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1. diction est donc celui d une interdiction le terme est fort faite l employeur de prendre des mesures susceptibles de contrevenir son obligation de s curit de r sultat Comme a pu le confirmer le Haut Conseiller Bailly Semaine sociale Lamy P Bailly p 8 la v ritable port e de cet arr t tient donc ce que l obli gation de s curit de r sultat trouve sa cons quence n cessaire dans Pinter diction de principe qui lui est faite de prendre toute mesure de nature com promettre la sant ou la s curit des salari s Par son caract re radical ce principe d interdiction peut et doit d s lors tre regard comme l expression directe du primat accord la sant et la s curit des travailleurs sur toute autre consi d ration d efficience industrielle co nomique ou financi re Il fonde le recours au juge auquel il sera demand d user de ses pouvoirs et de prendre les d cisions qui s av reront n cessaires pour en assurer le respect Avec arr t Snecma la Haute Juridiction admet en effet que la prohibition faite l employeur de mettre en uvre une nouvelle organi sation du travail portant atteinte la sant ou la s curit du personnel puisse limiter l exercice de son pouvoir 10 Semaine sociale Lamy 24 d cembre 2012 e n 1565 de direction cette prohibition n exc dant pas toutefois les pouvoirs du juge d s lors que celui ci a caract2. l application de ces principes conduira carter les moyens retenus par le tri bunal selon lesquels l employeur qui il appartient de rechercher un juste quilibre permettant de pr server les objectifs de rentabilit de l entreprise tout en veillant assurer la s curit de ses salari s avait engag une d marche d adaptation l gitime cette l gitimation tant trouv e dans es l ments conomiques chiffr s produits par la FNAC relatifs en particulier la diminution de son chiffre d affaires et ses pertes Les premiers juges ont en effet pro c d ainsi une mise en balance des imp ratifs de pr vention de la sant des salari s avec les objectifs de rentabilit de l entreprise et ce dans une recherche d quilibre tendant pr server entre eux une compatibilit de principe laquelle contredit l obligation de s curit de r sultat dont la cons quence explicit e par l arr t Snecma est au contraire la subordination des seconds aux premiers comme le pro fesseur Verkindt le d duit lui aussi de cet arr t en pr cisant que le pouvoir de l employeur est clairement surplomb par un principe sup rieur la protection de la sant Semaine sociale Lamy n 1346 Au surplus la probl matique pos e par les appelants diff re de celle du contentieux du licenciement cono mique dans lequel le juge est conduit appr cier si l employeu
3. le cabinet Syndex notant une densification et intensification du travail p rim tre largi et un faible soutien local tandis que le cabinet Christian Revest souligne quant lui que dans un contexte de pression des objectifs commerciaux et de d ploiement des divers changements le projet am ne selon nous une valuation d favorable des conditions de travail de la fonction de directeur de magasins Les postes de responsables des res sources humaines centralis s n appa raissent pas pargn s par ce danger tant constat l allongement des jour n es de travail effectives et de la fatigue li e un large p rim tre d intervention cabinet Technologia Le risque de surcharge de travail semble galement caract ris pour les postes de respon sables financiers centralis s gestion du temps et organisation potentiellement tendue charge de travail trop lev e objectifs inatteignables selon le cabinet Isast ainsi que pour les gestionnaires administratifs et les responsables de d partement Les diff rentes surcharges de travail ainsi d crites sont sans nul doute des facteurs objectifs de stress pour les salari s concern s et l intensit de ces surcharges situe la r alisation de ce risque un niveau de gravit qui appara t suffisant pour justifier l inter vention du juge en vue de faire pr valoir l obligation de s curit de r sultat dans la dimension pr ven
4. confortant les moyens l gaux de sa port e et de ses avis L arr t rappelle le p rim tre dans lequel peut agir le CHSCT S B Il est tr s logique sur ce point Les CHSCT ne peuvent porter leurs demandes que pour la partie affectant l tablissement dont ils rel vent mais les syndicats sont eux recevables sur les magasins de la France enti re Les employeurs sont d sormais pr venus Ils doivent penser toute r organisation en termes de risques psychosociaux S B La r organisation avec ou sans PSE doit effectivement tre pens e en amont en incluant une analyse chiffr e de la charge de travail et des risques psychosociaux de ceux qui restent La surcharge de travail est un risque qui doit tre supprim la source et non uniquement un risque qui doit tre accompagn ou valu Dans cette affaire le projet ne pr voyait aucune analyse chiffr e des cons quences du transfert des charges des postes supprim s sur les salari s restant en fonction notamment pour les directeurs de magasin Les premiers documents communiqu s par la direction m me apr s qu une ordonnance du TGI de Cr teil du 3 mai 2012 a exig la production de ces informations compl mentaires restaient opaques taient uniquement communiqu s des tableaux pr sentant une r partition en pourcentage des activit s transf r es mais avec fr quemment un report de t ches sur plusieurs postes sans plus de pr cisions et aucun table
5. le cadre d une optimisation et rationalisation de certaines proc dures Or consid rant le chiffrage du transfert de charges des postes supprim s sur les salari s restant en fonction est indispensable pour proc der l valuation de la charge de travail susceptible de peser sur les cadres comme les directeurs de magasin DM les responsables des ressources humaines ou les responsables financiers centralis s par r gion ou encore les responsables de d partement Or consid rant que dans la mesure o l identification des facteurs des risques psychosociaux all gu s comme r sultant du projet Organisation 2012 en particulier la charge de travail et les moyens donn s ou maintenus notamment en personnel pour y faire face permettant l valuation des risques en cause fait partie de l obligation de pr vention des risques pesant sur l employeur en vertu des articles L 4121 2 et suivants du Code du travail force est de constater que cette identification ne peut tre tablie qu au vu de documents quantitativement pr cis sur les transferts de charge de travail dont la communication incombe l employeur seul m me de les d tenir Consid rant qu il convient en cons quence d inviter la SAS Fnac Relais communiquer la Cour et aux appelants les l ments d information compl mentaires pr cit s sur la charge de travail transf r e aux salari s restant en fonction en faisant proc der le cas ch ant un compl
6. ment des expertises d j effectu es dans les CHSCT concern s au vu des nouveaux l ments d information demand s susvis s PAR CES MOTIFS ORDONNE la jonction entre les appels enregistr s sous les num ros RG 12 17589 et RG 12 17601 DIT recevables les demandes des CHSCT dans la limite de leurs comp tences territoriales de leurs tablissements DIT recevables les demandes des syndicats appelants SUR LE FOND ORDONNE la r ouverture des d bats INVITE la SAS Fnac Relais remettre la cour et aux appelants tous l ments utiles permettant le chiffrage des transferts de charge par tablissement aux diff rents directeurs de magasins responsables financiers centralis s et gestionnaires administratifs dit GAD restant en poste dans les conditions susvis es permettant de conna tre le statut des responsables susvis s au regard de l application des conventions de forfait jours relatifs l accord d entreprise en vigueur relatif aux conventions de forfait jours dans l entreprise En cons quence ORDONNE le renvoi de l affaire devant le conseiller de la mise en tat ORDONNE la suspension de la mise en uvre du projet de r organisation FNAC 2012 des magasins de la SAS Relais FNAC ainsi que de toutes mesures prises pour son application gt CA Paris P le 6 ch 2 13 d c 2012 n 12 17589 et 12 17601 14 Semaine sociale Lamy 24 d cembre 2012 e n 1565
7. JURISPRUDENCE DOSSIER Nous consacrons un dossier l arr t de la Cour d appel de Paris qui vient de suspendre la r organisation de la FNAC qui a omis de chiffrer les transferts de charge des postes supprim s sur les salari s restant en fonction Une r organisation peut tre pathog ne ous en aviez r v La Cour d appel de Paris l a fait Il fallait bien que a arrive Pour ses dix ans l obligation de s curit de r sultat issue des arr ts amiante du 28 f vrier 2002 a fait connaissance avec les r organi sations Et comme la sant prime sur le pouvoir de direction de l employeur une r organisation peut donc tre suspendue s il est d montr qu elle porte atteinte la sant des salari s Un nouveau front s ouvre il risque de susciter une nouvelle vague de contentieux C est la r organisation de la FNAC r pondant au nom Organisation 2012 laquelle devait conduire des suppressions de postes principalement dans les fili res des ressources humaines des services financiers et de la communication que l on doit cette premi re jurisprudentielle Un dossier relativement compliqu dans lequel les repr sentants du personnel se sont pr sent s devant la justice en ordre dispers Le CCE d abord les CHSCT avec quelques organisations syndicales ensuite Dans cette affaire o annulation du projet de r organisation est demand e lt en raison des risques psychosociaux pouvant en r sulte
8. aris recevabilit d un CHSCT saisir le juge pour l obligation de s curit de r sultat Savine Bernard Cet arr t s inscrit dans la continuit de l arr t Snecma et du jugement du TGI de Paris dans l affaire Areva Ndlr Sur le fondement de l obligation de s curit de r sultat l arr t Snecma Cass soc 5 mars 2008 n 06 45 888 interdit l employeur de mettre en place une nouvelle organisation du travail compromettant la sant et la s curit des salari s Dans son jugement Areva le TGI de Paris 5 juill 2011 n 11 05780 suspendu une op ration d externalisation pour les m mes raisons Il est remarquable en ce qu il suspend la mise en uvre d un projet de r organisation insuffisamment labor sous l angle des risques psychosociaux L obligation de s curit de r sultat ne cesse de s tendre Il n est donc pas illogique qu elle gagne les projets de r organisation accompagn s d un PSE avant leur mise en uvre Si ma connaissance c est une premi re que nous avons obtenue avec mon confr re Slim Ben Achour elle ne fait que s inscrire dans l obligation de pr vention des risques de l employeur Quel est le contexte de cette affaire S B De juillet octobre 2011 la FNAC a pr sent aux institutions repr sentatives du personnel le projet strat gique dit Plan Fnac 2015 sans PSE sans suppression de postes mettant la pression sur les directeurs de magasin pour contribu
9. au faisant appara tre le total des t ches r cup r es par les salari s restants Seul le cabinet d expertise du CE Apex a proc d ce travail mais il tait contraint de chiffrer des hypoth ses basses moyennes et hautes compte tenu de ces impr cisions L arr t donne des l ments sur la r partition de la charge de la preuve S B L arr t est tr s clair sur ce point Dans une premi re tape l employeur doit justifier en amont de la r organisation qu il a identifi tous les risques et communiquer au CHSCT une analyse quantitative et non uniquement qualitative de la charge de travail Dans un second temps c est au CHSCT EXTRAIT DE L ARR T Sur la recevabilit des demandes des CHSCT et des 3 organisations syndicales appelants Consid rant que la SAS Fnac RELAIS ne conteste pas que les syndicats appelants sont recevables dans leurs demandes Qu elle conteste cependant la recevabilit des demandes d annulation suspension du projet Organisation 2012 form es par les CHSCT appelants en faisant valoir qu ils ne peuvent porter leurs demandes que pour la partie affectant l tablissement dont ils rel vent Qu il convient de relever que les CHSCT qui ont la personnalit morale sont recevables demander l annulation du projet de r organisation d nomm Organisation 2012 eu gard leurs pr rogatives propres et particuli res d institutions repr sentatives du personnel sp cialis s dan
10. du groupe Ces consid rations apparaissent en effet hors du champ du litige en ce qu il porte sur les risques inh rents une r organisation venir et dont il est pr cis ment demand au titre de l obli gation de pr vention de ces risques qu il soit sursis sa mise en uvre En revanche l intim e soutient devant la Cour que la r organisation ayant d j t mise en uvre dans les tablissements de Grenoble Lyon Tours Bellecourt et Rouen les documents uniques d valuation des risques relatifs ces tablissements d crivent des situations globalement tr s satisfaisantes attestant ainsi de l absence de tout risque av r Sauf examiner dans le d tail les l ments pertinents susceptibles de r sulter de ces documents on rel vera seulement que s agissant de transferts de charges de travail un recul dans le temps suf fisant para t conditionner une exacte valuation de leurs effets sur la sant des salari s qui les subissent W Semaine sociale Lamy 24 d cembre 2012 n 1565 11 JURISPRUDENCE DOSSIER L employeur doit identifier les RPS en amont de la r organisation Semaine sociale Lamy L arr t de la Cour d appel de Paris constitue une nouvelle d clinaison de L arr t reconna t l int r t agir du CHSCT en suspension de la r organisation Entretien avec Savine Bernard S B C est la premi re d cision qui reconna t la Avocat au Barreau de P
11. ent relever du conditionnel Outre que la diff rence entre un risque caract ris et un risque av r appara t finalement fort mince pour ne pas dire inexistante le d bat s man tique appara t d assez peu d int r t quant la solution du litige le risque comportant intrins quement une part d incertitude sa r alisation n est jamais garantie et la d monstration d un risque indiscutable au sens o sa r alisation rel verait d une probabilit renforc e proche de la certitude ne peut donc tre satisfaite La part de l incertitude dans le risque est irr ductible son absence exclusive de la notion comme le sou ligne juste titre le rapport annuel 2011 de la Cour de cassation qui ajoute qu un risque priv d incertitude ne serait en r alit qu un dommage futur certain Ainsi la d marche qui consisterait tenter d valuer statistiquement la pro babilit de la r alisation du risque se r v lerait tre une impasse et induire un raisonnement vou l chec Le raisonnement s av rera au contraire productif si tout en incluant l al a inh rent la notion il prend soin d associer mais en les distinguant net tement la question de lexistence du risque qui implique la recherche des l ments susceptibles d objectiver un danger potentiel et celle de la gravit des cons quences de sa r alisation ven tuelle ce qui revient rechercher si la
12. er au redressement commercial de la soci t et n cessitant selon la direction elle m me que ces directeurs soient d barrass s des t ches annexes et chronophages En janvier 2012 elle d cide d un plan d nomm Organisation 2012 comprenant un volet offensif c est le Plan 2015 et un volet d fensif avec des suppressions de postes qui l inverse d all ger les directeurs de magasin de leurs t ches annexes d capite son quipe support 100 des fonctions communication RH et finances tant supprim es en magasin La FNAC consid rait que ces deux volets taient distincts Le juge des r f r s de Cr teil saisi par le CCE les a consid r comme li s et compl mentaires 12 Semaine sociale Lamy 24 d cembre 2012 n 1565 La surcharge de travail est un risque qui doit tre supprim la source demander la suspension ou l annulation d un projet de r organisation sous l angle des risques psychosociaux Jusqu ici le CHSCT tait fond agir sur le terrain de l expertise lorsque celle ci tait contest e par l employeur Si le CHSCT a un droit obtenir des expertises il a un droit demander au tribunal d en tirer les cons quences Je vous renvoie au rapport de la Cour de cassation pour l ann e 2011 selon lequel la Cour accompagne l essor de cette institution le CHSCT qui est le corollaire de l affirmation de l obligation de s curit de r sultat en interpr tant largement sa mission et
13. lleurs au travail repr sente un objectif qui ne saurait tre subordonn des consid rations de caract re pure ment conomique Sa transposition en droit interne par la loi n 91 1414 du 31 d cembre 1991 d sormais reproduite aux articles L 4121 1 et suivants du Code du tra vail a permis de poursuivre progres sivement dans la voie de la reconnais sance de l importance de l obligation de pr vention de l employeur avec les arr ts Amiante qui ont tabli sa nature d obligation de s curit de r sultat Cass soc 28 f vr 2002 n 99 18 389 Apr s que la Cour de cassation a galement soulign que l employeur doit assurer l effectivit de l obliga tion de s curit de r sultat Cass soc 28 f vr 2006 n 05 41 555 des cons quences plus nettes encore en ont t tir es par l arr t Snecma Ayant rappel que l employeur est tenu l gard de son personnel d une obligation de s curit de r sultat qui lui impose de prendre les mesures n cessaires pour assurer la s curit et prot ger la sant des travailleurs la Cour com pl te l difice patiemment construit depuis les arr ts du 28 f vrier 2002 en ajoutant qu il lui est interdit dans l exercice de son pouvoir de direction de prendre des mesures qui auraient pour objet ou pour effet de compromettre la sant et la s curit des salari s Le principe d gag par la Haute Juri
14. ment Et plus que jamais l expert du CHSCT sera celui qui permettra l analyse et le cas ch ant proposera les alternatives d une organisation soucieuse de la sant des salari s charge pour le juge au vu des l ments fournis par l expert et l employeur de suspendre ou non la r organisation Pour mieux comprendre les enjeux de cet arr t fon damental nous publions l avis du minist re public ainsi qu un entretien avec l avocate de huit CHSCT et de trois syndicats La direction de la FNAC n a pas souhait que son conseil s exprime dans nos colonnes Fran oise Champeaux 8 Semaine sociale Lamy 24 d cembre 2012 n 1565 JURISPRUDENCE DOSSIER SANT D s lors que la r organisation est porteuse de risques de nature compromettre la sant des salari s peu importe le s rieux des motifs conomiques avanc s par l employeur le juge peut et doit prendre les d cisions n cessaires pour assurer le primat accord la sant La caract risation du risque conditionne et encadre l ing rence du juge Extraits des conclusions de Patrick Henriot Substitut g n ral la Cour d appel de Paris LA NOTION DE RISQUE Le risque se d finit dans le langage courant comme un p ril dans lequel entre l id e de hasard Littr un danger ventuel plus ou moins pr vi sible Le Petit Robert ou encore en langage juridique comme un v ne ment dommageable dont la survenance est i
15. ncertaine quant sa r alisation ou quant la date de cette r alisation Vocabulaire de l Association Henri Capitant L id e d incertitude d al a est donc au c ur m me de la d finition du risque Le droit du travail appr hende la no tion de risque principalement au travers des risques conomiques mais gale ment des risques psychosociaux c est dire des risques qui sont l origine d une alt ration de la sant mentale et de l efficacit des individus tels le stress au travail le harc lement moral ou sexuel et les violences au travail Le stress au travail principal risque invoqu dans le pr sent litige fait lui seul l objet d un accord cadre euro p en conclu le 8 octobre 2004 et trans pos au niveau national par l accord interprofessionnel du 2 juillet 2008 Ces deux accords d finissent le stress non pas comme une maladie mais comme un tat accompagn de plaintes ou de dysfonctionnements d ordre physique psychologique ou social r sultant du sentiment d un individu d tre dans incapacit de r pondre aux exigences et attentes plac es en lui Dans le Code du travail la notion de risque appara t dans un chapitre consa cr aux obligations de employeur en mati re de pr vention des atteintes la sant et la s curit des travailleurs L article L 4121 1 dudit code issu de la directive n 89 391 du 12 juin 1989 sur la sant au travail dispose ainsi q
16. nsid rant que les rapports critiqu s ont tous t rendus entre avril et d but mai 2012 avant que la SAS FNAC RELAIS adresse aux CHSCT les l ments compl mentaires sur l valuation quantifi e des charges de travail en ex cution de l ordonnance de r f r du 3 mai 2012 de Cr teil Qu en outre il n est pas contest que le document initialement transmis aux CHSCT et aux instances repr sentatives du personnel tait incomplet dans la mesure o il se borna t une tude tr s g n rale sur les fonctions de caract re uniquement qualitatif se limitant indiquer les modifications intervenir dans l organisation des services concern s susvis s mais sans l ments quantitatifs sur les transferts de la charge de travail induits par le projet litigieux de r organisation FNAC alors qu un tel chiffrage constitue un crit re essentiel d valuation des risques psychosociaux pouvant r sulter d une surcharge de travail caract ris e et objective g n ratrice de stress de nature compromettre la sant et la s curit des salari s concern s Que d s lors il ne peut dans ces conditions d impr cision imputables la SAS Fnac RELAIS tre fait grief aux experts mandat s par les CHSCT d avoir travaill sur des hypoth ses alors au demeurant que tous ont relev une surcharge de travail importante r sultant de la r organisation litigieuse apr s avoir pris en compte les mesures d j mises en uvre par l entreprise dans
17. on de la sant et la libert d entreprendre ont toutes deux un fon dement constitutionnel La protection de la sant est garantie tous selon le Pr ambule de la Constitution de 1946 et la valeur constitutionnelle de la libert d entreprendre a t procla m e par le Conseil constitutionnel dans sa d cision n 81 132 du 16 janvier 1982 Dans l usage qu il fait de son pouvoir d organisation de l entreprise expres sion directe de sa libert d entre prendre l employeur doit ainsi int grer l obligation qui lui est parall lement faite d assurer la protection de la sant des salari s C est ce que confirme la directive n 89 391 du 12 juin 1989 aux termes de laquelle l employeur est oblig d assurer la s curit et la sant des tra vailleurs dans tous les aspects li s au travail Il restait n anmoins pr ciser si l em ployeur tait simplement tenu de prendre en compte ces objectifs de sant s curit dans une articulation tendant seulement les combiner et les concilier avec les objectifs qu il pour suit comme chef d entreprise ce qui caract riserait une simple obligation de moyens ou si ces objectifs devaient au contraire l emporter sur les objectifs d efficacit entrepreneuriale Le pr ambule de la directive pr cit e donnait d j une indication forte en pr cisant que l am lioration de la s curit de l hygi ne et de la sant des travai
18. que conventionnelles C trav art L 4121 2 L 4121 3 accord cadre europ en sur le stress du 8 octobre 2004 transpos par l Ant tendu du 2 juillet 2008 Charte PPR du 27 juillet 2010 consistent en premier lieu dans le cadre de la pr vention des risques prendre tous moyens utiles pour les identifier y compris les risques psychosociaux principalement invoqu s dans le pr sent litige susceptibles d tre induits par la nouvelle organisation qu elle entend mettre en uvre par le plan litigieux Organisation 2012 Qu il appartient galement l employeur de pr ciser les moyens de pr vention qu il entend mettre en uvre dans l accompagnement des salari s concern s par le projet de r organisation litigieux tout au long des phases de mise en place de la r organisation litigieuse entreprise Que c est d s lors en amont de la r organisation que les risques notamment psychosociaux doivent tre identifi s par l employeur cette identification se situant dans la perspective de pr vention impos e tant par les dispositions communautaires que par le l gislateur national ainsi que par les partenaires sociaux dans le cadre de l application de l accord national interprofessionnel tendu du 2 juillet 2008 et au sein du groupe PPR lui m me aux fins d assurer l effectivit de l obligation de s curit pesant sur l employeur Consid rant qu il revient d s lors aux appelants de rapporter la preuve d une par
19. r le TGI de Cr teil va rendre deux ordonnances de r f r et un jugement au fond Les demandeurs n obtiendront pas gain de cause leur salut viendra de la Cour d appel de Paris La motivation des juges parisiens est foisonnante Ce qui en ressort est essentiel prenant appui sur l obligation de s curit de r sultat et les articles g n raux de pr vention des risques C trav art L 4121 1 L 4121 2 L 4121 3 PANI du 2 juillet 2008 sur le stress et la charte PPR du 27 juillet 2010 la cour d appel affirme que les employeurs doivent prendre tous moyens utiles pour identifier les risques y compris les risques psychosociaux susceptibles d tre induits par la nouvelle organisation Une directive tr s claire doubl e d un mode d emploi Les entreprises doivent fournir des documents quantativement pr cis sur les transferts de charge de travail dont la communication incombe l employeur seul m me de les d tenir Cette valuation doit tenir compte du cas particulier des salari s en forfait jours la charge de travail doit tre compatible avec leurs horaires et leur vie priv e ainsi que des dispositions de la Charte sociale euro p enne relatives ces m mes pr occupations La d cision confirme s il en tait besoin le r le central d volu aux CHSCT Leur int r t agir en contestation d une r organisation est consacr dans le p rim tre qui est le leur l tablisse
20. r alisation du risque quelle qu en soit la probabilit serait de nature com promettre la sant et la s curit des travailleurs selon la formulation adopt e par la Cour de cassation dans son arr t Snecma Cass soc mars 2008 n 06 45 888 Outre que le risque doit tre carac t ris dans son existence le degr de gravit des cons quences potentielles d une d cision de r organisation doit en effet tre pris en compte si la simple anxi t naturelle des salari s face un changement de leurs conditions de tra vail suffisait emp cher la mise en uvre de celui ci alors toute r orga nisation aussi minime soit elle eee Semaine sociale Lamy 24 d cembre 2012 n 1565 9 ee se r v lerait impossible L n est pas l objectif du principe de protection pos par les directives communautaires Paccord interprofessionnel et le Code du travail C est donc en s attachant la carac t risation des l ments objectivant tout la fois l existence du risque la nature de ses effets potentiels sur la sant ou la s curit des salari s et la gravit rela tive de ces effets que le juge pourra diff rencier les cons quences qu il en tirera quant au devenir d un projet susceptible de g n rer de simples appr hensions ou au contraire d af fecter significativement la sant et ou la s curit des salari s LES POUVOIRS DU JUGE La protecti
21. r est fond invoquer la n cessit de sauvegarder la comp titivit de l entreprise pour justifier la r organisation et les licen ciements qui s en suivent D s lors que la r organisation est porteuse de risques de nature compromettre la sant des salari s peu importe le s rieux des motifs conomiques avan c s par l employeur le juge peut et doit prendre les d cisions n cessaires pour assurer le primat accord la sant La question qui se pose la Cour n est donc pas de savoir si la diminution du chiffres d affaires de l intim e est av r e et justifierait par elle m me la r organisation envisag e mais de d ter miner plus simplement si le projet Organisation 2012 est de nature compromettre la sant de tout ou partie du personnel de la FNAC LA CARACT RISATION DU RISQUE En mati re de risques psychosociaux susceptibles d tre g n r s par une r organisation de l entreprise la carac t risation de l ensemble des l ments de nature objectiver l existence d un risque et la gravit des cons quences de sa r alisation ventuelle reposera le plus souvent sur les rapports d expertise labor s l initiative des CHSCT et vers s aux d bats En l esp ce les CHSCT de la FNAC produisent effectivement de multiples rapports d expertise au soutien de leurs pr tentions L ensemble des constatations rap port es par les auteurs de ces rapports conve
22. rgent vers la conclusion que l existence du risque est objec tiv e par l analyse des transferts de charges de travail pouvant aller selon certains rapports jusqu un double ment de la charge pesant sur certaines fonctions identifi es directeurs de magasins fonctions RH marketing et communication lesquels transferts r sultent directement de la r organi sation envisag e que la nature de ce risque rel ve de la cat gorie des risques psycho sociaux et plus particuli rement du stress induit par la crainte voire la certitude d tre dans l incapacit de faire face ces charges de travail sup pl mentaires que la gravit des cons quences de la r alisation du risque est attach e en mati re de risques psychosociaux tant leur nature m me lattention qui doit tre port e au stress au travail comme facteur pathog ne n tant non seule ment plus d montrer mais au contraire corrobor e tant par la litt rature sp cialis e que par les instru ments juridiques qui ont t mis en place pour faciliter sa pr vention et sa r sorption que en mati re de stress la mesure du d calage constat entre les objectifs qui sont assign s au salari et sa capacit faire face au volume et l intensit du travail accomplir pour les atteindre Les risques li s ces transferts de charges sont notamment analys s et caract ris s pour les directeurs de magasins
23. ris la nature et l tendue des risques que les mesures envisag es par l employeur font courir pour la sant et la s curit des salari s Autrement dit pour emp cher la transgression de l interdit d coulant de l identification d un risque caract ris av r de compromettre la sant ou la s curit le juge doit pouvoir selon les circonstances et la nature des d ci sions en cause aussi bien prononcer la suspension que le cas ch ant l annu lation d une nouvelle organisation du travail ou encore faire pr cis ment interdiction l employeur de la mettre en uvre ventuellement sous astreinte expression la plus directe de ce m me interdit dont le principe est pos par l arr t Snecma Ainsi loin d offrir au juge un pouvoir discr tionnaire et sans limites la mise en uvre de ce principe d interdiction lui impose au contraire de rechercher une exacte ad quation de la mesure prendre au regard de l origine de la nature et de l tendue de atteinte la sant ou la s curit des travailleurs dont le risque aura t identifi seules les mesures n cessaires la pr vention de cette atteinte pouvant limiter le pouvoir de l employeur d organiser son entreprise La caract risation du risque condi tionne donc et encadre tout la fois l ing rence du juge dans l exercice du pouvoir de direction de l employeur Dans l esp ce soumise la Cour
24. s les questions relatives aux conditions de travail des salari s de l entreprise dans les domaines de la sant de l hygi ne et de la s curit au sens des articles L 4612 1 7 du Code du travail Qu ils ont donc un int r t direct certain n et actuel dans la mise en place de cette r organisation dans le respect des textes l gaux et conventionnels relatifs la sant et la s curit des salari s concern s dans leur tablissement Qu en outre il s vince n cessairement des liens troits entre le projet litigieux Organisation 2012 et le PSE mis en place au sein de la SA Fnac et de la SAS Fnac RELAIS pr sent par la SA FNAC comme projet de PSE aff rent au projet Organisation 2012 que les CHSCT et les syndicats appelants sont galement recevables demander la suspension corr lative des mesures concernant la SAS Fnac Relais prises en ex cution dudit plan Organisation 2012 dans le cadre du PSE adopt par la SA FNAC notamment des mesures de licenciements pr vues par ce dernier Qu il s ensuit que les CHSCT et les 3 syndicats appelants sont recevables dans leurs demandes form es envers la SAS FNAC RELAIS tant pr cis que les demandes des 8 CHSCT dans la cause doivent tre limit es aux seuls tablissements qu ils repr sentent Sur le bien fond des demandes des CHSCT et des syndicats appelants Consid rant qu il r sulte que les obligations de la SAS Fnac Relais tant l gales
25. t que les risques psychosociaux de nature compromettre la sant et la s curit des salari s qu ils all guent sont caract ris s notamment au regard de l impact en termes de charge de travail sur les salari s concer n s par la r organisation litigieuse en particulier les cadres ayant des fonctions dans les secteurs des ressources humaines et des finances et d autre part que l employeur n a pas pris les mesures de pr vention n cessaires et donc en premier lieu celles relatives l identification des risques r sultant de la r organisation de l entreprise afin de les viter ou de les supprimer 000 qu il revient d expliquer que les risques psychosociaux sont caract ris s L expertise est tr s pr cieuse ce stade Cet arr t ne va t il pas changer les pratiques des employeurs en mati re de r organisation S B Je l esp re Mais les employeurs ont tout int r t effectuer ce travail de chiffrage de la charge de travail des salari s restants en poste Il en va non seulement de la sant des salari s mais aussi de la viabilit du projet E Propos recueillis par Fran oise Champeaux et Agathe Marcon Semaine sociale Lamy 24 d cembre 2012 n 1565 13 EXTRAIT DE L ARR T suite 000 Consid rant cet gard qu il n est pas contest que les experts ont rendu leur rapport sur la base du document initialement transmis aux CHSCT intitul pr cisions sur la r partition fu
26. tive que lui assigne la jurisprudence Snecma Il restera en revanche la Cour appr cier si les l ments contenus dans ces rapports d expertise sont utilement combattus par les critiques de l intim e portant sur la pertinence de leurs conclusions au regard de la m thode employ e notamment en ce que les experts auraient adopt une analyse temporelle et non fonctionnelle des t ches effectu es sans prendre en compte la mutualisation de certaines activit s De la m me mani re la Cour devra galement se prononcer sur le caract re suffisant ou non des mesures de pr vention que la FNAC affirme avoir prises pour pallier les risques psychosociaux susceptibles d tre g n r s par le projet Organisation 2012 risques dont elle estime par ailleurs que la preuve de leur existence n est pas rapport e ceci expliquant qu elle n ait mis en uvre qu un nombre limit de mesures pr ventives en mati re de risque psycho social formations site Internet nu m ro vert A cet gard il n appara t pas que le moyen soulev par la FNAC tendant faire constater l absence de tout risque psychosocial pr existant au projet Organisation 2012 puisse utilement contribuer la solution du litige pas plus que celui adopt par le jugement dont il est fait appel aux termes duquel les requ rants ne contestaient pas l am lioration des indicateurs relatifs la sant au travail au sein
27. ture de la charge de travail et son organi sation en magasin dans le cadre d information consultation sur les cons quences du projet Organisation 2012 Que l ensemble des rapports d expertise d pos s avant l ordonnance de r f r s du 3 mai 2012 a relev la charge de travail suppl mentaire dans de fortes proportions que devront subir surtout les directeurs de magasin DM les responsables des ressources humaines centralis es dit RRHC ainsi que les responsables financiers centralis s par r gion Consid rant que la SAS Fnac RELa s conteste leur chiffrage en reprochant aux auteurs de ces rapports de s tre limit s proc der un calcul arithm tique en consid rant que pour chaque poste supprim les experts ont report 100 du temps de travail sur les salari s restant en poste et plus particuli rement sur les directeurs de magasin DM alors que selon la SA FNAC ils n ont pas proc d une analyse fonctionnelle des postes existants et supprim s en cause ni tenu compte de l all gement des charges locales ni de la r organisation effectu e par transfert des charges de travail sur le site central de la SA FNAC entra nant la mutualisation de certaines t ches administratives comme celles incombant au directeur de magasin DM et d sormais d volues au si ge la SA Fnac tant rappel par l employeur que les fonctions relatives aux ressources humaines et aux finances sont galement r gionalis es Mais co
28. ue L employeur prend les mesures n ces saires pour assurer la s curit et prot ger la sant physique et mentale des tra vailleurs Ces mesures comprennent 1 Des actions de pr vention des risques professionnels et de la p nibilit au tra vail 2 Des actions d information et de for mation 3 La mise en place d une organisation et de moyens adapt s L employeur veille l adaptation de ces mesures pour tenir compte du chan gement des circonstances et tendre l am lioration des situations existantes L article L 4121 2 du Code du tra vail pr cise ce titre que L employeur met en uvre les mesures pr vues Par ticle L 4121 1 sur le fondement des prin cipes g n raux de pr vention suivants 1 Eviter les risques 2 valuer les risques qui ne peuvent pas tre vit s 3 Combattre les risques la source Dans l affaire qui int resse la Cour les parties d battent non seulement de l existence du risque mais galement du degr de probabilit de sa r alisa tion les CHSCT soutiennent que e risque se d finissant comme la probabilit de la r alisation d un v nement futur par nature il ne peut tre av r et qu il doit en cons quence tre simple ment caract ris au sens o sa r alisa tion est possible tandis que la FNAC r torque que le risque invoqu doit imp rativement tre av r indis cutable et ne pas seulem
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