Pendant plusieurs siècles, l`esclavage et la colonisation étaient
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1. lections l gislatives une arme de sanction face tout pouvoir qui ne produit pas de r sultat Les alternances politiques enregistr es au B nin en 1991 1996 et 2001 et en 2000 et 2012 au S n gal offrent une belle illustration de ce pouvoir de sanction dont le d tonateur reste les m dias priv s Moyennant quelques r glages professionnels thiques et d ontologiques nous pouvons dire partant des exemples b ninois s n galais et togolais que les m dias priv s africains sont des porteurs cr dibles des processus de changements sociaux en Afrique REFERENCES Akindes F 1995 Les Mirages de la d mocratie en Afrique subsaharienne francophone Dakar Codesria Barrat J 1992 G ographie conomique des m dias M dias et D veloppement Paris Litec Chabi M 1993 Banqueroute Mode d emploi un marabout dans les grilles de la maffia b ninoise Porto Novo ditions Gazette Livres Conac G 1993 Les processus de d mocratisation en Afrique in G Conac dir L Afrique en transition vers le pluralisme politique Paris Economica Diop M C et Diouf M 1990 Le S n gal sous Abdou Diouf tat et Soci t Paris Karthala Diop S J 2002 Les lections au S n gal de l ind pendance la fin des ann es 1990 in PANOS 2002 M dias et lections au S n gal la presse et les nouvelles technologies de l information dans le processus lectoral Dakar NEAS Faye M 2008 Presse pr2. galais et togolais Nous mettrons ensuite l accent sur celui des radios ind pendantes puis sur celui des nouvelles cha nes de t l vision priv es dans ces m mes processus UN POSITIONNEMENT MEDIATIQUE PREPONDERANT POUR L AVENEMENT DES CHANGEMENTS SOCIAUX Les journaux priv s sont tous apparus partir des d cennies 1980 et 1990 comme soulign ci dessus dans un contexte o le B nin le S n gal et le Togo traversent une crise profonde avec comme enjeu crucial le devenir politique conomique social voire moral de ces pays Au B nin et au Togo o les journaux priv s sont n s dans des contextes d intenses troubles politiques faits d pisodes sanglants l attention du public se focalisait sur les Conf rences nationales en perspective propos es comme mod les de sortie des dictatures politiques en place avec en toile de fond de tr s fortes incertitudes sur les r elles possibilit s de changement Le r gime de K r kou sous la pression de la rue avait certes accept l id e d organiser une Conf rence nationale et une p riode de transition mars 1990 avril 1991 pr lude l organisation d lections pr sidentielles et l gislatives pluralistes Noudjenoume 1999 mais il tait probable qu il se r tract t et qu il reprit la situation en main Au cours de la Conf rence nationale de f vrier 1990 le Colonel Azonhiho et quelques autres officiers de l arm e b ninoise avaient l poque sugg
3. r de proc der l arrestation des conf renciers dans l optique de sauver le r gime Le fait d avoir tous les opposants et ennemis du r gime r unis en un m me endroit l h tel PLM Al djo de Cotonou leur semblait rendre l op ration possible Au Togo le d mant lement de toutes les institutions d mocratiques de transition et l assassinat des opposants radicaux entre 1990 et 1993 rendaient clairement compte de la fermet du r gime du G n ral yad ma de ne pas c der face aux soul vements populaires Au S n gal o les journaux priv s sont n s dans le contexte pr lectoral survolt de 1988 l avenir politique du pays tait galement des plus incertains Les rapports de force continuaient se nouer entre le parti socialiste PS au pouvoir et les opposants politiques qui l accusaient de vouloir nouveau manipuler les urnes Les chefs d tat de ces trois pays semblaient s arroger un pouvoir vie malgr leur manque apparent de l gitimit d mocratique Leurs ministres battaient des records de long vit et chaque remaniement minist riel n occasionnait pour eux que des changements de portefeuilles en d pit de l chec politique conomique et social des r gimes en place Ainsi dans un pays comme dans l autre la fin du parti unique de fait ou de droit et la question de l alternance d mocratique taient au c ur des pr occupations des populations qui souhaitaien
4. MEDIAS PRIVES ET CHANGEMENTS SOCIAUX EN AFRIQUE ACQUIS LIMITES ET PERSPECTIVES EXEMPLES DU BENIN DU SENEGAL ET DU TOGO Mor Faye Pendant plusieurs si cles l esclavage et la colonisation taient pour paraphraser le sociologue ivoirien Francis Akindes 1995 les deux d fis majeurs auxquels les soci t s africaines taient successivement confront es Ces d fis avaient pour particularit d tre externes Celles ci les ont plus ou moins relev s non sans en garder des s quelles tr s profondes et non sans les revivre sous d autres formes Depuis les ind pendances des ann es 1960 le principal d fi cette fois ci interne que les soci t s africaines ont relever reste le d fi d mocratique instauration de la d mocratie et de l tat de droit selon des modalit s sp cifiques et r alisation par leurs tats respectifs du bien tre conomique et social au profit de tous et non exclusivement au profit d une lite Ce sont ces aspirations non encore atteintes en raison de l inertie des syst mes politiques en place face aux exigences de d mocratisation et en raison galement de la gestion gabegique des deniers publics qui expliquent les mouvements sociaux cycliques et parfois tr s violents qui traversent les soci t s africaines et qui s expriment par l instrument de canaux d expression alternatifs d nomm s m dias priv s Le B nin le S n gal et le Togo consid r s ici comme des pays t moins on
5. ais et togolais ont besoin de vrais programmes de renforcement de capacit s en gestion d entreprise de presse pour tre conomiquement et financi rement viables Ces programmes dont le contenu reste d finir pourraient se concr tiser par la mise en place de cycles de formation modulaire dans le cadre de s minaires ou d ateliers de monitoring des m dias Ces programmes cibleraient les patrons de presse et tous ceux qui font office de managers de presse sans en avoir les comp tences Ils pourraient se d rouler dans le cadre de cycles de formation longs type Licence ou Master de Management des entreprises de presse Dans ce cas des partenariats pourraient se nouer avec des tablissements tatiques ou priv s de formation en journalisme Au S n gal par exemple le D partement de communication de l UFR CRAC Unit de formation et de recherches Civilisations religions arts et communication de l Universit Gaston Berger le CESTI Centre d tudes des sciences et techniques de l information PISSIC Institut sup rieur des sciences de l information et de la communication pourraient tre des partenaires Des bourses de renforcement de capacit s en gestion d entreprise de presse pourraient galement tre octroy es des m dias dont le r le en mati re de d mocratie de cr dibilit et d ind pendance est av r Face au manque de formation de beaucoup de journalistes il est n cessaire de continuer les
6. e grande envergure les journaux priv s b ninois avaient ainsi norm ment contribu la chute de K r kou en 1991 Au Togo o le processus d mocratique avait t entach par de nombreux actes de violation des droits de l homme plus particuli rement entre 1990 et 1993 les journaux priv s avaient d s leurs premiers num ros d nonc les exactions de l Arm e contre les manifestants les leaders de l opposition et les membres des institutions de la transition d mocratique La presse priv e s n galaise n tait pas en reste dans ce travail de d nonciation Sud Hebdo Wal Fadjri et Le Cafard Lib r s taient activement engag s pour faire la lumi re sur la crise du syst me bancaire s n galais de la fin des ann es 1980 en r v lant au public l implication des r seaux client listes du pouvoir dans cette faillite Ils s taient galement mobilis s aupr s des opposants au r gime et aupr s de la soci t civile pour d noncer les fraudes lectorales observ es au cours du scrutin pr sidentiel et l gislatif de f vrier 1988 Au cours de cette p riode ce travail de d nonciation des pouvoirs tablis effectu par la presse priv e crite b ninoise s n galaise et togolaise tait tr s novateur par rapport au mod le du journalisme d tat L ampleur de la crise des soci t s et banques d tat de la fin des ann es 1980 qu elle avait contribu mettre en exergue montre que la co
7. e les m dias priv s par leurs fonctions cruciales de contre pouvoir de d nonciation d espaces de d bats alternatifs etc sont depuis de nombreuses ann es maintenant au c ur de l closion d une nouvelle conscience Si les populations se soul vent de plus en plus face toute forme d injustice perp tr e par les gouvernements c est parce qu elles sont plus sensibilis es sur leurs droits gr ce la fonction d veil des m dias priv s Les limites des m dias priv s D une mani re g n rale les entreprises de presse priv es b ninoises togolaises et s n galaises prouvent en d pit de leur r le d mocratique mentionn plus haut de s rieuses difficult s devenir des entreprises conomiquement et financi rement rentables Les recettes g n r es par leurs activit s couvrent peine leurs besoins de fonctionnement au point que beaucoup de journalistes ne per oivent pas de salaire Outre la faiblesse de la diffusion sp cifique la presse priv e crite pratiquement les entreprises de presse priv e tous secteurs confondus souffrent de l troitesse du march publicitaire Pour comprendre davantage les difficult s conomiques et financi res des entreprises de presse priv e il ne serait pas erron de mettre en cause leur incapacit se structurer en vraies entreprises de presse avec des services commerciaux et des ressources humaines qualifi s et dot s d une vision strat gique c
8. e radio qu une seule t l vision et qu un seul journal sous contr le gouvernemental Seul l tat du S n gal avait autoris c t des m dias sous son contr le la cr ation d une presse politique anim e par les partis d opposition au pouvoir et la cr ation de quelques publications dites ind pendantes Mais tous ces organes de presse taient en r alit plac s en libert surveill e Paye 1992 N s dans des contextes nationaux marqu s par de fortes aspirations des populations au changement ces m dias priv s ne sont pas rest s indiff rents aux revendications d mocratiques Pour tre en phase avec ces aspirations les journalistes de ces m dias ne cessent de d ployer leurs pratiques dans plusieurs registres Malgr les limites et contradictions qui sont les leurs et sur lesquelles nous reviendrons ils relaient la contestation populaire se positionnent vigoureusement en faveur de l alternance au pouvoir et d noncent les pratiques de corruption des gouvernants et les diff rentes formes de violation des droits de l homme Notre ambition ici est de dresser le bilan du rapport que les m dias priv s entretiennent avec les mouvements sociaux pour en d celer les acquis les limites et d gager des perspectives Pour ce faire notre d marche sera chronologique Nous aborderons d abord le r le pionnier de la presse priv e crite des ann es 1980 1990 dans les processus de d mocratisation b ninois s n
9. es ann es 1980 au S n gal au B nin et au Togo les journaux priv s avaient ainsi contribu l mergence de la critique sociale des Plans d ajustement structurel Ils avaient clairement signifi aux populations que l application de ces programmes et leurs effets pervers coupes des budgets de sant d ducation licenciements etc taient le r sultat d une mauvaise gestion des gouvernements en place et que ce n tait pas elles de payer la place de leurs dirigeants Tout au long des d cennies 1980 et 1990 la presse priv e crite s tait impos e de plus comme un v ritable forum public ouvert tous En effet sous les partis uniques b ninois et En 1989 le montant total des cr dits de ces trois banques l conomie b ninoise s l ve 149 milliards de francs CFA dont 96 6 milliards de francs CFA imputables la BCB 35 6 milliards de francs CFA la BBD et 18 8 milliards de francs CFA la CNCA Sur l ensemble de ces cr dits seuls 23 5 milliards de francs CFA sont consid r s comme sains Le reste tant des cr dits douteux r cup rables 11 1 milliards de francs CFA et des cr dits douteux non r cup rables 113 4 milliards de francs CFA En cr dits douteux non r cup rables le secteur public s est retrouv avec 62 4 milliards 55 d impay s le reste revenant au secteur priv 45 La BCB elle seule s est retrouv e avec 93 6 milliards de franc
10. i sont insuffisants l occasion des grands v nements de l agenda politique national comme l lection pr sidentielle ou les lections l gislatives des programmes de monitoring de journalistes pourraient tre multipli s afin que les journalistes comprennent mieux les enjeux pour les expliquer aux populations Dans ce domaine il y a certes des initiatives mais elles m ritent d tre renforc es CONCLUSION De nos jours si les populations africaines manifestent sous des formes diverses leur m contentement ou leurs frustrations face aux probl mes politiques conomiques et sociaux qui les accablent c est parce qu il y a une conscience citoyenne plus forte et plus d esprit critique Les m dias priv s ind pendants ont jou et jouent un grand r le dans ce processus d veil et de maturation de cette conscience citoyenne Depuis leur closion ils ne cessent de contribuer la naissance d une autre culture politique qui rompt progressivement avec l esprit de r signation qui a longtemps caract ris les populations africaines face aux d rives autoritaires de leurs gouvernants Gr ce l action des m dias priv s les populations sont davantage conscientes que les pouvoirs en place doivent rendre compte de la mani re dont ils g rent la chose publique Gr ce galement l action des m dias priv s les populations sont devenues conscientes qu elles d tiennent en cas d lection pr sidentielle ou d
11. initiatives d ploy es dans ce domaine en encourageant le d veloppement de programmes de formation en cycle court et en cycle long en cycle court sous forme de s minaire et d atelier de formation en cycle long sous forme de formation dipl mante de type Brevet de Technicien Sup rieur Licence ou Master dans les domaines les plus innovants du journalisme notamment en rapport avec les technologies de l information et de la communication Dans ce cadre des partenariats pourraient tre nou s avec les structures de formation existantes Au S n gal par exemple des efforts sont d ploy s mais restent insuffisants Le SYNPICS Syndicat des professionnels de l information et de la communication du S n gal n a obtenu que 10 de l aide de l tat la presse de l ordre de 300 millions de francs CFA en moyenne depuis 1996 soient allou s la formation Toutefois le montant d gag ne couvre pas les besoins de formation De plus la r gularit du versement de cette aide d pend du bon vouloir du Prince Toujours sur ce registre il est important que cette id e de renforcement de capacit s des journalistes soit d centralis e Si l on prend encore le cas du S n gal l essentiel de la formation se fait Dakar Or dans le cas des r gions le besoin de formation est r el La plupart des correspondants r gionaux ne sont pas form s en Journalisme La Convention des jeunes reporters fait des efforts mais ceux c
12. ions qui ne peuvent lire la presse crite en raison du fort taux d analphab tisme ont un acc s direct l information locale et nationale reprise des journaux priv s sous forme de revue de presse ou produite par les radios priv es et distill e sur un ton critique l encontre des r gimes en place pour fustiger leur incapacit apporter des solutions aux probl mes conomiques et sociaux ambiants Gr ce galement l usage des langues locales les populations majoritairement analphab tes peuvent participer aux d bats de soci t travers des missions interactives comme Wax sa xalaat mot qui dans la langue wolof signifie donner son point de vue l antenne sur des sujets politiques conomiques sociaux religieux etc de la radio priv e s n galaise Sud Fm Les radios priv es ont ainsi fourni une contribution d cisive l largissement de l espace public processus d j enclench par les journaux priv s b ninois s n galais et togolais Le lancement r cent de cha nes de t l vision priv es nationales s inscrit dans cette dynamique de faire cho aux revendications populaires pour plus de d mocratie et de gestion d mocratique des deniers publics Avec la combinaison du son et de l image que leur conf re leur sp cificit technique les cha nes de t l vision priv es vont se r v ler tre des moyens d information redoutables et redout s par les pouvoirs en place On en ve
13. iv e crite en Afrique francophone enjeux d mocratiques Paris L Harmattan Fr re M S 2001 Dix ans de pluralisme en Afrique francophone in Les Cahiers du Journalisme n 9 Lille p 28 59 2000 Presse et D mocratie en Afrique Les mots et les maux de la transition Paris Karthala 1999 D mocratie au B nin et au Niger in Mots Les langages du politique n 59 Paris Presses de la Fondation Nationale des Sciences Politiques p 89 104 Gaba L 2000 L tat de Droit et le d veloppement conomique en Afrique subsaharienne Paris L Harmattan Loum N 2003 Les m dias et l tat au S n gal L impossible autonomie Paris L Harmattan Noudjenoume P 1999 La d mocratie au B nin Bilan et perspectives Paris L Harmattan PANOS 2008 Le pluralisme t l visuel en Afrique de l Ouest tat des lieux Dakar Institut Panos Afrique de l Ouest mai PANOS UJAO 1993 Le pluralisme radiophonique en Afrique de l Ouest Paris L Harmattan 2 vol PANOS UJAO SEP 1991 Presse francophone d Afrique vers le pluralisme Paris L Harmattan Paye M 1992 La presse et le pouvoir in M C Diop dir S n gal Trajectoires d un tat Paris Karthala Perret T 2001 Le journaliste africain face son statut in Les Cahiers du Journalisme n 9 Lille pp 154 169 Toulabor C M 1986 Le Togo sous yad ma Paris Karthala Tudesq A J 1995 Feuille
14. laire Ces difficult s conomiques et financi res des entreprises de presse priv e exposent beaucoup de journalistes certaines pratiques qu ils reprochent aux lites en place savoir la corruption Nombreux sont en effet les journalistes reporters qui pour faire face au manque de salaire ou aux salaires irr guli rement vers s acceptent le versement de pots de vin contre certains angles de traitement de l information Il y a galement des patrons de presse qui sont affect s par ces pratiques corruptrices mais une plus grande chelle Outre cet aspect conomique il y a galement le probl me de la formation La plupart des journalistes des m dias priv s b ninois s n galais et togolais manquent cruellement de formation car n tant pass s par aucune cole de journalisme La formation sur le tas est g n ralement la r gle Certes il y en a qui force de croire au m tier parviennent devenir des journalistes respect s par leurs pairs et le public mais 1l y en a dont les pratiques professionnelles riment avec amateurisme source d informations approximatives et de proc s en diffamation De plus l exp rience a montr que l absence de formation entra ne tr s souvent l absence de r flexe d ontologique face aux tentatives de corruption QUELQUES PERSPECTIVES la lumi re de l importance de leur r le d mocratique et au regard des limites d cel es les m dias priv s b ninois s n gal
15. rruption et la gabegie qui avaient mis en difficult ces structures existaient depuis longtemps Elle illustre en m me temps que le travail d enqu te pour pingler les pratiques de malversation et de mauvaise gestion n tait pas au centre des pr occupations des m dias d tat Dans ce contexte les rares fois que les journalistes d tat parlaient de la crise c tait lorsqu elle avait clat au grand jour avec la fermeture des soci t s et banques d tat Mais comme le souligne Barrat 1992 ces journalistes d tat occultaient la responsabilit des gouvernements en place et celle de leur client le dans la d b cle conomique et bancaire en mettant l origine des probl mes sur le compte exclusif d une conjoncture internationale difficile baisse des prix des mati res premi res sur le march international d cid par un Occident spoliateur ou mettaient en cause la s cheresse ou l invasion des r coltes par les criquets Au S n gal c tait tr s courant d entendre une telle explication d autant que les ann es 1980 taient effectivement marqu es par ces deux ph nom nes En somme pour les m dias d tat l origine de la crise tait soit exog ne soit cologique mais en aucun cas li e la mani re dont les appareils tatiques avaient t g r s pendant des d cennies En pinglant la responsabilit de l lite en place dans la crise de l tat de la fin d
16. s CFA de cr dits douteux irr cup rables De plus en cinq ans cette banque a perdu 42 fois son capital de 30 millions de francs CFA avec 72 916 cr anciers n ayant pas sold leur compte Noudjenoume 1999 41 42 togolais et sous le parti dominant s n galais dans une moindre mesure seuls les dignitaires du r gime avaient droit la parole publique C est ainsi que les partis d opposition les syndicats les enseignants les tudiants avaient pu exprimer des points de vue dissonants par rapport aux prises de position officielles sur la crise Ce positionnement d mocratique de la presse priv e crite incarn e par des journaux pionniers comme Tam Tam Express Le Forum de la Semaine la Gazette du Golfe au B nin comme Sud Hebdo devenu Sud Quotidien Wal Fadjri Le Cafard Lib r au S n gal et comme Kpakpa D senchant au Togo avait valu ce secteur m diatique un norme succ s aupr s du public Les organes de presse priv s qui vont tre par la suite cr s au B nin au S n gal et au Togo continuent en d pit de leurs contradictions incarner ce positionnement d mocratique L apport des m dias audiovisuels priv s Avec le lancement des radios priv es au milieu des ann es 1990 au S n gal et la fin de la m me d cennie au B nin et au Togo les revendications d mocratiques pour le changement se voient amplifi es En effet gr ce l usage des langues locales la majeure partie des populat
17. s d Afrique tude de la presse de l Afrique subsaharienne Maison des Sciences de l Homme d Aquitaine
18. t d sesp r ment l arriv e de nouvelles lites au pouvoir ces contextes de crise politique aux issues incertaines il faut galement ajouter la faillite des grandes soci t s et banques d tat Suite l application tout au long de la d cennie 1980 des programmes d ajustement structurel du Fonds mon taire international et de la Banque mondiale leur liquidation partielle ou totale tait scell e comme condition de la contribution financi re de ces institutions au redressement de la situation conomique de ces pays Ce qui avait g n ralement eu pour cons quence de nombreux plans de licenciements avec comme enjeu central l avenir de plusieurs milliers de familles N s dans ces contextes nationaux troubles les journaux priv s s taient impos s d embl e comme un v ritable pouvoir de d nonciation des pouvoirs en place pour l av nement de la d mocratie et de l tat de droit Au B nin cette d nonciation portait sur les pratiques de spoliation sous le r gime pseudo marxiste 1972 1991 Ces pratiques concernaient en l occurrence celles qui avaient ruin toutes les banques d tat la Banque commerciale du B nin BCB la Banque b ninoise de d veloppement BBD et la Caisse nationale de cr dit agricole CNCA et les soci t s publiques et parapubliques vers la fin des ann es 1980 et qui avaient entra n la perte de milliers d emplois Chabi 1993 Par une campagne de d nonciation d
19. t vu appara tre au cours de ces derni res d cennies des m dias de ce type Faye 2008 Fr re 2001 Ceux ci se d finissent comme des m dias ind pendants par opposition aux m dias d tat sous contr le id ologique administratif et ditorial des gouvernements en place Ces m dias dits priv s regroupent trois cat gories qui se sont successivement cr es au fur et mesure que ces pays avaient commenc tout au long des ann es 1980 1990 renouer apr s une longue p riode d autoritarisme politique marqu e par des partis uniques militaris s ou civils avec le pluralisme politique et m diatique sous la pression exerc e sur les lites au pouvoir par les populations et les bailleurs de fonds Conac 1993 Chronologiquement la premi re cat gorie de m dias priv s avoir merg regroupe la presse priv e crite n e au milieu des ann es 1980 au S n gal et au tournant des ann es 1990 au B nin et au Togo PANOS 1991 La deuxi me cat gorie comprend les radios priv es commerciales lanc es partir de 1994 au S n gal et quelques ann es plus tard au B nin et au Togo PANOS 1993 La troisi me cat gorie regroupe les cha nes de t l vision priv es qui ont commenc mettre partir de la d cennie 2000 PANOS 2008 La naissance de ces m dias priv s a constitu pour les populations une v ritable r volution m diatique En effet de 1960 1990 il n y avait au B nin et au Togo qu une seul
20. ut pour preuve au S n gal par exemple le fait que le r gime de l ancien chef de l tat Abdoulaye Wade avait longtemps h sit octroyer des licences aux promoteurs de cha nes de t l vision priv es de peur de voir son image corn e ainsi que celle de ses diff rentes quipes gouvernementales Les m dias priv s au c ur de l closion d une conscience citoyenne Au regard des d veloppements ci dessus les apports des m dias priv s b ninois s n galais et togolais aux processus de d mocratisation et aux aspirations des peuples au changement peuvent tre r sum s comme suit la culture de la transparence dans la gestion des biens publics par les gouvernements par opposition l opacit qui caract risait les tats b ninois s n galais et togolais lorsqu il n y avait que des m dias d Etat la culture de la reddition de comptes c est dire l obligation pour les tats de rendre compte de leur gestion des populations de plus en plus exigeantes et inform es de leurs droits un regard sur la r gularit et la transparence des scrutins lectoraux pr sidentiels et l gislatifs organis s ces derni res ann es au B nin au S n gal et au Togo des plateformes alternatives faisant cho aux protestations et soul vements populaires Avant l existence des m dias priv s de tels faits n taient pas relay s par les m dias d Etat Tout compte fait on peut aujourd hui dire qu
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