Revue FROG N°4, novembre 2006 JEAN
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1. de ses id es et de son nergie Ce n est plus simplement d un artiste de qualit dont il est question ici mais d interlocuteurs de qualit c est dire capables de franchir le cap du para tre et de l avoir vers l tre De mon point de vue il y a vie cr ation de vie quand l uvre est propos e sous forme de potentiel et non de r sultat L artiste c est celui qui soigne son point de d part il s adresse un public d sireux de lui pr ter main forte Sa m thode de travail les modes d emplois Ce parti pris mine le statut d auteur cr ateur incr dans ce type d art l autre aussi doit avoir une part Cependant malgr la jubilation que suscitent ses services d lur s Jean Baptiste ne se fait pas trop d illusion il ne croit pas que le syst me des prestations propos es puisse tenir v ritablement ses promesses ou faire esp rer quelque chose d extraordinaire dans notre vie quotidienne Jean Baptiste est sa mani re un Spinoza dans l art Il se fait peu d illusions et ressent la n cessit de faire sagement m rir son thique lui Autrement dit si la tendance n est pas vraiment f brile viendra tout de m me le jour o Il ne s agira plus seulement d ouvrir l art au plus grand nombre comme l annonce le Palais de Tokyo ou inversement d ouvrir le plus grand nombre l art selon le commentaire qu en a donn Andr Rouill dans son ditorial pour Paris art com mais plut t d ouvrir2. des objets d art seule mani re d aborder ce changement de la nature de l art dont il ne souhaite plus qu elle soit litiste Dans son manuel publi par les ditions Z d l et pr sent la librairie de Florence Loewy Jean Baptiste propose une vingtaine de services tout autant salutaires que nuisibles et qui ne rel vent pas d un art vou au culte de l art mais d un art vou au culte de la vie Il y d ploie sa m thode en parsemant ses pages d id es qui r veillent chez le lecteur des forces de cr ation auxquels les codes sociaux l ont trop habitu renoncer Y sont ainsi regroup s une s rie de services cr s entre 2000 et 2004 avec des modes d emploi o il s agira par exemple de D sob ir Dans ce service le mot d ordre pr sent l infinitif constitue plus une invitation entrer en r action contre ce terme qu d sob ir sur commande R fl chir sur le comment et le pourquoi de sa propre ob issance peut tre galement une forme de d sob issance si elle tend consciemment vers un gain d autonomie et nous permet de nous soustraire toujours davantage aux multiples formes de l autorit Mais D sob ir par sa d finition m me implique un effet boomerang et plut t que de g n rer des actes r ellement affranchis de ce qui nous gouverne va rendre galement visible une mise en pratique r fl chie de ce que l on va pouvoir alternativement s interdire et s autoriser propos d un m me fait Dans l introdu
3. l art et le plus grand nombre simplement la vie Ghislain Mollet Vi ville 2006
4. Revue FROG N 4 novembre 2006 Ghislain Mollet Vi ville JEAN BAPTISTE FARKAS IKH AOSERVICES En cette festive p riode de la FIAC un consensus nous exhorte ne voir de l art que dans les beaux objets Face cette prise de position propice une contemplation merveill e quelque peu r ductrice et obsol te j aimerais profiter de l occasion qui m est offerte d crire un article sur Jean Baptiste Farkas pour rappeler qu une alternative existe et qu il est possible de s y adonner sur le th me de l art comme fait social Il est aujourd hui une vidence que l art doit s inscrire dans un contexte o les changes de pens es aident la mutation de l uvre d art et visent une redistribution des r les Id alement il faut au pr alable passer par un nouveau regard sur le monde en exclure tout ce qui est artificiel ou superflu remettre en quelque sorte la r alit sur ses pieds et observer notre soci t pour ce qu elle est avec ce r alisme distanci que l on trouve dans la formule de Jean Luc Godard ce n est pas une image juste c est juste une image C est en partant de cette vidence essentielle que nous pouvons alors nous loigner de la f tichisation de l objet d art et de son assujettissement aux r gles institutionnelles Les artistes contemporains trouvent leurs mod les th oriques et pratiques en dehors du monde de l art empruntant leurs formes et leurs m thodes d autres champs de savoir crivait s
5. ction au manuel IKH AO SERVICES se trouve r sumer les nouvelles syntaxes artistiques propos es par son auteur L art prestataire tel que je le pratique au travers d IXH AOSERVICES d sire agir sur le r el avant d agir sur l art l uvre marchandise belle et neutralis e il oppose une m thode de travail plusieurs b tie sur un impr vu radical Son objectif rompre l encha nement des actions efficaces Donc tout cela ne se fait pas dans l isolement et en une seule fois Outre le fait qu une version am lior e ou modifi e d un des services d j crits dans le manuel peut tre envisag s par d autres que son protagoniste un formulaire concernant la cr ation de nouveaux services est galement mis la disposition du public L uvre d art n est plus le monopole de l artiste Rien n est d finitivement install tout volue Jean Baptiste nous invite la surench re nous de jouer pourquoi s en priver Je lui ai donc fait la proposition d un service qu il se charge maintenant de diffuser Ceinture Pour ne plus tre un collectionneur l gume AUX COLLECTIONNEURS DE LE R ALISER Mode d emploi retirer de sa collection les uvres ayant un cadre les sculptures port es par un socle les dessins ou les photos ayant un verre de protection et une jolie marie louise D crocher les corni res et les spots directionnels qui glorifient l autonomie de l uvre liminer ensuit
6. e toutes les uvres qui ne prennent pas en compte leurs modes de pr sentation leurs modalit s d acquisition et l exp rience de leur perception Ne garder que les uvres sur lesquelles il est possible d intervenir au d part pour leur r alisation et ensuite pour leurs actualisations dans l espace et le temps Remarques l art tenant moins la nature conventionnelle de ses objets finis qu la fa on dont q J q on va l inscrire successivement ailleurs et autrement le collectionneur pourra d cider de ne plus installer d objets d art chez lui et attester ainsi qu un lieu vide d objets d art peut accueillir l arch type m me d un art qui s est enfin lib r de l esprit convenu de l art Le but de l op ration faire sortir le collectionneur de chez lui pour qu il investisse avec ses uvres des contextes architecturaux sociaux id ologiques ou psychologiques toujours diff rents Une possibilit pour lui de devenir l artiste de ses propres initiatives La suite donner mon service comme aux autres d bouchent sur des v nements qui sont tr s al atoires Jean Baptiste souhaite faire d boucher sa pratique non pas sur un art radical mais sur un impr vu radical Et il met cette conception en relation avec la d finition universelle de ce qu est l exp rimentation v ritable un acte dont on ne saurait en aucun cas pr voir les r sultats Il croit l exp rimentation pas la nouveaut Voil pourquoi la noti
7. i justement Nicolas Bourriaud Faisons donc comme eux puisque de toute fa on nous ne pouvons plus nous satisfaire du bel objet comme r gle d or naturelle de l art rentrons dans l action refusons d tre des collectionneurs de potager optons pour une enqu te sur les contours sociaux de l art et par voie de cons quences portons nous la compr hension de la nature humaine et de la communaut qui la r git ce stade qui s tonnera alors qu force de suivre la cr ation dans ses connexions avec la mode le design l architecture l informatique la communication mais aussi les jardins le sport la f te il devienne plus int ressant de s en tenir ce qu est notre soci t et ce qu elle engendre Nous exp rimentons l en direct et sur le terrain l impact d une r flexion que nous ne retrouvons qu dulcor e dans les recyclages et adaptations diverses op r s par les artistes sous la coupe de l institution Tout cela est une question d thique cette derni re devrait prendre le pas sur l esth tique Car le constat objectif de la r alit du monde nous conduit naturellement vers une mobilisation pour de justes causes et une lucidit que vient mettre en relief un art lib r de l id e de l art Se pose alors la question de savoir comment un artiste doit r agir devant cette constatation dont lui m me d pend La r ponse qu en apporte Jean Baptiste Farkas avec IH AO SERVICES pr conise en priorit l viction
8. on de perturbation joue dans sa pratique un r le si important Bousculer un certain ordre arrang revient cr er un espace ouvert vide ou en attente d tre habit que la richesse int rieure de tout un chacun pourra investir La prestation en art cherche commettre de l art ajoute t il Il faut entendre par l qu elle agit comme une anomalie dans un syst me dont le fonctionnement semble aller de soi Le faire peut devenir le commettre Qu elle g n re un impr vu en s appuyant sur le hasard ou qu elle soit r solument con ue comme une op ration de sabotage la prestation ne vaut qu partir du moment o elle agit en perturbatrice Jean Baptiste emploie des expressions tr s r v latrices cet gard pour lui il s agit de conspirer ce propos il faut insister sur le c t bipolaris de ces services qui vivent sous deux modalit s Chaque service a son mode d emploi associ un ensemble de r alisations qui constitue son v cu S il se cantonne n tre qu un mode d emploi il n est qu la moiti de son existence C est pourquoi ils doivent tous tre mis un jour l preuve du r el Jean Baptiste les con oit comme des passages l acte la limite j ai envie de rajouter qu il en esp re quelques uns qui seront des passages tabac mais pour la bonne cause bien entendu Chaque personne qui participe ce projet l enrichit de sa conception du monde
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