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Ridicule. (2,35)

1. Libert galit Fraternit R PUBLIQUE FRAN AISE CH minist re ducation nationa Libert galit Fraternit ibert galit R PUBLIQUE FRAN AISE g DOSSIER 175 Avec la participation de votre Conseil g n ral Les Fiches l ves ainsi que des Fiches films sont disponibles sur le site internet www lux valence com image Base de donn es et lieu interactif ce site con u avec le soutien du CNC est un outil au service des actions p dagogiques et de la diffusion d une culture cin matographique destin e un large public Edit par le Centre National de la Cin matographie Ce dossier a t r dig par Fr d ric Strauss critique cin matographique et auteur d ouvrages sur le cin ma Michel Cyprien romancier et essayiste critique cin matographique Les textes sont la propri t du CNC Remerciements Patrice Leconte Jean Claude Bonnet Carole Hugard Arthur Mas Polygram Film International Universal pith t Cin a France 3 Cin ma Photos de Ridicule Universal pith t Cin a France 3 Cin ma Directeur de la r daction Jo l Magny R dacteur en chef Michel Cyprien Conception graphique Thierry C lestine T l 01 46 82 96 29 Impression I M E 3 rue de l Industrie B P 17 25112 Baume les Dames cedex Direction de la publication Jo l Magny Idoine production 8 rue du faubourg Poisso
2. Son voyage Versailles est en effet aussi un engagement moral pris aupr s d un enfant pour qui le roi de France est comme Dieu m me tout puissant et mis ricordieux Mais d s le volet suivant du r cit 4 on est nouveau en plein blasph me pour sa veill e mortuaire le vieillard grabataire qui a p ri sous un jet d urine est remis mort par les bons mots venimeux L opposition est donc franche entre ces gens de la Cour et Ponceludon les premiers ont d tourn l art du langage pour en faire une arme sans morale le second poss de le bel esprit mais aussi la droiture qui sont rarement r unis comme le note le marquis de Bellegarde 6 Tout le film d s lors devient un duel et la sc ne de la joute en bouts rim s 8 n en est que l illustration la plus vidente on a bien l un face face entre des beaux parleurs tricheurs et un gentilhomme plein d loquence d honn tet et d l gance Qu un v ritable duel se joue 14 ou que l affrontement s orne de masques 15 il s agit toujours de savoir si la morale de Ponceludon et son honneur seront solubles ou non dans les m urs de Versailles Seul le carton final saura nous rassurer vraiment La premi re tentative d assainissement de la Dombes fut entreprise en 1793 par la Convention l initiative du citoyen Gr goire Ponceludon ing nieur hydrographe du g nie civil Les jeux de l amour et du pouvoir Intrigue principale de Ridicule
3. l humour il passe cinq ans au magazine de bande dessin e Pilote En devenant auteur de BD il ne perd pas de vue le cin ma apprend l ellipse et la rapidit de l en cha nement des sc nes et r alise des spots publicitaires pour Pilote sous la direction de son guide Marcel Gotlib expert en bande dessin e et ardent cin phile eux deux ils signent le sc nario d une com die tr s loufoque Les V c s taient ferm s de l int rieur 1975 qui trouve pro ducteur Ce premier long m trage r alis par Patrice Leconte annonce d j deux grandes lignes de sa carri re c est un film d acteurs Jean Rochefort et Coluche duo qui fait encore r ver et ce sera un chec cuisant suivi d un triomphe reten tissant alternance qui deviendra presque famili re Ce triomphe est bien s r celui des Bronz s 1978 com die deve nue culte imm diatement suivie par Les Bronz s font du ski 1979 qui propulsent la bande du Splendid en haut de l af fiche Avec Josiane Balasko Michel Blanc Christian Clavier et les autres Patrice Leconte rencontre l humour le plus novateur de l poque une forme de com die qui s invente addition de parodie tendre et de satire piquante dont le spectateur est toujours complice Avec le soutien du producteur Christian Fechner et la complicit de Michel Blanc Patrice Leconte r alise ensuite coup sur coup trois com dies tr s populaires Viens chez moi j habite chez une c
4. cors pour Yvan Maussian et ceux du meilleur film et du meilleur r alisateur de l ann e Je n ai pas fait un autre film qui soit ce point par de toutes les gr ces r sume Patrice Leconte Christian Gasc C sars des meilleurs costumes est aussi Signore Panella tailleur de la comtesse de Blayac 1 Extraits d un entretien publi dans le num ro d avril 2003 de la revue L Avant Sc ne Cin ma consacr Ridicule 2 Ces propos de Patrice Leconte et les suivants sont extraits d un entretien in dit r alis par Fr d ric Strauss pour ce dossier En 11 F E IS 5 ia Oo ERA D AE i Gr goire Ponceludon de Malavoy Le h ros de Ridicule est n Versailles par hasard comme il l explique l abb de Vilecourt qui lui lance Courtisan de naissance Une pique laquelle Gr goire Ponceludon de Malavoy r plique On peut na tre dans une curie sans se croire cheval Versailles une curie Ce rapprochement dis tingue Ponceludon du mod le auquel on pourrait d abord le rattacher celui du jeune noble de province pouss par ambi tion sociale jusqu la Cour Ponceludon n est pas fascin par Versailles et il n y revient que pour une mission humanitaire en quelque sorte sauver la vie des paysans de la Dombes en obtenant la charge d assainir cette r gion de marais dans l Ain Mais ses armes sont fragiles Sa d termination ne va pas sans un certai
5. elle lui fait comprendre l avance qu elle a sur lui ce genre de jeu Peut tre qu en d autres circonstances j aurais t flatt e de vos tendres propos et cela ne serait pas la premi re fois que ma chambre m ne aux salons du roi I lui en faut plus pour trou ver le frisson par exemple ce d ner o elle montre qu elle n a pas perdu ses griffes et sert Ponceludon un cuisant ridi cule qui lui fait quitter la table et Versailles Ce qu elle r it rera sous une autre forme dans la derni re sc ne du film pour se venger alors des faveurs que l ing nieur r serve Mathilde de Bellegarde Ces d monstrations de cruaut sont bien s r aussi des aveux d amour Mais form e et d form e par les lois du fiel styl la mode de Versailles la comtesse n a que ce langage pour tout dire m me ses sentiments les plus sinc res les plus tendres C est ce qui fait la beaut tra gique de son personnage et du dernier plan o elle appara t Mathilde de Bellegarde Occup e ses exp riences scientifiques dans la maison de son marquis de p re elle semble toujours l cart en retrait mais occupe pourtant une place d cisive Seul personnage ne jamais jouer le jeu de la Cour lorsqu elle y para t c est pour affirmer son ind pendance et sa singularit en brisant son engagement avec monsieur de Montalieri Mathilde de Bellegarde est la seule exprimer un point de vue radicale ment critique
6. est oubli s q 1 alors qu il le laisse mort apr s ce qu il faudrait appeler un assassinat la pudeur Le r cit avance comme les r pliques fusent du tac au tac Cette impression de rapidit est accentu e par les chan gements de d cors qui peuvent faire rebondir sans cesse une situation dont le d veloppement est en fait tout fait lin aire Par exemple en 6 o le dialogue entre Bellegarde et Ponceludon se poursuit d ext rieurs en int rieurs on encore la pr senta tion du personnage de Mathilde 7 construite en quatre temps encha n s Il s agit l d un proc d de narration cin mato graphique prouv et Patrice Leconte l utilise ici fort propos comme la comtesse de Blayac et l abb de Vilecourt que la moindre discussion s rieuse plonge dans un ennui terrible le spectateur de Ridicule a le droit de n aimer que le brio Derri re cette apparence de facilit le r cit ne manque cepen dant pas de construction Un duel constant Les deux grands th mes du film sont donn s d embl e Tout d abord la folle griserie du langage de ces bons mots qui don nent le droit d exister et d ex cuter tout est dit dans la s quence 1 qui est une sorte d avertissement au spectateur Le film s ouvre vraiment en 3 avec la pr sentation du projet de Ponceludon l ass chement des marais de la Dombes qui n engage pas seulement le professionnalisme de cet ing nieur hydrographe mais sa loyaut
7. et une apparente neutralit Patrice Leconte en pointe la r alit grima ante Il s appuie ici sur un personnage et sur son interpr te pour inviter dans l atmosph re de la sc ne un sentiment de tricherie de farce sans foi ni loi Plan 23 On a retrouv Ponceludon et Bellegarde au plan 22 non repr m me valeur que le 20 avec l ger travelling avant et cette fois le provincial de la Dombes est appel il quitte le plan et la s quence Au lieu de le suivre Patrice Leconte revient en effet Vilecourt accompagn par un mouvement de cam ra descendant il s agenouille devant le baron de Gu ret toujours plong dans un profond sommeil La position de Vilecourt pourrait tre tr s pieuse mais on a compris qu ici les bonnes mani res n taient pas synonymes de bonnes intentions et on sait que l abb ne respecte rien Plan 24 Raccord dans le mouvement ce gros plan r v le la forfaiture de l abb En d chaussant le baron il expose au grand jour la g ne mat rielle de celui ci symbolis e par une chaussette trou e embarrassante l abb abandonne le baron dormeur en murmurant une formule impie Un vrai J sus et Patrice Leconte nous laisse pour ainsi dire seuls face un doigt de pied Ce gros orteil est comme le sexe de Milletail dans la s quence d ouverture il fait surgir le corps dans le monde de l esprit cf Significations et annonce en cela un d r glement Plan 26 Sans rien perdre d
8. ne pas se mettre au service de la reconstitution historique et du genre particulier qu est le film en costumes cf Gen se Ce choix induit des partis pris de mise en sc ne marqu s notamment dans les premi res sc nes du film car il s agit de signaler d embl e en d pit du d cor XVIIIe si cle la diff rence de Ridicule D s la s quence d ouverture surgit le sexe du chevalier de Milletail La volont de montrer ce vit qu il aurait t simple d escamoter n est videmment pas gratuite comme l explique Patrice Leconte R mi Waterhouse avait commenc le sc nario par cette sc ne Je me suis dit qu il fal lait tre un peu provocant d embl e pour saisir les spectateurs on entre dans le film avec quelques plans simples puis les jeux d ombre et de lumi re font ressentir une sorte de danger et soudain arrive ce gros plan sur un sexe d homme C est un petit lectrochoc a signale qu on ne doit pas s attendre voir un film en costumes comme les autres Dans les sc nes d introduction qui suivent l ouverture c est sur les dialogues que Patrice Leconte prend appui pour contre carrer les conventions du film en costumes Au moment de quitter la Dombes en toute h te Ponceludon s agenouille devant le cur qui voulant le b nir et d couvrant qu il a gard son tricorne s exclame Le chapeau voyons Peu apr s lorsque le marquis de Bellegarde rencontre le chevalier de Milletail devant la d
9. pouille de monsieur de Blayac il cl t leur change en lui disant Puis je vous prier souper Nous serions mieux devant une volaille Ces r pliques ne sont pas utilis es comme une illustration des bons mots qu on s ing nie inventer pour briller la Cour elles appartiennent tout simplement au registre de la com die La com die irr v rencieuse que Patrice Leconte peut appr cier Et les mots ici ont pour effet d ter au film en costumes ce qu il peut avoir d amidonn Le temp rament de Ridicule s impose donc rapidement ner gique presque brusque comme la marche du chevalier de Milletail et de la servante au premier plan styl mais pas guind en tout cas pas endimanch Parmi les d cisions de mise en sc ne qui installent ce climat il faut relever le mou vement de cam ra fougueux qui accompagne Ponceludon dans sa cavalcade vers Versailles La vivacit de ce plan contraste l encore avec la tradition plus contemplative du film en costumes Patrice Leconte explique comment il a d termin cette approche J tais chagrin par l id e d ex primer le trajet de Ponceludon jusqu Versailles On aurait d normalement avoir plusieurs paysages de la France montrer que c est un long voyage que Ponceludon s arr te qu il repart Je me suis dit qu on avait vu cela trop de fois J ai donc d ci d de ramener ce trajet un seul plan assez long pour que la musique s e
10. s attacher des personnages plut t qu un discours Le sc nario de Ridicule lui offre justement mieux qu une grille de lecture historique un rapport de grande proximit avec les figures de l poque De fa on plus d cisive encore c est la tonalit g n rale de l univers de Ridicule qui rencontre l esprit du cin aste Dans le m me livre de souvenirs Patrice Leconte raconte la belle aventure du film Les Bronz s 1978 avec l quipe du Splendid pointant ce qu il pouvait alors apporter ces auteurs acteurs comiques Surtout ce qui est un trait permanent de ma nature et de mes films liminer toute vulgarit Il revient ensuite sur l criture avec trois membres du Splendid du film qui suivit Les Bronz s font du ski 1979 c tait au d part un sc nario carr ment m chant Nous tions en pleine agres sivit et nous aimions beaucoup cela On voit ici deux incli nations fortes l gance d un c t impertinence de l autre Go t du poivr d go t du sal du salace le sc nario de R mi Waterhouse est une parfaite synth se de cela la fois dans l exc s et dans la mod ration ce s jour la cour de Louis XVI a en effet pour objet de m ler belles mani res et rosseries gr ce et m chancet Tout Leconte y est Contre les costumes Pour faire sien l univers de Ridicule Patrice Leconte en a ga lement rejet une partie c est l qu intervient sa d cision de
11. s vite j ai voulu m assurer que Fanny Ardant serait d accord pour me suivre et interpr ter la comtesse de Blayac Pour l abb de Vilecourt j ai d abord pens Pierre Arditi puis je me suis dit que ce serait une occasion de retrouver Bernard Giraudeau que j avais dirig dans Viens chez moi j habite chez une copine et Les Sp cialistes Je n ai essuy aucun refus C est une chance inou e mais le sc nario tait vraiment emballant Ce n est que lorsque j ai eu tout l orchestre que je me suis demand qui serait mon premier violon aucun acteur ne me semblait vi dent pour jouer Ponceludon de Malavoy J en ai donc ren contr plusieurs j ai fait des essais ce qui est tr s rare pour moi Charles Berling n tait alors pas tr s connu m me si on l avait vu dans Petits arrangements avec les morts de Pascale Ferran Son talent m a convaincu et j aimais aussi l id e de faire jouer les gens de la Cour par des vedettes et Ponceludon par un nouveau venu c tait dans la logique de l histoire un jeune noble de province que personne ne conna t arrive Versailles o tout le monde a un nom Un film tr s bien produit et r alis Le tournage de Ridicule dura 11 semaines soit tr s exacte ment 55 jours de tournage pour un budget quivalent 5 4 millions d euros pr cise Patrice Leconte l arriv e ce film qui semble tre tr s luxueux est donc presque bon march par rapport aux co ts habituels Il y a
12. 2009 Bernard Dh ran Monsieur de Montalieri N le 17 juin 1926 soci taire de la Com die Fran aise 1953 1989 il est pouss au cin ma par Sacha Guitry qui utilise son allure et sa diction dis tingu es dans Le Diable boiteux 1948 Si Versailles m tait cont 1953 Napol on 1954 Si Paris nous tait cont 1955 Ren Clair fait appel lui pour Belles de nuit 1952 et Les Grandes man uvres 1955 Il appara t toujours avec l gance dans Classes tous risques de Claude Sautet 1960 Le Capitaine Fracasse de P Gaspard Huit id Le Comte de Monte Cristo de Claude Autant Lara 1961 et en grand professionnel sait tirer son pingle du jeu dans la com die La Belle Am ricaine de Robert Dh ry 1961 Mais sa carri re est surtout th trale et t l vis e Le plus beau film de Patrice Leconte Ne nous laissons pas abuser par les costumes les perruques et les poudres qui en apparence figent les personnages dans une poque pr cise en faisant mine de les loigner de nous Ridicule pour rait parfaitement tre jou en complet veston Ou m me en tenue campagnarde tenez avec quelques fid les et pas mal de tra tres aidant un monarque r publicain gravir chaque ann e la roche de Solutr Pierre Murat T l rama n 2417 8 mai 1996 De la politique comme rapport de farces L originalit de ce film l interpr tation et la direction d acteurs irr
13. D finir les relations entre Ponceludon et Bellegarde Ressemblances diff rences et qu est ce que chacun cherche dans sa relation avec l autre e Quelle est la fonction de Bellegarde dans le r cit et la mise en sc ne du film
14. La Fille sur le pont 2000 La Veuve de Saint Pierre 2001 F lix et Lola 2002 L Homme du train 2004 Rue des plaisirs Dogora 2005 Confidences trop intimes Les Bronz s 3 Amis pour la vie 2006 Mon meilleur ami 2008 La Guerre des Miss Vid ographie Usage strictement limit au cercle familial Ridicule est dit chez Universal La plupart des films de Patrice Leconte des V c s taient ferm s de l int rieur La Guerre des Miss sont en permanence disponibles en DVD soit en magasin soit sur des boutiques en ligne soit en location dans les vid oth ques Fanny Ardant Mme de Blayac M lancolique passionn e dr le elle a son actif plus de 50 films N e le 22 mars 1949 Saumur elle suit des tudes de relations internationales avant de se tourner vers le th tre de Moli re Duras Elle est remarqu e la t l vision dans le feuilleton Les Dames de la C te Nina Companeez 1979 Fran ois Truffaut dont elle partagera la vie jusqu la mort du cin aste en 1984 l impose avec La Femme d c t 1981 puis Vivement dimanche en 1983 ann e de La Vie est un roman d Alain Resnais qu elle retrou vera L Amour mort 1984 M lo 1986 Volker Schl ndorff en fait sa duchesse de Guermantes Un amour de Swann 1983 Costa Gavras l int gre son Conseil de famille 1986 elle est une des Trois s urs de M von Trotta 1987 tourne avec Antonioni Par del les nuages 1995 Elle su
15. au nom du comte de Kahlenberg ambassadeur allemand coutumier d erreurs de lan gage effet comique le calembour est imm diatement d fini comme abus de langage qui met la langue en p ril cause de la confusion que cela implique avec l orthographe Son usage explique encore Mercier pourtant l avant garde quand il s agit de faire voluer la langue notamment en mati re de n ologismes risque d puiser les structures m mes de la langue donc ce qui en fait le moteur Jusqu aux rappeurs et slameurs Le r gne du persiflage note lisabeth Bourguinat va dispara tre avec la R volution Ce mode de fonctionne ment de la soci t mondaine qui aura aussi t une mode n tait d j pas du go t de tout le monde Si le vieux Fontenelle puis Voltaire y excell rent Jean Jacques Rousseau autant par sa Louis S bastien Mercier Bernard Le Bovier de Fontenelle Jean Cocteau par Irving Penn 1948 Fa EE e DOES Re Voltaire Diderot d Alembert La Harpe Condorcet au caf Le Procope philosophie personnelle que parce qu il tait peu l aise d non a la superfi cialit et le danger de cette n cessit de parler toujours Cela ne veut pas dire que le bel esprit dispara t lors des si cles qui suivent Il change simple ment de registre ou du moins cette manie de vouloir ridiculiser quelqu un en soci t n est elle plus la r gle et n a t elle plus l
16. bavarde et pour la cir constance collectivement ridicule des courtisans moqueurs Entretiens sur la pluralit des mondes uvre de vulgarisation scientifique de Bernard Le Bovier de Fontenelle Gabrielle Emilie Le Tonnelier de Breteuil Marquise du Ch telet sr Arnaud Desplechin et Mathieu Amalric gauche Un conte de No l Pierre Bost gauche et Jean Aurenche droite Patrice Leconte Auteur et ou r alisateur la recherche d un cin aste pour tour ner le sc nario de Ridicule les produc teurs du film ont contact quelques grands noms Claude Chabrol notam ment et leur choix s est port sur Patrice Leconte qui a accept cette offre Cette d marche est rare dans le cin ma fran ais o la plupart des sc narios ont d embl e un r alisateur puisque c est lui le r alisateur qui crit lui m me son sc nario Ces auteurs r alisateurs composent une famille extr mement vari e o l on trouve aussi bien Arnaud Desplechin Un conte de No l que Lisa Azuelos LOL Christophe Honor Les Chansons d amour que Christophe Barratier Faubourg 36 Ridicule tait d ailleurs aussi un projet d auteur r ali sateur puisque son sc nariste R mi Waterhouse voulait le mettre en sc ne lui m me cf Gen se p 4 J cris donc je filme je filme donc j cris c est presque une loi en France et Patrice Leconte l illustre galement lu
17. ce n est pas dans les salons ou dans les clubs que l on obtient de l argent mais la Cour o il faut en passer par le code des courtisans Le marquis de Bellegarde lui m me n est pas un m decin ordinaire c est un moderne qui a install chez lui un labo ratoire dans lequel il fait de l exp ri mentation teste l lectricit sur une grenouille et la compare l esprit Sa fille Mathilde est tout fait dans l air du temps elle aussi Elle est n e l ann e o monsieur Rousseau a fait para tre son mile dixit Bellegarde donc en 1762 et le marquis l a lev e en la lais sant libre de ses choix influenc sans doute par la lecture du philosophe La jeune femme a mis au point un habit hydrostatergique sur lequel elle fait des essais avec l aide de Ponceludon Ce mot hydrostatergique fait partie de ces nombreux n ologismes apparus au XVIIIe si cle mais il n a pas surv cu C est celui de scaphandre attest d s 1767 dans le sens de ceinture de sau vetage puis d signant en 1775 un v tement permettant de se soutenir sur l eau qui s est impos en 1796 comme appareil de plong e individuel Dans un autre domaine on assiste dans Ridicule au r sultat des recherches de l abb de l p e 1712 1789 cf Infos p 19 sur le langage des signes par une d monstration de jeunes sourds muets qui ironie du film cloue litt ralement le bec la suffisance
18. d pens du baron de Gu ret rencontr le matin m me chez le g n alogiste II progresse aussi c t c ur avec des caresses qui laissent Mathilde sans voix avant que monsieur de Montalieri les surprenne la Cour Bellegarde et Ponceludon affrontent la comtesse de Blayac et l abb de Vilecourt dans un concours de bouts rim s Ponceludon surprend la tri cherie de la veuve mais ne la d nonce pas Il prend ainsi un avantage sur elle tout en continuant flir ter avec Mathilde pour qui il se jette l eau sans savoir nager 9 Oh 42 51 Le pouvoir de madame de Blayac Chez le g n alo giste Ponceludon obtient ses certificats comme par enchantement Il lui est conseill de remercier la comtesse de Blayac aupr s de qui il se rend aussi t t flatteur mais maladroit 10 Oh 47 52 Plus pr s du roi Dans les salons de Versailles les sol liciteurs sont choisis par le roi Ponceludon est appe l Le baron de Gu ret est lui victime d un tour pendable de Vilecourt et se pend 11 0h 52 23 Le noir pouvoir de la comtesse de Blayac Elle exige que Bellegarde renvoie Paul le sourd muet qui l a fait tomber de cheval Mathilde tente sans succ s d infl chir cette d cision La comtesse de Blayac d couvre la beaut de la jeune fille l abb de Vilecourt qui s inqui te du succ s de Ponceludon la comtesse promet que celui ci n arrivera jamais jus qu au roi l ayant convi un d ner d
19. d autres portes et Ponceludon est choisi parmi un parterre de courtisans pour participer une c r monie donn e par le roi C est bient t un autre traitement que lui r serve la comtesse pour freiner son ascension elle le couvre de ridicule lors d un d ner disgr ce sans appel la Cour Ponceludon repart alors dans sa province abandonnant Mathilde avec qui il flirtait et qui tait finalement pr te l aimer Mais c est la comtesse de Blayac qui le fait revenir Versailles d cid e prendre Ponceludon pour amant elle arrange sa rencontre avec le roi Brillant toujours trop l ing nieur se fait un ennemi du responsable des ouvrages militaires qu il affronte en duel Il en sort vainqueur mais rejoint ensuite Mathilde au lieu de retourner aupr s de la comtesse de Blayac Celle ci lui r serve alors une humiliation encore plus d cisive Couvert de ridicule Ponceludon garde pourtant la t te haute et c est le ridicule des m urs de la Cour qu il cons pue avant de tirer sa r v rence emmenant Mathilde avec lui 1 L ann e exacte n est pas donn e Le sc nariste du film explique pourquoi dans Mise en sc ne et significations p 13 RIDICULE PATRICE LECONTE LE R ALISATEUR GEN SE DU FILM PERSONNAGES D COUPAGE S QUENTIEL DRAMATURGIE ANALYSE D UNE S QUENCE MISE EN SC NE amp SIGNIFICATIONS RETOURS D IMAGES INFORMATIONS DIVERSES DANS L ESPRIT DU XVIIIe SI CLE AUTEUR ET OU R ALI
20. de la mise en sc ne Je ne voulais pas que les sir nes du dix huiti me si cle me d tournent de ma mission faire un bon film Sans juger lui m me la mise en sc ne de Ridicule dont nous pouvons clairement souligner la qualit Patrice Leconte reconna t y avoir apport un soin particulier Ce sc nario mis en sc ne d une mani re ordinaire aurait de toute fa on donn un bon film mais je ne voulais pas me contenter de cela Je ne pr tends pas avoir trouv chaque fois les bonnes solu tions mais j ai essay de me poser les vraies questions de mise en sc ne pour que le rythme y soit pour qu il y ait du style Une carri re royale Le prologue du livre de souvenirs de Patrice Leconte Je suis un imposteur Flammarion 2000 s ouvre sur une date Lundi 24 mars 1997 C tait cette ann e l le jour de la c r monie des Oscars M me si Ridicule n en sortit pas vain queur le prologue du livre s intitule Le tr ne de sable sa nomination pour l Oscar du meilleur film tranger couronnait une carri re exceptionnelle marqu e par un grand succ s public en France et dans d autres pays une critique plus qu enthousiaste et au moins deux autres temps forts L ouverture du Festival de Cannes 1996 et la c r monie des C sars 1997 tr s favorable au film qui avait recueilli neuf nominations et obtint quatre r compenses les C sars des meilleurs costumes pour Christian Gasc et des meilleurs d
21. en 2003 et l on plonge dans la science fiction La Guerre des toiles en 1977 Aux C sars le film d poque est largement majori taire aussi Notons que la costumi re Franca Squarciapina est c saris e 1991 et oscaris e 1990 pour le Cyrano de J P Rappeneau On remarque Dominique Borg en 1989 pour Camille Claudel de Bruno Nuytten et en 2002 pour Le Pacte des loups de Christophe Gans Dans la liste le contemporain Pas sur la bouche de Resnais 2004 est bien isol a oae 4 N Tiat 1 Sacha Guirty en Louis XIV dans Si Versailles m tait cont 1953 Voltaire LES PASS Auteur et ou r alisateur Fa D NW Fran ois Truffaut et Jean Pierre Leaud gauche L Amour en fuite r Alfred Hitchcock Les oiseaux Dans l esprit du XVIIIe si cle Ridicule se situe la veille de la R volution fran aise et fournit un ven tail assez large de donn es qui refl tent du point de vue du langage et des id es les mentalit s et les comporte ments d un Si cle des Lumi res certes finissant mais qui a fait son uvre Le langage et ses bons mots Je classe tous les mots d esprit dans ce carnet dit Bellegarde Et lorsque le roi descend un escalier ext rieur du ch teau un courtisan lui dit pour le rassurer sur une bonne formule Non Majest c est un jeu de mots Car comme a pr venu aussi Bellegarde Jamais de c
22. la noble mission de Ponceludon subit les tropismes de la Cour et doit donc s adapter se refor muler Assainir la Dombes devient Voir le roi et en tre vu On passe l du c t des intrigants des coups fourr s qui vont se multiplier partir de la tricherie aux bouts rim s 8 d ner ou bal pi g s 11 15 embuscade au saut du lit en d fa veur de Ponceludon 13 ou dans les jardins de Versailles en sa faveur 14 Une com die du pouvoir que r sume la sc ne o l il du roi se dissimule dans un tableau 10 cf Analyse d une s quence et que viennent alimenter des baisers de salon des treintes d alc ve secr tes 11 De tous ces jeux lucubrations d ambitieux la Mort bel et bien r elle 14 vient soudain faire clater la terrible vanit et le discours de Ponceludon 15 sonne le glas C est du m me coup tout Versailles qui dispara t ses dorures et ses fausses valeurs empor t es par l Histoire comme un chapeau au vent 16 ANALYSE D UNE S QUENCE Premi re partie de la s quence 10 Oh 4251 Plus pr s du roi Dans les salons de la Cour La trag die d un homme ridicule Plan 1 Un plan portrait cf Retours d images ouvre cette s quence avec laquelle Patrice Leconte rassemble le propos de Ridicule la parade des courtisans voulant pour gagner leur paradis s attirer les faveurs d un roi ce qui les conduit en enfer Illustration par l exemple av
23. par Jean Claude Bonnet Gradus les proc d s litt raires de Bernard Dupriez 1980 Union G n rale d ditions coll 10 18 Dictionnaire de la langue fran aise d mile Littr Dictionnaire historique de la langue fran aise sous la direction d Alain Rey dition petit format de 1998 Dictionnaires Le Robert L Encyclop die de Diderot et d Alembert Il faut laisser maisons et jardins de Marcel Schneider 2009 Grasset Le r le de l abb de l p e La surdimutit est une perte de l usage de la parole provoqu e par une surdit cong nitale ou pr coce dit Le Petit Larousse Longtemps les sourds muets ont souvent t rel gu s avec les handicap s mentaux et exclus de la soci t Montaigne rapporte pourtant dans les Essais Livre Il ch 12 Nos muets disputent argumentent et content des histoires par signes Les pr misses d une ducation ont lieu en Espagne au XVIe si cle initi es par le moine Pedro Ponce de Leon Au XVIIe Anglais Hollandais et Allemands ont des avis diff rents sur le bien fond d un langage bas sur des gestes naturels Rien d tonnant donc que le XVIIIe si cle dans la continuation de la curiosit de la Renaissance et de l humanisme d couvre que les sourds muets sont aussi intelligents que les entendants et parlants Autour de 1760 dans son Histoire naturelle Buffon 1707 1788 crit M Rodrigue Pereire portugais ayant cherch l
24. plusieurs explications J aime d penser l argent au plus juste je tourne relativement vite sans glandouiller et le film a t tr s bien produit Faute de pouvoir acc der librement au ch teau de Versailles o ne seront tourn es que des sc nes d ext rieur dans les jardins l quipe en r invente les int rieurs en utilisant plusieurs autres ch teaux trouvant un salon ici une envol e d escaliers l un couloir ailleurs Cette m thode convient Patrice Leconte qui veut mettre les d cors d poque au service du film et non l in verse Je ne voulais pas faire un film de gardien de mus e Photo de tournage Patrice Leconte Fanny Ardant et Jean Rochefort un film tellement au service de la v rit historique que cela en deviendrait scl rosant Une marquise qui descend d une cal che et qui entre dans un ch teau je n avais jamais film a de ma vie J aurais pu m en repa tre Mais ce qui tait nou veau pour moi ne le serait de toute fa on pas pour les spec tateurs les gens se foutent des marquises de cin ma ils connaissent a par c ur J allais donc au tournage en me r p tant Je ne fais pas un film en costume je ne fais pas un film en costumes Je ne me suis d ailleurs absolument pas document sur le dix huiti me si cle car j tais entour de collaborateurs qui s occupaient de cela et qui je pouvais faire toute confiance Moi je m occupais des personnages des situations
25. resse madame de Blayac apprend que Ponceludon est parti avec Mathilde Celle ci d clare son amour Ponceludon qui retourne Versailles mais n est plus re u cause de la mort de monsieur de Chevernois Mathilde lui conseille de quitter la Cour Mais il accepte une invitation un bal masqu C est un pi ge orchestr par la comtesse de Blayac un croc en jambe met Ponceludon terre ridiculis Mais il se rel ve et son discours sur la vraie valeur des choses lui rend sa dignit face une assembl e de courtisans artificiels La comtesse de Blayac tombe le masque et ne cache plus son d sespoir 16 1h 33 38 pilogue et g n rique de fin 1794 R fugi en Angleterre le marquis de Bellegarde voque pour un lord local la vie de sa fille et de Ponceludon qui vivent dans la Dombes loin des tourments de la Terreur Un chapeau qui s envole donne Bellegarde l occasion de comprendre ce qu est le bel esprit que de ce c t de la Manche on appelle l humour Dur e totale DVD 1h 42 DRAMATURGIE Une intrigue et des intrigants Du brio avant toute chose La fluidit et l l gance caract risent le r cit de Ridicule men sur un rythme vif tout s encha ne et jusqu la fin on danse encore au risque de se retrouver par terre Les bonnes mani res et les mauvais coups se m lent se confondent presque ainsi Milletail avertissant la servante que dans sa joie monsieur de Blayac s
26. salon de Mme R camier ni Cocteau faisant de ses propos des feux d artifice Il n avait pas une conversation blouissante comme la comtesse de Noailles la princesse Bibesco ou l amie de Proust Mme Straus C tait l poque o ces dames tenaient le d de la conversation et ne le l chaient pas ni pour boire ni man ger Les mots dr les subtils perfides m chants parfois leur tenaient lieu de nourriture C est un genre de prouesse qui n existe plus aujourd hui Les pol mistes f roces de la Ille R publique et les chansonniers ont aussi leur fa on perp tu la culture des bons mots et des formules inven tives jusqu aux jeux sur le langage des titres de la presse contemporaine ou de certains rappeurs et slameurs qui pro longent dans leur style propre les joutes oratoires Un l ment cependant est d importance le ridicule qui n est plus au centre du jeu m me s il n est pas forc ment hors jeu ne tue en prin cipe plus Le bouillonnement des id es Vous enviez l esprit mordant de mon sieur Voltaire Le grand homme aurait pleur lui car il tait d une ridicule sen sibilit au malheur humain dit Ponceludon dans Ridicule apr s avoir t ridiculis On sait en effet que Voltaire 1694 1778 prit tr s t t parti contre l in tol rance et l injustice Ses contes philo sophiques tel Candide son engagement dans l erreur judiciaire Calas sa colla boration l En
27. tr s bien Tout tait bien construit pr cis tous les personnages taient parfaitement dessin s et l esprit des dialogues faisait mouche d une mani re tourdissante Pour reprendre une formule de Jean Rochefort c tait une esp ce de western Versailles dans lequel les colts avaient t remplac s par des mots d es prit Cela dit l envie qu un tel sc nario peut susciter C tait tr s motivant aussi pour moi en termes de mise en sc ne Je me trouvais face un univers enti rement nouveau je me deman dais comment j allais m y prendre si j allais savoir le faire et a rendait vraiment l aventure excitante Patrice Leconte prend donc les commandes du film mais doit d abord r aliser un autre projet d j programm Les Grands Ducs Cinq semaines seulement s pareront la fin du tournage de l un du d but du tournage de l autre et les deux films sor tiront quelques mois d intervalle Les Grands Ducs le 21 f vrier 1996 et Ridicule le 9 mai Des com diens de premier choix Patrice Leconte tablit lui m me la distribution du film une pratique qu on ne retrouve pas forc ment chez d autres cin astes pr f rant valider ou non des propositions qui leur sont faites mais qu il juge comme allant de soi Si ce n est pas le r alisateur qui fait le casting o va t on J ai constitu mon orchestre petit petit Je savais que Jean Rochefort tait partant pour jouer le marquis de Bellegarde Tr
28. Huit 1960 Cartouche de Philippe de Broca 1961 Ang lique marquise des Anges et Ang lique et le Roy de Bernard Borderie 1964 et 1965 Il retrouve De Broca Les Tribulations d un Chinois en Chine 1965 Le Diable par la queue 1968 Le Cavaleur 1978 Du Grand blond avec une chaussure noire 1972 Courage fuyons 1978 il tourne six fois avec Yves Robert Bertrand Tavernier lui donne des r les mar quants dans L Horloger de Saint Paul 1973 Que la f te commence C sar 1976 du meilleur second r le Il tourne en 1976 Les V c s taient ferm s de l int rieur de Patrice Leconte et son interpr tation dans Le Crabe Tambour de Pierre Schoendoerffer lui vaut le C sar 1978 du meilleur acteur Il accepte des films moins faciles comme Un trange voyage d A Cavalier 1980 retrouve Leconte dans Tandem 1986 Le Mari de la coiffeuse 1990 Tango 1993 Les Grands ducs et Ridicule 1996 L Homme du train 2002 Il obtient un C sar d honneur en 1999 Bernard Giraudeau L abb de Vilecourt N le 18 juin 1947 La Rochelle Charente Maritime il passe six ans dans la marine avant d en trer au Conservatoire premier prix de com die classique et moderne Il d bute en 1971 au th tre qu il n a jamais abandonn et au cin ma en 1973 avec Jos Giovanni Deux hommes dans la ville Patrice Leconte lui donne un beau r le dans Viens chez moi j habite chez une copine 1980 de m me que Jean Char
29. Plan 31 Pendant que Gu ret poursuit off sa lamentation accusatrice on revient sur Bellegarde il a t le t moin neutre de toute la s quence mais le spectacle lui renvoie maintenant l image de sa propre compromission dans ce syst me auquel chacun souscrit lui m me par exemple en poussant Ponceludon faire partie des lus Le marquis retire alors sa perruque l effet sera repris la fin du film avec la comtesse de Blayac retirant son masque Dans les deux cas il s agit d une reddition les personnages renoncent la repr sentation au mensonge Mais un peu tard Plan 33 La main du marquis s est pos e sur l paule du baron plan rapproch 32 non repr et tous deux quittent vraiment la sc ne Pour cet effet gla ant Patrice Leconte utilise une musique dramatique apparue discr tement au plan 31 mais surtout le d cor il tait toujours tr s plein il est maintenant terriblement vide Le m me contraste sera repris dans la sc ne de la disgr ce de l abb de Vilecourt soudain les personnages sont cern s par le vide de Versailles la vacuit de ce monde sans piti et qui sent la mort Celle du baron est bien annonc e MISE EN SCENE amp SIGNIFIGATIONS Avec et contre un excellent sc nario Avec R mi Waterhouse Avec Ridicule Patrice Leconte portait pour la premi re fois l cran un sc nario qui ne lui devait rien pas m me une col laboration cf Passerelles Auteur et ou r a
30. SATEUR RELAIS PISTES DE TRAVAIL Fr d ric Strauss Michel Cyprien A N 13 16 17 21 24 25 LE R ALISATEUR Patrice Leconte inventeur de prototypes Patrice Leconte photo Jean Paul Dupuis Sur Patrice Leconte il faut d abord lire ce qu crit Patrice Leconte le cin aste a en effet trac son propre portrait dans un livre tr s recommandable intitul Je suis un imposteur Le titre est peine une provocation au fil des souvenirs d une carri re revisit e avec vivacit pointe un exercice d autocri tique tonnant Je ne parviens pas me consid rer comme un cin aste important crit Leconte Ou encore Je n ai sinc rement pas pour objectif de figurer dans les futures his toires du cin ma ni que mes films passent la post rit Le ton loigne les accusations de cruaut complaisante de faus se modestie Leconte ne semble guid que par un souci de v rit Ce m me souci force noter un autre passage des confessions de cet imposteur Aussi loin que je remonte dans mes souvenirs d adolescent je ne distingue rien d autre que le d sir ent t de faire du cin ma S exprime l une passion cat gorique Le cin ma de Leconte se situe en fait entre ces deux constats une certaine mod ration art du mode mineur y est parfois l uvre mais l originalit de la forme du ton la sensibilit aux personnages leurs interpr t
31. alembours on les m prise Versailles le calembour teignoir de l esprit Ce quoi Ponceludon r plique Voltaire ma lecture de chevet Sans doute n a t on pas attendu le XVIIIe si cle pour cultiver l art du langage et faire de l esprit D s l Antiquit Plaute use du jeu de mots effet comique et surtout Martial dans ses pigrammes dont le but est d pingler quelqu un en d cochant une pointe par des phrases courtes hach es un esprit aigu avec un style simple tout en plaisant aux grammairiens On retrouve ces qualit s dix huit si cles plus tard chez Voltaire roi de l pigramme et r f rence du bel esprit au temps des Lumi res L erreur serait de dissocier cette pratique du bel esprit m me si au fil des d cen nies on aboutira cet avatar de la Cour d connect des r alit s et qu illustre bien le film de tout le mouvement des Lumi res qui partant d un fond com mun de bouillonnement philosophique des id es affecte concr tement la litt rature et les sciences les arts le con texte socio politique cela conduit la R volution Dans l art du langage qui marque celui de la conversation au XVIIIe si cle autant dans les salons et clubs qui fleu rissent qu la Cour qui se scl rose on voit s installer un usage intensif des mots d esprit inh rent un comportement le persiflage Ce terme caract rise ce si cle n h site pas dire
32. autant que chez Rabelais Montaigne puis Spinoza se r v le donc comme tout un ensemble en mouvement qui met mal tout le monde ancien l closion d un v ritable esprit critique philoso phique fait craquer les id es sur le pou voir politique et sur l emprise du religieux donc sur l esprit juridique et ouvre les perspectives d une autre so ci t de droit L esprit scientifique La foi dans le progr s scientifique est pla c e sous le signe de la foi en la raison qui est le credo des Lumi res Il faut tout examiner tout remuer sans excep tion et sans m nagement crit le g o m tre d Alembert dans son Discours pr liminaire l Encyclop die dont la parution s chelonna de 1751 1772 Le r gne de la r v lation est termin place l observation et l exp rimentation cri tiques l empirisme la r flexion Dans Ridicule la d marche de Ponceludon participe de l esprit nouveau Il est f ru de progr s social comme l tait le m de cin de campagne d Un m decin des Lumi res excellent film t l vis de Ren Allio 1988 sur F3 Jeune noble de pro vince il a cependant la formation et les comp tences modernes d ing nieur hydrographe Il veut ass cher des marais insalubres pour sauver les vies de ses sujets soumis des eaux putrides qui provoquent des maladies l poque mortelles II ne lui manque que les moyens et c est pour cela qu il est Versailles car
33. bannir de vos propos Formulez des saillies spirituelles fines promptes et malveillantes alors votre pays gu rira de ses plaies lui dit le marquis Il respecte donc les lois de Versailles par int r t c est l homme du compromis heureux de marier sa fille un vieillard pourvu qu il soit fortun Ce n est cepen dant pas l homme de la compromission sa verve sa prestance expriment un souci constant de ne pas tomber dans la bas sesse I se veut finalement spectateur prisant ou m prisant le spectacle de la Cour c est toujours en retrait qu il le fait lais sant Ponceludon s exposer la gloire ou aux gadins la fois guide et spectateur dans Ridicule le marquis de Bellegarde est aussi notre guide nous spectateurs du film cf Analyse d une s quence p 10 12 La comtesse de Blayac Elle entre dans le film en rev tant une robe de deuil comme un habit de reine superbe image qui nous dit d embl e son pouvoir s duisant et noir son immoralit aussi On la retrouve ensuite disputant une partie de dominos dans un salon la comtesse est une joueuse Et une tricheuse comme nous l ap prendra la sc ne des bouts rim s Elle a en somme tous les d fauts qu il faut pour faire sa place dans le monde impi toyable de Versailles et pour la garder Son cynisme d intri gante est d j devenu routine Voyant Ponceludon lui faire la cour apr s avoir obtenu gr ce elle ses titres de noblesse
34. blime les clich s de P dale douce G Aghion 1996 ann e de Ridicule de Leconte qui lui vaut le C sar 1997 de la meilleure actrice Elle tincelle dans Le D ner E Scola 1998 8 femmes de Fran ois Ozon 2001 et sauve du ridi cule Callas forever de Zeffirelli 2002 Elle r alise en 2009 Cendres et sang qu elle a adapt d un essai d Ismail Kadar Eschyle ou le grand perdant Charles Berling Ponceludon N le 30 avril 1958 Saint Mand Val de Marne form au th tre il d bute au cin ma en 1981 perce en 1994 dans Petits arrangements avec les morts de Pascale Ferran et enfin gr ce Ridicule I montre un go t pour les situations ambigu s et troubles dans Nettoyage sec et Comment j ai tu mon p re Anne Fontaine 1997 et 2001 L Ennui C dric Khan 1998 La Com die de l innocence R Ruiz 2000 L Homme de sa vie Z Breitman 2006 Il tourne trois fois avec Olivier Assayas Les Destin es sentimentales Demonlover et L Heure d t 2000 2002 et 2007 la t l vison il incarne Jean Moulin 2002 et Robert Badinter L Abolition 2009 Jean Rochefort Marquis de Bellegarde Pr s de 110 films du th tre et des films de t l vi sion l aise dans tous les registres il entretient aussi un haras il est n le 19 avril 1930 Dinan Il se fait une place dans le cin ma populaire des ann es 60 gr ce des films d action costum s Le Capitaine Fracasse de Pierre Gaspard
35. bouille du baron balance entre tragique et comique Ce plan pourrait presque tre un dessin Parfois le dessin et le visage se superposent se confondent le masque stylise alors davantage encore le portrait ne gardant que les principaux traits ici ceux de Ponceludon image 4 1h 31 08 Leconte qui fut auteur de BD aborde aussi les personnages par le d tail insolite utilisant des figures purement visuelles pour dire la beaut gracieuse d une comtesse image 5 06 18 ou pour pointer l in vitable ridicule qui s illustre jusqu au ras du parquet quand le roi re oit un Sioux image 6 51 05 Ce roi sourd la r alit de son pays le voici tout trac r sum une silhouette image 7 1h 18 18 Si le trac du dessin s anime c est une figure trange et cocasse qui appara t un anc tre du scaphandre dont Patrice Leconte tire les meilleurs effets image 8 5233 Dans Ridicule l esprit n est donc pas seulement celui des mots il passe l image Ridicule Titre original Ridicule Production Epith te Films Cin a France 3 Cin ma Le Studio Canal CNC Producteurs Philippe Carcassonne Fr d ric Brillion R alisation Patrice Leconte Sc nario et dialogues R mi Waterhouse avec lacollaboration de Michel Fessler et Eric Vicaut Directeur de la photographie Thierry Arbogast Ing nieur du son Paul Lain Montage Jo lle Hache Musique Antoine Duhamel Costumes Christian Gasc D cors Ivan Ma
36. com die assez verte rire jaune Chaque film est un prototype une machine explorer un monde part qu il soit litt raire Le Parfum d Yvonne 1994 int ressante adaptation de Modiano ou tr s populaire Une chance sur deux 1998 variation sur le cinoche familial Je n ai jamais voulu me laisser enfermer dans quoi que ce soit J ai le go t de la libert viss en moi et aussi le go t pour des projets que je ne suis pas s r d embl e de savoir faire dit Leconte2 La publicit est son autre laboratoire id es de cin ma avoir r alis plusieurs centaines de spots tout au long de sa carri re lui a permis de tout essayer Si les m langes par fois vous explosent au visage c est aussi la seule mani re d ex plorer sans fin1 L artiste libre Le go t de la libert Patrice Leconte le cultive vraiment apr s Ridicule fort d un statut de cin aste au talent d finitivement reconnu il se voit confier des projets de grande envergure La Veuve de Saint Pierre 1999 tout en continuant se consa crer des films plus personnels plus secrets Confidences trop intimes 2003 Avec son nouveau complice Daniel Auteuil il confirme en trois films La Fille sur le pont 1998 La Veuve de Saint Pierre 1999 Mon meilleur ami 2006 l importance des figures masculines dans son univers cin matographique Il y voit l influence de r alisateurs qu il a beaucoup aim s Gr millon Becker Yves All g
37. cyclop die en font un per sonnage central du si cle Persona non grata la Cour o il a dit un jour son amie madame du Ch telet qui perdait de l argent au jeu Vous jouez avec des fripons il fr quente plut t le caf Procope o viennent Fontenelle et Diderot C est l comme dans les salons de Mme du Deffand o l on voit Montesquieu ou de Mme Geoffrin fr quent par les Encyclop distes que sou tient aussi Mme de Pompadour que les id es avancent Fontenelle 1657 1757 justement a t d s le XVIIe si cle l avant garde dans le domaine scientifique en faisant de la vulgarisa tion On notera l importance des femmes qui comme la comtesse de Blayac dans Ridicule aiguillonnent la soci t Et Fontenelle publie encore en 1752 une Th orie des tourbillons car t siens sans se d partir cependant du pressentiment que si la science pro gresse l homme ne progresse pas un d senchantement que d autres grands esprits partageront d s la seconde moi ti du si cle Voltaire lui m me sous l gide de Mme du Ch telet que l on consid re alors comme la femme la plus savante en mati re de sciences s int resse aussi au progr s scientifique Ses l ments de la physique de Newton vul garisent tout comme Microm gas l en gouement pour cette science en marche Le Si cle des Lumi res dont les pr misses puisent leurs racines dans l esprit florentin de la cour des M dicis
38. e dans Ridicule l esprit est deve nu fou Les invit s de la comtesse le prouvent qui pendant ce d ner rivalisent de bons mots sans aucune consistance La parole gris e par la parole se nourrit d elle m me et tourne en rond maladivement Le chevalier de Milletail r p tera la fin du film l affront dont il avait t victime et qu il tait venu laver dans la premi re s quence L abb de Vilecourt se lais sera prendre au pi ge de sa propre verve et se perdra en s abandonnant une extase verbeuse devant le roi Cette parole folle vid e de son sens est devenue une m canique La sc ne des bouts rim s porte le m me sens ce qu on pr tend tre inspiration n est plus que prouesse de perroquet Avec le marquis de Bellegarde c est une victoire diff rente que le corps remporte sur l esprit le cerveau de ce m decin devient calleux et fragilise sa belle loquence Ainsi Ridicule d crit avec pr cision un univers o la parole est tout comme dit le bourreau dans le r ve de Ponceludon Un bon mot et tu as la vie sauve tout en nous rappelant sans cesse que la parole n est pas tout Pour Patrice Leconte il y a l une possibilit d exprimer un d sir qu il serre tout au long de son film ne pas filmer que des bons mots ne pas tre au seul service des dialogues mais tre aussi du c t des corps dans l incarnation la vitalit des personnages Dans la sc ne o le roi re oit un Peau Rou
39. e de l introduire la Cour Mais le marquis lui conseille de rentrer chez lui 6 0h 14 39 C est le bel esprit qui ouvre les portes Ponceludon fait son apparition la Cour et r ussit en quelques r pliques attirer l attention de la comtesse de Blayac et de l abb de Vilecourt Impressionn Bellegarde offre Ponceludon de l h berger et de l aider vraiment Dans un salon o un baron tente d expliquer ce qu est l humour anglais Ponceludon fait un nouveau bon mot Bellegarde commente cette belle r plique et poursuit l initiation de son prot g 7 0h 23 06 Mathilde Mathilde la fille du marquis revient dans la demeure familiale et rencontre Ponceludon Pr ceptrice chez monsieur de Montalieri elle accepte de signer avec lui un contrat de mariage qui pren dra effet quand l pouse mourante du vieillard sera vraiment teinte Chez son p re Mathilde teste un scaphandre avec l aide de Ponceludon qui elle confie qu elle ne croit pas l amour Mais en dan sant avec lui elle laisse le charme op rer 8 0h 28 00 Le c ur et la raison Versailles Ponceludon ren contre un g n alogiste qui le laisse sans espoir Invit s un d jeuner Bellegarde et Ponceludon font en chemin la connaissance de l abb de l p e il parle de l cole qu il a cr e pour les sourds et muets comme Paul le fils de la servante du marquis Au d jeuner Ponceludon brille en lan ant un bon mot aux
40. e gens d esprit elle use d une ruse sensuelle Ponceludon perd la t te et la face 12 1h 01 37 Ruptures Ponceludon rentre dans la Dombes aban donnant Mathilde qui s est jet e son cou Elle m me change tout ses plans en apparaissant la Cour rompant son engagement avec monsieur de Monitalieri Dans la Dombes la mort du petit L onard rappelle Ponceludon sa promesse 13 1h 06 55 La valse des amants Se grisant de mots devant le roi l abb de Vilecourt tombe en disgr ce et la comtesse de Blayac l abandonne son triste sort Elle crit Ponceludon et se donne lui quand il la rejoint pre nant soin d inviter Bellegarde son chevet au matin pour qu il sache qu elle poss de celui que Mathilde aime Se rendant la Cour avec sa ma tresse pour voir l abb de l p e faire la preuve de l intelligence des sourds et muets Ponceludon d couvre que Mathilde avait rompu son engagement 14 1h 16 55 Le roi enfin la mort d j Gr ce la comtesse de Blayac Ponceludon rencontre le roi dans les jardins de Versailles Leur change se d veloppe de fa on prometteuse mais en prodiguant des conseils sur l ar mement devant monsieur de Chevernois Ponceludon s attire les foudres de celui ci Ne supportant l injure Ponceludon lui demande raison les deux hommes s affrontent en duel Ponceludon sort vainqueur 15 1h 25 17 Ou bien l amour ou bien Versailles Bafou e venge
41. e sa majest l abb a jet la chaussure du baron au feu plan 25 non repr Patrice Leconte fait surgir la chaussure en gros plan comme l orteil pr c demment ce rapprochement est une m tonymie dans la langue du cin ma Autrement dit ce plan sur la chaussure qui br le nous dit que c est le baron qui est jet dans les flammes Ce sont bien s r celles de l enfer le seul auquel peut croire un abb comme Vilecourt l enfer du ridicule Il est la toile de fond de tout le film la menace qui y plane et ici on en voit le feu f roce Plan 27 l abb a surgi derri re l huissier tel un pantin moqueur tel l histrion qu un archev que l accusera d tre dans la sc ne de sa disgr ce Il appelle le baron de Gu ret comme si celui ci faisait enfin partie des lus Nous voil vraiment en pleine farce dans une pitrerie presque rudimentaire qu il faut rapprocher du croc en jambe dont sera victime Ponceludon la fin du film un tour de cochon simplet Les m urs de la Cour sont au fond de ce niveau Ce qui reste sophistiqu c est l effet du tour en question l claboussure de ridicule qui s ensuit grandiose Plan 28 Finalement r veill Gu ret entre pour de bon dans la s quence au moment o elle est sur le point de se terminer Savoureux personnage compl tement d cal il est en retard il est induit en erreur par Vilecourt il d couvre qu il lui manque une chaussure Cette accumulation d emb ches fai
42. ec le baron de Gu ret Depuis quand attend t il le roi depuis quand l esp re t il Il a fini par s endormir Ce n est sans doute pas la premi re fois qu on le trouve l Avec lui on entre dans l ternit de Versailles o r gne un ordre immuable qui veut l tre en tout cas Plan 2 Un l ger travelling avant nous rapproche de Ponceludon et de Bellegarde en pleine conversation Il est question de Mathilde qu on a quitt e la s quence pr c dente Patrice Leconte cr e un effet de continuit naturelle gr ce au dialogue qui souligne ici la routine d j point e par le plan 1 attendre le roi n emp che pas qu on parle de ses petits soucis de c ur qu on s panche sur sa vie Une suite de champs contrechamps sur Ponceludon et Bellegarde plans rapproch s 3 4 et 5 non repr installe dans la dur e ce climat rendu familier Plan 6 Patrice Leconte nous d voile un peu cette salle d attente de Versailles remarquons qu il n a pas commenc par montrer ce d cor qu il ne l a pas mis en avant pour souligner ce qu il a d exceptionnel On voit l sa volont de tourner Ridicule comme s il ne s agissait pas d un film historique Versailles ne passe pas avant les personnages Et le d cor n a pas ici une fonction d corative il exprime l ordre la docilit des courtisans pareils de petits coliers sur les bancs d une cole Enfin ce plan dessine la profondeur de la pi ce qui sera utili
43. ersailles 1 0h 00 00 Le ridiculis tue Le chevalier de Milletail est introduit chez monsieur de Blayac dont un bon mot f roce le couvrit de ridicule et le for a l exil des ann es plus t t Milletail prend sa revanche en faisant pipi sur le vieillard qui s en poumone en mourir 2 0h 02 07 G n rique 3 0h 03 21 La promessse de Ponceludon Dans les marais de la Dombes les paysans attrapent la mort Gr goire Ponceludon de Malavoy promet au petit L onard de tout changer en construisant des digues et des canaux et d aller Versailles pour cela 4 Oh 06 04 Gens de Cour La comtesse de Blayac se pare de sa robe noire de veuve pendant que devant la d pouille de son mari Milletail et le marquis de Bellegarde changent de bons mots Ponceludon les croise en arrivant Chaussures crott es aux pieds il rencontre la comtesse et son ami l abb de Vilecourt sourires mordants aux l vres 5 0h 08 16 Les d convenues de Ponceludon Victime du bri gandage qui r gne pr s de Versailles Ponceludon est recueilli par Bellegarde Le marquis m decin avertit le jeune ing nieur hydrographe des autres difficult s qui l attendent la Cour o beaucoup de projets comme le sien ont fini aux oubliettes Ponceludon obtient de fait des rendez vous qui ne font que lui fermer les portes notamment avec le responsable des ouvrages militaires monsieur de Chevernois Ponceludon supplie Bellegard
44. es et le plaisir de la mise en sc ne du cadre travaillent aussi ses films et sur le mode majeur Le r veur Venu au monde le 12 novembre 1947 Patrice Leconte int gre un petit cocon o il vivra prot g la maison familiale de Tours Son p re est un m decin mordu par la passion du cin ma Existence normale conventionnelle presque et faim d imaginaire le petit Patrice h rite de ce m lange singulier D s l enfance il devient homme de spectacle dessinant fil mant crivant jouant r vant sans cesse D une certaine fa on je n ai v cu que dans un monde partiellement imagi naire crit Patrice Leconte dans son livre Sans fuir la r alit je me sens mieux dans la r verie c est dire dans les films D o peut tre ce go t des univers clos o il posera souvent sa cam ra qu on pense Monsieur Hire 1989 ou une com die de chambre comme Mon meilleur ami 2006 M me Ridicule illustre cette tendance C est un film qui raconte une poque mais dans un monde totalement d con nect de la vie quotidienne et du peuple R mi Waterhouse le sc nariste a cr ce monde part et je m y suis trouv abso lument dans mon l ment dit Patrice Lecontez L amuseur D u par ses ann es d tudes l IDHEC la grande cole de cin ma anc tre de la FEMIS celui qui r ve toujours de faire du cin ma est d abord sauv par son coup de crayon et sa bonne disposition
45. es m mes effets La notion moderne de ridicule avait t port e par Moli re sur le devant de la sc ne au XVIIe si cle des Pr cieuses ridicules au Trissotin des Femmes savantes Le dra maturge crivait d ailleurs dans sa pr face Tartuffe On souffre ais ment des r pr hensions mais on ne souffre point la raillerie On veut bien tre m chant mais on ne veut point tre ridicule Pass le Si cle des Lumi res les com portements vont donc voluer Apr s la gravit de la R volution et le s rieux de l Empire qui n excluent pas les esprits brillants et caustiques Talleyrand par exemple on pr tera Louis XVIII en 1824 sur son lit de mort s adressant ses m decins et alors que Charles X s appr te r gner ce bon mot Finissez en Charles attend pour charlatans bien s r Plus tard Tristan Bernard Paul L autaud Sacha Guitry Jean Cocteau ou Fran ois Mauriac assureront la tradition de l art du langage en soci t Les salons n ont pas disparu de celui de madame Verdurin dans La Recherche du temps perdu celui de Lise Deharme que l crivain Marcel Schneider 1913 2009 a fr quent Dans II faut laisser maisons et jardins son ultime ouvrage il crit l occasion d un portrait qu il brosse de Julien Gracq C est la plume la main qu il dit ce qu il estime devoir communiquer Il ne ressemble pas Chateaubriand d veloppant ses souvenirs dans le
46. es moyens les plus faciles pour faire parler les sourds et muets de naissance s est exerc assez longtemps dans cet art singulier pour le porter un grand point de perfection Pereire 1715 1780 se fait en effet conna tre l poque comme le premier instituteur en France s occuper d enfants sourds muets Mais il reste hostile toute autre expression que la langue parl e qu il s efforce de leur inculquer C est l qu intervient l uvre de son grand rival Charles Michel abb de l p e 1712 1789 dont les principes et surtout leur application pratique allaient r volutionner l enseignement donn aux sourds muets et par voie de cons quence leur vie et leur place dans la soci t par le regard diff rent qu on allait poser sur eux Car l abb de l p e suivant en cela des th ories d j exprim es au milieu du XVIIe si cle par l Anglais John Wallis est convaincu qu il faut d velopper chez les sourds muets ce langage qui vient d eux m mes et qu ils balbutient d j naturellement celui des gestes et des signes qui doivent devenir signes m tho diques Il met en place sa m thode d s les ann es 1760 en travaillant avec deux jumelles et arrive la conclusion que les signes sont capables d exprimer non seulement les objets mais aussi la pens e et ses concepts Certes l abb de l p e n a que pos des fondements sa pratique s est r v l e par la suite plei ne d erreurs in vitab
47. et mettre vraiment en garde Ponceludon Vous faites fausse route Les salons de Versailles ne peuvent pas sauver des enfants parce qu un arbre pourri ne peut pas donner de beaux fruits Oppos e en tout la comtesse de Blayac jusqu devenir sa rivale en amour sans prendre plai sir cette situation elle a en commun avec elle de ne pou voir exprimer ses sentiments Ils ne se cachent pas pour elle sous la m chancet mais derri re la rationalisation scienti fique C est le feu vital qui parcourt vos nerfs qui vous attache moi analyse t elle en recevant les caresses de Ponceludon Preuve que cette jeune raisonneuse port e par l esprit des Lumi res peut comme les autres personnages s exposer au ridicule L abb de Vilecourt Ponceludon craint d avoir pour ennemi ce m chant petit abb C est un serpent dit Bellegarde Quand il se tait il vous guette Et quand il parle il est d j trop tard Vilecourt est donc l incarnation du mal versaillais la langue devenue venin I ne craint pas m me les bons mots sacril ges joue aux d s le Secret de l glise et pr pare ses mauvais coups dans le lit de la comtesse de Blayac sans foi ni loi d finitivement Le ridicule qui le touchera sera d s lors une sorte de gr ce divine il r v lera la fragilit et la part d humanit de cette guillotine vivante dont les mots sont le couperet D COUPAGE S QUENTIEL Versailles V
48. eunes filles ont t la Cour le duc de Guines leur a dit Les vices sont sans cons quence mais le ridicule tue C est dans le livre de Boigne Je l ai pris au mot Je ne vou lais pas que le film ait pour titre Les Ridicules c est LE ridi cule qui m int ressait le ridicule comme gaz l tal C est pour cette raison que le film s ouvre sur l affaire du marquis de Patatras pour indiquer de quoi il s agit Tout cela est authentique c est Boigne qui le racontet R mi Waterhouse veut r aliser son sc nario ce serait son premier long m trage Mais les financeurs sont frileux Pour parvenir monter le projet il faut le confier un r alisateur de renom Ce sera Patrice Leconte R mi Waterhouse lui fera ses d buts la r alisation en 1999 avec Je r gle mon pas sur le pas de mon p re et signera galement Mille milli mes fantaisie immobili re en 2002 Un cin aste emball La lecture du sc nario de Ridicule enthousiasme radicalement Patrice Leconte qui va d s lors s engager avec d termination dans ce projet le premier auquel il n a pas particip en tant que sc nariste cf Auteur et r alisateur p 24 J ai lu le sc nario de Ridicule sans me pr occuper du fait qu il s agissait d un film se passant une autre poque que la mienne raconte t il2 J ai lu ce sc nario comme une histoire avec des personnages une intrigue des enjeux motionnels Et a marchait
49. f rence l abb de l p e et au langage des signes e C est aussi le temps des inventions techniques Chercher celles qui sont voqu es e Les id es nouvelles bouillonnent au temps des Lumi res rep rer celles qui sont voqu es ici verbalement ou par le comportement des personnages Mettre en relief l importance de la raison Points d histoire Si les intrigues de Ridicule se suivent ais ment sans mode d emploi bien des situations prennent tout leur sel dans une meilleure connaissance du contexte e Dans quelques s quences par exemple la s q 3 marais ou la s q 6 cour d finir qui sont les personnages et leur appartenance clerg noblesse tiers tat avec parfois leurs sous cat gories e Quelles solutions sont pr conis es pour rem dier au mal des marais selon ces cat gories sociales entre autres Ponceludon et le cur dans la s q 3 e Comment sont montr es la force et la fragilit de la monarchie Quels personnages la mettent implicitement en question PERSONNAGES Portraits e Patrice Leconte pratique l art du portrait typique de la litt rature de cette poque Chercher quelques portraits qui se d tachent un instant de la fluidit du r cit image portrait de type pictural comportement discours ou le regard port par les autres Faire le portrait litt raire de quelques uns d entre eux commencer par Ponceludon Distinguer les portraits justes et les caricatures e
50. ge moment historique v ridique le sens de cette confrontation est explicit par une r plique de monseigneur d Artimont son voisin de c r mo nie Imaginez vous demi nu avec un collier de grelots et d os et r pondant au nom de Ours Puant Et pourtant regardez cet homme pour un peu c est nous qui serions ridi cules Au lieu de s appuyer sur ce dialogue Patrice Leconte le rend simplement d coratif et c est par sa mise en sc ne qu il fait passer le m me message montrant en un plan rap proch sur les pieds de Louis XVI et ceux de l Indien cf Retours d images p 16 que le ridicule n est pas forc ment o l on pense On voit donc le r alisateur d finir par des moyens diff rents les priorit s d un film dont il ne peut se contenter d illustrer le sc nario quand bien m me il lui attribue toutes les quali t s cf G n se p 4 La mise en sc ne se veut ici un acte d ind pendance de libert et finalement de plaisir Patrice Leconte trouve son propre langage pour faire vivre l univers de Ridicule en dehors de tout esprit de syst me Une des plus belles sc nes de son film celle de la pr sentation des sourds et muets par l abb de l Ep e r concilie corps et esprit et montre que tout peut participer d un m me ensemble ce que pense la t te est exprim par les mains avec des signes et la vivacit de l esprit anime le corps qui devient langage 1 Je suis un i
51. i plans 15 18 non repr m me valeur qu en 14 la conversation d veloppant quelques arguments autour des espoirs que Ponceludon peut avoir d tre choisi Ici le d corum s anime avec l apparition d un huissier venu appeler les lus Cette num ration de patronymes madame de Ferrasse madame de Blancfagot monsieur de Bouchardolle d Aiguill re est un condens d poque et vaut aussi par le ton royalement ampoul de l huissier Un d tail qui porte la signature du portraitiste Patrice Leconte Plan 20 Pendant l appel Ponceludon et Bellegarde sont comme au garde vous La vision frontale souligne leur implication soudain bien plus grande dans la sc ne leurs changes taient film s jusqu ici de biais les isolant dans un entre deux mais c est la fin des apart s Et de fait c est aussi le silence des deux personnages qui marque ce tournant de la s quence il les r unit cette fois au reste des courtisans Ponceludon rejoint d ailleurs leur lot commun soudain sa vie semble suspendue aux l vres d un huissier qui dira ou ne dira pas son nom Plan 21 l huissier a appel l abb de Vilecourt qui va se lever accompagn par un rapide travelling Saisi de profil il affiche un air de dignit et de majest parfait presque trop La fausset du personnage est l dans cette grandeur compos e qu il se donne une grandeur qui fleure la bassesse Tout en suivant la c r monie avec fluidit
52. i qui avait toujours sign ou cosign les sc narios de ses films jusqu Ridicule Cette exp rience nouvelle a chang son point de vue sur le lien peut tre trop syst matique qui existe entre criture et r alisation dans le cin ma fran ais J ai ador tourner Ridicule dit il et cela m a prouv qu il tait possible de faire des films avec passion m me quand on n en est pas l auteur Mon plaisir est plus grand de tourner quelque chose que je n ai pas crit Je ne suis pas envahi par des doutes d auteur je n ai pas me demander si j ai eu raison d crire telle ou telle sc ne Arr tons de penser qu un cin aste digne de ce nom est forc ment un auteur aussi Je n y crois pas du tout Cette notion de cin ma d auteur pr n e par les Cahiers du cin ma au d but des ann es 60 l id e qu on est r alisateur que si on est auteur du sc nario est ce qui a fait le plus de mal au cin ma fran ais Retour en arri re En janvier 1954 dans le num ro 31 des Cahiers du cin ma Fran ois Truffaut signe un article qui veut provoquer un lectrochoc et qui passera la post rit Une certaine tendance du cin ma fran ais Il s y attaque aux sc naristes professionnels qui selon lui touffent alors la cr ati vit du cin ma fran ais sous des drames plomb s par le r alisme psychologique Il les nomme d signe particuli rement Jean Aurenche et Pierre Bost La Sym phonie pastorale Jeux
53. interdits Le Diable au corps Ces sc naristes pro fessionnels ont le pouvoir Lorsqu ils remettent leur sc nario le film est fait le metteur en sc ne leurs yeux est le monsieur qui met des cadrages l dessus et c est vrai h las crit Truffaut Il oppose ces litt rateurs les audaces de v ritables hommes de cin ma Tati Jean Renoir Jacques Becker Max Ophuls C est le metteur en sc ne qu il faut reconna tre comme cr ateur artiste v ritable car le cin ma est un art propre aussi grand que la lit t rature Le metteur en sc ne signe son film par tout ce qui caract rise son regard sa fa on d utiliser la cam ra Sans m me avoir besoin d crire lui m me le sc nario il apporte au film sa griffe personnelle son langage est celui de l image Les entretiens de Truffaut avec Hitchcock qui ne signa quasiment aucun de ses sc narios mais n en signait pas moins ses films d une mani re tr s personnelle illustreront plus tard ce credo qui sera au c ur de la politique des auteurs men e par les Cahiers du cin ma Mais d une attaque des sc naristes professionnels une d fense des r alisateurs on est peu peu pass un nouvel axiome pour les futurs auteurs la d fense du r alisateur sc nariste L auteur du film devrait aussi tre l auteur du sc nario Cette logique quelque peu d vi e donc est remise en cause de fa on int ressante par le contre e
54. l universi taire lisabeth Bourguinat qui parle devant un engouement aussi consid rable et aussi durable d un v ritable ph nom ne de soci t En 1781 dans son c l bre Tableau de Paris Louis S bastien Mercier d finit le persiflage comme une raillerie continue sous le voile trompeur de l approbation On s en sert pour conduire la victime dans toutes les embuscades qu on lui dresse et l on amuse ainsi une soci t enti re aux d pens de la personne qui ignore qu on la traduit en ridicule abus e qu elle est par les dehors ordinaires de la politesse Le persiflage par lequel on raille pour tourner quelqu un en ridi cule tout en voulant briller se manifeste donc dans les joutes oratoires Il utilise liste du marquis de Bellegarde dans Ridicule l quivoque mot double sens en r alit bien proche du m pris calembour la saillie drolatique trait inattendu et amusant l allusion piquante on voque une chose par une autre qui y fait penser avec un effet blessant la bagatelle un petit rien futile mais amusant le brocard trait moqueur En vitant le calembour ce mal aim qui heurte le bon go t mais surtout explique Mercier dont les qui voques d naturent la fois la logique et la langue D ailleurs d s 1777 dans le Suppl ment l Encyclop die de Diderot et d Alembert o il figure la lettre K possible origine du mot li e
55. les Tachella Croque la vie 1981 et surtout Ettore Scola Passion d amour 1981 et Daniel Schmid H cate 1982 Il sauve un film d ac tion comme Rue barbare Gilles B hat 1984 retrouve Leconte dans Les Sp cialistes 1985 Poussi re d ange douard Niermans 1987 est l un des ses meilleurs films comme Les Caprices d un fleuve qu il r alise l ann e de Ridicule 1996 Gouttes d eau sur pierres br lantes de Fran ois Ozon 2000 d apr s une pi ce de Fassbinder et Ce jour l de Raoul Ruiz 2003 Il sait exprimer les sentiments intimes aussi bien qu imposer une pr sence athl tique mais n a pas globalement la car ri re que son talent m rite Judith Godr che Mathilde de Bellegarde N e le 23 mars 1972 Paris elle a l occasion de tourner avec Nadine Trintignant L t prochain 1984 mais ce sont La Fille de quinze ans Jacques Doillon1989 et La D senchant e Beno t Jacquot 1990 qui la r v lent Elle joue pour Olivier Assayas dans Paris s veille 1991 et Une nouvelle vie 1993 Patrice Leconte lui donne un r le dans Tango 1992 avant Ridicule 1996 Elle reste costum e dans Beaumarchais l insolent Molinaro 1996 et L Homme au masque de fer de R Wallace avec L DiCaprio 1998 Elle participe la r ussite de com dies comme L Auberge espagnole C dric Klapisch 2002 ou France Boutique Tonie Marshall 2003 Elle r alise et interpr te Toutes les filles pleurent
56. les chez les pionniers mais son action fut d terminante en raison de sa nouvelle approche autant intellectuelle que concr te qui mar qua une prise de conscience et ouvrit la voie l int gration sociale des sourds muets La R volution lui rendit hommage deux ans apr s sa mort en 1791 l Assembl e nationale d cr ta que son nom devait tre inscrit parmi ceux des bienfaiteurs de l humanit Des costumes Film d poque film dialogues com die de m urs Ridicule est aussi ce que l on qualifie de film cos tumes Les grands festivals Cannes Venise Berlin Montr al etc ne consacrent pas de prix l uvre des costumiers En revanche ceux ci sont reconnus par les Academy Awards ou Oscars d Hollywood premi re dition en 1928 depuis 1948 et par les C sars du cin ma fran ais premi re dition en 1976 depuis 1985 Ridicule a justement valu Christian Gasc qui l avait d j obtenu en 1996 pour Madame Butterfly de Fr d ric Mitterrand le C sar des meilleurs costumes en 1997 Il allait r aliser le seul tripl dans ce domaine avec Le Bossu de Ph de Broca en 1998 On serait tent de penser que le costume est l apa nage des films dits d poque loign s de nous tendance historique Et il est vrai que le peplum ou la fresque historique occupent une place pr pon d rante aux Oscars ou aux C sars qui quoi que l on puisse juger par ailleurs de leur opportunit ou de leu
57. les costumes repren nent le pouvoir mais alors en tant que d guisements r v la teurs des hypocrisies de la Cour Et celle o Mathilde tout en conversant avec Ponceludon utilise sa robe pour la r colte du pollen la caresse de l toffe sur les fleurs annonce le moment o la main de Ponceludon se posera sur la jambe de Mathilde Il y a l un tr s bel encha nement o le costume devient lan gage de sensualit Corps contre esprit image contre dialogues Faire un film corrosif mais sans vulgarit un film en costumes mais sans se pr occuper des costumes une lutte constante anime Ridicule une lutte positive qui apporte contrastes et ten sion la mise en sc ne et que nous avons appel e duel dans l analyse du r cit l opposition majeure celle qui ouvre Ridicule pourrait tre formul e ainsi faire un film sur le per siflage qu on pratiquait Versailles un film sur l art du langage o c est le corps qui a le dernier mot D monstration avec la s quence inaugurale d j mentionn e plus haut o un ancien faiseur de bons mots est terrass par un d ballage de corps tri vial Le sexe du chevalier de Milletail triomphe de l esprit de monsieur de Blayac Plus tard un combat semblable se livre avec le m me r sultat en prodiguant des caresses sous la table au sexe de Ponceludon la comtesse de Blayac lui fait perdre son sens de la repartie La r ponse du corps a devan c celle de l esprit C est qu
58. lisateur p 24 Mais en mettant en sc ne ce qu avait crit R mi Waterhouse Patrice Leconte signa un film personnel qui lui valut une for midable reconnaissance individuelle Il faut s interroger sur ce qui a permis une telle r ussite entre la plume de R mi Waterhouse et l il de Leconte la compatibilit comme dans une greffe d organe repose sur des points pr cis Il y a d abord le go t des films qui font vivre dans le m me temps un grand nombre de personnages Patrice Leconte l ex prime dans son livre de souvenirsi disant au passage son admiration pour Robert Altman ma tre du genre et l univers de Ridicule lui apporte une mati re id ale pour ce type d exer cice Ce sc nario lui permet aussi travers ses nombreux per sonnages de mettre profit son talent de cin aste portraitiste cf Analyse d une s quence p 12 et Retours d images p 16 et de directeur d acteurs Autre l ment d terminant le rapport du sc nario l Histoire L action se d roule en 1788 Il ne fallait pas que ce soit 1789 moins 1 Ponceludon c est un r formiste un humaniste mais je ne vou lais pas en faire le porte drapeau d une r volution qu il ne voyait pas venir Seule Mathilde comme elle le dit voit que l arbre est pourri explique R mi Waterhouse Cette approche convient id alement Patrice Leconte qui explique ne pas aimer aborder un film par la notion de sujet pr f rant
59. mence de Bertrand Tavernier sur la R gence le film de Patrice Leconte annonce Que la f te d ach ve et d montre une fois de plus que notre cin ma est plus l aise dans la critique l gante et ironique des monarchies que dans l hymne r volutionnaire Pierre Billard Le Point 4 mai 1996 Leconte est bon Une com die o fusent les mots du temps et les rires du n tre Fin de si cle fin de r gimes faim de tout et crises r p tition Le XVIIIe revient en force aujourd hui Beaumarchais de Molinaro Les Caprices d un fleuve de Giraudeau il est la mode jusque dans les d fil s de mode Comme nous il grin ait certes mais avec des gracilit s de clavecin Et sur ce clavier l Leconte ne manque pas de doigt Jean Pierre Dufreigne Le Point 4 mai 1996 BIBLIOGRAPHIE Sur Patrice Leconte et Ridicule l avant sc ne cin ma n 521 avril 2003 Positif n 423 451 T l rama octobre 2006 Je suis un imposteur de Patrice Leconte 2000 Flammarion Histoire et litt rature Les Lumi res 1715 1789 d Andr Bourde in Histoire de la France des origines nos jours sous la direction de Georges Duby 1999 Larousse Bordas coll In Extenso Histoire de la R volution fran aise pages de l Introduction de Jules Michelet 1939 Gallimard Biblioth que de la Pl iade Histoire de la litt rature fran aise XVIIIe si cle collectif so
60. mposteur Flammarion 2000 2 Entretien dans L Avant Sc ne Cin ma n 521 avril 2003 consacr Ridicule 3 Entretien in dit avec Patrice Leconte r alis par Fr d ric Strauss pour ce dossier RETOURS D IMAGES EEEE EEEE E E Traits et portraits Ridicule est une galerie de portraits courtisans aux sourires carnassiers nobles un peu d cr pits chaque visage raconte une histoire et dans ce Versailles qui se meurt sous les brocards tout le monde a une gueule d atmosph re Fin portraitiste Patrice Leconte sait faire exister sur le champ les personnages petits et grands en un clin d il il les croque visuellement Ainsi de monsieur de Blayac qui n a que deux sc nes dans le film l une o il est mort l autre o il est muet et en fort mauvaise posture devant le chevalier de Milletail image 1 01 23 Ce pauvre Blayac ne fait que passer mais avec son bandeau noir qui souligne son regard au lieu de le masquer il est d embl e l tout entier inoubliable L art du portrait est inscrit dans le film avec une sc ne fugace et dr le o face un peintre son chevalet Mathilde prend la pose aux c t s de son vieux beau qui essaie de la tenir image 2 3723 Le baron de Gu ret est lui aussi un sujet de tableaux de plans portraits C est sa mine repl te boursoufl e d orgueil et de peur de ne pas exister qui lui donne vie et qui mort image 3 52 19 le distingue encore victime du ridicule la
61. n aveuglement na f Versailles tait entour de marais putrides Le N tre en fait des jardins Par la volont d un homme dit il au pr tre de la Dombes qui le corrige Par la volont d un roi Ponceludon n entend pas cette remarque clair e et avant de comprendre que tout d pend en effet de la bonne volont de Louis XVI il essuie bien des rebuffades D s qu il pr sente son bel et noble projet dans les salons de Versailles il passe pour un casse pieds Voil une conversation bien indigeste regrette le baron de Malenval qui pr f re voquer l humour des Anglais Quelle conver sation boueuse dans mon salon se plaint la comtesse de Blayac dans une autre sc ne C est elle que Ponceludon se pr sente son arriv e avec cet atout qui va croit il lui ouvrir toutes les portes une lettre de recommandation pour mon sieur de Blayac Votre poux tait un ami de mon p re explique t il la comtesse qui lui d coche avec un sourire iro nique Du mien aussi Vite expos au risque du ridicule le provincial qui s enorgueillissait d une mission illustre tombe dans le lot commun il vient grossir la foule des solliciteurs Heureusement son esprit le distingue au royaume des flatteurs et des railleurs son loquence sera il le d couvre sa meil leure arme Il se prend alors au jeu se pla t briller en lan ant des piques s infatue exerce aussi ses talent
62. nni re 75010 Paris idoineproduction orange fr Achev d imprimer d cembre 2009 Il n pargne personne Un Film de PATRICE LECONTE FANNY ARDANT CHARLES BERLING BERNARD GIRAUDEAU JUDITH GODRECHE JEAN ROCHEFOR ee EREE CHA PRE PET mm COM CNE VENTINGE A KENANA ADMET vs Constat n Dh SYNOPSIS La France sous le r gne de Louis XVIT Jeune noble de province Ponceludon de Malavoy voit d p rir et parfois mourir les paysans qui travaillent sur ses terres victimes de la fi vre des marais Ing nieur hydrographe il d cide d assainir sa r gion de la Dombes et d en appeler au roi pour r aliser ce grand projet Parti pour Versailles il y d chante rapidement ne pouvant acc der au roi ne trouvant aucun soutien aupr s de ses conseillers Mais en faisant son entr e dans un salon de Versailles Ponceludon s y fait remarquer par son esprit piquant et son art de la repartie D s lors tous les espoirs lui sont permis juge le marquis de Bellegarde qui l h berge et d cide de l initier l art de briller la Cour en faisant de bons mots Ce m decin veille aussi sur les int r ts de sa fille Mathilde une gracieuse jeune femme qu il est ravi de promettre un vieillard fortun La carri re de Ponceludon Versailles est lanc e l occasion d une nou velle joute oratoire de salon il parvient m me dompter la f roce et s dui sante comtesse de Blayac la rendant redevable d une faveur Elle lui ouvre
63. opine 1980 Ma femme s appelle reviens 1981 et Circulez y a rien voir 1982 Le voil devenu c l bre sp cialiste du rire C est Pas triste Leconte bon mot qui lui revient gt d AS Patrice Leconte avec Thierry Lhermitte et G rard Jugnot L exp rimentateur Au lieu d une com die Patrice Leconte accepte alors de r a liser un film d action Les Sp cialistes 1984 avec G rard Lanvin et Bernard Giraudeau en duo muscl Et pour donner suite cet norme succ s il tourne Tandem 1987 produc tion tr s modeste magnifique miniature avec Jean Rochefort et G rard Jugnot en duo de solitaires lunaires D s lors Patrice Leconte h rite d une r putation d clectique de touche tout qu il va prendre plaisir confirmer habillant un jour son cin ma de noir Monsieur Hire 1989 un autre jour de tenues nostalgiques et sensuelles Le Mari de la coiffeuse 1990 un autre encore d habits de Cour Ridicule La coh rence de cette inspiration serait donc dans sa diversit Patrice Leconte ne cultive pourtant pas tous les go ts mais un seul toujours le m me donner un univers pr cis sa coh rence visuelle trouver le style qui traduira la v rit de personnages donn s inventer en somme le cin ma qui va avec chaque sc nario l int rieur m me de la com die il a cherch toutes sortes d quations diff rentes Les Grands Ducs com die speed e sur de vieux acteurs Tango
64. prochables est son constant clairage double facette clat et noirceur fusion n s comme si servi par le sc nario et les dialogues savoureux de R mi Waterhouse le r alisateur avait fondu un alliage des deux courants qui hantent sa cin matographie en une com die tragique ou une tragi com die Michel Guilloux L Humanit 9 mai 1996 La com die de la s duction et du pouvoir Belle histoire universelle que celle d un honn te homme vibrant pour une id e g n reuse confront e aux magouilleurs et autres profiteurs n coutant que leur cynisme Belle histoire narr e avec le panache du XVIIIe si cle mais que l on peut tr s facilement transposer notre poque Annie Coppermann Les chos 10 11 mai 1996 quoi rime le Ridicule de Leconte Avec Barry Lyndon comme r f rence du genre les films en bas blancs et chaussures boucle tent s depuis lors ont paru exag r s ou p les Cet opus ne d roge pas la r gle et moralise vainement sur la vanit de ce temps l sans qu on sache trop si c est notre poque qui par ce biais est tenue pour cible Didier P ron Lib ration 10 mai 1996 Sous couvert de poudre et de sourire le film superbement clair par Thierry Arbogast cadr en scope par le r alisateur lui m me mani feste d un bout l autre une vivacit extr me direc tement proportionnelle la stichomythie laquelle se livren
65. r instrumentalisation offrent sur la dur e un outil int ressant parmi d autres d analyse du cin ma Cela permet par exemple de constater que trois films de Fellini ont obtenu cette r compense aux Oscars et un seul tait un film d poque son Casanova en 1976 costumes de Danilo Donati Les deux autres costumes de Piero Gherardi sont totalement contemporains La Dolce Vita 1961 N amp B partag avec West Side Story de R Wise et J Robbins contemporain aussi pour le film en cou leurs et Huit et Demi 1963 N amp B avec Cl op tre de Mankiewicz pour le film en couleurs En 1948 les premiers Oscars semblent donner le ton du film caract re historique Hamlet de Laurence Olivier N amp B et Jeanne d Arc de Victor Fleming couleurs sont r compens s Puis l on observe un certain qui libre entre notre poque et un pass plus ou moins lointain en 1950 face au Samson et Dalila en cou leurs de Cecil B De Mille figure ve N amp B de Mankiewicz En 1959 Certains l aiment chaud N amp B de Billy Wilder c toie Ben Hur de William Wyler Mais apr s 1967 date o les deux prix N amp B et couleurs fusionnent l Oscar pour les costumes va privil gier le film historique du Barry Lyndon de Kubrick en 1975 La Duchesse de Saul Dibb 2008 le XVIIIe si cle est m me bien servi Amadeus de Forman en 1984 Marie Antoinette de en 2006 On remonte aussi la nuit des temps Le Seigneur des Anneaux 3
66. ret Renoir Gilles Grangier dont les films racontaient essentiellement des histoires de mecs Pour le plaisir il renoue en 2005 avec l quipe du Splendid et donne finalement une suite leurs aventures Les Bronz s 3 Tournant toujours beaucoup 25 longs m trages en 28 ans il annonce pourtant en 2006 qu il mettra fin sa carri re de cin aste apr s trois films Il en a depuis r alis un La Guerre des Miss 2009 et s est notamment consacr au th tre un autre univers clos qu il appr cie et qui lui r ussit comme l a par exemple montr la mise en sc ne d H lo se de Patrick Cauvin Son nouveau projet pour le grand cran relance cependant toute la donne Patrice Leconte va r aliser son pre mier dessin anim adapt du livre de Jean Teul Le Magasin des suicides Un film prototype assur ment qui montre une envie encore vive de continuer inventer avec le cin ma Vanessa Paradis dans La Fille sur le pont 1 Je suis un imposteur Flammarion 2000 2 Entretien avec Patrice Leconte T l rama octobre 2006 Une belle histoire ADELAIDE D OSMONI COMTESSE DE ROIGNE La comtesse de Boigne Un sc nariste inspir L univers de Ridicule prend d abord forme gr ce R mi Waterhouse qui signe le sc nario et les dialogues J avais lu les m moires de la comtesse de Boigne Elle y raconte son enfance Versailles Le ridicule tuait je n ai rien invent Quand ses j
67. s e plus tard Plan 9 Le plan 7 non repr a fait surgir une valeur de cadre pareille celle de ce plan 9 et suivie d un panoramique rapide plan 8 non repr sur le tableau que Bellegarde montre Ponceludon en se penchant vers lui ces mouvements nous font soudain entrer dans l action et marquent le second d but de cette s quence Bellegarde comme souvent dans le film guide Ponceludon en lui expliquant les pratiques de la Cour et ici les man uvres du roi qui choisit en douce les courtisans qui auront l honneur de se joindre lui pour une c r monie montr e la s quence suivante Plan 10 Vu en plan large au plan 8 non repr et tr s bri vement le tableau est maintenant observ de pr s et d voile son secret l il du roi s y cache On voit ici le go t de Patrice Leconte pour les compositions visuelles fortes originales cf l encore Retours d images Mais ce plan a aussi une fonction dramatique importante il d termine l atmosph re de toute la sc ne qui est la fois cocasse et terrible Avec ce roi qui joue cache cache et lit ses sujets on est en effet autant dans la com die que dans une d monstration de pouvoir inqui tante Plan 12 Le syst me de champ contrechamp reprend entre le plan 11 gros plan sur Ponceludon non repr et ce plan 12 sur le marquis de Bellegarde Il continue tre le guide de la sc ne en d signant maintenant Ponceludon le baron de Gu ret qui illus
68. s de don juan aupr s de la comtesse de Blayac et se fait finalement remarquer par le roi Mais en s prenant de Mathilde de Bellegarde cet ing nieur hydrographe montre qu il reste atta ch d autres valeurs d autres ambitions Passant des pauvres fermes de la Dombes aux pr cieux salons il est le per sonnage qui rapproche des univers que tout oppose mais aussi l homme des conflits int rieurs des dilemmes moraux amen incarner la fois la Cour et sa critique il rassemble tous les enjeux de Ridicule Le marquis de Bellegarde Ce vieux marquis cribl de dettes c est sa fille Mathilde qui nous l apprend a fini par trop bien conna tre la r alit de Versailles il conseille Ponceludon de fuir la com die des courtisans dont le spectacle l afflige cf Analyse d une s quence p 10 12 Mais devant l insistance du provincial forcer les portes du ch teau il d cide de se faire son men tor et pour ainsi dire son coach son entra neur sportif En expliquant comment il classe les mots d esprit selon diff rentes cat gories Bellegarde rappelle que la manie des vacheries emperruqu es dans laquelle a sombr la Cour se rattache un savoir litt raire vraiment noble cf Passerelles p 21 22 Ses recommandations sauvent Ponceludon du premier pi ge dans lequel il tombe en pr sentant avec s rieux son projet d assainissement Les sujets graves apportent du d plaisir et sont
69. t de Gu ret une figure presque burlesque qui emporte la sympathie alors que Vilecourt incarne un rire sardonique Ici aussi Patrice Leconte appuie sa mise en sc ne sur la qualit du jeu de l acteur qui interpr te Gu ret Albert Delpy et passe avec brio de l euphorie l affolement Plan 29 Ce plan commence par la course effr n e du baron vers l huissier Patrice Leconte met profit le d cor ce salon dont un travelling lat ral souligne alors la longueur C est le seul grand mouvement de la sc ne qui favorise les plans rapproch s fixes et il a bien s r une valeur dramatique cette fois le d r glement est l Gu ret se tra ne d ailleurs par terre aux pieds de l huissier pour le supplier de lui pr ter son soulier Monsieur je serais ridicule r pond l huissier Le baron lui l est d j et si parfaitement que sa posture inspirera l affiche du film Plan 30 Le baron se redresse moiti se retourne vers le dieu cruel et invisible de Versailles qu il interpelle Louis de France souviens toi que c est la noblesse qui t a fait roi Humili mais digne ridiculis bless mort mais encore capable de parler Gu ret devient une figure tragique Ce plan ouvre le dernier court mouvement de la s quence solennel et sombre La com die est finie les m chantes manigances de Vilecourt et travers lui de tout un syst me ont perdu tout esprit et s ach vent dans le d sespoir
70. t vertement les personnages Personnages atta chants ridicules cruels ou valeureux qui semblent sti muler l invention d acteurs que le cin ma fran ais tend trop souvent st r otyper dans des emplois prouv s ind finiment r it r s Michel Sineux Positif n 423 mai 1996 l esprit en f te Patrice Leconte qui au fil des ans s vertue nous amuser avec des fortunes diverses a eu la magistrale id e d aller fureter dans le XVIIIe si cle qui fit de l esprit de l imagination de l insolence et de la d ca dence un art que le monde entier admire Avec la complicit de R mi Waterhouse il en a ramen une cascade de situations et de bons mots qui illuminent un sc nario auquel le malicieux Voltaire n est pas tranger Car il s agit d une mani re de Huron arriv de sa lointaine contr e et d barquant la cour de Versailles avec l espoir d y gagner quelque cr dit Claude Baign res Le Figaro 10 mai 1996 Transformer la m moire en modernit Ridicule d crit l agonie d un monde asphyxi par sa cruaut son cynisme son loignement du peuple qui va lui tre fatal Les Liaisons dangereuses ne sont pas loin avec cette famille de d mons dont on retrouve ici l un des mod les somptueusement incarn par Fanny Ardant bouleversante en Merteuil tyrannique et bless e Le Nouvel Observateur 15 mai 1996 Que la f te s ach ve Apr s le fameux Que la f te com
71. tre le sort de certains courtisans patientant depuis trop longtemps Comme au plan 9 Bellegarde nous dit travers ses conseils o diriger notre regard C est qu il est le premier spectateur de toute la sc ne et on le verra son dernier Regarder est son r le Plan 13 Le baron de Gu ret d sign par Bellegarde revient donc dans la sc ne Mais la valeur de plan a chang plus large celui ci permet de mesurer bien mieux la situation embarrassante et pour tout dire assez ridicule du courtisan endormi l o il ne faut pas quand tous les autres sont sur le qui vive Surtout ce plan met en place le pi ge qui va se refermer sur le baron de Gu ret l abb de Vilecourt derri re lui ne manque rien du spectacle de son sommeil Il a reconnu une proie facile la farce cruelle peut commencer Plan 14 Devant le spectacle offert par le baron de Gu ret Ponceludon se d tourne Je pr f re mes marais putrides cet abaissement dit il Bellegarde Le ton change alors que pointait une certaine cocasserie l amorce d une com die avec le baron etVilecourt la r plique et la mine de Ponceludon nous ram nent la r alit d une situation affligeante et d j quelque peu humiliante Regarder en face les lois de Versailles le rituel protocolaire du rabaissement une preuve qui reviendra plus terrible encore au plan 31 Plan 19 Le champ contrechamp entre Ponceludon et Bellegarde s est poursuiv
72. us la direction de Georges D cote et H l ne Sabbah 1991 Hatier La vie quotidienne de la noblesse fran aise au XVIIIe si cle de Fran ois Bluche 1973 Hachette La vie quotidienne au temps de Louis XVI de Fran ois Bluche 1984 le Livre de poche L invention de la libert de Jean Starobinski 1962 Skira L invention technique au si cle des Lumi res de Liliane Hilaire P rez et Daniel Roche 2000 Albin Michel Moli re ou l esth tique du ridicule de Patrick Dandrey 2000 Klincksieck Le monde des Salons d Antoine Lilti 2005 Fayard L clat du rire la culture des rieurs au XVIIIe si cle d Antoine de Baecque 2000 Calmann L vy L ge de la conversation de Benedetta Craveri 2005 Gallimard coll Tel La France des Lumi res de Daniel Roche 1993 Fayard La civilisation de l Europe des Lumi res de Pierre Chaunu 1997 Flammarion Un m decin des Lumi res de Ren Allio et Jean Jourdheuil 1993 Actes Sud roman tir du sc nario du film ponyme en 3 pisodes programm par F3 en 1988 non dit en DVD Le si cle du persiflage 1734 1789 d lisabeth Bourguinat 1998 PUF coll Perspectives litt raires pigrammes de Martial choisies adapt es du latin et pr sent es par Dominique Noguez 2001 Arl a Tableau de Paris et N ologie de Louis S bastien Mercier 1994 Mercure de France et 2009 Belin ditions tablies annot es et pr sent es
73. ussion Interpr tation Baron Gr goire Ponceludon de Malavoy Charles Berling Marquis Louis de Bellegarde Jean Rochefort Madame de Blayac Fanny Ardant Mathilde de Bellegarde Judith Godr che L abb de Vilecourt Bernard Giraudeau Monsieur de Montalieri Bernard Dh ran Le chevalier de Milletail Carlo Brandt L abb de l p e Jacques Mathou Louis XVI Urbain Cancelier Le baron de Gu ret Albert Delpy Ann e 1995 Pays France Distribution Polygram Film International Film 35mm couleurs Format 2 35 Cin mascope Dur e 1h 42 Visa 86063 Sortie France 9 mai 1996 Sortie USA 22 novembre 1996 Palmar s 1997 Meilleur film tranger British Academy of Film and Television Arts Meilleur film fran ais C sars du Cin ma Fran ais Meilleur film Les Lumi res Meilleur film tranger National Board of Review FILMOGRAPHIE PATRICE LECONTE Courts m trages 1969 La Tiara d Almendros 1970 Tout la plume rien au pinceau 1971 Le Laboratoire de l angoisse 1972 La Famille heureuse 1973 Le Batteur du Bol ro Longs m trages 1975 Les V c s taient ferm s de l int rieur 1978 Les Bronz s 1979 Les Bronz s font du ski 1981 Viens chez moi j habite chez une copine 1982 Ma Femme s appelle reviens 1983 Circulez y a rien voir 1985 Les Sp cialistes 1986 Tandem 1989 Monsieur Hire 1990 Le Mari de la coiffeuse 1992 Tango 1994 La Parfum d Yvonne 1996 Ridicule 1998 Une chance pour deux 1999
74. xemple que constitue Ridicule 1 Entretien in dit r alis par Fr d ric Strauss pour ce dossier PASSERELLE PERSONNAGES DRAMATURGIE PASSERELLE II DRAMATURGIE Masques et fluidit Faire rep rer le nombre de changement de d cors de sc nes en m me temps que la logique et la lin arit du r cit e Chercher en particulier les sc nes qui font passer d un lieu un autre sans rompre la conversation D finir la notion de fluidit dans un r cit e D tailler les informations donn es dans les premi res s quences et montrer comment elles d finissent un des fils conducteurs du r cit la trahison du langage sinc re et juste par les bons mots gratuits la cour contre la droiture de Ponceludon malgr son habilet manier lui aussi le langage e Comment se transforme le projet initial sinc re de Ponceludon Par quelles voies secondaires mi lt j PASSERELLE I Le Si cle des Lumi res Ridicule ne se pr sente pas comme un documentaire ou un film p dagogique mais offre pourtant en arri re plan un panorama du Si cle des Lumi res o entre autres le langage joue un r le capital Chercher les diverses formes de langages et de jeux avec les mots voqu s dans le film En chercher les d finitions pr cises Sont ils encore utilis s aujourd hui e Voyez vous une relation avec certaines pratiques du langage aujourd hui e Pourquoi le film fait il r
75. xprime assez intense pour qu on sente l opini tret n cessaire dans ce voyage jusqu Versailles qui n est pas une promenade de sant J ai demand s il tait r alisable de suivre le cheval et Ponceludon depuis un h licopt re qui vole rait cinquante centim tres du sol Et cela a t possible Je voulais qu on ait le sentiment que la cam ra vole derri re le cheval et il n y a pas d autre solution qu un h licopt re pour faire a Patrice Leconte refuse de faire all geance aux codes du film en costumes de faire de ces costumes son sujet Il ne combat pas leur charme sensible l auteur de ces costumes Christian Gasc obtiendra d ailleurs un C sar pour ses cr ations mais il se contente de les utiliser comme n importe quel V tement Il est proche en cela de Ponceludon qui peu soucieux des aff teries de la Cour arrive Versailles en souliers crott s et ne se laisse habiller par le Signore Panella jou par Christian Gasc lui m me tailleur italien de la comtesse de Blayac que dans l espoir de faire aboutir son projet aupr s du roi Au moment de faire peut tre ses adieux la vie pour se battre en duel il crira la comtesse Si je suis tu faites porter mon chaperon et mon p e ma m re donnez le reste vos pauvres l exception bien s r de mes habits de Cour qui ajouteraient le ridicule leur mis re Deux sc nes font exception Celle du bal masqu final o

Ridicule. (2,35)

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