Le débat interprétatif - Le site de Sarre Union
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1. partir d un m me texte et particuli rement d un texte litt raire immuable la lecture qui en est faite va tre changeante En effet cette lecture va d pendre des comp tences du lecteur mais aussi de sa maturit de ses affects de ses int r ts et faire varier totalement son interpr tation de l uvre Le texte est immuable mais le lecteur est singulier et toutes les lectures sont donc singuli res La difficult r side dans le fait que certaines lectures sont monos miques et qu on ne doit pas alors laisser divaguer son imagination une recette de cuisine un mode d emploi et d autres non Dans certains textes litt raires par exemple La cigale et la fourmi les lecteurs comprennent tous la m me chose au niveau de l action la fourmi met la cigale la porte mais ils peuvent ne pas tre tous d accord sur la signification de la fable et sur la port e donner au r le de la cigale et de la fourmi C est dans cet interstice que s exerce la grande libert du lecteur dans ce qu il est avec ses options psychologiques ou id ologiques C est ce qui rend int ressant les changes apr s la lecture L interpr tation est plus ou moins pertinente ou l gitime selon le type de textes d o l importance de tester l interpr tation des enfants sur des textes qui s y pr tent Texte lacunaire et compr hension fine La compr hension fine signifie que le lecteur est capable de comprendre l implicite d un texte de faire des inf2. Le d bat interpr tatif Marie Luce Gion a t formatrice l IUFM de Cr teil Elle est l auteur d ouvrages sur la litt rature de jeunesse en particulier Lire et crire avec le roman policier en 1998 Elle a galement coordonn en 2003 Les chemins de la litt rature au cycle 3 un ensemble de propositions d activit s en litt rature de jeunesse labor es par des formateurs essentiellement partir des livres de la liste minist rielle Un extrait du Vol du Vampire de Michel Tournier est propice donner le ton de ce stage puisqu il y est question de lecture et d interpr tation Un livre n a pas d auteur mais un nombre infini d auteurs Car celui qui l a crit s ajoutent de plein droit dans l acte cr ateur l ensemble de ceux qui l ont lu le lisent ou le liront Un livre crit mais non lu n existe pas pleinement Il ne poss de qu une demi existence C est une virtualit un tre exsangue vide malheureux qui s puise dans un appel l aide pour exister L crivain le sait et lorsqu il publie un livre il l che dans la foule anonyme des hommes et des femmes une nu e d oiseaux de papier des vampires secs assoiff s de sang qui se r pandent au hasard en qu te de lecteurs A peine un livre s est il abattu sur un lecteur qu il se gonfle de sa chaleur et de ses r ves Il fleurit s panouit devient enfin ce qu il est un monde imaginaire foisonnant o se m lent indistinctement comme sur le visage d un enfant
3. partir de ce que je pense j analyse comment j ai pens ce que je pense Mais bien s r toutes les interpr tations ne sont pas l gitimes autoris es par le texte On ne tranche pas tant que rien ne nous y autorise Il y a les droits du lecteur et ceux du texte quipe de circonscription de Saverne 5 Exemple 2 C ur de lion La petite b te Robert Boudet L cole des loisirs 1991 L int r t principal de cette nouvelle r side dans le fait que l auteur s est efforc jusqu la derni re phrase de masquer l identit du personnage C ur de lion Pour cette mise en sc ne p dagogique le texte est pr sent tronqu il manque la fin de la nouvelle _Extrait de C ur de lion La mise en uvre p dagogique consiste crire rapidement par groupe la suite de l histoire pour tenter d identifier le personnage d sign par le pronom il Il va obligatoirement falloir justifier le monde animal en tayant l identit de l animal par des informations donn es dans le texte Les l ves vont alors discuter sur qui est il Les connaissances culturelles jouent de fa on implicites et souvent inconscientes dans l interpr tation des textes Une lecture d voilement progressif pourrait galement tre int ressante On se demanderait alors si la premi re aventure puis la deuxi me permettent d identifier le personnage Quels sont les animaux qu il sauve Certains l ments apparaissent il a
4. cription de Saverne 6 Objectifs et organisation du d bat interpr tatif Activit le d bat interpr tatif Objectifs claircir des zones d ombre qui peuvent constituer des obstacles la compr hension __inciter donner son avis exprimer ses impressions porter un jugement sur les actes et les motivations des personnages faire des liens avec d autres textes confronter les hypoth ses argumenter et justifier les choix partir par exemple de productions crites ex r sum __inciter relire pour justifier expliquer comment ils ont proc d pour comprendre l implicite Savoir revenir sur ce que l on a pens rebondir sur les remarques des autres l ves Supports romans albums textes litt raires courts productions d crit des enfants r sum Organisation 2 organisations possibles Travail par petit groupe de niveau de 8 enfants maximum avec pr sence de l enseignant pendant que les autres travaillent en autonomie Dur e 10 15 minutes Une question inductive est soumise aux plus fragiles et la m me question plus ouverte est soumise aux lecteurs d brouill s et experts Les d brouill s et experts feront un brouillon d oral qui ne sera pas un crit labor Il peut se faire individuellement par 2 ou par 3 et permet la r flexion avant le d bat Pour les l ves fragiles c est le ma tre qui note les r flexions des enfants et soll
5. icite ceux qui ne prennent pas la parole Travail par petits groupes h t rog nes de 8 enfants maximum avec pr sence de l enseignant pendant que les autres travaillent en autonomie Un bon l ve note les r flexions du groupe et jouera le r le de rapporteur Travail de synth se collectif le ma tre note au tableau les r sultats des diff rents d bats ce qui donne lieu une confrontation des points de vue quipe de circonscription de Saverne 7
6. istance du texte pour comprendre comment s labore ce qu on pense Les l ves partent d une intuition globale pour revenir au texte et tenter de confirmer et justifier cette intuition Parfois le lecteur s aper oit en y regardant de plus pr s qu il s est laiss entra ner par ses affects et qu il a mal lu ou lu trop vite Le r le de l enseignant est de susciter cette interrogation chez l enfant je pense cela pourquoi partir de quoi ai je labor cette opinion Je retourne au texte non pas pour r pondre la question du ma tre mais pour justifier ce que moi acteur et co auteur du texte je pense et ce qui m a amen penser cela Ce qui est int ressant n est pas tant le r sultat que de voir par quelle proc dure on a construit son opinion Certains points de vue se justifient mieux que d autres Il faut bien s r que dans la classe l enseignant ait cr un climat s rieux qui ne soit pas un climat de d lire ou de comp tition on ne dit pas n importe quoi mais ce qu on pense tre juste et on le justifie Les points de vue erron s sont int ressants car pour les justifier l enfant va faire appel un passage du texte et va souligner l endroit o il y a eu un probl me d interpr tation Les erreurs d interpr tation sont int ressantes non pas pour les l gitimer mais pour permettre de comprendre comment s est faite la lecture de l enfant et ce qui s est pass dans sa t te On se situe dans la m tacognition
7. l ves qui aboutiront ou non selon les textes une compr hension plus ou moins identique malgr les projections individuelles et les affects On passe pour arriver cela par des phases qui vont permettre chacun de mobiliser ce qu il conna t ce qu il croit les rapprochements qu il effectue Toutes les discussions mises en place m neront tout d abord penser qu un m me texte peut tre interpr t de plusieurs fa ons Puis le retour au texte sera n cessaire pour l gitimer ce que chacun dit Le fait de r fl chir ensemble permettra souvent d arriver une compr hension plus ou moins homog ne Ce qui est tr s important est que dans cette mise en uvre on ne met plus l accent sur le r sultat mais sur les processus et sur les tapes d appropriation du texte par les enfants en tant qu individus Ces individus ont des comp tences diff rentes des projections diff rentes des go ts diff rents et vont donc s approprier le texte de fa ons diff rentes Il faut tre attentif la d marche laquelle se pr te le texte litt raire Les mises en sc nes p dagogiques Elles ont pour but quipe de circonscription de Saverne 2 de situer et d interpr ter les points de r sistance du texte ses ambigu t s d s le titre de confronter les lectures et ou les hypoth ses et les questions d argumenter et de justifier les choix en ayant recours au texte et aux images Le ma tre peut alors m nage
8. les traits de son p re et de sa m re les intentions de l crivain et les fantasmes du lecteur Michel Tournier Le Vol du Vampire Mercure de France 1981 pp 10 11 Ce texte nous place d embl e au c ur du sujet la lecture et l interpr tation la coop ration entre le lecteur et l auteur qui permettent la lecture et la compr hension d tre Les notions de compr hension et d interpr tation sont tr s complexes Compr hension et interpr tation Depuis 1985 l acte de compr hension est int gr celui de lecture sous forme de leitmotiv p dagogique Outre le fait que les proc dures de compr hension sont adapt es aux types de texte que l on lit le lecteur est amen effectuer des mises en relation infiniment complexes En effet il doit mettre en relation non seulement les unit s du texte de la plus petite l unit mot la plus grande l unit texte en accordant une place aux l ments syntaxiques mais galement mettre en relation l ensemble des textes D autre part les r seaux intertextuels permettent au lecteur de mobiliser toutes ses connaissances sur tous les textes qu il a lus pour mieux comprendre et mieux entrer dans ce texte l C est l objectif de toutes les activit s de mise en r seaux de textes Vient s ajouter ces mises en r seaux la mise en relation avec le lecteur lui m me Ce lecteur est actif et construit un nouveau message partir du d j l partir de ce qui est crit
9. nt peut regrouper autour de lui les l ves fragiles l crit et jouer le r le de secr taire en veillant aux prises de parole quipe de circonscription de Saverne 4 Cette nouvelle tr s humoristique est la port e des enfants Le d bat interpr tatif amen par le questionnement p dagogique passe toujours par une probl matisation du texte Si on pose une question pointue qu a fait F licien pourquoi est il parti on obtient une r ponse dans le texte attendue par le ma tre Si on pose une question plus large qui renvoie toute une r flexion pour parvenir trouver la r ponse on probl matise ce texte alors que les questions ferm es dont la r ponse est crite n autorisent pas de discussions Les questions ponctuelles limit es progressives compl mentaires qu on pose dans une lecture qui vise une compr hension unique monos mique du texte ne sont pas celles qui suscitent le d bat interpr tatif On peut pratiquer ce type d exercice en ateliers de lecture pour parvenir laborer une compr hension juste du texte cela se justifie en particulier pour des textes documentaires Le d bat interpr tatif est lui bas sur un questionnement qui porte sur l implicite du texte et sur la fa on dont le lecteur s empare des informations pour construire son interpr tation Il faut apprendre aux l ves r fl chir surligner le texte photocopi lorsqu ils sont dans une situation r flexive avec une mise d
10. peur de l eau il tranche la racine La troisi me aventure permet elle d en savoir plus sur l identit de il L interpr tation sera faite d interrogations et d hypoth ses multiples tout au long du texte pour en arriver de la d couverte de l identit du h ros Lorsque la fin est distribu e le lecteur se rend compte la derni re phrase que le h ros est en fait un petit mulot On voit que le leurre l ambigu t l interrogation sont programm s par l auteur L ouvrage Les chemins de la litt rature au cycle 3 propose d ailleurs un chapitre sur le leurre narratif qui montre comment les auteurs dans certains cas jouent avec les st r otypes du genre en particulier le roman policier pour cr er des leurres Les doigts rouges Panique au cirque Dr le de samedi soir Cette nouvelle est crite l instar d une fable dans laquelle le message est que celui qui se croit le plus fort est finalement le plus faible et qu on est toujours le plus faible de quelqu un On pourra discuter au niveau symbolique sur ce personnage avec les l ves et souligner les r f rences Le ch ne et le roseau Le chat la belette et le petit lapin Ces mises en relations pourront tre rapidement voqu es avec les enfants On laissera venir les images sans les forcer mais des lectures multiples permettront l enfant de se construire une culture et faciliteront ces mises en r seau Il est int ressant de le conscientiser quipe de circons
11. r des moments d changes relatifs aux zones d ombre qui peuvent constituer des obstacles la compr hension et g n rer des interpr tations diverses aux impressions ressenties et ce qui les suscite aux jugements esth tiques et thiques sur les actes et les motivations des personnages aux liens tablis avec d autres textes des exp riences personnelles l actualit etc Les l ves sont progressivement conduits se poser des questions sur leur lecture la confrontation entre pairs est une m diation n cessaire avant qu ils puissent le faire seuls Ces quelques propositions permettront de d gager les composantes de ce que peut tre le d bat interpr tatif et la mani re dont peut s laborer la ou les compr hensions d un texte Les mises en sc ne p dagogiques sont utiles dans la mesure o elles vont permettre l l ve de faire au ralenti mais globalement et de fa on consciente en en discutant dans l interaction ce que le lecteur adulte fait seul Elles tendent donc construire une attitude de lecture experte qui n est pas du tout ma tris e par l enfant quipe de circonscription de Saverne 3 Exemple 1 Un martien Un martien Nouvelles Histoires press es Bernard Friot Milan poche junior 2000 Un texte complet nouvelle qui jouant sur une ambigu t oblige le lecteur une double lecture la fin remettant en cause l interpr tation initiale Plan
12. rences d tablir des relations d un moment du texte un autre dans les quipe de circonscription de Saverne 1 sc narios que l histoire r active Le texte litt raire m nage des blancs que le lecteur est m me de remplir Pour l auteur il n est int ressant d crire que ce qui est particulier ce qui peut tre per u comme un d rapage ou un point de vue original par rapport un sc nario habituel Les lacunes que le lecteur peut combler lui m me parce qu il conna t d j ce qui manque ne m ritent pas d tre explicit es par l auteur C est ce qu Umberto Ecco nomme la coop ration du lecteur mod le qui va r agir au sc nario de l auteur en comprenant les implicites Tout texte litt raire est lacunaire puisque l auteur a le choix de mettre l accent sur certains l ments et de ne pas tout expliquer ni tout dire Le texte va mettre l accent sur ce qui est utile pour comprendre le personnage cr er une ambiance int resser Tout r cit est construit sur l exp rience du lecteur C est pourquoi d s le cycle 1 l enseignant doit lire aux l ves des textes qui demandent ces inf rences et la r activation du v cu L enfant va les mettre en uvre travers la voix du ma tre L implicite d un texte est plus ou moins complexe plus ou moins difficile construire mais la lecture n cessite toujours de faire des inf rences c est pourquoi la distinction compr hension fine compr hension litt rale a disparu des programme
13. s de 2002 Il faut se m fier des adaptations trop simplifi es o il ne reste plus rien d int ressant d couvrir Cela ne veut pas dire qu il ne faut proposer aux enfants que des textes devinettes On peut aborder des textes simples mais qui ont suffisamment d paisseur pour qu on puisse en dire quelque chose Les contes font partie de ces textes simples dont il y a beaucoup dire Les textes que l on peut probl matiser o on peut trouver une dimension symbolique sont int ressants Les fables de la Fontaine ou d Esope toutes simples d bouchent sur des symboles de valeurs humaines Plusieurs types de textes m ritent donc d tre propos s aux enfants des textes r sistants qui posent probl me et n cessitent la r flexion pour comprendre des textes prolif rants qui sugg rent plusieurs interpr tations ex histoire quatre voix papa et donc am nent la discussion et des textes simples au niveau de la narration mais porteurs de significations symboliques et sur lesquels il est int ressant d interroger certains proc d s litt raires ex les myst res de Harris Burdick texte et images Les tapes du processus de compr hension et d interpr tation Dans les programmes de 2002 il s agit moins d arriver un r sultat homog ne au niveau de la compr hension du texte que de travailler sur les diff rentes tapes du processus de compr hension On obtiendra ainsi des interpr tations diff rentes de la part des
14. t s ancrer dans le texte F licien d crit la plan te ses habitants leur nourriture Mais les enfants sentent aussi un d calage les sandwiches au saucisson la nourriture que les parents doivent laisser la porte du grenier Il y a une interpr tation simple vidente et premi re par rapport une autre plus labor e plus difficilement justifi e par les enfants car elle participe de l implicite On pourrait galement proposer aux l ves d crire la r ponse des parents par petits groupes Au travers de la r ponse n cessairement percera l interpr tation du groupe apr s discussion Ces lettres r ponses des parents seront trait es comme des crits de travail et non comme des productions d crit labor es Ceci am ne r fl chir la notion d crit de travail c est un brouillon d oral qui peut se r aliser individuellement ou deux ou trois au maximum Son int r t est de donner l enfant le temps de r fl chir avant de se lancer dans l argumentation orale pour bien savoir ce qu il pense et ne pas tre pris de court Cet crit permettra ensuite l enfant de se rendre compte de ce qui a chang dans les tapes de son point de vue sur le texte L int r t d une discussion n est pas de juxtaposer des opinions ferm es et immuables mais r side dans l change et la compr hension de ce que dit l autre dans la possibilit de revenir sur ce qu on a pens pr c demment Diff renciation l enseigna
15. te Mars neuf heures du soir Cher papa ch re maman Eh oui me voici sur la plan te Mars J esp re que vous vous tes bien inqui t s depuis ce matin Portez vous bien et bient t j esp re F licien PS Vous seriez gentils de m envoyer deux sandwiches au saucisson Et d tes moi si vous tes encore f ch s PPS Vous n avez qu a laisser le colis et la lettre devant la porte du grenier Ne vous inqui tez pas a arrivera On va poser aux l ves la question o se trouve F licien quand il crit la lettre La premi re r ponse probable est sur Mars Mais le lecteur conna t l impossibilit de la situation s il ne s agit pas d une histoire de science fiction montrer pourquoi on n est pas en pr sence de ce type de texte On rep re ensuite dans le texte une volont d chapper une situation conflictuelle qui donne des raisons de penser qu il s est cach au grenier On peut comprendre cette fuite comme une punition l gard des parents le conflit a d clench la fuite Revenir ensuite au texte pour y relever les l ments qui permettent de d duire cette version la fin l impossibilit d expliquer comment il est all sur mars les l ments r alistes Commentaires Le ma tre ne va pas d tenir la v rit ni essayer de convaincre les enfants mais aider souligner que la question o est F licien peut accepter plusieurs r ponses qui sont argument es puisqu elles von
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