autour de Monsieur A une quipe une bande de copains Ils bouffaient ensemble se faisaient des f tes Les couples l int rieur se faisaient et se d faisaient Les r unions d quipe se d roulaient au bistrot Les embauches Pas d appel candidature ni demande de curriculum vitae on fonctionnait plut t par copinage relationnel La d finition des emplois On s appuyait sur la base d accords oraux Mettre sur pied un syst me de feuilles de cong s Pour quoi faire Ah ben non on n a jamais fait a Venir le soir organiser des projections de films c est du b n volat Jusque l aucune reconnaissance des fonctions que chacun assurait au sein de l association et les qualifications aff rentes n taient inscrites C tait la petite famille de Monsieur A celle autour du P re fondateur le directeur de la cin math que Sur les douze salari s de l association on comptait en 1999 huit emplois pr caires dont quatre emplois jeunes trois temps partiels et un emploi consolid temps partiel L arriv e d un directeur administratif d appartenance syndicale FO envoy par la mairie de la ville a pour objectif l am lioration de l organisation de la structure Il cont
10. C est sous cette probl matique des rapports t l vision cin math ques r gionales qu est pr sent par Agn s Delforge le contrat de cession de plan mis au point M moire Audiovisuelle de Haute Normandie Il consiste en une cession de plans contre versement de droits de l ordre de 1500 francs la minute pour deux passages la t l vision r gionale dont la moiti est vers e aux ayant droits Mais s il s agit d une structure associative 1l n est plus question de versement de droits A Saint Etienne a t d velopp e une r flexion autour de ce droit des r alisateurs amateurs inventer et encore une fois suite aux demandes commerciales de la t l vision Selon le directeur de la cin math que de Saint Etienne il est n cessaire de prot ger les droits des d posants notamment par rapport la vente d images Avant le r sultat des r flexions qui animent le service juridique de la mairie de Saint Etienne l avocat de la FCAFF et une stagiaire quatre types de contrats ont t utilis s dans l tablissement st phanois l un contrat de d p t de film c est dire de d p t du support 2 un contrat de cession de d p t et de cession de droits c est dire d p t de support et autorisation de diffusion 3 un contrat de cession de droit permettant achat et acquisition des images 4 un contrat de ventes d images Sous leurs diff rentes formes ces contrats ont pour cons quence de conf re
11. Le lieu est personnifi gr ce des photos polaro d prises lors des diff rentes f tes et affich es au dessus du bar rappelant l album de famille Les relations entre les personnes pr sentes sont d ordre amicales Le public se compose de personnes g es entre 20 et 30 ans des tudiants ou des habitu s pour la plupart T l bocal a d but ses diffusions en septembre avec pour rendez vous tous les jeudis du mois L espace correspond parfaitement T l bocal L esprit du bistrot tant l Art narchie veut m l humour et culture populaire Parler de ce qui se passe dehors Concernant la programmation de T l bocal les tenanciers du Br guet sont surtout satisfaits de l aspect ludique On les aime beaucoup bien qu ils souhaiteraient que le contenu soit moins informatif mais avec plus de spectacle Ils appr cient t l bocal pour leur ton caustique Ils ne prennent pas des gants Enfin T l bocal affiche une dimension sociale Aussi elle attire les caf s tel le Petit Ney qui ont con u leur lieu comme un espace citoyen Au d part Le Petit Ney situ porte de Montmartre est issu d une association de quartier cr e il y a 4 ans Le but tait de recr er des liens de substituer une vision pessimiste du quartier d linquance perte de lien social une revalorisation d un quartier populaire La premi re d marche tait celle d un journal pour aller vers les autres Il tait fa
12. Les Musicophages Nous avons affaire avant tout et nous l avons d couvert aussi une m diath que centr e sur le pr t payant de CD audio cette formule oxymorienne 117 s expliquant par le fait que la location de CD audio est interdite en France contrainte que les Musicophages ont su d tourner en faisant adh rer les clients leur association le pr t de CD devenant ainsi possible m me s il est conditionn donc une participation financi re au fonctionnement de l association Ce protocole a son importance puisque c est gr ce l argent que rapportent ces locations d guis es que les Musicophages pr servent leur ind pendance et peuvent revendiquer assez fi rement du reste une autonomie totale par rapport toute forme d institution Les membres fondateurs de l association ont emprunt parfois en hypoth quant leurs biens et au bout de cinq ann es la rentabilit financi re ainsi que le remboursement des cr dits furent assur s Il n est pas question ici toutefois de faire de l argent du fric Comme les membres le d clarent l association Les Musicophages s inscrit dans une d marche alternative de diffusion des cultures vivantes de promotion de nouveaux cr ateurs et de d veloppement de la libert d information Son v ritable enjeu est de mettre la disposition de tous ses membres une structure abordable favorisant l galit d acc s culturel
13. MALEK Sabrina et SOULIER Arnaud Chemins de traverses Tema Lucie film 1996 Productions ant rieures ou sur un autre mouvement ARC Citro n Nanterre mai juin 1968 CINELUTTE 98 Bonne chance la France Cincenelle 1974 EISENSTEIN Sergot La Gr ve 1925 Russie KOPPLE Barbara Harlem country 1979 LOACH Ken Les Dockers de Liverpool 1995 THORN Jean Pierre Oser lutter oser vaincre Ligne rouge 1968 Le Dos au mur 1980 MARKER Christ A Bient t J esp re Biskra 1967 Le Joli mai 1962 MUEL Bruno et le groupe MEDVEKINE de Sochaux Week end Sochaux Biskra 1971 STORCK Henri et IVENS Joris Mis re au Borinage 1933 Autre VELASCO Alexandre Les Rendez vous de d cembre 1996 99 Marc FERNIOT Ma tre de conf rences en Arts Appliqu s Universit Toulouse le Mirail Amateurs et lieux alternatifs Qui n a pas assist une projection sauvage ou polic e improvis e ou rituelle dans un caf de quartier ou dans un bar tendance dans une boutique la mode un restaurant ou encore dans un espace commercial recycl le temps d une soir e en un terrain sur lequel se d ploient des enjeux culturels Les technologies num riques ayant consid rablement facilit les possibilit s de faire un filmage et surtout un montage de qualit le nombre de productions audiovisuelles et de r alisateurs ne cesse de cro tre Ces derniers deviennent autant de candidats la
14. des subventions municipales de la mairie de Paris transfus es par la suite T l montmatre par le biais de l atelier d initiation aux techniques modernes vid o La distinction est importante aucun moment la ville de Paris n a dit on va cr er une t l locale citoyenne et on la finance C est un atelier vid o qui a d cid de se transformer en t l vision locale Depuis janvier 2001 gr ce la participation de l tat deux emplois ont t cr s concernant l atelier vid o 223 Propos recueillis aupr s de Henri Etchevery responsable du centre d animation des Abbesses 224Contrat emploi Consolidation 128 Les diffusions se font tous les trimestres dans des lieux d une capacit d accueil de 300 personnes environ l occasion sont organis s des micros v nements favorisant l interactivit ou des petits spectacles Le lieu de diffusion choisi est un caf s ou un lieu de spectacle du quartier comme le Divan du monde Cette tape pass e la cassette peut vivre sa vie et l il n y a pas de r seaux vraiment organis s c est un petit peu en fonction des adh rents ils ont la cassette disposition et ils peuvent la faire diffuser par des bars par n importe quel lieu public lors du mariage de la cousine lors d un voyage en avion demander au commandant de bord voir s il y possibilit de diffuser la cassette Tout est possible puisque les cassettes sont libres de droits et son
15. entr e au lyc e a pu s effectuer sans rupture g nante dans l appel d une communaut qui ne fusionne pas mais s expose et se fait entendre dans l espacement des singularit s Ces l ves qui sont maintenant en ge de se marier et de fonder une famille il faut les sortir encore une fois de l anonymat 148 Philippe Lejeune Le tournant d une vie dans Les brouillons de soi pp 103 121 149 Dans le prolongement de La Disparition Georges Perec manifeste l intention de r aliser un film d aventures bourr de personnages et d actions racontant une intrigue nourrie de p rip ties de toute sortes sans jamais montrer distinctement un visage et sans que le spectateur ait conscience de cette r gle contraignante La note d intention est publi e dans la revue Vertigo n 11 12 ditions Jean Michel Place Paris 1994 pp 61 66 sous le titre Signe particulier N ANT 150 Ce plan est tourn cam ra sur pied install e dans le coffre d une voiture qui suit les cyclistes en marche arri re le capot relev pour permettre un l ve de les cadrer illeton Afin que le cadre ne change pas chacun doit rouler la m me vitesse et il faut maintenir le m me intervalle physique entre les cyclistes et la cam ra Compte tenu de cette complexit on comprend qu il faut avoir envie de ce plan pour le tourner 55 19 LEs L VES Vanessa Babouche Michael Bellouin Aur lien Bogucki Yoh
16. et de forces Il a t film sur l aplat du ciel bleu Contre plong e peine perceptible plan rapproch poitrine avec juste ce qu il faut d air autour L absence d autres l ments dans l image supprime le probl me de l chelle et r gle par cons quent celui de la taille le corps n est plus en p ril dans le plan il est plant dans l espace Au bord inf rieur du cadre la densit du v tement donne une assise au portrait Comme la valeur du ciel s tale sur plus de la moiti de l image gale celle du visage la cellule du camescope n est pas sensible l outremer la t te n est donc pas surexpos e Le 121 Fran ois Jullien Eloge de la fadeur A partir de la pens e et de l esth tique chinoise ditions Philippe Picquier Paris 1991 r d Le Livre de poche coll Biblio essais n 9 1993 pp 44 45 122 Roger Odin Le film de famille dans l institution familiale op cit 1995 pp 27 41 123 La gr ce suppose qu on soit sans intention Voir Heinrich von Kleist Sur le th tre de marionnettes 1810 ditions Mille et une nuits septembre 1993 45 cama eu des bleus d croche le visage et la chevelure sans les saturer le teint d licat de la peau est respect La technique reste l mentaire Le micro d appoint tenu la main ne permet aucun r glage Ignorant le d brayage en manuel la plupart des l ves restent soumis lumi re couleur et mise au poi
17. in La Revue Belge du cin ma n 19 1987 Lejeune P L re autobiographique in La sph re de l intime Photographies et arts visuels catalogue du festival Le printemps de Cahors Actes Sud 1998 Lejeune P Pour l autobiographie coll La couleur de la vie Le Seuil Paris 1998 Lejeune P es brouillons de soi coll Po tique Le Seuil Paris 1998 Lejeune P La M moire et l oblique Georges Perec autobiographe POL diteur Paris 1991 Leiris M Ce que m ont dit les peintures de Bacon dans Francis Bacon ou la v rit criante Editions Fata Morgana Montpellier 1974 Leveratto J M La mesure de l art Paris La Dispute 2000 L vi Strauss C La pens e sauvage Librairie Plon Paris 1962 Lori s D L art l preuve du concept De Boeck 1992 Maffesoli M Au creux des apparences Pour une thique de l esth tique Merleau Ponty M Le Visible et l invisible Gallimard 1964 Merleau Ponty M La Structure du comportement P U F 1942 196 Meschonnic H Critique du rythme Anthropologie historique de langage Verdier Paris 1982 Meschonnic H Politique du rythme politique du sujet Verdier Paris 1995 Metz C Essais sur la signification au cin ma tome I Editions Klincksieck 1968 Metz C Langage et cin ma Editions Albatros 1977 Metz C L Enonciation impersonnelle ou le site du film M ridiens Klincksieck 1991 Michaux H Passages Gallimard Paris 1963 r d co
18. par les salari s et nomm par le sous pr fet pour tenter de d bloquer la fin la situation Extrait de ses conclusions apr s des d buts prometteurs il est apparu qu aucune n gociation r elle n tait possible les positions respectives tant d une part tr s loign es et d autre part pos es comme non susceptibles de variation sinon la marge Il est apparu rapidement que l enjeu n tait pas principalement des avantages financiers imm diats les salari s envisageant qu ils puissent tre diff r s mais le positionnement de chacun dans la structure pour l avenir Cet enjeu ne rel ve pas titre principal du champ de la n gociation sur les relations contractuelles de travail En conclusion il ne m appara t pas que ce conflit puisse trouver sa solution sur le seul terrain du droit du travail Sur les conseils du m diateur les salari s envisagent toutefois apr s un mois de gr ve la reprise du travail sous condition d un protocole de reprise des n gociations Leur rattachement officiel la convention collective animation socioculturelle sera acquise la reconnaissance de leurs qualifications par un accord de classification indiciaire restera elle concr tiser Un groupe de travail auquel ils sont associ s est mis en place son activit portera sur l examen du fonctionnement de la cin math que et contribuera laborer des propositions toutes les questio
19. t 3 Le souci de soi Gallimard Paris 1984 Foucault M L herm neutique du sujet Cours au Coll ge de France 1981 1982 coll Hautes tudes Gallimard Seuil Paris 2001 Freund G Photographie et soci t Editions du seuil 1974 Gardi s A Le R cit Filmique Hachette Paris 1993 Gardi s A L Espace au cin ma M ridiens Klincksieck Paris 1993 Gaudreault A et Jost F Le R cit Cin matographique Nathan 1990 Gauthier G Le Documentaire un autre cin ma Nathan 1995 Gadamer H G V rit et m thode version int grale 1996 Le Seuil Gadamer H G L actualit du beau textes choisis traduits et pr sent s par E Poulain Alin a 1992 texte original 1977 195 Garat Anne Marie Photos de familles collection Fiction amp Cie Le Seuil Paris 1994 Garfinkel H Studies of ethnomethodology Englewood Cliffs N J Prentice Hall 1967 Genette G L uvre de l art II La relation esth tique le seuil 1997 Giddens A Modernity and Self Identity Self and Society in the Late Modern Age Polity Press Cambridge 1991 Goodman N Mani res de faire un monde Ed J Chambon 1978 traduction fran aise 1992 Goodman N Langages de l art Ed J Chambon 1990 Goffman E Les cadres de l analyse Minuit 1991 Jauss HR Pour une esth tique de la r ception 1978 Jauss H T Pour une herm neutique litt raire Gallimard 1988 Jimenez M Qu est ce que l esth tique Folio 19
20. Aussi le ph nom ne est assez important pour que nous en analysions les origines et mettions l hypoth se d un r seau que viendraient alimenter des initiatives transversales On le d signe pr sentement comme le Tiers secteur audiovisuel Peut on consid rer un lan d mocratique en vertu du lien social Plus qu une alternative ne doit on pas voir dans ces projets un effet de compl mentarit l espace t l visuel traditionnel Quel nouveau rapport spectatoriel cela instaure t il 209 G rard Leblanc Sc narios du r el quotidien vasion science Tome 1 L harmattan 210 Vrai journal Les guignols de l info sur canal Arr t sur image sur La cinqui me pour ne citer que quelques missions r guli res 123 Une premi re cartographie de ces lieux a d embl e mis en doute notre premi re hypoth se si r seau 1l y a il est prot iforme et en perp tuelle mutation Ce ph nom ne merge davantage telle une constellation avec quelques liaisons La notion deleuzienne de rhizome nous semble plus appropri e Il convient donc d en d celer les particularit s Nous avons centr notre tude sur l analyse des enjeux spectatoriels dans diff rents lieux de diffusion tout en tachant d identifier travers chaque l ment constituant d une projection filmique quels pouvaient tre les r f rents ordinaires Ils se d c lent tout d abord dans le contenu et la form
21. Celui du pr sentateur tenu en g n ral par l l ve qui a le leadership occupe la plupart du temps la premi re place sur l cran tout comme celui des missions sportives le football est une passion qui merge plusieurs reprises dans les cr ations Les institutions sont partiellement prises au s rieux mais ces imitations rudimentaires dans lesquelles on a s lectionn ce qui a mu ou fait choc donnent souvent lieu des mises en sc ne fortement impr gn es de d rision et d exaltation parfois triviales Dans les jeux th traux qui peuvent para tre ridicules les coll giens s emparent de certains st r otypes qui pour eux repr sentent le monde des adultes le m decin la malade la m g re le pr sentateur le champion la m nag re et les transforment dans une imitation humoristique presque burlesque Ces improvisations permettent aux l ves une 157 Proust Marcel la Recherche du Temps Perdu A l ombre des jeunes filles en fleurs N R F La Pl iade 1954 t 1 p 838 158 Bourdieu Pierre Un Art Moyen Les usages sociaux de la photographie Ed Minuit 1965 p 111 67 ext riorisation progressive de leur v cu de t l spectateurs dans un registre d imitation n anmoins cr ateur La publicit r investie dans le th me r cursif de la nourriture donne lieu des mises en sc ne o l on retrouve l influence de certains films tr s pris s par les adolescents Alien Les vi
22. Il est vrai qu une poque o les sources de facteurs pathog nes sont largement mises en avant nous pr f rons non pas la m thode Cou ou une forme de casuistique mais plut t l attitude qui consiste souligner quelques utopies positives quelques battements d ailes de papillon si l on veut Reste toutefois une question majeure que l on ne saurait ignorer la posture ang lique ne doit touffer la lucidit celle du financement et de son corollaire imm diat savoir le soutien institutionnel des espaces alternatifs A Caen nous avons vu que l Unique n chappe pas aux demandes de subvention m me si les sommes demand es 7 500 euro et re ues 750 euro peuvent appara tre d risoires Nous avons vu comment Toulouse le collectif Odradek se radicalise par rapport aux institutions et au march Mais c est un collectif sans lieu qui investit opportun ment selon les besoins de telle ou telle aktion un espace appropri Existe t il un espace fixe avec les contraintes budg taires qui en d coulent dont les fonds propres permettraient une v ritable alternative au fonctionnement institutionnel Nous pensons avoir d nich un tel lieu Il s agit Toulouse de la M diath que Associative La M diath que Associative En toute rigueur il faudrait parler de la M diath que Associative de Toulouse puisqu il en existe une autre Agen les deux ayant t regroup es sous l appellation g n rique
23. L art l preuve du concept De Boeck 1996 p 91 61 Jean Caune Pour une thique de la m diation Le sens des pratiques culturelles Pug 1999 p 219 20 62 Sur cette conception de l esth tique cf Richard Shusterman L art l tat vif ditions de Minuit 1992 d originale 1991 p 84 24 L exp rience esth tique du film de famille est donc doublement ordinaire Elle n en conserve pas moins toutes les caract ristiques de l exp rience esth tique telle que l on peut la vivre face une uvre d art 2 Retour sur la question de la Forme du film de famille Ce serait toutefois une erreur que de limiter la relation du film de famille l esth tique au seul moment de la r ception Si en effet on se place dans la perspective des r alisateurs du film de famille on d couvre non seulement que la question de la Forme se pose d une fa on diff rente de celle privil gi e jusque l mais que la r alisation d un film de famille r pond un authentique projet esth tique intentionnel Le film de famille ce n est pas du cin ma Au cours de mon enqu te j ai t frapp par la r p tition d un nonc que j avais d j not mais auquel je n avais pas attach l importance qu il m rite et qui se formule avec des variantes comme suit le film de famille ce n est pas du cin ma M mes ceux qui font du film de famille le disent je ne fais pas de cin ma Jusque l j avais eu tendance interpr ter cet
24. actions d une histoire en vue d une fin unique Entra n s la discussion ils cherchent construire des plans lier arguments et exemples pour soutenir une id e Mais s ils se plient l art de la liste les coll giens doivent r aliser leur vid o sans recourir aux techniques de composition enseign es par l cole b Entre deux je me souviens l espace concret d un blanc figure une ponctuation il s pare les souvenirs autant qu il les r unit Sa fonction essentielle est de soutenir le travail de la m moire car si les mots appellent le pass il faut encore du temps pour qu il revive en nous Or il suffit de lire un autre je me souviens aussit t se r tracte ce qui commen ait remonter Sans vide m dian il nous est impossible d int rioriser la parole qui pr c de Le blanc mati re de l interlocution selon l expression d Andr du Bouchet nous donne le surcro t de dur e au cours duquel le souvenir atteint sa pl nitude Et dans ce passage o le discontinu se fond dans le continu c est le mouvement du texte qui s organise Pas de rythme sans l nergie formante des blancs 2 le savoir lat ral Quatre cent quatre vingts je me souviens la m moire d une g n ration Ce qui tonne dans le livre de Georges Perec c est cette science de l conomie qui fait dire tant de choses en si peu de mots Il faut que la vid o agisse de la m me fa on sur
25. anti art Esth tique et marxisme Paris UGE 10 18 1974 p 242 103 confond avec l expression carnet de relations celui d un commissaire le plus souvent On voit ainsi appara tre un certain nombre de nouveaux lieux de diffusion pour les films et les vid o des structures ou des collectifs pr tendument ind pendants mais qui s av rent en fait chevill s au bon plaisir des commissaires d une nouvelle critique elle m me partenaire donc redevable de grandes institutions tatiques DRAC FRAC DAP mus es ou priv es galeries et le trop fameux march Nous pensons plus particuli rement l esth tique relationnelle d fendue par N Bourriaud lequel v ritable figure embl matique du nouveau nomoth te commissaire curator d ploie dans son ouvrage ponyme une somme de d clarations d intention qui peuvent s entendre comme autant de promesses d ouvertures aux alternatives L essence de la pratique artistique r siderait dans l invention de relations entre des sujets chaque uvre d art particuli re serait la proposition d habiter un monde en commun et le travail de chaque artiste un faisceau de rapports avec le monde qui g n rerait d autres rapports et ainsi de suite linfini Concr tement toutefois on d couvre ais ment que l effet de cha ne ainsi vis induit peu d excentrage on ne quitte pas le monde de l art e
26. diteur Paris 1999 pp 216 218 105 Lejeune op cit 1991 p 39 42 et 245 106 Georges Perec Je suis n pp 88 89 38 maxima alors comme un fruit m r le coup s est d tach de vous Et maintenant continuez vous exercer comme si rien ne s tait pass 7 Aux l ves de trouver les bons exercices pour faire place ce qui approche discerner la forme qui fraie sa propre voie Une majorit parmi les l ves tire l arc Ainsi que nous l apprend G rard de Nerval c est une tradition du Valois 5 la copie Le titre la forme et dans une certaine mesure l esprit de ces textes s inspirent de 7 Remember de Joe Brainard C est sur le seuil de Je me souviens que la plupart d entre nous avons d couvert l existence du myst rieux mod le reconnu par Perec Joe Brainard est un jeune peintre am ricain quand un beau jour de sa vingt sixi me ann e il a l id e de faire merger ses souvenirs en les introduisant un un par ce s same irr sistible I remember Au cours des ans la lente accumulation des paragraphes a fini par faire un livre le livre d une vies Georges Perec en entend parler par son ami l oulipien Harry Mathews l id e de ce texte ne peut qu int resser celui qui aime jouer avec des contraintes librement choisies et qui se trouve engag dans deux projets autobiographiques Il emprunte la forme de Brainard mais en donne une variante originale Alors que Joe Br
27. donne ces films une teneur particuli re proche du cin ma militant du cin ma documentaire mais aussi du film de famille 178 Le film est r alis Saint Etienne et est visible dans les locaux de la CGT 88 Une proximit l v nement Le cin aste documentaire se voulant pourtant respectueux d une thique se retrouve souvent dans la position d un observateur d un indiscret d un intrus et d un voyeur Il doit tre l au bon moment fr quenter assez ses personnages pour qu ils lui fassent confiance Le cin aste gr viste n a pas ce probl me car il est naturellement immerg dans ce milieu Ainsi les gr vistes film s ont un tout autre regard la cam ra ils se livrent plus et ne voient presque plus la cam ra lorsqu elle est tenue par l un des leurs Le cin aste en tant que tel se fait oublier Habituellement l introduction de la cam ra dans les assembl es g n rales et les piquets de gr ve soul ve de la m fiance et n est pas toujours facilement accept e Ici les films fourmillent de marques de confiance Clins d il poings lev s sourires interpellent g n ralement les cameramen Dans le film de Rennes les gr vistes n h sitent pas trinquer l intention du cameraman Dans le film du Lot ils appellent le cin aste par son pr nom A Orl ans le cin aste nous montre une op ration de sabotage la Sernam A Narbonne les gr vistes font une photographie anim e de tout le groupe Tous ces
28. duit par l album intitul O je vis du groupe I AM Une chanson surtout l accroche Il d cide d en faire un clip Il crit un sc nario et le tourne pendant les 62 vacances avec certains de ses camarades Il utilise du mat riel pr t par une Maison de Quartier pour le tournage et celui du lyc e pour le montage qu il effectue pendant les poses ou apr s les cours Le clip termin il organise un visionnement la Maison de Quartier On sugg re alors de pr senter le clip au groupe de chanteurs F et ses camarades trouvent l id e attractive et s embarquent dans l aventure Intitul du projet J attends Ils voulaient la vie de ch teau mais ils n ont eu que le donjon Objectifs R pondre l attente d un groupe de musique connu I Am int ress par une maquette de clip r alis e par F et ses camarades partir d une de leur chanson R f rences Enonc es dans l interview le clip vid o en g n ral J ai travaill plut t sur un clip le court m trage Le court m trage c tait pour moi le clip pour le chanteur le documentaire le t l film Vous connaissez Max va craquer C est pass sur ARTE Sont aussi perceptibles travers les th mes abord s hold up bagarre coups de feu poursuite de voitures l influence vidente des s ries polici res et des films de gansters Mais aussi et peut tre plus encore celle de films tel La Haine de Mathieu Ka
29. esquiver l clair aveuglant du flash Ces visages jeunes qui n ont pas eu le temps de durcir et de rendre forteresse n ont pas encore les moyens de d fendre leur face La lumi re cruelle fait ressortir la moindre imperfection de la peau et le sourire provoqu par une r flexion calcul e du photographe est fix comme un masque inacceptable En autorisant chacun fabriquer son propre portrait officiel en toute confiance la vid o permettra d annuler la mauvaise image de soi 3 LA FORME TROUVER Pass le moment de l criture les l ves ne b n ficient plus d un mod le rh torique efficace Les formes pr existantes du cin ma ou des productions t l visuelles ne leur sont d aucune aide pour r gler la question de l adaptation Ils se trouvent devant un vide Il leur faut construire partir de ce vide Georges Perec voulait crire tout ce qu un homme d aujourd hui peut crire sous entendu beaucoup de textes ont t crits selon des mod les prouv s comment faire pour se maintenir l int rieur d un genre et inventer Entre Perec et les l ves une m me sensation d impossible La r alisation de la vid o leur offre la possibilit non plus d imiter l crivain mais d occuper une place semblable la sienne Perec pousse les l ves l invention tre la place de Perec c est buter sur la m me question fondamentale que se posait un autre
30. et par leur volont de le faire partager autrui bid p 103 Ce qui nous int resse de surcro t r side dans le fait qu ainsi une efficacit du don artistique comme moyen de requalification culturelle des personnes et des choses se voit reconnue Leveratto voque les projets culturels de quartier comme exemplaires d un souci de r paration identitaire et ce sera l aussi un peu attendu cependant l organisation d v nements transgressant par la r union des professionnels et des amateurs d un certain art les limites institutionnelles tablies entre activit artistique et action sociale se trouverait par l l gitim e et cela rejoindrait d autant mieux nos pr misses que l auteur finit par aborder les lieux alternatifs o l on verra que ceux ci offrent bien un mod le de r capitulation possible pour notre lien civil esth tique L observation de ces situations culturelles innovantes qui prolif rent aujourd hui dans des lieux alternatifs rue difices r cup r s sites ruraux ou autour d quipements institutionnalis s th tres mus es biblioth ques qui y trouvent le moyen d largir leur public confirme la remise en cause contemporaine des crit res techniques de la qualit artistique d fendus par les experts Ces initiatives valorisent du m me coup le sens collectif de l exp rience esth tique comme moyen d tablir la qualit art
31. ficie d une fr quentation ancienne avec ce type de productions et ceux qui les font non seulement mon p re tait un grand cin aste familial mais j ai vu d innombrables films de famille dans les clubs de cin ma amateur auxquels j ai particip et que j ai parfois anim s les nouveaux arrivants y sont syst matiquement invit s montrer leurs films de famille Enfin j ai fait moi m me beaucoup de films de famille avant comme tout le monde de passer la vid o Je n h siterai pas me fonder sur cette exp rience personnelle pour certains aspects de l analyse 1 Film de famille et esth tique Je travaillerai ici sur le film de famille tel qu il a t r alis dans les ann es 1965 1985 date de lancement du cam scope c est dire au moment de la grande p riode du super 8 Les films tudi s sont muets le cin ma super 8 sonore n a gu re t utilis pour les productions familiales il a d ailleurs disparu assez rapidement car il a t jug trop peu rentable Bien videmment une tude historique devrait tre conduite pour les ann es avant 65 La forme du film de famille premi re approche retour sur les r sultats des travaux ant rieurs 36 Christian Metz Langage et cin ma Larousse 1971 17 Il n est pas besoin d une enqu te bien pouss e pour constater que le film de famille fait l objet d une appr ciation tout fait n gative dans la soci t Cette appr ciation n en est pas moins un
32. garant de cette confiance selon les termes d Agn s Delforge de Rouen Les cons quences d un tel encadrement juridique consistent d cliner le droit de la propri t intellectuelle et artistique au profit des amateurs historiquement et socialement d finis comme des non professionnels du cin ma par cons quent de non auteurs Il n existe pas de contrat type pour toutes les cin math ques r gionales m me si une harmonisation est en vue La Cin math que de Bretagne a jou ici encore un r le pionnier D s 1987 la t l vision r gionale nationale FR3 s est montr e int ress e par le fonds d taill dans L album Un accord a d s lors t conclu la Cin math que la charge de trouver des films la cha ne d assurer les copies vid o si les d posants acceptaient de laisser diffuser gratuitement leurs images Comme l exprime Andr Colleu dans un article r trospectif Tout cela a profond ment modifi notre relation aux d posants Nous pouvions d sormais leur promettre une copie vid o de leurs films et nous pouvions en outre envisager de vendre leurs images Le mod le juridique breton repose sur deux types de contrats un contrat de d p t sans transf rer de propri t avec le d posant Ce contrat pr voyant la remise d une cassette vid o gratuite de l ensemble des films d pos s Par ailleurs nous proposons chaque ayant droit souvent la m me personne un contrat de gestion
33. ici du corps du gr viste cin aste et du maintenant de la gr ve Ainsi bien que reconstruits par un montage l influence du r el donne des r cits chaotiques et les sc nes film es sont confuses pour un tranger Un sc nario dict par le v cu Cet ici et maintenant confirme la mainmise du r el et du v cu du cin aste sur la conduite du r cit Chacun dans sa r gion ils filment les coulisses d une gr ve dont on ne conna t dans les m dias que les cons quences sur les usagers Le fil conducteur est dict par le r el de la gr ve il nous emm ne dans la vie quotidienne du mouvement avec son lot de manifestations d assembl es g n rales de piquets de gr ves d organisation des repas de distribution de tracts c est ainsi que nous suivons avec le gr viste cin aste du Lot le d part anim des hommes en gr ve de sa section destination Toulouse pour une grande manifestation le gr viste breton quant lui filme toujours la m me assembl e g n rale difficilement accessible par les gr vistes de sa section qui doivent enjamber une fen tre pour y entrer le film d Orl ans nous montre le vote de la gr ve et les collectes celui de Limoges les repas entre deux manifestations Dans ces films tous les instants de la vie d un gr viste sont archiv s Un bon exemple galement de la pr gnance du v cu sur la conduite des r cits est visible avec le film Les voix du rail de Pierre Fr mo
34. la vie comment e notamment par Paul Ric ur Cette probl matisation des esth tiques ordinaires sous la m taphore du cercle herm neutique rejoint en partie le programme conceptuel de l Esth tique de la r ception formul par Hans Robert Jauss Hans Georg Gadamer et aussi Paul Ricoeur dont l un des enjeux principaux tait de rendre compte de la port e sociale des oeuvres d art de comprendre la place qu elles occupent dans la vie de chacun d entre nous et leurs effets sociaux en s attachant leur r ception dans le mouvement d appropriation des ressources symboliques d une uvre par un lecteur ou un spectateur qui les fait siennes Passages l esth tique 1 2 3 Dans ce cadre conceptuel nous proposons de saisir trois modes de passages et formes de circulation gr ce trois s ries d enqu tes qui permettront de traverser diff rents espaces sociaux et culturels et d tudier les liens sociaux qui sous tendent et sont fa onn s par la production ou la r ception de ces objets audiovisuels 15 1615 Ordinaires suivant trois traditions de recherche D abord au sens du monde de la vie ordinaire dans la tradition de la sociologie interactionniste mais galement dans la lign e de la sociologie de la culture de Michel de Certeau d un monde de la vie ordinaire Dans ces deux courants le monde de la vie quotidienne est le produit et l accomplissement d un ensemble d activit
35. lieu tel un endroit de r sistance o l on prend position de la rue et o on l investit Engagement politique parfaitement respect par le voisinage aussi bien que par les gens de passage Vincent Auvray tenait nous signaler Il n y a aucune r action agressive par rapport au lieu lequel est bien respect parce que la d marche est respectable les gens sentent que c est pour eux alors pas de tags pas de violence et ceci malgr la distribution de vins chauds les soirs de vernissage sur la voie publique faute de place l int rieur Car ici le lien civil esth tique se tisse d abord gr ce la curiosit des gens de la rue Curiosit indiff rence ou ironie du reste les soirs de projection vid o les pi tons comme les automobilistes qui s arr tent au feu rouge contigu peuvent voir de dos effet vitrine oblige quelques spectateurs aux regards fix s sur le moniteur Et certains de pouffer qu est ce qu ils font c est une secte ou quoi Oh ils se prennent la t te Plus s rieusement nous devons pr ciser que l closion du lien civil esth tique fut grandement facilit par les protocoles mis en place par les artistes Yann Esnault par exemple pr senta en janvier 2000 une installation nomm e Sensation dont le but clairement revendiqu tait de rench rir sur l exigu t de l espace en le remplissant de linges color s enroul s et nou s sur
36. ma des tout premiers temps Lorsque Lumi re inventa le cin matographe nous dit Vincent Pinel sa premi re intention tait de le rendre accessible aux amateurs comme un simple appareil de photo le cin matographe enregistrerait des sc nes familiales avec un suppl ment d motion je souligne Dans New Thresholds of Vision Instantaneous Photography amp the Early Cinema of Lumiere Tom Gunning a apport les preuves historiques de cette filiation L histoire du cin ma enti rement focalis e sur les productions du cin ma spectacle ou du TE art fait totalement l impasse sur ce paradigme c est d une certaine fa on normal puisque ce n est pas du cin ma reste qu une histoire sp cifique de ce paradigme qui est tout aussi important socialement que le paradigme cin matographique devrait tre crite Mais ce que montre surtout cette analyse pour notre r flexion sur l esth tique du film de famille est que pour faire du film de famille on n a pas besoin de savoir faire du cin ma La Forme du film de famille n est pas li e un manque de savoir faire elle r sulte d une part de l absence de n cessit prouv e par ceux qui font ce type de films d acqu rir ce savoir faire ce qui est assez diff rent d autre part de leur intuition plus ou moins consciente qu il vaut mieux rester au plus pr s de l esth tique de la photographie et de son absence de narrativit La preuve de l existence de cette intuition est que m me
37. montmatre de se situer dans un groupe et de planifier sa propre formation L enqu te men e r v le un certain d calage entre la volont des personnes d cisionnaires et les intentions citoyennes des b n voles Certains sont en effet plus soucieux de la r alisation de leurs envies sans prise en compte de la r alit locale et de ses enjeux Des enjeux spectatoriels bas s sur la convivialit L importance du cadre de diffusion l exemple de T v Troqu et du Web bar Ces lieux en d cloisonnant les diffusions vid o afin de les rendre accessibles au particulier souhaitent pour la plupart inviter le public devenir plus actif Ils offrent la possibilit de parole et de critique au spectateur vis vis de ce qu il regarde et d apporter son point de vue Les sujets dont le style se rapproche notamment pour les t l visions locales des br ves de comptoir ne sont pas si loign s de l ordinaire d un caf Ce type de diffusion suit en cela la tradition de cette passion ordinaire des matches de foot t l vis s o le poste tient une place h g monique centrale et focalise les attentions D autres au contraire proposent des uvres plus herm tiques parfois exp rimentales qui d notent des formats habituels t l visuels et l ordinaire se alors trouve essentiellement dans la forme de diffusion ou bien appara t dans un contenu souvent intimiste comme des journaux intimes ou des filmages du corps La structur
38. mouvement continuel de l acte filmique que je voudrais montrer Plut t qu un encha nement lin aire qui liminerait les reprises et les refus il semble plus juste de consid rer le processus de la r alisation comme une situation qui persiste et dans laquelle les l ves t tonnent font des essais le mot essai d signant chaque nouvelle tentative d une entreprise toujours recommencer Dans ce cas la situation doit tre pens e comme un socle instable une configuration constamment transform e par des rapports de forces h t rog nes En faisant l histoire de ces transformations je voudrais rendre intelligible l exp rience des coll giens montrer qu en filmant ils am nagent un terrain qui ne pr existait pas leur action et qui les aide passer du coll ge au lyc e Il me semble donc n cessaire de ne pas me caler sur les gestes de l analyste qui part toujours d une forme attest e de me situer au contraire au commencement de la r alisation en essayant de replacer lacte filmique sous le jour douteux de la naissance pour pouvoir rendre compte de son rythme c est dire de l organisation impr visible autant qu irr versible de son mouvement Les motifs qui m ont d cid choisir la vid o Je me souviens du coll ge Marcel Pagnol plut t que d autres productions scolaires sont assez simples D abord parce que des jeunes gens dot s d une culture de spectateurs n ont pas tenu fil
39. re accrue par la pr sence des films amateurs dans la programmation Le festival de Lussas attentif aux nouvelles tendances du cin ma documentaire nous donne t il l occasion de voir les r miniscences du cin ma militant Si les ann es 1968 ont t fortement marqu es par le r veil de la fonction sociale du cin ma l apparition des films amateurs gr vistes a t elle r actualis la vague du cin ma militant Un sujet politique L re r volue du cin ma militant consid rait le film comme une arme politique Les films militants reproduisent alors un id al une vision du monde pour lesquels ils militent avec leurs productions les gr vistes t moignent directement d un des principaux probl mes de soci t savoir la d fense de la S curit Sociale et des missions du service public SNCF Ainsi les films gr vistes sont militants dans leur sujet la gr ve de 1995 contre le plan Jupp puisqu ils rapportent une lutte sociale Et ils appartiennent d autant plus au cin ma militant que ce sujet a t tr s peu trait par les m dias En prenant leurs camescopes les gr vistes cin astes prennent aussi la parole comme pour s opposer au monopole du traitement de l information exerc par la t l vision Car en filmant eux m mes leur gr ve ils ont voulu combler les lacunes d un discours m diatique dans lequel ils ne se reconnaissent pas pour crire leur propre Histoire ces moments uniques o ils jouaient
40. re de la Jeunesse et des Sports Pour autant il assure que les ponts ne seront pas compl tement coup s et qu il continuera collaborer avec la structure en tant que b n vole une position qui va lui permettre de faire des choses que la conduite d une quipe ne permet pas comme un travail de fond sur les images ou sur l histoire du cin ma dans cette r gion par exemple Son successeur choisi sur les soixante dix candidatures arriv es de toute la France est finalement un des anciens membres du conseil d administration d j directeur d une association r gionale de cin ma et d un festival de courts m trages sur la ville depuis quinze ans La cin math que s ancre donc aujourd hui au niveau r gional C tait un passage compl tement fou de l irrationnel pur que de l affectif de la peur tr s violent sans raison c est une histoire de d samour avec le P re c est un couple babacoo l o tout va bien qui re oit un h ritage et ils se foutent sur la 150 gueule etc Le m diateur affirmera lui que c est le conflit le plus tonnant qu il ait vu de toute sa carri re la fois cause de sa violence qui lui apparaissait disproportionn e par rapport aux enjeux et du caract re radical des revendications choses d apr s lui par ailleurs tout fait n gociables Cette crise a mis vif ce qui se joue actuellement en arri re plan de c
41. s ordinaires routinis es et standardis es Enfin on qualifie ce monde d ordinaire en raison de leur ancrage dans l espace domestique le chez soi le home 16 Cette notion a t forg e dans le cadre de la sociologie interctionniste des sciences et des techniques par Susan Leigh Star et James Griesemer Ils sont suffisamment flexibles pour s adapter aux besoins et aux n cessit s sp cifiques des diff rents acteurs qui les utilisent et sont suffisamment robustes pour maintenir une identit commune Susan Leigh Star et James Griesemer Institutionnal Ecology Translations and Boundary Objects Amateurs and Professionnels in Berkeley s Museum of Vertebrate Zoology 1907 1939 in Social Studies of Sciences vol 19 Sage 1989 p 393 ITA travers la triade compr hension interpr tation application se dessine le cercle herm neutique pour reprendre l image de Paul Ricoeur Temps et r cit Le Seuil 1985 p 228 I8Hans Robert Jauss Pour une esth tique de la r ception 1978 Hans Georg Gadamer V rit et m thode version int grale 1996 Le Seuil Paul Ricoeur Temps et r cit 1 3 1983 1985 le Seuil et Du texte l action 1998 le Seuil Passages I des esth tiques audiovisuelles aux institutions de la vie ordinaire Une premi re s rie d enqu tes a port sur l analyse de corpus de films dits amateurs produits et re us au sein de deux institutions de la vie ordinaire la famille et l
42. ve Sa r daction et ses conclusions laissent sans voix il est all jusqu au bout et il a dit il faut virer de nombreuses personnes repartir avec une quipe r duite de deux ou trois personnes et reconstruire la cin math que sur des crit res de performance sans remettre toutefois en cause l id e de fond de l existence de cette structure Alors a sur une situation de crise mais au point o on en tait C tait un audit de combat pour un Conseil R gional qui n est pas un Conseil R gional de combat le syndicat d partemental FO I a largement contribu au conflit pendant sa premi re phase les salari s gr vistes Ils veulent l application du texte l accord comme ils le nomment sign la veille de l audit avec leur directeur Monsieur A et ils ne varieront jamais leur position Ils se diront simplement pr ts discuter les implications financi res et leur mise en application Au professionnalisme demand par le pr sident ils r pondent non c est d abord la reconnaissance de nos acquis on ne n gocie pas sur l avenir mais sur le pr sent qui est d tout de suite nous souffrons d un manque vident de reconnaissance Nos revendications ne sont pas salariales juste un besoin d identification d ad quation entre nos emplois et nos titres le m diateur directeur adjoint de la Direction D partementale du Travail et de l Emploi Il est demand
43. 11 LE MONTAGE Ce que les l ves viennent de d couvrir c est le pouvoir du montage et la toute puissance du rythme Comme leur exp rience de r alisation a t d termin e en partie par l id e qu ils se font des productions audiovisuelles on comprend que cela ait pu leur chapper En tant que vid astes ils n ont jamais mont spectateurs ils ignorent tout de cette op ration Au cin ma comme la t l vision ils sont accoutum s aux films classiques et des productions qui rel vent d une esth tique post moderne savoir des films des clips des spots publicitaires qui nous font moins vibrer au rythme des v nements racont s que fusionner avec des images et des sons d connect s de leur fonction narrative Au del des diff rences qu elles pr sentent le point commun des formes classiques et post modernes peut tre caract ris par le principe tout fait g n ral de la place qu on nous assigne partir de laquelle nous produisons du sens et des affects et qui ne nous permet pas de voir le montage Le cin ma classique nous fait croire que l histoire se d roule toute seule Pour nous maintenir immerg s dans le monde di g tique et relancer sans arr t notre participation au r cit on va donc liminer dans un film tout ce qui rappelle sa fabrication et par cons quent effacer les traces du montage Les films post modernes les clips et les publicit s nous font adh r
44. Anne Marie Garat Photos de familles collection Fiction amp Cie Le Seuil Paris 1994 p 70 125 David Sylvester Entretiens avec Francis Bacon ditions d Art Albert Skira Gen ve 1996 pp 184 186 1 dition Francis Bacon L art de l impossible 1976 galement Michel Leiris Ce que mont dit les peintures de Bacon dans Francis Bacon ou la v rit criante Editions Fata Morgana Montpellier 1974 126 Voir article Effet phi dans Jacques Aumont Michel Marie Dictionnaire th orique et critique du cin ma Nathan Paris 2001 p 65 46 L anonyme impression qui l isole les isole Le pouvoir de diff rencier le sel de la Terre lui a t incompr hensiblement retir Une m me morne masculinit adulte se retrouve aussi bien dans la femme que dans le gar on et dans son chien m me quand il lui arrive de l ajouter dans le tableau figurant avec l invariable expression d un homme ferm fig Sans doute un des bonheurs de chaque l ve a t il t de trouver dans les rushes un portrait qui lui ressemble de sentir dans sa d couverte le bien fond de l acte filmique mais maintenant chacun doit regarder en face cette vid o qui r fute ce qu il estimait pourtant avoir acquis pendant le tournage Visages comprim s arrach s les plans portraits se d font on n y trouve plus personne Le pouvoir de se diff rencier a bel et bien t incompr hensiblement retir
45. Ce positionnement de F n est d ailleurs pas exempt d une recherche de reconnaissance sociale notamment par le groupe IAM et les professionnels du spectacle L esth tique est alors travaill e pour que le film soit le plus professionnel possible et le soin apport la qualit technique de la prise de vue et du montage rel ve d une volont d int gration dans le monde de la vid o Mais cette recherche n est pas toujours accept e par l entourage qui se voit tout coup projet dans un projet sur lequel il n a plus d autorit Le passage de la gloire momentan e mais locale l int gration dans un univers situ une autre chelle ne se fait pas sans rejet On peut suivre Jean Caune quand il dit que l exp rience esth tique est alors le lieu d une appr hension de soi qui inscrit la subjectivit dans la communaut culturelle mais il faut reconna tre que les communaut s culturelles sont parfois contradictoires C est cette difficult qui peut tre sublim e par une cr ation donnant une repr sentation schiz e de l identit comme le fait la s quence du r ve dans le film Partag entre plusieurs mondes le sujet de la cr ation cr e un personnage qui marque les clivages de son identit culturelle Dans les d marches de cr ations des coll giens tout comme dans celle de F et de son groupe les liens se constituent dans des mises en sc ne de leur singularit dans une reconnaissa
46. Cin ma et autobiographie probl me de vocabulaire in La Revue Belge du cin ma n 19 1987 Michaud Yves Crit res esth tiques et jugement de go t Ed Jacqueline Chambon N mes 1999 Sabelli Fabrizio Rites et croyances t l visuels Regard sur le sens commun Mus e d ethnographie de Suisse 1993 Revues Collectif Culture et proximit L action culturelle dans la ville ed Opale avril 2000 Bruno Colin Action culturelle dans les quartiers Enjeux et m thodes Culture et proximit Ed Opale octobre 1998 Culture et soci t N 5 Dossier sur les t l s libres 1996 R seaux N 68 nov d c 1994 Les th ories de la r ception Catalogue des tats g n raux du documentaire de Lussas Des lieux dans tous leurs tats ao t 1998 139 PASSAGES A l ESTHETIQUE III FILMS FAMILLES ET CINEMATHEQUES REGIONALES La grande famille du cin ma d amateur que d histoires Claire Givry IGE EHESS E T denses siene noise ele tuer p 139 Cin math ques r gionales et film amateur patrimonialisation esth tisation ou bonheur de la reconnaissance Laurence Allard Universit Lille3 p 153 140 Claire Givry ing nieur d tudes EHESS Paris La grande famille du cin ma d amateur que d histoires En r alit le film de famille est quelque chose de bien plus retors ce que montre ses images est moins important que ce qu elles ne montrent pas P R Zimmermann Cin ma a
47. Dictionnaire th orique et critique du cin ma Nathan Paris 2001 Ardenne P Beausse P Goumarre L Pratiques contemporaines L art comme exp rience Dis Voir 1991 Beck U Risikogesellschaft Auf dem Weg auf eine andere Moderne Suhrkamp Francfort sur le Main 1986 trad fran La soci t du risque Quarto 2001 Becker H Les mondes de l art Flammarion 1988 Bourdieu P Les r gles de l art Gen se et structure du champ litt raire Seuil 1992 Brakhage S In defense of Amator Scrapbook Heller 1982 Bataille G Manet 1955 r d ditions d Art Albert Skira coll L art en texte Gen ve 1994 Barthes R Roland Barthes coll Ecrivains de toujours Le Seuil Paris 1975 Bellos D Georges Perec une vie dans les mots ditions du Seuil Paris 1994 Bergala A Voyage en Italie de Roberto Rossellini ditions Yellow Now Crisn e Belgique 1990 Bergala A Nul mieux que Godard Cahiers du cin ma Paris 1999 Bourdieu P Un art moyen essai sur les usages sociaux de la photographie collection Le sens commun ditions de Minuit Paris 1965 Bourdieu P M ditations pascaliennes coll Liber Le Seuil Paris 1997 Bourdieu P Raisons pratiques Sur la th orie de l action Editions du Seuil 1994 Bourriaud N Esth tique relationnelle Dijon Les presses du r el 1998 Branigan E Point of view in the cin ma Mouton 1984 Brainard Joe Z Remember Actes Sud 19
48. Etienne Apr s vingt deux jours de lutte acharn e la gr ve est suspendue Enfin il a t r pondu aux cheminots Un plus loin dans le m me film un intertitre termine le film sonnant comme une manifestation id ologique et une menace pour l avenir La lutte unitaire a pay La d termination des cheminots a fait reculer le gouvernement Ce mouvement est suspendu l unit de tous reste indispensable pour que les dispositions soient appliqu es sans fausses interpr tations de texte Tous ensemble restons vigilants Bien qu ils ne soient pas des intertitres le commentaire militant se poursuit dans les titres donn s aux films Rel guons leur r le d entr e dans la di g se pour nous int resser plut t aux indications qu ils contiennent A Limoges le film est intitul Les voix du rail celui de Narbonne Gr ve jupette Rennes Rue de la gare toi Jupp quant celui d Orl ans tout simplement Gr ve des cheminots d Orl ans Les aubrais Tous font r f rence la lutte soit par le contenu soit par ceux qui la font Ils fixent le d cor des films et certains y ajoutent m me une touche ironique graphismes film s Les quelques intertitres id ologiques se trouvent submerg s par les graphismes film s provenant soit des banderoles ou d autres crits gr vistes soit de journaux de presse crite ou de publicit s Au d tour d une manifestation on peut distinguer les slogans sur les banderoles telle cel
49. L image pr caire Du dispositif photographique coll Po tique Le Seuil Paris 1987 Sorlin P Les fils de Nadar Editions Nathan Paris 1997 Sylvester D Entretiens avec Francis Bacon ditions d Art Albert Skira Gen ve 1996 Odin R Le film de famille dans l institution familiale Le film de famille usage priv usage public Klincksieck 1994 Odin R De la fiction De Boeck Universit Bruxelles 2000 Tarkovski A Le temps scell ditions de l toile Cahiers du cin ma Paris 1989 Villain D Le montage au cin ma coll Essais Editions Cahiers du cin ma Paris 1991 Trafic n 6 P O L diteur Paris prin temps 1993 Trafic n 2 P O L diteur Paris printemps 1992 58 Mich le GELLEREAU Universit Lille 3 GERICO et Roselyne ABRAMOVICI Formatrice en audiovisuel Approche d une esth tique de l image chez de jeunes r alisateurs de vid o amateur du Nord de la France Sur le terrain des pratiques de l audiovisuel amateur nous avons enqu t sur quelques exp riences d adolescents en milieu scolaire et non scolaire Nous souhaitions identifier le rapport de la construction du jugement esth tique l motion leur identit et aux probl mes sociaux en nous int ressant plusieurs groupes d adolescents de la r gion du Nord de la France partir de leurs d marches et de leurs cr ations audiovisuelles Nous avions retenu trois lieux d observation dans l
50. T l montmatre est un regard qui n est pas affectif qui est professionnel ce qui permet chacun ayant travaill sur un sujet de mesurer quel est l impact de ce qu il a fait les choses am liorer etc En d pit de ces questionnaires visant mieux conna tre leur public pour les t l locales les lieux de diffusion ont un rapport neutre au public o les statuts et fonction de chacun se d voilent rarement Bien que se disant affranchis d un audimat le choix des films se fait avec l enjeu d viter l ennui du spectateur Le rythme sera souvent pr f r des sujets plus en longueur Pour le moment on est sous un format de t l vision brouette donc c est un spectacle Tant qu on est bas sur cette forme de diffusion qui est le spectacle ce qui compte c est le spectateur terme la diffusion ne doit pas constituer une fin en soi les activit s de T l montmartre veulent se diversifier au service de l emploi de la formation l apprentissage des langues etc Le projet de la t l vision en question n est pas de type commercial mais d utilit collective et de lien social C est pourquoi l actuelle pr occupation des responsables est de produire du sens de la qualit Nous avons une notion de proximit g ographique et une notion de proximit humaine savoir que l objectif est bien effectivement de permettre par une s rie de portraits ou en approchant les gens de la rue que l on puiss
51. Voil qui est explicite et qui de surcro t recoupe bien nos questions cardinales Si l on pr cise que la M diath que ne propose pas seulement des CD audio mais aussi des expositions des fanzines des cassettes vid o et surtout au regard de notre enqu te organise des projections publiques mensuelles nous serions d cid ment en phase avec les attentes de l appel d offre Une soir e des Vid ophages Sur le comptoir de location des CD un tract un flyer plut t annon ait une soir e des vid ophages avec projections vid o et films ind pendants en d taillant la liste des films avec cette mention finale qui attira videmment notre curiosit cran ouvert aux amateurs Les projections ont lieu tous les derniers lundis du mois depuis le d but de l ann e 2001 Nous avons assist celle du 28 juin Il faisait tr s chaud A vingt heures horaire pr vu pour le d marrage il n y a personne nonchalance toulousaine oblige Les membres de la M diath que ach vent de modifier la disposition habituelle de l espace en recouvrant les talages de disques au moyen de planches et de tissus divers Des chaises d cole simples spartiates sont align es en rang d oignon sans recherche particuli re de protocole convivial Une bo te en carton qui fera office de chapeau le prix d entr e est libre est pos e sur une table c t de la porte d entr e Des canettes de bi res sont ve
52. amateurs Ainsi le cin ma amateur joue un r le important dans l volution des techniques car il se r v le tre un terrain d exp rimentation pour le cin ma professionnel Le format amateur est utilis par exemple lorsque les documentaristes ont besoin de passer inaper us Cet aller et retour permanent entre des pratiques du cin ma documentaire et du cin ma amateur favorise t elle le glissement des cadres esth tiques en donnant l impression que les fronti res sont moins tanches comme ce fut le cas avec le passage de ces productions amateurs Lussas Aura ent elles marqu es un nivellement esth tique entre le genre amateur et le genre professionnel Certes l accessibilit la technique audiovisuelle augmente le nombre de productions comme en t moignent l apparition des films gr vistes mais le probl me reste entier quant la diffusion En effet si l acc s la fabrication peut tre facilit en est il de m me pour la diffusion Les films gr vistes ont t projet dans un s minaire Lussas et au cours d une f te politique la F te de l Humanit parfois dans les centres r gionaux de la SNCF Ces projections servent tudier et r fl chir sur le ph nom ne de la naissance de ces films de mani re les comprendre du point de vue de leur manifestation sociologique plut t que de leur esth tique La m diatisation du d veloppement des nouvelles technologies et de son accessibilit n est
53. amateurs s opposaient pour le journaliste de T l rama toutes les images censur es et manipul es diffus es l poque par les journaux t l vis s R volution Roumaine Guerre du Golfe Aux amateurs cantonn s dans le r le du na f et du bon sauvage dans le monde impitoyable des m dias tait presque demand de jouer les r dempteurs 32Entretien semi directif r alis en mai 2001 dans les locaux de M moire Audiovisuelle de Haute Normandie A titre introductif Ingrid Gony nous rapporte une m saventure v cue personnellement autour d un film r alis partir de ses propres films de famille par un condisciple d une cole de cin ma et vendu son insu une chaine de t l vision Depuis elle nous avoue se m fier terriblement des usages des images de famille 325 la recherche d images a n cessit un long temps la partie du budget li e aux achats de droits est aussi la plus importante sur un budget de 300 000 francs ils couvrent 66 000 francs de l poque 181 d entreprise de la French Line compris Le crit re de date a constitu l unique filtre explicite des Editions Montparnasse stipulant de couvrir la p riode 1910 1947 dans l objectif d diter un second volume traitant de l apr s seconde guerre mondiale La r alisatrice nous explique ne pas avoir fait usage des notules ni pris en compte le travail d indexation ni port son attention sur les mots cl s Si Agn s Delforg
54. apr s l quipe retourne du c t de Macquelines Le ciel tout fait gris a transform le champ en une surface barbouill e les l ves passent c t Finalement ils p n trent sous des arbres et longent un ruisseau Le portrait sera tir cet endroit Qu est ce qui sollicite le petit groupe sous l paisseur de l ombre Un m lange d eau de terre et de feuillage Le fait d tre plus ou moins cach qui rappelle les conditions de jeu sous l escalier C est une intuition partag e une congruence impossible expliquer 8 FILMER UN PLAN PORTRAIT LA CONFIGURATION Un l ve s rieux met au service d un autre les connaissances acquises en lisant la notice du camescope Lumi re et mise au point calcul es sur le seul visage gros plan serr qui coupe le haut du front longue focale pour d tacher le personnage du fond C est la catastrophe L l ve film ne voit que ses oreilles qu il trouve trop d coll es Il faut recommencer largir le cadre et filmer dans la profondeur En l occurrence l quipe se d place pr s d un abri de jardin les pots de fleurs en forme de canard feront oublier les oreilles Deux r gles se cr ent le plan rapproch poitrine et la profondeur de champ qui int gre la figure dans le d cor Personne ne veut para tre l cart ni se sentir devenir objet sous le regard des autres Au fil des tournages les l ves se donnent les moyens de repousser une solitud
55. arts d un c t et de l autre la soci t Ceci pos il nous faut toutefois resserrer le champ d observation sinon de mani re intensive du moins en le focalisant sur deux ou trois exercices de th matisation c est dire de prises en objet de r flexion du lien civil esth tique 1 Le premier exercice porterait sur la question cardinale de la l gitimation puisque l appel d offres nous proposait d examiner les moments critiques au cours desquels s laborent ou se modifient les codes d un jugement ou d une pratique esth tique Qui en d cide et au nom de quoi telle serait la premi re et ultime interrogation relative au d bat plut t sp cieux concernant ce qu il faut ce que l on doit ce que l on peut l gitimer au titre d art Quelles seraient les positions les postures plus exactement que tiennent les acteurs des lieux alternatifs ce sujet Comment vont ils endosser et assumer le r le du nomoth te en l occurrence le r le du commissaire figure d sormais in vitable du monde de l art et qui tend faire exemple voire mod le de r capitulation pour quiconque cherche d poser le cercle vicieux de la l gitimation au titre d art ou de valeur esth tique Toutefois si reconna tre la capacit d expertise culturelle des usagers s impose aujourd hui tous les professionnels de la culture soucieux d assurer la qualit des se
56. au cin ma documentaire on assiste une cons cration du courant dit de l autodocumentaire du documentaire intime ce f t le cas Vue sur les docs Marseille en 1999 dont l une des particularit est d int grer soit des home movie authentiques Sur la plage de Belfast H F Imbert 1996 soit de le d tourner Omelette R mi Lange 1998 Ce dernier r alis en 1993 sorti en salles en 1998 peut tre qualifi d anti film de famille Omelette a t tourn suite une bourse et dans des conditions de tournage qui n ont rien voir avec le filmage d un ordinaire film de famille Mais l intention tait bien si l on entend les propos du cin aste de reprendre les codes du film de famille comme peuvent les penser et les formaliser les universitaires tout en subvertissant le fond en substituant au sujet heureux du film de famille un sujet malheureux ce sujet malheureux va s av rer double R mi Lange qui voulait rendre publique sa famille sa vie avec un gar on devra couter p re et m re lui r v ler les raisons li es leur sexualit du divorce parental Le film de R mi Lange est un exemple int ressant puisqu il se r approprie non pas tant la th matique du film de famille mais ce qu il red finit comme une esth tique part enti re avec ses surexpositions sous expositions ses flashs d images son montage 6Si localiser ce mouvement par d finition m
57. au cours d une r cr ation pour se familiariser avec le camescope Les autres s emparent de la d couverte et d cident de travailler sur ce que le hasard vient de leur donner entre les plans portraits ils vont ins rer les vues qu ils ont tourn es quand ils apprenaient filmer Ainsi ce qui tait consid r comme un mat riau inexploitable un reliquat d essais p rim s devient le point de d part de plusieurs s ries Parmi les s ries diss min es celle des plans portraits va imm diatement se distinguer gr ce une rh torique marqu e 13 LES SERIES Les plans portraits Une journ e au coll ge l arriv e des cars on traverse la cour pour entrer en classe le cours de fran ais la cantine la r cr ation le baby foot le forum les pelouses le cdi le cours de technologie l heure de la sortie le d part des cars Le sport le basket le vtt Autres activit s le club th tre la sortie cin ma Compi gne le voyage Porquerolles Les relations entre l ves les amoureux galit dans un m me plan profs l ves chacun dans son plan une surimpression Les alentours la route de Macquelines les arbres quelques voitures passent dans la rue principale le ciel le mur du roi du Maroc l tang d Antilly Le prof de maths Monsieur Cohen que certains appellent Michel Les livres que les l ves ont lus au coll ge Joseph Conrad Jeunesse C ur des t n bres Le
58. audiovisuel Peut on consid rer un lan d mocratique en vertu du lien social Plus qu une alternative ne doit on pas voir dans ces projets un effet de compl mentarit l espace t l visuel traditionnel Quel nouveau rapport spectatoriel cela instaure t il Telles ont t ses questionnements initiaux L enjeu est galement de montrer qu en d pit de la particularit de chacun des lieux de diffusion les fronti res tendent se brouiller remettant en cause les intentions esth tiques de d part et favorisant sans cesse de nouveaux passages entre la sph re priv e et la sph re publique entre sph re des grands m dia et celle des plus petits Passages l esth tique 3 patrimonialisation et esth tisation Une troisi me s rie de terrains d enqu te concerne des institutions de patrimonialisation des pratiques ordinaires de l audiovisuel les cin math ques r gionales travers lesquelles pouvait tre document s comment et dans quels contextes en quelles circonstances des objets con us pour une fonction donn e qu elle soit technique utilitaire ou rituelle peuvent ils tre appr ci s en termes d esth tiques pour reprendre une formulation de l appel d offres Claire GIVRY La grande famille du cin ma d amateur que d histoires a restitu les r cits d dification de trois cin math ques r gionales dont le fonctionnement a fait l objet d une tude approfondie dans l en
59. avenir Le premier num ro sort en mai il contient un essai de Duvignaud intitul La subversion une table ronde sur Le gauchisme et apr s un autoportrait de Perec sous titr Les gnocchis de l automne et un manifeste sign C C qui exprime clairement les buts de la publication Prendre leur racine et remettre en question les id es et les croyances sur lesquelles repose le fonctionnement de notre civilisation et de notre culture entreprendre une anthropologie de l homme contemporain Entreprendre une investigation de la vie quotidienne tous ses niveaux et jusque dans ses replis ou ses cavernes g n ralement d daign s ou refoul s Analyser les objets offerts la satisfaction de nos d sirs uvres d art uvres de culture produits de consommation dans leur rapport avec notre vie et les r alit s de notre existence commune Georges Perec participe activement la revue Dans le num ro 5 il publie Approche de quoi une mise au point dans laquelle r appara t une vie d crivain plus tard son 73 Cit dans David Bellos Georges Perec une vie dans les mots ditions du Seuil Paris 1994 p 511 30 int r t pour l anthropologie descriptive qu il d couvrit dans les ann es 50 Ce qui continue de l attirer chez Marcel Mauss c est la volont et l art d interroger les faits banals pour comprendre le monde qui nous entoure Les journ
60. certains professionnels utilisent cette Forme ou du moins en pr servent l essentiel quand ils font du film de famille certes leurs images sont nettes stables et bien cadr es mais il est remarquable qu ils ne recherchent en g n ral pas produire une structure narrative leurs films de famille comme tout film de famille ne donnent voir qu une suite d images auquel le lecteur familial devra donner sa coh rence Le film de famille et la beaut Mais il y a plus en regardant nouveau un corpus de film de famille puis en parlant avec certains r alisateurs j ai d couvert que contrairement ce que je pensais il existe bel et bien un projet esth tique intentionnel pour le film de famille et que ce projet se traduit dans la Forme m me du film de famille Simplement cette Forme n est pas rechercher l o je la cherchais Lors de la r alisation du film de famille la question de la forme n a rien voir avec les notions de bien fait ou de mal fait la question de la Forme est une question de beaut Le film de famille est fait pour programmer une lecture de la vie en termes de beaut Ce programme de beaut dont les auteurs de films de famille sont tout fait conscients s inscrit dans le film diff rents niveaux Dans le processus de s lection de ce qui est film Je ne filme que ce qui est beau Dans une certaine fa on de cadrer tout plan notait Christian Metz dit voici tout plan d un film de famille di
61. ch ssis ceci afin de cr er un espace labyrinthique dans lequel le passant tait invit p n trer pour toucher le tissu et in vitablement d autres spectateurs Antoine Boulet quant lui disposa sur la vitrine des pages du quotidien local Ouest France dans lesquelles les photographies avaient t remplac es par des petits moniteurs vid o Comme cette installation fonctionna jour et nuit les passants s arr t rent ainsi qu ils le feraient au pied du si ge d un organe de presse pour lire un article seulement l il s agissait d appr cier les t lescopages ou les passages s mantiques qui s op raient entre le contenu 115 des articles et le d filement des bandes vid o Projet tr s pertinent et tr s r ussi qui fut donc directement tourn vers le public lambda attendu qu il n y avait rien voir sinon des c bles l int rieur de la boutique Mais le projet le plus convaincant sur le plan du lien civil esth tique fut men par Danielle Lebreton avec sa performance intitul e La Pute l che et sous titr e Pute de jour no sexe Titre qui se comprend comme une volont de faire allusion d une part aux fameux dispositifs si l on peut dire prostitutionnels de la ville d Amsterdam et d autre part la non moins fameuse pratique ethnologique du potlatch ce don caract re sacr constituant un d fi pour le donataire de faire en retour un jour un don quival
62. contractuelle annuelle Son contrat a d j t reconduit un an Elle vient compl ter l quipe de la cin math que qui se retrouve aujourd hui compos e de treize salari s r partis dans trois unit s archives animation et r gie technique Avec aujourd hui un budget pr s de quatre millions de francs quelques 5500 titres de films dont presque la moiti est constitu e par un fond de films anciens 140 films amateurs r gionaux sont recens s en 1999 cette cin math que a incontestablement acquis un poids certain bien qu elle soit encore rarement cit e dans les enjeux culturels de la ville Monsieur G a pourtant cumul tout au long de ces ann es contre lui la fois le pouvoir politique de gauche comme de droite et le pouvoir administratif Aucun jamais ne laura ouvertement soutenu dans son action C est de la folie compl te Il s est beaucoup battu A titre personnel sa carri re est bloqu e rien n a jamais t fait pour r soudre son statut et il n est pas conservateur du patrimoine poste auquel il est en droit de pr tendre Monsieur G tout niveau a pay cher ses id es Mais la cin math que elle vit gr ce entre autres la collecte de tous ces films r gionaux dans lequel s inscrivent les films amateurs Car l int r t pour ces archives r gionales est venu de l ext rieur de la mairie de la demande de la part des enseignants et des t l visions certes mais bien plus en
63. d ditions d Art Albert Skira coll L art en texte Gen ve 1994 p 83 87 Henri Meschonnic s oppose la th orie traditionnelle qui r duit le rythme la r p tition Selon lui c est une d finition sch matique qui ne peut pas rendre compte de la complexit du rythme car le rythme est le multiple m me un mouvement continuel Chaque aventure subjective artistique est son propre rythme Selon la notion empirique ant rieure de loin tout concept le rythme d une vie Chaque vie a son rythme On a l ge de son rythme Cr ateur ou non d une uvre Le rythme est au del de la po tique du biologique et du social c est une notion fondamentale qu la suite de Benveniste Meschonnic relie la th orie du discours pour fonder une politique du sujet Le rythme doit tre en effet pens comme mati re de l individuation principe constructif du sujet organisation du mouvement de la parole dans le langage Voir Critique du rythme Anthropologie historique de langage Verdier Paris 1982 et Politique du rythme politique du sujet Verdier Paris 1995 Je suis la d finition du rythme tablie par Meschonnic 88 Je n aurais pas pu entreprendre une recherche sur la vid o scolaire si je n avais pas eu pour m aider l appui des travaux de Roger Odin sur le cin ma amateur Son influence pour ces pages est d cisive Voir les deux ouvrages fondateurs publi s sous sa direction Le film de famil
64. d activit s diff rents mondes sociaux Ce programme la fois empirique et conceptuel tait d j celui de l esth tique pragmatique de Dewey pour qui l exp rience esth tique est un bien trop pr cieux pour tre d tach e des autres exp riences de la vie ordinaire et mise en quarantaine dans des institutions 27 G Genette L uvre de l art II La relation esth tique le seuil 1997 28 JM Schaeffer L age de l art moderne L esth tique et la philosophie de l art du XVIIe nos jours Gallimard 1992 et Les c libataires de l art Pour une esth tique sans mythes Gallimard 1996 Ainsi suivant Jean Marie Schaeffer il y a conduite esth tique d s lors que nous nous engageons dans une relation cognitive avec les choses et que la ou les activit s cognitives pertinentes sont r gul es par l indice de satisfaction immanent cette ou ces activit s La relation esth tique r sulte d une orientation de l attention une vis e intentionnelle particuli re li e l importance du plaisir et du d plaisir en acte Il s agit d un cas fonctionnellement sp cifique de la relation cognitive D s lors la conduite esth tique doit etre consid r e comme un mode de connaissance de ce qui nous entoure 29George Dickie Le mythe de l exp rience esth tique 1964 trad fr in D Lories Philosophie analytique et esth tique M ridiens Klincksieck 1988 pp 115 134 30Pour reprendre une expression de Hans Rober
65. d bat d mocratique parce que nous sommes conscients du r le que nous avons jouer dans un monde o la libert d expression et le pluralisme se heurtent une logique de march de plus en plus h g monique nous entendons continuer exercer et d velopper un contre pouvoir critique n cessaire toute information et tout d bat d id es C est pourquoi nous nous d clarons d s ce jour 134 Si on consid re le r seau comme mat rialis par une infrastructure permettant la circulation de biens Force est de constater qu il n en est qu ses premiers pas Si l on consid re le r seau comme dessinant l implantation d un appareil administratif l aussi la structuration est lente voire peu d sireuse de se professionnaliser Outre ce contexte les tentatives de r seaux ont avort es pour des raisons de pr carit Car il s agit bien plus d agr gations de personnes qui par passions ou convictions partag es sont plus ou moins li es entre elles Cela aboutit tout un embrouillamini de lignes superpos es qui traversent le corps social qu il semble la fois irriguer et ligoter De cette superposition on d gage donc des lignes assez structur es qui au d part taient issues d initiatives personnelles soutenues par l tat Les structures qui se sont p rennis es dessinent aujourd hui une toile qu elles affinent localement voire r gionalement Viennent s y greffer ou tout du moins entrer en co
66. d mocratisation des techniques audiovisuelles et la r duction des co ts des technologies le d veloppement de la consommation a induit un acc s plus ais du grand public aux outils camescopes montage virtuel dont ont b n fici de nombreux cin astes en herbe et passionn s Cette tendance n est donc pas nouvelle mais au contraire elle s est r alis e tout au long de l histoire du cin ma et de son d veloppement technique Depuis longtemps dans le champ du cin ma documentaire les outils se perfectionnent de mani re interne pour se simplifier l usage et ils se d mocratisent r guli rement au cours de son histoire Ce fut le cas pour lorsque le format 16 mm devient un format professionnel Fr d ric Wiseman tourne ces films en 16 mm le format amateur super 8 a eu une petite 95 existence professionnelle Apr s guerre l Arriflex 35 a t une vraie r volution pour les op rateurs Plus l g re plus facile cadrer portable elle a chang en son temps les mani res de filmer C est aussi le cas encore actuellement avec le d veloppement du num rique Les professionnels recherchent alors et toujours la libert de mouvement la libert conomique la libert d approche du r el ces libert s qui redonnent du pouvoir au cr ateur Autoproduction quipes l g res et soud es tournages sans autorisation voire en secret sans clairages des qualit s qui rel vent des conditions de productions des
67. d sir d quilibrer une hypertrophie du pouvoir central en l occurrence celui de la t l vision et d autre part de f d rer des actions parses afin de leur donner une plus grande coh rence et richesse Les initiatives rurales se distinguent des projets citadins par une contribution plus grande la vie locale D une part cela concerne comme Aldudarak au Pays basque et T v tr gor vid o les lieux o l identit est mise en p ril et o les particularismes r gionaux tels la langue ou les traditions entendent tre d fendus D autre part l anonymat des grandes villes tant moins important rapidement les t l visions locales sont reconnues comme la possibilit de prise de parole et de revendication Dans ce contexte les initiatives audiovisuelles jouent pleinement le r le d outil de communication de proximit en d veloppant des d bats entre les habitants et en leur laissant la cam ra Par le biais d ateliers vid o tout un chacun peut s initier Elles s offrent comme des outils de m moire et de solidarit en cr ant des liens entre des communes Cr e en 1994 la f d ration Nationale des vid os de pays et de quartier f d re une vingtaine de structures qui se r unissent p riodiquement et est elle m me membre d une coordination internationale Vid azinuit pr sente dans 40 pays VDPQ r alise un catalogue de films et de programmes et publie une lettre d information l usage de ses adh r
68. dans le cadre scolaire et d autre part ce qu ils en font Nous nous appuierons ici sur les propositions de Jauss sur l exp rience esth tique La lib ration par l exp rience esth tique peut s accomplir sur trois plans la conscience en tant qu activit productrice cr e un monde qui est son oeuvre propre la conscience en tant qu activit r ceptrice saisit la possibilit de renouveler sa perception du monde enfin la r flexion esth tique adh re un jugement requis par l oeuvre ou s identifie des normes d action qu elle bauche et dont il appartient ses destinataires de poursuivre la d finition Dans certains entretiens les jeunes expliquent comment le travail sur la photo de famille l int r t pour les films de gangsters un spectacle de th tre leur font percevoir les choses autrement que dans la vie de l cole ou de la famille L influence des s ances d arts plastiques s insinuera au fur et mesure un film s appelle m me Les souvenirs font na tre les pens es Mais le fait de devoir ensuite cr er des images va changer la perception d images famili res le caract re esth tique de la publicit va tre relev les vieilles photos vont prendre un autre sens Dans Un art moyen Pierre Bourdieu cite entre autre un extrait de La Recherche qui claire bien cette perception sensible des l ves Proust parle de ces admirables photographies capables de don
69. de cr ation l insu m me de son auteur C est pourquoi bien des artistes cherchent d patrimonialiser l exposition elle m me en choisissant des espaces de pr sentation pour leurs uvres qui fassent oublier le cadre du mus e Les usages sociaux de l art Circ 1999 p 19 Sentence qui prendrait en charpe l ensemble de nos pr c dentes questions et qui donnerait une direction possible l enqu te et si le spectre de l institution entendre par l l chec de l alternative se confondait dor navant avec l id e de patrimoine L comme ailleurs il convient de perdre l habitude des contrastes ou de ne pas voir syst matiquement des contraires quand toujours il y a seulement des diff rences de degr s Nietzsche La question de la r institutionnalisation ou de la patrimonialisation deviendrait alors celle du degr de tutelle par rapport aux institutions et celle du caract re voulu ou subi Odin de ladite r institutionnalisation Ce prisme nous offre un l ment de classification souple et revisitable pour nos premi res observations sur le terrain La r institutionnalisation semble vidente quand nous avons affaire un r seau au sens intensif voire caricatural du terme c est dire autocentr centrip te sans espace ou presque possible pour le surgissement de l h t rog ne lorsque le mot relationnel se 195 in Art d lite art de masse
70. de relier une forme d organisation sociale avec une forme d organisation artistique ce qui nous fait in vitablement songer la plastique sociale de Beuys Danielle Lebreton n offre pas seulement des cabinets d coute elle soumet aussi au public des exercices d admiration par exemple celui intitul le Banc de vue c est dire un banc public plac devant un chantier en cours o il est question de valoriser une station d observation mobile qui permet la population curieuse des transformations de sa ville de savoir rapidement ce qui s y passe Citons encore la proposition de Week end r v dans la ville nouvelle o 1l s agissait pour les habitants de l agglom ration caennaise de d couvrir la ville nouvelle d H rouville Saint Clair laquelle fait pourtant partie de celle ci ainsi que nous l avons pr cis plus haut Cette action artistique habituelle se veut la copie des pratiques touristiques d clare D Lebreton et elle ajoute je d tourne une forme de plaisir collectif le voyage organis pour partager avec d autres mon int r t pour l architecture et mon attention port e aux formes d organisations sociales Elle con oit l esth tique ordinaire comme ce qui n est pas en rapport avec l tat d exception et le concept d uvre unique aussi les photos et vid o prises les 23 et 24 mars par les participants ce week end ont elles de
71. de rushes mais souligne davantage l ambition nouvelle dans ce geste de filmer Et le festival de Lussas par l interm diaire de la plume de Comolli a davantage voulu saluer l initiative de filmage des gr vistes que la qualit esth tique de leurs productions Il poursuit en remarquant l importance du changement de place des gr vistes S 1l existe d sormais un cin ma gr viste il se caract rise par une esth tique de la fusion issue de la posture facette du cin aste Une posture facettes Effectivement filmer sa propre gr ve lorsqu on est impliqu dans l v nement demande aux cin astes d alterner sans cesse entre deux r les celui de cin aste avec celui de gr viste Alors le r cit du film devient alors un espace de confrontation entre ces deux r les Manifestations assembl es g n rales sc nes priv es sont autant de sc nes dont l esth tique d pend du r sultat de cette confrontation Ainsi les manifestations et autres sc nes publiques de la gr ve offrent au gr viste par leur longueur toute latitude pour devenir cin aste Il observe cherche le meilleur point de vue pendant qu il manifeste Pour toute banderole il exhibe une cam ra car pour filmer la 187 Brochure des Etats G n raux du film documentaire p 7 8 ao t 1996 1 1 93 manifestation 1l quitte un instant sa fonction de militant pour endosser celle d observateur Durant les manifestations l
72. devenir la garder la c der l Education Nationale En 1971 l Education Nationale retire ses billes en arr tant de d tacher un enseignant pour la diriger Une nouvelle municipalit arrive au pouvoir en 1977 avec d autres priorit s politiques au niveau culturel et met trois ans prendre une d cision En 1980 elle d cide sa r organisation et souhaite d velopper son action Elle signe une convention avec le Minist re de la Culture et ouvre un concours pour la mise en place d un nouveau directeur pour g rer et accro tre les collections de films et mettre en place une action culturelle en direction de la population locale Les affrontements politiques sont s v res l int rieur de la mairie le maire aurait bien aim contr ler politiquement la cin math que mais il aura contre lui l adjoint la culture qui d un autre bord politique se battra comme un dingue pour cette cin math que et pour en nommer son directeur Un appel de candidature a lieu au niveau national cinquante personnes se pr sentent parmi lesquelles leurs candidats r ciproques Une belle bagarre politique a lieu dans le jury et le choix final se fait sur la 3 voie le candidat de l Education Nationale Le maire l che le pouvoir qu il envisageait de prendre sur la cin math que La 3 voie c est Monsieur G qui ne faillira pas la r gle tous les directeurs de cette cin math que auront t des enseignants ou d anc
73. diffusion plus intimiste logiquement adopt par les petites structures o l esprit de camaraderie r gne Ce rapport la sph re priv e est d ailleurs consid r avec attention par les institutions culturelles qui usent depuis quelques ann es de ce mode d exposition afin de toucher au plus pr s le public Le festival de Cahors de 1998 autour de l intime en est un exemple De m me les salles de cin ma Art et Essai font des programmations qui favorisent le rapprochement entre les r alisateurs et leur public L accompagnement par les r alisateurs de leurs uvres n est pas sans incidence sur la r ception spectatorielle Pour reprendre les propos de Philippe Lejeune ce sujet ce dispositif s offre comme la concr tisation du film La Rose Pourpre du Caire o les personnages surgissent hors de l cran pour se retrouver dans la salle Joseph Morder et Maria Koleva sont partisans de cette d marche La pr sence incarn e du r alisateur au sein d un public renforce une intercompr hension n e de l intercorporit de plus cette co pr sence corporelle r alisateurs spectateurs acteurs se double d un lien d interconnaissance qui peut prendre une forme directe ou m di e par la figuration de soi Joseph Morder refuse notamment toute projection t l visuelle hertzienne de ses uvres parce qu il suppute l incompr hension des spectateurs qui ne partageraient pas son espace de communication intersubjectif Il or
74. e un document et peut tre donc 260 P Nora Ibid p 1010 261 Pierre Nora Ibid p XXVII 262 Pierre Nora Les lieux de m moire La r publique I Gallimard 1984 XXX et sq 263Suivant les termes de Paul Ricoeur La m moire l histoire l oubli Le Seuil 2000 264 P Nora Ibid p 1001 265Pour reprendre cette distinction bien connue entre histoire et m moire entre histoire comme science et l histoire v cue au pr sent partir de laquelle Pierre Nora introduit la notion de lieux de m moire la m moire est un ph nom ne toujours actuel un lien v cu au pr sent ternel l histoire une repr sentation du pass P Nora Ibid 266 Premier alinea du premier article de la loi n 79 18 du 3 janvier 1979 sur les archives in Nouveaux textes relatifs aux archives 3ed Archives nationales 1988 161 d origine priv e Mais une telle d finition aussi large soit elle ne permet pas de saisir la nature m me de l archive que Pomian tente de mieux cerner en commen ant par le distinguer du monument deux cat gories bien distinctes de ce qui constitue chez cet historien les s miophores un document est donc produit en tant que document quand il comporte une r f rence des faits visibles ou observables Et un s miophore est produit en tant que monument quand il comporte une r f rence explicite l invisible Monnaies portraits etc constituent de fa on exceptionnelle la fois des do
75. e des films Un membre de la famille va proposer des films en d p t dans ces cin math ques ce qui suppose que la sortie hors du cercle familial de cet objet cultuel familial soit d j n goci e collectivement ou d cid e individuellement Car avant d tre une archive conserv e dans une cin math que r gionale un film de famille r pond une fonction sociale sp cifique au sein de l institution familiale 2 Au premier stade du processus patrimonial d poser collecter entre r appropriation et effraction L une de nos premi res interrogations a donc port sur les conditions d entr e des films tourn s par des amateurs dans ces institutions r gionales au sens de conditions autant mat rielles que symboliques Entr e qui constitue la premi re phase d investigation de ce processus de patrimonialisation Le film de famille un objet filmique ritualis Tout film de famille pr sente d j une forme construite de m moire collective familiale une mise en intrigue mise en sens et mise en forme d v nements familiaux En s exprimant dans des probl matiques m morielles il constitue un espace de mise en forme de m moire collective l instar de la photographie de famille D un point de vue plus sociologique les tudes consacr es au film de famille et aux fictions familiales du cin ma ou de la vid o amateur ont mis en vidence combien ces r alisations remplissent au niveau de l institut
76. en effa ant ces lignes cet argent est retransform en une subvention de fonctionnement Monsieur C contestera le redressement fiscal cela tra nera trois ou quatre ans il gagnera et sera exon r Mais en attendant il aura fallu payer m me si on vous rembourse apr s si vous gagnez Cela mettra l association en difficult pendant quatre ans Ca a t tr s tr s dur ici tenter de la briser La R gion l poque voulait nous trangler compl tement On a t sauv de justesse par le basculement gauche de la r gion 1998 est en effet l ann e du changement de majorit politique du Conseil R gional de droite il passe gauche Mais malheureusement avec la gauche il y a eu d autres probl mes c est dire exactement les probl mes inverses Il voulait je ne sais pas pourquoi soutient Monsieur C nous couper les vivres Les services culturels du Conseil R gional d cident en effet que la subvention annuelle de 400 000F de la cin math que sera vers e l association de Monsieur C en trois tranches au lieu d une En un seul coup son association tait sauv e en trois fois c tait foutu Monsieur C fait alors une nouvelle intervention personnelle aupr s du nouveau pr sident de gauche du Conseil R gional on se conna t tr s tr s bien je l ai connu comme petit jeune normalien on avait beaucoup milit ensemble autrefois on se tutoi
77. encore elles donnent l occasion de venir dans mon bar au titre de sortie culturelle De plus il pr cise que des gens viennent uniquement dans le bar pour les projections Selon lui faire de l animation appartient pleinement au m tier qui consiste tenir un bar et ce qui l int resse c est le fait que des gens se rencontrent Or les projections occasionnent de telles rencontres m me si cela ne touche que cinq ou six personnes L Unique et ses amicalit s Les quelques soir es d tude La Garsouille nous ont videmment permis de rebondir sur de nouveaux objets d enqu te Ainsi toujours Caen nous avons d couvert avec la galerie l Unique un espace particuli rement singulier en effet sur le plan du jugement esth tique et sur celui de l int ressement du voisinage un lieu d art situ en plein quartier populaire Vincent Auvray le concepteur animateur de l Unique ne tient pas ce que l on qualifie son lieu de galerie d o les guillemets Non il n utilise pas ce mot pr f rant les expressions d espace modulable d exposition de sc ne pour les arts plastiques En fait il s agit d une minuscule boutique d environ une dizaine de m tres carr s si bien qu une fois le dispositif de projection vid o install tout au plus sept ou huit personnes peuvent assister une programmation dans des conditions de confort pre
78. esth tique le beau Flammarion 1979 HENNEBELLE Guy Cin ma militant Cin ma d aujourd hui 1976 Cin maction n 5 et n 6 section n Il LEBLANC G rard Sc narios du r el Tome 1 et 2 Editions L Harmattan 1997 LEROI GOURHAN Andr Le Geste et la parole 2 vol Albin Michel 1965 MERLEAU PONTY Maurice Le Visible et l invisible Gallimard 1964 La Structure du comportement P U F 1942 METZ Christian Langage et cin ma Editions Albatros 1977 Essais sur la signification au cin ma tome I Editions Klincksieck 1968 L Enonciation impersonnelle ou le site du film M ridiens Klincksieck 1991 NICHOLS Bill Ideology and the image Editions Indiana University Press 1981 FERRO Marc Film et histoire Ed E H E S S 1984 FREUND Gis le Photographie et soci t Editions du seuil pour l dition fran aise 1974 PERROT Mich le Jeunesse de la gr ve 1871 1890 Editions du Seuil 1984 SORLIN Pierre Sociologie du cin ma Aubier Montaigne 1977 ZIMMERMAN Patricia Reel families a social history of amateur film Indiana University Press 1995 Articles Revues Ouvrages collectifs Communications n 38 Enonciation et Cin ma Editions du Seuil 1983 Communications n 48 La vid o Seuil Esth tique du film Nathan 1994 Cin maction N 41 Le Documentaire fran ais Cin mas et r alit s Travaux XLI Universit de Saint Etienne 1984 97 New challenges for documentary University of Californie
79. et techniques justifient le rejet de certains films de la cha ne de d p t L une des tactiques pris es par les documentalistes est de remettre les films refus s lors avec la copie vid o des images s lectionn es qui est syst matiquement effectu e Il s agit travers l am nagement de ces rituels de civilit ne pas blesser les d posants tout en se conduisant en professionnel de l archive Les r cits de d p t d sindexicalisation et redescription intersubjective du film priv comme document Lors des d p ts les films sont le plus souvent comment s par les r alisateurs ou leur famille Pour les documentalistes travers ces pratiques de r cit peut tre gard e la trace de la v rit des personnes qui ont tourn s ces films notamment lorsqu il est n cessaire d expliquer et d lucider certains d tails un type de bateau de labour Dans ce but certains des commentaires ont m me t enregistr s Cin math que de Saint Etienne et Cin math que de Bretagne conduisant par exemple des conflits en direct entre d posants mari et femme sur certains noms certaines dates Comme si une derni re fois encore ces films ne prenaient leur sens que par les r cits qu ils suscitent l instar des s ances rituelles de projections familiales Mais progressivement travers les questions pos es par les documentalistes en fonction de leurs crit res de conservation surtout lorsqu i
80. eux et piochent parfois dans la pile des revues qui tra nent sur l tag re ils les feuill tent sans les lire et regardent les images Un num ro sp cial Godard retient l attention sa couverture hideuse fait rire surtout il y a plus de photos que dans les autres magazines et Godard mais pour les l ves c est annexe c est celui qui a r alis Nouvelle Vague Les photos de Passion et d Une femme mari e vont r gler le probl me des amoureux Dans une salle de classe inoccup e les l ves disposent le couple comme sur les images Une fois refait un tr s gros plan de visages fragment s le gar on et la fille se placent comme Jerzy et Isabelle dans Passion lui en retrait par rapport elle qui se met de profil au premier plan puis ils imaginent le geste de la caresse Pour comprendre ce que les l ves font avec les films de Jean Luc Godard il faut d abord regarder leurs agendas la fin du premier trimestre Ils ont d j doubl d paisseur et p sent d autant plus lourd qu ils d bordent d initiatives Ils contiennent des petits mots sign s des photomatons enlumin s au tipex des photos d coup es dans des magazines dans l un Armand a fait un dessin dans l autre une fleur de mouron s che entre les pages etc Au quotidien chaque agenda est farci de petits riens attach s la vie de son propri taire La vid o se remplit suivant le m me processus Un peu de Nouvelle Vague les
81. exp rimentant les ventualit s de la meilleure vision la mani re d un chasseur qui observerait sa proie Au cours des repas collectifs dans le film sur les cheminots du Lot le cameraman par un travelling manuel suit la disposition de la tabl e pour montrer la pr sence de tous les convives En filmant la s ance du repas il entoure cerne et d limite l espace de la sc ne tout comme le faisait le premier gr viste cin aste en multipliant ses points de vue Sans la cam ra il serait l int rieur de l v nement attabl au milieu de ses acolytes Avec l appareil il se place en position de regarder l v nement donc s en extrait et se pose comme observateur 177 Extrait d un entretien r alis avec Michel Raynal le 5 juillet 1999 Capdenac Lot 87 D s que l v nement le permet les cameramen circulent au c ur du r el la mani re d un il externe qui se d placerait arbitrairement travers l espace visible de la gr ve et qui enregistrerait sa promenade C est donc la cam ra qui leur sert d il et transforme leur r le gr ce elle cet il perp tuellement mobile le gr viste devient un observateur qui explore le pr sent de la gr ve surplombe l v nement et s en distancie Par ces marques visuelles le film des cheminots du Lot r alis par Michel Raynal illustre galement la pr sence de ce regard Le panoramique et le zoom sont les motifs de son r cit Pendant une manifest
82. flottement cette h sitation cette agitation qui plus tard voudra dire quelque chose C est aussi et surtout affaire de montage de distorsion de contorsion de d tours de miroir voire de formule Perec n a pas mont ses je me souviens Les recherches de Lejeune prouvent que les 480 phrases du livre se succ dent suivant l ordre de leur criture Mais le montage n est pas absent de la liste simplement il est inclus dans les m canismes de la lecture On comprend que la r alisation des l ves implique une nouvelle op ration il leur faut notamment trouver quelque chose d quivalent aux blancs typographiques qui leur donnerait les moyens de res saisir leurs plans portraits 12 L INVENTION DES S RIES Premier essai les l ves s parent les plans portraits par de l amorce bleue mais ils ne sont pas satisfaits du r sultat Les visages et les paroles prononc es supportent tr s mal la bri vet d une forme qui tire brusquement chacun du n ant avant de ly renvoyer La 181 Odin op cit 1995 132 Lejeune op cit 1991 p 71 133 Penser classer texte de 1982 repris dans le recueil Penser Classer Hachette Paris 1985 pp 173 174 48 solution retenue arrive par hasard En manipulant les rushes un coll gien fait remarquer ceux qui l assistent que son portrait gagne en puissance s il ne le d tache pas des plans pr c dents savoir les vues qu il avait prises
83. gionale et une intention en termes d esth tique du cin ma Un dernier exemple de passage l esth tique va nous conduire de fa on tout fait inattendue du monde de l art contemporain pour reprendre les termes des analyses du sociologue de la culture Howard Becker l re des cin math ques virtuelles 3 Le passage l art des films sans qualit s le travail de l association Circuit Court Notre parcours de sens s ach vera sur un exemple de performances r alis es partir de films amateurs et pr sent es lors d une soir e la Cin math que de Saint Etienne Il s agit d une s ance consacr e au travail de Circuit Court association artistique marseillaise qui propose de v ritables happenings autour de films de famille trouv s dans les brocantes produisant intentionnellement une mise en sc ne une esth tisation du film amateurs Nous avons interrog Claude Boisson sur son travail son int r t pour le film de famille en tant que mat riau de cr ation et ses liens avec les cin math ques r gionales Selon son responsable l association Circuit Court a t fond e en 1992 Paris par un groupe de cin astes venant d horizons diff rents autodidactes universitaires Le but de l association tait de permettre la r alisation de films C est cette poque qu a t choisi le label de films sans qualit et que des projections de films de famille bruts c est d
84. gratuitement une pi ce aim e celui ou celle qui a particip une action de ce genre va engager une r flexion certes personnelle n anmoins travers e d interrogations dialogiques au sujet de la civilit qui s est jou e au sein de l espace esth tique Invoquons encore une fois la force d un r gime symbolique force de la po sie en la circonstance et l on sait qu elle fut l importance de celle ci pour les Romantiques sur le plan voil du lien civil ou social peu importe La po sie romantique veut et doit rendre la po sie vivante et en faire un lien social po tiser l esprit Witz remplir et saturer les formes d art avec des l ments ducatifs vari s F Schlegel 116 Athen um I Conclusion provisoire L id e sous jacente toutes ces d marches alternatives qui endossent volontairement ou non une fonction ducative c est de ne pas d courager d embl e les curiosit s potentielles sur le plan conomique en affichant sinon une gratuit du moins une accessibilit financi re Il s agit d viter le syndrome du ce n est pas pour nous c est dire que nous sommes en pr sence r p tons le d une invitation la r flexion voire plus trivialement la gamberge les modalit s de l conomie en g n ral et celles de l art en particulier ne sont peut tre pas aussi fig es que le laisse croire le ronron narcotique de la doxa Ce qui
85. ils n ont quasiment aucun moyen d intervenir ils ne participent pas l talonnage tout est pr d termin par le fabricant Tout ce qu ils peuvent faire c est choisir la pellicule Et c est bien en effet ce niveau que se joue la relation la beaut je pr f re le Kodachrome la Fuji les couleurs sont plus belles Les fabricants de pellicules ont d ailleurs parfaitement compris le projet esth tique du film de famille Malgr leurs discours sur le rendu naturel de la couleur par leurs pellicules celles ci ne sont pas faites pour restituer la v rit des couleurs du monde mais pour produire des images que le public trouve belles C est ainsi qu aux USA le Kodachrome faisait l objet d un processus de d veloppement diff rent de celui utilis en France il s agissait de donner des couleurs plus intenses plus violentes plus proche du Technicolor que le Kodachrome fran ais pour correspondre au go t des amateurs am ricains La pellicule couleur est con ue de telle sorte que m me les espaces les plus sordides les murs l preux d un habitat mis rable dans la Loz re les tas d ordures qui envahissent les rues des villages africains des maisons d truites par la guerre apparaissent comme beaux les documentaristes connaissent bien cette difficult qu il y a rendre un sentiment de laideur quand ils utilisent la couleur Filmer en couleur c est d embl e produire de la beaut Les personnes film es manifestent elles
86. images ins r dans le journal t l vis de TF1 durant l t 1998 de nombreux d posants ou ayant droit se sont montr s selon la documentaliste de M moire Audiovisuelle de Haute Normandie int ress s par des passages t l vis s de leurs films Dans les recherches qu elle effectue pour les t l visions la documentaliste prend en compte certains crit res mercantiles Selon ses propres termes elle n a pas envie de marchander et carte certains films pour privil gier les ayant droits v ritablement d sint ress s Lorsque M moire Audiovisuelle de Haute Normandie s est associ e France 3 pour la co production d une 285 Suivant des informations de Jean S bastien Bild op cit ce sont plus de 100 bobines par an qui sont collect es 286 J S Bild op cit 287 Ainsi un fonds de 42 films de format 9 5 mm a pu tre sauvegard de justesse gr ce la bienveillance de France 3 Bretagne qui communiqua in extremis les coordonn es de la cin math que de Bretagne 288J S Bild op cit 169 mission de 2 minutes du passage l an 2000 de septembre 1999 juin 2000 la documentaliste a donc contact un certain nombre d ayant droits connus pour leur accord de principe Cette efficacit de l effet projection nous semble relever de la relecture esth tique pour les cin astes amateurs comme pour les membres des cin math ques travers la ratification publique se trouve valid le
87. individus ainsi que son r le dans l volution g n rale de la soci t Je voudrais profiter de l inscription de cette recherche dans un programme consacr aux esth tiques ordinaires pour aborder frontalement dans la perspective s mio pragmatique la question de l esth tique telle qu elle se manifeste dans ces productions familiales que sont les films de famille Commentons rapidement cet nonc programmatique S mio pragmatique Pour conduire cette tude je prendrai appui sur l approche s mio pragmatique telle que j essaie de la constituer depuis de nombreuses ann es La s mio pragmatique met le contexte au point de d part de la recherche Cela conduit reconna tre que le texte n est pas un donn qu il change en fonction du contexte de lecture qui r git la production de sens et que le sens lui m me n est pas tout il y a les motions mais aussi les interactions qui interviennent lors de la r alisation ou de la lecture Le travail sur le film de famille a t l un des l ments qui m ont pouss passer de l approche immanentiste dominante dans l approche s miologique d inspiration saussurienne la pragmatique Productions familiales J appelle productions familiales les productions qui sont faites par un membre de la famille crit re nonciatif propos de la vie de la famille crit re th matique pour les autres membres de la famille crit re communicationnel Cette d finition fixe le cadre de ma r flex
88. l leur production fut r guli rement montr e dans des festivals de vid o scolaire elle fut remarqu e au point de faire l objet d un article dans le journal Le Parisien qui fit la fiert du Chef d tablissement Le coll ge Marcel Pagnol acquit ainsi la r putation d tre un lieu de cr ation on le citait en exemple au rectorat d Amiens et les visiteurs regardaient le studio avec envie Lorsqu un nouveau Principal fut nomm il en fit moins pour la pratique de la vid o que son pr d cesseur mais continua d entretenir l id e qu on produisait des vid os scolaires au coll ge de Betz m me lorsqu il d cida d arr ter d finitivement cette activit Peu peu j ai perdu le contact avec les l ves mais auparavant j ai dupliqu la vid o pour ceux qui en voulaient une copie j ai d envoyer beaucoup de cassettes Il en existe toujours un exemplaire au cdi de l tablissement route de Macquelines 60620 Betz 56 BIBLIOGRAPHIE Aumont J quoi pensent les films Nouvelles ditions S guier Paris 1996 Aumont J Amn sies Fictions du cin ma d apr s Jean Luc Godard P O L diteur Paris 1999 Aumont J Marie M Dictionnaire th orique et critique du cin ma Nathan Paris 2001 Bataille G Manet 1955 r d ditions d Art Albert Skira coll L art en texte Gen ve 1994 Barthes R Roland Barthes coll Ecrivains de toujours Le Seuil Paris 1975 Bellos D George
89. l audit sera sign e une lettre tablie entre le directeur de la cin math que donc Monsieur A et les repr sentants du personnel Elle porte la fois sur deux points d terminants 1 le rattachement officiel du personnel une convention collective celle de l animation socioculturelle et 2 la reconnaissance officielle de la qualification de chaque membre du personnel par un accord de classification indiciaire Quelques jours apr s le pr sident de la cin math que refuse la validit de ce texte dans un courrier qu il adresse au secr taire d partemental FO je vous rappelle que seul le pr sident a qualit pour engager l association Et l a a explos Cette lettre met le feu aux poudres Faire gr ve est parti de ce courrier Dix salari s sur les douze que compte la cin math que entament alors une gr ve d but juin 1999 soutenus par le syndicat FO Ils camperont pendant un mois devant le parvis de la cin math que posant litt ralement les probl mes de la cin math que dans la rue Faute de pouvoir cr er un rapport de force avec leurs responsables ils parieront sur le temps et la d termination La violence de ce conflit pr sent de part et d autres comme in n gociable surprendra et puisera tout le monde Face un d veloppement devenu in luctable la cin math que se retrouve victime de son succ s Chacun campera sur ses positions le pr sident arriv en 1
90. l on ne voit pas a peut inciter l merveillement je suis moins complex et cela correspond une attente du public celle de voir autre chose De l alternatif Conclusion Pour introduire son chapitre consacr l ethnologie de l art J M Leveratto fait la remarque suivante L ethnologie est aujourd hui un moyen couramment utilis pour r habiliter des personnes ou des choses m pris es culturellement en d montrant qu elles manifestent un savoir traditionnel du corps Il nous semble au contraire que notre approche si toutefois elle participe bien d une ethnologie s est davantage attach e souligner l importance de la pens e de la r flexion conceptuelle bref du paradigme de l esprit en opposition celui du corps opposition notre avis insoutenable mais n anmoins n cessaire d s l instant o elle est convoqu e des fins d monstratives ou assertives comme cette id e de savoir traditionnel du corps Nous voulons dire par l que lieux alternatifs o tait engag e une vraie r flexion o a pense pour dire vite qu elle soit de nature politique conomique thique etc nous paraissent au final beaucoup plus propices cr er du lien civil esth tique que ceux o la compr hension de la relation esth tique ou de l esth tique relationnelle passe principalement par la mise en avant du corps de la convivialit et du c
91. l histoire de cette rupture cf entre autres Pierre Bourdieu Les r gles de l art Gen se et structure du champ litt raire Seuil 1992 et Marc Jimenez Qu est ce que l esth tique Folio 1997 en particulier le chapitre IM D liaisons et autonomie 51 Pr cisons que cela est de moins en moins vrai aujourd hui au temps de la vid o et de la g n ralisation de cet art ordinaire mais c tait le cas au temps du film de famille 52 Sur ce point cf l tude de Laurence Allard et Claire Givry 53 cf Bruno Duborgel Le dessin d enfant Jean Pierre Delarge 1976 p 182 9 22 Cette absence de savoir faire donne lieu deux jugements esth tiques contradictoires Il y a ceux qui y voient le garant de la cr ativit enfantine certains A Stern et P Duquet vont m me jusqu dire que l ducation artistique tue la cr ativit de l enfant le dessin scolaire puise les ressources de la cr ation Il y a au contraire ceux qui soulignent que cela conduit des productions st r otyp es d un faible int r t esth tique une pure production de n cessit s psychologiques On retrouve avec quelques variantes ces deux lectures pour le film de famille d un c t c est ce que j ai appel la lecture esth tique qui prend plaisir au mal fait et de l autre la lecture qui juge ces productions sans int r t car st r otyp es Le probl me est que ces lectures ne nous apprennent rien sur la relation esth tique que nous cherchons
92. la M moire Audiovisuelle de Haute Normandie qui a pour objectif de recenser sauvegarder conserver et mettre en valeur le patrimoine cin matographique r gional 281L entretien semi directif a t retranscrit en int gralit en masquant simplement les euh mais les h sitations les phrases inachev es ont t gard es telles que Nous avons dans cette partie de l entretien consacr la m moire de pays galement supprim les continuateurs du type oui Il a t r alis le 01 03 2000 dans les locaux de PIRIS Rouen 282Monsieur Gu zennec fait ici allusion un village dans l Eure dont le maire plusieurs fois r elu a film durant des ann es la vie municipale 166 vu ces films Et tous les gens taient extasi s Il a fallu faire deux trois projections et ils revenaient Voil Alors l on marque des points vous comprenez Monsieur Gu zennec d veloppe suite une question la notion m me de pays et leur localisation g ographique en Haute Normandie le type de population peuplant ces diff rents pays dont certains taient habit s par de nombreuses familles ouvri res Il y a beaucoup de choses qui n ont pas t film es car le cin ma d amateurs avait beau tre r pandu il avait ses limites Et les gens qui ont fait du cin ma ils avaient sans doute un peu d argent donc cela veut dire qu ils taient plut t de la bourgeoisie que etc et que cette bourgeoisie surtout en Nor
93. la gr ve mais un rituel festif dans toutes les sc nes choisies l atmosph re est joyeuse et chaleureuse De sc nes priv es en manifestations les films nous rapportent un point de vue presque fol tre du mouvement Contrairement ce que montrent les documentaires sur le sujet rarement soucis angoisses contradictions et d saccords nous sont relat s Sous les bruits typiques des sifflets les sc nes conviviales se multiplient la fa on de cet in vitable repas de fin de gr ve que l on trouve dans chaque vid o On souffle souvent des bougies dans les films gr vistes comme dans le Lot o au douzi me jour de gr ve les cheminots f tent les trente huit ans d un certain Dominique On chante partout de Rennes Rodez en passant par Paris et Narbonne Dans toutes les rues de France on bat le rythme sur les bidons vides on se d guise Faire gr ve c est aussi se laisser aller au sentiment exaltant d tre une force puis e au spectacle du nombre Comme au temps o les gr vistes s endimanchaient les premiers jours de gr ve ils laissent r unions et manifestations qui forment la trame de la vie collective remplacer les horaires stricts et les conditions de travail difficiles La gr ve cr e ce besoin de f te qui ne va pas sans la foule ni le bruit Convi s cette f te par leur statut de gr vistes les cin astes se sont laiss s aller cette jubilation dans la vie comme dans leurs films o ils ont retranscrit l aspect
94. la gr ve sur l observation 82 Dans le premier cas les r alisateurs ont souhait s effacer derri re la parole des acteurs du mouvement tandis que dans le deuxi me ils ont choisi de laisser parler les v nements Si dans les documentaires cit s ci dessus la parole est au centre de l action les films gr vistes sont sur ce point assez diff rents hormis les cas d adresses verbales catalys es par la cam ra et des interventions sonores propres au cameraman les paroles assez incompr hensibles flottent dans le hors champ et ne sont gu re associ es une personne Lorsque quelques paroles voix in se font entendre elles surviennent lorsque le cameraman filme une action en continu les slogans chant s par les gr vistes au cours des manifestations et les discours adress s aux gr vistes au cours des assembl es g n rales N anmoins un discours politique du film se manifeste dans le champ sonore par des formes plus virulentes telles que des cris des chants ou des discours oraux Issues du groupe les voix unies clamant slogans ou chansons apparaissent au tournage par la parole en direct Dans les films de Rennes et d Orl ans les gr vistes crient pendant les manifestations Retrait du plan Jupp tandis qu Limoges ils proposent Usagers cheminots m me combat Tous ces cris participent au sens du discours puisqu ils clairent les raisons politiques de leurs actions L appellation les cheminots revient dans
95. la vid o de Porquerolles tous les plans retenus ont t tir s cam ra sur pied La tenue du plan exige un cadre stable que les l ves assurent si besoin est en d terminant les points d entr e et de sortie l image pr s L absence de tout marquage nonciatif est telle que dans ce qu ils gardent le filmage tend se faire oublier A part quelques tr s gros plans tout est film dans la profondeur hauteur d homme Pas de grand angle ni de longue focale des plans rapproch s taille pour les prises l int rieur des plans moyens ou am ricains pour les vues ext rieures aucun axe rare aucun mouvement d appareil autonome et aucun zoom Si l on voit plusieurs personnes dans le m me cadre chacune d entre elles peut tre ais ment identifi e comme c est le cas par exemple dans L arriv e du train en gare de La Ciotat Cette mani re de capter la r alit nous donne l illusion d tre aux c t s des l ves et contribue faire du coll ge un monde de vie possible m me pour ceux qui n en ont jamais fait partie Pour comprendre le probl me que pose ce parti pris nous devons regarder comment interagissent coupe et tenue dans Sans soleil de Chris Marker Le film commence par un plan contre jour dans une lumi re rasante o l on voit des enfants marcher en faisant la ronde sur une route en Islande la voix over nous dit que c est l image du bonheur mais que le cin aste n arrive pa
96. le choix de ces films la r alisatrice de M moire de Normandie Ingrid Gony nous explique qu elle avait connaissance de certains d entre eux travers leurs projections lors des Journ es du patrimoine Mais elle nous avoue que tous les films choisis dans le fonds de M moire Audiovisuelle ou plus rarement la Cin math que de Bretagne l ont t sur des crit res esth tiques pour la beaut intrins que des images La recherche documentaire occupant une bonne partie des deux ann es de production de la vid o s est effectu e en passant par le visionnage int gral des archives de la structure rouannaise fonds des films 323 La probl matique de l authenticit par nature des images amateur a d j t rencontr e lors de l tude pr c demment portant sur les premi res utilisations massives par les cha nes de t l vision d images amateur partir de 1992 Il s agit d un type de discours normatif r current puisque lors d un colloque qui s est tenu la Vid oth que de Paris en Juin 1991 avec des hommes de t l vision et d institutions de l audiovisuel portant explicitement sur Ce que le cin ma amateur peut apporter aux professionnels les professionnels pr sents conf raient de fa on unanime aux images amateur une valeur patrimoniale de t moignage en vertu de ce qu ils taient des documents bruts des enregistrements de la r alit ext rieure Et ces images vertueuses et pures de ces
97. les slogans et dans les banderoles Ils se pr sentent ainsi en groupe et revendiquent cette communaut solidaire Les cheminots sont dans la rue dans le film du Lot ou encore Jupp si tu continues les cheminots te botteront les fesses peut on entendre Certes ils d fendent un corps de m tier mais plus qu un r flexe corporatiste c est la tradition qui s exprime puisqu il existe une culture du rail et une fiert d appartenir la communaut des cheminots Clam es dans la rue ces phrases se faufilent dans les films en devenant les indices du discours revendicatif des cheminots De nombreux chants colportent galement les indices de la lutte En cartant ceux qui reprennent des chansons la mode dans presque chacun des films les gr vistes entonnent L Internationale chant consacr la lutte prol tarienne crit au moment de la Commune par un po te fran ais Eug ne Pottier Sa pr sence constitue une r f rence vidente la lutte militante par sa d notation r volutionnaire N es par l interm diaire des syndicats et tr s souvent reprises par les r alisateurs gr vistes un autre genre d interventions militantes existe il s agit des discours prononc s l intention des gr vistes par les pr sidents des assembl es g n rales ou les responsables SNCF Ces derniers tant pratiquement toujours des repr sentants syndicaux en sont donc les porte parole Ces discours sont reproduits avec r gularit dans l
98. ments nous y invitent Il y a d abord des l ments de contenu on retrouve dans les films de famille les m mes contenus que dans les photos de famille des portraits des membres de la famille les grands v nements familiaux naissance mariages etc les voyages etc Au niveau de la forme de l expression le film de famille est galement tr s proche de la photographie pauses photos de groupe avec regards cam ras regarder ensemble dans la m me direction c est manifester la soudure du groupe y sont l gion Mais c est surtout au niveau de la structure d ensemble que la comparaison devient significative la structure du film de famille est exactement calqu e sur celle de l album de famille m me suite d images non structur es non narratives m me h t rog n it m me construction troues permettant la production collective de sens on parle beaucoup en regardant un album de famille tout comme en voyant un film de famille et le retour sur son propre v cu Albums et films de famille fonctionnent l un et l autre sur le mode de l esth tique de la r ception tel que je l ai analys pr c demment 63 Sur ce courant de l art contemporain cf Paul Ardenne Pascal Beausse Laurent Goumarre Pratiques contemporaines L art comme exp rience Dis Voir 1991 25 On pourrait alors d crire le film de famille sa Forme comme un album de photographies vivantes On notera que cette conception du cin ma est celle du cin
99. mesure de l art Paris La Dispute 2000 Williams W De diverses utilit s de la th orie culturelle in Omnibus n 32 avril 2000 Esth tique et marxisme Paris UGE 10 18 1974 Art Press Sp cial n 21 Parpaings 23 122 Lise GANTHERET Chercheur Universit Paris 3 IRCAV Espaces de diffusion et enjeux spectatoriels Un cube noir vitr d un c t quelques c bles qui le lient une antenne ainsi qu au courant lectrique quoi de plus banal que l appareillage t l visuel Plac le plus souvent au salon ou dans la chambre ou bien les deux le petit cran est devenu en quelques d cennies partie int grante du quotidien et de l intimit de la plupart des individus Le r flexe du bouton d allumage et de la t l commande viennent souvent clore une journ e de travail ou combler les journ es des inactifs La regarder s apparente un certain automatisme voire hypnotisme Parfois la t l vision ne joue que le r le d une pr sence d un fond sonore m me s il est important de tenir compte de la part d inattention et de l environnement concret d un spectateur sonore parlant Elle est devenue rituel Son importance est telle qu elle fut rapidement l objet d analyses diverses qui d noncent ses c t s tyranniques et pr nent une ducation l image Centre de d bat l heure actuelle il est important de mentionner l absence d une v ritable politique ducative malgr l instit
100. modifiera un peu au cours de l ann e Un int r t bas parfois au d but sur la rivalit pour les productions d autrui voluera tout au long de l ann e et donnera lieu diff rentes collaborations Ce rapport entre les liens humains et l esth tique fera d ailleurs fr quemment un d tour par la technique qui permet d tablir une r partition des r les C est souvent celui qui a le leadership dans le groupe qu on retrouve devant la cam ra et certaines s quences montrent soit l image soit au son que le travail de cr ation se passe plus harmonieusement pour eux lorsqu ils sont en tr s petits groupes s ances de photographie travail sur les photographies anciennes au banc titre montage manipulation de la table d effets L attrait de la technique et de la manipulation du mat riel est plus marqu chez les gar ons les filles sont plus souvent porteuses de projet faisant appel aux jeux de sc ne une mise en repr sentation Au fur et mesure que les id es voluent des mouvements ont lieu et des fusions de groupes vont se r aliser de fa on temporaire Des situations tr s attractives vont mobiliser une grande partie des l ves et beaucoup d nergie Mais cela ne donnera pas forc ment lieu des productions structur es les productions abouties tant la plupart du temps le travail de deux ou trois l ves qui se prennent au jeu du montage Ces terrains d exp rience qui ouvrent
101. n gre du Narcisse Victor Hugo Les Mis rables Pierre Reverdy Plupart du temps Irish Murdoch La mer la mer Paul Fournel Les athl tes dans leur t te Jacques Pr vert une po sie apprise en 6 G rard de Nerval Sylvie Marcel Aym Les contes du chat perch Georges Perec Je me souviens 14 TRIER ELOIGNER RAPPROCHER Trier loigner rapprocher rejeter assembler ralentir d composer couper coller h siter Recommencer Cette vari t d op rations qu on fait en montant il faut avouer que nous nous trouvons presque totalement d munis si nous voulons la traduire en mots Pour approcher la r alit du montage voici un extrait du Pr ambule de La vie mode d emploi P rec voque l art du puzzle la connaissance du tout et de ses lois de l ensemble et de sa structure ne saurait tre d duite de la connaissance s par e des parties qui le composent cela veut dire qu on peut regarder une pi ce d un puzzle et croire tout savoir de sa configuration et de sa couleur sans avoir le moins du monde avanc seule compte la possibilit de relier cette pi ce d autres pi ces et en ce sens il y a quelque chose de commun entre l art du puzzle et l art du go seules les pi ces rassembl es prendront un caract re lisible prendront un sens consid r isol ment une pi ce d un puzzle ne veut rien dire elle est seulement question impossible d fi opaque mais peine a
102. nous ne sommes pas des journalistes qui vivons de notre travail L id e n est pas de cr er une t l vision anticonformiste rebelle aux grandes cha nes mais d y inclure une dimension humaine En cela on peut voir un essai de d mystification du format t l visuel S ajoute avec la diffusion dans les caf s la volont de servir de relais culturel des salles de spectacles concert th tre ou cin ma aux prix r dhibitoires pour un certain public En terme de diffusion prime la convivialit L esprit de voisinage s apparente celui des premiers temps de la t l vision lorsque les voisins venaient les uns chez les autres pour regarder ensemble une mission Un lieu est privil gi les locaux de production de T l bocal Le Goumen bis peut accueillir 300 personnes sur 400m Dans une cour int rieure qui ressemble une rue de quartier des ann es 50 reconstitu e un quartier au sein d un quartier Comme au temps o la convivialit se faisait dans la rue est install e une estrade avec un espace buvette Dans des salles adjacentes ont galement t dispos s des postes de t l vision Le droit d entr e est de 20frs Sur place les gens peuvent se restaurer couter un concert de musique proche de la guinguette souvent des textes chansons des po tes de rue Toutes les tranches d ge sont repr sent es avec une forte dominante de 20 35 ans Le public regroupe des gens de quartier des famil
103. o et l agir Contre don la d dicace Et Jean Luc Godard Son nom n est pas mentionn cet appui reste secret 145 Philippe Lejeune Les brouillons de soi coll Po tique Le Seuil Paris 1998 pp 367 385 146 Claude L vi Strauss La pens e sauvage Librairie Plon Paris 1962 r d coll Agora Pocket n 2 chapitre premier La science du concret 147 Je suis ici la contribution essentielle de Francis Ramirez et Christian Rollot qui renouvellent les probl mes de l adaptation partir des concepts anthropologiques mana et syst me du don analys s par Marcel Mauss Dans Le larcin magique Cahiers de la Cin math que n 11 Cin math que Fran aise Paris printemps 1997 pp 73 83 ils montrent comment la probl matique de l adaptation prend sa place dans l une des questions fonda trices de l anthropologie g n rale celle de l change de biens et de valeurs celle de la transmission de richesses et des obligations qui en d coulent mais aussi comment ce travail de passage est comme la plupart des op rations impliqu es dans une mutation immerg totalement ou partiellement dans un contexte magique Je remercie Francis Ramirez de m avoir encourager dans cette recherche 54 18 LE TOURNANT Ce qui s est pass avec Je me souviens du coll ge Marcel Pagnol peut se d chiffrer ainsi les l ves ont r alis leur vid o un tournant de leur scolarit cet
104. on allait voir le 164 Extrait de l interview de Akhetaton Chill du groupe I Am Rap ta France Jos Louis Bocquet et Philippe Pierre Adolphe Edition Flammarion 1997 p 185 V2 groupe I Am ils ont rigol Ils le croyaient pas Quand on est revenus ils nous ont pris un peu plus au s rieux Faire s rieux est le souci premier de F il est l auteur et se pr sente comme le responsable du projet Son but est d tre reconnu par les professionnels Toutes les collaborations qu il trouve le confrontent une soci t qui l oblige autant sur le plan objectif que subjectif faire des concessions s adapter Mais il ne renonce pas et doit assumer le poids des contraintes administratives et mat rielles pour garder la confiance durement gagn e de son entourage Il s accroche car il veut changer l image qu on a des jeunes qui ne font rien et montrer celle des jeunes qui travaillent Toute la dynamique de son propos est l et se retrouve dans sa r alisation Sa d marche de cr ation lui permet d affronter une r alit sociale qui le concerne En mettant en sc ne cette situation de d doublement il pose les questions que se posent beaucoup de jeunes dans son cas Que vais je r ussir devenir Quelqu un de bien ou un gangster A quel prix Tout le travail de Farid semble tre l expression de la difficult qu il prouve choisir sa r f rence personnelle parmi des mod les sociaux qui ne le satisfont pas Ma
105. on remarquable ponctu de grands moments et parmi ceux ci certaines projections ont jou un r le fondateur d j voqu en ce qui concerne Saint Etienne et Rouen Ces grands rituels r gionaux ont impuls une premi re vague d inventoriage et de collecte 304Dans le cadre d un entretien r alis en mai 2001 Rumilly Savoie 175 L une des premi res initiatives de celui qui venait d tre nomm directeur de la Cin math que de Saint Etienne afin de marquer publiquement son orientation assum e autour des films r gionaux amateurs ou professionnels f t d organiser une projection en janvier 1986 du Cin Journal St phanois Pour assister cette projection d historique d un film de montage intitul L exil des sept collines 3 000 personnes se sont pr sent es la Maison de la Culture Depuis des projections d images r gionales sont r guli rement organis es allant jusqu repr senter 30 de la fr quentation de l ensemble de la cin math que selon son directeur G rard Vial Ainsi Rouen c est partir d une exposition retra ant avec des documents audiovisuels l volution de la ville depuis 1938 intitul M moire d une ville qui change que le fonds de films amateurs s est enrichi apr s l pisode fondateur dit de Saint Thourien Depuis l institution est reconnue comme tant le centre de ressources audiovisuelles sur Rouen et sa r gion La premi re pr
106. peut s av rer roboratif pour certains amateurs combien dissuad s par la triangulation l gitimante et ce qui de toute mani re aura cr et cr era du lien civil esth tique Enfin ces approches s inscrivent parfaitement dans ce passage des logiques de contemplation et de consommation celles de participation et d engagement que d crit F Raffin lors de son 2057 M Leveratto op cit p 102 110 observation du m lange des disciplines et des styles artistiques au sein des espaces en friche Parmi nos nombreux l ments d enqu te il en est un la galerie Forum St Eustache qui illustrerait au mieux la pertinence du lien civil esth tique comme facteur transcendant les degr s de tutelle institutionnelle que nous venons de constater Il nous para t d autant plus int ressant qu il signale la fois la pr sence du mythe romantique avec ses connotations chr tiennes et la fois une collusion via l institution avec les r quisits les plus tendance du monde de l art En effet au pied de l glise St Eustache l angle de la rue Montmartre une petite galerie pr sente chaque fin de semaine des travaux d tudiants Le P re B n teau cur de la paroisse a souhait mettre un espace inutilis de son glise la disposition de l Ecole Nationale Sup rieure des Beaux Arts en souvenir des nombreux artistes dont il a prononc l oraison fun bre Bien que les
107. photos de Passion d Une femme mari e celle d Anna Karina il y a des trucs bien chez Godard ils sont donc directement coll s dans la vid o qui comme un agenda se transforme en herbier Mais la cueillette constitue galement un acte fondateur de premi re importance Si les l ves pr l vent dans les films utilisent la musique du groupe The Lilac Time ou prennent quelques images d une bande dessin e r alis e par l un d entre eux c est qu ils s accordent pour reconna tre ces choses une valeur hors du commun Ils en parlent en disant que c est puissant que c est bien Citer consiste donc d tourner cette force b n fique son profit Les coll giens agissent comme les enfants qui reproduisent un beau dessin sur papier calque avec le sentiment de gagner en puissance cr atrice Leur geste se confirme lorsque ce mat riau de seconde main leur permet de venir bout des difficult s Comme le bricoleur confront une t che utilise les moyens sa port e pour l accomplir les coll giens com binent ce qu ils copient chez les autres pour pouvoir r aliser leur propre vid o Premier plan de Je me souviens du coll ge Marcel Pagnol le visage au sourire de Perec en voix over on entend une coll gienne Georges Perec voulait crire tout ce qu un homme d aujourd hui peut crire ce vid ogramme est d di sa m moire Perec donateur il a donn le sujet de la vid
108. pour laisser place au surgissement du visiteur h t rog ne et occasionner ainsi peut tre sans doute un lien civil esth tique les conversations allant bon train sur le mode enthousiaste critique ou d ceptif avec des nonc s variant d un je connais ce boulot je l ai vu Berlin au euh elles sont bizarres leurs vid o quoi y se prennent la t te quoi Tandis qu observer un autre exemple d espace alternatif celui ci beaucoup moins connu puisqu il est d une part situ Toulouse et que d autre part il n existe que depuis la fin de l ann e 2000 on d couvre une volont manifeste de se prot ger de tout intrus de quiconque n appartiendrait pas somme toute aux r seaux de l art contemporain En effet ayant install son espace dans une grande boutique du centre ville l initiateur et le conducteur de ce projet Martial Deflacieux prouve le besoin le plus souvent de laisser son rideau de protection m tallique et parfaitement opaque aux trois quarts baiss d courageant ainsi le moindre curieux le b otien comme l amateur d art habitu aux galeries traditionnelles de franchir la porte d un espace o pourtant l Esth tique relationnelle est lue tel un br viaire mais la gestion des publics n est elle pas voqu e dans cet ouvrage Si l on ajoute que ce lieu porte le nom de Volksystem et qu il est ouvert seulement partir de la fin d apr s midi on se dem
109. pouvoirs Anthony Giddens d veloppe l id e que la modernit high modernity ouvre la possibilit de sources d autorit s d multipli es et cr e un probl me des choix construire par rapport des autorit s diff rentes C est dans le processus m me de cr ation que se joue ici la notion de passage d un monde un autre et de travail de son identit personnelle Cette construction identitaire exige par ailleurs de se situer par rapport un environnement et cr er des liens avec d autres et conduit au d veloppement de nouvelles formes de liens Du groupe la reconnaissance sociale une esth tique du lien Le lien qui unit les membres du groupe de coll giens lors de la r alisation marque fortement ces jeunes qui en parlent pendant de nombreux mois Selon le sociologue Michel Maffesoli le sentiment esth tique est marqu comme sentiment collectif fondateur de lien L motionnel en la mati re se fonde sur les sentiments communs l exp rience partag e le v cu collectif le fait d prouver quelque chose ensemble devient facteur de socialisation et cette logique de l tre ensemble renvoie cet assentiment la vie dont nous parlions plus haut Souvent dans les f tes ce qui est beau c est la c r monie qui marque m me s il n y a pas cr ation d uvre car cette ph m rit du moment de cr ation augmente son intensit et si de nombreux rushes son
110. pp 456 483 39 la photographie de l ancienne principale adjointe associ e Je me souviens de M Victor ne produit qu une illustration La deuxi me solution exige trop de temps et beaucoup de travail Le d tour par la sc narisation va galement contre ce qui avait t si difficile obtenir au moment de l criture le caract re mat et collectif du souvenir Les l ves pr voient les disparit s qui favoriseront l lection de certaines productions au d triment des autres A leurs yeux toute mont e en singularit met en p ril la condition commune le clip ne fait valoir aucune identit aucun lien d appartenance or ils ne peuvent pas ne pas tre en commun La vid o n admet pas de manifestations individuelles tapageuses Les deux solutions appellent un double commentaire D abord apparaissent naturellement des formes connues la vibration du clip et la fluidit de l image num rique M6 s est impos e comme cha ne musicale aupr s des adolescents Mais qui a tu Roger Rabbit conna t alors une excellente seconde exploitation en dition vid o et Terminator 2 cit dans la vid o Je me souviens que la plupart d entre nous portaient des joggings m me en dehors des heures de sport la pr f rence allait vers le mod le Terminator triomphe dans les salles de cin mas Ensuite merge une figure qu on peut d signer comme un plan portrait Le r gime perceptif des l ves est inf
111. pr sentation de leurs travaux et sont la recherche d un public aussi r duit soit il Par del cette banalit des interrogations surgissent propos de l investissement en tous les sens que peut prendre ce terme esth tique politique conomique sociologique etc dont font preuve les protagonistes r alisateurs ou spectateurs de ces v nements culturels de la sph re priv e en particulier de la sc ne alternative en g n ral Ayant travaill sous le mandat d une ethnologie de la relation esth tique nous avons bien entendu privil gi dans notre enqu te l approche esth tique Toutefois l esth tique constitue un champ de recherche particuli rement vaste voire poreux une science carrefour qui mobilise beaucoup d autres approches et savoirs connexes Alors tout de suite quelques pr cisions Axes et cadres th oriques de la recherche Puisque les termes esth tique et art suscitent toujours des controverses interminablement f condes et qu ils sont devenus les mots valises que l on sait il convient d entr e de r flexion de pr ciser peu ou prou quelles acceptions desdits termes on renvoie Nous comprendrons ici le terme art en tant que r sultat tangible d une conduite ou d un savoir faire esth tique ce r sultat pouvant prendre soit une forme objectale une pi ce sinon une uvre soit une forme sociale action comportement attitude Nous en
112. press 1998 Le Film de famille usage priv usage public Roger Odin sous la direction M ridiens Klincksieck 1995 Theorizing documentary Routledge Inc 1993 Brochure des tats g n raux de Lussas Ao t 1996 FILMOGRAPHIE La classification propos e est une filmographie large comportant les productions qui nous aid es r aliser ce travail sans qu elles soient forc ment cit es dans notre tude Productions sur la gr ve de 1995 CAMI Daniel Gr ve des cheminots d Orl ans Les Aubrais Cami 1996 CGT Saint Etienne Les Cheminots de Saint Etienne CGT 1996 FREMONT Pierre Les voix du rail Fr mont 1996 LE FOI Yann Rue de la gare toi Jupp Le Fol 1996 MONTLUCON anonyme Gr ve 12 95 1995 NARBONNE anonyme Gr ve jupette nov 95 1996 RAYNAL Michel Lutte des cheminots du Lot et de l Aveyron en gr ve Comit tablissement SNCF Midi Pyr n es 1996 Productions amateurs ant rieures 1995 Document anonyme Paris 1947 Vid oth que de Paris Gr ves d occupations r alisation anonyme 1933 Vid oth que de Paris Gr ves d occupations r alisation anonyme 1936 Vid oth que de Paris Georges P choux Club des amateurs cin astes de France 1936 Vid oth que de Paris La longue marche du collectif Anonyme 1979 Vid oth que de Paris Productions professionnelles sur la gr ve de 1995 CHILOWICZ Fran ois et ROY Lekus Demain la gr ve Plan te 1996
113. qu ils auront plus tard Ils sortent donc d un tat de pr sence pour entrer dans un tat de pr futur Ainsi quand ils commencent photographier et filmer ils s orientent d apr s des crit res futurs et peuvent penser ici cela aura t beau Ainsi au lieu de fixer la pr sence dans l instant le film de famille construit pour le futur un tat qui sera prouv comme beau Le film de famille est une tentative d sesp r e de lutter contre le court hasardeux de la vie et son lot de laideurs et de mis res c est une sorte de talisman destin garantir la beaut du monde en bref une production proprement magique Le film de famille c est sacr 67 Hubert Damish Le jugement de Paris p 18 cit par J Aumont De l esth tique au pr sent De Boeck 1998 p 84 68 Karl Sierek C est beau ici Se regarder voir dans le film de famille in Le film de famille d cit p 63 78 69 R Musil Hier ist es sch n in Prosa un Str ck Reinbek 1978 p 523 cit par K Sierek p 75 76 2T Le film je veux dire l objet mat riel les pellicules les bobines est le r ceptacle de cette vertu magique On con oit dans ces conditions que les films de famille apparaissent comme un tr sor qu il convient absolument de prot ger Certains vont jusqu louer des coffres dans des banques pour tre bien certain qu on ne les leur volera pas La plupart h sitent les projeter car le film de famille est un
114. que de Saint Etienne tandis que d autres n ont pu que d velopper jusqu pr sent que des collections en voie de constitution Centre Audiovisuel d Alsace ou Cin math ques des Pays de Savoie Ces institutions ne sont pas identifi es uniquement par rapport la cat gorie cin math que dont la d finition et l usage ne sont pas rigidement r glement s par le CNC Ainsi on recense aussi bien des associations de loi 1901 cr es pour collecter tout ce qui concerne une r gion que des services d archives territoriales Certaines d entre elles sont membres d une F d ration des Cin math ques et Archives de France FCAFF cr e en 1995 ainsi que de la F d ration Internationale des Archives du Film FIAF telle la Cin math que de Bretagne membre associ depuis 1993 Ces stuctures ont longtemps t m connues leur sujet ont t dit es des monographies consacr es telle ou telle institution ou livrant un inventaire des telles sources audiovisuelles Mais aucun de ces ouvrages ne propose v ritablement une tude la fois descriptive du fonctionnement de ces 242De 10 pour la M moire de Bordeaux plus de 10000 pour la Cin math que de Bretagne 243 I s agit des institutions suivantes Association pour la Recherche l Image et le Son Montpellier Centre Audiovisuel r gional d Alsace Selestat Cin math que de Bretagne Brest Rennes Vannes Cin math que de Charente Maritime
115. que le commentaire scolaire m me s il banalise consid re toujours un auteur partir du r gime de singularit Voir Pierre Bourdieu M ditations pascaliennes coll Liber Le Seuil Paris 1997 pp 101 109 92 7 espace litt raire Gallimard Paris 1955 r d coll Folio Essais n 89 35 Enfin la derni re d termination aussi forte que les deux autres sinon plus tient l image de soi qu on donne Elle s enracine dans une exp rience que fait chaque l ve son corps d fendant au d but de l ann e le passage devant le photographe Apr s la photo de classe on se range par ordre alphab tique et on attend chacun son tour Un tabouret marque la place Sous le regard des autres on va s asseoir en face du photographe L axe de l appareil fix sur pied d termine la position du corps Le temps mesur doit tre sans d faut Il ne s agit pas de tra ner quand toutes les classes doivent passer dans la matin e L acte de photographier ces adolescents est une minuscule et m ticuleuse proc dure d assujettissement qui exige de la technique et une machinerie Les l ves y r pondent en tant dociles car ils l acceptent comme une fatalit Aucune grimace de leur part aucun geste tactique pour se prot ger Ils restent soumis une double contrainte donner une bonne image d eux m mes et r pondre aux exigences de l op rateur Immobiles sur le tabouret tr s peu parviennent
116. quel mat riel prendre pourquoi etc Il est toutefois utile de pr ciser que le quartier est habit pour une grande part par des personnes de profession artistique l aff t de terrains de cr ativit Pour la majeure partie des int ress s l enjeu est d acqu rir un savoir faire en vid o ou de d velopper des projets novateurs Les partenaires associatifs voient en T l montmartre comme un vecteur d information et lui font appel pour couvrir les v nements Mais la t l vision fonctionnant essentiellement sur le b n volat il est difficile de r pondre la demande C est cette limite l qui est la n tre qui ne peut tre d pass e que si les partenaires potentiels franchissent un cap qui est de ne plus nous consid rer comme un m dia comme les autres mais effectivement comme une t l vision citoyenne et comprennent bien notre slogan qui est T l montmartre faites la vous m me Le centre d animation est g r par l association Paris environnement jeunesse T l montmartre est une association de fait ce n est pas une association d clar e puisque les membres de T l montmartre ont acc s un fonctionnement d mocratique Les financements ne proviennent pas de recettes publicitaires Nous sommes une t l vision qui a vocation tre subventionn e D o le statut associatif mais nous souhaitons rester en dehors d une municipalisation Toutefois le centre vit 90 gr ce
117. r gions les plus traditionnelles de France c est en premier lieu son uvre celle qu apr s bien des p rip ties sa pers v rance et sa passion pour le recensement la conservation et la promotion des films amateurs de sa r gion aboutissent faire vivre 1993 est l ann e du premier d collage avec l embauche de ses premiers salari s bien qu il ait d j vu en 1991 appara tre le premier indice du soutien progressif des lus politiques de la r gion D abord d origine individuelle et artisanale puis d passant le cadre d une simple collection de films pour devenir progressivement une association de plus en plus reconnue cette cin math que deviendra un mod le dans le r seau des cin math ques r gionales fran aises Elle servira aussi couramment de r f rence au del m me des fronti res tant en ce qui concerne la collecte et la commercialisation des images d archives d origine amateur qu en tout ce qui rel ve de la valorisation des images patrimoniales li es l identit d une r gion Tous les ingr dients taient r unis pour que Elle connaissait ces derni res ann es un d veloppement exponentiel avec l implantation de ses quatre antennes locales l organisation de spectacles de films amateurs sur les cinq d partements de la r gion un fond de 14 500 films dont la moiti en films amateurs le reste tant constitu de films professionnels une collecte de 1500
118. rythme est social il d coupe le quotidien y introduit de la r gularit des r p titions une p riodicit Il est li un ordre qui partir d une segmentation aboutit la distribution des heures et des lieux Lieux et dur es sont d finis par les mati res enseign es Le cours d EPS par exemple exige deux heures au gymnase et l anglais une heure en salle 15 parce qu elle est quip e d une t l vision d un magn toscope d un magn tophone d une armoire o sont rang es les bandes audio et vid o Mais les zones propres sont galement distribu es selon des contrats tacites tablis entre les usagers Voil la salle 9 d di e Madame D pilier de l tablissement qui s y trouve bien et ne travaille pas le vendredi depuis des ann es La salle a t con ue par l architecte pour les arts plastiques M D y enseigne les math matiques n anmoins puisque sa coll gue et les 115 Monsieur C est alors un enseignant tr s actif de l tablissement qui s int resse la vid o et participe au projet des l ves il assure la maintenance du mat riel et encadre certaines sorties 116 Pour Michel de Certeau le lieu est fond sur le principe d univocit Est un lieu l ordre quel qu il soit selon lequel des l ments sont distribu s dans des rapports de coexistence S y trouve donc exclue la possibilit pour deux choses d tre la m me place La loi du propr
119. s exprimer leur militantisme Loin des discours militants organis s des formations politiques les films diffusent un discours militant original compos d une ambiance sonore marqu e id ologiquement accompagn e de textes film s en forme de clins d il militants Donner la parole ceux qui elle tait refus e En filmant un sujet politique les gr vistes cin astes ont alors apport leur t moignage sur leur lutte sociale en nous en donnant un aper u plus ou moins distinct de leur engagement Mais la grande force militante de ces films ne se trouvent pas l c est la place m me occup e par les cin astes qui donne un statut de film militant leur production Le film comme une arme au service des masses titraient les cahiers du cin ma d alors est un des leitmotivs du cin ma militant de 68 slogan r alis 27 ans plus tard Les gr vistes se sont eux m mes donner la parole par l acte de filmer et par l rejoignent les r ves les plus chers des groupes militants de 68 L aspect militant de ses films tient en effet dans l initiative des gr vistes eux m mes sans que personne ne vienne leur apprendre ni leur demander de filmer des acteurs d un v nement politique filment eux m mes leur mouvement Et c est donc en se donnant la parole eux m mes que les gr vistes effectuaient leur plus bel acte militant 85 2 Un air de film documentaire La programmation des films amateurs dans le s m
120. s trois portraits L exp rience que chacun fait d tre tour tour filmeur et film l autorise reconna tre chez les autres des gestes semblables aux siens si bien qu il peut comprendre les initiatives prises par l quipe technique et se laisser diriger Les proc dures sont immuables A l endroit d cid le cam raman dispose la personne ensuite il choisit langle cadre enregistre un bout d essai qu elle regarde son tour dans l illeton du camescope Son approbation obtenue la petite quipe commence tourner Il arrive que certains reviennent sur leur d cision en examinant les prises sur le moniteur l image plus grande la d couverte des couleurs ou simplement un peu de temps pass les font changer d avis Dans ce cas il faut repartir filmer Si le tournage s appuie sans exception sur ce qui niv le les diff rences c est toujours pour revenir aux traits singuliers car chaque visage appelle n cessairement des solutions uniques Un exemple parmi d autres l l ve est petit menu surtout il a une peau tr s claire et les cheveux blonds Ce jour l il porte un sweat shirt outremer Et ce qu il doit dire Je me souviens qu en 6 j ai gliss sur une marche du forum j ai saign du nez J ai t l infirmerie o Monsieur Despr m a mis du coton dans les narines risque de pr cipiter sa transformation en petit tre ch tif d une p leur g nante qui manque de sant
121. sa cin math que Des gens de l ext rieur sans tre de l ext rieur En 1992 Monsieur G cherchait des locaux pour agrandir son activit Une nouvelle m diath que tant en train d tre construite dans la ville la municipalit propose l installation de la biblioth que municipale et de la cin math que dans ce nouvel espace commun En octobre 1993 c est l ouverture Au d part les deux structures sont autonomes 152 bien que toute leur logistique soit commune mais tr s vite bien que la cin math que garde son autonomie budget lien avec le CNC appellation il y aura une r organisation compl te des services et le red ploiement du personnel mis en commun Pour le public les appellations vid oth ques cin math ques biblioth ques m diath ques sont bien secondaires La cin math que constitue donc le d partement audiovisuel de la m diath que Et l activit a un tel d veloppement qu on utilise le vocable d ancienne cin math que pour parler de la cin math que d avant 1993 En m me temps en 1991 1992 le maire et les politiques voulant faire du moderne d cident sans consulter Monsieur G l achat d un automate robot destin au visionnage automatique de films l attention du public Question pour eux de prestige L ouverture au public de ce robot se fera en 1995 avec deux postes de visionnage Cette op ration mise ensuite sous la responsa
122. salon Des enfants passent et repassent un chien f brile suit on ne sait quelle piste passant et repassant lui aussi entre les jambes des futurs spectateurs On peut lever les yeux sur des toiles accroch es des cimaises incertaines et le tout laisse l impression d un laisser aller plut t bonhomme jusqu au d but de la 112 projection Car deux clientes fuient le salon pour rejoindre le bar visiblement exc d es peine le moniteur mis en marche syndrome TV sans doute alors que l on vient au caf pour l viter Celles et ceux qui restent ont droit une vid o tapageuse et hyst rique Kissy Suzuki Suck d Alison Murray dont la bande son house contrebalance efficacement la musique trip hop diffus e dans la partie caf o le bruit des conversations contamine les rares moments calmes de la vid o Une programmation de vid o l nergie aux bandes son puissantes nous para t d s lors in vitable ce qui nous sera confirm plus tard par les responsables de Transat vid o Qui sont ces derniers qu est ce que Transat vid o Dirig e par Brent Klinkum et son assistant Luc Brou Transat vid o est une institution tatique une association subventionn e 70 par le Conseil R gional 20 par la DRAC et les 10 restant seront pour nous un myst re Son mandat est local sa mission double il s agit pour elle la fois de recenser ce qui se fait et la fois d
123. selon laquelle nous sommes plut t les portraits d une collectivit que de nous m mes Les l ves sont d us Au d part ils s taient engag s dans la r alisation pour accro tre la puissance du je seulement le r sultat emporte chacun et l absorbe Une nouvelle fois chaque individu est confront l irr alisable comme si filmer l infra ordinaire retirait la capacit de r sister ce qui norme ou usage agit de l ext rieur pour homog n iser L impression des l ves croise celle d Henri Michaux lorsqu il saisit l expression des personnages dans un dessin d ali n Ils sont trois dans le tableau De face debout rang s Homme femme enfant M me cou m mes mains m me pause M me expression d charg s de toute personnalit vid s de la particularit d tre une personne Ainsi les peignit l homme la vie intercept e indiff renci s La vari t du sentir perdue pour lui perdue pour tous Aucune f minit dans la femme aucune enfance dans l enfant La femme ne pr sente aucune diff rence de taille et la t te strictement gale pourrait aussi bien tre pos e sur les paules de l homme sans qu on remarque la substitution Le petit entre eux deux sauf sa petitesse ne montre pas d autre diff rence Groupe familial Mais il n a pu vaincre l invariabilit install e en lui dont il donne la marque tout tre qu il peindra dor navant 124
124. sentes chez le cin aste familial Quant la lecture des figures du mal fait propos e par M Thevoz elle est radicalement ext rieure au projet artistique de l artiste na f il s agit de la lecture d un critique d art qui valorise des l ments de l uvre que l artiste n a nullement voulus des rat s Bien videmment une telle lecture est galement possible sur un film de famille je peux voir un film de famille en prenant plaisir la qualit plastique des rat s de l image trembl s flous fil s etc ou comme Marc Ferniot en me laissant fasciner par le d roulement hasardeux des plans On peut appeler esth tique ce mode de lecture On soulignera toutefois que le terme esth tique a ici un sens diff rent de celui donn au d but de cette r flexion il ne renvoie plus une r flexion sur l art mais la volont de tirer plaisir des propri t s formelles de ce que l on regarde ind pendamment de leur caract re intentionnel ou non intentionnel Cette lecture esth tique ne dit d ailleurs pas que le film de famille est esth tique tout objet peut relever d une telle lecture et elle ne nous apprend rien non plus sur le fonctionnement esth tique du film de famille dans son contexte propre elle est prof r e par quelqu un qui ne se positionne pas en membre de la famille mais en esth te Art brut et monde de l art 43 Michel Thevoz L art brut SKIRA 1981 r dition 1995 p 87 44 Marc Fernio
125. sur une fiche documentaire le r sum suivant Vente ambulante des glaces Martinez travers la ville de Rouen en reconstruction au moyen de diff rents v hicules triporteur motoris transport main Vente sur une f te foraine place Saint Vivien attente par deux enfants face la piscine Gambetta Les noms de lieux les noms propres des personnes la th matique des v hicules professionnels sont notifi s afin d orienter une lecture en termes de documents sur l histoire de la ville et de ses commerces artisanaux On y voit surtout un mari filmant fi rement sa famille sa femme au travail dans des v hicules certes de plus en plus modernes et des locaux de plus en plus luxueux Pourquoi tout conserver Il est noter enfin que les documentalistes appartiennent tout autre g n ration les trentenaires que celle des fondateurs les quinquas Ce sont des professionnels de la documentation informatis e ayant suivi des formations sp cialis es autour des archives audiovisuelles l Institut National de l Audiovisuel INA notamment Mais l aspect hautement technique du traitement documentaire des films amateurs ne doit pas masquer les interrogations plus substantielles qui ponctuent le travail d archivage quotidien C est le cas notamment de la documentaliste de Saint Etienne form e l INA D couvrant ce continent cin matographique constitu par le cin ma amateur elle se d
126. t Ce travail fait penser aux d marches d appropriation d velopp es par certains artistes simulationnistes comme Sherrie Levine ou encore Cindy Sherman dans sa collection de Portraits Historiques Ils utilisent des images comme mat riau de cr ation et c est l acte de transformation de ces images qui est ici fondamental 162 Debray R gis Vie et mort de l image Gallimard Paris 1992 p 33 163 Virilio Paul Esth tique de la disparition Galil e Paris p 23 Cette m tamorphose des mati res et des corps semble remplir une fonction cathartique Certaines s quences sont impressionnantes et dignes des s ances de happening ou des performances inspir s du Body Art tant le corps est investi comme mat riau parmi d autres A EZ ils apportent l atelier de la terre de la farine et des mat riaux divers Des id es de mise en sc ne surgissent des situations qui peuvent se rejouer se r p ter sans qu il y ait ni lassitude ni ridicule et qui renvoient des jeux propres la petite enfance p trissage de terre jeux d eau et de sable etc La cam ra est fixe pos e sur un pied tel un tiers neutre qui voit enregistre et se tait comme un il t moin Ces images rushs ne sont jamais utilis es Elles sont visionn es dans l exub rance puis oubli es pour en refaire d autres l identique la s ance suivante En voici quelques exemples confection de colombins tr s proche du scatologique ou carr me
127. termine r p ter inlassablement chaque le on cette s rie d actes sans en omettre aucun avec la m me insistance inexorable et p dantesque pour les faire r p ter ensuite par les l ves S il demeure ainsi fid le la tradition c est parce qu il sait par exp rience que les travaux de mise en train de l uvre ont pour effet d engendrer l tat favorable la cr ation artistique C est au calme m ditatif dans lequel il les ex cute qu il doit cette d contraction et l influence d cisive de l harmonisation de toutes ses puissances Pendant sa pr paration le peintre chemine lentement vers la cr ation Sa d marche est l oppos d une attaque volontaire o partant d un moment inaugural l on cherche s imposer comme sujet d action S il n glige le moindre geste le peintre risque de 117 Le mouvement est en contradiction avec le lieu il cr e des espaces c est dire des lieux pratiqu s selon la d finition qu en donne Michel de Certeau Il y a espace d s qu on prend en consid ration des vecteurs de direction des quantit s de vitesse et la variable du temps L espace est un croisement de mobiles Il est en quelque sorte anim par l ensemble des mouvements qui s y d ploient Est espace l effet produit par les op rations qui l orientent le circonstancient le temporalisent et l am nent fonctionner en unit polyvalente des programmes conflictue
128. tout comme les photos ensevelies sous le drap qu ils d chirent pour les d couvrir Dans Esth tique de la Disparition Paul Virilio crit L un des troubles les plus r pandus de la pubert c est la d couverte par l adolescent de son propre corps comme trange tranger d couverte ressentie comme une mutilation une cause de d sespoir Puis un peu plus loin C est aussi d sormais l utilisation intemp rante de proth ses techniques de m diation La mise en sc ne de leur angoisse en traitant leur corps d adolescents en pleine transformation comme un mat riau parmi d autres s quences d ensevelissement dans l argile rappelle aussi leur go t pour les films d horreur La recherche dans la cr ation des lois de l quilibre d un ventuel ordre d une respiration commune s quences de chutes des d cors jeux de construction manipulations rythm es de mat riaux divers etc l utilisation des effets les d placements dans le cadre de l cran sont peut tre galement du m me ordre ils se penchent chacun leur tour sur la machine pour prouver le m me plaisir la m me angoisse le m me vertige qui peut les tenir sans probl me trois heures d affil e pour faire la m me chose que ce que les autres ont fait avant eux Les s quences sont souvent reprises comme un mat riau global sur lequel ils essaient diff rents proc d s diff rentes manipulations jusqu sati
129. un r le important en France Ce r le est relativis dans les repr sentations t l visuelles car il est ax surtout sur les difficult s des victimes de la gr ve les usagers En se faisant h ros de leurs propres r cits ils sont plus s rs de r pandre leur r alit et de livrer une expression en marge comme les cin astes militants ont exprim 27 ans plus t t Un discours militant Si le cin ma s est d sint ress du mouvement de 95 aucun cin aste connu n est venu tourner seule Dominique Cabrera se servira plus tard de ce mouvement comme d cor un film les productions audiovisuelles furent in galement au rendez vous Assez loign s des vis es politiques de leurs anciens les cin astes documentaristes ont souvent laiss la parole des acteurs du mouvement s exprimer permettant la diffusion et l explication de leur engagement politique Le gr viste cin aste ouvre quant lui le champ l expression des maints discours celles des individus celle du groupe celle des institutions qui mergent de l v nement et forment dans les vid os un propos militant La parole militante Les r alisateurs des documentaires s ils ont chapp la narration d pass e et autoritaire de la voix off ont bien souvent d l gu leurs voix en se retranchant derri re les v nements ou les personnages Par exemple la narration de Chemin de traverse est construite autour de l interview des gr vistes et celle de Demain
130. visait 145 casser en petits morceaux l association de Monsieur C avec sa cin math que pour mettre des gens ou des choses eux qu ils tiendraient leurs mains Le Conseil R gional de gauche souhaitait lui aujourd hui r aliser l unit des structures en fait pour mieux les ma triser En un mot quel que soit le cas de figure prendre la main C est ce qui vient de se passer L unit entre ces deux associations vient de se r aliser par la d cision du Conseil R gional de constituer dans la r gion un P le Image avec son inscription dans le prochain contrat Plan Etat R gion comme une de ses priorit s Dans ce P le rentrent PARC et l association de Monsieur C Le Conseil R gional confie la responsable de l ARC depuis trois ans jeune femme de 35 ans le soin de diriger ce P le Le rapport de force est des plus rudes entre Monsieur C et le Conseil R gional dans cette ultime confrontation Avec une grande volont et beaucoup de d termination Monsieur C met tout son poids pour faire entendre qu il veut int grer sa structure telle qu elle est dans le P le avec ses douze salari s ses vingt cinq ans d exp rience derri re elle et souhaite voir tout le reste se mettre en place autour de a Je ne veux pas l cher ni n importe comment ni n importe quoi fusionner oui mais condition que l esprit demeure savoir inscrire la priorit l ducatif et au culturel dans les sta
131. 4 Si le spectateur est au fond captiv par ses d m l s avec la Loi il est clair qu il se rend au cin ma dans l espoir illusoire d obtenir quelques pr cisions leur sujet Serceau D Le d sir de fictions edts Dis voir Paris 1987 p 53 64 Ces trois exp riences ont un point commun avoir pour base une formation audiovisuelle dans le cadre des ateliers ou des options de pratique artistique des coll ges ou de lyc e mais ont volu diff remment L observation des conduites esth tiques lors de la cr ation des moments d valuation et les caract ristiques des productions nous ont conduit orienter notre enqu te en nous int ressant aux questions suivantes la question du contexte de production quel regard donne le contexte scolaire ou associatif l environnement politique et urbain la question des mod les quels sont les mod les artistiques ou culturels ou audiovisuels r investis peinture photo cin ma t l vision et comment sont ils r investis le rapport aux autres soi au monde l exp rience esth tique est elle cr atrice d un lien quelles mises en sc ne des corps r gles dans le groupe besoins de reconnaissance permettent le partage d motions esth tiques la notion de projet quels sont les objectifs suivis par les institutions et les jeunes amateurs sont ils toujours en coh rence Il s agit aussi de s interroger globalement sur les enjeux culturels e
132. 97 Bresson B Notes sur le cin matographe Gallimard Paris 1975 Caillois R L criture des pierres Skira 1970 repris in Champs Fammarion Caune J Esth tique de la communication Que sais je PUF 1997 Caune J Pour une thique de la m diation Le sens des pratiques culturelles Pug 1999 Cauquelin A L art du lieu commun coll La couleur des id es Le Seuil Paris 1999 194 Coyaud M Fourmis sans ombre Le livre du ha ku Ph bus Paris 1978 Cheng F Vide et plein Le langage pictural chinois Le Seuil Paris 1979 r d coll Points 1991 Chion M La Voix au cin ma Le Son au cin ma La Toile trou e Editions de l toile Cahiers du cin ma 1988 Chion M L Audio Vision Edition Nathan Paris 1990 Colleyn J P Le Regard documentaire Editions Centre Georges Pompidou 1993 Colleu A Vingt ans de travail pour une cin math que r gionale in Jubilee book Rencontres autour des In dits Essays on amateur film AEI 1997 Colin B Action culturelle dans les quartiers Enjeux et m thodes Culture et proximit Ed Opale octobre 1998 Davallon J Le patrimoine une filiation invers e in Espaces Temps Transmettre aujourd hui Retours vers le futur n 74 75 2000 Debray R Vie et mort de l image Gallimard 1992 Dewey J Art as experience vol 10 Late works of John Dewey Southern Illinois University Press 1987 De Certeau M L invention du quotidien 1 Arts d
133. 97 Journot M T Le film de famille dans le film de fiction La famille restaur e in Le film de famille d cit p 147 162 Jullien F Proc s ou cr ation coll Des travaux Le Seuil Paris 1989 Jullien F Eloge de la fadeur A partir de la pens e et de l esth tique chinoise ditions Philippe Picquier Paris 1991 Juiller L L cran post moderne Un cin ma de l allusion et de l artifice L Harmattan Paris 1997 Halbawchs M La m moire collective Albin Michel dition revue par G rard Namer 1997 Hartje H Magn B Neefs J La Vie mode d emploi cahier des charges coll Manuscrits CNRS Zulma Paris 1993 Herrigel E Le Zen dans l art chevaleresque du tir l arc 1953 r dit chez Dervy Livres Paris 1970 Hegel G W F Introduction l esth tique le beau Flammarion 1979 Hennebelle G Cin ma militant Cin ma d aujourd hui 1976 Cin maction n 5 et n 6 section n IL Hume D Essais esth tiques Paris GF Flammarion 2000 Kaufmann JC L entretien compr hensif Nathan Universit coll 128 1996 von Kleist H Sur le th tre de marionnettes 1810 ditions Mille et une nuits septembre 1993 Lamizet B La m diation culturelle L Harmattan Paris 1999 Leblanc G rard Sc narios du r el Tome 1 et 2 L Harmattan Leroi Gourhan A Le Geste et la parole 2 vol Albin Michel 1965 Lejeune Philippe Cin ma et autobiographie probl me de vocabulaire
134. 997 charcutier traiteur de tendance politique RPR et actuel vice pr sident du Conseil R gional il d sire professionnaliser la cin math que et veut une mont e en puissance sur quelques mois avec des objectifs d finir de part et d autre Il demande au personnel un objectif d excellence auquel il doit tendre afin d obtenir la reconnaissance souhait e et un effort d adaptation et de formation bas sur des valuations individuelles men es par la direction Il assure l absence de tout licenciement le directeur Monsieur A il s est toujours battu pour que sa cin math que d passe la notion de cin math que r gionale et vise un cr neau de reconnaissance nationale et internationale Sa d marche vise ce moment l davantage obtenir les subventions de la R gion et du Centre National du Cin ma Paris pour continuer ce d veloppement que de faire voluer la situation du personnel Il est fortement mis en cause par les salari s car il ne prend pas parti pour eux mais se range du c t du pr sident de la cin math que Je n ai pas fait barrage ils se sont vus l ch s le directeur administratif il est pr sent comme la b te noire du personnel Il dispara t pendant le conflit le conseil d administration il refuse l unanimit de cautionner la signature du directeur Monsieur A dans la lettre qu il a r dig derni rement avec ses sa
135. Aigrefeuille Cin math que de Corse Porto Vecchio Cin math que de Grenoble Cin math que de Marseille Marseille Cin math que de Nice Nice Cin math que de Toulouse Toulouse Cin math que Municipale de Saint Etienne Saint Etienne Cin math que de Vend e La Roche sur Yon Cin math que des Pays de Loire Saint Barthelemy d Anjou Conservatoire r gional de l Image de Lorraine Nancy M moire Audiovisuelle de Haute Normandie Rouen M moire de Bordeaux Bordeaux M moire de la Dr me Valence Forum des images de Paris Paris Cin math que des pays de savoie Rumilly 155 institutions et analytique c est dire tentant de comprendre les enjeux sociaux et culturels li s la conservation de films d amateurs dans les cin math ques r gionales comme nous voudrions le proposer dans cette tude Ce faisant nous montrerons en quoi les cin math ques r gionales constituent des terrains d enqu te f cond pour documenter une modalit de passage l esth tique et pointerons quelles nouvelles significations sont conf r es aux films amateurs et quels types de reconnaissance ils acc dent Notre enqu te se d cline comme un parcours de sens au cours duquel depuis le d p t dans un centre d archives hors du cercle familial jusqu sa cons cration comme tr sor des cin math ques lors de sa projection dans une salle de cin ma un film de famille est tour tour t
136. Bretagne r gion qui se vend bien selon les termes de son fondateur Andr Colleu Ce dernier a commenc lui par proc der un inventaire de la production audiovisuelle en Bretagne autour d une th matique r gionale mer agriculture histoire ethnologie Plus de 400 films inventori s alors de tous formats amateurs ou professionnels ont t d crits et analys s dans L Album panorama de l audiovisuel en Bretagne en 1985 publication constituant l acte fondateur de l dification de la Cin math que de Bretagne C La patrimonialisation l uvre du film de famille l archive audiovisuelle priv e entre m moire et histoire A travers l ensemble des films amateurs conserv s pour leur th matique r gionale les responsables de ces institutions se donnent donc comme mission de reconstituer une m moire locale de documenter la vie d une r gion ou d une ville travers de tels images D apr s leurs discours le film amateur est donc toujours assimil un document et une archive cens s d cliner l histoire du point de vue d une histoire v cue de la m moire et par l partie prenante du patrimoine d une r gion Il nous a sembl que de tels propos explicitaient le contexte au plan de la conscience historique nationale des enjeux de la patrimonialisation des films amateurs op r e par les cin math ques r gionales La discussion de ce contexte nous permettra d exposer ce processus patrimonial
137. Collectionneurs amateurs et curieux Paris Venise XVI XVITI me si cle Gallimard 1987 p 42 Les reliques les offrandes les tr sors princiers appartiennent cette cat gorie de m me les collections et mus es priv s qui peuvent se d finir comme un ensemble d objets naturels ou artificiels maintenus temporairement ou d finitivement hors du circuit d activit s conomiques soumis une protection sp ciale dans un lieu clos am nag cet effet et expos s au regard K Pomian op cit p 18 Mais il arrive que des objets sans utilit ni signification consid r s comme des d chets acc dent eux aussi au statut de s miophores Pour cela il est n cessaire qu un nouveau rapport l invisible m diatise cette transformation comme cela se produisit pour les vestiges de l Antiquit qui la deuxi me moiti du XIV me si cle b n fici rent d un changement d attitude l gard de l invisible K Pomian op cit p 47 268K Pomian Les archives Du Tr sor des chartes au Caran in Les lieux de m moire II La France 3 De l archive l embl me Gallimard 1992 p 167 269 K Pomian Ibid p 170 270 K Pomian Ibid p 171 271 K Pomian Ibid p 176 162 ou collectif sans m moire peut clairer lui aussi de fa on d cisive la nature historique de telles archives audiovisuelles priv es Voici en effet comment l historien d finit une telle m moire collective si la m moire collectiv
138. E qui loin de l agitation des assembl es g n rales nous introduit au c ur des pens es des gr vistes Signalons un autre genre de travail avec le film Gare sans train r alis par deux sociologues sous l gide du CNRS audiovisuel Tout comme l avait demand la CGT en 1968 la f d ration CGT des cheminots commande un film F Danger dont le projet est de suivre Bernard Thibaut secr taire g n ral de cette m me f d ration ce qui donne un film de 19 minutes sur le r le du syndicat pendant les luttes titr Tous ensemble tous ensemble Il y a aussi Un hiver chaud un document brut seul film de cin ma puisqu il est en super 16 mm pr sent comme un simple t moignage et produit par Kinok film Aux c t s des films professionnels les films des gr vistes alimentent les d bats Dans quel genre peut on les cataloguer Appartiennent ils au genre documentaire celui du cin ma militant ou celui du film de famille De prime abord leur esth tique n est pas tr s claire et ils semblent emprunter des figures stylistiques chacun des genres cit s 81 1 Un air film militant A Lussas le s minaire D cembre en ao t cherchait revenir sur les v nements politiques de d cembre 1995 en proposant une s lection de films relatifs la grande gr ve hivernale Cette s lection relan ait le d bat sur les relations qu entretient le cin ma avec la politique questions soulev es davantage et de mani
139. Equipe de recherche interuniversitaire sur le cin ma priv Paris 3 IRCAV Lille 3 GERICO ESTHETIQUES ORDINAIRES DU CINEMA ET DE L AUDIOVISUEL SOMMAIRE INTRODUCTION Des pratiques audiovisuelles amateurs aux esth tiques ordinaires du cin ma et de l audiovisuel Laurence Allard p 3 PASSAGES A L ESTHETIQUE I DE LA SPHERE ESTHETIQUE AU MONDE DE LA VIE Esth tique et film de famille Roger Odin ssssssss p 15 En passant par P rec Bernard Weidman s p 30 Approche d une esth tique de l image chez dej unes r dlisuteuks de vid o amateur du Nord de la France Mich le Gellereau et Roselyne A ramMm vicihs siseses sssseesss led eat data ea nd er e de a TE ln p 58 PASSAGES A l ESTHETIQUE II LES ESPACES CULTURELS ASSOCIATIFS ET LE LIEN CIVIL ESTHETIQUE Le cin ma gr viste naissance d une nouvelle esth tique Muriel Beltramo J s scies rseseatireenesrensremudienrecactin di reed Eea ea p 80 Amateurs et lieux alternatifs Marc Ferniot sssssssssssssosse Susan daim branle p 100 Espaces de diffusion et enjeux spectatoriels Lise Gantheret en E E tan EN T p 121 PASSAGES A l ESTHETIQUE III LES CINEMATHEQUES REGIONALES La grande famille du cin ma d amateur que d histoires Claire Givry 151 5 D DUR PAPER NENNER RAR EEE Sen esco eaS Eor EE STENE ee p 139 Cin math ques r gionales et film amateu
140. GE DU P RE La r gion est jeune et de cr ation r cente suite la loi de d centralisation de 1981 Avec les deux d partements qui la compose elle figure parmi les deux plus petites r gions fran aises en superficie minimisant ainsi les distances entre les diff rents protagonistes r gionaux Sa proximit g ographique avec Paris la place dans une situation ambigu car tout en b n ficiant des retomb es conomiques et d mographiques importantes de la capitale il lui est difficile de faire valoir une identit propre notamment sur le plan culturel Tout ce qui existera au niveau de l audiovisuel jusqu derni rement dans cette r gion sera le fait d initiatives parses attach es une personne ou une collectivit et r alis es le plus souvent avec des moyens limit s Prenons Monsieur C par exemple L image se construit D un milieu familial qu il qualifie de modeste et originaire d une autre r gion Monsieur C arrive en septembre 1957 dans la capitale r gionale avec en poche une agr gation de lettres classiques Il est nomm professeur dans le lyc e le plus prestigieux de la ville Il a d j appartenu pr c demment des mouvements de jeunesse dont chaque fois il est devenu responsable Je suis tr s associatif Je suis tr s fier de dire que j ai cr ma premi re association neuf ans Il a fait longtemps des films amateurs en famille a m me failli faire IDHEC et r alise un pre
141. L famille d voile il nous dit aussi il faut que votre vie change L exp rience esth tique crit une commentatrice de Gadamer Danielle Lorries est une exp rience d apprentissage dans laquelle un lecteur ou un spectateur saisit la port e d une uvre sur sa vie Curieusement cette production individuelle est ce qui ouvre la lecture du film de famille au del du seul cadre de la famille et fait qu elle concerne une communaut qui potentiellement s tend tous Le film de famille fonctionne comme un symbole le film de famille est la possibilit de faire l exp rience du monde comme d une totalit o est int gr e la position ontologique de l homme et o galement sa finitude se trouve rapport e la transcendance C est pour cela que l on peut tout de m me voir sans s ennuyer des films de famille m me si on n est pas membre de la famille tout film de famille renvoie l Homme tel qu il est l en chacun de nous le film de famille ne se borne pas renvoyer quelque chose mais cette chose laquelle il renvoie est l Ainsi d crite l exp rience du film de famille rel ve de cette grande esth tique qui implique tout l tre et met en jeu la totalit du sujet dans sa relation l autre et au monde L tonnant dans cette relation esth tique est qu elle ne na t pas de la relation une uvre ce qui est le cas chez Gadamer Certes cette relation se fait via le film de famille mais le film de f
142. Les pratiques informatiques de loisir D veloppement culturel n 130 oct 1990 Rep rages Filmer l intime Hiver 1998 1999 R seaux n 74 ous la direction de Dominique Pasquier et Josiane Jouet La culture de l cran 14 PASSAGES A L ESTHETIQUE I ESTHETIQUES AUDIOVISUELLES ET INSTITUTIONS DE LA VIE ORDINAIRE Esth tique et film de famille Roger Odin Universit Paris 3 ROMAN te nas cree Me tnis ten sms en le ci tn Ce eue p 15 En passant par P rec Bernard Weidman professeur de lettres p 30 Approche d une esth tique de l image chez de jeunes r alisateurs de vid o amateur du Nord de la France Mich le Gellereau Universit Lille 3 et Roselyne Abramovici r alisatrice LEI EEEa a CE D reste EE EE E E de asser eine t nes ne du p 58 15 Roger ODIN Professeur en Sciences de la communication Paris 3 IRCAV Esth tique et film de famille Ce travail de recherche s inscrit dans le prolongement des travaux effectu s dans le cadre de l quipe sur le cin ma priv de Paris 3 Jusque l mes analyses du film de famille et des vid os familiales ont t essentiellement communicationnelles m me si elles ont parfois donn lieu des remarques concernant l esth tique il s agissait avant tout de comprendre comment se construit le sens dans le contexte familial de mettre en vidence les effets de ce type de productions sur la famille en tant que structure sociale et sur ses membres en tant qu
143. Paris 1945 r d Po sie Gallimard Michaux H Les Ravag s Fata Morgana Montpellier 1976 Nancy J L La communaut d s uvr e coll D troits Christian Bourgois diteur Paris 1990 Nancy JL tre singulier pluriel Galil e Paris 1996 Pelechian A Le montage contrepoint ou la th orie de la distance article publi dans P rec G L espace litt raire Gallimard Paris 1955 P rec G La vie mode d emploi coll POL Hachette Paris 1978 Perec G Esp ces d espaces Galil e Paris 1974 Perec G Penser Classer Hachette Paris 1985 Perec G L infra ordinaire coll La librairie du XX si cle Le Seuil Paris 1989 P rec G Je suis n coll La librairie du XX si cle Le Seuil 1990 P rec G Signe particulier N ANT in Vertigo n 11 12 ditions Jean Michel Place Paris 1994 Ramirez F et Rollot C Le larcin magique Cahiers de la Cin math que n 11 Cin math que Fran aise Paris printemps 1997 Roubaud J La contrainte cr atrice article paru dans le journal Le Monde dat du 12 mars 1982 Roche D Ellipse et laps coll Photo Cin ma Maeght diteur Paris 1991 Rousset J Les r alit s formelles de l uvre dans Chemins actuels de la critique sous la direction de Georges Poulet coll 10 18 Union g n rale d ditions Paris 1968 Sansot P Du bon usage de la lenteur Paris 1998 Schaeffer J M
144. T l bocal y travaille en tant que sc nariste et propose des rubriques parfois adopt es par Canal 137 personnes tierces qui jouent le r le de passeurs entre les films et les spectateurs Ainsi la s duction du public se fait par le biais d un rapport direct et concret la pr sence soit d un m diateur soit de l auteur des uvres ou le cas ch ant la pr sence d une convivialit palpable dont on peut profiter autrement que virtuellement Malgr les nombreuses difficult s ces lieux alternatifs sont un creuset de nouvelles esth tiques Les initiatives v ritablement engag es dont le projet est accompagn par des personnes comp tentes en audiovisuel et soucieuses d une certaine ducation ouvrent sur un avenir prometteur en terme de cr ation et de regard critique de l image tout en fondant un lien social r el 138 BIBLIOGRAPHIE Allard Laurence L espace public esth tique et les amateurs l exemple du cin ma priv Universit Paris 3 1994 Th se de doctorat Universit Paris III Sorbonne Nouvelle De Certeau Giard Luce Invention du quotidien Tome 1 Arts de faire Folio essais 1990 Duvigneaud Jean Sociologie de l art Ed PUF Coll Le sociologue Paris 1967 Jauss Hans Robert Pour une esth tique de la r ception Gallimard 1978 Kaufmann JC L entretien compr hensif Nathan Universit coll 128 1996 Leblanc G rard Sc narios du r el Tome 1l et 2 L Harmattan Lejeune Philippe
145. XVI XVIT me si cle Gallimard 1987 Pomian K Les archives Du Tr sor des chartes au Caran in Les lieux de m moire IIT La France 3 De l archive l embl me Gallimard 1992 Roger Masart M Guide des collections audiovisuelles en France ed CFPJ 1994 Ricoeur P La m moire l histoire l oubli Le Seuil 2000 Revues et ouvrages collectifs Dossiers de l audiovisuel n 45 sept oct 1992 M moire audiovisuelle patrimoine et prospective Bobines d amateurs Livret d exposition ed Cin math que de Bretagne p 17 Jubilee Book Rencontres autour des in dits Essays on amateur film Association europ eenne In dits Charleroi Belgique 1997 Les cahiers du cin ma Aux fronti res du cin ma mai 2000 187 ANNEXE A PRESENTATION DES STRUCTURES CINEMATHEQUE DE SAINT ETIENNE Date de fondation 1922 Directeur G rard Vial 500 films amateurs environ Equipe compos e quatre documentalistes l unit archive un technicien sp cialis sur le fonds amateur trois animateurs charg e de l unit animation La cin math que de Saint Etienne est ainsi un service culturel municipal Son budget direct de fonctionnement annuel hors personnels est de 480 000 francs consacr s la restauration l acquisition 250 000 francs sont consacr s par exemple la restauration de films en priorit les films r gionaux MEMOIRE AUDIOVISUELLE DE HAUTE NORMANDIE Date de fondation 1986 Fond
146. a r gion du Nord Deux de ces lieux entrent dans le cadre de formations audiovisuelles int gr es au monde scolaire dans lesquelles le r cit de vie la peinture du monde qui entoure l cole sont des axes privil gi s de la cr ation Il n y a pas d valuation scolairement sanctionnante de ces productions La r f rence au beau acad mique est donc temp r e par une libert de cr ation L accompagnement est r alis par un enseignant et ponctuellement par un intervenant ext rieur r alisateur audiovisuel Il s agit des ateliers de production artistique d un coll ge d une petite commune mini re du Pas de Calais et d un coll ge de la r gion de Lille Roubaix Tourcoing La troisi me enqu te porte sur une initiative tout fait originale d un groupe de jeunes de Roubaix dont le principal acteur a t form l audiovisuel au lyc e partir d une chanson d un groupe de rap fran ais IAM quelques uns d entre eux ont produit un film amateur et entament des d marches de reconnaissance dans le milieu professionnel Nous avons observ le travail des jeunes adolescents dans l laboration de leurs documents audiovisuels puis men des entretiens avec eux analys les rushes et ensuite les produits finis pour travailler sur le processus de cr ation Nous proposons dans un premier temps un rapide tat des lieux permettant de comprendre le contexte de production et la nature des r alisat
147. a relation du film de famille l esth tique Notons cependant tout de suite une importante diff rence entre film de famille et dessin d enfant si dans le dessin d enfant la production esth tique est du c t du producteur elle r sulte de l investissement personnel de l enfant avec le film de famille ce sont les r cepteurs qui font ce travail de production esth tique Une esth tique de la r ception On se souvient que pour Focillon la caract ristique de la forme artistique est qu elle se signifie Cette d finition ne s applique assur ment pas la Forme du film de famille telle qu elle a t d crite ici Vouloir instituer la Forme du film de famille en objet esth tique conduit une impasse En revanche cette Forme fonctionne comme un op rateur invitant les spectateurs du film de famille la production de sens et d affects Dans mes travaux ant rieurs j ai montr que cette production s effectuait deux niveaux au niveau collectif on parle beaucoup pendant la projection d un film de famille les membres de la famille collaborent la re cr ation mythique du pass familial au niveau individuel chacun fait retour sur son v cu propre Je voudrais maintenant mettre en vidence le rapport l esth tique impliqu par ce double mouvement 54 Id p 186 55 Id p p 188 190 56 7d p 220 21 57 op cit p 4 23 De fait on y retrouve toutes les caract ristiques de l exp rience artis
148. abord l histoire de la gr ve du point de vue de sa vie concr te Parall lement au discours politis apparaissent de nombreuses sc nes priv es bon enfant De la gr ve ils nous offrent alors un portrait all gorique de la joie et de l union qui prend sa source dans la mise en 183 R Odin Le Film de Famille M ridiens Klincksieck 1995 p 30 90 sc ne du souvenir et celle des rapports sociaux pr sents Chacune des sc nes de chacun des films semble mettre en marge l aspect politique en s accordant souligner le m me climat all gre Dans leurs mains la cam ra dispara t alors et devient invisible pour nous laisser p n trer dans la vie souterraine de la gr ve partir d une lutte politique importante les gr vistes nous livrent travers leurs films une gr ve in dite et festive chaleureuse et intime Les cin astes enregistrent le pr sent comme d j un futur souvenir id alis En effet la t l vision la gr ve est d crite par des gares d sertes des usagers en col re des gr vistes caricaturaux et des experts politiques d cal s le dit et le montr s arr tent avant les motivations des gr vistes Aucune explication n est donn e pour la gen se du conflit seuls des st r otypes et des cas particuliers affluent Parfois m me les manifestants sont montr s comme des personnes bon enfant et sans conscience politique Un reportage du journal t l vis de TF1 diffus le 28 11 95 nous pr sente l a
149. acilement que d autres Celle de l eau tombant d une goutti re incrust e derri re celui qui entre dans le champ et dit Je me souviens que M Quenisset m avait donn un surnom goutti re cr e un d calage comique mais 107 Eugen Herrigel Le Zen dans l art chevaleresque du tir l arc 1953 r dit chez Dervy Livres Paris 1970 pp 91 92 A sa parution Georges Braque offre le livre d Herrigel Henri Cartier Bresson qui retrouve dans ce r cit d apprentissage toutes les qualit s n cessaires pour tre photographe 108 Joe Brainard publie ses souvenirs partir de 1970 D abord Remember ensuite I Remember More puis More I Remember et I Remember Christmas En 1975 il reclasse l ensemble sous l impulsion de Ron Padgett l ami avec lequel il avait fond une petite revue artistique et litt raire au lyc e Dans l dition d finitive d 7 Remember Brainard glisse insensiblement de l intime au public mais son livre est surtout port par les souvenirs personnels En 1997 soit dix neuf ans apr s la publication de Je me souviens I Remember est traduit en fran ais le livre est disponible sous son titre original chez Actes Sud dans la collection Un endroit o aller 109 Au moment o il prend connaissance d 7 Remember Perec n a toujours pas r gl le probl me de ce qui va donner W ou le souvenir d enfance ni abandonn le programme des Lieux Voir Lejeune op cit et Bellos op cit
150. acte leur a permis de fabriquer un espace autobiographique interm diaire une aire de jeu qui les a aid s passer d un tablissement l autre Ce que le passage du coll ge au lyc e pouvait comporter d tranger de p rilleux peut tre pour chacun d entre eux est pris en charge par l acte filmique On peut le v rifier diff rents niveaux dans le processus de r alisation et l int rieur de la vid o achev e Aucun des plans portraits n a t tir au coll ge M me lorsque les l ves partaient en tournage pendant le temps scolaire ils sortaient de l tablissement Pourtant personne si l on consid re le t moignage de Ludovic n a prouv cette sortie comme une plong e dans un infini dehors Tourner l ext rieur c tait entrer dans un mouvement qui faisait p n trer le dehors l int rieur d une action attach e au coll ge o les notions du dehors et du dedans n taient plus pertinentes car elles s taient transmu es en un espace temps qu on ne pouvait plus localiser L habitude prise de s cher les cours pour filmer qui finit par devenir institutionnelle d s lors que les enseignants l acceptaient montre bien la place liminale que les l ves occupaient alors On comprend dans ces conditions l ind termination spatio temporelle des plans portraits associ e l vocation d un souvenir elle nous incite imaginer comme pass le moment de l nonci
151. adolescents puisent l inspiration et les formes dans des mod les dont ils sont impr gn s t l vision cin ma jeux vid os musiques ou que les ducateurs leur ont propos th tre peinture vid o art cin ma quand ils y reconnaissent les formes symboliques de repr sentation de leur sociabilit Ce lien tabli par le biais des mod les entre le monde quotidien et l exp rience que l on vit se prolonge dans un travail sur la vie m me consid r e comme mati re ou uvre biographique Passages l esth tique 2 Les espaces culturels associatifs et le lien civil esth tique Dans cette partie il s agit de questionner et de documenter une mise au public de certains films d amateurs produits dans des contextes priv s famille cercle d amis au sein d un r seau d associations culturelles caf s culture espaces culturels pluridisciplinaires qui se positionnent en alternative au monde de l art institutionnel contribuant ainsi une appr hension des effets sociaux du partage d motions esth tiques en termes de lien civil esth tique Muriel BELTRAMO travaille sur le cin ma des cheminots grevistes Le cin ma gr viste naissance d une nouvelle esth tique Elle part d observations faites lors de la programmation au festival de documentaire de Lussas de 1996 intitul e D cembre en ao t constitu e d une s lection de films relatant le conflit de 1995 et comprenant de dr
152. ahir int grer l exp rience esth tique dans une construction de son rapport aux autres et cr er une nouvelle image de soi Nous voudrions conclure sur quelques axes propres nourrir la question de la relation esth tique cc La possibilit par le biais de la cr ation d interpr ter le monde et d inscrire des formes symboliques dans des logiques sociales se manifeste par l importance donn e la relation que la d marche de cr ation permet d instaurer avec les mod les les institutions les camarades les enseignants les autorit s diverses Les situations de cr ation donnent l occasion chacun d exp rimenter une singularit individuelle en la repla ant dans un registre de lien social tout en maintenant une distance entre le r el et son interpr tation Recr er son monde avec d autres donne un plaisir d autant plus grand que cette cr ation restera une fiction ph m re prise dans la dynamique d une volution vitale Il s agit avant tout de se faire reconna tre par les autres tant t comme cr ateur tant t comme acteur de sa propre image pour reconstruire un lien fondamental joignant le geste l motion Dans un monde satur de visuel aux rythmes et aux formes impos es les adolescents peuvent se r approprier un univers mental qui leur est propre L outil vid o a cette particularit de cr er une satisfaction gratification imm diate par l instantan it du proc d q
153. aill plut t sur un clip quelque chose de v cu qui soit un message la fin j essaie de montrer qu il y en a un qui a compris et un autre qui n a pas compris Le travail de la forme filmique ne vaut que par la clart qu il permettra d apporter au message L exp rience doit tre dite racont e et vue par d autres Le film projet dans le quartier et pour un public directement concern par la question du braquage raconte et montre une exp rience qui peut tre partag e par tous Le lien existe ici dans ce parcours autobiographique sens raconter la vie de tous et les choix de chacun par le biais d une narration qui prend la formule d une fable Comme le pr cise Lamizet la narrativit repr sente une m diation culturelle forte car elle rend n cessaire la participation du sujet de la sociabilit et sa reconnaissance des formes collectives et institutionnelles de la repr sentation narrative des lois et des structures constitutives de la sociabilit s Que les jeunes du quartier se reconnaissent dans le film est fondamental et cr e de nouvelles formes de liens Comme le pr cise Jean Caune Le lien social aujourd hui ne peut se penser sans r f rence un public local qui inscrit la proximit comme condition de la r gulation Les individus dans leur grande majorit ne peuvent donner une signification leurs choix existentiels sans une r f rence un contexte culturel v cu
154. ainard fait son autoportrait Perec s en tient la m moire collective 1l n expose pas son intimit Pourtant m me s il s en d marque Perec doit passer par la d couverte de Brainard Filmer comme crit Perec c est donc copier de la m me mani re que lui prendre chez les autres les appuis dont on a besoin Je m arr te volontairement 5 4 DEUX REPONSES RAPIDES Premi re r ponse les l ves con oivent une interaction entre deux images d origines diff rentes l int rieur d un m me plan Acte 1 ils se filment en plan fixe cam ra sur pied axe frontal cadre plus ou moins serr sur celui qui dit son je me souviens on envisage la possibilit de jouer sur la rigidit du dispositif variations sur le hors champ d cadrages etc Acte 2 chacun recherche une image fixe ou anim e qu il emprunte ou produit lui m me pour l incruster derri re la sienne comme la photo satellite derri re le pr sentateur de la m t o Acte 3 les agencements l ve et autre image sont mis bout bout Deuxi me r ponse la sc narisation vid o clip Chaque je me souviens commence par un plan rapproch de l l ve qui dit son texte face la cam ra apr s la formule d introduction insertion sur la voix d une succession d images associ es au souvenir voqu Dans la premi re solution l image qui doit interagir pose des probl mes Certains souvenirs appellent des images plus f
155. ait La responsable de la cin math que d apr s Monsieur C est d entr e de jeu presque consid r e comme une employ e du Conseil R gional du fait qu il la paie Si bien qu plusieurs reprises s indigne t il ils l ont convoqu e presque sans me le dire pour lui demander des comptes qu est ce qui se passe comment vous travaillez Alors moi je n ai pas aim a du tout J ai fait savoir quand m me que c est moi qui avais sign son contrat de travail viser la d couper Dans les ann es 1994 1995 les services culturels du Conseil R gional annoncent Monsieur C qu il serait bon que la cin math que soit une structure ind pendante et lui demandent de bien vouloir travailler l criture des statuts n cessaires la cr ation de cette nouvelle association Ca permettrait la cin math que de se d velopper et de prendre son ampleur lui font ils savoir Monsieur C r agit aussit t l j ai tout de suite compris qu ils continuaient par petits morceaux successifs nous piquer des secteurs apr s nous avoir pris les professionnels pour les regrouper dans leur association PARC c tait maintenant la cin math que qu ils visaient et qu la fin on n aurait plus rien et qu on finirait comme une toute petite association Monsieur C demande alors rendez vous au pr sident du Conseil R gional homme politique de droite qu il conna t pour lu
156. amateurs ont fait leur cette attitude et se sont d plac s leur guise au sein de l v nement gr ve Les r cits sont alors construits autour du cin aste narrateur qui signe sa pr sence par au moins deux figures stylistiques savoir un point de vue fluctuant et un regard insistant Lors d un rassemblement de gr vistes dans le film Rue de la gare toi Jupp le cameraman rennois cherche rendre des points de vue toujours diff rents de la situation alors plut t calme il alterne des prises de vue du haut d escaliers avec d autres enregistr es sur le m me plan que les personnages film s Ces prises clat es sont le t moignage visible de sa circulation travers l v nement Certes l absence de pied aide la mobilit du cameraman mais la multiplicit des points de vue chaque fois in dits se retrouve dans le filmage des manifestations technique que pratique galement Michel Il faut devancer l v nement j aimais bien filmer par d tour comme si c tait le hasard il faut pier comme la chasse 77 Cette comparaison du cin ma avec la chasse est subtile et se retrouve dans les autres films Par exemple dans le film de Montlu on le gr viste cin aste filme la manifestation unitaire du 12 d cembre Il entra ne le spectateur dans une exploration de toutes les possibilit s des points de vue Tant t d une fen tre tant t du trottoir il se d place autour du flux qui d ambule en
157. amille n a rien d une uvre Le film de famille n est qu un catalyseur qui permet l exp rience esth tique de se d rouler correctement L uvre ce sont les spectateurs qui la produisent en faisant retour collectivement et individuellement sur leur v cu ce titre on peut parler d une esth tique ordinaire une esth tique en prise directe avec la vie Cette conception de l esth tique qui valorise l exp rience esth tique une exp rience directement li e la vie plut t que les uvres rapproche le film de famille de certaines productions de l art contemporain ex celles de Joseph Beuys qui donnent voir des objets en eux m mes sans aucun int r t esth tique feutre ordures graisse mais qui conduisent une exp rience esth tique par relation avec la vie de l artiste et ou du spectateur Le film de famille s en distingue toutefois par le fait qu il est vu en dehors du monde de l art 58 En particulier dans L actualit du beau textes choisis traduits et pr sent s par E Poulain Alin a 1992 texte original 1977 Les citations de Gadamer entre guillemets proviennent de cet ouvrage Je suivrai galement le commentaire fait par Georgia Warnke dans Gadamer Herm neutique et raison De Boeck 1990 59 On se rappelle que Pierre Bourdieu dans Un art moyen soulignait que photos et films de famille font revivre les f tes pass es et parlait ce propos de r it ration de la f te 60 Danielle Lorries
158. amp Cie Le Seuil Paris 1994 Hartje H Magn B Neefs J La Vie mode d emploi cahier des charges coll Manuscrits CNRS Zulma Paris 1993 Herrigel E Le Zen dans l art chevaleresque du tir l arc 1953 r dit chez Dervy Livres Paris 1970 Jullien F Proc s ou cr ation coll Des travaux Le Seuil Paris 1989 Jullien F Eloge de la fadeur A partir de la pens e et de l esth tique chinoise ditions Philippe Picquier Paris 1991 Juiller L L cran post moderne Un cin ma de l allusion et de l artifice L Harmattan Paris 1997 von Kleist H Sur le th tre de marionnettes 1810 ditions Mille et une nuits septembre 1993 Lejeune P Pour l autobiographie coll La couleur de la vie Le Seuil Paris 1998 Lejeune P es brouillons de soi coll Po tique Le Seuil Paris 1998 Lejeune P La M moire et l oblique Georges Perec autobiographe POL diteur Paris 1991 L vi Strauss C La pens e sauvage Librairie Plon Paris 1962 57 Leiris M Ce que m ont dit les peintures de Bacon dans Francis Bacon ou la v rit criante Editions Fata Morgana Montpellier 1974 Meschonnic H Critique du rythme Anthropologie historique de langage Verdier Paris 1982 Meschonnic H Politique du rythme politique du sujet Verdier Paris 1995 Michaux H Passages Gallimard Paris 1963 r d coll L Imaginaire Michaux H Epreuves exorcismes Gallimard
159. an Bourrin Fr d ric Canale Bernard Caplet Ludovic Champainne Arnaud Chevreau Caroline Cotta Laetitia Delahaye Isabelle Delorme Thibault Delot Laurent Delval Sandrine Deriaux Patrick Evard Malorie Gr goire Kamel Hakimi B atrice Hanotel S bastien Hubert St phane Leclerc C dric Lefetz Audrey Le Gouedec Candice Lemeur Cyril Lewko Jean Fran ois Maindron Marl ne Mangin Fr d ric Meyer Myriam Moingt Edgar Pereira Fr d ric Perez Arnaud Petit Patricia Ponsar Laurent Rabelle Francis Ratta Val rie Ratta Willy Renard Mickael Sortelle Olivier Temam Axel Terrien Vanessa Wendling 151 Poubliai de dire que les l ves n ont jamais pu voir leur vid o ensemble L ouvrage termin ils ont eu le projet d organiser une vid o projection au coll ge un vendredi en fin d apr s midi d apporter selon la coutume des g teaux faits maison d inviter les autres l ves et leurs familles Ils se sont heurt s un refus sans appel de la part du Principal ils ne faisaient plus partie de l tablissement Allez tenter votre chance la MJC de Cr py en Valois leur dit il maintenant que vous tes au lyc e l bas peut tre qu ils vous permettront d organiser quelque chose Cette demande n avait pourtant rien d exceptionnelle dans le contexte local car le coll ge partenaire du Foyer rural avait d j servi de cadre plusieurs soir es festives ouvertes aux habitants du canton Cette ann e
160. ande quelles franges populaires Volk s adresse un tel syst me La probl matique du d calage ne semble plus gu re int resser Martial Deflacieux Il lui substitue celle du camouflage entendre par l une volont d tre insaisissable ou irrep rable sur le plan de l action artistique c est dire sur les modalit s contenant et contenu des expositions terme lui m me d suet s il faut l oublier Cette strat gie du camouflage a t elle une pertinence aupr s des institutions canoniques Il est trop t t pour le dire En revanche les habitants et les passants du centre ville peinent c est s r s y rep rer Certes on ne peut ignorer qu il se tisse un lien civil esth tique dans cet espace ne serait ce qu en raison d une activit connexe mais n anmoins tr s pr sente et tr s efficace laquelle absorbe beaucoup le temps et l nergie de M Deflacieux la buvette comme nous le dira plus loin Teka de la M diath que Associative de Toulouse au sujet d une question relative P esth tique relationnelle si je veux de la relation je sors des bi res Cependant on se demande si le motif esth tique de la banalit de ce lien ne concernerait pas que des civilit s d j li es Pour les nombreuses fois o nous y sommes all ne nous n y avons jamais vu que des artistes des tudiants aux Beaux Arts ou du d partement Arts plastiques Arts appliqu s de l universit que des repr sentants des autres e
161. ans le cadre de ce projet global que sont r interpr t es des oeuvres visionn es en atelier ou les s quences t l vis es qui impr gnent le quotidien L exp rience esth tique na t la fois de la r ception d oeuvres qui vont provoquer l inspiration et de la cr ation collective dans un contexte sp cifique Le lien est donc troit entre repr sentations du monde valeurs morales et sociales styles de vie et construction d une sc ne esth tique o l exp rience du jeu lors de la cr ation aura autant d importance que le r sultat formel repr sent par l uvre Il s agit bien ici de faire de sa vie de son exp rience de l art et du r el une oeuvre qui entrera dans la vie plus comme exp rience que comme objet d art Nous nous sommes donc interrog es sur les choix effectu s pour donner forme aux productions et au sens de ces choix quels sont les mod les retravaill s Comment la vie est elle transform e et reconstruite tant dans son paisseur mat rielle que dans un travail biographique Comment se construit une esth tique du lien dans le travail de groupe L inspiration esth tique des mod les aux transformations On peut consid rer que les vid ogrammes produits sont impr gn s d un grand nombre oeuvres existant avant eux Mais ce qui va nous int resser ici est de rep rer d une part quelles sont les oeuvres auxquelles les r alisateurs font r f rence notamment celles qu ils ont visionn es
162. ans le magn toscope laiss en libre service Cette initiative ponctuelle est d sormais la nouvelle formule lue par le couple Les th s ont cess en appartement et se d roulent dans cette m me galerie souterraine L appartement tait il un espace d exp rimentation priv dont la finalit tait l espace public Ce changement de lieu s explique par la simple envie de Corine Miret et de St phane Olry de s parer leur activit de leur sph re priv e et de retrouver un sph re plus publique qu est la galerie L quipe s est agrandie six personnes qui travaillent dans le domaine audiovisuel Le th est servi au 1 sous sol et le visionnage se fait au 2 sous sol dont le d cor se rapproche de celui des ann es 70 Les si ges sont plac s face l angle de la pi ce o se trouve le moniteur Un miroir situ en face refl te le public donnant l impression d un espace circulaire La visibilit du spectateur pouss e ainsi son paroxysme est r v latrice de cette volont de mise en commun de l exp rience de diffusion Le changement du lieu permet une politique de diffusion plus agressive sans compromis avec le choix des uvres En effet auparavant le couple h sitait montrer certains films notamment ceux forte connotation sexuelle tant donn e la configuration priv e de l espace et ses codes sociaux implicites Ce cercle dispose d un r seau qui se prolonge dans d autres 237 La t
163. ans les marges de l institution artistique celui du cin ma underground ou exp rimental C est que ces productions effectuent dans le monde de l art une op ration tout fait scandaleuse aussi scandaleuse que l art brut mais d une certaine fa on inverse alors que l art brut rompt avec l Art institutionnel par ses formes tonnantes qui semblent venues d une autre plan te avec les productions artistiques qui utilisent la forme film de famille le 47 Je suis l encore comme pour l art na f les pertinentes analyses de M Thevoz 48 Stan Brakhage In defense of Amator Scrapbook Heller 1982 4 Laurence Allard Une rencontre entre film de famille et film exp rimental le cin ma personnel in Le film de famille d cit p 113 126 21 scandale vient de l importation d une forme ordinaire dans un cadre qui se caract rise pr cis ment par sa rupture avec le monde ordinaire Il faut se replacer dans les ann es 70 80 pour comprendre la force de scandale de ce transfert de nos jours avec la t l vision et le passage la vid o ce transfert s est banalis C est pourquoi ces productions artistiques ne sauraient tre dites ordinaires au m me titre que les productions sur lesquelles je travaille ici l ordinaire le recours la forme ordinaire du film de famille est ce qui les rend exceptionnelles dans le monde de l art l ordinaire fonctionne dans cet espace comme un op rateur de distinction e
164. as d naturer les objectifs initiaux et si l uvre ainsi d contextualis e et face une nouvelle r ception ne se trouve t elle pas instrumentalis e Peut on parler de r cup ration Par leur mobilit les uvres ont une importance ind niable dans la cr ation de lien Leur trajet signale les possibilit s de passage entre les lieux et fait des circuits de diffusion alternatifs non un mode n cessairement antagoniste aux syst mes institutionnels ou t l visuels mais un mode compl mentaire L exemple des films de la vid aste Val rie Pavia vus successivement aux th s vid o puis dans les espaces associatifs de province au festival de Lussas puis enfin Beaubourg est r v lateur de ce ph nom ne Toutefois il convient de relativiser ces passages En l occurrence celui vers la grande institution telle Beaubourg qui fait des choix de programmation souvent plus internationaux que nationaux La reconnaissance artistique n est pas si ais e Mais on peut penser que le parcours d une uvre dans les milieux alternatifs peut jouer en faveur de sa s lection dans des lieux de diffusion plus reconnus Les lieux sont tel point dissemblables qu on ne peut g n raliser mais en d couvrir des lignes directrices communes L tat des lieux r v le la n cessit d un tiers dans le paysage des images Aujourd hui on reconna t un Tiers secteur audiovisuel mais aussi l existence de 239 Toutefois un membre de l quipe de
165. ateur Jean Claude Guezennec M moire Audiovisuelle de Haute Normandie faisait partie prenante d une structure associative PIRIS avec laquelle elle partage les services g n raux comptabilit budget photocopie fonctionne avec un budget de 300 000 francs annuels venant du Conseil R gional jusqu la fin 2000 avant de constituer une composante d une nouvelle structure le P le Image relevant du Conseil R gional 1000 films amateurs environ Une documentaliste Aid e par des stagiaires ponctuels des contrats de qualifications Deux techniciens de l IRIS sont au service de M moire Audiovisuelle de Haute Normandie CINEMATHEQUE DE BRETAGNE Date de fondation 1986 Fondateur Andr Colleu Directeur Gilbert le Taon La Cin math que de Bretagne est depuis 1992 subventionn e principalement par le Conseil R gional Son budget est de 4 millions de francs Fonds de 12000 films collect s au rythme actuel de 700 bobines par an A l antenne de Brest le personnel de la Cin math que est ainsi d compos un directeur un documentaliste un personne charg e de la vente d images une personne charg e de la diffusion des spectacles deux techniciens A l antenne de Rennes un documentaliste 188 ANNEXE B Les d p ts de films la cin math que de Bretagne 189 ANNEXE C Lire les images index es 190 ANNEXE D Les promenades du patrimoine Rouen 191 ANNEXE E La co
166. ateurs Livret d exposition ed Cin math que de Bretagne p 17 Brochure des tats g n raux de Lussas Ao t 1996 Catalogue des tats g n raux du documentaire de Lussas Des lieux dans tous leurs tats ao t 1998 198 Culture et soci t N 5 Dossier sur les t l s libres 1996 Communications n 48 La vid o Seuil Communications n 38 Enonciation et Cin ma Seuil 1983 Culture et proximit L action culturelle dans la ville ed Opale avril 2000 Cin maction N 41 Le Documentaire fran ais Cin mas et r alit s Travaux XLI Universit de Saint Etienne 1984 Les cahiers du cin ma Aux fronti res du cin ma mai 2000 Dossiers de l audiovisuel n 45 sept oct 1992 M moire audiovisuelle patrimoine et prospective Les pratiques informatiques de loisir D veloppement culturel n 130 oct 1990 Parpaings 23 Rep rages Filmer l intime Hiver 1998 1999 R seaux n 74 sous la direction de Dominique Pasquier et Josiane Jouet La culture de l cran Trafic n 6 P O L diteur Paris prin temps 1993 Trafic n 2 P O L diteur Paris printemps 1992 Theorizing documentary Routledge Inc 1993 R seaux n 68 nov d c 1994 Les th ories de la r ception Ouvrages collectifs New challenges for documentary University of Californie press 1998 Jubilee Book Rencontres autour des in dits Essays on amateur film Association europ eenne In dits Charlero i Belgique 1997 199
167. ation le cameraman zoome plusieurs fois sur le mot Lot parmi des revendications inscrites sur une banderole Du bandeau qui exhibe fi rement dans ses inscriptions son appartenance au syndicat CFTC il ne retient que ce mot Par ce choix il manifeste ainsi son identit r gionale t moigne de son regard subjectif Certes il voque ainsi les lieux du tournage son attachement et son lien sa r gion ainsi que le r le du Lot dans le mouvement mais il parle mat rialise et signe surtout sa pr sence en apposant son regard sur le r el Il d termine sa pr sence de la m me mani re lorsqu il zoome sur les slogans des banderoles ou des tee shirts On peut y voir une sorte de militantisme qui donne voir ainsi son appartenance au mouvement de gr ve Il informe par d autres biais que par une parole explicative les raisons du mouvement contrat de plan non service public oui peut on lire plusieurs fois dans les gros plans de ce film de Raynal Dans tous les films les zooms sont galement figures courantes Un de ceux ci met en vidence cette pancarte d une manifestation Mai 68 d c 95 et signale par cette comparaison l importance qu il pr te au mouvement de d cembre Depuis sa fen tre le gr viste cin aste de Montlu on pratique souvent la technique du zoom Il se fixe tant t sur des visages de manifestants tant t sur des slogans Ainsi il nous montre un homme dont la t te est celle du pr sident de la r publique Jacqu
168. ation des films on peut remarquer une redescription des images sous diff rents mots cl s Ces redescriptions correspondent de fait des consignes d une lecture documentarisante consistant pour reprendre les termes de l analyse de Roger Odin la construction d un 297 Propos tenus lors d un entretien le 24 f vrier avec Emmanuelle documentaliste employ e temps plein l unit archive iconographe de formation 298 Entretien avec Herv Le Bris 3 juillet 2000 29Elle poss de une triple formation en tudes cin matographiques animation socio culturelle et documentation Sa premi re exp rience professionnelle consistait en la mise en place d une base de donn es photographiques 173 Enonciateur R el Ces notules prescrivent une lecture des images en regard de leur caract re de v rit historique Elles ach vent le processus de d sindexicalisation du contexte propre aux s ances de cin ma familial Un exemple nous a particuli rement frapp Une s rie de petits films amateurs mont s sous le titre Les glaces Martinez montrant de 1947 1965 les activit s florissantes d une entreprise familiale de glace tourn s par l un des membres de cette famille est conserv e M moire Audiovisuelle de Haute Normandie C est l un des tr sors montrer imp rativement aux visiteurs comme le f t le cas lors de notre premi re visite Avant de regarder les films nous avons pu lire
169. ation du film de famille en archive audiovisuelle priv e dans le cadre des cin math ques peut s analyser d abord comme un processus de mont e en g n ralit de la transmission m morielle Cependant le parcours de sens que nous proposons de retracer sous la probl matique de la patrimonialisation n cessite de rompre avec tout immanentisme Comme le souligne Paul Ricoeur tout document le film de famille lu comme archive n est pas un donn mais est cherch constitu institu Il para t alors n cessaire de s attacher la construction sociale d une transmission d une m moire dont semble premi re vue proc der 272M Halbawchs La m moire collective Albin Michel dition revue par G rard Namer 1997 op cit p 94 273 M Halbawchs op cit p 107 274M Halbwchs Ibid p 136 275 P Ricoeur op cit p 226 163 le processus patrimonial Cette approche contructiviste de la patrimonialisation suppose alors de se d faire de la m taphore continuiste de l h ritage et de la tranmission au profit d une logique de la filiation invers e Le lien avec le pass s effectuant depuis le pr sent la continuit m morielle se trouve bien construite partir d une rupture Cette m taphore de la filiation invers e se trouve empiricis e par l une des premi res tapes du processus patrimonial instituant le film de famille en document de la m moire r gionale le moment d entr
170. ation et fait de ces plans une figure de ce que sera le pr sent dans l avenir une fois devenu pass Cette zone autonome par laquelle ont transit les vid astes est inscrite dans la r alisation Elle se manifeste lorsque les coll giens sont tr s pr sents l image ou au son et semblent en m me temps sur le point de dispara tre nos yeux Ces figures de la disparition qui reviennent de fa on r currentes sont suffisamment nombreuses pour tre remarqu es En voici quelques unes visages masqu s par des livres ou un journal visages fragment s en tr s gros plan ou brouill s par une surimpression corps masqu s par un l ve qui obstrue compl tement le champ l ves v los suivis de dos en travelling avant l ves film s contre jour dans le forum l ves dont on ne voit que les mains dans le cours de technologie dont on n entend que la voix lorsqu ils jouent au baby foot etc A ces figures s ajoutent les nombreux plans vides qui valent par l absence des l ves l ves perdus de vue que la vid o fait revenir un ou deux plans plus loin et qui semblent film s pour montrer ce que le monde devient lorsque nous l avons quitt L acte filmique a lib r les l ves de l imm diat par la possibilit qu il apportait de se mettre en marge des rythmes scolaires c est gr ce lui que la s paration avec le coll ge a pu tre ma tris e au moment o les liens devaient se distendre que l
171. aux remarque Perec sont remplis de nouvelles exceptionnelles A cet extraordinaire il oppose l infra ordinaire ce quotidien dans lequel nous baignons Ce qui se passe vraiment ce que nous vivons le reste o est il Ce qui se passe chaque jour et qui revient chaque jour le banal le quotidien l vident le commun l ordinaire l infra ordinaire le bruit de fond l habituel comment en rendre compte comment l interroger comment le d crire Comment parler de ces choses communes comment les traquer plut t comment les d busquer les arracher la gangue dans laquelle elles restent englu es comment leur donner un sens une langue qu elles parlent enfin de ce qui est de ce que nous sommes Voil la cl d une grande partie de l entreprise perecquienne Des Choses premier roman publi en 1965 aux R cits d Ellis Island dernier ouvrage achev en 1980 l auteur de La Vie mode d emploi n en finit pas de s int resser l ordinaire Il explore d taille avec minutie des bouts de quotidien les transforme en mati re verbale il en fait des substances actives Rendus autonomes ces fragments acqui rent une force qui touche le lecteur et les tire hors de l oubli En crivant Perec agit contre le vide comme l indique ce constat la fois m lancolique et ouvert sur lequel se ferme Esp ces d espaces Ecrire essayer m ticuleusement de retenir quelque chose de faire survivre
172. bateaux Madame Bovary et th me La recherche documentaire peut s effectuer par ann e auteur d posant et format A Rouen nous savons ainsi que le film le plus ancien conserv date de 1911 et montre le d raillement du Paris Rouen et que le plus r cent 1977 est unfilm r alis par le maire et les habitants d une commune faisant partie d un fonds constitu d archives municipales audiovisuelles film es par les administr s et d pos par le premier magistrat actuel du village Au plan technique l architecture de la base de donn es d velopp e par les documentalistes de la Cin math que de Bretagne est cit e en mod le par les personnels des autres structures De fa on exemplaire cette base de donn es a constitu le c ur de d veloppement de cette cin math que De fait l indexation des films y est la plus pouss e puisque les films ont parfois t analys s s quence par s quence voire plan par plan pour une cinquantaine d entre eux Pour le documentaliste Herv le Bris ces analyses permettent de proposer les films en pi ces d tach es et de rendre les recherches plus exhaustives Le th saurus notamment appara t d une pr cision tout fait remarquable Et sans cesse les nouvelles recherches permettent d affiner les familles de mots cl s du labour dans un champ on passera labour avec un cheval la liste des noms d les bretonnes film es ou de sites
173. bilit de Monsieur G pour son fonctionnement tr s ch re au niveau de l entretien de l outil et au niveau du personnel et donc on l ouvrait tr s peu sans parler de l absence de documents pr vus m nera son arr t deux ans plus tard Monsieur G n aura pas eu les moyens de le faire fonctionner au niveau technique ni d obtenir le personnel voulu cet effet sans parler du public qui ne suivra pas Ce robot n aura fonctionn que deux ans Cette op ration fut consid r e comme un double fiasco tant au niveau financier qu au niveau du public Mais elle permit Monsieur G de r cup rer pour faire marcher ce robot deux biblioth caires sp cialis es images membres du personnel de la biblioth que municipale ses deux premi res documentalistes professionnelles comme il dira Le robot arr t il n gocie pour garder l une des deux elle en profitera pour faire un stage PINA Paris et se sp cialisera ensuite sur les probl mes des droits juridiques l image l autre repartira la biblioth que municipale Donc je ne m en suis pas mal sorti Il pourra galement r cup rer cette occasion un technicien de tr s haut niveau au service technique de la mairie responsable de la robotique qu il pourra garder l arr t du robot Et l j ai fait un beau coup J ai donc relev le d fi et j ai eu ces trois personnes Avec l aide du concours ex
174. bjets en fonction de leur genre S ils n appartiennent aucun genre reconnu sur quels crit res et sur quels nonc s esth tiques le festival de Lussas les a s lectionn s Est ce cette esth tique de la fusion qui a s duit les organisateurs Pour cela relisons la pr sentation du s minaire par Jean louis Comolli o il d crit les films de d cembre la nouveaut est je le redis que pour la premi re fois une telle chelle des gr vistes nombreux et un peu partout en France Rennes Marseille Capdenac ou Limoges se sont saisis d un camescope VHS ou Hi8 pour filmer l o ils taient le mouvement dans lequel ils se trouvaient eux m mes engag s 2 Pour Comolli l in dit se tient davantage dans la posture du cin aste la fois acteur et observateur que dans l uvre elle m me qu il appelle bande Il poursuit ensuite insistant clairement sur cette nouveaut Plus ou moins mont es et mises en forme parfois con ues comme des films et parfois simples collages de rushes ces bandes d montrent une ambition nouvelle dans l histoire des luttes sociales que ce soit les acteurs directs du z 2 mouvement qui prennent en charge sa repr sentation Comolli accentue sur l int r t dans l apparition m me de ces films et dans leurs conditions de productions Tout au long de sa pr sentation il d crit peu leur esth tique entre film et collage
175. cationnelles illustrant l une des fonctions pratiques de l exp rience esth tique Une telle esth tique communicationnelle participe du d bat contemporain sur l exp rience esth tique l attitude esth tique ou la relation esth tique suivant les auteurs Elle rejoint notamment la conception de l attitude esth tique comme attention aspectuelle anim e par et orient e vers une question d appr ciation de G rard Genette Ce d bat th orique anim en France notamment par l auteur de L oeuvre de l art et Jean Marie Schaeffer ou encore Rainer Rochlitz vient remettre en question l id e m me d une pens e de l exp rience esth tique en tant que telle identifi e par Kant et sa Critique de la facult de juger comme une exp rience sp cifique par rapport aux attitudes cognitives ou morales auxquelles il a r serv ses deux premi res Critique A l instar de Ludwig Wittgenstein certains th oriciens contemporains veulent gu rir l esth tique de la m taphysique et se d barasser du mythe de l attitude esth tique pour reprendre l expression de George Dickie selon lequel il y aurait deux attitudes irr ductibles l une pratique l autre esth tique la seconde supposant une intention caract ris e par le d sint ressement Ces d bats sur l esth tique contemporaine visent in fine r articuler l exp rience esth tique d autres formes d exp rience en relation av
176. ccueille Pourquoi y insister Tout simplement parce que les institutions en question appartiennent au monde de l art et du fait que ne seraient pas seulement concern es les institutions tatiques mais aussi de nombreux lieux pr tendument alternatifs qu ils soient publics Web bar Purple Institute ou priv s certaines r unions en appartement les th s vid o de S Olry et C Miret par exemple ne r unissaient pour les s ances auxquelles nous avons assist du moins que des artistes b n ficiant d un coefficient de visibilit Peu importe que celui ci soit lev ou non l essentiel consiste noter que nous sommes en pr sence d uvres d art reconnues comme telles ce qui encore une fois nous fait sortir du cadre de l appel d offres Il suffit d un bref entretien avec les protagonistes de ce genre d exp riences alternatives en appartement pour entendre la voix tr s sage des institutions Barthes canoniques Or si le point nodal de notre enqu te est bien celui du lien civil esth tique le fait que ces exp riences r unissent des artistes en r seau s autocritiquant ou plut t s autocongratulant constitue s rement une vidence sur laquelle il n y aurait nul besoin de rench rir quoi bon s engager dans une recherche prospective autour du lien s il s agit d une forme de d j li Encore que sur le plan d un ventuel lien civil esth tique l observat
177. cel Pagnol en septembre 1987 sans l avoir demand J y suis rest huit ans J ai demand ma mutation chaque ann e jusqu en 1991 C est de cette poque que datent mes premi res exp riences en vid o Je me souviens que d s 1988 il y a eu des stages d initiation organis s pour les enseignants mais que contrairement la plupart de mes coll gues je ne m y suis pas inscrit Le coll ge sera quip en mat riel vid o S VHS en f vrier 1989 Un camescope un micro deux puis trois magn toscopes de montage trois moniteurs et une table effets Personne ne savait quoi faire de ce mat riel fourni par le rectorat On le rangea l abri des vols dans une petite pi ce borgne un clairage au plafond fut con u pour la transformer en espace de tournage on mit le tout sous alarme on appela cet endroit le studio Pendant deux ans personne n utilisa le mat riel On entrait dans le studio pour le montrer aux visiteurs ou pour y faire le m nage la rentr e 92 le chef d tablissement avait trouv des enseignants qui allaient initier les l ves de quatri me la vid o J ai h sit avant de m engager leurs c t s D abord parce que je ne me sentais pas en mesure de mener bien cet enseignement Ensuite parce que j tais encore occup par la production d une vid o mise en chantier l ann e pr c dente par des l ves de troisi me dans la continuit d un atelier d criture entrepris partir des je me souvi
178. che les l ves de se disperser P le stabilisant on le retrouve dans la station service et partout ailleurs comme le dit Ludovic c tait trop bien on tait au coll ge et en m me temps c tait comme si on n y tait pas Dans cette co pr sence coll ge et autres lieux il y a du d paysement et de l nergie des rapports neufs se cr ent qui d calent l ordinaire des habitudes et rendent plus pr cises les perceptions 7 LES EXERCICES SPIRITUELS Les l ves filment dans la continuit de atelier Perec L atelier ne leur donne pas l occasion de filmer c est le temps de l criture tal sur plusieurs mois qui a progressive ment produit une situation o ils sont en mesure de le faire Nul doute que l criture ait uvr pour faire le vide Lorsqu ils passent la vid o les l ves ont d laiss les repr sentations mythologiques du cin ma Aucun empois aucune g ne personne n adopte une posture de cin aste ni ne s applique faire l acteur et la technique n impressionne plus Dans son r cit d apprentissage Herrigel souligne l importance que prennent les pr paratifs dans la cr ation Quand le peintre l encre de chine frotte lui m me son b ton d encre d noue le raphia avec tant de soin au lieu de le trancher rapidement et de le rejeter avec n gligence est ce que sa facult de vision et de r alisation en serait par cela stimul e Qu est ce donc qui le d
179. cin astes familiaux pour qu ils se conforment aux r gles du langage cin matographique Parfois elles ne visent pas d autre public que le cin aste lui m me G la famille je m en fous je me fais plaisir je fais de la belle image du montage bien huil un son propre G ne projette gu re ses films d autres qu lui m me et quelques amis dont je suis Quant il propose de les faire voir sa famille celle ci ne se montre gu re enthousiaste et la projection se termine souvent assez mal par la d fection du public qui vaque d autres occupations ou par une sc ne de m nage Si l on ne respecte pas la Forme du film de famille le film ne marche plus dans la famille 37 Sur le film de famille dans le film de fiction cf Marie Th r se Journot Le film de famille dans le film de fiction La famille restaur e in Le film de famille d cit p 147 162 38 J ai commenc une tude comparative sur les films de famille produits chez les catholiques et chez les protestants mais pour le moment elle n a pas vraiment abouti l enqu te effectu e semble toutefois montrer une importante diff rence quantitative mais une analyse syst matique reste faire 18 Pour bien fonctionner un film de famille doit tre mal fait J ai mis deux hypoth ses pour expliquer cette tranget 1 si le film est trop bien fait il donne un point de vue particulier sur la vie de la famille le plus souvent celu
180. cole dans le but d affiner la compr hension du traitement ordinaire des mod les esth tiques observe t on dans ces productions plut t un effet d imposition ou au contraire une relation parodique voire le d tournement de ces mod les et notamment de d gager les r f rences une culture cin matographique et ou t l visuelle en formation dans le cadre des productions de vid o scolaires Roger ODIN dans Esth tique et film de famille d crit la relation paradoxale l esth tique telle qu elle se manifeste dans les productions familiales que repr sentent les films de famille Par certains aspects en particulier par sa conception de l exp rience esth tique elle est en prise directe avec ce qui se passe aujourd hui dans le monde de l art l art comme exp rience de vie la vie comme art Par d autres elle r active des conceptions anciennes voire archa ques de l esth tique un programme de beaut Dans En passant par P rec Bernard WEIDMAN a voulu rendre intelligible l exp rience de coll giens pour lesquels filmer ne fait pas partie de leur culture ordinaire Il montre qu en filmant ils am nagent un terrain qui ne pr existait pas leur action et qui les aide passer du coll ge au lyc e Pour se faire il a centr son tude sur une vid o Je me souviens du coll ge Marcel Pagnol d abord parce que des jeunes gens dot s d une culture de spectateurs n ont pas tenu filmer leur vie en y appli
181. comme relevant de la transmission construction d une m moire r gionale faite histoire suivant 3 phases principales depuis leur passage hors du cercle familial au moment de la collecte jusqu leur diffusion 1 Le r gne de la M moire Patrimoine 255Dont les auteurs sont Andr Colleu Mathilde Valverde Institut Culturel de Bretagne 159 Pour entrer dans le vif du sujet voici comment JC Gu zennec pr sident de M moire Audiovisuelle de Haute Normandie nous a expliqu son int r t pour les films d amateurs Ces films ils sont extr mement int ressants pour les gens importants pour eux parce que c est leur histoire locale Mais je veux dire que c est enfin on ne peut pas emmener les gens travailler tout de suite pour la nation pour la r gion Il faut d j qu ils travaillent pour eux quoi Il faut leur faire comprendre qu ils travaillent pour eux que c est leur m moire Certains termes ont t soulign s dans le but de mettre en vidence le champ lexical utilis par le directeur de ce centre d archive pour justifier sa politique archivistique con ue en termes identitaire en termes de m moire et de patrimoine mettre au service de la collectivit de la r gion de la nation Dans ce discours qui rejoint celui des trois directeurs de cin math ques rencontr s un ensemble de notions se trouve appareill es afin de justifier l int r t et le t
182. core et surtout du succ s monstre et imm diat remport par les projections publiques de m moire r gionale Celles ci ne cessent de se d velopper consid rablement depuis douze ans lors de s ances intitul es Portes Ouvertes la convivialit ce besoin d changes avec le public c est du d lire Portes ouvertes dites vous 241Merci beaucoup par ordre alphab tique Andr Colleu Agn s Deleforge Ga l Naizet Jean Claude Gu zennec et G rard Vial avec qui ces histoires sont reconstitu es 154 Laurence ALLARD Maitre de conf rences l Universit Lille 3 Cin math ques r gionales et film amateur patrimonialisation esth tisation ou bonheur de la reconnaissance Dernier volet de notre enqu te au sujet des esth tiques ordinaires du cin ma et de l audiovisuel les cin math ques r gionales Dans toutes les r gions de France des cin math ques dites r gionales collectent archivent et diffusent hors du cercle familial et amical des films de famille ou des films r alis s par des cin astes amateurs Au moment de la r daction de ce rapport on d nombre une vingtaine d institutions disposant d un fonds de films amateurs dans des proportions tr s variables Certaines sont attach es tout la fois une collecte syst matique un archivage rationalis et une valorisation dynamique Cin math que de Bretagne M moire Audiovisuelle de Haute Normandie Cin math
183. ctions que l on d nomme aujourd hui l art brut pas plus que le film de famille n auraient d ailleurs la moindre vertu provocatrice si des artistes d j reconnus par l institution Art Klee Ernst Miro Dubuffet pour la peinture Mekas Brackage pour le 79 art ne s en taient empar s C est par rapport au monde de l art et seulement dans ce cadre que ces productions prennent une valeur subversive une valeur qu elles n ont nullement dans leur cadre d origine Ainsi pris en main par des artistes l art brut et le film de famille ont servi renouveler l Art De m me que l art brut a innerv tout un courant de la peinture DuBuffet par exemple a explicitement reconnu sa dette par rapport ces productions le film de famille a innerv et continue innerver tout un courant de l art cin matographique Brackage Mekas Morder Lange Bartolom o etc Cela ne signifie pas que Dubuffet fasse de l art brut et Brackage et Mekas du film de famille La filiation ne doit pas faire oublier toute la s rie de transformations op r e ces artistes utilisent intentionnellement les formes brutes comme des machines de guerre contre l art institutionnel Signe de la force contestatrice de ces formes ces productions n ont t accept es dans le monde de l art qu apr s bien des difficult s En ce qui concerne le cin ma les films r alis s avec la forme film de famille n ont m me t int gr s que dans un espace marginal au sens de d
184. cuments et des monuments De nombreux objets peuvent encore devenir des documents ou des monuments sans l avoir t l origine de m me que des monuments peuvent devenir documents et r ciproquement Tous les documents d archives sont des monuments dans la mesure o ils renvoient des faits qui ne sont plus visibles Certains sont aussi des monuments parce qu ils ont t produits comme tels Enfin la loi stipule que des archives peuvent r sulter des activit s d une personne finissant par s cr ter de fa on organique par les faits et les gestes remplissant notre vie quotidienne une totalit de pi ces d archives Ce fonds peut se d finir comme m moire objectiv e mat riellement accessible mat riellement conservable Mais l archive en tant que m moire objectiv e est encore une m moire virtuelle qui peut tre lue et interpr t e selon deux perspectives soit une lecture de type historique associant mise distance des auteurs et int gration comme partie d un fonds plus vaste soit une lecture de type m morielle qui r actualise les archives dans leur fonction de m moire par une identification du lecteur celui qui les a s cr t Le cas des archives priv es est cet gard exemplaire de cette tension entre m moire et histoire Pour faire acc der ces derni res dans le patrimoine des archives caract re historique elles doivent tre la fois porteurs de m moire
185. cuteurs retenus Vincent Vatrican documentaliste la Cin math que de Monaco et Andr Colleu directeur de la Cin math que de Bretagne pr sentent de fa on commune leur int r t pour le cin ma amateur quasi exclusivement au plan de ses qualit s de document historique Selon le premier les films amateurs que les Am ricains appellent aussi les orphelins du cin ma sont devenus avec l essor des cin math ques r gionales d indispensables respirations des documents uniques pour recomposer le pass C est l histoire racont e par ceux qui la vivent inauguration f tes travaux c r monie vacances chacun voit en ces films mati re voyager se reconna tre s inventer des racines essentielles Propos de Vincent Vatrican in Cahiers du cin ma op cit p 70 Tandis que pour le second la Cin math que de Bretagne dispose d un fonds de film de familles d images tr s personnelles m l s des v nements historiques aux t moignages ethnologiques du si cle qui permettent la Cin math que d tre une banque d images ou de r aliser sa propre programmation de m moire locale Andr Colleu in Cahiers du cin ma op cit p 72 250P Ricoeur La m moire l histoire l oubli Le Seuil 2000 157 Cette probl matisation en termes de transmission contruction d une m moire r gionale ne se trouve pas invalid e l issue de notre recherche pour autant la dimension patrimonial
186. d ogrammes une discr te trame narrative Dans d autres au contraire la succession des plans para t davantage tenir d une d marche al atoire Les effets simples et r p titifs sont aussi li s au mat riel tr s simple dont disposent les l ves volets fondus caches superpositions pixellisations colorisations etc DEUXIEME ENQUETE Coll ge Emile Zola Wattrelos Agglom ration de Lille Roubaix Tourcoing Contexte de production Atelier de Pratiques Artistiques images et sons au Coll ge Emile Zola EZ Nord Ann e scolaire 1998 1999 L atelier concerne une douzaine d l ves volontaires des classes de 4 et 3 L tablissement a une politique d ouverture confirm e vers les nouvelles technologies depuis plusieurs ann es lui permettant de b n ficier maintenant d un parc de mat riel grand public et semi professionnel relativement performant tr s coh rent et accessible tous Les locaux remarquablement quip s sont vastes 2 grandes salles munies de postes de visionnement bancs de montage ordinateurs tables de travail Une r gie Un plateau de tournage de 50 m2 L atelier se d roule le vendredi apr s midi apr s les cours de 15 h 30 18 h 30 La prise en charge et l encadrement de l atelier sont assur s par un ensemble d adultes relativement nombreux 3 enseignants d origines diverses biologie E P S Arts Plastiques 1 Emploi Jeune et toutes les 2 ou 3 semai
187. d auteur l art est une question de nom propre Ben projections consacr es un auteur ce soir vous verrez les films de x ou y Certes le mouvement reste timide la valorisation documentaire reste la plus forte mais le film de famille tend aujourd hui tre reconnu comme un art mineur titre posthume Si ce d tour par l art brut et le cin ma exp rimental a permis de comprendre l volution du statut du film de famille dans sa relation au monde de l art il ne nous dit encore rien de la relation du film de famille l esth tique dans son contexte propre la famille Le dessin d enfant la lettre de la forme La comparaison avec le dessin d enfant sera peut tre de ce point de vue plus productive Les points de rencontre entre le dessin d enfant et les films de famille sont nombreux Comme les auteurs du film de famille les enfants ne pr tendent pas tre des artistes et n ont pas le sentiment de faire de l art ils ne savent m me pas ce que signifie le mot art Comme les films de famille les productions enfantines ont une Forme propre traitement de l espace centrage sur le moi structures logico imaginatives de la repr sentation et fixe pour une classe d ge donn e les imageries enfantines apparaissent comme assez fortement r gl es avec la r p tition constante des m mes motifs et des m mes structures Enfin comme les auteurs de films de famille les enfants manquent de savoir faire 50 Sur
188. de Bretagne un processus de reconnaissance interpersonnelle intervient d embl e La projection organis e par la cin math que r gionale d positaire de la m moire r gionale sera ponctu e de signes de reconnaissance du type Ah c est le p re Untel Madame Michu etc En pr vision de ces s ances in situ se pratique la sonorisation des films parfois par le r alisateur lui m me La bande son consiste alors parfois en une litanie num rative de noms propres de personnes qui se reconna tront mutuellement lors des projections au village comme dans la bande son du film Chateaulin 1937 et ce dans le but de ne vexer personne lors de sa pr sentation publique Ici la situation de communication filmique est comparable celle du film de famille visionn lors d une projection familiale Le film fonctionne comme un activateur du souvenir et de la reconnaissance au sein d une communaut d interpr tation de type organique Dans ce cas particulier de visionnement de films amateurs dans les communaut s villageoises dans lesquelles ils ont t tourn s les films sont vus par ceux qui ont particip au tournage un titre ou un titre r alisateur parents figurants L espace de la r ception des films est homologue l espace de la production des films Dans de telles circonstances de r ception le spectacle d une m moire historique r gionale se trouve reconsid r par les spectateurs villageoi
189. de Paris bref d tre des documents presque bruts puisque film s par un profane t moignant de la vie d une r gion de l volution des paysages des sites urbains des m tiers des coutumes En d butant notre recherche de terrain apr s les premiers entretiens avec les responsables de ces cin math ques se trouvait prolong e cette probl matique de conservation des films amateurs en tant que documents archives de la m moire r gionale et du patrimoine local Comment pouvait on expliquer la reconnaissance comme partie int grante du patrimoine d une r gion auquel acc dait le cin ma amateur dans le cadre de ces cin math ques Dans un premier temps en guise d hypoth se explicative nous pensions que ce qui jouait dans le film de famille tait de m me nature que ce qui se jouait autour lors de sa conservation dans une cin math que r gionale il s agissait de transmettre une m moire collective En effet les r cits sur le recueil des films se d clinaient le plus souvent sous le mode difiant de la veuve d un cin aste amateur venant l guer les bobines de son mari afin d enrichir la connaissance historique de la r gion On pouvait ainsi sch matiser le processus de patrimonialisation du film de famille et du cin ma amateur d apr s un mouvement d largissement de la transmission d une m moire familiale aux habitants d une r gion suivant l hypoth se de l attribution m morielle
190. de Paul Ricoeur Puis les entretiens plus approfondis men s par la suite nous ont incit comme nous le verrons penser un peu autrement ce geste de donation Si ce processus para t se d crire ais ment de prime abord comme une cha ne de transmission m morielle le r sultat en est bien la production et la construction sociale d une m moire r gionale qui est plut t une m moire collective faite histoire 248 Enqu te par questionnaire postal men e en 1993 et dont nous avons publi une rapide synth se dans L Allard Du film de famille l archive audiovisuelle priv e in M diascope n 7 Sources audiovisuelles du temps pr sent mai 1994 pp 132 137 249 Et durant notre recherche en mai 2000 une revue fondatrice de l approche artistique du cin ma Les cahiers du cin ma dans un num ro consacr aux fronti res du cin ma de la t l vision aux jeux vid o en passant par le cin ma amateur Cahiers du cin ma num ro hors s rie Aux fronti res du cin ma mai 2000 a pr sent des entretiens avec des membres des deux cin math ques r gionales un t moignage de Vincent Vatrican chercheur de films pour la Cin math que de Monaco ainsi qu un article de C Chassigneux Le film de famille tr sor de Brest Ce qui constitue un fait tout fait notable tant les films amateur n avaient suscit qu un total d sint r t chez les critiques et les chercheurs De fa on significative les deux interlo
191. de cette m moire audiovisuelle r gionale elle en sort grandie reconnue officiellement et avec de nouveaux moyens dans l avenir pour travailler Car en int grant ce P le R gional elle en devient un des d partements officiels part enti re Combat culturel conqu te politique l audiovisuel longtemps consid r dans cette r gion comme un luxe culturel appara t d sormais aujourd hui comme un enjeu capital pour la r gion en tant qu objet possible de communication essentiel son d veloppement Le cin ma d amateur s y trouve ici utilis comme un instrument incontournable et indispensable la construction d une identit r gionale au d part inexistante puissant outil symbolique local et r gional dont les politiques ont progressivement su saisir l opportunit et s approprier l int r t I Deuxi me histoire une sc ne de famille peu ordinaire Tout tourne autour de Monsieur A d racin rentr au pays passionn de culture r gionale fonctionnaire du Minist re de la Jeunesse et des Sports et qui avec comme 146 bagage des tudes de philosophie et sans aucune sp cialisation particuli re dans le cin ma deviendra le Monsieur Langlois r gional En effet en 1986 son administration le mandate suite une longue maturation initi e par lui depuis 1978 pour participer la cin math que r gionale qu il vient de cr er Cette cin math que install e dans l une des
192. de d p ts sign es avec les d positaires de films Elle demeure leur principal soutien dans leur action de collecte l association ayant tr s peu de rapport avec les autres cin math ques r gionales m me si elle fait partie de l association europ enne In dits A Saint Etienne la rencontre s est effectu e par l interm diaire de la diffusion du film des M moires d outremer R cemment Circuit Court a mont une exposition au Ch teau d If dont le public tait tout fait m lang des d positaires bien sur taient venus voir leur film mais des jeunes tudiants des beaux arts et des personnes int ress es par le th me de la 327Ces commentaires ont recueillis lors d une enquete par questionnaire en juin 2001 328Editions Montparnasse 183 d colonisation et de l interculturel en plus du public drain par le ch teau d If qui est l un des monuments les plus visit s Marseille Comme on peut le remarquer la lecture des r ponses au questionnaire les activit s de l association Circuit court qui s inscrivent l origine dans les formats et lieux de diffusion de l art contemporain installations Fondation Cartier tend aujourd hui rejoindre celles des cin math ques r gionales que nous avons tudi es Selon Claude Boisson le travail de conservation de ces films est n tout naturellement la suite du travail sur les films des colonies Nous tions la t te d un fonds
193. de plus de 250 heures sur support num rique Nous pensions que ce fonds pouvait repr senter un int r t pour des chercheurs et des historiens Cette association artistique s apparente d sormais une cin math que r gionale dont elle semble incarner la deuxi me g n ration li e au d veloppement des m dias informatis s et en tout premier lieu Internet La sp cificit de la cin math que en devenir Circuit Court est d etre virtuelle c est dire qu il n existe pas de fonds mat riel mais juste des images num riques Mais comme dans l ensemble des cin math ques toutes les images sont d rush es et r pertori es dans une base de donn es qui est interrogeable avec des mots clefs la mani re d un moteur de recherche Internet Son responsable esp re que dans un futur proche pouvoir mettre l ensemble des images sur un disque dur et ne plus avoir de manipulation effectuer quand nous aurons une demande les visiteurs rep rent sur Internet une s quence qu il veulent acqu rir chez eux ils s lectionnent des points d entr e et de sortie de la s quence sur le site de la cin math que virtuelle et ensuite ils re oivent cette s quence par mail Nous n intervenons plus sauf dans des cas particuliers Le devenir cin math que de l association Circuit Court au moyen d Internet le projet d une banque d images familiales on demand participe d une logique culturelle omnipr sente dans la cr atio
194. de ses images par lequel nous nous engageons lui verser une r trocession sur toute somme vers e par un acheteur d images Comme le pr cise Jean S bastien Bild en r gle g n rale la cin math que propose la gestion des droits li s aux films amateurs et r troc de une partie des sommes per ues lors d op rations commerciales L ayant droit peut mettre des restrictions en mati re de diffusion non diffusion de certains passages refus d un mode ou d un lieu de diffusion demande d autorisation pr alable pour toute op ration de diffusion les demandes d autorisation ne concernent pas les visionnages effectu s dans les locaux de la 313 Entretien avec Herv le Bris documentaliste 3 juillet 2000 dans les locaux de la Cin math que Brest 314Monsieur Gu zennec entretien du 01 03 2000 316cf sur ce point L Allard L amateur une figure de la modernit esth tique in Communications n 68 1998 9 29 316 Opcit 317 A Colleu Vingt ans de travail pour une cin math que r gionale in Jubilee book Rencontres autour des In dits Essays on amateur film AEI 1997 p 56 318A Colleu Ibid p 57 179 cin math que Il semble important au documentaliste de l antenne de Rennes de sp cifier au r alisateur ou sa famille les diff rentes utilisations d images d amateur auxquelles une cin math que est amen e r pondre pour une bonne gestion des droits
195. derne r cit a causal pour L ours Juiller pp 97 114 montage rythmique hyper court pour JFK images de synth se et morphisme pour Terminator Juiller pp 50 53 129 Roger Odin De la fiction De Boeck Universit Bruxelles 2000 pp 160 162 et 166 167 130 Dominique Villain Le montage au cin ma coll Essais Editions Cahiers du cin ma Paris 1991 pp 25 26 James Clark monteur anglais n en 1931 ayant plusieurs fois travaill entre autres avec Stanley Donen et John Schlesinger r pondait la question qu est ce qu un bon montage celui qui ne se voit pas et la question qu est ce qu un grand montage celui que m me les autres monteurs ne voient pas 47 montage Mais il y a plus qu un probl me technique Comme nous l a appris Roger Odin un film de famille ne peut pas c l brer la coh sion du groupe familial s il est mont En imposant un point de vue particulier le montage bloque en effet la sc narisation que les membres de la famille accomplissent lorsqu partir d un film qui en conserve des traces ils se rem morent et commentent des v nements v cus en famille Incapables de discerner l action du montage les l ves sont d bord s par leur vid o S ils avaient p n tr plus avant dans la fabrique de Perec peut tre n auraient ils pas consid r le plan portrait comme une forme close tourn e vers elle m me car le montage on l a s
196. devenir film de suites d images dans le cadre d une institution culturelle Le passage par les crans de t l vision ou de cin ma des films amateurs les fait appartenir l institution sociale cin ma avec ses uvres ses auteurs etc Nous d velopperons ce point plus avant La mise en place de ces diff rentes modalit s de d p t et m thodologies de collecte raisonn e contribue r d finir le geste de d p t comme rel vant plus de l arrachement et de l effraction que du don et de la transmission d sint ress s Politiques de d p t et crit res internes de s lection Tout film amateur ne peut tre conserv et archiv dans les cin math ques d abord parce qu il est difficilement collectable certains d entre eux ne franchissent pas le stade de la localisation chez des particuliers refusant de d poser malgr le contre don propos lors des contacts tablis par les responsables de cin math ques consistant en une copie VHS des films dont les auteurs restent propri taires Mais parfois ce sont des politiques internes de s lection des films qui emp chent certaines bobines d amateurs de rejoindre les fonds d j constitu s Et certaines d entre elles se r v lent restrictives Ainsi la Cin math que de Bretagne n acceptera qu un volume de films qu elle est capable de traiter dans sa cha ne de d p t L entr e des films amateurs dans les cin math ques r giona
197. ducatif La programmation est collective et la coh rence est essentiellement affective et sujette aux al as des offres T v Troqu diffuse des films d une dur e moyenne de 40 minutes pour la plupart trouv s lors de la s lection fran aise des Etats g n raux du documentaire de Lussas La diffusion opte pour un m lange des genres documentaire fiction vid o danse 1h20 de diffusion en trois temps 225 Centre d Entra nement aux M thodes d Education Actives 130 200 250 personnes averties par un mailing ou par bouche oreille assistent aux projections ce qui a tiss un r seau d amiti Elles sont issues du milieu vid o d art ou sont pour la plupart cin philes La moyenne d ge est de 20 35 ans parfois plus g e Malgr une vidente p rennisation apr s 7 ans d existence et un rapport la programmation int rioris rarement le film rencontre son public Pour Christophe Postic responsable de T v Troqu jusque en d cembre 2000 le public n est pas un crit re mais la dimension collective peut fragiliser certains films En fait il s agit bien plus de prendre la manifestation comme un vecteur de convivialit et d change Les murs sont tapiss s d affiches de cin ma dans l esprit des cin clubs Les clairages tamis s la bougie et la pr sence d un bar favorisent une perception r cr ative des uvres En parall le des projections on peut voir quelques expositions de ph
198. e 185 conduisant une lecture documentaire historique suivant l image du cercle herm neutique et de la m moire r gionale nous ram ne la m moire individuelle R ception et esth tiques ordinaires du cin ma et de l audiovisuel Ont t document es trois s ries interpr tatives trois modes de lecture depuis la lecture patrimoniale jusqu la lecture privatiste tout enti re plac e sous le signe du bonheur de la reconnaissance en passant une lecture esth tisante red finissant les films amateurs comme films sans qualit comme des films de cin ma voire d auteurs Ces lectures parfois contradictoires prennent pour objet dans certains cas les m mes films Se trouve ainsi exemplifi e la th se centrale de l Esth tique de la r ception de Hans Robert Jauss selon lequel il n existe pas un sens donn des textes des images ou des sons mais seulement des concr tisations successives d artefacts constitu s de mots d images ou de sons Par cons quent l tude de la rencontre entre cin math ques r gionales et films amateurs revient retracer la cha ne de leurs r ceptions lectures et suppose ce faisant de d crire autant de passages plus ou moins ais s plus ou moins chaotiques entre sph re esth tique et monde de la vie au sujet de films constituant bien un type d esth tique ordinaire du cin ma 334 Cette situation de communication filmique d te
199. e in M diascope n 7 Sources audiovisuelles du temps pr sent mai 1994 Allard L T l visions et amateurs de Vid ogag la t l vision de proximit in Le film de famille usage priv usage public M ridiens Klincksieck 1995 Allard L L amateur une figure de la modernit esth tique in Communications n 68 1998 9 29 Anselme D Les cin math ques et vid oth ques r gionales en France ARSEC Lyon 1992 Colleu A Vingt ans de travail pour une cin math que r gionale in Jubilee book Rencontres autour des In dits Essays on amateur film AEI 1997 Davallon J Le patrimoine une filiation invers e in Espaces Temps Transmettre aujourd hui Retours vers le futur n 74 75 2000 Garfinkel H Studies of ethnomethodology Englewood Cliffs N J Prentice Hall 1967 Goffman E Les cadres de l analyse Minuit 1991 Halbawchs M La m moire collective Albin Michel dition revue par G rard Namer 1997 Jauss H R Pour une esth tique de la r ception Gallimard 1976 Jauss H R Pour une herm neutique litt raire Gallimard 1988 Odin R Film documentaire lecture documentarisante in Cin mas et r alit s CIEREC Universit de Saint Etienne 1984 Nora P Les lieux de m moire La r publique I Gallimard 1984 XXX et sq P Nora Les lieux de m moire III La France 3 De l archive l embl me Gallimard 1992 Pomian K Collectionneurs amateurs et curieux Paris Venise
200. e y r gne les l ments consid r s sont les uns c t des autres chacun situ en un endroit propre et distinct qu il d finit Un lieu est donc une configuration instantan e de positions Il implique une indication de stabilit Voir L invention du quotidien 1 Arts de faire 1980 nouvelle dition tablie par Luce Giard coll Folio Essais n 146 Gallimard Paris 1990 pp 172 173 42 l ves s accommodent d une demi salle de physique pour apprendre dessiner peindre et sculpter on s appuie sur ces pratiques pour instituer la r partition En sortant filmer les l ves ne sont plus soumis l ordre rigide de l tablissement leur rythme n est plus scand par un espace temps d j constitu au contraire il implique une fluidit spatio temporelle qui lui est inh rente Les propos de Ludovic semble accr diter l id e d une errance Quand les gens n avaient pas d id e on roulait mais Ludovic n en parle pas d une mani re n gative il accorde une primaut au mouvement qui op re une travers e parmi diff rents lieux et fait du temps une organisation subjective de l espace L acte filmique est d une intensit telle que chacun r int gre son propre rythme dans ce qu il a d original d irr ductible en particulier au cadre scolaire Cette dynamique n implique pas qu on fasse s cession hors les murs le coll ge reste la r f rence commune qui emp
201. e tape du processus patrimonial il s agit de d crire les modalit s pratiques et les enjeux de l archivisation du film amateur Dans ce qui constitue un autre passage de la m moire familiale d pos e l archive audiovisuelle on mettra en vidence comment entretiens et objets du cin ma amateur sont r partis autrement mis part rassembl s et mu s en documents pour l histoire Ces diff rentes op rations techniques permettent de saisir ici le passage en tant que mont e en g n ralit de la m moire collective familiale la m moire historique r gionale une m moire historique qui se place hors des groupes et au dessus d eux Techniques de l archive audiovisuelle priv e que conserver comment conserver Un deuxi me stade du processus patrimonial est donc institu travers les op rations techniques d archivage des films Il s agit alors de lire la technique de l archive audiovisuelle priv e Indexations th saraus des outils professionnels pour le cin ma amateur Il n existe pas de base de catalogage commune toutes les cin math ques r gionales ce qui explique les disparit s dans l identification m me des films amateurs En Bretagne une r partition par genres du cin ma amateur a t tablie animation amateur fiction amateur exp rimental amateur film de famille documentaire amateur Tandis qu M moire de Haut
202. e thique de la m diation Le sens des pratiques culturelles Pug 1999 p 219 20 Debray R Vie et mort de l image Gallimard 1992 Folio 1994 Duborgel B Le dessin d enfant Jean Pierre Delarge 1976 Ferniot M La revanche de l anecdote Trois lectures pour une esth tique frivole du film de famille in Le film de famille d cit Focillon H Vie des formes Quadrige Presses universitaires de France 1996 p 2 d orig 1943 Genette G La relation esth tique Seuil 1997 Gadamer H G L actualit du beau textes choisis traduits et pr sent s par E Poulain Alin a 1992 texte original 1977 Jimenez M Qu est ce que l esth tique Folio 1997 Journot M T Le film de famille dans le film de fiction La famille restaur e in Le film de famille d cit p 147 162 Lori s D L art l preuve du concept De Boeck 1992 Metz C Langage et cin ma Larousse 1971 Metz C Probl me de d notation in Essais sur la signification au cin ma Klincksieck 1968 Odin R Rh torique du film de famille Rh toriques s miotiques Revue d Esth tique n 1 2 U G E 10 18 p 340 373 1979 Musil R Hier ist es sch n in Prosa un Str ck Reinbek 1978 Odin R Pour une s mio pragmatique du cin ma Iris vol 1 n 1 1983 p 67 82 Odin R S mio pragmatique du cin ma et de l audiovisuel modes et institutions Toward a Pragmatics of the Audiovisual NODUS M nst
203. e valuation esth tique Celle ci se fait essentiellement sur deux axes d une part l axe du plaisir c est sans int r t on s ennuie mourir et d autre part celui du savoir faire c est vraiment trop mal fait Une approche syst matique d un corpus de ces productions montre que le film de famille se caract rise en effet par toute une s rie de figures qui justifient cette valuation on peut parler d une rh torique du mal fait au niveau de la forme de l expression le film de famille donne voir des images floues boug es l exposition incertaine qui se succ dent sans montage ni construction au niveau de la forme du contenu il est st r otyp fragmentaire et incoh rent il gr ne des bribes d actions et passe d un sujet l autre sans justification Cet ensemble de figures semble permettre d identifier le film de famille non seulement dans le contexte des productions amateurs un membre d un club de cin ma amateur on reconna t tout de suite le film de famille c est mal fait et c est toujours pareil mais dans l ensemble de la production cin matographique il est suffisamment caract ristique et reconnu par l espace social pour que les cin astes professionnels le reprennent lorsqu il s agit de produire un effet film de famille dans un film de fiction ex Muriel ou dans une publicit ex la s rie Tang Il semblerait donc qu il existe une v ritable Forme du film de famille une forme
204. e ce lieu propose gratuitement des rencontres litt raires philosophiques et psychologiques des soir es musicales regroup es sous le nom de Mix amp sound des d fil s de mode des expositions de peintures ou photographiques du th tre avec des soir es contes ainsi que des soir es projections La programmation est externe ils font appel des partenaires et leur donne carte blanche apr s avoir d fini une ligne de programmation souvent internationale Les films sont choisis en tenant compte du public d fini comme jeune r ceptif des cr ations innovantes et banch es et des contraintes du lieu Le partenaire invit se charge de se procurer les films Les auteurs ne sont pas r mun r s car il s agit d une diffusion non commerciale Chaque vendredi entre 50 et 150 personnes assistent une heure de projection ce qui correspond moins d une dizaine de films La moyenne d ge du public se situe entre 30 et 35 ans parfois plus jeune selon les partenaires Ils appartiennent au quartier ou bien sont actifs dans le domaine des m dia du graphisme ou de la publicit La communication externe est tr s organis e Le Web bar est en lien avec les revues dites branch es Les genres diffus s sont divers essentiellement des court m trages de fiction d animation ou bien 226 Un carnet d inscription 1 entr e des projections permet aux int ress s de s y inscrire 227 Propos recueilli a
205. e encombrante et de neutraliser le mauvais il de la cam ra Ils essaient des formes n h sitent pas recommencer ne retiennent que ce qui leur convient Ainsi par reprises et rejets continus une m me configuration est progressivement tablie pour tous cam ra hauteur d homme plan fixe axe frontal plan rapproch poitrine int gration de la figure dans la profondeur de champ lumi re naturelle adoucie couleurs non satur es son 119 Ce que dit Denis Roche de l acte photographique s applique exactement au tournage des plans portraits je crois que raconter les circonstances qui pr c dent l acte photographique lui m me est pr cis ment le seul commentaire esth tique r el qu on puisse apporter l image qui suivra En d autres termes la photo c est ce qui pr c de c est ce qui pr side dans Ellipse et laps coll Photo Cin ma Maeght diteur Paris 1991 p 69 Sur les rapports entre fl nerie et cr ation voir le chapitre Humeur fl neuse dans Maurice Coyaud Fourmis sans ombre Le livre du ha ku Ph bus Paris 1978 r d coll Ph bus libretto n 31 1999 pp 11 57 galement Pierre Sansot Du bon usage de la lenteur coll Manuels Payot ditions Payot amp Rivages Paris 1998 pp 33 42 120 Au moment o il prend la pose face la cam ra un l ve pourtant en confiance dans le jardin familial dit cette phrase nigmatique On dirait un g
206. e feu comme le g n rique de fin qui reprend la m me proc dure Le r cit empreint d une morale ressemble une fable Les diff rents protagonistes sont positionn s d s le d but comme les bons et les m chants Cet aspect moral est renforc par les paroles de la chanson J attends qui occupe les 2 3 de la bande son hormis le g n rique d ouverture et la premi re s quence Ce court m trage qu on pourrait qualifier d initiatique met en sc ne la difficult laquelle se trouve confront un adolescent un moment donn de son existence le rapport la Loi rentrer dans le cadre d une soci t hi rarchis e contraignante mais protectrice perdre ses amis et assumer une certaine solitude Ou se laisser entra ner dans des projets douteux au nom d un id al d amiti relativement illusoire pr sent e comme une sorte de pacte avec le diable et mettre son avenir en danger F prend le spectateur t moin pour lui exposer son dilemme Et inversant le processus que d crit Daniel Serceau dans Le d sir de fictions qui am ne habituellement le spectateur dans une salle obscure pour y satisfaire son besoin de transgression sans prendre de risque on pourrait dire que la r alisation de ce court m trage lui sert d exutoire A tel point qu il permet seulement son h ros de r ver qu il participe au hold up mais comme il le dit dans son interview avec le souci de faire le plus vrai possible Axes de r flexion 15
207. e particuli rement transversale dans l ensemble des activit s humaines il suffit de songer au simple souci de se d marquer celui ci v hicul l envi par la mode et la publicit qui multiplient les mots d ordre en ce sens think different soyez d cal s pour s en convaincre Il s agit avec le second de mettre en sc ne des formes de sociabilit dans des espaces d exposition d di es aux pratiques plastiques contemporaines au premier rang desquelles se place la vid o Le troisi me refl te de mani re g n rique cet 102 int r t croissant et combien institutionnalis attendu qu un minist re lui est d sormais attach pour les conomies solidaires conomie du don ou celle du partage un vague et paradoxal syndrome de la gratuit etc seraient autant de signes de l apparition d une nouvelle conomie de l art le conditionnel s impose ici nous le verrons Il nous semble que ces trois termes d calage relation et partage donc poss dent une vertu mod lisante assez forte aux sein des espaces alternatifs et nous allons essayer d en souligner quelques aspects en croisant la r flexion avec les questions cardinales de notre enqu te Du d calage au camouflage Dans le champ des activit s artistiques la volont ou le d sir de se d caler par rapport aux institutions priv es et publiques voire de se positionner contre elles ne constitue pas une nouveaut Ce serait m me devenu une banalit pis
208. e Jauss qu on n a pas oubli l enseignant l animateur le copain vont retrouver au milieu de cette relative incoh rence qui l esth tique qu il a tent de faire percevoir qui les images qui le font rire Ainsi la figure du destinataire s inscrit dans l oeuvre dans son rapport avec les oeuvres ant c dentes qui ont t retenues titre d exemples et de normes Les oeuvres d artistes montr es aux l ves sont r investies par bribes certains l ments de leur travail peuvent faire penser d autres d marches artistiques comme celles de Christian Boltanski Les Sayn tes Comiques sortes de jeux de r les un peu pu riles et les mises en sc nes de photographies de famille du m me artiste propres conforter les enseignants dans leur d marche ducative N est on pas alors dans ce moment de pr sence absence du public dans la volont de partager des liens propres d clencher l motion esth tique sur la base d une reconnaissance commune d images qui les ont nourris La notion d thique de l esth tique telle qu elle est formul e par M Maffesoli peut nous tre utile ici pour interpr ter cette forme de socialisation Le lien social devient motionnel Ainsi s labore une mani re d tre ethos o ce qui est prouv avec d autres est primordial Si pour les coll giens les mod les sont repris avec distance et ironie ce n est pas le cas pour le tra
209. e Normandie ils sont r pertori s soit en film de famille soit en film de clubs Les crit res d indexation s av rent parfois locaux voire singuliers li s la personne qui a visionn e les images et rentr e toute une s rie d informations du mot cl au genre du film Certains documentalistes n h sitent pas livrer des appr ciations comme c est le cas avec le fonds de la Vid oth que r gionale de la Cin math que de Saint Etienne dans le but de faire venir du monde suivant son animatrice La documentaliste de l institution st phanoise a mis le souhait de vouloir rationaliser le th saurus en d passant le stade du langage libre dans le but d identifier le plus pr cis ment ces produits moins finis que constituent les films amateurs Lieux sujets actions serait la liste id ale trois 293 P Ricoeur op cit 2000 p 169 294 M de Certeau L criture de l histoire in Faire de l histoire Gallimard 1975 295M Halbawchs op cit p 132 296 cf l annexe C pr sentant diff rentes notules et fiches d indexation issues de ces trois cin math ques 172 temps pour une indexation efficace de ces images d apr s elle C est le choix effectu par Agn s Delforge M moire Audiovisuelle de Haute Normandie qui a configur la base de donn es suivant trois mots cl s lieux de tournage notamment indiqu s pour les fictions amateurs noms propres noms de
210. e ans d clarent avoir pratiqu la musique le th tre la danse les arts plastiques ou une activit d criture pendant leurs loisirs Pour ce qui concerne la culture des m dias de masse les pratiques artistiques Olivier Donnat Les amateurs Enqu te sur les activit s artistiques des Fran ais La Documentation fran aise 1998 amateurs informatiques sont en plein essor En 1999 22 des utilisateurs d ordinateurs ont des pratiques artistiques en amateur sur leur mat riel 19 dessinent 15 traitent du son et 6 de l image Au del de ces tableaux statistiques le sociologue Olivier Donnat dans la conclusion de son enqu te Les pratiques culturelles des Fran ais constatant que de plus en plus de Fran ais quel que soit leur ge sont tent s d aborder l art par la pratique en amateur met l hypoth se que les pratiques amateurs sont le si ge de r els enjeux culturels puisque m me sans grande valeur artistique elles sont investies de fortes aspirations en mati re d expression de soi et de recherche d authenticit et ce titre porteuses d identit s personnelles ou collectives Cette hypoth se est stimulante et vient faire cho certaines th ories sociologiques contemporaines dites de l individualisme r flexif ou de l identit r flexive venant caract riser notre poque dite de seconde modernit ou d une soci t du risque L id e de base d
211. e associative r pond le plus facilement ces enjeux sociaux et culturels locaux Cela est d sa capacit d adaptation aux situations et aux besoins des divers publics A cet instar T v Troqu est une association initi e par des personnes issues du CEMEA Fort d exp riences d animation audiovisuelle avec des enfants visant l ducation l image l quipe s est lanc e depuis 1993 dans la diffusion d uvres audiovisuelles Ce projet s inscrit dans l histoire de la m diation culturelle h riti re des id es de Jean Vilar dont le d fi tait de r inventer un espace populaire transformer les barbaries en formes de jouissance esth tique Au d part le lieu tait celui du CEMEA Belleville mais en raison de changement de locaux ils diffusent d sormais St Germain en Laye au Lyc e autog r de Paris T v Troqu dispose d un mat riel sommaire comme la plupart des lieux de diffusion 3 t l visions et un magn toscope qui ne leur appartiennent pas mais dont il devraient progressivement se doter Les rencontres font n anmoins preuve d une qualit de diffusion sonore et visuelle en b ta ou en U matic Ce genre de manifestation se voit souvent attribuer le caract re d alternatif si cela est parfois confirm pour le lieu en ce qui concerne les personnes elles sont rarement marginales mais proches du milieu artistique L quipe de 10 personnes appartient aux milieux audiovisuel et
212. e cherche 1978 repris dans Penser Classer pp 9 12 36 aspect ext rieur mais pour d couvrir la mati re dont ils sont faits L acte filmique doit tirer des choses ordinaires la mati re dont nous sommes faits En tra ant un portrait de Perec autobiographe Philippe Lejeune distingue neuf gestes qui sont autant de moyens mis en uvre pour saisir dans son mergence l exp rience d une vie En partant de ces gestes on peut formuler quelques uns uns des probl mes auxquels vont se heurter les l ves 1 la liste Parmi les contraintes po tiques c est la forme la plus maniable la plus envo tante et Je me souviens en donne un exemple embl matique Dans ce texte autobio graphique la liste r pond aux principes de cloisonnement et de diss mination qui s exercent contre le mod le du r cit r trospectif la premi re personne On peut caract riser la liste de Perec par deux qualit s essentielles la forme bris e et la fonction des blancs typographiques a On tablit une liste en juxtaposant sans s interroger sur ce qui pr c de ni sur ce qui suit des l ments s par s Chaque l ment propose un objet unique autour duquel il gravite de telle sorte que l ensemble form par ces diff rents centres de gravit est discontinu Il se constitue comme texte gr ce un montage empirique et non par une rh torique de liaisons Form s la logique du r cit les l ves savent encha ner les
213. e cin aste gr viste multiplie les points de vues car il n a de cesse de s extraire du mouvement afin de trouver la bonne place Alors qu elles repr sentent un moment d cisif et quotidien assez peu d assembl es g n rales sont film es par les amateurs Et lorsqu elles le sont les cin astes se soumettent l ordre du visible Lieu de d cisions graves pour ou contre la poursuite de la gr ve et collectives les assembl es g n rales sont repr sent es selon la mise en sc ne orchestr e par l espace social Lorsqu il filme le cin aste se met au service du gr viste comme le r el l y oblige La plupart du temps il filme peu ce moment parfois seulement le r sultat du vote Dans ces sc nes le gr viste l emporte sur le cin aste car si le gr viste filme la totalit du moment de vote il ne peut voter et perd en quelque sorte son statut de gr viste Ce moment symbolise la confrontation du r le de cin aste avec celui de gr viste militant Loin du bruit des manifestations des assembl es g n rales des sc nes priv es comme les piquets de gr ve et les repas collectifs ces sc nes ne mettent pas en jeu un choix entre l activit de gr viste et celle de cin aste L ensemble de la communaut gr viste est ce moment l en pause par rapport au travail de la gr ve et celui du militantisme Les films montrent des sc nes priv es plus souvent que celles auxquelles l on pourrait s attendre car filmer ce genre de m
214. e contr leur du car ne s attarde pas sur la photo d identit il s arr te la ressemblance avec l l ve assis devant lui Dans l album de famille dans le portefeuille les photos nous relient aux personnes qu elles repr sentent ou nous rappellent les moments pass s en leur compagnie Et si l image analogique conduit se regarder soi m me se consid rer tel un objet ext rieur soi c est une attitude qui n incite pas forc ment crire En op rant un double d placement sortie du contexte habituel et criture l exercice de r daction donne chacun la possibilit de porter sur sa photographie un regard oblique Chaque l ve va d crire et d finir sa figure en entier et en d tails exprimer l impression globale qu elle produit et distinguer un un ses l ments constituants yeux regard attitude coiffure peau etc Pour pouvoir estimer la figuration et mettre sa valeur l preuve du reproche ou de l assentiment la nomination doit tre franche D une mani re nette tous les l ves r pondent cette exigence En leur offrant ainsi l occasion de tester une de leurs repr sentations la r daction perd sa vis e purement rh torique et cesse d tre un art de la feinte qui s oppose au dire vrai M me si le cadre scolaire est maintenu si le rapport soi s exerce en diagonale l action engag e est suffisamment efficace pour qu au moment du tournage le
215. e depuis toujours etc Bref celui ci lui donne aussi raison et fait verser la subvention du Conseil R gional la cin math que en une seule fois v ritable bol d oxyg ne pour la survie de son association Et les choses se remettent dans l ordre et tout retrouve une activit normale L image fusionne Monsieur C connaissait la nouvelle d l gu e politique la culture du nouveau Conseil R gional sa fille avait t dans le lyc e o il tait enseignant et il avait pour elle un pr jug favorable Elle tait par voie de fait devenue pr sidente de l ARC l association audiovisuelle cr e par le Conseil R gional Il lui raconte alors toute l histoire de leur deux associations PIRA et l ARC Elle m a dit apr s avoir men sa petite enqu te qu elle comprenait tr s bien mais que cet miettement cette cassure entre nos deux associations oui oui c tait tr s mauvais et qu il serait souhaitable de recoller les morceaux de retrouver l UNITE de faire quelque chose de COHERENT avec nos deux associations C est ce que je voulais L objectif tait de recoller leur association la mienne Il y aura m me des articles dans les journaux etc Mais Monsieur C se rend finalement rapidement compte que c est exactement la m me chose qui se passe que lorsque la droite politique tait au Conseil R gional simplement pr sent e de fa on inverse le Conseil R gional de droite
216. e des images amateurs tant explicitement affich e dans les discours de sc ne des fondateurs de telles institutions Cependant notre questionnement premier en termes de pourquoi et comment des films familiaux sont archiv s et diffus s comme document historique ethnologique une r ponse convoquant la dimension esth tique nous a t sugg r e en accordant une coute particuli re des discours de coulisses s articulant le plus souvent autour d valuations esth tiques manant des personnels de ces cin math ques mais aussi de professionnels de l audiovisuel qui travaillent en collaboration avec elles autour de la valorisation des fonds Au terme du travail de terrain apr s avoir rencontr les membres de ces institutions men des d entretiens recueilli de documents internes observer des pratiques de travail et de visionnage de films deux axes d analyse nous ont parus pouvoir mieux clairer les enjeux de la rencontre entre cin math ques r gionales et films de famille la patrimonialisation et l esth tisation Les films amateurs se trouvent collect s conserv s et diffus s le plus souvent en tant que document historique ethnographique mais certains plus que d autres parce qu ils sont tout simplement beaux B Les cin math ques r gionales et les oubli s de la cin philie un mod le de d veloppement territorial Pour compl ter les r cits d dification pr sent s pl
217. e dispositif n est pas toujours efficient Les spectateurs qui ont suivi l volution regrettent le manque de temps pour un v ritable change Les projections sont rarement suivies d explications Le probl me c est qu ils sont toujours tr s press s On sent une envie de rentabilit T l montmartre un mod le original de l volution o prime la vie locale T l montmartre fut cr e en mars 1998 dans le centre d animation des Abesses En tant que m dia de proximit l ancrage dans le quartier de Montmartre est essentiel En effet cette implantation mane d une demande locale T l montmartre c est un besoin qui va de pair avec une sorte de mode Mais la mode elle seule ne suffit pas On a constat au d but de fonctionnement de T l montmartre que les associations les riverains taient totalement favorables une initiative de ce type C est un facteur norme la demande existe Les habitants du quartier en faisant acte de proposition ont fait na tre ce projet et le font vivre Ils ont r agi au projet initial du centre d animation qui tait de d velopper un atelier vid o mais dont la mise en place tait difficile car li e au mat riel et l volution du mat riel La grande r volution des t l visions locales c est videmment l accessibilit d un mat riel haut de gamme un niveau de prix limit qui n existait pas quand j ai commenc faire le projet de l atelier vid o donc
218. e faire 1980 De Certeau Giard Luce Invention du quotidien Tome 1 Arts de faire Folio essais 1990 De France Claudine Cin ma et anthropologie Editions de la maison des sciences de l homme 1989 Deleuze G Foucault coll Critique ditions de Minuit Paris 1986 Dickie G Le mythe de l exp rience esth tique 1964 trad fr in D Lories Philosophie analytique et esth tique M ridiens Klincksieck 1988 Donnat O Les amateurs Enqu te sur les activit s artistiques des Fran ais La Documentation fran aise 1998 Donnat O Les pratiques culturelles des fran ais Enqu te 1997 La documentation fran aise 1998 Dreyfus H et Rabinov P Michel Foucault un parcours philosophique 1983 Gallimard Duborgel B Le dessin d enfant Jean Pierre Delarge 1976 Duvigneaud Jean Sociologie de l art Ed PUF Coll Le sociologue Paris 1967 Duperey A Le voile noir Le Seuil Paris 1992 Elais Norbert Qu est ce que la sociologie Editions de l aube 1991 Esquenazi Jean Pierre Film perception et m moire L harmattan 1994 Ferniot M La revanche de l anecdote Trois lectures pour une esth tique frivole du film de famille in Le film de famille d cit Ferro M Film et histoire Ed E H E S S 1984 Focillon H Vie des formes Quadrige Presses universitaires de France 1996 p 2 d orig 1943 Foucault M Surveiller et punir Gallimard Paris 1975 Foucault M Histoire de la sexualit
219. e histoire J tais le seul avoir un camescope c tait extraordinaire j adorais ces images et ces fum es Michel d couvre le langage cin ma au cours d un v nement qu il vit la politique lui permet de d couvrir l outil cin ma Les professionnels vont eux d couvrir le monde dur de la gr ve le temps de leur film Leur cam ra est participante voire complice de l v nement Le cin ma vient au service de la gr ve il se met en gr ve litt ralement comme le clament les deux cin astes de Paroles de Gr ve 188 En 1999 Dominique Cabrera a crit et r alis un t l film de fiction intitul Retiens la nuit pour la cha ne ARTE dont le sujet se passe pendant les gr ves SNCF de 1995 189 Propos recueillis le 07 09 01 par I Potel suite au tournage du film Retiens la nuit pour le journal Lib ration 190 extrait d un entretien avec Michel Raynal r alis le 5 juillet 1999 Capdenac Lot 94 Ce n est pas l image qui prime c est la gr ve Alors que le gr viste cin aste doit se d tacher de son milieu pour en rendre compte et filmer le documentariste doit lui s immiscer et se fondre dans le paysage qu il doit d crire Il doit aller la rencontre de l objet filmer alors que le gr viste s en loigne Si v nement est le centre alors les amateurs ont une posture centrifuge car ils veulent s loigner de la gr ve pour toucher l image tandis que les pro
220. e l int r t pour son association et en lui donnant des moyens financiers pour agir ont ce qui deviendra progressivement de plus en plus visible bien d autres vis es et tentent successivement diff rentes man uvres vouloir l corner Le Conseil R gional suite sa rencontre avec les professionnels de l image prend la d cision de cr er en 1988 sa propre association association loi 1901 appelons la PARC Celle ci affirme son tour elle aussi comme l association de Monsieur C son intention de se mettre promouvoir dans la r gion la cr ation et la production cin matographiques et audiovisuelles Elle souhaite apporter un soutien financier la production r gionale et encourager les r alisateurs d butants sous forme de bourses annuelles Au d part l association est uniquement compos e d lus c est dire en gestion de fait puisque les lus en tant qu lus votaient cette association une subvention dont ils taient les seuls disposer ensuite Elle refera ult rieurement ses statuts et s ouvrira divers coll ges tout en faisant attention ce que Monsieur C ne fasse partie que d un simple comit d experts pour avis et non pas du conseil d administration Cette association compos e de trois femmes salari es se d veloppera pendant les dix ans venir avec des professionnels r gionaux de l image comme adh rents exploitants de salle producteurs r alisateurs techniciens env
221. e la documentaliste lui a fourni des indications de titres pouvant tre d int r t r gional son principal crit re de s lection tait toujours le regard derri re les images la manifestation d un auteur c est dire d un corps vivant derri re les images des motions ressenties Elle a ainsi s lectionn des images pour un geste une lumi re un personnage des situations ne cessant jamais de consid rer ces films d amateurs comme des films de cin ma Ainsi Les glaces Martinez figurent dans le documentaire non pas parce qu on peut y observer en arri re plan la reconstruction de Rouen comme indiqu sur la notule d indexation mais parce les images lui rappelaient les films italiens des ann es 50 Son propre imaginaire cin matographique son go t du cin ma s tant forg s lors des s ances domestiques au cours desquelles le grand p re projettait films d dition et films de famille les images d amateurs ne cesse de renvoyer pour cette r alisatrice du cin ma tout simplement Suivant le r cit d Ingrid Gony la recherche th matique s est ensuite effectu e partir du corpus de films choisis pour leur beaut Les th mes se sont alors d gag s d eux m mes manifestant l le certain degr de conformisme du cin ma amateur l enfance la vie normande avec ses clich s Sur le commentaire dont l criture t d l gu e une cousine journaliste pesait le plus for
222. e la solution formelle pour concr tiser son projet cin matographique Du cot de la fiction en pendant ce qui peut tre analys e comme une resocialisation du cin ma d auteur avec la floraison de films de jeunes r alisateurs ancr e dans une th matique sociale Ressources humaines de Laurent Cantet Nadia et les hippopotames de Dominique Cabrera l autobiographie film e semble s tre g n ralis e jusqu se trouver projet e sur les crans du Festival de Cannes avec les films de Nanni Moretti Journal Intime 1986 et Aprile 1988 tandis que le film de famille y tait consacr comme mod le formel avec le Prix du jury 1998 pour Festen de T Viterberg Ce dernier film tourn avec une cam ra num rique l g re la DV en mobilit sans clairage et dans lequel sont r v l es lors d une f te de famille les pratiques d abus sexuels du p re est selon l interpr tation de son auteur danois beaucoup plus provocant parce que fait maison C est plus nu ainsi Certains peuvent se retrouver dans le film une sorte de d j vu et pense que c est un oncle qui l a film par exemple L uvre devient plus proche du spectateur que si elle tait en film L intentionalit esth tique est ici explicit e par l auteur en se r f rant au film de famille comme matrice formelle A travers ces diff rents exemples s observe une red finition esth tique toute contemporaine du film de famille dans
223. e la th orie de l identit r flexive d velopp e par Ulrich Beck ou Anthony Giddens est la suivante dans le contexte soci tal de high modernity en raison de la d multiplication des sources d autorit s introduisant des incertitudes et des possibilit s de choix multiples les formes de vie traditionnelles familiales salariales etc ont perdues leur l gitimit pseudo naturelle elles ne peuvent plus tre plus reproduites automatiquement Ou pour le dire autrement pour reprendre les formules de Ulrich Beck si certains contraintes socio culturelles perdurent objectivement les traditions et conventions sont subjectivement ressenties comme moins contraignantes telles celles qui ont trait la classe la religion ou la nation par exemple et peuvent m me tre consid r es comme optionnelles Les individus ont ainsi en principe sinon de fait la possibilit objective de choisir la forme de vie qui leur convient le mieux ainsi que le style de vie aff rent ou plut t ils sont de plus en plus contraints choisir parmi une panoplie de styles de vie possibles pour reprendre les remarques de Fr d ric Vandenberghe Les identit s deviennent proprement r flexives partir du moment o les individus sont contraints r fl chir librement sur la vie qu ils veulent mener et la fa onner comme ils l entendent Ainsi en l absence de mod les d identit s prescrites la recherche du soi rel ve de l invention et cette invent
224. e m me de l uvre mais aussi travers son mode de cr ation et l intention de l auteur travers les conditions et les dispositifs de diffusion et enfin travers les modalit s de r ception et les attentes spectatorielles La pluralit des lieux l agencement de ces param tres et leur degr de caract re ordinaire implique n cessairement des processus esth tisants vari s Nous avons voulu illustrer notre propos par des exemples dont l objet concerne essentiellement la vid o comme les t l visions de proximit les lieux de diffusions audiovisuelles non institutionnels et les galeries d art L enjeu est galement de montrer qu en d pit de la particularit de chacun des lieux de diffusion les fronti res tendent se brouiller remettant en cause les intentions esth tiques de d part et favorisant sans cesse de nouveaux passages entre la sph re priv e et la sph re publique entre sph re des grands m dia et celle des plus petits L tude sur le terrain fut essentiellement r alis e en r gion parisienne Plusieurs modes d approche ont t mis en uvre l observation neutre l observation film e et des entretiens compr hensifs La n cessit de ces derniers s explique par la r ticence des milieux observ s face la notion d enqu te Les lieux de diffusion alternatifs L exemple de deux t l visions locales parisiennes Il convient avant tout de clarifier ce qu on en
225. e make out of ourselves cette phrase peut tre prise au pied de la lettre en filmant les l ves r investissent leur vie donnent forme leurs corps La d marche leur procure une source importante de plaisir et de surprise m me si les productions vid o g n ralement re ues dans l hilarit satisfaite des auteurs laissent souvent perplexes les adultes La cr ation d veloppe une prise de conscience de sa valeur en tant qu individu ce que Giddens nomme sense of personal worth Un autre aspect important de construction de sa vie s op re dans le processus de cr ation En se positionnant comme cr ateurs les jeunes ont la possibilit de choisir entre diverses autorit s personnelles ou institutionnelles Que ce soit en atelier coll ge ou en cr ant un lieu de production F ils ne sont plus directement et uniquement sous la coupe de l autorit scolaire ou familiale Ils s affranchissent de cette tutelle en s lectionnant ce qui leur convient dans ces normes habituelles ou en faisant r f rence d autres normes parfois esth tiques manant de divers lieux normes d couvertes dans le monde des artistes ou r gles manant d autorit s ext rieures quel plaisir de tout salir pour tourner une vid o de n gocier avec la mairie et la police pour filmer un course poursuite en voiture Le statut de cr ateur permet de l gitimer d autres pouvoirs et surtout de se positionner librement entre ces
226. e mat riau qu est le cin ma d amateur savoir sa reconnaissance pour lui m me comme pour ceux qui l approchent l o l on est encore dans un monde o les reconnaissances ne sont pas naturelles Ces images loign es des pistes audiovisuelles classiques se r v lent aussi d stabilisatrices des structures qui les h bergent tout autant que porteuses de nouvelles identit s d finir et construire La violence semble tre la hauteur du flou laiss encore autour II TROISI MEMENT UNE HISTOIRE MAISON Cette cin math que situ e au c ur de la France dans une r gion au pass industriel fort bien qu aujourd hui r volu est tr s fi re de se pr senter comme la cin math que la plus ancienne de France Elle est depuis toujours municipale Cr e dans les ann es 20 par la ville avec le soutien du d partement et du Minist re de l Instruction Publique tr s novatrice pour l poque elle sera l avant garde du cin matographe ducateur Elle aura pour but le pr t de films aux coles de la ville des fins p dagogiques et sera troitement li e au r seau des institutions et militants la cs Avec un pass charg d enjeux politiques et id ologiques forts elle conna t apr s guerre des difficult s importantes mais continue n anmoins son action gr ce l aide d enseignants tr s motiv s v ritables militants du cin ma p dagogique Le pouvoir politique h site longtemps sur son
227. e mettre en valeur ce qui est au del des apparences et du domaine de l humain La convivialit ou la volont de recr er le lien social se veut plus dans le rapport du public l uvre et la d couverte de son quartier plus que de la rencontre avec les autres spectateurs Faire merger par nos missions l envie le d sir de partager de mieux conna tre d aller plus loin par rapport la personne que l on a vu sur l cran et partir de l de faire tomber des tabous de faire tomber des barri res de faire reculer des pr jug s La logique t l visuelle perdure 1 serait absurde de le nier Nous avons tous t baign s depuis tout petit par la t l vision et 129 avons de mani re inn e une fa on de d coder les images On est oblig de tenir compte de a m me si c est pour proposer une autre mani re de monter de cadrer Ils affichent une volont p dagogique et de formation qui s inscrirait dans une logique de pr professionalisation On ne peut pas pr tendre s improviser cadreur r alisateur sc nariste et satisfaire un public Cela veut dire qu il y a une d marche qui s inscrit dans le cadre de l ducation populaire C est dire qu au sein de T l montmartre on va trouver un certain nombre d outil un encadrement et des participants dont certains sont d j un niveau professionnel La formation va se faire sur le tas Elle va d pendre de la capacit de la personne arrivant T l
228. e pour organiser un colloque sur des ateliers de travail filmique En 1977 1978 Monsieur C contribue avec d autres la pr figuration de l enseignement du cin ma dans les coles qui sera instaur d finitivement quelques ann es plus tard par le ministre de l Education Nationale de l poque Dernier lan qui aboutit en 1978 la cr ation officielle de sa premi re structure audiovisuelle professionnelle mettant fin au militantisme b n vole de ces premi res exp riences Cette association de type loi 1901 appelons la PIRA cr e avec l appui du pr fet et un vote favorable du Conseil R gional se donne pour objectif de r pondre aux besoins de la r gion dans les domaines du cin ma et de l audiovisuel Elle est d entr e de jeu financ e ponctuellement par la R gion pour des aides l quipement Avec l esprit de service public elle d veloppe diff rentes actions visant la fois la formation l animation 142 la production et la prestation de service Elle comptera en d cembre 2000 douze salari s Elle sera devenue un partenaire r gional incontournable pour tout projet touchant l audiovisuel Mais bien plus encore c est Monsieur C son pr sident apr s avoir t pr sident de toutes ses pr c dentes associations qui en symbolise toute l action Il a toujours jou le r le du P re Fondateur moi m me ducateur depuis toujours je cherche avant tout transmettre des je
229. e premi re tape la citation Les l ves n chappent pas la r gle nonc e par Lejeune et s appuient sur certains films de Jean Luc Godard Bien qu ils n en aient vu que des fragments ou des restes ils vont cependant passer par son uvre pour r aliser leur vid o Une carte postale d A phaville qui d core un coin du local donne un gar on l id e de filmer son amie comme Anna Karina Heureux du r sultat il l ins re entre le plan de l tang et celui du ciel Par ses tons verts ses effets de transparence le plan de la fille derri re la vitre prolonge la vue de l tang entour d arbres le regard de la coll gienne dirig vers le haut semble appeler le plan suivant le bleu intense et froid du ciel au dessus de la cour Sur une tag re moiti vide du studio il y a des cassettes enregistr es et d anciennes revues de cin ma Probablement parce qu on ne savait pas quoi en faire cette documentation a rejoint tout ce que l intendance du coll ge estime tre du mat riel audiovisuel et qu on remise dans cet endroit Les l ves appellent la cassette de Nouvelle Vague la cassette blanche cause de la jaquette et s y reportent r guli rement Ils disent T as qu regarder comment on fait dans la cassette blanche Personne ne s int resse au film en entier la cassette est un manuel qu on consulte pour r soudre un probl me En se servant de la 143 L ann e qui suit
230. e sens des argumentations esth tiques r side dans le fait que les objets qu elles font valoir deviennent des arguments de notre exp rience et de notre attitude Enfin pour Albrecht Wellmer en tant que compr hension r ussie se manifestant et s articulant dans le commentaire l exp rience esth tique est susceptible d tre justifi e par des raisons qui d limitent une rationalit esth tique appr hendable dans nos discussions au sujet de la qualit d un objet culturel C est pourquoi selon ces auteurs dans les divers jeux de langage th matisant la relation esth tique se manifeste combien la r ception d uvres de textes conjuguant les diff rents moments de la perception au jugement en passant par la compr hension offre des 9 HR Jauss Pour une herm neutique litt raire Gallimard 1988 p 361 20H R Jauss Ibid p 23 21A Wellmer V rit Apparence R conciliation Adorono et le sauvetage esth tique de la modernit in Th ories esth tiques apr s Adorno sous la dir R Rochlitz Actes Sud 1990 22M Seel L art de diviser Le concept de rationalit esth tique Armand Colin 1993 23 R Rochlitz Subvention ou subversion Art contemporain et argumentation esth tique Gallimard 1994 et L art au banc d essai Gallimard 1998 2429 R Rochlitz op cit 1998 p 240 25M Seel op cit p 246 26 A Wellmer op cit 11 ressources interactionnelles venant nourrir les pratiques communi
231. e sujet bien r el d un texte autobiographique Les textes des l ves ne permettent pas de jouer de la sorte Sign chaque je me souviens se place sous le signe de la singularit Anonyme chaque fragment n est plus qu un bout de m moire commune et l nonciateur collectif soumet chaque l ve la disparition Une des raisons du passage de l crit la vid o vient de ce que les l ves souhaitent suivre Perec en refusant leur effacement Ce souci d tre un et plusieurs de se repr senter soi m me sans renoncer compara tre avec les autres est l origine de la vid o ou plut t il en est le centre ignor comme l crit Maurice Blanchot Un livre m me fragmentaire a un centre qui l attire centre non pas fixe mais qui se d place par la pression du livre et les circonstances de sa composition Centre fixe aussi qui se d place s il est v ritable en restant le m me et en devenant toujours plus central plus d rob plus incertain et plus imp rieux Celui qui crit le livre l crit par d sir par ignorance de ce centre Sans probl me on peut transposer ces phrases de L espace litt raire l entreprise vid ographique des l ves Une deuxi me cause cette fois formul e plusieurs reprise par les l ves est que le studio vid o commence tre utilis Les coll giens d couvrent ce lieu en m me temps qu un groupe qui se constitue l cart des autres Un s j
232. e tenir un r le de diffuseur avec le regard critique et s lectif que cela implique D o de l aveu m me de Brent Klinkum une situation de porte faux celle ci v cue de mani re tr s positive toutefois puisqu elle a pour corollaire la n cessit d tablir des programmes sp cifiques certains milieux contextes ou publics Pareille situation de porte faux ne serait pas inint ressante non plus pour l enqu te bien au contraire et voici comment Brent Klinkum nous l a d crite J essaie d avoir deux attitudes correspondant la prise en consid ration de deux contextes diff rents resta savoir si ces deux attitudes ne soutiennent ne p rennisent voire ne cr ent pas lesdits contextes autre question pour une autre enqu te Premier contexte les programmations type Beaux Arts Les mus es cherchent les possibilit s de trouver un public autre que les tudiants des coles d art et font appel notre Brent Klinkum lequel se pr sente lui m me comme un DJ connu dans toute l Europe Le plan de r f rence ici s tablit partir de vid o d artistes connus et diffus s plan qui nous ferait quitter le cadre de l tude s il n y avait le deuxi me contexte celui de la programmation type caf dont la particularit notable serait l absence de s lection Une d flation de la posture de commissaire dont B Klinkum ne pouvai
233. e tire sa force et sa dur e de ce qu elle a pour support un ensemble d hommes ce sont cependant des individus qui se souviennent en tant que membres du groupe De cette masse de souvenirs communs et qui s appuient l un sur l autre ce ne sont pas les m mes qui appara tront avec le plus d intensit chacun d eux Nous dirons volontiers que chaque m moire individuelle est un point de vue sur la m moire collective que ce point de vue change suivant la place que j y occupe et que cette place elle m me change suivant les relations que j entretiens avec d autres milieux Il peut y avoir plusieurs m moires collectives C est le second caract re par lequel elles se distinguent de l histoire L histoire est une et l on peut dire qu il n y a qu une histoire Du souvenir familial objectiv au document utile la connaissance historique r gionale tel est le destin de l objet filmique film de famille institu archive audiovisuelle priv e par les documentalistes des cin math ques r gionales Des images d inconnus cessent d tre sans int r t pour celui qui n appartient pas aux familiers pour devenir des documents des t moignages d une port e plus universelle mais restreinte un chelon local ou r gional Comme si par leur nature privatiste ces documents ne pouvaient clairer qu une portion limit e du territoire du pass Mais il faut peut tre prendre acte ici d un e
234. e travail de la m moire Les l ves avaient pass plus de temps que les autres dans l tablissement qu ils quitteraient la fin juin emportant avec eux le souvenir des petits morceaux qui ont fait leur ordinaire 89 Pour commenter le livre de Perec j ai utilis l ouvrage de Philippe Lejeune La M moire et l oblique Georges Perec autobiographe POL diteur Paris 1991 90 Le travail de la m moire entretien avec Frank Venaille publi dans Georges Perec Je suis n coll La librairie du XX si cle Le Seuil 1990 34 Tous se sont donn les moyens de faire jeu gal avec l auteur de Je me souviens cependant ils n en tirent aucune satisfaction Cela tient au nom de l auteur plus pr cis ment la fa on dont nous construisons l nonciateur partir de la figure de l auteur D s la couverture Perec r gle la question de l nonciateur Le pronom personnel du titre repr sente celui dont le nom vient juste avant Georges Perec Je me souviens A l int rieur du livre la r p tition syst matique de Je me souviens en t te des quatre cent quatre vingts entr es peut provoquer un effet hypnotique et brouiller l instance nonciatrice auteur et lecteur unis par les souvenirs communs tendent se confondre dans le je mais l anaphore produit galement l effet inverse elle rappelle que la premi re personne est attribuable Georges Perec c est dire l
235. ec une diversit d objets et par cons quent pluraliser le champ d investigation de l esth tique Esth tiques ordinaires esth tique de la continuit La probl matisation de pratiques audiovisuelles amateurs en termes d esth tiques ordinaires ressort donc d une double vis e la fois m thodologico descriptive comme il vient d tre expos et normative dont l horizon renverrait une n cessaire pluralisation de l appr hension des pratiques artistiques ne se limitant pas aux uvres d art et jeux de langage critiques reconnues institutionnellement comme telles L tude de ces esth tiques ordinaires du cin ma et de l audiovisuel en tant qu objets fronti res entre mondes de la vie ordinaires et mondes de l art saisies empiriquement notamment travers diff rents jeux de langage discours expressions voudrait tre une contribution la multilocation de la culture pour reprendre le projet de Michel de Certeau ou de pluralisation du domaine esth tique p trifi en un dogme institutionnel et reposant sur une id ologie de l autonomie esth tique attach e au seul domaine des Beaux Arts canoniques musique peinture sculpture litt rature th tre pour reprendre les analyses de J M Schaeffer Ainsi autour de ces esth tiques ordinaires et leurs jeux de langage se trouve empiriquement document ce que peut signifier une esth tique de la continuit entre diff rentes sph res
236. ections vid o soient parfois davantage sources de conflits plut t que motif tisser du lien civil Nous voquions l instant le cas de ces deux clientes qui fuirent par principe une vid o mais il y eu pire et Beno t Martin le patron de La Garsouille nous a racont quelques anecdotes ce sujet comme cette projection du 1 2 00 r unissant a peu 113 pr s vingt cinq spectateurs et qui a t perturb e par un groupe d une dizaine de personnes lesquelles ont t moign d une volont manifeste de d ranger tant par leur parasitage de la bande son au moyen de commentaires oiseux que par leur obstruction quasi syst matique de l cran Encore que suite pareille preuve du lien civil esth tique se noue probablement entre celles et ceux qui d sapprouvent de tels comportements N anmoins ces incidents demeurent tr s isol s et B Martin pr f ra parler de ces cinquante minutes de silence absolu qui r gn rent dans son tablissement lorsqu une pi ce de Tchekov y fut jou e Toujours sur ce registre positif il nous raconta comment un de ses clients qui n ouvrit pas la bouche pendant deux ans en vint s exprimer glissant quelques mots timides sur son travail de sculpteur et de cr ateur de mobilier Maintenant il parle rencontre des gens et de plus il montre ses pi ces dans le caf r alisant de v ritables expositions Un soir il s est senti en confiance et il s est mis par
237. egr d institutionnalisation 1 La maison Levanneur situ e sur l le des Impressionnistes Chatou 78 est un lieu pour le moins institutionnel attendu qu elle abrite le Centre national de l Estampe Il n emp che gr ce au militantisme ou l opportunisme peu importe de sa directrice S Boulanger quelques expositions montrent soit des trublions oui il en existe encore de l art contemporain Elke Krystufek Hans Peter Feldmann soit des propositions en connexit avec la r flexion sur l conomie que nous d crivions l instant L une de celles ci nomm e Pertes et profits sous titr e troc vente emprunt gratuit essaya du 1 7 au 24 9 00 de mettre en uvre en tous les sens de l expression des enjeux pertinents pour notre enqu te Voici en effet les motifs principaux du protocole de P exposition proposition plut t Venez changer contre les biens et services propos s a des devises fran aises ou trang res b n importe quelle image que vous aimez ou pas sans limite de taille de support de facture c vos cartes de visite personnelles ou professionnelles d des enregistrements image son e des bonnes et mauvaises actions f des cartes postales g vos notes et r flexions personnelles manuscrites h vos plantes i une connaissance une anecdote un article un r cit J k vous pourrez galement emprunter ou encore avoir acc s des biens et s
238. elf and Society in the Late Modern Age Polity Press Cambridge 1991 Jauss H R Pour une esth tique de la r ception 1978 Lejeune P L re autobiographique in La sph re de l intime Photographies et arts visuels catalogue du festival Le printemps de Cahors Actes Sud 1998 Jauss H T Pour une herm neutique litt raire Gallimard 1988 Ricoeur P Temps et r cit 1 3 1983 1985 le Seuil Ricoeur P Du texte l action 1998 le Seuil Rochlitz R Subvention ou subversion Art contemporain et argumentation esth tique Gallimard 1994 Rochlitz R L art au banc d essai Gallimard 1998 Seel M L art de diviser Le concept de rationalit esth tique Armand Colin 1993 Schaeffer J M L age de l art moderne L esth tique et la philosophie de l art du XVIIe nos jours Gallimard 1992 Schaeffer J M Les c libataires de l art Pour une esth tique sans mythes Gallimard 1996 Star S L et Griesemer J Institutionnal Ecology Translations and Boundary Objects Amateurs and Professionnels in Berkeley s Museum of Vertebrate Zoology 1907 1939 in Social Studies of Sciences vol 19 Sage 1989 Vandenberghe F Introduction la sociologie cosmo politique d Ulrich Beck Revue du MAUSS 2001 17 1 Wellmer A V rit Apparence R conciliation Adorono et le sauvetage esth tique de la modernit in Th ories esth tiques apr s Adorno sous la dir R Rochlitz Actes Sud 1990
239. elle pas un leurre puisque la question technique revient une question conomique qui d cide de la diffusion Et avec la question de la diffusion vient celle du public y a t il un public et comment le toucher si on ne dispose pas d normes moyens de publicit s 96 BIBLIOGRAPHIE BOURDIEU Pierre Un Art moyen essai sur les usages sociaux de la photographie Editions de Minuit 1965 Raisons pratiques Sur la th orie de l action Editions du Seuil 1994 BRANIGAN Edward Point of view in the cin ma Mouton 1984 CHION Michel La Voix au cin ma Le Son au cin ma La Toile trou e Editions de l toile Cahiers du cin ma 1988 L Audio Vision Edition Nathan Paris 1990 COLLEYN Jean Paul Le Regard documentaire Editions Centre Georges Pompidou 1993 DE France Claudine Cin ma et anthropologie Editions de la maison des sciences de l homme 1989 ELIAS Norbert Qu est ce que la sociologie Editions de l aube 1991 ESQUENAZT Jean Pierre Film perception et m moire L harmattan 1994 GARDIES Andr Le R cit Filmique Hachette Paris 1993 L Espace au cin ma M ridiens Klincksieck Paris 1993 GAUDREAULT Andr et JOST Fran ois Le R cit Cin matographique Nathan 1990 GAUTHIER Guy Le Documentaire un autre cin ma Nathan 1995 GOODMAN Nelson Mani res de faire un monde Ed J Chambon 1978 traduction fran aise 1992 Langages de l art Ed J Chambon 1990 HEGEL G W F Introduction l
240. emande en permanence comment et pourquoi collecter de tels films tout en reconnaissant leur singularit et appr ciant leur valeur documentaire Une r ponse collective peut tre apport e de telles interrogations comme Saint Etienne o le directeur a r uni l quipe de l unit archives pour une s ance d audit avec Anne Marie Martin une ethnologue collaborant r guli rement avec la cin math que pour des projections th matiques 300cf R Odin Film documentaire lecture documentarisante in Cin mas et r alit s CIEREC Universit de Saint Etienne 1984 30lFormalisons rapidement cette situation Tout d abord parce que le film de famille est visionn par les membres d une famille qui ont eux m mes film ou t film s on ne saurait plus dissocier les acteurs de l espace de r alisation de ceux de l espace de r ception De plus ils demeurent co pr sents durant la s ance de projection Du fait de cette co pr sence corporelle la structure nonciative du film d finissant l origine de ce qui est film et dit se trouve incarn e dans un sujet physiquement pr sent vos c t s dans le salon de projection et bien connu de vous Enfin la di g se d un film de famille tiss e dans l histoire familiale est rev cue l aide des changes verbaux et gestuels qui ponctuent son visionnement produisant une verbalisation du dispositif spectatoriel cin matographique rompant le silence habituel de nos j
241. ement le contenu du film C est ce que signalait Comolli en parlant de la nouveaut de ce cin ma o les acteurs eux m mes ont souhait changer de place passant du dedans au dehors L acte de filmer l pisode principal de ces films facettes devient alors l histoire d un passage Pour les professionnels il s agit d un passage vers un acte militant tandis que chez les amateurs le passage s achemine vers un acte d expression personnelle Car dans leur contenu les uvres amateurs t moignent autant de la gr ve que de l individu qui filme autant des coulisses de l v nement que de la d couverte du langage cin matographique par ces auteurs Ce passage du dedans au dehors souligne que le cin ma moyen chez les professionnels et finalit chez les amateurs na t dans un placement ce placement perp tuel du cin aste par rapport au monde L originalit de ces films et leur appr ciation se tient dans la posture mouvante des cin astes au d triment des objets produits Ainsi la naissance d un cin ma gr viste s accompagne d une s rie d interrogations d ordre esth tique et artistique La s lection de ces films Lussas pr figure t elle un changement esth tique o la qualit des objets diminue au profit de l acte de production Cela signe t il une nouvelle re esth tique o compte davantage les actions que les objets produits L acte d expression est encourag par la tendance la
242. ement ainsi dans l espacement des singularit s Une pareille exigence communautaire que les travaux de Jean Luc Nancy nous aident penser ne peut pas tre formul e par les l ves car ils sont encore ensemble au coll ge Si elle existe c est enfouie la veille de se disperser 4 l exercice spirituel Pour faire saillir le souvenir il faut op rer un d tour Lejeune voque une sorte d exercice spirituel Plus pr cis Perec remarque qu on traverse une vacuit fonctionnelle En g n ral il y avait entre un quart d heure et trois quarts d heure de flottement de recherche compl tement vague avant qu un des souvenirs ne surgisse Cela se passe dans cette esp ce d tat de suspension Je crois qu il y a quelque chose de l ordre de la m ditation une volont de faire le vide Et puis au moment o l on sort le souvenir on a vraiment l impression de l arracher d un lieu o il tait pour toujours L acte filmique exige la m me exp rience de d lestage Le premier geste consiste s abstenir de filmer Repousser les formes qui se pr sentent spontan ment afin de ne pas faire obstacle la forme inconnue Cette conduite n est pas plac e sous la d pendance de la pens e au contraire la pens e en fait partie Elle ne valorise pas la volont d agir d un sujet cr ateur mais reste inh rente au processus qui une fois amorc est port de lui m me se d velopper Int
243. emportant une pi ce tait invit inscrire ses coordonn es sur un cahier quoi servira un tel listing Odradek Nous laisserons un silence que chacun remplira ais ment ils ne vont pas toujours tout donner D autre part et cela ira dans le m me sens nous avons assist une reprise manifeste de la mythologie de l artiste d sint ress gr ce sa force d abn gation d crite par J M Leveratto nous avons bien affaire un d sint ressement comme signal de la qualit artistique et c est ici l affirmation d un souci de cr ation de l artiste qui permet de justifier la qualit artistique d une uvre par le don de soi qui l a rendue possible A la nuance pr s mais elle est capitale qu avec cette action d Odradek le don de soi se trouve radicalis jusqu au don de l uvre O l conomie du don rejoint effectivement certains pr ceptes romantiques L artiste qui ne se sacrifie pas totalement n est qu un serviteur inutile disait F Schlegel 113 Athen um III Voil qui pr terait sourire A tort selon nous car de toute fa on l expression lien civil esth tique entretient un je ne sais quoi de mythique et de romantico ang lique pour dire ainsi Or sur ce registre l personne ne sait quelles vont tre les inductions en termes de r flexion aupr s des visiteurs attendu qu on imagine sans difficult que suite au bonheur d avoir eu
244. ens de Georges Perec Si l on admet comme d finition de l ordinaire ce qui se passe chaque jour et qui revient chaque jour filmer ne fait pas partie de la culture ordinaire des l ves Avant de r aliser Je me souviens du coll ge Marcel Pagnol ils n ont jamais connu pareille situation En dehors des voyages la pratique de la vid o est pour ainsi dire inexistante l cole A la maison le camescope reste attach au moment des vacances ou aux c r monies familiales et tout autre emploi serait consid r comme paradoxal L appareil est d ailleurs hors de port e du premier usage venu Au coll ge sous cl dans l armoire blind e de l intendance la maison dans l emballage d origine qui le prot ge de l humidit la mani re de ranger qu on r it re apr s chaque utilisation r gle implicitement les op rations Jamais les l ves n agiront contre cet ordre d terminant Leur besoin de filmer ne vient pas de l Il prend sa source l cart de tout v nement social m me s il en devient un par la suite Ce qui est premier c est la relation entre le texte de Perec et les l ves Elle se forme au moment des exercices d criture puis volue en op rant un passage de l crit la vid o Comme l criture l acte filmique est port par le souci de se parcourir et comme elle il s actualise au cours d un processus Ce qui est nouveau c est qu en filmant leurs je me so
245. ent Concr tement Danielle Lebreton installa un d cor intime dans l espace de l Unique pla a son criteau pute de jour no sexe et attendit sinon le client du moins le visiteur On l aura compris elle ne proposa pas ses charmes no sexe mais une sorte de dialogue social un tableau vivant pour une mise en forme du r el selon ses propres dires Elle fit don de son temps et de sa personne en proposant tel ou tel d bat r flexion ou conseil artistiques Non sans une certaine efficace un peintre amateur au ch mage qui vint la voir fut recal replac r install dans sa propre dynamique dans un d sir de travail gr ce ma conversation affirme D Lebreton laquelle ajoute que l homme mit brutalement fin au dialogue en l chant tout de go Je ne peux pas rester plus longtemps il faut que je retourne travailler D Lebreton cherche un troisi me terme entre l espace public et l espace priv Son conomie du don para tra trange dans la mesure o d une telle performance on ne sait plus tr s bien qui peut tre consid r comme le donateur ou le donataire puisqu elle eut le sentiment d avoir beaucoup re u de la part des visiteurs M me si elle n associe pas directement la vid o son travail il convenait de s arr ter un instant sur les propositions de cette artiste eu gard toujours la question du lien civil esth tique Car chacune de ses propositions tente
246. ent l int r t port quelque chose comme du lien civil formes de vie sociale avec une sensibilit assez aigu aux probl mes conomiques le tout tant pens travers un souci artistique ou esth tique selon la compr hension que nous avons propos e de ces deux termes Le topos de l conomie solidaire la r flexion conomique dans sa globalit et sur la globalisation concernent la soci t tout enti re et on voit mal comment le monde de l art y chapperait Mieux selon J M Leveratto il y a une vulgate conomique en voie de l gitimation dans le champ artistique c est I conomie du don Ou celle du partage ou encore celle du troc pourrions nous ajouter Topos qui n est videmment pas sans rapport avec des pr occupations d ordre relationnel ou convivial comme le souligne A Laguarda A l envahissement de la sph re priv e par l conomie puis au transfert de cette conomie aux pr occupations collectives on a tr s vite voulu r pondre en termes de proximit et de reconqu te du lien social Notions abstraites engendrant leurs esth tiques de la convivialit souvent pr sent es comme rem de miracle la crise appliqu es tout 1987 M Leveratto op ci t p 101 106 les domaines politique de proximit police de proximit t l vision de proximit etc L auteur voque l mergence d un art et d une arch
247. ents Au plan national pour les t l locales il s agit de cr er un point d ancrage dans une structure propre injustement m pris e par un tat dont la d centralisation en mati re de politique audiovisuelle reste prouver Malgr tout les personnes f d ratrices sont rares Depuis un an s est cr e la Coordination des m dia libres qui souhaitent d fendre les droits de ce genres d initiatives 235 En Moselle la maison des culture de Metz organise des ap ros vid os en partenariat avec l association champ contre champ qui elle m me a une activit de diffusion audiovisuelle en prison L universit de Metz participe ces ap ros En Meurthe et Moselle cela regroupe Imagin action la mappemonde magique la centre culturel Andr Malraux Dans les Vosges cela regroupe La lune en parachute association images nouvelles la bo te films En Meuse l association contrechamp Meuse a un programme de diffusion production et de formation avec un large public 236 Dans la presse et l dition sur les ondes hertziennes radio ou t l sur l Internet dans le monde du cin ma les initiatives se multiplient pour d fendre et pour cr er des m dias libres ind pendants de toutes forces politiques et financi res sans emprise du journalisme de march concession aux id ologies et aux pratiques d exclusion sociale raciste x nophobe homophobe et sexiste Parce que nous croyons l absolue n cessit du
248. er des rythmes acc l r s ou bien planants si bien que le montage n est plus perceptible Ceux qui ont d j film l ont fait en famille Or l quipement des foyer en mat riel vid o qui se limite g n ralement un camescope et un magn toscope n incite pas au 127 Henri Michaux Les Ravag s Fata Morgana Montpellier 1976 texte n 27 pp 63 64 ces pages seront reprises dans Chemins cherch s Chemins perdus Transgressions publi chez Gallimard en 1981 Voir galement le texte n 12 pp 33 34 Visages enfonc s engonc s les uns dans les autres Mang par un visage est un autre visage Irr sistiblement l un s agr ge l autre qui le subit y tombe et p rit doucement Une figure amante agglutine tout un rang de figures proches qu elle s emploie rendre tendres plus tendres encore l humain et la p te si pareils si remarquablement pareils et la visagophagie s tend et augmente dans la petite butte aux fades faces inexpressives qui s engluent se mangent et ne peuvent s en emp cher nostalgique ment emport es dans une irr versible d rive Limbes d ici bas de ceux qui ont perdu le pouvoir d carter 128 Selon Laurent Juiller L cran post moderne Un cin ma de l allusion et de l artifice L Harmattan Paris 1997 Dans leurs je me souviens les l ves voquent trois films L ours JFK Terminator qui rel vent chacun de l esth tique post mo
249. er 1994 p 33 47 Odin R Le film de famille dans l institution familiale in Le film de famille op cit Odin R La question du public Approche s mio pragmatique in R seaux n 99 Cin ma et r ception volume 18 2000 p 49 73 Odin R De la fiction De Boeck 2000 Pinel P Louis Lumi re inventeur et cin aste Nathan 1994 Sierek K C est beau ici Se regarder voir dans le film de famille in Le film de famille d cit Shusterman R L art l tat vif ditions de Minuit 1992 d originale 1991 Thevoz M L art brut SKIRA 1981 r dition 1995 Warnke G Gadamer Herm neutique et raison De Boeck 1990 Sous la direction de Roger Odin Le film de famille usage priv usage public R Odin dir M ridiens Klincksieck 1995 et Le cin ma en amateur n 68 de la revue Communications 1999 Seuil 29 Bernard WEIDMAN professeur de lettres En passant par Perec Au dernier recensement la commune comptait 875 habitants r partis entre le village de Betz et le hameau de Macquelines Si vous arrivez du c t de Nanteuil le Haudouin la route descend en pente douce Elle est bord e gauche par un mur qui commence la limite des champs bien avant le panneau de la localit Au bout de la pente et apr s avoir franchi le passage niveau la route tourne et devient la rue de la Lib ration Dans la direction oppos e vous passez sous un petit pont et vous repartez travers cham
250. ersations personnelles autour d une canette eurent plus de succ s que le d bat esth tique Mais un entretien froid 118 avec Teka le responsable de ces projections au sein de la M diath que nous permit de mieux replacer les enjeux l histoire et les attentes de cet espace singulier Une thique militante Nous avons donc soumis Teka la plupart de nos questions centrales A propos du terme alternatif tout d abord il l entend comme synonyme de non subventionn c est dire libre de toute institution C est effectivement nous l avons d j esquiss la sp cificit de la M diath que Associative celle dont les membres sont le plus fiers en tous les cas Teka le mart le en insistant bien sur chaque adverbe Nous ne subissons aucun degr de tutelle que ce soit culturellement techniquement ni politiquement ou conomiquement Pareille fiert due une autonomie de fonctionnement autorisa m me les Musicophages sortir physiquement de leur espace une repr sentante des institutions tatiques qui cherchait infiltrer le bureau de l association la r ussite de ce genre d initiative int resse videmment au plus pr s sur le plan des emplois jeunes les pouvoirs publics La programmation des soir es vid o est d termin e par un r seau mais un adh rent peut donner son avis La l gitimation et assur e par trois nomoth tes l animatrice de No
251. ervenir c est d lib r ment forcer la conclusion On filme comme Herrigel tire l arc en acceptant de s abandonner Un jour alors que je venais de tirer le Ma tre s inclina profond ment puis interrompit l enseignement Quelque chose vient de tirer s cria t il tandis que hors de moi je le d visageais Enfin lorsque j eus pleinement r alis ce qu il entendait par ces mots cela provoqua en moi une explosion de joie que je fus incapable de contenir Doucement dit le Ma tre ce que je viens de vous dire n a rien d une louange voyez y une simple constatation qui ne doit pas vous mouvoir Ce n est pas non plus devant vous que je me suis inclin car dans ce coup vous n tes pour rien Cette fois vous vous teniez compl tement oublieux de vous m me sans aucune intention dans la tension 102 Roland Barthes Roland Barthes coll Ecrivains de toujours n 96 Le Seuil Paris 1975 pp 135 136 108 De fa on significative Perec emploie les mots mouvement projection appel 104 Jean Luc Nancy La communaut d s uvr e coll D troits Christian Bourgois diteur Paris 1990 1 d 1986 pp 191 192 tre singulier pluriel Galil e Paris 1996 p 107 La pens e de Jean Luc Nancy d passe infiniment le cadre de cet article je renvoie aux deux ouvrages cit s Voir galement Jacques Aumont Amn sies Fictions du cin ma d apr s Jean Luc Godard P O L
252. ervices gratuits propos s par des artistes Nous sommes donc en pr sence d un v ritable appel la participation du spectateur id e banale et peu convaincante lorsqu on cherche divertir celui ci avec des gadgets pr tendument interactifs mais qui devient plus subtile essayer de r fl chir comme l ont fait les concepteurs du protocole de Pertes et profits sur la valeur de lien la valeur de sens et sur l absence de valeur constitutive de certains biens gratuits ceci en multipliant les strat gies de contact avec des publics diversifi s Les artistes engag s dans cette exp rience ont pr sent des pi ces ou des propositions d une grande rigueur scientifique et si le protocole envisageait que certains artistes attireront davantage sur la valeur de lien n gociation discussion des prix occasion de rencontre pareille attente a t pour notre gouverne du moins largement satisfaite Nous soulignons occasion de rencontre car cette locution entretient quelque pertinence avec la compr hension du terme esth tique que nous avons soumise plus haut le processus esth tique surgissant lors d une occasion favorable kairos en un point singulier de rencontre entre les horizons d attente et de r trospection d une personne le visiteur en l occurrence Processus que nous avons personnellement prouv lorsque nous avons pris part la plate forme de troc d images tabl
253. es 1950 en France cette cin math que originelle abritait des spectateurs et des critiques s adonnant une lecture esth tique du cin ma qui consistaient regarder les films hollywoodiens comme des uvres d art et consid rer leurs auteurs comme des auteurs suivant la transposition revendiqu e d un mod le d appr ciation litt raire sous le nom de politique des auteurs de Fran ois Truffaut et Jean Luc Godard Notons que cette lecture cin philique qui est une variante de la lecture esth tique contextuellement favoris e par le cadre institutionnel de la Cin math que Fran aise s est construite sur le d ni du caract re industriel et standardis de la production hollywoodienne 177 1 Les tr sors des cin math ques A la patrimonialisation suppl e donc une esth tisation du cin ma amateur lorsqu il est appr hend suivant les cat gories et modes du r gime esth tique auteur publicisation jugement Ainsi dans nos diff rents entretiens la documentaliste de M moire Audiovisuelle de Haute Normandie voque les incontournables de ses collections l aide du vocabulaire de l motion esth tique c est touchant mouvant On remarque encore la pr sence de cat gories esth tiques dans les fiches d indexation des films montage alerte richesse des illustrations sonores sc nes de paysages magnifiques A l occasion des s ances publiques certains fil
254. es Chirac puis une banderole La jupette Sncf en col re Il s lectionne et isole de la manifestation des faits circonstanciels Ce regard en loupe sur le r el est pour ce cin aste le seul moyen de s exprimer Les gr vistes cin astes se sont pos s en observateurs en s extrayant de l v nement soit par leur mobilit soit par l utilisation du zoom D il la cam ra devient regard gr ce tous ces divers effets visuels qui renvoient la volont et la conscience du preneur de vue Par ces marques visuelles les gr vistes ont tent d imprimer une expression personnelle sur l enregistrement du r el Le regard d lib r ment subjectif est aussi une mani re de se montrer et d inscrire leur pr sence individuelle par rapport celle du collectif Ils se sont assign s une place nouvelle externe l v nement qui les d signent comme l nonciateur de la narration marque que l on peut retrouver dans les r cits documentaires Ces films sont identifiables dans certains traits caract risant le mode documentaire ici on traite d une mati re premi re d une r alit brute la gr ve vue des coulisses et vue de l int rieur certifi e par le mode de narration brouillonne guid e par le v cu Ainsi une certaine authenticit se d gage de ces films garante elle aussi du mode de production documentaire 3 Un air de film de famille La place particuli re du cin aste gr viste la fois acteur et observateur
255. es alli s ou encore de construire des m moires de pays Le champ lexical utilis n appartient tout fait au paradigme de la transmission mais bien celui de la d possession au nom d un int r t g n ral voire transcendant De m me face aux irr ductibles comme les surnomme le documentaliste de la Cin math que de Bretagne il est n cessaire d optimiser le bouche oreille gr ce un travail de r seau Dans chaque village ou ville du territoire couvert il s agit de trouver une personne relais Par exemple un photographe qui conna t forc ment les cin astes amateurs informe du travail de la Cin math que et rep re les cin astes int ressants pour l institution 167 Alli relais le travail d inventoriage et de collecte n appara t plus comme allant de soi On comprend d s lors pourquoi il importe d en multiplier les modalit s Certaines de ces cin math ques ont ainsi mis au point des m thodologies de collecte raisonn es Methodologies de collecte En reprenant une distinction interne certaines des institutions on distinguera deux modes principaux de collecte l effet boule de neige et l effet t l vision projection L effet boule de neige Il s agit ici de recueillir des indices de localisation de films partir des informations issues de relais tels que les mus es les organismes de formation les mus es les gens d images et autr
256. es anonymes tandis qu aucune s ance de projection n a vraiment eu lieu en pr sence de l ensemble des gr vistes les CGT locales interviennent parfois en permettant le montage de ces productions puis leur diffusion la conf d ration nationale Les films par l interm diaire d un article d un 80 journaliste du Monde sont port s la connaissance du public Ult rieurement ils sont envoy s au festival de Lussas de 1996 o ils illustrent un s minaire intitul D cembre en ao t Enfin l occasion de la f te de L Humanit ils sont projet s sans interruption durant tout le week end Finalement ces films se retrouvent au si ge national de la CGT qui en devient le d positaire exclusif Michel Raynal conducteur la SNCF a film pendant 1h30 ses camarades cheminots du Lot et de l Aveyron qui organisent le quotidien de leur lutte courses cuisine repas et m me la f te marquant la fin de la gr ve La production est du comit SNCF Midi Pyr n es Le film de Yann le Fol contr leur Rue de la gare toi Jupp se passe Rennes Ici on n h site pas faire quelques pas de danse pendant les manifestations et entonner quelques chants bretons Daniel Cami d crit les actions de ses coll gues roulants et gr vistes de la r gion d Orl ans assembl es g n rales blocages autoroutiers et petite nouveaut une conversation avec des non gr vistes Ces deux films sont auto produits Pierre Fr mont quant
257. es et moyens mis en uvre les plus divers elles se heurtent toutes une seule et m me question centrale leur identit Le cin ma d amateurs en int grant officiellement ces cin math ques r gionales se donne ici voir sous un autre angle comme le catalyseur non encore bien organis de ferments locaux divers et pars politiques identitaires institutionnels conomiques didactiques etc modulables des degr s divers selon l ancrage des institutions qui l h bergent Inclus dans un ensemble de configurations sociales nouvelles que sont ces cin math ques r gionales emport dans des processus souvent in dits de structuration culturelle au niveau local et r gional au carrefour du familial et du politique il se retrouve m l son insu plein d histoires qui le d passent et qui restent d couvrir De belles histoires 240 J ai d couvert ces histoires lors d une premi re et unique prise de contact sur place avec trois d entre elles Je les ai cout es Elles m ont touch e 1 Elles sont l telles quelles volontairement sans commentaire tr s succinctement retrac es juste comme un point de d part les premiers pas dans un travail qu il y aurait un jour entreprendre celui de leur collecte syst matique et de leur analyse Ces histoires restent en effet crire dans leur int gralit avec leurs auteurs 141 I PREMI RE HISTOIRE OU COMMENT S APPROPRIER L IMA
258. es films Dans le film de Rennes l assembl e g n rale du 5 d cembre retranscrit le d but du discours quotidien d un des deux responsables syndicaux CGT et CFDT Encore une journ e de bras de fer avec le gouvernement on ne sait pas encore qui va gagner La manifestation film e dans le film de Montlu on laisse la place pour entendre le discours de fin du cort ge lanc par un responsable syndical C est le cas du discours intervenant apr s la lettre conjointe de Bernard Pons ministre de l quipement du logement des transports et du tourisme et d Anne Marie Idrac secr taire d tat aux transports Parce qu il marque la fin de la gr ve ce discours syndical est commun tous les films des gr vistes il est enti rement enregistr dans le film de Rennes comme dans celui du Lot ainsi que dans celui de Limoges Cette sc ne r currente montre l importance et l influence du discours syndical dans les films gr vistes 172 Tl s agit d une lettre du Ministre de l quipement du logement des transports et du tourisme et du secr taire d tats aux transports envoy e le 14 d cembre 1995 aux centrales syndicales In Le cin ma des cheminots en luttes tude de cas la gr ve de 1995 m moire de ma trise 1997 Muriel Beltramo sous la direction de Roger Odin Annexe 1 83 Ainsi cris slogans et discours oraux participent la reproduction d un discours militant dont l origine est collective Ce
259. es mondes TOfbid 11De fait cette esth tisation produit un effet de d institutionnalisation du film de famille En effet dans la quasi totalit des films de famille le priv institutionnalis suivant les termes de Roger Odin renvoyant l institution familiale dans son espace social constitue le represent Dans Omelette c est un membre du groupe familial qui vient porter un regard singulier sur sa propre famille Le cin aste a travaill la d naturation de la famille en repr sentation pour d voiler l intimit d un sujet Il d montre ainsi comment la dimension priv institutionnelle vient masquer dans le film de famille ordinaire l intimit singuli re des sujets composant une famille 12T Vinterberg Un film fait maison entretien in Rep rages n 4 Filmer l intime op cit 13Cf galement les recherches r unies par Dominique Pasquier et Josiane Jouet in R seaux n 74 La culture de l cran 1998 14au sens de Howard Becker un monde de l art se compose de toutes les personnes dont les activit s sont n cessaires la production d uvres bien particuli res que ce monde l et d autres ventuellement d finit comme de l art H Becker Les mondes de l art Flammarion 1988 de la vie ordinaire quotidienne la sph re domestique une classe d cole un caf et de diff rents mondes de l audiovisuel De part ce positionnement les pratiques audiovisuelles amat
260. es professionnels de l audiovisuel ou bien les familiers A Saint Etienne au d but des ann es 1980 des appels dans la presse r gionale ont t lanc s sous le titre St phanois vos greniers par la Cin math que A cette occasion selon l une des documentalistes de petits bijoux ont t d pos s et le fonds r gional amateur s est consid rablement enrichi partir de cette poque Ces appels participaient encore d une strat gie de la nouvelle direction de la Cin math que qui affichaient publiquement travers ces appels son orientation films r gionaux A Rouen les r sultats des annonces dans la presse ont t plus maigres d apr s JC Guezennec pour les raisons qu il a longuement d velopp es plus haut 283 Cette distinction a t tablie par Jean Sebastien Bild lors de son intervention M thodologie de collecte du premier contact la restitution d une m moire au Colloque Familles je vous filme organis par la Cin math que des pays de savoie sous la direction scientifique de Laurence Allard mai 2001 Cf Annexe B pr sentant un petit fascicule expliquant au public les modalit s de d p t la cin math que de Bretagne 284 Entretien avec Claude r dactrice territoriale charg e mi temps de la vid oth que r gionale r alis dans les locaux de la cin math que de Saint Etienne le 24 f vrier 2000 168 Jean S bastien Bild documentaliste de l a
261. et sources d histoire histoire de la soci t dans toutes ses manifestations Si l on reprend l analyse tout fait fine et fouill e de l historien Kristof Pomian au sujet de la nature des archives et en particulier des archives priv es comment peut elle nous permettre d lucider cette valeur archivistique conf r e au film de famille dans ces institutions Quel est le r f rent qui ne serait plus visible dans une collection d archives priv es constitu e de films de famille par exemple Avan ons la r ponse suivante la vie de familiale elle m me Vacances apr s vacances anniversaires apr s anniversaires mariages apr s mariages travers l activit de filmage d un des membres de la famille va se trouver s cr t e une m moire objectiv e d limitant une m moire collective familiale Le concept de m moire collective avanc par Maurice Halbawchs et sa r flexion au sujet des cadres sociaux de la m moire n d une dialectisation heuristique entre m moire individuelle et Histoire afin de r soudre l aporie d une m moire sans cadres et d un cadre historique 267 Kristof Pomian introduit cette notion de s miophore afin de d crire et d analyser le ph nom ne de la collection Suivant un rapport visible invisible des objets cens s repr senter l invisible acqui rent une signification ils passent alors au rang de s miophores objets qui n ont plus d utilit K Pomian
262. et trouve un int r t dans la d marche de la Cin math que Herv le Bris cite encore des situations plus passionnelles par exemple le cas d une vieille femme qui est attach e aux bobines de son mari et dont les enfants attendent qu elle disparaisse pour d poser les 277 Entretien r alis dans les locaux de M moire Audiovisuelle de Haute Normandie le 29 f vrier 2000 avec Agn s Delforge unique employ e du centre d archives 278 Propos tenus lors d un entretien r alis le 3 juillet 2000 dans les locaux de la Cin math que de Bretagne 165 films Ce sont des irr ductibles selon ses propres termes A la rh torique du don vient s ajouter ici un vocabulaire de la d possession il faudra t t ou tard que cette dame g e se dessaisisse de ces bobines Au terme d entretiens plus approfondis il appara t que le travail d inventoriage et de collecte ne semble pas toujours simple en raison de certaines caract ristiques des objets filmiques collect s de par leur ancrage dans la sph re priv e de leur appartenance une histoire familiale vive ou encore de leur dimension de cr ation personnelle Interrog en f vrier 2000 sur la fa on dont proc dent les archivistes pour collecter les films amateurs le directeur de l Institut R gional de l Image et du Son IRIS et de M moire Audiovisuelle de Haute Normandie JC Gu zennec nous a r pondu en des termes explicitant le caract re fi
263. eulement de 141 Le montage cut des plans portraits semble r pondre au principe formul par Alain Bergala qui veut qu on doit rendre visible le raccord entre deux v nements radicalement h t rog nes Il serait d ailleurs tr s difficile de les monter autrement tant leur rythme se diff rencie du rythme des autres plans les l ves y apparaissent sur un fond de nature intemporelle le statisme de la pose la dur e n cessaire pour dire son je me souviens en font des stases qui suspendent le flux temporel des s ries A ce sujet la s quence du basket o les portraits des Joueurs arrivent juste avant ou juste apr s qu on les ait vus voluer dans la cour est exemplaire Sur le principe du montage obligatoire ou faux raccord n cessaire voir A Bergala Voyage en Italie de Roberto Rossellini coll Long M trage n 11 ditions Yellow Now Crisn e Belgique 1990 pp 49 50 Nul mieux que Godard Cahiers du cin ma Paris 1999 pp 90 94 142 Sorlin op cit p 84 52 l identifier ce sont aussi des signes qui revoient ses qualit s de marin Il en va de m me pour le couple d amoureux qu on peut facilement reconna tre mais qui a t film avant tout pour produire une image de coll giens amoureux Dans les deux cas l intention a t formul e le contenu de l image d cid avant le tournage La r alisation bifurque vers une reprise en mains Avec les rushes les l ves pensent
264. eurs peuvent tre qualifi es d objets fronti res d objets positionn s l intersection de plusieurs mondes sociaux mais r pondant en m me temps aux n cessit s de chaque monde Et c est ce statut d objet fronti re entre mondes de la vie ordinaire et diff rents mondes de l audiovisuel que nous avons voulu mettre en vidence travers la notion d esth tiques ordinaires du cin ma et de l audiovisuel En tant qu esth tiques ordinaires ces diff rentes pratiques audiovisuelles amateurs offrent des perspectives pr cieuses d analyse de modalit s de passages l esth tique des objets culturels de saisie des significations nouvelles en d rivant et s av rent des objets pertinents pour qui veut tudier suivant les propositions de l appel d offres comment les formes et jeux de langage propos s dans les mondes de l art circulent irriguent nourrissent enrichissent les mondes de la vie ordinaire et quotidienne contribuent l laboration de liens sociaux En resp cifiant de la sorte ces pratiques nous avons formul notre r ponse aux questions soulev es par une ethnologie de la relation esth tique autour des m taphores de la circulation des passages entre sph res d activit Venant rendre compte du passage continu entre sph res pratique et esth tique ces m taphores renvoient encore limage du cercle herm neutique qui s l ve de la vie traverse Poeuvre et retourne
265. exemples non exhaustifs concordent d voiler la nature intime de la relation qui existe de part et d autre de la cam ra Que le cin aste soit un des leurs permet aux sujets film s d tre en confiance et de se montrer spontan s Les acteurs ne parlent pas l intention d un spectateur potentiel mais au cin aste ou entre eux sans chercher tre audibles Cette confiance dont t moignent les sujets film s l adresse du sujet filmant permet ce dernier de la capter sans encombre C est une cons quence induite du rapport particulier que le cin aste entretient avec les sujets film s une position proche de l v nement film par son statut d acteur Il en sait autant sur ses personnages que ce qu ils connaissent de lui du fait de sa participation l v nement ils sont sur le m me plan Et c est parce qu il y a cette proximit de fait que la deuxi me action celle de filmer est l gitim e il n y a pas d appropriation de l autre justifi e par les besoins de la cause Les gr vistes ne s emparent pas d un r el tranger leur fonction de gr viste les autorise filmer La ligne tenue qui s pare le voyeur du cin aste ne semble pas ici soulever de difficult s car le cin aste ne p n tre pas dans une sph re priv e les confidences que lancent les gr vistes film s ne s adressent pas la cam ra mais leurs copains cin aste et futurs spectateurs Cela donne une sorte d quivalence et d galit de
266. famille l esth tique Trois types de productions retiendront mon attention l art na f l art brut et le dessin d enfant Art na f et lecture esth tique Ce qui rend l artiste na f int ressant ce qui le sauve du point de vue artistique nous dit Michel Thevoz c est son incapacit tr s f conde se conformer des principes acad miques qu il pr tend pourtant faire siens De l acad misme il adopte d abord les th mes sujet religieux mythologiques ou all goriques peintures d histoire sc nes de genre paysage et portraits Il para t aussi en adopter les valeurs Mais il choue ing nument en pratiquer le style ses perspectives sont d sarticul es l espace proc de d une combinaison de points de vue ni les rapports de grandeur ni les proportions anatomiques ne sont respect es la pratique du cerne et de l aplat contredit les pr tentions illusionnistes les simplifications irr alistes alternent avec des d tails hypertrophiques je souligne Cette insistance sur les figures du mal fait rapproche cette analyse de notre analyse du film de famille On notera toutefois une diff rence essentielle l artiste na f manifeste une intention d art tr s explicite en g n ral il est m me obs d par un d sir de reconnaissance dans l espace de l Art et vise une forme sp cifique la reproduction aussi minutieusement que possible de la r alit Ces deux intentions ne semblent nullement pr
267. fessionnels occupent une posture centrip te car ils tendent se rapprocher du centre la gr ve en voulant se servir du m dia cin ma La comparaison entre les attitudes des professionnels et les amateurs accentue la nouveaut et l importance de la posture prise par les cin astes gr vistes Une esth tique de la posture A l origine acteur social le cin aste par les conditions de production devient observateur du mouvement et chroniqueur de sa propre participation authentifiant ainsi le terme de r cit de vie qui vient spontan ment l esprit cin aste observateur car la cam ra est associ e sa vision cin aste t moin car cette vision est interne l v nement cin aste auto biographe car l v nement film est aussi le sien Il se tient alors dans une posture unique la fois celle du militant parce qu il traite d un v nement politique du documentariste parce qu il s agit d un sujet public et du cin aste de famille parce qu il fait partie des sujets qu il filme L originalit de cette place plusieurs facettes a des cons quences sur l esth tique des films produits Le cin aste facettes produit donc un film plusieurs figures un aspect militant lorsqu il est en posture militante un contenu documentaire lorsqu il est cin aste documentaire et des traits du film de famille lorsqu il enregistre en famille La posture que prend le cin aste influence direct
268. festif de la gr ve Ils ont film une gr ve sympathique pour en garder un bon souvenir Les films prennent alors la m me fonction que celle du film de famille qui fixent les moments heureux du temps familial comme les mariages et les anniversaires un r le d j attribu la 91 hotographie Les films perp tuent la f te de la gr ve en figeant les instants agr ables C est P grap perp g g ainsi que ces films deviennent une seconde vie de la gr ve une continuit d lectable et attrayante de la r alit Au d but ce fut leur motivation puisque trois d entre eux m ont dit avoir voulu filmer pour eux et pour leurs copains afin de garder un souvenir notamment un souvenir agr able C est ainsi qu adress s aux gr vistes les films reconstituent l unit et la coh sion de la famille gr viste cheminote et recr ent des moments idylliques comme peut le produire le travail de la m moire Devant la cam ra sujet filmant et sujet film ont po tis leur pr sent qui deviendra un pass id alis A l aide des sujets film s les cin astes ont reconstitu et recr ainsi une version utopique de la lutte de la famille SNCF La mythologisation inscrite dans le proc d cin matographique m me permet aux films gr vistes d tre le th tre d une mise en sc ne de l enthousiasme et du bonheur de faire gr ve Si les films gr vistes ne remplissent pas toutes les figures stylistiques du film de famille du fait de leu
269. ffet de rabattement de la m moire sur l histoire produit m me d une historicit de la conscience historique Car la m moire r gionale au service et au nom de laquelle des films familiaux sont rig s au rang de documents d archives renvoie bien plut t une m moire collective faite m moire historique L institution de fonds d archives constitu s de films de famille r alis s par des amateurs participe encore au triomphe de l histoire m moire de l atomisation d une m moire g n rale en m moire priv e de la privatisation d une m moire de moins en moins v cue collectivement point e plus haut par Pierre Nora Film de famille et patrimonialisation de la transmission la construction La d finition de la m moire collective chez Halbwbachs suppose encore une relation de continuit dans le rapport au temps Le pass transmis de groupes sociaux en groupes sociaux finit par former une m moire collective Ainsi si le film de famille est reconnu au sein de ces institutions comme objet de patrimoine car il documente un type de m moire collective on peut supposer que cette reconnaissance repose sur un mod le de la transmission d un pan du pass d un groupe un autre de la famille aux habitants d une r gion La posture qui semble guider la patrimonialisation du film de famille s inscrirait dans une logique de transmission d un bien pr cieux h rit le pass d une r gion Cette institutionnalis
270. fortes chances d viter le processus d institutionnalisation c est un tat d exception au b n fice d une projection r flexion civile dont le r f rent esth tique ne sera jamais bien loin s il n est pas omnipr sent On le voit cette tude de terrain men e Caen tourne autour de l id e de quartier que l enjeu consiste soit re d couvrir celui ci sur un mode esth tique D Lebreton soit y cr er des liens civils par des attitudes des inscriptions des comportements des regards nouveaux qui sont autant de propositions d valuation esth tiques Galerie de quartier c est un espace o les gens de la rue Caponi re du quartier vont d couvrir l art contemporain travers leur vie quotidienne par exemple en achetant leur pain 116 Suscitant la curiosit les travaux expos s ont pour objectif de changer le regard le comportement c est le cas de la vitrine de Yann Esnault qui attire de nombreux visiteurs de tous ges un important questionnement Id e qui aurait un je ne sais quoi d un peu trop attendu si l on ne pr cise pas qu elle se distingue de la trop fameuse politique des quartiers ce dernier terme tant synonyme de ghetto de zones sensibles et autres zones de non droit Non le quartier doit s entendre ici en tant qu espace de r f rence urbaine pour n importe quelle population y compris celle du centre ville bourgeois ou n o bourgeois
271. g ographiques est continuellement enrichie etc La base de donn e constitue le syst me nerveux historique de l institution et selon le documentaliste en titre chaque employ de la Cin math que participe au cours de son travail journalier venir enrichir cette base de donn es mise en r seau sur toutes les postes de travail Notons au passage que la documentaliste de M moire Audiovisuelle de Haute Normandie qui a t officiellement recrut e pour la mise au point d une base de donn es sur le mod le de la Cin math que de Bretagne nous a confi conna tre les 34 du fonds amateurs autour de 1000 titres par c ur Elle est en quelque sorte la m moire incarn e de la Haute Normandie Au terme des entretiens et de nos observations on peut encore remarquer dans les discours des acteurs une valorisation de la technicit acquise dans le catalogage comme si elle tait le garant de la l gitimit de ces institutions d volus des films laiss s pour compte de la cin philie Un documentaliste sp cialis dans le film amateurs reste un professionnel de l archive audiovisuelle Et ce professionnalisme cette technicit constrastent avec le caract re amateur des images trait es Lire les images index es des consignes de lecture documentarisante Les r cits de d p t constituent l une des sources d laboration des notices d indexation pour les documentalistes A travers l examen des proc dures d index
272. ganise alors des s ances sp ciales dans des lieux de diffusion ou priv es dans son propre appartement Des communaut s d int r t Analyse des liens entre les diff rents lieux Concernant les t l visions locales chacune revendique sa sp cificit Toutefois elles s informent des initiatives similaires Le responsable de T l montmartre croit une notion de r seau et de compl mentarit ce qui est compliqu et qui fait peur d autres t l visons associatives et qui consisterait partager les ondes en fonction de nos identit s et de leur cohabitation possible Nous serons capables dans un proche avenir de constituer notre propre r seau de diffusion par Internet et donc d tre assez autonome Par contre si on envisage une diffusion hertzienne cela r clame une mise en commun des capacit s de t l associatives dans une grille de programme l heure actuelle le Webcanal centralise toutes ces initiatives 232 Philippe Lejeune Cin ma et autobiographie probl me de vocabulaire in La Revue Belge du cin ma n 19 1987 p 10 233 Maria Koleva organise des s ances gratuites dans son appartement tous les vendredis St Germain des pr s appel es Cinoche 234 Laurence Allard L espace public esth tique et les amateurs l exemple du cin ma priv Th se de doctorat Universit Paris 3 1994 p 611 133 Les rencontres les changes ne peuvent qu tre limit s dans la mesure o le milieu rep
273. ge souvent plus familier que les mots pour l adolescent plus apte aussi satisfaire le narcissisme qui caract rise cet ge l image sert mieux son besoin d ext rioriser l tat de m tamorphose qu il traverse Le dispositif de captation leur permet de s offrir le plaisir peine diff r du miroir par le biais de l cran L autre plaisir tant de faire passer le spectateur par le grotesque paroxystique ou l tranget des situations mises en sc ne dans le r le du voyeur sans lequel il ne peut y avoir d exhibitionnisme Ce dispositif permet par le mouvement interne qui est propre de travailler en situation de communication en pla ant l l ve dans un r le actif et souvent gratifiant c est en ce sens qu il est un moment cr atif qui fonde le parcours biographique et comme nous le verrons plus loin le lien avec les autres Ces l ments de cr ation d brid e ne se retrouvent pas dans les travaux de construction filmique de F o dans l optique de faire un film de fiction tout commence par un sc nario d j pens Cependant ce sc nario se fonde litt ralement sur le choc motionnel provoqu par les paroles de la chanson TIAM Les l ments d clencheurs du projet de F se combinent parfaitement pour assouvir un moment donn son besoin d exprimer son angoisse existentielle et sa qu te d identit L motion tr s visuelle que provoque chez lui l coute de la chanson J attends du groupe IAM est un effe
274. ginale 1991 Schaeffer J M L image pr caire Du dispositif photographique coll Po tique Le Seuil Paris 1987 Sorlin P Sociologie du cin ma Aubier Montaigne 1977 Sorlin P Les fils de Nadar Editions Nathan Paris 1997 Star S L et Griesemer J Institutionnal Ecology Translations and Boundary Objects Amateurs and Professionnels in Berkeley s Museum of Vertebrate Zoology 1907 1939 in Social Studies of Sciences vol 19 Sage 1989 Sylvester D Entretiens avec Francis Bacon ditions d Art Albert Skira Gen ve 1996 Tarkovski A Le temps scell ditions de l toile Cahiers du cin ma Paris 1989 Thevoz M L art brut SKIRA 1981 r dition 1995 Vandenberghe F Introduction la sociologie cosmo politique d Ulrich Beck Revue du MAUSS 2001 17 1 Villain D Le montage au cin ma coll Essais Editions Cahiers du cin ma Paris 1991 Virilio Paul Esth tique de la disparition Galil e Paris Warnke G Gadamer Herm neutique et raison De Boeck 1990 Wellmer A V rit Apparence R conciliation Adorono et le sauvetage esth tique de la modernit in Th ories esth tiques apr s Adorno sous la dir R Rochlitz Actes Sud 1990 Williams W De diverses utilit s de la th orie culturelle in Omnibus n 32 avril 2000 Zimmerman P Reel families a social history of amateur film Indiana University Press 1995 Revues Art Press Sp cial n 21 Bobines d am
275. gnificatif Parce que l a marche tr s tr s bien mais on n a pas les films encore Ils sont F camp rires Il y en a tr s peu ici Mais d abord on commence savoir ce qui existe Avant on ne savait pas Maintenant les films commencent sortir vous comprenez des coffres des armoires et des greniers Mais pour les montrer F camp apr s ils repartent dans le grenier dans le coffre Mais on conna t les gens On d ne avec eux on d jeune ils viennent ici ce sont des amis Vous comprenez voila C est pour vous dire toute cette esp ce d approche qui est tr s d licate tr s subtile et qui est faite de liens de relations oui presque d amiti s C est comme a que l on peut arriver et toujours en essayant de valoriser le local Agn s a du vous parler de la mairie qui est dans l Eure Ca s est fait comme a au moment du centenaire du cin ma Il voulait f ter le centenaire il ne savait pas comment il y avait des films qui existaient Donc on les a aid pr senter ces films au public du village vous comprenez Et tous les gens taient l oh tu vois c est untel c est untel Ils se reconnaissaient mais avec trente ans d cart quoi Ils n avaient jamais 279 Entretien du 3 juillet 2000 280 Dans la plaquette de pr sentation de M moire Audiovisuelle de Haute Normandie nous pouvons lire que celle ci constitue l une des activit s de l IRIS et plus pr cis ment Gestion de
276. hnologie mais aussi plus ordinaire et banale Par ce m me biais des cam ras leur pr sence se trouve m diatis e par les crans de la salle jouant ainsi sur l esth tique du lieu La r ception un audimat en direct La venue du public ces diffusions a plusieurs motivations cercle de connaissances lien avec les uvres et d sir de tremplin professionnel affinit de go t et de pratique d sir de reconnaissance ou d appartenance une communaut recherche professionnelle d uvres ou de talents En effet ces lieux s offrent comme une fen tre ouverte sur la cr ation dont il est difficile de se rendre compte en raison d une production habituellement trop priv e Ils sont galement un creuset d inspiration c est int ressant de voir ce que l on peut faire avec des petits moyens ce que l on peut faire soi m me La proximit de quartier joue un r le mod r Toutefois si une action socioculturelle est mise parall lement en place ou si les uvres propos es montrent des gens de quartier sachant qu ils vont se reconna tre l impact est plus grand Les associations ou collectifs qui proposent en plus des diffusions la possibilit de produire souhaitent s inscrire comme le pr alable une pratique citoyenne de l image dans une soci t domin e par l information t l visuelle Face aux nouveaux objets technologiques des initiatives en terme d animation ont vu le jour Des petits ate
277. i re documenter dans le sens le plus platement du terme des v nements de l histoire locale Ce num ro de M moires de France est ainsi le seul mentionner dans le g n rique nominalement les auteurs des images c est dire des amateurs Il s appelait Monsieur Dash Monsieur Brento Ils filmaient seuls ou se r unissaient en clubs amateurs Chroniqueurs du quotidien chotiers de la petite histoire ils filmaient pour le plaisir ou pour la post rit en observateurs de leur cadre de vie en p res attentifs Amoureux de la beaut de leurs femmes de leurs enfants fiers de leurs champs de leur travail leurs images sont parvenues jusqu nous comme ils l esp raient sans doute Et de fait cot des th matiques r gionales s imposant d elles m mes telles la pluie les pommiers la mer Deauville la B n dictine le Mont Saint Michel le d barquement la r alisatrice a m nag une s quence enti re consacr e au cin ma amateur introduite par ce commentaire le plaisir de filmer les siens a provoqu chez les cin astes amateurs de v ritables vocations de metteur en sc ne Des extraits de fictions amateurs sont ainsi propos es pour elles memes Parmi les fragments s lectionn s ont trouvera les films de Monsieur Viel Monsieur Dash fameux auteurs maison de M moire Audiovisuelle de Haute Normandie ainsi que Monsieur Martinez et ses glaces fameux tr sor d j rencontr Interrog sur
278. i du p re point de vue qui peut tre ressenti comme une v ritable agression par les autres membres de la famille au mieux il entre en conflit avec le r cit m moriel que chacun des participants se fait des v nements qu il a v cus seul un film mal fait laisse toute libert aux membres de la famille pour faire retour sur son pass 2 d autre part si le film est trop bien fait il bloque les interactions entre les membres de la famille en imposant un r cit familial d j construit inversement face un film mal fait les membres de la famille auront uvrer ensemble la reconstruction de l histoire familiale et la coh sion du groupe familial s en trouvera renforc e c est la fonction id ologique du film de famille produire du consensus perp tuer la Famille Derni re remarque j ai parl jusque l et je continuerai de parler de figures du mal fait pour caract riser la Forme du film de famille j esp re que l on m aura compris En r alit cette d nomination est un abus de langage les figures du film de famille ne peuvent tre dites figures du mal fait que par comparaison avec le cin ma institutionnel fictionnel Dans le contexte familial la Forme du film de famille est tout fait adapt e sa fonction Il conviendrait donc de changer de formulation malheureusement la norme du cin ma institutionnel est tellement ancr e en chacun de nous qu il n est gu re possible d effectuer ce changement si l on
279. i lance la cam ra du gr viste cin aste de Rennes t auras de bons souvenirs apr s C est aussi le cas de nombreuses fois dans le film de Narbonne dans lequel par exemple une gr viste demande en riant au cam raman Tu sais que c est mon anniversaire quand m me Par leur spontan it et leur familiarit les adresses la cam ra montrent l homme qui est derri re Le film des cheminots du Lot r alis par M Raynal illustre aussi cette communication une sc ne particuli rement nous semble embl matique du film et plus achev e que dans les autres films Elle se passe dans un supermarch o un gr viste fait les courses pour la collectivit Il n a de cesse de demander son avis au r alisateur comme au rayon boucherie o il l interroge C est bien cela monsieur Raynal trente tripous Cela donne une sc ne assez comique o le cameraman et par cons quent la cam ra devient un personnage part enti re certes hors champ mais bien localisable et repr sent pour le spectateur par ce dialogue Il est appel par son nom explicitant l sa relation et son degr de familiarit avec le personnage film L adresse la cam ra un des traits du film de famille donne la sensation d un film mal fait mais t moigne la place singuli re tenue par les cin astes amateurs face l v nement Une gr ve joyeuse Les gr vistes ont appr hend l v nement public par leur v cu car ils abordent tout d
280. i ne soient pas confidentiellement r serv es des membres d un r seau tr s limit les rencontres du Frac par exemple Vincent Auvray a d cid d agir avec ses propres fonds Or sachant que son statut social est celui d un intermittent du spectacle clairagiste r gisseur cirque et qu il per oit 750 euro de subventions de la Drac par an on imagine sans peine que la location d un espace plus cons quent ne saurait tre envisag e sur fonds propres lesquels ne s av rent m me pas suffisants pour ladite boutique et c est en partie gr ce la bienveillance de son propri taire un fleuriste disons ami des arts que cette exp rience a pu tre conduite voil aussi du lien civil esth tique Voici en tout cas une initiative qui cristallise la plupart de nos observations en amont il y a bien en effet quelque chose de l ordre d une conomie du don avec ses corr lats sacrificiels puisque Vincent Auvray s est trouv dans l obligation d habiter en face de la boutique afin de s y consacrer sans devoir r mun rer quelqu un pour ce faire et qu il ne vend jamais rien dans un espace consacr aux propositions ou installations conceptuelles moins de solliciter des commissions d achats institutionnels Il y a aussi une fonction socio politique le caract re militant de la d marche se voyant affirm e sans d tours je n ai pas envie d tre consensuel d clare t il en d crivant son
281. i raconter ce qui se passe Suite cette entrevue Monsieur C n entendra plus jamais parler de cette nouvelle association On ne lui demandera plus jamais de r diger de statuts Le Conseil R gional n a pas r ussi isoler la cin math que 144 Il essaie plus tard autrement Car les rapports se sont forc ment aigris et de nouveaux ennuis arrivent les services culturels du Conseil R gional modifient quelques lignes dans la convention r dig e pour les subventions de la cin math que Celles ci font appara tre que la banque de donn es en informatique de la cin math que qu ils subventionnent devient terme propri t de la r gion Et a a a t une catastrophe parce que nous avons eu une inspection des services fiscaux ils sont tomb s l dessus et ils ont dit mais si cette banque de donn es est propri t de la R gion c est donc que l argent que vous donne le Conseil R gional n est pas une subvention de fonctionnement mais bien le paiement d une commande et donc soumise TVA Et il y aura redressement fiscal avec 150 000 francs trouver On n avait pas d argent l association de Monsieur C plonge On a eu des moments tr s durs vivre Monsieur C se retourne alors nouveau vers les services de la R gion Cela se savait qu il avait d j obtenu pr c demment le soutien du Pr sident du Conseil R gional Du coup l ann e suivante cette convention est refaite
282. ie par Fr d ric Danos nous avons bien laiss dans la bo te notre propre image en change d une autre qui nous a ravi et nous ravit encore gr ce au kairos au flash l clair au Witz si l on veut qu elle nous a occasionn Il serait bien na f de croire qu il en a t de m me pour chaque visiteur de l exposition Nous avons simplement la faiblesse de penser que notre conception de l esth tique est 108 suffisamment extensive pour estimer qu elle serait plus ou moins partag e et surtout nous aimerions seulement insister sur le r gime symbolique qui de d ploie la faveur d un tel protocole Car si le kairos est difficilement quantifiable impossible prendre comme objet d enqu te aurait il fallu passer des journ es interroger les spectateurs en ce sens n anmoins en revanche nous faisons confiance ici et ce ne sera pas pour le coup tr s scientifiquement rigoureux la force du r gime symbolique mis en avant aussi bien par F Danos que par Brian Holmes avec son troc de connaissances aussi bien par Marion von Osten et le travail vid o informatique du Kollective arbeit sur les conomies solidaires que par les pr ts sans int r t de Jean Kerbrat ou les plantes vertes croissance arr t e afin de d programmer leur forme commerciale de C line Vanden Bossche ef caetera toutes ces propositions pouvant tre appr hend es comme autant d invitations
283. iens enseignants Ma tre auxiliaire l Education Nationale d j r put pour ses id es turbulentes d innovation avec l image originaire d une famille de la r gion dans laquelle il est pratiquement toujours rest militant politique depuis le lyc e militant catho JEC Action catholique l universit ayant navigu dans le milieu associatif tra n dans le milieu socio culturel ancien directeur de MJC Monsieur G se d finissait comme un contestataire produit de mai 1968 s int ressant au cin ma et devenu un notable de l Education Nationale Il aime le cin ma depuis tout petit a anim des ateliers de super 8 r alis environ cinquante courts films documentaires sur la r gion fait beaucoup de photos sans pour autant avoir de 151 formation sp cifique dans ces diff rents domaines et se dit depuis toujours int ress par l ethnographie r gionale La cin math que son arriv e tait tomb e bien bas et il fallait quelqu un d un peu costaud pour la faire vivre Ce n est donc pas ce que l on peut dire une nomination tranquille pour Monsieur G m me s il eut d entr e de jeu la reconnaissance et l appui financier du Minist re de la Culture En tant que responsable d une structure culturelle municipale il arrive dans une situation o il n est pas choisi par le maire qui ne lui donne ni moyens ni pouvoir les moyens seront toujours t
284. ieux alternatifs suivant un quadruple exercice de th matisation 1 la question de la l gitimation quelles sont les postures que tiennent les acteurs des lieux alternatifs ce sujet 2 le degr d affranchissement par rapport aux institutions 3 Une interrogation sur la mani re dont on peut entendre le terme r seau pour les lieux alternatifs et 4 Les espaces alternatifs vont ils entretenir cette vision n gative de l amateurisme d fendue par certains milieux professionnels et partag e par une partie de l opinion cultiv e A travers ces questionnements il s agit d interroger les circonstances pendant lesquelles un effet esth tique produit du lien social Dans Espaces de diffusion et enjeux spectatoriels Lise GANTHERET a centr son enqu te sur les lieux de diffusion dits alternatifs de vid o et d missions de t l vision Dans son tude de terrain essentiellement r alis e en r gion parisienne et mettant en uvre plusieurs m thodes d enqu te observations observations film es entretiens compr hensifs enqu te sur le public de l un de ces lieux enqu te croisant des variables socio d mographiques elle rappelle que depuis les ann es 70 des mouvements associatifs pour la plupart ont entrepris des actions vari es en terme de production d animation et de diffusion audiovisuelle et cin matographique autant dans les villes que dans les campagnes On le d signe pr sentement comme le Tiers secteur
285. il de terrain ne saurait tre assimil celui des sociologues m me si je fais de gros efforts pour diversifier mes terrains d enqu te la s lection des personnes interrog es ne se fait pas en termes d chantillons repr sentatifs mais en termes de saturation mon enqu te s arr tera quand je ne trouverai plus d autres esth tiques familiales que celles que j ai rep r es D autre part m me si j en ai effectu un assez grand nombre l entretien n est pas la formule qui m apporte les informations les plus int ressantes les productions familiales appartiennent au domaine priv et les blocages psychologiques sont trop importants pour que l on puisse se contenter de ce que les personnes disent dans un tel contexte Les discussions informelles et surtout l observation participante sont des processus mieux adapt s cette recherche Cette fa on de faire me rapproche de la d marche ethnographique du moins dans sa version ethnom thodologique Pour tre honn te il convient toutefois de pr ciser que comme il ne se tourne quasiment plus de films de famille en tant que tels aujourd hui ce qui se tourne c est de la vid o le travail de terrain fait sp cifiquement pour cette tude a t relativement r duit Heureusement j en avais fait beaucoup pour mes travaux ant rieurs et m me si ce n tait pas exactement sur l axe de pertinence esth tique les informations recueillies sont tr s largement utilisables D autre part je b n
286. ilms dans le fonds d archives D apr s les s ries d entretiens men s la fois avec les dirigeants les documentalistes et les techniciens de ces institutions ces crit res nous sont apparus communs aux trois institutions Les films doivent d cliner 1 Une th matique r gionale 2 Etre enracin s dans une identit g ographique explicite 3 La r alisation doit tre techniquement aboutie Un film compl tement flou aux images sautillantes sera le plus souvent cart Ce qui ne veut pas dire que les films de famille pr sentant de fa on typique un style de filmage techniquement imparfait soient syst matiquement rejet s sauf s ils montrent les vacances d une famille de Bretagne en Espagne Ces crit res de s lections conduisent les responsables des cin math ques tablir des liens privil gi s avec les amateurs clair s membres de cam ra club d une ville ou d un village qui deviennent les relais pr cieux dans la chasse au tr sor des cin math ques Les documentalistes reconnaissent tous une gloire locale un abb en Bretagne certains membres de cam ra club Rouen ou Saint Etienne Et ce sont leurs films que l on montrera en priorit aux visiteurs en vantant le caract re aboutie de leur r alisation Des crit res esth tiques sont mobilis s et assum s comme tels au sujet des incontournables des cin math ques les tr sors consacr s Seuls des crit res th matiques
287. in de semaine le soir pour les spectacles En tant que caf litt raire il se veut un espace culturel ouvert souhaitant faciliter le d bat d mocratique Sa configuration spatiale est pens e dans cette optique des grandes vitres sur l ext rieur donnent une possibilit de regard Seulement le rideau cr ant le noir transforme l endroit en espace priv contraire aux ambitions de d part Concernant la programmation il n y a pas de politique d investigation ce sont les artistes qui viennent proposer leurs activit s T l bocal entr en contact d but avril diffuse une fois par mois Le public n est pas sollicit par une strat gie de communication cela fonctionne essentiellement par connaissance La programmation se heurte deux probl mes Le premier repose sur la responsabilit de la programmation mise en jeu par le manque d un visionnage pr alable En outre bien que l enjeu socio culturel de T l bocal s inscrive dans la politique du Petit Ney le public est peu r ceptif face aux projections T l bocal se consid re comme faisant partie d un troisi me secteur sorte de tiers tat compos des gens ordinaires et revendique ce titre une totale libert d expression la fois en terme de production et en terme de r ception Les conditions de diffusion engendrent un rapport l uvre plus interactif A l aide d une programmation originale nous souhaitons que t l bocal soit une t l visio
288. inaire consacr la gr ve se justifiait par leurs indications militantes Mais en int grant la programmation de Lussas les films gr vistes acqui rent aussi les lettres de noblesses du cin ma documentaire Quels l ments appartiennent au champ de l esth tique du cin ma documentaire Si cette esth tique fonctionne sur quelques principes les films gr vistes honorent trois conditions qui fondent le cin ma documentaire Un tournage en direct En amenant avec eux leurs camescopes au bout de quelques jours de gr ve les gr vistes alors cin astes tracent un croquis film et quotidien des comportements de leur communaut Improvisation et impr cision guident la repr sentation des instants film s Ils enregistrent en situation des images et des sons sans suivre un sc nario tabli ni diriger des acteurs au bout de quelques jours de gr ve j ai pris la cam ra pour les copains pour me faire un souvenir Cette d claration de Daniel revient souvent dans la bouche des gr vistes ils n ont pas pr par leur filmage ils ont voulu suivre leur sensation Ils ont film pour se faire plaisir avant tout J ai film l instinct Yann affirme aussi sa mani re de filmer au d part sans autres id es pr con ues que de se laisser aller devant l v nement Le tournage est libre et sans contraintes pr d finies autre que celle engendr e par le r el Et le r cit filmique s organise autour du
289. inventeur de forme le cin aste Robert Bresson Voici deux de ses Notes sur le cin matographe Tirer les choses de l habitude les d chloroformer et Ne pas tourner pour illustrer une th se ou pour montrer des hommes et des femmes arr t s leur 93 Pierre Bourdieu sous la direction de Un art moyen essai sur les usages sociaux de la photographie collection Le sens commun ditions de Minuit Paris 1965 Dans le chapitre 2 Bourdieu met en lumi re la relation entre l image de soi et la limite du rapport avec autrui 94 Michel Foucault op cit pp 34 35 160 161 et Le pouvoir comment s exerce t il texte de Foucault publi dans Hubert Dreyfus et Paul Rabinov Michel Foucault un parcours philosophique 1983 Gallimard Paris 1984 r d coll Folio essais n 204 Remarquons que les enseignants ne sont pas oblig s de passer devant le photographe scolaire Si certains le souhaitent celui ci les prend part et soigne leur portrait 95 Henri Michaux Respectivement Passages Gallimard Paris 1963 r d coll L Imaginaire n 379 p 41 et Le vieux vautour dans Epreuves exorcismes Gallimard Paris 1945 r d Po sie Gallimard p 103 Pour Michaux maltraiter le visage revient priver la personne de son tre Voir le commentaire de Raymond Bellour dans Henri Michaux coll Folio essais n 45 Gallimard Paris 1986 pp 65 66 96 Perec Notes sur ce que j
290. ion d tirement du temps R f rences artistiques les l ves ont visionn plusieurs films Juste le Temps de Robert Cahen Muybridge Revisited de George Snow 30 second spots PARIS de Joan Logue Do Or de Mafkoto Saitoh La jet e de Chris Marker D roulement de l atelier Au d but de chaque atelier un temps permet de renouer avec la s ance pr c dente sous forme de mise au point Les l ves ce moment de l atelier sont presque toujours hors d eux m mes dans un tat de grande tension Ce sont eux qui am nent les id es et les situations que les enseignants re oivent souvent comme des demandes anarchiques Les pistes de travail ouvertes sont souvent abandonn es la s ance suivante Ce qui cr e des tensions tr s audibles dans la bande son Les projets sont r alis s en petits groupes selon les affinit s du moment Les tournages se font dans l environnement du coll ge qu ils soient en int rieur ou en ext rieur Caract res du contexte La situation est v cue comme extra scolaire bien que situ e dans ce cadre pour diff rentes raisons les l ves vivent le temps de l atelier comme autre du fait de leur libre pr sence Cet tat de fait avoir choisi d tre l est extr mement important Il modifie la mani re d investir le lieu et la motivation contestation 152 Nous emploierons l abr viation PE pour d signer ce coll ge 60
291. ion d Odradek que nous avons d crite plus haut il estime que le don est un acte subversif destin saper l conomie traditionnelle et rendre les biens culturels accessibles tous Cela permet aux gens de se baser sur un a priori diff rent en cassant la logique du profit Signalons que propos de l argent r investi Teka d clare Les ressources d gag es par la Vid oth que ind pendante sont enti rement consacr es son fonctionnement mat riel achat de vid o ind pendantes confection de copies neuves de renouvellement colis postaux afin d assurer son autofinancement Aucun suivisme un peu b at eu gard aux conomies solidaire toutefois et Teka engage une critique assez f roce des fameux SEL ils sont tomb s dans l arnaque en Ari ge ce sont en fait des bourgeois des fonctionnaires du fisc et des professions sociales qui ont phagocyt ce type d change La positivit revient avec la th matique du lien civil esth tique l art est un vecteur de relation mais cette cause reste trop ph m re si elle n est pas r p t e sous entendu si elle n est pas r guli re et transversale activit s multiples Je con ois ce lieu en tant qu invitation diffuser cr er d complexer ceux qui font dans l ombre et qui n osent pas comme le voisin d en face lequel vit du RMI et essaye d tre vid aste A ce propos nous diffusons des intermittents que
292. ion est une op ration risqu e En articulant ces diff rentes th orisations de l individualisme r flexif au d veloppement des pratiques artistiques amateurs on peut avancer l hypoth se que se joue bien dans ces usages expressifs de la culture une invention de soi En interrogeant les pratiques amateurs comme le support d une telle invention de soi on peut encore pointer la place des exp riences culturelles dans les m canismes contemporains de formation des identit s sociales et personnelles et les consid rer en leur sp cificit comme les indicateurs d un individualisme expressif contemporain partie prenante de la modernit r flexive D Internet Festen P re autobiographique En plus de l accroissement des pratiques artistiques amateurs on peut observer la d multiplication des formes et supports d expression de soi la floraison d usages expressifs 2Les pratiques informatiques de loisir D veloppement culturel n 130 oct 1999 Olivier Donnat Les pratiques culturelles des fran ais Enqu te 1997 La documentation fran aise 1998 p 316 L auteur ici articule explicitement un besoin d expression de soi et de qu te d authenticit un nouveau r gime participatif d acc s la culture qui m riterait un d bat part enti re Cf pour contribuer ce d bat L Allard Cin philes vos claviers R ception public et cin ma in R seaux n 99 Cin ma et r ception 2000 4 Cf U Bec
293. ion et d finit un espace de communication Toute production qui ne r pondra pas ces trois crit res sera consid r e comme hors du champ de cette tude Films de famille Pour des raisons de coh rence mais aussi parce que le chantier de la vid o familiale me semble trop consid rable pour pouvoir tre abord s rieusement en si peu de temps d autant qu il se double aujourd hui d un nouveau chantier encore plus difficile cerner celui des productions familiales sur internet j ai d cid de centrer cette r flexion sur le film de famille Je prends ici le mot film dans le sens pr cis que lui donne Christian Metz quand il entreprend de d finir le cin ma en termes de mati re de l expression Hjelmslev le film c est de l image m caniquement produite vs de l image produite la main plusieurs images vs les langages image unique comme la peinture ou la photographie des images anim es enfin des images fond es sur la reproduction photographique vs 33 cf Le film de famille usage priv usage public R Odin dir M ridiens Klincksieck 1995 232p Le cin ma en amateur n 68 de la revue Communications R Odin dir 1999 Seuil 34 Rh torique du film de famille Rh toriques s miotiques Revue d Esth tique n 1 2 U G E 10 18 p 340 373 1979a 35 Sur la s mio pragmatique cf Roger Odin Pour une s mio pragmatique du cin ma Iris vol 1 n 1 1983 p 67 82 S mio pragmatique du ci
294. ion familiale un r le social au moyen d une forme singuli re Vu prioritairement par les membres de la famille qui ont d j v cu les v nements film s le film de famille travers un syst me stylistique absence de cl ture miettement narratif temporalit ind termin e rapport l espace paradoxal adresse la cam ra sautes images floues boug es fil es usage intempestif du zoom impression de voir une photographie film e produit une fiction familiale assurant la famille un ancrage mythique la figeant dans une image ternelle du bonheur Le r le social du film de famille on le voit passe par la cr ation d une forme symbolique adapt e une fonction sociale de garant de l institution familiale Une m moire collective d pos e n gocier la sortie hors du cercle familial 276 Comme le sugg re Jean Davallon dans son article Le patrimoine une filiation invers e in Espaces Temps Transmettre aujourd hui Retours vers le futur n 74 75 2000 164 La premi re phase du processus patrimonial rel ve d un passage parfois quelque peu brutal Quand le film de famille en tant qu objet filmique rituel li l institution familiale se trouve transform en d p t ce stade il a d j fallu n gocier la sortie hors de la sph re domestique Ce passage suppose en d finitive l appropriation individuelle de la m moire collective par un membre de la famille le d posant Ce
295. ion se doit d tre plus fine et sous la condition qu elle le soit devenue r serve des surprises Consid rant par 196 N Bourriaud Esth tique relationnelle Dijon Les presses du r el 1998 p 22 104 exemple l espace alternatif Glassbox nous avons eu affaire un lieu ind pendant cr par un collectif d artistes issus pour la plupart de l ENSBA dont la r institutionnalisation via le march a t particuli rement vidente Une anecdote sera suffisamment explicite cet gard croisant un soir de vernissage chez Glassbox un galeriste londonien hupp pl onasme de ma connaissance je feignis de m tonner de sa pr sence et lui demandai ce qu il faisait l au milieu d tudiants aux Beaux Arts surimbib s de boissons offertes par la soci t Ricard et de noctambules parisiens tr s tendance Il me r pondit tout de go je fais mes courses mon cher Parrain par J L Wilmouth et b n ficiant des bons offices de son r seau l espace Glassbox participait pleinement de l habituelle triangulation de la l gitimation artistique laquelle joue la pomme de terre chaude en ballottant un candidat artiste entre trois niveaux d expertise celui du commissaire celui de l institution et celui du march Mais il n emp che l endroit tait suffisamment ouvert tous les vents entendre ici tous les passants d un quartier singuli rement anim la rue Oberkampf
296. ions puis des pistes d analyse du processus de cr ation et de production Etat des lieux PREMIERE ENQUETE Coll ge Paul Eluard PE Vermelles Pas de Calais Contexte de production Atelier de Pratiques Artistiques Images et Sons Ann e scolaire 1998 1999 Cet atelier concerne 10 l ves volontaires des classes de 4 Le travail de l atelier est anim et suivi chaque semaine par les 2 professeurs d Arts plastiques du coll ge ainsi que par une r alisatrice intervenant toutes les 2 ou 3 s ances L atelier se d roule sur 3 heures chaque mardi apr s midi de 15 18 heures apr s une journ e de cours 4 heures en matin e 1 visant d velopper une certaine culture artistique ainsi que la cr ativit des l ves Les grands axes s expriment sous la forme d un ou plusieurs th mes et devront servir de rep res communs de liens pour le groupe au cours de l ann e Le mat riel utilis par les l ves pour le travail qui nous int resse est un ensemble d appareils grand public camescopes 8 mm ou Hi8 banc titre petite table d effets Panasonic appareils photographiques 24 36 et Polaro d Intitul du projet LE TEMPS ET L IMAGE Objectifs D couverte de diff rentes notions du temps partir de l image fixe et l image vid o par l exp rimentation des techniques de prises de vues et l exploration de certain effets de cr ation Travail sur l id e d acc l ration de dilatat
297. ique c est l original que l on projette ef si l on venait le rayer le casser l ab mer Derri re ces raisons bien r elles il se cache c est certain quelque chose de plus profond Plusieurs r alisateurs me l ont dit le film de famille c est sacr Non seulement on ne les projette pas n importe qui mais si on les projette c est dans un cadre rituel On l a vu toute projection de film de famille rel ve d une sorte de rite Plus sp cifiquement le film de famille est souvent utilis pour un rite initiatique destination des nouveaux membres de la famille Une jeune femme m a racont qu on lui avait impos plusieurs semaines de suite lors de ses visites ses beaux parents de voir les films que le p re avait consacr son mari elle avait ressenti cela comme une preuve une preuve difficile mais elle s tait bien rendu compte galement que c tait l le prix payer pour tre accept e par la famille Mais le plus souvent les films restent dans un placard Comme certains masques ou f tiches africains qui resteront jamais dans la grotte ou le grenier o ils ont t plac s leur pr sence suffit On sait que les films sont l a nous rassure il n y a pas besoin de les sortir Parfois il pointe comme une esp ce de crainte dans ce refus de revoir les films je suis content de les avoir mais je pr f re ne pas les revoir C est que dans leur beaut programm e les films de famille ont
298. ire sans montage et sans son ont t organis es au Berry Z bre aux EPE etc En 1996 a t con ue la fondation Cartier une installation des films de familles sont pr sent s dans un d cor sans qualit une salle manger un salon la cuisine Rien d exceptionnel juste du quotidien commente Claude Boisson qui ajoute l int r t que j prouve personnellement pour les films de famille est aussi bien un int r t historique en tant que patrimoine in dit et fait par les gens qui vivent une histoire quelque part mais l int r t est aussi esth tique Cette fragilit ce cot tremblotant de l image ce cot aussi d image vol e quelqu un vont procurer des sensations que l on ne retrouvera pas dans le cin ma commercial Ici nous sommes dans le spontan le f tichisme et l inconscient de l image A partir de ces premi res exp riences des particuliers ont apport Circuit Court des films de famille pour des copies vid o Depuis les films sont toujours recherch s en fonction d un projet de cr ation pr cis l outremer jusqu en 98 et en 2002 Marseille et les quartiers nord puisque c est le sujet d un film documentaire en pr paration La collecte s effectue par le bouche oreille et par voie de presse N est conserv e que la copie num rique du film les originaux sont rendus avec une copie VHS offerte La cin math que de Bretagne est leur r f rent en ce qui concerne les conventions
299. iron 100 150 personnes L association de Monsieur C PIRA son origine ne se pr disposait pas un jour se tourner vers la sauvegarde de films anciens et vers la cr ation d une cin math que Cela viendra apr s comme une vidence dit il notamment en travaillant avec un mus ologue et le directeur des archives d partementales C est en confrontant nos points de vue et en travaillant ensemble que nous avons compris qu il fallait attaquer aussi ce secteur l Son association envisage alors d int grer ses activit s la pr servation et la diffusion du 143 patrimoine audiovisuel r gional et Monsieur C affirme son intention d apporter sa contribution active la constitution de ces archives dont plus particuli rement les films amateurs En 1980 un projet de recherche et de duplication syst matique de ce type de document est labor dans ses grandes lignes avec deux autres partenaires un parc naturel r gional et le service des archives d partementales Un peu plus tard fin 1981 le Conseil R gional attribue l association de Monsieur C les premiers cr dits n cessaires la mise en place d un centre de transfert pour un report sur vid ocassette de ces premiers films trouv s Mais cette cin math que attendra 1986 pour prendre forme officiellement sous la forme d une association loi 1901 comme un des nouveaux d partements de l association de Monsieur C Des aides de l Etat so
300. is dont ils n ont pas trace Pour l instant on r cup re ce qui s offre nous Parce quand on essaie de cr er la M moire de Deville les Rouen la M moire de Gournay en Bray cela ne donne pas beaucoup de r sultats en fin de compte C est tr s difficile on fait des articles dans des journaux locaux On a m me fait des permanences mais cela ne x donne pas toujours de r sultats Les gens ne viennent pas C est plut t le bouche oreille Les projections quand on fait les journ es du patrimoine Il est certain que l on distribue des papiers en disant aux gens voil si vous avez des films chez vous Et il y a toujours la suite de a quelques coups de fil C est des gens qui arrivent prendre conscience que les films qu ils ont int ressent la collectivit et qu il faut les sauver Si nous avons pris soin de transcrire tr s longuement cette r ponse en soulignant en gras certains des propos du directeur de l IRIS M moire Audiovisuelle de Haute Normandie c est pour mieux souligner la th matisation de la double mission de son institution faire prendre conscience de la nature patrimoniale de ces images chez les r alisateurs eux m mes jusqu aux politiques de la r gion et ainsi arracher ces films de leur sph re originaire d appartenance Pour ce faire il s agit d emmener les gens comprendre faire prendre conscience de p n trer des forteresses de trouver d
301. is en exprimant cette difficult il avance en d jouant les pi ges d une identification trop clairement nonc e Ainsi la figure du r ve lui permet une certaine alt rit inconsciente bien s r Le r le du metteur en sc ne qu il revendique et assume lui permet de faire faire mais aussi de donner voir un double de lui m me neutralis par le pouvoir de la fiction En choisissant de clore son film sur une fin volontairement impr cise presque ouverte il renouvelle l interrogation Il attend une r ponse qu il d couvre peu peu en montrant son film dans les lieux de vie qu il fr quente En exposant ainsi son questionnement qui pourrait n tre qu individuel il lui donne une dimension sociale certaine et une tout autre coh rence Sa vie nourrit sa cr ation mais F utilise la structure narrative comme un filtre qui lui permet de modeler son exp rience individuelle pour en faire une fiction La relecture de sa propre vie et de celle de ses amis lui permet de devenir sujet de son histoire et de prendre une place nouvelle dans l espace social Pour F la r alisation sera la possibilit de cr er son propre parcours autobiographique en donnant une forme une cr ation qui pr figure celle que l on veut donner la vie L acte de cr ation outre l motion esth tique qu il fait prouver permet peu peu l adolescent d exprimer sa propre perception des choses mais aussi de comprendre qu i
302. istique d une action Malheureusement selon nous l analyse de J M Leveratto se termine sur une nuance d ceptive en d montrant la faiblesse de la vulgate du don consid r e d un point de vue scientifique savoir qu en pla ant trop l accent sur la valeur affective de l activit artistique cette mesure m sestime l importance objective de l argent et du savoir faire dans la r ussite historique d une action A cet habituel et sans doute justifi reproche de manque la rigueur scientifique pour cause d ang lisme suppos nous pourrions opposer nombre de contre exemples qui montreraient au contraire que les tenants de la vulgate du don r alisent des pi ces d une r ussite op rale difficile contester et qu ils prennent pr cis ment et intens ment l argent oui comme objet de r flexion ce qui constitue une mani re de l estimer Afin d tayer ce propos nous avons choisi deux exemples tir s de nos tudes sur le terrain ce qui apportera peut tre quelques concr tudes suite toutes ces belles 19 Parpaings 23 p 22 200 J M Levaratto op cit p 102 207 op cit p 102 202 Thid p 105 203 Ibid p 106 107 d clarations d intentions Le premier appartient au champ institutionnel classique le second pas du tout nous allons essayer ainsi en couvrant l chelle des degr s de tutelle de d border justement par rapport cette probl matique du d
303. it par plaisir et vendu la cri e sur le march de Clignancourt Puis s est ressentie la n cessit d ancrer plus concr tement l action de l association dans un lieu identitaire Au mois d ao t 1999 s est donc ouvert le Petit Ney qui 215 Toutefois il convient de mentionner que le contenu de T l bocal bien qu voquant la vie de quartier reste flou sur le lieu de l action ce qui rend tenu l argument de proximit 216 I est int ressant de noter qu une des personnes tenant le bar vient d une cole des Beaux arts 217 Propos recueillis aupr s des tenants du bar 218 Propos recueillis aupr s des tenants du bar 126 se veut un lien d accueil entre le professionnel et l amateur Les activit s sont en lien troit avec le milieu du spectacle tous styles confondus du rappeur au chant gr gorien et touche toutes les tranches d ge L association est tr s proche des institutions du quartier Le projet de base tait de mettre en place des projets de service public innovants et qui rel veraient du domaine social urbain et culturel Il en r sulte des financements crois s puisque participent l Etat le DSU la ville la pr fecture la r gion le FAS et la fondation Vivendi L association a pour adh rents d autres associations comme l Atlane association qui travaille plus particuli rement avec des jeunes dans des r alisations audiovisuelles Le petit Ney ouvre toute le journ e et en f
304. it plut t d options techniques diff rentes de celles habituellement mise en uvre Plus que le mal fait c est l trange l tonnant le surprenant l inqui tant qui caract rise l art brut Non pas que l auteur d art brut recherche la provocation il n a aucun souci de communication mais parce qu il est un asocial et c est cette position qui le conduit produire des uvres qui seront jug es contestatrices ce titre on pourrait dire que l art brut est l inverse du film de famille dont la fonction est au contraire de conforter l ordre social par le soutien qu il apporte cette institution majeure de notre soci t la Famille Mais le film de famille avec sa Forme du mal fait peut lui aussi avoir une r elle vertu de provocation C est ce qu ont bien mis en vidence des cin astes comme Jonas Mekas ou Stan Brackage cf par exemple le manifeste D fense de l amateur Dans cette perspective il serait tentant de dire que le film de famille est au 7 Art entendu comme le cin ma institutionnel ce que l art brut est au monde de l art Dickie Becker En fait cette formulation n est pas tout fait exacte il faudrait dire que le film de famille est au 7 Art ce que les productions qui sont devenues ensuite l art brut taient au monde de l Art avant d entrer elles m mes dans ce monde car au d part les productions de l art brut n taient pas davantage reconnues comme art que le film de famille L ensemble des produ
305. itecture l heure relationnelle Mais le mod le de r f rence ici ne serait plus tant N Bourriaud que le Gilles Ch telet de Vivre et penser comme des porcs et le fameux groupe ATTAC J M Leveratto lui rapproche explicitement l conomie du don d une mythologie de l artiste d sint ress et de sa force d abn gation le don de soi laquelle aide ledit artiste conqu rir l estime du public Pour Leveratto L histoire personnelle de l art qui permet d authentifier le don de soi de l artiste et l ethnologie de l art qui certifie l efficacit magique de son uvre sont les deux outils intellectuels privil gi s par la vulgate du don N anmoins et voil pourquoi cette analyse nous a sembl pertinente eu gard nos questions cardinales Leveratto ne se contente pas de relever ce mythe romantique un peu attendu L artiste qui ne se sacrifie pas totalement est un serviteur inutile disait F Schlegel mais de plus le rapproche t il la fois des amateurs et la fois du soutien de l Etat culturel aux pratiques artistiques de ces derniers car le succ s de la vulgate du don ne provient pas uniquement de la valorisation de l esprit du don des grands artistes encore faut il ajouter que la pratique des amateurs d art contribue aussi la reconnaissance publique de l efficacit de cette vulgate par la d pense personnelle laquelle les conduit leur amour de l art
306. k Risikogesellschaft Auf dem Weg auf eine andere Moderne Suhrkamp Francfort sur le Main 1986 trad fran La soci t du risque Quarto 2001 et A Giddens Modernity and Self Identity Self and Society in the Late Modern Age Polity Press Cambridge 1991 Pour une introduction plus g n rale aux th ories de la modernit r flexive cf F Vandenberghe Introduction la sociologie cosmo politique d Ulrich Beck Revue du MAUSS 2001 17 1 pp 25 39 F Vandenberghe op cit de la culture le d veloppement de formes artistiques auto centr es qui nous semblent rel ver de cette logique sociale de l individualisme expressif Il est en effet remarquable que le dernier m dia du XX me si cle Internet se d veloppe d abord comme un moyen d expression personnelle et que les home page les sites de webcam etc soient reconnus comme des formes culturelles authentiques n es des r seaux de communication informatis s Et pour tous ceux qu int ressent les pratiques artistiques amateurs audiovisuelles le fait qu une grande partie de la cr ation de contenus sur Internet mane de simples particuliers amateurs en tout genre bricolant depuis leur chez soi des sites afin d exprimer leurs propres go ts et passions m rite d tre questionn Ces pratiques d expression de soi sur les r seaux de communication sont d ailleurs encourag es par le Minist re de la culture fran ais puisque les politiques culturel
307. l ensemble des films conserv s la cin math que st phannoise A Rouen l identit r gionale Haute Normandie renvoie une r alit plus administrative comme en t moigne la mise en place plus r cente du centre d archives M moire Audiovisuelle de Haute Normandie Faire prendre conscience que ces films t moignent d un mode de vie d un certain tat de la soci t telle est la politique de collecte d velopp e par les fondateurs Suite une rencontre entre des gens d images et des ethnnologues autour de films amateurs repr sentant 40 ans de la vie de la r gion partir de 1981 dans le cadre d un mus e de soci t Saint Thourien et en pr sence des propri taires des films que s est impos e tous leur valeur patrimoniale Selon Jean Claude Gu zennec pr sident de M moire Audiovisuelle de Haute Normandie en raison de la richesse des informations concernant les rites sociaux les rites religieux il lui semblait n cessaire de sauver ces l ments menac s de disparition et de mettre en place une structure afin d inventorier et conserver de telles images Ce f t M moire Audiovisuelle de Haute Normandie constitu e en 1986 en fait la branche d une importante association de cin ma sur la ville de Rouen PIRIS Jusqu en 1992 il f t bauch un travail d inventaire sans conservation mais avec quelques copies de films Enfin Brest la Cin math que est au service de la
308. l vision est clairement reconnue comme objet ordinaire si commun Fabrizio Sabelli Rites et croyances t l visuels Regard sur le sens commun 1993 Mus e d ethnographie suisse 238 Galerie Caen n e d une initiative personnelle et subventionn e de fa on infime Dans un petit espace de 10m donnant sur rue par baie vitr e sont propos es des expositions d art contemporain avec parfois des projections vid o Voir texte de Marc Ferniot 136 lieux alternatifs touchant au milieu des arts plastiques Ce sont notamment des bars tel l lectron libre Passages Les formes artistiques qui se sont d velopp es la marge tels les courts m trages les films d animation les vid o d art sont d sormais reconnues comme une forme d animation part enti re et viennent habiller certaines manifestations culturelles dans des caf s ou dans des lieux plus institutionnalis s Souvent la r cr ation prime sur la r flexion L effet m diatique suit un processus de boucle Les cha nes de t l vision en qu te de nouveaux formats de traitement et d id es sont tr s attentives ces circuits de cr ation Alors que T l bocal s affichait en parall le de la vraie t l vision ses liens avec Canal illustrent une perm abilit au niveau des grands m dias Ainsi l mission Le vrai journal de Karl Z ro a contact T l bocal pour diffuser chaque semaine trois minutes de leur programme Mais Canal tant de plu
309. l espace les mat riaux disponibles et l approche du th me par les documents propos s en visionnement par les enseignants L encadrement important l espace permettent facilement la mise en chantier et le suivi de plusieurs projets au cours d une s ance Les productions Les productions finales il y en a quatre sont assez compl tes La bande son est constitu e de musique ou de bruitages Le langage parl est absent alors qu on le trouve crit sous forme de graffiti Les effets utilis s sont tr s classiques animation stromboscopie Le montage est parfois un peu hasardeux Il y a un certain humour et une vivacit dans le rythme Ce sont des productions int ressantes qui correspondent bien la maturit relative des coll giens Caract res du contexte Le parc de mat riel permet aux groupes d l ves de travailler sur des projets vari s et dans de bonnes conditions techniques Il y r gne un climat de libert mais le rappel des r gles de bonne conduite et des responsabilit s de chacun fait partie du rituel d ouverture de chaque s ance de travail TROISIEME ENQUETE Contexte de production F est en classe de 1 re S au lyc e Emile Zola quand il met en route son projet de r alisation Il a commenc son approche de l audiovisuel en seconde dans le cadre des options facultatives Le programme de cette premi re ann e est surtout bas e sur l exp rimentation des techniques et des diff rents outils F est s
310. l existe d autres points de vue Il lui permet de r aliser qu en fonction de ce point de vue il peut modifier cette perception tout comme il peut modifier son image en jouant avec la cam ra C est un moment qui s inscrit dans la biographie de l individu comme catharsis en y d posant une empreinte c est la fois pour F l expression et le d samor age d une ambigu t inconfortable et pour les coll giens la d position des passions et une d marche de s duction Mais alors que F se place dans une d marche volontaire d int gration les jeunes coll giens se laissent dominer compl tement par les impulsions du moment Le manque de ma trise de la technique r v le d ailleurs le jeu de l il domin par l motion physique C est elle qui guide les mouvements de cam ra Cette captation et fixation d un moment de vie marque du sceau de la cr ation un 165 Cf Inteview d H Larti ue cit par P Virilio op cit p 14 Je fermais les yeux demi il ne restais plus 8 p p p y P qu une mince fente par laquelle je regardais intens ment ce que je voulais voir Je tournais trois fois sur moi m me et je pensais qu ainsi javais attrapp pris au pi ge ce que j avais regard 73 pisode de la vie scolaire La mise en sc ne de soi rel ve peut tre ici de ce que A Giddens rep re comme processus de travail sur sa propre vie we are not what we are but what w
311. l s agit de th matiques rares ou de pratiques nigmatiques la lecture d un film de famille en tant qu objet de m moire se trouve intersubjectivement valid e Les r ponses se font moins anecdotiques et doivent s av rer utiles afin de permettre l tablissement d une fiche descriptive ou d une notule d indexation A travers ces discours d interpr tation sur ces films familiaux s op re une d sindexicalisation des images de leur contexte familial et commence alors la phase documentaire proprement dite du processus patrimonial 290 Entretien avec Herv Le Bris 3 juillet 2000 291 Film Chateaulin 1937 Cin math que de Bretagne 292Notion inspir e de H Garfinkel Studies of ethnomethodology Englewood Cliffs N J Prentice Hall 1967 qui a centr sa sociologie sur le caract re local et accompli de l action sociale et par cons quent mis en avant l indexicalit de son sens sa d pendance contextuelle 171 3 Le deuxi me stade de la patrimonialisation m moires collectives archiv es ou la construction du patrimoine local Si l on reconduit les formulations de Paul Ricoeur et de Michel de Certeau l criture de l histoire suppose plusieurs op rations m thodologiques imbriqu es dont la phase initiale dite phase documentaire se d roulant de la d claration des t moins occulaires la constitution des archives Dans cette phase qui renvoie pour nous la deuxi m
312. lari s Ce texte d apr s eux bloque toute volution de la cin math que pour des ann es Dans le conseil d administration se trouvent entre autres un adjoint du maire PC un conseiller g n ral PS et un conseiller r gional RPR ces trois hommes seront amen s se rencontrer plusieurs fois tout au long du d roulement de ce conflit ils seront toujours sur la m me longueur d onde 148 les financeurs et d cideurs locaux le Conseil R gional ne se manifestera jamais d aucune fa on ni coup de fil ni prise de position durant toute la gr ve c est l o il d couvre les vertus de la vie associative en disant vous tes une association d merdez vous Le maire de la ville recevra leur demande les salari s mais ne prendra pas position l audit le pr sident de la cin math que avait pourtant sp cifi au moment de la commande de cet audit un cabinet priv qu il soit men sans traumatisme C est rat Toutes les maladresses seront accumul es D abord il est tr s mal vendu psychologiquement tant au niveau de l quipe que du conseil d administration le pr sident tait dans une position tr s g nante car il tait la fois prescripteur de l audit en tant que membre de la R gion et pr sident de la cin math que Il a donc d cid seul de faire un audit et d en choisir la bo te Il a lieu dans des conditions d sastreuses sur une situation de gr
313. le Usage priv usage publique M ridiens Klincksiek Paris 1995 et Le cin ma en amateur revue Communications n 68 Le Seuil Paris 1999 33 1 LE LIVRE DE GEORGES P REC Au d but de 1978 le livre de Georges Perec Je me souviens para t chez Hachette dans la nouvelle collection POL Le livre est un relais Il s ouvre par la revendication d un mod le et finit sur un appel l imitation des pages blanches offertes au lecteur pour qu il crive ses propres je me souviens Perec a emprunt le syst me des 7 Remember de Joe Brainard une criture mate une liste anaphorique pas de construction narrative mais une accumulation inorganis e de fragments s par s par des blancs Le livre de Georges Perec a comme sous titre Les choses communes I Il ne contient que des souvenirs communs aux personnes de son ge la diff rence d Remember o la m moire collective se m lange aux souvenirs personnels Voici comment Perec pr sente le contenu de son livre sur la quatri me de couverture Ces je me souviens ne sont pas exactement des souvenirs et surtout pas des souvenirs personnels mais des petits morceaux de quotidien des choses que telle ou telle ann e tous les gens d un m me ge ont vues ont v cues ont partag es et qui ensuite ont disparu ont t oubli es Chaque je me souviens porte la marque d une appartenance Perec crit la premi re personne pour se faire
314. le ci parmi bien d autres qui r clame le rejet du plan Jupp ou celle ci qui pr ne le non au contrat de plan Dans le film de Narbonne un plan nous montre un tableau sur lequel est crit gr ve g n rale Au r alisateur la responsabilit d avoir souhait le rendre 178 C Metz L nonciation Impersonnelle M ridiens Klincksieck 1991 p 64 84 visible ou non car ce texte appara t de fa on plus ou moins disparate et calcul e Syndicat gr vistes la source est l encore collective et elle transmet des notions id ologiques Le r alisateur du film de Rennes montre par une touche d humour un slogan publicitaire en gros plan un avant go t de f te L utilisation des slogans publicitaires figure r currente dans les films pointe la difficult de l image parler d elle m me Le cin aste du film de Limoges aime galement jouer avec cette fa on de s exprimer Il commente des images de manifestations avec un zoom sur ces phrases un No l pas comme les autres ou encore liquidation totale avant fermeture Ils utilisent des textes rencontr s au hasard de leur trajet pour faire conna tre leur sentiment Une autre attitude consiste isoler des titres de journaux Un plan fixe du film du Lot raconte que a grogne persiste en troisi me semaine Dans le film de Rennes une main empile les titres de journaux on apprend l tat de la situation Trains deux jours encore difficiles la contes
315. le milieu des vid astes Un exemple les th s vid os organis s par Corine Miret et St phane Olry est un lieu de rencontres des amateurs de vid o recr ant une sorte de cabinet d amateur l instar des th s litt raires Cr s en 1992 ces th s se sont substitu s la Revue clair Cette association organisait des manifestations touchant la fois aux arts vivants aux arts plastiques et au cin ma Ces soir es nomades se sont interrompues en 1991 faute de subventions Jusqu en 1999 le couple proposait de visionner gratuitement des films dans leur propre appartement chaque premier et dernier week end du mois Ils accueillaient alors un public essentiellement tudiant pour visionner des vid os d art quelques documentaires et des uvres d tudiants aux beaux arts Plus de la moiti des uvres avaient un caract re autobiographique Ils proscrivaient les vid os reportage Des discussions s ensuivent autour d une tasse de th La diffusion s accompagnait d un dispositif de pr sentation qui diff rait des s ances habituelles de cin ma L espace de visionnage ne devait pas tre un espace spectacle mais un espace ayant plus trait au quotidien C est pourquoi lorsqu ils ont d plac leur lieu de diffusion dans une galerie du 9 me arrondissement l attention fut la cr ation d une ambiance Elle repr sentait sous forme d un salon marocain o chacun peut choisir les vid os et les ins rer sa guise d
316. le porte parole d une g n ration mais l entreprise ne se limite pas un simple inventaire de rep res sociaux je partage avec X des souvenirs que je ne partage pas avec Y et dans le grand ensemble de nos souvenirs chacun pourrait se choisir une configuration unique C est la description d un tissu conjonctif en quelque sorte dans laquelle toute une g n ration peut se reconna tre Donc il y a une part de socialit Oui quelque chose que j aimerais appeler unanimiste c est un mouvement litt raire qui n a pas donn grand chose mais dont le nom me pla t beaucoup Un mouvement qui partant de soi va vers les autres C est ce que j appelle la sympathie cette esp ce de projection et en m me temps d appel Le livre vise une double op ration Il d crit des choses banales habituellement pass es sous silence qui renvoient de fa on p n trante une poque qu on a connue Il agit galement sur le lecteur en le liant l auteur C est une entreprise conviviale un jeu fond sur l change entre Perec et les autres c est dire chacun de ses lecteurs car dans ce cas la communaut n emp che pas qu on puisse entendre chaque voix 2 N CESSITE DE L ACTE FILMIQUE Selon une tradition scolaire bien tablie j ai propos des l ves d crire leurs souvenirs la mani re de Georges Perec La classe de troisi me offrait les meilleures dispositions pour mettre en uvre l
317. le tournage de Je me souviens du coll ge Marcel Pagnol le cours de technologie 4 est con u pour fonctionner en ateliers l un d entre eux tant d di la r alisation vid o L exp rience durera trois ans Pendant cette p riode tous les l ves de 4 seront initi s la pratique de la vid o dans le cadre des cours obligatoires Cette mesure qui a fait sortir la vid o des ateliers de pratiques artistiques prouve qu on peut enseigner cette activit des coll giens comme on leur enseigne la musique ou les arts plastiques Ce n est cependant pas une initiative originale il existe d autres tablissements o la pratique de la vid o est int gr e la formation g n rale des l ves Voir par exemple le travail remarquable et jamais reconnu officiellement par les autorit s acad miques r alis par MM Philippe Richard et Hughes Sadowski au coll ge W H Classens A lly sur Noye 80250 au coll ge d Aramont Verberie 60410 par MM Michel Leroy et Michel Van Hoecke 144 Philippe Lejeune Pour l autobiographie coll La couleur de la vie Le Seuil Paris 1998 p 114 53 touche avance rapide les l ves tombent sur la phrase On dira c tait le temps o le carton the long goodbye valeur de plan et le violoncelle solo de Paul Hindemith Comme a leur convient ils le versent dans la vid o Quand ils ne sont pas occup s aux magn toscopes les l ves discutent entre
318. ler explique un B Martin qui avoue tre peu sensible au pedigree des individus aussi le fait de n avoir jamais montr son travail n est il pas un handicap loin s en faut pour exposer La Garsouille Si nombre d espaces alternatifs reconduisent peu ou prou de par leur ob dience au syst me des r seaux ce que l on pourrait nommer partir des r flexions de J Aumont une esth tique du pedigree laquelle nous contraint ne rien go ter que muni d un pedigree d une tiquette et d un prix un tel processus l gitimant et surtout l gitimiste n aurait pas cours ici le cas de X finira de nous en convaincre car voici un homme qui apr s six ann es de d tention pour trafic de drogue proposa B Martin d exposer La Garsouille ses peintures symbolico sexuelles r alis es en prison B Martin accepta l exposition fut un succ s puisqu il vendit dix sept toiles et qu il accroche dor navant de mani re r guli re dans d autres espaces alternatifs Si l on pr cise que X est toujours interdit de s jour La Garsouille motif de sa condamnation oblige le lien civil esth tique qui a t nou en l occurrence ne fait d cid ment pas appara tre cette expression comme un signe d utopisme d ang lisme ou m me de p dantisme universitaire d connect des r alit s du terrain Pour Beno t Martin non seulement les projections vid o ne font fuir personne mais
319. ler comme il faut Il proc de de deux fa ons diff rentes qui ne sont pas forc ment dans un rapport d exclusion Soit il 74 Ibid pp 218 219 300 541 544 et Georges Perec Lire esquisse socio physiologique 1976 repris dans Penser Classer Hachette Paris 1985 pp 109 128 75 Approche de quoi 1973 repris dans Georges Perec L infra ordinaire coll La librairie du XX si cle Le Seuil Paris 1989 pp 9 13 76 Georges Perec Esp ces d espaces Galil e Paris 1974 p 123 TT Jean Rousset Les r alit s formelles de l uvre dans Chemins actuels de la critique sous la direction de Georges Poulet coll 10 18 Union g n rale d ditions Paris 1968 pp 59 70 78 Jacques Roubaud La contrainte cr atrice article paru dans le journal Le Monde dat du 12 mars 1982 79 Pour Perec cette posture oblique comme il la d signe est la position la plus juste pour crire Voir Douze regards obliques 1976 et Les lieux d une ruse 1977 repris dans Penser Classer pp 43 72 31 num re tend des mots dont la juxtaposition entretient avec le r el un rapport lointain Soit il invente des lois al atoires et ludiques qui tiennent lieu de m thode en vue de la connaissance La Vie mode d emploi qu il aura mis dix ans crire offre une synth se des deux processus C est la premi re mani re qui donne Je me souviens J ai t nomm au coll ge Mar
320. les d objets filmiques des films sur la gr ve r alis s par les gr vistes eux m mes d tranges objets faits d accidents de d sordre perturbant presque la lecture unifiante laquelle nous ont habitu es les productions traditionnelles Elle raconte comment les d bats interrogeant l opportunit de cette projection furent houleux et certains professionnels virulents Elle questionne ces films l preuve de ce contexte de diffusion li au monde audiovisuel du documentaire Ces dr les de films avaient ils le droit d tre l ou taient ils l comme le pense Michel un des gr vistes cin astes par accident Repr sentaient ils un nouveau genre une esth tique in dite Ces films amateurs peuvent ils tre appr ci s en terme d esth tique au m me titre que les films des professionnels S agit il d une expression naissante v ritablement diff rente des pr occupations du cin ma militant de l esth tique du documentaire ou de celle du film de famille Marc FERNIOT Amateurs et lieux alternatifs part d une d finition extensive de l esth tique que l on peut formuler pragmatiquement ainsi quand y a t il esth tique en quelles circonstances le processus esth tique c est dire d lection d un objet ou d un comportement nomm esth tique artistique d sign comme le r sultat tangible d une conduite esth tique peut il se produire Il a ensuite enqu t sur diff rents l
321. les en faveur de l Internet favorisent la dynamique des usages Une ancienne Ministre de la Culture Catherine Trautman pouvait ainsi r sumer sa politique Qu est ce que l Internet culturel Ce sont les internautes qui s expriment Ces formes d expressions personnelles informatis es mergent alors m me que jamais le champ d expressivit individuelle n a sembl aussi large et les moyens aussi vari s On peut ainsi remarquer dans diff rents domaines litt rature cin ma une d multiplication de la forme autobiographique Pour qualifier un mouvement dont Internet appara t tre l aboutissement actuel en permettant la mondialisation de n importe quelle expression individuelle a ainsi t avanc e la notion d re autobiographique Prenons le cas du champ cin matographique On peut noter depuis environ la fin des ann es 1990 un regain tout fait remarquable d un cin ma autobiographique Ce regain peut plus pr cis ment se d crire comme une expansion du projet autobiographique dans des genres audiovisuels traditionnellement pr serv s de la tentation du retour sur soi tel le genre documentaire Et si l autobiographie cin matographique s av re tre l une des nouvelles fronti res de l esth tique cin matographique c est en partie autour du film de famille que cette nouvelle fronti re s labore tant que du c t du documentaire que de la fiction Dans certains festivals d volus
322. les est donc soumise condition Il s agit donc bien d un second moment de rupture dans la cha ne de la transmission m morielle La production d une m moire collective se trouve 289 A cet gard les locaux des Cin math ques et l agencement des diff rentes unit s en leur sein montrent clairement la sp cificit des politiques de d p t Le b timent de la Cin math que de Bretagne am nag sur mesure se compose de trois niveaux Au sous sol la cha ne de d p t station de nettoyage de t l cin ma et poste informatique pour entr e les informations techniques dans la base de donn es Le jour de notre premi re visite le 3 juillet 2000 une valise contenant quelques films est install e pr s de la station de nettoyage Et c est propos de cette valise qu Andr Colleu nous explique sa politique de rationalisation du traitement des films ne pas tout accepter pour mieux traiter les films Puis au rez de chauss e une entr e accueillant souvent des expositions temporaires et qui conduit un escalier menant aux bureaux du documentaliste de l animateur et du directeur Cet escalier permet de descendre un niveau interm diaire dans lequel se trouvent deux stations de visionnement Les locaux de la Cin math que de Saint Etienne sont install s dans l ensemble architectural lui aussi r cent de la M diath que Au rez de chauss e la biblioth que et au premier tage la cin math que dont les locaux
323. les formes symboliques de repr sentation de leur sociabilit Ce lien tabli par le biais des mod les entre le monde quotidien et l exp rience que l on vit se prolonge dans un travail sur la vie m me consid r e comme mati re ou uvre biographique C est ce lien entre l esth tique et la vie que nous abordons maintenant Une esth tique de la vie mati re biographie faits Selon le sociologue Michel Maffesoli tout ce qui nous entoure la vie que nous menons est actuellement esth tis e et l esth tique est diffract e dans l ensemble de l existence On retrouve cette esth tisation de la vie quotidienne dans les productions des l ves Les adolescents travaillent sur des th mes triviaux souvent directement issus du quotidien et de leur environnement mais en m me temps ils se posent des questions auxquelles ils tentent de r pondre par leurs cr ation 160 Lamizet B La m diation culturelle L Harmattan Paris 1999 p 407 161 Maffesoli Michel Au creux des apparences Pour une thique de l esth tique p 12 La relation tr s forte la nourriture au corps ou la violence verbale et physique peut tre vue comme une approche adolescente de la sensualit mise en sc ne de s ances de bouffe de visites m dicales exhibition d un squelette et des rapports entre la vie et la mort menaces physiques Proches encore d un certain archa sme les adolescents utilisent l image po
324. les le plus souvent de l quipe ou de leurs amis et des gens de la profession En dehors de sa diffusion hertzienne sur le Canal 36 T l bocal est avant tout une t l brouette qui diffuse dans les caf s Quelques membres de l quipe arrivent avec un moniteur et la cassette du mois et participent ventuellement au d bat s il a lieu Cette installation sans 214 Ce lieu sert galement pour des concerts et des pi ces de th tre 125 pr tention souvent propice quelques rat s probl me de c ble d entr e son tablit une accessibilit entre la cha ne et le public et instaure d embl e une ambiance de complicit Depuis cinq ans de diffusion le nombre de caf s a augment Au d part cela concernait surtout ceux proches du quartier g n ral de T l bocal Aujourd hui la plupart des arrondissements de Paris la diffusent malgr une concentration certaine sur la moiti nord celle des quartiers plus dits populaires Ainsi une heure de programme produite par mois est diffus e dans une quarantaine de bars des lieux culturels de Paris et de certaines villes de province Au d part les caf s furent contact s pour leur aspect ordinaire par opposition ceux dit branch s Des bars de quartiers autrement dit fr quent s par des gens de quartier Souvent sans arborer une d coration trop excentrique ils sont personnalis s par la pr sence d objets f tiches bibelots exposition
325. les spectateurs qu avec des choses inessentielles elle leur fasse voquer toute une poque Jean Marie Schaeffer appelle savoir lat ral l ensemble des donn es qui viennent de l ext rieur se greffer l image Plus la vid o va susciter du savoir lat ral plus elle touchera les coll giens De l une forme qui n a pas son principe d quilibre en elle mais qui atteint son acuit lorsqu elle s ouvre au v cu des l ves d une 97 Robert Bresson Notes sur le cin matographe Gallimard Paris 1975 p 136 et 45 98 Perec Lire esquisse socio physiologique op cit pp 109 110 des zones d urgence dont on sait seulement qu on ne sait pas grand chose mais dont on pressent qu on pourrait beaucoup y trouver si l on s avisait d y pr ter quelque attention faits banals pass s sous silence non pris en charge allant d eux m mes ils nous d crivent pourtant m me si nous croyons pouvoir nous dispenser de les d crire ils renvoient avec beaucoup plus d acuit et de pr sence que la plupart des institutions et des id ologies dont les sociologues font habituellement leur nourriture l histoire de notre corps la culture qui a model nos gestes et nos postures l ducation qui a fa onn nos actes moteurs autant que nos actes mentaux 99 Lejeune op cit 1991 pp 39 48 100 Fran ois Cheng Vide et plein Le langage pictural chinois Le Seuil Paris 1979 r d c
326. lesquels il se trouve revendiqu comme source d inspiration formelle tant dans la fiction que dans le documentaire Les pratiques audiovisuelles amateurs des objets fronti res R ciproquement et ce que valident encore les deux enqu tes pr sent es ici ce sujet les enseignants et intervenants en milieu scolaire membres de cette quipe de recherche ont rep r combien la production de jeunes amateurs dans les ateliers vid o s inspirait d une constellation d images bigarr es issues des s ries t l vis es ou des jeux vid o d une culture de l cran Dans celles ci se trouvent r appropri s et reconfigur s on pourrait dire remix s certains traits formels et ressources th matiques d oeuvres cin matographiques ou de productions t l visuelles clips etc A travers les pratiques audiovisuelles amateurs circulent donc des contenus d exp rience des sch mes formels issus des uvres cin matographiques mais aussi des th matiques et des pratiques sociales histoire de vie liens amicaux etc renvoyant au monde de la vie ordinaire Inspirant des documentaires et des films de fiction et inspir es par d autres fictions et r alisations audiovisuelles dot s de propri t s esth tiques et artistiques issues de diff rents mondes de l art entrelac s dans des pratiques quotidiennes de sociabilit notamment on peut situer ces objets filmiques pratiques audiovisuelles amateurs la crois e d
327. liers exp rimentaux se sont rapidement constitu s et donnent ainsi acc s l innovation Dans cette optique Vid or me Roubaix a mis en place des ateliers de r alisation documentaire dans les quartiers de la ville Cette d marche de formation implique tant l engagement des r alisateurs intervenants et des participants aux ateliers que celui des partenaires sociaux et culturels Par la suite ses films d ateliers sont diffus s concluant ainsi l engagement et le travail des r alisateurs Des milieux habituellement s par s sont amen s se croiser l amateur c toie le professionnel l universitaire le scolaire De cette proximit sur un centre d int r t commun et le m dia qu est l audiovisuel ils peuvent changer Sans qu elles soient n cessairement participatives l objectif de ces diffusions est d tablir un rapport spectatoriel dynamique permettant une relation de r ciprocit et d interactivit Le destinataire est r pondant et actualisateur de l uvre Par le dialogue instaur les normes esth tiques clatent relativisant le jugement de go t N anmoins il convient de noter que les diffusions audiovisuelles dans les caf s peuvent n obtenir aucune attention de la part de l audience pr sente Les gens consomment sans se laisser distraire par les images Se pose la question de la pertinence d une telle programmation L enjeu peut relever d une question de mode Parfois elle mane d
328. lisateurs les amateurs exigeraient de reprendre leurs films Comme l exprime G rard Vial le choc des images vient parfois inspirer et confirmer l aide des d cideurs politiques Et si la projection publique de programmes compos s de films amateurs r gionaux repr sente l un des moments cruciaux dans la vie de ces trois lieux c est aussi parce leurs dirigeants n imaginent pas que ces films ne soient pas re us du point de vue de l arche cin matographique comme tant bien du cin ma Les projections sont alors des moments des institutions elles m mes travers la cons cration des films amateurs comme relevant de l institution cin matographique Afin de d crire de fa on exhaustive la rencontre entre films amateurs et cin math ques r gionales il semble n cessaire d en prendre en compte la dimension esth tique En effet la publicisation de ce cin ma priv qui advient lors de la projection en salles devant un public constitu de familiers mais aussi de spectateurs anonymes rel ve par d finition du r gime esth tique tel qu il s est incarn partir du 18 si cle dans la formation de l espace public esth tique Les cin math ques r gionales participent donc encore de ce r gime esth tique sous certains aspects quand bien m me les films de famille repr sentent les orphelins de la cin philie La diffusion des films constitue donc une tape essentielle dans la vie de ces institution
329. liser en disant que c est accessible tout le monde En terme de production il s agit de montrer que tout un chacun peut se servir des techniques audiovisuelles sans recourir n cessairement des sujets sensationnels ou de l ordre de l extraordinaire Le propos est l ordinaire il se passe au coin de la rue Nous essayons de recueillir le plus souvent possible l opinion de l Homme de la rue sur des sujets d actualit et de soci t Nos fictions sont tourn es avec la complicit des commer ants du quartier nous faisons jouer des com diens amateurs souvent rencontr s sur le lieu du tournage A ce titre T l bocal en tant que t l vision locale illustre une nouvelle phase de modernit o le langage audiovisuel supplante la tradition locale par des influences au del du national o chacun se reconna t dans les h ros d un lointain feuilleton et s efforce de m ler aux modes les traits sp cifiques de sa propre histoire Richard Sovied pr sident de T l bocal insiste sur l ouverture de T l bocal et de son int gration au tissu social La perm abilit du projet r side dans le peu de diff rence du statut social entre les membres de T l bocal et les spectateurs ou gens de quartier Nous sommes nous m mes acteurs c est dire que nous aussi on a des probl mes de travail parce qu on est des b n voles de logement on a les m mes soucis que tout le monde on est compl tement dans ce tissu social et
330. ll L Imaginaire Michaux H Epreuves exorcismes Gallimard Paris 1945 r d Po sie Gallimard Michaux H Les Ravag s Fata Morgana Montpellier 1976 Michaud Yves Crit res esth tiques et jugement de go t Ed Jacqueline Chambon N mes 1999 Musil R Hier ist es sch n in Prosa un Str ck Reinbek 1978 Nancy J L La communaut d s uvr e coll D troits Christian Bourgois diteur Paris 1990 Nancy JL tre singulier pluriel Galil e Paris 1996 Nora P Les lieux de m moire La r publique I Gallimard 1984 XXX et sq Nora P Les lieux de m moire III La France 3 De l archive l embl me Gallimard 1992 Nichols B Ideology and the image Editions Indiana University Press 1981 Odin R Rh torique du film de famille Rh toriques s miotiques Revue d Esth tique n 1 2 U G E 10 18 p 340 373 1979 Odin R Pour une s mio pragmatique du cin ma Iris vol 1 n 1 1983 Odin R Film documentaire lecture documentarisante in Cin mas et r alit s CIEREC Universit de Saint Etienne 1984 Odin R S mio pragmatique du cin ma et de l audiovisuel modes et institutions Toward a Pragmatics of the Audiovisual NODUS M nster 1994 Odin R sous la dir Le film de famille usage priv usage public Klinckieck 1994 Odin R Le film de famille dans l institution familiale in Le film de famille usage priv usage public Klincksieck 1994
331. ls ou de proximit s contractuelles Voir supra 118 Herrigel op cit p 74 75 43 perturber un rythme marqu par aucun moment saillant et d alt rer la fluidit d un processus qui limine toute forme de crispation en m me temps que toute disposition particuli re D une fa on semblable l norme travail de pr cision qu exige l criture pour que le lecteur se dise c est a je m en souviens aussi pr pare les l ves au tournage Exercice d assouplissement spirituel la pr paration va continuer par un peu d exercice physique les l ves s abandonnent la fl nerie C est autant une mani re de laisser aller qu une fa on d y tre tout fait On ne peut pas v ritablement parler de rep rages les l ves ne recherchent pas des lieux qui r pondent des donn es pr cises ils vont sans calcul et sans id e Cette zone d ombre puis cette nappe de lumi re puis ce pr descendre des coquelicots une ancienne voie ferr e l esp ce de balbutiement des fleurs blanches group es en d sordre sur les branches un mur de briques chacun entrevoit une place pour se filmer l essaie puis se remet en chemin Un voile lumineux accroche un champ de lin a suffit pour qu un paysage s tale devant celui qui se souvient des parties de poker sous l escalier L image est bien r ussie mais il faut recommencer cause des bruits parasites qui ont g ch le son Une semaine
332. luenc par des images pr existantes mais ces mod les imbriqu s la pratique amateur ne d tournent pas les coll giens du besoin qu ils ont de se filmer Tout est abandonn l exception du plan portrait 5 LE RAPPORT A SOI Les l ves ont acquis un savoir sur le portrait photographique en cours de fran ais R alis es par des anonymes ou par des artistes reconnus comme Richard Avedon des photos font r guli rement l objet de commentaires en classe et ces exercices d expression orale aboutissent par deux fois des r dactions Fin octobre les l ves doivent d crire une image impos e Au choix le portrait que Claude Batho a fait de sa fille ou bien celui d un adolescent compos par Gladys Le second devoir prend appui sur un texte Portrait intemporel d Anny Duperey C est le dernier portrait que mon p re fit de moi probablement pas tr s longtemps avant sa mort Je le trouve extraordinaire C est ma photo Elle r sume tout ce que je suis profond ment sans d fense Ces yeux l sont ceux que je vois dans mon miroir trente cinq ans apr s quand je suis seule avec moi m me sans masque sans effort pour para tre 110 Jacques Aumont quoi pensent les films Nouvelles ditions S guier Paris 1996 pp 170 171 la figure figuration et figuralit incluses et confondues est cette dynamique de la mise en forme de l invention de formes dot es d un pouvoir de symbolisatio
333. m dias libres de tous secteurs et de mise en r seau des m dias libres pour faciliter leur collaboration et leur mobilisation http www medialibre org Communiqu sur le site internet 135 l art contemporain s affiche de plus en plus sur la sc ne publique en terme de quotidiennet Ce basculement vers le banal et l intime est g n r par une nouvelle vague d artistes Ils jouent avec l ordinaire d un m dium quotidien et d un contenu intimiste A immiscer le poste t l visuel dans des espaces d art le geste devient iconoclaste gt Cependant le cadre de la galerie reste encore trop rigide non pas qu elle soit trop institutionalis e l exemple de Unique en est la preuve mais l intimisme de ces uvres vid os requiert certaines conditions de diffusion qui ne sont pas toujours r unies Cela demande une sorte de mise en ambiance par la personnalisation du lieu par une convivialit qui respecte l esprit des vid os et souvent la pr sence d une personne m diatrice des uvres La personne ou plus exactement l humain est en jeu Bien que marginal de tout temps les r alisateurs ont organis chez eux ou dans des espaces tr s priv s des s ances pour leurs proches Mais de plus en plus les espaces de diffusion s ouvrent Cela se prolonge par exemple dans des lieux comme des appartements Se cr ent des petites communaut s d int r t qui sont le plus fr quemment en troite relation avec
334. m mes fr quemment leur d sir d tre belle sur le film la mari e tourne comme un mannequin devant la cam ra regardez comme ma robe est belle regardez comme je suis belle Parfois une femme demande au cin aste d attendre pour arranger sa coiffure ou un homme fait signe d arr ter montrant qu il n est pas habill correctement pour le film Quand le cin aste ne respecte pas cette demande on se met en col re la projection on dira on n a pas id e de m avoir film comme a il faut que tu jettes cette image La devise de toute personne film e est je veux tre film e belle Les personnes film es n h sitent pas non plus op rer ce qu on peut appeler une assignation de beaut une femme film e par son mari dans le cadre des chutes du Niagara n arr te pas de faire de grands gestes pour montrer la cam ra comme c est beau Dans un article important Karl Sierek a bien mis en vidence comment de tels gestes op rent dans un mouvement r flexif visant rendre visible le fait de voir les choses comme belles on d fait les paquets cadeaux de No l on les regarde et on les tient devant la cam ra r p tant le geste de la joie se sachant au centre de l image on montre le hors champ on mime son propre regard qui est tomb sur quelque chose de beau Mais il y a plus Les cin astes amateurs note Robert Musil dans un texte pr cis ment d nomm C est beau ici se r jouissent d j du souvenir
335. mandie elle est tr s jalouse de son intimit de ses secrets Bon j ai un ami qui est maire de Deville les Rouen et Deville il y avait beaucoup d industries textiles autrefois Il voudrait cr er la M moire de Deville On a fait un article dans ses journaux et tout a pour r cup rer les films qui peuvent exister sur Deville Ben on n en r cup re pas Parce que comme c tait une zone tr s ouvri re les ouvriers n avaient pas fait de films et les seuls qui en fait ce sont les patrons Et les patrons ne veulent pas les sortir Cela fait partie de leur vous comprenez Alors comment arriver convaincre un ancien patron une grande famille de notables en fait que ses films l c est tout un probl me C est encore plus difficile je crois d avoir acc s ces films qui appartiennent des grandes familles Et c tait a ici hein Et je ne sais pas comment faire Car le r seau il faut qu il soit il faudrait arriver convaincre ces gens bien sur on peut peut tre les convaincre Il faudrait arriver les toucher par des gens de la m me cat gorie sociale vous comprenez ce que je veux dire Il faudrait pouvoir bah oui c est a p n trer dans une c est un peu une forteresse ou avoir dans la forteresse un alli Mais c est pas tr s facile C Monsieur Guezennec cite alors le nom d un alli puis fait r f rence d autres grandes familles qui doivent poss der des films ma
336. marade venu le chercher et 63 apr s avoir re u les f licitations de son directeur pour ses r sultats et le s rieux de son travail son directeur lui vante les vertus du travail et lui promet un bel avenir s il continue dans cette voie On les retrouve dans une sorte de cave un lieu sordide qui sert de repaire une bande de copains tous un peu bizarres occup s monter un projet de hold up Le jeune homme sympathique tombe des nues et refuse tout net de participer ce genre de chose Il assume insultes et coups et on le retrouve dans sa chambre Il s croule sur son lit et s endort pour nous entra ner avec lui dans son r ve de hold up Illustration parfois un peu redondante de la chanson du groupe I Am on assiste une s quence assez r ussie de cin ma d action avec belles images sales meurtres bout de canon de fusil poursuites de voiture crissements de pneus sir nes de polices etc C est un chec catastrophique Le jeune homme retourne rejoindre ses pseudo amis pour voir o ils en sont Il voudrait les convaincre d abandonner leur id e Mais rien faire Ils se battent encore Le jeune homme refuse toujours de se laisser entra ner et les images du cauchemar reviennent encore et encore port es par la musique et les paroles de la chanson Il s agit d une fiction de 17 minutes qui s ouvre par un g n rique en lettres rouges sur fond noir Chaque nom apparaissant l cran est ponctu par un coup d
337. mard Paris 1984 r d coll Tel n 280 L herm neutique du sujet Cours au Coll ge de France 1981 1982 coll Hautes tudes Gallimard Seuil Paris 2001 ainsi que Dreyfus et Rabinov op cit pp 322 346 114 Sorlin op cit p 45 voir aussi pp 27 34 41 risque aurait t d accepter un plan portrait comme on accepte la photo d identit au d but de l ann e parce que le coll ge est incapable de produire une figure convenable Engag s dans une pratique de soi les l ves n ont pas besoin d une longue initiation technique Il suffit de dix minutes pour lire le mode d emploi du camescope et pour r aliser des plans portraits qui tiennent le coup on voit sur place Pas de langage sp cialis mais un imp ratif tr s simplement formul il faut que ce soit bien 6 SORTIR DU COLLEGE Pour s entra ner filmer il faut pouvoir fixer dans la semaine la part qui convient cet exercice On peut difficilement le faire lorsqu on est contraint de suivre la cadence ordinaire du coll ge Tant t les l ves filment chez eux ou bien s intercalent dans les trous de l emploi du temps tant t ils s en vont d une mani re impr visible Voici ce que dit Ludovic Avec Micka l on avait pr vu de faire a au bassin d Antilly parce que c est assez l cart on n aurait pas t d rang mais le jour o on devait le faire on a p ch sans filmer C tait v
338. mateur et d mocratie in Communications n 68 1999 p 284 On croyait que l histoire avan ait comme un fleuve majestueux un glacier En r alit l histoire progresse comme un crabe de c t et de fa on dissidente E Morin Dialogue sur la nature humaine avec B Cyrulnick Paris Ed de L Aube 2000 p 52 53 Monsieur Brentot cin aste amateur pouvait il se douter que ses films r alis s seul plusieurs d cennies auparavant et d pos s r cemment dans une cin math que r gionale pour leur pr servation se retrouvent un jour si entour s Que de monde autour du cin ma d amateurs de plus en plus de monde venir aujourd hui partager d autres jeux collectifs sur d autres sc nes pas toujours sans risque ni traumatisme contribuant ainsi construire de nouvelles couches d histoires sur ce mat riau rest si longtemps peu digne d int r t social Voici trois histoires titre d exemples Elles appartiennent toutes les trois cette nouvelle g n ration de cin math ques plus ou moins li es une appellation totalement incontr l e mais d j consacr e par l usage les cin math ques r gionales Organismes dont la mission est de conserver et ou diffuser le patrimoine filmique d une r gion dont les films amateurs espaces sociaux en cours de construction travers s dans leur mise en place respective par des d bats et des interrogations encore en suspens avec tutelles hi rarchi
339. mbiance familiale qui r gne dans le car de l arm e des militants de FO Ce commentaire consid re ainsi les militants comme une esp ce en voie de disparition En r gle g n rale et en dehors des portraits clownesques les militants sont d crits uniquement dans leur rapport avec les usagers Confondant les moyens utilis s avec les raisons des gr vistes les m dias les pr sentent comme anim s d une seule et unique motivation g ner les usagers sans s interroger sur les r elles causes qui les font agir On comprend alors la d marche et la volont des documentaristes qui donnent l inverse entendre la parole des gr vistes Ainsi dans les documentaires la gr ve est montr e par les r flexions et les angoisses des protagonistes Dans Demain la gr ve comme dans Chemin de traverse aucun commentaire directif seulement les pens es de gr vistes qui nous renseignent sur la situation Dans le deuxi me film le fil conducteur suit la parole des acteurs de la gr ve mis en situation d entretiens individuels o ils peuvent se d voiler Symbolis e par ces paroles la gr ve y est s rieuse et profonde Tr s loign es de ceux ci comme de ceux l les vid os des cheminots montrent la gr ve d un point de vue interne et chaleureux Aucune r flexion aucune consid ration directe sur le mouvement ne viennent effleurer les moments de la vie quotidienne et intime des gr vistes moments qui pourtant abondent On y voit le rituel de
340. mer leur vie en y appliquant des mod les de sc narios qui leur taient pourtant acquis d avance ils ont eu l intelligence d accueillir le tout venant sans renoncer leur obsession d couvrant instinctivement dans le cours de la r alisation des gestes de cin ma qu ils ont mis l preuve du quotidien le r sultat loin d atteindre une perfection close est une forme vidente nettement construite et cependant souple car elle rend perceptible le mouvement qui la produit Ensuite parce que c tait la premi re fois que je participais une vid o r alis e par des l ves je les ai souvent accompagn s sans savoir avec certitude ce qu ils faisaient mais les suivre m aura permis de mesurer l importance d une pratique amateur que je tenais pour insignifiante jusque l ce bout de chemin m a aussi gar de leur c t c est partir de ce d placement que je peux maintenant essayer de comprendre 84 Fran ois Jullien Proc s ou cr ation coll Des travaux Le Seuil Paris 1989 r d Le Livre de Poche coll Biblio 1996 85 Essai vient du latin post classique exagium pes e poids Au XVI si cle essai signifie exercice pr lude preuve tentative tentation chantillon essayer t ter v rifier go ter prouver induire en tentation entreprendre s exposer aux dangers courir un risque supputer prendre son lan 86 Georges Bataille Manet 1955 r
341. mier film personnel en 1957 Sa passion le m ne tre successivement l origine de nombreuses initiatives audiovisuelles dans la r gion D s 1958 il fonde dans son lyc e avec un petit groupe d l ves et de professeurs un centre d initiation aux techniques du cin ma permettant aux l ves de r aliser des films Leur premier film sera tourn la m me ann e au lyc e et r compens au niveau national En m me temps en lien proche avec les clubs de cin ma amateur etexc d par ces rencontres avec les clubs r gionaux et nationaux auxquels ils participaient et qui taient faits pour des gens avec beaucoup d argent m decins avocats alors que nous on plantait nos tentes dans un terrain de camping il d cide de cr er une association de jeunes r alisateurs non professionnels et d en organiser des rencontres annuelles Celles ci existent encore aujourd hui Mais on est tr s vite limit et on comprend qu il faut ouvrir les portes du lyc e rayonner autour et cr er des partenariats dans la r gion En 1966 il contribue alors la cr ation d un centre plus ouvert d tudes cin matographiques avec la volont de coordonner tous les efforts de ceux qui s int ressent au cin ma dans la r gion exploitants de salle quelques animateurs de cin clubs cin astes amateurs et enseignants En 1975 Le Centre National du Cin ma Paris qui l a reconnu et plus que reconnu l poque le financ
342. mps impos e nous En 1993 nous avions demand aux responsables de cin math ques pourquoi les cin math ques r gionales s taient en priorit int ress es aux films de famille ou d amateurs Pour la Vid oth que de Paris ces films t moignent d une poque d un mode de vie montrent ce que les films officiels ne montrent pas compl tement Pour la Cin math que de Nice les cin astes du dimanche ont pu impressionner sur la pellicule sans 244 Deux tudes ou guides mentionnent des fonds audiovisuels amateur Denis Anselme Les cin math ques et vid oth ques r gionales en France ARSEC Lyon 1992 et Martine Roger Masart Guide des collections audiovisuelles en France ed CFPJ 1994 Un ouvrage propose des monographies analytiques consacr es des archives ou cin math ques affili es l association europ enne In dits Jubilee Book Rencontres autour des in dits Essays on amateur film Association europ eenne In dits Charleroi Belgique 1997 245 I est d autant plus n cessaire de mener cette enqu te au sujet des cin math ques r gionales qu actuellement ces institutions pionni res dans la patrimonialisation des images amateur le plus souvent issues du mouvement associatif se trouvent d une part relay es par des institutions telles que les archives d partementales entra nant une red finition m me de l apport de ces films du point de vue de l criture de l Histoire et d autre pa
343. ms finissent par sortir et tourner beaucoup On peut parler ici non pas de cons cration patrimoniale mais d une valorisation esth tique des tr sors des cin math ques r gionales C est d ailleurs le titre d une s rie de projections inter cin math ques affili es la FFCA Tr sors des cin math ques qui s est d roul e tout au long de la saison 1999 2000 au cours de laquelle les cin math ques r gionales s invitaient mutuellement afin de pr senter leurs films f tiches Nous avons essay de conna tre les crit res de cons cration des tr sors des incontournables Les motifs invoqu s appartiennent plus au registre de l valuation esth tique qu celui de la valeur patrimoniale Certains films les incontournables sont qualifi s par Agn s Delforge de M moire Audiovisuelle de Haute Normandie de films touchants mis en sc ne avec un regard esth tique sur la mer Bref les incontournables sont de beaux films Certains r alisateurs amateurs clair s sont consacr s comme des auteurs maison dont le d p t semble illuminer les magasins Leurs films sont syst matiquement pr sent s par le nom de famille Mr D Mr B ce qui nous rappelle encore un certain type de lecture dite au nom propre auteuriste dominante dans l espace de l art cin matographique Une dimension esth tique vient finalement doubler toutes les tapes du processus de transmission constructio
344. n A ce niveau la tenue du plan mais aussi la neutralit de l nonciation n ont pas de valeur absolue Ce sont l des v rit s premi res que les l ves ignorent car ils se fondent sur la qualit professionnelle des productions qu ils ont l habitude de voir la t l vision Toutes les faiblesses techniques qu ils estiment pr judiciables leur entreprise sont donc limin es En se donnant des r gles rigides ils se privent d embl e d une partie du mat riau film Ce qu ils gardent n est pas m diocre mais il faut en payer le prix beaucoup de perte sur douze heures de rushes seulement une dizaine de minutes d utilis e et le montage va durer plusieurs mois 15 LA FORME C est la d finition du montage distance telle que l a formul e Artavadz Pelechian qui nous fait le mieux comprendre l op ration fondamentale que les l ves viennent d accomplir Un plan portrait apparaissant en un point pr cis ne d livrera sa pleine cons quence s mantique qu apr s un certain laps de temps au bout duquel il s tablira dans la conscience du spectateur une d marche associative non seulement en liaison avec les l ments qui se r p tent mais galement avec ceux qui les entourent Association d un plan portrait avec les plans de s ries qui l entourent association des plans portraits entre eux en offrant au spectateur la possibilit de produire mentalement cette double rela
345. n et dans lesquelles se traduira de la pens e Jacques Aumont travaille la notion de figure pour rendre compte de l acte figuratif A partir d une position immanentiste il analyse des images d j faites dot es d une puissance d invention qu il consid re comme des solutions des probl mes qui n existaient pas en dehors d elles Son but est de formuler ces probl mes J emprunte la d finition de la figure Jacques Aumont mais ma d marche reste diff rente de la sienne Dans une perspective pragmatique je cherche comprendre comment se forment les choix au cours de la r alisation 111 Pierre Sorlin Les fils de Nadar Editions Nathan Paris 1997 p 3 Influenc par ses besoins et ses habitudes chaque groupe se dote ainsi de coordonn es qui lui permettent de s observer et de regarder l univers qui l entoure nous appellerons r gimes perceptifs le syst me de coordonn es visuelles qui pr vaut dans une formation sociale quelle qu elle soit La notion est videmment toute th orique il n existe aucun r gime perceptif isolable tant sont nombreuses les interactions des diff rents groupes les uns avec les autres Mais l expression aussi vague soit elle peut nous aider poser une question dans quelle mesure les images qu on les tienne pour de pures copies ou pour des interpr tations du monde influencent elles les r gimes perceptifs 40 Ainsi parfois je vois mes enfant
346. n ma et de l audiovisuel modes et institutions Toward a Pragmatics of the Audiovisual NODUS M nster 1994 p 33 47 La question du public Approche s mio pragmatique in R seaux n 99 Cin ma et r ception volume 18 2000 p 49 73 De la fiction De Boeck 2000 16 lectronique vid ographique num rique Plus simplement on peut dire qu il s agit du film pellicule La question de l esth tique elle constitue mon axe de pertinence Pour tayer ma r flexion je confronterai ce qui se passe dans l espace familial ce que l on sait de la question esth tique en g n ral et ce qui se passe dans d autres espaces espaces de l art na f de l art brut du dessin d enfant etc Les questions auxquelles je tenterai de r pondre sont peut on parler d esth tique pour ces productions si oui en quel sens de quelle ou de quelles esth tique s En ce qui concerne la d marche elle m me mon analyse se fondera sur les r sultats de mes travaux ant rieurs que je reformulerai et revisiterai sur l axe de pertinence esth tique ce qui conduira parfois les modifier consid rablement Elle reposera ensuite sur une analyse pr cise d un vaste corpus de productions familiales et sur un travail de terrain effectu sp cifiquement pour cette tude Encore faut il pr ciser ce que j entends par analyse de terrain En effet si la s mio pragmatique se doit d aller voir sur place ce qui se joue dans les familles ce trava
347. n math que nomm dans un premier temps par la Direction du travail pour trouver une issue au conflit et qui ensuite est rest Ils travaillent actuellement sur des bases tr s proches de celles demand es par les salari s au niveau des financeurs la confiance a t entam e la R gion n a pas augment sa subvention Le Conseil G n ral et la ville ont plafonn leurs subventions Le Centre National du Cin ma n a pas vers la somme escompt e La p riode travers e dira le nouveau pr sident de la cin math que a mis en p ril pendant une p riode l avenir de la cin math que Il y a quelques mois on se demandait encore comment on allait faire Il a fallu reconqu rir les collectivit s Conseil R gional Conseil G n ral Mairie le rapport de l audit a t mis aux oubliettes le syndicat FO on ne le voit plus le directeur administratif il est tomb malade et a t hospitalis pendant quelques mois cure de sommeil etc Il ne vient plus la cin math que depuis un an bien que pay par la ville le m diateur est malheureusement d c d accidentellement la gr ve peine termin e le directeur Monsieur A cr ateur de cette cin math que et responsable de son rayonnement paie le prix fort de cette crise Un an apr s la gr ve il annonce au conseil d administration sa d mission pour des raisons personnelles et professionnelles et r int gre son poste au Minist
348. n d une m moire r gionale que nous avons d limit es Nous allons encore observer cette esth tisation du cin ma amateurs dans le cas d une seconde modalit de diffusion plus r num rative la vente d images aux t l visions et autres soci t s de productions audiovisuelles 2 Production audiovisuelle et cin math ques r gionales juridicisation des amateurs et esth tique de l authenticit L une des principales activit s de diffusion des fonds amateurs des cin math ques r gionales est la vente d images aux t l visions L analyse des diff rentes r alisations ainsi produites va nous permettre de d cire l esth tisation du cin ma amateur suivant deux aspects l auteurisation et l esth tique de l authenticit La vente d image aux t l visions la juridicisation du statut d auteur de l amateur Pour donner une mesure de l ampleur de cette activit de vente d images amateurs au monde de la production audiovisuelle signalons qu l heure actuelle le budget 311Cfle programme de cette manifestation Annexe F 312 Entretien du 29 f vrier 2000 178 de la Cin math que de Bretagne provient pour 700 000 francs de la cession d image sur un total de 4 millions de francs Les tarifs ont t fix s de la fa on suivante 6000 7000 francs la minute pour les cha nes de t l vision telles que TF1 ou FR3 Thalassa et 700 francs la minute pour une structure associative Hist
349. n de contenus sur ce m dia informatis que l on peut d signer comme autom diation Cette logique est l uvre dans la cr ation de pages personnelles des sites de webcams etc qui constituent les principales sources de contenus sur Internet Elle peut s analyser sous la probl matique de la r versibilit des r les culturels tout spectateur pouvant potentiellement devenir auteur et diteur diffuseur Les th ories de l individualisation r flexive expos es dans l introduction g n rale de ce rapport peuvent fournir une hypoth se interpr tative de ces usages expressifs du dernier m dia du 20 si cle Internet serait le m dium par excellence de cet individualisme expressif lire dans des pages personnelles o chacun s invente sa propre autobiographie fa onne sa propre filiation partir de banques d images familiales comme le proposera cette cin math que virtuelle Conclusion le cercle des r ceptions L esth tisation le passage au r gime esth tique se pr sentent toutes les phases du processus de construction d une m moire r gionale partir des images d amateurs depuis les crit res de s lection vocabulaire de l motion esth tique les crit res d indexation nonciation de jugements esth tiques dans les notices les crit res de programmation la notion de tr sors des cin math ques et les crit res de valorisation auteurs maisons Il
350. n locale de type participative T l bocal insiste sur le familier Il se pose l encontre du dispositif t l visuel traditionnel qui joue comme le constate G rard Leblanc sur une proximit et une distance la fois maintenues et annul es entre ordinaire et extraordinaire La t l vision fait partie int grante du quotidien mais reste exclusive Dans le cas d extraordinaire elle coupe tout ce qui est familier T l bocal est con ue comme un spectacle vivant Cela implique une bri vet des films souvent sous forme de clips Le ton est celui de l humour avec des micros trottoir ou des rubriques qui soulignent les travers de la vie quotidienne Ils utilisent le langage ordinaire voire de la rue souvent argotique ces objets qui nous font chier Les genres les plus utilis s appartiennent au registre du grotesque du burlesque et du parodique Le style est plus os voire provoquant ou choquant qu la t l vision Les sujets traitent souvent des th mes ignor s des m dias notamment en ce qui concerne les manifestations et l immigration Auparavant l engagement tait a politique il programmaient davantage de courts m trages amateurs D sormais la cha ne se veut militante mais aboutit parfois des r actions manich ennes La programmation suit un ordre de rubriques dont certaines sont attendues par les habitu s S ajoute un journal distribu lors des diffusions dont l aspect fanzine ajoute u
351. n rapport de proximit entretenu avec le public T l bocal dispose galement d une figure embl matique Adonis dont on peut acheter le CD et la cassette vid o Ce personnage d Adonis sorte de anti h ros sorti d un dessin anim ou 219 D veloppement social urbain 220 Fonds d action sociale 221 G rard Leblanc Sc narios du r el quotidien vasion science Tome 1 L Harmattan 222 Dans son analyse sur la duperie de certaines missions de t l vision qui usent du mensonge pour atteindre l extraordinaire G rard Leblanc rel ve que ces missions pratiquent l Abstention de toute r f rence politis e sur des sujets d licats tels l immigration criminalit car cela fait partie du quotidien le plus sordide p 70 Sc narios du r el Tome 1 127 pop star d su te cr e un lien de sympathie avec le public A cette parodie du personnage culte s ajoute celle du culte des membres de l quipe T l bocal comme le prouvent les prolongements de T l bocal sur internet Le site tr s personnalis fait appara tre les photos dans des poses drolatiques de chacun des membres l gend par son pr nom ou bien son surnom Tout un chacun peut chez lui avoir un aper u des auteurs qui se cachent derri re les films vus dans les caf s brisant l anonymat fr quent dans les reportages t l vis s et instaurant par l m me un passage de la sph re publique vers la sph re priv e Malgr tout dans la pratique l
352. n recomposition et retrouve ainsi les techniques artisanales la fabrique de musique que l on pourrait comparer aux pratiques des artistes de The Factory d Andy Warhol Dans cette optique l esth tique du film de F a un lien avec le pop art et la musique rap ne serait ce que dans leurs techniques de r cup ration Ces choix esth tiques lui permettent de revendiquer une appartenance et de rendre sa d marche lisible F l exprime ainsi dans son interview J ai travaill plut t sur un clip mais il y a un but soit quelque chose de v cu soit un message On pourrait dire que les mod les qu il utilise les personnages qu il campe lui sont inspir s par la chanson qu il a choisi d illustrer Mais cette chanson lui sert surtout d alibi de protection S exprimer par des images et travers les mots de quelqu un d autre lui a peut tre paru plus facile mais surtout moins dangereux Il l utilise comme un l ment de m diation qui va lui permettre de faire entendre la violence de ses sentiments Avec une adresse certaine il expose aux spectateurs les mouvements contradictoires qui sont les siens la fois dans son combat int rieur et son d sir imp rieux d tre reconnu Ainsi les adolescents puisent l inspiration et les formes dans des mod les dont ils sont impr gn s t l vision cin ma jeux vid os musiques ou que les ducateurs leur ont propos th tre peinture vid o art cin ma quand ils y reconnaissent
353. nalement hautement probl matique de cette chasse au tr sor Il faut savoir comment on peut arriver acc der tous ces petits tr sors enfouis Et si voulez moi je l ai ressenti ainsi quand on a fait un film on tient au film c est un peu de soi m me La pellicule la petite boite avec l tiquette qu on garde on y tient beaucoup parce que c est pr cieux parce que on y mis beaucoup de soi m me Donc j ai tr s vite compris que c tait tr s difficile de prendre quelqu un le film qu il a fait surtout si c est en plus sur sa famille Donc il ne fallait pas le prendre comme a il fallait trouver des astuces Que le mieux c est que ces films Qu on ne dise pas c est la M moire qui est Rouen qui vient Dieppe Evreux Gournay etc prendre vos films les ramasser pour les mettre on ne sait pas o Tandis que si on cr e la M moire de Gournay ben c est tout fait diff rents C est leur m moire eux Apr s il faut leur laisser le temps de comprendre que ce film serait mieux plac ici parce que mieux conserv dans des bonnes conditions Il ne faut pas d embl e pouvoir leur prendre leur film et le mettre ici Il faut donc qu il commence voir ces films entre eux comprendre que cela fait partie que c est leur patrimoine que ce patrimoine il ne faut pas le laisser perdre C est ce qu on fait actuellement F camp avec Agn s A F camp c est tr s si
354. nc de rabattre le terme esth tique sur celui d artistique N anmoins la reprise de cette habituelle confusion ne nous g nera pas dans la mesure o il sera fait r f rence un concept largi de l art directement inspir des r flexions de Joseph Beuys et invitant la recherche se pencher sur les ventuelles manifestations d une plastique sociale On sait que pour Beuys la notion d art n est pas limit e aux facult s artistiques classiques et qu il faut la d busquer au sein de n importe quelle activit humaine tant donn que le travail humain en g n ral doit tre consid r comme un processus cr ateur Tout d pend de la qualit du soin pragmateia que l on accorde son activit l activit relationnelle par exemple Ce r gime anthropologique ne serait videmment pas sans int r t pour une tude plac e sous le signe d une ethnologie de la relation esth tique Il s agira par cons quent encore une fois du trop fameux rapport entre l art et la vie Certes voici une lune qui para tra bien vieille Peut tre conviendrait il malgr tout de continuer la faire briller La volont d examiner les relations esth tiques propres des lieux culturels alternatifs ne convoquerait elle pas une th orie culturelle d utilit publique laquelle remettrait essentiellement et sp cifiquement en question ces cat gories postul es dont parle Raymond Williams les
355. nce mutuelle C est dit Lamizet la cr ation qui va constituer pour les sujets de la sociabilit l exp rience de la mise en uvre esth tique et symbolique de la sociabilit et qui par cons quent va les mettre en mesure de repr senter symboliquement leur propre appartenance 168 B Lamizet op cit p 168 169 J Caune Esth tique de la communication Que sais je 1997 p 36 170 B Lamizet op cit p 411 Conclusion Les trois concepts clefs de la tradition esth tique repris par H R Jauss d crivent bien ces tapes de l exp rience esth tique int rioris e par les adolescents la poiesis comprise comme pouvoir savoir faire po tique et le fait de se sentir de ce monde et chez lui dans le monde dans lequel l homme fait son uvre propre l aisthesis comme renouvellement de la perception des choses enfin la catharsis par laquelle l homme peut tre d gag des liens qui l encha nent aux int r ts de la vie pratique et dispos par l identification esth tique assumer des normes de comportement sociale Toutefois au terme de ce parcours analytique il semble clair qu on ne puisse parler d une esth tique commune propre l adolescence tant les productions et les d marches peuvent s av rer diverses Mais nous avons pu rep rer des points communs et des enjeux convergents dans la capacit absorber des mod les pour mieux les tr
356. nciennes qui ont servi de mat riau de travail au cours de certaines s ances ont t amen es par les l ves beaucoup de photos de famille repr sentant des personnes de tous ges parents grands parents arri res grands parents qu ils ne peuvent pas toujours identifier Des compositions renvoient des tableaux connus tel Le d jeuner sur l herbe de Manet des sketches certaines de ces s quences par leurs mises en sc ne th trales et assez fantastiques peuvant faire penser au cin ma exp rimental A EZ il est int ressant de noter leur int r t et leur r activit lorsque les jeunes rencontrent certaines formes d oeuvres audiovisuelles d artistes Ils r investissent ce qu ils ont vu reprennent les id es de mani re litt rale les mettent en sc ne dans le contexte de l atelier les adaptant l espace et aux moyens dont ils disposent L utilisation de Der Laufe der Dinge de Flischi et Weiss en est un exemple L influence d missions et de s ries de t l vision Nulle Part Ailleurs et ses pr sentateurs Urgences mais aussi de spots publicitaires sur des produits alimentaires est aussi tr s nette On retrouve souvent certains mod les bien ancr s les r les les plus utilis es dans ce registre sont ceux qui appartiennent au rituel le pr sentateur qui sollicite le t l spectateur les yeux dans les yeux et l animateur voluant dans un cadre permettant une certaine th tralit
357. ndues des cacahu tes offertes Vingt heures trente la projection d bute Elle s effectue au moyen d un vid o projecteur sur un large tissu blanc un peu l che mal tendu aussi les travellings ondulent et les visages se gondolent parfois au gr d une boursouflure ou d un d placement d air Un film d entreprise fiction Welcome in Utopia de Simon Backes raconte sur le mode carnavalesque les m saventures d un passager dans un a roport Puis une vid o l nergie r alis e par un tudiant de PESAV la F mis locale nous encha ne ses incoh rences sc naristiques et ses ruptures di g tiques l emporte pi ce Passe un film super huit carnavalesque lui aussi et c est au tour d un programme de TV Talc T l vision Action Locale Culturelle ayant pour sujet les in vitables jeunes des quartiers leurs conceptions du tag et du graffe tant mises en parall le avec le d sarroi des commer ants qui doivent nettoyer sans cesse les fa ades de leurs magasins et les spectateurs de ricaner Enfin un film militant sur les probl mes aigus d un sans papiers cl t la projection attendu que ce soir l aucun amateur n est venu pr senter ses travaux Chaque film est bri vement pr sent avant sa projection par un membre de Lapilli Films un collectif de cin ma ind pendant et une discussion suit imm diatement apr s avec plus ou moins d entrain suivant les s ances Ce soir l chaleur aidant les conv
358. ne Marie Martin d sign e comme experte techniciens et documentalistes argumentaient contre la conservation syst matique d une part en avan ant la question des co ts des transferts vid o effectu s lors des d p ts mais aussi en voquant la redondance des sujets trait s assez des films de famille des b b s A l issue des discussions plusieurs propositions ont t mises par l ethnologue 1 Ne pas n gliger la dimension priv e lors des d p ts au profit de la seule qualit technique des films 2 Faire payer ventuellement les transferts aux d posants 3 Indexer syst matiquement sans proc der l analyse compl te des films et 4 Concevoir une valorisation pr alable justifiant une s lection syst matique par exemple tous les films sur les b b s diffuser en fonction de diff rents crit res techniques sociaux etc La derni re proposition d Anne Marie Martin conjuguant crit res de s lection et politique de valorisation vise articuler l exigence scientifique de constitution dans le cadre de ces collectes et d p ts de films amateurs d un fonds comme territoire symbolique qui se d gage des images elles m mes et les missions publiques des cin math ques r gionales de programmation cin matographique Le recours des experts contribue l gitimer la valeur patrimoniale de document du film amateur comme si elle n allait d cid ment pas de soi A Rouen a ainsi fonctionn de fa on tou
359. ne donc un statut particulier qui ressemble une forme de passage o l adolescent devient plus qu un simple l ve Pendant quelques heures il b n ficie d un autre regard de la part de l institution et exp rimente une autre relation celle ci jouant des diff rentes autorit s et de la diversification des sources de savoirs par exemple les conceptions de l artiste contre le savoir du prof la provocation de l art contre la loi sociale L activit de l atelier est v cue comme une exp rience novatrice et positive o peut s inscrire comme une empreinte le plaisir de la cr ation et l motion esth tique Il est donc impossible ici de r duire la notion d esth tique des questions de formes et de beau dans l analyse des productions C est le processus d ensemble de la cr ation qu il faut prendre en consid ration Les productions de coll giens comme les productions du groupe anim par F entrent dans le cadre d un projet autobiographique L on pourrait dire que se joue ici un travail de 65 l identit au sens o l entend Anthony Giddens Selon le sociologue anglais autobiography is actually at the core of self identity in modern social life Il s agira souvent de se red finir dans un projet critique fond la fois sur un travail de s lection de mod les dans les oeuvres audiovisuelles existantes et sur une expression de soi inspir e par le travail de groupe C est d
360. ne m moire nationale est un ph nom ne r cent Il y avait autrefois une histoire nationale et des m moires de groupes caract re priv rappelle Pierre Nora Et tandis que l histoire mythologique de France a perdu depuis selon l historien la premi re guerre mondiale son statut de mythe porteur du destin national a fini par lui succ der une configuration de la conscience historique nationale articul e autour de trois notions identit m moire patrimoine Ce sont d apr s Nora les trois mots cl s de la conscience contemporaine les trois faces du nouveau continent Culture Trois mots voisins fortement 256 Entretien r alis le 01 03 2000 dans les locaux de M moire Audivisuelle de Haute Normandie IRIS Rouen 257 P Nora La nation m moire in Les lieux de m moire III La France 3 De l archive l embl me Gallimard 1992 p 1977 258Extrait du Grand Robert Lieu de m moire loc 1984 Lieu de m moire unit significative d ordre mat riel ou id el dont la volont des hommes ou le travail du temps a fait un l ment symbolique d une quelconque communaut Pierre Nora 259 P Nora Ibid p 1006 160 connot s charg s de sens multiples qui s appellent et s appuient les unes les autres Identit renvoie une singularit qui se choisit une sp cificit qui s assume une permanence qui se reconna t une solidarit soi m me qui s prouve M moire sig
361. ne veut pas trop compliquer la communication Les guillemets qui encadrent l expression mal fait visent marquer la distance prise par rapport cette formulation R sumons Le film de famille a une Forme une forme la fois fixe et fonctionnelle On peut parler de la Forme du film de famille Mais cela suffit il pour parler d une esth tique du film de famille Forme et intention Dans la tradition esth tique entendue comme r flexion philosophique sur l art la notion de Forme occupe une place centrale Henri Focillon n affirmait il pas que l uvre d art n existe qu en tant que forme Cela ne signifie pas toutefois que toute forme rel ve de l art la nature nous donne voir de tr s belles formes les cristaux les pierres si bien chant es par Roger Caillois qui ne sont assur ment pas en elles m mes artistiques On attend d une forme artistique qu elle ait un statut intentionnel Certes l art admet une part de hasard mais contr l e ex Pollock et le driping au moins le r le du hasard doit il tre intentionnellement assum ex l criture automatique des surr alistes Or il est clair que les cin astes familiaux bien qu ils fassent intentionnellement du film de famille Je fais des images pour le souvenir pour le futur pour quand je serai vieux pour les enfants pour qu ils voient plus tard comment ils taient je fais plaisir ma femme ne font pas expr s de mettre en uvre la rh toriq
362. ner une image singuli re d une chose connue image diff rente de celles que nous avons l habitude de voir singuli re et pourtant vraie et qui cause de cela est pour nous doublement 155 Anthony Giddens Modernity and self identity Stanford University Presse Stanford 1991 p 76 156Hans Robert Jauss Pour une esth tique de la r ception p 130 saisissante parce qu elle nous tonne nous fait sortir de nos habitudes et tout la fois nous fait rentrer en nous m mes en nous rappelant une impression Bourdieu souligne par ailleurs le fait suivant Les images qui usant de la possibilit r elle de la technique rompent tant soit peu avec l acad misme de la vision et de la photographie commune provoquent la surprise Coupe instantan e dans le monde visible la photographie fournit le moyen de dissoudre la r alit solide et compacte de la perception quotidienne en une infinit de profils fugaces comme des images de r ves de fixer des moments absolument uniques Cette perception des images va par ailleurs s enrichir de la possibilit de les r investir Nous avons pu constater que ce mouvement se d cline dans la cr ation essentiellement sous deux formes l une proche de l imitation et l autre distanci e proche de la d rision Certaines formes seront r investies telles quelles corps coup s des photos mises en sc ne de saynettes th tralis es A PE par exemple les photographies plus ou moins a
363. nes la participation d un intervenant ext rieur Les grands axes de la d marche d un atelier de pratique artistique sont d termin s d une ann e sur l autre et valid s officiellement Le but tant de permettre aux adolescents de d velopper leur cr ativit et de s ouvrir une certaine culture artistique 158 Nous emploierons l abr viation EZ pour d signer ce coll ge 61 Intitul du projet RENCONTRE DES MOUVEMENTS DE CAMERA AVEC LA MATIERE Objectifs Faire d couvrir aux l ves de nouvelles perceptions du mouvement de leur corps par le biais d une cam ra Travailler sur les rapports du corps au temps et l espace Rendre perceptible la notion de mati re l image Int grer toutes les fonctions de la cam ra comme autant d outils de modification dela perception des objets de l espace et du temps R f rences artistiques La Piscine de Bill Viola La baguette de V Anding Cartes Postales de Robert Cahen Der Lauf der Dinge de Flischi et Weiss D roulement de l atelier Les petits groupes de travail sont souvent des clans tr s ferm s qui ne s ouvrent que rarement pour accueillir un l ment solitaire le temps d une s ance Les quipes sont rarement mixtes Les pistes de travail choisies par les l ves sont clectiques mais voluent au fur et mesure de l ann e en fonction d l ments aussi divers que l tat motionnel des l ves
364. nifie tout la fois souvenirs traditions coutumes habitudes usages moeurs conscients et inconscients Et patrimoine est carr ment pass du bien qu on poss de par h ritage au bien qui vous constitue Trois mots devenus circulaires presque synonymes et dont le rapprochement dessine une nouvelle configuration interne une autre forme d conomie de ce qu il nous est pr cis ment devenu impossible d appeler autrement qu identit La notion de patrimoine a donc connu une extension consid rable En 1979 on pouvait lire une double d finition dans le Petit Robert Propri t transmise par les anc tres le patrimoine culturel d un pays La seconde partie a pris une importance sociale depuis d s plus envahissante A l extension de la conception de la notion de patrimoine correspond l extension du mus e imaginaire de l archive la d multiplication et la d mocratisation de l archive et des formes mat rielles de la m moire Dans ce moment o la m moire est promue au centre de l histoire les archives prolif rent la m moire se fait m moire miroir Par cons quent l archive doit se conjuguer sous le r gime de l authentique Dans des soci t s contemporaines obs d es par le souci de se comprendre historiquement on produit de l archive comme un double du v cu comme m moire proth se Ainsi c est plus exactement une m moire archiv e qui pr domine dans cette tension tou
365. ns porteront sur l aspect social de son organisation mettant pour la premi re fois en arri re plan l aspect purement filmique de la cin math que Ils d poseront des requ tes aux Prud hommes la cin math que sera 149 condamn e les d dommager mais elle fera appel Le conflit sera finalement d finitivement r gl en septembre 2000 soit un an et demi apr s Une famille recompos e Qu en est il aujourd hui Onze salari s travaillent aujourd hui la cin math que dont cinq emplois jeunes Bien que l on compte toutefois suite la gr ve un licenciement pour reconversion un d part en pr retraite et un contrat dur e d termin non renouvel la cin math que ressemble pour une bonne part aujourd hui ce pour quoi ils se sont battus avec un cadrage officiel de leurs fonctions et une reconnaissance de leur comp tence A quel prix toutefois Autour d eux presque toutes les cartes sont redistribu es ou ont chang es de mains le pr sident la fin de la gr ve a dit je m en vais Il ne s est pas repr sent la prochaine assembl e g n rale de la cin math que bien qu il fasse toujours partie du conseil d administration pour repr senter la R gion Le pouvoir tait donc prendre il l a t par les socioculturels En effet trois membres sur les six qui composent actuellement le bureau appartiennent au secteur socioculturel dont le nouveau pr sident de la ci
366. ns suivantes extrait Les soir es caf s vid o Tous les premiers mardis de chaque mois Transat vid o propose la diffusion d uvres vid ographiques La Garsouille Et toujours dans cette voie nous donnons cette fois la possibilit ceux qui le souhaitent de pr senter et diffuser leur s cr ation s sur support VHS Les ap ros vid o Is ont lieu Alen on 70 km de Caen La soir e nocturne Une fois par an en juin la rue du centre ville o est situ e La Garsouille se ferme la circulation automobile pour devenir une sorte de vaste th tre vid o projections sur des crans g ants sur des fa ades d immeubles parpillement de moniteurs vid o etc La m tairie libre La M tairie petit hameau de Suisse Normande fort de ses 40 habitants reste sous le choc de la proposition qui lui a t faite par l association Transat vid o En effet cette petite bourgade l air si paisible risque fort de devenir pour une nuit le th tre de la manifestation hyst rique autant qu artistique des activit s culturelles de la capitale bas normande Caen Dans la nuit du 26 au 27 juin 1999 Transat vid o aid des membres actifs du CloaQ Centre logistique des uvres d art Qu on fait nous m mes investiront la petite commune rurale et transformeront l endroit en un lieu de diffusion vid o de concerts et d exhibitions d uvres d art Le Forum vid o La Mai
367. nsultation la Cin math que de Bretagne 192 ANNEXE F Les Tr sors des cin math ques Catalogue de la manifestation 193 BIBLIOGRAPHIE GENERALE Allard L Du film de famille l archive audiovisuelle priv e in M diascope n 7 Sources audiovisuelles du temps pr sent mai 1994 Allard Laurence L espace public esth tique et les amateurs l exemple du cin ma priv Universit Paris 3 1994 Th se de doctorat Universit Paris III Sorbonne Nouvelle Allard L T l visions et amateurs de Vid ogag la t l vision de proximit in Le film de famille usage priv usage public M ridiens Klincksieck 1995 Allard L L amateur une figure de la modernit esth tique in Communications n 68 1998 Allard L Une rencontre entre film de famille et film exp rimental le cin ma personnel in Le film de famille usage priv usage public M ridiens Klincksieck Allard L Cin philes vos claviers R ception public et cin ma in R seaux n 99 Cin ma et r ception 2000 Anselme D Les cin math ques et vid oth ques r gionales en France ARSEC Lyon 1992 Aumont J Bergala A Marie M Esth tique du film Nathan 1994 Aumont J De l esth tique au pr sent De Boeck 1998 Aumont J quoi pensent les films Nouvelles ditions S guier Paris 1996 Aumont J Amn sies Fictions du cin ma d apr s Jean Luc Godard P O L diteur Paris 1999 Aumont J Marie M
368. nt l automatisme du camescope Ils apprennent patienter attendre le moment o la lumi re naturelle mod le doucement les visages Sinon ils la filtrent avec des bouts de draps avec les branches feuillues des arbres et l orientent avec des panneaux de carton blanc L attaque para t toujours frontale mais la disposition du corps de la t te exigent de multiples corrections infimes car pour atteindre la photog nie il faut se tenir comme on ne se tient pas dans la vie Les l ves contr lent tout de la repr sentation au millim tre pr s Ce qui compte c est bien s r l apparence mais encore plus importante est la pr sence c est dire une nergie un tonus qui mane de la personne et qu on peut peut tre essayer de capter dans la tension qui se cr e entre la pose naturelle et la pose corrig e Les l ves cherchent faire acte de pr sence car ils savent qu un simple enregistrement ne suffira pas les rendre pr sents 10 LA DECEPTION DES ELEVES Assembl s bout bout les plans portraits s accumulent et les visages pris dans le d filement ininterrompu de la bande s agglutinent Le m lange des plans dans la r tine produit un effet comparable aux photos synth ses de Krysztof Pruszkovski il donne l impres sion d une image unique celle d un groupe social dont les l ves ont fabriqu leur insu le prototype Figure composite la vid o accr dite l id e de Michelet
369. nt Il suit comme les autres films l ont fait 174 Gauthier in Le documentaire un autre cin ma Nathan 1995 p 244 175 Extrait d un entretien r alis avec Daniel Cami Lussas en 1996 176 Extrait d entretien r alis avec Yann Le Fol Paris le 6 octobre 1998 86 ailleurs en France toute la dur e du mouvement social dans sa ville Limoges mais il le fait jour par jour comme un chroniqueur pr cis en indiquant par incrustation ou au montage les dates du 7 d cembre au 19 d cembre il n omet presque aucune journ e et tient l une sorte de journal film de la gr ve des cheminots Limoges Sans tre aussi pr cises ces dates se retrouvent dans bon nombre de films et montrent l influence vidente du v cu sur les r cits C est aussi le m me cas de figure avec les multiples sc nes rapportant le discours tenu par les syndicats en fin de gr ve beaucoup de cin astes l ont film se soumettant l ordre du r el Par leur fonction les cin astes gr vistes sont introduits au c ur de la vie des gr vistes cheminots se donnant ainsi un point de vue proche et int rieur flirtant au plus pr s avec les caract ristiques du cin ma direct Je raconte Gr ce la l g ret du mat riel et l apparition du son synchrone les documentaristes du cin ma direct sont parvenus se glisser plus pr s et plus librement des objets film s H ritiers inconscients de cette volution les cin astes
370. nt scatologique modelage de sexes masculins ou f minins d coupage de la terre durcie la tenaille et la scie mise en place en sc ne de natures mortes coquillages objets en verre d opacit diff rentes feuilles mortes chutes successives de sables d paisseurs diverses avec un relief sonore tr s travaill recette de cuisine compos e comme un tableau et une voix narrative sorte de plagiat des recettes culinaires pr sent es la t l et qui se termine en un m lange glaireux r alisation de divers tableaux partir de mat riaux pl tre que l on mouille ou souille avec des jets d eau simulant l urine ou des jets de peinture venant du hors champ sable m lang des objets h t roclites que des mains anonymes fouillent Ces s ances se terminent toutes par un investissement des lieux tr s marqu salet du sol v tements tach s etc L tat de d sordre auquel ils parviennent semble les ravir A PE les rushes sont plus timides mais marquent aussi la r gression mise en sc ne d une visite m dicale dans un lieu tr s pr cis l infirmerie Les l ves sont seuls et jouent au docteur absorption de nourriture sucreries sc nes de goinfreries diverses D autres processus de cr ation sont marqu s par la r p tition Chaque essai sollicite chez les l ves une r action de plaisir ou d insatisfaction qui va tr s souvent appeler un recommencement jusqu p
371. ntact de nouvelles structures aux projets similaires ou bien d anciennes structures pr caires parce qu elles reposent sur le b n volat Le r seau se pr sente sous la forme d un noyau dur qui s largit concentriquement Apparaissent des facteurs transversaux comme les p riph ries qui s entrecroisent ou bien des lectrons libres qui se trouvent la jonction de plusieurs cercles font le lien Cela permet de d senclaver des milieux qui n auraient pas de rapport entre eux sans cette activit D sormais les t l visions locales se r unissent p riodiquement Aucune action commune n est r ellement men e si ce n est la d fense de leurs droits Malgr tout il est noter l importance du r le d Internet car les sites des diff rentes structures permettent de tenir chacun au courant de activit s D autre part on assiste des diffusions audiovisuelles dans des lieux tels des appartements des galeries ou des squats Passage dans la sph re du monde de l art o les r seaux de connaissances permettent de faire merger les espaces clos Les raisons de diffusion dans les galeries peut s expliquer par la grande vari t des productions de vid os dont la nature comporte intrins quement une n cessit de diffusion Tout d abord bien que le mouvement date des ann es 70 la pr sence des artistes vid astes commence depuis quelques ann es prendre v ritablement son ampleur et appara tre plus nettement su
372. ntenne rennaise de la Cin math que de Bretagne th matise son travail comme un travail d enqu te sur les pistes du cin ma priv Pour ce faire plusieurs interlocuteurs sont contact s archives offices de tourisme organismes de formations tablissements scolaires photographes louant ou vendant du mat riel aux amateurs associations Parmi elles on peut mentionner la vie associative du cin ma amateur avec les clubs adh rents la FFCCA F d ration fran aise des clubs de cin ma amateur cr e en 1933 publiant des bulletins de cam ra clubs constituant des sources d informations pr cieuses inventaire des films noms de r alisateurs Le documentaliste a rapport ce cas exemplaire Il arrive que des particuliers inventorient diff rentes sources documentaires en lien avec le pass de leur commune ou de leur pays A Pleine Foug res petite commune du nord de l Ille et Vilaine M T collecte les archives locales en dehors de ses activit s professionnelles Photos cartes postales documents manuscrits et articles de presse sont num ris s avant d tre restitu s leurs propri taires Sensible la d marche de la cin math que de Bretagne M T nous a mis en contact avec diff rentes familles susceptibles de d tenir des archives film es Son intervention a permis de rassembler des films voquant la vie collective Pleine Foug res d tenus par des familles respectivement domicili es Nantes mais a
373. odologiques que conceptuels nous voudrions recontextualiser certains enjeux plus g n raux li s la figure de l amateur dans le champ culturel contemporain En effet certains de ces enjeux ont inspir la resp cification des pratiques audiovisuelles amateurs en termes d esth tiques ordinaires du cin ma et de l audiovisuel Esth tiques ordinaires du cin ma du cin ma et de l audiovisuel travers lesquelles seront document s plusieurs questionnements de l appel d offres en termes de passages l esth tique de conditions d laboration des nonc s esth tiques et leur part dans l laboration du lien social Actualit s et pr sences des amateurs dans la culture contemporaine l individualisme expressif l oeuvre Quels sont les enjeux culturels et sociaux soulev s par les pratiques audiovisuelles amateurs et l ensemble des activit s artistiques en amateur plus g n ralement Le domaine des pratiques artistiques amateurs trouve aujourd hui une pertinence accrue dans un champ culturel au sein duquel la place des amateurs se trouve largement red finie si l on songe la situation par exemple du cin aste familial stigmatis depuis les d buts des petites cam ras par son manque de professionnalisme D un point de vue quantitatif on peut noter un accroissement significatif des activit s artistiques amateurs en g n ral puisqu en 1996 47 des fran ais de plus de quinz
374. ojection d un montage brut d images ou de films amateurs r alis pour Les promenades du patrimoine s tant av r e un succ s public et prometteur la structure est associ e de fa on r guli re depuis 1997 la manifestation nationale des Journ es du patrimoine se d clinant autour d un th me national citoyennet patrimoine du XX me si cle etc L apport des images amateurs dans cette manifestation est selon la documentaliste de pr senter une m moire vivante La plaquette de pr sentation des journ es du patrimoine 1998 fournie par la documentaliste sp cifie galement la pr sence d images amateurs en termes de m moire mouvante Enfin la nouveaut sera cette ann e l ouverture sur le patrimoine cin matographique avec la projection la chapelle Saint Louis de films provenant du fonds de la m moire audiovisuelle de Haute Normandie restituant l image mouvante de la ville de Rouen avant la guerre La valeur patrimoniale des images amateurs atteint ici un degr de cons cration rare travers cette int gration part enti re dans cette manifestation de c l bration du patrimoine local typique de l re de la comm moration not e par Pierre Nora Les cin math ques une banque d images pour chercheurs et curieux Les projections publiques s adressent un public moins sp cialis que le visionnement sur place galement pr vu par les trois institutions Les usages de
375. oll Points n 224 1991 p 48 101 Jean Marie Schaeffer L image pr caire Du dispositif photographique coll Po tique Le Seuil Paris 1987 p 105 31 m me promotion Les images et les sons les plus banals gagnent alors en puissance ils se chargent d une force motionnelle d une richesse s mantique qui les tirent de l ordinaire d o ils ont t pr lev s De ce c t l les l ves ne sont pas sans appui ils ont fait l exp rience passant par Perec d une criture neutre qui nous invite parler 3 la communaut Ce n est pas une unit souveraine dans laquelle se confondent les uns et les autres ni un rapport qui s tablit partir d individualit s pr existantes Quand Perec parle de tissu conjonctif d unanimisme c est l irr el du pr sent Il appelle une communaut que son livre n accomplit pas Mais si la lecture de Je me souviens ne r duit pas les diff rences singuli res elle produit cependant un partage qui marque la limite de la singularit en sorte que les singularit s n adviennent qu en tant qu elles sont partag es Je partage avec X dit Perec des souvenirs que je ne partage pas avec Y et dans le grand ensemble de nos souvenirs chacun pourrait se choisir une configuration unique L appel d une communaut na t quand surgit cette co existence des uns avec les autres quand tre avec c est faire sens mutuellement et seul
376. oment leur permet de concilier leur activit de gr viste et celle de cin aste et d en r soudre le dilemme Les films amateurs abondent davantage en sc nes de manifestations et en sc nes priv es qu en s quences typiques de gr ve Cette abondance montre que les cin astes gr vistes se sont davantage laisser aller filmer les moments o ils ont pu d laisser leur activit de gr viste et o leur pr sence en tant que militant n tait pas n cessaire Le temps du r cit est le temps o le gr viste a troqu ses habits contre ceux du cin aste En cons quence filmer participe un temps part de celui de militant gr viste et conduit les apprentis cin astes valoriser un nouveau r le celui de cin aste Les documentaristes ont presque une d marche inverse car en filmant ils participent la vie de l v nement Leur comp tence de cin aste leur permet d tre gr viste le temps du film C est la cam ra qui justifie leur place l int rieur du mouvement alors que chez les gr vistes c est elle qui l en extrait Chez les professionnels le cin ma se met au service d un sujet la gr ve dans ce cas Ainsi le confirme Dominique Cabrera lorsqu elle r ve le cin ma comme un outil de recherche en politique d marche qui s oppose celle du cin aste amateur Michel Raynal qui d clare J ai pris la cam ra pour faire un souvenir pour moi seulement apr s je me suis fait prendre au jeu comme un
377. omme l imprimerie de la mairie parce que Monsieur G avait appris qu il s int ressait la m moire locale et qu il faisait de la photo un ancien gardien de la maison de la culture grand militant associatif et vieux routier du parti socialiste dont la maison de la culture ne voulait plus un homme qui appartenait au service lectricit de la ville et changeait les ampoules des lampadaires de la ville gars tr s dynamique qui en dehors du boulot tait tr s associatif faisait de la radio amateur et tout a il en avait marre de s emmerder dans son boulot et il avait envie de bosser un jeune qui lavait le carrelage des piscines et qui lui sera recommand a m tait difficile de le refuser deux administratifs en plus la mairie car il y en avait de trop sa femme dont le service municipal de l action culturel est d mantel et dont la responsabilit pr c dente tait outre d avoir d j r alis quelques films ethnologiques de diffuser des films dans les r sidences de personnes g es etc Tout a a a t de la d merde interne Et donc on ne lui a pas fait de cadeau hein Monsieur G tr s ind pendant joue alors avec le dynamisme du personnel qu il a A la fois sans beaucoup de moyens manageant l ancienne tr s MJC style patronage il r ussit obtenir beaucoup des gens s appuyant plus particuli rement sur trois d entre eux dont sa femme et d veloppe
378. on comme tr sor des cin math ques lors de leur projection dans une salle de cin ma Ethnologie de la relation esth tique enjeux m thodologiques et conceptuels A travers les diff rentes recherches expos es dans ce rapport les mat riaux empiriques recueillis sont fr quemment de nature discursive entretiens programmes plaquettes de pr sentation articles de presse etc Comment justifier dans le cadre d une ethnologie de la relation esth tique un tel verbocentrisme Pour conclure nous voudrions montrer que la relation esth tique peut tre document e de fa on heuristique gr ce des donn es empiriques discursives condition de clarifier les rapports entre l exp rience esth tique et son langage Cette clarification dont la vis e est m thodologique am ne conceptualiser une th orie esth tique que l on peut qualifier de pragmatique ou encore de communicationnelle et qui suppose une approche plurielle et continuiste de la relation esth tique Au terme de cette recherche s ouvre donc un double chantier d ordre m thodologique et conceptuel Dire la relation esth tique 10 Revenons bri vement la conception programmatique de l Esth tique de la r ception telle que Hans Robert Jauss l a d velopp e Il nous semble que ses propositions permettent en sp cifiant les diff rents moments de l exp rience esth tique ou attitude ou conduite ou relation esth tique selon diff rentes acception
379. ondial a un sens signalons pour information que fin juin 2001 2 430 000 sites personnels sont d clar s tre h berg s par les membres de l Association Fran aise des fournisseurs d Acc s et des services Internet suivant les chiffres du site officiel de la soci t de l information en France internet gouv fr Et parmi cet ensemble singulier de pages personnelles on observe une d multiplication des pratiques li es aux webcams dont les ventes en France se sont accrues lors des f tes de la fin de l ann e 2000 Selon le cabinet d tudes GFK 250 000 webcams ont ainsi t vendues durant cette ann e 2000 tandis titre indicatif que le site d annuaire fran aise de webcam annucam com recensait un millier de sites chiffres issus de l article de Webcam des Loft story miniatures se jouaient d j sur le Net in Le monde interactif 4 juillet 2001 7 Biblioth ques et nouvelles technologies 2 juillet 1998 discours la BNF 8 Philippe Lejeune L re autobiographique in La sph re de l intime Photographies et arts visuels catalogue du festival Le printemps de Cahors Actes Sud 1998 p 14 Propos recueillis n Entretien avec Remi Lange dans Rep rages Filmer l intime Hiver 1998 1999 p 29 30 la hache ses changements brusques de mise au point ses flous ses tremblements ses images qui sautent ses bruits de micro Ce recours l esth tisation du film de famille lui appara t tr
380. onfort corporels S asseoir s tendre se d tendre discuter s informer manger boire un verre jouer une partie de baby foot font partie de ces activit s qui en quelques ann es ont t promues au rang de formes artistiques l gitimes Certes P Cuenat nous donne effectivement une bonne description de l exposition relationnelle mais nous constatons que parmi lesdites activit s tr s peu ont pour r f rence la pens e Le premier v nement propos par l espace alternatif VKS sera cet gard encore plus explicite puisqu il se pr sentait comme une longue liste d activit s journali res Ainsi au fil de la semaine on emm nage on d balle on projette on r ve on conte on mange on dig re on s assied on d file on dort on d m nage Pour nous contredire il y a bien on 2087 M Leveratto p 155 120 r ve et on conte cependant cette activit est envisag e ainsi on r ve on conte en essayant des v tements prototypes dans une cabine d essayage Le v ritable espace alternatif selon nous serait celui qui r habiliterait l espace de l esprit face au terrorisme actuel du corps 121 BIBLIOGRAPHIE Aumont J De l esth tique au pr sent De Boeck Universit Paris Bruxelles 1998 Bourriaud N Esth tique relationnelle Dijon Les presses du r el 1998 Hume D Essais esth tiques Paris GF Flammarion 2000 Leveratto J M La
381. oriquement la Cin math que de Bretagne a valoris son fonds par l interm diaire de la t l vision et des missions r gionales en langue bretonne d s 1987 100 missions de Miroir de la Bretagne ont t ainsi r alis es permettant entre autres les premi res copies vid o de tout le fonds amateurs La charte d ontologique implicite l institution suppose que les recherches pour la vente d images ne sont accept es que si elles s articulent autour du principe originel de la Cin math que savoir l id e d une m moire collective en images L existence d une telle charte manifeste un rapport certain de pr dation sur le territoire des images amateurs de la part des t l visions Il est ainsi int ressant de noter en ce qui concerne M moire Audiovisuelle de Haute Normandie que la d cision d difier une telle structure s est effectu e dans l esprit de son fondateur en partie en r action au pillage l utilisation sans vergogne des images amateurs par les t l visions r gionales dans les ann es 1980 L tablissement d une relation contractuelle avec les d posants des films amateurs est en partie li aux relations complexes qu entretiennent les cin math ques avec les cha nes de t l vision Car toutes les personnes interrog es ont mis en avant la relation de confiance qui s instaure avec les d posants Les cin math ques ou centres d archives doivent tre le
382. ose essentiellement sur des initiatives associatives et b n voles aux structures pr caires Malgr tout les sources d information se multiplient favorisant les choix de programmation Les festivals jouent le r le d explorateurs Leurs d couvertes sont ensuite exploit es par les lieux de diffusion Des collectifs associatifs qui produisent eux m mes des films publient des petits catalogues o chacun peut venir puiser Toutefois seules les structures poss dant une certaine assise sont en mesure d entreprendre une action de distribution Certaines associations jouent le r le de prestataires en recherchant des films et en les proposant des structures de diffusion Quelques exemples de tentatives r gionales en sont l illustration En Lorraine Les yeux de Louis est un r seau de diffusion sonore et visuelle n du constat de manque en terme de structure d information et de distribution pour la vid o en comparaison avec le cin ma Fin 1996 diffuseurs cr ateurs et professionnels de l audiovisuel d cident de la cr ation d un r seau f d rateur d information et de diffusion permettant l essor de ces nouvelles formes artistiques L enjeu est de conduire les spectateurs dans des univers sonores et visuels rares En Alsace on trouve Vid o les beaux jours Dans le nord Heure exquise et Vid o Lux associ s en Provence Alpes C te d azur Les motifs de ces r seaux sont de deux ordres On trouve d une part le
383. otidien 213 L entretien compr hensif reprend les deux l ments th orie et m thode mais il inverse les phases de la construction de l objet le terrain n est plus une instance de v rification d une probl matique tablie mais le point de d part de cette probl matisation p 20 l entretien compr hensif d finit une modalit tr s sp cifique de la rupture progressive en opposition non pas absolue mais relative avec le sens commun dans un aller retour permanent entre compr hension coute attentive et prise de distance analyse critique p 22 JC Kaufmann L entretien compr hensif Nathan Universit coll 128 1996 127p 124 T l bocal un exemple typique diffus e dans des caf s ordinaires Cette t l vision de quartier mane d un contexte associatif fort Issue de la volont de l association Shorties pour le court m trage et de diff rentes associations d exp rimenter un m dia de proximit l association T l bocal est cr e en 1997 apr s deux ans de diffusion Elle s inscrit dans un cadre associatif culturel dynamique depuis une dizaine d ann es dans le quartier du XX me arrondissement Les activit s se concentrent essentiellement au Goumen bis lieu pr caire mais devenu un squat reconnu Pour les cr ateurs de T l bocal l enjeu est d ordre d mocratique On va d mocratiser un outil audiovisuel qui d habitude sert faire de l argent On va le d sacra
384. otos S ajoute une activit de restauration autrefois prise en charge par l quipe et d sormais par le lyc e autog r Ce que l on souhaite ce sont des prix bas de plancher 7 La jouissance de go t est ainsi combin e la consommation des images Le bar joue un r le central Les premi res ann es ils prenaient des photo matons des r alisateurs invit s La pr sentation de ces derniers se fait d sormais derri re le comptoir par le biais d une cam ra pos e m me le bar occupant ainsi la place triviale du verre de vin une des personnes de l quipe se pla ant devant pour pr senter En fin de soir e le bar devient un lieu de rencontres et de discussions entre le public et le r alisateur Peu d entre eux viennent spontan ment proposer leur film Ces derniers ont eu des r ticences diffuser dans un bar rebut par l aspect trop populaire Le suivi des r alisateurs est inexistant cause du caract re ph m re des productions Certains abandonnent d autres se professionnalisent Chaque diffusion est soumise l environnement de l uvre Malgr tout ce genre de manifestation reste extr mement pr caire Aujourd hui cette association reposant sur la motivation de ses membres conna t un ralentissement de ses activit s Le Web bar un caf branch Le Web bar cr en 1995 est avant tout un caf internet ce qui le situe au plus pr s des tendances nouvelles Pluridisciplinair
385. our sportif Porquerolles a rassembl une minorit parmi les quatri mes et les troisi mes qui en a rapport une bonne quantit de cassettes vid o Depuis leur retour dans l tablissement ceux de Porquerolles font bande part et s isolent dans le studio la pause du d jeuner pour passer et repasser leurs souvenirs enregistr s Cette pratique familiale suscite la joie chez ceux qui c l brent ainsi leur association fond e dans l le Le cloisonnement herm tique du lieu l obligation de poss der une cl sp ciale pour y entrer l obscurit totale de la pi ce semblable celle d une salle de cin ma font du studio un monde parall le celui du coll ge qui favorise le rituel conjonctif Cette nouvelle habitude tablit une fronti re autour de ce monde Elle donne aux membres du groupe une sup riorit sur tous ceux qui n y ont pas acc s et se sentent d poss d s d un mat riel attractif Par son action le groupe des sportifs rend visible le studio Cette visibilit op re son tour une autre mise jour les cassettes de Porquerolles prouvent que des l ves ont film et que l cole les autorise regarder ce qu ils ont tourn On r ajuste par cons quent le cadre scolaire en consid rant qu on peut d sormais faire de la vid o au coll ge C est encore un discours flou mais une nouvelle pratique est en train de se former 91 Cet effacement est d autant plus difficile admettre
386. ours des salles commerciales Par tous ces traits verbalisation identit et co pr sence corporelle entre acteurs r alisateurs et spectateurs d un jour s institue un espace o des sujets dialoguent autour d un objet filmique 302 Cf le num ro des Dossiers de l audiovisuel n 45 sept oct 1992 M moire audiovisuelle patrimoine et prospective consacr aux missions aux techniques et aux probl matiques nouvelles pos es par le d p t l gal audiovisuel vot en 1992 Conserver restaurer cataloguer indexer offrir la consultation sont les fonctions d riv es de la mission patrimoniale de l institut crivait le directeur de PINA l poque dans sa pr face Ces fonctions sont encore celles de cin math ques r gionales dont les documentalistes partagent une formation commune reposant sur la maitrise de l informatique de documentation exp riment e PINA 303 Les questions avanc es par certaines documentalistes Saint Etienne peuvent s expliquer galement par la structure g n raliste que constitue la Cin math que de Saint Etienne qui poss de encore des copies de certains classiques du cin ma et un fonds de films p dagogiques tout fait cons quent 174 Organis e en mars 2000 cette r union d expertise de la politique de collecte et de conservation des films amateurs men e Saint Etienne tait plac e sous une question programme Faut il tout conserver des films amateurs Selon An
387. ouvent remarqu est un principe ind finiment actif dans l entreprise autobiographique de l crivain Philippe Lejeune voque ce sujet le cin ma de Jean Eustache je per ois beaucoup d affinit s entre le travail de Perec et celui de Jean Eustache au cin ma M me pudeur m me d licatesse m me strat gie elliptique M me d sir de cr er l motion en essayant des montages qui demandent la collaboration du lecteur ou du spectateur mais le laisse libre de s engager ou non La Rosi re de Pessac 1968 1979 c est un peu la m me id e que Lieux Une sale histoire 1977 un diptyque fiction r alit M me coute de l histoire de la famille dans Num ro Z ro 1971 d Eustache et dans le projet de Perec L Arbre Histoire d Ester et de ses fr res Beaucoup de dif f rences aussi bien s r Mais ce qui les rapproche surtout c est leur d sir d inventer de nouvelles formes autobiographiques non par jeu ni pour exp rimenter mais pour dire ce que les formes convenues ne permettent plus de dire pour ne pas mourir dans le silence C est visible dans W ou le souvenir d enfance fond sur la confrontation de deux s ries parall les et dans Penser Classer c est l crivain qui consid re le montage comme un des gestes fondamentaux de la cr ation m andre au milieu des mots je ne pense pas mais je cherche mes mots dans le tas il doit bien en avoir un qui va me pr ciser ce
388. par l volution des capacit s d expression des adolescents leur d veloppement personnel et une meilleure qualit d coute vis vis d eux m mes et des autres sont comme toute d marche particuli re difficile appr hender par l institution scolaire Soucieuse de faire reconna tre l existence de ces projets p dagogiques celle ci a tendance m diatiser les travaux des coll giens prenant ainsi le risque d en alt rer les objectifs Cette mise en spectacle de leurs cr ations risquerait de donner plus d importance au produit fini qu la d marche Aux ducateurs enseignants ou intervenants d intervenir ainsi au bon moment pour largir le champ de r f rences culturelles en fonction de l exp rience men e par les l ves et enraciner celle ci dans le contexte scolaire Cette sorte d int gration des travaux dans le syst me social permet l institution scolaire de r absorber ces objets fronti res et aux travaux de devenir une marque symbolique de sociabilit La m diation institutionnelle qui permet au sujet de devenir un acteur de la sociabilit se retrouve dans l exp rience de F Pour tre reconnu autant par ses 75 pairs que par les institutions avec lesquelles il n gocie ce dernier s implique dans une d marche de m diation L exp rience de la vie est retravaill e par F pour porter un message susceptible de cr er une vie plus belle et plus juste J ai trav
389. part et d autre de la cam ra v ritable enjeu que doivent chercher habituellement les documentaristes La place occup e par les cin astes gr vistes leur a permis de n gliger le travail d approche que doit r aliser tout documentariste et de p n trer directement dans le r el de la gr ve Mais cette place privil gi e n a pas emp ch les gr vistes de produire des films qui rengorgent de maladresses de filmage caract ristiques du film de famille et auxquels les professionnels n ont pas aim s tre associ s Un film mal fait 179 Ouvrage collectif Le Film de Famille M ridiens Klincksieck 1995 p 16 180 Colleyn Le Regard Documentaire Editions du Centre Pompidou 1993 p 76 181 Cit par Gauthier Le Documentaire Un Autre Cin ma Nathan 1995 p 117 182 R Odin Le Film de Famille M ridiens Klincksieck 1995 p 28 89 Combien de changements intempestifs de mouvements de cam ra de trembl s de d cadrages tous effets habituellement interdits troublent notre perception Dans les s quences de manifestations dans le film de Montlu on par exemple le cadre des plans est toujours instable Geste amateur par excellence le zoom zoom avant suivi imm diatement d un zoom arri re est une figure courante dans la plupart des films et participe au brouillage de la perception de ces films C est le cas plus particuli rement de celui de Saint Etienne de celui du Lot et de Montlu on o ce geste est men b
390. partir d images amateurs conserv es par les cin math ques r gionales dans le souci de nouer trois registres de lecture entre grande histoire histoire familiale et histoire du cin ma Ingrid Gony a souhait d clare avoir souhait redonner vie des images montrer la permanence des actes film s transmettre de la m moire On observe en lisant ses propos et en analysant sa vid o que son travail a surtout consist cr er un objet esth tique partir de films de famille Et cette m diation esth tique qui passe par une mise en forme une mise en intrigue d images de toute nature une mise en r cit permet d articuler avec bonheur m moires familiales archiv es et Histoire quand la plupart des M moires de France choue faire travailler le mat riau constitu par les films de famille comme sources possibles d un r cit historique 326 I s agit de films de cin ma sur une pellicule au format r duit pour des projections domestiques Ainsi le premier projecteur de cin ma chez soi le Path Baby a permis partir de 1922 de visionner des films de Charlie Chaplin sur une pellicule 9 5mm premier format amateur 182 Se trouve ici revendiqu e une esth tisation qui vient parasiter une lecture comme document historique des images amateurss et vient produire une paradoxale esth tique de l authenticit sous tension entre une commande en termes de m moire r
391. pe les s ries partir des sc narios de vie quotidienne Cette mani re de reconstruire la r alit exige parfois qu un moment ordinaire soit express ment am nag pour qu une cam ra puisse l enregistrer Un cours de fran ais une queue la cantine une s ance de lecture au cdi ont t ainsi reconstitu s Mais les l ves vont pousser encore plus loin cette fabrication de pseudo v nements lorsqu ils vont passer d un cin ma du plan fond sur une captation de la r alit un cin ma de l image qui s appuie sur une mise en sc ne charg e a priori de symboliser certains aspects de la vie du coll ge Prenons l histoire de M Cohen bien connu pour ses qualit s sportives sa participation des comp titions de voile et son origine marseillaise Ce professeur de math matiques tr s aim vient d obtenir sa mutation l ann e prochaine il sera de retour Marseille et pourra s adonner son sport favori Son histoire croise celle des l ves qui s appr tent quitter le coll ge Il a donc droit un traitement particulier Il a t film l tang d Antilly On le voit jouer avec un petit bateau de papier au bord de l eau et lire plusieurs reprises une histoire de marins crite par Joseph Conrad La mise en sc ne imagin e pour filmer M Cohen exprime son amour de la mer et des voiliers Pour les l ves du coll ge Marcel Pagnol les plans de M Cohen ne permettent pas s
392. pendant ce discours n est pas toujours tr s distinct cause des conditions techniques de tournage Et il est d autant plus indistinct que son origine est floue se partageant entre le groupe de cheminot et les syndicats Ce discours se r sume davantage une ambiance sonore qui si elle n est pas v ritablement de la langue parl e donne n anmoins entendre les signes sonores du rassemblement et d un certain militantisme par les sifflets les applaudissements et autres interventions verbales vindicatives Le texte militant La fonction dramatique donn e habituellement par le dialogue est ici insuffisante puisque celui ci est difficile percevoir c est pourquoi les gr vistes ont eu recours l crit pour donner des informations Le texte appara t sous forme de graphismes film s titres de journaux slogans publicitaires crits des gr vistes ou dans les intertitres ajout s au moment du montage Dans tous les cas il se surajoute aux images pour guider leur interpr tation et additionner du sens Les intertitres A c t du texte indiquant les l ments de temps et de lieu les films pr sentent des cartons explicatifs porteurs d une valeur id ologique diff rente selon les films Le film du Lot se termine par celui ci suivre et celui de Limoges par un r sum en image sur lequel on lit cheminots en p tard Un exemple de discours plus vindicatif qui r sonne comme un tract appara t dans le film de Saint
393. possibles le d voilement d affaires familiales illustrant une premi re barri re dans le passage entre cercle de famille et cin math que que celles pr sent es par leurs directeurs D poss der au nom de l int r t g n ral On l a dit en d butant nos entretiens avec les personnels de ces cin math ques les premiers r cits autour du d p t des films recueillis insistaient sur leur dimension de transmission d une m moire et ce sous le mode de l vidence Ainsi la documentaliste de M moire Audiovisuelle de Haute Normandie Agn s Delforge a remarqu que ce sont des femmes qui se proposent de d poser des films apr s les projections par exemple des filles ou des soeurs anim es d un souci de transmission m morielle Le documentaliste Herv Le Bris de la Cin math que de Bretagne insiste sur le fait que les d p ts s effectuent le plus souvent la Cin math que travers le simple bouche oreille Il para t que vous cherchez des films sur tel village telle manifestation c est ainsi que les d posants s adressent lui lors d une premi re visite Les motivations sont d apr s lui tout fait prosa ques les particuliers souhaitent majoritairement une copie vid o de films qu ils ont tourn autrefois en amateur pour la simple raison qu ils ne peuvent plus mat riellement les visionner Seule une petite minorit aurait conscience du caract re historique de leurs films
394. ps vers la ville de Meaux En face une ancienne rue pav e moiti recouverte de macadam m ne une gare d saffect e dont le dallage dispara t sous l herbe et les gravats La rue de la Lib ration a un aspect villageois surtout sur le trottoir de droite Un garage le garage de Betz c t d une boulangerie Plus bas le seul caf de la commune o l on peut acheter l dition de l Oise du journal Le Parisien et des magazines Pass e la Grivette la rue remonte vers l glise la sortie du virage l cole communale la mairie et la permanence du foyer rural partir de cet endroit la c te devient raide En hiver les cars du ramassage scolaire peinent en montant On retrouve les champs et le mur longe toujours la route sur le trottoir de gauche Tout en haut de la c te le mur continue jusque dans la cour du coll ge Les l ves disent le mur du roi du Maroc De l autre c t c est la R sidence de Betz une des ambassades du Royaume du Maroc en France Le jour o je suis arriv au coll ge Marcel Pagnol la personne qui m avait pris en auto stop m avait racont que le roi avait pay la toiture de l tablissement Plus tard on m a dit qu il avait offert le gymnase Avec le temps je me suis habitu ces l gendes Au cours de l hiver 1971 Jean Duvignaud lance une revue Cause Commune Ses deux principaux collaborateurs s appellent Paul Virilio architecte et Georges Perec crivain d
395. qu te men e par Laurence Allard Elle d crit comment le cin ma d amateur se retrouve m l son insu des histoires qui le d passent au carrefour du familial et du politique et qu il est le catalyseur de ferments locaux divers et pars politiques identitaires institutionnels conomiques didactiques etc Dans Cin math ques r gionales et film amateurs patrimonialisation esth tisation ou bohneur de la reconnaissance Laurence ALLARD a montr comment travers l archivage des films de famille et d amateurs dans les cin math ques r gionales ceux ci trouvent red finis comme archive document ou objet esth tique Le passage du cercle familial ou amical des institution d volues au pratrimoine audiovisuel local induit ainsi diff rents modes de lectures patrimoniale esth tique l interpersonnel du cin ma amateur Cette tude alliant entretiens avec les personnels des cin math ques observations de pratiques professionnelles et analyse de corpus discursif fiches d indexation plaquettes de pr sentation etc et centr e sur trois terrains d enqu tes M moire Audiovisuelle de Haute Normandie Cin math que de Saint Etienne Cin math que de Bretagne sp cifiant chacun une cat gorie de la m moire r gionale mod le urbain mod le rural et mod le maritime se d cline comme un parcours de sens depuis le d p t de films d amateurs dans un centre d archives jusqu leur cons crati
396. quant des mod les de sc narios qui leur taient pourtant acquis d avance parce que selon lui ils ont eu l intelligence d accueillir le tout venant sans renoncer leur obsession d couvrant instinctivement dans le cours de la r alisation des gestes de cin ma qu ils ont mis l preuve du quotidien et enfin parce que le r sultat loin d atteindre une perfection close est une forme vidente nettement construite et cependant souple car elle rend perceptible le mouvement qui la produit Dans leur tude Approche d une esth tique de l image chez de jeunes r alisateurs de vid o amateur du Nord de la France Mich le GELLEREAU Roselyne ABRAMOVICI ont men des observations et des entretiens dans deux coll ges de la r gion Nord Pas de Calais afin d approcher une esth tique de l image chez de jeunes r alisateurs de vid o amateur du Nord de la France A l issue de leur enqu te on peut consid rer que les vid ogrammes produits sont impr gn s d un grand nombre d oeuvres existant avant eux Mais il est int ressant ici est de rep rer d une part quelles sont les oeuvres auxquelles les r alisateurs font r f rence notamment celles qu ils ont visionn es dans le cadre scolaire et d autre part ce qu ils en font Elles ont pu constater que ce mouvement se d cline dans la cr ation essentiellement sous deux formes l une proche de l imitation et l autre distanci e proche de la d rision A nsi les
397. quelque chose arracher quelques bribes pr cises au vide qui se creuse laisser quelque part un sillon une trace une marque ou quelques signes Si crire offre la possibilit de d tailler de tr s pr s des fragments d ordinaire les nommer les d crire les situer dans l espace et dans le temps se pose encore le probl me de la forme qui pourrait leur donner un sens Jean Rousset l affirme La forme n est pas un squelette ou un sch ma elle n est pas plus une armature qu un contenant elle est chez l artiste la fois son exp rience la plus intime et son seul instrument de connaissance et d action La forme est son moyen comme elle est son principe Heuristique et invention se croisent dans la vis e d une forme D o l importance du processus qui am ne au r sultat final ainsi qu en t moigne Jacques Roubaud crivain et ami de Georges Perec Il vivait toujours longuement avec une contrainte il dressait de longues listes de choses il accumulait les expressions il explorait le lexique il cherchait tout dire vaincre toutes les difficult s il r fl chissait dans l univers provisoire de la contrainte ensuite seulement il crivait Cet tat d criture qui pr c de la r daction proprement dite r pond galement la n cessit de se d gager du flux ordinaire pour pouvoir aborder les choses communes de fa on indirecte Perec grand amateur de go sait se d ca
398. quelque chose d effrayant Et si la vie n tait pas aussi belle que ce que ces films sont cens s le dire Comme on conna t la r ponse cette question depuis le tournage tout le monde a vieilli il y a eu des morts des s parations des maladies le film devient un objet inqui tant une sorte de boite de Pandore que l on n ose pas ouvrir de peur de d clencher des catastrophes familiales ou personnelles C est le paradoxe du projet de Beaut son exigence est impossible tenir Tentative de conclusion On peut d sormais tenter de rendre compte de la relation du film de famille l esth tique Elle se manifeste de trois fa ons une esth tique de la photographie qui mod le la structure d ensemble du film en lui donnant une forme ouverte cette forme conduit la r ception une exp rience esth tique collective et individuelle li e au v cu de tout un chacun enfin un programme de Beaut qui s inscrit dans le corps m me du film et d bouche sur l attribution ces productions d une dimension sacr e Ainsi d crite la relation du film de famille l esth tique appara t comme une relation paradoxale Par certains aspects en particulier par sa conception de l exp rience esth tique elle est en prise directe avec ce qui se passe aujourd hui dans le monde de l art l art comme exp rience de vie la vie comme art Par d autres elle r active des conceptions anciennes voire archa ques de l esth tique alors que l esth
399. r s limit s et durs obtenir Il a toutefois l appui la mairie de l adjoint la culture qui a voulu cette embauche et de l adjoint aux affaires scolaires Ils forment avec Monsieur G le trio de base de cette cin math que Mais de 1981 1999 Monsieur G ne pourra pas embaucher de personnel ext rieur la mairie a a n a pas pu bouger d un poil Et alors chaque fois a a t des bagarres assez dingues Jai h rit du personnel En 1981 Monsieur G prend donc la cin math que comme elle est tout en commen ant sans attendre d entreprendre la collecte de films r gionaux dont entre autres les films amateurs Il trouve son arriv e deux personnels administratifs et quatre techniciens Ce qui est pas mal pour une quipe mais bon En fait en gros c tait tous des gens dont personne ne voulait ailleurs Des vieux planqu s Un seul sur les quatre techniciens n tait pas alcoolique La cin math que tait clairement per ue comme un lieu de d barras de rebut un lieu sans position strat gique Ah a a a t dur Monsieur G a alors cherch faire rentrer progressivement des personnes d autres services de la mairie Aucun ne sera professionnel de l image Il r cup re ainsi une jeune secr taire qui venait d tre embauch e la mairie et qui provenait d une entreprise locale qui fabriquait des projecteurs de cin ma un h
400. r la sc ne publique Ce mouvement accompagne le d veloppement de la vid o dans les coles des Beaux arts o existe un fort besoin de monstration Enfin les tendances artistiques contemporaines permettent de mieux cerner cette propension des galeries diffuser ce genre d uvres D une part les nouvelles technologies notamment informatiques et audiovisuelles sont un nouveau terrain de cr ation pour les artistes L usage de ses uvres s inscrit en correspondance avec les panoramas culturel et conomique actuel D autre part solidaires afin de nous porter mutuellement aide et assistance dans nos combats pour pr server notre libert d diter de produire de diffuser et de mettre en ligne nos m dias afin de faire avancer les lois qui au nom de l int r t g n ral n ont bien souvent rien pr vu d autre pour nous qu amendes interdictions saisies et autres proc dures r pressives afin que puissent merger l avenir de nouveaux espaces de libre expression En cons quence nous d cidons l issue de ce premier Forum des M dias Libres de cr er un lien durable entre nous sous la forme d une Coordination Permanente des M dias Libres ouverte tous les m dias qui sur ces bases souhaiteraient nous rejoindre dans nos changes d id es et d exp riences et dans les actions collectives qui en seront issues Dans les jours qui viennent sera cr un site Web de coordination de d fense et de promotion des
401. r m lange des genres leur aspect documentaire li au pouvoir de l v nement sur le r cit filmique leur permet d chapper l absence de cl ture l miettement narratif la temporalit ind termin e ils en conservent assez pour qu on puisse les classer dans la cat gorie film de famille Des maladresses de filmage l ambiance joyeuse et famili re les films sont marqu s par un air de film de famille 4 Le cin ma gr viste une esth tique de la fusion Difficiles cataloguer dans un seul genre et la lisi re de plusieurs genres le statut de ces films est difficile d terminer car ils ont emprunt plusieurs aspects aux mod les de repr sentation existants L nonc le sujet trait les lieux d crits les personnages montr s leur conf re un statut de document et le dispositif filmique enregistrement sur le terrain en direct les rapproche d un courant du film documentaire le cin ma direct Bien que l v nement trait appartienne la sph re publique ils empruntent une s rie de figures au film de famille la proximit du cin aste l v nement l absence de personnage en tant que h ros individuel le morcellement de la parole la structure fragmentaire et le rapport particulier au temps Et la narration malgr les perturbations et les ruptures dans sa progression les rapproche des proc d s du cin ma narratif traditionnel car elle s est soumise au d roulement classique e
402. r un statut juridique l amateur sur le mod le du droit d auteur Ainsi cette juridicisation du statut de l amateur s av re compl mentaire de l auteurisation sous le mode esth tique du cin aste familial que nous avons pu recontrer dans les cas de cons cration d auteurs maison et de leurs tr sors Les arguments de protection contre la marchandisation t l visuelle d velopp s par les directeurs de ces cin math ques rel vent d une m taphore de la pr servation Il s agirait de prot ger des personnes et les biens des intentions pr datrices de certains professionnels de l industrie audiovisuelle afin de ne pas d naturer le lien de confiance tabli avec les d posants Les missions t l vis es utilisant de telles images m riteraient elles seules une tude Elle est rendue d autant plus d licate que d sormais des plans extraits de films amateurs sont ins r s dans de multiples programmes aux genres les plus vari s jeux magazines journal t l vis Cependant les trois institutions visit es sont impliqu es dans une s rie de cassettes vid o faisant appel des montages de films conserv s dans ces cin math ques Il s agit de la collection M moires de France Editions Montparnasse que nous avons analys Esth tique de l authenticit la collection M moires de France 319 J S Bild op cit 320 J S Bild op cit 321 Cf pour une tude datant de 1994 La
403. raiment super on tait bien install l ombre y avait l eau on a laiss la cam ra dans la musette comme on s tait d j film tous les deux on n a pas eu de regrets a nous avait pris un apr s midi et on avait bien r ussi Tous ceux qui voulaient recommencer on les a aid s Monsieur C venait nous chercher en classe et on partait dans sa voiture Quand un prof se m fiait M C envoyait le surveillant comme a le prof ne se posait pas de questions C tait dr le On a film St phane dans une station service sur la route de Villers Cotterets parce qu il voulait devenir routier Il pleuvait et il arr tait pas de rigoler On est rest au moins deux heures et demie on tait tout le temps g n par les camions qui s arr taient la pompe Avec Francis on est entr dans le jardin d une maison abandonn e la sortie de Bargny C est lui qui voulait tre film cet endroit On a escalad la grille avec M C et Edgar Quand les gens n avaient pas d id e on roulait C tait trop bien on tait au coll ge et en m me temps c tait comme si on n y tait pas Des fois on tombait sur des bons coins des endroits faciles filmer On a film Olivier dans la grange des parents Cyril D apr s ce t moignage filmer pousse franchir les limites de l tablissement scolaire Qu est ce que sortir du coll ge Essentiellement changer de rythme Au coll ge le
404. raitement des films amateurs souvenir m moire histoire archive document t moignage patrimoine Commen ons donc par faire le tri entre ces diff rentes notions pour mieux comprendre encore le travail m me des cin math ques r gionales Archive M moire Patrimoine de quoi parle t on Si un cadre politique a t forg par les lois sur la d centralisation de 1982 et a pu favoriser le d veloppement dans les ann es 1980 la rencontre entre cin math ques r gionales et films amateurs d autres facteurs explicatifs peuvent etre pris en consid ration pour tenter de comprendre le processus de patrimonalisation et donc d archivisation de films qui n int ressent a priori que les familles concern es par ces images Ne peut on renvoyer une hypoth se plus large de mutation de la conscience de l Histoire dans nos soci t s contemporaines Certains historiens ont ainsi sugg r que nous serions entr dans l re de la comm moration Plus pr cis ment Pierre Nora s est interrog r trospectivement sur le succ s de la notion de lieu de m moire Forg e pour la mise en lumi re de la distance critique elle est devenue l instrument par excellence de la comm moration puisque la notion devint m me en 1993 un terme consacr par le Grand Robert L historien tente alors d expliquer le succ s de cette notion par une mutation m me de l id e m me de m moire nationale L id e d u
405. ravers diff rents discours et pratiques red fini comme archive document ethnologique objet esth tique Trois terrains d enqu tes M moire Audiovisuelle de Haute Normandie Cin math que de Saint Etienne Cin math que de Bretagne ont t alors privil gi s Ces trois terrains d enqu te d clinent de fa on sp cifique une m moire r gionale travers trois mod les g ographiques de d veloppement un mod le urbain un mod le rural et un mod le maritime Apr s le r cit de la gen se de ces structures qui a mis en vidence la part des institutions locales subventionnant ces cin math ques dans la construction politique d une m moire audiovisuelle r gionale nous nous sommes pour notre part attach s d crire les modalit s et les effets de la rencontre entre les cin math ques r gionales et le cin ma amateur sous le double signe de la patrimonialisation et de l esth tisation dotant les objets filmiques de significations nouvelles et inattendues A Retour sur enqu te de la patrimonialisation l esth tisation Ce plan d exposition vient r articuler et reprobl matiser les donn es recueillies suivant un plan d enqu te initial dont la perspective tait de documenter le processus de transmission construction d une m moire locale suivant les trois phases principales de d p t d archivage et de diffusion des films amateurs Comment cette probl matique s tait elle dans un premier te
406. recherche des images r gionales amateurs sont cependant tout fait cons quents Parmi eux on compte de nombreux professionnels de l audiovisuel et de la t l vision Le cycle des interpr tations est l uvre dans le cas des visionnements effectu s par des chercheurs ou des curieux qui sont mis contribution pour poursuivre la collecte d informations et d interpr tations des images Selon le documentaliste de la Cin math que de Bretagne plus un film est revu plus il para t se bonifier Ainsi le public participe la valorisation de nos collections sous la forme d un travail collectif d interpr tations successives Des cahiers de visionnement sont parfois disposition cet effet dans certaines institutions l instar de M moire Audiovisuelle de Haute Normandie Cin math ques r gionales et r gime esth tique 305 Entretien du 23 f vrier 2000 306 Entretien avec Agn s Delforge 29 f vrier 2000 307 Cf Annexe D 308 Bobines d amateurs Livret d exposition ed Cin math que de Bretagne p 17 176 L une des fonctions des projections est tout simplement de montrer publiquement le traitement des films amateurs op r par les cin math ques Elle peut se d crire comme une pratique justifiant l archivage et consacrant la valeur patrimoniale du film amateur Comme nous le d clarent unanimement Messieurs Gu zennec et Vial sans les projections en pr sence des d posants des r a
407. ression raciste et sexiste Les rapports de ce groupe sont donc bas s sur la confiance et les r seaux respectifs sans pr visionnage obigatoire des uvres L attention est plus particuli rement port e sur le caract re des vid o c est dire qu elles doivent tre peu ou pas diffus es telles que essais animations documentaires fictions reportages vid o exp rimentales g n ralement destination non commerciale Ainsi que sur la volont de rendre accessible ces projections aux pratiques libre et amateur gr ce l cran ouvert o les int ress s passent directement leurs productions La philosophie esth tique implicite pour reprendre les termes de l appel d offre s exprime donc ici de mani re tr s explicite en r f rence un militantisme socio conomique d une part et un appel au diversifi d autre part Il y a eu un d bat esth tique assez aigu propos d une vid o qui reprenait les tics des feuilletons t l s nous dit Teka alors que lui m me nous l avons bien senti la projection du 26 juin est beaucoup plus prompt la parole d s lors qu un film t moigne d enjeux politiques Pour revenir un instant l esth tique relationnelle nous dirons par une litote que Teka la comprend sur un mode tr s pragmatique si je veux de la relation je sors des bi res Il 119 est beaucoup plus disert au sujet de l conomie du don soutenant l act
408. ribue la mise sur pied des 35 heures de travail sans diminution de salaire au montage d un syndicat FO dans la cin math que avec des salari s qui se d finissent comme gauchos l arriv e de voitures de fonction toutes neuves alors qu avant c tait une gal re la r ception de ch ques restaurant etc Bref tout pourrait aller au mieux except pourtant le d calage de plus en plus visible entre le fonctionnement de l quipe au quotidien et l volution de la cin math que telle qu elle allait devenir Car la structure n est plus adapt e sa dimension Personne ne nie le succ s et l int r t du travail r alis mais la cin math que est un tournant Il faut envisager une structure mieux adapt e sa taille Les instances dirigeantes annoncent qu elles vont mener une r flexion au travers d un audit r alis par un cabinet priv pour voir comment d velopper la 147 cin math que en vue d envisager la modification de son statut et d augmenter ses subventions Cet audit est command par le pr sident de la cin math que et le Conseil R gional Panique bord cette annonce laisse planer de possibles mouvements internes on parle d embaucher des cadres La veille de l audit dans l urgence apr s 8h30 de n gociations dans un climat de tension extr me sous la d termination tr s ferme des personnels et du repr sentant syndical d partemental FO sans a on refusait
409. rminant une telle lecture l interpersonnel ne renvoie t elle pas ce plan interm diaire de r f rence entre les p les de la m moire individuelle et de la m moire collective o s op rent concr tement les changes de la m moire vive des personnes individuelles et la m moire publique des communaut s auxquelles nous appartenons selon les termes de Paul Ricoeur op cit Plan de r f rence qui selon le philosophe peut faire office de lien passerelle entre deux traditions celle de la ph nom nologie de la m moire individuelle et celle de la sociologie de la m moire collective Et travers ce Faire m moire qui s exerce lors de telles projections au village se superpose galement deux dimensions recouvrant les oppositions entre m moire vive et connaissance historique la dimension pragmatique du souvenir et la dimension cognitive La m moire exerc e est alors reconna tre comme une condition pragmatique de la connaissance historique D s lors dans cet acte ainsi situ au plan de l attribution m morielle de soi aux autres se trouve r solu de fa on positive la tension entre m moire et histoire qui a pr sid au d veloppement de telles structures 335C est le cas pour Les glaces Martinez 336Cf Pour une esth tique de la r ception Gallimard 1976 et Pour une herm neutique litt raire Gallimard 1988 186 BIBLIOGRAPHIE Allard L Du film de famille l archive audiovisuelle priv
410. ros poisson noir 44 synchrone adresse la cam ra tenue du corps neutralit de l expression La configuration poss de les qualit s de a fadeur ch re Fran ois Jullien Elle ne peut qu tre identique elle m me ne laisse jamais voir de diff rence ou d cart Selon la formule commune rares sont ceux qui peuvent en prendre conscience elle ne pr sente aucun signe typique n offre pas de saveur marqu e et se confond avec la normalit des choses Vertu banale Elle est la fois ce qui a le plus de valeur et ce qui est le plus commun ce par quoi tout se r alise mais qu on ne voit jamais Du c t de ce qui est ponctuel et se montre la saveur de l autre ce dont la propri t demeure diffuse et enfouie mais est d autant plus op rante la fadeur Aucune maladresse de filmage n est admise la vid o Je me souviens du coll ge Marcel Pagnol n est pas un film de famille seule compte la tenue Tenue du plan mais aussi tenue de la personne Il faut se dominer pour para tre pos et tranquille sans tre rigide Par cons quent rares sont ceux qui ont la gr ce et rares sont ceux qui sont rat s 9 FILMER UN PLAN PORTRAIT LA PR SENCE Les l ves se filment en ext rieur et vont g n ralement par trois Deux personnes l une la cam ra l autre au micro en filment une troisi me les r les s changent jusqu ce que soient r alis
411. rs patrimonialisation esth tisation ou bonheur de la reconnaissance Laurence Allard p 153 BIBLIOGRAPHIE d ruse t serasi eeina sasie p 186 INTRODUCTION Des pratiques audiovisuelles amateurs aux esth tiques ordinaires du cin ma et de l audiovisuel Laurence Allard Universit Lille 3 Telle phrase musicale est pour moi un geste Elle s insinue dans ma vie Je me l approprie Les variations infinies de la vie sont essentielles la n tre Essentielles par cons quent au train habituel de la vie Ludwig Wittgenstein Remarques m l es Pour contribuer au d veloppement d une ethnologie de la relation esth tique les pratiques audiovisuelles amateurs nous ont sembl constituer un terrain d enqu te f cond Dans ces pratiques nous englobons en plus des films de famille et des films de clubs amateurs le cin ma scolaire ainsi que les travaux de vid o personnels ou des missions de t l vision de proximit Ces objets filmiques partagent un air de famille au plan de leur th matique du priv institutionnalis du film de famille l intime des vid os personnelles de leurs conditions amateurs de production statuts des r alisateurs formats etc et des conditions communautaires de r ception groupe familial classe etc Au cours de cette introduction avant de pr senter les principaux r sultats de nos recherches et d en exposer les enseignements tant m th
412. rt soumis une concurrence de la part de sites amateurs ou professionnels d di s aux questions de m moire patrimoine comme nous le verrons plus loin Citons ainsi l existence des Archives d partementales de l Ard che Privas du Val de Marne Cr teil ou le site www m moirelocale com 246Ces structures conservent dans des proportions variables des films amateurs Cf dans l annexe A les fiches de pr sentation des institutions A noter qu aucune de ces cin math ques n archivent de la vid o amateur Ce qui explique galement la lecture en termes de document historique et patrimoniale qui est effectu e l nous avons d j affaire un support film qui lui m me est une archive de l histoire des supports 24TCf le travail de Claire Givry pr sent ci dessus 156 le savoir des documents dont la valeur sociologique et historique est grande Plus rarement ces films sont consid r s pour eux m mes c est dire comme des oeuvres Mais c est le cas pour la Cin math que de Bretagne Quant aux Archives D partementales du Val de Marne elles se disent attentives au t moignage apport par ces films quant aux techniques mises en oeuvre par les amateurs Si la th matique locale concerne galement la collecte de films professionnels selon certains animateurs de ces cin math ques r gionales les films priv s ont l avantage d tre film s sans contraintes de production ou vell it s artistiques Vid oth que
413. rtains d p ts pr sentent un corpus filmique familial s lectif et manifestent une telle appropriation Comme par exemple le cas de ce p re de famille cin aste amateur venant d poser tous ses films la Cin math que de Bretagne car soup onnant ces enfants de vouloir se d barrasser de ces vieilleries apr s sa mort Ou encore cette anecdote rapport e par Agn s Delforge au sujet d un d p t effectu par une jeune femme qui filmait avec son p re les r unions de famille et poursuivant seule l uvre familiale la mort de ce dernier Ces films sont conserv s M moire Audiovisuelle de Haute Normandie mais non diffusables car le fr re divorc de sa premi re femme s y oppose De plus les films d pos s ont t s lectionn s par la s ur elle m me Or celle ci a privil gi de nombreux v nements priv s et beaucoup moins les v nements collectifs se d roulant dans le cadre de la ville de Rouen Et parmi ces v nements priv s de nombreuses s quences dans lesquelles figurent le fr re et sa premi re femme Le d p t est inexploitable et la c l bration de la m moire collective rouennaise emp ch e enchev tr e qu elle est dans une m moire familiale encore douloureuse On peut la lecture de ce t moignage comment lors des premi res rencontres avec les d posants s instaurent un ensemble de relations interpersonnelles observables travers des gestes des attitudes des discours qui rendent
414. rtis et amateurs de documentaire s appr taient d guster la programmation savante des Etats g n raux du Documentaire Nous tions en 1996 et l quipe de Lussas se posait des questions sur la place du film face au social face l histoire face l animal ou face la g ographie Un s minaire intitul D cembre en ao t traitait de la question sociale en pr sentant une s lection de films relatant le conflit de 1995 Au cours de ce s minaire le spectateur d couvre alors de dr les d objets filmiques des films sur la gr ve r alis s par les gr vistes eux m mes d tranges objets faits d accidents de d sordre perturbant presque la lecture unifiante laquelle nous ont habitu es les productions traditionnelles Les d bats interrogeant l opportunit de cette projection furent houleux certains professionnels virulents Ces films ces dr les de films avaient ils le droit d tre l ou taient ils l comme le pense Michel un des gr vistes cin astes par accident Repr sentaient ils un nouveau genre une esth tique in dite Comment appr cier ces films Ces films amateurs peuvent ils tre appr ci s en terme d esth tique au m me titre que les films des professionnels Comment ont ils franchi la barri re de la s lection professionnelle Quels sont leurs statuts S agit il d une expression naissante v ritablement diff rente des pr occupations du cin ma militant de l es
415. rutalement et de fa on impr cise De la m me mani re la vitesse des panoramiques est rapide et emp che une vision uniforme L espace est repr sent par fractions d tach es du r el ce qui donne une esth tique fragment e Dans le film de Narbonne les images se suivent coup es brutalement les plans sont souvent discontinus Pendant la manifestation qu il filme le gr viste de Rennes suit rarement une sc ne jusqu au bout et fait en quelque sorte avorter l v nement Les plans mont s en cut abondent dans les r cits des gr vistes ne permettent pas un nonc fluide et cassent l effet de transparence qui d coule habituellement des raccords invisibles Adresses la cam ra Caract ristiques du film de famille les adresses la cam ra fourmillent dans les vid os Non seulement les personnages jettent des regards la cam ra mais lui parlent Plus exactement ils ne s adressent pas directement au spectateur mais celui qui est derri re la cam ra ce qui int gre le cameraman dans le film comme personnage Dans tous les films force d tre nombreux les exemples deviennent banals mais ils attestent la collaboration et la connivence du cameraman avec les personnages film s Ce sont successivement des exclamations qui s gr nent tout au long des films comme on est l Michel ou bien ne filme pas Jupp ou encore quand est ce qu on le voit ton film La complicit se reconna t aussi avec cette manifestante qu
416. rvices qu ils proposent comme tous les citoyens d sireux de mieux comprendre l volution contemporaine de l art ainsi que l affirme J M Leveratto ne se produirait il pas dans les espaces alternatifs autant qu ailleurs une querelle d experts pr cis ment entre le public et 191 R Williams De diverses utilit s de la th orie culturelle in Omnibus n 32 avril 2000 p 8 192Pour reprendre la notion propos e par Laurence Allard 193 Cercle vicieux tellement vident que plus personne n y prend garde R Bouveresse le reformule ainsi P1 ce qui est valable esth tiquement est d termin par le jugement des hommes de go t P2 On reconna tra de tels hommes ce qu ils jugent correctement de ce qui est valable esth tiquement in Hume Essais esth tiques Paris GF Flammarion 2000 p 192 194 JM Leveratto La mesure de l art Paris La Dispute 2000 p 8 Sous titr sociologie de la qualit artistique cet ouvrage nous semble particuli rement indiqu pour notre enqu te attendu qu il se propose d tudier la mani re dont est valu e ordinairement la qualit artistique d une personne ou d une chose nous soulignons 101 celui ou celle qui tablit pose cr e assure la droiture de toute sa nomination savoir le commissaire nomoth te 2 Le second exercice ou regard th matique se penchera sur le degr d affranchissement par rapport aux institu
417. s nous le faire partager A la fin du film le plan des enfants revient mont cette fois tel qu il a t tourn c est dire sans la moindre coupe toujours en voix over on entend le commentaire suivant Et c est l que d eux m mes sont venus se greffer mes trois enfants d Islande J ai repris le plan dans son int gralit en rajoutant cette fin un peu floue ce cadre tremblotant sous la force du vent qui nous giflait sur la falaise tout ce que j avais coup pour faire propre et qui disait mieux que le reste ce que je voyais dans cet instant l pourquoi je le tenais bout de bras bout de zoom jusqu son dernier 25 seconde Marker comprend que le bonheur est li la premi re impression des rushes Il a coup pour faire propre mais la coupe casse le rythme du plan et nous emp che d acc der ce qui en fait la valeur la tenue va contre la substance m me de l image En revanche dans la s quence des femmes de Bissau il doit couper au photogramme pr s pour nous rendre sensibles au regard fulgurant qu il a saisi au tournage C est sur les march s de Bissau et du Cap Vert que j ai retrouv l galit du regard et cette suite de figures si proches du rituel de la s duction je la vois 135 La vie mode d emploi coll POL Hachette Paris 1978 p 15 16 136 Dans le filmage du cours de technologie et des r cr ations les l ves manifestent sans le sa
418. s agencent de fa on circulaire unit archives unit animation bureau du directeur Le magasin est situ bien sur dans les sous sols et l on remarque des valises et des cartons contentant des films amateur et portant la mention d p t X Y qu il faut encore traiter selon G rard Vial Une salle de projection est situ e au rez de chauss e accessible de la rue sans n cessairement passer par les locaux de la biblioth que M moire Audiovisuelle de Haute Normandie est situ e dans les locaux de l association IRIS au rez de chaus e Le bureau de la documentaliste est le centre du lieu puisqu elle en est l employ e principale S y effectue la rencontre avec les d posants l accueil des demandes de visionnement Le magasin est situ de l autre c t du couloir les copies vid o impeccablement rang es Agn s Delforge au cours de notre premi re visite du 29 f vrier 2000 nous a pr sent l un de ses tr sors un coffret contenant 700 petits films en format 9 5 soit dix ans de vacances d t d une famille parisienne entre 1926 et 1936 Un petit local de visionnement succ de au magasin L unit technique de PIRIS est situ e au premier tage et s y effectuent les t l cin ma les copies etc Les films propos s sont alors tri s dans ces diff rents locaux 170 encadr e par toute une s rie de m diations dont participent les crit res de s lection des films conditionnant l acception des f
419. s l ves soient en mesure d agir comme ils le veulent c est dire refuser sans n cessit de s expliquer toutes les images d eux m mes qu ils estiment mauvaises Le 112 Anny Duperey Le voile noir Le Seuil Paris 1992 p 79 118 Michel Foucault parle de pratiques de soi de techniques de soi de rapports soi pour d signer un art de vivre qui nous assure la libert en nous astreignant nous prendre nous m me comme objet de notre ap plication En tudiant le champ des techniques de soi dans l Antiquit Foucault montre que ce qui s pare le sujet de lui m me ce n est pas la distance d une connaissance mais celle de l action exercer Le probl me c est de savoir quoi faire de soi pas d couvrir son identit mais s inventer en pratiquant des exercices concrets techniques d coute de lecture d criture de ma trise de soi etc Le rapport soi dit Foucault est structur comme une pratique qui peut avoir ses mod les ses conformit s ses variantes mais aussi ses cr ations En se consacrant ces pratiques la fois personnelles et sociales le sujet thique n est pas s par du politique Le rapport soi loin d un repli h doniste est moins un art du bonheur qu un art du d calage une forme de r sis tance car il permet de se d faire des identit s subjectives trop facilement assum es Voir Histoire de la sexualit t 3 Le souci de soi Galli
420. s dans des moments de grande fatigue ou d abandon je vois fugitivement si fugitivement qu il faut vivre l appareil photo arm en main pour capter cela leur visage intemporel se superposer leur figure d enfant Regard expression rassemblent en une seconde ce qu ils sont profond ment et tous les ges de leur vie Leur visage Et puis cela fuit l abandon se casse ils r gressent ils rient ils trichent ils r int grent le moment Mon p re m a saisi dans une de ces secondes o l tre est rassembl Il a fait mon portrait intemporel Or il date d avant leur mort et j tais d j cela Apr s une lecture en classe les l ves sont invit s exprimer par crit ce qu ils voient d eux m mes dans une photo qui les repr sente Portrait intemporel ou visage compos le choix de la photo est laiss l appr ciation de chacun A rendre pour le lundi de la rentr e Pass es les vacances d hiver il appara t dans chaque copie que le geste descriptif amorce une pratique qui touche au rapport soi Avec la photographie ce d placement du regard vers soi n est pas une nouveaut radicale simplement la r daction marque de fa on concr te un seuil partir duquel les l ves pourront s exprimer officiellement sur la validit de leurs propres repr sentations C est une vidence faire l examen d une photo nous oblige dans la plupart des cas la tirer hors de son usage ordinaire L
421. s depuis la perspective subjective de la m moire individuelle du souvenir Or suivant le philosophe Paul Ricoeur la m moire d tient un privil ge que l histoire ne partagera pas savoir le petit bonheur de la reconnaissance c est bien elle c est bien lui Quelle r compense en d pit des d boires d une m moire difficile ardue La reconnaissance crit encore Paul Ricoeur appara t comme un petit miracle celui de la m moire heureuse Cette lecture l interpersonnel priv guid e par un tel bonheur de la reconnaissance vient finalement prendre rebours les diff rentes phases du parcours de sens 330 Entretien avec Claude Arnal charg du secteur des spectacles r alis dans les locaux de la Cin math que de Bretagne le 3 juillet 2000 331 Cf l tude de R Odin Rh torique du film de famille in Rh toriques s miotiques Revue d Esth tique n 1 2 UGE 10 18 p 340 373 1979 332P Ricoeur op cit p 16 333Le bonheur de la reconnaissance tel pourrait tre le titre de cette petite histoire Herv le Bris documentaliste Brest a re u un jour une dame d un certain ge lui demandant Il para t que vous avez un film sur le village X o l on voit les commer ants Le film en question est montr la visiteuse qui le remercie ainsi alors le documentaliste J ai revu ma m re pour la premi re apr s des ann es de s paration merci encor
422. s et mettre l accent sur le v cu concret tout en essayant bien s r d offrir notre lecteur des recoupements des illustrations ou des ruptures d isotopie pragmatique en rapport avec les consid rations g n rales et les questions cardinales examin es jusqu ici A Caen Il nous a sembl d autant plus pertinent de mener une enqu te dans la ville de Caen qu elle dispose avec sa ville nouvelle d H rouville St Clair d une v ritable pl thore d institutions culturelles deux th tres aux programmations parfois tr s ambitieuses pr sence d un FRAC jouissant de deux espaces d exposition cons quents parc de salles de cin ma inhabituel pour une ville de province complexes du centre ville multiplexes en p riph rie et rien de moins que trois salles d art et essai Quant la vid o elle n est pas en reste gr ce des institutions publiques comme la Sfation Mir et surtout Transat vid o dont sauf tre totalement r tif la culture il est impossible de ne pas prendre connaissance des programmes 206 In Le Monde diplomatique n 571 10 01 p 26 111 du fait qu ils sont distribu s dans les salles de cin ma les th tres les m diath ques les biblioth ques les campus et jusqu la Fnac locale C est partir de la consultation d un de ces programmes que nous avons engag notre tude En effet Transat vid o annon ait en ce second trimestre 1999 les manifestatio
423. s Perec une vie dans les mots ditions du Seuil Paris 1994 Bergala A Voyage en Italie de Roberto Rossellini ditions Yellow Now Crisn e Belgique 1990 Bergala A Nul mieux que Godard Cahiers du cin ma Paris 1999 Bourdieu P Un art moyen essai sur les usages sociaux de la photographie collection Le sens commun ditions de Minuit Paris 1965 Bourdieu P M ditations pascaliennes coll Liber Le Seuil Paris 1997 Brainard Joe Z Remember Actes Sud 1997 Bresson B Notes sur le cin matographe Gallimard Paris 1975 Cauquelin A L art du lieu commun coll La couleur des id es Le Seuil Paris 1999 Coyaud M Fourmis sans ombre Le livre du ha ku Ph bus Paris 1978 Cheng F Vide et plein Le langage pictural chinois Le Seuil Paris 1979 r d coll Points 1991 De Certeau M L invention du quotidien 1 Arts de faire 1980 Deleuze G Foucault coll Critique ditions de Minuit Paris 1986 Dreyfus H et Rabinov P Michel Foucault un parcours philosophique 1983 Gallimard Duperey A Le voile noir Le Seuil Paris 1992 Foucault M Surveiller et punir Gallimard Paris 1975 Foucault M Histoire de la sexualit t 3 Le souci de soi Gallimard Paris 1984 Foucault M L herm neutique du sujet Cours au Coll ge de France 1981 1982 coll Hautes tudes Gallimard Seuil Paris 2001 Garat Anne Marie Photos de familles collection Fiction
424. s artistiques de sculpture peinture ou photographies D sormais la demande vient de leur part On peut affiner leur typologie en trois cat gories qui r sultent de la pluralit des registres utilis s par cette t l vision Nous prendrons l exemple de trois caf s la diffusant Tout d abord T l bocal joue sur la proximit ce qui a pu int resser des caf s comme le Robinet m langeur Ce dernier se situe dans le 11 arrondissement secteur de grand m lange ethnique Le caf profite de ce m tissage et joue sur l esprit familial en organisant par exemple des go ters pour les enfants et des projections pour les adultes Ensuite T l bocal pr ne l humour et le divertissement Dans cette optique des caf s tels le Br guet situ dans le XV me arrondissement de Paris qui con oivent leur espace comme festif et d change d id es optent pour T l bocal Apr s avoir organis des ap ro concerts pendant un an ils ont encha n avec des animations diverses telles des soir es d guis es th me des anniversaires du type Halloween Orangina S ajoutent de nombreuses expositions de peinture photos sculpture Les artistes viennent d eux m mes ayant connu le lieu par le bouche oreille Le Br guet a la volont d tre convivial A l origine une biblioth que actuellement reconstituer avait t mise en place avec BD et jeux MN s agissait de cr er un bistrot dans lequel on aimerait tre
425. s contemporaines de rendre compte du statut des discours portant sur les uvres et les pratiques esth tiques en g n ral Elles vitent ainsi de s parer l exp rience esth tique non seulement du ph nom ne d lucidation du sens toute r ception implique une compr hension dialogu es d un texte par un lecteur mais encore de son valuation articul e discursivement et formul e dans les nombreux commentaires que suscite un travail artistique Jauss avance ainsi l id e qu un texte se donnant d embl e comme quelque chose percevoir et comprendre toute perception esth tique crit il est d j travaill e par un certain type de compr hension Dans cette herm neutique litt raire revisit e par l Esth tique de la r ception les textes les oeuvres sont con ues comme des structures dynamiques aux concr tisations succesives travers des actes d une r ception productrice En s attachant non plus la succession des uvres elles m mes mais la cha ne de leur accueil ou r ception Jauss a dans les ann es 60 depuis l universit de Constance o il enseignait la litt rature m di vale contribu renouveler une histoire litt raire par trop lin aire De plus en d pla ant la production de sens hors du texte du c t de l espace de r ception il s agissait aussi de prendre la pleine mesure de la port e pratique des uvres de leur fonction de cr ation sociale proposition renou
426. s dont l une des missions l instar de la Cin math que fran aise est aussi de proposer le spectacle public de ces films C L esth tisation la face cach e de l action des cin math ques r gionales La dimension esth tique t rarement revendiqu e comme telle les fondateurs et dirigeants des cin math ques Cependant elle nous est apparue omnipr sente et sous tendre les activit s des personnels manipulant des films d amateurs En tudiant la patrimonialisation des films amateurs chacune des tapes d crites ci dessus est de fait ponctu e de moments esth tiques au cours duquel sont nonc s des valuations et des jugements sur ces archives audiovisuelles priv es et o des auteurs maison sont reconnus comme tels 309 Entretien avec G rard Vial 23 f vrier 2000 310 Cet espace public esth tique originel se concr tise travers le d veloppement de lieux de publicisation des uvres r alis es par des artistes reconnus comme tels et soumises aux regards d une foule qui se constitue en public dans l exercice du jugement esth tique Le r gime esth tique suppose donc une dimension valuative une dimenstion publique et une dimension intersubjective ce sont des individus spectateurs critiques et artistes peuplent cet espace public esth tique La cr ation de la Cin math que fran aise en 1934 s inscrit dans cet ge de l art moderne D sign e comme le temple de la cin philie des ann
427. s en plus directif en faisant acte de commande et demandant le remontage de sujets le partenariat a pris fin Il est noter que souvent quelques membres des lieux de diffusion et de cr ation alternatifs sont professionnels de l audiovisuel et tentent de cr er des passerelles Concernant les t l visions rurales nombreuses ont vu certains de leur programmes diffus s sur France3 Cette reprise se fait galement par le monde du cin ma Depuis fut lanc en 1999 le MK2 projecctcaf situ Gambetta qui a mis en place les 12 24 titre de la s rie des projecct vid os du Mk2 projecctcaf Ces projeccts sont des exp riences vid os o les participants anonymes amateurs ou professionnels se voient confi une cam ra et un principe Sont surtout programm s des fictions des documentaires et des vid o d art que l on a pu d couvrir dans les diff rents lieux alternatifs ou dans les festivals sp cialis s A l instar du Web Bar sont organis es des soir es musicales surtout lectroniques Les nouvelles esth tiques ordinaires sont ainsi reprises ou converties suivant les milieux artistiques Le brouillage des fronti res rend la notion d esth tique ordinaire d autant plus pr caire Elle ne tiendrait qu la banalit de certains cadres de diffusion ou bien un contenu qui s appuierait sur le commun des d cors et des situations La question se pose de savoir si ces effets boule de neige ne viennent p
428. s mais acceptables Pareille exigu t n est toutefois pas prendre et du reste n est pas v cue sur un mode n gatif Au contraire il 207 J Aumont De l esth tique au pr sent De Boeck Universit Paris Bruxelles 1998 p 101 114 semble que l troitesse du lieu favorise non seulement l intimit et le dialogue cela va de soi mais encore conduit elle une r flexion sur la monstration Vincent Auvray parle de son espace en tant que galerie vitrine o le rapport dedans dehors serait invers c est dire que les interventions des artistes ceux ci sont d ailleurs invit s travailler en ce sens s adressent davantage un passant de la rue qu un visiteur franchissant la porte d entr e pour d couvrir des pi ces l int rieur Concept qui s av re int ressant pour notre probl matique du lien car il d joue la trop fameuse crainte de franchir le pas d entrer dans des lieux d art lorsqu on n en est pas familier bref ce concept grignote quelque peu le syndrome du ce n est pas pour nous On peut n anmoins s interroger pourquoi un espace aussi r duit Car rien n emp cherait au sein d un espace plus grand de s adresser la fois au dehors et la fois au dedans Le concept de galerie vitrine rel verait il d un bon c ur contre la mauvaise fortune Au sens propre oui Face l absence de sc ne pour les arts plastiques Caen qu
429. s membres du groupe Odradek lors de leur trenti me aktion intitul e Rien vendre tout prendre o il s agissait d une logique de contre pied des galeries ceci en proposant au visiteur d emporter une uvre si bon lui semble Tout Toulouse Attir par la pr sence plut t insolite d un moniteur vid o dans une boutique d fra chie du centre ville nous avons d couvert par hasard sans avoir pris connaissance de l article cit ladite aktion et nous avons improvis ainsi une tude de terrain courte mais n anmoins instructive dont il ressort les points suivants D abord la qualit artistique des pi ces offertes au sens propre gratuites au public relevait d un savoir faire r ussite op rale incontestable et l importance de l argent ne fut pas m sestim e puisque ce fut le motif m me de l aktion Aussi voil bien un contredit suppl mentaire aux observations de J M Leveratto Ensuite nous avons not que ce genre de proposition induit un rapport d changes verbaux bien diff rent alternatif pourquoi pas de celui qui r gle en g n ral le d sir d un acheteur de rencontrer l artiste Le r f rent de la communication dans pareille situation non marchande porte en effet davantage sur des questions d thique et sur des consid rations d ordre socio politique Ce qui n a pas manqu de plonger les visiteurs dans le d sarroi voire dan
430. s ponctuent le parcours de sens tabli dans l analyse du processus patrimonial Et parfois comme c est le cas avec M moires de Normandie il est d licat de d m ler les fils d une lecture patrimoniale et d une lecture sous le mode esth tique des films 329Rendant par l m me caduques les cat gories amateur et professionnel qui structurent le champ culturel depuis son moment autonome et public Les moteurs de recherche ne r pertorient pas d ailleurs les sites suivant cette distinction cat gorielle 184 amateurs Un dernier exemple de diffusion des images amateurs conserv es par les cin math ques r gionales nous livre un dernier aspect de ce parcours de sens Le bonheur de la reconnaissance de la m moire r gionale la m moire individuelle Au moment des projections organis es lors des grands rituels r gionaux voqu s plus haut et ce dans les diff rentes cin math ques tudi es les r alisateurs ou certains membres de leurs familles sont pr sents dans la salle La lecture patrimoniale favoris e par l int gration des projections des films amateurs dans le contexte de manifestations comme les Journ es du patrimoine est alors concurrenc e par une lecture au priv On observe ce cas de r ception privatiste au moment des projections dans les villages o ont t tourn s certains films Suivant les propres termes de l animateur des spectacles de la Cin math que
431. s un malaise d une forme de culpabilit du moins pour ceux qui d sir rent emporter une pi ce vous tes s r que je peux prendre cette sculpture comme a gratuitement Je vais au moins vous rembourser les frais etc Les membres du groupe eurent beau expliquer que c tait au visiteur d accomplir une action artistique en choisissant et en emportant une pi ce il n en flottait pas moins une certaine g ne Qu est ce 2045020 14 2 01 109 qui motivait le groupe Odradek en l occurrence Quelles explications furent avanc es de mani re plus fondamentale aupr s des visiteurs En substance nous dirions que les artistes du groupe s estimaient forc s d agir ainsi compte tenu d un syst me de l art entendre la triangulation des instances l gitimantes auquel ils n auraient pas acc s quand bien m me ils le voudraient Ils voqu rent aussi la n cessit d couler des pi ces car il faut faire le vide dans l atelier et dans l esprit afin de r g n rer le processus cr atif Surtout Laure Nusset le rapporte ils souhaitent se d barrasser de tout ce qui fait de l art une marchandise de l artiste un producteur de luxe et du public un potentiel de consommation s duire Tout Toulouse Enfin consid rer que tout cela dessine la figure de l ang lisme nous ne serons videmment pas dupe D une part en raison du fait que tout visiteur
432. siteurs gros plans sur la nourriture tr s color e sur les visages et tr s gros plans sur certains d tails int rieur bouche nourriture qui d gouline etc La parodie t l visuelle style Best off ou Ce quoi vous avez chapp est r investie dans des improvisationss mise en sc ne d une visite m dicale par exemple o l on laisse appara tre le hors champ o l on m lange les conditions de cr ation et la cr ation elle m me Les mod les n apparaissent pas seulement dans le contenu des images mais galement dans la r alisation technique de celles ci mani re de filmer Le m lange des genres est tr s pris par les adolescents des ateliers scolaires qui cherchent d abord une r cr ation bienfaisante en s appuyant sur ce qu ils ont vu plut t qu organiser une quelconque coh rence du moins au d but du travail Leurs productions sont souvent des d marches pleines de ruptures et d essais qu ils peuvent r p ter inlassablement Leur motivation se situe fortement dans un besoin de d foulement et une contemplation avide de leur propre image leur pr occupation ne prend en compte aucun spectateur ext rieur ils sont leur propre public en qu te d identit Le rapport au projet p dagogique est travaill avec les enseignants dans les moments interm diaires en d but ou en fin de s ance Ce melting pot permet cependant d inscrire un horizon d attentes pour reprendre la formule d
433. son de l tudiant les associations Arts du Spectacle et les Visionautes proposent la diffusion d uvres de tous genres en format vid o A cette occasion n h sitez pas pr senter vos productions fictions exp rimental animation documentaire en format cin ma vid o super8 pour une diffusion libre dans le cadre du Forum vid o Est ce utile de souligner l int r t pour notre enqu te de ces diverses manifestations tant la th matique de la plastique sociale y tient en creux une place pr pond rante Nous avons choisi abandonnant tout fantasme de saturation de nous concentrer dans un premier temps sur les soir es caf s vid o Transat vid o La Garsouille Mardi 18 f vrier 2000 une soir e caf vid o La Garsouille L espace du caf est assez bien s par en deux parties une partie caf proprement dite avec le comptoir quelques tables et une partie qui fait davantage penser un salon de par la pr sence de banquettes de petits poufs et surtout d un imposant moniteur vid o Cette partie salon est en prise directe gr ce une baie vitr e sur la rue offerte pour ainsi dire aux regards des passants Nous retrouverons ce protocole voyeuriste au bon sens du terme invitation la curiosit avec L Unique Il y a beaucoup de monde dans la partie caf six ou sept personnes seulement ce soir l froid de f vrier attendent la projection dans la partie
434. spaces pr tendument alternatifs de la ville de Toulouse en fait subventionn s par la mairie et par la DRAC comme le Bon de la Baleine Bosse BBB le collectif la Plage ou l association Annexia lesquels diffusent des vid o 197 Cf Art Press Sp cial n 21 105 d artistes ayant un estimable voire un tr s fort coefficient de visibilit l exclusion celle ci franchement et cat goriquement affirm e de tout travail d amateur x De l exposition la proposition socio politique Toutefois il faut le conc der la volont d tablir du lien civil qu il ait pour motif l esth tique ou autre chose du reste ne trouve pas ais ment une concr tude en dehors des r f rents politiques et humanitaires Mais justement comment faire surgir de l h t rog ne c est dire tr s g n ralement comment chapper au syndrome du r seau parle au r seau lors d un protocole communicationnel aussi attendu pour ne pas dire norm que celui de la projection vid o Cela d pend en grande partie notre avis de l engagement politique ou plus exactement socio politique et politico conomique dont t moignent les espaces alternatifs Il nous semble m me que la r institutionnalisation sera moins vidente voire pas vidente du tout nous le verrons en particulier Toulouse d s lors que s installe un v ritable parti pris thique situ non plus seulement sur un plan esth tique mais galement sur cel
435. ssistant de conservation donc biblioth caire Mais il d cide alors d aller disons fouiner dans les dossiers en y allant au culot quoi Et l il d couvre par hasard au milieu de tous ces dossiers celui d une jeune femme qui a l air pas mal qui vient de l INA une grande professionnelle qui a bourlingu Paris New York Et ma 153 chance a t qu elle tait originaire de la r gion et qu elle voulait revenir ici On ne l avait pas indiqu e Monsieur G non mais c est dingue on ne voulait pas lui transmettre tous ces dossiers parce que c tait des dossiers autres que des candidatures d assistant de conservation Sur ce il se renseigne indirectement sur cette jeune femme l appelle la rencontre et tout a et ensuite annonce l administration ah ben j ai su par hasard qu il y avait quelqu un de g nial qui avait demand ce poste IL ME LA FAUT Un semblant de jury est organis avec trois personnes et c est d accord Cette jeune femme est aujourd hui l un des bras droits de Monsieur G sa responsable du service des archives Ca se passe tr s bien comme si elle avait profit d un premier d broussaillage de terrain r alis par celle qui l a pr c d e ce poste Elle ne conna t pas du tout la fonction publique Et c est la premi re fois que Monsieur G a dans son personnel quelqu un qui vient du secteur priv il a pu l embaucher comme
436. ssovitz traitant de la difficult pour certains jeunes de trouver le chemin de l int gration dans une soci t bas e sur le clivage D roulement de la production Avec l aide d organismes locaux F et ses camarades parviennent prendre contact avec le groupe de chanteurs et trouvent le financement de leur voyage Cette rencontre se soldera par une commande possible d un clip projeter dans le cadre des concerts du groupe de musique F va essayer de mettre toutes les chances de son c t pour ce projet Il d laisse son travail scolaire et s attire les reproches de sa famille et de ses professeurs Il se d m ne et se sent peu soutenu On n avait pas un gros budget et c est ce qui manque aux jeunes aujourd hui pour les aider dans leurs projets Il trouve n anmoins des solutions des partenariats rassemble autour de son projet les habitants du quartier la police municipale et plusieurs infrastructures locales F raconte non sans une certaine amertume les difficult s qu il rencontrera tout au long de son parcours et l inertie des organismes incapables d acc l rer les d marches et de prendre des d cisions Il va m me jusqu cr er une association afin de trouver plus facilement des aides La production R sum Un jeune vendeur aimable termine sa journ e dans l ambiance d tendue d un magasin de mat riel informatique Aznavour chante La Boh me en fond sonore Le jeune vendeur quitte son travail en compagnie d un ca
437. t fait sporadique un comit scientifique trois r unions tenues depuis 1992 compos s d rudits locaux suivant son fondateur La crise de Saint Etienne mettait en cause la politique du tout conserver du directeur de la Cin math que de Saint Etienne mais elle est aussi celle de M moire Audiovisuelle de Haute Normandie Suivant la philosophie de Jean Claude Gu zennec il faut tout garder on ne sait jamais les crit res d aujourd hui ne sont pas les plus pertinents Et c est encore le cas la Cin math que de Bretagne qui est parfois rebaptis e la cin math que des mariages en raison encore du caract re syst matique de la collecte et conservation de ce sous genre du film de famille 4 La diffusion des documents audiovisuels amateurs la mise en spectacle de la m moire patrimoine Du souvenir familial d pos la m moire historique r gionale archiv e nous avons d crit les deux premiers stades du processus de patrimonialisation des films amateurs qui s op re dans les cin math ques travers in fine autant d interpr tations effectu es autant de regards diff rents qui sont port s sur eux lors de la collecte de l indexation etc C est encore le cas lors des grandes manifestations publiques qui ponctuent la vie de ces institutions Les grands rituels r gionaux activation d une lecture documentaire historique Chaque r cit d dification de ces institutions est de fa
438. t La revanche de l anecdote Trois lectures pour une esth tique frivole du film de famille in Le film de famille d cit p 129 45 Depuis Kant on d finit souvent le plaisir esth tique comme un plaisir fond sur les seules propri t s formelles des objets G rard Genette La relation esth tique Seuil 1997 p 32 46 ce n est pas l objet qui rend la relation esth tique c est la relation qui rend l objet esth tique id p 18 20 la diff rence de ce qui se passe dans l espace de l art na f les productions de l art brut sont ex cut es par des personnes qui manifestent une ignorance radicale des normes esth tiques et m me souvent une indiff rence totale par rapport l art Voil qui semble rapprocher davantage les auteurs de l art brut des r alisateurs de films de famille Ces derniers trouvent en g n ral tout fait saugrenue l id e qu on puisse leur poser la question de l art vous plaisantez de l art s rement pas mais des souvenirs alors a oui Pourtant les diff rences l encore sont nombreuses la forme des productions de l art brut est en effet indiscutablement intentionnelle du moins aussi intentionnelle que n importe quelle production artistique traditionnelle pour laquelle les d terminations conomiques sociales et inconscientes jouent toujours un r le important On ne saurait dire en tout cas que ceux qui r alisent ces productions manquent de savoir faire il s ag
439. t rieur Monsieur G profite alors du contexte porteur pour transformer un poste de d part en retraite en une cat gorie sup rieure celui d assistant de conservation et demande l ouvrir un concours ext rieur C est accept en haut lieu Annonce officielle pass e au niveau national dans T l rama et tout le tralala Mais l administration est un peu braqu e lui de son c t ne se bat pas comme un dingue au niveau politique laisse tomber et on lui impose d embaucher ce poste un titulaire des collectivit s territoriales en clair un biblioth caire Et donc l a r duit nouveau compl tement le champ car tous les routiers de l audiovisuel se retrouvent cart s Il choisit alors une jeune femme qui correspond au profil demand et travaille la biblioth que de la ville elle est branch e sur l image Elle lui convient pas mal est assez dynamique a cadre il demande la prendre et la mairie accepte Avec son temp rament fonceur elle s attaque plein de choses et Monsieur G la nomme responsable de son unit des archives Et l c est dur Elle s en prend plein la gueule Les anciens le prennent mal Elle jette l ponge le 1 janvier 1999 Deuxi me tentative Monsieur G ouvre nouveau le recrutement l ext rieur pour ce poste laiss vacant c est accept A nouveau il ne re oit pas la r ponse souhait e car on lui impose toujours un a
440. t vois comme c est beau le monde On notera que la qualit m me du travail cin matographique le fait que la prise de vues soit stable ou non nette ou non expos e correctement ou non qu il y ait ou non montage importe peu ce qui compte c est le mouvement d ictique le mouvement de d signation On sait c est une sorte de pr suppos que le montr est beau l essentiel c est de montrer que l on montre D o les coups de zoom incessants les mouvements de cam ras hasardeux qui tentent de capter dans un m me mouvement toute la beaut d un paysage d o les prises de vues boug es car il faut faire le tour de ce que l on veut montrer d o les r p titions le m me paysage refilm plusieurs fois sous le m me angle comme si celui qui filme ne pouvait 64 Vincent Pinel Louis Lumi re inventeur et cin aste Nathan 1994 p 38 65 Article encore non publi dont je dois la connaissance la gentillesse de son auteur 66 Ch Metz Probl me de d notation in Essais sur la signification au cin ma Klincksieck 1968 p 72 et p 118 26 s arr ter de le filmer tant il le trouve beau d o les st r otypes aussi car le st r otype la carte postale est la garantie du beau La couleur joue un r le essentiel dans ce programme de beaut Il y a l quelque chose de quelque peu paradoxal car s il y a un param tre que les r alisateurs de films de famille ne peuvent pas ma triser c est bien celui de la couleur
441. t Jauss op cit 1978 p 244 31Pour une critique conceptuelle de cet tat de faits cf J M Schaeffer L ge de l art moderne op cit 12 sp cialis es mus es salles de concerts et autres salons de beaut de notre civilisation Ce programme constitue l horizon de recherche de notre groupe de travail 32John Dewey Art as experience vol 10 Late works of John Dewey Southern Illinois University Press 1987 p 346 13 BIBLIOGRAPHIE Allard L Cin philes vos claviers R ception public et cin ma in R seaux n 99 Cin ma et r ception 2000 Beck U Risikogesellschaft Auf dem Weg auf eine andere Moderne Suhrkamp Francfort sur le Main 1986 trad fran La soci t du risque Quarto 2001 Becker H Les mondes de l art Flammarion 1988 Dewey J Art as experience vol 10 Late works of John Dewey Southern Illinois University Press 1987 Dickie G Le mythe de l exp rience esth tique 1964 trad fr in D Lories Philosophie analytique et esth tique M ridiens Klincksieck 1988 Donnat O Les amateurs Enqu te sur les activit s artistiques des Fran ais La Documentation fran aise 1998 Donnat O Les pratiques culturelles des fran ais Enqu te 1997 La documentation fran aise 1998 Gadamer H G V rit et m thode version int grale 1996 Le Seuil Genette G L uvre de l art II La relation esth tique le seuil 1997 Giddens A Modernity and Self Identity S
442. t appel es tre diffus es le plus largement possible Cependant les responsables du centre visent une vocation plus large que simple m dia de proximit pour le 18 arrondissement Il s agit aussi de faire en sorte que ce m dia g ographiquement limit au 18 arrondissement puisse tre diffus mondialement par internet et donc puisse en fait pr senter un contenu qui int resse tout habitant de la plan te L quipe n est pas apte mettre en uvres des strat gies de communication tr s complexes le bricolage domine On informe des diffusions de T l montmartre par le journal du centre d animation des affiches et surtout par le bouche oreille S ajoute un mailing fait partir d une base de donn es compos des 500 personnes qui se sont manifest es aupr s de T l montmartre Les responsables disent ne pas tre int ress s par une connaissance du public mais par les d sirs spectatoriels afin de mieux le fid liser Forc ment les gens qui viennent voir une sortie d mission de T l montmatre ont un certain profil Or nous notre objectif terme est de pouvoir toucher toutes les couches de la population de mani re rendre un r el service Des questionnaires sont distribu s la fin des missions Le public sert alors de test en renvoyant ses impressions On est tr s content d avoir un public assez r gulier en grande partie professionnel car le regard qu ils portent sur
443. t effac s c est aussi parce que le moment collectif suffit en soi car le plaisir esth tique se joue aussi chez ces adolescents dans la partage des motions puis des souvenirs film s Le 166 Giddens op cit p 141 167 M Maffesoli op cit p 80 plaisir est dans l activation des liens m me si parfois ils sont perturb s par des disputes tel point qu PE on constate une utilisation r currente de certains effets et d images mim tiques qui renvoie la notion de plaisir partag L expression une belle exp rience qui sera plut t employ e par les adultes d crit assez bien ces moments de plaisir La narration de ce que l on a v cu pendant le tournage renforce les sensations et valorise l image que l on a de soi Le sentiment esth tique se d veloppe galement dans l actualisation de valeurs communes dans la coh sion du groupe et le partage de sentiments dans la transgression contr l e des normes des adultes Formant des clans selon leurs amiti s dans un cadre institutionnel qui pr ne les valeurs collectives les adolescents s installent dans le pr sent du sentiment tribal En effet les groupes ont souvent en d but d ann e une attitude assez d tach e pour tout ce qui ne concerne pas leur propre production Ils regardent leurs images avec beaucoup de satisfaction et ne supportent pas les critiques venant des personnes ext rieures leur petit groupe Ce comportement se
444. t n a donc plus rien d ordinaire La cons quence est qu il existe un cart incommensurable entre par exemple un film de Mekas ou de Brackage et un film de famille ils ne donnent pas lieu au m me mode de lecture Passer de l un l autre c est passer une fronti re Si un film de Mekas rel ve du mode de lecture artistique la lecture se fait en termes d auteur de mise en relation avec les autres uvres de cet auteur mais aussi avec les productions d autres artistes du monde de l art avec l histoire de l art les discours sur l art etc le film de famille lui rel ve du mode de lecture priv il est fait pour une lecture sur le mode du retour sur soi par les membres du petit groupe qui constituent cet espace priv qu est le cadre familial Il est int ressant de noter que le film de famille commence subir le m me processus d institutionnalisation que les productions qui sont d sormais appel es l Art brut Certes les modalit s de cette institutionnalisation ne sont pas les m mes dans le cas de l art brut il s agit d un processus de r cup ration par le monde de l art dans le cas du film de famille d une reconnaissance de sa valeur de document mais les choses sont en train de changer c est ainsi que la mus ification la cr ation de cin math ques sp cialis es qui jusque l ne s tait faite qu autour du film de famille comme document commence se faire en termes d auteur archivage par nom
445. t on r ussi au terme de plusieurs minutes d essais et d erreurs ou en une demi seconde prodigieusement inspir e la connecter l une de ses voisines que la pi ce dispara t cesse d exister en tant que pi ce l intense difficult qui a pr c d ce rapprochement et que le mot puzzle nigme d signe si bien en anglais non seulement n a plus de raison d tre mais semble n en avoir jamais eu tant elle est devenue 134 Sur l art d exploiter les accidents dans la cr ation voir David Sylvester op cit pp 14 25 et 57 60 49 vidence les deux pi ces miraculeusement r unies n en font qu une son tour source d erreur d h sitation de d sarroi et d attente Lorsqu ils entreprennent le montage les l ves n ont pas la moindre id e de l ensemble et sans le fil conducteur d un r cit ils vont devoir chercher une forme qui donne vie leur vid o Pour assurer le passage d un portrait un autre il faut que les plans des s ries tiennent c t des plans portraits sinon l ensemble s parpillera et s ext nuera sous nos yeux Ce probl me de tenue est cependant vite r gl Comme les l ves se sont souci s jusqu pr sent de contr ler leurs portraits ils reconduisent naturellement ce principe au moment de choisir les plans des s ries A cet id al de mesure s ajoute la neutralit de l nonciation A l exception d un fragment pr lev dans
446. t peut tre pas t moigner dans le premier contexte Pas de jugement Qui suis je pour le faire Toujours selon B Klinkum ce deuxi me contexte provoque un changement des crit res d valuation de la part m me des diffus s II n y a jamais une seule voie il existe diff rents styles de culture et diff rentes narrations ajoute t il avec une touche de solennit enthousiaste Pour lui l enjeu consiste montrer au public qu il existe des moyens de s exprimer qu il y a la possibilit de diffuser des montages HI 8 etc responsabiliser les gens en leur accordant un statut d auteur l auteur tant compris comme quelqu un qui propose quelque chose au public Tout simplement pourrions nous ajouter Quelles concr tudes quels moyens de passage l acte si l on veut l institution Transat vid o offre t elle Une diffusion dans les caf s et ce sera un peu attendu encore que Plus surprenant en revanche cette intention de projeter sur les voiles des bateaux amarr s au port de plaisance de Caen les vid o tourn es par leurs propri taires action r alis e en Septembre 2000 ainsi que les manifestations du genre M tairie libre mentionn es dans le programme cit plus haut En tous les cas il nous a paru vident qu il serait l gitime d voquer la th matique du lien civil esth tique propos du caf La Garsouille et ce malgr le fait que les proj
447. t recherch par les auteurs qui s expriment ainsi On cr e des images dans la t te comme une vid o et apr s on d crit l histoire en rimes On a une grosse influence cin matographique Le r ve dans le film de Farid est non seulement l illustration de la chanson du groupe IAM Il est aussi l illustration de l esprit rap avec une recherche certaine au niveau des images comme de la bande son d une mati re brute un souci de faire sale clairage inexistant couleurs d lav es mouvements de cam ra incessants d cadrages brutaux faux raccords propos incompr hensibles cuts sonores dans une esth tique de violence qui r pond bien une d marche de reconnaissance ambigue et qu on retrouve dans tout le court m trage Les mat riaux issus de la vie notamment les souvenirs filmiques la ma trise des techniques les possibles de l image sont trait s comme des langages susceptibles de nourrir une narration Comme dans les deux mod les pr c dents il s agit de devenir quelqu un d autre de travailler sa propre cr ation mais en se projetant dans une fiction et non en utilisant son image comme mati re La vie est trait e ici comme un v nement autobiographique L autobiographie ou la biographie Pour F et ses camarades l exp rience men e leur permet de se mesurer eux m mes mais aussi une soci t dont ils attendent qu elle les reconnaisse F s exprime ainsi dans son interview Quand on leur a dit qu
448. t sociaux de ces activit s artistiques La pr occupation esth tique n est pas formul e comme telle dans les entretiens que nous avons pu avoir propos des productions effectu es dans le cadre scolaire coll giens ou associatif F Le processus de cr ation correspond souvent un d sir de manipuler des images La mise en forme de celles ci correspond plut t des strat gies de r ponse la demande de l institution du groupe ou un projet personnel qu une recherche proprement esth tique Pour les productions effectu es dans le cadre scolaire les adolescents cherchent se faire plaisir et produire quelque chose qui leur pla t Le plaisir esth tique de la cr ation domine et le contexte est ici d terminant car l atelier est un lieu diff rent qui donne l l ve une autre exp rience de l institution C est un lieu p riph rique au monde purement scolaire o l adolescent vient de son plein gr il choisit d tre l ce qui est important choix qu il exprime d ailleurs en connaissance de cause Il vient parce que c est un espace autre Je ne suis pas l pour faire ce qu on me dit mais ce que j ai envie de faire Si cette situation permet certaines revendications un peu provocantes elle accorde aussi quelques privil ges acc s des endroits normalement interdits pour les besoins d un projet libert d expression utilisation d un mat riel r put co teux etc Faire partie de cet atelier don
449. tation s tend Les syndicats du secteur public veulent la gr ve g n rale Le texte est celui du journal mais le r alisateur le d contextualise en l isolant par le zoom et donne un sens de lecture du film on y lit l importance de la dur e de la lutte sur laquelle les forces s affrontent Au hasard d un plan apparaissent les autocollants et les sigles du syndicat CGT Bien souvent ils sont pr sents plus que les autres CGT FO CFDT CFTC ou encore FJAAC Ce dernier syndicat autonome des conducteurs n est pas mentionn visuellement notre connaissance dans les vid os qui ont pourtant particip eux aussi la gr ve Le syndicat CGT tait au moment des faits le plus important quant aux nombre d adh rents et tr s repr sent chez les cheminots situation que les vid os respectent Sans voix off sans interviews ni souci v ritable de mise en sc ne les gr vistes cin astes ont laiss se construire un discours plusieurs voix A l oral en d pit de quelques interventions anonymes des gr vistes ce sont les paroles collectives cris slogans discours qui participent au sens du film tandis qu l crit en laissant de c t les l ments spatio temporels informations ajout es ce sont les commentaires d initiatives individuelles qui comme des balises conduisent l interpr tation et le regard du spectateur C est assur ment en filmant des inscriptions crites que les gr vistes cin astes ont eu le loisir de
450. te contemporaine entre m moire et histoire C est bien dans ce moment de passage au r gne de la m moire patrimoine que l on doit replacer la cons cration du film de famille comme document et sa conservation dans des lieux d volus la pr servation des images du patrimoine r gional Si d sormais le local exige son inscription au national les cin math ques r gionales travers leurs fonds de films amateurs contribuent la connaissance du pass sur le versant de l criture ordinaire de l histoire locale sur le mode de l histoire v cue donc sur le plan de la m moire collectives Statut du film amateur comme document d archive priv Ce sont donc ces mutations contemporaines de la conscience historique contemporaine qui rendent pensables l existence m me des cin math ques r gionales consacrant les films de famille et amateurs comme archives g n r es par ceux qui vivent l histoire Participant la r flexion de Pierre Nora au sujet des lieux de m moire l historien Kristof Pomian s est plusieurs reprises pench sur la notion d archive Son analyse part de la d finition l gale des archives les archives sont l ensemble des documents quels que soient leur date leur forme ou leur support mat riel produits ou re us par toute personne physique ou morale et par tout service ou organisme public ou priv dans l exercice de leur activit L archive est donc assimil
451. te phrase comme une reconnaissance par ces amateurs de leur manque de savoir faire par rapport aux r alisateurs professionnels qui eux font du cin ma il me semble que cette interpr tation est tout simplement erron e Je me suis ainsi rendu compte que cet nonc ne signifiait nullement pour le cin aste familial qu il fait mal du cin ma mais plus radicalement qu il ne fait pas du cin ma et donc qu il fait autre chose que du cin ma Parfois la formulation indique plus positivement ce que ces r alisateurs entendent faire ce n est pas du cin ma mais c est tout de m me plus vivant que la photo On s aper oit alors que le film de famille est v cu par ceux qui en font davantage comme de la photographie am lior e que comme du cin ma En somme si en jugeant mal faite la Forme du film de famille on se trompe de contexte on value le film de famille par rapport aux normes du cin ma professionnel en consid rant comme je l ai fait que le film de famille doit tre mal fait pour tre bien fait pour bien fonctionner je me suis tromp de paradigme Ce n est pas dans le cadre du paradigme cin matographique que ces productions fonctionnent mais dans celui de la photographie Dans cette perspective il n est plus question de parler de mal fait m me avec des guillemets Une relecture de la Forme du film de famille s impose non plus en tant que forme cin matographique mais en tant que forme photographique Plusieurs l
452. tement les contraintes des commanditaires puisque devaient tre formul s explicitement les clich s r gionaux valorisant ce terroir singulier Des correctifs ont t apport s au commentaire par la r alisatrice du documentaire D s lors qu ils devenaient emphatiques elle s empressait de les recadrer pour pr server la dimension intimiste qu elle a voulu conf rer cette histoire de la Normandie reconstitu e partir de films d archives amateurs De fait cette dimension intimiste peut tre consid r e comme la signature de la r alisatrice une signature qu elle a incarn e l aide des images de films de son grand p re ouvrant et concluant la vid o Ce souci d articuler histoire familiale dans un documentaire sur la m moire r gionale ce regard fonci rement privatiste sur des v nements historiques est remarquable dans le traitement des pisodes li s la Guerre La r alisatrice a effectu un montage m tonymique faisant se succ der aux navires de guerre dans un premier plan de petits bateaux d enfants dans un bassin au plan suivant Elle a galement utilis un proc d de montage dit en contrepoint audiovisuel le commentaire mentionnant des faits de guerre l Allemagne envahit la Pologne alors que les images montrent des enfants l int rieur d un ch teau de sable encercl par la mer sur une plage normande En r alisant cette histoire de la Normandie
453. tend par le terme alternatif Celui ci renvoie un mouvement en l occurrence artistique ind pendant des circuits normaux du commerce et de la diffusion que l on peut qualifier de r seau underground Nous t cherons de voir comment effectivement certains manifestent en ce sens leur appartenance un circuit alternatif de cr ation et comment pour d autres il s agit bien plut t de se placer en alternative voire en palliatif Cette distinction s illustre travers l exemple des t l visions locales celles dont le d sir tient plus de se r approprier des contenus que de d localiser l espace de diffusion et de production Et d autres au contraire qui revendiquent un espace propre un territoire identitaire Ce choix des t l visions locales s explique par la place strat gique de carrefour qu elles occupent dans ce mouvement des vid os communautaires 211 un rhizome ou multiplicit ne se laisse pas surcoder ne dispose jamais de dimension suppl mentaire au nombre de ses lignes Les multiplicit s se d finissent par le dehors par la ligne abstraite ligne de fuite ou d territorialisation suivant laquelle elles changent de nature en se connectant d autres Gilles Deleuze Felix Guatarri Mille plateaux Les ditions de Minuit 1980 212 Au sens non pas de ce qui est conforme l ordre habituel mais de quelque chose ou quelqu un qui ne d passe pas le niveau commun banal voire qu
454. tendrons sous le terme esth tique la cons quence d un processus de cristallisation ou de rencontre des horizons d attente et de r trospection d un individu processus s exer ant de mani re ponctuelle c est un moment et plus ou moins singuli re au b n fice de l lection d un objet ou d un comportement qui sera qualifi au nom d un simple c est cela pour moi cela fait co ncider mes horizons d attente et de r trospection qualifi donc d esth tique et ou d artistique S puise alors la vection ontologique de la sempiternelle question qu est ce qui est esth tique et s panouit une formulation aux r sonances davantage pragmatiques quand y a t il esth tique c est dire en quelles circonstances moments favorables kairos le processus esth tique voqu l instant pourrait il se produire Ces d finitions bien entendu provisoires paraissent suffisamment extensives pour nourrir une observation d activit s artistiques dont le caract re tr s diversifi appelle de mani re in vitable un prisme de lecture aux multifacettes papillotantes Et si nous ne gagnons rien en intensivit si nous portons encore des mots valises c est pr cis ment afin de soutenir 100 quelques propositions de r ponse des interrogations transversales celle des circonstances qui permettraient l mergence d un lien civil esth tique notamment Une fois de plus il s agira do
455. tenir quelque chose de la r alit du coll ge alors ils poussent plus en avant pour rendre cet ordinaire plus proche et plus complet au risque de s en loigner ou de casser la forme de leur vid o Le montage dure plusieurs mois Les l ves ont quitt le coll ge pour le lyc e Selon leur disponibilit ils reviennent Betz pour monter tourner des petites s quences ou d couvrir l tat des travaux Du temps est pass Autant de rushes accumul s autant de sons d images o sont d pos s des souvenirs o il faut maintenant d gager quelque chose de banal l arracher son insignifiance le retrouver miraculeusement comme dit Perec et le verser dans la vid o Les l ves s en tiennent toujours leurs choix En l absence des r alisateurs le montage est parfois assur par des quatri mes du cours vid o un professeur d anglais et moi m me Malgr la diversit des monteurs le cahier des charges mis au point les mois pr c dents est respect car la forme de la vid o son rythme sont fermement tablis et n acceptent que les variations qui pousent leur mouvement Les l ves l origine de la r alisation approuvent sans probl me le r sultat final 17 LEs APPUIS Nous parlons fatalement avec les mots des autres Nous privil gions dans nos lectures ce qui nous aide donner forme notre vie L criture est une double digestion de nos lectures et de notre exp rience avec comm
456. th tique du documentaire ou de celle du film de famille Revenons un instant sur ces objets et l histoire de leur apparition Hiver 1995 la France est pied Un vent de protestation souffle sur le pays sous la forme d une vague de gr ves l universit et de la fonction publique notamment Fin novembre au milieu de cette agitation sociale les cheminots d laissent les voies de chemin de fer pour battre le pav se dressant contre le contrat de plan de la SNCF Tous ensemble les gr vistes s insurgent contre le plan de r forme de la S curit Sociale Le pays va alors conna tre une aventure qui marquera les consciences et s ach vera la mi d cembre Pendant trois semaines les manifestations rythment les rudes journ es d hiver en atteignant parfois deux millions de personnes comme le mardi 12 d cembre 1995 C est l poque de ce que l on appelle encore aujourd hui dans les couloirs des f d rations syndicales la grande gr ve Pendant ces luttes des cam ras ont tourn celles des gr vistes cheminots beaucoup celles des cin astes moins celles de la t l vision presque pas C est ainsi qu aux quatre coins de la France une production particuli re a vu le jour leurs petits films mal mont s sans commentaires et tourn s en vid o en tout plus d une dizaine de films issus de toute la France sont venus former un t moignage un peu diff rent sur un v nement n anmoins m diatis A la suite de ces initiativ
457. tion la vid o repr sente symboliquement une communaut qui vient l int rieur de la collectivit 137 Le commentaire de Sans Soleil a t int gralement publi dans la revue Trafic n 6 P O L diteur Paris prin temps 1993 pp 79 97 138 Pour cadrer en gros plan le visage d une femme assise le cin aste s est plac sa hauteur La position basse lui permet de jouer avec les passantes du march qui s interposent entre la jeune vendeuse et la cam ra Apr s un masquage il laisse quelques photogrammes du visage d couvert ensuite il coupe et raccorde cut avec le plan suivant qui commence par un autre masquage D o l effet de volets qui s entrouvrent sur le visage de la jeune femme assise le temps d un bref regard 139 Andrei Tarkovski Le temps scell ditions de l toile Cahiers du cin ma Paris 1989 p 111 140 Artavadz Pelechian Le montage contrepoint ou la th orie de la distance article publi dans Trafic n 2 P O L diteur Paris printemps 1992 pp 90 105 51 En dehors des portraits la r alisation montre uniquement la collectivit du coll ge Chacun peut y appara tre au milieu des autres incidemment au d tour d un plan Les portraits qui arrivent espac s suspendent momentan ment cette repr sentation Ce sont des images symboles dont on ne peut comprendre la signification qu partir du moment o elles apparaissent les unes avec les autres En dispersant le
458. tions Il est videmment li au pr c dent une proc dure de l gitimation quelle que soit sa forme ne dresse t elle pas un proc s en institutionnalisation ne constitue t elle pas une instance r institutionnalisante Qualifier des lieux des espaces si l on veut d alternatifs suppose qu ils offrent des alternatives Alternatives quoi sinon aux institutions Toutefois au sein de ces lieux l affranchissement institutionnel est il si explicitement revendiqu si clairement souhait ou encore si manifestement assum 3 Troisi me exercice une interrogation sur la mani re dont on peut entendre le terme r seau eu gard ces lieux alternatifs Avons nous affaire des r seaux avec le lot de connotations familialistes tribales localistes qui leur est habituellement associ ou bien sommes nous en pr sence de rhizomes au sens deleuzien donc de multiplicit s chaotiques celui ci laissant entendre d autres r sonances propos des points pr c demment abord s Car une logique du rhizome contradiction dans les termes ou de la carte induit une tout autre position que celle du calque du m me le r seau parle au r seau au sujet pineux de la l gitimation et plus largement au sujet des circonstances pendant lesquelles un effet esth tique va se jouer en tablissant ou non quelque chose comme du lien civil esth tique 4 Quatri me exercice et ce sera sans doute le pl
459. tique se fonde d sormais majoritairement sur le crit re du nouveau et que le beau appara t comme un crit re inactuel voire presque scandaleux le film de famille place la Beaut au centre de ses pr occupations Bien plus le film de famille s inscrit dans ce que R gis Debray d nomme le r gime des idoles On le voit cet objet ordinaire qu est le film de famille rel ve en fin de compte d une esth tique bien peu ordinaire 70 Jacques Aumont note propos du cin ma Il n arrive presque jamais qu on y d crive une exp rience de la beaut Aumont op cit p 86 T1 La r cente exposition d Avignon t 2000 consacr e la Beaut c tait son titre avait dans ce contexte valeur de provocation inviter un retour des questions pendant longtemps abandonn es 72 Regis Debray Vie et mort de l image Gallimard 1992 Folio 1994 28 BIBLIOGRAPHIE Allard L Une rencontre entre film de famille et film exp rimental le cin ma personnel in Le film de famille d cit p 113 126 Aumont J De l esth tique au pr sent De Boeck 1998 Ardenne P Beausse P Goumarre L Pratiques contemporaines L art comme exp rience Dis Voir 1991 Bourdieu P Les r gles de l art Gen se et structure du champ litt raire Seuil 1992 Brakhage S In defense of Amator Scrapbook Heller 1982 Caillois R L criture des pierres Skira 1970 repris in Champs Fammarion Caune J Pour un
460. tique telle que Hans Georg Gadamer la d crit L une des id es majeures de Gadamer est que l art se rattache au besoin fondamental chez l homme du jeu et de la f te Or voir un film de famille c est participer une sorte de f te et au jeu de la cr ation du texte familial Ce jeu a ses structures on s y rassemble en vertu d habitudes r gl es il y a tout un rituel du visionnement du film de famille installer l cran et le projecteur faire le noir dans la salle Une fois la projection lanc e le film impose son temps propre telle un organisme vivant il nous invite entrer dans son mouvement Le film de famille en tant que forme remplir exige une r ponse que chaque spectateur doit produire activement lui m me Encore faut il pour que l exp rience soit productive se pr ter au jeu vouloir contribuer la reconstitution du pass de la famille faute de quoi le film restera un objet mort c est alors qu on le trouve ennuyeux On peut parler ce titre d une v ritable exigence herm neutique du film de famille qui appelle une initiative communicationnelle Une performance communautaire s effectue alors qui unit les membres de la famille En m me temps le film de famille se pr sente comme un fragment qui porte en lui la promesse qu il est en lui m me cet autre fragment de notre vie Le film de famille nous travaille de l int rieur ce n est pas seulement le voil comme vous tes que le film de E
461. tuts alors que tous les gens qui sont ARC n y sont que par int r t conomique s il faut l preuve de force j irai jusqu au bout c est pour a qu ils me redoutent un peu Monsieur C n gocie tout pied pied Le Conseil R gional de son c t s accroche la version officielle qu il veut faire valoir largir clater qu il y ait une reconnaissance des potentialit s de chacun dans la r gion il affirme souhaiter la parit entre les deux associations demande la red finition d objectifs pr cis savoir n int grer dans le P le que certaines missions des deux associations il parle uniquement de cr ation fusion tout en garantissant toutefois l absence de licenciement du personnel Il veut que ce P le existe qu il y ait d bats et donc on ne veut pas se couper Le premier janvier 2001 le P le Image R gional a t en effet officiellement cr avec l ARC Y est galement pr sent un centre de photographie qui g re une galerie d exposition dans la capitale r gionale histoire de brouiller les cartes Monsieur C a accept la fusion de son association avec l ARC dans ce P le bien qu il en ait ce jour encore report l application concr te Le bras de fer se prolonge Son association au final y perd son autonomie Monsieur C prendra sa retraite amplement m rit e Seule grande gagnante la cin math que C ur m me
462. ue du mal fait elle r sulte du manque de savoir faire de ceux qui tournent ce genre de films c est ce manque que les innombrables revues les manuels les cours dans les clubs visent combler Ainsi d crit le film de famille appara t comme une r alisation intentionnelle avec une Forme non intentionnelle 39 R Odin Le film de famille dans l institution familiale in Le film de famille d cit p 27 41 40 Henri Focillon Vie des formes Quadrige Presses universitaires de France 1996 p 2 d orig 1943 41 Roger Caillois L criture des pierres Skira 1970 repris in Champs Fammarion 42 les pierres pr sentent quelque chose d videmment accompli sans toutefois qu il y entre ni invention ni talent ni industrie rien qui en ferait une uvre au sens humain du mot et encore moins une uvre d art R Caillois ouvrage cit p 6 19 Toute la question de la relation du film de famille l esth tique d coule de cette situation quelque peu paradoxale Peut on dans ces conditions parler d une esth tique du film de famille Pourtant si l on examine ce qui se passe dans d autres espaces de l histoire des arts on s aper oit que le manque de savoir faire n est pas toujours incompatible avec la reconnaissance esth tique il arrive m me qu il en soit un param tre d cisif Encore faut il examiner dans quelles conditions cela permettra peut tre de progresser dans la compr hension de la relation du film de
463. ui de l conomie solidaire Par exemple et puisque nous l avons encore l esprit reprenons le cas de l exposition ZAC 99 Eh bien il se trouve que l un des collectifs ind pendants le Syndicat potentiel a refus l invitation du MAM afin d chapper une institutionnalisation programm e Reste savoir si ce syndicat le terme m me interpelle en ce sens ne forme pas lui tout seul une institution En tous les cas son programme d cline loisir tant des propositions sociales celles ci l vidence inspir es de la plastique sociale mise en avant nagu re par J Beuys que des propositions conomiques Voici quelques extraits du tract distribu pendant le vernissage de ZAC 99 envisager l extension de la dimension artistique toute potentialit existentielle politique sociale inventant cr ant ou d couvrant des formes de vie le nombre d artistes croissant avec le temps cela peut constituer une alternative sociable durable et forte exc dant toute r int gration dans le march des biens et des services tre une zone d invention de nouvelles formes d changes et de nouveaux rapports sociaux soutenus par l conomie publique ou non Un des enjeux politiques de l activit artistique est June modification de la d finition de la richesse nationale Et caetera On le voit les attendus de ce Syndicat potentiel rapprochent explicitem
464. ui par ailleurs reste mat rialis et symbolise le lien 171 HR Jauss Pour une esth tique de la r ception Gallimard 1978 p 131 77 BIBLIOGRAPHIE Bourdieu P Un Art Moyen Les usages sociaux de la photographie Ed Minuit 1965 Caune J Esth tique de la communication Que sais je PUF 1997 Debray R gis Vie et mort de l image Gallimard Paris 1992 Giddens A Modernity and self identity Stanford University Presse Stanford 1991 Jauss HR Pour une esth tique de la r ception Gallimard 1978 Lamizet B La m diation culturelle L Harmattan Paris 1999 Maffesoli M Au creux des apparences Pour une thique de l esth tique Serceau D Le d sir de fictions Dis voir Paris 1987 Virilio Paul Esth tique de la disparition Galil e Paris 78 PASSAGES A l ESTHETIQUE II ESPACES CULTURELS ALTERNATIFS ET LIEN CIVIL ESTHETIQUE 1 Le cin ma gr viste naissance d une nouvelle esth tique Muriel Beltramo Universit Paris 3 soesssessseessocssoossoosssssessesssoessoossoossossesoesssesssosee p 80 2 Amateurs et lieux alternatifs Marc Ferniot Universit Toulouse le Mirail inerte initie AEEA p 100 3 Espaces de diffusion et enjeux spectatoriels Lise Gantheret Universit Paris 79 Muriel BELTRAMO Chercheur en Cin ma et Audiovisuel Universit Paris3 IRCAV Le cin ma gr viste naissance d une nouvelle esth tique A Lussas comme chaque ann e les spectateurs ave
465. uisement des mat riaux et du temps Leur d marche rejoint celle de certains artistes contemporains qui mettent en sc ne le moment de cr ation lui m me Le v ritable int r t est dans l action et non pas dans l image Le syst me de r p tition se situe dans le jeu d acteur et le jeu de r le est tr s pr sent dans la dynamique du groupe o tr s souvent un leader s impose Ce ph nom ne de r p tition se retrouvera autrement dans le montage final travers un choix restreint d images mises bout bout dans une d bauche d effets Cependant ces moments de r gression qui ressemblent des c r monies archa ques o l on lib re ses pulsions sans organiser le sens dans le plaisir du d foulement cr e une certaine distanciation par la pr sence m me du dispositif audiovisuel car au del d une d rision du simulacre t l visuel il permet aux adolescents de d passer l angoisse de leur propre regard et de celui des autres R guli rement amen s exprimer leur perception l aide de ces outils les 71 adolescents exp rimentent travers un jeu d images individuelles confondues dans celle du groupe une autre forme de communication institutionnelle le mod le t l visuel en le r int grant dans le cadre de l institution scolaire Exp riment en circuit ferm ce mod le permet aux l ves de changer de point de vue de passer successivement du r le d acteur celui de spectateur de fabricant ou d auteur Langa
466. un peu paradoxale puisque l incoh rence fait partie de sa d finition mais une forme qui n en est pas moins tonnement stable Malgr mon souci de diversifier les terrains d investigations je n ai pas trouv de diff rence ce niveau entre les films de famille que j ai pu voir chez des commer ants chez des membres de professions lib rales dans des familles de cadres moyens ou sup rieurs en milieu ouvrier etc Il y a simplement des endroits o on ne fait pas de film de famille ou tr s peu dans l espace rural chez ouvriers mais aussi chez les intellectuels et chez les protestants mais si on en fait on retombe sur la m me Forme Il y a toutefois une exception qui on va le voir n en est pas une elle confirme au contraire la pertinence de la forme rep r e Il existe en effet des productions faites dans les familles avec la m me th matique familiale mais qui manifestent une autre Forme que celle que je viens de d crire des films bien faits avec de la belle image une structure narrative compl te ils racontent une histoire un travail de montage coh rent souvent une sonorisation avec de la musique et un commentaire sur bande magn tique s par e enfin un titre et un mot fin Le probl me est que ces productions ne fonctionnent pas comme du film de famille Elles ne sont d ailleurs pas vraiment faites pour la famille Souvent elles visent les membres des clubs de cin ma amateur les clubs font pression sur les
467. une action culturelle Elle joue aussi sur la reproduction d un univers connu celui d un poste de t l vision par lequel un potentiel spectateur se fait parfois happer S ajoutent des conditions de passage non optimales parasit es par l activit de restauration ce qui explique la tendance g n rale des diffuseurs vouloir capter l attention par un style agressif et clipesque 231 Professeur en art plastique au lyc e venu assister aux projection de Vid o transat Caen 132 L horizon d attente du public est souvent limit La curiosit et le divertissement sont les principales motivations Aussi face une uvre les opinions varient de la compr hension progressive ou retard e du succ s au rejet Les clats de rire sont communicatifs et d passent les groupes initiaux d affinit Par contre les indignations ne sont jamais ouvertement manifest es Dans le cadre des caf s les personnes qui se trouvent l par hasard et refusent ce qui leur est propos perturbent les diffusions par des conversations ou des passages devant les crans ou partent Dans certains lieux des espaces de retraits permettent aux non int ress s d chapper ce qui ne leur correspond pas Parfois le brouhaha cr e une v ritable symbiose entre les spectateurs qui se trouvent plong s dans un univers qui favorise la parole et les rencontres Une autre mani re de capter l attention est de proposer au spectateur un mode de
468. une norme une doxa Au fil d une conversation publi e en 1974 entre P Gaudibert O Revault d Allonnes ef alii on pouvait lire de l int rieur partir des sp cialistes des praticiens on sent un d sir de ne pas tourner en rond dans cette micro soci t parisienne du public des galeries des collectionneurs etc de chercher un largissement du public et peut tre ce qui est le plus important de contr ler la communication artistique Il ne s agirait pas de la p tition moderniste type mythe de l art pour tous id ologie jdanovienne etc mais de l expression d un souci de communication afin d essayer de rompre avec une situation d individualisme concurrentiel assez exacerb e ibid Par del le clich il nous para t int ressant pour l enqu te de se pencher sur la p rennit d un tel souci de communication De par son importance actuelle pour les amateurs d un c t nonobstant les ph nom nes de concurrence pointe chaque jour davantage le souhait de f d rer les individualismes D un autre c t concernant les professionnels le souci de communication se confond avec la volont de ne pas s inscrire au sein d une sorte de patrimonialisation programm e d j jou e Ces lignes r centes de H P Jeudy pour nous en convaincre du moins La cr ation artistique semble de plus en plus patrimonialis e avant m me d exister Une telle finalit pr c de et conduit l acte
469. unes ma passion Tomb dans le cin ma comme Ob lix dans sa potion il est la m moire audiovisuelle de la r gion Personnalit pr gnante il est partout l image et le son c est lui On ne peut faire sans Son dynamisme ne lui est jamais contest mais il est d crit aussi comme quelqu un d incontournable autant que redoutable Il vaut mieux l avoir avec soi Il a mis en place tout ce qui se fait de cin ma dans la r gion et donc personne ne prendra la d cision de couper les ponts avec lui Monsieur C couvre tout le champ Il cumule les connaissances et le r seau de son corps d origine l Education Nationale lyc es rectorat etc le travail r alis avec bon nombre d acteurs du monde de l audiovisuel r gional un important cr dit aupr s des principales institutions r gionales sans compter pour finir que les lus de la r gion sont tous pass s un jour ou l autre dans ses mailles au lyc e o il a enseign Dans la r gion il finira par y avoir tous ceux qui ont t ses l ves ou qui ont travaill avec lui ET les autres Seul peut tre le grand public restera peu directement concern par le personnage L image mise mal Mais son omnipr sence suscite aussi lassitude et r actions Une grande tension existe entre autres depuis toujours entre lui et les diff rents responsables culturels du Conseil R gional Ces derniers tout en manifestant officiellement d
470. upr s de Christophe Postic ex membre de T v Troqu 228 I propose des connections internet payantes avec possibilit de formation pour les d butants Cet acc s restant rare Paris cela attire une forte proportion d trangers 229 Propos recueillis aupr s d Elodie Merle responsable de la programmation 230 Zoo Elle Tribeka Tecknik art Nova Don Quichotte Le Pariscope L officiel ainsi que les sites internet de sortie sur Paris 131 exp rimentaux ou des clips pour leur aspect accrocheur voire agressif Les documentaires sont vit s car ils n cessiteraient une concentration du public qui n est pas possible en raison de l activit de restauration qui vient parasiter l coute Malgr tout durant la projection les spectateurs parlent peu Les r alisateurs sont invit s mais aucun d bat n est organis L image est omnipr sente Aux crans d ordinateur situ s au premier tage s ajoutent des crans plats dispos s sur les murs des diff rentes salles du rez de chauss e qui retransmettent les manifestations film es par le biais d une petite cam ra num rique situ e dans la salle principale Le programme est pr sent par le responsable partenaire au d but de la soir e dont l annonce est film e et retransmise sur les crans La r gie son et vid o bien que discr te est apparente dans la salle de restauration Cette proximit rend plus la fois accessible aux clients la tec
471. ur ses vertus magiques comme l homme de l antiquit on peut ici citer R gis Debray quand il traite du f tiche primitif Quelle image venue du fond des ges ou aujourd hui du fond des tripes d un artiste n est pas un SOS Elle ne cherche pas enchanter l univers pour le plaisir mais s en lib rer O nous voyons caprice ou fantasme gratuit il y avait sans doute angoisse et supplique Cette manipulation d images procure une jouissance esth tique lib ratrice parce que communicationnelle Comme l homme du fond des temps mais galement comme l artiste l adolescent utilise l image comme signe moyen privil gi pour p n trer dans le champ symbolique La fascination pour la m tamorphose se d cline alors comme travail de l identit sous la forme de parodies sc niques ou manipulation technique de l image qui procurent une jouissance esth tique lib ratrice La fascination pour la mati re et la m tamorphose La fascination pour la mati re de l image vid o mais aussi des mat riaux utilis s peut se comprendre pour des coll giens qui ont choisi de participer un atelier dont le th me rel ve du travail des mati res et des formes Mais le travail de manipulation gagne presque l ensemble des l ments utilis s et se m le au travail des mod les Les photos coup es red coup es refilm es de loin de pr s les silhouettes dans une salle obscure sont aussi des formes de m tamorphose
472. urence Allard T l visions et amateurs de Vid ogag la t l vision de proximit in Le film de famille usage priv usage public M ridiens Klincksieck 1995 322Cette se trouve tre l origine de la derni re n e des cin math ques r gionales la Cin math que des Pays de Savoie Pierre Beccu qui a t le r alisateur de M moires du dauphin a proc d un inventoriage et une collecte de films pour son montage Ce fichier recensant films familles ayant droit est le c ur de la future cin math que des Pays de Savoie 180 On peut lire sur la jaquette de pr sentation des vid o de la collection M moires de France la note d intention suivante Pour la premi re fois en vid o les films authentiques de la vie quotidienne des fran ais de 1900 nos jours Dans chaque vid ocassette des archives in dites qui d crivent la vie d autrefois dans nos r gions Et d un num ro l autre de la Normandie la Bretagne les commentaires encha nent des clich s r gionaux sur des images interchangeables alternance des saisons travaux des champs mariages naissances Cette collection semble fabriquer de l identique r gional en lieu et place des m moires et identit s r gionales La vision de M moires de Normandie frappe plus peut tre que les autres num ros de cette collection par une volont explicite de traiter les films amateurss comme des films de cin ma et pas uniquement de man
473. urs portraits dans les s ries les l ves ont repris sans le savoir un geste symbolique de l antiquit grecque celui que faisaient les amis au moment de se s parer lorsqu ils se partageaient les morceaux d une poterie cass e et dont l assemblage deviendrait plus tard un signe de reconnaissance Dans les plans portraits les l ves s exposent comme singuliers l cart de la collectivit en m me temps ces plans s par s les uns des autres qui font sens seulement les uns avec les autres sont les signes d un tre en commun d une communaut interrompue et sans arr t venir dont la vid o se fait l cho Le montage distance fait surgir un tre singulier pluriel qui est au centre de l acte filmique 16 POUSSER PLUS LOIN Les l ves montent sans plan de montage mais d s les premiers essais se cr ent des noyaux qui les incitent compl ter des s ries Le plan de la sortie du coll ge fait par hasard suscite celui de l arriv e des cars qui donne son tour l id e de filmer le d part d un autobus etc Cette fa on d ajouter fond e sur une sc narisation am ne la r alisation de pseudo v nements La sc narisation est avant tout verbale elle s effectue au moment o les l ves choisissent les rushes et consid rent sur le mode conditionnel tout ce qu ils pourraient r aliser partir de ce qu ils retiennent C est dans ce contexte de discussion qu on d velop
474. us appropri concernant le lien civil esth tique la position l gard des amateurs Les espaces alternatifs vont ils entretenir cette vision n gative de l amateurisme d fendue par certains milieux professionnels et partag e par une partie de l opinion cultiv e dont parle J M Leveratto lequel poursuit Pour ces milieux professionnels le manque de professionnalit de l amateur constitue un danger pour l activit artistique car il donne une mauvaise image de cette activit De plus comme le pr cise Laurence Allard le d bat autour de l amateur est central pour notre quipe de recherche On le voit ces quatre exercices posent sinon la m me question du moins d clinent ils des interrogations solidaires circulaires et entrem l s quant l affranchissement par rapport l institution ou au fonctionnement la posture institutionnel le Aussi viterons nous de les reprendre de mani re syst matique et ordonn e au moment de relater nos r cits d enqu te Avant d aborder ceux ci des notes pr liminaires s imposent propos de l institutionnalisation justement ne serait ce qu afin de pr ciser nos objets d tudes sur le terrain Observations pr liminaires et premiers l ments d enqu te A fr quenter les espaces alternatifs de l art on ne peut qu tre sensible l mergence et la r currence de trois termes clefs le d calage la relation et le partage Le premier renvoie une attitude bien connu
475. us haut par Claire Givry rappelons que les cin math ques r gionales constituent une seconde g n ration institutionnelle bien diff rente des cin math ques historiques Elles se sont d velopp es sur un mod le territorial et non plus artistique Leur champ d action est d limit par un territoire g ographique renvoyant une identit culturelle locale Au plan politico juridique la gen se de cette seconde g n ration de cin math ques se trouve d ailleurs li e aux lois sur de d centralisation 1982 ces institutions sont subventionn es soit par les conseils r gionaux soit par les municipalit s Ainsi Saint Etienne depuis le d but de fa on unique en France un fonds sp cifiquement r gional a t initi par la Cin math que L identit ouvri re a accompagn et se trouve valoris e par l action de la Cin math que Le Cin journal st phano is est le tr sor de cette institution Compos de films tourn s entre 1926 1935 en 35mm par des op rateurs de la Cin math que sous une municipalit radical socialiste le Cin journal fait uvre de propagande film e en montrant les grandes manifestations de jeunesse la vie associative l arriv e du front populaire tout en en gommant le plus souvent les probl mes sociaux des ann es 30 A l origine de Cin journal on rencontre le fondateur de la Cin math que instituteur la que tournant lui m me d s 1922 la vie quotidienne de Saint
476. us la forme d une contribution la cr ation d un emploi permettent de cr er une structure permanente et d engager une premi re documentaliste dipl m e biblioth caire de formation charg e de sa gestion Celle ci ne restera pas chercher la grignoter En 1992 les services culturels du Conseil R gional se disent int ress s par cette cin math que ils trouvaient a tr s bien et d cident de la financer Le budget annuel qu ils lui allouent soit 400 000 francs permet de recruter Madame A qui avec une double licence d art plastique et d animation culturelle et sociale est consid r e comme une professionnelle de l archivage Seule salari e jusqu aujourd hui b n ficiant de deux techniciens mis disposition par l association de Monsieur C elle est charg e de la mise en place d une banque de donn es inventoriant tous les documents cin matographiques et audiovisuels actuels et anciens ayant pour cadre la r gion en 1999 sur plus de 3000 r f rences r gionales un tiers des films recens s sont des films amateurs Elle assure leur d p t leur conservation leur restauration leur diffusion et organise des projections publiques Mais le financement du fonctionnement de la cin math que par le Conseil R gional laisse entrevoir d j une ambigu t C est en fait une deuxi me man uvre Elle ne s affiche pas contre l association de Monsieur C m me si a l est en f
477. ussi Paris et Hendaye On peut enfin citer les t l visions qui h ritent parfois de films amateurs et les communiquent la Cin math que de Bretagne L effet t l vision projection premi re apparition Tous nos interlocuteurs s accordent pour valuer les projections comme moyen le plus efficace de collecte et d inventoriage Selon l expression de G rard Vial les projections r gionales repr sentent des s ances conviviales Comme nous l a racont Jean Claude Gu zennec elles permettent de sympathiser avec les amateurs Les dons de films se personnalisent cette occasion c est G rard Vial ou Agn s Delforge que les films seront confi s et non une institution aux responsables anonymes Comme l indique Jean S bastien Bild documentaliste l antenne de Rennes de la Cin math que de Betagne les diffusions dites de m moire locale jouent un double r le par la r activation de la m moire collective elles permettent le r ajustement de certaines donn es et d voilent de nouvelles pistes Ind niablement les missions de la t l vision constituent l autre moyen des plus efficaces de collecte de films Avec le d veloppement multiforme des missions de t l vision int grant des images amateurs propos es notamment par les chaines r gionales la diffusion t l visuelle est ainsi devenue une motivation de d p t Suite une s rie sur le patrimoine r gional en
478. utionnalisation de l enseignement du cin ma dans des classes sp cialis es au lyc e et des exp riences audiovisuelles dans les sections primaires et secondaires Des actions ind pendantes du milieu ducatif sont mises en place L une paradoxale concerne le petit cran qui assure lui m me son autocritique au travers d missions diverses Cela implique in vitablement qu elle soit partielle et partiale voire biais e car vici e par des strat gies m diatiques internes D autre part depuis les ann es 70 des mouvements associatifs pour la plupart ont entrepris des actions vari es en terme de production d animation et de diffusion audiovisuelle et cin matographique autant dans les villes que dans les campagnes Le poste de t l vision est alors revenu son statut premier de simple objet de diffusion coup de son cordon ombilical greff arbitrairement au syst me audiovisuel autrement appel le Paysage Audiovisuel Fran ais et internationalis avec l explosion des bouquets sur le c ble ou le satellite Ainsi ces mouvements souhaitent d tourner cette propagation du petit cran dans les foyers vers d autres espaces de diffusion avec des programmes originaux La politique de d centralisation ainsi que les diff rents plans gouvernementaux concernant les nouvelles technologies et r seaux c bl s a pu jouer en faveur des initiatives qui loin d tre sporadiques se multiplient et revendiquent la l gitimit de leur statut
479. uviens les l ves vont sortir du coll ge Non pas sortir de l cole mais sortir de l espace temps stratifi de l cole La r alisation engendre une zone d interactions o des continuit s se d veloppent qui transforme le cadre scolaire Graduellement et sans le faire expr s les coll giens ne vont plus se soumettre une r partition dans l espace ni au contr le de leur activit dans le temps Ils tournent 80 Le cahier des charges tabli par l crivain a t publi en fac simil Hans Hartje Bernard Magn Jacques Neefs La Vie mode d emploi cahier des charges coll Manuscrits CNRS Zulma Paris 1993 81 Anne Cauquelin L art du lieu commun coll La couleur des id es Le Seuil Paris 1999 p 112 82 Gilles Deleuze Foucault coll Critique ditions de Minuit Paris 1986 pp 55 75 83 Michel Foucault Surveiller et punir Gallimard Paris 1975 r d coll Tel n 225 pp 166 183 32 indiff remment l int rieur ou l ext rieur de l tablissement ils commencent leur vid o au coll ge et l ach vent au lyc e c est dire au point d aboutissement du proc s On ne pouvait pas pr voir leur cheminement Il tait impossible de conna tre l avance tous les zigzags et les retours en arri re qu ils ont d effectuer pour r aliser quelque chose qui leur a donn la force de d passer ce qu avait produit l atelier d criture C est ce
480. vail du groupe anim par F Pour F en effet les mod les servent moins provoquer un bouillonnement motionnel qu donner une filiation esth tique et un langage son d sir de s int grer socialement dans un espace de communication Cet essai d appropriation du style film noir et du rythme syncop propre la musique rap et au clip vid o peut tre clair par l analyse de Bernard Lamizet propos de la m diation culturelle En 159 Maffesoli M Au creux des apparences Pour une thique de l esth tique p 12 68 constituant un langage que je m approprie dans des pratiques esth tiques qui ne rel vent que de mon propre d sir la m diation culturelle me donne le langage dans lequel je suis en mesure d inscrire dans des formes d change de visibilit et de communication la sociabilit dont je suis porteur Les mod les du film de gangster et de l criture rap sont mobilis s pour attirer l attention du spectateur Cette d marche de construction de lien propre F rejoint la d marche de cr ation des rappeurs bas e sur des techniques d appropriation pratique des samples chantillons sonores et d imitation la culture du remake est tr s importante pour cette g n ration Le Scarface de Brian De Palma 1984 remake de celui de H Hawks est une r f rence cin matographique primordiale pour les rappeurs qui travaillent comme les l ves du coll ge de Vermelles par d compositio
481. velant la question des rapports entre arts et soci t s de leurs enjeux symboliques et sociaux Et parmi ces enjeux symboliques et sociaux appr hend s du point de vue de la r ception de la fonction pratique de l exp rience esth tique le th oricien de l cole de Constance a mis en avant une fonction communicationnelle Les diff rents apports de l Esth tique de la r ception ont inspir une g n ration de th oriciens de l esth tique nourrie galement des travaux sur l espace public et l agir communicationnel de J rgen Habermas tels Albrecht Wellmer Martin Seel ou Rainer Rochlitz Ces trois auteurs ont reconduit l intrication entre les dimensions d exp rience perceptive et d valuation critique au c ur de l Esth tique de la r ception qu ils voient concr tis e dans les communications esth tiques C est pourquoi ils ont constitu les discours esth tiques conversations ordinaires d bats critiques profanes en corpus paradigmatique d une esth tique communicationnelle que nous pouvons tr s rapidement pr senter travers les propositions suivantes Ainsi suivant Rainer Rochlitz aucune compr hension d une uvre ne peut faire l conomie m me d interpr tations qui attribuent des raisons d tre certains aspects de l uvre en question ni des jugements qui justifient le statut de ces raisons d tre dans une valuation critique Et suivant encore Martin Seel l
482. vid o pr sent es soient le plus souvent des uvres en voie de l gitimation au titre d art nous ne pensons pas sortir du cadre de l enqu te en mentionnant ce lieu cause de son caract re non mercantile d une part et surtout d autre part du fait de l int r t qu il suscite aupr s de la population locale habitants passants Lorsque par exemple l artiste n oconceptuelle tudiante de J L Wilmouth Seul Gi Lee diffusa ses vid o la majeure partie de son public fut constitu e d enfants du quartier qui ont carr ment pris l habitude de venir jouer dans la galerie Les parents s y rendent leur tour le plus souvent pour les r cup rer et des conversations avec les artistes se d clenchent Le lien civil esth tique qui ventuellement se produit alors sera videmment fonction du degr de sociabilit des vertus p dagogiques et de la capacit au dialogue de chaque artiste Certains accrochages de travaux ont ainsi d bouch sur de v ritables invitations faire dessiner filmer lesquelles ont t honor es en passant lacte par des habitants du quartier R cits d enqu te Hormis les l ments d enqu te parisiens que nous venons de signaler notre tude a principalement port sur deux terrains l un situ Caen Calvados l autre Toulouse Haute Garonne Avec les r cits qui vont suivre nous allons laisser davantage la parole aux acteurs des espaces alternatif
483. voir une proximit avec un cin ma du plan qui intercepte au pr sent la r alit sans la contrecarrer ces plans nous offrent la possibilit d explorer le monde du coll ge ils nous permettent de comprendre l ordinaire d une vie de coll gien 50 elle m a vu elle sait que je la vois elle m offre son regard mais juste l angle o il est encore possible de faire comme s il ne s adressait pas moi et pour finir le vrai regard tout droit qui a dur 1 25 de seconde le temps d une image Si le cin aste n avait pas mont la prise au plus juste l instant pr cis o le vrai regard se d couvre entre deux masquages celui ci ne nous p n trerait pas Cette fois la tenue est n cessaire pour r v ler le temps d une image l acuit du regard de la jeune femme Voil le probl me formul par Andrei Tarkovski Le rythme du film est fonction du caract re du temps qui passe l int rieur des plans C est ce flux du temps fix dans le plan que le r alisateur doit saisir l int rieur des morceaux pos s devant lui sur la table de montage Le montage n est pas une simple op ration o l on raccorde des plans c est le moment o il faut trouver le rythme du film qui fait ressortir l essentiel de ce que contiennent les rushes Tout erreur sur le rythme d un plan porte atteinte au rythme de l ensemble et contrarie notre compr hensio
484. xposition d veloppement d nouement Devant des fragments d cousus ils ont donn leurs films une structure de narration lin aire En voulant filmer d instinct leur r bellion ces cin astes ont n anmoins souscrit aux codes de la repr sentation cin matographique La contestation issue du r el n a pas d bord et transform les formes du r cit Malgr les figures que ces films empruntent ici et l d autres esth tiques cin matographiques ces dr les d objets n appartiennent donc pas part enti re un genre reconnaissable Leur narration mal faite les emp che d appartenir compl tement au champ du film documentaire de la m me mani re que leur cause indistincte et plurielle loigne ces productions du cin ma militant En poss dant un air de cin ma documentaire un air de cin ma militant et un air de film de famille sans toutefois appartenir compl tement un de ces genres nous pouvons qualifier ces r cits filmiques d une esth tique de la combinaison En 184 P Bourdieu La Photographie un Art Moyen Editions de Minuit 1965 p 49 1857 R Odin Le film de famille M ridiens Klincksieck 1995 p 32 186 Cin mas et R alit s Saint Etienne 1984 p 268 269 92 effet les figures stylistiques appartenant habituellement des genres divergents se c toient et forment un genre cin matographique en fusion Cette lecture bouscule les nonc s esth tiques habituels qui classent les o
485. xpression certes insatisfaisante mais qui au moins le m rite de renvoyer des espaces o les uvres d art sont reconnues comme telles et ceci nous loignerait des attendus de l appel d offres L exposition ZAC 99 Mus e d Art Moderne de la Ville de Paris octobre 1999 fut cet gard tr s instructive La logique de patrimonialisation s y exer a pleinement puisque la direction du mus e d cida d accueillir un ensemble de collectifs ind pendants d Acc s Local Toasting Agency en passant par Infozone et le Purple Institute cf communiqu de presse L institution mus ale prouva t elle le besoin de prendre son compte de chaperonner des modalit s de diffusion qui pourraient d sormais lui chapper Remarquons seulement que le commissariat de cette exposition a t assur par S Moisdon Trembley autre figure embl matique du nouveau commissaire qui a cr par ailleurs le BDV Bureau des Vid o soci t d dition et de distribution de vid o d artistes et qui travaille en partenariat avec l entreprise de M Karmitz MK2 Project Caf avec des institutions canoniques Fondation Cartier ou internationales Manifesta Comme le titre parfaitement le magazine Jalouse de f vrier 2000 S Moisdon Trembley nous propose L ART GRAND ECRAN et envisage ainsi son r le de commissaire tre un relais inventif et subjectif entre l artiste son travail et l institution qui l a
486. zart une cultureuse le responsable de Lapilli Films orient vers le social et Teka lui m me pour l aspect militant et la connaissance des squateux Teka tient le pr ciser il faut comprendre le terme r seau ici au sens de r seau ghetto celui des actions militantes dans la rue conduites par des gens non affili s pas du tout relay s par le politique et puis il s agit d un r seau qui ne contrarie pas l aspect rhizome ne serait ce que gr ce aux amateurs Teka aime citer le cas du boulanger qui faisait une vid o qui est venu participer aux d bats avec son travail et qui revient dans la mesure o son fournil lui en laisse la possibilit ou celui de ce prisonnier qui a tourn sur la prison Saint Michel La d marche de la M diath que s affirme clairement il est question de favoriser la diffusion de ce qui se diffuse mal Et concernant l expression alternative le mod le de r capitulation est le fanzine Il va de soi qu une telle approche voire une telle philosophie ne va pas exclure les r alisations amateurs mais au contraire les soutenir Teka aimerait ainsi inverser la part des amateurs dans les programmations vid o Donc l acception des crit res techniques il n y a jamais eu de rejet et voici pour ainsi dire la charte de la M diath que Le seul imp ratif commun fut de refuser toute exp

Equipe de recherche interuniversitaire sur le cinéma privé (Par

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