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1. Boris Nieslony enl ve une une les feuilles mortes rest es attach es une branche Le clou de la soir e revient Alastair MacLennan l artiste barbu disparaissant progressivement sous un tas de feuilles mortes o il passera plusieurs heures sans bouger Universit de Li ge http culture ulg ac be 29 01 2013 so Culture le magazine culturel en ligne de l Universit de Li ge Marco Teubner entraine Julie Andr e T dans une cahute de carton Tout droite Alastair MacLennan recouvert d une montagne de feuilles mortes Toutes les actions sont minemment plastiques au sens o elles se d ploient dans l espace transforment des objets animent le mat riau rassembl pour l occasion Si l on peut davantage rapprocher ce type de performance des arts plastiques la place laiss e l v nement au sens philosophique de ce qui survient reste primordiale Il se passe quelque chose que l on voit On joue avec les circonstances l antenne radio tourn e vers le nord est capte une station pli e dans l autre sens elle en capte une autre Mais partir de l v nement dans son surgissement n emp che nullement de lui donner un relief temporel Une m moire se construit les objets s amoncellent jonchent le sol et fabriquent dans la dur e un nouveau paysage pour les actions des performeurs et des spectateurs Un assemblage d objets au croisement de plusieurs actions Universit de Li ge http2. culture ulg ac be 29 01 2013 4 Culture le magazine culturel en ligne de l Universit de Li ge La po tique des objets s appuie entre autres sur le d tournement de leurs usages les plus vidents La strat gie est classique et fait se rejoindre plusieurs mouvements issus des arts plastiques du 20 si cle avant garde surr alisme ready made et performance Ces d calages introduits dans le tissu de nos habitudes quotidiennes participent de l impression d tranget suscit e par la performance Les artistes performeurs offrent une image saisissante de la r alit o l on peut mettre un nichoir comme chapeau et fumer par le trou empiler plusieurs verres pour boire jouer de la guitare avec une feuille morte utiliser des verres vin comme jumelles longue vue s approcher des gens pour les regarder de pr s trop pr s Parmi les spectateurs de cette soir e on remarque quelques enfants Ceux ci n ont pas l air d tre d rout s par ce qu ils voient Ils y trouvent certainement une logique proche de la leur Les enfants ont un sens aigu de l action po tique conomiquement inutile pouss e son comble r p t e jusqu l absurde comme le mot qui perd sa signification force d tre tourn dans la bouche cf le Kafka de Deleuze et Guattari Au Black Market on change sur le mode d une conomie illicite Universit de Li ge http culture ulg ac be 29 01 2013 5 Culture le magazine cul
3. Culture le magazine culturel en ligne de l Universit de Li ge L automne de Black Market International v nement plasticit performance l occasion de ses 25 ans le collectif de performeurs Black Market International BMI proposait cet automne un anniversary tour travers la Pologne et l Allemagne qui devait finir au Performance Art Festival Bone 13 Berne en Suisse Dans le cadre de cette tourn e cr ative BMI pr sentait Cologne en marge des milieux les plus courus par les amateurs d art une session de performance art tr s remarqu e l Orangerie Theater im Volksgarten 24 nov 2010 ceux qui peinent parfois saisir l int r t du genre de la performance on ne saurait que conseiller une immersion de plusieurs heures dans l univers d cal de BMI Il reste qu une d finition claire du medium n en d coulera pas n cessairement puisque les pratiques du performance art sont extr mement vari es les performeurs ne cessent de transformer eux m mes les modes d utilisation des langages artistiques On partira donc d une description minimale dans un certain espace temps des artistes se mettent en mouvement et pr sentent des actions portant soit sur des objets soit sur Universit de Li ge http culture ulg ac be 29 01 2013 sie Culture le magazine culturel en ligne de l Universit de Li ge l espace soit sur leur propre corps Mais replonger dans cette soir e du 24 n
4. aussi s immiscer d truire ou d ranger le bon d roulement de l action sur laquelle il se branche Chacun est le partenaire de l autre chacun peut galement tre son obstacle Bien entendu l interaction conna t des formes vari es Et rester immobile regarder les autres s agiter en constitue certainement une d ailleurs tr s pris e cette fois par Julie Andr e T L artiste qui ne fait rien est ce seulement possible joue le r le de spectateur aux moments o son regard porte sur les autres Parall lement le spectateur qui n est passif qu en apparence est aussi protagoniste de la session de performance Il est pris partie par l artiste qui s adresse lui lui tend des objets un chocolat une saucisse de Francfort pas en m me temps heureusement Chacun se laisse porter par l alternance d agitation et de repos Universit de Li ge http culture ulg ac be 29 01 2013 abe Culture le magazine culturel en ligne de l Universit de Li ge Boris Nieslony Wen Lee Roi Vaara Myriam Laplante Jason Lim Moment de crise tout l espace est suspendu d autres accidents imminents Puisqu il faut bien interagir dans une performance collective deux options semblent se pr senter on peut soit chor graphier l ensemble pour le ma triser et orchestrer l avance les rencontres entre les performeurs soit laisser ouverte l issue et prendre alors un risque consid rable ou bien rien ne se passe ou bi
5. e feu au sens litt ral ou figur Les objets br lent cassent les cordes se coupent Un morceau de verre rentre dans une chaussure qui crie chaque pas Les choses sont pos es en quilibre et risquent tout moment de s effondrer Les artistes ont les yeux band s ou recouverts de sparadrap avancent au hasard dans l espace jusqu buter contre une table une valise ou un spectateur Marco Teubner tra ne un lourd pav l aide d une corde attach e Universit de Li ge http culture ulg ac be 29 01 2013 10 Culture le magazine culturel en ligne de l Universit de Li ge son cou mais Lee Wen s assied dessus et l autre s trangle presque L arbre qui fume de Jason Lim est suspendu au dessus du tas de feuilles mortes sous lequel Alastair MacLennan a commenc hiberner On risque l incendie Progressivement on entre dans un tat d alerte la tension ambiante s ajoute le bruit sourd d une lourde hache qui tombe pr s des pieds de celui qui la manie Des cordes de laine sont tendues qui finiront pas c der De part et d autre de l espace l action est suspendue Certains s immobilisent d autres se d placent l aveugle sur ce terrain min Avec la tension s est install le silence Hormis quelques tessons de verre qui cassent encore sous les pieds Le rythme ralentit La construction centrale s croule et sans doute est ce le signe de quelque chose puisque tout s immobilise lentement Maud Hagelstein Janvie
6. en tout arrive L option de BMI se situe quelque part entre les deux On serait na f de croire que rien n est pens l avance Les artistes donnent l impression d avoir choisi un th me g n ral l automne une s rie d objets caract ristiques de ce th me feuilles mortes branchages corbeau nichoir r teau chapeau parapluie une autre s rie d objets moins attendus pour lesquels ils ont sans doute un int r t personnel un baby foot miniature un masque grotesque une valise une cassette avec de la musique de fanfare un infatigable chat asiatique qui balance sa patte partir de ce mat riau choisi avec soin les performeurs proposent pendant plusieurs heures des actions plastiques Celles ci sont en partie pens es l avance et forment le r pertoire dans lequel les artistes iront puiser ou non Le spectateur un peu familier de BMI ou des artistes du collectif reconna t d ailleurs certaines s quences certains motifs la bougie qui se consume sur le doigt tendu le drap noir sur la t te la Universit de Li ge http culture ulg ac be 29 01 2013 7e Culture le magazine culturel en ligne de l Universit de Li ge chaise dont les 4 pieds sont pos s sur des verres la peinture bleue dont Julie Andr e T se barbouille l arbre qui fume de Jason Lim etc La a l aveugle Roi Vaara l ve les bras Julie Andr e T suit la proposition gestuelle Si les performances de BMI s apparen
7. it en occasion de gai savoir Que reste il d une performance au lendemain de son ex cution Quelques notes et photographies l impression persistante d une nergie cr atrice un objet que l on aurait emport Quoi d autre Toute une s rie de r flexions se sont entrem l es aux images propos es qu il convient de d tisser pour saisir la nature subversive et po tique des montages d actions du performance art Les artistes de BMI nous plongent dans un univers sonore et visuel in dit Sonore d abord car les actions ne sont jamais strictement visuelles Elles impriment notre champ auditif et semblent m me choisies en vertu du son qu elles produisent un sac poubelle secou dans tous les sens un rouleau de scotch que l on d roule avec ce bruit si caract ristique qui en fait un objet privil gi du performance art des verres qui s entrechoquent sur une table un bouquet de baguettes en bambou que l on d place d un endroit l autre le son d un vieux transistor et dans le micro des r les des inspirations des ronflements Le vent Mais les artistes nous offrent aussi en p ture un univers visuel et en ce mois de novembre BMI propose de d ployer sous nos yeux un paysage d automne vivant comme on dirait une cr che vivante gt Les objets qui jonchent l ar ne semblent relatifs ce th me g n ral et contribuent cr er une atmosph re de d part la fin de la session l hiver semble m me pointer son nez
8. ovembre permettra d toffer quelque peu ce point de d part Comme souvent pour une performance les spectateurs de BMI s taient quip s pour l occasion afin de saisir au mieux les actions propos es par les performeurs en plus de leurs yeux de leurs oreilles et autres organes des sens la plupart se sont munis d appareils photos num riques de cam ras de carnets de notes Car il faut se rendre l vidence ce qui s est pass le 24 novembre ne se reproduira plus jamais sur le m me mode Chacun a donc le loisir de relever des traces et de participer l archivage collectif de l v nement Le spectateur doit se rendre l vidence le produit consomm est p rissable il s est d j dissous en lui et il n y a finalement rien vendre ceux qui auraient manqu la performance Face un medium si versatile on se trouve souvent d muni D j en voulant d crire les actions qui leur ont sembl d cisives le spectateur et ou le critique ne font que restituer leurs propres parcours montrant leurs capacit s singuli res imaginer capter et associer des l ments Ils proposent leurs propres montages forc ment uniques La performance a comme vertu entre autres choses de rendre le spectateur conscient de la singularit de sa vision Du Universit de Li ge http culture ulg ac be 29 01 2013 Oz Culture le magazine culturel en ligne de l Universit de Li ge coup le critique cens d c
9. r 2011 Maud Hagelstein est Charg e de recherches F R S FNRS l ULg dans la facult de Philosophie et Lettres Ses principales recherches portent sur les rapports image culture J rgen Fritz Germany Myriam Laplante Canada Italy Lee Wen Singapore Jason Lim Singapore Alastair MacLennan Northern Ireland Boris Nieslony Germany Jacques van Poppel Netherlands Elvira Santamaria Mexico Marco Teubner Germany Julie Andr e T Canada Roi Vaara Finland Universit de Li ge http culture ulg ac be 29 01 2013 11
10. rire l impact d un tel v nement se heurte aussi la subjectivit de son point de vue au double sens intellectuel et spatial du terme Le spectateur actif ou passif Les artistes de BMI poussent cette difficult son comble puisque dans leurs performances collectives l action est multiple et diss min e En effet les performeurs occupent un m me espace divis en plusieurs foyers d actions parall les Dans tous les coins il se passe quelque chose Les artistes se croisent in vitablement et chaque carrefour il faut faire le choix de suivre l un ou l autre Ah Ces spectacles dont vous tes le h ros Les artistes construisent le temps d une proposition des micro espaces voluent dans leurs bulles Mais ces bulles clatent les actions d bordent et se chevauchent Et le spectateur qui sature d informations balade son regard d un coin l autre suit telle proposition puis telle autre sa guise et selon sa sensibilit Rien ne dirige l il Pas de mode d emploi Aucune logique ne s impose de l ext rieur au spectateur qui doit lui m me d couper le flux de l agitation g n rale en actions pertinentes Voil bien ce qui chiffonne le critique incapable d offrir une image globale de ce quoi il assiste il n a que son propre montage proposer ignorant ce qui se passait gauche quand il regardait droite et forc ment in gal dans son attention lui alors de transformer cette contrainte de subjectiv
11. t et se laisse regarder Masqu e la plupart du temps Myriam Laplante instaure elle aussi un jeu plut t th tral Elle se plante devant un corbeau en plastique perch sur un pied et le regarde pendant de longues minutes sans bouger Universit de Li ge http culture ulg ac be 29 01 2013 9 Culture le magazine culturel en ligne de l Universit de Li ge _ Jason Lim agite une branche cass e au dessus de l oiseau en plastique que regarde Myriam Laplante Seule Julie Andr e T d roge la dominante noire des costumes v tements de travail comme on dit de BMI en portant des bas collants rose fluo Une autre figure type dans le paysage l artiste canadienne se d marque nettement par le manque de tenue des postures qu elle adopte Toute la dr lerie de son personnage tient sa nonchalance incarn e et sa t te de d terr e Elle chique la bouche ouverte s affale sur son tabouret fume n gligemment des cigarettes en observant ses partenaires Lee Wen intrigue par son style de clochard fou une seule mitaine des fripes trop petites Son c t borderline entra ne une impression d ins curit Et de mani re g n rale le sentiment d ins curit ne fait que cro tre avec les heures qui passent Puisque les accidents sont mis profit par les performeurs ces derniers donnent l impression parfois de chercher l v nement qui fera vaciller la session qui la mettra en crise Les artistes jouent avec l
12. tent a priori davantage aux arts plastiques qu aux arts sc niques on ne peut tre insensible l mergence de quelques figures au fil de la session travers les interventions plastiques des caract res typiques se dessinent in vitablement Tous les artistes de BMI n en sont pas au m me degr de th tralit personnages cocasses personnages beckettiens personnages neutres ou absence de personnage Tous les genres sont permis Parmi les artistes pr sents certains sont des solitaires d autres au contraire sont plus communautaires Ils servent de liant l instar de Roi Vaara circulant dans l espace et bruitant les actions du groupe Quand la performance touche sa fin Elvira Santamaria prend son sac et met son manteau comme quelqu un qui s appr te quitter le boulot aucun masque simplement le visage du travailleur fatigu ayant accompli ce qu il devait accomplir Universit de Li ge http culture ulg ac be 29 01 2013 8 Culture le magazine culturel en ligne de l Universit de Li ge Jacques van Poppel coute une mission radiophonique allemande en mangeant des saucisses de francfort froides bon march D autres ne peuvent s emp cher de construire leur personnage M me en dehors de toute narration dramatique cod e Jacques van Poppel nous charme par ses mimiques clownesques Il aime l avant sc ne et le contact direct avec le spectateur face nous il mange des saucisses de Francfor
13. turel en ligne de l Universit de Li ge Le groupe Black Market International existe depuis 1985 et tait constitu uniquement d artistes masculins au d part Les artistes de BMI ont marqu la sc ne artistique internationale en investissant r guli rement de grands espaces non th traux pour leurs performances Adresse du blog http blackmarketinternational blogspot com Voir aussi 15 principles of Black Market International Michael LaChance http www performance art research de black_ market_international html 5 www bone performance com 3 Parmi les performeurs pr sents J rgen Fritz Germany Myriam Laplante Canada Italy Wen Lee Singapore Jason Lim Singapore Alastair MacLennan Northern Ireland Boris Nieslony Germany Jacques van Poppel Netherlands Elvira Santamaria Mexico Marco Teubner Germany Julie Andr e T Canada Roi Vaara Finland On pourrait d fendre qu un certain type d interaction fait le propre de la performance et BMI ne d roge pas la r gle interactions entre les performeurs qui partagent un m me espace temps ou interactions avec les spectateurs voire m me entre les spectateurs Le collectif multiplie les occasions de r sonances Chaque performeur est libre de se saisir d une action ex cut e par un autre artiste pour la transformer parfois ses d pens Participer l action d autrui ne signifie pas seulement l aider constituer un appui Un performeur peut
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