Ex Machina. Chantier d`écriture scénique
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1. gt em em vm 4 vg e gt en e en 55 076069 pm 4 4 Bam an Ra LA AAA AAA de 4 44 44 dd 4 dd s am E a Ee e d t 14 44 4444 4 4 4 5 7 Sa Zen Ce gt 4 lt lt 4 4 E 6444444 444 44 m d 4 44 CZ x PIPPIP AL AL AT ATATATATA D 0 4 0 0 02 0 PATRICK CAUX BERNARD GILBERT ep SEPTENTRION L inflant sc ne Extrait de la publication Page couverture Robert Lepage dans Le Projet Andersen Photo rick Labb Page de garde Prise de vue int rieure en contre plong e tour de la Caserne Photo Jacques Plante Les ditions du Septentrion remercient le Conseil des Arts du Canada et la Soci t de d velopement des entreprises culturelles du Qu bec SODEC pour le soutien accord leur programme d dition ainsi que le gouvernement du Qu bec pour son Programme de cr dit d imp t pour l dition de livres Nous reconnaissons galement l aide financi re du gouvernement du Canada par l entremise du Programme d aide au d veloppement de l industrie de l dition PADI pour nos activit s d dition Ex Machina Directeur artistique Robert Lepage Directrice de production Martine Rochon Charg e de projet Eve Alexa2. POUR PLANTER SES RACINES DANS LE MONDE DE LA CR ATION MACHINA EU BESOIN D UN SUBSTRAT RICHE ALIMENT PAR LE TEMPS DES RENCONTRES DES EXP RIENCES ET DIVERSES SOURCES D INSPIRATION Pendant sa formation au Conservatoire d art dramatique de Qu bec Robert Lepage c toie un ma tre qui influencera l ensemble de sa pratique Pour Marc Dor le th tre tait un acte po tique avant d tre un acte psychologique ne parlait pas de la po sie unique ment comme une forme d criture mais comme une fa on de bouger de jouer Digne h ritier de l cole de Jacques Lecoq o il a tudi Dor pousse ses tudiants sur la voie de la cr ation nous a transmis cette id e maintenant centrale dans notre travail que le com dien est avant tout un cr ateur nous a donc montr observer improviser et jouer avec les objets pour faire na tre la po sie nous parlant de Lecoq et de la tradition europ enne il nous galement pouss s la recherche des sources du th tre En 1978 leur sortie du Conservatoire les finissants se voient offrir une bourse pour aller parfaire leur formation en Europe Le groupe dont fait partie Lepage choisit de se rendre l Institut de la personnalit cr atrice dirig par Alain Knapp La m thode est ardue mais elle apprend au com dien canaliser son nergie riger des barri res quand il le faut Apr s une formation de trois semaines
3. EX 4 Ierd aise as 5 1 md Jamdadi ol the ouse 64 Hh Cu LAC fe Ve 7 a d ai duc Forta tory IL 7 veu dig Luim deeper Hi o Voix Tu vas Wa md Chu Ples d crire sa d marche et certaines de ses sources d inspiration En parall le Robert Lepage a manifest le d sir une r flexion plus th orique sur le th tre d Ex Machina pour en extraire certaines r gles inh rentes la pratique de la compagnie cice est inusit puisque le metteur en sc ne avait jusqu pr sent refus d tablir un syst me de cr ation pr f rant laisser la m thode employ e s affirmer d elle m me au fil des spectacles Pour r fl chir aux premi res pistes d une ventuelle th orie de la pratique d Ex Machina Lepage convi l auteur de la pr sente partie une s rie d entretiens Les propos du metteur en sc ne que retrouve dans ce livre sont donc le fruit de ces rencontres 1 Michel Tremblay pr face au texte de La Trilogie des dragons Qu bec Ex Machina et L instant m me collection L instant sc ne 2005 8 Extrait de la publication 11 PREMI RE PARTIE LE TH TRE LA RECHERCHE DE NOUVEAUX M TISSAGES Aux racines Machina
4. de pour faire ses premi res armes en tant que metteur en sc ne la m me poque il rencontre Michel Bernatchez Lepage reconna t rapidement ce r gisseur polyvalent l me d un b tisseur D s ses premiers projets une profonde complicit s installe entre le cr ateur et le futur producteur Rapidement Bernatchez devient l organisateur qui permet aux nombreux projets de Lepage de prendre leur envol Encore aujourd hui c est cette relation troite et constante entre aspirations artistiques et moyens in dits de production et de financement qui permet Ex Machina de cr er en toute libert Extrait de la publication Ariane Mnouchkine et le Th tre du Soleil Ariane Mnouchkine est une des principales figures du th tre contempo rain D s 1964 apr s avoir suivi une formation aupr s de Jacques Lecoq elle fonde le Th tre du Soleil avec Philippe L otard Son th tre r solument tourn vers le travail collectif est profond ment marqu par ses choix artistiques radicaux Vivant litt ralement en troupe les com diens autour de 70 participent l ensemble des activit s de la compagnie du jeu la pr paration des repas tous s impliquent dans les moindres aspects du travail Cette approche communautaire tous les membres du Soleil re oivent un salaire gal se refl te naturellement dans la facture des spectacles Entre cr ations collectives 1789 L ge d or Le Dernier Caravans rail et r
5. Richard Wagner Metropolitan Opera New York AUTRES PROJETS 1993 Secret World Tour De Peter Gabriel Real World Tours Londres 2000 M tissages Mus e de la civilisation Qu bec 2002 Growing Up Tour De Peter Gabriel Real World Tours Londres 2004 K Cirque du Soleil Las Vegas visait da le Extrait de la publication 83 Kong ur der Y ACHEV D IMPRIMER EN OCTOBRE 2007 SUR LES PRESSES DE L IMPRIMERIE MARQUIS CAP SAINT IGNACE POUR LE COMPTE DE GILLES HERMAN DITEUR L ENSEIGNE DU SEPTENTRION Extrait de la publication
6. kin D s le d but des ann es 1980 elle a commenc int grer ces traditions dans son travail Pour Lepage la rencontre est d terminante La m thode de Mnouchkine met en pratique les notions qu il a apprises au Conser vatoire Le jeune artiste d couvre une source d inspiration D s ses premi res grandes cr ations collectives du d but des ann es 1970 elle pla ait le com dien au centre du processus de cr ation Elle avait abattu les hi rarchies au sein de sa troupe Pour elle chaque projet dictait le temps requis pour son d veloppement spectacle n tait pr t que lorsque sa troupe avait explor toutes les voies possibles Et enfin elle avait la Cartoucherie un lieu d di l laboration de ses uvres fait si j avais eu ce moment l r ver d une compagnie le Th tre Soleil m aurait tr s cer tainement servi de mod le leur retour les deux jeunes artistes galvanis s par leur premier s jour en Europe fondent le Th tre en hommage aux onomatop es utilis es par Fred le c l bre auteur des bandes Henry IV dans une mise sc ne d Ariane Mnouchkine Le Th tre du Soleil M Durozier C Bosc J Maurel et G Freixe Photo Martine Franck dessin es Phil mon cette poque les comparses cr ent quelques spectacles dont L Attaque quotidienne qui a pour sujet la presse des tablo ds et Saturday Night Taxi Lepage profite de cette p rio
7. lettres de chacun de ces mots constituant le mot rep re Les artisans du Rep re proc dent des improvisations libres pour construire des personnages et laborer des situations partir de ressources sensibles grande nouveaut des Cycles aux yeux de Lessard r side d abord dans cette notion d architecture appliqu e au th tre cr er partir du concret C est ce qui marque la rupture du th tre Rep re avec les cr ations collectives de la d cennie pr c dente o les id es servaient d l ments fondateurs de la cr ation 3 Ludovic Fouquet Robert Lepage l horizon en images L instant m me collection L instant sc ne 2005 p 15 Dans l laboration de ces premiers projets Lepage et ses collabo rateurs sont rapidement confront s aux limites de la d marche de la compagnie Si les cycles Rep re comportent certains aspects extr mement riches la m thode ne doit pas tre un dogme restreignant les cr ateurs mais bien un outil organique qui puisse se modifier en fonction des spectacles la fin des ann es 1980 Lepage et Bernatchez quittent le Rep re pour travailler ensemble sur divers projets Malgr cette rupture ils conservent le d sir de renouer un jour avec l esprit du travail collectif rendu possible par l environnement d une troupe ORBITE D UN TH TRE L AUTRE Fort de cette nouvelle ind pendance le jeune metteur en sc ne de Qu bec attire l attention Du Centre
8. sc ne comme la danse le chant lyrique et la musique avec les arts d enregistrement comme le cin ma la vid o et le multim dia Qu il faut provoquer des rencontres entre scientifiques et auteurs dra matiques entre peintres de d cors et architectes entre artistes trangers et qu b cois De nouvelles formes artistiques pourraient surgir de ces croise ments C est le pari que fait Ex Machina devenir le laboratoire L Orient s duit l Occident Dragon rouge La Trilogie des dragons Deuxi me version Emily Shelton et Jean Antoine Charest Photo Labb l incubateur d un th tre qui puisse toucher les spectateurs du nouveau mill naire Cette envie de cr er des formes et des vocabulaires r sulte d une curiosit insatiable pour l humain Au fil des uvres on retrouve dans la d marche artistique d Ex Machina un appel l autre une recherche de l autre un d sir de la rencontre avec l autre Avant la fondation d Ex Machina ce go t de l ailleurs et de la ren contre se reconnaissait d j dans les projets anim s par Robert Lepage Le prologue de La Trilogie des dragons porte d ailleurs en lui l impulsion des cr ations venir Dans le noir le silence est bris par une voix de femme Je ne suis jamais all e en Chine La phrase est imm diatement reprise en anglais par un homme never been to China puis cantonnais par un autre homme Pour de nombreux obse
9. venais d tre propuls au rang de citoyen du monde apr s m tre battu pour m octroyer le droit d tre citoyen mon propre pays Plus r cemment La Face cach e de la Lune la plus intime des pi ces cr es par Lepage ce jour mettait en lumi re l importance de l introspection dans le travail de la compagnie Si la soif des ren contres pousse Ex Machina ouvrir ses horizons physiques par les tourn es et artistiques par les th mes abord s il n en reste pas moins que le go t du voyage int rieur est au c ur de la d marche de la compagnie Apr s qu Ex Machina ait parcouru le monde Robert Lepage senti le besoin d exprimer dans une publication certaines id es au sujet de sa d marche artistique l image du travail cr atif d Ex Machina Chantiers d criture sc nique est port par un double d sir d ouverture et d introspec tion la base de cet essai il y a la volont de dresser le portrait courant de la compagnie Pour y parvenir nous avons convenu de Voix Farvin 8 Ae Anel Gun 1 vox You 4 40 Ae io O I Si uume a Leg i Si 1 ENS 045 ii dee MV nz Tv Auneu nien is i usi T Tax 4 da d EST per H 1 Voix A lie jada voix E Voix
10. Huot L ann e suivante Robert Lepage accompagn de Marie Brassard Jean Casault Lorraine C t Marie Gignac et Marie Michaud se lance dans l aventure de La Trilogie des dragons 1987 l quipe laquelle se sont joints les com diens Robert Bellefeuille Richard Fr chette et Yves rick Marier pr sente le spectacle dans sa ver sion de six heures au Festival de th tre des Am riques La pi ce conna t Imm diatement un succ s la fois critique et populaire qui propulse les jeunes com diens sur les sc nes du monde la m me poque Lepage s attaque son premier spectacle solo Vinci Touchant les questions de la cr ation et du r le de l art Vinci porte d j la signature distinctive du cr ateur jeux d images ren versements de perspectives importance des symboles opposition entre la banalit du personnage principal et le g nie de Leonardo Apr s quelques ann es au sein du Rep re Lepage a d j explor les deux mod les qui marqueront l ensemble de son uvre le collectif et le solo Suivront rapidement la cr ation du Polygraphe puis celle de Plaques tectoniques 15 PREMI RE PARTIE LE TH TRE LA RECHERCHE DE NOUVEAUX M TISSAGES AUX RACINES MACHINA Une femme au Burger King de Saint Germain des Pr s Vous tes photographe Moi je pr f re un m dium chaud comme la peinture Vous savez un jour un ami m a peinte C tait extraordi
11. MERGER LES COMPOSANTES DU R CIT 32 Ex Machine deelen FACE AU MONDE DES POSSIBLES IMPOSER UNE STRUCTURE 33 Ouvrir les portes de la Les observateurs LA PLACE DU HASARD INVITER LE CHAOS 35 Pr voir les risques LE COM DIEN CR ATEUR METTRE LES MAINS DANS LA MATI RE 37 Le Diamant DIRECTION D ACTEUR 38 Les quatre dragons DES PERSONNAGES COMME DES COSTUMES 39 Quatre si cles en un clin d il CROISER LES DISCIPLINES 40 R PERTOIRE DE MOUVEMENTS 41 CONSTRUIRE LES SPECTACLES 50105 43 LARGIR LE VOCABULAIRE SC NIQUE 46 DYNAMISER L UNIVERS NARRATIF 48 LOW TECH HIGH TECH 48 LE C T PILE DU SPECTACLE 50 BRISER LES HI RARCHIES 50 RENDRE L UVRE POSSIBLE 51 TIRER PROFIT DES CONTRAINTES 52 LE JARDIN DES TROUVAILLES INUTILES 52 SE DONNER LES MOYENS DE CR ER 53 LE TEMPS DE LA CR ATION 54 UNE JOURN E LA CASERNE 55 LA R P TITION PUBLIQUE 55 LA NAISSANCE DU SPECTACLE 56 LE R PERTOIRE 56 UNE QU TE INACHEV E LA RENCONTRE AVEC L AUTRE 58 CARNET DE BORD LE DRAGON BLEU 59 ORGANIGRAMME 80 BIBLIOGRAPHIE 81 TH TROGRAPHIE S LECTION 82 Toilettes l tage dans un immeuble de New York Les Sept Branches de la rivi re Ota Michel F C t Richard Fr chette Normand Daneau Patrick Goyette et R jean Vall e Photo Claudel Huot AVANT PROPOS Ex Machina est une compagnie de cr ation qui travaille simultan ment sur une multitude de projets de nat
12. Robert Lepage et son coll gue et ami Richard Fr chette d cident de demeurer en Europe Pendant ce s jour ils se rendent notamment au Festival d Avignon voyage a surtout t l occasion de d couvrir le Th tre du Soleil anim par Ariane Mnouchkine se rem more Lepage Nous avons Imm diatement not des affinit s entre ses m thodes et celles qu on avait apprises de Marc Dor La raison en est bien simple elle est aussi une h riti re de Lecoq Nous avions donc le m me bagage qu elle Pendant sa formation on raconte qu elle Robert Lepage et Richard Fr chette explorent l enseignement de Jacques Lecoq transmis par Marc Dor L Attaque quotidienne Th tre Hummm Photo Archives Richard Fr chette tait comme une ponge peu en retrait elle absorbait tout que Lecoq enseignait sur le mouvement le jeu de masque le clown Plus tard elle a test tout ce qu elle avait retenu de son enseigne ment puis elle a transform et adapt les id es de Lecoq pour inventer sa propre d marche Elle avait une immense longueur d avance sur nous moment o nous trouvions les racines de notre th tre en Europe elle commen ait ses recherches sur l Orient Elle soup onne que les sources universelles du th tre surtout celles du travail du com dien se trouvent en Asie Elle s int resse tout particuli rement aux codes du kabuki du du kathakali du th tre balinais et ceux de l op ra de P
13. ent sur de nouveaux propos et de nouveaux vocabu laires qui ont peine t explor s Ce n est donc plus simplement le fond et la forme du th tre qu il faut remettre en question mais le r le qu il jouer dans le nouveau trafic des id es du si cle ROBERT LEPAGE Extrait de la publication Sc ne de la roulotte Lipsynch Nuria Garcia Photo rick Labb Le th tre la recherche de nouveaux m tissAges na DE QU BEC TOKYO EN PASSANT PAR NEW YORK LONDRES O MOSCOU EX MACHINA CONVIE LES PUBLICS DU MONDE DES EXP RIENCES TH TRALES O LA TECHNOLOGIE C TOIE L AVENTURE HUMAINE SUR SC NE HI RARCHIES M THODES DE TRAVAIL ET CODES NARRATIFS SONT BOUSCUL S DANS LE BUT DE PRODUIRE UN VOCABULAIRE SC NIQUE RICHE ET LIBRE DE CONTRAINTES En 1993 quand Robert Lepage propose ses collaborateurs de trouver une identit son prochain groupe de travail il pose une condition le mot th tre ne doit pas faire partie du nom de la compagnie Cette condition est r v latrice de l esprit qui anime la troupe Sa d marche vise abattre les cloisons d construire les barri res d boulonner les id es re ues et inventer un vocabulaire sc nique en phase avec son poque Les cr ateurs d Ex Machina croient que le th tre a soif de nouvelles sources d inspiration explique Michel Bernatchez producteur de la compagnie Qu il faut m ler les arts de la
14. naire J tais devant un paysage compl tement ass ch comme s il avait eu une catastrophe atomique J tais plac e en trois quart comme ceci Mes mains taient sur mon ventre comme si je portais moi l embryon d une g n ration nouvelle d enfants lumi re Et pour bien faire comprendre que j tais la seule savoir il m avait peint un sourire nigmatique Vinci Robert Lepage Photo Claudel Huot S affranchir de la gravit est un th me r current dans les uvres de Lepage Vinci Robert Lepage Photo Claudel Huot Th tre Rep re Le th tre Rep re a t fond en 1980 par Jacques Lessard et plusieurs autres com diens et artistes La volont de la compagnie tait de faire un th tre d images d motions et de personnages o foisonnent tous les aspects du jeu et de cette vie qui bouge va vient et ne cesse de nous tonner 1978 Jacques Lessard se rend en Californie pour participer la d marche de cr ation de la danseuse Ann Halprin San Francisco s Dancers Workshop Le mari de cette derni re l architecte Laurence Halprin avait mis au point une m thode RSVP Cycles s inspirant de ressources sensibles pour organiser le travail de cr ation Lessard fortement inspir par cette m thode en fait une adaptation qu il nomme les cycles REP RE Le processus s chafaude autour de quatre mots Ressource Partition valuation Repr sentation les premi res
15. national des Arts Ottawa au Tokyo Globe en passant par le Th tre royal de Stockholm ou le Royal National Theatre de Londres o Lepage est le premier Nord Am ricain mettre en sc ne une pi ce de Shakespeare les grandes institutions font appel sa vision neuve de l art dramatique et son talent de faiseur d images Lors de ces p riples Lepage et son quipe constatent rapidement qu chaque culture correspond une mani re propre d aborder la sc ne D un pays l autre ils doivent se plier continuellement diverses fa ons de faire tout en s adaptant aux contraintes de chaque lieu visit Si Lepage dit des Japonais qu ils se d marquent par leur rigueur et leur respect de l espace int rieur des com diens les Allemands ont selon lui une approche beaucoup plus hi rar chis e de la cr ation ils attendent du metteur en sc ne qu il fasse figure de despote clair En parall le les propres projets de cr ation de Lepage sont men s dans des conditions parfois difficiles des agents efficaces mais parpill s des bureaux souvent constitu s d un t l phone et d un classeur sur trois continents des salles de r p titions lou es au hasard des disponibilit s Sans le cadre d une v ritable compagnie les spectacles sont construits gr ce au soutien coproducteurs et de diffuseurs Sautant d un avion l autre pour mener de front leurs divers engagements le cr ateur et son ent
16. ndra Saint Laurent Conception graphique Paquebot Design Septentrion Charg e de projet Sophie Imbeault R vision Solange Desch nes Correction d preuves Carole Corno Note de l diteur Le titre des uvres se r f rant la th trographie voir 82 sont pr sent s en caract re gras dans les vignettes Si vous d sirez tre tenu au courant des publications des EDITIONS DU SEPTENTRION vous pouvez nous crire 1300 av Maguire Gillen Qu bec 1 123 ou par t l copieur 418 527 4978 ou consulter notre catalogue sur Internet www septentrion qc ca Les ditions du Septentrion 1300 av Maguire Sillery Qu bec G1T 123 D p t l gal Biblioth que et Archives nationales du Qu bec 2007 ISBN 978 2 89448 528 6 Ont collabor la r alisation de Chantiers d criture sc nique Lynda Beaulieu Micheline Beaulieu Michel Bernatchez Jo lle Cloutier Jean S bastien C t F lix Dagenais Carl Fillion Bernard Foccroulle Richard Fr chette Marie Gignac Tobie Horswill Louise Roussel Jean Pierre V zina et Neilson Vignola Merci Fran ois Barbeau Robert Caux David Alexandre Chabot Esther Charron Mira Cliche Jacques Collin Yves Dub Yves Fillion Ludovic Fouquet Michel Gauthier Sophie Grenier Claudel Huot Jean Lebourdais David Leclerc Jacques Lessard H l ne Marcaurelle Marc Marnie Pedro Pr s Jacques Plante Gilles Tapie Truong Chanh Trung Emmanuel Valet
17. nkenship Lise Castonguay John Cobb Nuria Garcia Marie Gignac Sarah Kemp Robert Lepage Rick Miller et Hans Piesbergen Ex Machina Qu bec EN CHANTIER Lipsynch Le Dragon bleu Eonnagata Le Moulin images OP RAS 1992 Le Ch teau de Barbe Bleue Op ra de B la Bartok sur un livret de B la Bal zs d apr s un conte de Charles Perrault Canadian Opera Company Toronto Erwartung Op ra d Arnold Sh nberg sur un livret de Marie Pappenheim Canadian Opera Company Toronto 1999 La Damnation de Faust De Hector Berlioz sur un livret de Hector Berlioz Almire Gandonni re G rard de Nerval d apr s Johann Wolfgang von Goethe Ex Machina Qu bec Festival Saito Kinen Matsumoto Japon 2005 1984 De Lorin Maazel sur un livret de J D McClatchy et Thomas Meehan d apr s le roman de Georges Orwell Ex Machina Qu bec Big Brother Productions New York 2007 The Progress Op ra en trois actes d Igor Stravinsky sur un livret de W H Auden et Chester Kallman Th tre Royal de la Monnaie Bruxelles Op ra national de Lyon San Francisco Opera Royal Opera House Covent Garden Londres Teatro Real Madrid EN CHANTIER Le Rossignol Renard 1914 1922 Livrets d Igor Stravinsky d apr s Andersen et des contes traditionnels russe Der Ring des Nibelungen 1876 Festival sc nique en trois journ es et un Prologue Rheingold Die Walk re Siegfried et G tterdammerung De
18. our qu ils con oivent les lieux 1997 apr s un long travail de r flexion sur la nature et l archi tecture d un tel lieu la Caserne voit le jour Ex Machina poss de enfin l outil lui permettant d aller au bout de sa d marche et den treprendre ses grands chantiers d criture en toute libert Le grand studio pendant la cr ation de Zulu Time Photo David Leclerc ik K E Photo du haut Poste feu num ro 5 1937 Construite au d but du si cle par l architecte Georges mile Tanguay la Caserne se distingue par une fa ade Second Empire Photo Archives de la Ville de Qu bec Photo du bas La Caserne en 2007 Photo Yves Fillion Le chantier en 1996 Photo Louise Bilodeau Le lieu du brouillon La Caserne est un laboratoire polyvalent enti rement pens pour la cr ation Con ue l image de ses occupants l architecture du lieu t dessin e pour favoriser les changes et les m tissages Imagin s pour tout faire graviter autour du grand studio les plans du b timent forcent en effet les rencontres entre les diverses composantes de la compagnie pour se rendre la passerelle de r gie les techniciens doivent passer par les locaux de l administration de m me les fen tres des bureaux des diff rents concepteurs tablis la Caserne donnent directement sur le grand studio la fois lieu de r p tition de spectacles pour la sc ne atelier de cons
19. ourage commencent sentir la n cessit d une structure sant leurs ambitions artistiques C est 1993 alors que Lepage dirige Shakespeare s Rapid Eye Movement un collage de textes oniriques de Shakespeare cr Midsummer Nights Dream de William Shakespeare au Royal National Theater de Londres Photo Neil Libbert au Th tre national de Bavi re que le projet de fonder une com pagnie dot e de son propre lieu de cr ation se pr cise faut dire que l exp rience munichoise est particuli rement ardue Le metteur en sc ne et son assistant de l poque Philippe Soldevila doivent composer avec un contexte de production remarquablement lourd o les com diens fonctionnent sous la menace De m me du metteur en sc ne il lui est p nible de cr er dans des conditions aussi rigides PREMI RE PARTIE LE TH TRE LA RECHERCHE DE NOUVEAUX M TISSAGES AUX RACINES MACHINA tudes de Paquebot Design pour le logo d Ex Machina Archives Paquebot Design ATTERRISSAGE Entour de proches collaborateurs com diens concepteurs et producteurs Lepage jette les bases de ce qui deviendra leur compagnie L esprit du projet est clair il faut une structure qui puisse se mouler une approche organique de la cr ation L ann e sui vante en 1994 Ex Machina voit le jour Par ailleurs lass s de se plier aux conditions impos es par cha cune des trou
20. par par les membres de la troupe PREMI RE PARTIE LE TH TRE LA RECHERCHE DE NOUVEAUX M TISSAGES AUX RACINES MACHINA LE TEMPS DU REP RE Au d but des ann es 1980 le th tre qu b cois conna t de profonds bouleversements La sc ne s affranchit du texte pour faire place l expression corporelle l image et une approche profond ment influenc e par les arts de la performance La rel ve artistique du Qu bec se tourne vers l tranger et en particulier New York et Berlin pour s inspirer des cr ateurs comme Laurie Anderson Robert Wilson et Pina Bausch Pour Lepage cette poque est marqu e par des uvres comme L Homme rouge de Gilles Maheu Beau Monde du Th tre Omnibus et L il rechargeable de Michel Lemieux Ces spectacles ont t un v ritable point de rupture En quelques ann es il y eu une trans formation compl te des codes esth tiques et narratifs Au m me moment Qu bec Lepage et Fr chette se joignent au th tre Rep re Ils retrouvent Jacques Lessard qui leur a enseign au Conservatoire et rencontrent une quipe partageant leur int r t pour la cr ation On trouve au Rep re le souffle des projets collectifs h rit s de la d cennie pr c dente mais aliment un d sir de s loigner du texte pour raconter des histoires en jouant avec le fond et la forme Partant de ressources sensibles les artisans de la compagnie d veloppent un vocabulaire
21. pertoire Eschyle Shakespeare Moli re le Soleil s emploie remonter aux origines du th tre jusqu sa source orientale Les spectacles r cents sont d ailleurs marqu s des traditions asiatiques kabuki kathakali th tre balina s op ra de P kin erc Digne h ri ti re de Jacques Copeau Mnouchkine accorde une grande importance aux mots elle collabore fr quemment avec l auteure H l ne Cixous pour ses cr ations et au jeu des com diens Ses spectacles sont g n ralement soutenus par la musique de Jean Jacques Lem tre Pour chaque pi ce la troupe effectue des recherches importantes Par exemple la compagnie s est rendue en Asie afin de s impr gner de diverses traditions orientales avant la cr ation de Tambours sur la digue Partant de ces recherches on d veloppe des mondes auxquels on invite le spec tateur se joindre C est ainsi que la Cartoucherie une ancienne usine d armement du Bois de Vincennes o la compagnie est install e est r guli rement transform e pour correspondre au rituel propre chaque production Avant le spectacle le public peut assister aux exercices d chauffement des com diens et changer avec eux tandis qu ils se maquillent De m me pour se plonger dans l esprit de la repr sentation le public peut consulter les sources l origine de la production tout en d gustant un repas inspir par la r gion du monde voqu e par le spec tacle Ce repas est pr
22. pes pour lesquelles ils travaillent les fondateurs d Ex Machina tablissent une r gle les compagnies faisant appel leurs services devront d sormais s adapter leurs fa ons de faire lls ont parcouru le monde c est maintenant le monde qui viendra dans leurs locaux Qu bec Pour aller au bout de son projet la compagnie doit se doter d un lieu de travail con u pour ses besoins changeants Cet endroit sera le laboratoire o la compagnie cr era hors des contraintes des programmations saisonni res et de la pression de la diffusion Unique en son genre il servira de point de jonction entre les arts de la sc ne les technologies et les sciences Contrairement la plupart des autres lieux attitr s de grandes compagnies la Cartoucherie de Vincennes pour Ariane Mnouchkine les Bouffes du Nord pour Peter Brook qui servent la fois d espaces de cr a tion et de repr sentations le laboratoire d Ex Machina sera enti rement d di la recherche et l exploration Apprenant que Lepage cherche un b timent pour sa compagnie le maire de Qu bec Jean Paul lui propose de s installer dans une caserne de pompiers abandonn e Les animateurs de la jeune troupe sont combl s ils ont finalement trouv un toit pour abriter leurs projets Ils engagent les architectes Jacques Plante et Marc Julien aid s du consultant Michel Gosselin qui a fr quemment collabor avec la compagnie comme musicien et r gisseur p
23. rvateurs La Trilogie des dragons venait d ouvrir les horizons du th tre qu b cois Pour la premi re fois un spectacle d ici se donnait le droit de voyager de parler de nous en allant vers l autre L auteur Michel Tremblay avait m me crit au LA Des elare L Ja Ban Clans Var Te Chima Vo CH R ioste APRES to te LLA PLA W nn Tiere Herusta hana Voix I quantian chios D be The 1 Augen G et Ver x Today parking E voi Plus toni a va par D Maybe Patia 14 will bewa o SE a E enge Lo Vic v I Ae Ai T AURA Tha ipah LA th your H girman les vas deu Ehh el SE Prologue crit de la main de Robert Lepage Annotations de Marie Gignac La Trilogie des dragons Premi re version Archives RLI sujet du spectacle la r v lation les Am ricains diraient epiphany fut pour moi totale et d une importance capitale
24. sc nique propre maintenant connu un peu partout au Qu bec En 1984 Lepage et ses acolytes connaissent un premier succ s pancanadien avec Circulations La pi ce s inspire d une carte routi re de l est des tats Unis dont les sinuo sit s rappellent la fois la circulation sanguine et le voyage Elle fait aussi appel aux phrases st r otyp es des cours d anglais l ancienne mani re De l avis des critiques le r sultat est saisissant Originalit Humour Usage de la contre plong e en guise de clin d il au cin ma L image constitu e devient le personnage principal du spectacle et le son l l ment central du texte dramatique r sume un critique dans L annuaire th tral 2 Marie Andr e Lamontagne Contact l encyclop die de la cr ation wWww contacttv net Pierre Lamontagne et Yukali Deux approches de l art dialoguent dans une galerie de Vancouver Dragon blanc La Trilogie des dragons Version de 3 heures Robert Lepage et Marie Brassard Photo Claudel Huot D s les premiers spectacles le regard cin matographique s impose on cr e l illusion d une vue en plong e Circulations Th tre Rep re Robert Lepage Lise Castonguay et Fran ois Beausoleil Photo Jacques Lessard Deux s urs chinoises immigr es Qu bec La nostalgie de l Asie Dragon vert La Trilogie des dragons Premi re version Marie Brassard et Lorraine C t Photo Claudel
25. te Big Brother Production New York Metropolitan Opera New York Royal Opera House Covent Garden Londres Sc ne thique Th tre Royal de la Monnaie Bruxelles Ville de Qu bec et Bengt Wanselius Site Internet d Ex Machina www lacaserne net Diffusion au Canada Diffusion Dimedia 539 boul Lebeau Saint Laurent Qu bec 4 152 Ventes en Europe Distribution du Nouveau Monde 30 rue Gay Lussac 75005 Paris Extrait de la publication A I N CHANTIERS D CRITURE SC NIQUE PATRICK CAUX BERNARD GILBERT e SEPTENTRION L inffant sc ne Extrait de la publication Sc ne du fantasme rotique Zulu Time Jinny Jessica Jacinto et Marco Poulin Photo Reggie Tucker AVANT PROPOS 7 PREMI RE PARTIE LE TH TRE LA RECHERCHE DE NOUVEAUX M TISSAGES 10 AUX RACINES MACHINA 12 LE TEMPS DU REP RE 14 EN ORBITE D UN TH TRE L AUTRE 17 ATTERRISSAGE 18 RACONTER UNE HISTOIRE 22 DU M LODRAME CONTEMPORAIN 24 CADRES DIALOGUER AVEC LES AUTRES DISCIPLINES 25 ET VTT Solel DESSINER LES CONTOURS D UNE TH ORIE EN MOUVEMENT 26 Th tre Rep re LE TH TRE EST UN V NEMENT 26 Le lieu du brouillon SE METTRE EN DANGER 26 Le m lodrame PENSER HORS DU CADRE 27 Le dramaturg LE PROCESSUS DE CR ATION 30 La structure cin matographique en neuf actes AMORCER LE TRAVAIL EXTRAIRE DES FRAGMENTS DU CHAOS 30 utilis e pour Lipsynch FAIRE
26. truction de d cors et studio de tournage c est le lieu o la compagnie esquisse ses brouillons teste ses hypoth ses et labore ses spectacles avant de les mener vers les sc nes du monde 19 Marie Gignac et Normand Bissonnette dans Les Sept Branches de la rivi re Ota Photo Emmanuel Valette La Temp te De William Shakespeare Le Th tre du Trident Qu bec Kindertotenlieder De Gustav Mahler Cultural Industry Londres La Celestine De Fernando de Rojas Ex Machina Qu bec Kungliga Dramatiska Teatern Stockholm 1999 Zulu Time De Jinny Jessica Jacinto Claire Gignac Robert Lepage Rick Miller Marco Poulin et Rodrigue Proteau Ex Machina Qu bec Jean Sans Nom D apr s le roman de Jules Verne Adaptation Jean Charlebois musique Robert Charlebois Gestion Son Image Montr al 2000 La Face cach e de la Lune De Robert Lepage Ex Machina Qu bec 2001 La Casa Azul De Sophie Faucher Ex Machina Qu bec 2003 La Trilogie des dragons nouvelle version De Marie Brassard Jean Casault Lorraine C t Marie Gignac Robert Lepage et Marie Michaud Ex Machina Qu bec 2004 The Busker s opera Inspir de l Op ra du Gueux de John Gay Ex Machina Qu bec La Celestina De Fernando de Rojas Ex Machina Qu bec Ysarca Espagne 2005 Le Projet Andersen De Robert Lepage Ex Machina Qu bec 2007 Lipsynch Fr d rike B dard Carlos Belda Rebecca Bla
27. ures diff rentes Son dynamisme et son acharnement trouver de nouvelles mani res de raconter l obligent passer rapidement d un chantier d criture un autre sans jamais avoir vraiment l occasion de se relire de s arr ter pour faire le point sur sa d marche et ses m thodes de travail Ce livre se veut une sorte de r flexion haute voix sur un parcours exaltant plein de d couvertes lumineuses et de m andres obscurs dans lesquels nous nous sommes d ailleurs souvent enlis s Le travail de cr ation collective d Ex Machina est bas principalement sur l intuition il n existe donc recette mode d emploi Mais force d exp rimenter nous avons de plus en plus le sentiment qu il semble s en d gager une pens e une attitude ou du moins une mani re diff rente d aborder les choses Ce livre n a pas la pr tention de proposer de nouvelles th ories mais tente simple ment de comprendre comment travers notre d marche nous avons su int grer celles qui existaient d j Aussi les nombreuses tourn es de la compagnie ont permis ses cr ateurs et ses interpr tes d tre les t moins privil gi s de nouvelles pratiques th trales et de comprendre que le th tre l image du monde volue tr s rapidement et avec lui ses artisans et son public L influence du cin ma et de la t l vision et les nouvelles avenues dramaturgiques propos es par le multim dia bouleversent les conventions narratives et ouvr
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