QUÊTE DU PUBLIC ET TACTIQUES DE FIDÉLISATION
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1. auteur comme alternative au copyright est la mission poursuivie par le collectif d artistes et d informaticiens Copyleft Attitude unis autour du principe du libre logiciels en open source afin de permettre dans le domaine de la production artistique une possible r plication circulation et distribution partag e et incr mentale des uvres d art Il s agit d une tentative de transposition au mod le artistique des applications informatiques volutives l image du syst me d exploitation Linux dont les multiples extensions logicielles r sultent de la libre appropriation des codes sources initiaux par diff rents coauteurs 34 Une performativit de lacte de langage au sens d AUSTIN 1970 selon lequel le sujet qui prononce effectue une action dans le moment et par le fait m me qu il prononce Il faut pour que l nonc soit un acte authentique que le locuteur soit la personne appropri e d tentrice du statut juridique et symbolique n cessaire et ad quat il faut que les circonstances soient l gitimes et normales il faut que l nonc soit prononc correctement et dans les formes AUSTIN 1970 p 21 35 La lettre constitue en effet un espace d inscription PONTILLE 2004 par et dans lequel le sujet marque sa pr sence au sens o une nonciation est toujours habit e par la vie de son auteur 36 Voir LECLERC 1998 Rumeur qu il d crit comme le mode dominant de2. Etienne Cliquet du Collectif T l f rique 106 R seaux n 125 Conclusion Le suivi de ces reconfigurations du travail artistique aux prises avec les technologies de l information et de la communication met en vidence l enjeu que constitue d sormais pour les artistes du Net art la mise en exposition de leurs uvres Ce que recouvre commun ment la notion d exposition doit en effet tre red fini non pas en tant qu un objet culturel constitu mais bien plut t comme la r sultante d une op ration caract ristique de mise en exposition Ce n cessaire d placement du regard de l objet constitu vers sa production survient ici de l analogie entre exposition et m dia L exposition doit y tre consid r e comme m dia du fait qu elle propose tout la fois un contenu et un mode de r ception de ce contenu Autrement dit en tant que support outil et environnement cr atif l internet permet simultan ment une mise en uvre et une mise en exposition du travail artistique La prise en charge de ce travail s op re via diff rentes strat gies artistiques mobilis es pour acheminer les propositions jusqu au public et pour pr figurer d une certaine mani re l acte de r ception attendu Ces tactiques artistiques d enr lement du public de m me que l appareillage mobilis pour assurer son guidage constituent l chafaudage sociotechnique aussi bien que l espace d inscription 8 qui conf ren
3. LEVI STRAUSS 1969 43 Atelier initi par l artiste Paul DEVAUTOUR dans le cadre du Post Dipl me de l cole des Beaux Arts de Marseille Voir le projet du coll ge invisible http www college invisible org et l exposition Internet Transfert Protocol qui s est d roul e hors les murs et hors du mus e sur la toile internet r ceptacle in dit des uvres autant que des dialogues et changes de mat riaux dont d pendait leur r alisation janvier 2002 Voir galement l aide en ligne de l atelier en r seau Undernet http www 491 org projets cam and chat aide html 104 R seaux n 125 de l ar ne communicationnelle Il lui faudra encore apprendre le langage rapide des acronymes et autres raccourcis textuels en vigueur sur le r seau gr ce auxquels il saura glisser et adresser sa contribution personnelle dans le flux sp cifique des tours de textes mod lis s par la forme du coup coll de l insertion et du reply sur le message de l autre Les r gles d emploi sont ainsi rendues indispensables du fait de la n cessaire actualisation de ces dispositifs potentiels du Net art En tant que commentaires sur l uvre avant l uvre tout au moins avant sa manifestation au sens o on l entend habituellement ils surajoutent une couche d criture entre l exposition dont nous avons vu qu elle relevait d j pour bonne part d une activit d criture et l activation d l g
4. de l information et de la communication Abstract QUEST FOR AN AUDIENCE AND TACTICS FOR NURTURING LOYALTY A sociology of work and artitic use of NICT Net art has developed outside traditional institutions of dissemination and reception of contemporary art Its presence on the Web has promoted original ways of showing and disseminating work and these inital experiences in exhibiting have led artists to embark on the quest for a new audience The question of types of relations to the works is raised along with that of identification of this audience on wich the actualization of this art form depends How is the anticipation of these uses made possible Which contracts and strategies for nurturing loyalty stem from artistic attemps to know the participants In this context can specific relations with the public be qualified Based on case studies this article puts forward some answers to these questions by illuminating reconfigurations of artistic work in relation to information and communication technologies Visiteurs et objets entrent dans l exposition du coup ce sont d un c t le d placement du visiteur qui commande sa relation ce qui est expos et de l autre la relation des objets un monde ext rieur qui vont caract riser le fonctionnement du dispositif de l exposition Le r sultat sera donc double le visiteur va en tirer un b n fice et sym triquement le statut des dites choses va s
5. en trouver modifi ce fonctionnement n est pas seulement technique il est aussi social l criture de l exposition construit un monde de langage pour le visiteur mais c est d abord dans l objectif de le mettre en relation avec les objets c est dire les choses expos es Nous avons une technologie de l espace la monstration et une technologie sociale un rituel epuis 1998 le Net art distingue les cr ations interactives con ues par pour et avec le r seau internet vis vis des formes d art plus traditionnelles simplement transf r es sur des sites galeries et autres mus es virtuels La sp cificit de l internet consiste ici proposer simultan ment un support un outil et un environnement cr atif J entends par support sa dimension de vecteur de transmission dans le sens o l internet est son propre diffuseur Par outil sa fonction d instrument de production qui donne lieu a des usages et g n re des dispositifs artistiques Et par environnement enfin le fait qu il constitue un espace habitable et habit Cette configuration donne lieu la formation de modes relationnels et de circulation des uvres assez in dits Le r seau y est investi tant comme un atelier en ligne que comme un lieu d exposition c est dire comme l espace de cr ation de communication et d impl mentation de la pratique 1 DAVALLON 1999 p 205 2 Au terme de quatre ann es d existe
6. enti re Certains artistes ont en effet d velopp des strat gies pour tenter de l approcher et de l impliquer dans les cr ations parfois m me dans le but de le fid liser en le rendant complice et assidu sur le long terme Pactes contrats accords de connivences diff rents liens sont tablis qui instaurent des modes de relations sp cifiques22 Statistiques et compteurs de la propagation la fr quentation Un premier niveau convoque les statistiques et compteurs comme indices de la propagation et de la fr quentation des uvres Les principaux h bergeurs de sites internet les fournisseurs d acc s offrent en effet aux Net artistes des espaces serveurs de taille variable et proposent diff rentes donn es statistiques relatives leur fr quentation L analyse de ces traces informatiques apporte de pr cieuses indications sur le volume et la nature des connexions Le graphique page suivante renseigne par exemple sur le taux de fr quentation journalier proposant une moyenne d acc s par heure relative une semaine d observation des visites sur un site 3 l internet la pr sence artistique anonyme non d sign e et non sign e se double aujourd hui souvent dans le r el et pour un m me artiste d une inscription institutionnelle labellis e dans les espaces consacr s de l exposition artistique De nombreux artistes ont ainsi fait du d placement des fronti res de la monstration et de la r ception u
7. et donc d une uvre une autre Figure 2 Donn es statistiques sur les parcours de visite cache mtc am07 proxy aol com 3 http www icono orgifraclonactions htm lfraclorifleche sif Ifraclor floct gif http iipierre giner free fiiphone htm giner liconsiback gif liconsiblank gif liconsiunknown gif liconsitext gif giner phone htm Igineriginer htm lginertdemo der lite lsitelalerte sif lsite htnl animdicono html lsitehtnlanimdicono swt Isiteihtml navig3 html lsitelhtnl NAVIGS swf http fr dir yahoo com nformatique_et_InternetMultimedia Images 1 Isite lsitelalerte gif lsite htnl animdicono html site htnllanimdicono svt lstelhtnlnarig5 html lsite htnl NAYIGS swf lms6 lsite htnl sonleonor swt lsiteitiroir bianchini_n gif lsitetiroiritiroir_ noir gif lsite tiroirdeclercq_n gif lsiteltiroir moulin_n gif siteltiroirinox_n gif ms6lms der ms laudiolson sva l site Isitelalerte gif Isite lsitelalerte sif lsitelhtmlanimdicono html lsitelhtnl animdicono swf isiteihtulnavigs html Isitehtnt NAYIGS swf ims6 lsitelhtnl sonleonor swt Isiteltiroir bianchini n gif tsiteltiroitiroir_noiri gif lsiteltiroideclercq_n gif Isiteltiroirimoulin_n gif lsiteltiroirnox_n gif ims lms der ims laudiolson sva t Isite Isitelalerte gif http www icono orgiburoigauche html burolimglsauche_105_c1 sif lburolimglgauche_r14_c1 gif lhurolimglgauche_116_c1_f2 gif httplwrrw icono orglangie sond2 h
8. il en est plus de cinq ann es d une lecture ainsi fid lis e de La lettre du Net art Figure 6 Enveloppe de La lettre de l artiste Antoine Moreau En t te X Sender antomoro pop free fr X info a bruit secret Date Mon 17 Jun 2002 18 23 46 0200 To lalettre free fr From Antoine Moreau am antoinemoreau net Subject La lettre 65 Signature Ne jamais rien prendre au pied de la lettre La lettre 65 Copyright antoine moreau Copyleft cette oeuvre est libre vous pouvez la redistribuer et ou la modifier selon les termes de la Licence Art Libre Vous trouverez un exemplaire de cette Licence sur le site Copyleft Attitude http wwwartlibre org ainsi que sur d autres sites Le principe de cette correspondance pistolaire technologiquement m di e dont l enveloppe est pr sent e ci dessus se destine la circulation d id es recycl es et r agenc es en un regard singulier l initiative d un seul cette distribution d auteur vise la constitution d un stock commun de connaissances et simultan ment d un r seau d acteur pour lequel ces connaissances ainsi achemin es composent le ciment ou le terreau 98 R seaux n 125 communautaire La lettre expose donc des nonc s appropri s sur la mise en relation desquels il n est pas donn au lecteur de r agir Elle compose ainsi une communication d auteur et une uvre informationnelle sur laquelle est appos un copy
9. inscrire et de se d clarer participant pourra tre partie prenante du processus artistique de l uvre et de l v nement en ligne Le th tre virtuel Diguiden de l artiste Michel Jaffrenou fonctionne sur ce principe Le processus nonce une marche suivre et des conditions d acc s en plusieurs tapes Une fois connect et achemin jusqu la page d accueil de Diguiden linternaute se trouve face une premi re recommandation Vous allez vous inscrire dans masque et dans dix jours vous recevrez votre mot de passe pour entrer dans mon petit th tre L inscription n cessite ici de d cliner son nom pr nom et adresse mail puis de rev tir un login servant tout la fois d identifiant et de figure de jeu La participation tant limit e aux 100 premi res personnes inscrites le visiteur risque de ne pas pouvoir en b n ficier Le risque pris par l artiste n est pas moindre En effet miser simultan ment sur la d claration d identit de l internaute et sur sa bonne patience semble relever d une v ritable gageure le d lai avant participation supposant pour l internaute d attendre dix jours durant la d livrance d un mot de passe N anmoins cela fonctionne le succ s de la d marche n ayant semble t il ici d gal que le prix de l implication Au del une seconde recommandation souligne les contraintes et besoins techniques de l exp rience Attention il faut que vous chargi
10. moi bisou Mouchette http mouchette org Il y a l adresse directe L adresse directe par le texte c est dire que qui dit Je est une personne C est une sorte d axiome En fait il n y a pas de personne Il n y a pas de Mouchette Il n y a pas plus de Mouchette qu il n y a d espace dans le Cyberespace Le Cyberespace n existe pas il n y a pas d espace ce sont des informations Et pareil pour Mouchette C est m me faux de dire qu il y a vraiment une identit Il n y a pas de personne Il y a quelque chose qui dit Je et qui s adresse qui dit Tu Donc cela cr e une sorte d illusion de personnalit qui fonctionne et qui cr e un certain tat de r ception sur le spectateur26 La sp cificit du dispositif Mouchette r side donc dans l tablissement d une relation personnalis e avec chacun des visiteurs Le processus conversationnel automatis exploite sur l internet les possibilit s offertes par la technologie des formulaires en PHP3 un programme informatique enregistre et m morise les l ments d informations fournis dans les e mails envoy s par le public Le nom et l adresse la date l heure du message et son contenu sont analys s r pertori s et class s selon des cat gories de r ponses Le langage de programmation PHP3 rend ainsi possible depuis le serveur la cr ation d une base de donn es qui r cup re ces informations et cr e une liste d envoi de
11. parcours De ce point de vue l uvre virtuelle n existe qu une fois montr e et agie Mais plus encore ici elle ne peut tre montr e qu agie ce qui paradoxalement subordonne la manifestation de l uvre sa r ception Cette inversion force les artistes offrir des cadres susceptibles non pas de garantir mais de favoriser l exp rience de l uvre la plus appropri e possible ce qui revient simultan ment en s curiser l usage l entourer des outils et m thodes n cessaires pr venir par anticipation tout risque d accident etc Autrement dit il s agit pour l artiste d adopter des strat gies de mise en exposition de l uvre lesquelles d ploient par anticipation toutes les conditions de la r ception id ale Au del de l interface utilisateur qui compose la part visible de l uvre Net art un nombre de plus en plus important de fichiers textes accompagnent les dispositifs visant mettre l acteur de l uvre en position la plus favorable 102 R seaux n 125 de r ception Il s agit des fichiers guide ou aide des chartes et protocoles d usage ou encore de mani re plus syst matique des modes d emploi Ces derniers num rent les besoins conditions et recommandations qu il convient d assimiler pour acqu rir l aptitude de r ception propre aux dispositifs du Net art Cet accompagnement didactique touche aussi bien les dispositifs artistiques proprement dits que le
12. part majeure du travail cr atif mobilisant diff rentes tactiques et m thodes sp cifiques Face aux dispositifs du Net art le spectateur n est en effet plus confront un objet physique 7 DE CERTEAU 1974 1990 8 BESSY CHATEAURAYNAUD 1992 1995 9 PASSERON PEDLER 1991 PEDLER 1994 10 Ce travail s inscrit la suite d autres recherches qui se sont donn es pour objet d tude l articulation des faits techniques et sociaux non sur le mode de l instrumentation ou de l ali nation mais sur celui de la fr quentation et du contact voire du jeu CALLON 1992 NORMAN 1993 AKRICH 1993 CONEIN 1993 DODIER 1993ab LATOUR 1994 THEVENOT 1994 BOULLIER 2000 11 Sur la porosit de l uvre aux pratiques voir SOURIAU 1956 ECO 1965 KOPYTOFF 1986 Sur l efficacit performative de l activit des publics voir LIVINGSTONE LUNT 1993 HENNION 1993b 1997 2000 BOULLIER 1997 ESQUENAZI 2002 2003 LICOPPE 2002 86 R seaux n 125 vers lequel il doit se d placer mais un objet informationnel mobile venant lui au moment de la connexion Le rapport avec ce type de dispositif est de ce fait plus dialogique que contemplatif Le public regarde d une mani re plus active et la consommation devient consultation L internet promeut en ce sens des formes in dites de propagation des uvres les dispositifs tant via le r seau achemin s jusqu aux ordinateurs clients des visi
13. qui intervient et agit aux fronti res de diff rents mondes ou sph res de l activit sociale Cette derni re porte dans le champ de la plastique contemporaine des concepts originellement issus du monde de l informatique la notion de client serveur l adressage IP etc Elle implante galement dans des lieux habituellement consacr s l art des Serveurs Emploi postes informatiques documentation ligne t l phonique etc API d place ainsi le savoir et savoir faire artistique dans le secteur de l conomique et du social en constituant par exemple un cabinet de recrutement gratuit L art se transmue alors en une prestation de service en mati re de recherche d emploi On voit donc comment ces diff rents dispositifs de monstration engagent pour le spectateur une r ception intime et priv e des uvres De ce point de vue l internet appara t comme un territoire ambigu et sans finalit o se confrontent des fragments de r alit et des activit s sociales multiples habit es par des publics h t rog nes En ne d signant pas la vis e artistique des productions en refusant de les signer et de les borner un monde de l art circonscrit les artistes esp rent d sormais propager l acte cr atif et son efficace symbolique l cart des chemins balis s de la monstration artistique 20 Il s agit l du fonctionnement du site internet de T l f rique un espace de diffusion et d changes en l
14. 116 DODIER N 1993a Les appuis conventionnels de l action l ments pour une pragmatique sociologique R seaux n 62 CNET DODIER N 1993b Les ar nes des habilet s techniques in Conein Dodier et Th venot Les objets dans l action De la maison au laboratoire Raisons Pratiques n 4 p 115 139 Paris EHESS DUGUET A M 1988 Dispositifs Communications p 221 242 Le Seuil Paris DUGUET A 2002 D jouer l image Jacqueline Chambon N mes ECO U 1965 L uvre ouverte Paris Le Seuil ESQUENAZI J P 2002 Les non publics de la t l vision R seaux vol 20 n 112 113 2002 ESQUENAZI J P 2003 Sociologie des publics La D couverte Coll 128 2003 FLICHY P 2003 L innovation technique Paris La D couverte FOUCAULT M 1975 Surveiller et punir Naissance de la prison Paris ditions Gallimard FOURMENTRAUX J P 2001 Habiter l Internet les inscriptions artistiques du Cyberart Solaris n 7 d cembre 2000 janvier 2001 FOURMENTRAUX J P 2002 Les ficelles du dispositif artistique Mouchette Implication du spectateur et mise en forme de la r ception dans le Net art Arch e FOURMENTRAUX J P 2002 L uvre l artiste et l informaticien comp tence et personnalit distribu es dans le processus de conception en art num rique Sociologie de l art OPus 1 L Harmattan FOURMENTRAUX J P 2003 L uvre en
15. Cahen Paris France cahen x levels9 com 38 Voir The Centre of Attention E mail Art Londres http www thecentreofattention org exposition du 12 ao t au 16 septembre 2002 100 R seaux n 125 propositions des cinq artistes invit s am nagent ici des sortes de happenings communicationnels en r seau Figure 7 E mail art envoy par l artiste Ken Friedman Delivered To moderator for be thecentreofattention org From Ken Friedman lt art thecentreofattention org gt To be thecentreofattention org Subject Mandatory Happening Date Mon 19 Aug 2002 09 17 30 0100 Status Mandatory Happening You will decide to read this score or not to read it When you have made your decision the happening is over Notes on this event and the complete free electronic edition of Ken Friedman s 52 Events are available at the Centre of Attention http www thecentreofattention org artists friedman htm Le Mandatory Happening de Ken Friedman tient en quelques lignes Vous d ciderez de lire ceci ou de ne pas le lire Quand vous aurez pris votre d cision le happening sera termin Le message pr sent ici pour le moins nigmatique questionne le statut de l objet informationnel sa capacit de propagation et de contamination renouvel e par le circuit de diffusion de l e mail L uvre est donc ici le message lui m me s exposant fr quence r currente dans chacune des bo tes lettres des visi
16. LIER D 2000 Information et R seau ou comment s en d barrasser pour penser les PCD Colloque international sur les Pratiques Collectives Distribu es PCD sur Internet Paris CALLON M 1992 Sociologie des sciences et conomie du changement technique l irr sistible mont e des r seaux technico conomiques in Ces r seaux que la raison ignore p 53 78 Paris L Harmattan CONEIN B 1990 Cognition situ e et coordination de l action la cuisine dans tous ses tats R seaux CNET n 43 p 99 110 CONEN B DODIER N THEVENOT L sous la direction de 1993 Les objets dans l action Coll Raisons Pratiques n 4 Paris EHESS COLLINS H KUSH M 1998 The Shape of Actions What Human and Machines can Do Cambridge MIT Press DAVALLON J 1999 L exposition l uvre Strat gies de communication et m diation symbolique Paris L Harmattan DE CERTEAU M 1974 La culture au pluriel UGE coll 10 18 DE CERTEAU M 1990 L invention du quotidien Tome I Arts de faire Paris Gallimard coll Folio Essais Qu te du public et tactiques de fid lisation 109 DENIS J 2002 L chafaudage d une identit collective publique habillage d antenne et autopromotion t l visuelle Th se Universit Toulouse Il Les dispositifs de visualisation sur les sc nes marchandes Le cas des cha nes de t l vision fran aises R seaux n
17. QU TE DU PUBLIC ET TACTIQUES DE FID LISATION Une sociologie du travail et de l usage artistique des NTIC Jean Paul FOURMENTRAUX TIC EN SOCIETE Version auteur avant parution Pour toute citation toujours se r f rer l article publi FOURMENTRAUX JP 2004 Qu te du public et tactiques de fid lisation Une sociologie du travail et de l usage artistique des NTIC R seaux n 125 Herm s Lavoisier Paris R sum Le Net art s est d velopp l cart des structures traditionnelles de diffusion et de r ception de l art contemporain D une part ses manifestations et inscriptions sur Internet ont promu des modes in dits de monstration et de propagation des uvres D autre part ce premier travail de mise en exposition a entra n les artistes dans la qu te d un nouveau public la question de l identification de ce public duquel d pend l actualisation de cette forme d art s adjoint celle des modes de relations aux uvres Comment l anticipation de ces usages est il rendu possible quels contrats et strat gies de fid lisation donnent lieu les tentatives pour conna tre les participants Peut on qualifier dans ce contexte des rapports au public sp cifiques Ce texte propose partir de l tude de cas concrets d apporter quelques r ponses ces questions en clairant les reconfigurations du travail artistique aux prises avec les technologies
18. actes Sociologie du Net art Th se de Doctorat de 3eme cycle Universit de Toulouse Il GENETTE G 1996 L uvre de l art La relation esth tique Paris Le Seuil GOFFMAN FE 1991 Les cadres de l exp rience Paris ditions de Minuit GOODMAN N 1996 L art en th orie et en action Paris ditions de l clat HEINICH N 1991 Pour introduire la cadre analyse Critique n 535 12 1991 HEINICH N 1998 Ce que l art fait la sociologie Paris Editions de Minuit 110 R seaux n 125 HEINICH N 2000 La sociologie des publics de l art in Moulin d Sociologie de l art Paris L Harmattan HENNION A 1993 La passion musicale Une sociologie de la m diation Paris Editions M taili HENNION A 1997 La musicalisation des arts plastiques in Blin et Sauvageot mages Num riques L aventure du regard p 147 151 Rennes PUR HENNION A MAINSONNEUVE S GOMART E 2000 Figures de l amateur Formes objets pratiques de l amour de la musique aujourd hui La Documentation Fran aise Paris KOPYTOFF I 1986 The Cultural Biography of Things Commodization as Process in Appadurai A The social Life of Things Commodities in Cultural Perpective Cambridge University Press LATOUR B 1994 Une sociologie sans objet Remarques sur l interobjectivit Sociologie du travail n 4 p 587 608 LATOUR B 1999 From the concept of network to the concep
19. c L analyse a t compl t e par des entretiens avec leurs auteurs Pour une pr sentation d taill e de ce travail voir FOURMENTRAUX 2003 5 MENGER 2002ab 6 FOURMENTRAUX 2001 Le travail artistique vise ici la conception distribu e de dispositifs interactifs mais aussi la constitution de r seaux et de situations communicationnelles m di es par cette technologie Par cons quent l habiter renvoie la production de formes de communication d exposition et de circulation qui accompagnent les uvres Net art et qui parfois les remplace quand ces diverses actions sont pr sent es en tant que l uvre elle m me D une part l artiste Net art cr e un espace qu il habite et qu il enrichit par accumulation de donn es visant former une archive plus ou moins vivante D autre part il configure via des serveurs des acc s et des adresses un univers exp rimenter et vivre de l int rieur invitant l internaute habiter temporairement cet espace Le site internet la homepage l atelier on line les Mailings List ou les forums de discussion constituent des d clinaisons de ces formes d habitation que nous proposons ici d analyser Qu te du public et tactiques de fid lisation 85 Des formes appari es de mise en exposition sont alors d ploy es qui visent la qu te et la fid lisation d un public par la mise en uvre de diverses tactiques d encadrement de la r ce
20. de fid lisation 91 pages les plus visit es Comme notre site marche sur un mode lin aire on peut suivre le parcours des gens sur quoi il cliquent beaucoup et s ils vont jusqu au bout du site Il y a ensuite la partie qui vient nous voir Petit camembert org net com et les pays uk fr Quelles machines Il y en a qu on ne conna t pas C est un peu une signature inconnue On peut parfois remonter jusqu leur site Et puis le plus int ressant d o venaient ils Quelle est l url qui les a envoy chez nous C est l qu on se rend compte de qui a pu nous r f rencer Ces statistiques offrent en outre la possibilit de suivre le parcours des internautes l int rieur du site et au sein de chacune des pi ces artistiques pr sent es Cette possibilit constitue alors un gain qualitatif d une grande importance pour les artistes Ils peuvent constater comme par exemple dans le tableau ci dessous l identit informatique de l internaute visiteur du site repr sent par le n IP de sa machine ainsi que la dur e de sa visite exprim e en minutes et son d ploiement de liens en liens l int rieur du site Si l on s arr te quelques instants sur le parcours de l internaute dont la machine porte le num ro 210 117 67 222 nous pouvons apprendre que sa visite longue d une dur e de 39 minutes l a conduit sur le site Icono org d un r pertoire l autre
21. diff rentes interventions personnalis es L auteur nous indique en effet que pour ce travail 26 Entretien avec Mouchette 2000 94 R seaux n 125 Une partie est automatis e parce que bien s r je ne peux pas crire 3000 mails par jour Cette mani re de communiquer avec son public fait partie de l art Donc la m diation n est pas s par e de la production La m diation est l uvre Il n y a pas de diff rence Les gens qui font des revues Synesth sie ou Rhizome peuvent encore s imaginer qu on est du c t de la production et qu eux font les interm diaires entre nous et le public Moi je ne le vois pas du tout comme a Le contact avec le public qui fait partie de l uvre est cr par l artiste C est l uvre c est une des dimensions de l uvre 7 Mouchette poss de aujourd hui son fan club v ritable r pertoire des participants fid lis s au fil des changes r guliers par e mail et autres privil ges dont ils ont l exclusivit Ce dispositif Net art joue ainsi du caract re performatif du langage en acte pour construire et entretenir l cart de toute m diation ext rieure une relation quasi amoureuse avec le public C est b te dire mais quand j entends parler de la notion d interm diaires de cette zone brouill e confuse et paradoxale entre le public et l artiste et bien franchement un des trucs du Net est qu il se pourrait qu il n y e
22. ez absolument sur votre machine quelques outils Le premier c est pour l image Shockwave le second c est pour le son et la vid o Quicktime Ne dramatisons pas Ce n est ni la mer boire ni une charge qui va affoler votre machine c est votre fauteuil de Spect Acteur pour partir la recherche du Dragon aux dix milles ic nes et ce n est pas plus lourd qu une boussole Pour les r clamations il y a mon mail et je fais suivre Voil qui ancre la performance dans un rituel pour le moins co teux n cessitant chez l internaute une forte d termination et de solides comp tences techniques Mais sans doute est ce l le lot courant de la responsabilisation et de l implication de ce spectateur d sormais acteur de son exp rimentation 29 Voir Michel Jaffrenou Diguiden http www diguiden net 96 R seaux n 125 Figures 4 et 5 Page d invite et message de retour d inscription O 1 Votre pass et votre login pour entrer chez Diguiden D B TEE ETAR REEE KA 9 D placer De diguiden diguiden net RE R pondre diguiden diguiden net le petit th tre de diguiden Date dimanche 16 novembre 2001 20 36 fourment univ tse2 fr 2 Objet Yotre pass et votre login pour entrer chez Diquiden v LOGIN jpf PASS FCBCw2 Se vagin j Vous avez bien charg si n cessaire les outils sur www diguiden net Oui ezi Alors vite on
23. igne Mais la diffusion des activit s de T l f rique adopte galement une autre forme de propagation hors ligne par l organisation de micros v nements les d mos dans des espaces physiques des lieux d accueils o les artistes invit s initient une d monstration didactique sur laquelle nous reviendrons des diff rentes pi ces informatiques 21 Il ne faut toutefois pas perdre de vue que si l art par pour et avec l internet est rest longtemps une pratique clandestine et d viante r serv e a un cercle troit d initi s il s est rapidement propag hors du r seau pour rejoindre les mondes de l art contemporain Sur Qu te du public et tactiques de fid lisation 89 La qu te d un public cadres d une r ception n goci e Face cette alt rit des publics qui caract rise l internet na t peu peu la volont artistique de rencontrer une audience largie et un public renouvel Mais cette ambition s accompagne souvent d un sentiment de frustration d la difficult de clairement valuer ce public Si les artistes sont attentifs aux possibilit s de feed back des regardeurs sur leur cr ation la connaissance qu ils ont de ce public appara t incertaine l id al ou utopie d un art pour tous se heurte ainsi la difficult de cerner ce non public de l internet une masse potentiellement pr sente mais invisible et anonyme Sa qu te devient alors un objectif artistique part
24. ignificatifs qui s cartent des formes courantes de l exposition L exp rience intitul e Lascaux2 6 a eu lieu la Villa Arson Nice alors ferm e au public du 25 juin au 25 septembre 1999 Le centre d art est devenu durant cette p riode de fermeture annuelle un atelier de travail et de r flexion sur le devenir des pratiques d expositions et la t l pr sence Plus qu une exposition il s agissait d un laboratoire exp rimental en ligne contributif et volutif Plusieurs projets y ont t d velopp s simultan ment Hypex99 a renouvel le mod le du collecticiel 7 Nice Proxy consistait en un syst me de webcams qui diffusait sur le r seau le processus de cr ation artistique en action depuis la Villa Arson et ouvert tous sur le web Cette initiative amena les artistes faire l preuve d une nouvelle situation o la production d une uvre sa pr sentation son valuation et sa diffusion n taient plus des moments s par s Une deuxi me exp rience significative est conduite par le collectif artistique T l f rique f dont la base de travail constitue un site internet de t l chargement Les travaux artistiques qui y sont pr sent s ne sont pas visibles en ligne mais seulement chez soi tirant les modalit s des transferts d application et du t l chargement File Transfer Protocol le site internet arbore une esth tique par d fautl laissant para tre l inverse des convention
25. imagel4 Une webcam relie en effet l atelier de l artiste la galerie o est diffus e l image de l artiste au travail sans aucune obligation de pr sence ou d activit pour celui ci Or que signifie la notion d artiste au travail l heure des nouvelles technologies num riques Rien de spectaculaire Au mieux les visiteurs peuvent voir l artiste derri re un cran d ordinateur s adonner des activit s qui ne diff rent que peu de celles d un employ de bureau L id e qui a pr sid ce travail vise davantage croiser les 12 BARBEAU 2001 13 Idem 14 Entretien avec LAURETTE 1999 Qu te du public et tactiques de fid lisation 87 diff rentes temporalit s de l uvre expos e et de l uvre en chantier avant m me que celle ci ne sorte de l atelier pour rejoindre le r seau ou la galerie Le dispositif intitul DOMICILIATIO NYS pr sente galement une m taphore de la figure de l artiste au travail Jouant de l analogie de l espace r el et du bureau informatique ou de la homepage il propose aux internautes de venir voir en temps r el son art en train de se faire Pour satisfaire l invitation see my home system in real time le dispositif envoie sur l internet toute les deux minutes une capture d cran du bureau informatique de l artiste Gr gory Chatonsky L exposition Lascaux2 et le site de t l chargement T l f rique constituent deux autres exemples s
26. ise galement durcir le r seau concern par cette circulation d informations h t rog nes 7 mi chemin entre l nonc de travail et le discours critique le dispositif rige en uvre artistique le jeu des mises en lien de l int gration et redistribution des nonc s l change et l esth tique relationnelle mis en uvre par le r seau lui m me o se d ploie l info Les fronti res entre la cr ation et ce que l on pourrait davantage qualifier de m diation de l information s hybrident l uvre de communication une fois sign e par son auteur est revendiqu e comme une cr ation originale La galerie londonienne The Centre of Attention a institu ce type d action artistique en pr sentant durant l t 2002 une exposition d e mail art Poursuivant le principe plus ancien du Mail art ou de l Art postal cette galerie virtuelle a ainsi promu un dispositif de r ception intime visant la circulation hors murs et hors site web de quelques e mails d artistes Les l oblige relayer la rumeur il le fait de son propre chef parce qu il se sent impliqu par le message et d sire faire partager ses sentiments 37 Relay par une page web l e mail recycle et regroupe l attention des artistes divers types d informations sur l art contemporain ses manifestations son organisation et son fonctionnement Pour infos l actualit du monde de l art Xavier
27. ish indiquant que si un livre n est rien s il n est pas publi un programme n est rien sans sa d mos T l f rique inaugure en ce sens une mani re in dite d exposition des uvres num riques hors du r seau et des fichiers du disque dur dans l espace 44 AKRICH 1990 1993 BOULLIER et al 1989 45 Voir Etienne Cliquet du Collectif T l f rique http www teleferique org ftp www 491 org teleferique Qu te du public et tactiques de fid lisation 105 physique des galeries et des mus es R paississant ainsi l acte artistique num rique d une fonction tout la fois de promotion commerciale d ducation p dagogie conceptuelle et technique et d exp rimentation pour le public d un programme uvre informatique adroitement valoris et mis disposition Cette action montre une nouvelle tactique de propagation des uvres semblable celle que nous venons d observer pr c demment la diff rence pr t que celle ci s op re en dehors du r seau o elle trouve au travers de cette forme d exposition conf rence une mani re in dite de rejoindre diff rents espaces physiques Ce faisant elle contourne galement la probl matique d opposition des r gimes d immanence objectale et de transcendance virtuelle des uvres par la diffusion d une uvre virtuelle qui regagne ici un statut d objet largement red fini et augment La d mo 13 se mat rialise par un CD Ro
28. la production de la circulation et de la consommation des nonc s sur l internet Dans le proc s duquel dit il tous les membres de la soci t semblent impliqu s prendre la rumeur leur compte Tout se passe comme si chaque individu colportant la rumeur la signait ou du moins la contresignait et en devenait coresponsable chaque relais d cide d tre relais Personne ne Qu te du public et tactiques de fid lisation 99 Une succession d nonc s anonymes et sign s tout la fois anonymes parce que se pr sentant comme de simples relais et sign s parce que pris en main par les diff rents relayeurs La navigation et la lecture deviennent donc dans ce contexte anonymisation de l criture et appropriation de l nonc par un lecteur ainsi fid lis D autres formes d autoproduction de journaux informationnels sur le mode de l intime circulation ont fait leur apparition sur le r seau tel que le r current Pour Infos le monde de l art produit par l artiste Xavier Cahen dans une logique proche moins l engagement activiste de La lettre d Antoine Moreau Cet envoi fr quence irr guli re vise davantage la constitution d un r seau informationnel distribu Quoique dirig et mod r par un seul le dispositif d ploie en effet une structure ouverte qui int gre les messages achemin s par un r seau d informateurs externes Au del cette strat gie de mailing v
29. left La lettre rige en effet en objet d art le recyclage et collage d informations ph m res et sans valeur pr existante Ce faisant elle renouvelle le mod le de la performance d artiste par l accomplissement d un Speech act acte de langage fruit de l innovation textuelle et culturelle promue par l criture lectronique en r seau la fronti re du discours prononc parole quotidienne et du discours crit texte ordinaire Elle donne ainsi forme une cr ation performative au double sens de l action artistique et de l acte de langage cet gard la signature continue d y jouer le r le de garant d authenticit d une uvre discursive qui doit ob ir certaines conditions proc durales et institutionnelles La lettre constitue en effet ici un pur v nement par la conjugaison d un acte de parole ou d criture situ dans le temps l nonciation et d un texte comme trace de cet v nement pass l nonc A mi chemin de la lettre du corbeau et du pamphlet sa propagation adopte les modes d amplifications propres la rumeur 32 l inverse en cela des messages lectroniques classiques qui autorisent au cours de leur traitement des reprises et corrections l int rieur du texte ainsi que la possibilit d une r ponse reply instaurant une forme d change dialogique r parti entre plusieurs scripteurs 33 L instauration d un gauche d
30. m format carte de visite Cette carte contient nombre de nos programmes informatiques r pertori s dans des dossiers Nous pratiquons r guli rement ce type de rencontres de fa on confidentielle amener nos ordinateurs portables Mac et Pc chez quelqu un ou son lieu de travail chercher le courant s installer sur une table jouer montrer discuter et repartir Il s agit aujourd hui de rendre visible cette forme de travail46 la fronti re entre l exposition et la r flexion ces sessions de demonstration en r f rence la demo informatique ou technique mais aussi artistique offrent un cadre exp rimental sp cifique la relation entre l artiste p dagogue et l acteur apprenant Un cadre m di par l uvre qui s incarne peut tre ici autant dans le dispositif en ligne que dans la situation hors ligne D s lors la monstration comme action de montrer fait partie prenante du m dia internet lui m me L uvre Net art n existant en effet qu une fois publi e ce que recouvre le slogan publish or perish repris Peter Lunenfeld 2000 par le collectif t l f rique Or dans le contexte virtuel du Net art cette injonction n cessite comme nous venons de le voir des am nagements sp cifiques dont t moignent les diff rentes tactiques et strat gies par lesquelles la propagation artistique emprunte des voies d tourn es et engage des modalit s appropri es de mise en exposition 46 Idem
31. n ait pas besoin Enfin moi j ai la preuve qu il n y a pas besoin de m diation Il y a l acc s direct la possibilit de s adresser tout le monde sans qu il soit besoin de franchir le seuil du mus e Cela fait partie du medium28 En inscrivant sa pratique dans la lign e d une esth tique de la communication Mouchette d finit comme espace plastique un cadre relationnel entre les individus La part immerg e du dispositif consiste en une base de donn es o sont archiv es les contributions successives des visiteurs leurs adresses e mail et parfois un historique de leur participation Autrement dit de par son inscription au sein du dispositif l usager participe de l extension et de la maturit de l uvre son action s articule avec celle de la collectivit La communication rituelle N oubliez pas notre rendez vous Une autre tactique instaure sur le mode du rendez vous une communication rituelle entre l artiste l uvre et le public Au del de la simple inscription certains dispositifs font du dialogue direct avec le public l essence de l uvre Deux strat gies sensiblement diff rentes peuvent tre distingu es 27 Idem 28 Entretien avec Mouchette 2000 Qu te du public et tactiques de fid lisation 95 Une premi re option vise la constitution en amont d un public n cessairement impliqu Un chantillon restreint qui apr s avoir fait la d marche volontaire de s
32. n des fers de lance de leur pratique artistique cet gard l engouement pour l internet r v le moins une carri re d viante BECKER 1988 qu il ne rel ve d une volont de multiplication des inscriptions artistiques les artistes jouant ainsi de la pluralit des espaces de visibilit 22 Pour une tude des modalit s de construction lectronique de ces relations sur le terrain des sites internet personnels voir LICOPPE 2002 23 Ces informations ne sont souvent accessibles que pour le seul webmaster du site consid r La figure 1 et celle qui suivra concernent le serveur du collectif d artistes Icono amp Cie Je les remercie ici de me permettre d utiliser ces diff rentes informations Pour le site du collectif d artistes cono amp cie http www icono org 90 R seaux n 125 Figure 1 Donn es statistiques du site Icono org Netscape Semaine du 14 05 01 au 207 05 01 S STATISTIQUES DU SERVEUR WEB Semaine du 14 05 01 au 20 05 01 Statistiques g n rales Cat gorie Total Utilisateurs uniques servis 1 Sites uniques servis 356 Documents uniques servis 5 432 Chemins uniques suivis 1 392 Total des visites 2 368 Acc s par heure COES LTES SO EUR DIJERE POUT CES EUR fe RUT JE AVUN UITEN 00 00 03 00 06 00 09 00 12 00 15 00 18 00 21 00 u lt T gt FE EE 2e Se C9 SZ Il est ainsi possible de consulter u
33. n rapport des visites dress la p riode Dans l exemple ci dessus au cours de la semaine du 14 au 20 mai 2001 le serveur recensait un total de 2368 visites et indiquait un nombre d acc s moyen 17 79 ainsi que des informations relatives a la dur e de chaque visite la plus longue pour cette semaine tait par exemple d une dur e de 61 minutes l int rieur du seul site d cono Deux types d informations sont donc fournis d une part des indications quant la provenance des connexions top 10 des sites r f rants et des visiteurs classement des navigateurs noms de domaines et n IP des machines rapport es au nombre d acc s pour la p riode consid r e d autre part des analyses structurelles de parcours l int rieur du site estimation de la dur e moyenne des visites et de la participation ou encore mesure des fr quences et de la profondeur des explorations Ainsi faute d acc der directement au public de l internet dont on a soulign pr c demment combien il tait invisible et anonyme ces donn es quantitatives proposent aux artistes un aper u des taux de fr quentation et de consultation de leur production artistique Notre serveur doit tre dans la moyenne Que dit il Tout d abord le nombre de hits ou de requ tes clic total par jour par heure par mois Cela nous permet de voir l volution le succ s du site On voit aussi quelles sont les Qu te du public et tactiques
34. nce 1998 2002 le vocable Net art s est tr s largement impos en Europe et en France au d triment d autres qualifications comme art internet art r seau cyberart web art qui manquaient clairement distinguer l art sur le r seau de l art en r seau 3 Des fragments de ce texte ont fait l objet d une premi re communication l occasion d un colloque du GDR CNRS OPuS uvre Public Soci t Les non publics les arts en r ception s qui s est tenu Grenoble en novembre 2001 ils sont ici repris et profond ment remani s Je remercie Dominique Pasquier directrice de recherche au Centre d Etudes des Mouvements Sociaux CEMS CNRS pour ses critiques et ses suggestions 84 R seaux n 125 artistique Par cons quent les dispositifs du Net art sont des projets multiformes environnements navigables programmes ex cutables formes alt rables qui vont parfois jusqu inclure une possibilit d apport ou de transformation du mat riau artistique initial En conjuguant une esth tique du code un design d interface et un art de l archive l uvre Net art met en effet en sc ne un art dirig vers l action du public Les modalit s de l implication de ce public peuvent tre approch es de diff rentes mani res par l examen des conditions potentielles de la participation du visiteur incarn es et mises en sc nes par le dispositif informatique figures de l inte
35. omme r sultat de l action de tous Ces actions rituelles de diffusion et de monstration du Net art empruntent parfois les voies plus strictement communicationnelles de l internet que sont 30 Voir Olivier Auber G n rateur Po tique http www enst fr auber 31 Ces deux dispositifs Diguiden et le G n rateur Po tique peuvent s accompagner de l enregistrement d instants choisis au cours du processus volutif Certaines actions ph m res n auront ensuite d existence qu au travers de ces traces de la participation des visiteurs fragments fid les ou r agenc s par l artiste pour faire uvre Qu te du public et tactiques de fid lisation 97 les listes de diffusion et forums de discussions cet gard certains nonc s artistiques r currents composent des textes uvres vocation informationnelle autant qu artistique La lettre de l artiste Antoine Moreau et son homologue Pour Information le monde de l art de l artiste Xavier Cohen sont des exemples significatifs de ces tactiques de propagation et de fid lisation que compose l e mail collectif Le 15 d cembre 1996 17h26 un courriel de l artiste Antoine Moreau indiquait Bonjour tous voici La lettre le num ro z ro d une lettre informative transmise au gr des v nements Et le lundi 17 juin 2002 18h23 arrivait nouveau dans les bo tes La lettre 65 marquant de l une l autre rituel s
36. pr alablement acquise D autres dispositifs plus complexes n cessitent de surcro t l usage de modules logiciels annexes Plugins Ces derniers exigent l apprentissage d un langage informatique sp cifique pour s inscrire se d sinscrire ou poster des messages dans les diff rentes listes de diffusion pour faire ex cuter par un robot certaines Qu te du public et tactiques de fid lisation 103 commandes programmatiques pour acc der et dialoguer au c ur d un atelier de travail en ligne mais aussi bien s r pour participer des dispositifs du Net art qui sollicitent de toujours plus nombreux et sophistiqu s outils et savoir faire techniques La pratique de ces dispositifs que leur vis e soit conforme la logique technicienne ou qu en s en d tournant elle d ploie une nouvelle logique de l usage passe par la n cessaire appropriation et compr hension du mode d emploi En tant que support didactique ce dernier joue un r le de passeur de l uvre vers son usager qui en ignorant certains l ments et en en r interpr tant d autres s engage dans une v ritable n gociation avec le dispositif Or mesure de la surench re technique les fichiers d aide deviennent de plus en plus sp cifiques et accompagnent argumentation du projet d un couplet de recommandations et d explicitations techniques Celles ci portent sur les caract ristiques des navigateurs types et versions sp cifique
37. ption de la fabrication de prises sur l uvre aux rendez vous ponctuels ou r p t s pour y participer et jusqu l instauration de contrats de service ou de maintenance qui instaurent de nouvelles formes de monstration des uvres Ce texte vise la compr hension de ces reconfigurations du travail de mise en exposition aux prises avec les technologies de l information et de la communication L objectif est ici de mesurer les enjeux de ces diff rentes tactiques artistiques techniques et sociales 0 mobilis es pour concevoir v hiculer et agir une uvre dont la carri re id ale suppose pr cis ment que certains de ses fragments puissent demeurer potentiels ou fairel La monstration ou action de montrer En amont de la participation effective l uvre le Net art suppose de pr figurer des rapports au public que la prise en charge de ce m dium doit engager et promouvoir Or dans le contexte de ces sites web on ne sait pratiquement rien de ce public invisible du double fait de son absence physique et de son anonymat Il faut donc pour les artistes essayer d atteindre ce public afin de l identifier et mieux le conna tre Deux principales missions doivent tre remplies le passage de l exposition la monstration et la qu te du public La propagation des uvres et l approche du public apparaissent en effet comme deux processus conjoints qui constituent pour l artiste du Net art une
38. r eux m mes auteur d une uvre r ponse le meilleur message envoy pouvant tre rig en uvre d art l un des 2 500 participants se voyant attribuer le statut et la place du 6e artiste de l exposition la crois e de l uvre communicationnelle et de la performance le dispositif instaure de la sorte un rituel d exposition diss min dans le temps et dans les arcanes des r seaux et dont l initiation appelle des degr s vari s de participation du public Demo nstration et public action les modes d emplois du Net art Conjointement engag s dans le processus auteurs et acteurs du Net art se partagent d sormais le bricolage de l uvre Les premiers adoptent une posture de cr ation situ e mi chemin entre l ing nierie et la p dagogie confront s au r gime virtuel potentiel ils disposent des l ments cr atifs et veillent ensuite laisser aux autres les acteurs la place qui leur revient afin qu ils construisent leur propre exp rience et connaissance de l uvre Les acteurs eux d veloppent en effet leurs propres prises sur le mat riau initial qui bien que pr d termin par les artistes tol re en aval les bricolages successifs du public L artiste tentera tant que faire se peut de suivre et d accompagner l ensemble de ce processus qu il esp re en demeurer le ma tre ou qu il se contente de mani re sans doute mieux appropri e d en encourager et guider le
39. ractivit par l tude d taill e de la participation effective des interactions et de l implication sociale du participant modes d interaction entre l artiste l uvre et son public et enfin par l observation en amont de la participation de tactiques artistiques de fid lisation du public C est l tude de ce dernier volet du travail artistique qu est consacr la suite de ce texte En effet au del des op rations d agencement et de configuration de l uvre Net art celle ci doit encore tre achemin e vers son public pour tre effectivement agie L analyse des incidences sur l uvre de cette mise en exposition peut ici tre ramen e deux principales observations L inad quation du Net art aux circuits plus traditionnels de diffusion engendre des modes d existence et d activation des dispositifs qui se manifestent galement travers l environnement que constitue l internet par la cr ation de r seaux de collectifs et de situations communicationnelles focalis s sur une probl matique de l habiters 4 Le mat riel empirique sur lequel s appuie ce texte est issu d une enqu te effectu e dans le cadre plus g n ral d une th se de sociologie Les cas pr sent s ici sont choisis parmi un corpus de 50 dispositifs Net art qui a servi une typologie des figures de l interactivit et des modes d interaction entre l artiste l uvre et son publi
40. re vie artistique et vie priv e 25 Entretien avec Mouchette 2000 Voir le site http www mouchette org indexf html Qu te du public et tactiques de fid lisation 93 Figure 3 Exemple d adressage automatique et personnalis O J Un inconnu est amoureux mais de qui AMB e h Pa ier B SE amp 6 D placer cat gories De Mouchette lt mouchette mouchette org gt Date mardi 30 octobre 2001 23 27 Jean Paul Fourmentraux lt fourment univ tlse2 fr gt Objet Un inconnu est amoureux mais de qui Bonjour Jean Paul Fourmentraux J apprend que quelqu un est amoureux de moi me suit dans les rues me prend en photo et a realis un site complet mon sujet http www ilovemouchette hotvomit com Serait ce vous Jean Paul Fourmentraux Celui qui m a mise au courant a vu ce site pr sent comme de l art dans un exposition de net art On aura tout vu http www yvear01 com index_flashS html Je consid re cela comme une atteinte ma vie priv e et jamais je ne confirmerai nine d mentirai si cette jeune fille sur les photos est r ellement moi Mais j esp re que ce n est pas vous qui avez fait ce site Jean Paul Fourmentraux Cette personne a crit une longue lettre sur son site et attend de moi une r ponse http www lovemouchette hotvomit com love html Ecrivez lui donc quelque chose Jean Paul Fourmentraux et faites lui croire que c est
41. s chaque dispositif sur les modules logiciels annexes dont il convient de disposer d di s au son et l image anim e etc n cessitant chacun diverses op rations de t l chargement d installation et de configuration elles m mes tr s techniques L aide de connexion conditionnant l acc s de l atelier en r seau est cet gard exemplaire en ce qu elle propose une v ritable marche suivre pour les non initi s aux subtilit s de la communication m di e sur le r seau le parcours d bute par une d finition de l nternet Relay Chat IRC et expose les conditions d acc s savoir les modalit s d acquisition t l chargement et d installation d un outil logiciel sp cifique la plate forme Mac ou Pc avant d en d crire les r gles d utilisation Le respect de ces r gles dont les proc dures sont ici tr s d taill es s op re selon un trajet progressif par lequel l internaute apprend 1 ouvrir le logiciel 2 se connecter 3 se nommer 4 rejoindre le canal et 5 discuter l issue ouvrant m me une possibilit r flexive par laquelle le participant pourra 6 adresser des commandes vers l outil Fort de cette d termination toute preuve l internaute se verra enfin accueilli au c ur 41 HENNION 2000 FLICHY 2003 42 D ployant ainsi au c ur de l usage un bricolage m lant une rationalit strictement op ratoire une subjectivit
42. s ar nes communicationnelles constitu es par les forums et autres listes de diffusion du Net art cet gard l e mail examin pr c demment Pour info l actualit du monde de l art pr sente tout la fois une d finition un mode d emploi et une charte des contributions destination des publics acteurs de l mission comme de la r ception nonciative Figure 8 Exemple de mode d emploi d une liste de diffusion LA CHARTE de Pour infos l actualit du monde de l art Le champ de l information L information doit concerner les Arts Plastiques art et expo v nement art et conf rence art et politique etc La composition du message 1 Faire un message court et pr cis moins de 10 lignes bilingue si possible fran ais anglais 2 Le message doit avoir obligatoirement l adresse postale l e mail ou et un site internet 3 L organisation du message Le sujet La date de la conf rence de l v nement du vernissage et de l exposition Les participants les artistes les directeurs d exposition L adresse le lieu physique le t l phone l mail le site si possible Si vous souhaitez passer des informations merci de m adresser votre texte cette adresse cahen x levels9 com Les recommandations ne concernent ici que le contenu et la forme du message impliquant en effet implicitement que la ma trise des outils de communication ait t
43. s de pr sentation des pages web les coulisses arborescentes des dossiers et 15 Voir Gr gory CHATONSKY domiciliat io n http domiciliat io n net 16 Voir le site archive de l exposition Lascaux2 http lascaux2 org 17 Collecticiel l image de celui d velopp initialement dans Epreuve d Ecritures qui r unissait une vingtaine de chercheurs lors de l exposition Les Immat riaux au Centre Georges Pompidou en 1984 18 Voir le site T l f rique http www 491 org teleferique html home htm un serveur de t l chargement collectif et ind pendant 19 Voir Etienne CLIQUET Esth tique par D faut http www teleferique org stations Cliquet Default 88 R seaux n 125 fichiers contenants au c ur desquels l utilisateur navigue la recherche d uvres qui prennent ici la forme de programmes informatiques contenus ex cutables une fois rapatri s sur les machines clientes Le bureau informatique et le syst me d exploitation du visiteur deviennent alors le lieu exclusif de l exposition des uvres Le t l chargement comme condition sine qua non de la visibilit de l uvre r habilite ainsi par le nombre d octets acqu rir la mat rialit d un objet artistique Autrement dit la suite d op rations successives de codages d codages se joue la transportabilit de l uvre num rique d ploy e au final chez le seul visiteur20 Avec API l artiste Ludovic Burel labore une interface
44. se retrouve dans mon petit th tre Fi diguiden bttpiww diguiden net Le dispositif d Olivier Auber pr sente quant lui un autre exemple de rapport ritualis l uvre La participation cette exp rimentation collective en temps r el est orchestr e par un contrat tr s contraignant n cessitant de la part des internautes une disponibilit et une implication importante L annonce de l v nement se fait par e mail et engage une prise de rendez vous ponctuel visant partager dans le temps et dans l espace la r alisation d une image collective Le G n rateur Po tique permet en effet plusieurs individus de se connecter un moment donn sur un site dont le lieu et l heure du rendez vous avaient t pr alablement fix s par courrier lectronique Chaque participant doit avoir suivant les recommandations pr alables de l artiste proc d au t l chargement l installation et apprentissage d un logiciel de dessin bitmap Respectant l heure du rendez vous soigneusement consign dans son agenda l internaute est invit rejoindre d autres participants anonymes dans l objectif d un dialogue interfac Le r sultat est ici le processus de communication lui m me travers l action collective de composer une image Autrement dit l action de chacun visible simultan ment par l ensemble des participants y d termine l tat de l image un instant donn c
45. t of attachement RES 36 automne 1999 LECLERC 1998 Le sceau de l uvre Paris Le Seuil p 69 70 LUNENFELD P 2000 Snap to Grid A User s Guide to Digital Arts Media and Cultures MIT Press LICOPPE C BEAUDOUIN V 2002 La construction lectronique du social les sites personnels L exemple de la musique R seaux vol 20 n 116 LIVINGSTONE S LUNT PK 1993 Un public actif un t l spectateur critique Herm s 11 12 p 145 158 MENGER P M 2002 L art comme travail Actes Actes des 1 Rencontres Internationales Arts Sciences et Technologies La Rochelle Internet http www univ Ir fr mshs MENGER P M 2002 Portrait de l artiste en travailleur M tamorphoses du capitalisme Le Seuil Coll La r publique des id es NORMAN D A 1993 Les artefacts cognitifs in Conein Dodier et Th venot Les objets dans l action De la maison au laboratoire Raisons Pratiques n 4 p 15 34 Paris EHESS PASSERON J C PEDLER E 1991 Le Temps donn aux tableaux Marseille CERCOM IMEREC PONTILLE D 2004 La signature scientifique Une sociologie pragmatique de l attribution Paris CNRS Editions Qu te du public et tactiques de fid lisation 111 PEDLER E 1994 En qu te de r ception le deuxi me cercle R seaux n 68 SOURIAU E 1956 L uvre faire Bulletin de la Soci t fran aise de philosophie S ance du 25 f
46. t une forme et une visibilit l uvre Net art Ces instruments de la mise en uvre d art avec le r seau internet mettent en sc ne la fabrication du public tout comme la coconstruction de l acte de r ception Ils conduisent galement envisager la relation auteur s uvre s acteur s selon une vision contractuelle socialis e et appareill e relevant d une pragmatique artistique consciente et organis e Par cons quent l enjeu sociologique de ce type d analyse consiste ne plus s en tenir aux conditions sociales de production ou de r ception des uvres mais les aborder comme l activit de mise en relation des divers objets et des diff rents acteurs qui concourent la mise en uvre d art L uvre du Net art appara t alors comme une forme dialogique tout la fois conceptuelle m diologique et esth tique qui ne peut tre saisie qu en actes ou en travail appr hend e comme un dispositif cognitif construire Loin de focaliser l analyse de ces objets sur leur attribut ontologique ou sur la croyance qui les maintient et les entretient une sociologie de l uvre en actes doit s attacher aux prises successives qu ils engagent et par lesquelles 47 DENIS 2002 48 PONTILLE 2004 Qu te du public et tactiques de fid lisation 107 ils se d ploient des objets repris transform s et transformateurs sur le mode impur d une action m l e situ e collec
47. teurs Ces objets num riques n ont pas besoin d un temps d accrochage sur des murs planchers ou plafonds pour tre expos s Leurs supports sont des serveurs toujours en fonction toujours pr ts partager une partie de leur m moire des clients En fait il serait plus juste de parler d un nouveau type d interm diaire dans la mesure o le r seau institutionnel de diffusion est remplac par un r seau de communication informatique 2 Partant de nombreux artistes ont entrepris de d velopper des alternatives aux formes classiques de diffusion en tendant le Net art l cart des institutions traditionnelles de l art contemporain L existence par pour et dans l internet promeut alors des modes alternatifs de transmission et de propagation des uvres Parmi les nombreux impacts d coulant de cet apport technologique l on constate qu il est beaucoup plus facile pour l artiste et son public d entrer en relation On est plus l aise d changer dans cet environnement d pourvu de cadres de socles et de lieux si d terminants pour un processus hi rarchisant de diffusion et de r ception de l artl3 Le projet Studio spy cam de l artiste Mathieu Laurette vise par exemple faire acc der directement le temps du travail dans l exposition Sans y tre Le temps du travail pas le travail dans l exposition mais le travail en temps r el en tout cas sa perception sa visualisation en tant qu
48. teurs mais 39 Il s agit de l artiste Jenny Holzer reconnue pour sa propagation de textes slogans artistiques sur le mod le publicitaire dans l espace public sous la forme de journaux lectroniques de Ken Friedman l un des fondateurs de Fluxus accoutum aux performances de l artiste post pop art Sylvie Fleury du performer Simon Poulter et de l artiste multim dia Simon Faithfull 40 Il s agit d une transposition vers les technologies de communication informatiques d une performance r alis e en 1966 dans une version d ambulatoire l artiste montrait de maison en maison un bout de papier affichant le m me texte L e mail accole au message un lien vers le site de la galerie londonienne ou Ken Friedman propose de consulter la version manuscrite de 52 events 2002 miroir en ligne des microperformances dont le groupe Fluxus fit sa sp cialit visant l ind termination crois e de l uvre d art et des attributs artistiques Qu te du public et tactiques de fid lisation 101 elle est aussi son mode de lecture au risque d un contenu impr visible et de ses incidences sur les machines ainsi mises contribution L encore l adh sion pr alable au projet instaure une d claration d intention pour l internaute et une tactique de fid lisation pour l artiste Les 2 500 inscrits forment alors le r seau vers lequel sont achemin s les messages En outre le dispositif incite ces derniers deveni
49. tive passant par de multiples dispositifs et inscrite dans une histoire4 Ce programme de recherche permet alors de pr ciser les diff rentes formes de commerce et d accommodement qui lient les acteurs sociaux aux scripts ou programmes d action des dispositifs techniques Il pr sente l avantage de suivre la carri re des uvres via les configurations environnement technique et cadrages organisation sociale de l action qu elles promeuvent 49 HENNION et al 2000 R F RENCES AKRICH M 1990 De la sociologie des techniques une sociologie des usages Techniques et Culture n 16 p 83 110 AKRICH M 1993 Les objets techniques et leurs utilisateurs De la conception l action in Conein Dodier et Th venot Les objets dans l action De la maison au laboratoire Raisons Pratiques n 4 p 35 58 EHESS BARTHES R 1975 En sortant du cin ma in Le bruissement de la langue Essais critiques IV Paris Le Seuil p 407 412 BECKER H S 1988 Les mondes de l art Paris Flammarion BESSY C CHATEAURAYNAUD F 1995 Experts et faussaires Pour une sociologie de la perception Paris Editions M taili BOULLIER D AKRICH M LE GOAZIOU V LEGRAND M 1989 Gen se des modes d emploi la mise en sc ne de l utilisateur final Cesson S vign BOULLIER D 1997 La connaissance strat gique des usages Conseil scientifique de France T l com Paris BOUL
50. tn langie FLECHE GIF sitehtnllanimaicono html customer 148 235 67 215 uninet net mx 16 210 117 67 222 3 D a cache mtc am09 proxy aol com LS cache dg08 proxy aol com MyoN connect com au a 24 Entretien avec Anonymes 2001 Voir le site du collectif d artistes Anonymes http www anonymes net 92 R seaux n 125 L artiste peut en outre savoir ce qui a conduit l internaute sur son site Non pas ce qui a d termin sa visite les conditions sociologiques de son acc s l uvre mais les influences directes de sa venue la source o s origine son parcours qui le lie au sens pragmatique du lien hypertextuel l uvre et au site visit repr sent e ici par les adresses r f rentes d autres sites internet Provenance temps pass et chemins parcourus constituent d s lors trois modalit s de connaissance du public mises de mani re largement in dite disposition des artistes Ainsi si l tude de la r ception artistique se limite ici aux indicateurs syst matiques de la consommation culturelle l artiste n esp re pas moins y d couvrir quantitativement son nouveau public Moi je crois le conna tre Mais comme lui me conna t c est dire que j ai un certain nombre d informations ils m crivent des e mails je sais d o ils viennent j ai des statistiques Je sais quand ils viennent j observe a beaucoup effectivement Donc pe
51. u e d sormais au public acteur de l uvre Conscients de l impact de cette m diation certains artistes ont choisi d afficher ou d int grer lors de la monstration de l uvre cette part n cessairement didactique de l acte cr atif avec les nouveaux m dias Ainsi plut t que de demeurer l tat de document annexe propos en coulisse de l uvre ils choisissent d accompagner cette phase de mise en apprentissage rig e en nouvelle fonction mission proprement artistique l image des d monstrations informatiques posters et autres d mos de logiciels prototypiques ou non ils animent une pr sentation tout la fois artistique et technique de leur dispositif num rique pr sentation dirig e cette fois vers un public physiquement pr sent Il revient ainsi Etienne Cliquet d affirmer que Certains artistes produisent des programmes informatiques qui fonctionnent tant comme outils que comme oeuvres des matrices dont l utilisation devient un mode de visibilit Ce type d uvres num riques n cessite d tre manipul configur sur une machine pour tre montr Nous appelons DEMO leurs pr sentations En parall le au home studio o chacun travaille chez soi et l inverse du t l chargement froid et anonyme sur l internet la d mo pour T l f rique fonctionne comme un espace de rencontre un moment d change L esth tique du Demo or die provient de l expression publish or per
52. ut tre que je joue aussi le r le du m diateur on peut dire a d un certain point de vue Mais c est la port e de l artiste a peut faire partie de l art Et puis je clique aussi sur mes r f rents c est dire les liens de gens qui m ont fait des liens et je vois qui ils sont je vois leur site2 Conscients que ces statistiques renseignent sur la relation du visiteur au dispositif dans le cadre strict des changes homme machine certains artistes vont tenter d initier des changes communicationnels avec un public d sormais cibl dans le but de recueillir leurs impressions Des tentatives de s duction l adressage personnalis Cet art qui para t sans destination engage en effet certains artistes dans la recherche d une communication plus soutenue avec le public Une premi re tactique consiste en la tentative de s duction du public par la m thode de l adressage personnalis Le dispositif interactif Mouchette s attache ainsi cr er une proximit et un rapport intime entre l uvre et celui qui la consulte une relation propice la communication interactive loin des lieux sacralisant de l art contemporain Son relatif succ s comme en t moignent les 177 points du vote populaire que l artiste a obtenus lors du concours annuel net art99 est le r sultat d une tactique artistique pour toucher le public notamment en mettant en sc ne sur un ton de provocation les fronti res ent
53. vrier 1956 STRAUSS A 1992 La trame de la n gociation Paris ditions de L Harmattan THEVENOT L 1990 L action qui convient in Pharo P Qu r L sous la direction de Les formes de l action p 39 69 Paris EHESS THEVENOT L 1994 Objets en soci t ou suivre les choses dans tous leurs tats Alliage n 20 21 Pour penser la technique p 74 88
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