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machineries sémiotiques et médiations techniques

1. L interaction accorde au moins l un des interlocuteurs homme ou machine le pouvoir d impliquer l autre dans la r alisation de ses buts et de son plan d action Le dialogue serait alors une activit rationnelle orient e vers l ex cution de buts dans une action situ e L interaction ne pr sume donc aucune parit entre interlocuteurs et accepte la multimodalit Serait on enfin parvenu concevoir et construire la machine r v e par Condillac Caelen op cit p 128 nous avertit ce serait en effet faire fausse route que de pr ter la machine des capacit s perceptives ou cognitives et d imaginer qu il suffit d impl menter ces capacit s pour r soudre le probl me de l interaction homme machine L int r t de l approche communication homme machine c est de nous obliger renoncer l illusion d une communication naturelle avec la machine ou calqu e sur la communication naturelle Le retour se fait donc sur la s miotique des interfaces et sur les limites des artefacts On devrait entrer dans une p riode o l ergonomie s miotique des dialogues multimodaux se combinera aux prescriptions didactiques pour donner naissance de nouveaux produits dans lesquels la logique pist mique ne s alignera pas n cessairement pas sur une logique de facilitation cognitive En formulant travers l exemple de l exemple de l enseignement de l analyse les exigences que la didactique pr sent
2. Sur un plan pist mique les repr sentations graphiques synth tisent des relations objectives entre des grandeurs dont certaines mesurables sur un plan cognitif les trac s peuvent pr ter des interpr tations qui r sultent de croyances culturellement renforc es Ce constat n a rien d historique Nous avons montr Baill amp Vallerie 1994 que certaines formes de graphiques li es des nonc s d clenchaient un conflit cognitif dont la r solution supposait l intervention de savoirs arithm tiques contre l emprise visuelle des pentes Cette le on est m diter dans une poque o le travail d tude les techniques calculatoires la construction m thodique et r fl chie de l argumentation le travail de rectification d erreurs sont souvent moins bien consid r s que la spontan it du sentiment et la force de l assertion Nous sommes d sormais en possession des instruments propres assurer la communication la cis e du savoir Le mouvement va se poursuivre par la construction de nouveaux dispositifs qui ordonnent et normalisent la conduite de recherches le d bat scientifique et la transcription des r cits d exp rience Ainsi l institution au XVIT si cle des trois Acad mies de Florence Londres et Paris va t elle favoriser le d veloppement d s le si cle suivant d une pratique normative de la science avec instrument Licoppe 1996 Le triptyque pr paration effet interpr tation va donner fo
3. et relativement marginal de ces m mes technologies Une demande de formation au maniement des technologies nouvelles qui se limiterait au seul mode d emploi courrait le risque d une r gression aux confins de l ali nation des artisans ath niens Le parti que nous avons pris de consid rer quelques machineries s miotiques repose sur cette id e qui semble encore assez peu partag e dans le monde des sciences de la cognition selon laquelle la conceptualisation n est pas ind pendante des modalit s s miotiques d acc s l information Les conflits de signification constituent sans doute une difficult que les NTIC devraient permettre d explorer sur une plus grande chelle et plus en profondeur M me s il ignore l effort du si cle dans la voie de l objectivit formelle et en parall le dans celle du relativisme ontologique m me s il n aborde pas la construction et le fonctionnement des langages op ratifs et des m talangages le travail que nous venons de pr senter sugg re cependant que l instrumentation technique rencontre de gros obstacles lorsqu elle pr tend concerner des totalit s cognitives Ce travail sugg re en outre que l tude historique de ces obstacles n est pas sans effet sur une conception de la formation Pour finir revenons sur la technophobie Le constat suivant devrait justifier la crainte des hommes l encontre de la technique ou des technosciences comme on dit pour obscurcir davantage
4. ne devrait pas nous distraire de la singularit dynamique de notre objet savoir l am lioration des conditions d tude et d utilisation de savoirs et savoir faire l cole ou ailleurs Au regard de cette cause pr cisons que notre refus de l enfermement disciplinaire comme notre m fiance pour la science autoproclam e ne sauraient accr diter nos yeux ces sortes de bouillies dites interdisciplinaires qui nourrissent en ducation le propos dominant le propos oraculaire Nous pr f rons largir notre d marche la remarque suivante d un des fondateurs de l ergonomie cognitive fran aise Cependant l ergonomie est une science autonome et si elle emprunte largement d autres sciences ses donn es exp rimentales ses m thodes et ses th ories elle le fait en choisissant et en adaptant ses emprunts aux r alit s de terrain et son objet propre qui n est pas seulement T tude du travail humain ni m me l tude de l homme au travail mais plut t l am nagement optimal du travail l homme Sp randio 1996 p 166 Une fois assur s de pouvoir concourir par diverses voies l am lioration des composants organisationnels et techniques du travail de formation il nous faut isoler les variables d action qui selon le format du contexte et la nature des objets qui le composent atteignent facilement soit au psychologisme soit au contraire au sociologisme Pour viter ces exc s sans
5. nonc des doctrines le r le des m taphores On peut m me croire que tous ces symboles et leurs liens correspondent autant d unit s d information qui acc dent aux aires p riph riques Il suffirait alors de rendre explicites les objectifs les pas de programme pour que les sujets comprennent Or sur les aires p riph riques ne parvient qu une partie de l information Les directions de traitement sont plus tourn es vers l int rieur du syst me nerveux central que vers l ext rieur et les syst mes activateurs ascendants et descendants avec la vielle formation r ticulaire ne s articulent pas directement avec un pilotage top down ou bottom up des informations Le ma tre traditionnel prouvait bien que sa le on magistrale n aurait de sens que si elle tait suivie et pr c d e par un travail d tude Ce ma tre n entretenait probablement aucune illusion sur la transf rabilit imm diate des formes et du contenu de son discours Il va de soi que nous ne pr nons pas le retour des formes magistrales d enseignement Nous tenons plus simplement rappeler que l essentiel de la fonction cognitive des NTIC ne revient pas proposer une entr e ludique l apprenant dans un simulacre de mondes probl matiques Cet apprenant devrait en assimiler sans douleur la composition la mani re d un pr sum expert Du simple expos documentaire jusqu aux simulations les NTIC sont consid rer comme instrument cognit
6. s effectives de l enseignant Il est vrai qu au nom d un art p dagogique pr sum irr ductible la raison scientifique il fut longtemps impossible d aborder avec les techniques que l on savait pourtant d ployer pour l tude du travail humain les questions ducatives sous un angle professionnel L enseignant reste encore la figure absente des tudes en ducation en didactique m me la notable et r cente exception de la didactique des math matiques La centration quasi exclusive des travaux de psychologie sur l apprenant n a pas peu contribu renforcer cette tendance Sans doute prend on soin d sormais de ne plus parler de machines enseigner dans le sens o ces dispositifs devraient se substituer l enseignant sans doute un habile traitement s mantique des sigles a gomm la notion m me d enseignement f t il intelligemment assist au profit de celle d environnement Tout ceci sans tre n gligeable ne saurait nous exon rer d une habilitation enseignante distinguant dans l usage de dispositifs techniques ce qui rel ve d un mode d emploi et ce qui rel ve d un pilotage par des significations Si nous avons pris le parti d une lecture s miotique du monde des machines c est parce que nous pensons qu une telle approche devrait conduire les enseignants d couvrir que leurs actes techniques incommensurables aux seuls modes d emploi sont autant de liens qu ils tissent en
7. l encyclop disme ou de l exc s d rudition qui ne semblent pas tre de pressants dangers dans nos coles est certes un but estimable doit on pour y parvenir n gliger l tude et la mise en uvre patiente et renouvel e des techniques d analyse de calcul de r daction qui s attachent un contenu Pour finir notons que les interrogations de Descartes sur la possibilit d une langue artificielle n engagent en rien l avenir et que son travail de s mioticien sera poursuivi selon d autres voies par Leibniz dans la m me et louable vis e d une compr hension et d une diffusion du savoir mieux assur es IIL 3 Leibniz Alors que Descartes en r voquant la logique d Aristote et en tablissant la science sur quelques principes g n raux rompt avec la scolastique Leibniz retrouve l Ecole la logique et l art de combiner Sur le plan qui nous occupe il rallie Bacon malgr l anti aristot lisme de ce dernier dans sa critique du langage ordinaire Livre II des Essais et revient une conception aristot licienne du signe Un mot est la marque le signe nota de la pens e et empreinte ext rieure signum de cette m me pens e Ce d calage nous replonge dans la doctrine de la traduction de la pens e par le langage Auroux 1996 pp 24 25 rapproche cette conception de celle que d veloppe Fodor dans ce qu il nomme mentalais sorte de langage r sident inn qui ne serait pas une lang
8. l usage des fins manipulatoires des images formelles et les artifices de r daction ou de verbe propres l esprit doctrinaire vont trouver dans les NTIC un puissant renfor ateur Mais le voudrait on il serait impossible de n accorder aux NTIC qu une simple et innocente fonction phatique Il faut donc veiller ne pas trop vite s accommoder d un risque qu une excessive centration sur les m canismes d apprentissage ou sur une cognition d contextualis e pousse n gliger Une l gitime inqui tude face au risque manipulatoire accompagne les questions suivantes l tablissement d une tribu plan taire lectronique est ce aussi neuf et lib rateur que d aucuns le pr tendent S agit il par rapport un pass trop souvent r v heureux d un changement d chelle ou en nature Puisqu il est nouveau question ici de l usage des NTIC nous consid rerons sans ironie et en les recontextualisant ces sortes de machineries prom th ennes que des hommes soucieux d instruire leurs prochains au plus pr s du divin comme les glorieux anc tres des machines prom th ennes modernes suppos es lib rer la pens e en instruisant la raison La question de la langue universelle sera d abord centrale Plus tard sans jamais dispara tre elle fera place la raison qu instrumenteront des machineries s miotiques comme la g om trie alg brique chez Descartes le calcul arithm tique et alg brique c
9. le tableau la cr ation technique reste de l antiquit jusqu nos ordinateurs largement subordonn e l effort de guerre sous toutes les formes possibles Retenons toutefois et ce n est pas un paradoxe bien consid rer l humaine adaptabilit que lorsque les ing nieurs alexandrins et leurs suivants vont s attacher au perfectionnement des fortifications et des armes ils cesseront d appara tre dans la soci t comme des sorciers m me si encore de nos jours certains parlent volontiers d apprenti sorciers propos des bricoleurs d atomes En quelque sorte l usage guerrier finit par la ciser la technique et la logique de perfectionnement adoucit ce que l irruption premi re avait de terrorisant La vraie crainte c est l ignorance et l ignorance c est en rester au seul maniement d un outil assign la r alisation d un but unique en n gligeant la connaissance plus approfondie des fonctionnalit s qui transforment l outil en instrument pour des fins multiples voire qui le d tournent vers des fins inattendues catachr ses C est probablement un enjeu de taille pour les l ves apprentis et ma tres qui ne souhaitent pas para tre en auxiliaires des NTIC En rien r volutionnaires ces derni res s inscrivent dans un proc s qui a d but depuis longtemps Que certains aient int r t ce qu elles cristallisent des superstitions ne change rien au fait qu elles ouvrent un grand espa
10. sombrer dans une sorte de vitalisme p dagogique il convient de ne pas oublier qu un contexte de formation scolaire ou autre reste un artefact d un type particulier ni composition de type laboratoire ni singularit naturelle mais institution h rit e de pratiques fins d adaptation et de changement lesquelles ne sont plus transmises par voie directe sous la lib ralit du legs transmission gratuite sur le terrain par un professionnel mais via l on reuse m diation d instituts de formation professionnelle o se c toient des professionnels et d ex professionnels Ainsi vont nos soci t s bureaucratiques et soi disant techniciennes L irruption comme on dit sans trop r fl chir des Nouvelles Technologies de L Information et de la Communication d sormais NTIC dans le monde de l enseignement formation ouvre un champ de pratiques d autant plus stimulant qu il s inscrit dans un rehaussement de la technique souvent rep r comme signe d une crise socio politique majeure on peut lire sur ce point Arendt 1983 Ellul 1980 et d autant plus accessible qu on dispose d un relatif recul pour en tracer l historique pr cis au moins sur la courte dur e cf Baron amp Bruillard 1996 Bruillard 1997 Quand nous voquons le rehaussement du technique nous n gligeons ici le nombre la vari t les modalit s et les dur es d usage des machines modernes au profit de signification
11. sur leur dos et sur celui de certains autres sa coh rence On voit mal comment un moderne logos sur la techn pourrait ignorer ces anciennes stigmatisations de la technique qui se perp tuent dans l organisation m me du syst me d enseignement o une pr tendue culture g n rale s oppose une culture technique toujours marginale en France du moins dans l enseignement secondaire o la conceptualisation se veut aussi souvent que possible trang re au labeur proc dural et aux habilet s fabricatrices et o le raisonnement reste soumis des normes du vrai toujours aussi allusives Enfin en conf rant aux NTIC un r le non n gligeable pour rem dier aux effets sur l l ve des d sastres sociaux ne risque t on pas de confirmer le statut d objet magique qu est port leur attribuer le plus grand nombre Il importe pour la th se que nous soutenons d inscrire la question des NTIC dans la longue dur e Lorsqu on voque les fonctions culturelles de la technique la longue dur e reste un cadre particuli rement pertinent cf Leroi Gourhan 1964 L incompr hension en laquelle nous persistons devant les r sistances des enseignants devant les NTIC r sulte en grande partie de notre m connaissance du long et lourd pass que chacun d entre Il est assez remarquable que les rapports officiels m me les plus r cents tel celui maints gards exemplaire r dig pour la Conf rence des Recteurs et des Princi
12. th e D m ter Ascl pios Herm s pour ne citer que les plus connus s activent pour d fendre quiper instruire nourrir soigner informer ou voler les hommes Leurs actions sont rapides et participent souvent d une rouerie qui les conduit prendre diverses formes ou s incorporer l humain Reconnaissons que c est la voie la plus directe Entre l homme et les Dieux la technique n est qu un simulacre de m diation Elle ne recouvre que la suite des r v lations brusques et m me brutales qui seront port es exister comme insight incommunicable dans le tour de main L imm diation est donc la r gle absolue et le lien op ratoire m me envelopp dans quelque rite ne souffre aucune alt ration m diatique elle est la fois la forme et la condition du g nie technique Au double titre de l enseignement et de la technique c est Prom th e que nous r f rerons les NTIC Nous ne pouvons ici raconter le mythe on en rapporte trop de versions jusqu nos jours Simplement rappelons nous que le H ros rectifie l erreur d Epim th e dont on aurait tort de moquer la b tise en ce temps d cologisme tant fut grand son souci de l quilibre naturel malgr son mince oubli de l homme lorsqu il eut r partir les qualit s compl mentaires entre les diverses esp ces vivantes Bacon ne s y trompe pas qui consacre en ses uvres de d but de longues lignes au mythe de Prom th e cf
13. MA CHINERIES S MIOTIQUES ET M DIATIONS TECHNIQUES REMARQUES INTRODUCTIVES Jacques Baill amp Fran oise Raby Universit Pierre Mend s France Grenoble Laboratoire des Sciences de l Education INTRODUCTION Convenant pour en faciliter la r cup ration par ceux que cela int resse ou qui voudront bien en discuter les th ses d inscrire ce travail dans un domaine facilement identifiable nous avons chou le situer dans la liste des th matiques habituelles de la recherche en ducation formation Ce travail est trop large pour concourir T tude des effets didactiques des m dias lectroniques trop engag pour participer de cette sorte d objectivation distanci e que la sociologie s efforce d acqu rir quand elle tente de rep rer l incidence de ces m mes m dias sur les contenus de pens e les croyances ou sur les comportements violents par exemple enfin trop pr occup de consid rer le sujet apprenti l ve formateur etc dans la complexit de situations de travail r elles non tronqu es pour s inspirer de la d marche de laboratoire propre la psychologie cognitive Ce d faut d inscription dans un cadre familier ne constitue pas en lui m me un probl me Si l argumentation que nous allons d velopper ne saurait ignorer ces points de vue didactique sociologique et psychologique jamais nous ne consid rerons chacun comme producteur des seuls mod les acceptables d actions duca
14. a moins tent par la qu te de la langue parfaite quoique les questions linguistiques le passionnent que par l entreprise philosophique Celle ci doit pr c der l entreprise linguistique Il faut d abord tablir l encyclop die du savoir humain puis une grammaire philosophique ou naturelle la grammaire des concepts des choses universelles et de leurs relations postul es priori avant que de songer construire les signes qui permettront de nommer le monde universel des id es et des choses et de leurs relations Qu il s agisse des signes ex congruo iconiques et motiv s ou des signes ad placentum arbitraires et conventionnels Bacon pr conise des signes des caract res qui se rapportent directement leurs objets et non un son comme c est le cas avec la langue naturelle Il ne cherchera pas inventer des caract res ou signes projet linguistique mais plut t cr er un alphabet des notions fondamentales projet philosophico scientifique C est ainsi que son Abecedarium Novum Naturae 1622 constitue une tentative d indexation du savoir l aide de lettres grecques Pour dresser l inventaire du savoir universel Wilkins dans son Essay toward a Real Character and a Philosophical Language 1668 s inspire encore de l Arbre de Porphyre Mais pour pouvoir construire des caract res qui renvoient directement des notions sinon aux choses que ces notions refl tent il faut deux conditions I la d termination de notion
15. ach s d une illusion Chacun pourvu qu il puisse construire sans restriction aucune selon son rythme et ses besoins un chemin de connaissance pourquoi ce mot plut t que celui de savoir travers des liens hypertextes devrait r ussir son apprentissage On dispose de trop peu de r sultats empiriques pour d cider que les effets d une s quentialisation pr ordonn e des items d apprentissage celle de dispositifs classiques d enseignement sont coup s r et pour toutes disciplines plus d sastreux que les effets d une s quentialisation qui peut s av rer chaotique En outre les r sultats de H don amp Dessus 1996 en montrant que l efficacit cognitive de liens hypertextes varie selon la nature du support et selon les t ches nous fondent manifester la plus grande prudence devant l enthousiasme des p dagogues de l hyperlien et souhaiter qu un programme de recherches empiriques bien contr l es reprenne cette question propos des savoirs scientifiques et des langues Un peu comme le Husserl du d but tra ant sa voie entre un psychologisme et un sociologisme qui ignoraient alors cette capacit des savoirs trouver aussi en eux m mes la possibilit de se d ployer selon leur propre dynamique et r tablissant conjointement la conscience dans la pl nitude de son pouvoir cr ateur dans sa vis e d objet nous devrons propos des formes de travail possibles avec les NTIC nous tenir d sormais g
16. ale distance du mentalisme et du technologisme militant Rappelons que d une part l l ve n est rien d autre en sa premi re personne et pour autrui qu une pure intentionnalit Son dessein lui appartient en propre et il n est en rien ce livre des besoins et d sirs dont on feuilletterait les pages en s arr tant sur celles qu on jugerait les plus plaisantes Mais d autre part il n a donn son libre consentement rien et les explications de soi qu il produit la soci t et d abord la soci t familiale les lui imposent Ce n est pas en occultant la tension entre ces divers p les en la dissolvant dans la pharmacop e h doniste et ludique qu on nous sert sous le nom de convivialit que les NTIC favoriseront le travail d apprendre 15 EN GUISE DE REMARQUES FINALES Nous n avons pr tendu qu l esquisse Nous avons d faire des choix qui comme tous les choix sont discutables Ainsi n avons nous pas voqu Locke Condillac et bien d autres encore qui ne paraissent pas trangers notre probl matique ainsi n avons nous pas pris le soin de rendre aux s mioticiens et linguistes du si cle la part qui leur revient dans notre r flexion Les contraintes d dition seraient en cette affaire de bien mauvaises raisons Seule l ampleur de la t che que nous nous sommes donn e justifie ces manques que nous nous tenterons de combler dans de prochaines publications Notre souci tait d at
17. ce d instrumentation s miotique Notre propos se pr sente aussi comme une tape liminaire et paisible dans l laboration de l ing nierie s miotique qu appelle le d veloppement d une ergonomie cognitive de la formation 16 BIBLIOGRAPHIE ARENDT A 1958 The Human Condition trad fr La condition de l homme moderne Paris Calman L vy 1983 AUROUX S 1979 La s miotique des encyclop distes Paris Payot AUROUX S 1996 La philosophie du langage Paris Presses Universitaires de France BACON F The Essays of Lord Bacon London amp New york Warne amp Co 1887 BAILLE J 1997 Mod lisation et exp rimentation en ergonomie cognitive de la formation In C Hadji amp J Baill Eds Recherche et ducation Vers une nouvelle alliance pp 191 221 Bruxelles De Boeck Universit BAILLE J amp VALLERIE B 1993 Quelques obstacles cognitifs dans la lecture et l interpr tation de repr sentations graphiques In J Baill amp S Maury Eds Les repr sentations graphiques dans l enseignement et la formation pp 73 104 N sp cial Les Sciences de l Education BARON G L amp BRUILLARD E 1996 l informatique et ses usagers dans l ducation Paris Presses Universitaires de France BERTIN J 1977 La graphique et le traitement graphique de l information Paris Flammarion BRUILLARD E 1998 Les machines enseigner Paris Herm s BRUILLARD E 1997 L ordi
18. cevoir d composer recomposer bref travailler les objets et les formes sous lesquels un savoir se manifeste C est ce niveau et aussi en raison du d bat encore ouvert sur la nature extrins que ou intrins que des repr sentations s miotiques que les techniciens des NTIC trouveront mati re de solides exp rimentations Comme objet privil gi dans les m dias modernes l image devrait tre au c ur de ces recherches IV 2 Images Touchant nos machineries modernes non n cessairement lectroniques la s miosis r investit deux questions peu abord es dans le d bat p dagogique la question de l imagerie et celle du dialogue homme machine Les deux ne sont pas sans lien avec l interactivit et int grent sans difficult la probl matique des syst mes multimodaux de communication De nombreux travaux des psychologues et des neurologues relatifs l activit d imagerie qui tablissent un individu en phase d acquisition ou d apprentissage comme syst me cognitif articulant vision et traitement de l image Cependant il est peu fr quent de voir accord e l activit d iconographie au sens que pr tait Dagognet 1969 cette mise en forme dans la chimie une place cruciale dans l laboration du savoir Or c est bien ce dernier niveau que se noue le rapport didactico pist mique des images statiques ou dynamiques du savoir Plusieurs disciplines concourent l clairage de ce point mais la s
19. chnologies formelles et mat rielles du traitement de l information Pour Bruillard 1998 la prise en compte de cette distinction outil instument est de grande importance pour sortir les applications scolaires de l informatique du ghetto utilitariste o on les a enferm es I 2 M diation Toute m diation technique n induit pas une rupture avec l ordre sot rique Les instruments s miotiques du culte servent autant l interpr tation des signes qui viennent du monde virtuel sacr qu leur tablissement Les liens qui singularisent un r seau religieux pl onasme ne sont pas autre chose que les symboles techno mim tiques alimentaires guerriers et m dicaux de la survie communautaire Que certains soient pr tres et tous les autres bien nomm s pratiquants fid les ou d vots ne trahit rien d autre qu un niveau d expertise dans le maniement des instruments symboliques Leur initiation la traduction interpr tation des symboles en d autres plus accessibles et donc plus utiles pour la soumission du plus grand nombre distingue les premiers C est cette couche d instruction ex g tique non visible et non accessible aux profanes qui l image d une couche logicielle dans une application leur conf re le r le de passeurs dans le monde clos du symbole Mais la m diation technique touche aussi aux modes et aux instruments de transmission du savoir positif Sur un plan s miotique ces instruments ne s
20. dinateurs ils donnent l acc s des informations stock es en m moire Or ces informations lorsqu on arrive aux l ments primitifs ne sont pas les notions inn es dont r vait Wilkins qui devaient tre ind fini et ils ne le sont pas puisque l ensemble des tableaux ne fait que les d finir travers des expressions de la langue naturelle Eco 293 Mais puisque chaque l ment n est pas d fini sans quivoque possible par la place qu il occupe dans l arbre g n ral des choses le syst me organise des subdivisions o les termes renvoient les uns aux autres par des n uds et des liens permettant ainsi d exprimer la m me chose d un point de vue diff rent On l a compris Wilkins pensait d j en termes de r seaux et son arbre pr figurait un hypertexte Le r ve d une organisation dynamique du savoir butte galement sur des difficult s d ordre technico didactiques Les auteurs de l poque ont conscience qu il ne suffit pas d inventer un syst me coh rent encore faut il que ce dernier puisse effectivement tre appris et manipul par leurs lecteurs ou les futurs locuteurs Or leurs langues artificielles ne parviennent un isomorphisme total entre la langue et le contenu que dans la mesure o chaque l ment composant les caract res est un trait signifiant Du coup la moindre variation graphique provoque un changement de signification et cela rend la m morisation plus difficile Il est plus diff
21. e aux logiciels d EIAO ici le E signifie enseignement Rogalski 1994 souligne de son versant pist mique les difficult s qui ne manqueront pas de se pr senter une telle d marche Il assigne au tuteur bien entendu intelligent un r le d autant plus crucial dans l apprentissage de la r solution de probl mes d analyse qu il ne sera en aucun cas la reproduction de ce qu on peut faire en mieux sans machine De plus il n est pas question que le r solveur se r duise un ensemble d algorithmes et fonctionne comme un cahier d exercices Enfin c est au niveau des m taconnaissances qui permettent la saisie d un objectif et d un itin raire dans un savoir que le programme interagit avec l l ve Notons sur ce dernier point la diff rence entre m taconnaissance terme d notation pr cise dans un contenu et m tacognition terme qu utilisent en g n ral ceux qui disposent d une vue panoramique sur le fonctionnement des connaissances A l encontre de l id ologie de la facilitation Rogalski propose de brider les performances et pour contrer l effet d uniformisation li s aux mod les algorithmis s de PIA il souhaite que la recherche s oriente vers les diff rences et les sp cificit s qui s attachent aux disciplines et sous disciplines Doit on pour autant en venir des heuristiques d brid es Au sein de la galaxie NTIC les discours sur le multim dia restent pour l instant ent
22. e de pr ceptes rationnels fond s sur le mod le du travail math matique Signalons ici combien cet ouvrage malgr ou cause de son inach vement constitue pour les questions qui nous occupent une r f rence plus significative que le Discours ou les M ditations 11 polyglotte et de la grammaire du latin Les premi res n tant pas r formables car elles cristallisent des cultures il convient donc de cr er une langue artificielle universelle partir de propositions linguistiques qui sont loin de contredire Port Royal en particulier sur les d finitions du nom et du verbe La simplicit d usage devra tre une caract ristique essentielle de cette langue qui ne comportera aucune d clinaison ou son correspondant pr positionnel On n est pas loin de cette sorte de langue outil mondiale dont l efficacit d coule d une r duction grammaticale et syntaxique de l anglais et qui effraie tant les royaux acad miciens Soucieux de d fendre le caract re non arbitraire de la pens e Leibniz r cuse la th se classique de ceux qui comme Hobbes jugent arbitraire le langage ce que d fendra Condillac La r plique de Leibniz n est pas sans rapport avec ce qu avanceront Frege et d autres sa suite Seule la mati re des mots est arbitraire non leurs relations dont d pend la v rit Cette insistance moderne sur l incidence s mantique des liaisons r sulte de la place de la notion d id e dans la Grammaire de P
23. e retour en gr ce de la technique en toutes ses formes cette r putation et ces sentiments apparaissent comme la manifestation renouvel e de l int r t que les hommes ont toujours port aux actions instrument es visant les choses de l esprit Certes la technique n a pas attendu ce si cle pour recouvrer quelque cr dit Que ce soit au niveau le plus haut des arts du livre et de l imprimerie ou au rang plus humble d auxiliaire des philosophies instruments et techniques de grammaire de logique de rh torique et des sciences instruments et techniques d observation de repr sentation de mesure et de calcul l volution technique a contribu accro tre le nombre des instruits Il se pourrait donc que les sentiments m l s et contradictoires de crainte et d espoir li s l av nement des NTIC soient l exacte reprise des sentiments que suscite chez le profane la naissance d un objet technique La v rification de cette hypoth se suppose l examen simultan de ce qui relie synchroniquement un dispositif technique des structures signifiantes langagi res et autres et ce qui diachroniquement raccorde l actualit technique aux cr ations rep r es sur une longue dur e des artefacts et objets repr sentatifs d un changement de cadre pist mique Lorsque les objets et artefacts sont des langages ou des machines produire et traiter des langages on voit mal comment ce double lien synchronique et diachro
24. echniques rationnelles mais sommes nous bien certains que les usagers de nos computeurs personnels pour qui l artefact fonctionne comme une bo te noire acc de la connaissance par un chemin autre que mystique IL 2 Lulle et la qu te de la langue parfaite Lulle est l auteur de la premi re machine cr er une langue parfaite et universelle L encore le projet une langue universelle permettant aux hommes d abolir les barri res de la communication et le moyen un instrument pour combiner et calculer ne sont pas trangers nos pr occupations L Ars Magna se pr sente comme un instrument didactique Lulle pense que la langue universelle sera l instrument de la communication universelle qui fera taire les armes et permettra de convertir les infid les Quoique inspir Aristote l Ars Magna de Lulle est un instrument didactique et non logique qui pr tend repr senter la r alit du monde Il comprend un syst me s mantique compos de symboles correspondant aux neuf substances universelles partag es par tous les hommes et un syst me syntaxique de combinaison de lettres par paires Lulle se sert de diff rentes combinatoires ou figures qui fabriquent chaque fois des propositions syllogistiques Avec la quatri me figure il fait appel un m canisme constitu de trois cercles concentriques r unis en leur centre par une cordelette En bougeant les cercles on arrive 1680 ensemble quadruples qui donn
25. ent des propositions comme la bont est grande la magnitude est bonne etc Mais Lulle bute sur le fait que son syst me s miotique produit des suites de phrases inacceptables pour la raison th ologique comme l avarice est diff rente de la bont Dieu est avare Dieu est diff rent de la bont Il n entre pas dans notre propos de comparer ces constructions des discours types produits par nos modernes machines Sa th orie trouvera alors son apoth ose dans l Arbor Scientiae qui pr tend refl ter le cosmos partir de notions l mentaires universelles inscrites dans un syst me clos et hi rarchis L Ars devient progressivement un moyen d organiser tout le savoir humain th ologie m decine droit astronomie etc selon un syst me hi rarchique et circulaire qui rend compte de la Cha ne de l Etre telle qu elle existe r ellement ou ce qui revient au m me pour lui m taphysiquement Bien s r Lulle choue car il bute sur le probl me du contenu qui ne saurait se ramener un lexique f t il universel Il mourra le veut la l gende massacr par les infid les qu il tait venu convaincre son Ars magna la main Plaise au Ciel que Bill Gate et ses disciples ne connaissent sort aussi funeste en parcourant le monde avec leur Microsoft Magna II 3 De Bacon Wilkins la cisation du savoir et langues artificielles Bacon Francis dont chacun s est entendu dire qu il a fond la science naturelle moderne qui no
26. ertissement plein de sagesse la perfection des sciences doit reposer sur la succession des efforts de plusieurs et non sur la rapidit et l habilet d une seule personne C est pourquoi ceux qui sont les plus rapides et les meilleurs la course et en t Nous ne sommes pas sans savoir combien dans un texte sur les m dias contemporain les r f rences qui suivent peuvent para tre provocatrices Il est de si bon ton de confondre dans une m me opprobre la science baconienne ou les erreurs de Descartes Il n est pas inint ressant de noter que l admirable ouvrage de Paolo Rossi qui nous sert avec d autres de r f rence magistrale ait attendu plus de trente ans pour tre traduit en fran ais toute comp tition seront peut tre les moins habiles garder leur torche allum e Le risque d extinction est grand plus durant une course trop rapide en raison de l effet du vent cr e par le coureur le vent cr par la h te et l irr flexion du n ophyte Le risque est tout aussi grand qu une course trop lente ne consume la torche avant que le but soit atteint la paralysie due l irr solution ou l attentisme du prudent C est gr ce une course raisonnable et collective que la torche la lumi re sera apport e toujours plus loin Bacon souhaite qu on renoue avec ces jeux en l honneur de Prom th e et in fine de la nature humaine avec cette comp tition cette mulation et ce but noble
27. face C est l interface notion en fin de compte peu mise en d bat qu est d volue la fonction contradictoire d occultation et de mise jour ou en lumi re au sens propre sur cran des v nements informatiques et des v nements s miotiques qui organisent le monde du travail instrument Avant d tre l objet de soins ergonomiques l interface remplit la fonction sot rique r serv e aux initi s qui seuls connaissent l architecture des formalismes auxquels renvoient les d notations cod es des symboles La question de la porosit des mondes exot riques celui des signes stimuli et des comportements de l usager et sot riques celui des capacit s de l artefact reste aussi une question ouverte Le fait qu elle se pose atteste le chemin parcouru entre une conception globale de la machine et une conception hi rarchis e en niveaux depuis les mat riaux jusqu aux langages en passant par les circuits etc 14 Un des moyens de l approcher est fourni par l tude du dialogue homme machine ou homme homme via une machine Caelen 1997 apr s avoir soulign l tendu du spectre des modes de communication mis en uvre dans la communication homme machine insiste sur le fait que les diverses fonctions communicantes int grent chez l homme une boucle perception action cognition que la machine devrait prolonger ou assister La question du dialogue ouvre directement cette autre notion moderne d interaction
28. hez Leibniz ou la grammaire chez Arnauld et Nicole II LES MACHINERIES SEMIOTIQUES PROMETHEENNES II 1 La langue sacr e originelle Il surprendra peut tre que pour r fl chir sur nos modernes machines apprendre nous remontions aussi loin que chez les kabbalistes et cependant y regarder de plus pr s ces derniers nous offrent quelques pistes de r flexion Rappelons d abord que la machinerie pans miotique de la Kabbale s ordonne la qu te de la langue originelle Nous l avons dit de m me que l instrument ne se confond pas avec l outil voire la classe d outils qui le compose de m me la machinerie s miotique ne saurait s identifier l artefact qui peut en tre le support L artefact c est la Torah le texte cach Pour communiquer la connaissance divine l homme via la Torah le kabbaliste invente une machinerie s miotique qui tient la fois d une technique rigoureuse de d tours et de ruses si bien que nous trouvons l r sum s et r unis les deux significations du mot machinerie Au commencement en d sordre taient des lettres de feu noires et blanches Dieu devait les donner Adam lui livrant ainsi le secret de la cr ation du monde Adam a failli et Dieu a confi la Torah originelle aux anges ne laissant l homme qu un amas de consonnes dont ce dernier cherche retrouver le sens originel La lecture des kabbalistes th osophiques respecte la mat rialit et l ordre du te
29. i e le macchine 1400 1700 trad fr les philosophes et les machines 1400 1700 Paris Presses Universitaires de France 1996 SERIS J P 1995 Langages et machines l ge classique Paris Hachette SPERANDIO J C 1996 L apport de la psychologie In P Cazamian F Hubault M Noulin Eds Trait d ergonomie pp 165 207 Toulouse Octares Editions VERNANT J P 1988 Mythe et pens e chez les Grecs Paris Editions la D couverte 18
30. icile d opposer et donc de m moriser les caract res Fran et Flan que table et charrue Pour rem dier cette difficult Dalgarno 1661 propose de recourir au vieux proc d associationniste Si la table se dit Fran et que la charrue se dit Flan il convient d associer le caract re Fran au mot France et le caract re Flan au mot Flanders de sorte que France voquera la table et Flanders voquera la charrue En cons quence il est n cessaire d apprendre un code mn motechnique pour apprendre la langue Songeant aux interfaces des applications informatiques didactiques et autres nous sommes en droit douter qu elles aient r ussi inventer des moyens moins co teux cognitivement pour l usager que l apprentissage d une double langue C est ces difficult s que les successeurs en particulier Descartes et Leibniz tenteront d chapper par des d marches tr s diff rentes IILLES MACHINERIES SEMIOTIQUES MODERNES IIL 1 Descartes C est un autre paradoxe admirablement mis en vidence par S ris 1995 qui nous fonde voquer Descartes Il est parmi des premiers se poser la question de la construction d une machine parler en examinant conjointement la th se de l imitation du vivant par les machines et celle de la possibilit pour les machines de penser S ris nous guide dans l examen de ce paradoxe qui fait de la coupure affirm e entre la m canique et la pens e l origine d un r examen de la quest
31. if non par leur capacit m taphorique produire un fonctionnement fid le de l esprit mais en raison de leurs capacit s encore peu utilis es d aider l apprenant contr ler ses apprentissages Nous empruntons la notion d instrument cognitif Vygotsky quand il attribue des adaptations artificielles le soin de contr ler les processus psychiques Dans les NTIC du graphe repr sentant un parcours d apprentissage jusqu aux cartes cognitives l instrument se confond avec la s miotique d une m moire externe des tats et changement d tats cognitifs lors de l ex cution de t ches si possible bien analys es a priori La force d une formation tient aussi son aptitude faire place des activit s conscientes qui participent du contr le et de l orientation dans les t ches d apprentissage Sachant que toute la cognition est loin d tre consciente il n est pas sans int r t pour les dispositifs didactiques de rechercher les moyens de traduire en actes signifiants le fonctionnement de la conscience Avec Duval 1996 nous pensons que le recours une pluralit de registres s miotiques la traduction d un registre s miotique en d autres et leur coordination caract risent le fonctionnement de la conscience Pour Duval la r int gration de la conscience n a rien voir avec le subjectivisme au contraire elle porte sur des actes de nature s miotique qui permettent au sujet de viser per
32. infra Que notre culture ait avec ce mythe une relation privil gi e cela ne fait aucun doute dans la mesure o langage et connaissance se conjuguent pour conf rer l homme le tragique pouvoir d galer ou de d passer les Dieux et idoles qu il se donne La la cisation on l oublie souvent consistera aussi se d barrasser de cette suffisance Par un curieux renversement alors que plus personne n accorderait le moindre cr dit l antique croyance en la sup riorit du dessein et des explications philosophiques sur tout autre aujourd hui c est la philosophie de l esprit qu incombe le devoir de lucidit l endroit des productions savantes et techniques contemporaines Le technologue de l intelligence et le n o m canicien d veloppent en effet des croyances telles que l un ne peut renoncer exhausser l ordinateur en r plique de l homme et l autre abaisser l homme en r plique de l ordinateur Les premiers programmes d IA n taient pas sans ambitions prom th ennes on sait ce qu il en est advenu Mais peut on conduire le moderne comp titeur des sciences cognitives r voquer en lui le serviteur empress d une id ologie de conqu te et de domination Si l on peut voir une correspondance significative entre l apparition conjointe de la d mocratie Ath nes et celle de la d monstration en math matiques on ne peut tablir semblable correspondance avec la techniq
33. ion du rapport entre le langage et la parole La m canique cart sienne est s miotique Le codage des mouvements et des grandeurs rel ve d un travail machinique mais les machines qui codent ne sauraient parler ni apprendre A la diff rence de ses pr d cesseurs Descartes ne s int ressera pas l art de combiner les signes Sur Descartes on a tout dit on a d nonc son dualisme ses erreurs en physique sa g om trie alg brique sans l infini le Discours plus proche de l auberge espagnole que de la m thode scientifique etc On a aussi lou sa conviction rationaliste sa critique de l Ecole sa conception du langage pens e Chomsky Fodor Il nous faut encore y revenir bri vement Sa position de m canicien son rejet de la logique d Aristote et partant des conceptions de Lulle son combat contre le savoir occulte lui conf rent un r le charni re dans notre probl matique On nous pardonnera de citer dans un ouvrage sur la communication le nom de celui qui fut le hautain d fenseur d une conception solitaire sinon solipste comme le d clarera Leibniz de la science Malgr son abondance le contenu de la correspondance et quelques passages du Discours ou des Principia ne laissent aucun doute c est plus le souci de convaincre de l excellence de son opinion ou de sa m thode que la volont de s engager dans un travail collectif qui guide Descartes Nous sommes l oppos de Bacon malgr la r flex
34. ion qui suit sur une langue universelle artificielle Dans sa lettre Mersenne du 20 novembre 1629 il aborde la question d une langue artificielle qui serait proche de la naturelle Ce projet qu il critique attribu un certain des Vall es le fonde pr ciser qu il n y a que deux S A osos NE PEE Par exemple le chien peut appara tre dans une subdivision o il sera class g ographiquement biologiquement ou fonctionnelement la d fense sera conomique ou financi re dans la sph re publique ou priv e etc 10 choses apprendre en toutes les langues la signification des mots et la grammaire On peut s amuser trouver dans l exemple du chinois quelque lointain rapport l objection que Searle pr sentera au test de Turing C est que pour Descartes si on peut toujours apprendre d un dictionnaire la signification des mots c est la seule grammaire qui organise la langue dans son rapport avec les id es La langue artificielle sera universelle si elle permet l expression de toutes les proc dures de pens e On en est loin dira Descartes En est on plus proche de nos jours A propos du rapport de la pens e la r gle VII des Regulae est clairante Elle d crit le mouvement de la pens e cogitationis motus sous la forme de l algorithme de la transitivit l induction sous la forme de deux mod les celui que nous connaissons et celui quelque peu original de l num ration Enfin au
35. les non sp cialistes comme du reste beaucoup de sp cialistes y trouvent dire redire et m dire sans grand risque d avoir prouver la moindre comp tence dans le domaine Ainsi les discours apolog tiques l endroit de l usage des NTIC en enseignement formation font ils r f rence au traitement de l information la construction des connaissances l apprentissage la m tacognition et quelques autres notions sans trop se soucier de leur valeur d notative et de la pertinence de leur place dans les jugements p dagogiques Les nonc s sur la complexit sur la non lin arit ou sur la modularit sortis de leurs contextes formels faibles ou forts n ont la plupart du temps qu une valeur m taphorique Pour favoriser les acquisitions de savoirs et savoir faire c est certainement un autre type de rapport qu il faudrait proposer aux sciences de la cognition Un rapport qui r cuse a priori toute d marche d ductive dans le sens th orie de la cognition application NTIC un rapport qui int gre le savoir du technicien de l ing nieur et le savoir du chercheur dans cette pratique qu il faudra bien finir par ma triser un jour la recherche d veloppement en ducation 12 On peut toujours croire que le syst me cognitif humain consiste en une machine qui traite compute des symboles explicitables Du reste en sciences de la cognition on peut croire beaucoup de choses si l on consid re dans l
36. nateur l cole de l outil l instrument Sciences et techniques ducatives 5 1 63 80 CAELEN J 1997 Communication Homme Machine et sciences cognitives In M B Gordon et H Paugam Moisy Eds Sciences cognitives diversit des approches pp 123 128 Paris Herm s CUBAN L 1986 Teachers and Machines The Classroom use of Technology since 1920 New York Teachers College Press COLLECTIF 1996 Rapport sur le d veloppement des nouvelles technologies de l information et des communications dans le r seau universitaire qu b cois Quebec Conf rence des Recteurs et Principaux des Universit s du Qu bec DAGOGNET F 1969 Tableaux et langages de la chimie Paris Le Seuil DENIS M 1989 Image et cognition Paris Presses universitaires de France DESCARTES R 1618 1642 Oeuvres philosophiques F Alqui Ed Paris Garnier Flammarion I amp II 1963 DESSUS P amp HEDON G 1996 Effets du support de la t che et de la pr sentation dans la consultation d un hypertexte sur l informatique l cole In E Bruillard J M Baldner amp G L Baron Eds Hyperm dias et Apprentissages 3 pp 167 174 Paris INRP EPI DESSUS P LEMAIRE B amp BAILLE J 1997 tudes exp rimentales sur l enseignement distance Sciences et Techniques ducatives 4 2 137 164 DUVAL R 1995 S miosis et pens e humaine Berne Peter Lang DUVAL R 1996 Quel cognitif reteni
37. nique pourrait ne pas relever non plus d un ordre s miotique Fixer le point de d part de ce que nous appelons longue dur e n est pas une mince affaire Dans le cas qui nous occupe il impossible d assimiler l mergence dat e d une figure professionnelle le point de d part d une longue dur e sauf consid rer le philosophe et le savant comme les grands anc tres du sp cialiste des NTIC C est plut t partir de ruptures historiquement rep rables dans le traitement des objets techniques qui nous int ressent qu il conviendrait de partir Compte tenu de l intensit des changes et de la vari t des conceptions on pourrait se satisfaire de la deuxi me moiti du XIX si cle au moment o apparaissent les formalismes modernes la suite du traitement des questions s mantiques par Frege Mais on pourrait tout aussi l gitimement adopter le XVIT si cle celui des philosophies naturelles m caniques le XV en pleine Renaissance quand la science noue de nouveaux liens avec la technique le IM si cle av J C celui de l av nement des grands ing nieurs hell nistiques le si cle dit classique qui est aussi celui de la p joration du technique Sans doute pourrait on aussi bien partir des calculateurs humains de Sumer ou des scribes gyptiens Devant un aussi large choix on comprendra que dans l espace accord cet essai nous nous limitions quelques jalons en retenant comme entr e ce
38. ociologie de la connaissance semble la plus ajust e une approche s miologique Parmi les questions qui rel vent de cette approche on retiendra celle ci comment s op re la s lection des images de la science montrer l ext rieur Une telle question non d pourvue d ambigu t int resse tr s directement les concepteurs de programmes pour NTIC qui semblent croire en une substitution cognitive du champ externe de l image au champ interne de l esprit comme substitut du raisonnement et du sens et non comme vocation On se reportera Duval 1995 cit en bibliographie pour un d veloppement plus tendu de la th orisation du rapport s miosis cognition Nous regrettons dans cet espace de ne consacrer que quelques lignes allusives un travail aussi profond qu original dans le panorama didactico psychologique fran ais 13 Lynch 1985 p 108 note Il existe encore peu d tudes qui traitent du d tail concret de la repr sentation imag e scientifique On a beaucoup plus trait en revanche les productions verbales telles que propositions arguments r f rences analogies m taphores et id es du raisonnement et de la rh torique scientifique La prolif ration depuis des ann es des images dans les manuels scolaires le recours la vid o et d sormais un multim dia plut t charg sur le plan iconique stigmatisent en contraste la raret de travaux Pour la sociologie de la connai
39. ont pas sans liens avec ceux utilis s dans les phases d laboration Nous posons ici avec Duval 1995 qu un travail de production de savoir th orique et conceptuel comme on dit sans tre r ductible la s miosis n en saurait tre en totalit ind pendant Il en va de m me pour les savoir faire techniques Parmi les instruments de transmission et d laboration trois sont consid rer en raison de leurs r les dans nos machineries s miotiques modernes l image formelle comme la carte la repr sentation graphique le sch ma la mise en texte comme la liste le r sum la d monstration le tableau interm diaire entre les deux comme la table statistique le tableau g n alogique chronologique Ces trois instruments apparaissent de plus en plus souvent li es dans des configurations tr s vari es de l encyclop die au document technique Imputable l volution des technologies lectroniques de l information l l vation de la fr quence d occurrences li es issues du monde monos mique de l image formelle et du monde de la mise en texte r active les questions cognitives de grande port e du transfert et de la traduction L l ve l apprenti ou le formateur n est pas l image d Ath na surgissant certes avec l aide d H pha stos toute arm e du cr ne de Zeus imm diatement habiles dans les maniements des instruments formels ou mat riels n cessaires l accomplissement de leur
40. ort Royal Auroux 1979 insiste sur le fait que pour la s miotique des XVIT et XVIII si cles le concept d id e est un concept central aussi bien pour les empiristes que pour les tenants de la Grammaire de Port Royal A partir de 1695 Leibniz utilisera le terme d automaton spirituale dans lequel certains S ris op Cit ont pu voir la premi re formulation d un programme d intelligence artificielle Le calculamus s applique au fonctionnement de l automate comme ex cution algorithmique du calcul On est loin des vagues pr ceptes cart siens Sur un plan m taphorique la monadologie n est pas sans rapport avec cet enseignement individualis si largement pr n de nos jours et que les NTIC devraient favoriser Si chaque monade l ve poursuit son rythme selon un cheminement propre un chemin scolaire heureux et singulier la totalit des individualit s concourt l harmonie enfin retrouv e du tout que d signe l cole Le d ploiement de ces monades l ves qui n ont gu re besoin de communiquer entre elles dans un monde lectronique est certes pure fiction Certains en doutent quand voquant les longues heures pass es par les enfants devant la TV ils sugg rent d en proscrire les images de violence afin de pr server l harmonie civile et sociale Sur le plan des NTIC le propos vise ces machineries enseignantes des didacticiels d entra nement aux tutoriels qui placent l l ve dans la situation du joueu
41. paux des Universit s du Quebec insistent toujours sur le caract re de nouveaut des dispositifs lectroniques La deuxi me raison plus pol mique touche cette formidable pression id ologique qui tendrait nous faire croire que l apparition des appareils de traitement num rique de l information constituerait une authentique r volution alors que la pr tendue nouveaut recouvre pour l essentiel quelques grandes questions classiques ce qui n est pas un mal en soi Si cette derni re remarque n invalide pas bien au contraire l usage des N TIC encore faut il consid rer leur facult d engendrer un nouveau conformisme de stimuler quelques vieilles pulsions communautaristes ou chez quelques uns d omnipotence Enfin c est en raison de la fr quence de son usage que nous conserverons le terme de technologie Nous persistons penser que le mot instrument serait mieux adapt lorqu il s agit d voquer les questions des machineries ducatives mais la Sainte Alliance des p dagogues et des anti instrumentalistes aurait t t fait d identifier le recours ce terme comme la provocation type laquelle le bon humanisme id ologique c est un pl onasme contemporain ne saurait rester insensible Le d bat ne nous int resse pas ici nous tra ne dans son rapport la technique Croire qu une d f rence ostensible l endroit de notre technicienne modernit suffit r voquer la magie comme e
42. pr hension recouvrant de fortes diff rences individuelles il est assez peu pertinent de construire des interfaces imag es sur l implicite postulat d un isomorphisme entre la repr sentation et les donn es repr sent es Les travaux sur les cartes cognitives versus cartes graphiques recens s par Denis op cit indiquent qu il n en est rien Par ailleurs le traitement des images serait analogique alors que le mode de calcul digitalis serait activ pour le traitement des langues Cela signifie que les deux modalit s analogique et digitale coexistent et que leur activation conjointe dans la r solution d un probl me peut inhiber ou faciliter les traitements et les performances Enfin la lecture d images formelles n est pas insensible au niveau de ma trise conceptuelle Nous avons observ Keskessa amp Baill 1998 que les difficult s de lecture de cartes d crivant en continu selon une proc dure dite de mod lisation statistique de processus les caract ristiques de pi ces en cours de fabrication renvoyaient chez des l ves de l enseignement secondaire des obstacles notionnels eg la notion de tol rance et une incompr hension du mouvement de circulation et d change de pi ces et d informations dans une classe simulant le fonctionnement d une entreprise Les pr visions de pannes et les d cisions prendre ont eu souffrir de cette lecture d une image formelle de processus IV 3 Signes et inter
43. r en didactique des math matiques Recherches en Didactique des Math matiques 16 3 349 382 Eco U 1994 La recherche de la langue parfaite Paris Editions du Seuil ELLUL J 1980 L empire du non sens L art et la soci t technicienne Paris Presses Universitaires de France KESKESSA B amp BAILLE J sous presse Repr sentation graphique et productique en seconde TSA Didaskalia 17 LEIBNIZ G W 1765 Nouveaux essais sur l entendement humain J Brunschwig Ed Paris Garnier Flammarion 1966 LEROI GOURHAN A 1964 Le geste et la parole Paris Albin Michel LYNCH M 1985 La r tine ext rioris e Culture Technique 14 108 123 PAIVIO A 1986 Mental representations A dual coding approach New York Oxford University Press Rasy F 1996 Apprentissage de l anglais et nouvelles technologies ducatives contribution de l ergonomie cognitive la didactique des langues Th se de Doctorat Bordeaux Universit Bordeaux II non publi e RABY F amp BAILLE J 1994 A Few Cognitive Issues in Multimedia language teaching In D Bikerton Ed New Technologies pp 17 32 ASp 4 ROGALSKI M 1994 Les concepts de l EIAO sont ils ind pendants du domaine L exemple de l enseignements des m thodes en analyse In N Balacheff amp M Vivet Eds Didactique et intelligence artificielle pp 43 65 Grenoble la Pens e sauvage ditions Rossi P 1962 I filosof
44. r solitaire devant son cran IV LES MACHINERIES SEMIOTICO COGNITIVES IV 1 L instrument cognitif La distance entre les pr c dents auteurs et nos modestes pr occupations semble si grande qu on peut s interroger sur l utilit de ces r f rences Notre propos simplement introductif ne saurait confondre les probl mes et a fortiori les solutions qui singularisent par exemple des p riodes aussi diff rentes que notre si cle ou le XVI Il s agit de souligner simplement que la modernit technique si on la rapporte une pist m de la cognition ne participe pas n cessairement de la rupture que l apparition de savoirs positifs en sciences biologiques humaines sociales et informatiques semblait annoncer et rendre irr versible Par ailleurs il ressort de la constitution m me d un champ s miotique d avoir s tendre dans le temps et d appara tre soit comme la trace synchronique d une culture lointaine et stable soit comme le trac diachronique d une civilisation qui avance Il ne nous semble donc pas plus vain de remonter aux sources de nos probl mes techno cognitifs que de rechercher dans les conceptions linguistiques anglaises du XVII les premi res formulations de la philosophie analytique et des actes de langage ou que de trouver dans Port Royal quelques bonnes raisons pour tenter de construire une grammaire universelle Les sciences de la cognition ont le d faut des sciences en mergence
45. rent souvent bien plus directifs que les ma tres Oublie t on que l enseignement sans l tude est sans efficacit pour ainsi exalter cette interactivit nouvelle qui va autoriser enfin la fabuleuse et irr pressible co construction des savoirs Faut il que les thurif raires des NTIC soient aussi peu inform s de la douleur d apprendre et de la complexit d acqu rir pour qu ils osent ces ritournelles bonnes pour les marchands ou les ministres Que gagne t on faire comme si la plupart des enseignants pratiquaient encore ces m thodes frontales dont la nocivit reste largement prouver Rien sauf que ces lieux communs dispensent le plus souvent de s inqui ter de la place de l enseignant dans ces nouveaux dispositifs et donnent cr dit au plus convenu des discours technocratiques sur la r sistance au changement Ces remarques ne proc dent d aucune lubie elles d coulent en direct de notre lecture du rapport d une tr s honorable et savante commission d experts du Qu bec convoqu e donner son avis sur les conditions d un d veloppement plus soutenu des NTIC Le trop faible nombre d tudes d usage et la tonalit incantatoire de la plupart des discours sur les NTIC concourent tenir pour n gligeables les fonctions enseignantes Certes il serait mal venu d imputer aux technologies nouvelles une omission qui r sulte pour une bonne part de la m connaissance du travail des multiples t ches et activit
46. reproche fait la technique de ne pouvoir tre m diatis e par la raison savante l poque de la rel gation du technicien artisan par l ordre d mocratique nouveau Sans nous prononcer ici sur les th ses divergentes propos des modes d existence de la pens e technique grecque notons que celle ci appara t dans tous les cas comme un puissant r v lateur des effets du mythe sur l organisation de la cit On conna t le sort th orique fait aux artisans dans la R publique de Platon on conna t le sort r el fait aux m mes par la Constitution d Ath nes On peut penser que les r sistances qu a rencontr la technique grecque dans son histoire socio politique ne sont pas sans rapport avec les difficult s d une d marche de la cisation des savoir faire Cette d marche est indispensable pour instituer la transmission des savoir faire selon les modalit s d un apprentissage ouvert tous inscrit dans une dur e plus longue que celle requise par l initiation et distinguant explicitement la performance terminale l uvre des proc dures et processus n cessaires sa r alisation l ouvrage Cela pr suppose au moins une distinction entre les instruments s miotiques de l initiation ritualis e et les instruments s miotiques propres l apprentissage Mais la la cisation de la technique sera d autant plus laborieuse que dans le Panth on grec les Dieux techniciens ne manquent pas Ath na H pha stos Prom
47. rme canonique aux textes de philosophie naturelle de laboratoire Cette mise en forme de la neutralit savante a gagn des mondes loign s de celui de la stricte exp rimentation de laboratoire Pour cela les mod lisations statistiques logiques ou autres ont exerc cette fonction de m diation neutralisante assign e aux instruments dans les comptes rendus de laboratoire Illusoire neutralit Certes la traduction des faits bruts en donn es grandeurs mesurables ou non et en signifi s relations de proximit d embo tement de Il s agit du manuscrit 14436 de Munich Il repr sente les variations de latitude de plan tes par rapport la longitude corr lation causales etc s op re travers des filtres formels choisis en fonction de la nature des donn es et en raison de leur capacit exhiber les effets et les r sultats Elaborer des instruments qui restent neutres tout en transformant traduisant des donn es ne va pas on s en doute sans quelques difficult s Aucune machinerie s miotique ne saurait tre par d cision de principe lav e des scories de la d formation On ne sait si cela suffit un relativisme de bon aloi mais on devrait s interdire de consid rer une repr sentation graphique en tant que repr sentation symbolique et un compte rendu de recherche comme l arch type du texte sacr La lib ration contrasymbolique de l imaginaire exige la mise distance des simulacres au moment o
48. roniques l exp rience virtuelle d roule depuis longtemps sa technologie litt raire et illustratrice pour le bien des philosophies naturelles L iconographie d sarticul e des planches qui d taillaient des parties d instruments ne le c de en rien sur le plan du virtuel aux textes d exp riences invoqu es des savants du XVIT si cle L efficacit de l imagerie pr suppose que sa technologie tient compte de quelques l ments qui organisent les activit s d imagerie mentale Tenir compte comment En terme de reflet ou autrement S il faut encore faire un sort la conception reflet c est bien la preuve que l id e selon laquelle un dispositif de pr sentation d information serait d autant plus efficace qu il refl terait la structure de l esprit reste une id e r pandue La plupart des interfaces m langeant des nonc s et des images la question du double codage de l information Paivio 1986 demeure donc une question cruciale pour la r alisation d interfaces cognitivement efficaces ce qui n a rien voir avec la convivialit Pour Denis 1989 si l assimilation entre image et repr sentation s mantique d un nonc reste impossible la coupure n est pas aussi radicale La pr sence d l ments figuratifs dans un nonc d clenche des processus d imagerie qui peuvent en outre se substituer des processus propositionnels Il reste que le recours l image dans les processus de com
49. rs quivalents Wilkins a tout de m me traduit 15000 termes mais il fournit les proc dures substitution extension d composition qui permettent d inventer de nouveaux mots Les particules transcendantales sont autant de marqueurs qui amplifient ou changent la signification d un terme de mani re dynamique Il s agit bien d une grammaire de type g n ratif mais dont les limites tiennent la construction et au maniement de l instrument Reprenons l exemple cit par Eco op cit p 286 Deta signifie arc en ciel imaginons le caract re Deaa Nous devrions tre en mesure de le placer dans l Arbre de Porphyre puisque dans le syst me de Wilkins tous les composants du caract re sont des traits signifiants mais le syst me ne nous dit pas la formule appliquer pour d couvrir l exemple d une formule chimique gr ce l application rigoureuse des particules transcendantales les caract ristiques d un terme inconnu Ce d faut d ordre logico grammatical implique le retour en force d un s mantisme que Wilkins aurait souhait radiquer est l image des probl mes que rencontrera Chomsky dans les versions de sa grammaire g n rative qui succ deront la premi re Wilkins souhaitait inventer une langue telle qu en apprenant le caract re d une chose on tait galement instruit quant sa nature Mais comme l avance hardiment Eco les caract res ressemblent en fait aux pointeurs de nos modernes or
50. s il en est de porter au plus loin la lumi re en sorte que la science n ait plus d pendre de la torche tremblante et agit e d un seul f t il l auteur du Discours de la m thode A quand la cyberf te prom th enne Les promoteurs de toutes sortes d olympiades intellectuelles feraient bien de s inspirer du grand Lord Chancelier C est dans le contexte de r novation scientifique inaugur par Francis Bacon que s inscrivent les recherches sur la langue universelle et parfaite La qu te cette fois ci vient des les britanniques o elle r pond diff rentes motivations religieuses une nouvelle langue universelle devrait permettre de contrecarrer l h g monie papiste commerciales elle faciliterait les changes entre les hommes et autoriserait l conomie d un interpr te p dagogique elle permettrait une meilleure ducation des enfants l image du pansophisme com nien Tout comme Descartes Bacon veut d barrasser les discours des hommes des idola ces id es fausses qui nous viennent de nos limitations naturelles et individuelles et nous ne pouvons nous emp cher de faire le rapprochement avec les petites mes de Descartes soit des dogmes h rit s de la tradition aristot licienne Plus tard Hobbes et Locke insisteront leur tour sur l imperfection des langues naturelles dont la s mantique peu rigoureuse suscite la confusion et la m sentente entre les hommes A la diff rence des pr c dents Bacon ser
51. s instrumentales susceptibles de recouvrir quelques dimensions plus fondamentalement humaines C est sans innocence aucune que nous avons plac en d but de titre le terme de machineries Le bon Grand Larousse en indique les deux sens que nous allons conjuguer ici d une part il s agit de l Ensemble de mesures et de moyens pour assurer par ruse le succ s d un dessein secret D autre part de Ensemble des machines employ es un travail de la Salle des machines d un navire et Dans un th tre ensemble d appareils treuils tambours contrepoids etc utilis s pour la mise en place des d cors Cela signifie que notre exploration des NTIC n est pas s parable d une approche culturelle Ce point de vue peut para tre en premi re lecture bien loign de la d marche empirique que nous pr conisions plus haut L cart n est qu apparent car la conception l laboration et l usage d objets techniques d artefacts singularisent aussi des traits culturels qu il est inutile d exhiber comme tels pour qu ils remplissent leurs fonctions dans l organisation et la p rennisation de l ordre social Ainsi chez les Grecs l intelligence rus e la m tis que poss daient l artisan ou l ing nieur les apparentait directement au devin cf Vernant 1988 Cela suffisait pour qu une soci t de castes autoproclam e d mocratique les frappe d ostracisme et assure ainsi
52. s primitives ID l organisation de ces notions primitives en syst me et ce syst me repr sente un mod le d organisation du contenu Eco p255 Son Ars comporte comme chez Aristote non seulement les substances notions et choses primitives et les diff rences caract ristiques particuli res une seule esp ce mais aussi les accidents quantit s qualit s actions relations publiques ou priv es Il part de 40 genres majeurs qui se subdivisent en 251 diff rences particuli res d riv es elles m mes en 2030 esp ces particuli res Ensuite il propose une grammaire naturelle simplifi e qui lui permet d tablir les morph mes et les marqueurs pour les termes d riv s Sa langue se divise entre langue crite et langue parl e la langue crite compos e l aide d id ogrammes ressemble aux caract res chinois Elle est impronon able et si la langue orale repose sur une combinatoire identique elle rel ve d un apprentissage enti rement diff rent La langue crite se sert de caract res r els charg s de repr senter les diff rents genres diff rences et esp ces tandis que d autres signes les particules transcendantales servent indiquer la copule des adverbes des pr positions ou des conjonctions Le syst me tant fini au d part puisqu il s agit d une classification naturelle et non d une langue issue des dictionnaires des langues naturelles certains mots de la langue anglaise ne trouvent pas leu
53. s t ches Ces instruments cristallisent une longue et souvent douloureuse histoire Ainsi les instruments s miotiques les plus caract ristiques sur le plan d une la cisation de la technique comme les tableaux de nombres plusieurs entr es et les repr sentations graphiques appara tront tardivement La premi re repr sentation graphique connue date du XI si cle et il faudra attendre Oresme au XIV si cle pour qu on puisse tablir la premi re repr sentation graphique d une relation lin aire Toutefois ces syst mes de signifiants en eux m mes ou pris isol ment ne pr sentent aucune garantie l encontre d interpr tations erron es Les manipulations d chelle les pr sentations en perspective les graphes chelles multiples sur tous ces points voir Bertin 1977 et d autres jeux s miotiques sont susceptibles d entra ner confusions et erreurs A l encontre de l univocit des symboles qu affirme la parole charismatique la traduction d une langue en une autre de nombres en graphes de graphes en phrases de phrases en formules de lettres en nombres de lettres en mots etc ouvre de possibles glissements de sens et surtout r duisent le poids insupportable des symboles sur Pesprit qui se veut libre Souvenons nous que l autorit th ologico politique aussi bien que scientifique r pugne la traduction Si l extension des concepts n est plus contrainte par un principe th ologique ou m taph
54. secret entre les mythes prom th ens et les plus humbles proc dures d apprentissage Il s agit du rapport d j voqu dans la premi re note L loignement du Quebec nous autorise voquer ce rapport tr s complet et bien argument de pr f rence quelques discours aussi officiels qu indigents tenus en France sur le sujet La r f rence figure en bibliographie I IMMEDIATION ET MEDIATION TECHNIQUE I 1 Imm diation Par souci du paradoxe peut tre aurions nous d intituler le paragraphe la m diation infernale De ce premier paradoxe les institutions scolaires portent trace en cette sorte de discrimination latente ou manifeste qu elles produisent en faveur du non technique alors que dans le m me temps les autorit s ducatives acad miques et politiques discourent l envi sur les effets nocifs ou b n fiques des technologies lectroniques au premier rang desquelles la t l vision en passe d tre supplant e par l ordinateur Autrement dit alors que l artisan technicien fut longtemps rel gu en raison du commerce qu il entretenait avec les Dieux les pires comme les meilleurs une certaine doxa moderniste accorde d sormais au ma tre des techniques plus particuli rement au ma tre des techniques lectroniques d information et de communication une puissance jamais gal e tout en lui vouant des sentiments ambivalents de crainte et d envie Loin d accompagner un hypoth tiqu
55. ssance la visualisation ne consiste pas seulement fournir des illustrations aux textes scientifiques elle participe intimement de la fa on dont sont invent s dans un sens ethnologique les ph nom nes scientifiques Depuis les observations initiales jusqu la publication des r sultats il y a production transfert et transformation de repr sentations imag es Celles ci ne sont pas des preuves d existence d entit s naturelles ou de leurs relations objectives mais des preuves de pratiques m thodiques destin es obtenir dans ce qui s offre au regard un consensus sur ce qui peut tre consid r comme savoir La machinerie s miotique se trouve donc tr s en amont des NTIC Les instruments imag s et graphiques les sch mas dessins techniques repr sentations graphiques etc filtrent les donn es c est dire les font passer de l tat d chantillons invisibles ou inanalys s en donn es visuellement cod es graphiquement analys es et pr sent es au public Lynch id p 110 Cela suffira justifier une didactique de la signifiance centr e sur les transformations traductions de codes de registres s miotiques de langages et de langues Ce sont ces transformations qui g n rent les syntaxes du savoir et elles n ont rien de spontan Elles forment une technologie s miotique dont le premier m rite est de nous introduire l exp rience virtuelle Rappelons que sans attendre les mondes virtuels lect
56. syllogisme sera pr f r le recensement exhaustif de ce qui se rapporte au probl me pos Cette r gle est exemplaire de la d marche en ce qu elle nous montre comment des consid rations sur la limitation des m moires pilotent une organisation la fois algorithmique et strat gique C est toujours en raison de cette limite mn sique que le livre troisi me de la g om trie et la r gle XVI des R gulae reviendront sur l exigence de concision Pour Auroux 1979 le monde clos de la science antique rep rable par l encyclop disme et par les Sommes du Moyen Age le monde du savoir additif s oppose au monde de la science infinie qu inaugure Descartes r duite pour lui quelques principes more g om trico comme chez Spinoza Bien entendu il ne s agit pas de faire de quelques principes g n raux la base d un enseignement Les marchands de m thodologies p dagogiques trouveraient dans le Descartes de solides arguments en faveur de leurs th ses n tait le retour constant qu il fait sur le contenu du savoir en r fl chissant aux meilleures fa ons de pr senter les signes et en prenant le louable soin de d tailler ses calculs et ses d ductions Le m canicien d laissant les grands principes fait tourner la machine et nous la montre dans ses plus modestes rouages On est loin de l apprendre apprendre et des facilit s qu il procure aux formateurs peu concern s par le contenu d apprentissage Se d fendre de
57. tirer l attention des enseignants du moins de ceux que ces questions int ressent sur les traits non troitement utilitaires d une introduction des NTIC dans le monde de la formation Ils doivent savoir que la pr tendue interactivit qui singulariserait les tuteurs et autres environnements dits intelligents reste encore pour une large part du mode incantatoire plut t qu op ratif Il suffit de conna tre par exemple la conception de Geometry ou de d Anderson ou de reprendre les th ses de Rogalski sur les tuteurs intelligents pour faire le d part entre les thurif raires de la communication et ceux qui rappellent sans cesse que jusqu preuve du contraire le contenu de l interaction li e la discipline semble plus d terminant pour sa mise en forme s miotique et donc pour le choix d un support que toutes les consid rations relatives des heuristiques g n rales Notre trop br ve incursion dans le domaine des mythes visait clairer la question r currente du rejet par les enseignants des dispositifs techniques suppos s les aider Beaucoup a t dit sur le sujet et les quatre temps de la romance de Cuban 1986 r sument bien le d roulement du processus de rejet proph ties sur le b n fice extraordinaire attendre de la nouveaut technologique exp riences pilotes prometteuses d nonciation par les enseignants des insuffisances techniques et des difficult s contextuelles enfin usage juste tol r
58. tives surtout lorsqu il s agit d actions ducatives d lib r ment instrument es Au del de cette tude notre programme de travail reste l tude in situ des usages de dispositifs instrumentaux appropri s l action ducative Raby amp Baill 1994 Cet ancrage est crucial pour deux raisons d une part il revient accorder l empirisme un empirisme certes bien temp r Baill 1997 la l gitimit d une d marche de recherche dans le champ de l ducation et d autre part il nous fonde consid rer les notions d outil et d instrument ainsi que leurs conversions transformations r ciproques comme autant de notions cl s pour l examen scientifique d une formation Raby 1996 Notre intention n est certainement pas de promouvoir un empirisme aveugle qui ignorant les r sultats acquis par ailleurs justifierait proportion de leur spontan it toutes les initiatives de terrain La connaissance de r sultats et des conditions de leur obtention en particulier l historique des variations th oriques et m thodologiques qui accompagne leur production sont d autant plus indispensables que nous sommes suppos s investir ce monde de la technique dont on nous rab che sans que nous soyons toutefois tenus de le croire qu il est en volution perp tuellement acc l r e En d autres termes l emprunt de donn es diverses disciplines l emprunt m me de mod les et de proc d s techniques
59. ue Il n y a pas de d monstration au sens propre du terme dans l agir technique L ordre poi tique est industrieux Dans un comportement ajust aux fins troites et pr cises des tapes de la fabrication cet ordre t moigne au mieux d une comp tence myst rieuse et non explicitable L artisan le plus habile est rarement expert de sa propre expertise L alternative objective du a marche ou a ne marche pas reste le seul crit re de bonne ex cution auquel r pond in fine la sanction concr te de l acheteur ou du commanditaire Pour la suite du propos ces remarques n ont d autre int r t que celui d introduire la distinction entre outil et instrument L artisan use d outils Il en a appris l usage qu son tour il transmettra toujours dans la vis e exclusive de l ex cution des t ches et sous t ches pratiques qui s ordonnent la r alisation d un objet singulier En distinction on peut consid rer l instrument il ne s agit plus ici d un effet de lexique comme un outil qui incorpore du cognitif Il est m dium en ce qu il affecte la perception et la repr sentation Dans l histoire de la technique l essor de l instrumentation au cours de la Renaissance instruments s miotiques tels les tables le dessin en perspective aussi bien que m caniques marquera l av nement d un temps nouveau dont on peut saisir encore de nos jours les traits essentiels travers le d veloppement des te
60. ue naturelle mais un langage Du reste le fait que pour Fodor et certains autres les processus cognitifs rel vent de mod les de calcul mod les computationnels inscrit cette doctrine dans la lign e qu inaugure Leibniz et non Descartes auquel Fodor ou Chomsky se r f rent parfois abusivement et dans laquelle on retrouvera Hobbes et Condillac Auroux op cit identifie la p riode qui va de Descartes Condillac via Port Royal comme le passage d une conception analogique de la langue une conception digitalis e Dans ce passage Leibniz joue un r le crucial en soulevant la question du rapport entre le langage et le calcul et en tablissant le calcul infinit simal en une forme si commode qu elle sera pr f r e celle de Newton Le travail s miotique exemplaire d un souci de clarifier les calculs est rapprocher du r ve de construire une machine penser et calculer comme aboutissement l Art de Lulle Ainsi L instrumentum cogitendi leibnizien nous int resse la fois pour lui m me et aussi dans la mesure o il s inscrit dans un plus vaste ensemble historique Le travail de s mioticien qu il r alise conform ment au d bat de l poque est relatif aux rapports entre langage et pens e Leibniz s int resse la langue artificielle selon un point de vue distinct de celui du Descartes de la lettre de 1629 Il part des langues naturelles il est 6 2 2 N 2 Les Regulae constituent un ensembl
61. us a appris conna tre la nature en lui ob issant et dont l esprit exp rimentaliste s oppose au rationalisme cart sien s est pench dans ses uvres premi res sur le mythe de Prom th e Selon la tradition Prom th e a cr le genre humain Il va progressivement devenir le symbole de la providence puisque la seule chose que les anciens ont attribu la providence c est la cr ation de l homme Bacon fait siennes les interpr tations d un Mythe qui fera du feu d rob l origine de l industrie des arts m caniques et des sciences par lesquels l homme peut modifier sa condition originelle et devenir son tour le ma tre de la cr ation On peut trouver un certain int r t au fait que dans un ouvrage consid r par la plupart des commentateurs comme un exercice litt raire apparaissent des th mes de r flexion qui seront au centre de tout le travail ult rieur de Bacon Celui ci s est servi de l interpr tation du mythe de Prom th e pour esquisser les th mes fondamentaux qui seront d velopp s dans le Nuovo Organum 1622 Pour saisir l cart entre l id e baconienne de science et l id e de science qui fut celle de la Renaissance comme l cart qui le s pare de Descartes il nous sera utile de relever ce passage tr s significatif de son Prom th e plus pr cis ment de cet ajout qu il fait en r f rence la course aux torches des f tes prom th ennes N oublions pas que cette c l bration contient un av
62. xp rience et explication premi res c est m conna tre les difficult s que conna t l esprit humain dans son histoire collective aussi bien qu individuelle pour s affranchir des fausses croyances A cet effet les pressants appels la mobilisation ne changeront rien bien au contraire sur un moyen terme Le langage des d cideurs accro t en effet la confusion en oscillant entre la m taphore guerri re et ces formules caract ristiques d un darwinisme social qui font de cette irruption des NTIC une avanc e in luctable qui ne manquera pas d en laisser plus d un ceux qui ne se seront pas mobilis s sur le carreau En quelque sorte l obligation de l usage se conjugue avec sa fatalit Apr s un premier et peu heureux plan dit informatique pour tous dans lequel il tait d j question de r seaux voici qu on pr sente aux enseignants ces nouveaux r seaux plan taires Internet ou locaux Intranet dont on dit qu ils pr sentent l insigne avantage d tre les lib rateurs de l initiative individuelle et les organisateurs d une communication enfin galitaire et sans entrave autre que technique Communication entre qui et pour quelles fins Oublie t on qu enseigner n est pas communiquer pour ainsi assortir chaque pr sentation de NTIC d un jugement d obsolescence l encontre des formes frontales d enseignement on n ose plus dire directives car les supports modernes s av
63. xte L interpr tation se fait gr ce trois proc d s le notarigon acrostiches la t mourah les anagrammes et la g omatrie l utilisation de chiffres pour des lettres Il s agit d une combinatoire Le kabbaliste aborde le texte comme un syst me symbolique de la parole de Dieu qui raconte des v nements nomme des choses invente des pr ceptes La m canique fabrique quatre niveaux d interpr tation le litt ral l all gorico philosophique l herm neutique et le mystique La Torah m diatise le rapport de l homme la connaissance donc Dieu et l homme tente par de multiples combinaisons qui ont valeur de ruses de r v ler le sens cach La machine n est pas une machine inventer du savoir c est une machine rendre visible un savoir pr existant La kabbale des noms au 13 si cle ira bien plus loin puisque son repr sentant le plus c l bre Aboussafia fait du kabbaliste un m canicien Cette fois ci la lecture alt re bouleverse d compose et recompose la surface textuelle et la structure syntagmatique jusqu ces atomes linguistiques form s par chaque lettre de l alphabet selon un processus continu de recr ation linguistique Eco 1994 p 46 Chaque lettre correspond une entit divine et par l pellation c est dire le travail du souffle la lecture voix haute conduit une connaissance extatique Certes les concepteurs de nos machineries modernes s appuient sur des t
64. ysique mais par les syntaxes et calculs logiques dans les cadres s miotiques sous lesquels on peut les repr senter et dans lesquels on peut les traduire alors on comprend mieux l importance des manipulations humblement d taill es de signes arithm tiques alg briques de figures de tableaux de sch mas et de figures textuelles more geometrico more chez ceux qui souhaitaient affranchir leurs d monstrations du principe d autorit C est cette traduction qui signe l av nement de la science et rend son archive f conde Non seulement les instruments s miotiques m diatisent la construction des ph nom nes mais en plus les changements de cadre d terminent pour beaucoup l histoire des obstacles et des rectifications de conception que leur franchissement va exiger Quand Oresme dessine le graphe de la chute d un corps on peut certes consid rer qu il pr lude Galil e c est la th se de Duhem mais aussi que le caract re n cessairement spatial de son graphe induit une repr sentation du ph nom ne comme relation entre variation de vitesse et espace parcouru ce sera la th se que soutiendra Beeckman avec l aide de Descartes et que Galil e dans son fameux texte de 1938 saura corriger en liant au temps la variation de vitesse dans la chute Pour tre enfin mis jour et expliqu le ph nom ne devra faire l objet d un changement de perspective et s affranchir des premi res repr sentations spatiales

machineries sémiotiques et médiations techniques

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