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1. Article Questions d emprunt litt raire Ouvrage recens Du pastiche de la parodie et quelques notions connexes Sous la direction de Paul Aron Nota bene Sciences humaines litt rature 250 p par Fran ois Harvey Spirale arts lettres sciences humaines n 207 2006 p 39 41 Pour citer cet article utiliser l information suivante http id erudit org iderudit 17976ac Note les r gles d criture des r f rences bibliographiques peuvent varier selon les diff rents domaines du savoir Ce document est prot g par la loi sur le droit d auteur L utilisation des services d rudit y compris la reproduction est assujettie sa politique d utilisation que vous pouvez consulter l URI https apropos erudlit org fr usagers politique dutilisation rudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif compos de l Universit de Montr al l Universit Laval et l Universit du Qu bec Montr al Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche rudit offre des services d dition num rique de documents scientifiques depuis 1998 Pour communiquer avec les responsables d rudit info erudit org Document t l charg le 16 novembre 2015 07 23 SPIRALE N 207 MARS AVRIL 2006 essal QUESTIONS D EMPRUNT LITT RAIRE DU PASTICHE DE LA PARODIE ET DE QUELQUES NOTIONS CONNEXES Sous la direction de Paul Aron Nota bene Sciences humaines litt rature 250
2. le texte d cole imitation servile en forme d hommage le mimoplagiat pastiche non assign que le pasticheur donne pour sien l apocryphe ou faux litt raire le faximil 40 imitation fid le dont le mod le est avou le pastiche non assign imitation caricaturale dont le mod le est inavou le pastiche assign imitation caricaturale dont le mod le est avou et le mimatexte hyperimitation ou encore pastiche d un pastiche En regard de cette nouvelle typologie des pratiques mmitatives plus pr cise et plus exhaustive que celle labor e par G rard Genette Bilous met tout de m me une certaine r serve avertissant qu I en va d une typologie comme de tout appareil th orique le moindre oubli la plus petite incoh rence interne le premier contre exemple suffisent faire bouger les cloisons voire clater le cadre En conformit avec la vis e r formatrice de Daniel Bilous Jean Wirtz cherche mieux d finir la notion d autopastiche labor e par G rard Genette dans Palimpsestes Selon Wirtz l autopastiche se distingue des pratiques connexes de l autoplagiat et de l autoparodie en ce qu il proc de d une intention imitative osten sible o la caricature joue un r le mineur l gard de la conformit stylistique Or la sp cificit de l autopastiche ne tient pas seule ment la volont d imiter la mani re de sol m me Pour que l autopastiche se distingue d
3. Pan neton n ont pas cherch qu reproduire le style des auteurs mod les ils ont aussi entrepris de satiriser et critiquer les figures dominantes du milieu litt raire qu b cois de leur poque Camille Roy sommit r gnante du commen taire litt raire savant s y montre r duit une figure aux pr tentions rudites grotesques qui voit dans Les Serments de Strasbourg l amorce du romantisme fran ais Certains acteurs de la querelle entre r gionalisme et exotisme y appa raissent aussi gratign s l uvre de Lionel Groulx ardent d fenseur de l existence pay sanne est d peinte dans un style satur de cli ch s terroiristes tandis que l criture r put e herm tique et litiste de Ren Chopin sombre dans le burlesque Selon Michaud au moyen des pastiches satiriques de Roy Groulx et Chopin Franc ur et Panneton se sont efforc s de renouveler les donn es du champ litt raire qu b cois en prenant position en faveur de l assainissement de l atmosph re litt raire et en rev ndiqu ant implicitement la libert de choix des crivains R critures et histoire l instar des genres et des formes litt raires les diff rentes pratiques hypertextuelles closent se modifient au fil du temps et peuvent m me SPIRALE N 207 MARS AVRIL 2006 s estomper jusqu sembler teintes Cet aspect volutif de l hypertextualit constitue le centre des r flexions de Paul Aron Thomas Stauder et Da
4. es ce n est pas sans entra ner une multitude de ques tionnements th oriques et m thodologiques Plusieurs observateurs ont ainsi cherch per fectionner les conceptions du c l bre po ticien ou s en distinguer Daniel Bilous fait partie de la premi re cat gorie Pour ce texticien la s paration op r e par Genette entre les r gimes de l hypertextua lit ludique satirique et s rieux est trop exp ditive et par cons quent impropre rendre compte de la multiplicit des pratiques imita tives Bilous substitue donc ces classes fond es sur des fonctions pragmatiques d autres crit res classificatoires qu il juge plus aptes refl ter la complexit des modalit s d imitation le contrat de lecture impliqu par le texte imitatif d cla rer ou dissimuler son lecteur le statut mim tique de son crit l op ration selon laquelle le texte imite qui va de la ressemblance la caricature la relation que le texte imitatif entretient avec le texte imit variant de la conformit structurale l effervescence d indices muim tiques d chi ffrer l effet encouru de vraisemblance ou non l gard du mod le et le domaine o Bilous oppose le textomime qui tend cr er une impression de transparence envers le mod le au mimotexte qui met l accent sur la performance d imitation partir de ces cri t res Bilous d gage sept formes d imitation dis tinctes
5. et du genre marotique le second par le moyen de ses parodies satiriques d auteurs contemporains tels M de Scud rv et Corneille Selon Aron la fin du xvu si cle le pastiche s est impos comme proc d l gitime d imitation ouvrant ainsi la voie aux d bats sur l originalit qui ont s vi tout au long du Si cle des lumi res Contemporaine de la naissance du pastiche la mode du travestissement litt raire en France d bute avec la publication des premi res lignes de Virgile Travesty en vers burlesques de Paul Scarron en 1648 Selon Thomas Stauder ce genre litt raire caract ris par l application d un style bas et comique un sujet noble maintient sa popularit durant un peu plus d une dizaine d ann es r gi par une r gle l mentaire et invariable l avilissement de per sonnages v n rables Stauder constate la per manence de cette loi travers une multitude de travestissements dont le c l bre texte de Scar ron qui se moule la structure de l n ide tout en rempla ant la diction l gante de l auteur latin par un style familier La vague du traves tissement litt raire perd de son clat vers 1660 au moment o Louis XIV acc de au tr ne et o les id es qui m neront au classicisme l empor tent sur la raillerie burlesque Dans son article La parodie une notion prot iforme Daniel Sangsue r emprunte le chemin qu il a balis dans son ouvrage pr c dent La parodie Le
6. p E b BUT des ann es quatre vingt repr sente un moment cl pour les recherches sur l intertextualit Coup sur coup ont t publi s dans les milieux litt raires anglo saxons et fran ais des ouvrages qu il convient de consid rer comme fondateurs de la th orie contemporaine de la parodie et du pastiche Margaret A Rose Linda Hutcheon et G rard Genette ont en effet ouvert avec leurs tudes pointues sur le ph nom ne de l emprunt en lit t rature un champ d analyse jusqu alors relati vement peu explor par la critique savante Sous leur influence de nouvelles tiquettes ont gonfl le vocabulaire de la th orie qui s est ra pidement accommod e des notions d hyper textualit d interstyle de refonctionnement critique et de transcontextualisation et dans le sillage de leurs avanc es th oriques plusieurs sp cialistes de l intertextualit sont venus confirmer r prouver ou bonifier les pr ceptes de la litt rature au second degr Au cours des derni res ann es le discours sur le pastiche et la parodie s est ainsi incessamment approfondi sans s puiser malgr la parution d ouvrages de synth se notamment La parodie de Daniel Sangsue et L criture imitative d Annick Bouillaget Les textes r unis par Paul Aron dans Du pastiche de la parodie et de quelques notions connexes participent de cet int r t sou tenu envers l intertextualit et t moignent des orientations actuelles en recherche sur l
7. a paro die et le pastiche Ils recoupent trois champs d tudes un premier qui s efforce de d gager les pratiques hypertextuelles propres un auteur ou une mouvance litt raire un deuxi me qui situe historiquement divers pro c d s d imitation ou de transformation et un dernier qui critique et retravaille les concep tions th oriques tablies Pastiche models d emploi Malgr l apparente stabilit de sa formule limitation d un style le pastiche n est pas tranger aux variations modales et fonction nelles En effet les pratiques mim tiques comme le d notent les tudes de Marcel B na bou Sjef Houppermans t Marie Michaud diff rent selon les auteurs et les mouvances lit t raires si certains crivains con oivent le pas tiche comme une forme essentiellement lu dique un jeu qui renouvelle la mati re litt raire d autres visent au contraire d tourner son thos r v rencieux pour en faire un outil de d hi rarchisation des figures ou des mod les litt raires Le synthoulipisme c est dire la re cherche de nouveaut et d innovation forme le noyau du projet de l Ouvroir de litt rature po tentielle Toutefois cette orientation vers le nouveau n exclut pas le recours aux uvres du pass Au contraire souligne Marcel B nabou lu anoulipisme est au c ur des pratiques d criture de l Oulipo Cette op ration d ana lyse consiste dans les faits retravailler l
8. ar permutation et n h site pas au besoin combiner tous ces prac d s brouiller les fronti res qui les s parent Fran ois Harvey Mathieu Beaus jour Three internationales Baker s Dozen vue de l exposition ayant eu lieu Londres la Galerie Space The Triangle du 15 janvier au 15 f vrier 2005 41
9. es crits non mim tiques de l autopasticheur limi tation stylistique doit apparaitre conforme l original et en m me temps contrefaite il in combe en somme l auteur la t che de convertir son idiolecte en h t rostyle de sorte qu il appa raisse la fais fid le et fabriqu ad hoc Pour Genette souligne Wirtz la notion d autopas tiche s av re plut t fantomatique dans la mesure o les quelques occurrences observables rel vent moins d une pratique pastichielle pure neutre et ludique que d une forme d exag ra tion stylistique avou e proche de l autocritique et de l auto ironie Or selon Wirtz cet aspect autosatirique perd de sa pertinence partir du moment o une imitation de soi non d clar e s av re imaginable C est le cas du quatre vingt dix neuvi me exercice de style de Raymond Queneau intitul Inattendu qui se r v le tre un autopastiche dissimul dont le mod le serait entre autres le dialogue romanesque que nellien Cette vis e satirique se r v lerait gale ment absente de l autopastiche proustien Proust juge de Marcel dont les pages holographes au raient pu passer pour apocryphes si le gage des manuscrits interdisant de craindre une secr te in terpolation due quelque faussaire Le propos que tient Jacques Espagnon est celui d un libraire humaniste et rudit Ce col lectionneur de pastiches et de parodies par court dans son article Discussion de gen
10. es ou vrages ant rieurs de mani re y exploiter les possibilit s latentes de cr ation Si la parodie occupe une place de choix dans les exercices de contraintes des Oulipiens le pastiche n y est pas exclu La transduction par exemple m thode qui vise remplacer les substantifs d un texte de d part par une s rie de noms pris dans un lexique sp cialis diff rent participe des activi t s d criture oulipiennes apparent es au pas tiche les premiers versets de la Gen se ont ainsi pu tre crits avec le vocabulaire de la cui sine de la sexualit ou du cin ma Plusieurs OQulipiens note par ailleurs B nabou ont fait du pastiche la pierre angulaire de leur travail d criture l imitation stylistique est une com posante vitale de l w art citationnel de Georges Ferec alors que Jacques Roubaud se r clame d une m moire de po sie et puise avec plaisir dans les textes d autrui Sjef Houppermans observe dans Pasti cheur pastich Raymond Roussel et le pastiche que l imitation pastichielle chez Ray mond Roussel participe d une vis e double la fois moderne et postmoderne L auteur de Comment j ai crit certains de mes livres com bine ainsi une esth tique de maitrise et de sou mission de l h ritage litt raire une seconde proche du pasticcio qui cherche dans l assem blage souvent h t roclite de diff rents motifs artistiques une relation d hi rarchis e avec les canons ant rie
11. niel Sangsue qui cherchent soit d montrer les conditions d mergence et la pratique d un genre hypertextuel dans l his toire soit suivre les transformations d un type d emprunt litt raire travers les poques Si le terme de pastiche n a acquis son sens actuel qu au x1x si cle Paul Aron constate que limitation stylistique d un auteur est une tech nique d criture qui a merg progressivement au cours du xvir si cle de pair avec la l giti mation de l emprunt litt raire et la naissance de l individualit du style de l crivain moderne Jean Louis Guez de Balzac fait cet effet figure de pionnier dans l histoire de l imitation pasti chielle puisqu il est le premier avoir d fendu l emprunt aux textes des anciens sous forme al lusive mondaine et non plus citationnelle De plus contre ses d tracteurs qui l accusaient d imitation servile il a r clam dans son Apolo gie pour M de Balzac le statut d auteur mo derne pour Balzac l imitation n est pas syno nyme d assujettissement c est au contraire un processus d mulation qui permet la fois d galer l autorit des anciens et de la surpasser par une certaine originalit formelle et inten tionnelle Les auteurs qui ont suivi les traces de Balzac ont popularis et affin la pratique de l emprunt allusif et l ont tendu aux auteurs modernes Vincent Voiture et Nicolas Boileau sont cet gard exemplaires le premier avec ses pastiches du style
12. parcours a relativement peu chang depuis la parution de son livre de syn th se Sangsue retrace nouveau les diff rentes significations et valeurs qu a acquises la parodie depuis son apparition chez Aristote jusqu aux r cents travaux structuralistes et d ob dience bakhtinienne Une diff rence d ordre th orique est toutefois noter la parodie n apparait plus seulement comme la transformation ludique comique ou satirique d un texte singulier elle englobe dor navant des uvres tant litt raires qu artistiques ou musicales La conclusion de Sangsue s av re elle aussi in dite Le th ori cien y constate l effacement actuel de la parodie en faveur des pratiques pastichielles valoris es en raison de leur apparente neutralit Selon Sangsue le pastiche appara trait mieux adapt au conservatisme postmoderne actuel contrai rement la parodie qui est essentiellement une op ration de transgression et de renversement des normes tablies Lapr s Palimpsestes S agissant de la litt rature au second degr crit Daniel Bilous force est de constater qu il y a pour la th orie et la critique un avant et un apr s Palimpsestes Assur ment le texte de G rard Genette fait date dans l histoire de la critique litt raire fran aise pour la premi re fois le structuralisme abordait la classification des relations intertextuelles Mais si les cat go ries de Genette se sont rapidement impos
13. res et de corpus une grande partie de sa biblio th que et commente certaines de ses acquisi tions dans le but implicite d ouvrir de nouvelles voies la recherche sur l hypertextualit Ainsi Espagnon d voile de multiples r f rences des ouvrages plus ou moins pass s dont l objet est la parodie ou le pastiche dictionnaires antho logies articles encyclop dies etc Il diffuse du m me souffle une foule de statistiques tir es SPIRALE N 207 MARS AVRIL 2006 du r pertoire de parodies th trales de Seymor Travers sur les auteurs les plus parodi s depuis la R volution fran aise ainsi pas moins de quarante cing parodies ont t tir es du th tre hugolien Le collectionneur fait aussi part de ses astuces pour d tecter les uvres de paro distes tout en exprimant une vive r flexion sur le m pris de la culture savante envers la paro die la suite de quelques observations sur le pastiche paratextuel Espagnon cl t son article avec un examen sommaire des raisons qui poussent les auteurs pasticher et parodier en t te desquelles se trouve la volont d amuser et de ridiculiser Or au travers de ses commen taires instruits Espagnon met une profonde critique de la typologie genettienne des pra tiques transtormationnelles et imitatives la quelle il oppose un concept nouveau plus en globant celui de parostiche il y des paro dies des pastiches des pastiches parodiq
14. ues des parodies pastiches et des domaines annexes des suites des continuations des suppl ments des mystihcations Jai donc d cid d employer le mot valise parostiche qui ma grande honte massacre les savantes et subtiles distinctions de G rard Genette Ce n ologisme peut tre prometteur d signerait ainsi l ensemble des op rations intertextuelles qui habitent mais aussi qui n habitent pas le ta bleau g n ral des pratiques hypertextuelles mis au point par le po ticien des fronti res du r cit La radicale critique de la typologie genet tienne mise par Jacques Espagnon t moigne de la vis e commune aux tudes r unies dans et surtout ET pastiche de la parodie et idle quelques notions CONNEXES qui tendent toutes diff rents degr s vers le renouvellement du discours sur l hypertextualit Aux traditionnelles d fini tions monolithiques se substituent des usages parodiques et pastichiels historiques et com plexes ainsi que des proc d s d emprunt in dits sp cifiques un auteur ou une collecti vit litt raire Le ph nom ne de la r criture apparait de cette fa on multiforme et difficile ment puisable l image en quelque sorte du travail intertextuel de l Oulipien d crit par Marcel B nabou qui proc de aussi bien par imitation que par transformation par addition que par soustraction par multiplication que par division par substitution que p
15. urs C est ainsi que Roussel pas tiche entre autres les po sies de Victor Hugo et le th tre de William Shakespeare Dans le pre muer cas limitation du style hugolien prend part une volont de liquider l h ritage de l au teur romantique Hugo achever compl ter voire suppl menter mais encore abattre et morceler pour que le collage qui s ensuit t 39 moigne de cette travers e alors que dans les Impressions d Afrique le m lange des trag dies Rom o et Juliette Hamlet et Macbeth tend cr er un patchwork o l h ritage traditionnel se voit brad par un citationnisme l emporte pi ce La richesse de l esth tique intertextuelle rouss lienne est la source croit Houpper mans des multiples pastiches pratiqu s partir de l uvre de l auteur notamment ceux de Georges Perec La vie mode d emploi W et 53 jours et Jean Echenoz Le m ridien de Greenwich la mani re de est une expression consacr e pour d signer le pastiche litt raire Cette formule s est av r e opportune pour deux Jeunes crivains qu b cois Louis Fran c ur et Philippe Panneton plus tard Ringuet qui ont publi en 1924 un recueil de pastiches titr Litt ratures la mani re de nos au teurs canadiens Le premier cas de litt rature imitative au Qu bec d roge toutefois la tradi tionnelle neutralit du pastiche Comme le fait remarquer Marie Michaud Franc ur et
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