Chantal Aubry
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1. ALIS mode d emploi Plus le temps passe plus l esprit de logique et le s rieux math matique qui ont d une certaine mani re toujours marqu le travail de Pierre Fourny et de Dominique Soria deviennent vidents Un esprit de logique certes mais celle de l absurde dans la lign e Lewis Caroll Un s rieux math matique oui mais assorti d un go t des contraintes parfaitement arbitraires et librement consenties un peu comme chez Georges P rec que Pierre Fourny se pla t d ailleurs volontiers citer Au vrai les deux ALIS pourraient presque se r clamer de l esprit Oulipo ce fameux Ouvroir de litt rature potentielle dont l auteur des Choses et d Esp ces d espaces fut l un des membres les plus minents De P rec ils ont l ironie douce quasi imperceptible faite d l gance et de m ticulosit p trie de beaucoup de patience et d inventivit Des Oulip ens la brocante sophistiqu e le d ploiement d un univers discr tement extravagant qui entra ne leur spectateur jusqu au bord d un savant vertige Comment expliquer sinon cette nouvelle police coupable qu ils viennent de cr er partir des signes typographiques revisit s par eux Comment comprendre la fa on dont ils manipulent un alphabet aux lettres parfaitement lisses et la fois parfaitement ambivalentes qui leur permet de r inventer une po sie 2 mi mot cocasse et impr visible Et comment interpr ter ce consta2. t oulip en en diable Lorsqu on crit on a l impression de n crire que du sens en fait ce n est au d part que du son Et ni sens ni son hop ils font du mot divis en deux horizontalement deux images qui leur tour g n rent du sens puisqu elles g n rent d autres mots Pour les ALIS l arbitraire du langage ne renvoie jamais qu l arbitraire de la r alit Donc la n cessit d branler les certitudes ou plut t de les contaminer Jamais de violence chez ALIS de la contamination en douceur Mais aussi la mise en cause la plus ferme de ce qu est un syst me de reconnaissance celui d une langue de ses signes et de la culture laquelle elle renvoie Et dans le m me esprit jamais de repr sentation au sens traditionnel du terme Comme Jean Luc Godard une autre de leurs r f rences et comme certains artistes qui leur sont proches Georges Appaix le groupe Dunes ils ne se retrouvent pas dans un processus de repr sentation Godard dit toujours qu il fait du cin ma pas des films Nous nous sommes face quelque chose qui est en train de se passer non quelque chose qui repr sente quelque chose Nous nous sentons comme les scientifiques qui trouvent mais qui ne savent pas ce qu ils vont trouver Un peu aussi la d finition du po te et de sa libert Chantal Aubry
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