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1. Compte rendu Comment vivre avec les hommes quand on est un g ant Louise Filteau Jeu revue de th tre n 54 1990 p 170 172 Pour citer ce compte rendu utiliser l adresse suivante http id erudit org iderudit 26827ac Note les r gles d criture des r f rences bibliographiques peuvent varier selon les diff rents domaines du savoir Ce document est prot g par la loi sur le droit d auteur L utilisation des services d rudit y compris la reproduction est assujettie sa politique d utilisation que vous pouvez consulter l URI https apropos erudlit org fr usagers politique dutilisation rudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif compos de l Universit de Montr al l Universit Laval et l Universit du Qu bec Montr al Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche rudit offre des services d dition num rique de documents scientifiques depuis 1998 Pour communiquer avec les responsables d rudit info erudit org Document t l charg le 16 novembre 2015 07 50 comment vivre avec les hommes quand on est un g ant Texte Suzanne Lebeau Mise en sc ne Gervais Gaudreaulr assistance la muse en sc ne et conception des clairages sylvie Galarneau d cor costumes et accessoires Pierre Farand conceprion sonore Diane Leboeuf assist e de Gaston Leboeuf Avec Benoit Dagenais Jean Guy Viau et les voix de Roch Aubert Francine2. Beaudry Liene Dufour et Martin Hurtubise lProducrion du Th tre le Carrousel pr sent e la Salle Fred Barry du 23 novembre au 17 d cembre 1989 Sur l affiche on ne voit que des pieds immenses Dans le foyer du th tre un rat blanc tout propre dort dans sa cage Dans la salle noire un plan inclin noir sur un fond de sc ne noir baigne dans une lumi re nuit bleut e Comment vivre avec les hommes quand on est un g ant Ca ressemble une affirmation mode d emplois C est en fait un soupir d chirant d espoir d u On s attend un gentil conte pour enfants on se retrouve dans un ailleurs ici o un rat misan thrope tousse mort alors qu un g ant philan thrope souffre de la terreur qu il inspire Le monde vu d en haut le monde vu d en bas et nous au milieu c est l exp rience que nous fait vivre le Carrousel dans ce spectacle le monde vu d en haut C est la nuit dans une immensit noire et bleue qui se perd dans l infini Le g ant Troller monte sur la terre et la fait basculer trembler craquer Lui qui parcourt le monde la t te dans les nuages regarde avec tendresse les villes miniatures qu il foule ses pieds Il voudrait aider les hommes calmer la faim et la soif des enfants pauvres b tir des ponts devenir un bienfaiteur un ami Mais partout o il passe il crase tout provoque des cataclysmes s me la terreur Lui qui aime tant les petits hommes est trait de monstre horri bles et acc
3. d accueillant Pour le rat ce sont les rebuts qui lui permettent de vivre et la pollution qui le tue Les hommes si on ne les voit pas on les entend Ils se manifestent par leurs cris de terreur le son du verre qui se brise le fracas des accidents Ils s expriment aussi par le biais d un journal et d une radio b b te et criarde qui rapporte inter pr te et d forme les ravages caus s par le monstre sur le m me ton quelle annonce les Top 40 Mais ce n est pas l histoire des hommes aux prises avec un g ant et un rat laquelle on assiste C est la perspective du g ant et celle du rat qui importent Les hommes ils sont cute ou ils sont sales Mais chose certaine ils ont peur ici et ailleurs Trois mondes se superposent et s opposent Chacun a son espace son temps son ordre son fonctionnement Le g ant Troller a parcouru la terre et peut tre m me l univers Il a travers des si cles Son costume sort tout droit des livres d images bonnet cape besace et bourse pleine d cus Il parle une langue po tique laquelle nous sommes si peu habitu s qu il nous faut tendre l oreille Alfredo quant lui semble plus pr s de nous Les objets dont il s entoure nous sont familiers Il porte une combinaison grise compatible avec son tat de rar Son niveau de langue se situe aussi bas que son trou sombre sous la ville Sa courte vie tire sa fin Le personnage d Alfredo rel ve du conte contem porain celui de Tr
4. epuis d j un moment le d sir de se
5. eur Un dispositif sc nique d pouill et efficace un emploi judicieux de la lumi re et du son permet tent de faire coexister un g ant et un rat sur une m me sc ne La terre immense plan inclin noir se perd dans l infini des murs et du plafond noirs Derri re une toile rectangulaire blanche sur laquelle se refl te une lumi re qui volue au rythme de la journ e De bleut e elle rosit jaunit rougeoie se teinte d orange dans un horizon sans fin La nuit surprise des trappes s ouvrent sur la terre et laissent appara tre des petites maisons de poup es aux fen tres allu m es Un m canisme permet au g ant d ou vrir le sol d couvrant ainsi la demeure souter raineet sombre d Alfredo Ils y claire au moyen d une chandelle et de quelques ampoules dispa rates Chaque couche du monde a ainsi son espace ses dimensions sa lumi re Le spectacle 172 se termine sur un magnifique lever de soleil sur une terre d vast e alors que Troller reprend sa marche vers d autres cieux et qu Alfredo agonise au son d un requiem C est la fois triste et magique hors du tem Prendre le monde l envers affronter un monde connu d une perspective inconnue c est le d fi que s est lanc le Carrousel avec Comment vivre avec les hommes quand on est un g ant Ce faisant il a cr un spectacle intemporel et universel un spectacle o l on traite de la perception de soi et des autres de l incompr hension des amiti
6. oller des l gendes intemporel les nous appartenons l ordinaire au quoti dien Le choc des trois espaces temps d range 1 1 l ordre tabli et ne peut s av rer que n faste drame et trag die a aurait pu commencer par Il tait une fois un g ant avec un coeur gros comme une monta gne Mais a ne finit pas par Ils v curent heureux Car les ravages que Troller cause sont l gal de son amour pour les hommes et de son amiti pour Alfredo Et dans son ing nuit il ne se rend pas compte de tour le mal qu il fait Il faut qu il lise dans les journaux qu il est un monstre il faut qu Alfredo lui fasse comprendre que de lui apporter le soleil pour le gu rir de sa grippe lui a br l la r tine des yeux et a aggrav sa maladie pour que le g ant prenne conscience des cons quences de ses actes C est l qu il devient tragique le plaisir et la tristesse Bien que le spectateur prouve de la tristesse face l in vitable incompr hension dont Troller est victime malgr la sympathie que lui inspire cet tre d mesur et minemment solitaire son plaisir du spectacle subsiste C est en effet un plaisir de se faire raconter une belle histoire d entendre dialoguer des tres qui ne se seraient jamais rencontr s de voir vivre l invraisembla ble l impensable C est aussi un plaisir d entrer dans un autre monde gr ce au d cor l clai rage au son le plaisir du r ve veill lumi re et noirc
7. s impossibles de la difficult de vivre de la soli tude un spectacle beau voir et entendre que les enfants et leurs parents n oublieront pas On n oublie pas les beaux textes ni les belles images louise filteau le dernier d lire permis vaguement d apr s dom juan Texte et mise en sc ne de Jean Fr d ric Messier musique Trafic d influence Bernard Poirier et Claude St Jean d cor er accessoires lise Landry costumes Natalie Gingras clairages Manon Choini re Avec Sylvie Moreau Domme Marcel Pomerlo Elvire Fran ois Tardif Sganarelle Dominique Leduc Mathurine Michel Monty Charlot et St phane Demers Pierrot Production du Collectif Momentum pr sent e au r staurant th itre la Licorne du 4 janvier au 3 f vrier 1990 ciel quel beau d lire d elvire Le Dernier D lire permis propose au spectateur tenu en haleine les deux trop courtes heures que dure ce spectacle une belle qu te simple et complexe la fois de l amour absolu possible impossible La grande question quoi Ou plus justement lune des quelques questions essen tielles de l existence de celles qui transgressent temps et espace Transgression qui se refl te dans le propos et dans sa repr sentation La r f rence au Dom Juan ou le Festin de pierre de Moli re n est peut tre l que pour rappeler au spectateur la p rennit du mythe le caract re obligatoire du propos Jean Fr d ric Messier caressait d
8. us d avoir battu vol d truit incen di Il pleure le g ant Troller il pleure et inonde tout Dans sa solitude seul le rat Alfredo accepte de lui parler le monde vu d en bas Alfredo vit sous terre Il passe le plus clair de son temps dans la p nombre et l humidit de son Benolt Dagenais le g ant Trolleri ei Jean Guy Viau le rar Alfredo dans Comment vivre avec Les hommes quand on est sn giant de Suzanne Lebeau production du Th tre le Carrousel Photo Andr PF Therrien La nuit des trappes i ouvrent sur la terre et laissent appara tre des petites maisons de poup es aux fen tres allum es Photo Andr P Therrien trou l s y est am nag un monde sa mesure gr ce aux d chets des hommes dont il vide les poubelles Un oreiller un vieux walkman des fils lectriques des ampoules disparates une chandelle une bo te de carton meublent son univers Alfredo m prise les hommes dont il d pend Une citation de Virgile orne ses murs et exprime sa pens e Je crains les hommes et tout ce qui vient d eux Fi vreux toussotant il prend sa temp rature et s abreuve de sirop Quand on vit avec les hommes on attrape leurs maladies Frissonnant sous sa couverture sac de poubelle il d nonce la pollution de la ville et nous au milieu Les hommes on ne les voit pas Aux yeux du g ant c est une s rie de maisons de poup es illumin es de l int rieur a semble chau
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