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1. ryq il Compte rendu Ouvrage recens Jean Greisch Ontologie et temporalit Esquisse d une interpr tation int grale de Sein und Zeit Paris PUF coll pim th e gt 1994 522 p par Yvon Corbeil Philosophiques vol 23 n 2 1996 p 451 454 Pour citer ce compte rendu utiliser l adresse suivante URI http id erudit org iderudit 027414ar DOI 10 7202 027414ar Note les r gles d criture des r f rences bibliographiques peuvent varier selon les diff rents domaines du savoir Ce document est prot g par la loi sur le droit d auteur L utilisation des services d rudit y compris la reproduction est assujettie sa politique d utilisation que vous pouvez consulter l URI https apropos erudlit org fr usagers politique dutilisation rudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif compos de l Universit de Montr al l Universit Laval et l Universit du Qu bec Montr al Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche rudit offre des services d dition num rique de documents scientifiques depuis 1998 Pour communiquer avec les responsables d rudit info erudit org Document t l charg le 16 novembre 2015 07 28 COMPTES RENDUS 451 Jean Greisch Ontologie et temporalit Esquisse d une interpr tation int grale de Sein und Zeit Paris PUF coll Epim th e 1994 522 p L ouvrage de Jean Greisch doyen de la Facult de philos2. Le texte de Greisch se divise en trois parties distinctes C est la seconde et de loin la plus longue qui en est le c ur constituant en propre le commentaire suivi de l uvre ma tresse de Martin Heidegger L auteur y parcourt fid lement SZ section par section tant t en paraphrasant le texte tant t en explicitant tel ou tel aspect de l analyse le plus souvent la lumi re d tudes d j parues sur tel ou tel probl me particulier Ces derni res appartiennent pour l essentiel la post rit fran aise de la ph nomenologie J F Courtine J Derrida D Franck E L vinas J L Marion E Martineau et peut tre surtout P Ricoeur Le travail de Greisch est d un int r t certain pour quiconque cherche s initier la lecture d un texte aussi difficile que SZ Non seulement l auteur y propose t il certaines interpr tations clairantes de nombreux passages cl s de l uvre mais il offre galement au regard les r sultats d tudes men es par d autres penseurs sur ces m mes passages rendant possibles la fois la rencontre du texte original ainsi que celle des commentaires auxquels celui ci a donn lieu ce titre Greisch pr sente ici pour le monde francophone l une des meilleures et des plus compl tes interpr tations de lJ uvre ma tresse de Heidegger Pourtant Ontologie et temporalit montre malgr cela les limites de ses qualit s propres suivant tr s fid lement le texte de SZ il en suit tout
3. du jeune Heidegger et qui doivent trouver dans l ouvrage de 1927 un aboutissement tout le moins une r ception En accord avec nombre d tudes actuelles quant la gen se de SZ Greisch refuse de confiner toute la d marche de Heidegger en 1927 l unique th me de la question de l tre Se basant notamment sur les tudes de O P ggeler T Sheehan K Lehmann et D Thom l auteur tentera de lire SZ en suivant Sa gen se philosophique sp cifique plut t que le mode d emploi propos par Heidegger On s tonnera cependant de l absence presque totale de r f rences aux tudes de T Kisiel qui sur ce th me sp cifique produit r guli rement depuis plusieurs ann es des articles clairants Greisch examine mais 454 PHILOSOPHIQUES rapidement certaines stations cardinales de la pens e de Heidegger avant SZ Rickert Brentano Husserl Dilthey Son objectif n est pas tant de fournir sur ces sujets des analyses exhaustives que de faire voir les th mes dont il faudra suivre l volution dans SZ Il convient cependant de noter encore ici les limites de la m thode de l ouvrage en suivant fid lement dans le commentaire le Denkweg de Heidegger lui m me Greisch s obligera finalement ne traiter les th mes que selon la guise de SZ S il ne fait pas de doute que les pr occupations du jeune Heidegger seront th matis es en quelque mani re dans son ma tre livre la mani re dont il posait ces probl mes quelq
4. autant les d tours les arr ts et les choix d itin raires Ceci a pour cons quence que hormis quelques consid rations li es l aspect thique du projet de l ontologie fondamentale ou encore certaines analyses du temps nous sommes non seulement amen s poser les probl mes comme l avait fait Heidegger ce qui va de soi pour un commentaire mais aussi les r soudre comme il le fait voire les contourner comme il le fait Certes Greisch propose quelques interpr tations sp cifiques qui s loignent bien que sur le mode de l explicitation de la lettre stricte de SZ Mais c est alors la perspective m me de son commentaire qui en souffre puisque l interpr tation propos e ne retourne plus directement l ouvrage comment Nous ne donnerons qu un exemple la lecture que fait l auteur du 6 33 de SZ Greisch r sume cette section en insistant sur le caract re croissant de l explicitation au fur et mesure que se produit et que se pr cise l nonc processus qu il ilustre en reprenant les mots de P Ricoeur expliquer plus c est comprendre mieux et en les compl tant par cet aphorisme Expliquer encore plus c est noncer p 202 Il souligne comme le fait Heidegger lui m me que l nonc d croche en quelque sorte de son enracinement facticiel pragmatique pour devenir une monstration de plus en plus d sint ress e En effet lors de son nonciation le comme herm neutique exis
5. nc mais avec la situation facticielle d o ce dernier d rive en aucun cas le d voilement du ph nom ne initial qui nous int resse ici ne pourra tre mieux explicit en non ant c est plut t le mouvement inverse du refus ou de la d construction de l nonc qui rapproche la pens e de ce ph nom ne L exemple qui pr c de n a pas pour but de substituer une analyse une autre encore moins de d nigrer un travail qui dans l ensemble montre plut t un tr s grand souci de rester fid le au texte de Heidegger Nous voulions simplement faire remarquer que la forme particuli re du cours de Greisch celle d un commentaire pas pas ne doit pas faire cran s il s agit ici d initier le plus fid lement possible la lecture d un texte important il reste qu il s agit bien d une interpr tation Il ne saurait bien s r en tre autrement mais le commentaire suivi tend parfois nous le faire oublier De la portion centrale de l ouvrage se d tachent une Introduction historique portant le titre De l herm neutique de la facticit l ontologie fondamentale 1919 1928 et une derni re partie intitul e Temps et tre L invention de la diff rence ontologique Le premier de ces deux textes se veut une introduction historique au chantier m taphore reprise Ricoeur de SZ Plus sp culative que le commentaire cette introduction passe en revue quelques unes des questions qui occupent d j l esprit
6. ontre que l aller et retour herm neutique qui peut unir les deux comme est en quelque sorte court circuit par la r f rence au langage La saisie pr alable que comporte toujours aussi l nonc n attire d ordinaire gu re l attention parce que la langue porte chaque fois d j en elle un appareil conceptuel tout constitue trad Vezin de Der im Aussagen immer auch mitliegende Vorgriff bleibt meist unauff llig weil die Sprache je schon eine ausgebildete Begrifflichkeit in sich birgt 157 Greisch insiste plut t sur le fait que bien qu une d construction de l nonc en direction du sens soit n cessaire cela ne signifie pas qu il faille pour autant en discr diter la valeur ontologique Pourtant Heidegger crit bien Il le comme apophantique l nonc est coup de ses possibilit s d articuler les rapports de renvoi de la significativit telle qu elle constitue la mond it ambiante trad Vezin de Es ist bez glich seiner M glichkeiten der Artikulation von Venveisungsbez gen von der Bedeutsamkeit als welche die Umweltlichkeit konstituiert abgeschnitten 158 En d autres termes l nonc se coupe du sens du s y comprendre qui en est l origine Puisque du manque de mots ne d coule aucunement le manque d explicitation trad Vezin de Aus dem Fehlen der Worte darf nicht auf das Fehlen der Auslegung geschlossen werden 157 et que le sens a proprement faire non pas avec l no
7. ophie de l Institut catholique de Paris Ontologie et temporalit se veut comme l indique le sous titre l s esquisse d une interpr tation int grale de Sein und Zeit SZ D embl e Greisch adopte un style professoral il s en confesse lui m me et ce choix est d autant moins tonnant que l essentiel des analyses que l on trouve dans l ouvrage est issu d un cours qu il a donn en 1991 1992 ponctu tout autant d exemples parfois tonnants ainsi l auteur comparera les interpr tations et m rites respectifs d escouades anti meute CRS nominalistes et ph nom nologistes que de nombreux sch mas dont il n est pas s r d ailleurs que la compr hension soit en l absence du maitre aussi facile qu on aurait pu le souhaiter Les citations pr sent es en encadr s ont t le plus souvent retenues pour leur puissance vocatrice et constituent parfois des rapprochements audacieux avec le texte de Heidegger on y trouvera m me un monologue de Raymond Devos Un tel cum nisme de l illustration s il est 452 PHILOSOPHIQUES souvent appropri au sein d un cours dans la mesure o celui qui le propose est pr sent afin d lucider le passage de la notion expos e l exemple qui doit la d voiler devient un probl me ici lorsque la distance qui s pare le concept de l exemple est trop grande et que le risque est d cupl de trouver dans cet exemple autre chose que ce que l auteur voulait nous y indiquer
8. t ce dernier th me il convienne de noter encore une fois les limites d une analyse qui emprunte un chemin d j trac En effet dans les parages d un commentaire suivi de SZ l examen de la r habilitation partielle de la philosophie transcendantale que proposent les ouvrages heidegg riens consacr s Kant aurait exig que l on rende compte de la compatibilit possible entre nomm ment ici l interpr tation que propose Heidegger de l a priori kantien et la primaut des existentiaux que r v le l analytique existentiale Yvon Corbeil D partement de philosophie Universit de Montr al
9. tenzial hermeneutisches Als devient peu peu un comme apophantique apophantischens Als Greisch affirme que l analyse de Heidegger ne cherche pas discr diter l nonc mais plut t mettre en garde contre les dangers d un formalisme logiciste qui voudrait faire croire la pr sence stricte dans l nonc du tout que r alise le ph nom ne de cet nonc Voil un glissement subtil de l interpr tation qui t moigne peut tre des int r ts de l auteur pour une possible ontologie ayant son lieu dans le langage et ou d une volont de celui ci d harmoniser Heidegger avec lui m me adoucissant en quelque sorte la volte face que l auteur de SZ accomplira peu peu dans sa propre r flexion sur le langage Car en 1927 et notamment dans ce 8 33 ce que souligne Heidegger n est pas le fait de l explicitation continu e gr ce l nonc mais le caract re COMPTES RENDUS 453 trompeur de celui ci eu gard celle l Alors que Greisch parle de l nonc comme d une sp cialisation de l explicitation Heidegger examine plut t les modifications modifikabel que celui ci fait subir au premier comme herm neutique Heidegger insiste sur le fait que l nonc recouvre Greisch rappelle bien davantage l existence du cach en proposant non seulement une transparence du voile de l nonc mais plus encore une forme d accomplisse ment du comme herm neutique dans et par l nonc SZ m
10. ues ann es auparavant ne permet peut tre pas toujours de bien apercevoir celle suivant laquelle il pr tend les inscrire sous l emprise de l unique question de l tre D s lors le travail qui consiste suivre l volution de tel ou tel th me ant rieur SZ dans celui ci continue malgr la premi re partie d Ontologie et Temporalit d tre exig lors de la lecture du commentaire puisque ces th mes n y font plus alors l objet d une attention sp cifique La derni re partie plus analytique se consacre un examen de quelques uns des probl mes qui ont attir l attention de Heidegger dans la conf rence Ph nom nologie et th ologie ainsi que dans les derniers cours de Marbourg On ne se surprendra gu re d y trouver une longue et perspicace analyse de la conf rence pr cit e au cours de laquelle Heidegger pense les rapports que peu vent entretenir la philosophie et la th ologie en tant qu elles sont ou peuvent tre dites sciences Greisch y examine galement le motif de la transcen dance telle que l entend Heidegger ainsi que les premi res esquisses de l auto interpr tation continu e de SZ par son auteur Mais on retiendra peut tre surtout les deux courts chapitres consacr s la diff rence ontologique et la temporalit comme l unique mani re de comprendre ce que peut tre l a priori qui sont autant de lumineuses pr sentations de probl mes cardinaux bien qu en ce qui concerne notammen
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