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In girum imus nocte et consumimur igni

1. 59 anarchisme de droite courant esth tico politique auxquels les accents pamphl taires enflamm s du m pris magnanime et de l insulte debordienne ram nent non sans quelques contradictions de fond Ainsi pour Fran ois Richard l anarchisme de droite se d finit par son refus de la d mocratie de ses principes et de son universalisme ce quoi Debord souscrit plus par son refus des principes de la d mocratie en ce qu elle est une forme bourgeoise qui n cessite la repr sentation politique que par son refus de l universalisme Par ailleurs l anarchisme de droite se caract rise par sa r volte comme devoir intellectuel moral politique et total mais sans passage l acte Debord tant par son engagement concret durant la Guerre d Alg rie qu en mai 68 fait du passage l acte l un des principes de coh rence de sa th orie pratique bien que ses actes m mes soient sujets historicisation amplification pour coller au principe de th orie pratique L anarchisme de droite se d finit encore par un Moi stirnerien au dessus de tout dont la libert est authentique et individuelle et qui est panoui dans la guerre et l criture en un mot irr cup rable Voil ce dont Debord se fait une gloire dans n girum par del les critiques fond s dont il a t l objet telle celle de membres de PIS qui l ont l aide de Stirner brocard lui et sa revue comme L Unique et sa
2. Dans La Distinction Pierre Bourdieu met en vidence les tenants de l esth tique pure laquelle r pond sur plusieurs points In girum ceci pr s que Debord ne place pas ses d nis sur le registre du go t mais de la conscience r volutionnaire C est d abord et on retrouve exactement les m mes mots dans la critique conservatrice de la culture de masse chez Ortega y Gasset et chez Debord la volont ostentatoire de montrer que le public se divise en deux castes antagonistes propos de l art moderne ceux qui le comprennent et ceux qui ne le comprennent pas Debord est tout aussi explicite mais il place sa compr hension du monde comme pr alable la compr hension de son film Aucun film n est plus difficile que son poque Par exemple il y a des gens qui comprennent et d autres qui ne comprennent pas que lorsque l on a offert aux Fran ais selon une tr s vieille recette du pouvoir un nouveau minist re appel Minist re de la Qualit de la Vie c tait tout simplement comme disait Machiavel afin qu ils conservassent au moins le nom de ce qu ils avaient perdu Il y a des gens qui comprennent et d autres qui ne comprennent pas que la lutte des classes au Portugal a t d abord et principalement domin e par l affrontement direct entre les ouvriers r volutionnaires organis s en assembl es autonomes et la bureaucratie stalinienne enrichie de g n raux en d route Ceux qui
3. CENSOR op cit pp 149 151 qui deviennent des spectateurs du premier rang chez Debord OCC 195 206 2 29 num ros sont publi s de 1954 1957 r dit s int gralement en 1985 simultan ment aux ditions G rard Lebovici et Allia et en poche depuis 1996 chez Folio Gallimard Guy Debord pr sente Potlatch 1954 1957 18 Internationale la critique situationniste n est pas de son seul fait l Internationale Situationniste ayant vu passer 70 membres en ses rangs Mais puisqu il en proclama par crit la dissolution il est possible dans cette tude de parler de pratique ou de critique situationniste sans avoir justifier le rapport de Debord ces derni res il y a non pas quation mais adh sion En cas contraire mention en sera faite Peut tre plus encore que Sartre c est Henri Lefebvre qui influence alors les situationnistes par sa critique de la vie quotidienne exportant l ali nation au dehors du seul cadre conomique consid r par le marxisme l instar de d veloppements critiques du groupe d anciens trotskistes Socialisme ou Barbarie que Debord fr quente Se souvenant de Lautr amont qui d clarait Le plagiat est n cessaire le progr s l implique L Internationale Situationniste rev t d un manteau politico esth tique ce qu elle puise la fois dans les pratiques de ses pr d cesseurs artistiques de Lautr amont Dada les surr alistes jusqu aux lettristes et
4. Perry Anderson pr cise que l extr me difficult de langage qui caract rise une grande partie des productions du marxisme occidental au XX si cle ne fut jamais contr l e par la force du rapport direct ou actif avec une audience prol tarienne Au contraire cette complexit verbale tr s sup rieure au minimum n cessaire fut le signe de son divorce de toute pratique populaire C est l le grand paradoxe de Debord qui malgr ou gr ce sa langue quasi imp n trable veut r unir le s par et se fondre dans l action Les mao stes s y essayent galement ils font preuve d un aristocratisme hi rarchique dans leur groupuscule UJCml selon la compr hension th orique des textes ardus du ca man Louis Althusser mais pr nent en m me temps l tablissement dans les usines qui a pour but de court circuiter le r le de parti et finissent par adopter une langue tr s compr hensible et souvent tr s populiste dans leur organes de presse Mais il faut rendre justice l Internationale Situationniste qui sut se montrer davantage plurielle que Debord et lui reconna tre le souhait de se lier aux masses en tant qu avant garde Car s il est vrai qu en g n ral la r duction de l espace des travaux th oriques l alternative troite de l ob issance institutionnelle ou de l isolement individuel entrava toute possibilit de rapport dynamique entre le mat rialisme historique et le combat r volutionnaire et
5. son image ne rien produire et ici surtout pas d image Une note de Debord post rieure au film confirme d ailleurs son d sir de voir en Jn girum imus nocte et consumimur igni une uvre sui generis autot lique d construire l infini cette note qui fait r f rence ce titre de fin A reprendre depuis le d but dans la version critique du sc nario explique que s opposant aux traditionnelles marques de conclusion Fin ou A suivre la phrase doit tre comprise tous les sens du verbe reprendre Elle veut dire tout d abord que le film dont le titre tait un palindrome e t gagn tre revu l instant pour atteindre plus pleinement son effet d sesp rant c est quand on a connu la fin que l on peut savoir comment il fallait comprendre le d but Elle veut dire aussi qu il faudra recommencer tant l action voqu e que les commentaires ce propos Elle veut dire enfin qu il faudra tout reconsid rer depuis le d but corriger bl mer peut tre pour arriver un jour des r sultats 1 D rive Mode de comportement exp rimental li aux conditions de la soci t urbaine technique du passage h tif travers des ambiances vari es Se dit aussi plus particuli rement pour d signer la dur e d un exercice continu de cette exp rience IS 1 13 Ce sont de longues promenades en villes dont le hasard est le seul guide 150 Debord fait publier en 1990 u
6. 108 force de photos et d autoportraits de Rembrandt Autour d n girum des strat gies discursives semblables sont pr sentes portant ce m me deuil de Mourir 30 ans de Romain Goupil au livre de R gis Debray sur l assassinat de Pierre Goldmann Et c est finalement l la partie la plus critiquable du point de vue d velopp par ce film par son imbitable nostalgie sa d ceptivit son sot risme son esth tique sadienne son loge de l chec il conduit un certain cynisme n girum op re cette transposition du constat et de la repr sentation de l chec politique l chec r volutionner la soci t vers l chec esth tique moins dramatique en somme qui a l avantage d encrer l oeuvre et son auteur dans l Histoire de l art du XX si cle Disons que c est la fois une transposition et un d veloppement parall le qui finit par se rejoindre aussi paradoxal que cela puisse tre L esth tique voudrait y recouvrir le politique Alors que beaucoup en 1981 ont d j baiss les bras de la contestation sociale qu elle soit militante th orique ou artistique etc pour les relever dans la soci t de communication Jn girum baisse les bras de l utopie 109 FILMOGRAPHIE et BIBLIOGRAPHIE FILMOGRAPHIE DE GUY DEBORD Debord a r alis sign le sc nario et parl en voix off sur tous ses films qui sont galement tous en noir et blanc Vx Voix I Image Mo
7. 1992 127 pages TURK Edward Baron Les Enfants du Paradis Marcel Carn et l ge d or du cin ma fran ais Paris L Harmattan collection Champs Visuels 2002 traduit de l am ricain par N Burch Emissions Radio et t l vision Soir e Guy Debord lundi 9 janvier 1995 22h10 sur la cha ne crypt e et payante CANAL avec la diffusion des films La Soci t du Spectacle R futations de tous les jugements tant logieux qu hostiles qui ont t jusqu ici port s sur le film La Soci t du Spectacle et Guy Debord son art et son temps rediffusion de La Soci t du Spectacle suivie de R futations le jeudi 12 janvier 8h55 et le samedi 14 janvier 5h10 Guy Debord et les situationnistes mission de Jacob Rogozinski Radio Libre R sistance et pens e France Culture samedi 10 juin 2000 15h00 Guy Debord une trange guerre documentaire de Philippe Sollers et Emmanuel Descombes crit en collaboration avec Jacques Forgeas s rie de Bernard Rapp Un si cle d crivains FRANCE 3 jeudi 19 octobre 2000 0h05 117 Table des ILLUSTRATIONS page 9 Ne travaillez jamais DEBORD Guy Pan gvyrique H Paris Arth me Fayard 1997 p 16 page 15 D finition du spectaculaire concentr IS 10 44 page 16 D finition du spectaculaire diffus IS 10 45 page 33 Couverture du livre r dit par Champ Libre DEMONET Michel GEFFROY Annie GOUAZE Jean LAFON
8. La lucidit et sa face d ombre Paris Gallimard collection Arcades 1986 p 27 97 cette m me s quence de d tournement de La charge de la brigade l g re il rappelle qu il faut prendre des risques et payer comptant pour voir la suite et pr cise dans la version comment e du sc nario d n girum La phrase voque la fois le jeu de poker o parfois il faut payer pour voir et la comparaison de Clausewitz lorsqu il d signe dans le commerce de la guerre le moment de la bataille comme tant celui o cesse le cr dit et o l on doit payer comptant avec du sang InG 46 Le deuil de la notion th ologique de prol tariat pour Debord passe par cette exacerbation de la perte cet loge froid de l chec qu il int gre son constat critique du monde quitte le pr senter comme r sultant d un sacrifice n cessaire 98 B Du romantisme au narcissisme Le deuil comme le note Freud dans son c l bre article Deuil et m lancolie est r guli rement la r action la perte d une personne aim e ou d une abstraction mise sa place la patrie la libert un id al etc Tout au long d n girum tant dans sa premi re que dans sa deuxi me partie se manifestent les sympt mes d un tel processus psychique sous trois occurrences la destruction de Paris le passage de quelques personnes travers une assez courte unit de temps 1952 53 et enfin la disparition
9. in The power of the city the city of power New York Whitney Museum of American Art 1992 pp 25 55 McDONOUGH Thomas Situationnist Space in October 67 Winter 1994 pp 59 77 et sa contribution au catalogue d ANDREOTTI Libero et COSTA Xavier diteurs Situacionistas arte pol tica urbanismo Museu d Art Contemporani de Barcelona ACTAR Barcelona 1996 La deriva y el Paris Situacionista pp 54 66 et enfin la section A passion for maps de SADLER Simon The situationnist city Cambridge Mass Londres MIT Press 1999 pp 82 91 11 HASTINGS KINGS Stephen L nternationale Situationniste Socialisme ou Barbarie and the Crisis of the Marxist Imaginary SubStance A review of theory and literary criticism University of Winsconsin Press 90 1999 p 49 16 FREY Th o et Edith GARNAULT Jean et HOLL Herbert L Unique et sa propri t pour une critique de l avant gardisme suivi de Documents relatifs l clatement de l Internationale Situationniste Strasbourg Hagueneau 1967 Ce texte l g rement remani a t publi dans Alternative Libertaire n 174 mai 1995 Pour une r ponse de mauvaise foi cf IS 11 67 69 58 non prol taires soient ces salari s du premier rang identifi s par quivalence au mieux la publicit aux pire de la viande De toute fa on ne vivent ils pas d j dans la fausse conscience D ici ce que cette viande n ait pas d
10. sur lequel s vissaient diverses mouvances post situationnistes offrait des discussions th oriques tournant principalement autour du d passement des th ories critiques l gu es par les situationnistes et Guy Debord Ses visiteurs r guliers taient des ex g tes avertis Lorsqu un texte th orique est post la discussion et la r futation se fait sous le mode de l insulte Voici ce que les concepteurs du forum proposent dans une r actualisation de leur texte programmatique Nos buts et nos m thodes sur l Internet III Insulte Un deuxi me mode d expression le premier tant la proposition de th mes de d bats et l apport de textes th oriques ndla a en effet t l insulte L insulte a plusieurs fonctions dans notre discours La plus importante est de d limiter notre fronti re de signaler la ligne de partage sur laquelle nous positionnons la barricade Les situationnistes avaient bien montr qu il est plus urgent de se d marquer des gens qui vous ressemblent que des gens qui ne vous ressemblant pas ne risquent pas d tre confondus avec vous Et en effet nous n avons jamais encore utilis l insulte comme arme offensive nous n avons jamais insult bille en t te ce sont toujours ceux qui nous ont eux m mes insult s par le verbe ou l attitude qui ont eu subir nos injures que nous avons toujours trouv es prudentes ou m rit es Nous sommes trop attentifs aux cons quences de l insult
11. ues 10 11 mai 1981 Le Canard Encha n In girum imus nocte et consumimur igni 13 mai 1981 La Semaine de Charlie MANCHETTE Jean Patrick Cin ma illusion d optique 14 mai 1981 Cin matographe SCHMITTZE Alain In girum imus nocte et consumimur igni de Guy Debord juin 1981 Lib ration HAZERA H l ne In girum imus nocte et consumimur igni Le dernier film de Guy Debord est diffus cette nuit sur canal 68 3 juin 1981 Les Nouvelles Litt raires GUEGAN G rard Ni droite ni gauche 4 juin 1981 Le Quotidien de Paris PELTIER Martin In girum imus nocte et caetera 5 juin 1981 T l rama ROGARD Vincent In girum imus nocte et consumimur igni Pour gogos en qu te de gourou 13 juin 1981 Les Cahiers du Cin ma BONITZER Pascal Graal Flibuste juillet 1981 Cin ma 81 PA NI Dominique In girum imus nocte et consumimur igni juillet 1981 La Quinzaine Litt raire SEGUIN Louis Venise Whisper Not et le palindrome Guy 113 Debord In girum imus nocte et consumimur igni 1 juillet 1981 L Express P Th In girum imus nocte et consumimur igni 3 juillet 1981 Art press JAUFFRET R gis Guy Debord Jn girum imus nocte et consumimur igni juillet ao t 1981 Feuille Foudre VERDY Nicolas In girum imus nocte et consumimur igni Guy Debord automne 1981 Jeune Cin ma LOGETTE Lucien Tentative de r
12. Institution l Acad mie en effet c est perdre son statut d avant garde puisque le classique est une valeur canonis e une valeur mod le L un des moyens d y chapper est cette agressivit qui proclame sa n gativit contre la r p tition l innovation tous prix et l illisibilit qui tient la fois le plus grand nombre et le Classicisme l cart un temps seulement En partant de La Sarrasine de Balzac Barthes tablit que tout texte classique est lisible c est dire qu il peut tre lu mais non crit un texte crit scriptible ou encore illisible lib re le lecteur de son r le de consommateur pour celui de producteur de texte il le sauve de cette oisivet dans laquelle le lisible avec son s rieux qui n en est pas un le confine 164 ADORNO Theodor Th orie Esth tique Paris Klincksieck collection Esth tique 1995 16 BARTHES Roland S Z in uvres compl tes tome II Paris Seuil 1995 166 Un temps seulement en effet Jusqu au d but des ann es 80 Alain Robbe Grillet faisait de chacun de ses nouveaux romans de ses nouveaux films dans une course contre les interpr tations critiques que pouvaient en faire Jean Ricardou une r ponse au pr c dent un commentaire lui permettant la fois de redistancier son lectorat et le canon et de construire son uvre qui gagnait en coh rence tre pr sent e ainsi Mais avec La Reprise publi e en 2001 Les di
13. Internationale Situationniste les entretiens avec Mich le Bernstein dans l mission radio de France Culture Les Nuits Magn tiques L Internationale Situationniste en mai 1996 ainsi que celui de Henri Lefebvre ROSS Kristin Lefebvre on the Situationists An Interview in October n 79 hiver 1997 pp 69 84 et ceux avec Jacqueline de Jong Jacqueline de Jong eine Frau in der Situationistischen Internationale in SCHRAGE Dieter d Situationistische Internationale 1957 1972 Vienne Triton Museum Moderner Kunst Stiftung Ludwig Wien 1998 pp 68 71 et le livre de J U P Situationistinnen und andere Berlin b books 2001 travail dramaturgique partir d une interview de Jacqueline de Jong sur ces questions 20 des catalogues d expositions ayant pour cons quence d hagiographier le tout et pour une partie de se concentrer sur la premi re p riode de l IS et de ses productions artistiques Mais il n existe que peu de travaux historiques et critiques sur les uvres de Guy Debord apr s 1975 si ce n est quelques articles pars et de discrets ouvrages Pourtant depuis la parution du premier tome de Pan gyrique en 1989 les articles sur les uvres litt raires de Guy Debord pullulent Ainsi par l entremise de Philippe Sollers qui en premi re page du Monde des Livres l ve Debord au rang d crivain classique et de moraliste une focalisation sur les uvres crites
14. Manifeste des 121 122 FREY et al L Unique et sa propri t op cit 123 GUERIN Daniel L anarchisme De la doctrine la pratique suivi de Anarchisme et marxisme nouvelle dition revue et augment e Paris Gallimard 1981 p 12 13 L anarchisme soci taire a ses racines chez Proudhon et Bakounine qui lui donnent sa d finition collectiviste Il peut tre oppos l anarchisme individualiste de Stirner 60 insult s dans la revue publi avec l assentiment voire l imprimatur de Debord marque bien ce go t pour l expression de la haine et du m pris et comme le pr cise l index ce sont principalement des intellectuels qui en sont la cible De m me dans le film R futations Debord s en prend nomm ment Castoriadis et Lyotard ramasse miettes la tra ne dans n girum ce sont les Nouveaux Philosophes qui sont d clar s tar s et les penseurs d levages dont toutes les id es sont vides Il existe une tradition de l insulte et de l anti intellectualisme que l on retrouve chez les anarchistes de droite mais galement dans les publications populistes d extr me gauche La Cause du Peuple puis dans une certaine ultragauche post situationniste Effectivement une d finition progressiste de l insulte pour les post situationnistes est esquiss e chez les anciens de La Biblioth que des Emeutes pass s sur Internet Le forum de l Observatoire de T l ologie
15. Montage D Documentaliste Mu Musique P Producteur Hurlements en faveur de Sade 1952 1h20mn Vx Gil J Wolman voix 1 Guy Debord voix 2 Serge Berna voix 3 Barbara Rosenthal voix 4 Jean Isidore Isou voix 5 P Les films Lettristes Premi re projection interrompue le 30 juin 1952 au Cin club d Avant Garde du Mus e de Homme Projections int grales au Cin club du Quartier Latin le 13 octobre 1952 et au ICA de Londres en 1957 et 1960 puis la r trospective Debord la Mostra de Venise en 2001 Sur le passage de quelques personnes travers une assez courte unit de temps 1959 18 mn Vx Jean Harnois voix 1 Guy Debord voix 2 Claude Brabant voix 3 I Andr Mrugalski Mo Chantal Delattre D Ghislain de Marbaix Mu Haendel Delalande P Dansk Fransk Experimentalfilmskompagni Les films exp rimentaux franco danois soci t danoise cr e cet effet par Asger Jorn et ruin e par la production de ce film et de Critique de la s paration Tourn en avril 1959 Paris montage achev en septembre Projet au Studio Cujas du 26 10 1983 au 17 4 1984 Critique de la s paration 1961 19 mn Vx Carole Rittener Guy Debord I Andr Mrugalski Mo Chantal Delattre Mu Fran ois Couperin Bodin de Boismortier P Dansk Fransk Experimentalfilmskompagni Interpr te Carole Rittener Tourn en septembre octobre 1960 Paris et mont en janvier f vrier 1961 Projet pour
16. dissidence l o toute subversion sert le syst me et la r action des initiatives marginales voient le jour Ainsi le Mouvement de 77 auquel viennent participer Gilles Deleuze et F lix Guattari l exp rience de Radio Alice et les Indiens m tropolitains sont des moments largement inspir s des pratiques situationnistes Il faut noter la diff rence qui semble pourtant s op rer ces mouvements n envisagent plus d objectifs ayant trait une totalit le renversement d une soci t mais agencent plut t des micro objectifs C est la r volution mol culaire chant e par les nouvelles caryatides de la pens e critique Emergence des th ories postmodernistes C est dans cet apr s 68 v cu comme un contrecoup o le politique est sale qu apparaissent en France les th ories philosophiques du postmodernisme Si celui ci est d j diffus aux Etats Unis depuis les ann es soixante au niveau architectural et artistique il est convenu de voir en La Condition postmoderne 1979 la synth se socio philosophique des checs de la modernit dans une perspective euphorique d un chaos d un relativisme d une fin de l histoire et des id ologies La deuxi me moiti des ann es soixante dix pr sente en effet tous les sympt mes d un rejet du politique propice l gitimer le relativisme cynique et l individualisme triomphant D j l individualisme tait pour Tocqueville un
17. elle permet le transfert d un mod le jusqu alors valoris et valorisant le r volutionnaire un nouveau mod le non moins ennoblissant le dissident Cette nuance ce d placement des fonctions de l intellectuel est r v latrice dans une vague d anticommunisme violent du mouvement plus g n ral de reflux des clercs se traduisant dans la sph re m diatique par l abjuration du mao sme la vogue de la th matique antitotalitaire l antimarxisme institutionnalis l clat de la Nouvelle Philosophie et l engouement pour l humanitaire la conversion am ricaine avec la perception dissidente du multiculturalisme et de l art postmoderne 7 LEFORT Claude Un homme en trop R flexions sur L Archipel du Goulag Paris Seuil collection Combats 1976 Fran ois FURET dans de nombreux articles du Nouvel Observateur d s juillet 1974 COLLETTI Lucio Le d clin du marxisme Paris P U F 1980 HOURMANT op cit p 157 70 Voir ce titre le virement de la revue des avant gardes Tel Quel et son triple num ro de l automne 1977 intitul Etats Unis n 71 73 et celui de l t 1978 consacr pour l essentiel la dissidence n 76 Voir galement le premier num ro de la nouvelle s rie du mensuel de l avant garde Art press consacr aux courants contestataires en art aux Etats Unis n 1 novembre 1976 40 D G rer le chaos Survivre Lorsqu ta
18. est dire chappant la critique debordienne qui statue en 1978 que les images existantes ne prouvent que les mensonges existants Le spectateur est galement priv d anecdotes puisque Debord raconte l Histoire travers des collages et des ellipses dont la compr hension est tr s cod e Enfin le spectateur est priv faute de pouvoir la comprendre d une organisation signifiante et compr hensible du tout Avec son film Sur le passage 1959 Debord s est appuy sur cette d marche esth tique pour le caract re frustratoire mais galement pour la dynamique interne du film en deux parties et son autor flexivit proclam e Une lettre de Debord au situationniste Frankin t moigne de la similarit structurelle des films de 1959 et 78 l clairage qu elle offre des m canismes de frustration mis en place dans n girum nous conduit en citer un long extrait Tu as tr s bien vu la diff rence de correspondance du commentaire l image entre les premi re et deuxi me parties du Passage Ces phrases d tourn es sont m l es tout le film mais la majorit est dans la premi re partie Mon sch ma tait le suivant le film commence comme un documentaire ordinaire techniquement moyen Il va doucement vers le peu clair le d cevant qui pourrait tout d abord tre une manifestation de pr tention id ologique sur un sujet clair car le texte appara t de plus en plus inad quat et empha
19. existence d un prol tariat v ritable aux c t s duquel il se tenait prol tariat dont il souhaitait qu il constitu t le digne public de ses films sur les images d ouvri res du textile manifestant Lisbonne pendant la R volution des llets il d clarait Un critique d plore en outre qu un esprit de ma qualit se contente d un cin ma de ghetto que les foules auront peu l occasion de voir L argument ne me convaincra pas je pr f re rester dans l ombre avec ces foules plut t que de consentir les haranguer dans l clairage artificiel que manipulent leurs hypnotiseurs OCC 178 Mais en trois ann es le ton et les croyances ont chang et cette foule ne re oit plus les honneurs de Debord le m pris qu elle m rite avec lequel il attaquait l Union de la Gauche s est tendu aux employ s prol taris s du secteur tertiaire qu il refuse d tiqueter prol tariat dans une d monstration grossi re Il annonce en effet sur les images d un tal de charcuteries affubl es du Label Rouge Je ne tomberai pas dans l erreur simplificatrice d identifier enti rement la condition de ces salari s du premier rang des formes ant rieures d oppression socio conomique Cette identification de masses salari es de la viande de charcuterie nous y reviendrons rel gue les notions de respect et d humanisme ne serait ce que minimales aux oubliettes de l Hist
20. intellectuels D autres facteurs plus li s l histoire intellectuelle interviennent galement dans cette d saffection C est ainsi que corrolairement le d clin du PCF joue un r le pas plus n gligeable que celui de la mutation du prol tariat dans la crise profonde que traversent les gauchistes En effet paradoxalement la perte de cr dibilit de leur adversaire historique le parti officiel du prol tariat dont beaucoup sont issus avant de se retourner contre lui ou contre lequel ils se sont directement lev s laisse les gauchistes et l extr me gauche face une absence d stabilisatrice En effet l impulsion gauchiste et d extr me gauche na t historiquement hormis les courants anarchistes et anarcho syndicalistes en r action aux trahisons des classes prol taires par les partis communistes On peut d finir le gauchisme ainsi la suite de Richard Gombin comme tant une fraction du mouvement r volutionnaire qui offre ou veut offrir une alternative radicale au marxisme l ninisme en tant que th orie du mouvement ouvrier et de son volution p 18 l extr me gauche tant la fraction qui veut pousser le marxisme l ninisme jusqu son extr me en le gardant comme vulgate Que portugaises furent redistribu es et contr l es par ces mouvements autonomes de formes anarcho conseillistes se multiplient ainsi que les formes d autogestion Des commissions de travailleurs prennent
21. lectriques Debord et le cin ma Lignes num ro sp cial Guy Debord n 31 mai 1997 Paris Editions Hazan pp 155 160 paru initialement sous le titre Un cin ma sans spectacle dans Le Monde du 03 d cembre 1994 GHEZZI Enrico Debord 2001 n tempo n spazio Potlatch dove deriva il cinema in GHEZZI Enrico et TURIGLIATTO Roberto commissaires Guy Debord contro il cinema la Biennale di Venezia Milan Editrice Il Castoro 2001 132 136 GRZELCZYK Johan L autobiographie debordienne une exp rience salvatrice Tausend Augen n 19 avril 2000 pp 66 73 JOUSSE Thierry Guy Debord strat gie de la disparition Cahiers du Cin ma n 487 janvier 1995 pp 41 43 JOUSSE Thierry Guy Debord un cin ma du temps perdu Le magazine litt raire n 339 juin 2001 LEVIN Thomas Y Dismantling the Spectacle The Cinema of Guy Debord in SUSSMAN Elisabeth d On the Passage of a Few People Through a Rather Brief Moment in Time The Situationist International 1957 1972 Cambridge Mass MIT Press ICA 1989 pp 72 123 PERRONNO David In Girum imus nocte et consumimur igni 1978 Tausend Augen n 19 avril 2000 pp 84 86 RAUGER Jean Fran ois Au film de la pens e Les Inrockuptibles n 119 du 24 au 30 septembre 1997 p 32 SOLLERS Philippe Debord au cin ma in Eloge de l infini Paris Gallimard 2001 pp 555 557 Autres articles
22. les probl mes le conflit id ologique actuel entre les deux pays ne serait jamais devenu public k IS 10 44 16 L autre incitant les salari s op rer librement leur choix entre une grande vari t de marchandises nouvelles qui s affrontaient avait repr sent l am ricanisation du monde INTERNATIONALE SITUATIONNISTE PA as 7 f T E ONPOQUI FN LE SPECTACULAIRE DIFFUS Le capitalisme parvenu au stade de l abondance des marchandises disperse ses repr sentations du bonheur et donc de la r ussite hi rarchique en une infinit d objets et gadgets exprimant r ellement et illusoirement autant d appartenances des stratifications de la soci t consomma trice et tous ces objets sont d mod s et renouvel s selon les n cessit s de l coulement d une production en expansion Le spectacle des objets multiples qui sont vendre invite tenir des r les multiplas parce qu il vise obliger chacun se reconna tre se r aliser dans la consomma tion effective de cette production r pandue partout N tant que r ponse une d finition spec taculaire des besoins une telle consommation demeure elle m me essentiellement spectaculaire an tant qu elle est pseudo usage elle n a de r le effectif qu en tant qu change conomique n cessaire au syst me Ainsi la n cessit r elle n est pas vue et ce qui est vu n a presque pas de r alit L objet est d abord montr pour qu
23. me Et Debord dans n girum en guise de programme d action de d clarer nous avons entrepris de d sesp rer ceux qui se consid raient comme les humains Le m pris l insulte et la tentation de l anarchisme de droite Oh pl be plus mal cr e que tout le reste Dante cit par CENSOR Pourtant la virulence de son m pris pour le peuple ne peut s expliquer uniquement par ce qu il croit tre un changement qualitatif des masses leur perte de conscience qu il a 117 admis depuis 1975 avec Sanguinetti et qu il d noncera plus largement en 1988 comme l effet du spectaculaire int gr Com Et la publication en 2000 d une belle anthologie sur Part de l insulte peut nous mettre sur la piste Debord y figure en bonne place car il a fait de l insulte un de ses modes de communication pr f r Qu il s y retrouve aux c t s des dada stes et des surr alistes ne doit pas nous abuser l insulte n est en rien l exclusivit des avant gardes r volutionnaires ou tr s li s un projet communisant ainsi lorsqu il parle de cette pl be des vanit s toujours enthousiaste et toujours d ue sans go t parce qu elle n a eu de rien une exp rience heureuse et qui ne reconna t rien de ses exp riences malheureuses parce qu elle est sans go t et sans courage par del la racine dialecticienne la verve debordienne sonne plus comme du L on Bloy haineux et misanthrope q
24. pp 59 61 et BETTELHEIM Bruno Survivre Paris Robert Laffont collection R ponses 1979 7 Malgr les d tes golden eighties l int r t sans solution de continuit pour ce titre de Diana Ross on l entendait encore sur un stade de football de Rotterdam lors de la victoire fran aise du championnat d Europe en 2000 tendrait confirmer la p rennit de cette id ologie 7 HAMON et ROTMAN op cit tome II les chapitres 14 15 et 16 7 ADORNO Theodor W et HORKHEIMER Max La dialectique de la raison Paris Gallimard Tel 1974 41 Terrorisme et flou institutionnalis en Italie Je suis fort calomni en Italie o l on s est plu me faire une r putation de terroriste Debord In girum Ces r pugnantes ann es soixante dix Debord les passe entre la France et Florence la fois dans un quartier un peu ruin de la vieille ville l Oltrano et dans les monts alentours du Chianti Pieve l instar d un certain Nicolas Machiavel Avec son ami Sanguinetti qui poss de d ailleurs une biblioth que enti rement d di e Machiavel ils ourdissent quelques coups l encontre d un Etat fallacieux s ducteur et captieux La presse g n raliste les accuse d tre moralement responsables par leur promotion du teppisme de l incendie du si ge du PSDI Parti Sociale D mocrate Italien Milan le 18 avril 1975 la suite d une manifestation antifasciste Durant cette p
25. vers l affrontement avec le grand Mal quitte le jouer soi m me pour qu ils soit un tantinet la hauteur CENSOR Un film r alis apr s cela un film qui arrive dix ann es apr s l assaut contre la soci t de 1968 Quelles strat gies discursives peuvent tre adopt es par un film de 1978 Un film qui simple repr sentation ne montre pas mais commente cette r alit par ces strat gies son point de vue Un film dont le r alisateur se veut lucide sur l tat du monde et les chances du mouvement qui mettra terre ce syst me Jn girum est ce film que nous avons choisi pour objet d tude parce qu il nous apparaissait comme tr s lucide mais tout aussi probl matique Un film alliant une critique impitoyable de la soci t mais sans piti non plus pour l homme qui l habite sans utopie non plus Un film suivant ce cycle du r volutionnaire qui d bouche sur la crise du militantisme comme l crivent alors des auteurs anonymes de la revue La Banquise sur la base d un rejet instinctif de la soci t tablie on passe d une r volte existentielle une activit organis e en vue d une r volution travers une s rie de ruptures de plus en plus gauche On fait la critique de tout de toutes les formes d existence et d intervention prol tarienne de tout le pass r volutionnaire ou pseudo r volutionnaire glorifi et d form jusqu atteindre le point limite o la critique de tout englo
26. c est parce que j attaque syst matiquement les hommes de la gauche unie Voil pr cis ment les vocables exag r s dont ce cr tin a plein la bouche Quelle union quelle gauche quels hommes OCC 174 Puis Debord d finit ce que repr sente pour lui cette Union de la Gauche en l inscrivant dans une suite historique de trahisons pass es ou sur le feu de la gauche au pouvoir en d clarant sur le m me r gime d images rushes d actualit s de Mario Soares en tourn e Ce n est bien notoirement que l union des staliniens avec d autres ennemis du prol tariat Chacun des partenaires connaissant bien l autre ils trichent maladroitement entre eux et s en accusent grand cris chaque semaine mais ils esp rent pouvoir encore tricher fructueusement en commun contre toutes les initiatives r volutionnaires des travailleurs pour maintenir comme ils en conviennent eux m mes l essentiel du capitalisme s ils n arrivent pas en sauver tous les d tails Ce sont les m mes qui r priment au Portugal comme nagu re Budapest les gr ves contre r volutionnaires des ouvriers les m mes qui aspirent se faire compromettre historiquement en Italie les m mes qui s appelaient le gouvernement du Front Populaire quand ils brisaient les gr ves de 1936 et la r volution espagnole OCC 174 176 r volutionnaire Rep 17 Ses id es conseillistes bien ant rieures mai 68 datent de la
27. cole historique est tr s francocentriste en ce qu elle carte tout ce qu ont pu apporter les membres exclus et en faisant de l Internationale Situationniste bas e Paris autour du noyau fran ais la seule d positaire des id es et pratiques situationnistes alors que les nombreuses expulsions ont fini par se transformer de facto en scission avec la Seconde Internationale Situationniste regroupant la majorit des artistes expuls s de la premi re lors de son raidissement politique de 61 64 L autre marque de cette cole est son all geance infaillible Guy Debord en faisant de lui le penseur et l auteur de tous les textes de Potlatch Internationale Situationniste au d triment des autres membres dont les plus mal servis seraient non sans surprise tant donn e la misogynie du groupe la premi re pouse de Guy Debord Mich le Bernstein et Jacqueline de Jong Les tudes apparues dans la derni re d cennie ont apport de nombreux l ments sur la p riode lettriste et situationniste tant du point de vue esth tique que politique Les crits sont pour la plupart des commandes ou des textes retravaill s pour des publications dans 2 DUMONTIER Pascal Les situationnistes et mai 68 Th orie et pratique de la r volution 1966 1972 Paris G rard Lebovici 1990 cf BLISSET Luther Guy Debord morto davvero Feltre Crash edizioni 1995 30 cf les t moignages de deux femmes actives dans l
28. du Spectacle Cette description se fait par les yeux de son personnage xanax Victor Ward Celui ci par la survalorisation de son corps par son ali nation extatique au diktats arbitraires des modes et par sa crise d identit pr sent e sous les traits d une plasticit d lirante porte de nombreuses tares de ce que Debord nommerait un spectateur avanc et pourrait tre assimil l incarnation d un postmodernisme chevel Mais ce sur quoi on ne doit pas s tonner est bien la grande minutie avec laquelle il d crit des sc nes de tortures et d visc rations L auteur que Tout Paris attendait nous 138 DELEUZE Pr sentation de Sacher Masoch op cit p 17 1 DELEUZE ibid 14 ELLIS Bret Easton Glamorama Paris 10 18 2000 Traduit de l am ricain La r f rence la page 304 correspond l dition originale que j ai lu Vintage Books New York 1999 141 Glamorama se pr sente comme une gigantesque et horripilante partie de name dropping qu il s agisse des stars ou des marques de v tements REROLLE Rapha lle Le Monde 24 03 00 14 Cf le chapitre Subjects de EAGLETON Terry The illusions of postmodernism Oxford Blackwell Publishers 1996 pp 69 92 68 informe Le Monde est l un des plus gros raffuts litt raires de la d cennie gr ce American Psycho roman carnage dont le h ros soumettait ses victimes des s vices p
29. e que porte son nom propos duquel on veut finir de persuader les masses qu il les trompe ce sujet on crira donc P C F et ce jusqu aux Cahiers du Cin ma afin de bien montrer que le vrai est un moment du faux SdS 9 Et Debord dans n girum sur une photo du comit central du PCF d y m ler sa voix celui qui croit que les bureaucrates staliniens constituent le parti du prol tariat verra l de belles t tes d ouvriers Les images existantes ne prouvent que des mensonges existants Dans sa th se sur la figure de l intellectuel dans l apr s Mai 68 Fran ois Hourmant montre bien comment progressivement au travers d une s rie de th mes qu elle installe dans les d bats et les m dia l intelligentsia progressiste remet radicalement en question apr s l onde de choc des mois de mai et juin 1968 les certitudes sur lesquelles s tait b ti son engagement apr s la Seconde Guerre Mondiale mod le sur lequel elle fonctionne encore celui du Sartre de Qu est ce que la litt rature Debord on le verra finit par suivre la mutation commune une grande partie de l intelligentsia fran aise de gauche m me si la lisibilit en semble r duite dans Jn girum du fait que l actualit internationale n y est pas abord e In girum pr sente n anmoins Debord comme le mod le du dissident int rieur Ils affirment leur refus en bloc des conditions existantes La compr hension de ce mond
30. est pas un grand bourgeois mais un situationniste Si l intention tait de montrer quels taient les froids calculs de la DC les fins politiques de ces bains de sang et d noncer le futur compromis historique c est r ussi bien que le public dans sa majorit n en soit pas sorti boulevers tant le projet de compromisso storico tait d j semi officiel L op ration Censor travers son succ s relatif laisse appara tre un primat du style sur les retomb es long terme de cette action expliquer l chec de la guerre sociale qu aurait t le mai rampant par la simple pr sence du PCI est aussi peu s rieux que de tout attribuer l absence du parti Car en effet ce point de vue anti communiste ne cherche absolument pas savoir pourquoi les ouvriers continuent suivre le PCI voter pour lui L auteur du livre c est son projet affich mais galement son r sultat se soucie plus de r fl chir pour la bourgeoisie qui il donne de bons conseils pour son auto pr servation que pour le prol tariat qu il pr tend mettre au devant de la r volution sociale On peut y voir l attrait mal dissimul qu exerce le r le de t te pensante du pouvoir un strat ge faisant montre de ses capacit s un mercenaire qui recherche un employeur digne de lui quelque soit le parti 82 SANGUINETTI Gianfranco Censor Rapporto veridico sulle ultime opportunita di salvare il capitalismo in Italia Mila
31. exp rience de la perte et caract ristique en cela de l optique romantique pour qui dans le r el moderne quelque chose de pr cieux a t perdu la fois au niveau de l individu et de l humanit Par ailleurs cette nostalgie de Paris n est que parce que Debord y a v cu des moments de vie intense moments qu il a circonscrit dans une p riode juin 1952 septembre 1953 et sur laquelle apr s lui avoir consacr ses M moires 1958 il revient dans son court m trage intitul Sur le passage de quelques personnes travers une assez courte unit de temps 1959 En citant dans n girum un moment le Pan gyrique Bernard de Clairvaux de Bossuet Bernard Bernard disait il cette verte jeunesse ne durera pas toujours il met en place tout une structure prompte mythifier une poque ge perdu par ses incessantes vocations de la sensation de l coulement du temps contre l ternel pr sent de la soci t spectaculaire D tournant un autre moment H raclite Il y avait alors sur la rive gauche du fleuve on ne peut pas descendre deux fois dans le m me fleuve ni toucher deux fois une substance p rissable dans le m me tat un quartier o le n gatif tenait sa cour sur l image de la Seine Ainsi si la nostalgie romantique par laquelle s exprime Debord dans n girum lui permet de cibler les affres de la modernit industrielle spectaculaire et urbanistique elle lui offre s
32. implacable balzacienne d un cin aste qui cherche dominer le monde en l enfermant dans le cadre de ses constructions mentales Ce panorama d ouverture est en fait une mise en ab me minutieuse un mod le miniature du contenu des Enfants du Paradis A la mani re d un narrateur tout puissant qui parle la troisi me personne la cam ra mobile de Carn attire notre attention sur huit figures successives six dans le montage d In girum ndla un danseur de corde J richo des voitures cheval un halt rophile un singe sur des chasses un man ge Ces six images peuvent se comprendre comme des m taphores des th mes majeurs du film respectivement l aventure le mal la fatalit le pouvoir la vanit humaine la qu te ternelle L impact initial de ces images rapides est de l ordre du pittoresque mais au fur et mesure que le film avance ces figures charg es de sens se transforment en fils narratifs 185 TURK Edward Baron Les Enfants du Paradis Marcel Carn et l ge d or du cin ma fran ais Paris 89 La sc ne int gr e dans n girum permet pareillement la mise en place d un narrateur omniscient qui contr lera totalement le monde d limit qu il voque Saint Germain des Pr s principalement et ces six figures m taphores des th mes majeurs de la deuxi me partie du film de Debord En voix off Debord y voque un Paris magnifique mais disparu qui comm
33. importance propre c est dire 26 Mais digne de son statut d avant garde qui doit pr server une certaine puret afin de rester la pointe de ses id es exclusions et d missions forc es permirent PIS de ne jamais compter plus de dix sept membres Ce fut l imm diat apr s 68 qui fournit ce taux record de dix sept membres avec la participation de situationnistes aux groupe Enrag s Mouvement du 22 mars la diffusion de leurs mots d ordres en graffiti sur les murs et de l aura qui entourait le groupe alors Commen a ensuite la phase de d graissage jusqu l autodissolution en 1972 cosign e par deux des trois derniers membres Debord et l italien Gianfranco Sanguinetti Le troisi me le danois Jeppesen Victor Martin est r guli rement oubli de l histoire de PIS au point que l on omet souvent de pr ciser qu il en est encore membre lors de la dissolution 7 La n gation de la conception bourgeoise du g nie et de l art ayant largement fait son temps les moustaches de la Joconde ne pr sentent aucun caract re plus int ressant que la premi re version de cette peinture Il faut maintenant suivre ce processus jusqu la n gation de la n gation in Mode d emploi du d tournement article de Guy Debord et Gil J Wolman sous les pseudonymes d Andr Breton et Louis Aragon paru dans Les l vres nues n 8 mai 1956 p 2 19 appartenant la culture de masse pour en faire na tre un sen
34. leur surplus de fausse conscience et leur participation double ou triple l achat des pacotilles d solantes qui recouvrent la presque totalit du march on voit bien qu ils ne font que partager la triste vie de la grande masse des salari s d aujourd hui c est d ailleurs dans l intention na ve de faire perdre de vue cette enrageante trivialit que beaucoup assurent qu ils se sentent g n s de vivre parmi les d lices alors que le d nuement accable des peuples lointains On pourrait nous objecter qu n girum est truff de longues s quences avec des r giments entiers de cavalerie et de lanciers extraites de La Charge Fantastique de La charge de la brigade l g re et des Trois Lanciers du Bengale que ces soldats font preuve d une extr me et remarquable pugnacit appliquant les strat gies d un esprit vif et lucide Certes mais ces hommes en mouvement ne sont en rien une all gorie quelconque des salari s du premier rang Ils repr sentent l Internationale Situationniste Ces extraits n apparaissant effectivement que lorsque Debord en citant ou d tournant des strat ges militaires tels Jomini Clausewitz ou Sun Tzu voque les activit s du groupe particuli rement lors de mai 1968 Loin de s tendre tous les manifestants du Quartier Latin dont il ne parle pas c est exclusivement aux membres de PIS qu est d di e cette image vigoureuse La Charge de la Brigade L g re veut repr
35. mensonges existants Le primat du visible et le r gne de l apparence SdS 12 17 sont consubstantiels celui du spectacle qu il a th oris Le spectacle est le capital un tel degr d accumulation qu il devient image SdS 34 Le spectacle r gne du faux ne peut donc que mettre au devant la vision et les images ne peuvent tre que mensonges images publicitaires A l instar d un Godard Debord met en place des identifications r ductrices On l a vu plus haut lorsqu il r duit les salari s du premier rang la publicit la r duction joue ici pour la culture de masse et pour les femmes La culture populaire est explicitement f minine chez Debord et les situationnistes ainsi que l attestent les photos de femmes nues cens es incarn es le monde d grad de la publicit dans les pages de l IS ou dans le film La soci t du Spectacle Les sch mes antiques relev s par Michelle Coquillat sur la mythologie de l artiste cr ateur et surtout de l crivain semblent bien trouver une incarnation probante avec In girum o l abstraction pure est du domaine de l homme du r volutionnaire Sans d velopper ce large champ il suffit ici de comprendre que Debord pose sa lucidit comme garant de la valeur de ses jugements et notamment sur la culture de masse Ils savent tr s pertinemment mais ne doivent pas dire que la culture de masse ment ou se trompe sur tout ce qui peut se rapprocher d
36. notoirement ne sont pas alors dans la n cessit entendue comme tat de constant manque et de mis re aigu qui s auto d signent survivants savoir les superstars du rock et les artistes qui apprennent survivre dans le march Politiquement las de combattre le capitalisme pour trouver la vie qui se cacherait par del sa chute ceux qui croient encore un autre syst me mais qui sont persuad s de l immuabilit du capitalisme en sont r duits y survivre puisque la vie ils l ont assez r p t est ailleurs Pour tous ceux qui furent les ennemis d clar s du syst me abandonner l organisation qui concr tisait la lutte c est se retrouver face soi au centre du syst me survivre dans le syst me capitaliste Pour certains c est le passage par la psychanalyse pour d autres la drogue le mysticisme voire la m taphysique ou le suicide Guy Debord apr s qu Adorno et Horkheimer aient relev l mergence de cette id ologie de l autoconservation n en reste pas l Ayant fustig l id e de survie dans sa traduction fran aise du pamphlet de Censor le titre de survivant est de fait inad quat trop commun et trop consensuel pour tre partag Il affirme avec Jn girum tre le seul vivant dans ce qu il nommera plus tard ces r pugnantes ann es soixante dix Pan 52 7 MARCUS Greil Lipstick Traces une histoire secr te du vingti me si cle Paris Editions Allia 1998
37. publie en 1971 Les habits neufs du pr sident Mao pr fac par l ex situationniste Ren Vienet L engouement ne dure pas et en 1977 les derniers maos m diatiques Tel Quel l chent l utopie orientaliste car apr s ce qui en vient tre nomm le moment Solj nitsyne le culte d un syst me philosophique et politique contenant l id e de totalit est devenu intenable En effet la parution en 1974 du t moignage d Alexandre Solj nitsyne L Archipel du Goulag d lient les cracheurs de haine qui se r veillent enfin en France Le Goulag devient la m taphore de tout univers concentrationnaire et dresse donc un parall le avec les camps d exterminations nazis Hannah Arendt est lue et relue et selon ce que Vincent Descombes nomme l anti h g lianisme bien fran ais tout soup on d id e de totalit finit t t ou tard par conduire au totalitarisme d sormais contenu dans toute th orie politique d mancipation Une campagne m diatique sans pr c dent place la th matique antitotalitaire au centre de tout ce qui se dit et s crit Soljenitsyne est salu comme un grand crivain et de Claude Lefort ancien de Socialisme ou Barbarie Fran ois Furet 6l Le best seller en est incontestablement De la Chine de la journaliste de l Unita Maria Antonietta Macciocchi Paris Seuil collection Combats 1971 Fond e fin 1968 sur la d funte structure de l UJCml qui regroupait les pro chi
38. une partie de Kriegspiel ce jeu de soci t strat gique qu il a cr partir des th ories de Clausewitz et qui restera confidentiel jusqu en 1987 et donc auquel toute allusion est incompr hensible d clare pourtant On m avait parfois reproch mais tort je crois de faire des films difficiles je vais finir par en faire un A qui se f che de ne pas comprendre toutes les allusions ou qui m me s avoue incapable de distinguer nettement mes intentions je r pondrai seulement qu il doit se d soler de son inculture et de sa st rilit et non de mes fa ons il a perdu son temps l Universit o se revendent la sauvette des petits stocks de connaissances ab m es On m avait parfois reproch mais to difficiles je vais finir par en faire un Les images du Kriegspiel d In girum rt je crois de faire des films Les films difficiles dont il parle ici sont vraisemblablement d Hurlements en faveur de Sade que l absence d image et le collage de textes non narratifs rendent effectivement illisible et La Soci t du Spectacle 1973 Ce film fait figure d exception dans la filmographie de Debord puisque c est une tentative de filmer la th orie r actualisant ainsi 155 En 1975 Ren Vi net sculpte pour Debord les pi ces de bois du Kriegspiel composant les deux arm es adverses s affrontant avec un certain nombre de r giments d infanterie de cavalerie d artillerie
39. 128 77 le constat commun de la mort de l art Pour le philosophe de l Ecole de Francfort qui a du fuir le r gime nazi le Total est non vrai D fiance que l on retrouve chez le Debord d apr s 1975 pour qui la seule chose totale qui soit est le spectacle qui est mensonge et falsification soit le r gne du s par donc du non identique du non vrai SdsS 9 TI choue donc l avant garde de d voiler ce r gne du non vrai Ce faisant Debord avec n girum S inscrit dans la d finition d Adorno et de Peter B rger de l avant garde en donnant voir des uvres du fragment qui d voilent cette s paration In girum fonctionne sur cette double dynamique adornienne la fois centrip te le titre en palindrome et centrifuge la critique sociale portrait de sa propre impossibilit Debord y annonce que du r sultat de ses r flexions son public ne saura rien quoi succ de quelques minutes d cran blanc t moignage confirmant la dissonance comme v rit de l harmonie Thomas Y Levin aborde succinctement ce dernier point dans son article p 90 Il y rappelle que le d sir de continuit narrative et d intelligibilit g n rale est aliment par une conscience refoul e de l absence d une telle continuit et intelligibilit dans le monde dans notre vie Debord en retour justifie le refus d une telle transparence par exemple que la bande son soit s mantiquement redondante afin de
40. Debord a fait entre temps son deuil du prol tariat comme agent r volutionnaire et si ses deux films pr c dents voulaient s adresser au prol tariat tout en s adressant aux tudiants qui formaient le seul public assez cultiv pour le comprendre son film de 1978 prend acte de ses d clarations et rejettent de mani re gale tous ceux qui ne comprennent pas son film Coup de tout mouvement politique organisation groupuscule ou collectif Debord n a plus alors qu se convaincre lui m me non pas de faire la r volution mais qu il est bien r volutionnaire Mime tique de l incoh rence et correction les justifications th orico esth tiques de l sot risme Perry Anderson rappelle propos du marxisme occidental et pr cis ment de sa m thode d analyse que le principal champ d application de cette m thode fut l esth tique L IS en tant qu avant garde est un exemple parfait de ce d veloppement Apr s le politique ou en approfondissement du politique on parvient donc un deuxi me niveau analytique de cet sot risme celui des th ories esth tiques D une mim tique de l incoh rence la correction les justifications th orico esth tique de l sot risme d n girum ne s int ressent pas au processus de distinction et au m pris de la culture de masse corollaire qui les fondent pourtant Tant Thomas Y Levin qu Anselm Jappe suivent la piste de l auto ex g s
41. Gen ve lors de la 6 Semaine Internationale de la Vid o Saint Gervais en novembre 1995 et au cin ma Nova de Bruxelles le 2 mai 1999 l occasion du festival Verbindingn Jonctions 3 Lors du Salon du Livre de Francfort en octobre 2000 et Berlin lors du festival de performances reich amp ber hmt 2001 Roberto Ohrt a organis des projections de la copie pirate VHS d n girum avec un doublage simultan en allemand Enfin apr s que Philippe Sollers en ait int gr quelques extraits son documentaire Guy Debord une trange guerre diffus le 19 octobre 2000 sur FRANCE 3 Jacques Le Glou pour Mercure films a n goci avec les ayants droit 2 Les films projet s sont Sur le passage de quelques personnes travers une assez courte unit de temps 1959 La Soci t du Spectacle 1973 R futations de tous les jugements tant logieux qu hostiles qui ont t jusqu ici port s sur le film La Soci t du Spectacle 1975 et In girum imus nocte et consumimur igni 1978 La projection perte des films de Debord au cin ma Cujas co te chaque semaine un million et demi de centimes G rard Lebovici crit Pierre Prier dans Le Journal du Dimanche du 11 mars 1984 Jacques Derogy glosant sur l assassinat de Lebovici dit de ce dernier dans L Express du 16 mars 1984 que pris des causes maudites il se paie le luxe d offrir une salle de cin ma un auteur extravagant devenu son gourou pour
42. Gilles L re du vide Essai sur l individualisme contemporain Paris Gallimard 1983 p 144 cit in FERRY op cit p 106 cf LASCH Christopher La Culture du Narcissisme Castelnau le Lez Climats 2000 collection Sisyphe JAPPE Guy Debord op cit pp 189 192 PLANT op cit 7 Jaime Semprun alors ami de Debord et tr s proche de ses id es a dress une critique acerbe de quelques uns de ces apostats tels Andr Glucksman et Jean Fran ois Lyotard SEMPRUN Jaime Pr cis de r cup ration illustr de nombreux exemples tir s de l histoire r cente Paris Champ Libre 1976 Je n ai lu qu une traduction allemande de trois chapitres de ce livre SEMPRUN Jaime Rive Gauche Ein Pamphlet gegen die Meisterschw tzer Berlin Edition Nautilus Flugschrift 1979 47 si les cheminements intellectuels sont diff rents Debord partage une formation et des influences avec des penseurs de la postmodernit Lyotard et Baudrillard notamment Ce dernier raconte ainsi Avec les situationnistes avec Socialisme ou Barbarie avec Jean Fran ois Lyotard ou Roland Barthes je ne sais pas si on allait toujours dans la m me direction mais en tout cas cela cr ait un champ une caisse de r sonance de la r alit Il n y avait peut tre pas de r sultante tout ne convergeait pas n cessairement mais toutes ces id es se d ployaient et c est cela qui tait bien Lor
43. Via Valeriano 1998 p 187 39 on s accorde dire partir de ce livre que le sovi tisme contenait depuis longtemps si ce n est toujours les germes du totalitarisme Mais avec ce moment Solj nitsyne c est surtout l mergence d une nouvelle g n ration d intellectuels les Nouveaux Philosophes qui se positionne au devant de la sc ne d une nouvelle sc ne qui se met en place avec la t l vision et les magazines culturels Ils pr nent la dissidence contre l engagement Et ce nouveau moule de l antih ros qu est le dissident et dont Soljenytsine est le parangon se r pand tr s vite Lucio Coletti montre toutefois que l Italie elle ne suit pas ce moment Soljenitsyne L quilibre des forces de gauche ne s y est pas encore renvers et pour trouver un cho de cet th matique politiquement correct il faut aller la Biennale de Venise inexpugnable bastion gauchiste dont l dition de 1977 est consacr e la dissidence culturelle de l Esf Andr Glucksmann et Corn lius Castoriadis autre ancien de Socialisme ou Barbarie participent cette rencontre Une contre biennale est organis e parall lement par le quotidien X manifesto la m me ann e sur le th me Pouvoir et opposition dans les soci t s post r volutionnaires Fran ois Hourmant note que l identification la dissidence offre la possibilit d effectuer un moindre co t un travail de deuil
44. abordant Guy Debord et l Internationale Situationniste BECHT James De Guy Debord Jean Baudrillard D tournements de Marx Lignes n 34 mai 1998 Editions Hazan pp 138 155 Collectif Le roman de nos origines La Banquise No 2 printemps 1983 OHRT Roberto W re ich nicht Alexander w re ich gern Diogenes DURCH 3 4 Graz 1987 pp 27 48 SMITH Peter On the passage of a Few People Situationists Nostalgia The Oxford Art Journal 1191 Vol 14 No 1 pp 118 125 SULEIMAN Susan Rubin Les avant gardes et la r p tition l Internationale Situationniste et Tel Quel face au surr alisme Les Cahiers de l LHT P n 20 mars 1992 pp 197 205 Contexte Ouvrages et articles sur l histoire politique et intellectuelle ANDERSON Perry Sur le marxisme occidental Paris FM Petite collection maspero traduit de l anglais par D Letellier et S Ni metz 1977 167 pages BOUVERESSE Jacques Rationalit et Cynisme Paris Editions de Minuit collection Critique 1984 pages CABORET D DUMONTIER Pascal GARRONE P LABARRIERE R Contre l E D N Contribution une critique du situationnisme Paris brochure auto dit e 2001 46 pages EAGLETON Terry The illusions of postmodernism Oxford Blackwell Publishers 1996 147 pages 115 FERRY Luc et RENAUT Alain La pens e 68 Essai sur l anti humanisme contemporain Paris Folio Gallimard collecti
45. aux travers des faisceaux v nementiels structurants l univers d extr me gauche et intellectuel seront pass s en revue certains aspects de la crise qui secoue alors particuli rement le monde occidental tout d abord sous ses aspects conomiques et sociaux puis politiques La transformation du prol tariat sa repr sentation et le r le qui lui est attribu par diverses ob diences politiques et intellectuelles soient trait es au deuxi me chapitre lequel tudiera plus sp cifiquement comment ces mutations travaillent le film et comment le film les travaille son tour La R volution des illets en tant qu chec r volutionnaire dont quelques aspects sont f t s par Debord dans un court m trage est mis en exergue pour pr senter le revirement id ologique anticommuniste puis anti marxiste des clercs chec r volutionnaire qui hantera les mouvements de contestation espagnol et polonais de 1978 1981 Enfin autour des rencontres intellectuelles de Debord nous introduirons les grandes lignes des id ologies postmodernistes qui apparaissent en France et dont le terreau est la fois cet ensemble de d sillusions et pour Debord particuli rement le climat politique et id ologique de l Italie A Le film Guy Debord crit dans le courant de l ann e 1977 une grande partie du sc nario d n girum son deuxi me long m trage 105 min produit par son ami diteur et m c ne G rard Lebovici par l interm diaire d
46. avant garde finira lui aussi par se poser des questions de fond sur l avant garde qu il per oit en situation de crise On peut y voir le haut modernisme postuler et jouir de l impossibilit d une avant garde si ce n est sous sa perp tuation historicis e M canique de la frustration un cin ma d ceptif Une s quence noire de vingt quatre minutes d roulait devant la rage des friands de belles audaces son apoth ose d cevante Guy Debord Contre le Cin ma Les ann es 1952 1953 o Debord d barque Paris et s initie aux charmes de la capitale sont d s 1958 mati res souvenirs et mythographie avec la publication ultra restreinte de ses M moires qui ne s tendent en trois chapitres que sur une ann e et demi Juin 1952 Septembre 1953 et D cembre 1953 Ce mois de juin 1952 rev t une importance particuli re pour Debord et pour notre travail puisqu il y r alise et projette Hurlements en faveur de Sade et ses s quences de noir complet dont la derni re durait vingt quatre minutes Apr s en avoir publi un sc nario avec des images Debord r alise son Hurlements en faveur de Sade sans images au titre inchang et aux dialogues quelques peu modifi s Et parmi ses deux court m trages suivants 1959 et 1961 l un devra attendre le programme Debord du cin ma Cujas en 1983 1984 pour sortir sur les crans tandis que l autre sortira sur les crans de mani
47. by its testing in public Levin admits that screenings have been rare especially outside France Whatever defence is mounted it is clear that these films for Levin exist as auratic objects and Debord their auraticised progenitor Hence the mythologisation of Debord by Levin and others has a significant bearing up upon the reception of his work Il s agit de Thomas LEVIN article op cit 48 Parmi les s quences d tourn es de Orph e la majorit se d roulent au Caf des po tes o Jean Louis Brau et quelques autres lettristes connus de Jean Cocteau sont pr sents comme figurant 28 socio conomique psychologique et atrabilaire de l ali nation et des conditions de vie toujours en pleine d r liction du spectateur moderne en phase contemplative dont le st r otype est le salari du premier rang travaillant dans le quartier de La D fense le discours doctrinal de Debord accuse le cin ma de tromper l ennui quotidien du spectateur par la repr sentation de mod les de vie aussi ennuyeuses La derni re issue tout cela explique t il dans la deuxi me partie est de faire enfin du bon cin ma avec un sujet important Guy Debord lui m me Commence alors l vocation autobiographique de la ville disparue de sa jeunesse le Paris magnifi des ann es 50 Saint Germain des Pr s particuli rement d truit par les urbanistes Il dit la boh me nihiliste aventureuse et scandaleuse dans laquelle il vivait
48. cette nouvelle pauvret qu il faut nommer et d crire IS 8 13 Mais il est pr cis qu ils assistent cette poque une redistribution des cartes de la lutte des classes certainement pas sa disparition ni sa continuation exacte dans le sch ma ancien ibid et que c est donc suivant la r alit qui s esquisse actuellement que 1 on pourra consid rer comme prol taires les gens qui n ont aucune possibilit de modifier l espace temps social que la soci t leur alloue consommer ibid Leur approche si elle ne fixe pas de d finition qui viendrait in vitablement buter contre les mutations rapides du prol tariat au moment o se dessine la soci t postindustrielle tend plus polariser nettement la complexit savamment tiss e des hi rarchies de fonctions et de salaires qui donnent penser que toutes les gradations sont insensibles et qu il n y a presque plus de vrais prol taires ni de vrais propri taires aux deux extr mit s d une courbe sociale devenue hautement plastique ibid La d finition situationniste des prol taires se veut en prise avec la situation qu il s agit de critiquer afin de redessiner les camps Quant leur d finition de ce que pourrait tre l ensemble conscient de ces prol taires le prol tariat elle semblerait remise sine die malgr les cinquante th ses de la SdS SdS 73 124 qui lui sont consacr es la partie IV de la sds
49. cf CABORET D DUMONTIER Pascal GARRONE P LABARRIERE R Contre l E D N Contribution une critique du situationnisme Paris brochure auto dit e 2001 p 37 7 FREUD op cit p 150 7 ibid 215 ibid p 158 216 Article narcissisme primaire narcissisme secondaire in LAPLANCHE Jean et PONTALIS Jean Baptiste Vocabulaire de la psychanalyse Paris PUF Quadrige 1997 p 263 104 intrapsychique cons cutif la perte d un objet d attachement et par lequel le sujet r ussit progressivement se d tacher de celui ci Or ce processus peut chouer et dans la clinique des cas de deuils pathologiques la m lancolie est l objet du franchissement d une tape suppl mentaire le moi s identifie avec l objet perdu Il n y aurait dans l hypoth se d un sujet narcissique plus de diff rence mais identit entre le Guy Debord d n girum et le prol tariat et la r volution et PIS qu il critique galement tant donn que les auto reproches sont des reproches contre un objet d amour qui sont renvers s de celui ci sur le moi propre Ce m pris du prol tariat mis en exergue au second chapitre rel verait ainsi en partie de la haine de soi propre au narcissisme et m lancolique Narcissisme assimil dans un contexte de r ception d avant garde artistique comme l une des modalit s de repr sentation de soi de l artiste M lancolie assimil e dans un m me contexte la nosta
50. comprennent cela sont les m mes qui peuvent comprendre mon film et je ne fais pas de film pour ceux qui ne comprennent pas ou qui dissimulent cela OCC 170 171 In girum comme nous l avons montr plus haut adopte non seulement une forme illisible mais plus encore l auteur y refuse explicitement au public le droit de ne pas tout comprendre Une remarque de Suleiman propos de Robbe Grillet p 50 s accorde encore une fois tr s bien ce film de Debord savoir que chaque nouvelle uvre devient un 167 GASSET J Ortega y La deshumanizaci n del arte y otros ensayos de est tica Madrid Revista de occidente 1976 11 dition 1 en 1925 pp 15 17 Cit in BOURDIEU Pierre La distinction critique sociale du jugement Paris Les ditions de Minuit collection Le sens commun 1979 p 31 80 autre texte avec lequel l auteur d montre que le vrai sujet de la fiction d avant garde moderne ou postmoderne est sa propre illisibilit en fait un geste d constructionniste devenu chez le lecteur spectateur de Debord familier Ce d ni prend un aspect politique d une part comme le montre l extrait ci dessus ou plus simplement culturel comme ci dessous On m avait reproch mais tort je crois de faire des films difficiles je vais pour finir en faire un A qui se f che de ne pas comprendre toutes les allusions ou qui m me s avoue incapable de distinguer nettement mes intenti
51. dans les derniers concepts critiques du marxisme Elle d veloppe son style de la n gation la n gation du style le d tournement In girum est presque enti rement constitu de d tournements Le terme de d tournement s emploie par abr viation de la formule d tournements d l ments esth tiques pr fabriqu s Int gration de productions actuelles ou pass es des arts dans une construction sup rieure du milieu Dans ce sens il ne peut y avoir de peinture ou de musique situationniste mais un usage situationniste de ces moyens Dans un sens plus primitif le d tournement l int rieur des sph res culturelles anciennes est une m thode de propagande qui t moigne de l usure et de la perte d importance de ces sph res IS 1 13 Un premier r gime de d tournement le d tournement mineur se dessine par la confrontation de deux productions de culture de masse publicit s de magazines t l visuelles ou cin matographiques coll es des phrases extraites de romans policiers de litt rature populaire ou de magazines illustr s dont un nouveau sens qui les d passe appara t en arrachant chacun des l ments de son r seau de signification habituelle Un deuxi me r gime de d tournement serait le d tournement abusif dit aussi d tournement pr monitoire utilisant un l ment significatif en soi c est dire appartenant la culture savante ou classique avec un l ment qui n a pas d
52. de si incongru cette voix dont le film pousse le spectateur se gausser parce qu il n osait pas lui m me poser la question Que ce film l instar d Hurlements en faveur de Sade ne parle pas de Sade Effectivement ces deux films ne parlent pas de Sade mais lui rendent indubitablement hommage Nous empruntons ici No l Burch le concept critique d esth tique sadienne esth tique essentiellement li e au d veloppement du haut modernisme Aborder le film par ce biais permet d clairer la colonne vert brale du haut modernisme qu est la relation sociale entre le pouvoir d miurgique m galomane fonci rement sadique du Grand Esprit Cr ateur et le masochisme du d vot ordinaire flatt de partager les go ts aust res d une lite ibid Sous couvert d une tradition centenaire du culte de Sade le haut modernisme fran ais rotise le champ thique et politique Un film rel ve de l esth tique sadienne lorsqu il propose une violence visuelle ou psychologique laquelle le public captif d une convention ne peut se soustraire Les attendus de cette convention distinctive et litiste du modernisme ont t mis en vidence par Pierre Bourdieu Cette exacerbation du modernisme atteint justement son apog e en France quand le jeune Debord d bute au cin ma avec sa contribution en 1952 Hurlements en faveur de Sade au parach vement de la r habilitation de Sade l crivain comme voix de la radicali
53. des dissensions l int rieur de Socialisme ou Barbarie et fond e par ses militants les plus attach s aux crits de Marx et Engels Il en est un des dirigeants avant de quitter le groupe et le service BAUDRILLARD Jean interview dans Le Magazine Litt raire n 399 juin 2001 p 50 Critique de la vie quotidienne Paris L Arche 1947 deuxi me dition en 1958 et pour ses rapports avec Debord cf LEFEBVRE Henri Le temps des m prises Paris Stock 1975 son entretien avec Kristin Ross October op cit ou encore HESS R mi Henri Lefebvre et l aventure du si cle Paris Metalli 1988 10 of entre autres BAUDRILLARD Jean Le syst me des objets Paris Deno l Gonthier 1968 La soci t de consommation Paris Deno l Gonthier 1970 Simulacres et simulations Paris Gallil e 1981 Les strat gies fatales Pars Grasset 1983 et Am riques Paris Grasset 1986 Plus r cemment Baudrillard a adopt des positions critiques sur l art contemporain qui relativement isol es dans une France du haut modernisme ont eu pour m rite de lancer des d bats cf notamment Le complot de l art Lib ration 20 mai 1996 r dit en 1997 Paris Sens amp Tonka collection Morsure Illusion d sillusion esth tiques Paris Sens amp Tonka collection Morsure 1997 et Entrevues propos du Complot de l art Paris Sens amp Tonka collection Dits amp Contredits 1997 1
54. des films sans public Serge de Beketch dans un article de Minute du 17 mars 1984 pour lequel il sera condamn pour diffamation envers Debord parle d une salle de cin ma qui ne projetant que les uvres absconses d un Debord est d serte d un bout l autre de l ann e hant e seulement par des ouvreuses mensualis s faute de pourboire L exactitude de ces informations parues dans la presse la suite de l assassinat de Lebovici sont estimer au regard de la fiabilit des titres de presse cit s Il n en reste pas moins que plusieurs personnes ayant fr quent ce cin ma reconnaissent ne pas avoir t incommod es par une quelconque file d attente 44 Nous avons r cup r nous m mes un exemplaire de cette copie pirate au printemps 2000 45 Lors de la s ance du 5 mai 2001 au Podewill Berlin lors du festival reich amp ber hmt la lecture de la traduction du texte tait si catastrophique qu il est difficile de penser que Roberto Ohrt organisateur de cette projection ne pouvait d l guer quelqu un d autre que lui un com dien par exemple la lecture de la voix de son ma tre Robert Ohrt sp cialiste attitr du situationnisme en Allemagne un des rares connaisseurs de la sc ne fran aise apr s la Deuxi me Guerre Mondiale dit la S ddeutsche Zeitung 27 28 10 2001 lu et transmit donc aux fid les la voix off de Debord tel un pr tre ayant redispos les interm diaires
55. disposant de forts d arsenaux qui seront d plac es aux gr des op rations sur un terrain en partie montagneux fait d un chiquier de 500 cases 25x20 G rard Lebovici cr en 1977 la Soci t des Jeux Strat giques et Historiques pour prot ger les droits du jeu qui semblerait avoir connu une exploitation commerciale en 1987 lorsque avec Alice Becker Ho Debord fait publier Le jeu de la guerre Relev s des positions successives de toutes les forces au cours d une partie aux Editions G rard Lebovici 75 le projet d Eisenstein de r aliser Le Capital GS 11 34 12 104 avec cette diff rence que Debord est la fois le r alisateur et l auteur du livre th orique SdS dont le texte du film se compose serti d elliptiques citations Le fait que seuls ces deux films aient eu un accueil critique d passant la simple note d information soit des articles rapportant le scandale du premier ou y prenant parti soit des articles critiques du second corroborent cette hypoth se Quoi qu ils en soit il est vrai que les quatre films pour lesquels Debord a r dig sp cialement un texte sont plus compr hensibles tout en restant d une lecture complexe Donc nonobstant le fait que Debord annonce dans In girum la r alisation d un film vraiment difficile 1l faut se r soudre en voir un juste un peu moins difficile Debord v rifiant ainsi l adage selon lequel un cin aste parle toujours mal de son film
56. emp cha tout d veloppement direct des principaux th mes du marxisme classique PIS a justement d sir revenir ce lien entre l organisation concr te des masses et un travail th orique marxiste Elle s y est essay par une analyse de la soci t en termes marxistes r vis s Korsch Luk cs Lefebvre de cat gories les spectateurs du capitalisme avanc la soci t spectaculaire marchande assignant la classe prol tarienne tendue en son sein des objectifs politiques avanc s concordants conseils ouvriers et r ification de la vie quotidienne Les situationnistes le r p tent d ailleurs souvent la th orie ne vaut que si elle trouve s actualiser dans la pratique Ce n est pas la plus sublime des th ories qui 156 T s agit de Sur le passage de quelques personnes travers une assez courte unit de temps 1959 de Critique de la s paration 1961 de R futation de tous les jugements tant logieux qu hostiles qui ont t jusqu ici port s sur le film La Soci t du spectacle 1975 et d In girum imus nocte et consumimur igni 157 ANDERSON op cit p 66 76 pourrait jamais garantir l v nement tout au contraire c est l v nement r alis qui est le garant de la th orie Et c est tout l exercice du film La Soci t du Spectacle que de rappeler que mai 68 a prouv la validit de ses th ories et il y revient dans Jn girum Mais comme il a t vu plus haut
57. en 1978 In girum imus nocte et consumimur igni et en cor alisation avec Brigitte Cornand un t l film en 1994 Guy Debord son art et son temps D embl e force est d admettre que Guy Debord certes loin de l acharnement d un John Ford a tout de m me pratiqu le cin ma Si celui qui se glorifiait d avoir crit en guise de programme r volutionnaire sur un mur en 1953 Ne travaillez jamais a bien voulu s identifier une cat gorie socioprofessionnelle c t de celle de r volutionnaire ce fut celle de cin aste INSCRIPTION SUR LE MUR DE LA RUE DE SEINE 1953 8 La photo m me de cette inscription sur un mur de la rue de Seine appara t dans nombres de ses uvres dans l IS 8 42 sans commentaires dans les films Jn girum imus nocte et consumimur igni et Guy Debord son art et son temps dans son Pan gyrique tome second Paris Librairie Arth me Fayard 1997 la 6 me planche de la 1 re partie il le rappelle par crit dans PIS 12 14 en 1993 dans les Attestations de ses M moires DEBORD Guy M moires Paris Jean Jacques Pauvert aux Belles Lettres 1993 et plus longuement dans Rep 18 20 Le lettriste Jean Michel Mension conteste Debord la paternit de ce programme et affirme l avoir lui m me trac sur le mur cf MENSION Jean Michel La Tribu Paris Allia 1999 Oubli de l histoire des avant gardes Mension aurait t avec force ditoriale gomm par un Debord com
58. es 80 Cette approche historique s attachera particuli rement montrer comment les d veloppements du marxisme occidental et des mouvements de contestation europ en de l apr s guerre informent le film et comment il cherche s y soustraire Mais pour resituer correctement ce film il faut pr ciser que son public et donc sa r ception furent principalement de par sa distribution discr te circonscrits un milieu p tri d une certaine culture politique Connaisseur notamment des classiques du socialisme ce public est galement f ru d histoire de l art et des avant gardes Godard n tait alors pas le seul r aliser des films essais les uvres de Chris Marker et Marguerite Duras par exemple pour ne pas parler des cin tracts avaient leur public Jn girum n tait donc pas par sa forme et son fond un film si incongru sa sortie pour peu qu on consid re le public vis par ce film Mat riel important les critiques du film de Debord seront analys es ainsi que dans la mesure de ce qui a pu tre trouv les r sonances de cette uvre ou de leur auteur dans la presse g n raliste et sp cialis e anglaise am ricaine allemande italienne et fran aise attendu que Guy Debord non seulement prend toujours en compte la mani re et le lieu o 39 Ainsi alors que les films ant c dents de Debord sont cit s par Dominique Noguez dans son exhaustif Eloge du cin ma exp rimental Paris Exp rim
59. et y construire des situations par la psychog ographie deux des pratiques critiques essentielles son arsenal avec l urbanisme unitaire C est peu dire que la ville est son lieu d exp rimentation par excellence Toute une partie d In girum est logiquement consacr e en chanter la beaut C tait Paris une ville qui tait alors si belle que bien des gens ont pr f r y tre pauvres plut t que riches n importe o ailleurs Mais cette beaut ayant t irr m diablement salie par les changements radicaux du la modernisation d apr s guerre entre politique urbaine du tout voiture et expulsion des classes populaires vers la p riph rie fast cars clean bodies comme le r sume Kristin Ross elle ne peut plus tre voqu e ailleurs que dans un pass 7 ANDERSON op cit p 130 7 La d rive est un mode de comportement exp rimental li aux conditions de la soci t urbaine technique du passage h tif travers des ambiances vari es Se dit aussi plus particuli rement pour d signer la dur e d un exercice continu de cette exp rience La psychog ographie est l tude des effets pr cis du milieu g ographique consciemment am nag ou non agissant directement sur le comportement affectif des individus L urbanisme unitaire est la th orie de l emploi d ensemble des arts et techniques concourant la construction int grale d un milieu en liaison dynamiqu
60. et progressistes sur 181 RICHARD Les anarchistes de droite p 17 182 BOUNAN Michel L Art de C line et son temps Paris Allia 1997 et 98 pp 105 106 183 cf SELLIER op cit p 54 86 lesquels une gauche quelle qu elle soit a toujours d et devra toujours appuyer son action et d tre oblig s de se dire que l on peut d cid ment d fendre peu pr s n importe quelle forme d litisme la condition d avoir une r putation d homme de gauche d finitivement tablie de rester suffisamment implicite et de toujours laisser soigneusement aux penseurs et aux politiciens de droite la responsabilit des cons quences et des applications En attendant la conclusion de ce travail pour proposer des l ments de r ponse cette question concluons pour ce chapitre ci que dans n girum Debord tout aur ol de sa gloire situationniste laisse parler son m pris sans appel pour ces prol taires sans conscience ce florissant appareil syndical et politique toujours pr t prolonger d un mill naire la plainte du prol taire seule fin de lui conserver un d fenseur ces anciens gauchistes revenus et rapidement convertis aux modes intellectuelles du moment tel l humanitarisme arbor par des anciens de Socialisme ou Barbarie Le cin aste atrabilaire ach ve de d consid rer un syst me de soci t qu il combat depuis longtemps dans une lutte dont il a beaucoup appris mais cette fois l
61. janvier 1960 Andr Frankin Cor 1 302 303 191 CURNIER J ean Paul Sur les motifs d une fronde en art et ailleurs in CURNIER Jean Paul amp consorts Le MAC de Marseille mis a nu Une affaire de mus e d art Paris Sens amp Tonka collection Dits amp contredits 1997 p 39 192 GOUMARRE Laurent L art d ceptif Art press n 238 septembre 1998 pp 47 51 Le fait que pour Goumarre le cin ma ne semble pas participer de cette laboration d un art d ceptif peut tre du fait de son absence de questionnement quant la place du spectateur prouve juste sa m connaissance du cin ma et confirme contrario la possibilit d une lecture d ceptive d n girum en ce que le film questionne justement la place du spectateur 94 Eloge de l chec J aime Resnais qui vient de r aliser Hiroshima mon amour ndla autant que l on peut aimer un artiste aujourd hui Mais enfin voil une r ussite qui me para t estimable mais nullement d cisive Peut tre certains checs en ce moment m attirent ils d avantage Lettre de Guy Debord Patrick Straram du 25 10 1960 Minutieux dans les d tails de son autobiographie en forme de patchwork Debord y affectionne les grandes figures historiques de l chec Ainsi lorsqu il d couvre la biographie du peu eccl siastique cardinal de Retz qu a crite Pierre Georges Lorris il en cite un passage dans un article intitul Le bon
62. libres sont rarissimes et pour la majorit d entre eux ce mot a surtout le sens d une absence d entraves et d une inclination vers la licence et la facilit Ce n est pas solliciter le texte d n girum que d y relever des pi ces tayant son dossier anarchiste de droite mais ce serait carter l ironie dont il fait preuve l gard de lui m me si ambigu soit elle par moment D ailleurs pour revenir plus amplement sur l anarchisme de droite invoqu dans ce chapitre l gard d n girum il faut rappeler que si dans son ardeur protestataire le provocateur s attache volontiers d noncer un m fait particulier du syst me l exclusion de tout le reste qui le produit pourtant l exige m me et suscite d autres calamit s tout aussi remarquables Debord chappe avec ce film cette d finition Ayant comme sujet la vie humaine il d veloppe une critique de l ensemble du syst me qui la rend insipide m me s il ne nomme que le spectaculaire comme m fait totalisant Il n y a pas de th se raciste d velopp e dans n girum mais les salari s du premier rang sont identifi s de la viande de charcuterie ce qui correspond peut tre la virulence d une poque o l Italie est ensanglant e par un terrorisme certes peu humaniste mais n en reste pas moins pour une oeuvre qui se veut ancr e dans la pens e marxiste trop peu humaniste Dans la deuxi me partie du
63. m me cavalerie sont limit s dans Jn girum aux lettristes et PIS Les masses se contenteront elles d images fixes La ville Paris sera regard e d en haut d une hauteur d o aucune me n est visible aplatie par une vue a rienne 111 Beaucoup sont extraits du livre du situationniste VANEIGEM Raoul Trait de savoir vivre l usage des jeunes g n rations Paris Gallimard 1967 Debord s exile en Belgique pendant l t avec d autres situationnistes de la section fran aise o ils rendent compte de leur version du soul vement Ainsi au mois d octobre 1968 est publi sous la signature de VIENET Ren Enrag s et situationnistes dans le mouvement des occupations Paris Gallimard collection T moins 1968 112 Les tudes sur le mouvement des occupations et des gr ves de mai 1968 ont montr s que la majorit des ouvriers ont laiss la direction des gr ves aux syndicats ce qui prouvent au contraire le peu de p n tration des id es situationnistes dans les t tes de 1968 moins de mythologiser le mouvements des occupations de quelques usines et de la Sorbonne ce que font nombres d tudes sur PIS 3 Nous avons dit les id es qui taient forc ment d j dans ces t tes prol tariennes et en les disant nous avons contribu rendre actives de telles id es ainsi qu rendre la critique en actes plus th oriciennes et d cid e faire du temps son temps VS 5 57 cart
64. monstrateur Si bien que le raisonnement n a plus tre partag par l auditeur auquel on n adresse que le plaisir par l objet dans lequel on le prend Le libertin s int resse quelque chose de bien diff rent savoir d montrer que l acte m me de raisonner est une forme de violence et qu il est du c t de cette violence L arme de Debord c est sa critique sociale et il insiste sur leur usage violent tant est grande la force de la parole dite en son temps Qu on ne demande pas maintenant ce que valaient nos armes elles sont rest es dans la gorge du syst me dominant Sachant que ses attaques dans le film portent concr tement plus sur les personnes qui pour Debord il incombe de renverser ce syst me et qui s en r v lent incapables que sur le syst me lui m me Une bruyante descendance applaudie Quoi qu il en soit on ne doit pas s tonner de voir la majorit des critiques du tr s logieux dossier de presse de Glamorama roman de l crivain am ricain Bret Easton Ellis invoquer le nom de Debord d s le chapeau de l article alors que son nom n est dropp parmi des milliers d autres qu la page 304 lorsqu un de ses livres d passe du sac Herm s du super terroriste ex mannequin jet setter Bobby Hughes En effet dans sa description de la soci t Glamorama int gre des l ments de la critique du spectaculaire d velopp e par l auteur de la Soci t
65. par leur statut classique chappent au r gime qui leur est appliqu dans la premi re partie du film En effet rappelons le Jn girum est construit en deux grandes parties la premi re est consacr e l accusation des masses la seconde l loge de Guy Debord Or dans la premi re c est le r gime publicitaire qui prime et ce sont bien plus souvent que dans la deuxi me partie des images fixes qui composent ce r quisitoire Photos tir es de catalogues de magazines de d corations int rieures ou de publicit s t l vis es et cin matographiques ces images sont bel et bien estampill es du sceau mercantile Il y m le d ailleurs la bande originale compl te du plus quelconque des westerns des extraits de La fl che noire de Robin des bois d autres films hollywoodiens non identifi s ainsi que de nombreux extraits d une s rie t l vis e reprenant le personnage de Zorro 168 I crit d ailleurs au magazine de bande dessin es am ricaines Fiction pour s inscrire comme souscripteur d un ventuel tirage en photocopie des bandes dessin es classiques Volant au secours de la victoire je d signerais Guy l Eclair Prince Vaillant et Mandrake comme sujets r diter au plus t t Lettre Fiction du 10 mars 1962 Cor 2 130 81 Debord parle la majorit du temps par dessus les images de ces films d tourn s et explicitement rel gu es au second rang On retrouve ici ce primat de l crit su
66. puisque celui ci commence par la philosophie puis passe la politique pour finir par l conomie Henri Lefebvre est le responsable de la premi re traduction en fran ais de ces manuscrits qui avec les autres crits philosophiques du jeune Marx comme L id ologie allemande atteignent en France le sommet de leurs influences la fin des ann es cinquante En effet si les figures tut laires de Debord dans son approche du marxisme et avec qui il ira naturellement puiser dans les travaux philosophiques du jeune Marx sont fondamentalement Luk cs et Lefebvre on peut raisonnablement supposer que c est parce que la fin des ann es cinquante marque le d c s officiel du stalinisme Rena t alors l lan d une recherche d un marxisme diff rent les livres de Korsch et Luk cs sont dit s int gralement et ce dernier devient ici tr s la mode conc de Debord Asger Jorn sp cialement dans certains cercles l or e des ann es soixante o avec le mot f tichisme Histoire et conscience de classe est un livre culte Et si Debord ne fut jamais professeur ce qui lui vaudra selon Peter Wollen p 145 d tre minor par les ex g tes du marxisme il participe pleinement de cet lan d sot risation de toute la production th orique du marxisme occidental des professeurs philosophes de Gramsci faisant figure d exception car il n tait pas professeur mais confirmant la r gle par ses crits de prison dont la
67. s intitule Le prol tariat comme sujet et comme repr sentation Dans n girum Debord ironise sur la gravit que cette question semblait rev tir pour ses amis lettristes et de Saint Germain d s Pr s du d but des ann es cinquante Un plan sur l int rieur d un bar o discutent quelques personnes attabl es est accompagn de la voix off de Debord qui dit Ils s interrogeaient aussi sur l chec de quelques r volutions ils se demandaient si le prol tariat existe vraiment et dans ce cas l ce qu il pourrait bien tre Puis Maria Casar s en gros plan dans l Orph e de Cocteau r sume la discussion sur un ton inspir accentuant le caract re chim rique de l existence du prol tariat Les uns croient qu il pense nous d autres qu il nous pense d autres qu il dort et que nous somme son r ve son mauvais r ve Mais revenant sur cette tabl e Debord pr cise Quand je parle de ces gens j ai l air peut tre d en sourire mais il ne faut pas le croire J ai bu leur vin Je leur suis fid le 107 JAPPE Guy Debord op cit 52 Et effectivement il a partag ce moment de questionnement sur les moyens de renversement de la soci t puisque l on peut reconna tre l les amis de Debord attabl s Ce que remarque par exemple la critique de Lib ration 3 06 1981 c est que cette s quence provient d un film qu il a tourn en 1959 Sur le passage de quelques personne
68. senter tr s lourdement et 1 logieusement une dizaine d ann es d action de PIS confie t il par la suite InG 66 0 cf LUK CS Georg Histoire et conscience de classe Paris Editions de Minuit collection Arguments 1960 Publi la premi re fois Berlin en 1923 Debord en prend connaissance gr ce aux traductions qu en fait la revue Arguments dans les ann es cinquante 56 L absence de masses actives dans Jn girum est d autant plus saisissante que quatre ans plus t t dans son film La Soci t du Spectacle une arm e illustrait la classe prol tarienne en action en lutte Debord pr cise ainsi propos de La Soci t du Spectacle que le film am ricain sur la guerre de S cession sur Custer veut voquer toutes les luttes de classes du XIX si cle et m me leur avenir ibid Le film am ricain d tourn dont il parle est La Charge Fantastique qu il reprend nouveau dans In girum mais l unique b n fice de l action pass e des lettristes avant la fondation de l IS En avril 1972 Debord dissout PIS et publie La V ritable Scission dans l Internationale Il pr tend ainsi r aliser les termes de l quation voqu e plus haut IS R volution Prol tariat En effet pour Debord Mai 68 a prouv que la critique situationniste tait la plus en pointe et que l Histoire l a reconnue quand en juin tout fut nettoy Seuls rest rent en effet sur les murs l
69. sentiment r fl chi et paisible qui dispose chaque citoyen s isoler de la masse de ses semblables et se retirer l cart avec sa famille et ses amis de telle sorte que apr s s tre ainsi cr une petite soci t son usage il abandonne volontiers la grande soci t elle m me Ce double mouvement comme l annonce l introduction ce travail est celui sur lequel se b tit Jn girum et sur cf PLANT Sadie The most radical gesture The Situationist International in a Postmodern Age New York Routledge 1992 le quatri me chapitre Victory will be for those who create disorder without loving it pp 111 149 le num ro sp cial Italty Autonomia Post Political Politics de Semiotext e n 9 New York 1980 l article de GRUBER Klemens Radio Alice eine kleine Gruppe zwischen Himmel und Erde Kunstforum Bd 116 novembre d cembre 1991 pp 218 224 l anthologie du collectif A TRAVERSO Radio Alice Radio Libre Paris Delarge 1977 pr fac e par F lix Guattari et de mani re plus g n rale le recueil Settantasette Milan Manifestolibri 1997 0 GUATTARI F lix La r volution mol culaire Paris Editions Recherches 1977 r dit en poche UGE 10 18 1980 op cit Deleuze et Guattari d veloppent encore ce concept dans leur deuxi me tome de Capitalisme et schizophr nie Mille plateaux Paris Editions de Minuit collection Critique 1980 l LYOTARD Jean Fra
70. t moigne de ce besoin sentimental de broyer du noir Presque tous d clarent qu ils n ont vu que mis res qu ils s attendent pis encore et ne voudraient pas refaire le chemin parcouru Le po te et chroniqueur Charles le T m raire a choisi comme devise Tant a souffert La Marche il trouve la vie un go t amer et son portrait nous frappe par l expression morose propre aux visages de cette poque M moires op cit 2 me partie l re planche Il est int ressant de voir comment Debord en 1958 et 1978 fait sienne cette attitude face la mort 1 MANRIQUE Jorge Stances sur la mort de mon p re Paris Champ Libre 1980 traduit du castillan par G Debord avec une postface du traducteur 180 Anselm Jappe parle de son esprit aristocratique JAPPE Guy Debord op cit p 157 Apostolid s analyse son in galit aux d pends des autres APOSTOLIDES op cit p 94 Michel Bounan pr f re parler de ceux qui se paraient maintenant des oripeaux rajeunis du vieil aristocratisme BOUNAN Michel La vie innommable Paris Allia 2000 p 13 85 d office comme un imp ratif collectif n est pas seulement pour L on Daudet une absurdit et une incoh rence la libert tant selon lui toujours individuelle elle se prend elle se vit elle se m rite mais aussi une mani re ostentatoire de pr sumer des forces de tout un chacun car toujours d apr s lui les hommes r ellement
71. tarienne et voue aux g monies les classes moyennes et prol taires uniformis es dans un m pris exprim tant dans la forme que dans le fond Le concept critique d esth tique sadienne sera galement convoqu pour saisir ces aspects du film 108 in Avertissement pour la troisi me dition fran aise 1992 SdS p 7 53 A Le m pris du peuple Les sp cialistes du pouvoir du spectacle sont corrompus absolument par leur exp rience du m pris et de la r ussite du m pris car ils retrouvent leur m pris confirm par la connaissance de l homme m prisable qu est r ellement le spectateur SdS 195 Cracher sur Billancourt en crachant sur La D fense Le film s ouvre sur un long plan d une photographie du public d une salle de cin ma silencieux et attentif ce plan fixe est assorti de commentaires de Debord sur les conditions d existence de ce public dans le miroir glac de l cran les spectateurs ne voient pr sentement rien qui voque les citoyens respectables d une d mocratie Je ne ferai dans ce film aucune concession au public In girum Ainsi ce public qui n est pas assez responsable politiquement Debord ne reconna t qu une existence professionnelle videmment d gradante pour celui qui clame n avoir jamais travaill et l associe grossi rement aux d chets de la vie sur les images d une longue queue devant un cin ma il d clare que le pu
72. ternit 1952 L Anticoncept Hurlements en faveur de Sade Au moment o la projection allait commencer Guy Ernest Debord devait monter sur la sc ne pour prononcer quelques mots d introduction Il aurait dit simplement Il n y a pas de film Le cin ma est mort Il ne peut plus y avoir de film Passons si vous voulez au d bat Hurlements en faveur de Sade Guy Debord 1952 8 Peut tre est ce la clameur si unanime pour louer l absolue coh rence entre la vie et l oeuvre cin matographique de Guy Debord ou pour assurer que une des choses les plus belles dans son oeuvre c est sa coh rence qui fait na tre l envie d aller voir de plus pr s le plus majestueux de ses films son meilleur film voire m me son testament cin matographique ibid Un film qui rassemble tant d loges n est pas n cessairement coh rent il n est m me pas improbable qu il porte en lui quelques ambigu t s ou contradictions contribuant l ampleur de son succ s De m me que la coh rence entre la vie de Debord et son oeuvre aujourd hui ass n e comme v rit premi re qui veut bien l entendre c est dire beaucoup de monde puisqu il est la mode semble plus r pondre un besoin grandissant de mod le de vie panouie mais impossible puisque r volu qu une r alit tablie par l analyse compar e de ses oeuvres et de sa vie Dans un apr s guerr
73. 000 p 85 Les Inrockuptibles n 119 24 30 septembre 1997 15 Les Inrockuptibles n 216 13 19 octobre 1999 p 58 59 12 des producteurs les artistes et crivains d sireux de bien fonctionner sur le march de gagner leur vie par leur production et des diteurs au sens bourdieusien de distributeurs marchands d arts collectionneurs commissaires d expositions diteurs se proclament debordistes et promeuvent dans leur compr hension des uvres de Debord l impossibilit et l inutilit ostentatoires de penser et d agir politiquement dans un monde de secrets et de mafia o le r el n est plus Ce sont ces m mes producteurs et diteurs qui sont l origine de la hausse de valeur symbolique de Debord avec le concours de Debord et qui galvanisent la production artistique contemporaine r pondant des th matiques de r signation politique et de d ceptivit En somme cette all geance semble fonctionner comme une des formes les plus r centes de la pens e postmoderniste qui tend proposer de la radicalit politique une image consommable d effet de mode et de d faite Plus encore nous reprenons les mots de Pierre Bourdieu qui si ent tr s justement aux uvres dudit incorruptible et ind passable Guy Debord Chercher dans la logique du champ litt raire et cin matographique ndla ou du champ artistique mondes paradoxaux qui sont capables d inspirer ou d imposer les int r ts les plus
74. 1 cf GOTTRAUX Philippe Socialisme ou Barbarie un engagement politique et intellectuel dans la France d apr s guerre Lausanne Payot 1997 48 de la r volution en 1966 Il a dit il sauv sa peau Ce n est qu apr s la dissolution de Socialisme ou Barbarie en 1966 que Debord tablit le contact avec certains adh rents de Pouvoir Ouvrier que Lyotard vient donc de quitter Pouvoir Ouvrier et Debord soutiennent la librairie La Vieille Taupe haut lieu de rencontres et d changes de l extr me gauche cr e en 1963 par Pierre Guillaume ancien de Socialisme ou Barbarie Enfin en 1968 Lyotard fait parti du Mouvement du 22 mars auquel se joindra le comit Enrag s compos essentiellement de futurs situationnistes Presque une d cennie plus tard le gauchisme se sera dissout compl tement dans la libido de Lyotard le mao sme aura t rotiquement ni par Sollers Althusser sombre dans la folie tandis que Debord s carte vers le miroir et fait le point 17 LYOTARD Jean Fran ois Pierre Soury Le marxisme qui n a pas fini Esprit janvier 1982 103 Pierre Guillaume maintient le contact entre Socialisme ou Barbarie en Debord lors du d part de Daniel Blanchard au service militaire l automne 1961 Si la librairie de La Vieille Taupe qu il a fond en 1963 ferme ses portes en 1972 Guillaume les rouvre en 1978 l occasion de l affaire Faurisson et la
75. Adriano Sofri ait vu le huiti me jugement en appel de son proc s confirm le 4 octobre 2000 prouve aujourd hui encore l incapacit de l Etat 42 murs de Rome sont recouverts d affiches g antes tricolores invitant un meeting du secr taire g n ral du parti n o fasciste MSI Movimento Sociale Italiano Italiens r agissez au chaos et au d sordre imp trant La Droite vous attend La Piste Rouge privil gi e la Piste Noire donne lieu des rafles La presse lance une virulente campagne contre l extr me gauche La section italienne de l Internationale Situationniste d passe cette fausse alternative et r agit vite en faisant circuler clandestinement le tract Z Reichstag brucia dans lequel elle d nonce les man uvres des services de protection de l Etat italien qui ont utilis les attentats de d cembre 1969 pour briser ou retarder le mouvement des gr ves sauvages qui en venait ce moment constituer une menace de subversion imm diate de la soci t VS 90 Ce tract n est qu un grain de sable dans la tourmente qui s empare alors de l Italie gli anni di piombo les ann es de plomb vont voir le pays ensanglant par des attentats imput s tant t l extr me gauche ouvri riste principalement tant t l extr me droite mais presque jamais l Etat Le flou entretenu par la R publique Italienne r gne lorsque le 22 mai 1975 est adopt e la loi Reale qui en l gal
76. Enfants du Paradis de Marcel Carn et Jacques Pr vert 1942 et 1945 Hurlements en faveur de Sade et Sur le passage de quelques personnes travers une assez courte unit de temps de lui m me 1952 et 1959 La Charge Fantastique de Raoul Walsh 1941 La charge de la brigade l g re dans ses deux versions Michael Curtiz 1936 et Tony Richardson 1968 Orph e de Jean Cocteau 1950 Le troisi me homme de Carol Reed 1949 Les Trois Lanciers du Bengale 1935 de Henry Hattaway Le Terroriste 1964 de Gianfranco De Bosio La Fl che Noire de Robin des Bois de Carlo Campogalliani 1959 La nuit de Saint Germain des Pr s de Bob Swaim 1976 le film annonce complet du plus quelconque des westerns et d pisodes de Zorro et ses l gionnaires et d autres extraits de films non identifi s Le film fonctionne avec la lecture hors champ par Debord d un texte sur des images diverses selon le mode de d tournement d fini en introduction On peut en r sumer la teneur comme suit dans une premi re partie apr s avoir fait une longue description 46 On dit que mon dernier film doit sortir Paris demain crit Debord Martos le 5 mai 1981 Il est probable qu il ne passera que pendant un temps fort bref in Martos 17 cf par exemple SMITH Peter article cit p 120 Nevertheless Debord s place within a reifed history of political modernism is assured more by virtue of what is claimed for the work than
77. In girum imus nocte et consumimur igni 1978 81 Guy Debord et le deuil de l engagement M moire soumis dans le cadre des travaux pour le Dipl me d tudes approfondies Esth tique et sciences de l art de l Universit de Lille II sous la direction de Monsieur No l Burch Pierre Emmanuel FINZI Berlin octobre 2002 Mes remerciements No l Burch Alain Deneault Jean Marc G nuite David Perronno Armando Lo Monaco et surtout Daniela 3 Liste des abr viations des uvres de Guy Debord les plus cit es Toutes les citations sans indication de source sont extraites du texte dit en voix off par Guy Debord dans le film n girum imus nocte et consumimur igni In girum abr viation du titre sera utilis e de m me que R futations pour le film R futations de tous les jugements tant logieux qu hostiles qui ont t jusqu ici port s sur le film La Soci t du Spectacle IS12 54 Internationale Situationniste Paris Librairie Arth me Fayard 1997 707 pages Edition en fac simil des 12 num ros parus de juin 1958 septembre 1969 Sont indiqu s le num ro de la revue puis le num ro de page original SdS 221 La Soci t du Spectacle Paris Folio Gallimard 1992 211 pages Est indiqu le num ro de la th se 221 dont la citation est extraite VS 69 La V ritable Scission dans l Internationale Paris Librairie Arth me Fayard 1998 176 pages Est indiqu le num ro de la th se 69
78. Paris Ces chiffres indiquent que l Union a le vent en poupe huit fran ais sur dix croient alors la victoire de la Gauche aux l gislatives de 1978 Mais contrairement aux craintes initiales des socialistes l alliance ne se fait pas leur d triment Si le Parti Communiste stagne lectoralement le Parti Socialiste lui s envole et les scrutins lui assurent de fait la primaut gauche D j les 12 740 000 voix de Fran ois Mitterrand en 1974 indiquent que d compte fait des 5 millions de voix J r me Jaffr et Jacques Ozouf Des municipales aux l gislatives au fil des sondages Projet juin 1977 p 707 in BRECHON Pierre La France aux urnes cinquante ans d histoire lectorale Paris La documentation Fran aise 1993 30 communistes 8 millions de fran ais acceptent de donner leur voix au premier secr taire du Parti socialiste Ainsi l approche de la grande ch ance que sont les l gislatives de 1978 le Parti Communiste en demandant d s le 31 mars 1977 l actualisation du programme commun pr f re faire chouer la dynamique d Union que d appuyer une alliance qu il ne contr lerait pas Sur le probl me de l extension des nationalisations la rupture de l Union de la Gauche est consomm e en septembre 1977 Le scrutin de mars 1978 grand chec de la gauche voit les socialistes d passer le parti de la classe ouvri re pour la premi re fois depuis 1936 et cause des div
79. Pierre MOUILLAUD Maurice et TOURNIER Maurice Des tracts en mai 68 Mesures de vocabulaire et de contenus Paris Champ Libre 1978 491 pages page 36 Soares en meeting photogramme de R futations OCC 187 Salengro le 14 juillet photogramme de R futations OCC 188 page 53 Un public de cin ma photogramme d n girum OCC 283 page 74 Echiquier du Kriegspiel photogramme d n girum OCC 283 page 83 Un situationniste et Debord dans l amphi de la Sorbonne en mai 68 photogrammes d n girum OCC 157 page 96 La Brigade l g re du film La charge de la brigade l g re photogramme d n girum OCC 290 page 100 Vue a rienne de Paris photogramme d n girum OCC 285
80. a riennes de Paris d abord fixes puis sur lesquelles la cam ra op re un travelling pour remonter vers la Seine suivre le cours du fleuve L utilisation de travellings tend rendre plus manifeste encore par del l immobilit du pass dans lequel l image est fix e c est une photo le caract re r volu 2 Debord a du renoncer faute de financement ad quat un projet de moyen m trage en 1960 pour lequel il d sirait r aliser une partie du tournage en h licopt re cf sa lettre Frankin du 26 01 1960 Cor 1 302 207cf CHOMBARD DE LAUWE Paul Henri La d couverte a rienne du monde Paris Horizons de France 1948 et les deux tomes de Paris et l agglom ration parisienne Paris PUF 1952 101 de ce dernier travers la th matique de l coulement du fleuve soutenu ici par une citation de Li Po po te chinois de l poque T ang Ici fut la demeure du roi de Ou L herbe fleurit en paix sur ses ruines L ce profond palais des Tsin somptueux jadis et redout Tout cela est jamais fini tout s coule la fois les v nements et les hommes comme ces flots incessants du Yang tseu kiang qui vont se perdre dans la mer L vocation de la ville de Paris telle qu elle tait alors est l occasion d entendre la premi re musique additionnelle du film qui d bute toujours dans cette m me s quence de travelling sur une photo a rienne de Paris au moment o la cam ra rejoint
81. a pour nuire la soci t existante Que dit pr cis ment ce film qui voit le jour dans un triple contexte de d composition des forces de la gauche communiste d une part de volte face d une partie des militants gauchistes d autre part et enfin de la combativit oppositionnelle des partis de gauche avec la victoire de Mitterand en 1981 Y r pondre c est saisir les r seaux d influences et les sens historiques en jeu dans ce 1 BANDINI Mirella L esth tique le politique de Cobra l Internationale Situationniste 1948 1957 Marseille Sulliver Via Valeriano 1998 traduit de l italien Rome Officina Edizioni 1977 M DANEY Serge Journal de l an pass TRAFIC No 1 Hiver 1991 p 22 2 D abord du fait des situationnistes IS 11 34 12 104 cette comparaison est reprise ensuite par nombre de critiques jusqu r cemment encore avec Jean Fran ois Rauger Comme va le montrer La Soci t du Spectacle r alis en 1973 Debord tente de filmer directement la th orie vieux r ve d Eisenstein qui avait en projet de filmer Le Capital in RAUGER Jean Fran ois Au film de la pens e Les Inrockuptibles du 24 au 30 septembre 1997 n 119 p 32 11 patchwork cin matographique faire l histoire d n girum imus nocte et consumimur igni 1978 un film du deuil de l engagement critique de sa r ception Deux points r sument l utilit l int r t la l gitimit du conflit d
82. adre haut moderniste Ainsi Jacques L murien inclut dans sa vid o Top Kebab 2000 1999 une mission am ricaine de t l marketing mal doubl e en fran ais d une dur e d une heure Evidemment le r alisateur de ce t l achat vise un public qui ne reste pas une heure devant son mission qui est donc tr s r p titive La vitesse et la virulence avec lesquels sont lanc s les arguments de vente en rend la r p tition parfaitement insoutenable psychologiquement si l on d passe une sayn te environ 7 minutes Pour Deleuze le r cit sadien fonctionne exactement sur cette r p tition m canique et accumulative qui pousse s identifier au bourreau sadique L exp rience de visionnage de cet extrait dans un milieu marqu politiquement tr s gauche et donc priori r fractaire au discours publicitaire et plus que consciemment prompt la g nuflexion devant le distinguo haut moderniste n a pas manqu son effet et le public a souffert en plein d ni de sa souffrance et de son ennui pendant toute la dur e du visionnage cf DELEUZE Gilles Pr sentation de Sacher Masoch Paris 10 18 1973 pp 26 27 et 33 64 impose une s quence ennuyante dont il sait que son public restera captif ainsi le veut la convention du credo haut moderniste et la d n gation de toute exp rience voluptueuse L humour de situation ou le rire absurde dont un mouvement comme FLUXUS tait p tri sont m mes de saper l
83. amp 1974 140 pages COQUILLAT Michelle La po tique du m le Paris Gallimard 1982 472 pages 116 DELEUZE Gilles Pr sentation de Sacher Masoch Paris 10 18 1973 318 pages EAGLETON Terry The ideology of the aesthetic Oxford Blackwell Publishers 1990 426 pages FREUD Sigmund Deuil et m lancolie in M tapsychologie Paris Gallimard collection id es nrf 1968 189 pages pp 146 174 traduction de l allemand par J Laplanche et J B Pontalis MANCHETTE Jean Patrick Les Yeux de la momie Chroniques de cin ma Paris Rivages Ecrits Noirs 1997 509 pages MULVEY Laura Fetishism and curiosity Bloomington Londres Indiana University Press British film Insitute 1996 188 pages SULEIMAN Susan Rubin Subversive Intent Gender Politics and the Avant Garde Cambridge Massachussets et Londres Harvard University Press 1990 276 pages WOLLEN Peter Raiding the Icebox reflections on twentieth century culture Bloomington amp Indianapolis Indiana University Press 1993 222 pages Sites Internet http www nothingness org http www panix com notbored index html http www chez com debordiana com http www lenbracken com http www geocities com johngray index htm toc http www teleologie org litt rature secondaire sur Lacenaire et Les Enfants du Paradis SELLIER Genevi ve Les Enfants du Paradis Paris Nathan collection Synopsis
84. ans lequel s inscrit ce travail en proposant une analyse critique sur les conditions sociales qui rendent ce conflit m me possible Il s agit d une part de d passer la condamnation univoque et irr fl chie de ceux que l on consid re au vu de leur engagement pr c dent comme revenus de tout Il aura fallu en passer par ce d voilement comprendre le cheminement et les raisons profondes de leur renoncement pour ne plus y voir qu une irr m diable trahison des p res coupables d avoir g ch l h ritage de 68 et des luttes pr c dentes Il s agit d autre part et dans l enjeu m me d un travail de cette forme de saisir le contenu de ce film l enjeu de sa mise en circulation sur le march des biens symboliques et de radiographier sa radicalit politique et la sublimation de cette derni re afin de pouvoir penser et agir politiquement par del ses erreurs et avec ses pertinences Le nom de Debord est sur beaucoup de l vres aujourd hui et une des raisons de la fascination qu exerce ses crits explique Michael L wy c est cette irr ductibilit qui brille d un sombre clat romantique C est donc entre autre dans la presse jeunistes qui s estime engag e par contraste avec ses p res que Debord est pris Plus encore qu une figure embl matique pour les nrockuptibles Guy Debord y incarne un ind passable must de l engagement politique Pr sent par une photo en ple
85. artistique et consid r e comme telle par Peter Wollen et Susan Rubin Suleiman devient politique partir de 1964 et d laisse par la m me occasion une critique qui aurait essentiellement pris l institution de l art pour cible Mais d s la dissolution de l IS Debord retourne seul la production artistique et de mani re corollaire l attaque de l institution de l art Debord pr serve ainsi dans son style les caract ristiques d une avant garde bien qu il soit seul et que le programme de son groupe ait d j fait son temps Le concept critique de Debord le plus important m me s il n est pas le premier chronologiquement est celui de spectacle Au sens commun le spectacle est ce qui s offre au regard capable de provoquer des r actions ou de rendre passif lors d une repr sentation th tre cin ma chez un public Ainsi les films de Guy Debord peuvent tre consid r s comme des spectacles lors de leur projections ou diffusions bien que Debord lui m me eut plus parl cet endroit de potlatch Mais une autre forme de spectacle est ce r gne autocratique de l conomie marchande ayant acc d un statut de souverainet irresponsable et l ensemble des nouvelles techniques de gouvernement qui accompagnent ce r gne Com 2 astreignant tout regard et toute conscience se focaliser sur lui falsification du monde La soci t du spectacle est la soci t de consommation dont le f
86. arts les sciences amp les m tiers Tome I Fascicule 9 Paris novembre 1986 pp 185 188 Anonyme avec Alice BECKER HO Le jeu de la guerre Relev s des positions successives de toutes les forces au cours d une partie Paris Editions G rard Lebovici 1987 Commentaires sur la soci t du spectacle 1988 suivi de Pr face la quatri me dition 111 italienne de La Soci t du Spectacle 1979 Paris Folio Gallimard 1992 147 pages premi re dition Editions G rard Lebovici 1988 Pan gyrique tome premier Paris Gallimard 1993 86 pages premi re dition Editions G rard Lebovici 1989 Cette mauvaise r putation Paris Folio Gallimard 1993 111 pages Des contrats Cognac Le Temps qu il fait 1995 65 pages Pan gyrique tome second Paris Librairie Arth me Fayard 1997 non pagin In girum imus nocte et consumimur igni dition critique augment e de diverses notes de l auteur suivi de Ordures et d combres Paris Gallimard 1999 154 pages Correspondances DEBORD Guy Correspondances volume 1 juin 1957 ao t 1960 Paris Arth me Fayard 1999 381 pages Correspondances volume 2 septembre 1960 d cembre 1964 Paris Arth me Fayard 2001 317 pages MARTOS Jean Fran ois Correspondance avec Guy Debord Paris Le fin mot de l Histoire 1998 320 pages Correspondances vol 1 Paris Champ Libre 1978 189 pages Cette antholog
87. ateur C est l aune de ces m canismes de frustration qu il faut peut tre comprendre en partie les honneurs dont le film a t entour d s sa sortie et surtout depuis la mort du r alisateur par le milieu du haut modernisme et de l art contemporain en France et ailleurs mais surtout en France o comme le note Jean Paul Curnier la bourgeoisie nouvelle aime par dessus tout dans l art la d faite de l art l crasement de son arrogance C est pourquoi il faut aux managers et autres responsables de ces institutions foraines toujours plus de vitalit vaincue toujours plus de sauvagerie arraisonn e toujours plus de d linquance asservie Voir en In girum un Debord d fait lui qui fut plus qu un simple trublion en 1968 et dans le m me sac l cueil de ses pr tentions politiques comme po tiques est certainement un soulagement inavou pour tous ceux qui en avaient t effray s autrefois et qui peuvent aujourd hui l observer l auditorium du Louvre enfin mis sous cage dans le beau cadre des mus es Ainsi apr s le pessimisme adornien mais par des chemins historiques autrement moins tragiques trouver dans une oeuvre l histoire de cette d faite du sens devint de nouveau tr s en vogue au cours des ann es 90 au point de rentrer dans les jeux de langages de l art contemporain la faveur d un critique d Art press qui lan a le concept d art d ceptif 10 Lettre du 26
88. atoriale avait accompagn la contre r volution totalitaire la nazie aussi bien que la stalinienne INTERNATIONALE SITUATIONNISTE Dans la zone sous d velopp e du march mondial on rassemble dans l id ologie et l extr me sur un seul homme tout l admirable tatiquement garanti indiscutable qu il s agit d applaudir et de consommer passivement La faible quantit des marchandises r ellement disponibles tend ramener cette consommation au pur regard L image du pouvoir dans laquelle ce regard doit trouver tout son bonheur est donc un fourre tout des qualit s socialement reconnues Soekarno devait tre la fois un g nial conducteur de peuple et un irr sistible s ducteur de cin ma Phi P Fi 4 losophe il concentrait dans le concept de Nasakom le nationalisme la religion et le com munisme stalinien de m me qu il r gnait la Ben Bella en fondant son autorit sur l antagos nisme vident de l arm e et du plus puissant parti stalinien d Asie Il veut continuer de tenir son r le unique de repr sentant perp tuel de cette perfection hybride alors m me que son arm e a massacr d apr s lui au moins 97 000 de ses communistes et qu elle continue Notre capacit d arrondir les angles est telle crivait l officieux Indonesian Herald apr s le putsch manqu du 1 octobre que si Moscou et P kin avaient adopt le syst me indon sien pour r soudre
89. aux rites et conforts de l id ologie petite bourgeoise dont la drogue le mysticisme zen voire m me l humour font partie Parfois v ritable police des m urs les s ances d autocritique publique et obligatoire se transforment en torture psychologique l autocritique est aussi demand e dans l IS et par Debord son public mais elle se d roule le plus souvent par courrier et se concluait le cas ch ant au poing Les principes de vie situationnistes sont tout aussi stricts la menace de l exclusion dans les deux cas et de ne se voir jamais plus adresser la parole par les orthodoxes pour les ex situationnistes p cheurs fonctionnant plein Ces postures du masochisme haut moderniste Ce que je vois entends m insupporte mais en surmontant niant ma peine mon ennui mon d go t en regardant coutant cette uvre je suis reconnu par le tribunal de mes pairs de cette lite j accomplis mon preuve distinctive et de l asc se politique des extr me gauches Je vais me purifier de mes penchants et de mon origine petite bourgeoise et vais d nier la volupt l amour devant 133 Pour une argumentation en faveur de la volupt comme concept esth tique au m me titre que celui de philistin cf BEECH et ROBERTS op cit 134 Voir la critique caustique qu en fait Hans Christian Dany en imaginant une biographie de jeunesse publi e par la psychanalyste d une jeune fille su doise duqu e par des parents situation
90. avec ses amis de bouteilles et les mineures d tourn es le boulevard du Crime et le Rouge Gorge des Enfants du Paradis de Marcel Carn et Jacques Pr vert dont de longues s quences viennent imager le propos Puis c est La charge fantastique de Raoul Walsh qui sert illustrer l activit de l Internationale Situationniste Le tout parsem de long travellings sur les canaux de Venise faisant montre d une certaine nostalgie et d un lyrisme emprunt Les th mes de l eau et du feu le temps et la vie la r volution sont le tissu de cette deuxi me partie autobiographique plus aboutie que la pr c dente Si le film de Debord est nostalgique c est que depuis sa verte jeunesse qui ne dura pas toujours et qui ne reviendra plus de crises en checs les temps ont chang et en mal estime t il B Les crises Crise conomique et sociale Lorsque Debord s attaque l criture du sc nario d n girum il y a plus de six ans que les mal nomm es Trente Glorieuses et leur assurance de prosp rit conomique sont attaqu es d s 1971 le dollars est d sindex du cours de l or mettant fin au Syst me Mon taire International et aux structures mises en place vingt sept ans plus t t Bretton Woods La crise conomique catalys e par la crise p troli re plonge la soci t fran aise de mani re pr cipit e dans l actualisation de son re dite postindustrielle Tandis que l inflation atteint les deu
91. be aussi la r volution et le prol tariat qu on finit par rejeter comme des mythes moins qu on ne les th orise de sorte qu ils ne soient plus que des entit s abstraites des concepts philosophiques hors de port e de l action humaine Ne reste plus alors par ce point de vue que la diff rence toujours plus soign e du dissident Dissident qui peu de frais permet une transformation d une personne engag e pour le destin commun en une personne lou e pour son talent s en tirer 720 Voir notamment les forums de discussions archiv s sur http perso wanadoo fr leuven debordhof htm et http www teleologie org ainsi que les textes de revues comme nvariance La guerre sociale La Banquise sur le site de John Gray http www geocities com johngray index htm toc ou La revue de pr histoire contemporaine et les textes de la Biblioth ques des Emeutes ces derniers sont archiv s sur http www teleologie org 21 cf La Banquise n 3 1983 article cit 107 survivre dans le capitalisme d autant plus s il dit le faire bien mieux que quiconque au moment ou en Italie comme en Allemagne se dessinent les culs de sac du terrorisme d extr me gauche et de sa manipulation Dissident qui bien que tr s lucide est volontairement myope quant aux tentatives de r sistances qui lui sont contemporaines qui ne peut estimer une seule de ces tentatives tant il se consid re comme le dernier gardien seul indique
92. blic du cin ma qui n a jamais t tr s bourgeois et qui n est presque plus populaire est d sormais presque enti rement recrut dans une seule couche sociale du reste devenue large l image de la file d attente se substitue celle de paysages d usines et d une d charge industrielle celle des petits agents sp cialis s dans les divers emplois de ces services dont le syst me productif actuel a si imp rieusement besoin gestion contr le entretien recherche enseignement propagande amusement et pseudo critique C est l suffisamment dire ce qu ils sont 54 Plus que leur situation c est la fausse conscience de ce public se leurrant sur son bonheur qui d clenche le m pris de Debord Car ils se trompent sur tout et ne peuvent que d raisonner sur des mensonges Ce sont des salari s pauvres qui se croient des propri taires des ignorants mystifi s qui se croient instruits et des morts qui croient voter La photo publicitaire d une famille nucl aire dans son salon qui illustre ce propos sert sa haine du consum risme et du conformisme bourgeois mais laisse galement subodorer son peu d app tit pour les petites gens de mani re g n rale ce mythe d un prol tariat r sistant auquel il ne croit plus Dans son film pr c dent il faisait d j fonctionner l quation que nous allons expliciter quation pour le moins m galomane Debord IS R volution Prol tariat Il y reconnaissait l
93. bourg Nautilus 2000 221 pages PLANT Sadie The most radical gesture The Situationist International in a Postmodern Age New York Routledge 1992 226 pages SCHRAGE Dieter diteur Situationistische Internationale 1957 1972 Vienne Museum moderner Kunst Stifung Ludwig Wien Triton 1998 125 pages SUSSMAN Elisabeth ditrice On the Passage of a Few People Through a Rather Brief Moment in Time The Situationist International 1957 1972 Cambridge Mass MIT Press ICA 1989 200 pages Num ros sp ciaux de revues et magazine Art press dossier Du Situationnisme au simulationisme n 134 mars 1989 pp 3 7 et 26 36 Lignes Guy Debord dossier sp cial n 31 mai 1997 Paris Editions Hazan pp 89 208 October Rereading Debord special issue n 79 hiver 1997 Substance Special Issue Guy Debord n 90 1998 University of Madison Wisconsin pp 1 163 Tausend Augen Le cin ma de Guy Debord dossier sp cial n 19 avril 2000 pp 58 90 Magazine litt raire Guy Debord et l aventure situationniste dossier sp cial n 399 juin 2001 pp 18 68 Esprit Fortunes du situationnisme n 279 novembre 2001 pp 143 158 Archives et documents situationnistes n 1 automne 2001 172 pages Critiques d n girum imus nocte et consumimur igni Le Monde MARCORELLES Louis Un nouveau film de Guy Debord Pavane pour amour d
94. ctacle un court en 1975 R futations de tous le jugements tant logieux ASSAYAS Olivier L opera nascosta in GHEZZI Enrico et TURIGLIATTO Roberto commissaires Guy Debord contro il cinema la Biennale di Venezia Milan Editrice Il Castoro 2001 pp 123 KAUFMANN Vincent Guy Debord la r volution au service de la po sie Paris Fayard collection Histoire de la pens e 2001 AZOURY Philippe Debord l abordage A Bobigny projection rarissime des six films de la figure situationniste Lib ration 10 avril 2002 4 JOUSSE Thierry Guy Debord un cin ma du temps perdu Le magazine litt raire n 339 juin 2001 5 Ce premier sc nario de Hurlements en faveur de Sade contenant alors des images et des dialogues est inclus dans le premier et unique num ro de la revue Jon Centre de Cr ation n 1 avril 1952 OCC 11 Extrait du sc nario de Hurlements en faveur de Sade 1952 avec la voix de Gil J Wolman Voix 1 et d Isidore Isou Voix 5 lisant un extrait de son ouvrage Esth tique qui ne sera jamais publi 7 Th orie isomorphiste construisant l Histoire sur des ruptures majeures de l art de la modernit par des exceptions comme Joyce Stravinski De Kooning Picasso Eisenstein Duchamp cf SOLLERS Philippe Th orie des exceptions Paris Folio Essais 1986 9 qu hostiles qui ont t jusqu ici port s sur le film La Soci t du Spectacle un long
95. d signer de coupable 26 sur les crans le 6 mai 1981 A la sortie de mon dernier film en 1981 crit avec orgueil Debord de nombreuses publicit s dans toutes la presse professionnelle et courante avaient employ la formule G rard Lebovici pr sente et c tait la premi re fois qu elle tait utilis e par le producteur Cette formule n tait pas pass e inaper ue dans la profession elle y avait m me fait quelques jaloux Cons 37 Le film est l affiche dans trois salles parisiennes les Sept Parnassiens l Olympic Entrep t et le Quintette Path D but juin il n est plus qu au Quintette Paris VI et est diffus ainsi que l annonce Lib ration sur la cha ne de t l vision pirate Canal 68 vers 4 heures du matin dans la nuit du 3 au 4 juin 1981 Il est reprogramm du 26 octobre 1983 au 17 avril 1984 au cin ma Studio Cujas dans le Quartier Latin que G rard Lebovici a achet pour projeter un programme unique de films de Debord tous les jours qu il y ait des spectateurs ou non L op ration ne semble pas avoir rencontr de succ s public Ce programme cesse le 5 mars 1984 suite l assassinat toujours non lucid de Lebovici Debord d cide en repr sailles de ne plus projeter ses films n girum est rest officiellement invisible jusqu septembre 2001 Une copie pirate est r apparue apr s le suicide de Debord et des projections du film se sont d roul es
96. d sint ress s le principe de l existence de l uvre d art dans ce qu elle a d historique mais aussi de transhistorique c est traiter cette uvre comme un signe intentionnel hant et r gl par quelque chose d autre dont elle est aussi sympt me C est supposer qu il s y nonce une pulsion expressive que la mise en forme impos e par la n cessit sociale du champ tend rendre m connaissable Le renoncement l ang lisme de l int r t pur pour la forme pure est le prix qu il faut payer pour comprendre la logique de ces univers sociaux qui travers l alchimie sociale de leurs lois historiques de fonctionnement parviennent extraire de l affrontement souvent impitoyable des passions et des int r ts particuliers l essence sublim e de l universel et offrir une vision plus vraie et en d finitive plus rassurante parce que moins surhumaine des conqu tes les plus hautes de l entreprise humaine Qu In girum fasse partie des conqu tes les plus hautes de l entreprise humaine ou 77 rien n est moins s r Mais l n est pas le soit une des uvres majeures du si cle propos puisqu il s agit plut t dans le projet de cette tude de voir dans une posture invers e qui dit que c est une des uvres majeures du si cle comment et pourquoi Il importe ici de construire un mouvement dialectique requis pour l analyse d uvres obscurcies par les discour
97. de Debord carte toute investigation du c t du cin aste Il faut se contenter des critiques parues dans la presse au moment de la sortie du film ou lors de ses diffusions en festival Celles ci sont parfois ahurissantes par leur refus de parler du film telle celle de Lucien Logette pompeusement intitul e Tentative de redressement de quelques jugements torves concernant le dernier film de Guy Debord publi e sur 7 pages dans la revue Jeune Cin ma septembre octobre 1981 Apr s tout il serait curieux de voir les m mes c est dire les critiques du Monde de T l rama et de Cin ma 81 ndla qui s hypnotisent sur le dernier ectoplasme beno tjacquotien s int resser un film aussi rugueux d aspect qu In girum imus nocte et consumimur igni des plans fixes des extraits d anciens films un documentaire sur Venise et un monologue d une heure trente m me pas sign par Marguerite Duras Impossible m me de lui coller le confortable label de l avant garde Alors quoi bon tenter de voir ce que montrent ces plans fixes et comment le texte les claire comment les extraits choisis s int grent m taphoriquement au discours de Debord ou sur quels moments de la narration vient s articuler le travelling v nitien P n tr de la rassurante certitude que si on ne comprend rien c est qu il n y a rien comprendre mieux vaut se d barrasser du film en quatre bouts de phrases interchangeables o s ent
98. de collages en voix off d un ton monotone parfois entrecoup de musique ou de la bande son des images montr es l ensemble formant un maillage de r f rences dont l ignorance est un obstacle toute compr hension liminaire du film Ainsi lorsque sous la plume de Louis Marcorelles Jn girum est d fini comme tant strictement r serv la tribu aux paroissiens Le Monde 10 11 05 1981 il semble fond de dire que ce film et les exemples le montreront fait preuve d sot risme Le titre In girum imus nocte et consumimur igni Enfin le titre In girum imus nocte et consumimur igni La nuit tombe le feu embrase la plaine retournons aux v rit s premi res nous cher bachot d antan o l on n acc dait pas l ge d homme o l on ne pouvait entrer Polytechnique sans avoir planch sur Horace et Cic ron Le Monde 10 11 05 1981 Cette locution latine est un palindrome qui peut donc se lire de gauche droite comme de droite gauche qui peut se traduire par Nous tournons en rond dans la nuit et sommes d vor s par le feu Phrase que Sidoine Appolinaire pr tait aux papillons de nuit tournant de nuit autour d une chandelle ou plus m taphoriquement mais plus vraisemblablement dans celles des femmes de nuit Sa formulation d origine est Jn girum imus nocte ecce et consumimur igni Nous voici nous qui tournons en rond dans la JV Debord choisit de supprime
99. de l anarchisme de droite page 58 B Une esth tique Sadienne page 62 Voix 4 jeune fille Mais on ne parle pas de Sade dans ce film page 62 Des affinit s lectives page 64 Holding the other end of the stick page 66 Une bruyante descendance applaudie page 67 C L sot risme bon teint page 70 Le titre In girum imus nocte et consumimur igni page 70 Aboutissement du mouvement d sot risation du marxisme occidental page 72 Correction et distinction les justifications th orico esth tiques de l sot risme page 76 L aristocratisme page 83 CHAPITRE III LE REPLI SUR SOI Page 87 A L chec consubstantiel de la n o avant garde page 90 M canique de la frustration un cin ma d ceptif page 91 Eloge de l chec page 94 B Du romantisme au narcissisme page 98 L assassinat de Paris page 98 Equation narcissique et conscience critique page 103 Conclusion Page 105 Bibliofilmographie page 109 Table des illustrations page 117 Mais le grand duc est tout nu s cria l enfant Hans Christian Andersen Les habits neufs du grand duc INTRODUCTION Voix 1 Voix 5 Quel printemps Aide m moire pour une histoire du cin ma 1902 Voyage dans la Lune 1920 Le Cabinet du docteur Caligari 1924 Entr acte 1926 Le Cuirass Potemkine 1928 Un Chien andalou 1931 Les Lumi res de la ville Naissance de Guy Ernest Debord 1951 Trait de bave et d
100. dont la citation est extraite pour les Th ses sur l Internationale Situationniste et son temps ou le num ro de page 176 dont la citation est extraite pour les autres textes OCC 103 uvres cin matographiques compl tes 1952 1978 Paris Gallimard 1996 295 pages Est indiqu le num ro de page 121 dont la citation est extraite sauf pour le film n girum imus nocte et consumimur igni dont les citations apparaissent sans r f rences Cons 71 Consid rations sur l assassinat de G rard Lebovici Paris Gallimard 1993 92 pages Est indiqu le num ro de page 71 dont la citation est extraite Com 33 Commentaires sur la soci t du spectacle 1988 suivi de Pr face la quatri me dition italienne de La Soci t du Spectacle Paris Folio Gallimard 1992 147 pages Est indiqu le num ro de la th se des Commentaires 33 dont la citation est extraite Panl 71 Pan gyrique tome premier Paris Gallimard 1993 86 pages Est indiqu le num ro de page 71 dont la citation est extraite Rep 101 Cette mauvaise r putation Paris Folio Gallimard 1993 111 pages Est indiqu le num ro de page 101 dont la citation est extraite InG 149 In girum imus nocte et consumimur igni dition critique augment e de diverses notes de l auteur suivi de Ordures et d combres Paris Gallimard 1999 154 pages Est indiqu le num ro de page 149 dont la citation est extraite sauf pou
101. du pr s d une caisse demande Zorro de son dernier souffle Mais avant de mourir pourrais je savoir qui vous tes Les deux autres personnes qui l accompagnent comprennent qu il est temps pour eux de se d tourner Zorro dos la cam ra se penche vers le mourant retire son masque Le vieil homme d couvre le visage de Zorro et meurt dans un dernier souffle apais Il n est pas donn aux mortels aux cadres de La D fense de voir le visage de conna tre la vie de Debord qui se repr sente ainsi en M duse se d robant la non vie spectaculaire Ce chapitre en s appuyant particuli rement sur la deuxi me partie du film tentera ainsi de pr ciser comment ce repli sur soi s exprime effectivement comme un art de se r fl chir qui dans une autor flexivit toute moderniste dispose la posture n o avant garde et son chec consubstantiel la nostalgie du romantisme au narcissisme et la solitude de la marginalit la mort comme autant de topo et modalit s de construction de l image de l artiste L Harmattan collection Champs Visuels traduit de l am ricain par N Burch 2002 La traduction ici cit e est celle offerte par Genevi ve Sellier dans son ouvrage Les Enfants du Paradis op cit 90 A L chec consubstantiel la n o avant carde Ceci revient dire que l intelligentsia r volutionnaire ne pourra r aliser son projet qu en se supprimant que le parti de
102. du prol tariat r volutionnaire Ces trois objets de deuil sont l occasion ici de continuer mettre en vidence les modalit s de repr sentation de soi de l artiste l oeuvre dans ce film par une approche aux abords cliniques de la nostalgie romantique au narcissisme en passant par la m lancolie Ils sont aussi l occasion d esquisser un cheminement psychologique commun une g n ration d intellectuels qui ont mis du c t voire abjur leurs id aux la fin des ann es soixante dix L assassinat de Paris Le vieux Paris n est plus la forme d une ville Change plus vite h las que le coeur d un mortel Baudelaire Les Fleurs de Ma Dans leur remarquable tude R volte et m lancolie Le romantisme contre courant de la modernit Michael L wy et Robert Sayre pr sentent cette exp rience de la perte comme constitutive de la critique romantique Ils entendent par romantisme ce grand mouvement de protestation contre la civilisation capitaliste industrielle moderne au nom des valeurs du pass qui commence au milieu du XV III avec Jean Jacques Rousseau et qui persiste en passant par la Fr hromantik allemande et le symbolisme au moins jusqu au surr alisme D chir entre nostalgie du pass et r ve d avenir le romantisme noir d nonce les d solations de la modernit bourgeoise Le d senchantement du monde la critique de la quantification de la m canisation de l abstract
103. duction anglaise trouv e sur internet du premier http members optusnet com au rkeehan si revolutionnary htm Contre le cin ma Aarhus Danemark Institut scandinave de vandalisme compar 1964 La Soci t du Spectacle Paris Folio Gallimard 1992 211 pages premi re dition Buchet Chastel 1967 uvres cin matographiques compl tes 1952 1978 Paris Gallimard 1996 295 pages premi re dition Champ Libre 1978 Pr face la quatri me dition italienne de La Soci t du Spectacle Paris Champ Libre 1979 Premi re dition en italien en janvier 1979 chez Nuova Valecchi Florence L dition utilis e est celle de la postface des Com R daction de l introduction Aux libertaires sous le pseudonyme LES AMIS INTERNATIONNAUX du livre de la COORDINATION DES GROUPES AUTONOMES D ESPAGNE Appels de la prison de S govie Paris Champ Libre 1980 Postface de MANRIQUE Jorge Stances sur la mort de mon p re Paris Champ Libre 1980 traduit du castillan par G Debord Consid rations sur l assassinat de G rard Lebovici Paris Gallimard 1993 92 pages premi re dition Editions G rard Lebovici 1984 Abat Faim in Encyclop die des Nuisances Dictionnaire de la d raison dans les arts les sciences amp les m tiers Tome I Fascicule 5 Paris novembre 1985 pp 96 102 Anonyme Ab Irato in Encyclop die des Nuisances Dictionnaire de la d raison dans les
104. e moderniste que Debord met en place d j en 1959 dans son deuxi me court m trage lorsqu il d clare sur un cran blanc que Ce qui le plus souvent permet de comprendre les documentaires c est la limitation arbitraire de leur sujet Ils d crivent l atomisation des fonctions sociales et l isolement de leur produits On peut au contraire envisager toute la complexit d un moment qui ne se r sout pas dans un travail dont le mouvement contient indissolublement des faits et des valeurs et dont le sens n appara t pas encore La mati re du documentaire serait alors cette totalit confuse OCC 27 28 C est toujours sur ce programme que quelques vingt ans plus tard Debord fait un film sur le passage de ce temps d sordonn Mais ce qui n tait alors que totalit confuse a mut en secret g n ralis Com 5 car le spectacle est devenu total Il faut sur cette question rapprocher Debord d Adorno affinit de d part plut t logique au vu du bref r cit du marxisme occidental esquiss ci dessus de la place du concept d ali nation dans leur critique sociale respective et comme le montre Jappe malgr des cheminement diff rents 158 p ibid p 130 15 LEVIN op cit et JAPPE Anselm Sic Transit Gloria Artis The End of Art for Theodor Adorno and Guy Debord in SubStance review of theory and literary criticism University of Winsconsin Press 90 1999 pp 102
105. e Simar Films Lebovici est alors le magnat du cin ma fran ais et r gne comme impr sario des grandes stars tant acteurs que r alisateurs et sc naristes et producteurs Il est le cr ateur de l agence AAA et P D G d Artm dia Debord signe le 1 janvier 1977 un contrat pour la r alisation d un long m trage noir et blanc en 35 mm de 90 minutes avec la soci t Simar Films et tourne le m me mois pendant trois journ es avec Andr Mrugalski des longs travellings sur les canaux de Venise qu il inclut au montage avec les extraits de films de cin ma films publicitaires actualit s t l vis es photos et autres plans de villes Le film pr t d s mars 1978 sort d abord sous forme de sc nario publi en novembre de la m me ann e OCC et reste trois ann es sans tre distribu C est donc pr c d de la marguerite de Gaumont qu il arrive 4l cf LEBOVICI G rard Tout sur le personnage Paris ditions G rard Lebovici 1984 BITTERMANN Klaus Das sterben der Phantome Verbrechen und ffentlichkeit Berlin Edition Tiamat 1988 l article de Pierre ASSOULINE Enqu te sur un diteur assassin Lire mai 1988 et le roman clefs Master CAVIGLIOLI Fran ois et FRANCELET Marc Paris Editions N 1 Filipacchi 1988 qui tente d clairer les circonstances de son assassinat en privil giant la piste li e l ouverture du march de la vid o L enqu te s est officiellement close le 19 03 1991 sans
106. e avec des exp riences de comportement IS 1 13 25 ROSS Kristin Aller plus vite laver plus blanc La culture fran aise au tournant des ann es soixante Paris Editions Abbeville collection Tempo traduit de l am ricain par S Durastanti 1997 100 Qui pourraient pr sent qu il n en reste plus rien comprendre cela hormis ceux qui se souviennent de cette gloire Qui d autre pourrait savoir les fatigues et les plaisirs que nous avons connus dans ces lieux o tout est devenu si mauvais In girum pr sente la m me harmonie immobile d un monde pass qui pr vaut dans les films de Carn et Pr vert et qui offre la vue rassurante de villes pacifi es suspendue dans le temps par la hauteur des prises de vues C tait Paris une ville qui tait alors si belle que bien des gens ont pr f r y tre pauvres plut t que riches n importe o ailleurs Qui pourraient pr sent qu il n en reste plus rien comprendre cela hormis ceux qui se souviennent de cette gloire In girum Cette repr sentation fig e des villes est ici permise par l utilisation renforc e de photos a riennes de Paris vraisemblablement trouv es par Debord dans les ouvrages illustr s de Chombart de Lowe dont les d couvertes techniques sur les prises de vues a riennes pr c dent de peu la passion de Debord pour l urbanisme A nsi une carte de Paris au XIX si cle fait rapidement place des photos
107. e doivent jamais tre injustes Cons 35 128 POGGIOLI Renato The theory of the Avant Garde Cambridge Mass Harvard University Press 1968 p 30 cit in SULEIMAN op cit p 33 62 B Une esth tique sadienne Voix 4 jeune fille Mais on ne parle pas de Sade dans ce film Barbara Rosenthal prononce cette phrase sur un cran blanc dans n girum au milieu d un montage d extraits sonores du premier film de Guy Debord Hurlements en faveur de Sade 1952 Cet auto d tournement vise appuyer son propos sur le caract re subversif de sa carri re de cin aste Cette voix de jeune fille au ton na f intervient quasi syst matiquement dans Hurlements en faveur de Sade film sans image fait de citations sonores sur un mode interrogatif et d vou Veux tu une orange badin Dis tu as couch avec Fran oise candide Il est amusant le t l phone plat Ce doit tre terrible de mourir ou sottement maternaliste Tu bois beaucoup trop alors que les autres voix quantitativement et qualitativement beaucoup plus pr sentes sont plus imp ratives et s res et bien s r toutes m les Cette phrase est prononc e dans Hurlements en faveur de Sade pr cis ment apr s une minute trente d cran noir et environ dix minutes apr s le d but du film comme si la jeune fille se rendait enfin compte frustr e par ce vide que le titre du film ne correspond pas au contenu Trop vidente
108. e encore rationn un fils de la bourgeoisie cannoise s entiche de cin ma et de la sulfureuse fr quentation d une bruyante avant garde artistique Les lettristes participent aux coulisses du Festival de Cannes de 1951 par des projections hors cadre de leur films parfois sans pellicule ou sans images Guy Debord y rencontre Maurice Lema tre Gil J Wolman et Isidore Isou et monte Paris les rejoindre En 1952 il publie le sc nario de Hurlements en faveur de Sade avant d en r aliser le film film uniquement compos d crans noirs et blancs avec des voix en bande son telles l pigraphe cette introduction Et si l on voulait se fondre dans cette perspective de la th orie des exceptions qui est celle de ce m me pigraphe on pourrait dire vivant Paris dans un quartier o le n gatif tenait sa cour suite aux carr blanc sur fond blanc de Malevitch aux tentatives de destruction de l art de Dada celles de r alisation de l art des surr alistes l impossibilit d crire un po me apr s Auschwitz et aux scandales de la sc ne lettriste c est la mort du cin ma que Guy Debord proclame dans son premier film Fort de cette d claration n crologique Debord n en r alise t il pas moins un court m trage en 1959 Sur le passage de quelques personnes travers une assez courte unit de temps un autre en 1961 Critique de la s paration puis un long m trage en 1973 La Soci t du Spe
109. e la paternit r elle de ses cinq traits il est au moins certain que l accord de fond de Debord toujours tr s exigeant et rigoureux pour tout ce quoi son nom est attach tait requis pour mettre en place le canular et traduire le texte Par ailleurs des passages du texte de Sanguinetti sont quasiment repris mot pour mot dans In Girum Il n y a donc pas d anachronisme se r f rer comme le fait ce travail des positions th oriques publi s par Debord en 1988 dans ses Commentaires pour parler d un film de 1978 puisqu elles sont d j siennes l poque o il r alise Zn girum De m me une place significative sera accord e ce canular Ce concept de spectacle est la pierre de touche de son syst me critique labor au sein de l Internationale Lettriste 1952 1957 et de sa revue Potlatch puis de l Internationale Situationniste 1957 1972 et de la revue du m me nom Les artistes de diverses avant gardes europ ennes l Internationale Lettriste Mouvement pour un Bauhaus Imaginiste comprenant des anciens de COBRA et du Movimento Nucleare le Comit Psychog ographique de Londres qui composent ce nouveau groupe mettent alors en place des m thodes de d passement de l art dont au premier chef la construction de situation Une situation construite est un moment de la vie concr tement et d lib r ment construit par l organisation collective d une ambiance unitaire et d un jeu d v
110. e ne peut se fonder que sur la contestation Et cette contestation n a de v rit et de r alisme qu en tant que contestation de la r alit IS 7 9 10 6 HOURMANT Fran ois Le d senchantement des clercs figures de l intellectuel dans l apr s Mai 68 Rennes Presses Universitaires de Rennes collection Res Publica 1997 38 Plus tendu et plus visible le mao sme fran ais est v cu comme une pop e passionnelle intense compl te et propice beaucoup d aveuglements Pass sous l enseignement du mentor ph m re Louis Althusser un mao sme th oriciste sort du cercle ultra restreint prochinois de l Ecole Normale Sup rieure gr ce aux nombreux r cits de voyage enthousiastes voire apolog tiques Tr s bien relay s par les m dia ces livres aideront toute une frange de la population suivre les ma tres spirituels dans leur engagement de Jean Paul Sartre et Simone de Beauvoir Jean Luc Godard en passant par Alexandre Astruc Delphine Seyrig et Maurice Clavel les c l brit s du monde intellectuel et artistique arborant le petit livre rouge se bousculent au portillon de la modernit militante quest la GP Gauche Prol tarienne Mais des sinologues consciencieux r agissent et d noncent l aveuglement id ologique dont font preuve ces r cits guid s qui ne prennent pas en compte la r alit de la Chine et de son syst me Parmi les plus virulents Simon Leys alias Pierre Ryckmans
111. e nous le verrons dans la deuxi me sous partie de ce chapitre est le creuset nostalgique de sa verve romantique Avant d en arriver la derni re tape de la focalisation o Debord finit apr s une heure quarante de film parler de lui la troisi me personne il faut revenir sur l ach vement de la premi re moiti d In girum sur le constat d incapacit du cin ma produire quoi que ce soit d int ressant Debord n y condamne pas le cin ma comme technique juste la pratique qui en a t faite In girum ferait il exception La question n am ne selon le r alisateur aucun doute Ainsi donc au lieu d ajouter un film des milliers de films quelconques je pr f re exposer ici pourquoi je ne ferai rien de tel Ceci revient remplacer les aventures futiles que conte le cin ma par l examen d un sujet important moi meme Le film de cin ma chappant aux tares de tout le cin ma pass existerait par la qualit de son sujet Guy Debord lui m me En 1978 le cin aste reste m connu en dehors des cercles situationnistes ou lettristes Les rares photos de lui publi es ci et l dans l IS ou dans ses films ne le nomment pas Quelle aubaine alors pour les spectateurs du film conna tre enfin ce personnage myst rieux A l annonce de l examen de ce sujet important sur des plans du Grand Canal de Venise succ de un extrait de Zorro o un vieux notable mortellement bless agonise et ten
112. e pour ne pas soigner le calibrage des n tres 7 D embl e il faut noter qu ils n ont pas l exclusivit du souci de se d marquer de son semblable car pour les anarchistes de droite aussi un souci majeur a toujours t de se d marquer d finitivement non seulement de la morale commune de celle des bien pensants mais de toute tentative de r cup ration id ologique par go t de la v rit 7126 Chez les animateurs du forum de dite crite et recherch e jusqu l exc s l Observatoire de T l ologie cette attention particuli re soucieuse de ne pas insulter les premiers et ce souci de justifier ce qui n est souvent que le fruit d un aristocratisme puriste peuvent para tre pr venantes au premier abord mais les disciples ont la 124 Ce forum d sormais ferm est archiv sur http perso wanadoo fr leuven debordhof htm 125 http www teleologie org voir le message Nos buts et nos m thodes sur l Internet III post par l Observatoire de T l ologie le 3 octobre 1999 6 RICHARD Les anarchistes de droite op cit p 62 61 prop deutique plus didactique que le ma tre Ce dernier ouvre simplement In girum par un sec Je ne ferai dans ce film aucune concession au public Enfin selon une approche compl mentaire il faut cr diter cette violence verbale l agressivit constitutive de ce que Renato Poggioli nomme la posture avant garde Une avant garde
113. e r sultat de ces recherches et voil la seule bonne nouvelle de sa pr sente communication il ne la livrera pas sous la forme cin matographique Debord se d tourne 184 BOUVERESSE Jacques Rationalit et cynisme Paris Edtions de Minuit collection Critique 1985 pp 17 18 CHAPITRE III Le repli sur soi de l Artiste 88 In girum dresse le constat amer du d labrement avanc de la soci t Il part du g n ral pour aller vers le particulier du marasme g n ralis pour aller l exemple d une vie qui montre suffisamment en n gatif la non vie des autres Les lieux du film suivent ce mouvement centrifuge de la soci t enti re vers Paris puis de quartiers de Paris Florence Venise vers les demeures diverses habit es par Debord et enfin Champot la maison de campagne o il s est retir une inaccessible maison entour e par des bois loin des villages dans une r gion extr mement st rile de montagne us e au fond d une Auvergne d sert e Panl 56 La premi re tape de cette focalisation recentrement du sujet sur la ville de Paris est l occasion d une hausse qualitative de la mise en sc ne du film C est pourquoi ce chapitre plus que les pr c dents se penchera sur la monstruosit cin matographique d n girum Sur la mani re dont des monstres s int grent au r cit filmique sur ce qu ils y apportent l intertextualit qu ils mettent en b
114. e s rieux de cette convention de lecture relevant du high modernist masochism dont parle No l Burch Mais d humour In girum est totalement d pourvu dans sa premi re partie et peu pourvu dans sa deuxi me Louis Marcorelles peut ainsi stigmatiser le folklore germano pratin qui toucherait davantage s il savait tre dr le Le Monde 10 11 mai 1981 tandis que pour Vincent Rogard plus que son narcissisme on reprochera l auteur de distiller son m pris sans une seule pinc e d humour T l rama 13 juin 1981 Le m pris pour les classes moyennes et l insulte anti intellectualiste voqu s pr c demment en attestent Debord dit ne rien attendre de son public si ce n est une conscience laquelle il ne croit plus Mais Jn girum dans son esth tique sadienne pr suppose de son public une asc se prompte flatter les go ts aust res d une lite Ce public prend la posture de celui qui ressent un plaisir litiste dans sa capacit jouir sto quement de l ennui ou de l inconfort induits par les images ou le son Des affinit s lectives Ce type d asc se litiste peut tre rapproch e de la pratique de certains groupes et groupuscules d extr me gauche tels les mao stes fran ais de l UJC mIl l ex GP qui en tant qu avant garde politique refusant au nom de la primeur du prol tariat de s avouer comme telle veillent ce que ses militants ne c dent rien de leur vie priv e
115. edressement de quelques jugements torves concernant le dernier film de Guy Debord septembre octobre 1981 Le Perroquet BADIOU Alain Guy Debord In girum imus nocte et consumimur igni Un homme qui ne c de pas 11 novembre 1981 La Revue du Cin ma Saison cin matographique 1981 D S SAUVAGET Daniel In girum imus nocte et consumimur igni Fiches du cin ma Tous les films 1981 O F C F Office Fran ais Catholique du Film In girum imus nocte et consumimur igni Articles parus l occasion de la r trospective des films de Guy Debord en 2001 2002 AZOURY Philippe Debord l abordage A Bobigny projection rarissime des six films de la figure situationniste Lib ration 10 avril 2002 GNOLI Antonio Guy Debord dal cinema alla vita un intelletuale in guerra La republica Rome 30 ao t 2001 JOUSSE Thierry En temps de black out Les Cahiers du Cin ma n novembre 2001 KOEHLER Robert A willful iconoclast Director Guy Debord Variety Los Angeles 27 ao t 2001 MARY Nathalie R trospective Guy Debord BREF le magazine du court m trage n 53 juin 2002 pp 10 11 STRIZZOLO Nicola Morte a Venezia Undiversit communicazione Trieste septembre 2001 Articles sur le cin ma de Guy Debord AGAMBEN Giorgio Le cin ma de Guy Debord in TRAFIC N 22 t 1997 pp 56 61 ASSAYAS Olivier Dans des circonstances ternelles du f
116. ence critique Une passion malheureuse teinte plus grandement encore l toffe autobiographique de ce long m trage et afin de compl ter les approches historiques et id ologiques des rapports entre la voix d n girum et le prol tariat ci avant d velopp es une approche si basique soit elle de l conomie libidinale en jeu dans les quations sugg r e par Debord peut permettre de mieux en saisir la signification et la port e Freud toujours dans Deuil et m lancolie montre de quelle mani re la plasticit des investissements chez un sujet narcissique conduit une appropriation des objets d amours d us Or c est bien le prol tariat ouvrier qui a le statut d objet d amour d u dans n girum ainsi qu il a t vu au chapitre pr c dent Etre prom th en lentement rev tu au cours des deux si cles coul s de toutes les qualit s propres abattre l abomination capitaliste le prol tariat ouvrier se voit en 1978 1981 d pouill de tous ses attributs magiques ant rieurs jug platement r aliste corporatiste uniquement soucieux d int gration r ussie dans l horizon restreint des promesses marchandes Il n est m me plus alors le Dieu cach de ces militants et intellectuels en peine de consolation fantasmatique mais une idole vaincue morte le Grand Pan moderne sur lequel on crache avec ressentiment parce qu il n a pas su mener leur terme les promesses extraordinaires qu on lui pr tait il
117. enir OCC 167 La situation pr sent e laconiquement semble claire la r volution commenc e par des officiers r volt s prend contre l avis du PCP et des socialistes lus la chambre constitutionnelle une forme autogestionnaire gr ce des ouvriers ce qui am ne Debord y voir la r compense de ses appels la formation de conseils ouvriers En passant en revue les critiques de son Bien que les biographies lues n en parlent pas Guy Debord a voyag au Portugal ainsi qu il l indique dans Panl 43 Plus pr cis ment sa pr sence sur les terres lusophones en 1974 sous le pseudonyme de Glaucos est sugg r e par une de ses lettre Martos le 27 juillet 1988 Martos 112 Sanguinetti le sugg re galement attendu que c est avec la collaboration de Debord qu il crit ses Preuves de l inexistence de Censor par son auteur lorsqu il utilise une poque o ils pr f rent tre dans la rue avec ce prol tariat la premi re personne du pluriel regardez le Portugal il y a un an et demi que nous emp chons tout pouvoir tatique de s y constituer r ellement CENSOR op cit p 185 57 Guy Debord lance le 14 mai 1968 un appel du Comit pour le Maintien Des Occupations dor navant CMDO pour la formation de conseils ouvriers C est le seul acte qui lui soit attribuable lors des v nements de mai juin 1968 et il consid re cet appel comme lacte qui le cr dite dans l Histoire du r le de 35 f
118. ension suicidaire ne sont pas sans rappeler les tendances de Mallarm et de ses acolytes ou encore d une autre figure largement invoqu e par Debord Lacenaire ce mod le de r volte individuelle avec la dimension suicidaire et le courage que cela implique Dans son Mallarm Sartre d crit la posture de ces po tes qui ont faire face la mort de dieu en tant que croyant Qu elle ait t consciente ou non cette tentative pour en appeler Dieu lui m me de sa mort ne peut se comprendre que dans un climat de d faite Ces ath es sont des pr curseurs et leur po sie est la source de ce n o christianisme aujourd hui si r pandu que je propose de nommer la foi comme conduite d chec Ou si l on pr f re la Po sie se veut chec pour vivre dans la douleur l chec de la Religion Mais comme en m me temps leur incroyance est sinc re et d finitive comme la rage et le ressentiment jettent ces po tes rench rir sur le mat rialisme et sur les n gations des libertins il convient de voir dans cette attitude ambigu contradictoire et presque impossible fixer une maladie infantile de l ath isme Posture semblable celle de Debord qui emm ne m taphoriquement la mort le prol tariat en fait IS mais pour le r alisateur PIS est le prol tariat dans lequel il croit comme Dieu puisqu il croit en l identit Debord r volution prol tariat Ainsi dans 197 SARTRE Jean Paul Mallarm
119. ental 1999 In girum n y est pas mentionn 4 Yann Ciret n h site pas pour d buter son article dans le magazine officiel de l avant garde Art press balayer d un revers de la main la pl thore d crits de presse qui ne disent rien sur Debord tout en en parlant Embaum l gend mythifi le destin du fondateur de l Internationale Situationniste para t au del de toute critique Il sugg re ainsi qu il en sera dans son article autrement Mais il crit dans ce qui lui semble un ton honn te au paragraphe suivant Avec l auteur de la soci t du spectacle il n y a pas de critique possible seulement des rencontres des d rives des d tournements des combats Guy Debord ou la voie de la guerre Art press n 253 janvier 2000 pp 50 51 23 l on parle de lui ou de ses films mais surtout il pr tend r aliser les films suivants comme une contre attaque ces anesth sies de son style que seraient les critiques uvres et autres discours tenus son gard Soucieux de la coh rence qu il veut pr senter de son uvre la critique de la r ception critique de son uvre de sa vie devient pr texte publication en t moigne le titre de son film de 1975 R futations de tous le jugements tant logieux qu hostiles qui ont t jusqu ici port s sur le film La Soci t du Spectacle Ainsi l intertexte qui pourra tre convoqu pour ce travaille se compose d ouvrages et de f
120. es GHEZZI Enrico et TURIGLIATTO Roberto commissaires Guy Debord contro il cinema la Biennale di Venezia Milan Editrice Il Castoro 2001 206 pages GONZALVEZ Shigenobu Guy Debord ou la beaut du n gatif Paris Mille et une nuits collection Les petits libres 1998 143 pages R dit en 2001 chez Nautilus JAPPE Anselm Guy Debord Arles Editions Sulliver Via Valeriano traduit de l italien par C Galli 1998 252 pages R dit en 2001 chez Deno l JORN Asger Guy Debord et le probl me du maudit Grignan Colophon 2002 r dition de la pr face du livre de Debord Contre le Cin ma 1964 J U P Situationistinnen und andere Berlin b books 2001 77 pages KAUFMANN Vincent Guy Debord La r volution au service de la po sie Paris 112 Fayard collection Histoire de la pens e 2001 412 pages L WY Michael L Etoile du matin surr alisme et marxisme Paris Editions Syllepse 2000 126 pages MANACH LE Yves Artichauts de Bruxelles Impression Debord et jardins Bruxelles L insomniaque collection couteaux tir s 1999 94 pages MARCUS Greil Lipstick Traces une histoire secr te du vingti me si cle Paris Editions Allia traduit de l anglais par G Godard 1998 549 pages R dit en 2000 en poche chez Folio Gallimard OHRT Roberto diteur Das grosse Spiel die Situationisten zwischen Politik und Kunst Ham
121. es de l inexistence de Censor par son auteur Paris Champ Libre 1976 traduit de l italien par G Debord 187 pages SANGUINETTI Gianfranco Du terrorisme et de l Etat Paris Le fin mot de l Histoire 1980 traduit de l italien par J F Martos 140 pages SOMMIER Isabelle La violence politique et son deuil L apr s 68 en France et en Italie Rennes Presses Universitaires de Rennes collection Res Publica 1998 253 pages PERSICHETTI Paolo et SCALZONE Oreste La r volution et l Etat Insurrections et contre insurrections dans l Italie de l apr s 68 Paris Dagorno 2000 Ouvrages sur l anarchisme de droite BOUNAN Michel L Art de C line et son temps Paris Allia 1997 et 98 133 pages ORY Pascal L anarchisme de droite Paris Seuil 1984 RICHARD Fran ois Les anarchistes de droite Paris PUF collection Que sais je 1997 125 pages ID Ouvrages et articles sur l esth tique BARTHES Roland S Z in uvres compl tes tome II Paris Seuil 1995 pp 555 741 1748 pages BOURDIEU Pierre Les r gles de l art Gen se et structure du champ litt raire Paris Point Seuil 1998 567 pages BURCH No l The Sadeian Aesthetic a critical view in BEECH Dave et ROBERTS John diteurs The philistine controversy Londres New York Verso 2002 314 pages pp 175 200 B RGER Peter Theorie der Avantgarde Francfort Suhrk
122. es slogans les plus connus qui recouvraient les rues ces mois l slogans d inspirations situationnistes bien s r Si les murs ont la parole Debord se sentait l gitim reprendre Saint Just Nos id es sont dans toutes les t tes Pour Debord d sormais les situationnistes sont partout et leur t che est partout VS 53 et plus encore Ce que l on appelle les id es situationnistes ne sont rien d autres que les id es de la p riode de r apparition du mouvement r volutionnaire moderne Finalement il ne s agit donc pas d une th orie de l IS mais de la th orie du prol tariat VS 3 Ainsi IS s autodissout dans le prol tariat qui a t amen la conscience de classe par ses id es id es latente chez le prol tariat par d finition r volutionnaire mais qu il fallait activer D sormais la th orie de PIS est pass e dans les masses VS 22 C est donc ce titre que dans le film La Soci t du Spectacle 1973 il d tourne des extraits d assauts h ro ques de cavalerie de La Charge Fantastique qui illustrent aussi bien l IS que la r volution et la lutte des classes donc le prol tariat puisqu il y a quivalence Mais ainsi que nous avons tent de le montrer plus haut pour Debord les masses se sont laiss es enti rement submerger apr s 1975 par la fausse conscience et ont perdu leur r le d agent de l Histoire L quivalence rompue les honneurs de cette
123. est par sa d finition militaire et sa posture militaire d avant garde le groupe le plus audacieux et le plus redoutable d une force de combat Ainsi avec In girum Debord cherche pr server certains crit res de l avant garde et exploite deux aspects de cette violence inh rente au projet destructeur moderniste Il exprime ainsi d une part une agressivit l gard de tout ce qui est d truire dans une optique r volutionnaire par le moyen de l insulte et du m pris le m pris l gard du spectateur du peuple de la masse et de l autre une agressivit l gard de ceux dont il veut se distinguer par crainte qu ils ne lui ressemblent et donc de fait ne rendent caduque sa position d avant garde l insulte toute autre penseur activiste radical Guy Debord dispense donc son m pris aux masses vivant dans la fausse conscience aux salari s du premier rang mais galement et sur le mode de l insulte ceux qui les y entretiennent l Union de la Gauche les intellectuels Ainsi par del son style dialectique In girum partage avec l anarchisme de droite le m pris des masses et l anti intellectualisme Plus encore si les t l ologues se font fort d insulter sous couverts heuristiques et dans une optique m liorative de dialogue ce n est pas du tout le cas dans ce film quantitativement beaucoup plus pauvre en insultes que les films pr c dents ou les articles de l IS L ins
124. eur m me du PCF parvient en 1964 par le jeu avant gardiste d exclusions incessantes une IS uniquement politique Et c est en 1964 et 1965 que le conflit entre PCF et UNEF aboutissement des divergences sur la guerre d Alg rie et les manifestations des Comit s Vietnam d cident une grande partie des jeunes communistes cesser de pr ter all geance au Parti Une derni re date dans le renforcement des troupes la condamnation par le PCF des men es subversives et du mouvement g n ral de mai juin 1968 finit de jeter nombre de jeunes lyc ens tudiants et quelques ouvriers dans la mouvance gauchiste et d extr me gauche La perte progressive du poids du PCF dans l chiquier politique met ces derniers au pied du mur la fin des ann es 70 leur posture pratiquement n gative peut elle survivre d une part l effacement de leur ennemi et d autres part la mutation de la classe professionnelle sur laquelle ils comptaient pour un renversement politique KRIEGEL Annie Les Communistes fran ais Paris Point Seuil Politique 1968 pp 234 235 55 Le quatri me de couverture du premier num ro de l IS s intitule Une Guerre civile en France Ce texte crit juste avant l impression 8 juin 1958 d nonce avec violence le coup d Etat gaulliste d nonciation partag e par un grand ventail de gauche Il d nonce galement le leurre qui consiste suspecter le PCF de vouloir faire la r volution le
125. exemple De d faite en d faite les M moires se poursuivent ainsi jusqu au d sastre final ses M moires n ont pas l abattement d un vaincu mais l amusement d un joueur Retz a atteint le seul but qu il se proposait Debord int gre Jn girum dans une s quence o il est question de lui m me de sorte que l identification ne fasse pas de doute un portrait de Retz qui prouva lui aussi apr s un chec relatif sur le plan historique une grande satisfaction voquer ses actions pass es en exag rant peut tre parfois le r le qu il a eu dans les v nements Ce penchant l am ne y mettre en sc ne deux autres grandes figures historiques incarn es l cran par Errol Flynn le g n ral Custer dans La charge fantastique et Lord Raglan le capitaine de La Brigade L g re deux militaires rest s dans les annales pour avoir subi m me s ils n ont pas d m rit au moment de faire preuve de courage et de r solution des d faites terribles et fatales En 1973 d j dans son film La Soci t du Spectacle Debord d tourne des extraits de La charge fantastique o pendant la guerre de S cession le jeune g n ral Custer Debord y engage ses bataillons alors all gorie des lettristes des situationnistes avant mai 1968 et du prol tariat cf supra dans des assauts qui pour tre insens s et forts co teux en hommes se r v lent payants Dans n girum les sc nes d tourn es cor
126. explose et fait 16 morts et 88 bless s place Fontana Au m me moment les Le teppisme est un n ologisme adapt du mot italien teppismo action des teppisti voyous vandales Dans un confusionnisme clair tout fait volontaire le teppisme englobe les actes de d linquance ou de vandalisme politis s ou non 76 Au lendemain de l incendie le 19 04 1975 une circulaire minist rielle d lirante court dans les r dactions apr s avoir voqu Luk cs Korsch l Ecole de Francfort Henri Lefebvre Socialisme ou Barbarie et PIS le texte incrimine des groupes d ultra gauche turinois et romains Aldo Palumbo dans L Unita cherche du c t de PIS ce groupe de fascistes anarchistes pourtant autodissout depuis alors trois ans Font de m me le lendemain Andrea Santini du quotidien romain Paesa Sera et le titre florentin La Nazione pour qui les situationnistes pr conisent la d linquance commune et le teppisme comme m thodes r volutionnaire Seul le Corriere della Sera prend la peine d voquer l existence de la note minist rielle cf CHOLLET Laurent L insurrection situationniste Paris Dagorno 2000 pp 228 229 7 Tendance du parti au gouvernement favoriser par tous les moyens les conflits int rieurs comme des conflits extr me gauche extr me droite afin que soit fait appel son intervention mod ratrice 78 L extradition de Paolo Perschetti en ao t 2002 vers l Italie et le fait qu
127. film il se pr sente ainsi sous les traits du tueur Lacenaire des Enfants du Paradis qui si il a un go t pour le verbe m prise l humanit Enfin le flou dans lequel Zn girum laisse le spectateur face des objets au ton libertaire ambigu dans un contexte de d litement social et des id ologies a peut tre plus partie li e au cynisme qu l anarchisme de droite L affaire Censor en est un exemple probant Nous pouvons donc avec Jacques Bouveresse nous interroger sur les postures incoh rentes de certains penseurs radicaux de l apr s 68 tel Debord tant il a revendiqu dans n girum particuli rement cette coh rence entre sa vie et son oeuvre et ce qui lui appara t comme cons quemment la coh rence de son oeuvre les intellectuels qui ont d cid d tre tout fait r alistes et m me franchement cyniques sur des questions comme celle de la v rit devraient prendre la peine d expliquer une bonne fois ce qui distingue le n or alisme et le n o cynisme de la gauche clair e de leurs fr res ennemis de la pens e de droite la plus traditionnelle Cela viterait ceux qui sont encore sensibles l exigence d un minimum de coh rence et d intelligibilit d avoir l impression d sagr able que les penseurs qui sont le moins soup onnables d tre droite sont ceux qui comme Nietzsche ont le plus fait pour d consid rer et liquider les id aux humanitaires et les utopies moralisatrices
128. fr quentation de Socialisme ou Barbarie en 1960 61 58 En 1982 les espoirs retomb s il dira Le Portugal est un pauvre pays et sans doute depuis bien longtemps avant Salazar La r volution y est pass e comme la pluie sur les Causses sans laisser de traces De la pseudo langue aux tristes m urs on voit vite que le Portugal depuis trois si cle n a vraiment travaill avec succ s qu se faire le pur contraire de l Espagne Espagne qu il affectionne alors particuli rement et o il s journe al atoirement plusieurs ann es in lettre de Guy Debord Jean Fran ois Martos du 10 janvier 1982 Martos 36 36 Soares dans les premiers jours de la r volution R futations OCC 187 Suit in extenso et film par les actualit s cin matographiques le 12 juillet 1936 le discours de Roger Salengro Ministre de l Int rieur du Front Populaire discours pr paratoire au d fil unitaire du 14 juillet qui ne devra pas effrayer les classes moyennes L ordre nous l assumerons en amenant la classe ouvri re comprendre que son devoir et son int r t lui commandent d enten dre nos appels et de nous viter d avoir recours des moyens de contrainte Non le Front Populaire ne sera pas l anarchie Salengro pronon ant son discours du 14 juillet R futations OCC 188 37 Ce film propose donc encore une analyse critique d un v nement pr cis la politique des partis l Uni
129. he l invasion de l Afghanistan par l URSS en 1979 La R volution des illets rev t une importance particuli re en ce qu elle repr sente un processus r volutionnaire prenant place au sein m me de l Europe offrant la possibilit tous ceux qui vivaient l exotisme r volutionnaire de Cuba la Chine en passant par le Vietnam et l URSS bien s r et le tiers mondisme le Portugal fait interm diaire entre le Tiers Monde et l Occident avec ses guerres coloniales de suivre de tr s pr s voire de participer ce mouvement Venus par charters entiers les gauchistes que le scepticisme commen ait envahir se pr cipitent aux terrasses du Rossio leur Boul Mich d ici Lisbonne ndla La situation portugaise semble providentielle S y retrouvent un mouvement populaire assez autonome prompt s duire les gauchistes fran ais qui y BRECHON op cit p 133 5l HAMON Herv et ROTMAN Patrick G n ration tome II Les ann es de poudre Paris Point Seuil 1988 p 607 La hausse des salaires de mai 74 provoquant la mort de nombreuses PME induit un nouveau rapport de force o les travailleurs cr ent des formes de pouvoir populaire aid s par l extr me gauche Des commissions d habitants de travailleurs de paysans occupants des terres un quart des terres arables 31 voient une confirmation de la vigueur des mouvements en dehors des gros appareils de parti et un parall le histor
130. i il ne restait plus pour la fin de sa vie que cette vieille et d licieuse odeur de poudre noire tandis que ces hommes s entre tuaient ou se tuaient eux m mes parce qu ils avaient peur de ce que leur feraient les squaws Le corps tait mutil d une fa on indescriptible avait on dit dans ce m me journal Et l perch sur cette colline comprendre qu on s tait mis le doigt dans l il et pour de vrai et pour de bon jusqu au coude et tout et tout Pauvre cavalier cheval pensa t il La fin de tous ces r ves Il y a a de bon au moins quand on est fantassin on n a jamais de r ves except de mauvais r ves Pendant cette s quence la voix off resitue cette posture du groupe lettriste et situationniste dans la p riode menant 1968 posture d abord d fensive puis dans un geste d une audace folle parce que d sesp r e offensive et jusqu au boutiste L horizon de l chec y est abord par Debord sous l angle glorieux et altier de la n cessit historique appuy par une citation de Clausewitz qui vient compl ter la peinture de l immodestie du personnage Quiconque a du g nie est tenu d en faire usage cela est tout fait conforme la r gle Debord en vient ainsi invoquer son g nie pour expliquer comment il a t accul une forme sup rieure d chec ce afin de montrer que ce monde pouvait et devait tre attaqu la base explication somme toute assez confo
131. ie concoct e par G rard Lebovici contient un change pistolaire de Debord avec Jaime Semprun pp 49 80 avec l avocat Georges Kiejman pp 117 124 et l diteur espagnol Castellote pp 135 144 R dit par Ivr a Champ Libre en 1996 Correspondances vol 2 Paris Champ Libre 1981 124 pages Celle ci contient un change pistolaire entre Debord et Gianfranco Sanguinetti pp 97 124 R dit par Ivr a Champ Libre en 1996 Ouvrages abordant Guy Debord et l Internationale Situationniste APOSTOLIDES Jean Marie Les tombeaux de Guy Debord pr c d de Portrait de Guy Ernest en jeune libertin Paris Exils collection Essais 1999 163 pages BANDINI Mirella L esth tique le politique de Cobra l Internationale Situationniste 1948 1957 Arles Sulliver Via Valeriano 1998 traduit de l italien par C Galli 353 pages BLANCHARD Daniel Debord dans le bruit de la cataracte du temps Paris Sens amp Tonka 2000 collection 10 vingt 58 pages BLISSET Luther Guy Debord morto davvero Feltre Crash edizioni 1995 60 pages BOURSEILLER Christophe Vie et mort de Guy Debord 1931 1994 Paris Plon 1999 461 pages BRENEZ Nicole et LEBRAT Christian Jeune dure et pure Une histoire du cin ma d avant garde et exp rimental Paris Cin math que fran aise ditions Mazotta 2001 CHOLLET Laurent L insurrection situationniste Paris Dagorno 2000 351 pag
132. ilm pr c dent et en les jugeant selon leur provenance id ologique Debord revient fr quemment par les images et par son texte sur les v nements du Portugal qui se d roulent toujours au moment o il r alise ce court m trage Il ne peut d ailleurs pr sager de la fin de ce mouvement r volutionnaire puisque la tentative de putsch communiste pr cipitant la r gimentation du mouvement n aura lieu qu un mois apr s l ach vement du film En fait c est par le d tour de l Union de la Gauche qu il en vient parler clairement de la R volution des illets face aux supputations d un critique qui voit sous ses attaques de l Union de la Gauche dans le film La Soci t du Spectacle la preuve que Debord serait plut t de droite ce dernier r pond comminatoirement par l identification du site d nonciation Le Nouvel Observateur comme contre r volutionnaire en condamnant la fausse conscience que ce critique a de la r alit du jeu politique Sur les images de Soares dans le r le du doux d mocrate qui va sourire partout re oit des fleurs tient des meetings endormeurs Debord dit C est ainsi qu un apprenti bureaucrate veut bien approuver mon audace de faire un film politique non pas en racontant une histoire mais en filmant la th orie Seulement il n aime pas du tout ma th orie Il subodore que sous l apparence de la gauche sans concession je glisserai plut t vers la droite et
133. ilms de Debord de romans int grant Guy Debord comme personnage ou y faisant r f rences de sites internet et de chat forum sp cialis s sur les d bats autour des situationnistes et de leur d passement Un dernier type d intertextes invoqu s sera les mat riaux d tourn s Nous commencerons ainsi par situer le film n girum dans le contexte occurrent sa r alisation Chapitre I puis la structure de ce travail pousera d une mani re critique le double mouvement sur lequel le film est b ti l loignement des masses Chapitre II et le repli sur soi Chapitre IHI en en tudiant les modalit s Ainsi le deuxi me chapitre s attachera d tailler les modalit s de cet loignement par les changement qualitatifs du rapport cet objet qu est le prol tariat du point de vue de la valeur qui lui est attribu e des forces de domination qui entrent en jeu par le truchement du spectateur et enfin des moyens de communications mis en oeuvre Le troisi me chapitre tentera de pr ciser comment ce repli sur soi s exprime comme un art de se r fl chir au travers d un examen de la posture n o avant garde et de son chec consubstantiel des topo de construction de l image de l artiste que sont les diverses cliniques du deuil associ es au romantisme CHAPITRE I Le film et son contexte 25 Afin de situer la r alisation de ce film dans le contexte des ann es 70 et surtout de la fin de cette d cennie
134. ils notent que Hiroshima sans renoncer une ma trise des pouvoirs de l image est fond sur la pr minence du son l importance de la parole proc de non seulement d une quantit et m me d une qualit inhabituelles mais du fait que le d roulement du film est beaucoup moins pr sent par les gestes des personnages film s que par leur r citatif lequel peut aller jusqu faire souverainement le sens de l image LS 3 8 1 EAGLETON The ideology of the aesthetic op cit p 347 170 SELLIER Genevi ve Les Enfants du Paradis Paris Nathan collection Synopsis 1992 p 75 171 Ce d nigrement se trouve bien r sum dans les deux th ses suivantes de la Soci t du spectacle Le spectacle ne peut tre compris comme l abus d un monde de la vision le produit des techniques de diffusion massive des images Il est bien plut t une Weltanschauung devenue effective mat riellement traduite C est une vision du monde qui s est objectiv e SdS 5 Le spectacle est l h ritier de toute la faiblesse du projet philosophique occidental qui fut une compr hension de l activit domin e par les cat gories du voir SdS 19 cf aussi le d cevant chapitre 7 From the Empire of the Gaze to the Society of the Spectacle Foucault and Debord de JAY Martin Downcast Eves The Denigration of Vision in Twentieth Century French Thought Berkeley Los Angeles Londres Universi
135. imultan ment l opportunit d une modalit de repr sentation de soi en tant qu artiste romantique telle que cette figure a t forg e dans la deuxi me moiti du KES si cle en y construisant sa propre mythologie en se fabriquant sa vie d artiste 7 En 1982 Debord parle de l ex paris dans sa lettre Jean Fran ois Martos du 25 f vrier 1982 Martos 45 et lui crit en 1990 je consid re que la ville o je suis n n existe plus lettre du 24 f vrier 1990 Martos 127 ou encore quand Paris existait lettre du 26 f vrier 1990 Martos 137 Enfin il revient longuement sur Paris dans le quatri me chapitre du tome I de son Pan gyrique Panl 49 60 20 L WY et SAYRE op cit p 36 210 Ce souci de cr er sa propre l gende engloba un moment l IS Ainsi Debord un mois peine apr s la fondation de PIS exhortait il Asger Jorn cr er tout de suite une nouvelle l gende notre propos Lettre du ler septembre 1957 Asger Jorn Cor 2 24 211 cf BOURDIEU Pierre L invention de la vie d artiste Actes de la recherche en sciences sociales n 2 mars 1975 p 67 94 HEINICH Nathalie Le chef d oeuvre inconnu ou l artiste investi in Autour du chef d oeuvre inconnu de Balzac Paris ENSAD 1985 et le troisi me chapitre de MOULIN Raymonde L artiste l institution et le march Paris Champs Flammarion 1997 103 Equation narcissique et consci
136. ine page de couverture avec un titre aussi p remptoire que martial dans la parfaite tradition militaire jusqu au G n ral Cambronne mais sugg rant aussi la d raison du romantique passionn Guy Debord l avant garde meurt mais ne se rend pas l hebdomadaire n h site pas non plus le comparer une personnalit politique fran aise providentielle Celui qui a vraiment dit non Le magazine parisien n est pas du tout isol dans son enthousiasme et sa fascination de nombreux param tres concourent depuis dix ans cette sacralisation de Guy Debord et des ses uvres la tourn e internationale de sa r trospective cin matographique les incessantes r ditions de ses livres dont ses sc narii conjointement la multiplication d expositions artistiques internationales en des lieux tr s grande valeur l gitimatrice o sont expos es des uvres plastiques de divers situationnistes dont Debord et de tout un appareil ditorial et critique cons quent livres catalogues articles missions radios et t l vis es colloques travaux universitaires Une fois que cette figure de l ind passable du registre r flexion engagement politique est incluse dans la doxa du march des bien symboliques l all geance commune des producteurs et diteurs non cette figure mais son corr l t se met fonctionner Ainsi 13 L WY Michael L Etoile du matin surr alisme et marxisme Paris Editions Syllepse 2
137. ion rationaliste de l Etat et la politique modernes de la dissolution des lien sociaux sont autant de th mes de cette structure de pens e romantique d j pr sents dans la premi re partie d In girum qui nous permettent 202 avec L wy de consid rer le Debord qui s exprime dans ce film comme un romantique 18 FREUD Sigmund Deuil et m lancolie in M tapsychologie Paris Gallimard collection id es nrf 1968 traduit par J Laplanche et J B Pontalis p 148 1 C est le titre d un ouvrage de Louis Chevalier dont Debord reparle dans son Panl 52 CHEVALIER Louis L assassinat de Paris Paris Calman L vy 1977 r dit Paris aux Editions Ivr a Champ Libre en 1997 200 Ces deux vers d un po me de Baudelaire Le Cygne sont repris par Debord comme incipit son film Guy Debord Son art et son temps 21 L WY Michael et SAYRE Robert R volte et M lancolie Le romantisme contre courant de la modernit Paris Payot 1992 p 36 202 Pour illustrer le romantisme noir au sens du roman noir anglais du 18 si cle de Guy Debord je prendrais comme exemple un seul texte le sc nario du film n girum imus nocte et consumimur igni L WY L toile du matin op cit p 86 99 Par sa voix s exprime une conscience malheureuse caract ristique de l individu romantique une conscience malade de la scission cherchant restaurer des liens heureux seuls m me de
138. ique avec des phases r volutionnaires que les l ninistes de tout bords consid rent comme cl s des officiers r volt s la volont de d mettre l assembl e constituante nouvellement lue comme P trograd en 1917 Kiel en 1918 ou Kronstadt en 1921 Le parall le avec les d boires de l Union de la Gauche en France est cinglant Mario Soares et les socialistes qui par leur l gitimisme lectoral flattent les socialistes fran ais essayant d emmener les communistes au gouvernement d une R publique contre laquelle ils se sont toujours prononc s et enfin Alvaro Cunhal et les communistes d sireux de continuer le processus r volutionnaire sans en passer par les urnes ce qui procure au PCF un zeste de radicalit contre le jeu l gal du pouvoir mis en veilleuse par les convenances de l Union Press s par les forces conservatrices du Nord du Portugal les communistes tentent vainement un putsch en novembre 1975 qui met fin au processus r volutionnaire D autres v nements internationaux participeront discr diter davantage le Parti Communiste aux yeux des fran ais durant la fin de cette d cennie L anticommunisme fondement infantile du gauchisme Aux niveaux des logiques socio politiques les cons quences de cet cart explicitement r formiste du PCF son chec dans l Union et son d classement se traduisent par une d saffection des adh rents des classes sociales interm diaires et lev es professeurs
139. isant entre autre la politique du shoot to kill envers tout suspect terroriste pose les jalons de l Etat d urgence La p riode italienne de Debord qui s tend de 1973 son expulsion d Italie en 1977 participe de la maturation de sa th orie critique dont l cho est a trouver tant dans ses crits que dans n girum Un pied en France o le reniement et le retour la normale sont g n raux et un pied en Italie o l agitation bat son plein dans un spectacle dont l Etat italien de la soci t italienne de faire le clair sur cette p riode Adriano Sofri a t jug coupable du meurtre du commissaire Luigi Calbresi qu il avait dans son journal Lotta Continua accus du meurtre du jeune anarchiste Pinelli ayant myst rieusement saut de la fen tre du commissariat le 17 d cembre 1969 arr t comme suspect pour l attentat du 12 d cembre Milan Adriano Sofri restera donc dans sa ge le de la prison de Pise encore 22 ans cf aussi le film que Jean Louis Comolli y a consacr Le Juge et l Historien L Affaire Sofri France 2001 Piste Rouge C est la piste suivie avec opini tret pendant toutes les ann es de troubles i e jusqu au moins 1982 ndla par la police et la magistrature italiennes Elle consiste rechercher syst matiquement et exclusivement parmi les militants de gauche et plus particuli rement d extr me gauche les responsables de tout crime poli
140. isions dans la gauche et au sein de la droite victorieuse remet plus tard la bipolarisation de l chiquier politique Plus qu une simple rupture de l Union de la Gauche c est le d clin historique du Parti Communiste qui est amorc Sa stabilit lectorale au quart ou au cinqui me des suffrages exprim s sous la IV et la V R publique tombe un peu plus d un dixi me en moyenne Le Parti Communiste a servi au Parti socialiste de marchepied vers le pouvoir accession concr tis e par la victoire de Fran ois Mitterrand le 10 mai 1981 aux lections pr sidentielles L Union de la Gauche enfin fragilise le Parti Communiste malgr ses efforts de renouveau et d ind pendance Ainsi en voulant jouer la carte de l eurocommunisme le PCF tente t il de se distancer du PCUS Au point de vue th orique et dans la dynamique de l Union cela se traduit par l influence de Jean Kanapa sur le comit central et les d clarations d autonomie parfois surprenantes telle celle du 7 janvier 1976 o George Marchais annonce la t l vision qu il tait favorable l abandon de la notion de dictature du prol tariat Mais bien vite une fois l Union rompue le PCF se r aligne sur Moscou et redevient orthodoxe s il soutient le mouvement r volutionnaire et le PCP d Alvaro Cunhal au Portugal au p ril de l Union de la Gauche en France avant la tentative de putsch communiste de novembre 1975 il approuve en revanc
141. it pos e plus haut la question comment le gauchisme peut il survivre l effacement de sa cause n gative l enjeu de la question de mani re plus diffuse par la crise conomique sociale et intellectuelle accouche politiquement et culturellement de l id ologie du survival Le journaliste am ricain Greil Marcus constate que la notion que Bettelheim appelait en 1976 une survie d nu e de signification o seule compte la survie tout prix avait envahi toutes les formes de discours A travers la magie du langage ordinaire survie et son jumeau survivant entra nent les ann es soixante hors de l histoire comme une erreur et font passer pour de l h ro sme les actes quotidiens des ann es soixante dix qu ils soient d ordre personnel ou qu ils concernent la stabilit professionnelle garder son boulot rester mari ne pas tre en h pital psychiatrique ou simplement ne pas mourir La nouvelle id ologie se lisait dans les titres des disques Survivor Rock and Roll Survivor You re a Survivor I Survive Soul Survivor Street Survivors Survival Surviving I Will Survive encore et encore dans une redondance sans fin De la vague des films catastrophes d ferlant sur les crans jusqu aux publicit s pour une nouvelle ligne de valise The Survivor toute la communication et l industrie culturelle s y retrouvait Et ce sont bien les personnes qui
142. l intelligence ne peut effectivement exister qu en tant que parti qui se d passe lui m me dont la victoire est en m me temps la perte IS 8 14 En tant qu intelligentsia r volutionnaire c est dire en tant qu avant garde IIS avait d j int gr l chec comme son horizon La r volution socialiste advenue l avant garde politique n a en effet plus lieu d tre Guy Debord traduit au niveau cin matographique cet horizon n gatif par l incapacit du cin ma r aliser ce qu il en attend se consid rant cin aste d avant garde H ritier autoproclam de Dada il a depuis son premier film une approche exp rimentale du cin ma Annoncer la mort du cin ma par l quivalent de la page blanche de Mallarm ou du carr blanc sur fond blanc de Malevitch qu est Hurlements en faveur de Sade pousse le cin aste se demander pour tous ses autres films s il existe encore un cin ma capable d voquer le pass la p riode 1952 1953 et la confusion du monde Il lui faut exp rimenter des formes m me de d passer l incapacit du cin ma reproduire la v rit la v rit d un instant cause de sa nature particuli re d cal e de repr sentation Cette incapacit est d j l objet de son deuxi me film Sur le passage qui s ouvre par l unique sous titre du film Paris 1952 et dans lequel il dit Evidemment on peut l occasion en faire un film Cependant m me a
143. l du personnage de Guy Debord cin aste artiste penseur th oricien marxiste reconnu activiste dissident et crivain qui se suicide dans la nuit du 30 novembre 1994 ne saurait tre invoqu comme raison certes paradoxale mais r pandue comme posture distinctive de qui se fait fort de ne jamais parler de ce dont tout le monde parle de d daigner ses films qui plus est lorsqu ils sont devenus des grands objets de culte Ainsi il y a plus de dix ans d j Serge Daney a essay de se faire remarquer aux journ es vid o qui suivirent le festival de Taormina Une s ance tait consacr e Guy Debord et des discours savants y furent tenus La sc ne vite devint digne de Moretti lorsque quelqu un dans la salle fit remarquer que m me chez les intervenants personne n avait vu les films de Debord Il est vrai que longtemps ceux ci furent tr s peu visibles voire un moment invisible de 1984 1995 Mais la bonne curiosit pousse jusqu se demander ce que peuvent bien dire les films de quelqu un qui d s sa premi re production a proclam la mort du cin ma et plus particuli rement de ce que peut dire son dernier film cin matographique la lumi re de son aura de strat ge r volutionnaire insolent En effet que dit In girum imus nocte et consumimur igni film essai d un cin aste h raut de l extr me gauche fran aise compar Eisenstein pour sa tentative de filmer la th orie qui faisait du cin m
144. la r daction du quotidien Republica et de la radio catholique cf BERMEO Nancy Gina The Revolution Within the Revolution Workers Control in Rural Portugal Princeton New Jersey Princeton University Press 1986 53 GOMBIN Richard Les origines du gauchisme Paris Point Seuil Politique 1971 32 l on accepte cette distinction ou que l on pr f re celle d Annie Kriegel le gauchisme se caract riserait comme une conduite d chec ne change pas grand chose au fond du probl me gauchistes et partisans de l extr me gauche se d finissent dans la pratique contre le Parti Communiste contre les instances dirigeantes et syndicales affili es au PC Or si l accusation de trahison de la classe ouvri re remonte historiquement 1923 et 1925 les mouvements n s de cette accusation hormis le trotskisme se sont essouffl s et c est avec les v nements de l ann e 1956 que de nouvelles recrues viennent vivifier ces mouvements ou en cr er de similaires Le parcours de Guy Debord est ce titre exemplaire 1l participe la fondation en 1957 de l Internationale Situationniste avec une orientation politique marqu e suit les cours du communiste h r tique Henri Lefebvre d s 1958 ann e ou celui ci quitte le PCF est membre ph m re du groupe trotskiste Socialisme ou Barbarie 1960 61 dont certains membres ont commenc leur critique du parti avant guerre l instar de Lefebvre l int ri
145. la Seine Le morceau choisi le pr lude au quatri me concert royal de Fran ois Couperin vient point avec son art baroque de la demi teinte renforcer cette tonalit nostalgique Comme pour parachever cette mise en sc ne idyllique arrive enfin le panoramique sur le Boulevard du Crime emprunt e aux Enfants du Paradis que Debord s approprie Paris alors dans les limites de ses vingt arrondissements ne dormait jamais tout entier et permettait la d bauche de changer trois fois de quartier dans chaque nuit On n en avait pas encore chass et dispers les habitants Il y restait un peuple qui avait dix fois barricad ses rues et mis en fuite ses rois C tait un peuple qui ne se payait pas d images Une fois qu il en a pr sent l indicible beaut Debord annonce que cette beaut est r volue 3995 Musil dans L homme sans qualit s note qu il est des activit s intellectuelles o ce ne sont pas les gros livres mais les petits trait s qui font la fiert d un homme Si quelqu un venait d couvrir par exemple que les pierres dans certaines circonstances rest es jusqu alors inobserv es peuvent parler il ne lui faudrait que peu de pages pour d crire et expliquer un ph nom ne aussi r volutionnaire Je me bornerai donc peu de mots pour annoncer que quoique d autres veuillent en dire Paris n existe plus La destruction de Paris n est qu une illustration exemplaire de la morte
146. la premi re fois la r trospective Debord la Mostra de Venise en 2001 La Soci t du Spectacle 1973 sc nario d apr s le livre La Soci t du Spectacle 90mn Mo Martine Barraqu D Suzanne Schiffmann Mu Michel Corette P Simar films soci t de production et de distribution appartenant G rard Lebovici achev en octobre 1973 sortie le 1 mai 1974 au Studio G t le Coeur projet au Studio Cujas du 26 10 1983 au 17 4 1984 puis sur Canal en janvier 1995 R futations de tous les jugements tant hostiles qu logieux qui ont t jusqu ici port s sur le film La Soci t du Spectacle 1975 20mn Mo Martine Barraqu P Simar films achev en octobre 1975 pilogue ajout au film La Soci t du Spectacle pendant le programme Debord projet au Studio Cujas du 26 10 1983 au 17 4 1984 In girum imus nocte et consumimur igni 1978 105mn I Andr Mrugalski Mo St phanie Granel Mu Couperin Art Blakey P Simar films distribu par Gaumont sortie en salle le 6 mai 1981 puis projet au Studio Cujas du 26 10 1983 au 17 4 1984 Guy Debord son art et son temps 1995 60mn t l film cor alis avec Brigitte Cornand Mo Jean Pierre Baiesy Mu Lino L onardi d apr s Les testaments de Fran ois Villon P Canal INA CNC premi re diffusion 9 janvier 1995 Canal 110 uvres de l Internationale Situationniste Internationale Situationniste Paris Lib
147. lecture est ardue Sartre ou Althusser Les marxistes s enfermaient dans l isolement par rapport aux masses dans lequel ils se trouvaient de fait d j tant loign s du parti qui poss dait le monopole de la communication avec les masses ouvri res en France Debord en ce sens ne d pareille pas trop avec ses aphorismes Sa formulation tr s recherch e dans un style classique rigoriste et pur est truff e de d tournements qui surcodent le texte et le rendent inaccessible aux personnes d pourvues d une grande culture classique du XVI si cle socialiste thico strat gique de Gracian Clausewitz et psychanalytique de Freud Reich ce qui repr sentent beaucoup de monde Viennent encore les r f rences l histoire de PIS qui de l aveu m me de Debord est encore tr s peu connue en 1978 comme en 1981 Les arguments de l auteur repoussent d un revers de la manche tout ce qu il refuse de voir bien qu il en soit tr s conscient trop fascin par son propre parcours 155 MARCUSE Herbert Studies in critical philosophy Londres New Left Books 1972 pp 3 4 cit in ANDERSON op cit p 73 154 Lettre Asger Jorn du 11 juillet 1959 Cor 1 244 74 autodidacte Il n y a nul besoin d tre un universitaire en sociologie pour avoir ne serait ce que l intuition de ce que peut tre la reproduction des lites par le savoir et la culture Debord sur les images de diff rentes phases d
148. lgie de l artiste romantique en r volte contre les d sastres de la modernit Dans n girum Debord donnerait entendre cette voix d un narcissisme conscient et critique d une conscience critique critique de son propre narcissisme Narcissisme dont Lasch a bien d crit le contexte social et culturel qui le favorise qui se nourrit d un deuil impossible celui que partage toute une g n ration d intellectuels le deuil du prol tariat 217 ibid Article Travail du deuil p 504 218 FREUD op cit p 156 219 LASCH op cit 105 CONCLUSION 106 C est pourquoi nous all mes la tendance extr me ce moment celles par qui une dialectique rigoureuse en arrivait force de r volutionnarisme n avoir plus besoin de r volution Victor Serge M moires d un r volutionnaire 1975 fr quenter divers forums post situationnistes semble tre une date mettant un point l lan utopiste d une g n ration pass e l ge adulte apr s guerre 1975 ou la confirmation de la crise du mod le internationalis du capitalisme mis en place Bretten Woods et les checs r p t s des tentatives r volutionnaires qui lui sont contemporaine celle du Portugal mais aussi la fin de l illusion chinoise et le moment Soljenitsyne pour les moins regardants l anticommunisme concomitant 1975 ou le d tour du prol tariat qui ne r alise toujours pas la t che qui lui est assign
149. lle maladie qui emporte en ce moment toutes les grandes villes et cette maladie n est elle m me qu un des nombreux sympt mes de la d cadence mat rielle d une soci t Mais Paris avait plus perdre qu aucune autre C est une grande chance que d avoir t jeune dans cette ville quand pour la derni re fois elle a brill d un feu si intense Il lui faut ainsi faire litt ralement son deuil de Paris puisque Paris n existe plus Il en observe la d gradation pr matur e d s l poque lettriste o il tient jour dans Potlatch le journal des affronts qui lui sont fait il en d plore la disparition de lieux d ambiances insolites critique la dissolution des liens sociaux sous la f rule d urbaniste qui m nent apr s guerre la modernisation de la capitale tombeaux ouverts et sans souci humain en en chassant les populations pauvres et populaires rendant cette ville autrefois si belle inhabitable Le deuil de Paris n est ainsi ni succinct ni anodin il ne passe pas et persiste pendant la p riode situationniste et au del dans n girum comme nous le voyons et jusqu son 102 Guy Debord son art et son temps qui s ouvre sur le vers de Baudelaire cit plus haut Or le regret obs dant du lieu o l on a longtemps ou bien v cu est pr cis ment ce qui d finit la nostalgie Perduration du travail de deuil elle nourrit dans le film la critique du monde moderne li e l
150. llectuelle et artistique de Debord est tr s marqu e par le XV si cle europ en D couverts vers 1956 la faveur du livre de Huizinga L automne du Moyen ge qu il cite plusieurs fois et notamment en exergue de ses M moires le Moyen ge et les valeurs de la chevalerie son cr puscule s duisent Debord En 1980 dans la postface sa traduction des Stances sur la mort de mon p re de Jorge Manrique il loue cette hauteur des faiseurs de roi Il s prend de Fran ois Villon et d tourne beaucoup sp cialement dans n girum les bandes dessin es de Prince Vaillant ainsi que le film Les visiteurs du soir Il rend plus vident pour son public le parall le avec sa situation de dernier chevalier dont l orgueil r duit n ant les autres gauchistes d chus et sans honneur Le th me de la chevalerie lui permet aussi de d velopper ses conceptions de la communaut de fr res d lite Le fonctionnement de PIS tel que nous l voquions plus haut est cet gard exemplaire Plus simplement son m pris des classes inf rieures l assurance qu il arbore de faire parti de ces happy few qui ont d couvert le passage du Grand Nord qui dou s d une intelligence certaine savent vivre tout cela lui donne ce ton aristocrate que tous les critiques parfois envieux s accordent lui d cerner Il ne cesse en effet de clamer son excellence fut elle en rien comme l indique son d tournement du Omar Doc
151. me l on gommait d une photo encore le si cle dernier un Trotsky devenu g nant Il crit dans l IS 12 96 qu on aurait quelques difficult s dire qu il ait jamais commercialis sa c l brit situationniste dans le seul m tier qu on lui connaisse savoir cin aste puis sur le quatri me de couverture de son livre SdS sa r dition chez Champ Libre en 1971 il est pr sent comme Guy Debord Se disant cin aste Enfin en 1975 dans son court m trage R futations il se pr sente comme la fois r volutionnaire et cin aste OCC 185 10 Car Guy Debord n est certes pas que cin aste Il fonde d s 1952 une avant garde l Internationale Lettriste qui tient avec et aux c t s de sa pratique de po sie sonore de peinture d architecture et d urbanisme un discours politique radical Cette avant garde dans la droite lign e de Dada et des surr alistes recherche le d passement de l art Debord la fait fusionner avec d autres mouvements artistiques d avant garde en 1957 dans l Internationale Situationniste laquelle en quinze ann es d existence voit tous ceux de ces membres qui pr tendent une pratique artistique exclus ou accul s la d mission La ligne r volutionnaire labor e par les situationnistes propose de d passer l art par et dans le politique L Internationale Situationniste est autodissoute par Debord en 1972 L apanage m diatique actue
152. n Ugo Mursia Editore octobre 1975 En d cembre il est compl t de la postface Prove dell inesistenza di Censor enunciate dal suo autore Il est publi en fran ais dans la traduction de Guy Debord avec la postface en janvier 1976 CENSOR op cit 83 En France et en Tch coslovaquie o principalement avait pris pied ce mouvement insurrectionnel 1968 qu il serait plus juste d appeler r volutionnaire qui l a donc r prim avec le plus d efficacit Qui a favoris ou impos le retour la normale dans les usines et dans les rues Eh bien dans un cas comme dans l autre ce furent les communistes Paris gr ce aux syndicats et Prague gr ce l Arm e Rouge Voil une premi re le on qu il convient de tirer de ces v nements CENSOR op cit p 61 62 Ce Rapport fut tant t attribu des journalistes conservateurs tels que Panfilo Gentile ou Indro Montanelli tant t au Gouverneur de la Banque d Italie Guido Carli ou encore Cesare Merzagora et Giovanni Malagodi mais la plupart des observateurs avaient remarqu le ton provocateur du pamphlet et soup onnaient une farce 44 Cet pisode participe d un effacement des fronti res entre la gauche et la droite entre subversion et r action Cette perte des rep res politiques traditionnels est interpr t e et revendiqu e par les marginaux qui s en accommodent ainsi que par des penseurs tel F lix Guattari qui raconte alors da
153. n ois La Condition postmoderne rapport sur le savoir Paris Editions de Minuit collection Critique 1979 Ae TOCQUEVILLE Alexis de De la d mocratie en Am rique Paris Gallimard 1961 tome II p 104 cit in FERRY Luc et RENAUT Alain La pens e 68 Essai sur l anti humanisme contemporain Folio Gallimard collection essais 1988 p 100 46 lequel dans une chronologie invers e s agencent les deux prochains chapitre L individualisme est pr sent alors comme une composante de la personnalit sociale qui n est plus honteuse bien au contraire Gilles Lipovetsky dans L Ere du Vide Essai sur l individualisme contemporain 1983 le pare m me d une honorabilit politique il affirme ainsi que la privatisation exacerb e des individus est le signe d un renforcement de masse de la l gitimit d mocratique L individualisme comme mode d tre social repr sente pour nombre de revenus repentis du militantisme l opportunit de se recycler bon compte troquant leur casquette avec soulagement l individualisme est aussi ce soulagement du moi face aux exigences du collectif contre celle du dissident La pr gnance de cette nouvelle propension au repli du renoncement et du narcissisme au tournant des ann es 70 et 80 permet sinon d expliquer d clairer pour le moins comment le renoncement de Debord au collectif peut facilement se muer en repli sur soi arti
154. n annon ant la mort de Dieu prononc en pleine cath drale Notre Dame le jour de P ques 1950 devant 10 000 fid les par un autre arpenteur de bar germano pratois d guis en dominicain qui profita d une pause apr s le credo de la grande messe pour monter en chaire cf MARCUS op cit le chapitre L assaut de Notre Dame pp 321 372 pour le texte du sermon et un enthousiasmant compte rendu de ce scandale de Notre Dame Debord voque encore ce scandale dans Jn girum aller dire en pleine cath drale que Dieu tait mort tels furent les petits scandales auxquels se livr rent ceux dont la mani re de vivre fut en permanence un si grand scandale 130 Debord Wolman Berna et quelques autres lettristes rompent avec Isidore Isou d s 1952 qui se trouve d ment insult dans les bulletins des Internationales Lettriste et Situationniste Debord refuse par la suite de le reconna tre c est un pr curseur et un p re qu il trouve indigne peut tre parce qu il est justement trop proche et toujours vivant et c est significativement que la voix d Isou n appara t plus dans le montage des extraits d Hurlements en faveur de Sade dans In girum alors que Debord gardent au moins un ainsi la jeune fille extrait de toutes les autres voix Un an apr s la parution du sc nario dans OCC Isou publie son Contre 63 parlent de subversion totale de la conscience de sa perte et de l inach vement Et que dit elle
155. n coup port au syst me de soci t qu il combat et qui strat giquement prend en compte les critiques hostiles ou laudatives mises l encontre de son film pour pr parer le suivant comme un nouvel assaut sachant que les d fenseurs du spectacle en viendront reconna tre ce nouvel emploi du cin ma aussi lentement qu ils en sont venus reconna tre le fait qu une nouvelle poque de la contestation r volutionnaire sape leur soci t OCC 184 Ainsi pr c dant n girum 1978 et suivant La Soci t du Spectacle 1973 le court m trage de 20 mn R futations de tous les jugements tant logieux qu hostiles qui ont t jusqu ici port s sur le film La Soci t du Spectacle est achev en octobre 1975 Epilogue au film La Soci t du Spectacle il ne sera projet qu en compl ment de ce dernier durant le programme Guy Debord au cin ma Cujas de 1983 84 puis sur la cha ne de t l vision payante Canal en 1995 ainsi que lors de la r trospective de 2001 Toujours constitu de d tournements assortis d un texte lu par Debord le film annonce dans sa premi re moiti sous forme de sous titre la nouvelle la plus importante du moment Lisbonne 7 f vrier 1975 Trente huit usines f d r es condamnent les staliniens les syndicats et les ministres avec en images des rushes tourn s pour les actualit s d un d fil d ouvriers portugais des barrages de tanks et de soldats dispos s pour le cont
156. n girum avec la liste des citations ou d tournements dans le texte du film n girum nG 69 77 la compr hension du film n en est pas pour autant vraiment facilit e non exhaustive la liste exclut syst matiquement les dialogues des films d tourn s et autres images Ainsi dans la mesure o Debord n a livr les cl s de sa formation et de son savoir que d une fa on partielle chaque tentative pour le comprendre est vou e par avance l chec Il demande ses spectateurs de refaire en sa compagnie le chemin intellectuel qu il a parcouru depuis l ge de seize ans tout en leur refusant objectivement les moyens d y parvenir En effet comme il a t vu au chapitre pr c dent In girum voudrait inciter le spectateur plus qu en critiquer l sot risme se d soler de son inculture voudrait frustrer le spectateur qui attend quelque chose du film Et le terme allemand utilis par Freud pour frustration Versagung signifie bien qu il s agit aussi de dire non ce que fait explicitement Debord lorsqu un carton titre annonce Ici les spectateurs priv s de tout seront en outre priv s d image et est suivi pendant quelques temps d un cran noir Et encore d tournant un Saint Just conscient de sa fin prochaine mais qui plaide quand m me devant une Convention hostile In girum m prise la poussi re d images qui le compose et n en laisse que tr s peu rev tir un sens premier c
157. ne pas submerger le spectateur en argumentant que cette incompr hensibilit est une exp rience quotidienne que ses films se proposent de d voiler Levin pointe ici la justification th orique d une esth tique de l avant garde ayant pour cons quence la mise distance du public philistin mise distance l gitim e par ce devoir de d voilement de la tyrannie totalitaire C est ainsi qu Adorno interpr tait les dissonances de Sch nberg comme renvoyant le peuple sa propre condition Sch nberg qu il opposait Stravinsky rel gu la culture de masse composant une musique s duisante r gression dans l histoire de la musique figure du facile Aussi facile que le cin ma tel qu il fut hormis celui de Debord Pour justifier aussi peu que ce soit l ignominie compl te de ce que cette poque aura crit ou film il faudrait un jour pouvoir pr tendre qu il n y a eu litt ralement rien d autre et par l m me que rien d autre on ne sait trop pourquoi n tait possible Eh bien Cette excuse embarrass e moi seul je suffirai l an antir par l exemple En quelque sorte Debord pr tendrait pr senter de fa on mim tique avec ses premiers films Sur le passage et Critique de la s paration l incoh rence du monde r el la 10 EAGLETON Terry The ideology of aesthetics Londres Blackwell Publishers 1990 p 354 161 Auparavant Debord est plus proche de Luk cs p
158. ne version critique du sc nario assorti d un appareil de note qui consiste principalement indiquer l origine et les r f rences des d tournements Il est possible d y voir une manifestation de l tat d inculture dans lequel Debord tenait son public potentiel ce qu il feint de croire ou un d sir de devenir un classique en donnant la cl de le reconstruction de son film 72 plus dignes d admiration InG 55 Et Pascal Bonitzer d y voir dans l ivresse de cette perfection centr e sur soi dans cette double perfection le vertige du palindrome qui compose un ordre circulaire parfait Cahiers du Cin ma juillet 1981 Aboutissement du mouvement d esot erisation du marxisme occidental C est une vidence mais il faut le rappeler aujourd hui avec force crit L wy Guy Debord tait marxiste Assez h t rodoxe par rapport aux courants dominants du marxisme en France sans doute formidablement novateur et ouvert aux intuitions libertaires Mais il ne se r clamait pas moins du marxisme Ainsi dans leur chasse aux id ologies aux ismes qui figent et aux dogmes les situationnistes d clarent qu ils ne sont pas marxistes ou si ils le sont c est bien autant que Marx disant Je ne suis pas marxiste IS 9 26 Afin d entreprendre une critique de l sot risme d n girum aux travers d exemples significatifs il est n cessaire de replacer ce film dans le co
159. nements IS 1 13 La construction de situations commence au del de la notion de spectacle Il est facile de voir quel point est attach l ali nation du vieux monde le principe m me de spectacle la non intervention On voit l inverse comme les plus valables des recherches r volutionnaires dans la culture ont cherch briser l identification psychologique du spectateur au h ros pour entra ner ce spectateur l activit La situation est ainsi faite pour tre v cue par ses constructeurs Le r le du public sinon passif du moins seulement figurant doit y diminuer toujours tandis qu augmentera la part de ceux qui ne peuvent tre appel s des acteurs mais dans un sens nouveau de ce terme des viveurs IS 1 11 L application de ce programme la plus pris e est la critique de l urbanisme notamment au travers de p r grinations hasardeuses en ville les d rives psychog ographiques Influenc videmment par la notion sartrienne de situation le situationniste est celui qui s emploie construire des situations Membre de l Internationale Situationniste ibid Ainsi si Guy Debord fut le principal artisan de cette SANGUINETTI Gianfranco Censor V ridique rapport sur les derni res chances de sauver le capitalisme en Italie suivi de Preuves de l inexistence de Censor par son auteur Paris Champ Libre 1976 4 Notamment la description par Sanguinetti des cadres
160. nistes DANY Hans Christian Die ewige Jugend eines beleidigten Masterplans Springerin Band IV Heft 1 98 pp 51 53 65 l autel tribunal de l ouvrier d usine d tenteur de la v rit interpr t e par mes pairs cette lite clair e s opposent priori par la vis e individualiste de la premi re et la finalit politique collective et morale de la seconde elles ont pourtant en commun une grande capacit de d n gation Ainsi en 1981 lorsque sort In girum les gauchistes qui abhorraient sans distinction l art bourgeois se retrouveront dans la m me salle de cin ma assis c t de ceux qui au contraire vouent un culte effr n l Art Il faut noter que les aficionados d art haut moderniste voqu s ici sont persuad s que l art qu ils pl biscitent plane au dessus de la politique ou mieux que la forme radicale de celui ci selon le principe avant gardiste d autor flexivit implique sa radicalit politique abstraite Ils tablent sur le pr suppos moderniste de l autonomie de l esth tique Baudelaire d j voulait un art qui permette de planer au dessus de la bourgeoisie c est dire refuser son r gne Quoi qu il en soit le masochisme requis par l artiste sadique ou le Conseil Central dans l abn gation du culte sadien haut moderniste et du militantisme d extr me gauche sauce ex GP rassemble ici deux publics que les derni res ann es d activit s politiques de PIS et de G
161. nois de la rue d Ulm la GP est de nouveau dissoute par le Conseil des Ministres le 27 mai 1970 mais continue sous l appellation officieuse d ex GP jusqu son autodissolution l automne 1973 LEYS Simon Les habits neufs du pr sident Mao Paris Champ Libre Biblioth que d Asie 1971 Ce livre sort au mois d octobre dans la collection Biblioth que d Asie dont le directeur est Ren Vi net qui a d missionn de PIS en f vrier 1971 Les situationnistes on adopt une position claire et non illusionn e face la Chine d s 1967 par la brochure de Debord Le point d explosion de l id ologie en Chine texte qui sera republi dans l IS 10 3 12 6 SOLJENITSYNE Alexandre L Archipel du Goulag Paris Seuil 1974 65 En 1949 le silence qui avait accompagn en Occident le proc s de Kravchenko similaire dans le contenu des r v lations et dans la hargne avec laquelle le PC l a diffam en criant au complot anti sovi tique est exemplaire du retournement de situation qui s est accompli dans l apr s 68 o la chasse au communiste est devenue une purge exutoire pour nombre d ex passionaria cf BODIN Louis Autour de Kravchenko Relectures Politix n 18 1992 pp 129 136 6 DESCOMBES Vincent Le M me et l autre Quarante cinq ans de philosophie fran aise 1933 1978 Paris Editions de Minuit collection Critique 1979 p 24 cit in JAPPE Anselm Guy Debord Marseille Sulliver
162. ns une interview En Italie de v ritables masses sont maintenant marginalis es des masses d ouvriers de ch meurs d tudiants qui ont tous dans les faits des pratiques contestatrices Ils ne paient pas le t l phone ni l lectricit ni les transports Ils font trois ou quatre boulots au noir et toutes ces actions correspondent une sensibilit g n rale Ce qui fait que les actes pures et simples de d linquance et les actes de terrorisme s inscrivent fr quemment dans le prolongement les uns des autres Il est caract ristique que n importe quel d linquant voleur l talage fasse une d fense politique d s qu ils se retrouve devant le tribunal D autre part cette perte des rep res tient la fois de la cons quence et de l enjeu de la complexit de l Etat parall le italien Potere Due P2 s vissant pendant ces ann es Le trouble est grand propos des Brigades Rouges pr sent es unanimement comme groupement d extr me gauche alors qu elles agissent principalement sous l impulsion de P2 A leur sinistre actif l attentat de la gare de Bologne 88 morts ou encore l enl vement et l assassinat d Aldo Moro au printemps 1978 Guy Debord r agit cet v nement contemporain la r alisation d n girum en publiant sa pr face la quatri me dition italienne de la SdS en janvier 1979 pr face dans laquelle il d nonce les gestes brigadistes comme une manipulation des services
163. nsacrer la philosophie Cette sp cialisation s accompagna du recours un langage de plus en plus difficile cr ant des barri res techniques proportionnelles son loignement des masses La double publication en 1923 d Histoire et conscience de classe de Georg Luk cs et de Marxisme et Philosophie de Karl Korsch constitue le tournant d cisif de la production th orique marxiste vers la philosophie Ces deux livres partagent en derni re analyse un m me projet appliquer la m thode marxienne dialectique l volution du marxisme ST L WY L toile du matin op cit p 83 152 ANDERSON Perry Sur le marxisme occidental Paris FM Petite collection maspero 1977 pp 128 129 73 C est ainsi que Luk cs va rechercher Hegel dans les bases philosophiques de Marx les th oriciens marxistes pr c dents avait d lib r ment laiss de c t Hegel pour lui pr f rer Feuerbach L introduction de Hegel dans le champ critique du marxisme aura pour effet d obscurcir les textes Perry Anderson voit un autre param tre de ce tournant vers la philosophie dans la r v lation tardive 1932 des travaux les plus importants du jeune Marx les Manuscrits de 1844 dont Marcuse dira qu ils d montrent l importance cruciale des fondements philosophiques du mat rialisme historique travers toutes les tapes des travaux de Marx Le marxisme occidental suit ainsi le chemin inverse des centres d int r t de Marx
164. octobre 2000 3 LEVIN Thomas Y Dismantling the Spectacle The Cinema of Guy Debord in SUSSMAN Elisabeth d On the Passage of a Few People Through a Rather Brief Moment in Time The Situationist International 1957 1972 Cambridge Mass MIT Press ICA 1989 pp 72 123 Thomas Y Levin revient sur le dispositif du cin ma de Debord dans une allocution la Cin math que de Berlin Cine qua non Guy Debord and the Practice of Film as Theory pour le critiquer en le comparant Maurice Lema tre Colloque et cycle de films Eine andere Kunst ein anderes Kino 7 avril 2001 Kino Arsenal et plus 21 le catalogue de la r trospective de la Mostra 2001 la transcription d une conf rence donn e en novembre 1995 par Giorgio Agamben sur Le cin ma de Guy Debord dans une d marche esth tique ax e sur la po tique de la r p tition et la pornographie Des dossiers sp ciaux sur son cin ma sont galement apparus dans diverses revues la mort de Guy Debord l occasion de quoi ont t diffus s la t l vision La Soci t du Spectacle R futations de tous les jugements tant logieux qu hostiles qui ont t jusqu ici port s sur le film La Soci t du Spectacle et Guy Debord son art et son temps un recueil de d dicaces formalistes au cin aste Thierry Jousse Pascal Bonitzer et Olivier Assayas sera publi dans Les Cahiers du cin ma De m me en avril 2000 un dossie
165. ographique Vide vid e d un peuple volage et Venise dont on ne voit que l eau des canaux ou les longs murs aveugles de l Arsenal Pis le film tablit clairement par la richesse des d tournements dont il gratifie chaque sujet la valeur qu il leur porte Or pour cette premi re partie du film consacr e au public de cin ma c est dire les classes populaires et moyennes il n y a que des images et films publicitaires C est peu dire que Debord tient ces images comme tant de la pire esp ce elles sont le paradigme spectaculaire Il assimile finalement ces salari s du premier rang la publicit comme si leurs existences se r duisaient effectivement la publicit l image consommatrice publicitaire Certes les salari s du premier rang vivent entour s de publicit mais c est faire peu de cas de leur vie intime que de les identifier les d finir par la publicit C est le m me genre d quation r ductrice qui lui permet d carter tout ce qui ne rentre pas dans l acception de son propre syst me Ainsi ramenant l quation Debord IS R volution Prol tariat Debord R volution Debord efface les distinctions organisationnelles entre int rieur et ext rieur et les distinctions individuelles entre psych et monde social Stephen Hastings King note que d s 1960 voyant en Socialisme ou Barbarie un rival Debord lui m me tait le mouvement d opposition il tait ce que l ord
166. oire Il entend par ailleurs par formes ant rieures d oppression socio conomique celles caract ris es par la loi d airain des salaires qui homog n isait cette masse opprim e et permettait cette derni re de r pondre un Label Rouge des soci t s parall les 10 Debord dit dans ses R futations que la lutte des classes au Portugal a t d abord et principalement domin e par l affrontement direct entre les ouvriers r volutionnaires organis s en assembl es autonomes et la bureaucratie stalinienne enrichie de g n raux en d route et que l Union de la Gauche est constitu e d ennemis du prol tariat OCC 171 175 Il reconna t effectivement encore l existence d un prol tariat actif mais pas en France En d pla ant ses espoirs r volutionnaires sur les ouvriers portugais insurg s il semble c der comme tous les gauchistes alors l exotisme r volutionnaire dont l IS avait pourtant tait l une des grandes pourfendeuses Voir par exemple Le point d explosion de l id ologie en Chine IS 10 3 12 ou Contributions servant rectifier l opinion du public sur la r volution dans les pays sous d velopp s IS 11 40 42 55 ouvri res qui fonctionnaient au si cle pr c dent coop ratives ouvri res donc un prol tariat entendu de fa on plus large que le celui qui ne poss de rien si ce n est ses bras et ses enfants En effet en bon lecte
167. ollective visant op rer simultan ment une transformation radicale de la soci t et une transformation radicale de ses repr sentations symboliques celle ci pouvant m me tre utopiquement l instrument de celle l ou plus simplement le projet de r volutionner l art et de r volutionner le monde r el si possible en m me temps En d passant Peter B rger il faut noter que la radicalit politique inh rente aux avant gardes ne pr suppose pas qu elles soient progressistes l histoire a fourni assez d exemple d avant garde au projet politique radicalement conservateur voire r actionnaire Les avant gardes historiques toujours selon B rger s attaquent dans les faits l institution de l art L IS tant dissoute depuis 1972 il y aurait quelque incongruit parler d avant garde pour un film r alis en 1978 mais c est sans compter que malgr tout ce qu il ne cesse de 18 BOURDIEU op cit p 19 19 B RGER Peter Theorie der Avantgarde Francfort Suhrkamp 1974 2 cf notamment L avant garde rend mais ne se meurt pas de MURAY Philippe in Art press n 40 septembre 1980 pp 22 24 et la pr face de Jochen Schulte Sasse la derni re dition am ricaine du livre de Peter B rger cit ci avant University of Minesota Press 14 r p ter Debord porte avec lui le style de cette avant garde au del de sa dissolution En effet l IS d finie sa fondation comme une avant garde
168. on essais 1988 347 pages GOMBIN Richard Les origines du gauchisme Paris Point Seuil collection Politique 1971 189 pages HAMON Herv et ROTMAN Patrick G n ration Paris Point Seuil 1988 2 tomes 617 et 705 pages HOURMANT Fran ois Le d senchantement des clercs figures de l intellectuel dans l apr s Mai 68 Rennes Presses Universitaires de Rennes collection Res Publica 1997 260 pages LASCH Christopher La Culture du Narcissisme Castelnau le Lez Climats 2000 collection Sisyphe 333 pages traduit de l am ricain par M L Landa L WY Michael et SAYRE Robert R volte et m lancolie Le romantisme contre courant de la modernit Paris Payot collection Critique de la politique 1992 306 pages ROSS Kristin Aller plus vite laver plus blanc La culture fran aise au tournant des ann es soixante Paris Editions Abbeville collection Tempo 1997 227 pages traduit de l am ricain par S Durastanti Ouvrages et revues utilis s sur la situation italienne et le terrorisme MERCIER Luc et GAYRAUD Jo l diteurs et traducteurs Section italienne de l Internationale Situationniste Ecrits complets 1969 1972 Paris Contre Moule 1988 139 pages Revue de Pr histoire Contemporaine n 1 1982 226 pages SANGUINETTI Gianfranco Censor V ridique rapport sur les derni res chances de sauver le capitalisme en Italie suivi de Preuv
169. on de la Gauche inscrite dans une histoire des tres qui ont fait ces partis Il continue instruire le proc s des instances dirigeantes communistes avec une violence particuli re Si les socialistes de 1975 contrairement ceux du Front Populaire peuvent sembler plus pargn s par ce film c est que aux yeux de Debord Mitterrand appara t bien trop r formiste et trop peu r volutionnaire pour pouvoir s duire les masses potentiellement insurrectionnelles Ce film peut ainsi tre inclus dans l ensemble des discours anticommunistes et gauchistes de l poque bien qu il ne se r duise pas cela Il est aussi une remise au point sur la rupture pist mologique revendiqu e par les situationnistes et qu entend proroger Debord par le cin ma apr s la dissolution de PIS Ce film est aussi et peut tre surtout un retour ses pratiques ant rieures ant rieures l exclusion de l art de PIS il y d fend une uvre personnelle et non plus produite sous l gide de PIS un film o Debord se remet dire je et d fendre ses uvres en son nom D sillusions et haines le reflux des clercs et le dissident Car en France en 1975 le fond de l air n est plus rouge depuis quelques temps et avant de s annoncer rose flambant ces m mes qui le voulaient rouge le voudront transparent Il est alors convenu d crire le sigle d un parti politique dont on veut pr ciser qu il ne repr sente plus l id
170. on veuille le poss der puis il est poss d pour tre montr en r ponse Des ensembles d objets admirables sont donc constitu s qui ont pour fonction de signifier un standing pr cis et m me une pseudo personnalit exactement identique aux objets qui la repr sentent lci expos par le magazine Lui de janvier 1964 l assemblage d achats quivalent au temp rament homme d affaires comporte une dition des uvres conomiques de Marx IS 10 45 En 1988 il annonce qu une troisi me forme s est constitu e depuis par la combinaison raisonn e des deux pr c dentes et sur la base g n rale d une victoire de celle qui s tait montr e la plus forte la forme diffuse Il s agit du spectaculaire int gr qui tend s imposer mondialement Com 4 Les deux fondements principaux du spectacle sont le renouvellement technologique incessant et la fusion conomico tatique depuis qu il est pass au stade du spectaculaire int gr les trois cons quences majeures en sont le secret g n ralis le faux sans r plique un pr sent perp tuel Com 5 En fait ces 17 cinq traits du spectaculaire int gr e sont d j th oris s dans l ouvrage que publie en 1975 son ami et collaborateur Sanguinetti ouvrage qui constitue la pi ce ma tresse d un canular que Debord et Sanguinetti mettent en place et dont Debord assure la traduction de l italien Ne jugeant aucunement d
171. ond d un naufrage Cahiers du cin ma n 487 janvier 1995 pp 46 49 ASSAYAS Olivier L opera nascosta interview in GHEZZI Enrico et TURIGLIATTO Roberto commissaires Guy Debord contro il cinema la Biennale di Venezia Milan Editrice Il Castoro 2001 pp 122 130 BONITZER Pascal Paranymphe Cahiers du cin ma n 487 janvier 1995 pp 44 45 DENEAULT Alain Ce terrain devenu autre et rest le m me Quel spectacle apr s Debord Tausend Augen n 19 avril 2000 pp 60 65 DERFOUFI Mehdi Nous sommes tous des fils de pute Tausend Augen n 19 avril 2000 pp 87 90 DEVAUX Fr d rique Guy Debord du lettrisme au d tournement 1952 1959 Tausend Augen n 19 avril 2000 pp 74 83 FAUSTI Claudio La th orie critique de l image dans l nternationale Situationniste in BRENEZ Nicole et LEBRAT Christian diteurs Jeune dure et pure Une histoire du cin ma d avant garde et exp rimental Paris Cin math que fran aise ditions Mazotta 2001pp 218 223 FIELD Allyson Hurlements en faveur de Sade The Negation and Surpassing of Discrepant Cinema Substance a review of theory and literary criticism Guy Debord 114 A Special Issue n 90 1998 University of Madison Wisconsin pp 55 70 FINZI Pierre Emmanuel Le cin ma de Guy Debord Tausend Augen n 19 avril 2000 pp 58 59 FRODON Jean Michel Guy l Eclair contre les ombres
172. ons je r pondrai seulement qu il doit se d soler de son inculture et de sa st rilit et non de mes fa ons il a perdu son temps l Universit o se revendent la sauvette des petits stocks de connaissances ab m es Ainsi avec In girum deux op rations de distinction se mettent en place tout d abord entre le public qui comprend le film et celui qui ne le comprend pas Les principes de lucidit politique sont mis au devant de toutes barri res culturelles le culturel semble ainsi enti rement inclu dans le politique Mais la contradiction vient justement de ce que le deuxi me mode de distinction dans n girum s op re sur des diff rences de cultures Debord d tourne des uvres de la culture populaire et des uvres de la culture savante non sans marquer ses pr f rences Depuis sa rencontre en 1957 avec les peintres Asger Jorn et Pinot Gallizio tout deux ethnologues pris de culture populaire Debord s est cart de cet int r t scientifique pour les choses populaires En effet s il continue s int resser en 1978 Prince Vaillant la bande dessin e que publie de mani re hebdomadaire Hal Foster depuis 1937 c est parce qu elle est devenue un classique du huiti me art qu il est possible de r injecter dans la culture savante Il d tourne ainsi Prince Vaillant pour illustrer dans la deuxi me partie du film l pop e de son ami Ivan Chtcheglov Ces images de culture populaire rehauss
173. ons dominantes d termin es dans l IS 7 les seules motivations semblant tre la b tise et le confusionnisme spontan mais avec la m me obstination simplificatrice et la m me ignorance satisfaite tant il est inutile de chercher d cerner le titre du meilleur botaniste d id es re ues ou du meilleur d fonceur de portes battantes D un autre c t H l ne Hazera visiblement tr s s duite par le film va plus loin dans l identification et la prise du fouet puisqu elle d bute par carter les critiques qui se sont crois s la plume en colportant mille absurdit s c urantes par derri re et n en retient que Un plumitif du canard du pouvoir Le canard encha n couinait et ironisait de sa basse cour tandis que l imp ratrice douairi re Marcorelles cette pauvre chose met des borborygmes sentencieux ah ces sagouins de la conspiration du silence Elle trouve que les critiques n gatives l gard du film sont normales puisque et l elle sort le fouet appropri les critiques ne sont que des spectateurs sp cialis s dixit Debord et donc soumis aux ch timents de r gle le reste de son article est r duit des citations du sc nario sp cifiquement les passages exprimant violemment un m pris pour le spectateur La boucle est boucl e Le r sultat de ces recherches et voil la seule bonne nouvelle de ma pr sente communica
174. ore on retrouve cette id e moderniste que la fiction la critique sociale est une grande m taphore de la forme Mais en ce qui concerne le texte seul d n girum la diff rence du film le style de Debord volue d une forme avant gardiste sur le mod le de Dada et du surr alisme favorisant la communication des id es une forme plus classique laissant la primeur la correction de l expression aux d pends de la compr hension et plus g n ralement de la communication suivant en cela les r flexions d Adorno expos es dans sa Th orie Esth tique S il ne fait que d noncer l illettrisme programm et rampant dans Jn girum il r v le dans son Pan gyrique la rigueur qui l animait depuis l criture de la Soci t du Spectacle parler la belle langue de son si cle Panl 19 22 Refusant de miner la langue regrette G rard Gu gan Les Nouvelles Litt raires 4 06 1981 de jouer avec elle r ellement de la salir il a choisi pour s exprimer de replacer ses mots hors de son poque dans la poussi re de l antique Il utilise abondamment les classiques pour pouvoir tre pr cis ment traduit encore dans quelques si cles plut t que largement compris maintenant Cette correction peut s apparenter paradoxalement l illisibilit que Barthes th orise dans S Z comme un d passement du Classique d passement qui pare la r cup ration fatale toute avant garde Etre r cup r par l
175. our le moins inventifs et qui lui a valu les foudres de plusieurs cieux horrifi s Associations de d fense des femmes Et Glamorama ne d m rite pas dans cette veine parfaitement sadienne permettant par la m me occasion nombre de critiques litt raires de r affirmer que c est une formidable satire que c est la forme m me du roman qui est violente et qu il vaut mieux s attacher voir la violence qui s y exerce contre le projet m me de roman et de litt rature car c est notre ali nation qui est repr sent e et notre insensibilit face ses horreurs due aux m faits de la soci t du spectacle qui est critiqu e Mieux lui reprocher ce sadisme ce serait ne pas voir qu il est aussi anti spectaculaire que Debord Dans les termes de Deleuze le r cit sadien cherche d montrer l identit de la violence et de la d monstration Les violences subies par les victimes ne sont que l image d une plus haute violence dont t moigne la d monstration ibid Susan Rubin Suleiman a mis en vidence et critiqu cette mani re pr donn e de lire de telles uvres qui consiste encenser l autor flexivit de l uvre dans un d ni du contenu thiquement insoutenable Ainsi la fiction de Glamorama l instar du Projet pour une r volution New York de Robbe Grillet ne serait en r alit qu une immense m taphore de sa propre r flexivit In girum en constitue un exem
176. our qui la totalit existe d j en principe mais attend d advenir Le situationniste tente de la faire advenir par une pratique po tique construction de situations r unissant le s par 16 What we differentiate will appear divergent dissonant negative for just as long as the structure of our consciousness obliges it to strive for unity as long as its demand for totality will be its measure for whatever is not identical with it ADORNO Negative Dialectics Londres 1973 pp 5 6 cit dans EAGLETON The ideology of the aesthetic op cit pages 345 357 16 ADORNO Theodor Philosophie de la nouvelle musique Paris Gallimard collection Tel 1962 cf galement pour une histoire critique du succ s rencontr par de telles positions dans la France moderniste de l apr s guerre et jusqu nos jours DUTEURTRE Beno t Requiem pour une avant garde Paris Pocket collection Agora 2000 nouvelle dition revue et augment e 78 s paration l uvre Selon cette mim tique de l incoh rence relev e par Levin p 90 ces films ne sont pas satisfaisants car la soci t n est pas satisfaisante l incoh rence du film refl te celle de la r alit la pauvret mat rielle des films la pauvret de son sujet etc Le refus de la r duction une pseudo coh rence offre la possibilit dans son imp n trable densit d un sens pas encore accessible alternatif Sous cet angle enc
177. par nombres d artistes que sont la solitude alli e la misogynie l loge de la marge et le d fi face la mort les articuler aux sentiers qui du collectif conduisent galement l individualisme Mais davantage la question de la repr sentation de la masse repr sentation conceptuelle autant que visuelle et politique question que travaille trop peu cette recherche et qui m riterait dans un autre cadre d tre plus amplement fouill e partir de mat riaux d origines diverses Il appartiendra nous m mes ou d autre partir de ce travail par exemple d essayer de voir comment cette non correspondance entre ce que Jean Marc G nuite nomme une communaut imagin e et une communaut existante a travers le si cle et dans les moyens de repr sentation de la r alit comme le cin ma notamment a put amener avec d autres actes et pens es cette histoire de deuil ce deuil du militantisme deuil du prol tariat deuil de la r volution qui parce qu il ne passe pas conduit aux retournements violents aux haines f roces Ce deuil qui irrigue In girum et la biographie de Guy Debord qui y est racont e avec ces morts qui sont pr f r s aux vivants ces galeries d amis assassin s Ghislain de Marbaix intern s Ivan Chtecheglov d c d s Asger Jorn et soi m me face la vieillesse et la mort 77 Nietzsche Humain trop Humain premi re partie aphorisme 137 cit in SARTRE op cit p 39
178. phique gocentrique et stirnerienne Dans le pr sent ils n accordaient aucune sorte d importance ceux qui n taient pas parmi eux et je pense qu ils avaient raison Il revient d ailleurs dans le cours du film sur ce titre pour en voquer la parfaite ad quation avec l esprit de la d rive psychog ographique sur des images de places vides de Paris la nuit qu ils arpentaient lui et ses amis de boisson et surtout avec celle qui fut son premier et bref amour Mais rien ne traduisait ce pr sent sans issue et sans repos comme l ancienne phrase qui revient int gralement sur elle m me tant construite lettre par lettre comme un labyrinthe dont on ne peut sortir de sorte qu elle accorde si parfaitement la forme et le contenu de la perdition in girum imus nocte et consumimur igni Debord insiste lourdement l animation du titre lors du g n rique o de mani re synchrone les lettres du d but et de la fin du titre apparaissent progressivement met d j bien en vidence sa forme palindromique pourtant le film ne se termine pas sur le mot FIN mais sur A reprendre depuis le d but sugg rant d prouver le palindrome sugg rant surtout la cl ture du film de l uvre dans un d sir de voir l uvre d art parfaite pure qui se suffit elle m me et dont Flaubert apr s Th ophile Gautier r vait Une uvre qui ne doit rien personne qui n est produite pour personne et qui ne doit
179. ple peut tre moins vident une fiction proprement parler n y tant pas d celable dans la premi re partie Debord ne dit que des choses vraies sur des images qui mentent ou des choses vraies sur des images vraies Moins vident mais tout aussi pertinent que les livres de Ellis ou de Robbe Grillet la violence et le m pris l gard des spectateurs du premier rang sujets de la premi re partie du film sont pr sent s comme tant lanc s la figure du spectateur r el du film Les avant gardes au XX si cle ont toujours comme caract ristiques d avoir et de proposer un discours politique radical qui veut changer et ou renverser l ordre du monde mais elles ressortent galement au modernisme si elles peuvent saisir comme le montre L wy un moment la qualit v ritablement r volutionnaire du modernisme qu est la destruction la constitution d une histoire d un h ritage pr server les en loigne Leur 18 REROLLE op cit 14 Satire pour Le Figaro Magazine et Les Inrockuptibles caricature pour Marianne et com die inhumaine pour Le Nouvel Observateur o l on navigue voluptueusement entre Die Hard et Les Gommes de Robbe Grillet 145 GUILBERT C cile Bret Easton Ellis l angle mort du spectacle Art press n 258 juin 2000 pp 58 61 C est sans surprise que l on apprend que C cile Guilbert est autoris e faire ces liens entre Debord e
180. pour tre pos e par la voix de Debord lui m me ou par celles de ses amis artistes ou non cette constatation ne pouvait effectivement sortir que de la bouche d une jeune fille innocente Ce sch ma indice de la place accord e aux femmes chez Debord et de l identification du spectateur au royaume du f minin cause de son statut passif du c t du populaire et de sa culture oppos l artiste et son art ne diff re pas dans Jn girum avec la phrase esseul e de la jeune fille sur un cran blanc au milieu de celles de Berna Wolman et Debord qui 129 Comme il lavait d j indiqu en 1964 en publiant ses sc narios DEBORD Guy Contre le cin ma Aarhus Danemark Institut scandinave de vandalisme compar 1964 et comme peut le savoir son public de fans trois ans avant la sortie d n girum gr ce la publication des ses OCC les autres voix sont celles d Isidore Isou instigateur du lettrisme et de Gil J Wolman lettriste galement dont les films respectivement Trait de Bave et d ternit 1951 et L anticoncept 1952 sont cit s dans l aide m moire pour une histoire du cin ma repris en pigraphe cette tude Pour bien marquer la stature de ces voix Hurlements en faveur de Sade commence par une d dicace Wolman et une citation d Isou La troisi me voix est celle de Serge Berna membre de l Internationale Lettriste dont l aura est alors immense puisqu il est le r dacteur du sermo
181. propres un clerg 27 l autorisation de monter une r trospective int grale de l uvre cin matographique de Debord sur copies neuves En 2001 les films furent pr sent es dans l instance de cons cration qu est la Mostra de Venise au mois de septembre La r trospective est programm e au cin ma Magic de Bobigny du 05 au 08 d cembre en janvier 2002 au Saint Andr des Arts dans le quartier Latin Paris et enfin au MOMA de New York In girum a fait l objet d une projection sp ciale le 31 octobre 2001 l Auditorium du Louvre dans le cadre du cycle Images de la pens e Le film ayant de l aveu m me de Debord un public restreint ces rares projections ont t et seront tr s certainement beaucoup racont es voqu es dans de multiples articles livres etc d faut d avoir t suivies par beaucoup de monde Dans n girum Debord r cite son texte sur des images emprunt es la t l vision au cin ma la photographie ou encore propose t il des plans de ville Il s exprime d une voix monocorde et froide parfois entrecoup e de la bande son fran aise d extraits de films ou sur fond musical En pagaille s y croisent sur le clavecin de Couperin pr lude du Quatri me Concert royal de 1714 et premier mouvement du Nouveau Concert n 11 de 1724 et de Benny Golson Whisper not jou par Art Blakey et les Jazz Messengers des extraits plus ou moins longs des Visiteurs du soir et des
182. propri t L anarchisme de droite se caract rise galement par un aristocratisme d abord comme vidence morale politique et intellectuelle qui dans une nostalgie du pass veut responsabiliser les hommes puis comme loi de la vie Si comme on le verra plus loin l aristocratisme de Debord se d voile dans le m me ordre moral politique intellectuel il n est pas possible d attribuer au discours d n girum une vision vitaliste de l aristocratisme et encore moins raciste ou g n tique Il faut videmment rajouter que l anarchisme de droite se diff rencie essentiellement de ce que Daniel Gu rin nomme l anarchisme soci taire par son absence de dimension collective dimension f rocement rejet e chez les Roger Nimier Jean Anouilh et autres Louis Ferdinand C line qui ont tendance pour la plupart la remplacer par un antis mitisme f roce L anarchisme de droite se d finit encore par sa haine de la religion de l arm e de tout sauf de soi et donc notamment des intellectuels Tr s t t les lettristes et les situationnistes pratiquent l insulte dans leurs revues En 1972 est publi chez Champ Libre L Internationale Situationniste Protagonistes Chronologie Bibliographie avec un index des noms insult s de Jean Jacques Raspaud et Jean Pierre Voyer L index des noms 121 TI aide les nombreuses personnes qui passent chez lui se faire r former signe la deuxi me mouture du
183. r aliser son tre Perry Anderson y voit une tristesse classique posture symptomatique de la place de Debord dans l histoire du marxisme occidental Pour Anderson en effet le principal champ d application du marxisme occidental fut l esth tique ou les superstructures culturelles dans un sens plus large Enfin les principales innovations th oriques en dehors de ce terrain qui d velopp rent des th mes nouveaux absents du marxisme classique la plupart du temps de fa on sp culative r v lent un pessimisme constant La m thode par impuissance l art comme consolation le pessimisme comme apaisement il n est pas difficile de percevoir tous ces l ments dans la tonalit du marxisme occidental Si un exemple explicite de cette tristesse classique nous est donn c est bien la toute fin du film lorsque Debord cite pour l unique fois Marx qui dans une lettre Arnold Ruge de 1843 crivait Vous ne me direz pas que j estime trop le temps pr sent et si pourtant je n en d sesp re pas ce n est qu en raison de sa propre situation d sesp r e qui me remplit d espoir Ce pessimisme absolu s y illustre principalement propos de Paris dont il ne peut parler que comme de ces lieux o tout est devenu si mauvais En 1951 Debord monte Paris apr s avoir obtenu son baccalaur at et s prend violemment de la ville qu il explore de bout en large cherche s y perdre par la d rive
184. r que l auteur de ces lignes a dirig sur le cin ma de Guy Debord est paru dans le n 20 de Tausend Augen o selon une approche philosophique se sont trouv es voqu es sa pratique autobiographique et la dimension non exclusive de la notion de spectacle et selon une perspective plut t esth tique a t voqu e la g n alogie du d tournement cin matographique Enfin une anthologie de textes sur le cin ma exp rimental proposent trois articles sur l esth tique de l IS abordant par moment le cin ma Il n existe donc pas encore d tude sur le dernier film cin matographique de Guy Debord dans une perspective historique de d construction des avant gardes La probl matique de cette d construction se pose alors simplement il s agit d analyser la fois le discours et le fonctionnement d un film pour lequel l auteur adopte volontiers un style insurrectionnel garant de l isomorphie avant gardiste entre l action r volutionnaire et la r volution dans le langage artistique Le fonctionnement du film int resse au premier chef le contexte dans lequel il est produit et re u puis les effets de ce film Par effet il faut entendre les discours produits en r actions et engendr s par ce film Ce faisant d autres questions surgissent Pourquoi Jn girum est il con u et per u par certains critiques comme une uvre parfaite et tr s radicale Pourquoi ce film de Debord particuli remen
185. r du quotidien le Corriere della Sera des financiers et des banquiers soit 962 adh rents dont l actuel Premier Ministre italien Sua Emittenza Silvio Berlusconi 38 Cette pr face accompagne la nouvelle traduction fa te par Paolo Salvadori de la SdS et est publi e par les ditions Nuova Vallecchi Florence Elle para t en fran ais en avril 1979 Ses th ses sur l assassinat d Aldo Moro apparaissent galement dans sa correspondances avec Sanguinetti avril fin 1978 publi e dans Correspondances vol 2 Paris Champ Libre 1981 p 97 124 dans Cons 19 La Grande Prostitu e du terrorisme spectaculaire Rome ndla a maintenant officiellement avou que ses services sp ciaux ont t constamment pr sents dans toutes les op rations sanglantes men es depuis 1969 avec la complicit des l ments utiles de la Mafia ou du Vatican et sur ordre du gouvernement parall le de l Italie qui s est abrit sous le d licat pseudonyme de P 2 et Com 18 45 de nombreuses personnes tr s engag es depuis les ann es cinquante une plaine o l Histoire se d charge et que l on choisit d observer de loin ou de fouler jusqu lever la poussi re Laboratoire politique europ en un peu exacerb et creuset concret des flous dans les extr mes politiques cette confusion parfois int ress e ne conna t pas de fronti re L Italie est galement terrain d exp rimentation et avant poste des nouvelles strat gies de
186. r la forme vocative nuit et sommes consum s par le feu port e par l adverbe ecce Mais ce faisant c est l adresse qu il carte la forme vocative tant la caract ristique d une phrase interpellant une personne Le subtil d tournement qu il op re peut sugg rer que Debord ne fait de cin ma que pour lui son cin ma ne s adresse pas au public Le titre m me de son film clame son m pris pour le spectateur dont il sait in petto qu il ne sort pas de l usine b tifi l universit pour l oligophr ne de la sc ne intellectuelle qui ne comprend pas son titre en latin qui ne comprend pas que c est un d tournement subtil puisque cela demeure un palindrome d une phrase relev e par Sidoine Appolinaire qui ne comprend pas que ce d tournement est justement l pour 147 O F CF Office Fran ais Catholique du Film Fiches du cin ma Tous les films 1981 In girum imus nocte et consumimur igni 148 ANDREOTTI Libero Introduction in ANDREOTTI et COSTA op cit p 35 71 sugg rer l rudit qui l aura remarqu que ce titre ne s adresse pas lui que de ce film lui petit spectateur et ses semblables cultiv s abhorr s n auront rien Ce palindrome aurait d j pu tre l antienne des acolytes saouls du jeune Guy Ernest artisans de la n gation errant sans fin dans le Saint Germain des ann es 50 puisque plus tard dans le film il adopte et actualise leur posture philoso
187. r la voie pour personne Il consid re que son interlocuteur cette communaut r ellement existante qui ne correspondait pas sa communaut imagin e le prol tariat n tait plus capable tait devenu m prisable Comme le dit Nietzsche dans toute morale asc tique l homme adresse sa pens e une partie de lui m me divinis e et il lui est d s lors n cessaire de diaboliser l autre partie Et conscience narcissique de son temps il diabolise la b tise de ces salari s du premier rang qui constituaient peut tre autrefois le prol tariat auquel par narcissisme il s identifie alors Film portrait In girum pr tend noyer toute critique son gard dans ses mots d ordres esth tiques p remptoires pr supposant une autonomie de l esth tique assur d un discours qu il assure subversif Etat d exception irr cup rable diront m me certains que s arroge le film et qui fait fr mir d envie et d admiration tout ceux qui touristes de la vie individus sans responsabilit s puisque centre de leur propre int r t bien d fendu fantasment une singularit identitaire tout en se sachant effroyablement semblable leur prochain Film portrait proposant le dandysme parfois proche de l anarchisme de droite comme unique solution de survie mais solution unique r serv e l Unique Nous aurions voulu explorer encore dans et autour d n girum les champs de ces trois terrains battus et rebattus
188. r le film n girum imus nocte et consumimur igni dont les citations apparaissent sans r f rences Cor 1 381 Correspondances volume 1 juin 1957 ao t 1960 Paris Arth me Fayard 1999 381 pages Est indiqu le num ro de page 381 dont la citation est extraite Cor 2 317 Correspondances volume 2 septembre 1960 d cembre 1964 Paris Arth me Fayard 2001 317 pages Est indiqu le num ro de page 317 dont la citation est extraite Martos 320 MARTOS Jean Fran ois Correspondance avec Guy Debord Paris Le fin mot de l Histoire 1998 320 pages Est indiqu le num ro de page 320 dont la citation est extraite 4 SOMMAIRE Introduction page 6 CHAPITRE I LE FILM ET SON CONTEXTE Page 24 A Le film page 25 B Les crises page 28 Crise conomique et sociale page 28 Rupture de l Union de la Gauche et d clin du Parti Communiste page 29 L anticommunisme fondement infantile du gauchisme page 31 C Les checs page 34 Portugal le film pr c dent page 34 D sillusions et haines le reflux des clercs et le dissident page 37 D G rer le chaos page 40 Survivre page 40 Terrorisme et flou institutionnalis en Italie page 41 Emergence des th ories postmodernistes page 45 Voisinages intellectuels page 46 CHAPITRE II S ELOIGNER DES MASSES Page 49 A Le m pris du peuple page 53 Cracher sur Billancourt en crachant sur la D fense page 53 Le m pris l insulte et la tentation
189. r le visuel que Terry Eagleton nomme l interdiction jud o marxiste ou jud o marxienne de d fi l gard de Pic ne Son verbe crase les images de films quivalant de la novlangue publicitaire Ce principe ne se limite pas la premi re partie du film comme l indique le go t prononc de Debord pour les films de Carn et Pr vert pr cis ment Les Visiteurs du Soir et Les Enfants du Paradis Les extraits les plus significatifs de ce dernier film sont en effet ceux o les brillants dialogues de Pr vert atteignent un degr de r alit si hallucinant que Carn doit souvent se contenter de nous les faire couter sans oser s y mesurer avec des images D j avec PIS Guy Debord s inscrit dans une tradition intellectuelle fran aise de d nigrement de la vision au profit de P crit Le verbe provenant de l intellect pur est toujours plus pur moins facile que des images fausses ou insignifiantes A cet gard il est int ressant de noter que la description des images est la v ritable peau de chagrin des publications successives des sc narii de Debord Avec In girum il r it re cette dichotomie entre le Verbe issu du logos m le oppos la f minit de l apparence de l ic ne dichotomie qui n pargne que peu de mouvements d avant garde Lorsque les situationnistes s enflamment pour Hiroshima mon amour seul cin aste qu ils reconnaissent avec les lettristes et Jean Rouch
190. rairie Arth me Fayard 1997 707 pages Edition en fac simil des 12 num ros parus de juin 1958 septembre 1969 La V ritable Scission dans l Internationale Paris Librairie Arth me Fayard 1998 176 pages uvres de Guy Debord Prol gom nes tout cin ma futur suivi d un premier sc nario du film Hurlements en faveur de Sade in BERREBY G rard Documents relatifs la fondation de l Internationale Situationniste Paris Allia 1985 pp 109 123 651 pages premi re dition in lon 1952 Rapport sur la construction des situations et sur les conditions de l organisation et de l action de la tendance situationniste internationale Paris Edition Mille et une nuits 2000 auto dit pour la premi re fois en 1957 M moires Paris Jean Jacques Pauvert aux Belles Lettres 1993 non pagin avec une pr face in dite Attestations premi re dition Biblioth que d Alexandrie 1958 Avec Asger Jorn Fin de Copenhague Paris Allia 2001 premi re dition Pelmid amp Rosengreen 1957 Pour un jugement r volutionnaire de l art et Pr liminaires pour une d finition de l unit du programme r volutionnaire in Notes critiques Bulletin de recherches et d orientation r volutionnaire n 3 Bordeaux deuxi me trimestre 1962 Si le deuxi me article co sign avec P Canjuers est reproduit dans le livre pr sent plus loin de BANDINI pp 307 316 je nai lu qu une tra
191. ranle sur ce qu ils gardent de leur puissance vocatrice narrative textuelle sur ce que ces greffes donnent voir Plus particuli rement il s agira d appr cier comment plusieurs s quences dialogu es sont d tourn es et qui parce qu elles ne sont pas recouvertes par la voix de Debord acc dent un degr de signification narrative l int rieur m me d n girum Il s agit des Enfants du Paradis de Marcel Carn et Jacques Pr vert Le r gime esth tique d emprunt aux Enfants du Paradis s installe aux pr mices de la seconde partie d n girum lorsque d bute l vocation du Saint Germain des ann es 1952 1953 par les premi res sc nes du film de Carn et Pr vert Cette sc ne introductive des Enfants du Paradis et qui introduit donc la deuxi me partie d In girum a t brillamment interpr t e par Edward Baron Turk comme invitant le spectateur imaginer une dynamique narrative analogue celles qu on trouve chez Hugo Balzac ou Dickens Cette s quence o la grue descend lentement en panoramiquant le long du boulevard du Temple grouillant de monde est l quivalant cin matographique du panorama ce proc d utilis pour d crire Paris la fois dans la litt rature et dans les arts visuels au milieu du XIX me si cle Comme ces pr d cesseurs du XIX me si cle le panorama de Carn trace les fronti res d une sph re d int r t foisonnante mais d limit e Il annonce la volont
192. re bourgeois redoutait Il tait le spectre qui hante l Europe D j en 1967 lui avait t reproch ce syllogisme qui se d compose en proposition majeure il n y a pas de r volutionnaires hors de PIS proposition mineure PIS c est Debord conclusion il n y a qu un r volutionnaire au monde Debord C est parce qu tant le prol tariat il doit l tre totalement et fous les humains ne b n ficiant pas en premier lieu du pouvoir n ont pas une once de lucidit critique sur la marchandise pour tre conscient tre prol taire S il y a ne serait ce qu un autre que lui alors Debord ne peut tre le prol tariat mais juste une repr sentation du prol tariat De cela il ne veut videmment pas La repr sentation est la s paration matrice du spectaculaire Tout ce qui tait directement v cu s est loign dans une repr sentation Sds 1 Il vaut mieux ainsi tanto peggio tanto meglio que ces 114 La m thode de cartographie cognitive situationniste a t depuis adopt e avec enthousiasme par la g ographie postmoderne s duite par ce rejet radical des pr tentions l objectivit de la cartographie traditionnelle cf par exemple JAMESON Fredric Postmodernism or the cultural logic of late capitalism Durham Duke University Press 1991 Sur cette question voir HOLLEVOET Christel Wandering in the City Fl nerie to D rive and After The Cognitive Mapping of Urban Space
193. re posthume la r trospective qui lui est consacr e en 2001 la Mostra soit plus de quarante ans apr s sa r alisation L oeuvre cin matographique de Debord est immens ment admir e des rares spectateurs qui l ont vu selon Assayas et en m me temps elle poss de cette sorte d aura au sens de Walter Benjamin sp cifique de toute oeuvre cach e L acte esth tique du cin ma de Debord est aussi constitu du choix de ne pas les montrer une poque o toutes les images ont l imp rieux devoir d tre visibles Ainsi lorsque Debord crit Je crois plut t que ce qui chez moi a d plu d une mani re tr s durable c est ce que j ai fait en 1952 Panl 35 on peut comprendre qu il estime l absence d images de son premier film et l invisibilit des autres In girum appara t sous forme de sc nario en 1978 mais ne sort sur les crans que trois ans plus tard comme une marque durable de son oeuvre En donnant pour invisible une oeuvre par d finition visuelle un film et dont il fournit les descriptions par ses sc narii sorte d avant go ts sans suite Debord veille un premier r gime de frustration chez le spectateur potentiel 187 SOLLERS Philippe Crise de l avant garde Art press nouvelle s rie n 16 mars 1978 188 Art press n 40 septembre 1980 189 ASSAYAS L opera nacosta interview cit p 123 92 Si para t en 1990 l dition critique du sc nario d I
194. rem lent des appr ciations aussi radicales que folklore germanopratin r volt sans cause ou situationnisme hargneux la belle affaire De ce beau programme tout au long des sept pages de cet article le journaliste n en fera malheureusement rien Il faut relever galement une longue tude apolog tique du cin ma de Guy Debord accr ditant une autonomie de l esth tique par Thomas Y Levin dans un catalogue de l exposition consacr e aux situationnistes Paris Londres et Boston de 1989 1990 un article d Enrico Ghezzi et une longue interview d Olivier Assayas dans 31 GONZALVEZ Shinegobu Guy Debord ou la beaut du n gatif Paris Milles et une Nuits 1998 r dit en 2001 chez Nautilus LE MANACH Yves Artichauts de Bruxelles Paris l Insomniaque collection A couteaux tir s 1999 32 SOLLERS Philippe Guy Debord vous connaissez Les m moires de l auteur le plus improbable de notre poque Le Monde 20 octobre 1989 Il persiste depuis et pas uniquement dans Le Monde crire sur les ditions et r ditions de ses uvres et le citer abondamment Apr s avoir chou devenir son diteur Sollers a utilis le personnage de Guy Debord dans son dernier roman Passion fixe Paris Gallimard 2000 sous le pr nom de Fran ois et a r alis un portrait documentaire de Debord pour l mission Ecrivains du si cle de la cha ne de t l vision publique FRANCE 2
195. repr sent es extr me gauche et gauchiste voire divis es gauche Les options violentes de certains groupes d extr me gauche et gauchistes loignent ceux ci de toute participation au jeu l gal du parlementarisme Mais en juin et juillet 1972 apr s dix ann es de petites alliances communales l Union de la Gauche se concr tise par un programme commun du Parti Socialiste du Parti Communiste et du Mouvement des Radicaux de Gauche Esp rant mettre un terme au monopole du pouvoir gaulliste bien r install apr s la crise de mai 68 l opposition entame un retour dans les institutions repr sentatives Ainsi aux lections l gislatives de 1973 le Parti Communiste regagne des si ges par rapport juin 1968 et les socialistes et radicaux obtiennent 102 si ges Les 425 000 voix suppl mentaires qui assurent un an plus t t la victoire de Val ry Giscard d Estaing sur Fran ois Mitterand aux lections pr sidentielles sont malgr tout un signe positif pour l Union de la Gauche Elle se trouve d s lors en phase ascendante avec de v ritables succ s aux cantonales de 1976 et le raz de mar e des municipales de 1977 sur 221 villes de plus de 30 000 habitants la Gauche gagne 57 nouvelles mairies au total 155 mairies soit 70 des grandes villes de France Parmi celles ci 72 mairies sont acquises par les communistes soit 46 des grandes villes de France Cette pr sence communiste n est plus limit e la banlieue rouge de
196. respondent une deuxi me poque du film de Raoul Walsh celle o apr s une p nible p riode d inactivit marqu e par la d couverte de l alcool Custer quitte son pouse pour reprendre la direction du 7 R giment de Cavalerie qui afin d en sauver un autre tombe dans un pi ge fatal ourdi par les indiens sur la plaine de Little Big Horn Dans son roman Au del du fleuve et sous les arbres dont outre la citation directe qu en fait Debord dans ce film le ton nostalgique mais aussi les th mes abord s renvoient n girum Hemingway voque le 193 Potlatch n 26 7 mai 1956 in Guy Debord pr sente Potlatch 1954 1957 op cit p 242 et pour la citation LORRIS Pierre Georges Un agitateur au XVII me si cle Le cardinal de Retz Paris Albin Michel 1956 19 JAPPE Guy Debord op cit p 159 et Jean Barrot alias DAUVE op cit 95 massacre de Custer et de ses hommes encercl s par des tribus d indiens George Armstrong Custer Un fameux officier de Cavalerie Je suis s r que a doit tre dr le d tre comme a et d avoir une femme qui vous aime et de la sciure de bois en guise de cervelle Mais il a d trouver qu il s tait tromp de carri re quand a s est termin pour eux au sommet de cette colline dominant le Little Big Horn leur canassons formant cercle autour d eux dans toutes cette poussi re et ces buissons de sauge pi tin s par les chevaux des autres et lui qu
197. riode certaines similitudes d agitations politiques sont observables dans l espace europ en et si le Portugal de 1974 76 est un pr cipit des tensions politiques fran aises l Italie en est le miroir attard et grossissant Sorti renforc de la Deuxi me Guerre Mondiale le Parti Communiste Italien PCT est avec le PCF le parti communiste le plus puissant hors du bloc de l Est il p se sur l chiquier politique italien par son emprise sur les masses ouvri res Mais depuis le milieu des ann es soixante l Italie est secou e par des meutes populaires des mouvements de contestation gauchiste et un jeune prol tariat qui hors du contr le du PCI s encanaille dans un mai rampant L agitation et les grands mouvements de gr ves sauvages ou non auxquels la D mocratie Chr tienne DC et sa strat gie de la tension a faire face sont intenses Le 25 avril 1969 commence la politique du pire fanto peggio tanto meglio les attentats terroristes La CIA est dans la danse Alors que les Colonels ont r ussi leur Coup d Etat en Gr ce l extr me droite italienne revient en sc ne Le 12 d cembre 1969 la Gr ce menac e d expulsion cause de son r gime dictatorial quitte bruyamment le Conseil de l Europe Strasbourg les m tallos italiens sont sur le point de conclure un important accord avec le patronat trois bombes explosent Rome 14 bless s deux bombes sont pos es Milan une seule
198. rme au r le d une avant garde Plus tard dans n girum afin d illustrer l action de PIS pendant mai 68 Debord d tourne la longue et catastrophique en termes humains charge de La Brigade L g re dans le film de Michael Curtiz Ici cette longue s quence vocation de ce beau moment que celui o se met en mouvement un assaut contre l ordre du monde montre un pisode c l bre de la guerre de Crim e le I R giment de Lanciers entra n par Lord Raglan lance sa fameuse charge visant nuire le plus possible l ennemi dans la Vall e de la mort Balaklava derri re S bastopol pour se venger du massacre de Chutoka Le r giment finit d tre compl tement d cim lorsque ses derniers lanciers sont parvenus jusque dans la batterie ennemie pour planter leur lances dans le corps du tra tre Cette charge est d s son projet per ue comme suicidaire et Debord n en disconvient pas lorsqu il pr cise en voix off que les avant gardes n ont qu un temps et ce qui peut leur arriver de plus heureux c est au plein sens du terme d avoir fait leur temps 15 HEMINGWAY Ernest Au del du fleuve et sous les arbres Paris Gallimard Folio 1965 pp 194 95 1 CLAUSEWITZ Karl von Remarques sur la strat gie pure et appliqu e de Monsieur B low Paris Gallimard 1961 96 LA BRIGADE L G RE DANS LE FILM IN GIRUM IMUS NOCTE ET CONSUMIMUR IGNI Cet loge de l chec et cette dim
199. rum critique qui si elle y est moins pr sente litt ralement que dans son film La soci t du Spectacle o Debord filmait les th ses de son ouvrage ponyme majeur n en reste pas moins la colonne vert brale de ce film Ce travail dialectique est d autant plus requis que Debord ne cesse d interpr ter son uvre en indiquant bien que telle est non seulement la mani re orthodoxe de l analyser la critiquer l interpr ter mais qu elle est la seule valable Jeu auquel nombre de critiques se prennent devenant plus royalistes que le roi Ainsi si toutes ses uvres et tous ses actes sont justifi s et interpr t s priori de son point de vue dans son cadre d analyse il est imp rieux de critiquer l cart entre son interpr tation r v lant les intentions de son uvre et la lecture non orthodoxe que l on peut avoir de cette uvre c est dire la replacer dans un cadre d analyse refusant l autonomie de l esth tique quand bien m me cette esth tique se revendiquerait essentiellement politique comme toute esth tique d avant garde Il faut donc d finir les concepts de la th orie critique de Debord qui seront utiles l tude qui suit Mais ces concepts ayant t labor s par une avant garde il faut logiquement commencer par mouvement d avant garde en partant de l acception de Peter B rger qui si elle ne fait pas l unanimit est n anmoins devenue classique Il y voit une entreprise c
200. s travers une certaine unit de temps D ailleurs depuis 1978 les uvres Cin matographiques Compl tes de Debord sont publi es avec non seulement le sc nario d In girum mais galement quelques photogrammes de ses autres films dont celui de la s quence en question Ainsi avec n girum Debord semble vouloir insister sur le fait qu il a sinc rement cru un prol tariat comme agent de la r volution qu il ne regrette rien Mais si le potentiel r volutionnaire du prol tariat s estompe en 1978 et il sait que jusqu ce que la vraie vie soit pr sente pour tous le sel de la terre peut toujours s affadir IS 8 13 il n en est pas moins r sign y croire quand bien m me il s en d tournerait Je ne suis pas quelqu un qui se corrige finira t il par crire Pour en arriver cette posture Debord a objectiv le prol tariat selon les attendus que son analyse th orique a d duits des circonstances historiques Ce trait est pr sent chez nombre de penseurs qui se sont br l s les ailes vouloir se repr senter le prol tariat et ont fini par verser dans un substitutionisme d nonc en leur temps par la Rosa Luxembourg de R forme sociale ou R volution et le Trotsky de Nos t ches politiques Dans cette partie nous nous attacherons montrer comment n girum pr sent comme critique sociale marxiste et r volutionnaire fait le constat d une disparition de la conscience prol
201. s nouveau Un troisi me mode de d tournement que Debord ne distingue pas se compose de deux l ments de culture savante en g n ral un texte de Debord et une image de culture savante o l l ment d tourn vient soutenir positivement le discours L esth tique propos e par ces jeux entre culture de masse et culture savante dans la lign e des collages dada stes et surr alistes mais investis d autres significations dans une poque o le pop art tient le haut du march a fait des mules et il n est pas faux de consid rer que le d tournement informe aujourd hui largement l esth tique publicitaire La volont tr s marqu e de l Internationale Situationniste de se voir inscrite dans l Histoire pour s tre perdue dans un assaut insens mai 68 eut pour cons quence de concentrer les tudes historiques sur ce mouvement lors de ces m mes v nements de mai 68 et se limit rent jusqu r cemment au seul fait d anciens situationnistes ou de pro situs et donc tr s orthodoxes publi es dans ce cas chez Champ Libre Cette maison d ditions appartenait G rard Lebovici ami et m c ne de Guy Debord lecteur officieux dont les conseils pesaient beaucoup sur les choix ditoriaux jusqu ce qu il s y investisse officiellement en tant que directeur litt raire la mort de G rard Lebovici les ditions Champ Libre devenant alors Editions G rard Lebovici Qui plus est cette
202. s tenus leur propos autant que par leur style propre entre les r sultats d une d construction et le r el concret le pr sent de la soci t d o ces films sont produit Cela d autant plus que Debord a essay dans ses films de critiquer la s paration entre l activit r elle de la soci t et sa repr sentation c est dire le Pouvoir l uvre 1 BOURDIEU Pierre Les r gles de l art Gen se et structure du champ litt raire Paris Point Seuil 1998 p 16 17 JOUSSE Thierry dans son introduction aux d dicaces Guy Debord Guy Debord strat gie de la disparition Cahiers du Cin ma n 487 janvier 1995 p 41 13 dans les soci t s capitalistes avanc es statuant que tout ce qui tait directement v cu s est loign dans une repr sentation SdS 1 Un dispositif de pr cautions critiques similaires celles prises par Bourdieu dans Les r gles de l art sera requis car l instar d In girum L ducation sentimentale cette uvre mille fois comment e et sans doute jamais lue vraiment fournit tous les instruments n cessaires sa propre analyse sociologique la structure de l espace social dans lequel se d roulent les aventures de Fr d ric se trouve tre aussi la structure de l espace social dans lequel son auteur lui m me s tait situ Ainsi c est pareillement que nous prendrons en compte la critique socio politique l uvre dans n gi
203. secrets italiens au profit des adversaires du compromis historique i e l aile droite de la DC Giulio Andreotti quelques ann es avant que la lumi re ne soit faite l dessus Le contexte italien par ses aspects g n raux et ceux touchant Debord en particulier constitue un intertexte pr pond rant dans la r alisation d n girum Il est dans l itin raire cf An Exercise in Style Eine stilistische bung de Jean Barrot alias DAUVE Gilles Critique de l internationale Situationniste Le texte original fran ais a t perdu et est paru pour la premi re fois en anglais sous le pseudonyme de Jean Barrot dans la revue Red Eye Berkeley en 1979 http www geocities com johngray index htm toc puis en allemand Kritik der Situationistischen Internationale in Das grosse Spiel Hambourg Nautilus 2000 pp 111 148 36 Interview au Matin de Paris le 14 01 1978 repris dans GUATTARI F lix La r volution mol culaire Paris UGE 10 18 1980 pp 181 182 7 Sous le nom de la loge ma onnique P2 Portere Due se retrouvent le Vatican via Mgr Marcinkus les mafias sicilienne et calabraise des hauts fonctionnaires de la police de l arm e et des services secrets l organisation secr te d pendante de l OTAN Gladio des membres du bureau de la CIA Rome des membres de la DC et des ministres en poste au gouvernement des journalistes de la presse crite et t l vis e dont le directeu
204. sme On s tonnera moins d s lors que pour traiter de ce r el In girum entre trangement en r sonance avec les principes formels que mettait en uvre L Ecole de Mai Avec Aurelia Steiner de Marguerite Duras et Fortini Cani de Straub Huillet se dessine dans la m me modernit une constellation formelle autour d un sujet commun celui de la force subjective 66 holding the other end of the stick BURCH op cit Le m pris et la haine exprim s par Debord semblent ainsi compenser l absence de sc ne de violence explicite dans n girum puisque le spectateur de ce film est conduit adopter la m me posture que le spectateur de sc nes violentes d peu pr s n importe quel film d Alain Robbe Grillet esp rer secr tement tenir bient t l autre bout du fouet tre la place de celui qui donne les coups L article d H l ne Hazera Lib ration 03 06 1981 et celui de Lucien Logette cit en introduction Jeune Cin ma septembre octobre 1981 abondent en ce sens d un c t Lucien Logette se r jouit que par bonheur les critiques d j publi es ne lui semblent m me pas du niveau de celles mises l gard de PIS apr s mai 68 et rassembl es dans leur sottisier Il se met ainsi dans la peau de Debord faisant la peau ses critiques avec un m pris d une violence toute debordienne Il estime qu elles sont trop pauvres pour remplir toutes les cat gories de motivati
205. sque Debord d couvre Henri Lefebvre en 1957 et va assister ses cours ce dernier a un jeune assistant nomm Jean Baudrillard La forte amiti avec l auteur de la Critique de la vie quotidienne convainc Debord faire une communication dans le cours de Lefebvre son invitation Comme Debord de 1960 1961 Baudrillard est membre de Socialisme ou Barbarie un court moment avant de d velopper un appareil critique en sociologie traduisant l importance partag e par Debord qu il porte la notion de f tichisme de la marchandise Puis les s jours en Californie aidant il se fait promoteur d une version inoffensive du spectacle le simulacre avant de devenir l apologue de la modernit am ricaine et enfin d une version euphorisante l hyperr alit o plus rien n est r el puisque les possibilit s de truquage de l image se sont tendues toutes les sph res du vivant et o l image forc ment fausse est plus vraie que ce qui y est repr sent On comprend bien que progressisme et r action deviennent alors pour les habitants de cet univers virtuel des notions obsol tes Socialisme ou Barbarie est un vivier de penseurs dont Jean Fran ois Lyotard est lui aussi membre depuis 1954 Ce dernier signe de 1955 1963 treize articles sur la guerre d Alg rie dans la revue parfois sous le pseudonyme de Fran ois Laborde Lyotard quitte Socialisme ou Barbarie pour Pouvoir Ouvrier organisation n e en 1964
206. stique ce que le troisi me chapitre tentera de montrer L individualisme enfin est videmment une composante majeur du terrain id ologique qui voit le postmodernisme s duire les masses intellectuelles Voisinages intellectuels Si Anselm Jappe affirme que l on ne peut pas rapprocher Debord des post structuralistes et des th ories de dissolution du sujet non plus que des th ories postmodernistes Sadie Plant elle a consacr tout un essai tisser les zones de croisements les influences communes les champs de recherches partag s entre les th oriciens du postmodernisme comme Jean Fran ois Lyotard et Jean Baudrillard et ceux du situationnisme Guy Debord et Raoul Vaneigem Ces quatre l et peut tre plus encore Vaneigem que Debord s ils n en sont pas acteurs suivent au moins les sp culations autour des th ories relativistes postmarxistes Les marxistes apostats sont alors l gion et prompts l abjuration et dans un contexte de d veloppement de l individualisme ceux qui ont pr dit une mort de l homme se voient confront s aux limites de l panouissement de cet individu si ce n est dans un mode de pens et de repr sentation relativisant les structures ali nantes de cette soci t Afin de saisir la singularit de l volution de la pens e de Debord mais voir aussi ce qu elle partage avec celles qui lui sont contemporaines il n est pas inutile de rappeler que LIPOVETSKY
207. t m me de la R volution En effet les uvres de Guy Debord ne sont pas exemptes de formes de violence Son film sans image de 1952 1h 20 dont une heure sans son est une violence psychologique Mieux pour ce qui nous int resse ainsi que nous l avons d j not plus haut n girum d bute par la photo d un public d une salle de cin ma Dans la construction conceptuelle de Debord le public objet de notre regard fait face un film de cin ma cin ma qui hormis le sien veut il nous convaincre est juste habile tromper une heure l ennui par le reflet du m me ennui et nous positionne alors par cet effet de miroir devant l ennui notre ennui notre ali nation Mais concr tement que se passe t il Debord le cin ma situationniste n o nazi Paris GB NV MB 1979 r dit in ISOU Isidore Contre l Internationale situationniste Paris Ed Hors commerce d art 2001 BI BURCH No l The Sadeian Aesthetic a critical view in BEECH Dave et ROBERTS John diteurs The philistine controversy Londres New York 2002 pp 175 200 cf aussi Contre l auteurisme entretien avec WAINTROP Edouard in Lib ration 5 ao t 1998 et Sampling Rotterdam de ROSENBAUM Jonathan in TRAFIC n 26 t 1998 pp 46 56 132 Cette esth tique fonctionne galement avec des uvres ne relevant pas directement du haut modernisme mais issues par exemple de la culture populaire et r inject e dans un c
208. t Bret Easton Ellis gr ce l loge formaliste et moraliste qu elle a crite de ce premier Pour Guy Debord op cit dans la collection L Infini dirig e par Philippe Sollers 6 ROBBE GRILLET Alain Projet pour une r volution New York Paris Edition de Minuit 1970 Glamorama poss de l ironie postmoderne du second degr surd velopp en sus avec la caution symbolique c est dire second degr d l ments de pens e radicale 69 reste alors faire fructifier d placer le caract re destructeur l int rieur de la fiction sur la fiction elle m me sur la forme voire sur les femmes En r alisant un film nostalgique sur une classe r volutionnaire qui n est plus sur une avant garde qui n est plus s tant sabord e en son temps dit Debord le r alisateur d In girum se voit vieillir Un s rie de photographies de l auteur diff rents ge de la vie le dernier autoportrait de Rembrandt se succ dent dans le film de mani re en attester C est donc sur la forme m me que se d place l agressivit destructrice d In girum sur cette autre expression de l esth tique sadienne qu est l illisibilit l sot risme 70 C L sot risme bon teint Un film assez herm tique 7 O F C F critique d In girum Rappelons bri vement la forme du film collages d images fixes ou anim es diverses sur lesquelles est lu tout du long un texte agr ment
209. t sur le film Guy Debord son art et son temps lors des 5 mes journ es Cine qua non de Paris Exp rimental le 23 mars 2002 la Galerie des filles du Calvaire Paris Sa position fond e sur l autonomie de l esth tique a t bien critiqu e par SMITH Peter On the passage of a Few People Situationists Nostalgia The Oxford Art Journal 1991 Vol 14 No 1 p 118 125 34 ASSAYAS Olivier L opera nascosta et GHEZZI Enrico Debord 2001 n tempo n spazio Potlatch dove deriva il cinema in GHEZZI Enrico et TURIGLIATTO Roberto commissaires Guy Debord contro il cinema la Biennale di Venezia Milan Editrice Il Castoro 2001 pp 122 130 et 132 136 35 AGAMBEN Giorgio Le cin ma de Guy Debord in TRAFIC N 22 t 1997 pp 56 61 Transcription revue par l auteur d une conf rence prononc e dans le cadre d un s minaire consacr Guy Debord accompagn e d une r trospective de ses films diffus s sur Canal en janvier 1995 lors de la 6 me Semaine internationale de la vid o Saint Gervais Gen ve en novembre de la m me ann e 36 Cahiers du cin ma n 487 janvier 1995 pp 40 49 37 Tausend Augen avril 2000 n 20 pp 58 90 38 BRENEZ Nicole et LEBRAT Christian Jeune dure et pure Une histoire du cin ma d avant garde et exp rimental Paris Cin math que fran aise ditions Mazotta 2001 Le chapitre 12 est consacr PIS avec notamment FAUSTI Claudio La th orie cri
210. tichisme exacerb a fait passer au stade sup rieure l ali nation face aux marchandises le spectacle est le d veloppement scientifique du f tichisme C est ainsi qu il faut comprendre la premi re phrase de la SdS d tournement de l introduction au Capital de Marx Toute la vie des soci t s dans lesquelles r gnent les conditions modernes de production s annonce comme une immense accumulation de spectacles Tout ce qui tait directement v cu s est loign dans une repr sentation SdS 1 Le spectacle ne se r duit pas pour autant au syst me des mass m dia et leur flux ininterrompu d images le spectacle n est pas un ensemble d images mais un rapport social entre des personnes m diatis par des images Sds 4 Debord diagnostique en 1967 cette Soci t du Spectacle en 221 th ses et y distingue deux formes successives et rivales du pouvoir spectaculaire la concentr e et la diffuse 2 WOLLEN Peter The Situationnist International New Left Review 174 March April 1989 et SULEIMAN Susan Rubin Subversive Intent Gender Politics and the Avant Garde Cambridge Mass et Londres Harvard University Press 1990 p 12 Au sens de pratique somptuaire appelant d autres cadeaux en retour dont parle Marcel Mauss dans son essai sur le don Sociologie et anthropologie Paris PUF 1950 15 La premi re mettant en avant l id ologie r sum e autour d une personnalit dict
211. tion je ne le livrerai pas sous la forme cin matographique d clare Debord sur un cran noir Dans son essai sur le masochisme Deleuze explique que si le libertin peut se donner l air de chercher convaincre et persuader rien n est plus tranger au sadique qu une intention de persuader ou de convaincre brefune intention 135 Jugements choisis concernant l IS et class s selon leur motivation dominante in IS 12 55 63 6 Ainsi la longueur du titre de R futation de tous les jugements tant logieux qu hostiles qui ont t jusqu ici port s sur le film La Soci t du Spectacle sert de mod le Lucien Logette pour sa Tentative de redressement de quelques jugements torves concernant le dernier film de Guy Debord 137 Les cat gories taient la b tise le soulagement pr matur la panique le confusionnisme spontan le confusionnisme int ress la calomnie d mesur et enfin la d mence ibid 67 p dagogique Et il est clair que Debord avec sa voix froide calme et monotone ne cherche pas duquer ainsi que le d montrera le chapitre suivant Il s agit de montrer que le raisonnement est lui m me une violence qu il est du c t des violents avec toute sa rigueur toute sa s r nit tout son calme Il ne s agit m me pas de montrer quelqu un mais de d montrer d une d monstration qui se confond avec la solitude parfaite et la toute puissance du d
212. tions de Minuit les critiques ont unanimement salu en France l entr e du style d Alain Robbe Grillet parmi les Classiques Ce jeu d auteur auteurisant n est videmment pas tranger Debord qui r pond son premier long m trage par un court qui crit les Commentaires son grand uvre et se cite sans cesse 79 Selon Barthes le texte illisible a cela de sup rieur au classique qu il refuse la posture facile voire voluptueuse Des textes scriptibles il n y a peut tre rien dire crit il dans S Z p 558 le texte scriptible est un pr sent perp tuel sur lequel ne peut se poser aucune parole cons quente qui le transformerait fatalement en pass il abolit toute critique c est l essai sans la dissertation Autant de caract ristiques que Debord revendique pour son uvre dans n girum film au dessus de toute critique fait avec n importe quoi qui se r duit l essence lorsqu il rappelle avec Musil qu il est des activit s intellectuelles o ce ne sont pas les gros livres mais les petits trait s qui font la fiert d un homme Deux corr lats assez concomitants s articulent autour de ces justifications esth tiques Tout d abord c est la distinction dans son m pris du facile puis son m pris pour la culture de masse qui rejoint ici son m pris pour les salari s du premier rang qui en font une consommation culturelle
213. tique de l image dans l nternationale Situationniste pp 218 223 22 tait il consid r comme un ovni dans la production cin matographique et m me dans l art de son poque alors qu il n tait g n ralement pas inscrit dans l histoire des avant gardes politiques et artistiques qui lui taient contemporaines Pourquoi est il devenu un objet sacr depuis par son invisibilit puis par le biais d une r trospective qui l a men de la Mostra de Venise au Magic Cin ma de Bobigny pour finir au Saint Andr des Arts apr s avoir fait l honneur de son passage au Louvre En vertu de quel passe droit En vertu de quoi lui est il octroy ce statut exorbitant de droit commun face la critique En somme pourquoi et en quoi est il un objet de culte de notre soci t postmoderne Pour viter de f tichiser l objet de notre recherche nous chercherons d construire non seulement le film mais galement les discours criant au film culte tout en cartant une approche purement formaliste qui ne nous permettrait pas de saisir effectivement les r seaux d influences et les sens historiques en jeu dans ce patchwork cin matographique Les diff rentes id ologies des esth tiques convoqu es dans ce film seront mises en vidence par l articulation d analyses textuelles sous textuelles et intertextuelles du film avec leur mise en perspective dans l histoire des ann es 70 jusqu au d but des ann
214. tique non sign Piste Noire Dans le jargon de la presse italienne c est la piste qui permet d identifier les responsables d attentats d sordres et crimes politiques divers parmi les militants de droite La police et la magistrature italienne semble r fractaire la suivre La piste rouge Italia 1969 1972 Paris UGE Feltrinelli 1973 collection 10 18 CEDERNA Camilla BARBERI Andrea FINI Marco FOLTI Omero p 12 80 Tract distribu et coll en affiche d s le 19 d cembre 1969 aux abords de la Piazza Fontana et devant les usines milanaises Traduction fran aise in MERCIER Luc et GAYRAUD Jo l diteurs Section italienne de l Internationale Situationniste Ecrits complets 1969 1972 Paris Contre Moule 1988 pp 129 131 81 Reale est le nom du premier signataire de cette loi Oronzo Reale Garde des Sceaux D mocrate chr tien de l poque Cette loi fait parti de ces lois d exceptions ou lois sc l rates dont la plupart sont toujours en vigueur aujourd hui elle interdit de manifester ou de se rassembler en portant une cagoule ou un casque de moto et n importe quel genre d armi improprie tel un drapeau dont le b ton aurait pu servir frapper le port des papiers d identit est rendu obligatoire ainsi que le signalement des coordonn es des personnes logeant dans les h tels pensions et chez les particuliers m me pour un week end Tout contrevenant pouvait tre arr t fo
215. tiquement grossi par rapports aux images le ton de Lefebvre Marx Goldmann Huizinga La question est alors quel est donc le sujet Ce qui est je crois une rupture de l habitude au spectacle rupture irritante et d concertante 93 Avec l apparition du premier blanc le film commence se d mentir lui m me sur toute la ligne et devient ainsi plus clair son auteur prenant parti contre lui Il est en m me temps assez explicitement antifilm d art sur l uvre non faite de l poque et description finalement r aliste d un mode de vie priv de coh rence et d importance La forme correspond au contenu Ce n est pas la description de telle ou telle activit mais du centre m me de l activit qui est du vide C est la peinture de la vraie vie qui est absente Les postures comme le plan dynamique des films sont identiques il n y a que le contexte qui change Or si Debord construit son film partir de conceptions tr s esth tiques dans les deux cas l chec de la r volution prol tarienne que PIS attendait en 1968 et le contexte de d sillusion fait que la structure d cevante pour reprendre ses termes d In girum dont toute utopie est absente porte en 1981 le sceau du renoncement politique Ainsi que nous l avons vu au pr c dent chapitre le film est ferm clos autot lique et avare ce qui rend son vide ostentatoire la fois agressif et frustrant pour le spect
216. tor in nothing de Shanga Gesture de constater l in galit aux d pends des autres Cette geste aristocratique Debord la go te son acm avec le personnage hautement aristocrate de Censor Dans les derniers instants d n girum Debord finit par parler de lui la troisi me personne L aristocratisme est une caract ristique de l anarchiste de droite D cr ter la Libert 17 APOSTOLIDES Jean Marie Les tombeaux de Guy Debord pr c d de Portrait de Guy Ernest en jeune libertin Paris Exils collection Essais 1999 pp 128 136 17 HUIZINGA Johann L automne du Moyen ge Paris Payot petite biblioth que 1989 traduit du hollandais par J Bastin jusque r cemment la traduction du titre proposait Le d clin du Moyen ge Huizinga qui a crit ce livre en 1919 et est galement l auteur d un autre ouvrage qui marque Debord Homo Ludens essai sur la fonction sociale du jeu Paris Gallimard 1951 178 Toute poque aspire un monde plus beau Plus le pr sent est sombre et confus plus ce d sir et profond Au d clin du moyen ge la vie s emplit d une sombre m lancolie Au XV me si cle ce n tait ni de mode ni de bon ton pourrait on dire de louer ouvertement la vie Il convenait de n en mentionner que les souffrances et le d sespoir Le monde s acheminait vers sa fin et toute chose terrestre vers sa corruption Tout ce que nous savons de l tat d me des grands
217. transforme en officine du n gationnisme fran ais Il signe ainsi l un des noires pisodes du glissement r visionniste de l ultra gauche fran aise cf le num ro 2 de la revue La Banquise 1983 Le roman de nos origines Histoire et petites histoire des quinze derni res ann es http www geocities com johngray index htm toc qui revient sur cet pisode et sur le parcours de Pierre Guillaume voir aussi le m moire ma trise d Histoire Contemporaine sous la direction d Annette Becker de PERRONNO David Le n gationnisme dans les milieux d extr me gauche Universit de Lille IN 1999 A l occasion de la sortie des Com Guillaume pr sente Debord comme un r visionniste par le sophisme suivant si Debord n a jamais parl de la Shoah c est qu il n y croit pas Il publie ainsi des extraits des Com dans ses Annales d Histoires r visionnistes Extraits choisis Guy Debord n 5 t automne 1988 et un article sur Debord dans le premier num ro de sa revue La Vieille Taupe n 1 1995 http www abbc aaargh fran archVT revueVT1 VT1 6 html Un aper u critique de cette tentative de r cup ration est disponible sur le site de la revue new yorkaise NotBored Comments on Pierre Guillaume s Debord http www panix com notbored index html Enfin Charles Champetier l un des id ologues de la Nouvelle Droite et ancien r dacteur en chef de la revue El ments s est fait le champion d un debordo ma
218. ty of California Press 1993 pp 381 434 172 Le premier sc nario d Hurlements en faveur de Sade publi avant sa r alisation dans la revue Jon Paris Centre de Cr ation 1952 contient de nombreuses descriptions d images Le film r alis n en contiendra finalement aucune Les sc narii de ses trois premiers films sont publi s en 1964 Contre le Cin ma op cit mais ses deux court m trages ont d j perdu de leur descriptions d images et des photogrammes les accompagnant lors de la publication des OCC en 1978 Il en advient de m me pour In girum qui de 1978 1999 en passant par 1990 et 1994 en arrive se voir d pouill de tous ses photogrammes mais surtout de toutes ses descriptions ainsi que des dialogues des passages de films d tourn s les plus significatifs Les Enfants du Paradis ne laissant plus qu un texte qui aurait pu ne jamais se compromettre avec des images IB cf SULEIMAN op cit p 21 24 pour la mani re dont les Surr alistes reculent dans la pertinence de leur critiques des images lorsque la femme est concern e rendant le r el l imaginaire et le symbolique interchangeables 82 Enfin dans n girum Debord d clare Voici par exemple un film o je ne dis que des v rit s sur des images qui toutes sont insignifiantes ou fausses un film qui m prise cette poussi re d images qui le compose Car le probl me est bien l pour Debord Les images existantes ne prouvent que les
219. u cas o ce film r ussirait tre aussi fondamentalement incoh rent et insatisfaisant que la r alit dont il traite il ne sera jamais qu une reconstitution pauvre et fausse comme ce travelling manqu OCC 34 Il reprend en 1978 ce qui se pr sente lui cin aste comme une aporie Ainsi donc au lieu d ajouter un film des milliers de films quelconques je pr f re exposer ici pourquoi je ne ferai rien de tel Ou encore A consid rer l histoire de ma vie je vois bien clairement que je ne peux pas faire ce que l on appelle une uvre cin matographique Cet horizon d checs qui s exprime dans n girum d une mani re la fois formelle comme nous allons le voir et m taphorique par des d tournements sp cifiques s inscrit dans une crise plus large de la pens e avant gardiste de son h ritage et de son souvenir Ainsi celui que le haut modernisme fran ais a sacr pape de l avant garde prononce t il l hiver 1977 une oraison fun bre de la production avant gardiste dans le temple du Centre Pompidou r cemment inaugur Philippe Sollers y d clare en substance que la saturation de l horizon rationnel de la pens e constitu des deux grands syst mes 186 ASSAYAS L opera nacosta interview cit p 125 91 interpr tatifs que sont le marxisme et la psychanalyse signifie la fin de cet horizon rationaliste et donc la fin des avant gardes Art press le mensuel de l
220. ue du Bossuet m lancolique Il est remarquable qu aucun crit sur Debord n y pr te attention tout accapar s qu ils sont examiner le baroque de son P Rs P A x me style inspir de Bossuet ou des m morialistes fran ais du XVIU Il faut passer rapidement en revue en piochant dans les approches insatisfaisantes de Pascal Ory et Fran ois Richard certaines caract ristiques de ce que d signe l expression 17 CENSOR op cit pp 150 151 18 BERNARD Arthur et GADET Olivier diteurs Bouquet d injures et d horions Paris Editions Cent pages 2000 1 of par exemple GUILBERT C cile Pour Guy Debord Paris Gallimard 1996 collection L Infini MACE SCARON Joseph Retour sur un mort sans visage Le Figaro 19 octobre 2000 LANCON Philippe Sollers pan gyrise Debord Lib ration 19 octobre 2000 et KAUFMANN op cit 120 Si Pascal Ory est clairement un d tracteur de l anarchisme de droite son seul ouvrage L anarchisme de droite Paris Seuil 1984 assez brouillon permet difficilement une claire typologie de l anarchisme de droite et il faut se reporter aux tudes d un professeur la Sorbonne et chantre de cet anarchisme de droite pour une vue partisane mais plus fournie de ce courant RICHARD Fran ois Les anarchistes de droite Paris PUF 1997 Que sais je et L anarchisme de droite dans la litt rature contemporaine Paris PUF 1988 Litt ratures modernes
221. uill sur le champ et bloqu s par des armes feu en cas de fuite ou de r sistance cf aussi PERSICHETTI Paolo et SCALZONE Oreste La r volution et l Etat Insurrections et contre insurrections dans l Italie de l apr s 68 Dagorno 2000 43 retire les b n fices des actes les plus sanglants Debord est cheval entre deux situations de radicalit politiques bien distinctes Tandis que les attentats continuent il fomente au printemps 1975 avec l un des derniers membre de l Internationale Situationniste Gianfranco Sanguinetti l affaire Censor Sous ce pseudonyme Sanguinetti envoie en ao t 1975 520 oligarques tri s sur le volet un luxueux opuscule intitul V ridique Rapport sur les derni res chances de sauver le capitalisme en Italie Dans cet crit l aristocrate conservateur cynique et cultiv qu est Censor propose une strat gie pour mettre un terme aux men es ouvri ristes aux gr ves sauvages et au climat insurrectionnel dire la v rit sur les attentats de 1969 en reconnaissant qu ils taient t l command s par l Etat et inviter le PCI seul capable de mater les masses ouvri res un compromis historique avec la DC L ouvrage qui fait grand bruit pendant quelques jours est bient t mis en vente puis seuls les hebdomadaires de centre gauche s y int ressent encore quelques semaines En d cembre Sanguinetti toujours aid de Debord r v le le stratag me il n
222. ulte implique une communication la production d une information direction de la personne insult e Or Debord ne veut surtout pas se salir en s adressant aux intellectuels ni aux masses auxquelles il a retir sa confiance Nous proposerons la fin de ce chapitre des l ments de r ponses aux questions li es au ton anarchiste de droite d In girum En somme Guy Debord ne s adresse personne dans ce film si ce n est ses amis ou p res et fr res spirituels morts C est le film m me clos comme objet qui peut tre re u comme une insulte en se refusant parler au spectateur tel le titre du film L herm tisme d In girum qui est un sot risme en participe galement comme il sera vu plus loin 127 Guy Debord se fend en 1984 d une petite ligne sur l injure o il se contente d en d limiter les conditions d application et ancrer sa pratique dans une tradition des avant gardes historiques La lettre d injures est une sorte de genre litt raire qui a tenu une grande place dans notre si cle et non sans raison Je crois que personne ne peut douter que moi m me sur ce point j ai appris beaucoup des surr alistes et par dessus tout d Arthur Cravan La difficult dans la lettre d injures ne peut tre stylistique La seule chose difficile c est d avoir l assurance que l on est soi m me en droit de les crire l occasion pour certains correspondants pr cis Elles n
223. un commencement d int r t Et ce n est pas par un regrettable hasard c est sa fonction comme culture de masse Rep 12 13 On le retrouve donc ici encore bien proche d Adorno refusant de consid rer le peuple comme capable de produire quoi que ce soit d authentique ce qui s accorde au m pris qu il entretient pour ce dernier et pour le plaisir vident qu il a faire partie d une lite capable entre autre de produire des uvres d art 174 COQUILLAT Michelle La po tique du m le Paris Gallimard 1982 83 L aristocratisme We few we happy few we band of brothers L aristocratisme d j pr sent dans le film La Soci t du Spectacle We few happy few We band of brothers Lorsque d tournant Shakespeare Debord reprend cette phrase prononc e par Henri V ses fid les avant la bataille d Azincourt le film La Soci t du Spectacle touche presque sa fin et l cran demeure la photo du comit d occupation l assembl e g n rale de la Sorbonne le 17 mai 1968 dans le grand amphi Un zoom nous fait 115 SHAKESPEARE William Henri V acte IV sc ne II 84 d couvrir Debord dans la foule puis suivent des photos de ses compagnons d alors La phrase d Henri V peut se voir alors comme la confirmation des conceptions communautaires particuli res de fr res in gaux autour du roi Debord En fait comme le note Apostolid s la sensibilit inte
224. ur de Luk cs Debord voit toujours dans le prol tariat l unique classe capable de r sister la r ification gr ce la pratique la lutte l activit le sujet mancipateur rompt avec la contemplation et devient r volutionnaire Mais si Debord ne reconna t plus ces signes de r sistance s il ne voit plus cette force ou s il ne veut plus voir et reconna tre alors cette masse n a plus pour lui la dignit d tre nomm e prol tariat Une masse exploit e ali n e vivant dans la fausse conscience qui n a pas conscience de son ali nation ne peut pour le Luk cs d avant guerre tre agent de l Histoire puisque c est la conscience de classe qui transforme les masses en agent historique Ainsi l id ologie dominante spectaculaire dirait Debord qui les assaille et dont ils se parent est cette fausse conscience synonyme d id ologie pour Marx Et alors que toutes les foules actives autonomes les masses en mouvement les rassemblements insurrectionnels qui peuplaient ses films pr c dents ont disparu dans celui ci au profit de files d attentes passives de consommateurs ou de spectateurs assis dans une salle de cin ma il poursuit en illustrant son propos par un lent travelling clinique sur une photo de chacun de ces salari s du premier rang assis align s devant un r cepteur de t l vision auquel ils portent un int r t gal Tout d abord parce que si l on met de c t
225. urant historique qui le porte et donc l asseoir dans l histoire du marxisme occidental Nous suivons la d finition qu en donne Perry Anderson et dont voici l ensemble des traits qui le d finissent en tant que tradition distincte du marxisme classique N de la d faite des r volutions prol tariennes dans les zones europ ennes de capitalisme avanc apr s la Premi re Guerre Mondiale le marxisme occidental se d veloppa en une scission croissante entre la th orie socialiste et la pratique de la classe ouvri re Le foss ouvert l origine par l isolement de PEtat sovi tique par l imp rialisme fut approfondi et fix institutionellement par la bureaucratisation de l U R S S et du Komintern sous Staline Pour les nouveaux penseurs marxistes apparus en Occident le mouvement communiste officiel repr sentait la seule incarnation r elle de la classe ouvri re internationale qui ait un sens pour eux qu ils y aient adh r qu ils s y soient ralli s ou qu ils l aient rejet Le divorce structurel de la th orie et de la pratique inh rent la nature des partis communistes de cette poque emp chait tout travail politico intellectuel unifi selon le type d fini par le marxisme classique Cela eut pour cons quences le confinement des th oriciens dans les universit s loin de la vie du prol tariat de leur propre pays et un r tr cissement de la th orie abandonnant l conomie et la politique pour se co
226. urassisme cf notamment CHAMPETIER Charles Debord est mort vive Debord El ments n 82 mars avril 1995 104 cf DUMONTIER op cit et VIENET Ren Enrag s et situationnistes dans le mouvement des occupations Paris Gallimard 1968 105 Se penchant sur l acte d crire comme masturbation peine sublim e Lyotard dans son freudo marxisme boursoufl fait nettement avancer la question de l mancipation du prol tariat Que faisait la main gauche de Marx pendant qu il crivait le Capital in LYOTARD Jean Fran ois Economie libidinale Paris Editions de Minuit collection Critique 1974 p 174 106 II s agit d abord d une exp rience rotique d clare Sollers in Pourquoi j ai t chinois Tel Quel N 8 t 1981 p 11 CHAPITRE II S loigner des masses 50 Je me suis donn les moyens d intervenir de plus loin Guy Debord In girum 51 Anselm Jappe analyste de la pens e politique de Debord conc de volontiers que ni Debord ni les situationnistes n ont jamais eu de vision ou de d finition claire de ce que pouvait tre le prol tariat En 1963 PIS estime qu il est du r le des th oriciens d apporter les l ments de connaissance et les instruments conceptuels qui traduisent en clair ou en plus clair et coh rent la crise et les d sirs latents tels qu ils sont v cus par les gens disons le nouveau prol tariat de
227. urre visant d tourner l attention d un coup d Etat fasciste C est en repr cisant dans ce contexte et dans ce court texte leur acrimonie pour le PCF qui ne travaillait aucunement prendre le pouvoir que l IS se caract rise comme gauchiste et se prononce pour le FLN 33 DES TRACTS EN MAI 65 EDITIONS CHAMP LIBRE Debord fait r diter chez Champ Libre en 1978 une tude lexicom trique des tracts de mai 68 publi e trois ans plus t t par la Fondation Nationale des Sciences Politiques et qui pr sentait le double int r t de prendre en compte les tracts des situationnistes situs mais surtout des les situer l extr me oppos e du PCF 34 C Les checs Portugal le film pr c dent Cette posture suppose un engagement intellectuel r el lorsqu il s agit de produire une analyse Le livre La Soci t du Spectacle 1967 entend comme disait le jeune Marx de L Id ologie allemande dissoudre les conditions existantes c est dire l organisation des rapports de production d une poque et les formes de fausse conscience qui ont grandi sur cette base dans un but r volutionnaire Il est alors int ressant pour appuyer ce propos de voir quelle est l analyse que Debord fait de la R volution des illets alors qu il assiste vraisemblablement aux v nements en 1974 Avec son film La Soci t du Spectacle Guy Debord commence un cycle o il con oit chacun de ses films comme u
228. uy Debord avaient s par es En atteste l clectisme id ologique des dix sept critiques publi es la sortie du film Ainsi crivent les chantres connus du haut modernisme comme Dominique Pa ni Cin ma 81 Louis Seguin La Quinzaine Litt raire et des plumes gauchistes telle H l ne Hazera dans Lib ration Jean Patrick Manchette dans La Semaine de Charlie et d anciens mao stes comme Alain Badiou Le Perroquet ou Pascal Bonitzer dans Les Cahiers du cin ma mais ces derniers travaillaient d j officieusement cet trange mariage durant leur p riode Mao 1971 1974 Avec Art press juillet ao t 1981 sous la plume de R gis Jauffret la symbiose devient licite n girum vexe et humilie le spectateur le riche se sent mis rable le pauvre renie rageusement son pass de syndicaliste alors que le cadre moyen met en doute les vertus de la libre entreprise Nous sommes en pr sence d un film r volutionnaire et elle est revendiqu e explicitement par Nicolas Verdy dans Feuille Foudre automne 1981 Debord est plus proche qu il n imagine des mao stes en note Et serait surpris de ce point de vue de la composition de son public en ce que nous avons le m me r el et le m me champ de d ploiement d un processus d avant garde qui face la victoire de l ennemi se conforte dans une subjectivisation r sistante Ainsi encore de la r f rence explicite au marxisme donn e dans l horizon du communi
229. x chiffres et s installe la croissance stagne et le nombre de ch meurs surtout des jeunes d passe fr quemment le million La baisse du pouvoir d achat est durement ressentie Parmi les mesures imm diates pour y parer la d structuration des vieilles industries parach ve le double mouvement de mutation des secteurs professionnels qui voit le secondaire baisser au profit d un tertiaire enclin la pr carisation Il en r sulte une quasi disparition des bastions historiques de la lutte 29 syndicale les bases intersyndicales et intercat gorielles des grands et tr s grands complexes industriels notamment sid rurgiques et miniers et avec l id e de la grande usine communautaire L inad quation des politiques de relance keyn siennes de type stop and go et autres laisse le champ libre l av nement d un lib ralisme sur les prix et la concurrence facilit par la victoire de la majorit de droite aux l gislatives de 1978 Ce nouveau dogme en politique conomique mis en place par Raymond Barre ne sera pas d savou par les socialistes une fois ces derniers au pouvoir Rupture de l Union de la Gauche et d clin du Parti Communiste L apr s 68 fran ais est une p riode politique trouble non pas tant par les intrigues de palais que par un d calage entre des forces de gauche d extr me gauche et gauchistes bruyantes et visibles et le poids l gislatif de ces m mes forces non repr sent es ou sous
230. y a peu encore La plasticit de l investissement dans Jn girum pr sidant l quation IS Debord R volution Prol tariat semble ressortir au sch ma du narcissique en ce que la d ception de Debord envers la r volution et PIS et le prol tariat plut t que de donner lieu un retrait d investissement aboutit ici l int gration au moi des objets d amour d ues En effet le travail de deuil consiste en ce que l preuve de r alit ayant montr que l objet aim n existe plus elle dicte l exigence de retirer toute la libido des liens qui la retiennent cet objet Mais ce travail ne peut se faire si simplement et chacun des souvenirs chacun des espoirs par lesquels la libido tait li e l objet est mis sur le m tier surinvesti et le d tachement de la libido est accompli sur lui C est une activit de compromis car l investissement d objet s av rant peu r sistant il est supprim mais la libido libre n est pas d plac e sur un autre objet elle est retir e dans le moi Mais l elle n est pas utilis de fa on quelconque elle sert tablir une identification du moi avec l objet abandonn Et l on peut ici se r f rer avec b n fice au narcissisme secondaire qui d signe un retournement sur le moi de la libido retir e de ses investissements objectaux Laplanche et Pontalis d finissent en effet le deuil comme un processus 22

In girum imus nocte et consumimur igni

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