L`usure ou ribit
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1. L USURE COMME MORT S RE DE LA COMMUNAUT La Torah interdit de pr ter avec int r t Diverses raisons ont t avanc es pour le justifier Si l objet de la Torah est avant tout moral il semble naturel de l associer une d nonciation de la cupidit Nous verrons qu une telle raison n est pas soutenable On sera donc amen analyser ce qu est un pr t et en distinguer diff rents types pr t la consommation pr t la production et pr t au logement II faudra alors justifier les prises d int r t dans chaque cas et d en discuter leurs l gitimit s En particulier nous montrerons que le pr t la consommation ne peut en aucun cas pr tendre une perception d int r ts Le Ritva voudra partir de cette prise de profit abusif comprendre l interdit du profit usuraire vis par la Torah Cette th se retrouvera un lointain cho chez Jorion Nous montrerons que cette interpr tation n est pas tenable et n est globalement pas tenue par les auteurs les plus classiques Nous montrerons enfin que cet interdit pourra se comprendre l aide d une analyse pr cise du pr t la production Le cas du pr t au logement sera alors pris comme une introduction un vaste probl me celui de la prise de gage en contrepartie d un pr t l L interdit du pr t int r t comme interdit moral la cupidit La Torah nous interdit de pr ter avec int r t trois reprises 22 n9 NINW 990 242 W2. X DDYN n 99 nl 17 ND7n D an J NN7 J NNT7 JUN N7 NNW N N DIN YAI NN 7 awin AU N D UN ADI D7IVN NWI NION On emprunte et on pr te avec usure l idol tre et l tranger r sidant comme il est dit Tu ne pr teras avec usure ton fr re de l on comprend qu il est autoris de pr ter avec usure tout autre personne Cette conclusion sera reprise dans le Tour 159 de Yor D a Il n est pas n cessaire ici de justifier la conclusion l gale ce qui a d j fait couler beaucoup d encre retenons simplement qu il n est pas interdit de prendre de l usure un non juif d apr s la Torah Cependant les sages limiteront cette permission en pr cisant que le profit usuraire avec les non juifs ne sera permis que pour se nourrir mais non pour s enrichir D apr s le Torah pourquoi serait il permis de pr ter avec int r t un non juif II me semble que fondamentalement l usure ne transgresse pas la morale universelle emprunteur ne se fait pas forcer la main m me s il est dans la difficult c est de son plein gr qu il accepte de payer un int r t La Torah n y voit pas l un exc s de violence comme elle interdirait le vol d un non juif En revanche l interdit de pr t avec usure entre juifs montre que la Torah encourage une relation de fraternit entre juifs la Torah vise former un certain lien de communaut et de confiance entre les pratiquants On le voit clairement la
3. avec de nombreux cheveux chacun d entre eux se nourrit ind pendamment des autres car si un poil s alimente de la m me cavit qu un autre poil ceci causerait une diminution de la vision plus forte raison pour les autres membres plus massifs ils n cessitent leur propre alimentation ainsi que le savent les m decins de ce savoir l mentaire on peut connaitre l attention que porte Dieu chaque cr ature C est pourquoi la sortie d Egypte est mentionn e propos de l interdit de l usure Les relations de propri t dans la communaut juive ne se fondent pas sur la comp tition Le plan de la nature n est pas envisag comme une comp tition mais comme des contributions une totalit un corps non seulement il y a assez de place pour tous mais il faut envisager l autre comme un associ Il ne s agit pas 14 Un juif peut emprunter de l argent un non juif avec usure 5 Le Pirkei de Rabbi Eli zer fait une glose sur un verset de Y h zkel 18 12 not QT NA NIN NWY DYNN NIAYIAD 72 NX NN NT OI NAR N D M AW 16 Pauteur joue sur le mot N ch h qui d signe la fois l usure et la morsure du serpent 1 Je ne sais si la m decine actuelle confirmerait ceci mais peu importe l exemple les organes du corps fonctionnent de concert et non pas l un contre l autre 17 d ang lisme mais bien d un plan divin qu il convient de se r approprier titre individuel Il ne s
4. agit pas non plus d liminer toute comp tition mais pas au niveau de la propri t De nombreuses lois vont dans ce sens comme par exemple celles sur le jubil Comme l aura dit Jorion le pr t la production a t engendr par l histoire de nos soci t s dont la richesse a t confisqu e d s l origine par les guerriers puis par ceux qui ont pris leur place lorsqu il s est av r que l argent accumul conf rait des pouvoirs aussi grands que ceux qui au d but d coulaient uniquement du recours la force La diff rence entre le m tayage et une usure fix e par avance c est pr cis ment que le fermier reste solidaire avec son m tayer mieux il en est l associ en all geant la solitude int rieure de l homme dans le besoin En fixant une usure par avance quelque soit la production r elle obtenue il y a d solidarisation entre le pr teur et emprunteur qui doit supporter seul les impond rables Lorsque le b n fice est pris sur le corps du bien le pr teur se soucie du destin de son bien dans les mains du m tayer Ce qui ne veut pas dire qu il n ira pas de temps en temps lui prodiguer de g n reux conseils mais il y aura une communaut de destin entre les deux hommes Si l usure est fix e par anticipation le m tayer se trouve seul en assumer les al as comme si le propri taire neut pas les subir s il l exploitait lui m me le propri taire ne viendra qu
5. la fin toucher ses dividendes et reprendre ses b tes Il s agit de vivre avec ton fr re C est pourquoi ces versets sont plac s au milieu des lois relatives la vie en Isra l alors qu il n a jamais t envisag que ces interdits ne s appliquent que sur la terre d Isra l il s agit de souder une communaut de destin Cette communaut a t scell e avec la sortie d Egypte d o son rappel Et donc naturellement ces lois ne s appliquent qu entre juifs En particulier on peut pr ter avec int r t l tranger r sident m me si nous avons envers lui l obligation de l aider vivre nous n avons pas l obligation d tre solidaire avec lui Envisageons le troisi me type de pr t le pr t au logement ce qui va nous permettre de tester l approche ici envisag e 18 On a souvent fait le lien entre la th orie darwinienne de l volution et la th orie conomique de Malthus o la comp tition aurait un r le soit disant salvateur Nous pouvons pr ciser l on s inspire de la nature quand il s agit de traiter le principal probl me des hommes Si leur principal probl me est celui de l argent on prendra pour mod le la nature mais si c est le travail de l esprit qui importe fondamentalement c est l que la comp tition sera f roce comme on le sait de l tude talmudique 1 On comprendra au passage la violence de l pisode d Akhan cet homme qui a vol une partie du but
6. moins qu elle ne me pr te de l argent constitu de d p ts sur des comptes courants il s agit d argent qu elle aura elle m me emprunt et sur lequel elle acquitte elle aussi des int r ts son cout de financement ce qui nous ram ne accessoirement la question de savoir pourquoi elle en verse Comme l a dit un jour un commentateur sur mon blog les int r ts sont une commission tal e dans le temps O vais je moi l emprunteur trouver l argent qui me permettra d acquitter des int r ts sur l achat d un r frig rateur Gardons cette question en r serve et 4 n P A L argument semble tout fait recevable et demande une discussion notons simplement que le r frig rateur lui m me ne m aura pas aid trouver l argent n cessaire son remboursement ou d une mani re tr s indirecte disons en m vitant de consommer des aliments avari s et en m aidant du coup rester en vie Cette derni re remarque peut sembler emprunt e Alice au pays des merveilles on verra plus tard pourquoi elle est en r alit essentielle Que se passe t il si j choue rembourser le pr t La banque me fera des mis res mais finira en d sespoir de cause par mettre aux pertes et profits l argent que je lui dois elle bouchera le trou l aide de la prime de risque comprise dans le taux d int r t dont s acquittent tous ceux qui paient eux consciencieusement leurs traites Le r frig rateur tant l objet m me qu il
7. tait interdite selon la Torah que l usure prise sur des biens fongibles c est dire destin s tre consomm s Il serait interdit de prendre de l usure sur des biens fongibles dans la mesure o ceux ci vont tre retrouv s l identique par le pr teur celui ci se retrouvant au final en la possession d un bien identique ou de m me valeur l usure en serait interdite puisque rien ne justifierait une r mun ration en surplus du capital celui ci tant restitu l identique L explication semble tentante cependant elle ne peut rendre compte de notre cas o le propri taire des biens en m tayage compte bien retrouver son p cule au final comme l affirme notre Michna Certes Rachi par 12 exemple ne suit pas l option de lecture de Rabeinou Tam puisqu il envisage que la michna noncerait un cas autoris par la Torah bien qu interdit par les Sages Mais il semble que Rachi sera tout fait d accord avec le cas de Rabeinou Tam la discussion ne portant que sur l interpr tation tenir sur la Michna Pour corroborer ceci Rachi affirmera dans une autre Michna que lorsque l usure est pr lev e partir des b n fices pris sur le capital la Torah autoriserait une telle transaction L gitimit de la perception de profit usuraire dans un cas la production Le Ramban ira dans le m me sens N TINY V QT NY XN NII MON mn WIT N WYN 722 709n7 PINI DWY anp DIFDD DAIN YW DIYN pPNNNXT NN NXIX N N N7NI NANI
8. somme sup rieure au capital pr t ce n est pas de l usure prohib e Ceci est n cessaire uniquement dans les endroits o le pr teur peut tre sorti du champ d s que la dette est rembours e Mais dans les endroits o les ann es d exploitation du champ sont fix es par avance le champ lui est comme vendu pendant ce laps de temps et il pourra l exploiter m me sans d gr vement de la dette Rachi explique donc que l existence d impond rables sur le champ implique que la Torah autorise son exploitation par le cr ancier Cependant les Sages ont 20 interdit une telle transaction dans certains cas nantissement jusqu remboursement et autoris dans d autre cas nantissement pour une dur e fix e m me en cas de remboursement En quoi le caract re al atoire de la production justifie t il la perception d un argent en surplus du capital pr t Dans le cas d un pr t au logement il semblait que l existence d un gage rassurait le pr teur sur la solvabilit de son d biteur Or nous avons vu que l on ne peut arguer de la non solvabilit pour pr tendre une r mun ration On ne peut donc tenir compte du fait que la prise de risque du cr ancier est plus accrue pour un champ que pour une maison dont globalement le prix reste fixe Il me semble que la seule fa on de comprendre cela est d introduire la solidarit dans le doute que constitue un champ pris en gage Pr cisons L emprunteur laisse
9. Quoi qu il en soit le fond de l analyse reste le m me et nous allons pr sent expliciter l analyse de la Michna d apr s Rabeinou Tam qui semble tre reprise globalement par les autres commentateurs IV L interpr tation du Rabb nou Tam 1 Une autre interpr tation de BM 70b Rabeinou Tam donne une autre interpr tation notre passage De plus dans notre cas il suffira de voir que le prix de l objet restitu est gal la somme de sa valeur de d part en plus du surplus S agissant d une vente il n y a pas lieu de parler d usure en effet c est une constante dans l ensemble de ce sujet l interdit de l usure concerne uniquement les pr ts et les ventes chappent totalement cet interdit 11 2 TINY Y QT NY XN X22 NDN NI9OIN POW ND INT N 272 N N NONT NNT DN 1129 OU m NNNI AIX DT NY 722 NN 7y 7271 NAUN NT 709 DAI NXN 7y D NT OIDNT NON NII XYP D DEN nn NY pa naw OU nn ON NT XIN NDUINT D NAT Y AP NDNI AIT N N NINY NRDMINT N N 9172 N N NINY Il me semble que notre Michna concerne un cas interdit selon la Torah en plus d avoir valu le b tail le fermier fixe une somme forfaitaire dont le m tayer devra s affranchir en cas d impond rables survenus sur la b te il est fix entre les parties une somme fixe qu il y ait eu b n fice ou pas usure fix e par avance et l auteur de notre Michna nonce que ceci est interdit selon la Torah par les mots c est du profit usuraire
10. celui ci de cr dit la production que le principe du pr t int r ts a t mis au point Pour comprendre pleinement son m canisme il faut repartir d abord de la vieille notion de m tayage en anglais sharecropping Au d part un rapport de forces j ai deux acteurs l un qui dispose de ressources qu il peut avancer de la terre des outils etc l autre qui ne dispose que de sa force de travail Ils concluent un contrat le propri taire met ses ressources la disposition du m tayer et un an plus tard celui ci lui retourne une part de ce qu il a pu produire disons une part sur 10 de sa r colte Ce syst me de m tayage est traditionnel dans la petite p che il est pratiqu dans le monde entier et on l appelle alors syst me la part en 5 anglais share system la fin de l ann e le propri taire r cup re sa terre son mat riel je simplifie ici je ne parlerai pas de d pr ciation d amortissement etc plus sa part sur 10 tandis que le m tayer conserve 9 parts moins les semences dont il aura besoin l ann e suivante Au d but de l ann e on avait donc terre outils et la fin on a terre outils r colte qui se redistribue en 1 part pour le propri taire et 9 parts pour le m tayer Il y a surplus et le surplus c est la r colte D o vient la moisson Cantillon et Quesnay le savaient d j au XVII me si cle et Georges Bataille a repris l id e au XX me si cle dans La Part ma
11. cupidit n est pas l origine de l interdit du pr t int r t On se demande d ailleurs si une loi a s rieusement un jour envisag d liminer un tel caract re d entre les hommes N en d plaise Zola qui en d crit si bien les arcanes mais comme c est chaque fois le cas des chr tiens s cularis s il ne fait que dire et redire le message chr tien en s en pr tendant affranchi il n est pas interdit de s enrichir Dans la suite BM AZ et BB d signent respectivement les trait s Baba M tsia Avoda Zara et Baba Batra 3 A moins que l on ne dise que l on n emprunte avec int r t que parce qu on y est forc Ce qui me semble un usage abusif du concept anous tre forc C est ici que commence notre travail comment cerner le m canisme du pr t int r t Mais c est ici aussi qu il faut avertir le lecteur que le travail qu il va lire demande patience et r flexion car il nous faut faire face la lourde tache de comprendre ce que la Torah peut bien nous dire nous modernes sur un probl me dont les termes semblent avoir t totalement remis en question par la mont e du capitalisme Nous nous proposons donc de montrer que ce qui semble tre une probl matique in dite dans l histoire de l humanit a en r alit t largement discut e depuis fort longtemps C est dire qu il ne faut pas parler de ces sujets comme historiquement dat s et dans un contexte particulier
12. diff rents monoth ismes sur la question de l usure Sans pr tendre que ces approches tirent leurs origines dans les diff rentes sensibilit s th ologiques il me semble clair l exception du protestantisme que les monoth ismes ont toujours voulu fabriquer du lien social II conviendrait d en lucider pr cis ment les raisons Mais on peut d ores et d j faire remarquer que contrairement ce que l on peut croire la Torah n envisage pas le sort difficile d un homme comme un destin scell par Dieu destin qu il serait seul affronter 27
13. forfaitaire en plus du prix de l objet En r alit cette analyse ne tient pas car la prise de la totalit de la responsabilit ne cr e pas une propri t en effet un voleur assume la totalit de la responsabilit d un objet puisqu il l a pris sans le consentement de son propri taire or il doit quand m me rendre l objet vol Mais nous pouvons tout de m me questionner le Ritva pourquoi le Talmud insiste t il particuli rement sur le fait que l usure interdite selon la Torah est une usure fix e par avance Ribbit K tsoutsa Ici l usure n est pas fix e par avance car le gain n est pas garanti Pourquoi donc les Sages comprennent ils que l usure est interdite seulement et uniquement lorsque le gain est fix par avance 3 Comparaison avec le droit canonique Weingorth p 85 cite le dictionnaire de th ologie catholique En g n ral les th ologiens catholiques consid raient que si le risque tait tout entier pour celui qui avait re u l argent le contrat avait le caract re d un pr t et ne pouvait procurer un gain au d tenteur du capital En revanche en cas de partage des risques le contrat devenait licite Comme on le voit l analyse semble tre la m me que celle du Ritva Notons toutefois que nous nous sommes int ress s jusqu pr sent uniquement ce qui tait pr vu d apr s la Torah Nous verrons que les Sages ont interdit ce qui tait autoris par la Torah
14. la responsabilit cette usure est interdite m me d apr s la Torah Il poursuit 2 TINY Y QT NY XN N2I2 DON N UITIN NYT 12 FOYNN 7 N7N DNAT NU POVN N XIN7 70 D NT POT TO NIN NAY TT TIVI NA UN NAN AIM 720 NNN nhw YAPT DT Y AP NNIT D ANT NI7N 2 UN N N NDMINT N I De plus cette Michna vient nous apprendre que m me si le m tayer n a pas la totale disponibilit du bien il ne peut le vendre par exemple et qu il ne s agit pas d un v ritable pr t pour pouvoir affirmer qu une telle usure est interdite selon la Torah il n en n est rien Car partir du moment o le m tayer en a l enti re responsabilit c est un pr t part enti re et donner de l argent au fermier propri taire est de l usure interdite selon la Torah On le voit ici le cas princeps pour le Ritva est celui d un pr t la consommation quand bien m me le m tayer ne peut en disposer sa guise selon le contrat tabli entre le propri taire et lui m me On peut demander au Ritva la raison d une telle assimilation en quoi le fait de poss der la totale responsabilit sans pour autant en tre le propri taire p cuniairement parlant implique t il que le b n fice revers soit consid r comme usuraire Le Ritva ne s en explique pas Mais nous pouvons le comprendre le propri taire n a rien perdre dans cette affaire il est le grand gagnant En le gardant chez lui le fermier pr teur aurait pu en subir les perte
15. la consommation o elle pallie simplement la distribution h t rog ne de l argent au sein des populations 4 Discussion Le point commun entre tous les cr dits c est le besoin d argent qui va permettre l emprunteur de vivre Jorion distingue les diff rents cr dits suivant On ne peut reprocher l auteur de ne pas avoir parl du juda sme en fait et c est regrettable les banques isra liennes fonctionnent quasiment l identique des banques occidentales Celles ci utilisent le proc d du h ter Isska pour s en justifier ce qu on d teste avec le plus de raison c est la pratique du pr t int r t parce que le gain qu on en retire provient de la monnaie elle m me et ne r pond plus la fin qui a pr sid la cr ation Aristote Politique Livre I 10 Traduction par J Tricot Biblioth que des textes philosophiques Vrin Paris 2005 leurs fins imm diates On a du mal comprendre sa distinction entre cr dit au logement et cr dit la consommation car somme toute la diff rence qu il d crit entre ces deux cr dits r side dans le fait que l un introduit un gage Machkone alors que l autre n en gage rien C est pourquoi la question du cr dit au logement rel ve d une toute autre logique Nous la traiterons s par ment La diff rence entre un cr dit la production et la consommation r side non pas simplement dans le fait qu il y a un bien engag
16. le trading est il autoris Suivant cette discussion on pourra dire que le Ritva n autorisera pas un courtage dont le courtier prendrait la totalit des risques Alors que le Ramban ou Rabb nou Tam l autorisera On pourra s tonner de cette assimilation un m tayage n est pas un pr t Comment d finir pr cis ment ce qu est un pr t Nous proposons de dire que de largent est pr t uniquement si l emprunteur re oit de ce pr t une certaine jouissance dans le cas du m tayage il est clair que le m tayer va toucher une partie des b n fices et est donc int ress par cet emprunt on pourra donc qualifier le m tayage de pr t Si par contre le m tayer ne gagnerait rien sur cette affaire il me semble qu on sort du cadre g n ral d un pr t et tous les b n fices qui seraient retir s pourront tre l galement vers s au fermier m me si le m tayer prend la totalit de la responsabilit sur les biens On aura constat que la description de Rabeinou Tam s accorde parfaitement au cas d un simple pr t d argent lors d un pr t d argent puisqu il incombe lemprunteur de rembourser sa dette le pr teur est garanti de retrouver son capital lemprunteur assume donc la totalit des pertes et d valuations de plus le cas de base interdit par la Torah consiste en un pr t d argent avec versement d un fixe comme le cas du m tayage Rabeinou Tam nous donne ainsi un outil conceptuel suffisamment simple p
17. mais d en cerner les arcanes internes et logiques plut t que de ressasser le caract re inou de l poque qu il nous est donn e vivre Il Trois types de pr ts et la perception d int r ts Nous nous aidons d une tude de Paul Jorion l Argent mode d emploi dont nous donnons les extraits suivants Je vais aborder le m canisme de la g n ration d int r ts partir des cas les plus g n raux que j examinerai par le biais de trois illustrations un pr t bancaire obtenu en vue d acqu rir un r frig rateur un deuxi me en vue d acheter une maison enfin un troisi me pour pouvoir cultiver mon champ l ann e prochaine 1 Le cr dit la consommation La banque me pr te de l argent pour acheter un r frig rateur II ne me faudrait pargner que trois mois pour r unir la somme n cessaire J estime n anmoins avoir besoin du frigo d s maintenant Je vais donc devoir m acquitter d int r ts L inconv nient du co t suppl mentaire me semble justifi par l avantage de pouvoir utiliser l appareil m nager dans l imm diat Pourquoi la banque exige t elle de moi un int r t D abord parce que le taux d int r t comprend une prime de risque de cr dit la banque s assure contre le fait que certains emprunteurs ne rembourseront pas les sommes emprunt es elle me fait aussi payer les frais de gestion que mon pr t implique pour elle elle s accorde en outre un profit la marge bancaire enfin et
18. partir du corps de l objet pr t le manque momentan d argent ne peut permettre une exploitation En effet si notre vendeur c de son champ c est qu il a besoin momentan ment de liquidit s m me si la transaction prend la forme d une vente elle est un pr t masqu L objet i e le champ vendu n est m me pas un gage car un gage est le signifiant symbolique d un pr t il est l gitimement chez le pr teur le pr t en a permis l acquisition VI Pr t la production du point de vue des Sages Comme nous l avons dit propos de la Michna BM 70 puis d apr s le Ramban sur BM 67 la Torah autorise le fermier pr lever des int r ts partir des b n fices r els form s chez le m tayer Les Sages ont interdit une telle pratique n 1719 NYV XN NI NDON MWN DX N N DU DIXNN 7 DN NA Ap DIVN D N7I WU D XNN NN PXW J N 2VI93 MU 17 NN gt Un particulier n a pas le droit de dire un d taillant je te donne des fruits ou de l argent pour en acheter et tu me reverseras la moiti des b n fices 2 Ce en quoi je m oppose certaines analyses de M Weingorth qui me semblent tre trop ax es sur la distinction entre biens fongibles et non fongibles ainsi que sur la notion de contrat de mutuum A tes souhaits 24 Comme indiqu plus loin BM 104b en g n ral le d taillant qui accepte ce genre d association assume aussi la moiti des pertes ventuelles en cas de force majeur
19. qu il aurait prise en gage d un pauvre est chez lui il devra la lui ramener le soir mais si c est un riche il pourra la conserver chez lui Rachi pr cise la question 2 TIAY TP AT NU XN NII non UN DIN NDVN WANY Y XX N N NIN NNI IDO 7V 2297 NN UV NIDY YAW I Eh quoi Le fait que le pr teur soit riche lui donnerait le droit utiliser sa couverture c est du profit usuraire que d utiliser un gage gratuitement Seulement qu en est il si le gage est un champ En effet la production d un champ n est pas garantie elle n est pas fix e d avance En suivant l analyse pr c dente un pr teur pourra donc selon la Torah exploiter un champ sans que ce ne soit de l usure 2 La distinction de Rachi 2 TINY TO QT NY XN N22 NDON 722 TIN7N 712 N7 77ONT NINN NNDDUN NN INIIT N AUN qor DIT nna NII NN NND N 7N 19 Rava fils de Rav Yossef dit un pr teur pourra exploiter ses fins personnelles un champ pris en gage dans un endroit o l habitude tait que l emprunteur pouvait tout moment r cup rer son champ en paiement de la dette condition de d falquer la dette d une valeur d finie pour chaque ann e d exploitation De quoi s agit il Un champ pris en gage Suivant les contr es deux types de contrats taient pris soit le cr ancier avait un droit d exploitation sur le champ pour une dur e fix e par avance m me si le d biteur payait sa cr ance entre temps Soit le cr ancier tait
20. DINAN IWI I TT TT NAIN 7 NT O9 7 NT N7UIN A N AIT NXIXZ D N AIN NAN DID N 7 an 9 NI7NA NINN n 7 n y PART NN NID NDMINT N N INT INA PPNA NYX D Y DIN NTT ID DNI7 wW 71V7 NANT NNIDDUNT Il est permis de faire du commerce avec de l argent d orphelins dans la mesure o cet argent est investi dans des affaires o les orphelins gagneront de l argent sans qu ils ne prennent de risque de le perdre Le Talmud de J rusalem a d j expliqu le cas dont il s agit il s agit d un contrat o la perte est assum e par l investisseur alors que les gains vont l investisseur et aux orphelins Le Ramban s tonne ne s agit il pas d un cas d usure interdite par la Torah puisque l investisseur re oit cet argent en pr t toute ce qui serait r troc d aux orphelins serait interdit selon la Torah Le Ramban n envisage aucunement que la position d orphelins leur permettrait de contrevenir une loi dict e par la Torah si l on est plus souple avec les orphelins ce ne peut tre que si le contrat eut t prohib s ils n avaient t orphelins il ne peut donc s agir que d un all gement accord dans le cadre de ce qui aurait t d clar illicite d apr s les Sages Le Ramban r pond puisque le b n fice provient du corps m me de l argent ceci est autoris selon la Torah On retrouve les m me termes que Rabeinou Tam puisque l argent r cup r par les orphelins est tir des b n fices faits partir de son i
21. N YMN INNA PWN n 29 PAX T A 1222 N2 NYIDI MXN pN DX pIa Pax TaN NI DN 9 INTY IN MXN n2 17 DWA AYT ANNA INI7NY 2 n NIN TV NIN T A D NTW W PAN S 72 PNY TD IT yp DU NU 722 90 nyn 7 NJIN nn NI7NAN YNNI AIN N2 XXII ATW TION NA NII IYNI Mes maitres ont enseign qu un pr teur prenant un champ en gage condition de l exploiter pendant la dur e du pr t n est une usure interdite que d apr s les Sages et non pas d apr s la Torah car il y a une diff rence entre prendre un champ ou une maison en gage en effet except s les fruits effectivement pr sents sur le champ lors du pr t il est possible qu il y ait une production tout comme il est possible que ce champ ne produise rien et que l ensemencement et le travail qu il y aurait r alis soit perte c est pourquoi ce contrat n est pas interdit selon la Torah mais uniquement d apr s les Sages De m me prendre un gage n est pas identique une vente condition Car lors d une vente condition le vendeur ne se r sout pas enti rement la vente tandis que celui qui donne un gage fait acqu rir le corps de 21 On pourra consulter la remarque du R ved sur la Halah a 7 du sixi me chapitre qui fait allusion BM 73a En consultant le Rif p 86 des pages du Rif on s apercevra que le cas des vignes n est pas cit Quoi qu il en soit le R ved ne discute avec le Rambam que sur le fait de savoir si les al as qui portent sur un champ s
22. NIN D AIN YW DIN N N IT ATAL AT IN nT NT anp T ON 127 IN TOON 7 anp yw TON 7 INA DTX 72 NTM Il est permis de pr ter l argent des orphelins proche du b n fice loin de la perte Les sages ont enseign celui qui pr te de l argent en mettant des conditions ou en tant dans des situations telles qu il est proche du b n fice et loin de la perte est un pervers s il pr te dans des situations proche de la perte et loin du gain c est un pieu proche de la perte et du gain ou loign de l un et de l autre c est l habitude de tout homme La Talmud envisage quatre types de contrats et dans un raccourci saisissant leur pr te des visages Nous ne d velopperons pas cette remarque et nous n expliquerons qu un des quatre cas Le Ran est plus explicite N Y Y QT RY XN N22 WY N UITN NYT PDT XIN N N PAN A NIT TTL TT NANI qY NT O9 7 NT AYWA 19 MOONI ANNP N N IN N7 NAIN n a AIN N7T IYONI n a n n N7N NAN 7 PU MPT NWT AIT 727 n nT 7 T DINAN L explication de la phrase proche du gain et loin de la perte est donn e dans le Talmud de J rusalem celui qui prend en charge l argent des orphelins le fera condition d en assumer la perte et de b n ficier de la moiti des b n fices En effet ceci est permis car ce n est que de l usure prohib e par les Sages et non par la Torah car puisque le surplus d argent vers n est pas en sus du capital mais provient de lui et par l il est pos
23. PWN N ngj i7 nN N QAY YD NR AY NX NIIN 90 DX T Si tu pr tes de l argent ton peuple au pauvre qui est avec toi ne soit pas pour lui comme un cr ancier ne lui prenez pas d int r t n2 n9 Xp 190 TAY O1 YIN i2 DPTR TAY IT NYAI INN PMN I D7 TAW A NX OI DNA DNL D AINI AW IANN NPA YR 17 17X AN N7 N AM IW AN N 1902 NN T7 Si ton fr re s croule si tu vois chanceler ses biens soutiens le fut il tranger et nouveau venu et qu il vive avec toi N accepte de sa part ni profit ni int r t mais crains ton Dieu et que ton fr re vive avec toi Ne lui donne pas ton argent avec int r t ni tes aliments pour en tirer profit 22 79 DAT 190 AY UN AT 72 IY 7N NW 99 AW NN VYN N 1 x PEA 1 Dans la suite le mot usure ne sera pas comprendre comme un int r t d mesur pris en contrepartie d un pr t mais comme un synonyme d int r ts sur un pr t Nous ne distinguerons pas non plus un int r t pris sous forme de somme forfaitaire ou d un pourcentage TYD N7 JON JUN 227 Ne demande pas d int r t de ton fr re ni pour de l argent ni pour de la nourriture ou pour toute chose susceptible d accroissement A l tranger tu pr teras avec usure Bien que ce dernier verset indique que l on pourra pr ter l tranger avec usure le Talmud tentera BM 70b de le comprendre de la fa on suivante l tranger tu n emprunteras pas avec usure Cependant que Ma monide affirmera
24. Rabeinou Tam donne une autre interpr tation de notre Michna que celle de Rachi Selon lui et pour des raisons internes la lecture de la suite de la Guemara l usure ici vis e est interdite m me selon la Torah Or tout usure interdite selon la Torah doit tre fix e par avance Ribbit K tsoutsa le cas qui s impose Rabeinou Tam est donc celui d un fixe en plus du fait que le m tayer accepte la totalit des pertes L l ment tsone barzel garanti sur le capital est repris Mais comme selon Rabb nou Tam il ne peut s agir ici que d une pratique interdite selon la Torah il faut rajouter l l ment usure fix e par avance On tombe alors naturellement sur le cas qu il nonce On comprend n cessairement qu une usure qui serait pr lev e partir des b n fices form s ne serait pas interdite d apr s lui Le Ritva ne s y est pas tromp et s oppose explicitement lui Ainsi pas plus que dans l analyse pr c dente le bien pr t n appartient au m tayer il n en devient pas le propri taire Nous pouvons reprendre et nuancer la raison de cet interdit ce contrat est certes d s quilibr puisque le pr teur tire tous les avantages d un tel contrat en plus d avoir son argent au frais il tire un b n fice mais en plus de cela le fermier ne participe aucunement au destin du bien pr t quelque soit le b n fice obtenu celui ci gagnera un surplus Certains auteurs ont voulu affirmer que n
25. aire du travail effectif du d taillant Cependant on peut s interroger sur la position de Rabbi Y houda en effet les postions de Rabbi M ir et de Rabbi Chimon ben Yohai ne posent pas trop de probl mes que le salaire soit r el ou fix par avance L opinion de Rabbi Y houda semble plus difficile comprendre pourquoi suffit il de verser au d taillant un salaire symbolique Ne s agit il l pas d une exploitation de l homme par l homme Il n en n est rien en effet rappelons le le d taillant touchera la moiti des b n fices Mais l opinion de Rabbi Y houda permet le plus efficacement possible de rappeler ce que nous avons dit jusqu pr sent il s agit de ne pas isoler un membre de la communaut cause de son manque d argent de ne pas le laisser seul face un destin qui serait voulu par Dieu En partageant avec lui le repas n est ce pas l la fa on la plus symbolique de ne pas d lier notre d taillant de son commanditaire Il me semble que les banques musulmanes pr tent de l argent en assumant les risques avec le pr teur Mais la Michna et le Talmud vont plus loin pour elles il faudrait que le banquier d jeune avec son client N est ce pas l une subtile fa on de ne pas d lier de la communaut un homme qui est dans le besoin Je laisse au lecteur le soin d imaginer le d jeuner entre nos deux acolytes Au cours de cette tude nous avons succinctement compar les approches des
26. dans la transaction mais dans l usage pr vu pour largent pr t pour un pr t la consommation le cr ancier peut acheter un frigo ou un four suivant sa guise ce qui ne change rien pour le pr teur car la fa on dont va tre utilis l argent n est pas contractuelle Par contre dans un pr t la production le pr t est consenti pour un usage bien d termin machines ou animaux et le pr teur oriente l utilisation de l argent pr t emprunteur doit utiliser d une fa on d termin e largent pour qu il puisse produire des b n fices alors que le pr teur pourra en toucher une partie En cas d une mauvaise utilisation de l argent le pr teur se retournera contre son d biteur Examinons alors la l gitimit de la perception d int r t dans chaque cas Pour le cas du pr t la consommation Jorion la juge inique il met pourtant bien le doigt sur un vrai probl me savoir la non solvabilit de emprunteur Admettons que notre emprunteur soit solvable et que nous sachions de fa on s re qu il remboursera son pr t non parce qu il a de l argent maintenant mais parce que notre emprunteur a une parole ind fectible il my a plus lieu de r clamer une usure Pour le cas du pr t la production Jorion estime qu il est l gitime de pr lever des int r ts alors que le travail du m tayer lui appartient que le soleil appartient tout le monde ce sont les avances qui l gitiment la perception d i
27. de l usure prohib e selon la Torah Or pour le cas d un champ le Rambam vient de pr ciser qu il ne peut tre question d interdit de la Torah puisque la production est incertaine Le Rambam fait une distinction subtile ce qui est c d dans un champ pris en gage n est pas le champ lui m me mais son usufruit Or cet usufruit est incertain Comment comprendre cette distinction byzantine Le pr teur ne re oit pas le champ mais la production du champ or ce profit est incertain Dans le cas de la Gmara il y a fausse donne une vente sous condition n est pas une vente et les profits r alis s par l acheteuse sont des profits qui proviennent directement d un objet appartenant son d biteur ce qui est v ritablement une usure En prenant la production du champ elle prend l art fact de ce bien qui n est pas un gage mais un bien usur p Par contre dans le cas d un champ pris en gage qui continue d appartenir son propri taire du point de vue p cuniaire les fruits sont incertains et des doutes s y attachent Les Sages ont autoris la prise de b n fice partir du champ pris en gage condition d un d gr vement Or vu que la production peut en cas d impond rable tre d une valeur inf rieure au d gr vement de la dette le pr teur exploitant peut 23 A y Bien que l explication de cette partie du Rambam ne soit pas tout fait n cessaire notre propos elle perme
28. duction de ce champ 3 Interpr tation du Rambam contre celle du Rif Le Rif n envisage pas une telle distinction que ce soit un champ pris en gage ou un objet toute usure prise est une usurpation Le Rambam aura des mots tr s durs contre lui 20 Pour une discussion plus serr e de cet argument on pourra consulter Tossafot 64 b v lo 21 1 799 nY N17A nD D am PI IT N 7 DYP D NN NN 772 112 N2 PRA NIDUN YW DINA NX NIN I XNA MDN MAT nY WPN 2 971 AXN7 ATY p a wnn 927 Certains ont enseign que tout utilisation d un gage sans d gr vement est interdit d apr s la Torah ils n ont pas compris les choses en profondeur car ils n ont pu comprendre la distinction entre un champ et un local une maison dont le profit est certain c est pourquoi les paroles des sages du Talmud leur ont sembl difficile Puis Ma monide poursuit T ND7n AX NIDYNN A 72 mAN PNY DIN W IN TU 17 pArA NAX AYNAN NI NIN NTUN NX PDWNNN PRY peT ARY APNI D PAN DIT D DI72 17 NN D NU 19 Yy QU rn NY AWON NNI7NN NyA xn NNS ATW IN NY N 2 P UNN7 NNIT 7 NAIT NIDYNN I N pi N N PAN N n 2971 NNTIAYI Any T OO Y WNI NNS AT Q MAPANA pDWNANANI IN ni NA N7 NNINONI VINNY NNINONI DNW INTY DWANI N7N ATAY q PNI N AN PIN NIDYNNY NINAN A NNI NTI l NN 97 NIDUAI NXIX M N N NY NDUN HN NHIDUN WWW TAY NRY PDN NINY IN 2 TD IXA NN OU DIPA 17 DWA TX MANIN N NY NIDUNI N N FAN N NY DW INA N2 XXII ATY 17 pW NXIX N N TA nn YNI NN I
29. e ou de d pr ciation de la marchandise Tout se passe comme s il a re u la moiti des fruits titre de d p t et la moiti titre de pr t et il fait fructifier gratuitement la moiti du d p t en change de l emprunt consenti En cons quence cet arrangement est interdit moins que le commanditaire verse son agent le salaire d un ouvrier 1 Analyse selon Rabeinou Tam Nous poursuivrons selon l analyse de Rabeinou Tam m me si la Torah permet une telle entreprise les sages l ont interdite Ils scindent mentalement les fruits en deux parties I ne s agit videmment pas de parties mat riellement identifi es Une partie sera consid r e comme un pr t les pertes seront assum es par le d taillant l autre partie sera en d p t les pertes seront assum es par le commanditaire Cette partition a pour but que chacune des parties ait un b n fice 104b Cependant le d taillant s occupe de la partie du commanditaire or ce travail est clairement une contrepartie de la moiti en pr t elle sera donc de l usure D apr s Rabeinou Tam cette usure ne sera interdite que d apr s les Sages puisqu elle est une partie pr lev e partir des b n fices Cependant ils ont tout de m me interdit car la prestation est d s quilibr e en faveur du commanditaire Les Sages ne suivent pas la d marche des th ologiens qui consid raient le contrat comme licite Plus pr cis ment le partage des risqu
30. e reverser cette diff rence C est cette possibilit de saisir le bien pour se rembourser qui permet la banque de se d sint resser ventuellement dans le cas d un logement de mon salaire comme source probable des revenus qui me permettront de rembourser mon emprunt il suffit que la valeur de l habitation d duction faite des frais impliqu s par la saisie et la revente couvre le montant emprunt Le remboursement d un cr dit la consommation Bien que l achat temp rament d une maison constitue un pr t la consommation d un type tr s particulier en raison de l importance des sommes mobilis es il n chappe pas au cadre g n ral qui s applique eux o le bien acquis gr ce l emprunt ne contribue pas directement au remboursement de la somme emprunt e Nous allons bient t voir qu il en va tout autrement dans le cas du pr t la production o la somme emprunt e joue le r le d une avance dans la cr ation de nouvelles richesses qui seront elles m mes directement utilis es lors du versement des int r ts dus Du coup dans le cas de ces cr dits la consommation il n existe pour le pr teur que des approches insatisfaisantes du risque de non remboursement soit s assurer que l emprunteur dispose de revenus suffisants pour faire face ses ch ances soit s assurer que le collat ral couvrira au moins la somme encore due si la saisie constitue en l occurrence une strat gie valable soit enfin fixe
31. es de Rabbi Eli zer 33 lorsque Y h zkel redonna la vie des ossements dess ch s tous se lev rent l exception d une personne Le proph te en demanda la raison Dieu qui lui r pondit que l homme en question tait un usurier c est pourquoi il ne pouvait revivre Pour les mes sensibles ce texte paraitra lourdement m taphysique emprunt d un vocabulaire appartenant un pass r volu mais il permettra une fois compris de rendre compte de nombreuses dispositions l gales relatives l usure Celui qui pr te avec usure s associe la puissance du serpent qui mord et prend la vie il n est pas digne de vivre Pour cette raison la sortie d Egypte est mentionn e lors de l nonc de l interdit du pr t usure il s agit du th me de l attention que porte Dieu ses cr atures Providence Dieu pourvoit la nourriture de chacune des cr atures AZ 2a des plus insignifiantes aux plus grandes Il porte attention celui qui prend garde ne pas prendre la nourriture et la vitalit dont Dieu a pourvu son fr re c est pourquoi il est dit Chemot 25 38 tu ne prendras pas d usure et ton fr re vivra avec toi Ce terme avec toi vient dire allusivement ceci Dieu par son extr me sagesse a pourvu chaque cr ature de nombreux membres qui coexistent ensembles ainsi que Dieu r torqua Job BB 16 alors qu il niait au cr ateur la connaissance des individuels l homme a t cr
32. es fonds pr t s constituent des avances le dernier des trois cas examin s qui d finit le cadre le plus g n ral au sein duquel les autres peuvent tre interpr t s Le cr dit la consommation constitue un d voiement du cr dit la production qui l a pr c d historiquement et se pose la question de savoir si la logique qui r gle ce dernier n aurait jamais d s appliquer au premier Ma r ponse est non comme on l aura devin et je rejoins ici les vues qui ont t celles du premier christianisme et de l islam et que l on trouve comme on le verra d j exprim es sous une forme embryonnaire chez Aristote La distinction entre cr dit la production et cr dit la consommation est cependant essentielle ce dernier n aurait jamais d tre il a t engendr par l histoire de nos soci t s dont la richesse a t confisqu e d s l origine par les guerriers puis par ceux qui ont pris leur place lorsqu il s est av r que l argent accumul conf rait des pouvoirs aussi grands que ceux qui au d but d coulaient uniquement du recours la force celui de subordonner le temps des autres au sien propre Le fait que l on parlait autrefois pour les int r ts r clam s dans le cr dit la consommation d usure plut t que d int r ts se fondait sur cette observation qu une logique r glant la production avait t transpos e abusivement du lieu o elle avait sa place vers un autre
33. es n est pas un crit re suffisant en effet l affaire est d s quilibr e en ce que le d taillant travaille pour le commanditaire pour que celui ci obtienne ses b n fices l avance d argent ne peut tre r mun r e par un salaire m me si celui ci n est pas fixe Contrairement ce qu en dit Jorion ni l avance ni le travail ni le soleil ne peuvent tre invoqu s pour justifier le pr l vement sur les b n fices En fait le pr l vement sur les b n fices n est justifi que de ce que le d taillant est lui m me b n ficiaire autrement dit qu il partage avec son commanditaire le surplus Pourquoi I me semble que les Sages vont dans le m me sens que la Torah il s agit certes d assurer une communaut de destin sur les biens mais aussi que cette communaut maintienne un certain quilibre entre les personnes Cette id e est exprim e explicitement dans la Guemara 25 e videmment le Ritva n est pas d accord avec l analyse suivante Pour m moire on pourra le consulter sur BM 70a amar Rav Ch chet 26 RE SA 3 ur A Nous verrons que le salaire qui doit tre vers vient permettre la transaction de l avis m me des Sages ici nous examinons uniquement le probl me selon le probl me de l usure interdit selon la Torah partager les b n fices effectivement obtenus par le m tayer ne constitue pas une usure prohib e 25 2297 anp 229 HN T09n7 PIN 9297 anp NH 7N7
34. in lors de la conqu te d Isra l par Josu et qui s est sold par une d faite ainsi que des morts 18 V Pr t au logement cas o le pr t est garanti par un gage 1 Position du probl me Commen ons par comparer le pr t la production au pr t au logement Dans un pr t au logement l argent avanc est garanti par un bien un gage Il n y a aucune raison de r clamer une usure l emprunteur re oit de l argent qu il d pense des fins personnelles il est donc responsable de rendre cet argent comme un logement est improductif puisqu il ne cr e pas de richesse contrairement du b tail tout argent demand en exc s de la dette du capital sera de l usure prohib e par la Torah Quel est le r le du gage Fondamentalement il n est qu une garantie de remboursement donc il n y a pas de raisons d en r clamer une r mun ration usuraire Et effectivement on trouvera dans BM 114b 2 TINY T P QT NY XN N2I2 mon 722 TIN7N NAN NN 2DW VWY NN IVW DWN N 7 NIN NU WY N DNI T DNAT 229 NN IW VWY NN YX VIW DWYN NY XIN YU W A DNI NN IN NWY 27 NN 77 IUIAVI On a questionn propos du verset Devarim 24 12 lorsqu un homme prendra en gage un pauvre une couverture il ne pourra pas l utiliser pour dormir et si l emprunteur tait riche pourrait il dormir avec Que veut dire ce verset Pour Rav Ch ch t ce verset signifie que le pr teur ne pourra dormir alors que la couverture
35. l ture de la transaction La valeur des biens c d s est d termin e d s le d part et notre m tayer devra rendre les biens ou leur contrepartie en argent quelque soit ce qui leur arrive perte ou d valuation L expression tsone barzel litt ralement du b tail en fer signifie comme Rachi laura dit un peu plus haut 2 TINY VO QT NY XN NII non UN DXI 17 INA INN DXW NINAR APNI YANN 72j7N DTW NOV 7772 NX Apn J N NNI IYA Y2 XX DU TDD DWRW YTA NX NPA IpI UNI 17 ITAN ITAN IX n7 17 nY pT onna yap Dann ra gt Dap anw 7 ANI D 7XN C est une affaire o l on re oit en m tayage un bien dont on assume l enti re responsabilit en cas de mort si c est un animal ou de perte Les b n fices seront partag s C est ce qu on appelle des biens en fer durs comme le fer car ils continuent d tre au propri taire sans qu ils ne puissent diminuer de valeur et il me semble que ce type de contrat avait particuli rement cours pour du petit b tail d o le nom de ce contrat La question est de savoir si cette usure est interdite par la Torah ou par les Sages Le Ritva opte pour dire que cette usure est interdite selon la Torah Il pr cise 2 TINY Y QT NY XN N22 DON N N UITIN NDMINT N N D y 707 NNNNA T o nwa NON UT NNINT A UNT Np NAI XID Cette Michna vient nous apprendre que quand bien m me le b n fice c d proviendrait du bien lui m me puisque le m tayer en assume la totalit de
36. le prix de la location vient combler cette perte 12 js 21 Nous suivons la d marche de Tossafot qui lie les deux arguments D lier les deux arguments semble tre plut t la d marche du Ritva pour qui la distinction entre un pr t et une location consiste pr cis ment en ce que les biens soumis l interdit de l usure sont des biens fongibles 15 Donc l argent ne peut faire l objet d une location puisqu il n est pas un objet dont on peut calculer l usure l argent ne s usant pas Ainsi ce qu interdit la Torah ce n est pas de prendre un b n fice sur une affaire qui n aurait pu en fournir sans l aide d un pr teur cela est autoris par elle Mais c est d anticiper les b n fices escompt s On va pouvoir alors tenter une explication de l interdit de l usure prohib par la Torah en comparant les deux situations celle d un b n fice pris sur une affaire et celle d un fixe soi disant anticip Jorion sous entend une explication il s agirait de subordonner le temps des autres celui du m tayer de l emprunteur au sien propre celui du propri taire Cette explication me semble fausse en effet lorsqu un homme loue les services d un autre que fait il si ce n est subordonner le temps des autres au sien propre Or une telle entreprise n est aucunement interdite c est le principe du salariat C est pourquoi il faut chercher dans une autre directi
37. nt r ts C est dans ce cadre que nous allons essayer de formaliser notre tude IIl Tout pr t est un pr t la consommation d guis Ritva 1 Interpr tation d une phrase de BM 67 2 TINY Y QT NY XN N22 Don 722 TIN7N N N NINY NN 7NIU IN 7772 NX APN J N 7 4 a 5 Il me semble que ceci est un fait acquis entre les juifs dont parle la Torah Mentionnons que l obligation de rendre l argent emprunt ne repose pas sur la notion de propri t mais sur la certitude que l autre juif va tout faire pour accomplir son engagement nIXN N Y2 NV 19 X TY 19 QT NIIN le remboursement d une dette est une obligation morale celle de tenir son engagement Rachi Un m tayer ne peut recevoir d un juif des biens dont on assume la totalit de la responsabilit Tsone barzel car les b n fices de cette exploitation qui seraient revers s au propri taire est consid r comme une usure interdite 2 TINY V QT NY XN NID Don UN PXW AT 721 NIVNA 17y DDIN DWI 727 An Yy D ODIN NINNA 72 7792 NY apn J N DWYN PN PAWN 17 NN Un m tayer ne peut exploiter au profit d un juif des biens dont il assume la totalit de la responsabilit et dont la valeur a t valu e les b n fices tant partag s tant que le m tayer ne restitue pas les biens De quoi s agit il De biens dont l exploitation est donn e un m tayer Ce m tayer assume la totalit des pertes ou des diminutions de valeur jusqu la c
38. nvestissement et non pas un fixe qui serait impos d s le d but de la transaction ce ne serait prohib que d apr s les Sages mais permis selon la Torah le b n fice provient du corps m me de l argent signifie que l investisseur n est pas autoris utiliser cet argent pour 10 Nous verrons plus tard que le Ran suit cette position Et il me semble vident qu il faille aussi la pr ter Rachi partir de son interpr tation de la Michna 68 a dont il sera plus tard question Le Ritva l aura bien compris comme cela apparait dans sa critique sur Rachi Ritva sur 70a amar rav Ch chet 13 son usage propre mais qu il doit l investir comme cet investissement n est pas n cessairement productif il n est pas interdit de c der un surplus aux orphelins Cette option s oppose ouvertement l option prise par le Ritva En effet selon lui est qualifi d usuraire tout argent pris en surplus du capital m me si celle ci n est pas fix e par avance R sumons pour le Ritva il n y a pas de pr t la production qui tienne tout argent pris en plus de ce qui a t c d est du profit prohib Rabeinou porte une toute autre analyse selon lui la notion de pr t la production est fondamentale pr ter un bien en partageant les b n fices r ellement per us est autoris selon la Torah Ce qui ne signifie pas que les sages ne limiteront pas un peu cette possibilit 2 Un cas d cole
39. on 3 La mort s re du serpent une approche du Maharal Le Maharal propose une d marche assez originale extraite d un texte pass la post rit sous le titre Drouch Na L chabat Hagado hom lie pr c dent Pessah On pourra s tonner que la question sur l interdit de l usure ait arr t le Maharal cette date ce serait oublier que le verset nd m9 NI I NEA YD YAN NX D27 NN DNNN YANN DONN NNXIN JUN DD NYR pIp IN D n7N7 DD7 Je suis Dieu votre Dieu qui vous ai fait sortir d Egypte pour vous donner la terre de Canaan pour tre votre Dieu a t interpr t de la fa on suivante 2 TINY NO QT NY XN NII non 722 TIN7N DN X DIX 122 DNNN DN X 71272 D AXN NA Y NINNIANIT 7 NN7 NNNMNN 2122 YW n90 2 D XN2 NININY NIN ON NINJA WI TN AN PIPN D IXN DIN AIALA PAIYA n7INY NN V9 7 T NVUY NIN NN 122 W n y n907 n na wW 13 Ce texte se trouve p 209 de l dition courante des uvres du Maharal Ed Yahadout la fin de la Hagada qui est une compilation de l diteur 16 Pourquoi la sortie d Egypte est elle mentionn e propos de l interdit de l usure De m me que Dieu a su lors de la sortie d Egypte identifier les premiers n s des gyptiens afin de les tuer de m me se chargera t il d identifier celui qui pr terait avec usure en pr tendant faussement qu il le fait pour le compte d un non juif Le Maharal commente l extrait suivant des Chapitr
40. ont moins importants ou gaux par rapport ceux qui portent sur une vigne Mais le R ved admet la notion de profit incertain qui est d j indiqu e et retenue en BM 73a 7 Nous allons pr ciser ce qu il faut entendre par cela 22 son gage pour en tirer profit ainsi apparait il du Talmud comme l ont enseign mes maitres On voit clairement que Rambam pose le m me distinguo que Rachi la production est incertaine dans le cas d un champ Mais que faut il entendre par vente condition Le cas est le suivant BM 67a nous suivons la ligne l interpr tation du Rambam qui il faut l avouer est exceptionnelle une femme appelons la L a mandate une personne pour acheter un champ un proche parent R ouven R ouven le c de condition que s il trouve de l argent L a lui r troc de le champ Qu en est il des fruits entre le moment o la transaction a lieu et le moment o le proche parent lui am ne l argent pour r cup rer son champ Le Talmud affirme que la totalit des fruits reste chez le proche parent Pourquoi Car comme la vente est sous condition elle n est pas effective L argent constitue une simple dette d argent et les fruits qui auraient t consomm s par la femme en sont l usure elle devra tre donc restitu e A priori on ne comprend pas la diff rence entre ce cas et un gage en effet puisque les fruits doivent tre restitu s c est l indice que cette transaction est
41. our pouvoir d cider si un cas est licite ou illicite selon la Torah Dans la terminologie de Jorion Rabb nou Tam ram ne tout pr t un pr t la production Contrairement au Ritva qui envisage tout pr t comme un pr t la 11 5 gu RE Bien s r ce n est qu un cas d cole puisque la Torah n interdit que l usure entre juifs et celui ci a lieu la plupart du temps entre non juifs Mais qu en sera t il si le trader juif a faire un capitaliste juif La question est tr s d licate dans le cadre actuel 14 consommation Le corolaire de sa position est la d finition de ce qui s appelle un pr t pour le Ritva un pr t consiste essentiellement en un pr t d une valeur fongible Et nous avons d j dit que cette position n est pas tenable Reprenons la petite histoire du pr t int r t que nous propose Jorion tout d abord dans la premi re tape le travail soleil est partag seconde tape celui ci est transform en argent Troisi me tape le fermier ne s int resse plus la production ou sa valeur mais la production escompt e du champ II me semble que c est ici que se loge la notion de Ribbit K tsoutsa usure fix e par avance 2 TINY NO QT NY XN X22 NJDON 1722 TMN NeT ANYI DIN n o AN AUTA ANYI NXIX N N TU 7N 127 NN l l L usure fix e par avance Ribbit K tsoutsa d un pr t qui aurait t effectivement pay e malgr l interdiction de la Torah pe
42. r la prime de risque comprise dans le taux d int r t r clam un niveau tel qu elle couvrira le risque encouru dans tous les cas de figure Aucune de ces trois formules n offre cependant une garantie absolue contre les al as de la conjoncture conomique 3 Le cr dit la production Troisi me cas de figure apr s les exemples de cr dits contract s pour l achat d un r frig rateur ou d un logement la moisson Cette fois j emprunte pour pouvoir cultiver mon champ Le collat ral la garantie de l emprunt n est plus ici une maison mais une moisson or celle ci n existe pas dans le pr sent mais est encore venir M me question que dans les deux cas pr c dents la moisson m aidera t elle trouver l argent n cessaire au remboursement des frais qu elle aura n cessit s La r ponse ici est Parfaitement et c est elle qui justifie comme je l ai d j annonc que j ai pos la question lors des deux illustrations pr c dentes celle du r frig rateur et du logement c est cette moisson qui est en r alit hypoth qu e elle sert si l on veut de collat ral mais elle fait en r alit bien mieux encore elle constitue la richesse nouvelle qui sera partag e entre moi le laboureur semeur moissonneur et celui qui a consenti les avances que constitue le pr t lequel repr sente tr s pr cis ment le capital qui aura fructifi C est en r alit comme on va le voir partir de cas comme
43. s agirait de payer on pourrait imaginer que le vendeur s efforce alors de le saisir Il n en fera cependant rien car la saisie lui reviendrait trop cher par rapport l objet lui m me qui en sus ayant cess d tre neuf aura d j subi une forte d pr ciation 2 Le cr dit au logement Deuxi me cas il s agit cette fois d un pr t contract pour acheter une maison premi re vue ce cas para t tre semblable celui du r frig rateur ceci pr s que l objet est beaucoup plus volumineux et co teux R glons tout de suite la question d j pos e propos du cas pr c dent la maison m a t elle aid trouver l argent n cessaire son remboursement La question para t cette fois moins saugrenue que dans le cas d un frigo et on commence deviner pourquoi je l ai pos e la maison m a offert un toit durant les trente ann es pendant lesquelles j ai rembours petit petit son achat Elle m a permis de dormir l abri et de me retrouver suffisamment frais le matin pour partir au boulot d un bon pied et gagner un salaire dans la journ e Diff rence importante avec le cas du frigo la maison elle m me aura t mise en gage elle servira de collat ral au pr t et si je faillis le rembourser la banque n h sitera pas la saisir et la revendra ensuite pour tenter de r cup rer le montant de sa mise Si la revente devait produire davantage que la somme que je lui dois la banque devrait bien s r m
44. s inh rentes toute possession vol perte diminution de valeur Or tous ces impond rables sont maintenant assum s par le m tayer Ce serait plut t le fermier qui devrait payer le m tayer pour lui avoir vit de courir ces risques Le Ritva comprend donc que le profit accord au propri taire est abusif d o son interdiction 2 Une autre interpr tation possible Une autre interpr tation aurait t possible le fait que le m tayer poss de la totalit de la responsabilit sur cet objet semble lui en accorder la propri t On pourra ainsi comprendre l interdit de l usure selon la Torah lorsqu on c de un 8 Ce passage est un peu plus technique II me semble n cessaire qui voudrait approfondir De plus cette th se a t soutenue par les th ologiens chr tiens selon ce qu en dit Avraham Weingorth dans sa th se Int r t et cr dit dans le droit Talmudique p 346 En droit juif la responsabilit n est pas la propri t 10 objet en contrepartie d une somme comme c est le cas d une vente ou d un pr t d argent dont l emprunteur poss de la totale jouissance et que celui ci peut tre d pens consomm consum par celui qui le prend le pr teur ne serait pas en droit de lui r clamer un quelconque surplus d argent en effet il lui c de un objet qui appartient son nouveau propri taire On pourrait alors se demander de quel droit l ancien propri taire pourrait r clamer une somme
45. sible qu il n y ait pas de b n fices ce n est pas de l usure fix e par avance or puisqu il s agit de l argent d orphelins les sages ont cru bon de ne pas leur ajouter d interdit suppl mentaires ceux d j nonc s par la Torah On voit clairement nouveau ici que de se servir sur des b n fices effectivement per us ne rel ve pas d un interdit de la Torah mais d un interdit des Sages qui ne l ont pas institu dans le cas d orphelins 2 Le salaire du d taillant Le Talmud discute le tarif auquel il faudra payer le d taillant trois avis sont exprim s 2 TINY NO QT NY XN NI2 NDON 1722 TIN7N NY TON AIN NTIN 9 NN 19 MAT oN pa nann pa DU XIN NN pan NN AIR NI 2 IYAY 129 DU INT NAX NANA NN MY YN NYI XI N7N INY 72 DWN DW 17 Nn 26 Les Sages ont enseign quel est le salaire du d taillant D apr s Rabbi M ir soit beaucoup soit peu selon ce qui a t convenu par les int ress s Selon Rabbi Y houda il n est pas n cessaire de fixer un salaire l avance M me si le commanditaire a laiss le d taillant tremper du pain dans sa sauce ou lui a offert une seule figue s che c est suffisant Rabbi Chimone ben Yohai lui demande au commanditaire de verser au d taillant son salaire int gral Tout d abord notons que techniquement puisque l affaire est autoris e selon la Torah on comprend que les Sages puissent permettre que le salaire pay ne soit pas exactement le sal
46. son champ en gage il ne pourra plus l exploiter pour un temps certes il n en poss dera plus les b n fices mais il se trouvera par cela l abri des doutes inh rents la possession d un champ En change il aura eu de largent Il devra rembourser sa dette et cette situation le met sous pression mais la possession d un champ met aussi sous pression le d tenteur du gage On pourra r torquer cette d marche le cas d un objet pris en gage dont la possession n assure pas forc ment la jouissance en prenant en gage une pelle aussi celui ci peut subir une catastrophe naturelle Mais il me semble que les champs sont beaucoup plus sensibles que les objets sous cet angle la production d un champ d pend de tr s nombreux facteurs climatiques biologiques alors qu une pelle ne peut qu tre vol e mais on peut toujours se prot ger des vols ou d t rior e par un usage abusif auquel cas il faut y faire attention Certains ont voulu expliquer que lorsqu on a un gage entre les mains tout se passe comme si la dette tait r gl e II ne me semble pas que cette raison soit suffisante Car tout simplement la dette n est pas r gl e et a priori l emprunteur veut r cup rer son champ il ne le lui a pas c d pour le laisser entre ses mains En fait cette d marche est simplement l explicitation de quelques mots de Rachi 7902 TI que nous avons traduit par il participe aux doutes qui planent sur la pro
47. t de comparer l usure une promesse de gain 23 lui aussi perdre l argent qu il aurait investi pour cette exploitation se trouvant li en quelque mesure au sort de son d biteur en manque de liquidit On l aura compris l invalidation juridique d une promesse de vente place l homme dans le pr sent tout comme l usure est une anticipation trop press e des b n fices laissant emprunteur suspendu seul au r sultat de son entreprise et son propre sort Finalement c est bien le pr t la production qui permet de donner le cadre d interpr tation le plus g n ral sur les questions d usure La prise d usure ne sera autoris e que si le pr teur et l emprunteur se trouvent li s travers une affaire commune ce qui est interdit c est de transformer des promesses de b n fices en une certitude brisant ainsi la communaut sous le pr texte que l un a l argent dont l autre a besoin 4 Le commerce des promesses Selon les Sages une promesse de richesse n est pas de l argent On le voit sur le cas pr c dent d s qu une vente est soumise une ventualit ici il s agit de l ventuel rachat de la terre par son propri taire initial elle est annul e C est une assamah ta La mise en apposition des deux cas pr c dents rel ve bien le paradoxe alors qu un pr t la production peut tre la base d un b n fice qui pourra tre pr lev par le pr teur
48. tenu de rendre le champ d s qu il percevait sa cr ance Rava nous pr cise que dans ce dernier cas le cr ancier pouvait exploiter le champ condition de d falquer de la dette une somme fix e par ann e d exploitation On parle d un cas o la somme d grev e est inf rieure au rendement r el du champ On ne peut comprendre ce passage que s il est clair que l exploitation d un champ pris en gage est autoris e selon la Torah En effet si un tel contrat tait prohib selon la Torah en quoi d grever une somme forfaitaire rendrait il la transaction permise Rachi pr cise donc 2 TINY TO 9T NY YN NII non WI ANTT MWY DIX AT DINAN A 17 rY NNA N7N NO 71211 N7 PIONT NINNI 9270 NaN NNI 17 DD D 9 na IN N7I pN I7 ONT p902 TU 17 mmn M 72 77ON NYT NINNI YAN F7ONT NDN NTI NIN D INT O nw n 7 PU 7N A ND N72 I7XN MND IN TA Dans un endroit o l usage tait de faire sortir emprunteur d s paiement de la dette on pouvait exploiter le champ condition de pratiquer un d gr vement substantiel c est dire un d gr vement forfaitaire annualis car ceci ressemble une vente tout se passe comme si l emprunteur vendait son champ son cr ancier il participe aux doutes qui planent sur la production de ce champ car il se peut qu il subisse une catastrophe naturelle et qu il ne produise rien Il d falquera une somme forfaitaire annualis e de la dette C est pourquoi m me si le pr teur per oit une
49. udite 1949 de l action combin e des avances du propri taire du travail du m tayer et de la terre de la pluie et du soleil Bataille appelait cela bullition du monde La moisson peut ainsi se r sumer l aide de l quation simplifi e avances travail soleil Ce qu on appelle g n ralement croissance c est ce que j appelle ici surplus ce qu on a obtenu l arriv e d duction faite des avances qui avaient t consenties soit travail soleil Le propri taire re oit sa part disons travail soleil 10 Dans un deuxi me temps le propri taire dit au m tayer coutez je n ai pas la place chez moi pour engranger tout ce foin Allez vendre tout a au march et vous me donnerez 10 de ce que a vous aura rapport Le m tayer vend sa r colte et revient avec un paquet de billets dans sa poche il a transform sa r colte en argent les billets dans sa poche repr sentent toujours tout comme la moisson qu il a vendue travail soleil Dans un troisi me temps le propri taire dit cette fois au m tayer coutez je n ai pas le temps de m occuper de v rifier ce que vous gagnez la fin de l ann e Je re ois de vous parfois un peu plus parfois un peu moins en fonction de votre r colte J aimerais mieux qu on regarde ce que vous m avez vers disons au cours des cinq derni res ann es qu on en calcule la moyenne et que vous me versiez d sormais cette somme comme un fixe Le s
50. ut tre reprise au pr teur A aucun moment le Talmud ne justifie que seule l usure fix e par avance est interdite selon la Torah l exception d une usure qui n est pas fix e par avance et qui peut tre permise ou interdite par les Sages Jorion appelle cela le passage du m tayage la location Ce dernier mot n est pas heureux Car chacun sait qu on peut louer n importe quoi et en r clamer un loyer Sans qu il ne s en aper oive notre auteur rend l gitime la perception d usure pour un pr t la production Or ceci aurait m rit une discussion Pour lui l affaire est entendue le pr t la production est autoris Notre tude nous a conduits plus de nuance tant que l usure est pr lev e partir des b n fices r els obtenus la Torah l autorise mais une fois que l on fixe par avance les b n fices on est dans une tout autre logique et pas celle de la location La Guemara explicite pourquoi on peut r clamer le loyer d une location alors qu une usure est interdite sur un pr t En effet ne peut on pas dire qu un pr t d argent est une location d guis e Il n en n est rien Le Talmud d crit la diff rence en des mots saisissants de justesse 2 TINY VO QT NY YN N22 NDON 722 TIN7N D NNO VIT N7 IN YA NTA NY TIT nnn VIT N YA NITA NN Un objet pris en location doit tre restitu tel quel son propri taire or puisqu il en est ainsi il existe une usure de l objet et
51. yst me a d sormais chang de nature on est pass d une logique de m tayage une logique de location et dans ce cas de figure du point de vue de la r colte le propri taire recevra parfois travail soleil 11 parfois travail soleil 9 etc Dans le cas de la location le loyer tant cette fois un fixe il est alors plus simple d utiliser comme talon la valeur des avances plut t que celle du surplus On dira dans ce cas que le loyer est disons avances 20 Soit traduit en termes de taux d int r t 5 par an Inversement si l on voulait selon la r colte exprimer l ancienne part par rapport aux avances la part serait parfois de 6 parfois de 4 etc Ce qui n aurait pas chang ce serait le fait que ces 6 ou ces 4 soient toujours ponctionn s de m me mani re sur travail soleil Quatri me temps il fait intervenir cette fois l interm diation Le propri taire demande maintenant un interm diaire de collecter le loyer du m tayer Celui ci verse les int r ts cet interm diaire que j appellerai pour plus de commodit banquier La source des versements demeure toujours travail soleil Le banquier se r mun re l occasion de la transaction le m tayer lui verse 5 5 et il reverse disons 4 5 au propri taire conservant 1 pour lui c est la marge bancaire d j voqu e On aura compris du rapprochement de nos trois illustrations que c est effectivement le cas o l
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