Pour un ressourcement psychique : L`Arc-en-soi de Denis
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1. ua il Article Pour un ressourcement psychique L Arc en soi de Denis Pelletier Ouvrage recens Denis Pelletier L Arc en soi Essai sur les sentiments de privation et de pl nitude Paris Montr al Robert Laffont Stank 1981 180 p par Robert Vigneault Lettres qu b coises la revue de l actualit litt raire n 24 1981 1982 p 73 76 Pour citer cet article utiliser l information suivante http id erudit org iderudit 40213ac Note les r gles d criture des r f rences bibliographiques peuvent varier selon les diff rents domaines du savoir Ce document est prot g par la loi sur le droit d auteur L utilisation des services d rudit y compris la reproduction est assujettie sa politique d utilisation que vous pouvez consulter l URI https apropos erudlit org fr usagers politique dutilisation rudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif compos de l Universit de Montr al l Universit Laval et l Universit du Qu bec Montr al Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche rudit offre des services d dition num rique de documents scientifiques depuis 1998 Pour communiquer avec les responsables d rudit info erudit org Document t l charg le 16 novembre 2015 07 45 Pour un ressourcement psychique Docteur en psychologie de l Univer sit de Paris professeur l Universit Laval invit en France en Belgique au Br si2. restons en pays connu le curriculum vitae aura t il repr sent une servitude La vie a ses bons moments mais qui ne sauraient d cemment y 2 14 figurer Qu est ce qui fait courir Untel Il est toujours en repr senta tion Il travaille tout le temps Il ne s appartient pas Il n a plus le temps de vivre Car le terrible id al perfection niste impose le struggle for life il faut bien prouver pour prouver aux autres et d abord soi m me qu on est estimable sinon le meilleur Et l Institution de souffler sur la braise publish or perish et encore dans des revues monitoris es pour employer un barbarisme administratif pas dans Lettres qu b coises S avise t on que c est la qualit m me de lintelli gence et de la pens e qui se d grade d tre ainsi pass e au service de la volont de puissance et du d sir de promotion sociale Le sc nario de la performance m me spectaculaire toujours re prendre d ailleurs est une bien illusoire compensation en r alit pour un profond sentiment de vide int rieur m prise essentielle c est l avoir pr f r l tre Est ce l poque o nous vivons qui tendrait nous inculquer que nous ne serions que des tres ext rieurs Sans vie int rieure simple r ponse des stimulus en d autres mots des tres de r action plut t que des tres intentionnels L essayiste hausse le ton pour d non
3. acceptation risque expres sion r verie et m me on s y attendrait moins solitude renoncement tristesse tous ad mis dans une aire de positivit Seul le d sir erre d un p le lautre selon l orientation qu on lui donne Le titre d ja synth se audacieuse inaugure ce renouvellement lexical L arc en ciel image richement sugges tive cet gard la maquette du livre m a paru trop figurative ph no m ne m t orologique mais aussi gran diose symbole biblique voque la r conciliation avec le pass la nouvelle alliance avec l tre le projet splendide de l panouissement personnel Mais en int riorisant cet lan r novateur l arc en soi souligne le fait que tout ce mouvement d acceptation et de rayon nement doit maner du fond m me de la personne d son dedans autrement dit d une exp rience de reconnaissance au double sens du terme face la valeur intrins que de l tre humain sans gard aux contraintes tyranniques d une cons cration ext rieure Cette cr ativit s mantique me semble le signe langagier d une r orien tation ou encore litt ralement d un changement de sens de la psychanalyse Plut t que de proc der de p nibles st riles retours sur les manques trau matisants du pass dans l espoir d exorciser leur d terminisme d vasta teur gr ce une probl matique sanatio in radice le psychologue
4. de L Arc en soi faisant confiance l action salu taire de l exp rience v cue en pleine positivit du risque d exp riment r ce qu on s est refus de vivre sous l effet d formant de la privation p 65 ce psychologue dis je s at tache une mise en valeur de lici maintenant ax sur un constructif pro jet d tre Une telle perspective radica lement diff rente il me semble de celle qui se retourne am rement sur les noeuds inextricables des complexes en traine une r valuation enti re du v cu y compris de la charge s mantique du langage o se fixent nos attitudes C est donc en psychologue de l expres sion r solument personnelle mais aussi S agissant d un essai en r veur de mots comme tout crivain que l auteur a su discerner dans certains mots cl s les signes efficaces des ins lances n gatives et positives du psy chisme humain Ainsi se trouve cristallis e autour de quelques vocables privil gi s la mytho logie intime qui emp che l individu de s exprimer ou m me fondamentale ment de vivre Le ressentiment qui dramatise le pass est un de ces sc narios ne Croirait on pas lire Pelletier y d tecter un postulat ina vouable de la psychanalyse classique La conception d terministe du pass m est peut tre pas aussi rationnelle et objective qu on la suppose Elle constitue une rationalisation rancu ni re qui exprime le ressentiment
5. cer l utopie scientifique p 49 qui en tous domaines m me celui de la cr a tion pr tend mettre au jour les lois ou les m canismes qui permettraient pr tendument d inventer sur comman de Nous sommes l poque du comment tout propos mal propos on se fait dicter comment faire au grand dam de l autonomie personnelle si n cessaire pour vraiment vivre sa vie Nous subissons l humiliation de tous ces livres qui nous disent comment vivre comment s alimenter comment cesser de fumer comment se maintenir en forme comment faire l amour comment vaincre l ob sit comment r ussir son divorce comment contr ler ses r ves p 48 J en passe forc ment de ces livres de recettes et des meilleurs cette liste a quelque chose d interminable p 48 croire que nous serions devenus des ordinateurs soumettre inc ssamment au conditionnement des programmes La vie aurait elle son mode d emploi La critique litt raire elle m me occultant le quoi et le pour guoi na pas chapp la fureur technique du comment et on s est passionn pour le fonctionnement de la machine textuelle les rouages l en grenage l embrayage et les jointures du texte les ressorts narratifs len clenchement et la combinatoire du r cit Travail utile je n en disconviens pas n cessaire m me face un certain impressionisme mais devenu envahis sant et r ducteu
6. croire Moralit le compte rendu d un essai est une entreprise aussi ha sardeuse que celui d un po me l id e y est ins parable des mots qui la por tent Pour rendre justice une oeuvre de ce genre il faut d une lente lecture la lire mot mot La prendre au s rieux c est d abord la prendre au mot Ce sera donc ma mani re de faire cho ce livre de m y frayer un chemin de lecture car une fois de plus exp rience banale pour tout lecteur attentif mais laquelle on ne s hab tue pas heureusement j ai t frapp par cet instinct particulier qui pousse l essayiste comme tout cri vain r inventer les mots leur pr ter une vie nouvelle Ce maniement cr ateur de la parole n exclut pas Je le dis une fois pour toutes avec une point de regret certaines d faillances de la formulation ascendant cu rieusement confondu avec ascen dance pp 49 et 115 des lourdeurs comme l homme en tant qu il est un objet pp 49 50 un tour fautif comme consister suivi du sub jJonctif p 65 un emploi impropre de au d triment de p 23 un mot incompr hensible gravition ip 100 l anglicisme son meil leur p 112 Faiblesses que fait presque oublier le dynamisme insuffl des mots cl s comme ressentiment qu te d absolu performance marqu s d un signe n gatif qui les oppose radicalement plaisir
7. d li vrer du pouvoir pp 211 212 3 Gabrielle Roy Alexandre Chenevert Montr al Beauchemin 1954 p 17 Gabrielle Roy op cit p 174 Jean Starobinski Jean Jacques Rous seau La transparence et l obstacle Pa ris Plon 1957 340 p 6 Jean Royer Mikel Dufrenne L art pour l homme Le Devoir samedi 5 septembre 1981 pp 19 et 36 7 Gabrielle Roy op cit pp 176 215 passim EF une les ditions de la pleine lune Nous attendons votre visite au KIOSQUE 26l Venez rencontrer nos auteurs Une nouvelle collection Cinq nouveaut s Le deuxi me monopoly TROIS CARNETS DE L AUDACE des pr cieux de de Janou Saint Denis Pauline Harvey Dollars d sormais La chatte blanche mise part de et Charlotte Boisjoli Po me l anti gang et l escouade vlimeuse 76
8. es d un r el fabriqu enseign impos loriginaire m me ou la densit du r el en de a de l homme d couverte qui donne acc s un contact r el une perception jouisseuse qui go te le r el Qu est ce dire voquons une derni re fois la figure path tique d Alexandre Chenevert d telant enfin c dant timidement l attirance du Lac Vert et lout occup des exp riences essentielles ravi pour une fois Il s aper ut que c tait l t Alexandre eut besoin de toucher a la ros e Ainsi commen a la plus belle journ e de son existence Elle seule fut comme devrait tre toute la vie H s aper ut qu il avait faim Alexandre d couvrit ce qu est le matin Mon feu se dit il aimant le mot Terminons sur une intuition typique de ce livre salubre qui convie la jouissance de se sentir encore passionn et fier p 55 et donc l audace de parier sur la g n rosit de la vie Notre existence ne serait elle pas un jeu invent par nous m mes depuis l origine et que nous d couvrons avec tonnement mesure qu il s joue p 123 U l Denis Pelletier L Arc en soi Essai sur les sentiments de privation et de pl ni tude Paris Montr al Robert Laffont Stank 1981 180 p Abraham Maslow Vers une psychologie de d tre Paris Fayard 1972 pp 247s cit par Maurice Champagne Gilbert La Famille et l Homme
9. h se Denis Pelle ter n a t il pas donn suite en toute justesse aux recommandations de ce philosophe de la science contemporai ne L Arc en soi se veut donc une oeuvre de compr hension intellectuelle et af fective face l humaine et qu b coise difficult de s appr cier de s ai mer authentiquement qui aura em p ch combien d entre nous non seule ment de go ter la vie mais m me de tenter de vivre selon le voeu du po te Essai sur les sentiments de pri vation et de pl nitude le sous titre annonce les deux temps du mouvement l de l essai les pr jug s d insuffisance que nourrit l individu plus ou moins consciemment l emp chent de passer l expression r v lation de l in pui sable myst re de la personne tonnement pour soi ainsi qu cet tat de pr sence d sirante et exal tante aux virtualit s ind finies de cha cun d entre nous Le mot de la fin La vie nous demande au fond de ne pas r sister Ce que NOUS Sommes Car ce Que MOHS SOMMES CSI plus grand que nous ne le pensons Nous n en finissons pas de grandir Ce que nous sommes est sans doute immense Il nous mangue seulement la perspective L arc en soi est prendre au s rieux p 177 Bouff e d optimisme d origine sexuelle opinera le praticien de la psychanalyse rompu aux divagations du divan Et le sec r sum qui pr c de pourrait bien malencontreusement le faire
10. l donc scientifique attitr de la personnalit Denis Pelletier e t pu nous offrir une th se en bonne et due forme impersonnelle ou encore une m thode ducative une de plus Mais sp cialiste du d veloppement personnel par la cr ativit l auteur a fort judi cieusement d instinct devrais Je dire adopt la voie de l essai ou de la libre expression d un v cu pour ss sn rejoindre sur le mode le plus connatu rel possible les hauts et les bas tr s concrets du cheminement de la personne Ce choix d un discours per sonnel courageusement assum par un universitaire m a vivement remis en m moire les p n trantes observations du psychologue Abraham Maslow sur le langage trop abstrait des sciences humaines nous les observateurs de la personnalit sommes encore oblig s par la routine acad mique de parler de nos propres exp riences un peu comme s il s agissait de bact ries de la lune ou de rats blancs ce qui suppose le clivage sujet Obijet le d tachement la dis tanciation et la non implication H faut rendre explicit ce qui est implicite savoir que L Arc en soi de Denis Pelletier nous sommes habituellement profon d ment impliqu s et que nous de vons l tre F En pr f rant la parole de l essai lan gage de pleine expression litt raire la communication rationnelle mais forc ment limit e de la t
11. niveau romanesque Ga brielle Roy aura donc pressenti l ur gence d une situation qui n xige rien de moins qu un retournement d atti tude litt ralement une conversion les nergies ainsi lib r es peuvent s int grer la maturation personnelle se transformer en dynamisme cr ateur S ensuit la d cision puis le risque possible apr s tout rien n interdit de poser des actes l homme est un projet libre p 121 le risque donc d affirmer son autono mie de s accepter avec ses limites de s appartenir de mettre sa valeur en soi et non dans des acguisirions f t ce de connaissances de s aimer v ritable ment Ce pari tenu amorce d exp riences nouvelles positives v cues en toute conscience la diff rence des traumatismes archa ques il s av re possible de red couvrir les autres mais d barrass s de leur mythique halo de juges et de rivaux Et voici la voie ouverte la nais sance des sentiments de pl nitude l acceptation de ses limites profon d ment pacifiante f t elle ressentie comme une tristesse celle de l aveu difficile et lib rateur des erreurs pass es qui desserre le ressenti ment et dit adieu l image id alis e de soi En reconnaissant sa finitude l tre humain conna t une sorte de vertige o il tombe de l id al l actuel de l image au r el Il a fait une chute jusqu au fond de sa nature et l avantage d
12. r pour les machi nes d sirantes apr s tout que nous serions Heureusement que cet insolent de Barthes sera venu nous convier aussi au plaisir du texte 5i Alexandre Chenevert cet homme petit ch tif avec un im mense front soucieux e t mesur la somme d nergie psychique investie dans les sentiments de privation peur ressentiment conformisme acti visme qu te d absolu perfection nisme peut tre e t il tent un d tour nement salutaire des fins positives de tant de ressources perdues Et plut t que d appr hender l existence comme un probl me r soudre qui sait s il n e t pas risqu alors de l prouver comme une exp rience vivre p 120 voire comme une jouissance d tre Les lecteurs de Ga brielle Roy se rappelleront les conseils du tr s humain docteur Hudon COLLECTION R PONSES L ARC EN JOI DENIS PELLETIER Essai gur las sentiments de orrvation t de plenitude a ME ONT Partez Monsieur Chenevert glit il Allez vous en D barrassez vous Faites une fois au moins dans votre vi ce que vous avez toujours voulu faire Laissez faire les autres Soyez donc heureux L pisode du Lac Vert on le sait ressemble une nouvelle naissance sauf que tragiquement il est trop tard le malheureux est d j irr m diable ment atteint jusque dans son corps grug par les sentiments de pri vation Au
13. sous une autre forme p 16 Impuissant d fi lanc une pr tendue ingratitude du pass la qu te d absolu ne trouve rien dans le r el qui soit satisfaisant p 127 D fini ton pertinente mon avis du bova rvsme cette insatiable recherche de l ailleurs meilleur p 20 r ussira subvertir le d sir m me et la bonne et saine r verie qui entourent la r alit d une frange d images merveilleuse ment tonifiantes Car ce qui est mal sain il importe de le souligner c est l absolu du d sir la survalorisation de ce qui n est pas p 19 ou encore le besoin in vitablement frustr de s approprier tout prix l objet de ses r ves Un tel d sir exacerb plut t que stimulant suscitera chez les volonta ristes mod les d humanit souvent soigneusement dress s enfants sages premiers de classe t tes bien faites un tyrannique sc nario de la perfor mance Quelle petite vie qu une vie transform e en besogne assujettie une id ologie de conqu te et de r us site soumise aux imp ratifs de la carri re CE Le mot carri re j y songe n a t il pas de sinistres connotations tel lieu o l on p ine se tailler une r putation ou encore cette ar ne desti n e aux courses de chars M me le vieux clich une carri re d efforts accol au sens moderne de m tier profession voque soudain quel surmenage Pour combien d universi taires
14. tre au fond c est de s y reposer c est de ne plus tre autre que soi I prend cong de l obs dante idol trie de l image per sonnelle p 79 La solitude m me a chang de signe cette indispensable zone d inti 75 mit qu on se r serve ce foyer de vie int rieure f ii v a chez chacun quelque chose d inalt rable d inaccexsible de l ext rieur quelque chose de ra dical p 103 Cette solitude positive pleinement assum e v cue dans la s r nit me parait radicalement diff rente du retrait narcissique d un Rousseau par exemple tel que le pr sente Jean Starobinski c est dire frustr dans son d sir d une impossible trans parence des tres et se r lugiant dans l isolement le sentiment de pers cu tion le ressentiment Plut t bannie la pr occupation de valoir p 139 l homme conna t l exp rience de s a bandonner et il regarde enfin les choses f l existence dans e qu elle a de profond et de durable est silence ina tion repos pr sence Ce qui est p 103 Enfin 1l surmonte la r sistance se laisser aller et risquer un rapport direct avec ses impulsions et avec ses r ssources affectives p 115 Rejoi gnant il me semble la pens e d un Mikel Dufrenne l auteur souhaite la v nement d une conscience originaire des choses p 60 retrouvant en de a des grilles verbales et culturell
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