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1. mais a aussi une pr sence forte au th tre dans le roman et dans la po sie Ecole des Lettres 1999 2000 n 13 p 12 On devine lequel des deux arguments a t d terminant Par exemple dans les documents d accompagnement du programme de fran ais de la classe de seconde juillet 2000 fiche 5 page 15 pratiquement la moiti du champ des discours en admettant que son ambition h g monique veuille bien s arr ter l et de conclure il n y a pas de fronti re infranchissable entre rh torique et litt rature Souhaitons le m me si l image est tonnante il existe donc une fronti re mais elle est franchissable de l dire qu elle est mouvante voire inexistante Esp rons simplement qu en franchissant la fronti re la rh torique n annexera pas trop la litt rature Car l enjeu est bien l tout le monde est d accord sur le principe il s agit de permettre aux l ves de donner du sens ce qu ils font Seulement on nous r p te qu il ne faut pas le leur apporter il faut que les l ves le construisent eux m mes C est une jolie id e mais largement utopique irr alisable dans les conditions actuelles et surtout dans le cadre d une ducation humaniste comment parcourir en une scolarit tout le chemin parcouru par l humanit en des milliers d ann es Il y a l un soup on dangereux port sur lacte enseignant sur l autorit du pr
2. on demande de r pondre par un loge immod r du progr s Voil qui est clair nous devons d sormais former les l ves n tre que les chiens de garde de la propagande officielle Apr s un extrait de Un port l aube de chaque lundi de Jean Fran ois Duval on donne le sujet suivant L auteur consid re que le temps de la semaine est un temps sacrifi la soci t Qu en pensez vous On invite donc ici approuver ventuellement mais aussi nuancer ou critiquer un texte d j bien peu pol mique qui n attaque nullement la valeur du travail mais qui rappelle simplement avec finesse ce que le jeu social a d ali nant et qui pr sente le dimanche comme le lieu d une r gression positive Comment d passer une telle position sauf jouer au jeune cadre dynamique avant l heure panoui dans son travail et refusant les 35 heures La question est troublante De l penser que l on pourrait accepter du candidat un plaidoyer pour le travail le dimanche il n y a qu un pas Il faut dire le dimanche dans ce texte pr sente tout de m me des caract ristiques inqui tantes pour un lib ral Dimanche nous rassemble et nous ressource il permet de v rifier et de resserrer son appartenance une famille une Eglise bref sa place dans la soci t et dans l univers c est de toutes les journ es la plus enracin e dans le pass enfin c
3. Mais rien dans le sujet ne s y r f re pour bien r pondre l l ve doit simplement montrer comment aujourd hui encore on peut tre patriote hors des champs d honneur A tout hasard fallait 11 r pondre qu on peut tre digne de son pays en d fendant les entreprises nationales en achetant fran ais ou en se tuant au travail en faisant taire les conservateurs archa ques qui entravent les forces vives de la France On n ose pas imaginer les autres r ponses ds Sujet de juin 2000 Aix Marseille Corse Montpellier Nice Toulouse 75 2 22 L Sujet de septembre 1997 s ries g n rales Polyn sie be Sujet de juin 1999 s ries technologiques Pondich ry 23 Quelle cole pour nos enfants Un sujet de bac ne saurait tre un sujet comme les autres Le devoir qu on y rend est beaucoup plus important il occupe l esprit beaucoup plus longtemps une vie parfois cause de la tension que provoque l preuve mais aussi parce que dans la plupart des cas on ne revoit pas la copie on ne sait pas pourquoi on a r ussi ou chou ni m me si cela est parfaitement justifi Ce n est pas forc ment n faste cela peut m me tre instructif et formateur mais cela doit inciter une vigilance accrue une s lection s v re des sujets une r flexion approfondie sur leur impact et une notation encore plus scrupuleuse sont de rigueur Voil qui a toutes sortes de cons quences dont celle ci plus les
4. l ves notamment de milieu modeste qui ont cru bon d tablir un comparatif des diff rents forfaits et transformer la question en loge de cet instrument de survie Gr ce Bouygues SFR ou Itin ris j ai eu une bonne note Le consum risme omnipr sent est rig au rang de nouvelle valeur Apr s un texte de Pascal Bruckner on donne le sujet de r daction suivant La bo te bisous est une invention de l auteur R digez le mode d emploi d une bo te r ves ou d une bo te voyages ou d une bo te couleurs que vous inventerez Dans la premi re partie vous la pr senterez de mani re donner envie de l acheter Dans la deuxi me partie vous crirez le mode d emploi de la machine choisie Sous couvert de po sie c est atroce on ach te les baisers les r ves l imagination C est d ailleurs le motif d une publicit pour une cha ne d alimentation et de v tements la rentr e 2000 qui essayait de faire croire qu en achetant des produits chez eux on achetait des baisers Au moins les sujets des examens auront servi quelqu un Et pour l l ve d pourvu d id es l extrait donne le ton Le marchand d clare au p re J ai l tout ce qu il vous faut Finies les corv es de c lins de tendresse l obligation p nible de poser ses l vres sur des joues ou sur d autres l vres D s que b b r clame de l attention h
5. y insister des raisons qui sont exactement les m mes que celles au nom desquelles nous faisons aujourd hui le d placement inverse Le raisonnement de Lanson c est que les lyc es de son temps tant envahis par un public qui autrefois n y avait pas acc s qui n avait pas les comp tences culturelles permettant de pratiquer la rh torique etc il fallait imaginer un enseignement plus explicite dans ses m thodes plus scientifique dans ses d marches C est ainsi qu il se tourne le contexte scientiste aidant vers l histoire litt raire Dans les ann es 1970 et pour r pondre aux vagues de massification que j voquais tout l heure se d veloppe l argumentation exactement inverse nous sommes ici quelques uns l avoir nagu re tenue vigoureusement C est dire Nos lyc es sont envahis par un public nouveau on ne peut plus fonctionner sur le mode de la connivence culturelle on ne peut se contenter de paraphraser le Lagarde et Michard et de faire de l histoire litt raire Il faut se tourner vers des savoirs scientifiques plus solides Et comme on est dans les ann es 1970 on se tourne vers la linguistique le structuralisme etc et on d veloppe une approche des discours qui tente une 7 Point de presse du Ministre de l Education nationale le 27 avril 2000 Conclusion en 5 points plan national de formation des 27 et 28 octobre 1999 texte paru dans le num ro sp cial de L cole
6. Le relativisme post moderne ou comment noyer le poisson Ce qui frappe le plus au d but c est l id e tr s post moderne que toutes les id es toutes les positions se valent Imposer une id e serait un choix arbitraire autoritaire seul l l ve serait m me de choisir la th se qu il veut d fendre rien ne saurait l en interdire et il serait malvenu de le lui reprocher Cela se per oit dans quantit de sujets apr s une r habilitation de la lenteur par Pierre Sansot dans un extrait du livre Du bon usage de la lenteur on demande au candidat Partagez vous la position qu expose ici l auteur en r action au train d enfer du monde contemporain Il est ici tout fait possible voire encourag de r pondre dans un seul sens pour ou contre l o une r flexion plus fine aurait appel tenir compte des arguments de Sansot L expression train d enfer semble d ailleurs presque l pour inviter caricaturer sa position Trois ans plus t t apr s un extrait de Apprendre se reposer on trouve un sujet voisin Ce que Paul Morand dit de la vitesse en g n ral en 1937 peut s appliquer de nos jours au domaine particulier de la communication et des m dias En vous limitant ce domaine pr cis r digez votre choix un loge ou une critique de la vitesse Voil qui est instructif apr s avoir demand d tudier les proc d s de la persuasi
7. apprendre en user de mani re personnelle Au demeurant quand nous aimons un livre il ne nous viendrait pas l id e d en parler en termes de grammaire du discours Et Claude Capelier d ajouter indulgent Il ne s agit pas du reste de critiquer un programme par ailleurs excellent mais de pr venir les fausses interpr tations auxquelles il pourrait donner lieu Voil qui rassure qui prouve que si le n olib ralisme a progress au sein du GTD de Lettres il n a pas an anti toute sensibilit et tout bon sens dans l inspection g n rale mais la conclusion de Claude Capelier ne doit pas nous leurrer Il est possible d aller plus loin ce programme et les sujets du bac qui en explicitent l esprit sont loin d tre excellents pr cis ment parce qu ils permettent les fausses interpr tations qui viennent d tre relev es parce qu ils les provoquent et m me comme pour tout texte parce qu ils sont responsables des interpr tations qu ils induisent Alors pour conclure rappelons le tous ces textes et toute l id ologie qui les inspire sont responsables d un v ritable formatage des l ves d un formatage minemment pervers qui se d guise sous les apparences de la libert Ce n est pas un hasard si l cole de la IN R publique est la r f rence constante des r formistes car elle ressemble beaucoup l cole que nos politiques que les membres du GTD de Lettres
8. i Il n en reste pas moins utile de l expliciter que l on sache au moins quelle est l id ologie qui les inspire puisque c est justement la force d une id ologie dominante de passer inaper ue Il est m me indispensable de l interroger voire de la critiquer lorsque les sujets ne Les sujets retenus sont ceux des s ries g n rales et technologiques entre les ann es 1997 et 2000 Ils portent essentiellement sur les travaux d criture propos s la fin du sujet 1 du bac de fran ais appel tude d un texte argumentatif dans la mesure o ceux ci permettent davantage la subjectivit des concepteurs de s exprimer ainsi que d tre mise en vidence Le travail d criture est l exercice qui permet d obtenir le plus large ventail de points au sein du sujet qui est le plus massivement choisi par les candidats entre la moiti et trois l ves sur quatre selon les ann es Tous les sujets cit s peuvent ais ment tre retrouv s dans des annales du bac de fran ais que l on peut se procurer en librairie L analyse qui en est faite vaut tr s largement pour les autres disciplines mais c est pour d videntes raisons pratiques que nous nous sommes limit s une seule mati re se contentent plus de guider intelligemment un choix mais imposent de fa on troite une direction l esprit et lorsqu ils multiplient faux sens et contresens sur les textes qu ils sont cens s clairer
9. la preuve de leur utilit et que les progr s de la physique n ont pas am lior la connaissance de l me pour autant Faut il penser que ce discours n a pas de sens A force de vouloir lancer une nouvelle querelle des anciens et des modernes les concepteurs des sujets se moquent donc des textes eux m mes Fontenelle tait un moderne Cela suffit N allons pas voir plus loin m me si ses dialogues savaient donner raison aux deux parties Il est forc ment de bon ton de se moquer de la tradition puisque c est la tradition La religion de la modernit ne s arr te videmment pas avec Fontenelle Apr s un extrait de Ce que je crois o Herv Bazin expose justement les formidables progr s techniques et scientifiques r alis s depuis Sully mais o il estime que si de notre savoir de notre pouvoir nous avons le droit de tirer fiert l usage que nous en avons fait n en inspire plus aucune on demande au candidat Pour un domaine pr cis du monde contemporain voqu dans le texte pr sentez de fa on argument e un bilan positif 5 Nous avons donc l obligation d tre heureux Et cela alors m me que Bazin nous rappelle que les progr s techniques ne se doublent pas souvent de progr s sociaux spirituels que nous combattons mieux la mort mais nous ne maftrisons plus la vie dont nous jouissons plus longtemps au sein de l envie 2 Sujet de juin 2000 s ries g n rales Polyn s
10. tre les laiss s pour compte dans le d veloppement du march des technologies de l information puisque l enseignement se fera distance avec des conomies d chelle Mais l Etat s occupera d assurer l acc s l apprentissage de ceux qui ne constitueront jamais un march rentable et dont l exclusion de la soci t en g n ral s accentuera mesure que d autres vont progresser Belle utopie ne conserver qu un service public minimum un filet de sauvetage non pour aider les pauvres mais pour emp cher qu ils tombent dans la d linquance grande chelle Ce devenir ZEP de toute l Education nationale ne peut qu inqui ter quand on voit les orientations qui sont d ores et d j donn es aux programmes l avenir du baccalaur at lui m me et le d veloppement de l ducation la citoyennet Dans ces conditions le sujet suivant n tonne plus R futez la th se de Fran ois de Closets selon laquelle on attend du progr s ce qu il peut nous donner des commodit s et rien de plus A un texte qui cherche convaincre du bonheur d apprendre titre du livre o l on 66 affirme qu apprendre c est un effort un enrichissement une aventure une initiation un art de vivre o l on nous pr sente l apprentissage comme une r sistance la mode un monde hypnotique et ses plaisirs mercantiles
11. venir Ce n est qu une parenth se Pour comprendre un tel paradoxe comment un id al traditionnellement tiquet de gauche comme l id al de 1968 peut ce point faire le jeu de la r action et des pouvoirs en place il faut se r f rer l Enseignement de l ignorance de Jean Claude Mich a Celui ci y explique comment le refus libertaire de l ordre capitaliste a pu sans solution de continuit apparente sans aucun point de rupture se transformer aussi facilement et de fa on aussi massive en approbation lib rale de tous les exploits de la modernit p 121 Il est en effet possible de voir dans la soci t n olib rale d aujourd hui sinon l aboutissement du moins une des cons quences les plus logiques de la r volte de 1968 Ce n est pas le moindre des obstacles qui s offre la compr hension de voir la contestation de 1968 et le capitalisme n olib ral d aujourd hui poursuivre les m mes objectifs et se renforcer mutuellement La cons quence de cette alliance et le d faut majeur de toutes ces entreprises r formistes c est Claude Capelier membre du Conseil national des programmes qui les a parfaitement point s lors du plan national de formation les 27 et 28 octobre 1999 Pour le dire d une image on ne peut se d faire de l impression que le sens des textes est ce programme ce que les soldes sont au petit commerce il n y est ni repris
12. comme telle n est en fait qu une maxime de bon sens rappelant que tout ne peut s apprendre dans les livres et qu en cons quence on peut bien sortir quelquefois d penser quelque argent en articles de mode et en spectacles lorsqu on a du bien Voil comment et quel prix l inspection g n rale fait dire Moli re que les livres ne servent pas grand chose Dans un autre sujet partir d un passage du Dialogue des morts o Fontenelle imagine un dialogue entre le m decin grec de l Antiquit Erasistrate et le m decin anglais du XVII si cle Harvey on trouve le travail d criture suivant Rien ne changera d clare Erasistrate r digez le dialogue qu il pourrait avoir avec un homme d aujourd hui b n ficiaire des d couvertes du XX si cle L int r t du sujet c est que l l ve n a pas choisir le bon camp lui est tout de suite d sign nous b n ficions aujourd hui des nouvelles d couvertes Il s agit donc ni plus ni moins que r crire un texte et arbitrer de fa on caricaturale un d bat mal compris On demande en effet aux l ves de prendre la d fense de la modernit pourtant malmen e dans l extrait de Fontenelle pour attaquer la voix de la tradition qui rappelle pourtant ici qu force de croire tout r inventer on en oublie le patient et riche h ritage des anciens que les nouvelles connaissances n apportent pas toujours aussit t
13. de la probl matique des textes celle des discours plus la notion d argumentation perd en pr cision dans la d finition ce qu elle gagne en extension La critique est similaire en ce qui concerne le champ de l argumentation lui m me Alain Boissinot estime que l argumentation occupe une place probl matique entre deux autres p les qui sont le p le de la d monstration et celui de la persuasion il cherche lui m nager une place entre la logique formelle scientifique et la s duction qui toutes deux excluraient l change d arguments l o le GTD de Lettres rabat toute argumentation sur la persuasion Il ajoute Il est important de le rappeler parce que c est videmment fondamental sur le plan th orique mais aussi parce que c est en mati re didactique un v ritable enjeu L une des difficult s principales qu on rencontre c est que pr cis ment pour nos l ves l existence de ce p le interm diaire ne va pas de soi et qu ils vivent dans une culture o on en fait volontiers mais non sans inconv nient l conomie Il n est pas impossible que la critique vaille d ailleurs pour lui m me Boissinot ne change t il pas de position l o il parle tant t d oscillation permanente entre d monstration et persuasion et tant t de p le interm diaire Quoi qu il en soit la critique vaut assur ment pour le GTD de Lettres qui avec ses quatre p les d m
14. des Lettres du 1 d cembre 1999 p 116 C est moi qui souligne 25 date plus r cente de renouer avec la vieille tradition rh torique ce qui videmment assure un gain de l gitimit consid rable puisqu elle permet de b n ficier la fois de l autorit de Jakobson et de celle de Quintilien conjonction qui dans notre discipline d finit une position peut tre quelquefois un peu complexe sur le plan th orique mais institutionnellement et strat giquement forte Voil qui est int ressant au nom d un nouveau public on peut donc aboutir des politiques oppos es On sent Alain Boissinot g n il d fend l id e d une r conciliation entre les deux tendances mais avec la linguistique de l nonciation la pragmatique et le renouveau autoproclam de l argumentation m me si c est un peu complexe sur le plan th orique on ne per oit dans les faits que la d fense de la tendance de 1970 D ailleurs la r f rence au Lagarde et Michard en moins c est l exact discours du GTD de Lettres que d crit Alain Boissinot Nos lyc es sont envahis par un public nouveau on ne peut plus fonctionner sur le mode de la connivence culturelle on ne peut se contenter de paraphraser le Lagarde et Michard et de faire de l histoire litt raire Il faut se tourner vers des savoirs scientifiques plus solides Bien malgr lui il montre donc que nous ne sommes pas sortis de ce rapport
15. est un jour spirituel o il y a soudain plus de place plus d espace pour la multitude des dimensions qui nous habitent que la semaine souvent atrophie Dieu que dimanche est archa que Autre sujet encore En essayant d adopter le ton de l auteur vous r pondrez Philippe Val en r digeant un article argument sur la place et le r le de l informatique l cole Est il utile de pr ciser que l ditorialiste de Charlie Hebdo ne sert ici que de faire valoir surtout ne pas consid rer s rieusement Il s agit donc de contester les propos de Philippe Val alors que les pr misses de son discours sont occult es et qu il d fend au sein de l institution scolaire le primat du savoir de l change personnel humain sur la communication Le sujet propos aux candidats est donc bel et bien odieux c est non seulement un contresens total sur le texte de Val qui ne faisait que relativiser l importance des nouvelles technologies et non les condamner mais aussi une v ritable insulte au corps enseignant que l on demande aux l ves amp Adult learning and technology in OECD countries OECD proceedings OCDE 1996 Cit dans Tableau noir r sister la privatisation de l enseignement de G rard de S lys et Nico Hirtt pp 42 43 pa Sujet de juin 2000 s ries technologiques Pondich ry 9 gt Sujet de juin 2000 s ries technologiques France m tropolitaine Sujet de juin 2000 s r
16. l individualisme Le texte y invitait d ailleurs qui affirmait contre l instinct go ste l instinct social est faible C est pourquoi il est dangereux de l affaiblir l individu n est que trop tent de pr f rer sa barque au navire si l on veut qu il y monte et qu il y travaille il faut lui fournir des facilit s et des motifs pour y monter et pour y travailler tout le moins il ne faut pas lui en ter Et l extrait de s achever sur le r le de l Etat lui d agr er ou d imposer le bon statut la forme sociale la plus propre fortifier l instinct social entretenir le z le d sint ress encourager le travail volontaire et gratuit Y a t il commenter Voil une conception bien lib rale du r le de l Etat et une fa on pour le moins particuli re de concevoir le z le d sint ress En tout cas l go sme ne semble dangereux que pour la soci t et pas pour l individu Le sujet suivant le prouve d ailleurs de fa on plus explicite encore Peut on dire que la tol rance l gard de la diff rence est non seulement une attitude morale mais aussi un comportement utile la soci t La tol rance n int resse ici que par ses cons quences pratiques que pour la paix sociale et le profit que l on peut en tirer Terrible pr suppos par ailleurs comme si organiser la vie en soci t ce n tait pas le but m me de to
17. la formation de la personne devient le plus important m me s il n est pas encore explicitement cit en premier Pour preuve on peut lire dans les documents d accompagnement des programmes de seconde ce premier objectif de l apprentissage de l argumentation page 14 faire ma triser aux l ves l enjeu fondamental de l argumentation qui donnant la parole une chance contre la violence est la r gulation des conflits Comment faire plus cynique plus d sabus Voil qui est donc dit argumenter ce n est pas vraiment rechercher le vrai partager une conviction une d couverte c est un moyen de r guler les conflits L effet second cette chance de renouer des liens qui est certes important mais qui est la cons quence d un v ritable change d une compr hension mutuelle passe d sormais au premier plan Une telle th orie d nature l acte m me de la communication orale ou crite derri re toute intervention on serait alors fond soup onner la man uvre la finalit pratique Comment atteindre la paix recherch e la confiance retrouv e dans ces conditions Mais cette illusion est d sormais bien ancr e A l issue d une fable de La Fontaine o un serpent essaie de convaincre l homme de son innocence et donc qu il l pargne on demande au candidat de commenter la le on que le fabuliste en tire Mais que faut il donc faire Parler de loin ou bien s
18. la bonne r ponse Que sera le XXT si cle nous demande t on Eh bien il existe des corrig s Il suffit d aller chercher du c t d All gre avec sa charte du XXT si cle ou de l OCDE de l ERT ou de la Commission europ enne avec leurs rapports Mieux les propos chang s par 500 hommes politiques conomistes et scientifiques de premi re importance en septembre 1995 l H tel Fairmont de San Francisco sous l gide de la fondation Gorbatchev Dans le si cle venir deux dixi mes de la population active suffiraient maintenir l activit mondiale Pour occuper les autres il faudrait leur proposer un cocktail de divertissement abrutissant et d alimentation suffisante permettant de maintenir de bonne humeur la population frustr e de la plan te expose Zbigniew Brzezinski ancien conseiller de Carter et fondateur de la Trilat rale Ou cette autre utopie compl mentaire destin e rationaliser la formation du XXI si cle Dans certains pays poursuit un rapport de l OCDE il semble que les enseignants encourent r ellement le risque a Sujet de juin 1999 s ries g n rales Tunisie 5 C est dire au pr sent l id ologie qu elle soit capitaliste ou communiste Rapport par Hans Peter Martin et Harald Schumann dans Le pi ge de la mondialisation Solin Actes Sud 1997 Cit dans L enseignement de l ignorance Jean Claude Mich a pp 48 49 d
19. ont t souvent pos s et posent une vraie question Je disais tout l heure pourquoi vouloir toujours valuer Je le maintiens Cela dit il faut revoir les structures et les types de l valuation I est vident qu on ne pourra pas ternellement diff rer l introduction d un type d valuation en cours de formation N insistons pas on ne peut gu re aller plus loin pour l instant Mais pourquoi est ce vident Cela n est jamais dit mais tout le monde comprend parce que le bac est un monument justement et si la d mocratie elle aussi tait un monument En effet on constate que le projet est bien avanc des exercices et des travaux toujours plus in valuables sont introduits dans le secondaire Supprimer le bac n est ce pas la meilleure fa on de r soudre le probl me de l valuation Jules Ferry lui m me agissait de la sorte pour changer les structures il changeait d abord les programmes Tout cela pose le probl me de l cole que l on souhaite Quand on lit la prose de nos r formateurs fous on constate que la r f rence constante est l cole de la MI R publique que ce soit pour la copier ou la d noncer souvent les deux la fois Alain Boissinot rappelle par exemple que dans les ann es 1880 autour de Lanson un enseignement organis autour de l histoire litt raire s est construit contre la tradition rh torique avec il vaut la peine d
20. progr s technique sont si mal r partis et o la protection sociale recule Dans ces conditions plut t qu inviter renverser l argumentation de Camus ne serait il pas davantage profitable l encore d couter ses propos Nous vivons dans la terreur parce que convaincre n est plus possible parce que l homme a t livr tout entier l histoire et qu il ne peut plus se tourner vers cette part de lui m me aussi vraie que la part historique et qu il retrouve devant la beaut du monde et des visages parce que nous vivons dans le monde de l abstraction celui des bureaux et des machines des id es absolues et du messianisme sans nuances Nous touffons parmi les gens qui croient avoir absolument raison que ce soit dans leur machine ou dans leurs id es Pour sortir de cette terreur il faudrait pouvoir r fl chir et agir suivant la r flexion Mais la terreur justement n est pas un climat favorable la r flexion Je suis d avis cependant au lieu de bl mer cette peur de la consid rer comme un des premiers l ments de la situation et d essayer d y rem dier Il n y a rien de plus important Nous n en sommes pas pr s pourtant Toutes ces accusations d archa sme de l chet de conservatisme qui fusent aujourd hui que font elles sinon imposer une nouvelle terreur emp cher de penser Je crains que le XXT si cle ne soit celui de la peur lui aussi Mais ce n est pas
21. qu un pas qu il est difficile de franchir mais qui est troublant Sur le m me th me on a demand aux candidats du bac 1999 de plancher sur un po me de Victor Hugo o il voque son horreur des math matiques et plus g n ralement d une certaine p dagogie on n instruira plus les oiseaux par la cage Au finale voici le travail d criture propos aux candidats Faites votre choix l loge ou le proc s d un enseignement sans contraintes 19 Formidable votre choix une fois de plus surtout apr s un texte qui comportait loge et bl me o l utopie d un enseignement venir succ dait la d nonciation d anciennes pratiques Comment est il possible sans caricature ou sans une ma trise extr mement fine de la concession de r pondre un tel sujet Comment est il possible avec une question aussi vague de n tayer qu une seule th se Les l ves ont r pondu soit contestation soit flatterie ils ont donn dans la d magogie On apprend mieux seuls regardez la guitare la batterie Ou encore c est parce qu il y a trop ou pas assez de discipline dans les classes que l on est d go t s Quelques autres bien rares ont eu l id e et les moyens de tenir le discours officiel sur le sujet tr s la mode d noncer le cours magistral vanter la participation des l ves Mais pour peu qu on ait lu quelques rapports de la Table ronde europ enne on tr
22. secours Imaginez vous dans la situation de Robinson demande le sujet vous prenez la d cision inverse de la sienne et vous la justifiez en pr sentant vos arguments Qu ajouter Le candidat est oblig de monter sur le navire Devant une telle impudence on h site en dire le m pris Ce choix c est la n gation m me de l uvre de Tournier de son sens la n gation de la libert de l l ve aussi qui on interdit de faire le choix m ri par Robinson l l ve doit jouer le jeune sauvage tourdi par la civilisation plut t que l occidental lass par celle ci Sans parler l encore de l id e de proposer ce sujet des l ves des Antilles Que savent donc de la jeunesse les concepteurs des sujets pour leur imposer de telles d cisions La jeunesse Sujet de juin 1998 s ries g n rales Am rique du Nord Sujet de juin 1998 s ries technologiques Guadeloupe Guyane Martinique 17 n est pas forc ment folle irresponsable en proie aux premi res b tises venues et lui renvoyer ce miroir ce n est pas lui rendre service Aussi la publicit ne pouvait elle pas pargner le baccalaur at Promoteur Cannes d un ensemble immobilier au bord de l eau vous r digez un texte publicitaire en vous effor ant de r pondre aux questions pos es dans le 5 paragraphe c est dire sur les ravages du tourisme de masse Et quand il ne s agit pas de chanter les loua
23. veulent refonder la r volution qu ils veulent explicitement provoquer On y retrouve les m mes valeurs hypocrites dont on croyait s tre d barrass s patriotisme courage d vouement avec cette diff rence n anmoins qu il ne s agit plus d un conditionnement soi disant autoritaire par l Etat mais par les march s On ne pr pare plus les l ves aller reconqu rir l Alsace et la Lorraine mais tre les petits soldats du n olib ralisme tre comp titifs respectueux des entreprises ob issants aux march s et tout cela au nom de l int r t pr sum de la nation pour r cup rer les parts de march perdues avec la guerre conomique Mais jamais on ne se demande si l on ne colonise pas d une autre fa on le monde entier par l conomie Et jamais non plus bien videmment le risque n est envisag de faire surgir une nouvelle barbarie une barbarie qui s annonce d ailleurs quand on veut bien la regarder en face quand on pense que les ma tres d uvre de cette politique sont simplement des gens dans l air du temps des hommes qui veulent d construire l Etat pour notre bien de hauts fonctionnaires qui le d construisent de l int rieur pour leur seul int r t et celui de puissants industriels 28 Car les signes du d sastres sont bien l en interrogeant charge mais jamais d charge l cole d il y a trente ans nos r formistes jouent ave
24. 996 Ce n est pas plus clair Claude All gre vous l expliquera mieux Le service public d ducation va avoir d sormais un concurrent redoutable c est l internet L internet qui duquera et contr lera sans punir qui aidera chacun son rythme qui s affranchira des distances et du temps permettant aussi bien l enseignement distance que l ducation tout au long de la vie Ce syst me ne sera pas sans pr sence humaine Il sera au contraire anim guid organis par les enseignants pr ts r pondre au questionnement des l ves et leur confectionner un programme sur mesure Bref nous aurons l un mode d enseignement associant les racines de notre culture dans les contenus la modernit dans les m thodes N est ce pas fantastique l enseignement sans contrainte racont comme a Voil en tout cas un exemple des convergences possibles entre ces id es qui sont dans l air du temps l utopie d un enseignement sans contraintes rejoint l utopie de l enseignement distance Et c est exactement l utopie qu essaient actuellement de concr tiser tous les industriels de la plan te pour pouvoir faire payer leurs employ s leur propre formation continue du berceau au tombeau comme ils le disent si joliment 4 Nos sujets de bac sont donc extr mement poreux l id ologie dominante Ils apparaissent souvent comme des signes avant coureurs le th me de l ducat
25. L id ologie des sujets de bac A travers les sujets du bac de ces derni res ann es un travail de conditionnement peut tre involontaire mais efficace est l uvre Il agit sur les l ves les professeurs les familles Il cherche r pandre au d tour des sujets une id ologie celle qui nous gouverne qui pr side aux r formes et qui se diffuse ordinairement de fa on plus insidieuse au travers des instructions officielles des d clarations d homme politiques ou d industriels ou dans les manuels scolaires Ordinairement ni les projets en cours ni les volutions du m tier d enseignant ne sont tr s lisibles parce qu ils s expriment travers des institutions o les partenaires sont nombreux et les rapports de force complexes Ils sont ainsi l uvre de compromis ce qui permet souvent chacun de croire s y retrouver et de ne pas crier au loup L influence d un syndicat d un collectif ou d une association la strat gie du Minist re ou le bon sens d un r dacteur en sont souvent la cause Dans les sujets du baccalaur at en revanche cause du secret qui doit les entourer l id ologie peut se donner libre cours Les a priori les pr suppos s et les valeurs de leurs concepteurs et de leur relais l inspection g n rale s y expriment donc plus ouvertement Bien s r il ne s agit pas de condamner tous les sujets On constate encore heureusement une certaine vari t Certains sujet
26. andonn Quel sens peut pr senter dans ces conditions un exercice qui affirme que le progr s est encore capable de faire r ver un po te d aujourd hui Voil que l on red couvre soudain les joies de la dialectique mais justement la mauvaise la dialectique grise pure rh torique bien huil e Comment peut on demander de renchanter le monde ainsi artificiellement plut t que de tirer les cons quences du malaise par quel coup de baguette magique Autre exemple A votre choix vous justifierez vous r futerez ou vous discuterez le point de vue de Giono sur le progr s Et voici le d but du texte de Giono extrait de La chasse au bonheur qu il est donc possible selon l inspection g n rale de r futer Il est vident que nous changeons d poque Nous avons un h ritage laiss par la nature et par nos anc tres Le pass ne peut pas tre enti rement aboli sans ass cher de fa on inhumaine tout avenir Sujet de juin 1999 s ries technologiques centres trangers groupe 1 a Sujet de juin 1998 s ries technologiques Polyn sie 16 Les choses se transforment sous nos yeux avec une extraordinaire vitesse Et on ne peut pas toujours pr tendre que cette transformation soit un progr s On a tellement foi dans la science qui elle m me n a foi en rien m me pas en elle m me qu on rejette avec un d go t qu on ne va pas tarder payer tr s cher tout ce qu
27. ang en un si cle mais l ambition du pr sident du GTD s arr te l O est l galit pr n e dans tout cela La IN R publique qui n tait pourtant pas un mod le de justice sociale avait su se donner les moyens de son ambition et gr ce Jules Ferry lever r ellement le niveau de la nation m me si c tait avec des arri re pens es discutables Aujourd hui force de vouloir supprimer la s lection au sein du lyc e on se contente de la d placer et on la rend plus arbitraire encore car purement conomique les l ves de milieu d favoris n ont pas les moyens de rattraper le temps perdu jusqu au bac On peut donc se demander si c est bien chez les d fenseurs du savoir qu il faut discerner aujourd hui du conservatisme C est la question qui se pose quand on lit cette phrase d Andr Petitjean d fendant l criture d invention finalement d j pratiqu e jusque dans certains travaux d criture comme on l a vu le but n est pas de r aliser un parfait pastiche de Balzac mais d apprendre lire et crire 3 Et en maths compter je suppose Mais le pr sident du GTD de Lettres le d clare lui m me apr s tout cet enseignement de la litt rature et de la langue fran aises n a derri re lui qu un si cle d exp rience r elle Un si cle d existence pardon d exp rience ce n est donc rien eu gard aux si cles de bonheur pass s et
28. blance donc d opinion Nous sommes confront s l espace des opinions Assumons Sujet de juin 2000 s ries g n rales Asie Sujet de novembre 1997 s ries g n rales Am rique du Sud 4 Sujet de septembre 1998 s ries technologiques France m tropolitaine 5 Le groupe technique disciplinaire GTD de Lettres est une commission nationale nomm e pour 5 ans compos e d experts n ayant pas toujours enseign dans le secondaire qui a pour mission de proposer des programmes au Ministre C est celui ci qui d cide en dernier ressort comme aime le rappeler Alain Viala le pr sident de la commission Le GTD se veut ind pendant des pouvoirs politiques puisqu il survit aux ministres ce qui n emp che pas M Viala d affirmer que les nouveaux programmes ont une dimension politique mais sans jamais pr ciser laquelle le et prenons le en charge comme tel Inutile de poursuivre La philosophie toute enti re du GTD de Lettres est ici exprim e et ce n est pas sans cons quences tout peut se d fendre d sormais C est d ailleurs dit explicitement dans les documents d accompagnement aux programmes de la classe de seconde le r gne de la d monstration est ext rieur au cours de fran ais il est pour ainsi dire d volu aux sciences dures reste la litt rature le pouvoir d argumenter convaincre et persuader tous trois tant marqu s par une part croissante de s
29. c que les nouveaux programmes 7 Jean Pierre Le Goff La barbarie douce la modernisation aveugle des entreprises et de l cole La d couverte 1990 24 avaient pour cons quence imm diate le maintien de l organisation actuelle du baccalaur at pour la session 2002 Mais au printemps 2001 je ferai conna tre l organisation du baccalaur at pour la session 2003 Le bac ne sera donc pas modifi avant les lections Et le ministre d ajouter Je prendrai le temps de la r flexion et de la concertation pour adapter la nouvelle organisation des tudes au lyc e ce que j ai autrefois compar un monument historique qu il convenait de Fa I consid rer avec respect Il y a des baisers qui tuent Comparer la bac un monument aussi respectable soit il c est l enterrer lui faire une oraison fun bre Et en effet Jack Lang conclut rien ne devrait faire obstacle au n cessaire rajeunissement du baccalaur at premier grade universitaire 78 On sait comment le septennat a t rajeuni Jolie mode que celle du rajeunissement du raccourcissement pour toujours aller plus vite si a ne ressemble pas du discours lib ral Sur cette question du baccalaur at Marc Baconnet doyen de l inspection g n rale de Lettres avait d j pr cis Il faut attendre en ce qui concerne les probl mes d valuation Ils
30. c le feu continuent les m mes r formes et d truisent notre fragile h ritage Entre 1970 et 1990 le taux d admission des l ves d origine populaire dans les grandes coles est pass de 15 7 N est il pas temps d en tirer des conclusions plut t que continuer avancer pour tre encore et toujours dans le mouvement Osons dire que la d mocratie est aujourd hui menac e par une dictature silencieuse celle des march s et de quelques entreprises toujours plus avides Le plus bel objectif qu une soci t puisse se donner n est ce pas de permettre une v ritable ascension sociale et non se contenter du leurre qu on nous pr sente avec le sport ou le Spectacle C est bel et bien l enjeu de l cole d aujourd hui C est ce que tout le monde proclame Mais ce n est pas ce que l on fait Pourquoi Parce que le crime profite Jean Baptiste Renault 86 y 2 hs 7 Antoine Prost L enseignement s est il d mocratis 1992 Et de conclure les r formes voulant assurer l galit des chances ont eu le r sultat contraire 29
31. ca Dans les deux cas on demande l l ve de s identifier un adolescent avide d tre pris au s rieux malgr l immaturit parfois motif commercial s il en est L enfant est roi comme le client Et en effet si les jeunes sont ce point courtis s aujourd hui c est qu on a d couvert en eux un norme march il faut donc leur donner confiance en eux leur faire croire qu ils sont majeurs plus t t qu ils peuvent s assumer d cider la place de leurs parents pour qu ils puissent ensuite se sentir autoris s faire pression sur eux exiger toujours plus Les sujets du brevet l ont bien compris et se conforment aux d sirs des fabricants de chaussures de sport de v tements de jeux vid os Une question se pose alors qui contr le l cole Qui l a autoris e d livrer de tels messages et au nom de quoi Plus explicite encore R futez le point de Montherlant lorsqu 1l condamne le mot d ordre Il faut tre de son poque Voil le nouvel imp ratif cat gorique qui tient lieu de ligne de conduite nos nouveaux censeurs Et ce malgr un texte o Montherlant pr cise Je r ponds seulement Au nom de quoi cet imp ratif Soyez de votre poque si c est l votre go t Mais n en fa tes pas un imp ratif car au jugement de la raison comme au jugement de la morale cela n est pas soutenable Et de le d montrer Ce text
32. culi rement pour encourager lauto apprentissage Chaque l ve devrait terme disposer de son propre ordinateur Finis donc la convivialit de l change prof l ve la gratuit de l enseignement le droit des cong s de formation La Table ronde europ enne et sa suite la Commission europ enne qui traduit tr s vite ses d sirs en ordres en ont d cid ainsi Ils s inspirent en cela des projets de la Banque mondiale de l OMC de l OCDE qui sont exactement sur la m me ligne Il faut donc comprendre que l insolence d un ditorialiste satirique ait de quoi agacer Car l cole c est le lieu d une oppression tout le monde le sait tout le monde a d j rencontr un prof qui ne lui a pas plu L cole c est le lieu d une pers cution dont il convient de se d barrasser Seuls d incroyables r actionnaires peuvent pr tendre autre chose N est ce pas d ailleurs ce que sugg re Zola lui m me Apr s un extrait de Germinal o Etienne d nonce cette tyrannie du capital qui affame le travailleur l nonc du travail d criture interroge En quoi l argumentation d Etienne porte t elle la marque de son poque et en quoi peut elle parler au lecteur que vous tes Que s agit il de faire crire au candidat Que l on ne meurt plus de faim aujourd hui Mais surtout quel sens peut avoir une telle r flexion pour un l ve interpell avec son exp rience Le sa
33. de sym trie avec l cole de la I R publique que les deux conceptions de l enseignement des Lettres donnent toutes deux dans la mode et que leur ambition leurs d marches ne sont pas si diff rentes Au sein du GTD Andr Petitjean affirme d ailleurs Dans les ann es 1960 1970 l enseignement de la litt rature institu contre la rh torique la fin du XIX si cle mais qui s est routinis dans l intervalle va conna tre une double crise Cette nouvelle crise encore une fois inaugur e dans les ann es 1970 n a pas cess depuis 3 Voil qui est encore plus clair au nom de 1968 la r f rence aux dates est constante il s agit de mettre bas l cole des 30 glorieuses qui avait pourtant r ussi une certaine mixit sociale et de r habiliter la rh torique enseign e au XIX Voil le type de tour de force que r ussit le GTD assez fr quemment Plus trange encore Alain Viala ne craint pas de revendiquer paradoxalement puisqu il s en d fend en m me temps l h ritage de la HI R publique Il affirme qu il y a dans notre syst me ducatif des sources de contradictions sur lesquelles il faudra se pencher Peut tre pour les comprendre ne faut il pas situer les lyc ens d aujourd hui par rapport ceux d il y a une g n ration mais par rapport au r le qui incombait l enseignement il y a un si cle quand l objectif tait d amener le plus grand nombre possib
34. des si cles se d barrasser il s agit de revenir une litt rature soumise Est ce innocent En tout cas voudrait on pr parer les citoyens n tre que les valets de l conomie triomphante qu on ne s y prendrait pas autrement Les nouveaux programmes illustrent bien cet abandon de l id al d autonomie leur fa on et malgr les d clarations contraires en argumentation plut t qu apprendre d passer les id es Ecole des Lettres 1999 2000 n 13 mai 2000 p 30 Et Andr Petitjean de rench rir pour conclure Souhaitons ne pas entrer dans une re de glaciation En effet ne s agit il pas de l re o les mammouths ont prolif r On reconna t l une certaine argumentation et elle ne doit pas simplement faut il le rappeler une m thode mais bien une id ologie Marche ou cr ve ne L esprit des programmes El ments de documents d accompagnement p 12 Pierre Bourdieu l a montr dans Les r gles de l art Pour comprendre la violence politique de l attaque men e par Alain Viala lire notamment le post scriptum Pour un corporatisme de l universel C est urgent pour l gitimer l action de la petite noblesse d Etat que sont les profs Bourdieu montre notamment comment la posture d intellectuel engag est li e cette autonomie attaquer l autonomie du champ litt raire et artistique ou scientifique par ailleurs c est attaque
35. e dire que cette mode d j l uvre dans les entreprises inspir e du management anglo saxon comme le montre Jean Pierre Le Goff pose de gros probl mes de respect de la vie priv e et de la libert de conscience de l individu Cela se fait de la m me fa on que ces questionnaires des directions de ressources humaines o l on n impose certes pas un comportement mais o l on engage l employ ou le postulant r pondre ce qu on attend de lui ce qui est beaucoup plus manipulateur et permet de contraindre beaucoup plus efficacement beaucoup plus insidieusement l individu tout en conservant les apparences de la libert Enfin quand le baccalaur at n aura plus de sens quand les sujets seront devenus in valuables il sera facile de le supprimer de le transformer en contr le continu lui qui fait obstacle au d veloppement de l enseignement priv c est encore un dipl me d Etat il prive les tablissements priv s de leurs propres dipl mes lui qui co te si cher et tout cela pour maintenir quelques fictions archa ques l anonymat et le caract re national du dipl me qui seuls pourtant peuvent garantir l galit des chances des candidats comme des tablissements M me s il n est pas encore explicite dans la bouche des dirigeants de l Education nationale ce projet de la Commission europ enne se devine sous toutes les r formes du lyc e et du coll ge Jack Lang a certes annon
36. e langue secondaire On ne peut s emp cher de comparer ce sujet aux propos de M Jospin grand strat ge de la r sistance tranquille et de M Lang rompu aux exhortations de pures fa ades Si le fran ais n est plus une langue de pouvoir il peut tre une langue de contre pouvoir a lanc r cemment le Premier ministre il doit constituer une r sistance l uniformit du monde Et Jack Lang mandat pour faire oublier Claude All gre d ajouter avec des termes plus offensifs le gouvernement est plus que jamais d cid mener la bataille pour la culture et la langue fran aise et il a exhort une fois de plus les enseignants tre les militants les soldats et les missionnaires du fran ais 38 Mais mieux encore trois ans plus t t Claude All gre d clarait Les Fran ais doivent cesser de consid rer l anglais comme une langue trang re Bref entre un fran ais conqu rant et une langue bient t morte le gouvernement n h site plus beaucoup incapable l encore de cerner l origine du mal qui n est pas l h g monie de l anglais ou la mondialisation mais l imp rialisme am ricain son id ologie n olib rale v ritables rouleaux compresseurs lanc s contre les cultures et les identit s nationales La contre offensive n est donc pas pr te d arriver Sujet national de septembre 1996 s ries technologiques Sujet de remplacement de juin 1998 s ries technol
37. e taire Les mots seraient ils donc sans pouvoir contre la force Exposez votre point de vue dans un d veloppement argument L ironie veut que le serpent meure la fin du po me malgr le soutien de toutes les esp ces animales opprim es par l homme et qu il prouve ainsi la puissance du langage pour tablir la v rit et la justice mais son impuissance face la force physique face aux pouvoirs politiques et sociaux L homme est en effet explicitement compar aux grands que la raison offense et qui se mettent en t te que tout est fait pour eux Evidemment les l ves ne se sont pas laiss s prendre au discours qu on attendait d eux et n ont pu que rappeler la difficult se faire entendre l in galit du rapport de force m me en pr tendue d mocratie Mais on ne cherche pas impun ment manipuler et certains effets pervers sont galement apparus comment pouvait on demander des adolescents de cet ge une r flexion d passionn e sur le sujet Comment pouvaient ils percevoir derri re l apparente impuissance du verbe des raisons d esp rer ses quotidiennes victoires insensibles insuffisantes parfois mais bien r elles Il est donc arriv ce qu il devait arriver beaucoup de copies ont sombr dans un pessimisme parfois bien noir ou pire mon sens ont essay de prouver que les mots blessaient parfois plus que les coups et pour plus longtemps bref en so
38. e tout entier devrait tre lu toutes les classes de France et de Navarre comme antidote m me s il date de 1941 car justement aujourd hui s il est une mode bien r pandue et bien dangereuse c est de galvauder la notion m me de r sistance Notre temps est peu propice aux pr dictions conclut Montherlant Mais il est une pr diction que je fais sans h siter Aux crivains qui ont trop donn depuis quelques mois l actualit je pr dis pour cette partie de leur uvre l oubli le plus total Les journaux les revues d aujourd hui quand je les ouvre j entends rouler sur eux l indiff rence de l avenir comme on entend le bruit de la mer quand on porte l oreille certains coquillages Enfin plus inattendu encore le patriotisme semble revenir jusque dans les sujets du bac Expliquez et justifiez dans un d veloppement argument et illustr d exemples les propos d Andromaque quand elle dit On meurt toujours dans son pays Quand on a v cu en lui digne actif sage c est pour lui aussi qu on meurt Le candidat est somm de justifier le sentiment patriotique en temps de paix de lui donner forme et contenu La m thode est habile sous couvert de d noncer la guerre le patriotisme n est pas mis en question Et pourtant le texte de Jean Giraudoux La guerre de Troie n aura pas lieu date de 1935 Une telle probl matique cette poque l ce n est pas neutre
39. effet La chute apr s n en est que plus dure Il s agit donc pour l cole de pourvoir la jeunesse d illusions de les prolonger de les conforter Et Boissinot de rapporter la th se de Tacite celle du Dialogue des orateurs mais pour la contester au lieu d en prendre toute la mesure partir du moment o le recul de la d mocratie fait que les enjeux r els de l loquence notamment d lib rative n existent plus sur le plan politique va se d velopper une loquence pidictique coup e de toute r alit sociale N est ce pas exactement ce qui nous menace La n gation du sens m me des textes et leur manipulation Cette contradiction entre l id e que tout se vaut et le souhait de tisser du lien social de promouvoir des valeurs collectives se retrouve dans beaucoup d autres sujets Il reste donc bien des choses d noncer aux yeux de l inspection des choses qu il est m me si urgent de d noncer que le sens des textes en devient secondaire Dans le sujet suivant par exemple qui s appuie sur L Ecole des maris de Moli re la citation d Ariste appara t tronqu e Selon Ariste L cole du monde instruit mieux que ne le fait aucun livre Etayez ou r futez cette pens e en proposant des exemples pr cis Quand on relit l extrait on constate que les r pliques pr c dentes d Ariste concernent surtout l ducation morale et s adressent Sganarelle un v
40. endrait 1l donc On voit l id ologie l uvre N est ce pas au contraire la raret de ces mod les argumentatifs scolaires qui en fait l int r t qui devraient inciter les soutenir Et ne sont ils pas rares justement parce qu ils permettent une r flexion plus pouss e plus riche que dans la vie ordinaire o en g n ral ce sont les arguments d autorit et la persuasion qui l emportent Faudrait il se contenter de ces derniers Pourquoi construire la relation autrui alors qu elle est partout pr gnante et alors que la relation Ce qui n est pas sans cons quence sur les programmes de fran ais quelle que soit la formulation la classe de seconde affine en priorit la pratique et la connaissance des fa ons de convaincre et persuader ou la fa on dont s laborent les diverses formes d arguments et leurs influences sur les interlocuteurs tout cela pr pare la perspective tude compl mentaire suivante tude des effets sur le destinataire fr quente dans les nouveaux objets d tude c est moi qui souligne La pratique de la persuasion est donc d sormais une priorit l cole La refondation de la discipline du coll ge au lyc e El ments de document d accompagnement du programme de seconde octobre 1999 page 4 Ibid p 5 l id e est si souvent n glig e si souvent mise au second plan Ah les ravages de cette fameuse vie
41. ert d en largir le champ Alain Viala dans un num ro de L Ecole des Lettres du mois d ao t 1999 d clare ce propos Aujourd hui si l on veut sauver je d teste ce terme la part de la litt rature au lyc e il ne faut absolument pas rester sur une position d fensive Plus la litt rature correspond une conception restreinte plus elle meurt On reconna tra au passage l argumentation classique 7 Non je ne regrette rien Nouvel Observateur n 1848 avril 1999 Lire ce sujet Le lourd pass de l enseignement distance de David F Noble dans Le Monde diplomatique d avril 2000 Entre autres c est ce que d montre Tableau noir r sister la privatisation de l enseignement de G rard de S lys et Nico Hirtt EPO 1998 3 M me si c est au prix de quelques contresens aussi riches et pertinentes soient les r flexions de Rabelais Montaigne ou Rousseau sur le sujet elles ne peuvent tre isol es des conditions d enseignement de l poque qui taient tr s diff rentes de la classe de 30 l ves Sujet de septembre 1999 s ries g n rales Polyn sie su Sujet de juin 2000 s ries g n rales Pondich ry Ecole des Lettres 1999 2000 n 2 ao t 1999 page 19 des n olib raux qui utilisent d habitude l exemple des dinosaures s adapter ou mourir Les variantes sont nombreuses incessantes un temps de glaciation dans le statu quo serait n
42. es qui sont en jeu dans le mariage du fils du roi Et pourtant le texte montre tout le contraire que l on va punir une innocente et non le fils qui est davantage coupable et surtout que les jeux sont faits que tout se d cide loin d elle Comment pourrait elle alors d fendre sa cause temps Le caract re id ologique d un tel discours est donc patent Proc s de l intol rance loge de la paix et de la diff rence le nouveau cat chisme repose sur une confiance aveugle dans la rh torique Alain Boissinot expliquant l int r t de cette pratique ne peut r ussir d ailleurs en occulter la supercherie L loquence pidictique c est le moment o une soci t se donne elle m me la d monstration des valeurs auxquelles elle croit Et donc on est bien dans le champ d une forme de pratique sociale du discours qui vise par l loge d un certain nombre de valeurs fabriquer du lien social et se convaincre soi m me et convaincre les autres du bien fond des valeurs de la soci t laquelle on appartient Et Boissinot de citer la Coupe du monde de football nouvelle pop e occasion de l affirmation des valeurs d un pays qui le temps d une victoire s merveille de se voir black blanc beur Comment mieux dire le r le d sormais d volu l cole son cynisme voire son inefficacit L affirmation des valeurs dure le temps d une victoire en
43. esens suite un texte qui cherche rappeler la violence des rapports hi rarchiques tu d pends de mille gens que les emplois ont mis au dessus de toi la permanence de l injustice dans les soci t s occidentales il est faux que le mot de lois signifie parmi vous les choses justes et raisonnables puisque les riches s en moquent et qu il n y a que les malheureux qui les suivent et qui remet en cause leur fondement l argent pourquoi n avons nous pas de proc s C est parce que nous ne voulons point recevoir ni conna tre l argent Il faut probablement supposer que ceux qui ont imagin un tel travail d criture ne souffrent pas trop ni de leur hi rarchie ni des lois ni du pouvoir de l argent Il est pourtant malheureux qu on ne puisse pas davantage s inspirer de la libert telle qu Adario la con oit la ressaisit Il y a cinquante ans que les gouverneurs du Canada pr tendent que nous soyons sous les lois de leur grand capitaine Nous nous contentons de nier notre d pendance de tout autre que du grand Esprit Nous sommes n s libres et fr re unis aussi grands ma tres les uns que les autres Autre sauvage autre refus d en couter l exp rience apr s un extrait de Vendredi ou les limbes du Pacifique de Michel Tournier Robinson choisit de ne pas rejoindre la civilisation qu il red couvre apr s 28 ans travers l quipage du bateau qui vient lui porter
44. est l utopie l dedans Voil en tous cas comment pr parer les l ves l id e que la pauvret est utile et que la paix n exclut pas forc ment une 39 c6 39 ce guerre froide chirurgicale rationnelle une guerre conomique par exemple Les bons sentiments la diff rence la tol rance sont partout dans les nouveaux programmes C est le second et dernier th me propos par les instructions officielles d ao t 1999 pour l argumentation en seconde la diff rence l alt rit Parmi les quatre probl matiques actuellement propos es pour la classe de Premi re la premi re porte sur la tol rance et la troisi me s int resse l galit sous l angle propos de l esclavage et de la relation homme femme C est dire que cette question de la diff rence occupe les esprits La raison en est pourtant simple la mission de l cole est d sormais avant tout de tisser du lien social Argumenter pour tisser du lien social C est l un des th mes pr f r s de Philippe Meirieu comme le rappelle un de ses r cents ouvrages L cole ou la guerre civile A l couter la principale ambition de l institution doit tre de canaliser la violence des jeunes Il s agit de la d tourner de la divertir par le verbe et non plus de la comprendre d y r pondre Aujourd hui l cole doit remplir une double mission primo la trans
45. faste ajoute t il justement quelques mois plus tard Et Alain Viala de poursuivre le mod le litt raire qui s est impos au lyc e c est le mod le d une litt rature d lite forte vis e esth tique ph nom ne apparu dans la seconde moiti du XIX si cle Cela ne s applique donc ni Diderot ni Voltaire moins encore Moli re Puis il ajoute pour appuyer son analyse d une observation sociologique qui se veut d finitive Il faut se rappeler que cette litt rature restreinte est socialement marqu e mais il ne pr cise pas davantage le mot bourgeois est trop marqu lui aussi et M Viala trop prudent Que penser alors de cette ouverture dans les conceptions de la litt rature Ne faut il pas la soup onner aussit t quand s ensuivent des exemples qui mettent galit Jean Jacques Rousseau Annie Ernault et Christine Angot A travers toutes ces innovations les nouveaux programmes les sujets de bac une unit se dessine Dans la d gradation du plan dialectique en sujet d invention dans la priorit l habilet rh torique et les r f rences propos es ici Diderot Voltaire et Moli re voire Angot pr f r e Rousseau ailleurs La Fontaine La Bruy re et F nelon et m me dans cet largissement des conceptions de la litt rature le mod le propos est trangement ancien r gime ou alors d un modernisme fr n tique bien pratique po
46. gr s Apr s l tude d un article de Guy de Maupassant platement positiviste enthousiasm par sa visite du Palais de l industrie on donne aux l ves le sujet suivant Le progr s scientifique et technique cr e aussi des merveilles capables de faire r ver un po te d aujourd hui Que pourrait r pondre Maupassant quelqu un qui serait sensible aux l ments de merveilleux du monde moderne On impose donc sans d tour au candidat la mode moderniste en passant d ailleurs une fois de plus par dessus le sens du texte qui pr sentait pourtant po sie et modernit comme inconciliables la po sie le merveilleux tant pour Maupassant sinon l irrationnel du moins l inconnu ce que la science n a pas encore d frich Et les po tes sont apostroph s violemment comme autant d illusionnistes Les hommes ne vous suivront plus po tes Nous n avons plus la puissance de vous croire Vos fables h ro ques ne nous donnent plus d illusions C est fini fini Les choses ne parlent plus ne chantent plus elles ont des lois La source murmure simplement la quantit d eau qu elle d bite Mais l auteur du Horla se reprend in extremis Eh bien malgr moi malgr mon vouloir et la joie de cette mancipation tous ces voiles lev s sur la cr ation m attristent Il me semble qu on a d peupl le monde On a supprim l Invisible Et tout me para t muet vide ab
47. he p dagogique jusqu au 25 mai 2000 le reconna t d ailleurs Les p dagogues dont je fais partie ont commis des erreurs Il y a quinze ans par exemple je pensais que les l ves d favoris s devaient apprendre lire dans des modes d emploi d appareils lectrom nagers plut t que dans les textes litt raires Parce que j estimais que c tait plus proche d eux Je me suis tromp Pour deux raisons d abord parce que les l ves avaient l impression que c tait les m priser ensuite parce que je les privais d une culture essentielle C est vrai que l poque dans la mouvance de Bourdieu dans celle du marxisme j ai vraiment cru certaines exp riences p dagogiques Je le r p te je me suis tromp Oui je me suis tromp Le Figaro magazine le 23 octobre 1999 Sujet de juin 1999 s ries g n rales Asie 3 Sujet de juin 1999 s ries technologiques France m tropolitaine 6 T faut noter aussi qu un proche de Bourdieu Serge Halimi avait r cemment mis en cause dans un petit pamphlet Les nouveaux chiens de garde tous ces intellectuels avides de notori t de m diatisation prompts compromettre pour cela une certaine exigence intellectuelle et morale dont ne sont pas loin MM Ferry et Comte Sponville 7 Cela dit c est peut tre justement la nouvelle fonction du bac Puisqu il ne sanctionne plus un niveau cause des consignes d indulgence ou de laxisme d sormais notoires
48. i jusqu ici faisait le bonheur des hommes D cid ment il n est pas de bon go t de critiquer un tant soit peu le progr s de nos jours Jamais ces textes ne sont utilis s pour tre simplement tay s ou discut s au mieux le choix est laiss de condamner ou de souscrire au pire la d nonciation est impos e Dans un tel contexte la figure du bon sauvage donne lieu quelques jolis sujets on s en doute Apr s un extrait de Dialogue avec un sauvage o l auteur le baron de La Hontan se met en sc ne discutant avec un Huron Adario on demande R digez en deux paragraphes une r ponse de La Hontan dans laquelle il d veloppera deux arguments prouvant que lui aussi peut se dire libre Certes on conviendra que la libert qu offrent les soci t s modernes est d fendable et qu en unissant leurs efforts les hommes parviennent b tir des formes de libert plus complexes plus larges mais c est galement d une maladresse insigne politiquement moralement d en emp cher la critique d une singuli re violence pour un l ve qui aurait quelque titre que ce soit des griefs son gard sans rien dire de la zone g ographique o ce sujet a t donn l Am rique du Nord o il y aurait peut tre mieux faire que de civiliser une deuxi me fois de force les indiens L l ve est donc forc de faire l loge de la civilisation europ enne C est un effarant contr
49. ie Encore un sujet d imagination avant l heure Souhaitons que les nouveaux soient utilis s de fa on moins pol mique 50 DE 2 22 25 Sujet de juin 1999 s ries g n rales Polyn sie 15 que pour notre protection nous fabriquons ce qui peut assurer notre destruction et qu ils ne sont que quelques uns conna tre sinon combattre notre mal ran on m me de notre succ s Veut on faire de Bazin un grincheux un de ces intellectuels prompts bouder son plaisir et chercher la petite b te S agit 1l de disqualifier tous ceux qui ne feraient pas l loge de la modernit Il faut reconna tre que la question peut se poser En tout cas cet acharnement d clarer que le bilan est globalement positif est assez r v lateur assez loquent La violence d une r ponse impos e avec tout son arbitraire id ologique Malgr les apparences il y a donc bien une v rit conna tre mais une v rit d autant plus sournoise qu elle ne se donne pas comme telle qu elle se niche dans les recoins du sujet On la reconna t cependant pour l avoir entendue chez les m dias chez les hommes politiques ou les chefs d entreprise v rit r v l e qu on attend donc du candidat sans le dire C est ce qui choque le plus dans les nouveaux sujets cette violence d une r ponse toute trouv e Les sujets le plus nombreux de ce point de vue sont encore ceux sur le pro
50. ies technologiques Polyn sie 20 d tayer de d velopper en plein devoir de baccalaur at Pauvres candidats somm s de choisir entre l ordure et la flatterie Mais l encore ce n est que la cons quence de la politique en cours de l id ologie exprim e par la Commission europ enne et sa t te pensante PERT La cl de la comp titivit de l Europe r side dans la capacit de sa force de travail relever sans cesse ses niveaux de connaissance et de comp tence D s lors la responsabilit de la formation doit en d finitive tre assum e par l industrie Le monde de l ducation semble ne pas bien percevoir le profil des collaborateurs n cessaire l industrie L ducation doit tre consid r e comme un service rendu au monde conomique Les gouvernements nationaux devraient envisager l ducation comme un processus s tendant du berceau au tombeau L ducation vise apprendre non recevoir un enseignement Nous n avons pas de temps perdre La pression concurrentielle intense requerra de nouveaux talents Nous lan ons un cri d alarme Les syst mes d ducation ne s adaptent pas assez vite la r volution technologique La r forme des syst mes d ducation devrait b n ficier d une priorit politique L enseignement distance limine les inconv nients de l absence au travail et des d placements Les m thodes et outils d ducation devraient tre modernis s parti
51. ieux barbon qui cherche par les verrous et Sujet de septembre 1999 s ries technologiques centres trangers PU Argumentation et litt rature R flexion et discussion sur le programme de seconde p 18 Sujet de septembre 1999 s ries g n rales Polyn sie 14 les grilles faire la vertu d une jeune femme On constate ensuite que la phrase rapport e est en fait autrement plus nuanc e l cole du monde instruit mieux que les livres certes mais sur un sujet bien pr cis sur la fa on lair dont il faut vivre Et Ariste d ajouter comme conscient du danger qui subsiste encore d un tel raccourci mon gr Autant dire que les scrupules du personnage et le sujet de sa r flexion n int ressent gu re le r dacteur du sujet Seule l a probablement s duit la th se annonc e plus t t il nous faut en riant instruire la jeunesse comprise dans son sens le plus d magogique Enfin Ariste poursuit et pr cise encore un peu mieux son id e qui se r v le bien loign e de ce que le sujet cherche lui faire dire Elle aime d penser en habits linge et noeuds Que voulez vous Je t che contenter ses voeux Et ce sont des plaisirs qu on peut dans nos familles Lorsqu on a du bien permettre aux jeunes filles L affirmation d Ariste qui semblait au premier abord une vive critique de l ducation livresque et que le sujet invite le candidat d fendre
52. ins soucieuses de l gitimit et pour cause autrement moins l gitimes Le danger est donc grand force de vouloir renverser les autorit s les plus apparentes qui se sont donn es la peine de se l gitimer et se sont ainsi rendues plus vuln rables on livre le peuple toutes sortes d autorit s plus insidieuses plus suspectes Est ce cela la d mocratie Une pinc e de moralisme ou comment habiller le cadavre Pourtant cette id ologie relativiste ce tout se vaut ce tout est subjectif qui constituent le fond informul de beaucoup d opinions pr sentent de notables exceptions C est l que l id ologie n olib rale trahit ses contradictions son hypocrisie On trouve en effet partout depuis les sujets de bac jusqu aux programmes toute une palette de bons sentiments affich s Argumentation et litt rature R flexion et discussion sur les programmes de seconde pp 9 11 et 22 L cole n est pas un pays elle fait partie d un pays y revendiquer plus de d mocratie n a donc pas de sens Les professeurs comme les parents n ont pas justifier constamment leur autorit s ils en abusent s ils sortent de leur pr rogatives il y a des instances pour cela et s ils l exercent c est que la soci t l a voulu dans un cadre rigoureusement d fini 10 de niaiserie bien pensante et d loge de la diff rence Il s agit pour le lib ralisme de masquer son f
53. ins un lecteur valable probablement Cette dimension l doit tre maintenue y compris dans le domaine scolaire Il s agit donc de d scolariser l criture Voil qui est clair doit on craindre la d scolarisation de l cole d sormais La critique de la r daction qui touche aussi bien la discussion que le commentaire compos ou la dissertation repose sur cette critique de l exercice scolaire comme fiction L id e est d ailleurs pr cis e plus loin Il est vident qu on argumente pour une personne pr cise dans une situation de communication donn e Et pourtant quand cette personne pr cise c est soi m me quand on crit pour un destinataire venir qui n existe pas encore forc ment Ces cas ne sont pas n gliger l exercice scolaire repose sur cette exigence de d velopper des potentialit s de ne pas en rester ce qui existe d j par nature conservateur Au c ur du discours argumentatif il y a la relation autrui ajoute t elle et cette relation autrui est sans doute plus importante construire que tels ou tels mod les pr tablis d argumentation qui existent rarement dans la vie courante et pour lesquels il faut pratiquement fabriquer les textes cens s les illustrer La rh torique est tonnante qu est ce donc qu un mod le pr tabli qui n aurait jamais exist dans la vie courante D o vi
54. ion par exemple est tr s pr sent dans les nouveaux programmes de fran ais c est un des rares sujets propos s pour les textes argumentatifs depuis les instructions officielles d ao t 1999 Et c est vrai que c est un sujet autrement plus important que la contestation politique et philosophique au si cle des Lumi res th me qui pla t pourtant aux l ves Ce nouveau sujet tr s la mode dans les IUFM ne permet il pas de remettre en cause peu de frais l enseignement des professeurs 7 En effet sans remettre en question l int r t de ce sujet on peut se demander si sa faveur actuelle n a pas d autre cause encore et toujours faire porter le soup on sur le professeur l autorit abusive Que penser galement de ces nombreux sujets sur le r le des livres des romans de la lecture Par exemple Selon Ariste L cole du monde instruit mieux que ne le fait aucun livre Etayez ou r futez cette pens e en proposant des exemples pr cis ou encore La mati re premi re de l art est in puisable Elle se rencontre partout Dans quelle mesure pensez vous que la vie quotidienne puisse tre le point de d part d une uvre d art Ce sont des th mes classiques au baccalaur at mais dont le traitement sugg r a chang Ne peut on voir l l expression d une entreprise plus globale qui vise r duire la part de la litt rature au lyc e sous couv
55. lariat est la nouvelle forme de l esclavage conclut Etienne dans l extrait La mine doit tre au mineur comme la mer est au p cheur comme la terre est au paysan Entendez vous la mine vous appartient vous tous qui depuis un si cle l avez pay e de tant de sang et de mis re Et si c tait la scolarit la nouvelle forme de l esclavage L cole n appartient elle pas l l ve lui qui y souffre depuis plus d un si cle N est ce pas ce que l on veut faire dire au candidat N y a t il pas l en creux l id e que les l ves vont l cole comme la mine qu on les envoie litt ralement au charbon Insoutenable audace d une telle proposition N y a t il pas l le projet presque litt ral de d scolariser l cole Devant ce type d id es les esprits prudents ferment les yeux ne veulent Une ducation europ enne Vers une soci t qui apprend ERT f vrier 1995 6 Pour compl ter l utopie voici les propos r cents d un conseiller de l OCDE On peut r duire les cr dits de fonctionnement aux coles et aux universit s mais il serait dangereux de restreindre le nombre d l ves et d tudiants Les familles r agiront violemment un refus d inscription de leurs enfants mais non une baisse graduelle de la qualit de l enseignement Cela se fait au coup par coup dans une cole mais non dans un tablissement voisin de telle fa on qu on vi
56. le de petits Fran ais au niveau du certificat d tudes et une minorit privil gi e au bac Je ne dis pas que le lyc e d aujourd hui quivaut aux classes de certificat d tudes d hier Je dis que ce sont socialement des populations de m me configuration qui vont aujourd hui au lyc e et qui il y a un si cle ou m me cinquante ans se seraient arr t es au certificat d tudes ou au mieux au brevet Donc les lyc ens ne sont plus les m mes On n enseigne pas de la m me fa on 3 Qu en conclure sans tomber dans le proc s d intention La d n gation d Alain Viala est extr mement int ressante elle intervient quand il se r f re l objectif de Jules Ferry d amener le plus grand nombre possible de petits Fran ais au niveau du certificat d tudes et une minorit privil gi e au bac N est ce pas une fa on d avouer qu il y a un risque amener le plus grand nombre possible de petits Fran ais au baccalaur at co te que co te quitte s inspirer se Argumentation et litt rature R flexion et discussion p 17 Ecole des Lettres 1999 2000 n 13 mai 2000 p 5 Beu Pesprit des programmes El ments de document d accompagnement p 9 26 d un syst me socialement marqu comme il le dit d habitude le risque de n amener en retour qu une une minorit privil gi e aux tudes sup rieures Le niveau de r f rence a certes ch
57. mission des savoirs fondamentaux qui c est vrai ne sont plus transmis secundo la formation de la personne afin d viter la g n ralisation de la violence comme mode d expression Ce qui caract rise un certain nombre de jeunes c est que lorsqu ils ne sont pas d accord ils tapent Or la sp cificit de la d mocratie c est de discuter en cas de d saccord plut t que de recourir la force Tout le mal est l plut t qu analyser le d saccord et le conflit comme un mal plus profond plus complexe on en fait une posture existentielle ou politique rentrant en cela compl tement dans le jeu desdits rebelles On ne cherche plus r soudre le divorce entre eux et l cole entre eux et la soci t mais seulement 7 Sujet de septembre 1998 s ries g n rales Polyn sie 4 9 4 Oui je me suis tromp entretien avec Philippe Meirieu Le Figaro magazine 23 octobre 1999 12 le policer On les abandonne donc litt ralement leur r volte On les fige dans l exclusion Et on dissocie alors au passage l ducation et l enseignement comme si la meilleure fa on de lutter contre la violence n tait pas de donner du sens la vie de chacun d aider la comprendre et mieux appr hender le monde qui nous entoure comme si le savoir n tait pas la meilleure voie pour s exprimer Devant l abandon du premier objectif transmettre les savoirs fondamentaux le second
58. nges du mod le consensuel l alternative est pour le moins trange En 1965 Perec crivait Ceux qui ne veulent que vivre et qui appellent vie la libert la plus grande ceux l seront toujours malheureux Etes vous de ceux qui pr f rent profiter de la vie tout de suite ou de ceux qui veulent d abord gagner de largent Et si ce n est ni l un ni l autre Inutile de dire que Perec ne pr sentait pas ainsi l alternative Bien plus que profiter de la vie tout de suite il voquait le refus d une fuite en avant dans les engagements sociaux et pas seulement conomiques Voil donc comment 1l est possible de relire Georges Perec l aune du Cercle des po tes disparus Les sujets relevant d un m me arbitraire sont nombreux qui pr sentent ainsi plus ou moins explicitement la r ponse attendue Face la progression de la langue anglaise dans divers domaines politique technique scientifique culturel pensez vous que la langue fran aise ait encore un r le jouer dans le monde d aujourd hui ou qu elle soit condamn e subir le sort du grec au d but de notre re 7 N y a t il pas l aussi une grande violence dans la comparaison impos e m me si le sujet ne s adresse pas des fran ais de m tropole Quel int r t ce sujet peut il pr senter sinon de pr parer les l ves accepter l id e l int rioriser que le fran ais est devenu un
59. ni chang Autant les attentes concernant la rh torique l tude du contexte les r f rences historiques font l objet de d veloppements pr cis autant le travail sur la signification la force et la port e des uvres ou Ecole des Lettres 1999 2000 n 13 mai 2000 p 27 4 Pesprit des programmes p 8 Ce n est m me pas moi qui souligne 8 C est l un des sujets principaux de ce livre indispensable L enseignement de l ignorance et de ses conditions modernes Micros climats 1999 On peut lire en quatri me de couverture L id e vient encore assez peu au grand public que le d clin continu de l intelligence critique et du sens de la langue est devenu progressivement la fonction premi re des r formes et que celles ci sont donc en passe d atteindre leur objectif v ritable la formation des individus qui un titre ou un autre devront tre engag s dans la grande guerre conomique mondiale du XXT si cle Et d ajouter Cette hypoth se que certains trouveront invraisemblable conduit se poser deux questions Quelle trange logique pousse les soci t s modernes partir d un certain seuil de leur d veloppement d truire les acquis les plus mancipateurs de la modernit elle m me Quel myst rieux hasard r p tition fait que ce sont toujours les r volutions culturelles accomplies par la Gauche qui permettent au capitalisme moderne d op rer ses plus g
60. nt arriv es pr f rer le pouvoir de la force C est une belle contre performance pour les concepteurs de programme et pour nos id ologues en chef mais une contre performance relativiser pour le pouvoir politique ce n est pas si grave qu on ne croie pas au pouvoir du verbe au contraire le d sespoir et le cynisme sont bien pr f rables car ils ne remettent rien en cause L essentiel c est que la violence la r volte soient vit es ou marginalis es Tant que l on doute du pouvoir des mots la r volte ne sera jamais inqui tante jamais radicale Et puis il y aura toujours bien un rappeur ou un footballeur pour montrer que l on peut r ussir avec ou sans les mots s Sujet de juin 2000 s ries g n rales France m tropolitaine 13 Preuve qu il s agit d une pr occupation majeure on trouve cette probl matique dans bien d autres sujets encore Celui ci par exemple Pourquoi me tuez vous Imaginez l argumentation que d velopperait do a In s pour plaider sa cause Dans l extrait de La reine morte de Henri de Montherlant ces mots pourquoi me tuez vous sont imaginaires simplement rapport s au roi par le Premier ministre pour lui montrer qu il serait facile de r pondre l innocente accus e Pourquoi ne vous tuerais je pas On trouve le m me pr suppos les mots auraient un pouvoir contre la force ils pourraient s opposer aux int r ts politiqu
61. ofesseur un soup on qui rejoint le discr dit dont souffrent l Etat et toute forme d autorit Beaucoup de professeurs eux m mes partagent cette inqui tude belle inqui tude quand il s agit de se l gitimer soi m me son autorit mais excessive souvent comme si toute autorit tait ill gitime comme si c tait tyrannie de disposer d un savoir et de pr tendre le transmettre Nous en sommes donc l puisque tout se vaut les opinions de l l ve valent celles du professeur Il n est pas un enseignant qui n ait fait cette exp rience alors qu il cherchait expliquer une id e un l ve justifier une interpr tation se voir r pliquer mais non Monsieur moi je vois les choses comme a sans que l l ve aille plus loin sans qu il essaie de convaincre son tour Il ne s agit pas de pr tendre que l enseignant a toujours raison mais il y a quelque chose de dangereux de totalitaire dans ce tout se vaut brandi comme un droit et jusque dans ces discours o l on revendique parfois plus de d mocratie l cole que l on compare parfois galement une entreprise comme si c tait un mod le de justice sociale Cette id e que l autorit est un abus de pouvoir est une id e dans l air du temps elle a infiltr toute la soci t et c est ainsi qu on laisse aujourd hui le champ libre toutes les influences ext rieures l cole autrement mo
62. ogiques 57 Sujet de juin 1998 s ries technologiques Pondich ry Discours tenus au 10 congr s mondial de la f d ration internationale des professeurs de fran ais FIPF le vendredi 21 juillet 2000 Paris Le 30 ao t 1997 La Rochelle Vers une nouvelle utopie le retour de l id ologie officielle La nature explicitement utopique id ologique des sujets du bac est donc patente Mais le plus bel exemple est peut tre celui ci qui fait suite un article de Camus le si cle de la peur o il est pourtant question de la victoire des id ologies de ces abstractions qui aveuglent Notre XX si cle est le si cle de la peur crit Camus Et pour vous le XXT si cle sera le si cle de Est il possible de faire plus explicitement id ologique On demande ici tr s exactement d imaginer une utopie de donner dans le fantasme c est dire de faire ce que Camus d nonce Certes Camus regrettait aussi la privation d avenir l absence d une promesse de m rissement et de progr s certes vivre contre un mur c est la vie des chiens mais si la situation a chang ce n est qu en apparence la logique de la guerre conomique a succ d la guerre froide et beaucoup d hommes continuent de vivre contre un mur peut tre m me davantage en cette poque d euphorie communicante et conomique de pr tendue mondialisation o les profits du
63. on dans le texte le sujet est vacu d tourn Ceux qui auraient voulu s en emparer en discuter ne le pourront pas le texte n est d j plus qu un pr texte En 1998 apr s un texte de Bernard Henri L vy intitul loge du b ton on pr sente le travail d criture suivant Etayez ou r futez votre choix l id e selon laquelle la ville apporte la libert Les exemples sont innombrables Il ne s agit plus d mettre une opinion nuanc e ventuellement partag e comme le permettaient les fameuses discussions il y a peu de temps encore Non le mod le des nouveaux travaux d argumentation c est ce pauvre pour ou contre l indiff rent au sujet propos c est le r gne du votre choix Comment s en tonner lorsque le pr sident du GTD de Lettres annonce qu il faut r habiliter l opinion et en faire notre principal objet d tudes Je voudrais rappeler que notre domaine est tr s simplement et tr s clairement celui des opinions et que les opinions ne sont pas affaire seulement d arguments rationnels mais engagent des go ts des prises de position personnelles des sensations des images et des repr sentations La litt rature y compris la fiction et la po sie les textes en g n ral la langue son exercice et sa pratique appartiennent l espace des opinions tout y est affaire non pas de v rit scientifique mais de vraisem
64. ond d immoralit de gommer les cons quences les plus visibles des d r glementations de la solitude et de la mis re qu il impose Toujours est il qu une br che se fait dans son discours soudain tout ne se vaut pas Quand il s agit de paix civile de choses importantes on n oublie pas d inculquer ce qu il faut C est d ailleurs un joli contresens comme si c tait en imposant un mod le qu on r ussissait transmettre une morale Voil qui est r v lateur d un triple m pris m pris pour l thique d abord dont les imp ratifs doivent faire l objet d un libre consentement tre respect s pour eux m mes sans quoi ils se corrompent m pris pour le savoir ensuite qui n est pas arbitraire comme le d noncent parfois les instructions officielles mais pas naturel lui non plus comme le suppose la p dagogie officielle et qui ne se transmet donc ni autoritairement ni tout seul m pris pour l l ve enfin qui l on n impose finalement que les seules valeurs utiles la soci t Tant qu un homme ne s int resse qu soi il s int resse bien peu de choses Etes vous de cet avis interroge l nonc d un travail d criture apr s avoir donn lire un texte d Hippolyte Taine Qu y a t il dire sur un tel sujet Comment viter le moralisme si ce n est par exemple en faisant un loge paradoxal de
65. ontrer argumenter convaincre Alain Viala l esprit des programmes El ments de document d accompagnement du programme de seconde MENRT CNDP et GTD de Lettres octobre 1999 page 11 7 Fiche 9 Documents d accompagnement du programme de fran ais de la classe de seconde s ries g n rales et technologiques MEN CNDP et GTD de fran ais juillet 2000 p 23 Denis Bertrand affirme par exemple dans la perspective du discours l ments de document d accompagnement pp 25 26 que lorsque le locuteur se fait discret s efface derri re son id e il faut parler d un p le de distance calcul e dans l nonciation scientifique des fins d efficacit persuasive jolie d finition cynique de l objectivit ou encore Autrui est l horizon imm diat de la parole en acte qu on cherche comme disent les th oriciens de l argumentation influencer en quelque mani re dans toute prise de parole bref l change rationnel est une utopie d finitivement archa que de Argumentation et litt rature R flexion et discussion sur le programme de seconde MENRT CNDP et GTD de Lettres p 9 Didacticien et inspecteur g n ral c est M Boissinot que l on doit le d veloppement du champ de l argumentation son grand cheval de bataille persuader et leur d finition brouille consid rablement la probl matique Comment s en tonner Nous sommes dans une
66. op un bisou sur le nez Vous calculez l angle et le baiser tombe exactement o vous le souhaitez quelques millim tres pr s Pareillement avec votre femme Si elle vous demande Tu m aimes plus besoin de vous d ranger ni m me de r pondre vous appuyez sur le bouton le baiser est aussit t livr Inutile de dire que l extrait ne s ach ve pas sur une d convenue du p re celui ci paye cher videmment et sa fille finit par se porter mieux Les autres sujets ne sont pas tr s diff rents Les adultes ne prennent pas Gavroche au s rieux cause de son jeune ge Imaginez une situation comparable dans laquelle un enfant essaie de convaincre un adulte qu il peut lui faire confiance Un extrait du Bl en herbe de Colette o une jeune fille de 15 ans sage et timide discute avec un lyc en impatient d tre grand s ach ve par l agacement de celle ci Tu parles comme un enfant Qu est ce que tu esp res donc mon pauvre petit avec ton impatience et le sujet de demander Imaginez 7 Cette id e se trouve d velopp e par exemple dans L enseignement mis mort d Adrien Barrot Librio 2000 n Sujet de juin 1999 s rie technologique Clermont Ferrand Merci Nicole Paul pour son t moignage ce ropos Sujet de juin 2000 Afrique k Sujet de juin 2000 Amiens Cr teil Lille Paris Rouen Versailles 22 la r ponse de Philippe la derni re question de Vin
67. our des l ves qui se contentent bien trop souvent d affirmer l instar des animateurs t l ou des acteurs charg s de promotion et qui ne savent pas douter pas suffisamment exercer leur esprit critique avec nuance et pond ration Et Boissinot de pointer le v ritable probl me de ces programmes Il ne faudrait surtout pas que s organisent d un c t une approche rh torique et de l autre une approche litt raire tout l enjeu c est de faire communiquer les deux domaines l argumentation occupe 7 C est le principal registre conseill dans les deux objets d tude argumentatifs du programme de seconde d montrer convaincre et persuader et l loge et le bl me On imagine ce que cela peut donner Dans la s quence po sie amoureuse et argumentation le sujet d invention suivant par exemple exprimez votre flamme pour un tre qui vous est cher Alain Boissinot ne d finit pas autrement l pidictique c est le discours pour c l brer les morts de la derni re campagne ou les vainqueurs des jeux c est l loquence officielle R flexions et discussions sur les programmes de seconde p 14 Andr Petitjean membre du GTD d clare galement Si on r actualise ce genre oratoire en le croisant avec le genre du portrait c est qu il correspond des discours sociaux portrait d une vedette loge d un disparu caricature
68. out n est qu affaire de mots Le cynisme est roi Par ailleurs lorsque un sujet permet formellement une r ponse plus complexe un plan dialectique par exemple il le rend aussit t impossible mat riellement Regarde t on les informations la t l vision comme on regarde un spectacle 5 Voil un tr s bon sujet a priori mais le rapport de force tel qu il appara t dans le sujet est in gal les positions d un Bourdieu ou d un Debord ne sont ni cit es ni expos es alors qu on donne tudier aux l ves leur r futation par deux intellectuels plus m diatiques Luc Ferry et Andr Comte Sponville au titre du livre loquent La sagesse des modernes Comment dans ces conditions les candidats pourraient ils quitter leurs a priori et r pondre v ritablement la question Mais vrai dire cela est moins g nant si l on consid re que c est Pierre Bourdieu et Guy Debord qui sont remplis d a priori pleins d une ex crable mauvaise foi Peut tre travers ce sujet fallait 1l laver l affront qu ils avaient commis 916 Mais dans tous les cas tait ce bien aux candidats au baccalaur at de d fendre la cause de quelques intellectuels m diatiques d tre envoy s sur le front d une pol mique dont ils ignoraient presque tout Leur dipl me si d valu soit il ne peut il s acqu rir qu ce prix 1 Philippe Meirieu lui m me pr sident de l Institut de la recherc
69. ouve une autre r ponse ce sujet encore meilleure peut tre la r ponse attendue finalement mais ce n tait pas dans les corrig s de l inspection la Commission europ enne travaille mal Le monde de l ducation semble ne pas bien percevoir le profil des collaborateurs n cessaires l industrie L ducation vise apprendre non recevoir un enseignement Vous ne percevez pas bien la distinction C est que vous n avez pas encore t touch par la propagande de la Commission L OCDE est peut tre plus claire Il est plus important d apprendre apprendre que de ma triser des pr tendus faits Il faut encourager la possession d un ordinateur Les tudiants doivent apprendre utiliser les services de r seau de la m me mani re qu ils utilisent le t l phone Sujet de juin 1999 s ries technologiques Guadeloupe Guyane Martinique 2 Sujet de juin 1999 s ries g n rales France m tropolitaine Ce texte est extrait du rapport Une ducation europ enne Vers une soci t qui apprend ERT f vrier 1995 quel titre L ERT Table Ronde Europ enne en fran ais est un lobby d industriels dont les id es voire les propos se retrouvent syst matiquement dans les textes de la Commission europ enne Il y a des groupes y compris de pression plus efficaces que d autres G rer les strat gies de l information dans l enseignement sup rieur OCDE Paris 1
70. que l inspection diffuse chaque ann e peut tre s agit il de cr er un nouveau rite Au lieu de certifier un niveau il attesterait de la capacit de l l ve entrer dans un consensus La d magogie cheval de Troie d une certaine id ologie D s lors la d magogie ne conna t plus de limite On propose aux l ves un extrait de Jeannot et Colin de Voltaire un texte terriblement actuel terriblement pertinent o un crivain et un pr cepteur tentent de convaincre des parents de ne pas instruire leur enfant de le confier aux femmes plus plaisantes parce que moins d form es par les connaissances S il sait les moyens de plaire il saura tout conclut lami crivain ami des nouveaux programmes Malgr des questions pr alables portant sur l ironie du texte rien n est fait dans la question finale pour viter l l ve de d fendre cette position On touffe l esprit des enfants sous un amas de connaissances inutiles s crie le gouverneur Soutiendrait il selon vous la m me opinion aujourd hui 8 On invite videmment les candidats r fl chir sur leur ducation montrer l actualit de ce texte mais on ne demande pas explicitement dans quel sens On permet m me qu il d fende la position du pr cepteur On l gitime donc la d magogie De l penser que les concepteurs des sujets partageaient l opinion de ces deux p dagogues r formistes il n y a
71. r elle dont les profs ignorent tout Mais revenons nos sujets de bac Les cons quences de cette th orie galvaud e de surcro t sont apparentes apr s un texte o Lamartine d fend le droit au travail comme un droit inali nable de l homme que l Assembl e constituante aurait d voter qui seul donne une dignit l tre humain et qui n est pas autre chose que le droit de vivre on demande au candidat r digez l intention d un lecteur d aujourd hui un plaidoyer en faveur d un droit de votre choix Voil un magnifique sujet d invention avant la lettre quelle l g ret quel m pris pour l l ve et le correcteur Comment peut on noter un tel travail Faut il sanctionner le droit de ne rien faire Non bien entendu Et le droit de ne pas aller l cole Ce serait de l abus d autorit Et le droit du fort d craser les faibles le droit d ignorer les droits S il est interdit d interdire il doit tre autoris de tout autoriser Faut il insister Ce type de sujet permet tous les d voiements malgr un sujet essentiel irrempla able peut tre pour cela d ailleurs un sujet inimitable Comment peut on imaginer un tel exercice plaider son tour apr s un auteur qui plaide un des droits les plus fondamentaux encore aujourd hui n glig Comment mieux faire comprendre l l ve que d sormais tout est permis tout peut se d fendre t
72. r la figure m me de l intellectuel re ues tendre vers l universel partir du particulier on propose d initier au registre pol mique comme si les l ves ne le connaissaient pas d j assez n en avaient pas suffisamment d exemples autour d eux commencer la t l et on propose de former l loge et au bl me Cette partie du nouveau programme m rite qu on s y arr te Outre qu l tat pur ces formes de l loge et du bl me ne sont pas bien riches ni int ressantes elles renouent avec la rh torique de cour s agit il de produire des po mes gloire des nouveaux rois de fustiger les princes f lons ou tel ou tel mauvais vassal Au cas o l on en douterait les documents d accompagnement le soulignent il faut r habiliter toutes les formes de l ancienne rh torique le d lib ratif le judiciaire mais aussi l pidictique d j illustr e par les sophistes au V si cle avant JC Habilement l tude de l loge et du bl me est rendue optionnelle BO du 31 ao t 2000 mais outre qu elle r appara t plusieurs reprises dans les perspectives compl mentaires sous le terme d pidictique elle est constamment cit e dans les documents d accompagnement comme quasiment incontournable et comme perspective oblig e pour faire de la po sie Certes l pidictique existe encore ce n est pas forc ment cette pratique d su te que l on pourrait croire cer
73. rands bonds en avant 27 des arguments n est voqu qu allusivement et indirectement Rien ne vient indiquer comment faire acqu rir aux l ves des rep res culturels efficaces comment ils pourraient se les approprier apprendre en juger et les transposer pour penser plus profond ment ou s orienter mieux dans les rapports humains Les notions et techniques privil gi es par le programme s appliquent aussi bien un discours de caf du commerce qu un plus brillant expos un feuilleton de s rie Z qu Victor Hugo C est leur force car l enseignement du fran ais doit doter chacun des moyens de faire face aux usages de la langue les plus vari s mais c est aussi leur limite dans la mesure o elles ne suffisent pas garantir que les l ves auront assez tir profit des points de vue originaux contenus dans les th ses ou les uvres abord es Quant aux uvres litt raires aucune place explicite n est faite dans le programme ce que chacune d elles peut apporter d irrempla able Le grand roman d veloppe des formes jusqu alors latentes de l existence Ce sont l des clairages d cisifs de l exp rience humaine qu il ne suffit pas de croiser presque par raccroc l occasion d une tude des registres des genres ou des structures narratives il faut les travailler pour eux m mes y revenir dans des contextes vari s pour en approfondir la compr hension
74. role suffit convaincre qu une lettre ouverte est comparable un roman d apprentissage tel que Les aventures de T l maque que nous sommes tous les pr cepteurs de nos chefs d Etat Que dire enfin d une telle illusion l heure o l on nous explique qu il faut davantage prendre en compte la situation d nonciation dans les textes Le deuxi me travail d criture n est pas moins int ressant Les arguments de F nelon en faveur du roi pacifique vous paraissent ils utopiques de nos jours Evidemment il faut r pondre que non que la construction europ enne nous prot gera d sormais de tous les maux Mais mieux encore l l ve attentif peut suivre F nelon dans son loge du roi pacifique Il retranche le faste la mollesse et tous les arts qui ne servent qu flatter les vices Ce peuple laborieux simple dans ses m urs accoutum vivre de peu gagnant facilement sa vie par la culture de ses terres se multiplie linfini un conqu rant voisin trouverait ce peuple invincible par sa multitude par son courage par sa patience dans les fatigues par son habitude de souffrir la pauvret La c l bration de la prodigalit la critique des passions permet donc au prix de quelques contresens une lecture n olib rale d graissons rationalisons et tout ira mieux Est ce l loge que l on veut faire faire aux l ves dans le premier ou le deuxi me travail O
75. s du bac sont parfois m me tr s int ressants mais d autres de plus en plus donnent sans retenue dans l id ologie dominante dans les modes les plus hont es le modernisme le plus aveugle Des sujets ind cents indignes se font jour l instar du brevet des coll ges 2000 en fran ais par exemple C est ceux l que nous allons pr senter travers une s lection videmment incompl te mais aussi loquente que possible pour que nous sachions vers quoi nous nous dirigeons et qu une r action soit possible pour sauver une cole de qualit respectueuse des savoirs des l ves et des enseignants mais aussi plus largement pour pr server une d mocratie plus que jamais menac e par la pression du secteur marchand et la soci t du spectacle Dans ce type d analyse le proc s d intention menace toujours puisqu il s agit de faire appara tre l implicite d un texte La lecture qui sera propos e des extraits donn s au bac de fran ais et du traitement sugg r par leurs sujets ne pr tend pas tre la seule possible mais elle s efforce de respecter les textes et de prendre en compte sans illusion ni d magogie les interpr tations que des l ves de 16 17 ans peuvent en donner C est l vidence ce qui a manqu leurs promoteurs Pr cisons aussi avant d entrer dans le vif du sujet que la subjectivit politique est partout dans tous les sujets de bac ceux d hier comme d aujourd hu
76. soci t o la notion d objectivit est v cue comme artificielle comme un obstacle nos d sirs nos r ves et particuli rement un obstacle aux d sirs et aux r ves de ceux qui d cident notre place Voil qui est peut tre logique mais tragique sans cette id e sans cet espoir de comprendre et de se faire comprendre les rapports humains redeviennent de simples rapports de force Nous comprenons en tout cas un peu mieux le choix des travaux d criture puisque tout est subjectif tout est relatif tous les discours se valent donc Aussi ne faut il rien imposer Oui mais si tout se vaut si tout est soup onnable pourquoi ne plus apprendre d passer une th se m me dans une optique purement rh torique M me arbitraire puisque tout l est d sormais l exercice est formateur L encore les propos d un membre du GTD sont clairants L id al pour le coll ge d clare Catherine Weinland est chercher du c t des pratiques sociales de l crit De plus et parce qu un id al n est pas toujours possible atteindre nous avons attach beaucoup d importance ce que l l ve de coll ge n crive plus dans le vide crire dans le vide c est crire une r daction pour un professeur On remerciera Mme Weinland pour le professeur Et d ajouter Nous pensons au contraire que tout crit est destin un lecteur Le prof n est donc pas un lecteur du mo
77. sujets sont tudi s attentivement plus ils sont riches plus le correcteur peut faire jouer des crit res de notations et affiner la note plus les sujets sont pauvres et b cl s plus les crit res de notation se r duisent plus le risque d injustice est grand et plus l institution peut manipuler l ves et professeurs monter les uns contre les autres trafiquer les r sultats A quel correcteur d examen n a t on pas impos des consignes de cl mence ces derni res ann es pour un nonc mal formul par exemple au motif vident que l l ve n y est pour rien La baisse g n ralis e des exigences qui appara t dans les nouveaux sujets ne semble pas avoir d autre raison permettre par tous les moyens une notation plus l che plus vague pour augmenter les r sultats sans efforts et encore doper les statistiques au d triment de tous sauf peut tre de quelques industriels et politiques qui pourront pr tendre une nouvelle hausse du niveau une meilleure d mocratisation de l cole Personne ne s inqui te en revanche du risque de d placer les crit res d valuation Il est d j admis qu on n value pas seulement l acquisition des savoirs mais aussi des savoir faire Avec ces nouveaux sujets de bac et la promotion du sujet d invention on va plus loin on se met de plus en plus valuer le savoir tre des candidats par limination de tout autre savoir Inutile d
78. te un m contentement g n ral de la population d Sujet de juin 1997 s ries g n rales Pondich ry 21 pas voir ne veulent pas croire que cela est possible Cela est pourtant Qu on se donne la peine de relire les propos d Etienne et l nonc du sujet donn Tout est coh rent En revanche voici de bons sujets ceux d une cole qui serait redevenue normale Ils sont tir s du brevet des coll ge mais leur arriv e au bac via le sujet d invention ne saurait tarder Par exemple ce sujet de brevet d sormais fameux Chaque poque a ses objets la mode A l heure actuelle il y a en France plus de dix millions d utilisateurs de t l phones portables En vous appuyant sur des exemples pr cis expliquez quels sont d apr s vous les avantages et les inconv nients d un tel objet Comment n y avoir pas pens plus t t utiliser les examens pour faire rentrer dans la norme certains usages certains objets pour d verser les arguments d autorit de la publicit Dix millions de fran ais ont d j choisi le portable pourquoi pas vous A la sortie de l preuve l argumentaire est pr t il ne reste plus qu le pr senter maman Il faut croire que les grands op rateurs de t l phonie n avaient pas encore suffisamment p n tr le march des 14 15 ans Tu vois maman on en parle m me au brevet Pourquoi je n en ai pas moi Sans parler de tous ces
79. tes elle s exprime dans les colonnes des journaux sportifs comme on nous le donne constamment en exemple mais est ce vraiment cela la mission du lyc e Former les futurs pan gyristes des dieux du stade de la blonde voisine ou de Vivendi Que L Equipe constitue la r f rence constante sinon oblig e des nouveaux concepteurs de programme ne laisse d ailleurs pas de surprendre outre tout ce qu elle a de d magogique il faut noter que ce journal a jou un r le trange dans l pop e de 1998 que l on voudrait nous voir c l brer en classe celui d opposant Aim Jacquet a t il cess de rappeler les nombreuses calomnies rumeurs que L Equipe a v hicul es son endroit pardon les pamphlets satires r quisitoires diatribes caricatures persiflages et autres formes de bl mes qu il offrait notre bon plaisir N est il pas av r que la victoire de 1998 ne devait rien ce journal bien au contraire A l heure o l on nous demande de pratiquer loges et bl mes arguant qu ils se pratiquent dans L Equipe cela doit nous interroger non seulement on veut endormir nos l ves en leur faisant croire qu ils sont les champions mais en plus on ne leur donne que des contre exemples suivre Car argumenter ce n est pas louer ou fl trir c est peser l adh sion telle ou telle id e c est mesurer qualifier un attachement ou un rejet N est ce pas d ailleurs le plus utile p
80. ubjectivit mais irr ductible Les r dacteurs y insistent bien au cas o l on croirait pouvoir y chapper prendre notre destin en mains d s qu il s agit de raisonner sur des valeurs touchant le bien ou le mal la justice ou l injustice la libert ou la contrainte argumenter consiste justifier la pr f rence que l on accorde telle ou telle fin et que l on cherche faire partager La libert la justice ne seront donc toujours que des vues de l esprit Voil qui est A ga terriblement connot Tout discours est d sormais suspect et n a de rapport que tr s lointain avec la v rit puisqu il sert justifier une pr f rence pr tablie et qu il cherche l imposer Plaisantes pr misses C est l id e m me d objectivit pourtant essentielle dans la construction de la personnalit dans le d veloppement intellectuel que l on cherche touffer travers les sujets de bac et jusqu au sein du GTD Devant ces positions excessives dont les cons quences sont pourtant transparentes 1l se trouve quelques voix critiques pour inviter un peu plus de prudence et de mesure parfois inattendues il existe un probl me de rigueur dans la d finition note par exemple Alain Boissinot Plus le champ de l argumentation s tend plus on utilise le terme de fa on souple Plus on largit la r flexion en particulier en glissant peu peu
81. ur brouiller les pistes et augmenter les recettes des maisons d dition Faut il y voir un signe Comme les derniers sujets du bac l indiquent il ne s agit plus de promouvoir l autonomie d une pens e qui permet la r volte Hugo et Zola cantonn s des sujets finalement secondaires et Lamartine noy par la mar e du consensus mais seulement la ruse et l invention du petit ma tre de l homme apparemment r sistant mais finalement soumis Ce n est pas tonnant d ailleurs Alain Viala l explique lui m me il faut r habiliter les formes d criture ant rieures la seconde moiti du XIXe si cle Sauf qu il oublie que cette poque est essentielle dans l histoire des lettres et des arts que ce n est pas une date charni re sans raison c est le moment o la litt rature r ussit enfin chapper l emprise des pouvoirs environnants o elle r ussit imposer ses propres valeurs ses propres finalit s c est le moment o les champs artistique et litt raire acqui rent leur autonomie par rapport aux champs politique conomique et religieux ce n est plus un prince ou un n gociant qui commandent une uvre le pouvoir ne se sent plus autoris juger une uvre c est l crivain l artiste qui impose ses priorit s A travers toutes les valeurs pr n es par le GTD de Lettres et par les sujets de bac il s agit donc de revenir un mod le des lettres dont les crivains ont mis
82. ute thique Poil de Carotte n est pas soutenu par son grand fr re F lix et sa grande s ur Ernestine Que pensez vous de leur attitude Quel doit tre selon vous le r le d une s ur ou d un fr re a n dans une famille a t on demand cette ann e au brevet des coll ge Quelles r ponses attendait on C est pas bien a se fait pas peut tre Nous ne sommes pas loin en tout cas des devoirs d ducation civique que l on pouvait trouver il y a un si cle Enum rez les devoirs que vous devez l gard sic de votre p re et de votre m re Apr s un extrait des Aventures de T l maque de F nelon on propose un premier travail d criture R digez une lettre ouverte aux chefs d Etat afin de les convaincre de travailler Dans les documents d accompagnement de la classe de seconde par exemple fiche 1 p 6 fiche 5 p 12 4 Sujet de juin 1997 s ries g n rales Am rique du Nord 4 Sujet compl mentaire de juin 1999 s ries g n rales Merci Corinne J sion pour avoir attir notre attention dessus s Sujet de r flexion de juin 2000 s rie professionnelle acad mies de Besan on Dijon Grenoble Lyon Nancy Metz Strasbourg Cahier de devoirs mensuels de l cole de M ry Corbon Mus e national de l Education Rouen 11 pour la paix Comment accepter les bons sentiments en guise de politique Mais qu imagine donc l inspection que la pa

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